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Orthod Fr 2008;79:209–219 Disponible en ligne sur :


c EDP Sciences, SFODF, 2008 www.orthodfr.org
DOI: 10.1051/orthodfr:2008012

L’orthodontie du sourire
François Frindel*
17, rue des Docteurs Charcot, 42100 Saint-Étienne, France

RÉSUMÉ – Chaque patient est unique ; et son sourire est unique. Il est le reflet d’un ensemble de données phy-
siques, mais aussi psychologiques et émotionnelles liées à son histoire, à sa culture et à son environnement. L’ortho-
dontiste va pouvoir réaliser un sourire individuel incopiable en agençant ces éléments entre eux. Après avoir rappelé
brièvement son évaluation du sourire en 16 clefs, l’auteur propose d’exposer ici une méthode clinique et thérapeu-
tique orthodontique simple pour parvenir à positionner un sourire de manière esthétique, équilibrée, harmonieuse,
attirante, et non vieillissante dans le visage.

MOTS CLÉS – Sourire / Esthétique / Orthodontie / Vieillissement

ABSTRACT – Each patient is unique; and unique is one’s smile. The subtle mixture of a set of physical data, but
also psychological and emotional, related to his (her) history, his (her) culture and his (her) environment will allow
to lay out the elements of each one in order to achieve an individual specimen which cannot be reproduced. The
author suggests a simple clinical and therapeutic orthodontic method with the purpose of positioning one’s smile in
an aesthetic, balanced, harmonious, engaging and non ageing way in the face, after a brief reminder of his method
of individual analysis proportioned appreciation of positioning in 16 keys.

KEYWORDS – Smile / Aesthetics / Orthodontics / Ageing

1. Introduction 2. Les critères d’un beau sourire

Clinique et varia
dans son environnement buccal,
La demande de nos patients – jeunes et moins ou comment positionner les dents
jeunes – intéresse de plus en plus le sourire. Ils
sur leurs arcades ?
veulent plaire.
Et parmi les nombreuses publications sur le Rappelons très brièvement les principaux cri-
thème de la relation étroite existant entre beauté tères d’un beau sourire, positionné dans son en-
et bien-être, nous citerons les plus récentes : celle vironnement buccal. Nous les avons décrits en
de Yosh Jefferson [18] en 2004, et celle d’Hadia 2003 [10–13]. Ils apparaissent sur les figures 1 et 2.
Decharriere-Hamzawi, et al. [7], qui ont précisé en
1. Le sourire moderne est denté, par opposition aux
juin 2007 qu’« intervenir sur le sourire, et donc le
sourires lèvres fermées [1] (flèche 1 sur la Fig. 1).
tiers inférieur du visage, a un effet positif sur l’estime
2. Les dents supérieures doivent être alignées se-
de soi et l’attrait facial. Ces deux éléments prennent
lon une courbe vers le bas ; c’est la ligne du sou-
part au bien-être psychosocial des individus ».
rire [14] (flèche 2 sur la Fig. 1).
Il faut donc plaire. Il faut donc montrer un beau
3. La ligne du sourire doit être parallèle au bord libre
visage souriant avec de « jolies dents de devant », et
de la lèvre inférieure pendant le sourire : c’est l’arc
de préférence avec de « belles dents blanches ».
de Cupidon de Philippe [24] ou l’arc du sourire de
Mais nous savons aussi que construire un tel sou-
Sarver [29] (flèche 3 sur la Fig. 1).
rire n’est pas chose facile [10–13], car il ne suffit
4. Le sourire doit afficher l’intégralité des dents su-
pas de réaliser un simple alignement des dents anté-
périeures [14, 16] (flèche 4 sur la Fig. 1).
rieures, sans tenir compte de certains facteurs d’envi-
5. Pendant le sourire, le bord inférieur de la lèvre
ronnement ou de certains critères d’attirance faciale.
supérieure doit affleurer le collet des dents supé-
* Auteur pour correspondance : ortho.frindel@orange.fr rieures [15, 16] (flèche 5 sur la Fig. 1).

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11. Les lèvres et leur importance. Comme l’a souli-


gné Aboucaya [1] dès 1973, les lèvres constituent
l’élément majeur du sourire : « c’est le cadre labial
qui fait les beaux sourires, la correction de ses
insuffisances éclairant un visage, animant ses ex-
pressions, effaçant la laideur ». Pour Agathos [3],
en 1982, les lèvres doivent déborder et créer une
impression de légère abondance, adéquate à la fé-
minité.
Figure 1 12. Les belles dents blanches : une notion très à la
Les six premières clefs du sourire. mode. « Des dents blanches apportent une pré-
somption de bonne santé », d’après Philippe [25].
C’est l’un des nouveaux critères incontournables
d’un beau sourire. Cette notion de couleur rejoint
toutefois celle de progression des ombres, décrite pré-
cédemment [21, 23] : elle concerne le dégradé des
contrastes existant au niveau des dents pendant le
sourire, en lui apportant un complément de charme
et de beauté.
Tous les critères énumérés ci-dessus ont concerné
le sourire limité à la cavité buccale ; nous avons ap-
pelé ce sourire : le sourire statique [10, 11].

3. Les critères d’un beau sourire


Figure 2
Les clefs n◦ 7 et 8, et l’espace négatif.
dans son environnement facial,
ou comment positionner le sourire
Clinique et varia

dans l’espace du visage ?


6. Pendant le sourire, le bord libre des dents su- Il nous semble incontournable de rappeler ici
périeures doit être au contact de la lèvre infé- plusieurs références indispensables, car nous savons
rieure [2] (flèche 6 sur la Fig. 1). aussi que le plus beau des sourires ne sera pas atti-
7. Les milieux incisifs supérieur et inférieur doivent rant s’il est mal positionné dans son visage.
correspondre [14]. Une étude menée en 1999 par
Kokich, Kiyak et Shapiro [19] montre qu’une dé- 3.1. L’alignement médian
viation des lignes médianes incisives peut passer
Le premier critère du sourire facial concerne l’ali-
inaperçue en dessous de 4 mm (flèche 7 sur la
gnement médian des dents avec le nez et le men-
Fig. 2).
ton [23] (Fig. 3). C’est le deuxième critère d’impor-
8. Les axes des canines et prémolaires supérieures
tance dans une échelle d’appréciation critique, selon
doivent être verticaux [20] (flèche 8 sur la Fig. 2).
Rosenstiel et Rashid [28]. C’est aussi la 10◦ clef du
9. Pendant l’élocution ou le sourire, l’espace négatif
sourire jeune [10–13].
des embrasures dentaires donne l’illusion de la
présence des dents. Il ne doit pas être supérieur à
2–3 mm [19]. Zachrisson [30], dès 1998, recom- 3.2. L’importance de l’analyse proportionnelle
mande une coronoplastie pour égaliser et mini- Nous avons préalablement informé le lecteur de
miser cet espace négatif. Cette notion est reprise cet impératif, en démontrant l’intérêt d’une ana-
par Philippe [25] en 2004 (Fig. 2). lyse proportionnelle des divers éléments du vi-
10. En 2002, Rosenstiel et Rashid [28] définissent la sage [10–13] ; elle interviendra directement dans son
rémanence d’un diastème médian comme le cri- application clinique, comme le lecteur pourra s’en
tère le plus rejeté. rendre compte à la section 5.
Frindel F. L’orthodontie du sourire 211

Figure 3 Figure 4
L’alignement médian dans le visage : la 10◦ clef. L’équilibre par le nombre d’or.

Comme le proposait Agathos [3] en 1982 : il mensions des objets, des êtres humains, et des ani-
semble indispensable de trouver « le lien harmo- maux.
nieux avec les autres structures ». La conclusion, très schématique, que l’on peut
Et plus récemment, Edler, et al. [8] affirmaient en dégager de ces analyses est que l’homme choisit le
janvier 2006 que « les résultats [de l’étude] sont suf- nombre d’or ϕ comme référence dès lors qu’il fait ap-
fisamment encourageants pour suggérer l’usage d’in- pel à un critère émotionnel d’esthétique. À l’inverse,
dices de proportions pour établir une échelle objec- dès qu’il fait appel à un critère de choix, d’usage pra-

Clinique et varia
tive de détermination de l’attirance faciale ». tique ou d’utilité quotidienne, le choix se porte plutôt
Plusieurs modes de réflexion relatifs aux propor- sur les autres valeurs.
tions existent cependant. L’équipartition gagne cependant du terrain dans
toutes les études d’appréciation d’équilibre.
Et pour synthétiser d’une manière très conden-
sée les différentes analyses qui font référence à des
systèmes de proportions, nous pouvons citer ainsi : 3.3. L’équilibre facial par le nombre d’or

– le nombre d’or ϕ (phi), nombre irrationnel, dont Voici donc le nombre d’or engagé. Plusieurs prati-
la valeur est d’1,618 ; ciens se sont intéressés à cette constante d’équilibre,
– le nombre plastique, ou nombre de l’architecte et ont publié sur l’implication du nombre d’or dans
Padovan, dont la valeur s’établit à 1,32. Il pos- le visage : il s’agit de Baud [6] en 1982, Amoric [4] en
sède, lui aussi, une suite de nombres, comme le 1989, Ricketts [27] en 1989, Jefferson en 1996 [17]
nombre d’or ; et 2004 [19], Frindel en 2001 [10], 2002 [11] et
– le nombre de Pythagore π (pi). Sa valeur est de 2003 [12], Marquardt [22] en 2002, Frindel et Frin-
1,33 ; del en 2003 [13], Filho, et al. [9] en 2007.
– le nombre « neutre » Platinum. Sa valeur est de La figure 4 présente le visage de Sandrine. Ses
1,3 ; proportions sont au nombre d’or.
– l’équipartition ou l’équilibre de la moitié. Sa va- Comme on peut le constater, nous utilisons le
leur est donc d’1,5. Il a un nombre d’adeptes de « compas d’or » comme moyen technique de mesure.
plus en plus important. Il a été créé en 1874 par Charles Henry.
À noter que le chirurgien suisse Baud [6] uti-
Tous ces systèmes de réflexion ont été établis dans lise les proportions du nombre d’or sous forme
l’espoir de trouver une relation existant entre les di- de mesures d’angles au lieu de mesures linéaires.
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Figure 5
Le projet thérapeutique par le nombre d’or selon Baud [6].

Il construit ses visages selon la divine proportion


(Fig. 5).
Apportons également une attention toute particu-
lière à Marquardt [22] qui a imaginé un système de
Figure 6
grille confectionnée sur les mesures du nombre d’or,
L’analyse par le nombre d’or selon S. Marquardt [22]. Les
et qu’il applique sur les visages analysés : le « Golden masques de l’archétype du visage humain sont issus des
Decagon ». Il en déduit très rapidement le site de la recherches du Dr. Stephen Marquardt sur l’attirance faciale
malformation qui induit l’inesthétique et le déséqui- (ces masques sont sa propriété, et celle de « Marquardt Aes-
libre des formes (Fig. 6). thetic Imaging Inc. » et sont présentés avec son autorisation
www.beautyanalysis.com).
Clinique et varia

4. Les valeurs de référence de l’équilibre


du sourire dans la face

4.1. Le Nombre d’Or Dynamique Du Sourire


(NODS) et la Constante du Sourire Idéal
(CSI), clefs du sourire jeune

Dans nos précédents travaux, nous avons insisté


sur la notion de dynamique du sourire.
Le sourire, en effet, consiste en un mouvement
d’ensemble du visage, et en particulier de la bouche.
C’est donc bouche ouverte que nous prendrons nos
repères [10–13].
Nous avons déterminé ainsi deux niveaux de po-
sition d’équilibre esthétique des incisives dans le vi-
sage [10–13].
Le premier concerne la constatation de la rela-
tion d’équilibre entre les points Al (aile du nez), BLIS
(bord libre de l’incisive supérieure) et Me (menton
cutané) en position de repos : nous l’avons appelé le
nombre d’or dynamique du sourire (NODS), comme Figure 7
on peut le constater sur la figure 7. Le NODS.
Frindel F. L’orthodontie du sourire 213

Puis, et pour tenir compte du vieillissement iné-


luctable (et donc de la descente inéluctable) des tis-
sus mous du visage avec l’âge, nous avons déterminé
une deuxième position d’équilibre du sourire dans
la face : elle concerne une position médiane du bord
libre de l’incisive supérieure (BLIS) entre Al et Me.
Cette conception se rallie ainsi à l’idée d’équipar-
tition qui, comme nous l’avons souligné plus haut
(voir Sect. 3.2.), gagne du terrain dans les études ré-
centes.
Nous l’avons nommée la Constante du Sourire
Idéal : CSI. Nous la mesurons à l’aide d’un compas Figure 8
spécialement fabriqué selon cette proportion de moi- Le compas au NODS (à gauche) et celui à la CSI (à droite).
tié (à droite sur la Fig. 8).
Ainsi, nous avons pu déterminer que pour qu’un Sur une seconde manipulation photographique,
visage soit bien équilibré, harmonieux, attirant et le nous avons positionné le BLIS à un niveau encore
moins vieillissant possible, le bord libre de l’incisive différent, comme si les tissus mous étaient descendus
supérieure (BLIS) doit se situer entre le NODS et la encore un peu plus.
CSI [10–13]. Le résultat qui apparaît sur la photographie
Sur la photographie de fin de traitement de (Fig. 9c) est encore moins beau.
Sandrine (Fig. 9a), nous pouvons constater que son On constate que le sourire semble vieillir au fur et
sourire correspond aux 16 clefs précédemment rap- à mesure du cache des incisives supérieures, comme
pelées (Sect. 2). si les tissus mous étaient descendus pour les recou-
En positionnant le BLIS par manipulation photo- vrir.
graphique à un niveau différent plus haut, nous pou- Et si nous rajoutons les incisives inférieures à
vons observer que le résultat (Fig. 9b) est nettement ce montage photographique (Fig. 9d), il apparaît

Clinique et varia
moins beau et séduisant que sur la première pho- de toute évidence que nous devons tout mettre en
tographie. Cette remontée des incisives supérieures œuvre pour ne pas laisser apparaître les dents infé-
dans le visage peut s’apparenter à une descente des rieures dans le visage souriant.
tissus mous environnants.

a b c d

Figure 9
Le visage semble vieillir au fur et à mesure du cache des incisives supérieures.
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une quantité nécessaire d’1 mm pour les hommes, et


de 2 mm pour les femmes.
C’est donc, en tout état de cause, la position de
BLIS dans le visage qui est la clef de la jeunesse du
sourire. À nous, spécialistes en orthodontie, de bien
l’agencer dès la réalisation du traitement d’orthodon-
tie : c’est en fait le premier geste pour la jeunesse
pérenne du sourire.
Nous positionnerons donc ces dents selon les
compas, au minimum selon le NODS, en gardant à
l’esprit de toujours approcher la CSI ; même si les
collets des dents supérieures se dégagent quelque
peu ; puisque nous savons qu’avec l’âge, cette gen-
cive apparente aura disparu.
L’idéal serait de pouvoir réajuster la position de
ces dents, au fur et à mesure du temps.
Mais lorsqu’une certaine limite est atteinte, et si
Figure 10 le désir du patient est très fort, il nous appartient de
Un peu de gencive libre ne nuit pas. l’orienter vers nos amis chirurgiens qui pourront se
charger alors de remonter les tissus mous du visage
4.2. Une clef contre le vieillissement pour les re-ajuster le long du BLIS.
ou de l’utilisation des compas Petit clin d’œil sur l’utilisation de cosmétiques
pour raffermir les tissus cutanés du visage, dès que
Le lecteur comprendra ainsi facilement l’intérêt possible, pour ralentir coûte que coûte leur descente.
de positionner les dents de la manière la plus basse Cela peut paraître anodin, mais chaque millimètre
possible dans le visage, dès les premières phases du compte. . .
traitement d’orthodontie.
Clinique et varia

Nous avancions déjà l’idée de descendre les


dents supérieures d’une telle quantité, et qu’il de- 4.3. L’extension au profil : la mesure simplifiée
(Fig. 11)
meure même une légère bande de gencive apparente
au-dessus des collets des dents supérieures, dans Il est cependant très difficile d’effectuer toute
nos précédents travaux en 2002 et 2003 [10–13] mensuration en situation dynamique puisque nous
(Fig. 10). connaissons tous les difficultés de prise de la position
Cette proposition a été rejointe par Bailey [5] en de repos physiologique ; aussi nous a-t-il semblé in-
2005, qui avoue, lui aussi, sa préférence pour une téressant de trouver un système simplifié de mesures
gencive légèrement apparente : il détermine même où la valeur de la mensuration Al-BLIS dynamique

+4=

Figure 11
La mesure clinique du sourire non vieillissant.
Frindel F. L’orthodontie du sourire 215

Et il suffit alors d’ajuster la descente des inci-


sives inférieures, de sorte que leur recouvrement par
leurs homologues supérieures permette de position-
ner BLIS au bon niveau de sourire. Pour ce faire, cha-
cun trouvera dans la technique qu’il utilise, le moyen
d’y parvenir.
Et nous voudrions rappeler d’emblée, d’une ma-
nière quelque peu anodine, qu’il est possible, grâce
à l’orthodontie moderne et aux formidables appa-
reillages fixes de type multi-attaches, de déplacer
toutes les structures dentaires et squelettiques des
mâchoires dans toutes les dimensions de l’espace
(Fig. 12). Quel que soit l’âge du patient d’ailleurs.
C’est l’appareil de choix pour son application au
positionnement précis du sourire dans la cavité buc-
Figure 12 cale et dans le visage ; car, comme le lecteur pourra
La précision des possibilités thérapeutiques des appareils le lire plus loin, c’est l’action verticale de ces dispo-
multi-attaches. sitifs qui devra être considérée avec la plus grande
attention.
pourrait être obtenue à partir d’une valeur statique Et pour avancer dans la démarche, nous pen-
beaucoup plus facile à prendre [13]. sons qu’une technique segmentée apporte une plus
Les résultats de cette analyse ont montré que, grande facilité de résultats. Nous utilisons ainsi la
pour correspondre à la position de NODS dans la technique multi-attaches bioprogressive de Ricketts.
face, le BLIS devait ainsi se placer à 4 mm au-dessous Car il ne s’agit pas seulement d’aligner des dents ;
de la commissure des lèvres (Fig. 11). il faut faire de la véritable orthodontie qui déplace
et positionne des dents ou groupes de dents au bon
Cette mesure est d’un grand intérêt puisque,
endroit dans le visage du patient.

Clinique et varia
comme nous réalisons systématiquement les Prévi-
sions de Visualisation des Traitements pour chacun
de nos dossiers (qui se font sur téléradiographie de 5.2. Les résultats
profil), une telle étude permet de déterminer avec
facilité le niveau souhaité de position des incisives 5.2.1. Le cas de Morgane
dans le sens vertical, en vue d’élaborer notre plan de
traitement définitif. Les figures 13 illustrent le cas de Morgane.
Cependant, comme indiqué plus haut, et pour Comme proposé, on commence par l’ingression des
correspondre à la mesure de la CSI, il faut bien com- incisives inférieures (Fig. 13a à 13f), en n’hésitant
prendre que nous tenterons de positionner le BLIS pas à descendre suffisamment bas (Fig. 13g à 13i).
encore plus bas. La NODS est en fait la position mi- Puis on contrôle le niveau de descente par les com-
nimale du BLIS dans le visage. pas.
On peut constater sur la figure 14a que le niveau
du NODS est atteint, et même dépassé sur le compas,
5. La méthode, les résultats et que le niveau de la CSI n’est pas tout à fait atteint
sur le compas de la figure 14b. Nous pouvons donc
nous satisfaire déjà de ce résultat de la dimension
5.1. La méthode verticale.
On termine ensuite le cas selon la technique bio-
La thérapeutique est simple. Au fur et à mesure progressive (Fig. 15a à 15c) pour obtenir le résultat
du traitement d’orthodontie, il suffit de mesurer la des figures 16a à 16c. Son sourire est agréable, har-
position de BLIS dans le visage à l’aide des deux com- monieux, et bien positionné dans le visage, comme
pas. on peut l’observer sur la figure 16d.
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a b c

d e f

g h i
Clinique et varia

Figure 13
(a à c) : Avant les soins. (d à f) : Le début des soins. (g à i) : Il ne faut pas hésiter à descendre.

a b

Figure 14
(a) : Contrôle du BLIS par le compas en NODS. (b) : Contrôle du BLIS par le compas en CSI.
Frindel F. L’orthodontie du sourire 217

a b c
Figure 15
La suite du traitement.

a b c
Figure 16
La fin du traitement.

paraître que leurs homologues supérieures, dont les


collets affleurent le bord libre de la lèvre supérieure
(Fig. 17e et 17f).
Le sourire final est bien posé, plus serein, et plus
harmonieux.

Clinique et varia
Nous avons tout lieu de penser que ce sourire
vieillira mieux que si nous n’avions pas utilisé notre
méthode. En effet, la disparition des dents infé-
rieures dans le sourire, dès l’âge adolescent, peut être
manifestement considérée comme un gage de jeu-
nesse du visage, à orientation pérenne.

d 5.3. Le plan de CAMPER


Figure 16
Le lecteur comprendra que le plan occlusal va,
Le visage souriant de Morgane.
dans bon nombre de cas, se modifier en basculant
légèrement vers le bas et l’avant.
5.2.2. L’exemple de Chloé
Cette modification s’inscrit parfaitement dans
Examinons, pour réaliser une analyse détaillée l’évolution des recherches, comme l’a énoncé
des résultats de la méthode, le sourire de Chloé. Planas [26] : il se rend compte que, pour que l’équi-
On constate qu’avant le début des soins, il montre libre soit installé, le plan d’occlusion doit se rappro-
largement les dents inférieures, et que les collets des cher du plan de Camper selon un mode parallèle
dents supérieures sont recouverts par la lèvre supé- (Fig. 18).
rieure (Fig. 17a et 17b). Les mesures réalisées avec
les compas montrent bien que le point minimum de
NODS a été atteint (Fig. 17c), et même dépassé pour
6. Conclusion
rejoindre la CSI (Fig. 17d). Comme on a pu le constater, l’orthodontie est la
De sorte qu’en fin de traitement, les dents infé- discipline de choix pour positionner et placer le sou-
rieures ont totalement disparu, pour ne laisser ap- rire dans le visage.
218 Orthod Fr 2008;79:209–219

a b

c d
Clinique et varia

e f

Figure 17
(a) : Le visage souriant de Chloé avant les soins. (b) Le sourire de Chloé avant les soins : les dents inférieures sont visibles, et le
collet des dents supérieures est masqué. (c et d) : Contrôle du BLIS par les compas en NODS et en CSI. (e) : Le visage souriant
de Chloé après les soins. (f) : Le sourire de Chloé après les soins : les dents inférieures ont disparu, et les collets des dents
supérieures sont apparents.

C’est grâce à elle que le sourire de star tant


convoité devient possible.
Grâce à un système d’analyse en 16 clefs, il est
possible de positionner très facilement les dents du
patient dans son visage pour lui construire un sou-
rire harmonieux, équilibré, et attirant, en tenant
compte du vieillissement de ses tissus mous, et en
plusieurs étapes.
En effet, grâce à certaines techniques d’appareils
fixes, il est tout à fait possible d’installer les dents et
les maxillaires dans leur cavité buccale, de manière
fonctionnelle et équilibrée.
Mais cela ne suffit pas. Car nous ne devons pas
Figure 18
limiter notre travail à cette facilité : nous ne sommes
Le parallélisme des plans d’occlusion et de Camper.
pas de simples aligneurs.
Frindel F. L’orthodontie du sourire 219

Car pour que le résultat obtenu sur les dents de [7] Decharriere-Hamzawi H, Savard G, Tirlet G, Attal JP. Den-
devant paraisse séduisant et attirant, il est nécessaire tisterie esthétique et santé. Inf Dent 2007;24:1381–1388.
[8] Edler R, Agarwal P, Wertheim D, Greenhill D. The use of
de placer et positionner ce sourire dans son visage,
anthropometric proportion indices in the measurement of
dans les trois dimensions de l’espace, et en particu- facial attractiveness. Eur J Orthod 2006;28:274–281.
lier dans le sens vertical. Là aussi, en respectant cer- [9] Filho EM, Martins MV, Dos Santos MA, De Melo JC, De
tains critères de beauté et d’esthétique, cet objectif Moraes LC, Lopes de Alcantara Gil CT. Divine propor-
tions and facial esthetics after manipulation of frontal pho-
pourra être atteint. Notamment grâce à l’usage des
tographs. World J Orthod 2007;8:103–108.
compas d’équilibre. [10] Frindel F. Pour un meilleur positionnement du sourire (1◦
Mais cela ne suffit pas. Ce sourire ainsi positionné partie). Rev Orthop Dento Faciale 2001;35:473–497.
dans le visage doit être construit de telle sorte qu’il [11] Frindel F. Pour un meilleur positionnement du sourire (2◦
demeure ainsi jeune et séduisant le plus longtemps partie). Rev Orthop Dento Faciale 2002;36:85–102.
[12] Frindel F. Seize clefs pour construire un sourire jeune. Or-
possible. thod Fr 2003;74:83–102.
Ici encore, en respectant certains critères de [13] Frindel F, Frindel C. Pour un meilleur positionnement
beauté et d’esthétique, cet objectif pourra être atteint. du sourire. Complément téléradiographique. Rev Orthop
Ainsi construit, le sourire se confondra en vecteur Dento Faciale 2003;37:443–450.
[14] Frush JP, Fisher RD. The dynesthetic interpretation of the
de paix, de détente et de sympathie. dentogenic concept. J Prosthet Dent 1958;8:558–581.
Pendant l’adolescence, où ceux qui n’ont pas eu [15] Gandet J. L’histoire du sourire. Rev Orthop Dento Faciale
l’avantage d’avoir un beau visage souffrent le plus, la 1987;21:9–19.
construction d’un beau sourire dans un visage peut [16] Hulsey CM. An esthetic evaluation of lip-teeth relation-
ships present in the smile. Am J Orthod Dentofacial Or-
être salvateur à bien des égards. Le spécialiste en or- thop 1970;57:132–144.
thodontie peut ainsi profondément modifier la vie de [17] Jefferson Y. Key to unraveling the mystery of facial beauty
ses patients, en leur apportant un élément très posi- and its biologic significance. J Gen Orthod 1996;7(2):7–
tif, qui va alors faciliter la traversée de cette période 25.
[18] Jefferson Y. Facial Beauty – Establishing a Universal Stan-
souvent difficile. dard. Int J Orthod 2004;15:9–22.
Il apparaît ainsi que la responsabilité de l’ortho- [19] Kokich V, Kiyak H, Shapiro P. Comparing the perception of
dontiste soit immense : dentists and lay people to altered dental esthetics. J Esthet
Dent 1999;11:311–324.

Clinique et varia
– en construisant un beau sourire à belles dents, [20] Lamarque S. De l’idéal à la réalité clinique. Quelques con-
– en le positionnant dans le visage de sorte qu’il cepts pour un sourire. Journal de l’Edgewise 1999;39:7–
soit harmonieux et séduisant, 33.
[21] Lombardi RE. The principles of visual perception and their
– et en respectant certains critères de jeunesse. clinical application to denture esthetics. J Prosthet Dent
1973;29:358–382.
Un sourire non vieillissant ne permettra certes pas de
[22] Marquardt SR. On the golden decagon and human facial
vivre plus longtemps, mais de vivre mieux tout aussi beauty. J Clin Orthod 2002;36-6:339–347.
longtemps. Nous construisons ainsi aujourd’hui les [23] Morley J, Eubank J. Macroesthetic elements of smile de-
sourires de demain. sign. JADA 2001;132:39–45.
[24] Philippe J. Les dents du sourire. Rev Orthop Dento Faciale
1987;21:75–86.
Bibliographie [25] Philippe J. La beauté, la normalité et la moyenne. Rev Or-
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