Vous êtes sur la page 1sur 5

EPREUV E DE HG GS P - Terminal e


Faire la guerre, faire la paix :


formes de conflits et modes de rés ol uti on - Partie 2

Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits


et modes de résolution
Partie 2

I. Le défi de la construction de la paix


1. Faire la paix par les traités : les traités de Westphalie

Au XVIIe siècle, les Traités de Westphalie (1648) mettent fin à la Guerre de Trente Ans
(1618-48) et placent les relations internationales sous le régime de l’équilibre des
puissances. L’ordre westphalien devient le cadre des relations internationales entre
États souverains jusqu’en 1914. Au XXe siècle, c’est l’idée de sécurité collective qui tente
d’organiser la diplomatie mondiale et de proposer un idéal de paix et de justice (un État =
une voix) à travers la SDN puis l’ONU.

En ce début de XXIe siècle, les nouvelles formes de terrorisme imposent de repenser la


guerre et par conséquent la paix à une échelle transnationale, d’autant plus que le recours
à la force n’est plus considéré aujourd’hui comme un aspect classique des relations entre
les nations mais plutôt perçu comme une faillite du politique.

Comment construire la paix entre États ? Comment penser la paix à l’échelle planétaire ?

La Guerre de Trente ans (1618 - 1648) est un complexe conflit politico-religieux qui
débute dans le Saint Empire Romain Germanique, un conglomérat de micro-États où
chaque Prince est libre de sa religion. Cet empire est aux mains des catholiques
Habsbourg, qui règnent aussi sur l’Espagne, alors puissance la plus riche d’Europe grâce
à l’argent et à l’or des colonies d’Amérique. Le conflit s’étend très vite à toute l’Europe, la
France catholique n’hésitant pas, par exemple, à s’allier à des Princes protestants
allemands ou à la Suède protestante pour affaiblir les Habsbourg pourtant catholiques
mais qui l’encerclent. Commencée comme une guerre de religion, cette guerre devient
dans les années 1630 surtout une guerre politique. La longueur du conflit et les épidémies
de peste ont durablement bouleversé l’économie européenne et causé la disparition d’un
tiers de la population du Saint Empire germanique. Terreur sur les civils, armées de masse
souvent incontrôlables (mercenaires), occupations durables et donc pillages (pas de
bataille décisive), villes et villages fantômes, flou des objectifs de guerre qui ne cessent
d’évoluer : par tous ces aspects, cette guerre est déjà une guerre totale même si elle n’est
pas une guerre d’anéantissement.

1
EPREUV E DE HG GS P - Terminal e

Faire la guerre, faire la paix :
formes de conflits et modes de rés ol uti on - Partie 2

C’est bien sa durée qui en a fait un traumatisme pour la Mitteleuropa, d’où un profond
besoin de paix et de justice en 1648 au cœur de l’Europe.

Avec les traités de Westphalie (1648) débute l’âge d’or de la diplomatie qui accouche
de l’Europe politique moderne. C’est l’essor des États modernes, qui se dotent alors des
moyens administratifs, fiscaux et militaires dignes de leur puissance. Les négociateurs
souhaitent encourager les États du Saint Empire à maintenir la paix. Chaque Prince reçoit
ainsi une voix égale à la Diète, mais cela n’en fait pas des États souverains et le Saint
Empire continue d’exister. La France et la Suède sont traditionnellement considérées
comme les vainqueurs face aux Habsbourg, mais les gains territoriaux sont très limités.

Cette paix est surtout une paix de religion. Ces traités, pragmatiques et efficients,
réussissent à forger des compromis qui ne se contredisent pas et à inviter tous les acteurs
à la table des négociations sans en humilier aucun. Ils prônent la non-ingérence dans les
affaires d’autrui.

Si ces traités ne mettent pas fin à la guerre, qui devient même quasi permanente aux
XVIIe - XVIIIe siècle, ils en limitent les effets les plus désastreux. À l’image de Louis XIV,
chacun a tenté d’en contourner les règles mais même les plus puissants ont été remis à
leur place. À une époque où seuls quelques philosophes comme Kant rêvaient de paix
perpétuelle, le système westphalien a permis d’éviter aux Européens de nouveaux bains
de sang à défaut de pacifier le continent. Fondé sur l’équilibre des puissances et sur le
respect de la souveraineté des États puis des Nations, ce système qui n’exclut pas la
guerre, bien au contraire, s’est effondré de 1789 à 1815, a connu une deuxième version
avec le Traité de Vienne en 1815 puis en a disparu en 1914 à Sarajevo . Mais de 1648 à
1914, aucun pays en Europe n’a plus cherché à dominer tous les autres et l’impérialisme
a trouvé ses débouchés ailleurs, dans les conquêtes coloniales.

Qui dit équilibre dit balancier. Ce rôle de balancier ou d’arbitre a échu à la Grande-
Bretagne lors de la période de l’équilibre classique (1648 - 1789, la GB confirmant sa
suprématie par la Guerre de Sept Ans en 1756-1763) puis à nouveau après le Congrès de
Vienne, de 1815 à 1914. Les auteurs du Traité de Versailles (1919) n’ont
malheureusement pas suivi les principes westphaliens : les vaincus ne sont pas invités à
négocier et l’encre à peine séchée, ce Traité est considéré comme un
« diktat » (Allemagne) ou une victoire « mutilée » (Italie). La 1re guerre mondiale devient
ainsi la matrice de la deuxième.

2
EPREUV E DE HG GS P - Terminal e

Faire la guerre, faire la paix :
formes de conflits et modes de rés ol uti on - Partie 2

De de Gaulle à Kissinger ou plus récemment Emmanuel Macron (le 27 août 2018, le


président Emmanuel Macron, devant les ambassadeurs rassemblés à l'Élysée, évoque «
la crise de la mondialisation capitaliste contemporaine et du modèle libéral westphalien
multilatéral qui l'accompagne »), le XXe siècle a tenté de se réclamer du « système
westphalien ». Raymond Aron voyait dans la realpolitik classique de type westphalienne
une alternative aux dangereux conflits idéologiques du XXe siècle, y compris la Guerre
Froide. Les USA ont d’ailleurs hérité du rôle d’arbitre avec l’effondrement de l’URSS en
1991 (« gendarmes du Monde ») mais les attentats du 11 septembre changent son rôle.

2. Faire la paix par la sécurité collective : les actions de l’ONU sous les mandats de
Kofi Annan (1997 - 2006)

Né en 1938 à Kumasi au Ghana, Kofi Annan a mené une longue carrière de diplomate.
Dès 1962, il intègre l’ONU, dont il devient le secrétaire général en 1997. Il essuiera deux
échecs diplomatiques majeurs dans sa carrière : le génocide au Rwanda et le massacre
de Srebrenica. En 2001, Kofi Annan obtient malgré tout le prix Nobel de la paix,
conjointement avec l’ONU. Après son départ de l’organisation, il continuera d’offrir ses
services comme médiateur, avec plus ou moins de réussite, en Syrie ou au Kenya. Il sera
aussi épinglé dans un scandale de corruption, avant d’être lavé de tout soupçon. À la tête
de la fondation qui porte son nom, Kofi Annan s’engage dans la lutte contre l’évasion
fiscale en Afrique et pour la bonne gouvernance. Il fait partie de ceux qui théorisent la
notion de droit d’ingérence humanitaire. Décédé en 2018, il est un des plus important
Secrétaire Général de l’ONU.

Sujet géopolitique par excellence, l’ingérence, ou devoir de protection a pour rôle de


protéger la population d’un régime criminel. Elle est servie par un nombre croissant
d’ONG sur le terrain, par les médias et les opinions publiques mieux informées. Mais elle
est souvent vue comme inégalitaire (seuls les puissants peuvent la décider, l’organiser, la
financer), ressentie comme à géométrie variable (de nombreux dictateurs restent très
fréquentables lorsqu’ils détiennent, par exemple, du pétrole) et moralisatrice (néo
colonialisme). Elle devrait donc s’effacer devant les normes plus impartiales et les
organismes plus universels de la justice internationale.

Héritiers des Tribunaux de Nuremberg et de Tokyo qui avaient jugé les criminels de guerre
allemands et japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux tribunaux sont
d’abord créés dans l’urgence en 1993 pour l’ex-Yougoslavie et en 1994 pour le Rwanda.
Créée en 1998, la Cour Pénale Internationale a désormais un rôle à la fois punitif et
préventif, et non plus en réaction au coup par coup. Elle ne juge que les crimes les plus

3
EPREUV E DE HG GS P - Terminal e

Faire la guerre, faire la paix :
formes de conflits et modes de rés ol uti on - Partie 2

graves (crimes de guerre, génocides...). Elle n’est encore qu’un progrès très limité car de
nombreux pays n’ont pas signé son traité et échappent donc à sa compétence. De
nombreux membres lui reprochent aussi de n’inculper que des dirigeants non
occidentaux.

Objet de travail conclusif. Le Moyen-Orient : conflits régionaux et


tentatives de paix impliquant des acteurs internationaux (étatiques
et non-étatiques)
Berceau des trois monothéismes, carrefour de tous temps stratégique entre l’Europe,
l’Afrique et l’Asie, premier réservoir pétrolier de la planète : le Moyen-Orient a tout pour
être la région la plus conflictuelle du monde.
C’est aussi celle aussi où les paix sont les plus précaires, où les convoitises occidentales
sont les plus présentes, où les nouvelles formes de la guerre s’expérimentent bien trop
souvent. Les guerres moyen-orientales sont le plus souvent inter-étatiques au départ,
mais leur enlisement fait apparaître des acteurs « irréguliers » : groupes terroristes,
indépendantistes kurdes, Autorité Palestinienne. USA, URSS-Russie et Iran sont parmi les
puissances étrangères les plus impliquées dans les différents conflits. L’ONU est donc
particulièrement en difficulté dans cette région.

Comment expliquer la densité des conflits qui s’y déroulent et la difficulté à apaiser cette
poudrière ?

1. Du conflit israelo-arabe aux conflits israélo-palestinien : les tentatives de


résolution, de la création de l’état d’Israël à nos jours

La proclamation de l’état d’Israël en 1948 par David Ben Gourion permet de réaliser le
projet sioniste, à savoir de proposer une terre à tous les suifs du monde. Cela engendre
une guerre avec les pays arabes voisins dont Tsahal, armée israélienne sort vainqueur,
comme lors des guerres suivantes (guerre des Six Jours de 1963 et du Kippour de
1973). La reconnaissance de l’État d’Israël par l’Égypte (Anouar el-Sadate, 1978) puis par
la Jordanie en 1994 changera toutefois la nature du conflit qui d’israélo-arabe devient de
plus en plus israélo-palestinien. Les Palestiniens, peuple sans État poursuivent leur
combat en étant représentés par l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) de
Yasser Arafat. Ils pratiquent la lutte armée et le terrorisme tout en se tournant également
vers la négociation - le Hamas créé en 1985 en exil au Liban poursuit lui la lutte armée
uniquement. Ils revendiquent la création d’un État palestinien conforme au plan de
partage de l’ONU de 1967. Les accords d’Oslo de 1993 prévoient un transfert
progressif de souveraineté de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, mais le processus

4
EPREUV E DE HG GS P - Terminal e

Faire la guerre, faire la paix :
formes de conflits et modes de rés ol uti on - Partie 2

est avorté par la violence des extrêmes israéliens comme palestiniens- assassinat de
Rabin en 1995, attentats du Hamas. De plus, malgré des votes contraires à l’ONU, la
politique israélienne de colonisation de la Cisjordanie se poursuit activement et est
soutenue par l’allié américain. Cette présence rend la résolution du conflit de plus en plus
difficile. Le soutien américain à la politique israélienne est de plus vivement marqué par
transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem par l’administration Trump.

2. Les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) et leurs prolongements : d’une guerre
interétatique à un conflit asymétrique

En 1990, Saddam Hussein décide de l’annexion par la force d’un petit État voisin
regorgeant de pétrole, le Koweït. Il compte sur l’inaction de la communauté internationale,
mais les Nations Unies mettent rapidement sur pied une coalition, victorieuse des
irakiens en février 1991. Saddam Hussein évacue le Koweït mais se maintient au pouvoir
et l’Irak est soumis à un embargo. Les États-Unis dès la fin des années 1990 accusent
l’Irak de soutenir le réseau terroriste Al-Qaïda et de détenir des armes de destruction
massive. Ils parviennent à mettre sur pied une nouvelle coalition en 2003, sans mandat
de l’ONU cette fois, la France y ayant apposé son veto, et mènent une intervention rapide.
Les coalisés occupent l’Irak et capturent Saddam qui est jugé et exécuté en 2006. Les
États-Unis installent un gouvernement provisoire et rétablissent difficilement un semblant
de démocratie en Irak. Ils apparaissent cependant très vite comme une armée
d’occupation et sont victimes d’attentats. Ils ne peuvent de plus empêcher un conflit
confessionnel entre chiites et sunnites. Tout cela conduit l’Irak au chaos, d’autant qu’il
apparaît clairement que l’accusation de détention d’armes de destruction massive était
fallacieuse.

Vous aimerez peut-être aussi