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UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
DE LA SANTE
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DEPARTEMENT DE SANTE PUBLIQUE
- Santé
- Déterminants de la santé
- Problème de santé
- Maladie
- Besoins de santé
- Souffrance et demande
- Offre de soins
- Utilisation des services de santé
- Système
- Système de santé
1
1.1. SANTE
Il n’existe pas une définition univoque du terme « santé ». Le concept de « santé » varie, en
effet selon les individus, les civilisations et les époques. La difficulté de trouver une définition
satisfaisante de la santé n’est pas une simple question de vocabulaire, elle implique plutôt qu’il
s’agit d’une réalité complexe, polymorphe et mouvante.
Selon la classification de Goldberg la santé peut être abordée sous trois angles :
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la « santé est un état de complet bien-être
physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou
d’infirmité »1.
Selon certains épidémiologistes, la santé est définie par ce qu’elle n’est pas c'est-à-dire par la
souffrance, mesurée en termes de taux de morbidité, taux de mortalité, taux d’invalidité.
Selon certains économistes, la santé est un capital, un bien durable que l’on peut maintenir
voire accroître par des investissements, comme bien manger, pratiquer du sport, se protéger en
utilisant un casque, porter des habits chauds quand il fait froid etc.
1 Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la Conférence internationale sur la Santé, New York,
19-22 juin 1946; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 Etats. 1946; (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé, n°. 2,
p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948
2
A la lumière de ces différentes définitions, on peut classer les définitions du concept de « santé »
en trois groupes :
- Le troisième groupe envisage la santé sous son « aspect dynamique », le plus intéressant
pour la santé publique. Être en bonne santé, c’est être capable de s’adapter et de
maintenir un équilibre dans un environnement changeant. Mais cette façon d’envisager
la santé se heurte à des difficultés de mesure.
En somme, la définition de la santé doit tenir compte des éléments culturels et sociaux qui
caractérisent le milieu où l'on veut intervenir. En tenant aussi compte de l’aspect biologique/
médical et psychique/mental, on peut dire que la santé est un concept multidimensionnel.
Les déterminants de la santé sont tout élément, facteur ou phénomène dont la présence est
susceptible de modifier l’état de santé des individus. Les déterminants peuvent être une
exposition individuelle ou collective. Si un facteur est un déterminant de l’état de santé des
individus, alors sa fréquence, sa distribution, sa répartition ou son niveau moyen dans la
population est un déterminant de l’état de santé de la population.
Selon l’approche développée au Canada et aux Etats Unis (USA) et adoptée par plusieurs
auteurs, la santé est comme une variable dépendante influencée par différents facteurs ou
déterminants au nombre de quatre :
3
− les facteurs reliés aux habitudes de vie ;
− les facteurs reliés au système de soins.
Par rapport à l'histoire naturelle des maladies, les différents déterminants de la santé ne peuvent
être placés sur un même plan. En effet, l'état de santé d'un individu ou d'une population à un
moment donné (T) est le résultat de l'action de ces différents déterminants à des moments
différents.
Comme le montre la figure 1, les facteurs biologiques et environnementaux et ceux reliés aux
habitudes de vie interviennent comme des conditions antécédentes, probablement dans l'ordre
où elles sont nommées, de sorte que le nombre d'années précédant l'éclosion de la maladie (N)
varie d'un facteur à l'autre, pour un même individu et une même maladie. Il convient également
de noter les interrelations possibles entre ces facteurs. Par exemple, il est possible que certains
facteurs biologiques ou environnementaux exercent une influence sur le comportement de
l’individu.
H a b i tu d e s d e v i e
en T - N
Fa cte u rs Eta t d e s a n té Sy s tè m e d e s o i n s
biologiques
en T en T + N
en T - N
En v i ro n n e m e n t
en T - N
N = 0 . 1 . 2 . 3 ...
Figure 1. Temporalité des différents déterminants par rapport à leur influence sur l’état de santé
Légende :
T = Etat de santé d’un individu ou d’une population à un moment donné
N = Nombre d’années précédant l’éclosion de la maladie
4
T – N = période précédant la maladie
T + N = après éclosion de la maladie
La santé en tant que caractéristique d'un individu ou d’une population doit être distinguée des
facteurs qui la déterminent qui, eux, sont reliés soit aux habitudes de vie, à la biologie, à
l'environnement ou au système de soins. La santé est, dans ce sens, multifactorielle et les
facteurs qui la déterminent, selon l'importance qu'on leur accorde, définissent les actions de
planification.
En outre, plusieurs auteurs ont noté, fort pertinemment, que la contribution de ces facteurs à
l'amélioration potentielle de la santé des populations n'est pas nécessairement reliée aux
sommes qui y sont actuellement consacrées. La figure 2 ci-dessous montre la contribution des
différents facteurs à la réduction de la mortalité selon une étude faite aux Etats-Unis en 1975.
7 .9
B IOL OGIE H U M AIN E
1 .6
27
1 .5
EN VIR ON N EM E N T
19
90
STY L E D E
VIE
43
SY STE M E
D E SOIN S
11
5
Le côté gauche de la figure 2 montre la contribution de chacun de ces facteurs, en supposant
que 100 % de réduction de la mortalité représente un maximum qui peut être atteint avec les
moyens actuellement disponibles aux Etats-Unis. On note que les gains possibles les plus
importants proviennent des changements dans les habitudes de vie. A l'autre extrême, l'on note
que l'impact potentiel du système de soins, dans un pays industrialisé comme les Etats-Unis,
demeure marginal.
Du côté droit de la figure 2, on peut voir la répartition actuelle des dépenses de santé aux Etats-
Unis, correspondant à chacun des déterminants de la santé. L'on observe que le système de soins
engloutit à lui seul 90 % des dépenses de santé, alors que les dépenses consacrées aux habitudes
de vie et à l'environnement ne représentent que 1,5 et 1,6 % chacun. Ces données sont de nature
à nous faire réfléchir sur le rendement marginal des investissements dans le domaine de la santé.
Les déterminants sociaux de la santé (DSS) englobent des facteurs sociaux et économiques
particuliers des déterminants généraux de la santé. Ces facteurs sont associés à la place de
l'individu dans la société, que ce soit en fonction du revenu, de l'éducation ou de l'emploi. Les
DSS sont apparents dans les conditions de vie et de travail de tous les jours, influençant la santé
en bien ou en mal, de diverses façons.
En considérant spécifiquement les revenus et la richesse, on remarque que par exemple que les
biens-nantis qui vivent dans des régions riches sont globalement en meilleure santé,
comparativement aux personnes vivant sous le seuil de la pauvreté ou vivant dans des régions
pauvres, ces conditions entraînant des conséquences négatives pour la santé.
Les écarts de santé dus au revenu s’appellent le « gradient social de santé »2. Le gradient social
montre que plus le niveau de revenu est élevé, meilleurs sont les résultats de santé, et plus le
niveau de revenu est bas, pires sont les résultats de santé. Ce résultat est observé même dans les
pays riches. Le gradient social représente non seulement les effets du revenu sur la santé, mais
aussi l'importance du revenu comme moyen d'avoir accès aux autres DSS, comme l'instruction,
les aliments, le logement, les activités récréatives et autres ressources sociétales.
2 Commission des déterminants sociaux de la santé, Combler le fossé en une génération : Instaurer l'équité en santé en agissant sur les
déterminants sociaux de la santé. Rapport final de la Commission des déterminants sociaux de la santé, Genève, Organisation mondiale de la
santé, 2008.
6
• Le revenu et la répartition du revenu
• Le niveau d’instruction
• Le chômage et sécurité d'emploi (le niveau de précarité)
• Les conditions de travail
• Le développement de la petite enfance
• L’insécurité alimentaire
• Les conditions du logement
• Le capital social (ex : l’exclusion sociale)
• Filet de sécurité sociale
• La qualité des services de santé
• Le statut social ou civique (autochtone, étranger etc.)
• Le sexe
• La race ou l’ethnie
• La situation d’invalidité ou de handicap
Baumann et Gao définissent un problème de santé comme « l’écart entre un état de santé
physique, mental, social constaté, observé, exprimé et un état de santé considéré comme
souhaitable, attendu, défini par des références médicales élaborées par des experts, le
législateur, ou des normes sociales élaborées par des équipes, la société, etc. »3. En fait, cet
écart crée un besoin de santé et l’on peut dire qu’un problème de santé est un besoin de santé
non satisfait. Pour résoudre le problème de santé, il faut donc combler cet écart.
- le besoin normatif, qui est défini par l’expert ou le technicien par rapport à une norme ;
3 M. Baumann et M.-M. Gao, « Diagnostic de santé d’une population et action humanitaire : un guide pratique », Santé publique,
Vandœuvre-lès-Nancy, France, Société française de santé publique, vol. 11, no 1, mars 1999, p. 63-75
4 Bradshaw J. (1972) A taxonomy of social need.”in McLachlan G (ed.) Problems and progress in medical care. Seventh series
NPHT/Open University Press
7
- le besoin ressenti, qui est défini par les gens sur la base de leurs problèmes de santé ou
ce qu’ils désirent comme services de santé ;
- le besoin exprimé, qui correspond à la demande de soins ou de services ; c’est donc un
besoin ressenti qui conduit à une démarche de recours à des soins ou services de santé ;
- Le besoin comparatif, qui est un besoin qu’un individu ou un groupe devrait avoir car
il présente les mêmes caractéristiques qu’un autre individu ou groupe pour lequel un
besoin a été identifié.
A côté de ces quatre types de besoins, on peut aussi mentionner les besoins latents qui sont
des besoins non ressentis mais qui peuvent être détectés par une analyse approfondie ou par des
méthodes d’investigation notamment les examens complémentaires.
La santé est perçue par chaque communauté d'une manière différente, et à des perceptions
différentes correspondent des besoins différents et des réponses différentes. En termes de
besoins par exemple, ce qu’un Européen perçoit peut parfaitement être perçu par un Africain
comme intolérable et inversement (par exemple les Maisons de retraite Europe, et certaines
conditions d'hygiène en Afrique).
Le manque ou besoin de santé perçu, réel ou potentiel, entraîne une souffrance (ou un risque
de souffrance lui-même perçu). On dira que la souffrance est tout manque perçu par une
population ou un individu comme un mal-être ; il ne s'agit donc pas uniquement de la souffrance
physique. La souffrance est une notion subjective par rapport aux critères d'une population et
elle est fonction des facteurs socio-culturels.
La souffrance chez un individu ou une communauté s'exprime par une demande. On peut
définir la demande comme le comportement par lequel un individu ou une communauté cherche
un soulagement de sa souffrance.
8
1.6. OFFRE DE SOINS
Il s’agit des services de santé délivrés pour satisfaire les besoins des populations. C’est la
traduction des besoins définis par les techniciens. L'offre de soins est partiellement conditionnée
par la demande (perception subjective par les gens), partiellement par les besoins (perception
théoriquement objective par les professionnels) et par plusieurs facteurs de l'environnement
historique et actuel (social, économique, administratif, politique, etc.).
L'action des services de santé ne se traduit pas nécessairement en élévation du niveau de santé.
Ce facteur technique n'est pas le seul dont il faille tenir compte. Il existe d'autres facteurs,
notamment économiques, politiques, socio-culturels, opérationnels etc. qui conditionnent à la
fois le niveau de santé et l'action du service de santé.
On peut observer les relations entre la demande, les besoins et l'offre des soins dans la figure 3
ci-dessous.
D e m a n d e p o te n ti e l l e co rre s p o n d a n t
à u n b e s o i n m a i s n o n s a ti s fa i te
1
B ES OIN S
D EM AN D E
AD EQU ATION 2
b e s o i n s -o ffre -d e m a n d e
o ffre n o n u ti l i s é e
co rre s p o n d a n t à u n b e s o i n
m ais pas à une dem ande
3
OFFR E
d e m a n d e s a ti s fa i te n e
co rre s p o n d a n t p a s à u n b e s o i n
9
On constate les situations suivantes :
1. Il y a une demande potentielle qui correspond à un besoin mais qui n'est pas satisfaite.
En d’autres termes, il y a une demande exprimée, des besoins existants, mais l’offre
n’est pas disponible. Cela crée des mécontentements et peut entraîner une
détérioration de la santé de la population.
2. L'adéquation des soins est le point de rencontre entre la demande, les besoins et l'offre
des soins. C’est la situation idéale à recherche et l’objectif c’est toujours de chercher
à élargir cette zone de convergence.
3. Il y a une offre non utilisée, correspondant à un besoin mais pas à une demande. En
d’autres termes, les services sont disponibles, les besoins exprimés, mais il n’y a pas
de demande manifestée. Il s’agit d’une situation de sous-utilisation des services de
santé.
4. Il y a une demande qui est satisfaite même si elle ne correspondant pas à un besoin.
En d’autres termes, la demande est exprimée, les services sont disponibles, mais il n’y
a pas de besoins réels. Il s’agit d’une situation de gaspillage, d’inefficacité.
Le premier facteur est la souffrance (critères socio-culturels), mais toute souffrance n'aboutit
pas obligatoirement à une demande et à une utilisation du service. Ensuite vient la motivation
des individus, c'est à dire la traduction de la souffrance en volonté de se faire soigner. Cette
motivation est elle-même fonction de la confiance dans le service de santé (le service offert est
perçu comme pouvant répondre à la souffrance), à son accessibilité (c'est à dire l'ensemble des
facteurs renversant les barrières géographiques, temporelles, psychologiques, économiques et
culturelles). En général, quand on parle d'acceptabilité, on parle de l'accessibilité psychologique
ou culturelle.
L'accessibilité réelle à l'offre des soins va se traduire en utilisation du service de santé par la
population. Mais ceci ne doit pas faire oublier que dans le comportement du malade qui va se
10
rendre ou non au service de santé, entrent en ligne de compte les nombreuses composantes
socio-culturelles qui ne dépendent pas uniquement de l'offre des soins.
STR U CTU R ES M ED I-
CAL ES OFFICIEL L ES
ATTITU D E
ACTIVE
STR U CTU R ES
TR AD ITION N EL L ES
Lorsque les symptômes apparaissent, s'ils sont reconnus, le malade pourra, en fonction
d'influences diverses (gravité de la maladie, variables socio-culturelles, services existants),
avoir une attitude active (jouer son "rôle" de malade) ou non. S'il a une attitude active, il fera
appel à une ou à plusieurs des structures existantes pour répondre à son problème (service de
santé, guérisseur, auto-traitement). L'évaluation qu'il fera de son expérience influencera son
attitude future.
11
1.9. SYSTEME DE SANTE
Selon l’OMS (2000), « le système de santé est l’ensemble des organisations, des institutions,
des ressources et des personnes dont l’objectif principal est d’améliorer la santé ».
L’OMS précise toujours que les « actions des guérisseurs traditionnels et toutes les formes de
médication, qu’elles soient ou non prescrites par un prestataire, ainsi que des soins à
domicile » font partie du système de santé.
Ainsi, le système de santé va au-delà des structures et des activités qui sous la responsabilité
du ministère de la santé ou du sous-système de soins dominé par les activités cliniques dans les
formations sanitaires. Raynald Pineault affirme même que « le système de santé est constitué
de l’ensemble des éléments qui déterminent l’état de santé d’une population ».
Les composantes d’un système se distinguent en plusieurs catégories : les entrées qui sont en
quelque sorte les matières premières, les processus qui assurent la transformation de ces
matières premières, et les sorties qui sont constituées par les flux de prestations fournies par le
système, comme produits de son activité.
Selon le cadre conceptuel établi par l’OMS pour décrire les éléments constitutifs des systèmes
de santé, l’architecture globale d’un système de santé s’organise autour de six sous-systèmes
ou les piliers du système de santé. Il s’agit :
12
transparentes, de règlementations, de mesures d’incitation et de conception attentive du
système ;
4. du financement de la santé, qui permet de lever des fonds suffisants pour garantir
l’accès des populations aux services nécessaires et de protéger les bénéficiaires de la
faillite et de l’appauvrissement qui pourraient résulter des paiements de ces services ;
6. des ressources humaines pour la santé, réactives, justes, efficaces au regard des
ressources disponibles et des circonstances, et disponibles en nombre suffisant.
A l’intérieur du système de santé, est organisé un système de soins de santé plus restreint que
le système de santé.
13
CHAPITRE 2 – QUELQUES GRANDES INITIATIVES
INTERNATIONALES EN SANTE
14
2.1. SOINS DE SANTE PRIMAIRES
2.1.1. Définition
Les soins de santé primaires (SSP) sont des « soins essentiels reposant sur des méthodes et
techniques pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables, rendus
universellement accessibles à tous les individus et à toutes les familles de la communauté avec
leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays peuvent supporter à tous
les stades de leur développement, dans un esprit d’auto-responsabilité et
d’autodétermination ». Rapport OMS/FISE, Alma-Ata, Genève, 1978.
1. Le principe d’équité
Chaque individu doit accéder à des soins qu’il mérite et les soins de santé primaires constituent
le moyen qui permettra d'atteindre cet objectif dans le cadre d'un développement empreint d'un
véritable esprit de justice sociale.
« Les SSP sont le premier niveau de contact des individus, de la famille et de la communauté
avec le système national de santé ». L’idéal de justice dans le domaine veut que les services
soient :
- accessibles au plan géographique et socioculturel ;
- acceptables au plan technologique et technique, culturel, social et biologique et
abordables au plan financier.
« Les SSP exigent la participation des bénéficiaires à tous les stades du processus de résolution
des problèmes depuis leur identification jusqu’à la mise en œuvre et à l’évaluation des actions
visant à les résoudre. Cette participation doit se faire dans un esprit d’auto-responsabilité,
d’auto-détermination et d’indépendance totale ».
Les SSP doivent reposer sur des solutions simples, pratiques, orientées vers la résolution des
problèmes du grand nombre, la majorité. Des exemples de technologie simples et adaptées
incluent la mesure du périmètre brachial pour apprécier l’état de nutrition ou encore l’utilisation
de Sels de Réhydratation Orale (SRO) pour traiter la diarrhée.
« Les activités du secteur sanitaire doivent s’appuyer sur une technologie appropriée, et
coordonnée au niveau national, intermédiaire, et local ou communautaire avec tous les secteurs
et domaines connexes du développement national et communautaire, en particulier l'agriculture,
l'élevage, la production alimentaire, l'industrie, l'éducation, le logement, les travaux publics et
les communications et requièrent l'action coordonnée de tous ces secteurs ». (Rapport
FISE/OMS, Alma Ata 1978)
5. Le principe de la prévention
Ce principe guide et justifie en majeure partie les autres. Il est contenu dans les objectifs de la
santé pour tous d’ici l’an 2000, tout comme dans la définition des SSP. Il comprend la
prévention primaire des affections et des lésions courantes.
« L’accès universel des individus, des familles et de la communauté toute entière à des soins de
santé de qualité, sans distinction aucune, en privilégiant les plus pauvres au sein de la
communauté suppose que la prévention soit mise en avant ». (Rapport FISE/OMS, Alma Ata
1978)
Ces composantes sont au nombre de huit. Au Burkina Faso, une neuvième composante a été
rajoutée, à savoir la collecte des statistiques sanitaires. Les huit composantes initiales sont :
16
2. La promotion de bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles
3. L’approvisionnement en quantité suffisante en eau potable et assainissement du milieu
4. La promotion de la santé de la mère et de l’enfant y compris la planification
5. La vaccination contre les maladies infectieuses dans le cadre du PEV
6. La prévention et le contrôle des endémies locales dont le paludisme
7. La prise en charge des affections et des lésions courantes
8. L’approvisionnement en médicaments essentiels
2.2.INITIATIVE DE BAMAKO
L’Initiative de Bamako (IB) correspond à une réforme de la gestion des systèmes de santé. C’est
une stratégie visant à accélérer la mise en œuvre des SSP dans les pays en développement de
la région africaine.
L’IB a été adoptée à la suite d'une réunion de ministres de la santé africains à Bamako en 1987
(37ème comité régional de l'OMS) et mise en œuvre dans plusieurs pays en voie de
développement, confrontés à des situations économiques difficiles, à partir de la fin des années
1980, à la suite de l’Etat-providence. En effet, les soins de santé étaient gratuits pour tous avant
l’IB, même si des difficultés de mise en application de cette application étaient observées sur
le terrain. Dans le contexte de pénurie qui était constaté, l’IB a prévu un certain niveau de
recouvrement des coûts (fixation de tarifs des prestations) et une participation communautaire
avec création de comités de gestion dans les formations sanitaires.
- Bonne politique des médicaments essentiels qui soit compatible avec le développement
national des SSP et complémentaire de ces derniers.
- Financement des services de soins de santé par la communauté qui paiera pour les
consultations, le traitement et les médicaments.
- Appui financier substantiel des États (qui augmentera avec le temps si possible) pour la
mise en œuvre des SSP. L’État devra maintenir son soutien aux services du district et
aux services locaux au niveau actuel.
17
- Décentralisation substantielle de la prise de décision par le Ministère chargé de la Santé
pour la confier au niveau du district pour ce qui est de la gestion des SSP.
- Gestion décentralisée des ressources communautaires, ce qui signifie que les fonds
générés dans les établissements locaux demeureront sous le contrôle de la communauté
au lieu d’être reversé au trésor public ou au Ministère de la Santé.
- Utilisation de l’argent recouvré pour renouveler les stocks des médicaments essentiels
et financer les autres dépenses de fonctionnement du programme de SSP.
- Mesures sociales permettant de faire en sorte que les personnes les plus démunies
puissent bénéficier des SSP, ce qui se fera en les exemptant des honoraires, en
fournissant des subventions, sous réserve que des critères soient établis avec la
communauté.
En ce qui concerne la politique des médicaments essentiels, il a été créé au Burkina Faso en
mai 1992 la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques et des consommables
médicaux (CAMEG). La CAMEG a un statut d’association sans but lucratif (ASBL) et assure
une mission de service public à finalité sociale.
La CAMEG est chargée d’acquérir des médicaments essentiels génériques, des consommables
médicaux, du petit matériel médical, des réactifs de laboratoire et des intrants stratégiques de
santé, et de les rendre disponibles auprès des établissements publics et privés, des structures
communautaires, des ONG et des partenaires techniques et financiers (PTF) sur toute l’étendue
du territoire burkinabè.
18
2.3.COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE
La couverture sanitaire universelle (CSU), selon l’OMS, consiste à veiller à ce que l’ensemble
de la population ait accès aux services préventifs, curatifs, palliatifs, de réadaptation et de
promotion de la santé dont elle a besoin et à ce que ces services soient de qualité suffisante pour
être efficaces, sans que leur coût n’entraîne des difficultés financières pour les usagers.
- l’accès équitable aux services de santé : tous ceux qui ont besoin des services de santé,
quels que soient leurs moyens financiers, doivent pouvoir y accéder ;
- la qualité : les services de santé doivent être d’une qualité suffisante pour améliorer la
santé de ceux qui en bénéficient ;
- la protection financière : le coût des soins ne doit pas exposer les usagers à des
difficultés financières.
Ces trois objectifs sont illustrés sous forme d’un cube (voir figure 5). Mais il faut noter que la
CSU doit être perçue ou appréhendée comme une direction et non pas comme un objectif, car
la CSU n’est pleinement réalisée et ne la sera dans aucun pays.
19
Pour des centaines de millions de gens, en particulier pour les plus vulnérables, la CSU c’est
l’espoir d’être en meilleure santé sans s’appauvrir. La CSU prend ses racines dans la
Constitution de l’OMS, adoptée en 1948, qui fait de la santé l’un des droits fondamentaux de
tout être humain, et dans la Stratégie mondiale de la santé pour tous, lancée en 1979.
La déclaration d'Alma-Ata a été établie à l'issue de la Conférence internationale sur les SSP
(Alma-Ata, du 6 au 12 septembre 1978). Elle a défini la santé comme un droit humain
fondamental, permettant ainsi de considérer que les SSP étaient indispensables pour garantir la
santé pour tous.
La déclaration a mis en avant plusieurs axes de santé publique, notamment (i) le lien entre
développement et santé ; (ii) la nécessité de développer une médecine gratuite ; (iii) la nécessité
de favoriser une médecine préventive ; (iv) la nécessité de mêler médecine moderne et savoir-
faire traditionnels.
https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0005/113882/E93945.pdf
La Déclaration d’Astana est un nouvel engagement en faveur des SSP, 40 ans après la
Déclaration de Alma Ata. Cette déclaration, adoptée à l’unanimité par tous les États membres
de l’Organisation mondiale de la Santé, prend des engagements dans quatre domaines clés :
- faire des choix politiques courageux pour la santé dans tous les secteurs ;
- instaurer des soins de santé primaires durables ;
- veiller à l’autonomisation individuelle et communautaire ;
- aligner l’appui des parties prenantes sur les politiques, stratégies et plans nationaux.
https://www.who.int/docs/default-source/primary-health/declaration/gcphc-declaration-fr.pdf
20
CHAPITRE 3 – ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE DU
BURKINA FASO
21
3.1. ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE SUR LE PLAN ADMINISTRATIF
Ce qui est présenté ici est l’ensemble des structures composant ou dépendant du ministère de la
Santé, et pas l’ensemble de tout le système de santé au sens de la définition de l’OMS. Il s’agit
donc d’un abus de langage. On peut alors dire que sur le plan administratif, le système de santé
du Burkina Faso est subdivisé en trois échelons :
❖ Le Cabinet du Ministre
- le directeur de cabinet ;
- les conseillers techniques (CT) ;
- l’inspection technique des services de santé (ITSS) ;
- la cellule des chargés de mission ;
- le secrétariat particulier (SP) ;
- le protocole ;
- la sécurité ;
- le secrétariat permanent du Conseil national de santé (SP/CNS) ;
22
- les secrétariats techniques (notamment celui en charge de la marche vers la CSU, celui
en charge de l’accélération de la transition démographique, celui en charge de
l’amélioration de l’alimentation et de la nutrition des mères et des enfants, et celui en
charge de la coopération pour le développement sanitaire) ;
- l’Unité de gestion de la performance et de la résultologie (UGPR) ;
- l’Unité de gestion et de transfert des connaissances (UGTC) ;
- le Comité National de Bioéthique et de Protection des Personnes qui se prêtent à la
Recherche en Santé (CNBP) ;
- le Comité ministériel de lutte contre le SIDA et les IST dans le secteur de la santé
(CMLS-Santé)
❖ Le Secrétariat général
23
• la Direction de la nutrition (DN)
▪ la Direction générale de l’offre de soins (DGOS)
• la Direction des formations sanitaires publiques (DFSP)
• la Direction du secteur privé de santé (DSPS)
• la Direction de la qualité des soins et de la sécurité des patients (DQSS)
• la Direction de la logistique et des urgences médicales (DLUM)
• la Direction des infrastructures, des équipements et de la maintenance (DIEM)
• la Direction de la médecine traditionnelle et alternative (DMTA)
▪ la Direction générale de l’accès aux produits de santé (DGAP)
• la Direction de la politique pharmaceutique (DPP)
• la Direction de la gestion de la chaîne d’approvisionnement en produits de santé
(DCAPS)
• la Direction de la pharmacie hospitalière (DPH)
• la Direction des laboratoires de biologie médicale (DLBM)
▪ la Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS)
• la Direction du suivi, de l’évaluation et de la capitalisation (DSEC)
• la Direction des statistiques sectorielles (DSS)
• la Direction de la formulation de la politique et des stratégies sectorielles (DFP)
• la Direction de la prospective et de la planification opérationnelle (DPPO)
• la Direction du partenariat pour le financement de la santé (DPFS)
• la Direction de la production des ressources humaines de la santé (DPRH)
• la Direction de la coordination des projets et programmes (DCPP)
24
o Les établissements publics de santé hospitaliers (hôpitaux universitaires et hôpitaux
régionaux)
Il s’agit des structures créées pour exécuter des missions conjoncturelles ou temporaires du
ministère de la Santé. Elles comprennent les projets et programmes de développement
concourant à l’accomplissement des missions du ministère de la Santé et les cellules ou comités
créés pour prendre en charge les questions transversales d’intérêt majeur, comme la Cellule
genre, la Cellule environnementale et le Comité ministériel de lutte contre le SIDA dans le
secteur de la santé (CMLS/Santé).
Sur le plan opérationnel, l’offre des soins de santé a une structuration pyramidale qui comprend
trois niveaux :
- le premier niveau, qui correspond au district sanitaire, délivre les soins de santé
primaires (SSP) ;
25
- le deuxième niveau correspond aux centres hospitaliers régionaux (CHR) ; ces CHR et
servent de centres de référence aux hôpitaux de district ou CMA et délivrent des soins
dits secondaires ;
- le troisième niveau correspond aux centres hospitaliers universitaires (CHU) et aux
centres hospitaliers universitaires régionaux (CHUR) ; ces CHU et CHUR servent de
centres de référence aux CHR (et aux CMA) ; ils délivrent des soins dits tertiaires ; ce
sont des hôpitaux spécialisés, voire hyperspécialisés disposant d’un équipement (très)
sophistiqué et ayant en plus une vocation de recherche et d’enseignement.
Le district sanitaire
Le district est un système qui permet de gérer les relations entre la population et les services de
santé de premier niveau représentés par deux échelons en relation l'un avec l'autre : le centre
de santé et l'hôpital de district.
La dimension d'un district est suffisamment grande pour que son autorité couvre un système de
santé (composé de plusieurs structures de première ligne et d'un hôpital de référence) cependant
assez petite pour que :
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▪ les responsables puissent tenir compte de particularités de la zone lors de la
planification ;
▪ la population bien définie puisse participer au processus décisionnel concernant ses
propres problèmes de santé.
Elle est de 100.000 à 300 000 habitants et peut coïncider avec le découpage administratif.
➢ Le centre de santé
La taille de la population de couverture d'un district ou d'un centre de santé est indicative, mais
repose sur l'étude de la charge de travail dans les pays en développement et de l'efficience de la
technologie qui dépend de son coût, des compétences requises et de la fréquence attendue de
son utilisation. Une couverture inférieure implique une perte de compétence du personnel et un
manque de rentabilité de la technologie. Une couverture supérieure implique une charge de
travail excessive pour une équipe-cadre réduite et une population dont la taille entrave tout
mouvement participatif.
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Les COGES des CSPS/CM sont des organes de gestion participatifs Etat-Communautés à but
non lucratif et d’utilité publique. Ils sont placés sous la tutelle technique du district sanitaire et
sous la tutelle administrative de financière de la commune. Ils sont chargés :
Les COGES sont composés de deux représentants par village ou secteur de l’aire sanitaire et se
réunissent en assemblée générale deux fois par an en sessions ordinaires, et en sessions
extraordinaires chaque fois que de besoin. Les COGES élisent en leur sein un bureau composé
d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire général (qui est le/la responsable du
CSPS/CM), d’un secrétaire général adjoint, d’un trésorier et de deux commissaires aux comptes
dont un conseiller municipal désigné par le conseil municipal. Les bureaux des COGES assurent
la plus haute responsabilité de l’administration des CSPS/CM.
➢ L’hôpital de district
Il est le deuxième échelon, non de recours spontané de la population, mais de référence des
problèmes de santé qui ne pourraient trouver une solution dans la structure du premier contact.
Il s’agit au Burkina Faso du Centre Médical avec Antenne chirurgicale (CMA) qui délivre un
paquet complémentaire d’activités (PCA) (à celui du premier échelon). Le PCA comprend
les services suivants :
28
▪ Services d’imagerie médicale (radiographie, échographie) ;
▪ Collecte, traitement et analyse de l’information sanitaire.
La consultation de référence doit être assurée par un personnel plus compétent que celui du
premier échelon. L'idéal est de faire appel à la qualification d'un médecin. A défaut, un infirmier
très expérimenté peut assurer la consultation de référence à trois conditions :
L'accès à la consultation pour les malades référés doit être facilité par :
La consultation externe doit être le plus dissuasif possible. Elle n’est normalement pas
nécessaire à l'hôpital, mais elle est imposée sous la pression des malades. Mais la consultation
externe ne doit en aucun cas perturber la consultation de référence. Les mesures pour
dissuader la consultation externe comprennent par exemple une tarification supérieure à celle
du premier échelon (CSPS) et même prohibitive en cas d'accès direct au médecin. On peut aussi
faire en sorte que le personnel de la consultation externe doit être de même qualification que
celui du premier échelon ou que le matériel, les médicaments et les outils de diagnostic et de
traitement soient identiques à ceux du premier échelon.
Le CMA est habilité à référer vers le CHR ou vers le CHU selon le cas.
Dans le cas où le district sanitaire ne dispose pas de CMA mais abrite un CHR, ce dernier assure
les fonctions de centre de référence pour les formations sanitaires du premier échelon dudit
district.
Au Burkina Faso, le district sanitaire est animé par un organe technique chargé de sa gestion
appelée équipe cadre de district sanitaire (ECD) et possède un organe de gestion participative
appelé conseil de santé de district (CSD).
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Les membres de l’ECD ont une double fonction clinique et gestionnaire, notamment le travail
clinique à l'hôpital et l'organisation du district. En effet, l’ECD est chargée de :
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Le CSD du district est composé comme suit :
Le CSD se réunit deux fois par an en session ordinaire et en session extraordinaire chaque fois
que de besoin et peut faire appel à toute personne ressource en cas de besoin.
Un système intégré des services de santé est un système qui est organisé comme un ensemble,
c’est-à-dire où tous les éléments sont disposés, organisés et coordonnés en fonction d'un objectif
commun, à savoir la prise en charge de la santé d'une population. Le niveau de soins de la prise
en charge dépend des ressources disponibles et des priorités.
Pour qu'un système sanitaire puisse être considéré comme intégré, il doit répondre à trois
conditions de structure et de fonctionnement.
1) Toutes les situations sont couvertes : La continuité est rendue possible parce qu'il
n'y a pas de "trous" dans les fonctions assurées par le système.
Exemple : une stratégie de prise en charge des accouchements ne prévoira pas la césarienne
sans prévoir la technique plus simple et d'utilité beaucoup plus fréquente qu'est la ventouse.
Il en résulte que les fonctions (tâches, techniques, etc.) réalisées par le système doivent
représenter un ensemble cohérent en fonction de priorités. Le système intégré des services de
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santé doit donc être organisé de façon à pouvoir réaliser des activités curatives. Le fait que
certaines fonctions ne soient pas assurées parce que leur efficience relative est plus faible que
d'autres n'est donc pas en contradiction avec la notion de système intégré. Ceci est fonction du
niveau de soins et de la prise en charge préconisée.
Exemple : le centre de santé est plus apte que l'hôpital à remplir un certain nombre de fonctions
(les fonctions "primaires") parce qu'il est décentralisé et polyvalent. Si ces fonctions sont
réalisées à l'hôpital, elles seront réalisées dans de moins bonnes conditions.
3) C'est l'élément le plus apte qui doit être utilisé pour chaque problème. Le système
doit être organisé de telle sorte que chaque personne, quelle que soit sa porte d'entrée dans le
système (où il se trouve dans le système), soit finalement prise en charge et "traitée" par
l'élément du système dont les fonctions spécifiques répondent le mieux à ses besoins
(problèmes). Les références et les transferts d'individus, d'informations doivent donc être
organisés dans le cadre d'une prise en charge par le système. Les barrières internes doivent être
minimisées au maximum. Par exemple, dans le cadre du système de santé intégré, les patients
ne doivent pas payer la consultation lorsqu'ils sont référés d'un élément du système à l'autre.
32
CHAPITRE 4 – CARACTERISTIQUES DES SOINS ET DES SERVICES
DE SANTE
33
5.1. CARACTERISTIQUES DES SOINS DE SANTE
Les soins de base doivent être continus, c'est à dire qu'ils ne doivent pas se limiter au seul
moment de la consultation. Ils supposent une prise en charge de l'individu jusqu'à la fin de
l'épisode de la maladie ou de risque sous surveillance, c'est à dire jusqu'au rétablissement
complet du malade ou la disparition du risque qui a justifié la surveillance. Le personnel de
santé prend en charge la responsabilité sanitaire d'un individu, idéalement de la naissance à la
mort. C'est une des conditions de la qualité des soins. Toute non-continuité met le soignant dans
une situation défavorable : manque d'informations objectives sur l'histoire sanitaire de
l'individu, de sa santé, de sa maladie, des examens qu'il a subis, des thérapeutiques précédentes,
etc. La non-continuité empêche de plus le soignant de connaître le résultat de ses activités, c'est-
à-dire qu'elle empêche l'évaluation nécessaire à la qualité des soins.
La continuité des soins assure à l'individu, bien-portant ou malade, l'attention responsable d'une
équipe sanitaire, ce qui est essentiel pour mener les activités préventives, mais également pour
suivre les maladies chroniques. La continuité vise à prévenir les situations où l'individu, par
manque d'information, par malentendu, par agressivité éventuelle, ne comprend plus ou
n'accepte plus le contact avec le personnel sanitaire. Pour cela, le service de santé doit limiter
les barrières à son utilisation. En fait, développer la continuité, c'est aussi comprendre les
obstacles à la poursuite des soins. Cela nécessité de l'empathie. Il faut, à la base, un contrat
entre chaque individu et le service, entre la population et le service.
La continuité suppose aussi que les références des patients entre les différents éléments du
système de santé (centres de santé, hôpital) soient mises au point avec un transfert réel des
responsabilités et des informations.
La référence signifie l’orientation motivée d’un malade ou d’une personne à risque vers un
niveau ou échelon supérieur immédiat de soins, en vue de sa prise en charge.
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La contre-référence est le renvoi du malade ou de la personne à risque et/ou des informations
le concernant vers la structure qui l’a référé.
Enfin, il peut aussi être nécessaire, pour assurer la continuité, de mettre sur pied un système de
rendez-vous avec mesures de récupération : fichier ou autre système d'enregistrement
accompagné d'une gestion rationnelle de ce système.
La santé est une et il faut choisir à chaque moment l'approche la meilleure pour la maintenir, la
rétablir ou l'améliorer. Les soins doivent donc également être intégrés : tous les types de soins
(curatifs, préventifs, promotionnels ou de réhabilitation) doivent se faire par le même personnel.
Certains insistent sur l'intégration dans le temps : préventif et curatif faits au cours d'une même
séance, pour profiter de la visite du malade et le soumettre à des mesures préventives. On profite
ainsi de tout contact pour assurer l'ensemble des soins. Cela suppose soit un faible volume de
travail soit une équipe de soins grande et diversifiée. Mais justement cette façon de faire
favorise une spécialisation du personnel, certains s'occupant du préventif pendant que d'autres
font le curatif et dans ce cas l'intégration dans le temps se fait au détriment de l'intégration de
l'équipe. Ce sur quoi il faut surtout insister, est justement que chaque membre de l'équipe
intègre, dans son comportement, la responsabilité des différents types de soins en fonction des
besoins et des risques.
Dans ce cas, la population à servir doit être petite et il faut aménager l'horaire de travail et
organiser un système de référence interne d'une activité à l'autre. Par exemple, si une femme se
présente avec une pneumopathie, il faut prévoir, si elle est enceinte, une surveillance de sa
grossesse. Une des raisons spécifiques de l'intégration est justement la prévention car elle ne
répond pas aux besoins ressentis directement par la population qui ne peut l'accepter qu'à la
suite d'un dialogue. La condition la plus favorable pour cette action est la relation de confiance
que l'individu entretient avec le personnel qui le soigne en cas de maladie.
Les soins de santé doivent être globaux, c'est à dire que l'individu doit être pris dans sa totalité
et qu'on tient compte tant des préoccupations individuelles (aspect psychologique) que des
réalités communautaires (aspect socio-culturel et socio-économique). Il ne suffit pas de guérir
un corps malade, il faut tenir compte de ce qui l'entoure. Ceci est caractéristique dans les
maladies à composante psychologique (asthme, ulcères gastro-duodénaux). Les conditions
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d'application du traitement par le malade (quelle que soit la maladie) en dépendent également.
Combien de conseils nutritionnels ne sont-ils pas suivis parce que trop difficiles ? Combien de
médicaments prescrits ne sont jamais pris parce que le schéma thérapeutique est inadapté ? C'est
toute la relation de confiance entre le personnel de santé et les malades qui est conditionnée par
la globalité des soins. Il faut que le malade sente chez le personnel sanitaire un répondant à sa
souffrance, quelqu'un qui ressent son problème comme il le sent lui-même : c'est la relation
d'empathie.
L'empathie implique de connaître sa population et de l'écouter ; elle suppose donc des unités de
soins suffisamment petites pour être proches de la population et réellement intégrées dans la
communauté. Il faut que le personnel de santé sorte de ses murs pour des visites à domicile, des
réunions de quartier ou de village, qu'il ait des contacts avec la communauté.
On aura compris que sans globalité des soins, la continuité est compromise et que la division
des responsabilités (la non-intégration des soins) limite les choix et donc diminue la globalité
et la continuité des soins.
Pour pouvoir assurer des soins continus, intégrés et globaux, le service de santé de base doit
avoir trois caractéristiques : décentralisation, permanence et polyvalence.
Le service doit être décentralisé, c'est à dire le plus proche possible de la population sur le plan
géographique mais aussi sur le plan socio-culturel : c'est l'accessibilité qui n'est pas, comme on
le croit trop souvent, uniquement géographique.
L’accessibilité est aussi une notion valable sur le plan socio-culturel. Ceci est important dans le
choix du personnel : il faut utiliser ceux qui sont disponibles en périphérie. Ce critère de
disponibilité l'emporte sur celui de niveau d'études (diplômes). Néanmoins, il y a des limites à
la décentralisation. Plus un service est décentralisé, plus la population desservie est petite et
plus rares sont les malades. En particulier, les maladies peu fréquentes mais qui peuvent être
importantes deviennent rares et il y a donc perte de compétence du personnel. Dès lors, pour
des raisons de rentabilité, tous les équipements ne peuvent pas être multipliés (limite
économique). De plus, le niveau de compétence ne peut être maintenu s'il a trop peu l'occasion
d'être mis à l'épreuve (limite technique).
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Si la limite économique est assez facilement identifiable (les limites des budgets), la limite
technique l'est plus difficilement car elle dépend de choix autant scientifique que politique : sur
le plan technique, il faut établir une balance entre la masse critique nécessaire de malades pour
maintenir la compétence et l'accessibilité ; sur le plan politique, il faut choisir quels soins sont
acceptables par la population compte-tenu de ses ressources (et non de ce qui se fait dans
d'autres contextes, ou d'une partie privilégiée de la population).
Le service doit être permanent, c'est à dire ouvert tous les jours. Pour pouvoir assurer la
permanence absolue (24h/24), il faut pouvoir faire appel à un personnel de garde ou de
permanence. La notion de permanence s'oppose à celle de périodicité. Toutefois, comme on l'a
déjà dit, l'activité préventive peut être organisée de façon périodique à condition qu’elle
maintienne la continuité.
Le service doit être polyvalent pour pouvoir réaliser les caractéristiques des soins. Il doit
pouvoir prendre en charge tous les problèmes présentés par la population même si cette prise
en charge implique parfois la référence à un niveau spécialisé. Un des rôles du spécialiste est
précisément de permettre l’existence de cette polyvalence en disant ce qui est réalisable au
niveau périphérique et en acceptant les références.
Par exemple un infirmier travaillant dans un hôpital général appartient au corps infirmier
(nursing) alors que le même infirmier dirigeant un centre de santé et prenant les décisions
thérapeutiques relève du corps médical. Identiquement, un médecin dirigeant un centre de santé
et y faisant ses consultations est évidemment dans la discipline médicale, alors que s'il dirige
une institution de soins quelconque sans faire de consultation, il appartient au corps
administratif.
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5.3.2. Le niveau de compétence
Dans ce cadre se pose le problème de l'utilisation de certains personnels à des tâches pour
lesquelles ils n'ont pas reçu de formation complète mais qui remplacent une autre personne
pleinement qualifiée : c'est ce qu'il est convenu d'appeler des auxiliaires. C'est le concept de la
délégation des tâches. L'utilisation du personnel non-médecin pour des décisions thérapeutiques
dans les services de santé peut se situer à plusieurs niveaux conceptuels.
Une observation plus attentive du travail du médecin ou d'autres personnes qualifiées conduit à
un deuxième niveau conceptuel : une grande partie des tâches et des décisions sont répétitives,
c'est à dire qu'elles sont toujours faites ou prises de la même façon dans des circonstances
semblables. Pour autant que ces circonstances puissent être définies objectivement, ces tâches
et décisions peuvent être standardisées et traduites en instructions applicables par un auxiliaire.
Si la normalisation est bien faite, et si les opérations sont conduites de façon satisfaisante, la
délégation au personnel non-médecin n'entraînera théoriquement pas de baisse de qualité.
L'emploi de ce personnel représente une économie de moyens à efficacité constante. Dans ce
cas, la délégation des tâches permet d'améliorer l'efficience des services de santé ; ce n'est plus
un pis-aller. La condition d'une telle délégation est la normalisation des tâches. Il devient donc
possible de déléguer des fonctions importantes auxquelles est traditionnellement attaché un
certain prestige. La délégation devient promotionnelle pour le personnel non-médecin. Citons
comme exemple la mise en traitement d'un tuberculeux, une décision d'hospitalisation,
l'exécution d'une intervention chirurgicale.
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personne moins qualifiée pour effectuer un travail donné. Les tâches simples et répétitives
prennent facilement le caractère d'un travail de routine peu stimulant pour une personne
qualifiée, qui essaie de s'y soustraire ou qui cherche des compensations personnelles ou une
valorisation propre, indépendante de l'objectif poursuivi. Pour un personnel non-médecin, le
même travail se situe dans un cadre de promotion professionnelle et sociale. Il prend alors, pour
lui, un caractère stimulant et sera effectué d'une façon plus soigneuse parce que c'est par
l'exécution de la tâche elle-même que ce personnel se sentira valorisé. A titre d'exemple, citons
le microscopiste formé sur le tas qui peut devenir plus fiable pour l'examen de lames que le
technicien de laboratoire qualifié qui a été préparé à faire des cultures.
Il faut retenir que pour utiliser rationnellement ces personnels de santé trois conditions sont
nécessaires :
Le concept de délégation des tâches est surtout une approche valable dans les pays dépourvus
de médecins ou qui ont une mauvaise répartition des médecins entre le milieu urbain et le milieu
rural. L'approche pour les pays ayant beaucoup de médecins et qui acceptent d'aller en milieu
rural sera conceptuellement différente mais la normalisation restera un concept valable quoique
d'application plus souple.
Le travail dans le service de santé devant être réparti entre différentes personnes, il est important
de travailler en équipes. L'équipe est formée de ceux qui partagent un objectif de travail
commun. Le travail en équipe les aide à atteindre cet objectif, en les amenant à analyser
ensemble les problèmes et à rechercher des solutions.
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5.3.3. Ressources humaines de la communauté
Des ressources humaines ont toujours existé dans la communauté : beaucoup de tâches y sont
faites traditionnellement (les accouchements, par exemple). La population peut renforcer l'effet
du service de santé en y apportant sa contribution, en finances ou en travail, et aussi au niveau
des décisions à prendre et des réalisations à effectuer.
Les formes de participation peuvent être diverses : individuelles (les volontaires), organisations
de masse (les partis, les associations...), comités de développement, comités de santé, etc. Cette
participation a deux objectifs : l'un économique, pour augmenter les ressources financières ou
matérielles ; l'autre humain, pour augmenter la responsabilité de cette population.
La population peut aussi apporter au service de santé ses propres richesses en capacités de soins
(par exemple, l'utilisation des accoucheuses traditionnelles). Il faut néanmoins remarquer que
si la population représente une ressource, elle n'est pas confondue avec le service de santé
proprement dit (exactement de la même manière qu'une mère qui soigne une plaie d’un de ses
enfants ne fait pas partie du service de santé). Ceci est important surtout pour certains pays en
développement où certains pensent, en améliorant les soins familiaux dans les villages, pouvoir
se passer de développer les services de santé et les personnels compétents pour donner les soins.
Les soins familiaux et éventuellement des agents de santé de village ne sauraient être une
alternative au développement des services de santé, mais plutôt un complément.
Le premier échelon est la porte d'entrée au système de santé. Il est défini par l'O.M.S. comme
le premier établissement de santé qui constitue le point de rencontre entre la population et le
système de santé.
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On définit ce premier échelon selon sa capacité à délivrer des soins globaux, continus et
intégrés, que ces soins soient délivrés par des médecins ou des auxiliaires.
De façon synthétique, on peut dire que les fonctions du premier échelon sont les suivantes :
On peut considérer les services de santé de premier échelon comme adéquats s'il s'agit d'un
ensemble de services décentralisés (les plus proches de la population autant en milieu rural
qu'urbain), capables de fournir des soins de santé à tous les individus d'une communauté dont
ils sont responsables dans une aire déterminée.
Cette responsabilité implique de prendre en charge l'ensemble des problèmes de santé d'une
population dans ses aspects curatifs, préventifs et promotionnels ainsi que dans le temps, c'est
à dire des soins continus, intégrés et globaux. Eventuellement des structures d'extension du
premier échelon peuvent exister (dans les zones peu peuplées, par exemple). Dans l'esprit des
soins de santé primaires (cf. Déclaration d'Alma-Ata, Art. VI) ceci implique la participation de
la population et l'intégration dans le développement multisectoriel.
Le deuxième échelon ou échelon de référence doit donc être défini non en soi, mais par rapport
au premier niveau. Conceptuellement, le premier niveau n'est pas une extension du niveau de
référence mais, au contraire, c'est le niveau de référence qui est complémentaire au premier
niveau. Son rôle est d'assurer la continuité des soins curatifs aux malades qui ne peuvent être
traités en ambulatoire ou qui requièrent des techniques non disponibles au premier niveau.
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L'hôpital général du district n'est donc pas une entité indépendante, mais fait partie d'un système
intégré où tous les éléments sont disposés, organisés et coordonnés en fonction d'un objectif
commun : la prise en charge de la santé de la population.
On pourrait dire que l'hôpital existe pour des raisons économiques et techniques : réunir les
ressources rares et chères (en équipement, personnel ou médicaments par exemple) et servir de
centre de référence des services primaires.
En somme :
▪ une décentralisation géographique des soins via les centres de santé et les dispensaires ;
▪ une qualité technique des soins tels que plus de 95 % des problèmes de santé peut être
pris en charge au niveau du district ;
▪ une qualité humaine des soins (continuité, globalité et intégration) ;
▪ une décentralisation de la prise de décision « permettant la coexistence de la
planification de haut en bas (normative) avec celle de bas en haut (qui prend en compte
les desiderata de sa population de responsabilité bien définie géographiquement, et les
spécificités sociales, économiques et culturelles de sa zone de couverture) » ;
▪ de régir les relations entre la population et le service de santé représenté par un sous-
système opérationnel à deux composantes (principe de parcimonie) :
a) le réseau de centres de santé (1 pour environ 5 000 habitants) ;
b) l'hôpital de premier niveau (c'est à dire à technologie limitée et relativement
décentralisé).
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H ô p i ta l
Po p u l a ti o n
D i s p e n s a i re (g é n é ra l i s te )
Le district, en tant que système, ne se limite pas seulement à assumer une décentralisation
géographique et une technicité des soins.
La qualité des soins inclut également une acceptabilité sociale, économique et culturelle.
Comme le district s'adresse à une population de "responsabilité" bien définie, celle-ci pourra
être informée des enjeux et participer aux prises de décisions concernant ses propres problèmes
de santé, en tenant précisément compte de ses propres caractéristiques socio-culturelles et, par
la même, participer à l'amélioration de qualité des soins.
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