THEME : CHAMBRE DE
DESHYDRATATION
Rédigé par :
I. La notion de déchet
II. Gestions des déchets
1. Principes de la gestion des déchets
2. Les acteurs de la gestion des déchets
III. Collectivités territoriales décentralisés : acteurs d’exécution et de gestion
1. Communautés urbaines
2. Communes d’arrondissement
IV. Auteurs de financements
CONCLUSION
SIGLES ET ACRONYMES
CA : Commune d’Arrondissement
CU : Communauté Urbaine
La gestion des déchets dans les pays en développement (PED), bien que répondant aux
mêmes enjeux que dans les pays industrialisés, se caractérise par des modalités de mise en
œuvre très différentes, qui s’adaptent aux réalités socio-économiques locales. Dans certains pays
comme le Cameroun, la dévaluation du franc CFA amoindrit les moyens alloués à
l’assainissement urbain, incluant la propreté et la gestion des déchets. D’autres problèmes
communs aux villes africaines comme la démographie galopante et l’urbanisation non maîtrisée
viennent fragiliser les systèmes de gestion des déchets mis en place. La décentralisation actuelle
dans les pays africains délègue aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) le rôle
d’offrir des services d’assainissement aux populations.
I. LA NOTION DE DÉCHET
Definition
Le concept de déchet est polysémique et sa définition a connu une évolution temporelle, selon les
disciplines, les perceptions sociales collectives ou individuelles. Etymologiquement, il dérive du
bas latin déchié, forme régulière du participe passé du verbe déchoir (cadere en latin, c’est-à-dire
ce qui tombe) qui traduit la réduction de valeur d’une matière, d’un objet, jusqu’au point où il
devient inutilisable en un temps et en un lieu donné. Pour mieux appréhender ce concept, il sera
défini selon plusieurs approches.
La législation française définit le déchet comme « tout résidu d’un processus de production, de
transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien
meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon ».
Au Cameroun, la loi n°96/12 du 05 août 1996 portant Loi Cadre relative à la gestion de
l’environnement définit le déchet comme « tout résidu d’un processus de production, de
transformation ou d’utilisation, toute substance ou tout matériau produit ou, plus généralement,
tout bien meuble ou immeuble abandonné ou destiné à l’abandon. On entend par abandon, tout
acte tendant, sous le couvert d’une cession à titre gratuit ou onéreux, à soustraire son acteur aux
prescriptions législatives et réglementaires ». Le déchet défini comme précédemment montre une
fois de plus le caractère univoque de ce concept. Quelle que soit la définition prise, il en ressort la
notion de relativité et la notion d’obligation d’élimination.
La relativité renvoie à la valeur du déchet qui évolue avec le temps, les perceptions sociales et les
usages qu’on en fait. L’obligation fait référence à la responsabilité du producteur du déchet de
l’éliminer ou de le faire éliminer car, de par ses caractéristiques et ses propriétés, le déchet peut
être dangereux pour l’homme et l’environnement. Quant à la conception objective, un déchet est
un bien dont la gestion doit être contrôlée au profit de la protection de la santé publique et de
l’environnement, indépendamment de la volonté du propriétaire et de la valeur économique du
bien. Dans ce cas, il ressort clairement que tout propriétaire de déchet a l’obligation de le traiter
lui-même ou par concession selon la législation en vigueur.
La gestion des déchets répond aux grands principes du droit français en matière
d’environnement qui sont exposés dans la Charte sur l’environnement. Ainsi, toute action
dans le domaine doit répondre au principe de précaution, au principe d’action préventive et de
correction des atteintes à l’environnement et au principe du pollueur payeur « selon lequel les
frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-
ci doivent être supportés par le pollueur ». La responsabilité du producteur ou du détenteur de
déchets est engagée jusqu’à leur recyclage, valorisation ou élimination
Partant du principe que « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas », les politiques
publiques mises en œuvre en matière de déchets privilégient depuis de nombreuses années,
les actions de prévention avant tout autre mode de gestion.
La hiérarchie des modes de traitement des déchets privilégie, dans l’ordre :
Dans le même temps, les opérations de transport des déchets doivent être limitées en distance et
en volume.
De nombreux acteurs sont concernés par la gestion des déchets. Ils interviennent en totalité ou en
partie, depuis la conception et la mise sur le marché d’un produit jusqu’à son élimination. Les
principaux intervenants sont décrits ci-après selon leurs modalités d’intervention
Les apports des différents producteurs de déchets fondent la classification des déchets en fonction
de leur origine. Les particuliers, les entreprises, les acteurs du bâtiment et des travaux publics
(BTP) sont les principaux producteurs de déchets.
La collecte et le traitement des déchets sont réalisés par des acteurs publics ou privés. Ces
activités sont réglementairement encadrées. Les communes sont en charge de la gestion des
déchets des ménages. Les entreprises privées peuvent intervenir sur demande d’un producteur de
déchets ou pour le compte d’une collectivité. Les éco-organismes, chargés par les entreprises
productrices d’éliminer les déchets, peuvent être eux-mêmes opérateurs de collecte. Le tiers
secteur peut opérer pour le compte d’un particulier, d’une entreprise, d’une collectivité ou d’un
éco-organisme.
Les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) sont les Communes et les Régions 80.
Les Communes sont représentées par les Communautés Urbaines, les Communes
d’Arrondissement et les Communes Rurales. La Commune est une collectivité publique
décentralisée et une personne morale de droit public. Elle est dotée de la personnalité
juridique et de l'autonomie financière. Les Communes Rurales et les Communes Urbaines
sont instituées au Cameroun par la loi n°74/23 du 5 décembre 1974 portant organisation
communale. La Commune Urbaine est celle dont le ressort territorial se réduit à une
agglomération urbanisée. La Commune Rurale est celle dont le ressort territorial s'étend à la
fois sur des agglomérations urbanisées ou non et sur des zones rurales. Les Communautés
Urbaines quant à elles sont créées par la loi n°87/015 du 15 juillet 1987.
1. Communautés Urbaines
Les Communautés Urbaines appliquent les politiques de gestion des déchets définies par les
ministères. Le rôle principal des CU est la gestion technique et financière, et l’exécution intégrale
des projets d’hygiène et de salubrité. La CUY a délégué la gestion technique des déchets à
HYSACAM. La délégation consiste à charger une entreprise privée d’assurer le service public de
gestion des déchets ménagers sous le contrôle d’une institution publique qui a un droit de regard
sur l’administration du service. HYSACAM assure ainsi la collecte, le transport, la mise en
décharge et l’élimination des déchets solides ménagers ramassés dans la ville. Les services
techniques de la CUY devraient procéder régulièrement à l’évaluation du délégataire, aux
contrôles techniques des projets, des chantiers et des équipements. Ils peuvent aussi en cas de
nécessité réceptionner et transférer des équipements utiles à une bonne gestion des déchets. La
CUY peut également apporter un soutien financier et logistique aux CA pour leur permettre
d’assurer un minimum de service des ordures ménagères au niveau local.
2. Communes d’Arrondissement
L’analyse des jeux d’acteurs montre que les CA sont responsables de l’enlèvement des ordures
ménagères au niveau local. Ce travail est sous la responsabilité du service d’hygiène et de
l’environnement coordonné par les services techniques. Les CA ont plus orienté leurs activités
dans la sensibilisation des populations pour limiter la multiplication des dépôts sauvages et
promouvoir les règles d’hygiène et de salubrité.
70
60
Taux de participation à
50
la sensibilisation
40
30
20
10
0
Mairie HYSACAM Acteurs de la Société
Civile
Acteurs de la sensibilisation
La figure 3 montre l’implication à 61% des CA dans la promotion d’un cadre de vie sain et
viable. Le message est relayé à 27% par les ASC et seulement à 12% par HYSACAM. Le succès
des CA est dû aux campagnes de sensibilisation dites de « proximité ». Cette
techniqued’approche consiste à aller vers toutes les couches de populations urbaines en faisant du
porte à porte. Le travail se fait en complémentarité avec les chefs de quartier et les églises qui
peuvent réunir un grand nombre d’habitants tout en étant capables d’organiser facilement les
échanges à tout moment. Un autre élément de communication des municipalités est l’implication
des associations de fait dans leur campagne. Dans ce cas, les CA peuvent apporter leur appui
dans l’organisation des activités sportives et socioculturelles, ainsi que l’assistance physique et
matérielle lors des activités d’assainissement dans les quartiers. Ces minutes de contact avec les
jeunes sont des moments adéquats pour aborder les questions de propreté et d’environnement qui
ne laissent personne indifférent. Cette approche est efficace car elle permet d’informer et
d’éduquer plus de 70% des habitants. La difficulté dans toutes les CA réside au niveau des
moyens de travail. L’effectif des équipes chargées de la sensibilisation varie entre 3 et 5
personnes, ce qui empêche plusieurs chefs de services de mener à bien leur travail et limite le
nombre de campagnes. Celles-ci ne dépassent pas trois par an. « Nous sommes conscients du
nombre insuffisant des campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation de nos
populations mais nous ne pouvons pas faire mieux. Nous avons déjà fait des doléances à la CUY
et même au niveau du comité interministériel. Nous attendons toujours leur réaction » Ce sont
les regroupements des jeunes dans les quartiers qui ne sont pas parfois légalisé. D’un autre côté,
HYSACAM organise aussi des campagnes de sensibilisation. Les messages sont véhiculés à
travers des enseignes publicitaires placées au niveau des carrefours et des grandes avenues, des
affiches sur le matériel motorisé et les médias. Les méthodes de sensibilisation utilisées par
HYSACAM ne sont pas accessibles par tout le monde. Au plus 12% des citadins attestent avoir
suivi de près ou de loin un message de HYSACAM sur l’hygiène et salubrité. Les Communes, ne
pouvant pas répondre aux demandes de propreté urbaine des populations de plus en plus
croissantes, travaillent en collaboration permanente avec les acteurs de la société civile ou acteurs
non étatiques (ANE) réalisant les projets d’assainissement dans les quartiers. Les CA, quand cela
est possible, apportent un minimum d’appui matériel, technique et financier. Le plus important
est l’accord de principe qu’elles donnent aux ANE pour qu’ils travaillent en toute liberté dans
toute l’étendue de la commune. La présence des CA permet aux ANE d’obtenir facilement
l’adhésion des populations dans leurs activités. Les projets couramment réalisés sont la
précollecte des ordures ménagères, le curage des caniveaux, l’élimination des immondices, le
défrichage, etc. Pour la réalisation de ces actions, la CA ou la CUY propose un « contrat » à
chaque ANE définissant les tâches à accomplir sur le terrain. Ce partenariat Municipalités-ANE
n’est pas régi par un texte juridique. Néanmoins, dans cette démarche négociée, chaque partie y
trouve son compte. Les Collectivités Territoriales Décentralisées sont responsables de la propreté
urbaine. Mais l’antagonisme qui s’est développé entre les CU et les CA suite à la non
clarification des rôles sur le terrain n’est pas de nature à faciliter la mise en pratique des stratégies
développées par le gouvernement. A Yaoundé, il est difficile de discerner les limites de champ
d’action de la CU. Au vu de ces frictions, une collaboration franche entre la CUY et les CA est
loin d’être établie.
NB : La collectivité peut également effectuer elle-même le service de collecte et de traitement des
déchets (en mode régie) ou faire appel à une entreprise du secteur privé (délégation de service
public ou prestation de service). La collectivité en charge de la collecte des déchets peut financer
le service par une redevance incitative pour encourager les particuliers à réduire la part des
ordures ménagères résiduelles (OMR) au bénéfice de la collecte séparée. La collectivité en
charge de la collecte possède obligatoirement la compétence « traitement ». Elle peut l’exercer en
direct ou la confier à un autre établissement. La collectivité en charge du traitement peut décider
de gérer les déchets sur des installations dont elle a la maîtrise d’ouvrage. Pour les services dont
la collectivité ne peut prendre en charge la gestion directe (exploitation d’usines, transports,
prestations de traitement), elle contractualise avec des opérateurs privés.
Le moteur du service public des déchets Les acteurs de financement n’interviennent pas
directement sur le terrain. Ils travaillent en collaboration étroite avec les ministères et les CTD.
Ce groupe d’acteurs comporte les structures de financement nationales et internationales. Au
niveau national, on compte deux structures, à savoir le Ministère des finances (MINFI) et le
Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM). Le MINFI verse les
montants collectés à la Communauté Urbaine pour financer toutes les opérations du service
public des déchets. Il sert également de liaison entre l’Etat et les organismes internationaux (FMI,
BM, UE, etc.) dans le cadre de la réception et de la distribution des subventions obtenues desdites
institutions. Le FEICOM est placé sous la tutelle technique du ministère chargé des collectivités
territoriales décentralisées et sous la tutelle financière du ministère chargé des Finances. Il a été
créé par la loi n°74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale. Il est rendu
fonctionnel par le décret n°77/85 du 22 mars 1977. C’est un établissement public administratif
doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Le FEICOM réorganisé par le
décret présidentiel du 11 décembre 2000 est devenu une Direction Générale. Ce décret a été
modifié et complété par celui du 21 mai 2006 qui donne au FEICOM le rôle d’intermédiaire
financier. Cette structure étatique accompagne les CTD dans le processus de développement local
en leur apportant une assistance technique et financière.
Le FEICOM doit ainsi trouver les partenaires financiers aux municipalités pour réaliser les
projets locaux comme la valorisation des déchets, la collecte et la destruction des dépôts
sauvages. Les organismes de financement internationaux tels que la Banque Mondiale (BM),
l’Union Européenne (UE), le Fonds Monétaire International (FMI) interviennent dans divers
domaines dans la ville de Yaoundé. Il y a entre autres, le financement des projets de compostage,
le financement des projets de précollecte et collecte des déchets, l’assistance technique à la
maîtrise d’œuvre et l’élaboration du cadre juridique local et le contrôle technique des projets. Par
exemple, entre 1994 et 1996, la Banque Mondiale a financé le Programme Social d’Urgence qui
avait pour objectif de collecter les ordures ménagères dans les villes de Douala et de Yaoundé.
Figure 4 : quelque acteur de financement
Conclusion
Au Cameroun, les textes juridiques créant les institutions et leur attribuant les missions en
matière de gestion des déchets sont diversifiés. Mais leur contenu est parfois confus. On note
qu’une loi donne les mêmes attributions à plusieurs institutions étatiques. Cette situation ambigüe
a facilité le chevauchement des pouvoirs et l’inertie de certains acteurs étatiques Pour rendre plus
efficaces et efficientes les stratégies de gestion des déchets, tant sur le plan de la valorisation que
des performances du service public des déchets, il est indispensable que la loi cadre sur
l’environnement ayant posé les bases de la gestion des déchets en général soit suivie des décrets.
En plus les collectivités territoriales décentralisées en charge de la collecte possèdent
obligatoirement la compétence de « traitement ». Elles peuvent l’exercer en direct ou la confier à
un autre établissement. La collectivité en charge du traitement peut décider de gérer les déchets
sur des installations dont elle a la maîtrise d’ouvrage. Pour les services dont la collectivité ne peut
prendre en charge la gestion directe (exploitation d’usines, transports, prestations de traitement),
elle contractualise avec des opérateurs privés. La gestion durable des déchets reste un défi
permanent que doivent relever les municipalités. Le problème ne se pose plus aujourd’hui en
termes d’élimination des déchets par un procédé classique de mise en décharge. La solution serait
de concevoir et de mettre en œuvre de nouvelles stratégies pour non seulement éloigner les
déchets des espaces de vie mais aussi de structurer et de promouvoir les filières de
valorisation/recyclage des déchets.