L’étude du Droit est indispensable à tout individu. Elle couvre d’ailleurs plusieurs
domaines : le travail, le commerce etc.
L’actuel fascicule se limitera à un exposé sur la règle de droit, l’organisation judiciaire, la
personnalité juridique, la capacité juridique et ses altérations, les éléments d’identification
de la personne, le patrimoine, les obligations et les contrats et la responsabilité. Il s’agit là
de quelques aspects du droit civil. Le droit du travail et le droit commercial feront l’objet
d’autres ouvrages.
A/ LA DEFINITION DU DROIT
- Au sens objectif : le Droit est l’ensemble des règles visant à organiser la vie en
société et sanctionnées par la puissance publique. Autrement dit, c’est l’ensemble des règles
de conduite destinées à régir les rapports entre les hommes dans une société donnée et dont
l’inobservation est sanctionnée au besoin par les appareils répressifs de l’Etat.
NB : Cette définition met en évidence la finalité, l’objectif du droit indépendamment
des personnes auxquelles il s’applique.
Exemples :
Il est interdit de voler
Tout citoyen qui postule à la présidence de la république doit remplir les
conditions exigées par la constitution.
- Au sens subjectif : le droit est une prérogative reconnue à un individu ou à un groupe
d’individus et dont celui-ci peut se prévaloir dans ses relations avec les autres. Autrement dit,
c’est un pouvoir appartenant à une personne déterminée en application d’une règle de droit
NB : Cette définition met en relief le sujet, le titulaire du droit, l’individu.
La règle de droit ou règle juridique est une règle de conduite dans les rapports sociaux,
générale, abstraite et obligatoire, dont la sanction est assurée par la puissance publique.
NB : La règle de droit n’est pas la seule règle qui régit la société. Elle coexiste avec les règles
morales, les règles religieuses et les règles de bienséance.
Le Droit est subdivisé en deux grandes branches : le droit privé et le droit public ; à cette
division fondamentale, nous pouvons ajouter le droit à caractère mixte.
1) Le Droit Privé
Le droit privé regroupe les règles de droit qui s’appliquent aux relations des particuliers entre
eux sous réserve bien entendu du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs.
Il comprend :
- Le Droit International Privé relatif aux droits dont jouissent les individus dans leurs
rapports internationaux
- Le Droit Civil, nommé aussi Droit commun, car il s’impose en absence de dispositions
particulières dans d’autres droits dits d’exception (Droit Commercial, Droit du Travail). Ce
2) Le Droit Public
Le droit public renferme les règles de droit qui régissent l’organisation, le fonctionnement
des pouvoirs publics et leurs rapports avec les particuliers. Ils mettent en jeu des prérogatives
de puissance publique. Plusieurs matières composent le droit public :
Le Droit International Public dont la finalité est de réglementer les
rapports des Etats entre eux.
Le droit constitutionnel détermine la nature du gouvernement d’un pays,
l’organisation des institutions de l’Etat, leur fonctionnement et la participation des individus
au pouvoir.
Le droit administratif qui regroupe les règles applicables à
l’Administration et aux relations de l’Administration avec les particuliers.
Le droit fiscal régit les questions relatives à l’impôt : son assiette et son
recouvrement.
Le droit à caractère mixte est à la fois public et privé. Il s’agit essentiellement de la Procédure
civile et du Droit Pénal.
Quelle que soit la branche du droit envisagée, les règles du droit s’alimente à différentes
sources.
Le droit s’abreuve à diverses sources. Certaines sources formalisées sont dites directes,
d’autres non formalisées sont dites indirectes.
Les sources directes ou formelles sont écrites, codifiées. Dans l’Etat, elles sont catégorisées
suivant une hiérarchie qui met au sommet la constitution. C’est au regard de la constitution
que sont conclus les traités et les accords internationaux, votées les lois et pris les règlements.
1) La Constitution
Au sens matériel, la Constitution est l’ensemble des règles écrites ou formelles qui
déterminent la forme de l’Etat (unitaire ou fédéral), l’organisation de ses institutions, la
dévolution et les conditions d’exercice du pouvoir y compris le respect des droits
fondamentaux.
- Au sens formel, la Constitution est un acte juridique suprême de l’Etat
consignant les règles constitutionnelles au sens matériel.
-
2) Les Traités
Les traités sont des actes juridiques conclus par des Etats entre eux ou avec des Organisations
Internationales (Côte d’Ivoire-UNICEF) ou entre des Organisations Internationales (OTAN-
OPEP) qui font naître des obligations réciproques entre les parties. Leur domaine est varié :
paix, commerce, finances, travail.
3) La loi
Qu’est-ce que la loi ? Comment la loi est-elle élaborée ?
Définition de la loi
La loi est une règle de droit écrite, générale et permanente, adoptée par le Parlement
dans son domaine de compétence. On distingue la loi organique de la loi ordinaire.
La loi organique est celle qui fixe les modalités d’organisation et de fonctionnement des
pouvoirs publics.
Exemple :
La loi portant organisation et fonctionnement de l’Assemblée Nationale ou de la Cour
Suprême.
La loi ordinaire est celle qui intervient dans toutes les matières prévues par
La constitution autre que celles relevant de la loi organique.
Exemple :
La loi de finance qui fixe le budget de l’Etat.
La loi d’amnistie qui met fin aux poursuites pénales concernant certaines infractions
ou certaines personnes.
La loi est élaborée suivant une procédure, un processus bien déterminé.
L’élaboration de la loi
4) Les règlements
Un règlement est une norme de portée générale édictée par une autorité exécutive
compétente. Certains règlements sont dits dérivés, d’autres autonomes. Le règlement dérivé
est celui pris en vue d’assurer l’exécution d’une loi.
Exemple : Le décret d’application d’une loi.
Les décrets
Un décret est une décision signée par le Président de la République et qui devient une norme
juridique.
Exemple : Le décret de nomination d’un fonctionnaire.
Les arrêtés
L’arrêté est une décision émanant d’une autorité administrative. Il peut être pris par un
ministre (arrêté ministériel), un préfet (arrêté préfectoral) ou un conseil municipal (arrêté
municipal).
1) La jurisprudence
Le droit est pratiquement appliqué par les juges. A l’occasion des litiges dont ils sont saisis,
ceux-ci apportent des solutions à des problèmes de droit.
C’est l’ensemble des solutions généralement adoptées par les juges sur une question juridique
que l’on appelle jurisprudence.
Exemple : A l’occasion d’un procès qui lui est soumis, un juge décide qu’un enfant
simplement conçu au moment du décès de son père peut bénéficier des biens laissés par lui.
Au cours d’une autre affaire un autre juge adopte la même position. Une telle solution retenue
par plusieurs juges, devient une jurisprudence.
2) La coutume
La coutume au sens juridique, désigne toutes les règles de droit qui se dégagent des faits et
des pratiques dans un milieu social en dehors de l’intervention du législateur.
La coutume est donc un droit non écrit qui implique des comportements suffisamment
répandus dans l’espace et anciens dans le temps. Comme on le dit une fois n’est pas coutume.
Il faut une répétition.
Exemple : En droit du travail le 13eme mois ou gratification n’est dû par l’employeur qu’après
3 versements consécutifs.
Une coutume peut être conforme ou contraire à la loi.
Exemple :
L’exigence de la dot pour le mariage est une coutume contraire à la loi.
En droit commercial les usages commerciaux sont sources du droit.
La solidarité se présume en matière commerciale.
3) La doctrine
La doctrine est l’ensemble des opinions émises sur le droit par des personnes qui ont pour
fonction d’étudier la matière juridique. Elle se manifeste à travers des ouvrages de diverses
natures par des réflexions sur des questions juridiques.
Les opinions doctrinales sans servir de fondement immédiat à la décision du juge inspirent
celui-ci. Elles l’éclairent dans l’interprétation de la loi à appliquer au cours d’un litige.
La doctrine dégage des principes consacrés ensuite par la loi ou la jurisprudence.
Les principes généraux de Droit sont les principales sources non écrites du droit administratif,
représentée par des règles de droit obligatoires pour l’administration et dont l’existence est
La sanction est l’un des critères de la règle de droit. Pour sa mise en œuvre des institutions
propres à chaque Etat existent. Chargées d’assurer la justice entre les citoyens, ces institutions
sont organisées suivant des principes bien établis.
En Côte d’Ivoire, l’organisation de l’appareil judiciaire s’appuie sur des principes
fondamentaux dont la connaissance est nécessaire. Car ces principes influents sur la structure
même des juridictions c'est-à-dire des organes chargés de dire le droit, de rendre la justice,
d’appliquer la sanction juridique. Mais la sanction en droit n’est pas spontanée. Elle est
l’aboutissement, l’achèvement d’une procédure au cours de laquelle intervient un ensemble de
personnel.
Dès son indépendance la Côte d’Ivoire a choisi le système d’unité de juridiction. L’unité de
juridiction signifie que toutes les juridictions sont regroupées dans un seul et unique ordre de
juridiction avec une seule et même instance supérieure en l’occurrence la cour suprême. Dans
ce système tous les tribunaux sont compétents pour juger tous les litiges en toute matière
(civile, commerciale, pénale, administrative ...).
Depuis l’adoption de la nouvelle constitution de 2000, la Côte d’Ivoire semble avoir changé
de système juridictionnel au profit d’un système mixte. Si les lois organiques portant création
des hautes juridictions étaient votées par l’Assemblée Nationale, on aurait désormais au
sommet des tribunaux et des cours d’appel une cour de cassation, un conseil d’état, une cour
constitutionnelle et une cour des comptes. Ce système est maintenu avec des aménagements
dans la Constitution de 2016 car la Cour Suprême comprend la Cour de Cassation et le
Conseil d’Etat.
Formulé par le philosophe politique MONTESQUIEU dans son ouvrage « L’esprit des lois »,
le principe de la séparation des pouvoirs amène à distinguer dans l’Etat trois fonctions
indépendantes les unes des autres. La fonction de gouverner, la fonction de faire la loi et celle
de juger. Visant finalement l’équilibre entre les pouvoirs, le principe devrait empêcher les
empiétements de part et d’autre.
Relativement à la fonction de juger, il crée pour les juridictions des droits et des obligations.
La séparation des pouvoirs interdit au juge de prendre des mesures administratives, de
s’opposer à l’exécution des lois et de s’ériger en législateur. La portée de cette dernière
obligation est quelque peu limitée quand on sait l’importance accordée à la jurisprudence
comme source du droit.
Corrélativement aux prohibitions faites aux juges, il est interdit au pouvoir législatif et
l’exécutif de s’immiscer dans la fonction juridictionnelle. Le député ou le membre du
gouvernement ne doit pas s’ingérer dans la fonction de juger.
La collégialité et la territorialité
La décision de justice est rendue par un collège, un ensemble d’au moins trois magistrats. La
collégialité est un gage d’impartialité des juges et de justesse de la décision de justice.
Etendu aux tribunaux de première instance depuis 1997, ce principe n’est pas encore appliqué
dans les sections détachées de tribunaux.
L’indépendance du pouvoir judiciaire
La constitution proclame l’indépendance du pouvoir judiciaire. Elle formule que les juges ne
sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à l’autorité de la loi, leur indépendance étant
garantie par le Président de la République.
Sans entrer dans les controverses que suscite le principe d’indépendance, nous dirons
simplement qu’il exige du juge de la hauteur vis-à-vis de toutes les contraintes matérielles et
morales et des pressions de toute nature. Sauf nécessité de service, le juge ne peut être muté
qu’avec son consentement. Par ailleurs, il est inamovible. C’est-à-dire nommé à vie. Le
Président de la République qui le nomme, ne peut mettre fin à ses fonctions sans l’avis
favorable du Conseil Supérieur de la Magistrature
Les principes directeurs qui viennent d’être exposés sont les bases sur lesquelles les
juridictions s’appuient pour rendre la justice.
Sous le vocable de juridictions inférieures, il faut dissocier les tribunaux de première instance
et leurs sections détachées d’une part des juridictions de second degré que sont les cours
d’appel d’autre part.
Les sections détachées de tribunaux sont en quelque sorte des démembrements des TPI.
Elles sont plus limitées en personnel. Bien que connaissant des mêmes affaires que les TPI,
avec lesquels elles sont d’ailleurs au même niveau dans la hiérarchie des juridictions, elles ont
un pouvoir territorialement restreint.
La justice est rendue dans les sections détachées par un juge unique. Le nombre de magistrats
y est limité à au plus 5. Elles sont présidées par un juge de section aidé dans sa tâche par des
La cour d’appel connaît en dernier ressort les litiges qui ont fait l’objet d’un premier jugement
par un TPI ou une section de tribunal. En effet l’une des parties au procès qui n’est pas
satisfaite du jugement peut exercer un recours devant la cour d’appel, juridiction de second
degré. On dit qu’elle interjette ou elle fait appel. La cour d’appel a une compétence qui
s’étend aux mêmes matières que celles soumises aux tribunaux. Territorialement, son autorité
est plus étendue puisque son ressort renferme plusieurs TPI et sections de tribunaux.
Il existe trois cours d’appel en Côte d’Ivoire situées à Bouaké, Daloa et Abidjan.
La cour d’appel statue en collégialité avec un président et deux assesseurs.
Elle se compose de plusieurs magistrats généralement plus anciens et plus expérimentés que
ceux des juridictions de premier degré. Au niveau de la cour d’appel, les juges du siège que
sont les présidents de chambre et les conseillers sont sous l’autorité du premier président de la
cour d’appel. Les magistrats du parquet composé des avocats généraux et des substituts
généraux sont sous la hiérarchie du procureur général près la cour d’appel. La cour d’appel est
divisée en plusieurs chambres et ses décisions sont appelées arrêts.
Toutes les décisions rendues en première instance sont en principe susceptibles de recours
devant la cour d’appel. Exceptionnellement certains jugements rendus dans les affaires dont
l’intérêt du litige est inférieur à 100 000 francs, ne peuvent faire l’objet d’appel. Il en est aussi
des arrêts de la cour d’assise. Pour ces décisions, le recours est directement porté devant la
juridiction supérieure qu’est la cour suprême.
2) La Cour Suprême
La décision de la Cour Suprême est un arrêt. Si la cour estime que la loi n’a pas été bien
appliquée elle annule la première décision. On dit qu’elle la casse. Elle peut au contraire
relever que le droit a été bien dit. Dans ce cas elle rejette le pourvoi en cassation. La Cour
Suprême comprend désormais :
La Cour de Cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire.
Elle statue souverainement sur les recours en cassation contre les décisions rendues en
dernier ressort par les Cours et tribunaux de l’ordre judiciaire ;
Le Conseil d’Etat est la plus haute juridiction de l’ordre administratif. Il
statue souverainement sur les décisions rendues en derniers ressort par les tribunaux
administratifs et par les juridictions administratives spécialisées en matière de contentieux
administratif. Il connait en premier et dernier ressort des recours en annulation des actes des
autorités administratives centrales et des organismes ayant une compétence nationale. Il
exerce, en outre une fonction consultative. A ce titre, il peut être sollicité par le Président de
la République, pour un avis sur toute question de nature administrative.
La Cour des Comptes est l’institution suprême de contrôle des finances publiques. Elle
contrôle la gestion des comptes des services de l’Etat, des Etablissements Publics Nationaux,
des collectivités territoriales, des Autorités administratives indépendantes et de tout organisme
bénéficiant du concours financier de l’Etat ou d’une autre personne morale de droit public
ainsi que de tout organisme bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de
leurs filiales.
L’activité des principales juridictions que nous venons d’étudier se situe dans le cadre d’une
procédure judiciaire. Il existe une variété de procédures en droit (procédure pénale, fiscal,
administrative…). Mais celle généralement appliquée est la procédure civile. C’est pourquoi
NB : La Cour des Comptes est compétente pour vérifier et contrôler la comptabilité
publique.
A/ LA PROCEDURE CIVILE
On recourt à la procédure civile tant pour l’application du droit civile que du droit du travail et
du droit commerciale. C’est donc une procédure de droit commun.
Une personne dont le droit est menacé, doit nécessairement agir en justice.
Elle se posera alors plusieurs questions :
Quel tribunal dois-je saisir ?
Comment saisir le tribunal ?
Comment le procès va-t-il se dérouler ?
Quelle décision le juge prendra-t-il ?
Quel pourra être le recours contre cette décision si elle n’était pas en ma
faveur ?
Ces questions sont liées au déclenchement de la procédure, à son
déroulement et à son dénouement.
1) Le déclenchement de la procédure
La procédure est ouverte, déclenchée par la saisine de la juridiction. Mais le pouvoir d’agir en
justice n’est pas accordé à tout le monde. Il faut remplir certaines conditions. En outre l’action
en justice s’exerce devant une juridiction compétente.
La juridiction compétente
La procédure civile commence devant les tribunaux et leurs sections détachées. La question
de leur compétence recouvre deux aspects : la compétence matérielle ou compétente
d’attribution et la compétence territoriale.
N’importe qui ne peut saisir le tribunal. Seul celui qui a un intérêt juridique, la qualité et la
capacité d’agir en justice.
-L’intérêt à agir : Celui qui agit doit avoir subi un préjudice, il doit avoir un droit à faire
valoir de telle sorte que le succès ou le rejet de sa prétention modifie sa situation. En clair son
action doit viser la reconnaissance, la protection ou la sanction de ses droits.
-La qualité à agir : c’est le titre en vertu duquel on agit en justice. Par exemple la
qualité d’héritier, de propriétaire, de créancier. Générale ment, cette qualité est déterminée par
la loi.
-La capacité d’ester en justice : C’est l’aptitude que la loi reconnaît à une personne
d’agir en justice en raison de son âge ou de son état mental. N’ont pas la capacité d’agir en
justice les mineurs et certains majeurs déclarés incapables.
La saisine du tribunal
Le tribunal est saisi par un acte spécifique, une assignation ou une requête. Le demandeur doit
en outre verser une consignation avant l’enrôlement de l’affaire.
-L’acte de saisine : l’assignation ou la requête.
Le juge peut rendre sa décision à la même audience juste après les débats. Mais l’affaire est
généralement mise en délibéré pour une audience prochaine. A cette audience le tribunal ou la
section de tribunal rend sa décision qu’on appelle jugement.
La décision de justice revêt deux caractères importants : Elle a une force exécutoire et est
obligatoire. En vertu de sa force exécutoire, celui qui a gagné le procès peut faire exécuter le
jugement, si besoin est, par une voie d’exécution.
Exemple : faire saisir les biens de son adversaire.
Obligatoire, la décision s’impose aux personnes qui sont partes au litige.
Celles-ci ne peuvent recommencer le même procès.
Toutefois l’un des plaideurs qui n’est pas satisfait de la décision du tribunal peut saisir la cour
d’appel en interjetant appel du jugement. Il devient alors appelant et son adversaire intimé.
L’appel fait obstacle à l’effet exécutoire de la décision du tribunal.
En principe le procès s’achève à ce niveau, mais la partie qui a perdu en appel peut
exceptionnellement porter l’affaire devant la cour suprême. On dit qu’elle se pourvoi en
cassation à l’appel, le pourvoi ne fait pas obstacle à l’exécution de la cour d’appel.
La procédure judiciaire dont nous venons d’examiner les phases est animée par un personnel.
B/ LE PERSONNEL JUDICIAIRE
Strictement dit, le personnel judiciaire regroupe les magistrats et les greffiers qui sont des
fonctionnaires de l’Etat affecté au service public de la justice.
1) Les Magistrats
« Gardiens des libertés », les magistrats ou juges sont des fonctionnaires chargés de rendre la
justice entre les citoyens dans l’Etat. On distingue deux catégories de magistrats : les juges du
siège et ceux du parquet. Les juges du siège dirigent les audiences et rendent les décisions.
Les magistrats du parquet représentent la société. Ils donnent leurs avis sur les solutions à
apporter aux litiges. Leur rôle est plus évident en matière pénale lorsqu’ils font des
réquisitions orales.
Bénéficiant d’un statut particulier, les juges sont soumis à certaines obligations notamment la
réserve, la dignité et la loyauté. En plus quand ils sont saisis d’un litige, ils ont l’obligation de
rendre une décision sous peine de déni de justice.
Les magistrats ne peuvent connaître des litiges dans les quels leur conjoint, parents ou alliés
sont parties. Dans ce cas ils peuvent être récusés. Ils sont frappés d’une interdiction d’exercer
certaines fonctions incompatibles avec leur profession notamment le commerce, les fonctions
politiques.
Corrélativement à leurs obligations les juges ont des prérogatives importantes. Leur pouvoir
est au même niveau que les pouvoirs législatif et exécutif. Leur durée dans la fonction
publique est plus longue, allant au-delà de 30 ans de carrière et de 60 ans d’âge. Il fait valoir
ses droits à la retraite à 65 ans. Selon la nouvelle Constitution, les magistrats du siège peuvent
être affecté pour nécessité de service. Au plan pénal, ils sont protégés contre les violences et
les outrages dont ils peuvent être victimes. Lorsqu’ils commettent une infraction ils sont jugés
suivant une procédure spéciale et complexe. Leur révocation ne peut intervenir qu’en conseil
des ministres.
Les auxiliaires de justice ne bénéficient pas des droits reconnus aux magistrats.
Les auxiliaires de justice sont toutes les personnes qui concourent à titre professionnel à
l’œuvre de la justice. Certains agissent généralement dans le cadre d’une procédure judiciaire
d’autres interviennent très souvent en dehors de tout procès.
Les avocats
L’avocat est un professionnel dont la fonction est d’assister, de représenter les personnes
physiques ou morales devant toutes les juridictions, tous les organismes juridictionnels ou
disciplinaires à l’effet d’assurer leur défense. Il est tenu de défendre son client avec tous les
moins d’un bon père de famille.
L’ensemble des avocats exerçant dans le ressort d’une cour d’appel est appelé barreau. Un
barreau est administré par un conseil de l’ordre des avocats présidé par le bâtonnier. L’avocat
n’est pas un fonctionnaire de l’Etat. Il travaille pour son propre compte.
Les greffiers
Parmi les auxiliaires de la justice les greffiers sont ceux qui collaborent directement avec le
juge. Comme ceux-là, ils sont fonctionnaires de l’Etat.
Les greffiers assistent les magistrats dans leurs tâches. Ils écrivent les actes et les décisions
des juges, en garde les minutes c'est-à-dire les originaux et en délivrent des copies qu’on
appelle expéditions et grosses.
Les greffiers prennent note à l’audience. Leur présence est une condition de validité de
certains actes du juge.
C’est au greffe que sont délivrés certains actes comme le registre de commerce, le casier
judiciaire, le certificat de nationalité, l’acceptation de succession, etc.
Le service des greffiers est hiérarchisé. On distingue le greffier en chef qui est un attaché des
greffes et parquets, des secrétaires et assistants des greffiers et parquets.
Les huissiers
Les huissiers rédigent les actes de procédure tels que l’assignation qui saisit le tribunal et les
actes de saisie. Ils ont qualité pour signifier ou notifier c'est-à-dire porter à la connaissance
des parties les actes de procédure. Ils sont chargés de faire procéder à l’exécution des
décisions de justice et au recouvrement amiable des créances.
Les experts
Les notaires
Les notaires ont pour fonction essentielle d’authentifier c'est-à-dire d’accorder une valeur
probante à des actes ou contrats. L’authentification atteste l’exacte provenance d’un acte. Ils
interviennent dans le partage des successions, la création des sociétés, la vente d’immeuble
etc. Dans la vente d’immeuble par exemple leur intervention est une condition de validité de
l’opération.
Les commissaires-priseurs
Les commissaires-priseurs procèdent à l’estimation et à la vente publique aux enchères des
meubles et effets mobiliers saisis par les huissiers.
La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droit et à assumer des obligations.
Cette aptitude a un contenu différent selon qu’on est en présence d’une personne physique ou
d’une personne morale.
I/ LA PERSONNE PHYSIQUE
La personne physique c’est l’être humain. Tous les êtres humains ont la personnalité
juridique. Cette personnalité juridique a un début et une fin. Durant son existence, sa vie la
personne est identifiable par certains éléments.
Exemple :
N’est pas viable et ne peut donc avoir la personnalité juridique, l’enfant
qui naît avec une malformation grave du cœur dont il meurt quelques
heures ou quelques jours après.
En pratique, il peut arriver qu’un père décède alors que sa femme est enceinte. L’enfant
n’étant pas né de son vivant faut-il l’exclure d’une éventuelle succession du défunt ?
Assurément non ! Ce serait une injustice que le droit a voulu éviter en permettant à l’enfant
simplement conçu de faire valoir sa personnalité chaque fois que son intérêt est en jeu. C’est
ce qu’exprime la règle « Infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur ».
Selon cette règle, l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il s’agit pour lui
d’avoir un droit. On fait remonter exceptionnellement le début de la personnalité juridique à la
conception dans l’intérêt de l’enfant et seulement dans son intérêt.
La conception c’est l’union des cellules mâle et femelle pour produire l’œuf. Pour déterminer
ce moment on va considérer de manière fictive que la durée normale de la grossesse est
enfermée dans une période allant du 300e jour au 180e jour avant la naissance. Ainsi la période
de conception se situera dans la période de 120jours entre le 300e et le 180 e jour. On dira que
l’enfant a été conçu à une date dans cette période. Si l’on fait remonter le début de la
Des doutes sur l’existence de la personne naissent lorsqu’en raison de certaines circonstances,
on ne sait si elle est vivante ou si elle est morte. Ces incertitudes se présentent en cas
d’absence et de disparition.
1) L’absence
En droit, l’absence est la situation d’un individu qui a cessé de paraître au lieu de son
domicile ou de sa résidence sans que l’on ait eu de ses nouvelles lorsqu’on ne sait pas s’il est
encore vivant ou déjà décédé.
L’absence se distingue de la non présence qui est la situation d’une personne dont on est sûr
de l’existence mais qui pour quelque raison est éloignée de chez elle
Quand une personne est absente on peut se poser des questions relatives au sort de ses biens,
de son mariage et sur la situation des enfants qui pourraient naître pendant son absence.
Si l’absent est marié, son mariage n’est pas dissout. Son conjoint ne peut pas divorcer car
l’absence n’est pas une cause de divorce. En conséquence, les enfants nés pendant l’absence
bénéficient de la présomption de paternité. En vertu de cette présomption ils sont considérés
comme les enfants de l’absent sauf pour lui à intenter une action judiciaire en désaveu de
paternité à son retour.
2) La disparition
La disparition est la situation d’une personne disparue dans des circonstances de nature à
mettre sa vie en danger mais dont le corps n’a pu être retrouvé.
Exemple : Un militaire parti en guerre dont on a plus de nouvelles.
C’est aussi la situation d’une personne décédée dont le corps n’a pu être retrouvé.
Exemple : Un individu mort par noyade dont le corps est introuvable.
A la différence de l’absence, la disparition est caractérisée par une quasi-certitude du
décès.
En cas de disparition, les membres de la famille du disparu ou le procureur de la république
doivent obtenir un jugement déclaratif de décès.
A cette fin, ils doivent saisir le tribunal du lieu de la disparition si la victime réside en Côte
d’Ivoire, celui de son domicile ou de sa dernière résidence si les faits ont lieu à l’étranger.
Le jugement déclaratif de décès tient lieu d’acte de décès. Il permet d’ouvrir la succession du
disparu et entraîne la dissolution de son mariage. Son épouse pourra donc se remarier.
Si par la suite le disparu réapparaît, le jugement déclaratif de décès sera annulé. Alors sa
personnalité juridique est rétablie. Son mariage reprend son cours et ses héritiers doivent
restituer les biens reçus.
I/ LA CAPACITÉ JURIDIQUE
A/LA NOTION DE CAPACITÉ
La notion de capacité doit être précisée avant d’en examiner le contenu. Pour participer à la
vie juridique, il faut être apte à apprécier l’étendue et la portée de ses actes. Cette faculté est la
capacité juridique. En principe tous les individus devraient en bénéficier. Mais certaines
personnes sont frappées d’incapacité en raison de leur âge ou de leur santé mentale. Il en est
ainsi des mineurs (les personnes âgées de moins de 18 ans) et des majeurs qui ne sont pas
sains d’esprit.
La capacité est l’aptitude, la faculté à acquérir des droits et à pouvoir les exercer.
La capacité revêt deux aspects : l’un passif, la capacité de jouissance et l’autre actif, la
capacité d’exercice.
1) La capacité de jouissance
La capacité de jouissance d’une personne physique ou morale est son aptitude à être titulaire
de droits, à en acquérir ou à en transmettre.
Exemple : Le droit de vote, le droit de se marier.
Certaines personnes sont frappées d’une incapacité d’exercice qui les prive de la faculté de
faire valoir des droits dont elles jouissent. L’incapacité a un but de protection. On protège
l’incapable contre l’appauvrissement de son patrimoine car on estime qu’il n’est pas à mesure
d’apprécier la portée de ses actes. Cette inaptitude s’applique d’une manière générale aux
mineurs et exceptionnellement aux majeurs.
A/ L’INCAPACITÉ DU MINEUR
Le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas 18 ans révolus. L’incapacité
des mineurs s’explique par l’idée qu’ils n’ont pas toute la maturité nécessaire à accéder la vie
juridique.
Pour bien percevoir la condition juridique du mineur, il faut distinguer selon qu’il est
émancipé ou non.
La tutelle
La tutelle est la mesure de protection du mineur lorsque son père et sa mère sont dans
l’impossibilité d’assurer la puissance paternelle pour cause de décès, d’incapacité ou
d’absence.
Lorsqu’un mineur est placé sous tutelle, trois organes interviennent : le tuteur, le conseil de
famille et le juge des tutelles.
Le tuteur est la personne à qui incombe le soin de diriger la personne du mineur et de gérer
ses biens. Il exerce à l’égard du mineur les prérogatives de la puissance paternelle (garde,
entretien, administration légale…)
Sur les biens du mineur, le tuteur exerce un pouvoir général de représentation qui lui permet
d’accomplir tous les actes que le mineur ne peut effectuer tout seul. Mais sa gestion doit être
prudente et réfléchie puisqu’il doit en rendre compte. Pour certains actes, notamment les actes
de disposition, le tuteur doit avoir l’autorisation du conseil de famille.
En effet, le conseil de famille joue un rôle de surveillance et de contrôle de l’activité du
tuteur. Il autorise certains actes.
2) Le mineur émancipé
L’émancipation est une technique juridique dont l’effet est d’accorder par anticipation au
mineur la capacité d’accomplir tous les actes de la vie civile comme s’il était majeur. Elle
s’opère de deux manières : par le mariage ou par la volonté des parents. Un mineur de 16 ans
qui se marie est de plein droit émancipé. Les parents du mineur eux-mêmes peuvent décider
de l’émanciper lorsqu’il a 18 ans Art. 120 de la Loi n° 2019-572 du 26 juin 2019 relative à la
minorité [Le mineur peut être émancipé par ses père et mère ou parents adoptifs, lorsqu'il aura
atteint l'âge de seize ans révolus]. Dans ce cas ils font une déclaration devant le juge des
tutelles. Emancipé, le mineur devient capable de tous les actes de la vie civile. Il n’est plus
soumis aux mesures de protection du mineur non émancipé. Il peut avoir un domicile séparé
de celui de ses parents. Il est désormais responsable des dommages qu’il cause à autrui.
Il n’est cependant pas entièrement libre. Lorsqu’il est émancipé par déclaration des parents, il
doit obtenir l’autorisation parentale pour se marier.
Cette autorisation est aussi nécessaire lorsqu’il veut faire du commerce. Les mineurs ne sont
pas seuls incapables. Certains majeurs le sont aussi.
I/ LE NOM
Le nom est l’appellation par laquelle on désigne une personne dans la vie sociale. On assimile
généralement le nom au patronyme c'est-à-dire au nom de famille. Mais une personne a aussi
un prénom auquel s’ajoutent parfois certains accessoires.
A/ LE PATRONYME
Le patronyme est le nom de famille.
La loi prévoit des règles d’attribution, de changement du patronyme et de protection du nom.
1) L’attribution du nom
Le patronyme est le nom de famille. Il est attribué au regard de la filiation c'est-à-dire du lien
de paternité ou de maternité. Dans une famille légitime où les deux parents sont mariés,
l’enfant porte le nom du mari de sa mère. Celui-ci est présumé être son père. A la demande de
la conjointe ou de l’enfant, le patronyme de l’épouse pourra être ajouté à celui du mari
3) La protection du nom
Le titulaire d’un nom patronymique a le droit de le défendre contre l’usurpation des tiers et
contre son usage commercial, littéraire ou artistique.
La loi prévoit que le porteur d’un nom ou ses descendants même s’ils ne portent pas eux-
mêmes ce nom, peuvent s’opposer à ce qu’il soit usurpé ou utilisé par un tiers à titre de nom,
surnom ou pseudonyme.
Cette protection s’applique aussi au prénom et aux accessoires du nom.
1) Le prénom
Le prénom est choisi librement. Ne sont cependant admis que les prénoms qui figurent aux
calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition.
Exemple : Elodie, Alassane, Kipré, Awa, Yapo…
Le prénom peut être changé lorsqu’un intérêt le justifie. L’intérêt légitime peut résulter d’une
adoption, d’un changement de sexe (cas de transsexualisme) ou résider dans le
Caractère ridicule du prénom.
Exemple : Dagobert, Ringo, Picasse
Le prénom n’est protégé que lorsqu’il est usurpé en même temps que le patronyme.
II/ LE DOMICILE
A/ LE CHOIX DU DOMICILE
En principe le domicile est volontaire. Il est librement choisi par chaque personne. Mais la loi
impose un domicile à certaines personnes.
Lorsque le domicile est choisi, il faut que le choix se manifeste par l’établissement effectif de
la personne en ce lieu. En outre, la personne doit avoir la volonté, l’intention d’y fixer son
principal établissement.
Un individu peut avoir plusieurs centres d’intérêt en des endroits différents. Il se pose alors un
problème quant à l’identification de son domicile.
Exemple : Yao travaille à Bouaké, sa famille est à Abidjan, il a une plantation à Tabou et une
maison à Korhogo.
Dans cette hypothèse on retient le lieu d’exercice de la profession ou celui où se trouvent les
intérêts familiaux.
Le domicile volontaire doit être réel et non fictif.
La loi impose un domicile à certaines personnes. C’est le cas des fonctionnaires de l’Etat, des
magistrats qui ont leur domicile au lieu où ils exercent leur profession. Il en est aussi des
mineurs non émancipés dont le domicile est celui de leurs parents, de la femme mariée
domiciliée chez son mari et des gens de maison ayant leur domicile chez leur employeur
lorsqu’ils vivent avec eux. Le choix du domicile conjugal se fait d’un commun accord entre
les époux.
Le domicile revêt certains caractères et des intérêts lui sont attachés.
III/LA NATIONALITÉ
La nationalité est le lien qui unit une personne à un Etat. En Côte d’Ivoire, la nationalité est
attribuée par la naissance. On privilégie le lien de sang. Est ivoirien d’origine celui qui est né
d’un père ou d’une mère de nationalité ivoirienne quel que soit son lieu de naissance. Ce
principe est valable pour l’enfant adopté par un ivoirien. A titre exceptionnel, est ivoirien
d’origine l’enfant, de parents inconnus, retrouvé sur le territoire ivoirien.
L’étranger ou l’étrangère qui épouse un ivoirien ou une ivoirienne acquiert la nationalité
ivoirienne à condition de choisir celle-ci lors de la célébration de son mariage.
Tout étranger peut se voir octroyer la nationalité ivoirienne par la volonté de l’autorité
publique soit par naturalisation, soit par réintégration. La naturalisation est le fait pour le
gouvernement de donner la nationalité à un étranger qui en fait la demande. Dans ce cas elle
est donnée par décret après enquête, à tout étranger qui réside habituellement en Côte
d’Ivoire.
Il faut définir et préciser les caractères du patrimoine avant d’en dévoiler le contenu, la
composition.
A/ DEFINITION
Le patrimoine est l’ensemble des droits et des obligations appartenant à une personne et ayant
une valeur pécuniaire c'est-à-dire évaluable en argent. Les droits constituent l’actif et les
obligations, le passif. L’actif regroupe les biens et le passif les dettes.
B/ CARACTÈRES
A/ LES DROITS
Le droit de propriété est le droit réel le plus complet. Il confère à son titulaire tous
les pouvoirs sur la chose. Celui-ci a le droit d’utiliser matériellement la chose (droit d’usage
ou usus), d’en percevoir les fruits et revenus et d’en jouir (fructus) ainsi que le droit d’en
disposer soit à titre gratuit, soit à titre onéreux (droit d’abusus). L’usus, le fructus et l’abusus
sont les trois composantes obligatoires du droit de propriété.
Le droit personnel
Le droit personnel est une prérogative en argent. Il met en rapport deux personnes. On
l’appelle aussi droit de créance. Il permet à une personne dite créancier d’exiger quelque
chose à une autre, le débiteur. Le rapport de droit entre les deux personnes est appelé
obligation.
Le droit de créance ne porte pas sur un bien précis mais sur l’ensemble des biens du débiteur.
Le créancier ne dispose que d’un droit de gage général sur l’ensemble du patrimoine du
débiteur. On dit que c’est un créancier chirographaire. Il n’a pas de privilège comme le
titulaire du droit réel.
Hormis les droits, le patrimoine renferme les biens.
I/ LE FAIT JURIDIQUE
Le fait juridique est un événement volontaire ou involontaire susceptible des effets de droit.
La survenue d’un fait juridique engage la responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle de son
auteur. Mais avant d’examiner les règles applicables à cette responsabilité essayons de
préciser la notion de fait juridique.
Le fait juridique est une action qui fait naître une obligation à la charge de son auteur sans
que celui-ci ait eu l’intention de s’obliger. Le fait juridique peut être un délit ou un quasi-délit
selon que l’auteur ait agi volontairement ou non.
A/ LE DELIT
B/LE QUASI-DELIT
C’est un délit commis par imprudence ou négligence sans intention pour son auteur de causer
un dommage à autrui. L’acte dommageable n’est pas accompli exprès. C’est le cas d’un
accident de la route suite à un défaut de maîtrise ou à l’usure des pneus.
Le fait juridique qu’il soit un délit ou un quasi-délit engage la responsabilité délictuelle de son
auteur.
L’acte juridique est la manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit. L’acte
juridique peut être unilatéral (Testament, donation…), bilatéral (Contrat, protocole…) ou
multilatéral (Traité). L’acte juridique peut engager la responsabilité délictuelle ou
contractuelle de son auteur ou des parties.
I/ LA NOTIOND’OBLIGATION
Les obligations sont multiples dans leur classification mais l’obligation est une dans sa
définition.
A/ LA DEFINITION DE L’OBLIGATION
L’obligation juridique est un lien, un rapport de droit entre deux personnes en vertu
duquel l’une, appelée débiteur est tenue envers l’autre, le créancier, soit à une prestation, soit
à une abstention.
L’obligation est générée par un acte juridique, généralement un contrat. Le contrat est un acte
juridique bilatéral qui se distingue de l’acte juridique unilatéral. L’acte unilatéral est la
manifestation d’une seule volonté qui crée des obligations à la charge de la personne dont il
émane. L’obligation peut avoir pour source un fait juridique qui engage la responsabilité
délictuelle de son auteur.
Pour être valable, un contrat doit obéir à certaines conditions. Seul un contrat valable peut
produire des effets juridiques. Il faut définir le contrat avant d’établir la typologie des
contrats.
Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes dont l’effet est de créer
entre elles des obligations. C’est un acte juridique.
Accord de volontés, le contrat est une convention mais une convention qui produit des effets
juridiques. C’est en cela qu’il se distingue des règles de convenance et de courtoisie. Celles-
ci qui n’engagent que moralement ne produisent aucun effet juridique.
Le contrat, en principe, met en rapport deux personnes : le vendeur et l’acheteur dans la
vente, le bailleur et le locataire dans le contrat bail.
Pour qu’un contrat soit valable, il faut le consentement des parties, la capacité juridique, une
cause et un objet au contrat
.
A/ LE CONSENTEMENT
Les parties doivent manifester leur consentement. Mais ce consentement doit être intègre
c'est-à-dire exempt de tout vice.
1) La manifestation du consentement : l’offre et l’acceptation
L’offre
Dans un contrat, il y a deux parties. L’une est appelée offrant ou pollicitant et l’autre,
acceptation. L’offrant est celui qui fait l’offre. L’offre ou pollicitation est la proposition de
contracter. Elle peut être expresse ou tacite.
Expresse, elle est formulée soit oralement, soit par écrit. Tacite, elle résulte d’une attitude ou
d’un acte par lequel se manifeste indirectement la volonté d’offrir.
Exemples :
-Un vendeur de journaux qui vous tend un journal vous fait une offre tacite.
-L’exposition d’une marchandise dans une vitrine avec affichage du prix est une offre tacite.
-Le stationnement d’un taxi dans un lieu indiqué pour les passagers est également une offre
tacite
Pour valoir proposition de contracter, l’offre doit être ferme, précise et complète. Elle doit
mentionner les éléments essentiels du contrat (le prix et la chose pour le contrat de vente par
exemple). Elle ne doit pas être assortie de réserves. En clair, elle doit être formulée de telle
sorte que l’acceptation entraîne immédiatement la formation du contrat.
L’offre peut être assortie de délai ou non.
Exemple : Une annonce dans un journal propose la location d’une maison avec un préavis de
6 jours. L’offre ici est assortie de délai.
Exemple :
-Un garagiste vent une voiture occasion de 40 000 Kms après en avoir trafiqué le compteur.
En réalité elle a 80 000Kms. Il y a dol par manœuvre frauduleuse.
-Un commerçant s’abstient de révéler à l’acheteur un vice caché de la chose dont il a
connaissance. Il y a ici dol par réticence.
Pour être considéré comme un vice du consentement, la tromperie doit être de nature à induire
la victime du dol en erreur. L’autre doit commettre une faute. Car la simple vanterie de l’objet
ne suffit pas. C’est d’ailleurs pourquoi, on ne sanctionne pas un commerçant qui par publicité
exagère quelque peu son produit.
La violence
La violence est la pression, la menace exercée sur une personne pour l’amener à conclure un
contrat contre son gré. Elle peut être physique (menace avec une arme à feu) ou morale (le
chantage). La violence doit présenter une certaine gravité c'est-à-dire qu’elle doit être de
nature à faire impression sur la victime au regard de son âge, de sa profession, même sa
religion.
Exemple : Un fidèle qui fait une donation sous la menace d’une sanction religieuse.
La menace d’exercer une voie de droit est considérée comme légitime. Mais elle devient une
violence de nature à vicier le consentement si elle est utilisée à une autre fin.
Exemple :
-Un individu obtient la vente d’un immeuble en menaçant de dénoncer à la police le vendeur
qui a participé à un vol. C’est une violence morale illégitime.
-Un créancier menace de poursuivre son débiteur en justice s’il ne rembourse pas sa dette.
Cette violence est légitime. Elle n’est pas un vice du consentement.
Les parties doivent donner leur consentement au contrat mais en plus elles doivent être
capables.
3) La capacité contractuelle.
Le contrat est un acte juridique. Pour conclure un acte juridique, il faut être majeur et saint
d’esprit. Les mineurs non émancipés et les majeurs déclarés incapables n’ont pas la capacité
de conclure un contrat. Les contrats passés en violation de l’incapacité sont en principe nuls.
L’objet du contrat
Par objet du contrat, il faut entendre la prestation à laquelle les parties s’obligent. Dans un
contrat synallagmatique, on a deux objets.
Exemple : Dans la vente, la chose et le prix.
L’objet peut exister au moment du contrat ou être futur.
Exemple :
-Le contrat de vente d’une maison à construire.
-Le contrat de sponsoring sur une œuvre musicale à réaliser.
Le problème de la lésion
Dans le contrat synallagmatique, il doit y avoir une équivalence entre les prestations de
chacune des parties. Lorsqu’il y a un grave déséquilibre entre les prestations, on dit qu’il y a
lésion.
La lésion est le préjudice résultant pour l’une des parties au contrat d’un défaut d’équivalence
entre l’avantage qu’elle obtient et le sacrifice qu’elle consent. Elle n’est sanctionnée que dans
la vente d’immeuble quand elle est de plus de 7/12 et dans le contrat de partage si elle excède
le ¼ de la chose à partager.
La cause du contrat
La cause du contrat c’est ce pourquoi on conclut le contrat. Il peut s’agir de la prestation que
l’on attend du cocontractant.
Exemple :
- YAO vend sa maison à ZAO pour que ZAO lui en verse le prix.
-Le paiement du prix est la cause du contrat pour YAO.
Dans l’exemple il s’agit d’une cause finale ou objective. En principe on devrait parler de
cause de l’obligation.
La cause s’entend aussi des raisons, des motifs ou des mobiles qui amènent une partie à
conclure.
Exemple :
-Un locataire qui prend une maison en bail pour y installer des prostituées
-Un homme marié qui offre une voiture à sa maîtresse pour ne pas qu’elle mette à exécution
son projet de le quitter.
Pour qu’un contrat soit valable il faut non seulement qu’il ait une cause mais que la cause soit
licite c'est-à-dire conforme à la loi et à la morale. Dans les exemples suscités, la cause des
contrats est illicite, immorale parce que la prostitution et les relations adultérins heurtent la
morale et sont même contraires à la loi. Lorsque les conditions de formation du contrat ne
sont pas réunies, la loi prévoit une sanction.
Les conditions de formation du contrat sont cumulatives. L’absence de l’une d’elle fait
obstacle à sa validité. Le contrat qui n’est pas valable est nul. La nullité est la sanction de
l’absence d’une condition de formation du contrat. Elle consiste en l’anéantissement de l’acte
juridique comme si celui-ci n’avait jamais existé. Celui qui estime que le contrat qu’il a
conclu n’est pas valable, doit saisir le tribunal. Seul le juge est compétent pour prononcer la
nullité du contrat.
A/ LA NULLITE ABSOLUE
Elle sanctionne une irrégularité grave dans la formation du contrat notamment en cas de
défaut de consentement, de défaut de cause ou de cause illicite.
Exemple : Un contrat portant sur le commerce de drogue ou d’organes humains est nul de
nullité absolue.
Dans ce cas toute personne intéressée (les contractants, leurs créanciers, le juge lui-même)
peut soulever la nullité. Le délai pour demander la nullité est de 30 ans.
Celui qui a conclu un contrat dont il savait la cause immorale ou illicite ne peut en demander
la nullité. On dit qu’il ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. C’est la règle « Nemo
auditur propriam turpitudinem allegans ».
Exemple : Un homme marié offre une voiture à sa maîtresse pour maintenir leur relation
adultérine. Sa maîtresse ayant décidée de rompre, il veut annuler la donation. La loi lui refuse
cette action.
B/ LA NULLITE RELATIVE
Elle sanctionne une irrégularité moins grave.
Exemple : L’erreur, le dol, la violence.
L’erreur ne peut être invoquée que par la victime. Celle-ci a 5 ans pour agir en nullité à partir
du jour où le vice du consentement est découvert.
Le contrat annulé ne peut pas produire d’effets. IL ne le peut que s’il est valable.
A/ L’EFFET OBLIGATOIRE
Les parties ont l’obligation de se soumettre aux clauses du contrat. La violation par elles de
ces clauses est sanctionnée.
1) L’obligation pour les parties de se soumettre aux clauses du contrat
Le contrat valablement conclu oblige les parties à en respecter les clauses. Il devient comme
une loi pour elles. Chacune est tenue d’exécuter sa prestation telle que prévue au contrat et
dans les conditions convenues.
L’exception d’inexécution
L’exception d’inexécution est la possibilité offerte à une partie au contrat de s’abstenir
d’exécuter son obligation à l’inexécution par l’autre de la sienne. Elle se conçoit dans les
contrats synallagmatiques ou les obligations des parties sont interdépendantes.
Exemple : Par contrat de vente, KONAN s’est engagé à livrer des marchandises diverses
à KOUASSI au prix de 150.000 franc. Sans avoir livré les produits il demande le paiement du
prix. La première obligation n’étant pas exécutée KOUASSI peut invoquer l’exception
d’inexécution pour s’abstenir de payer le prix.
La rupture du contrat
Une partie au contrat peut en demander la rupture si l’autre n’exécute pas son obligation. La
rupture est une résiliation ou une résolution.
La résiliation est la rupture d’un contrat à exécution successive (le contrat de bail, le contrat
de travail…). La fin du contrat à exécution successive n’entraîne pas la restitution des
prestations des parties parce qu’en pratique cela est impossible. La résiliation dispose pour
l’avenir.
Exemple : Dans un contrat de bail on ne peut pas demander au locataire de restituer au
bailleur la jouissance des locaux. Tout comme dans un contrat de travail, on ne peut pas
demander à l’employeur de rembourser le travail effectué par l’employé.
La responsabilité contractuelle
En plus des sanctions sues évoquées, la victime de l’inexécution ou la mauvaise exécution du
contrat peut engager la responsabilité contractuelle de son cocontractant.
Portée devant le juge, l’action en responsabilité tend, pour la victime à obtenir des dommages-
intérêts ; c'est-à-dire la réparation pécuniaire du préjudice qu’elle subit. L’aboutissement de
l’action est subordonné à trois conditions :
Celui qui agit doit prouver que son cocontractant a commis une faute contractuelle : la faute
réside dans l’inexécution ou la mauvaise exécution du contrat.
Il doit aussi prouver que l’inexécution par l’autre partie de son obligation lui cause un
préjudice. Généralement, il s’agit d’un préjudice matériel. Enfin, il doit établir un lien de
causalité entre la faute et le préjudice. Le préjudice doit découler de la faute (l’inexécution ou
la mauvaise exécution).
Lorsque ces trois conditions cumulatives sont réunies le juge accorde des dommages intérêts
comme une compensation en argent.
Exemple : KONAN est un acheteur de cacao. Il conclut un contrat de vente de 1000 tonnes de
cacao avec une coopérative la livraison devant intervenir le 30 avril. A cette date,
Le produit n’est pas livré à KONAN. Or, celui-ci devait à son tour faire parvenir la
marchandise à une multinationale en vertu d’un autre contrat de vente. L’inexécution par la
coopérative de
Son obligation cause un préjudice à KONAN. Celui-ci pourra ainsi engager la responsabilité
contractuelle de la coopérative et obtenir des dommages intérêts en réparation.
Les effets du contrat ne se déploient pas à l’égard de tous. Ils sont limités aux parties. On
parle d’effet relatif.
On peut être responsable pour son fait personnel c'est-à-dire pour sa propre faute, du
fait d’une chose ou pour le fait d’autrui.
Trois conditions sont exigées pour que la victime d’un dommage obtienne des dommages
intérêts : une faute, un préjudice et un lien causal entre ces deux éléments.
A/ LA FAUTE
La faute est le fait générateur du dommage. Il peut s’agir d’un fait personnel, du fait d’une
chose ou du fait d’autrui (cf. les cas de responsabilité).
B/ LE DOMMAGE OU PREJUDICE
Le dommage c’est le préjudice dont souffre la victime d’un fait. Il doit être prouvé. Le
préjudice doit être certain et directe. Un préjudice éventuel ne peut suffire.
Exemple : ZEGUEN entrepose des produits inflammables à côté de la villa de BAKO.
Le dommage que pourrait subir BAKO n’est que probable puisque les produits
Ne se sont pas encore enflammés. Il ne peut pas demander réparation. Le dommage peut être
futur.
Exemple : COULIBALY a une incapacité de travail suite à un accident.
Le dommage réparable sera non celui déjà subi, mais encore l’incapacité à venir en cas
d’aggravation du dommage. Dans ce cas le préjudice est certain et futur.
Le préjudice peut être matériel : la perte d’un objet ou d’une somme d’argent, des blessures
corporelles. Il peut être aussi moral (douleur morale éprouvée par la victime suite au décès
accidentel d’un parent) ou esthétique (affection de l’état corporel par des cicatrices
disgracieuses).
C/ LE LIEN DE CAUSALITE
La faute doit être la cause du dommage. La victime doit faire la preuve du lien de cause à
effet entre ces deux éléments. Ce lien n’est pas toujours évident parce que le dommage peut
résulter d’un cas de force majeure, de l’intervention d’un tiers ou de la faute de la victime
elle-même.
La force majeure est un événement irrésistible et extérieur aux parties qui est la cause du
dommage.
Exemple : Un vent violent arrache une cuvette qu’AYA portait sur la tête, laquelle va
Percuter TINA lui occasionnant une blessure au temple. Puisque le dommage
FIN DU COURS