F/1
Arrêt
N° C.20.0088.F
V. C.,
demandeur en cassation,
contre
1. M. T., et
2. A. H.,
défendeurs en cassation.
22 AVRIL 2021 C.20.0088.F/2
Sur le moyen :
L’article 688, alinéa 2, de l’ancien Code civil dispose que les servitudes
continues sont celles dont l’usage est ou peut être continuel sans avoir besoin du
fait actuel de l’homme : tels sont les conduites d’eau, les égouts, les vues et autres
de cette espèce.
Aux termes de l’article 693 dudit code, il n’y a destination du père de famille
que lorsqu’il est prouvé que les deux fonds actuellement divisés ont appartenu au
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même propriétaire, et que c’est par lui que les choses ont été mises dans l’état
duquel résulte la servitude.
Il suit de ces dispositions que, sauf volonté contraire des parties à l’acte de
division, les vues existant au moment où le propriétaire divise son fonds continuent
de grever un des fonds divisés au profit de l’autre.
Le jugement attaqué constate que le propriétaire d’un fonds a établi une vue
d’une partie sur une autre, l’a ensuite divisé en vendant au demandeur la partie
bénéficiant de la vue et a ultérieurement vendu aux défendeurs la partie supportant
cette vue.
Et il n’y a pas lieu d’examiner les autres branches du moyen, qui ne sauraient
entraîner une cassation plus étendue.
La Cour
Réserve les dépens pour qu’il soit statué sur ceux-ci par le juge du fond ;
[…]
EXTRAIT
REQUETE EN CASSATION
POUR : V. C.,
demandeur,
CONTRE : M. T. et A. H.,
Défendeurs.
***
Mesdames,
Messieurs,
Le jugement attaqué, qui précise dans son dispositif qu’il réserve à statuer
sans préjudice de ses motifs décisoires, décide en substance dans ces motifs que la
vue du fonds du demandeur sur le fonds des défendeurs ne constitue pas une
servitude de vue par destination du père de famille, et en conclut qu’il convient de
rouvrir les débats pour que les parties puissent débattre des différentes propositions
concrètes et de leurs inconvénients, dont le rebouchage de la fenêtre litigieuse.
1.
L’article 693 du Code civil stipule :
L’acte réalisant Ia division des deux lots initialement réunis entre les
seules mains du père de famille, G. C., est I’acte de vente du bien
à son fils [le demandeur].
C’est à cette date qu’iI faut examiner Ia question de savoir s’il a été
de Ia volonté du père de famille de maintenir ou non le lien de
service.
C’est en vain que V. C. invoquera que son acte ne contient aucune
clause relative à la servitude et qu’il s’en déduirait qu’elle serait ainsi
créée.
La volonté peut être le cas échéant déduite d’un acte ultérieur du
père de famille qui révélerait a posteriori la volonté qui fut la sienne
lors de l’acte de division.
Tel est précisément le cas de l’acte de vente du … entre G. C. et
les [défendeurs] dont la clause reprise au point 3 du titre « condition
» est libellée comme suit:
« Le bien est vendu avec toutes les servitudes actives et passives
y attachées, continues ou discontinues, apparentes ou occultes
pouvant l’avantager ou le grever, sans recours contre le vendeur.
Toutefois, la présente clause ne pourra donner à qui que ce soit
plus de droits qu’il n’en aurait en vertu d’une titre régulier non
prescrit ou en vertu de la loi.
Le vendeur déclare qu’il n’a personnellement conféré aucune
servitude sur le bien vendu et qu’à sa connaissance il n’en existe
aucune et que son titre de propriété ne mentionne aucune condition
spéciale, à l’exception de celles éventuellement reprises ci-après
sous le titre « Rappel des conditions spéciales ».
La question de la volonté de G. C. de maintenir ou non le lien de
service à charge du fonds des [défendeurs] au profit du fonds [du
demandeur] est déterminée de manière certaine par cette clause.
Il pourrait être posé la question de savoir si ladite clause vise
uniquement les servitudes affectant au fonds vendu la qualité de
fonds servant ou si elle vise non seulement les servitudes lui
conférant la qualité de fonds servant mais également celles lui
conférant la qualité de fonds dominant.
La clause utilise en effet à propos des servitudes, les termes «
conféré » et « sur le bien vendu » ce qui pourrait être interprété
comme faisant référence à une servitude à charge » du bien vendu,
c’est-à-dire une servitude donnant au fonds vendu la qualité de
« fonds servant ».
La discussion restera toutefois académique dès lors que, que ce
soit dans l’une ou l’autre des interprétations, est visée la servitude
conférant au bien la qualité de fonds servant. La servitude litigieuse
étant une servitude conférant au fonds des [des défendeurs] la
qualité de fonds servant, l’hypothèse est donc rencontrée dans les
deux interprétations.
Il s’ensuit que G. C. a en toute hypothèse affirmé dans l’acte de
2013 qu’il n’avait pas conféré la moindre servitude « à charge » du
bien vendu et qu’à sa connaissance il n’en existait pas d’autres que
REQUÊTE/4
Griefs
Première branche
Deuxième branche
REQUÊTE/6
Troisième branche
Le juge d’appel ajoute dans ses motifs que le fait que l’acte de vente
du bâtiment n° 217 entre Monsieur G. C. et le demandeur ne comporte aucune
clause mettant expressément fin au lien de service ou contraignant le demandeur
à boucher Ia fenêtre et que cet acte stipule que Ie bien est vendu avec toutes les
servitudes actives et passives y attachées, notamment les servitudes continues et
apparentes, n’y change rien.
Daniel Garabedian
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