Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
90
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA
LES
LES
Ò
BALUBA
HISTOIRE, COSMOLOGIE ET SÉMIOLOGIE D’UN PEUPLE BANTU
Préface
BANZA MUKALAY NSUNGU
Avant-texte
PR MANDA TCHEBWA
Postscriptum
PR JOSEPH IBONGO
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-06036-1
EAN : 9782343060361
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
8
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Préface
BANZA MUKALAY NSUNGU
Ministre de la Jeunesse, Sports, Culture et Arts
Président de la Conférence des Ministres de la Culture de
l’Union Africaine
C’
est avec un plaisir renouvelé que je m’engage
à préfacer ce bel ouvrage, et ce à double titre.
D’abord parce que, comme passionné de la
culture, m’étant consacré dès ma jeunesse
j O·pFULWXUH OLWWpUDLUH HW VFLHQWLÀTXH MH VHQV
toujours en moi comme un appel pressant à la solidarité en
faveur des ouvriers de l’écriture chaque fois que le besoin s’en
ressent.
Ensuite, ayant la conduite du Ministère en charge de la Culture
et des Arts, le devoir d’Etat me soumet à l’obligation citoyenne
de la sauvegarde, de la protection et de la promotion du pa-
trimoine culturel national de la République Démocratique du
Congo.
C’est cette entreprise, ô combien exaltante, qui est à l’œuvre
ici. Au-delà des nécessités d’imprimatur, soumis à cette double
caution,ce livre s’inscrit dans une ère nouvelle : celle de la Re-
naissance culturelle africaine, mais aussi celle de la reconstruc-
tion mentale de ce vaste et beau pays qu’est la République
Démocratique du Congo, au cœur de l’Afrique. Pays qui, dans
le contexte politique actuel, astreint à la cohésion nationale et
à sa précieuse intégrité territoriale, nous invite à un devoir de
solidarité et de mémoire partagées.
Autant dire que l’intérêt du présent ouvrage, sa nouveauté et
le caractère inédit des informations qu’il livre aux lecteurs ap-
pellent, de ma part, une attention particulière en ce qu’il nous
offre l’occasion d’approfondir la connaissance de nous-mêmes,
dans notre rapport au passé, sinon à notre réservoir d’ima-
ginaires. De plus, il est révélateur des prémices d’une pensée
sacrée qui, chez tout africain, au fait des réalités profondes de
ses ancêtres, permet de tenir sa conscience en éveil face aux
enjeux civilisationnels d’aujourd’hui.
BALUBA 9
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Venant d’un chercheur aussi assidu que Lukanda Lwa Malale, cela
ne me surprend guère. Surtout quand je sais que c’est depuis plu-
sieurs années qu’il passe son temps à fouiner sans désemparer,
avec la patience et l’obsession d’un orpailleur, dans les gravats
chaotiques des mémoires et imaginaires émiettés de son peuple.
Loin des clichés faciles, le résultat auquel il a abouti ce jour, pé-
dagogique et divertissant en même temps, est une contribution
essentielle à la (re)lecture de l’histoire des peuples baluba. Su-
jet à interprétation passionnée, parfois polémiste, qui, sous cette
énième version de chercheur, ouvre de nouvelles perspectives
dans la compréhension de notre être et notre savoir-être d’hier,
ainsi que celle des développements culturels, géographiques et lin-
guistiques postérieurs.
C’est donc normal que l’on retrouve ici aussi, au cœur de cette
intéressante recherche, la persistance d’une certaine quête iden-
titaire attelée à une historiographie instruite et passionnante. Voi-
là que l’histoire du peuple muluba, dans ses séquences les plus
emblématiques, livre à notre attention ses principaux itinéraires
migratoires, renseignée par des traditions orales et des sources
scripturaires variées et inédites. La vie, inventive et quasi sacra-
lisée, est présente dans toutes ses déclinaisons sociales et utili-
taires : religieuse, rituelle, initiatique, économique, artistique, sa-
pientielle, etc.
De plus, l’auteur conduit avec maestria une recherche soutenue
dans les domaines du symbolisme, de la cosmogonie et de la sé-
miologie en tant que la civilisation qui a su forger un tel savoir est,
en elle-même, une forge sacrée. Lieu d’un savoir où depuis la nuit
des temps, constamment l’homme s’interroge devant l’énigme de
l’univers, se questionne sur ses rapports avec ses déités, ses sem-
blables et sa destinée ; lieu qui cumule sacralité et temporalité
dans une trame existentielle qui, pour être mieux comprise,
FRQÀQH UpVROXPHQW DX[ UHVVRXUFHV pVRWpULTXHV GH O·DUW GX
décryptage du caché-montré particulièrement connu de la
seule instance initiatique qui a cours au buluba depuis les
temps immémoriaux, le bumbudye.
Ici, le temps et l’espace se croisent dans une dynamique
de refondation en suscitant un ardent désir d’appropria-
tion des valeurs et vertus immémoriales, transmises de
génération en génération via de multiples supports tant
matériels qu’immatériels.
10
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 11
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
12
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 13
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Un devin (Mbuki)
14
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Avant-texte
MANDA TCHEBWA
Directeur général du CICIBA
L’
histoire du peuple muluba est
une savane à multiples sentiers.
Il n’est pas sûr que toutes ses
pistes aient été explorées suf-
ÀVDPPHQW (Q H[DPLQDQW OD
dimension historique, cosmologique et
sémiologique de cette civilisation congo-
laise vieille de plus deux mille trois cents ans avant Jésus-Christ,
Lukanda Lwa Malale, l’auteur de ce « Beau livre » intitulé Les
BALUBA. Histoire, cosmologie et sémiologie d’un peuple bantu,
prend sans nul doute un pari assez osé. Celui de nourrir notre
regard commun d’une nouvelle conscience historique assortie
d’une nouvelle intelligence face aux multiples questionnements
restés jusque-là sans réponses.
A l’intersection de plusieurs disciplines des sciences sociales,
cet ouvrage, écrit d’une main alerte et limpide, arrive à point
nommé en ce qu’il explore avec la conviction inébranlable d’un
chercheur tenace ce qui, dans les réduits sombres des cercles
initiatiques, se chuchote généralement sous le sceau de l’inter-
dit.
Le reste repose sur un acte de foi. La foi d’un chercheur
confronté à un devoir d’historisation, accroché mordicus à la
mémoire des temps anciens, bien conscient qu’une entreprise
mémorielle est toujours un sésame qui peut nous ouvrir ou
nous fermer certaines portes.
L’essentiel était donc d’essayer d’y accéder, fût-ce au prix de
transgresser certains interdits. L’objectif étant ici, comme le
préconisait dans un contexte similaire Théophile Obenga du
Congo d’en-face, de mettre en perspectives « une culture ap-
pelée non à se sédimenter dans les abîmes du repli identitaire,
mais à s’enrichir dans le moule du partage universel des valeurs
humaines ».
Vous avez donc entre les mains un livre beau et savant à la fois.
Il s’agit, à mieux y voir, d’un « livre grand public » qui, en temps
normal, n’aurait guère besoin d’un avant-texte si instruit.
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
16
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 17
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
cêtres sont certes partis pour un voyage sans retour, mais ils
ont cependant le mérite de nous avoir appris une chose es-
sentielle : c’est en observant, dans une formidable religiosité,
les lever et coucher héliaques des astres du ciel que se révéla
un jour, bien à la mesure de leur piété, l’existence d’un Etre
supérieur, incréé, immanent, omnipotent, omniscient… Vidyé
Mukulu. Lui qui, depuis, préside à la destinée du peuple mulu-
ba. Puissance et lumière inextinguibles, l’Etre suprême apparaît
dans ce livre dans toute sa majesté comme la source de la vie,
en somme de toute vie. De Malemba à Kabongo, de Bukama à
Kanyama, de Kamina à Kabalo, de Kalemie à Manono, de Pwe-
to à Nyunzu, de Mitwaba à Sandoa, de Kabinda à Kabamba
Ngombe, de Moba au Lac Moéro, de la Lubilanji au Kwango en
passant par la Luluwa, du Zambèze au Lac Nyassa, de la Luvua
à la Tshopo, etc., partout, depuis la nuit des temps, le peuple
muluba voue à l’unisson une profonde dévotion à Vidyé Mukulu.
18
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 19
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Avant-texte
de MANDA TCHEBWA
Directeur général du CICIBA
20
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 21
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Avant-texte
de MANDA TCHEBWA
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Directeur général du CICIBA
22
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
,O\GpÀOHpJDOHPHQWDYHFXQDPRXULQÀQLSRXUOHVP\WKHVVDFUp
et profane (ce dernier entendu comme une forme laïcisée du
conte), les us et traditions du terroir baluba, des paysages et des
époques, ponctuées par mille épopées religieuses, dynastiques,
corporatives, etc. Il s’y révèle, en plus, des objets-signes, des
rites et poétiques (sacrés et profanes), des noms génériques
des lieux, des hameaux dérivés, des lignées et lignages royaux
DIÀQV HW OHXUV UDPLÀFDWLRQV GHV FDVWHV VRFLDOHV RX FRUSRUD-
tives toujours fondées sur une solidarité exemplaire… Autant
d’occurrences socio-anthropologiques qui, à travers mythes et
épopées, tissent une trame historique à l’aune d’une logique
narrative qui n’est jamais rectiligne. Quoique brouillée par tant
de migrations, l’histoire de ces peuples, « divers » mais pour-
tant « un », telle qu’elle se décline sous la plume de Lukanda
Lwa Malale, ne nous soustrairait nullement au devoir de relire
VRQpYROXWLRQDYHFWDQWGHVXEMXJDWLRQGHÀHUWpHWG·LQWpUrW
Pour peu qu’on y consacre une attention renouvelée, on convien-
drait que ce sont justement ces mouvements migratoires lanci-
QDQWV TXL VRQW j OD EDVH GHV pFKDQJHV HW GH OD GLYHUVLÀFDWLRQ
des us, coutumes et autres créations vernaculaires intrinsèque-
ment riches et nobles, que porte l’imaginaire diffracté des Baluba.
Créations de l’esprit dans lesquels s’articulent aussi bien l’en-
treprise sapientielle (proverbes, devinettes, devises didactiques,
mythes étiologiques, etc.) que les manières si instruites et savam-
PHQWFRGLÀpHVGHWUDYDLOOHUOHPDVTXHULWXHOODVWDWXDLUHVDFUpH
les objets lithiques et la poterie, tout comme le maniement des
canons pictographiques, l’esthétique de la vannerie et l’organisa-
tion des activités sociales (pêche, chasse, noces, intronisation des
chefs, etc.).
A cet égard, il est permis de penser que cette recherche prend à
contre-pied tous ceux qui, parmi les sceptiques, auront tendance
à parler des Baluba comme un peuple unique, spatialement im-
planté dans un arpent de terre surgi par hasard dans la périphé-
rie de l’espace dépressionnaire upembien, son épicentre originel
tel que consacré par les études archéologiques du professeur
belge Pierre de Maret de l’ULB dans son ethnogenèse muluba.
En cela, ce beau livre se révèle être, à mes yeux, une contribution
essentielle à la meilleure connaissance de l’histoire vraie des Ba-
luba et appelle, de la part du lecteur, à sa meilleure appropriation
en ce qu’elle lui imprime une excellente orientation historique.
Car cette histoire, après avoir longtemps campé l’oralité avec les
fortunes que l’on sait, est désormais écrite avec une excellente
maîtrise, de l’intérieur, par un « naturel » issu biologiquement et
spirituellement de la tradition en question.
BALUBA 23
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
24
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 25
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Liminaire
LUKANDA Lwa MALALE
U
n éclaircissement préliminaire mérite d’être apporté quant au
contexte de production du présent ouvrage. Dans cet ordre,
mérite-t-il d’être pris en compte clairement une évidence : ce
livre s’inscrit dans l’orientation esthétique d’une collection
dite « Beau Livre ». Ce qui m’enjoint à emprunter les canons
éthiques d’un ouvrage de type « vulgarisation », puisque destiné à un public
indifférencié. Celui du savant tout comme celui de Monsieur-tout-le-monde.
De mon point de vue, le bumbudye est le lieu où le Muluba et son histoire d’être
se conservent, se bonifient et transmettent en transcendant la Memoria sui. Mé-
moire transversale et partagée, qui plus est va au-delà de soi, donc au-delà de ses
propres déterminismes en ce qu’elle est, tout à la fois, instance de refondation
permanente et socle de la « bulubaïté ». C’est en somme le bumbudye qui est
détenteur de l’histoire, de l’éthique matricielle et de la dimension universelles des
valeurs fondatrices de l’identifié du peuple muluba. Raison pour laquelle cette
confrérie occupera le centre nodal de cette production dont le parcours épisté-
mique s’articule autour de trois grands moments.
Le premier moment est un rappel portant sur l’histoire du peuple muluba qu’il
m’incombe de présenter dans sa dimension diachronique de manière à mieux
fixer ses origines (mythiques et temporelles), ses migrations, sa « polyfragmen-
tation sociétale » (selon les mots du professeur Manda Tchebwa), linguistique
et spatiale. C’est partant de cette dynamique qu’il nous sera donné de découvrir
un peuple et ses multiples identités au cœur de sa pensée « ontomythologique »,
selon le terme du professeur Bonaventure Mvé-Ondo. Apparaît soudain une ci-
vilisation majestueuse, féconde et immanente à elle-même, arc-boutée avec une
fierté intangible sur une généricité matricielle unique.
26
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 27
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
28
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Ainsi, l’usage des citations en langue kiluba qui s’invitent de manière ré-
currente dans le corps du texte est dicté par un désir ardent d’authentifier
la pratique énonciative des concepts en tirant un meilleur parti de l’origi-
nalité des concepts et des subtilités linguistiques (du reste intraduisibles à
l’identique, en une autre langue que le kiluba, avec la même saveur) qu’in-
duit dans une optique heuristique le parler des anciens.
Plutôt que de me complaire dans une interprétation des concepts en me
fiant à leur premier degré sémantique, il s’est imposé à moi la nécessité de
transcrire les expressions d’origine en respectant les logiques discursives
de leur production en contexte.
Au sujet de l’iconographie illustrative, il sied d’en dire un mot dans la
mesure où une bonne part de ses ressources provient des sources diverses.
Je suis redevable, particulièrement, à l’Institut des Musées nationaux du
Congo (IMNC) du choix et du raffinement de la recherche iconogra-
phique sur un domaine où je ne m’attendais pas à y trouver tant de mer-
veilles consacrés aux Baluba.
Une grande dette a été surtout contractée vis-à-vis du Professeur Manda
Tchebwa, Directeur général du CICIBA, passionné des cultures bantu et
créoles, et homme de grande érudition doublé d’un encadreur scientifique
patient, de qui j’ai dû emprunter non seulement l’intuition de base, la
dialectique et les règles heuristiques, mais aussi une bonne partie de sa col-
lection privée d’images.
Nombre de cartes, dessins et autres croquis inédits présentés ici sont le
fruit d’une excellente synergie articulée avec le Chef des travaux Francine
Mava de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa, à qui je redis toute ma
gratitude.
L’intérêt d’insérer tant d’éléments visuels dans le corps de cet ouvrage par-
ticipe des exigences de tout « Beau Livre » quant à l’équilibre qu’il sied
de maintenir entre le désir de voir et celui de lire. Deux critères décisifs
dans le succès d’une étude adossée à une problématique de la complexité
comme celle qui nous a conduit à ce résultat.
Qu’il me soit permis par la même occasion de redire toute ma recon-
naissance à Son Excellence Monsieur le Ministre de la Jeunesse, Sports,
Culture et Arts, Banza Mukalay Nsungu, pour son appui multiforme à la
réalisation de cette œuvre. La même dette, je la dois au Fonds de Promo-
tion Culturelle (FPC) de la République Démocratique du Congo dont
l’appui financier à la réalisation de ce livre a été
déterminant.
D’une Afrique qui rêve d’être ce qu’elle a toujours
été, je tire une leçon qui vaille : nulle autre part que
dans les sillons de notre passé propre et commun
n’est trouvable ce qui nous fonde comme muluba
et bantu.
BALUBA 29
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
30
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
AU CŒUR DU
BULUBA Ò LE PAYS ET
LES HOMMES
BALUBA 31
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Ouverture
Lukanda Lwa Malale
Muluba
witele Muluba, présente-toi 1
32
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
34
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
buluba
LE
Qu’on désigne leur civilisation sous les termes Buluba, Uluba, Uru-
ba, Uruwa3, c’est la même chose et c’est exactement le même mot,
qui ne peuvent être percues ici que sous la figure de ce que les lin-
guistes appellent variances libres articulées autour des consonnes l
et r, b et w.
BALUBA 35
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
36
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Ò QU’EST-CE UN MULUBA ?
En kiluba, « Muluba » dérive du verbe kuluba dans
sa triple sémantique :
Kuluba i kujimina = se perdre, s’égarer…
Kuluba i kwilwa = oublier, perdre de vue un pro-
blème, ne plus se souvenir de quelque chose.
Kuluba i kujilula, kutupa mbila = commettre une 6. « Muluba lubanga mu kanwa » : « Toi qui as
faute, enfreindre une règle, aller à l’encontre d’une mangé et qui as nié d’avoir mangé ».
Repentance de « l’égaré » devant l’Etre
loi, d’un décret...6 Suprême :
« Kuluba kwine ndubile » : « Fautif ? Oui je le
De ces trois acceptions, la troisième est celle qui rend suis,Vidyé ».
Une telle supplique se situe dans le cadre des
mieux la désignation du Muluba–peuple. paroles sacrées contenues dans les invocations
(mitompo) que les ancêtres adressaient au
Muluba est donc fils de la promesse divine : temps premiers à Dieu en quête du pardon
divin : «Vidye Kalombo, kuluba kwine ndubile,
«Mwana wa mulao» (= « l’enfant soumis aux in- ne kujilula nako njilwile. Mbutwile kya nsungu i
ka? Ndubulule a Mfumw’ami. Mbutwile kekala
terdits »). nsungu. Mbutwile sanswa mwan’andi. Nansha
kilubi i kyan’aye», Dieu Maître-Initiateur. Une
faute ? Oui, je l’ai déjà commise ; et la loi ?
Oui, je l’ai déjà transgressée. Parent, pourquoi
38
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Voici un exemple :
« I abe kyalaba-kiluba : ufika kwabo kwa Ngoyi Mani, waboya sokolo, ufika
kwabo ku Ncimbu, waboya musupi.»
C’est-à-dire :
BALUBA 39
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Premiere partie
aspects
histo-
riques
40
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 41
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Chapitre I
LE PEUPLE
MUKALANGA
LE POUVOIR TEMPOREL A
LA COUR DU MULOPWE
« Ku ngalwilo » : « Au commencement était…les Bakalanga»
L
’histoire des Baluba commence par un récit génésiaque
immémorial qui a partie liée avec l’intervention de Vidye
Mukulu, l’Être Suprême des Baluba. Une des versions de
ce mythe fondateur recueillie à la cour impériale de Mu-
lopwe Kasongo wa Nyembo
par Kalenda Mwamba raconte :
42
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Seul dans la forêt, où ses seuls compagnons et chiens de garde étaient le lion,
le léopard et le chacal, Mwikeulu sentit cette solitude lui peser lourdement.
Apitoyé, Shiakapanga dit : Pa ntanda pasaka muntu ne muntu nandi :
pour mieux vivre sur terre, il faut deux êtres de la même espèce. Shiakapanga
commanda alors le Bufuku : la nuit, sur terre. Il fit connaître sa volonté à
Mwikeulu et lui recommanda de l’observer. Entre autres, il lui formula les
préceptes suivants:
BALUBA 43
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Voilà comment les Baluba fixent leur entrée dans l’aventure ter-
restre. Tout en saluant le mérite de l’auteur de ce récit pour avoir
sauvé cette version essentielle du récit kiluba sur la genèse du monde
humain, il me semble utile de faire remarquer que l’auteur confond
les noms des bekeulu10 (forme contractée de bamwika wa mulu, les
esprits descendus du ciel) et les noms des premiers parents, qu’il
identifie, non par leur nom d’essence intime, mais par leur diji-
na dya pa nja ou dijina dya musasu (nom de magnificence ou
de manifestation extérieure), comme celui de kyubakaubaka
(édificateur par excellence du monde) accordé à l’homme
et celui de kibumbabumba (potière émérite) concédé à la
femme.
Ces noms de magnificence (majina a pa nja) sont ceux
attribués aux deux premiers parents du genre humain
que les Baluba considèrent comme leurs ancêtres. Il
s’agit, en l’occurrence, de l’homme (Kyubakaubaka
Ilunga nshi mikulu) et de la femme (Kibumbabumba
Mbuyu Kibumbwe Longo). Une fois canonisé par l’usage humain,
le nom Ilunga a toujours été associé au statut régalien du bulopwe
(pouvoir divin). C’est à ce titre que tous les empereurs du Buluba
portent cette appellation au titre d’attribut de souveraineté : Ilunga
Mbidi Kiluwe, Kalala Ilunga, Kibinda Ilunga...
LE POUVOIR SACRÉ ET LA
DIMENSION SACERDOTALE
Le bulopwe, on vient de le voir, cumule, dans son exercice, la dimen-
sion temporelle et divine et ses références sacerdotales.
Concernant la dimension sacerdotale de l’origine muluba, c’est
en nous référant au récit du sacrificateur traditionnel Ngoyi Kito-
bo Shele Nyuma que nous trouvons une explication plus édifiante
quant à ce :
« Kalemba Mawezi wanen’amba : leka mbumbe’ko
muntu wakumpingakanya pa lukongo lwa baya Ka-
lunga, wakulemeka Bavidye ne ami’wa kumo. Waya- 10. La tradition rapporte au sujet des Bekeulu qu’un
jour, dans le ciel, il y eut une violente tempête.
ta biloba byadi mu nshi mikulu wabumba. Waela’mo Ces êtres célestes tombèrent sur la terre sous
l’apparence humaine portant chacun une longue
kya buntu, mwatwela muvwe wa Nshi Mikulu Ilun- queue. S’en étant débarrassés, ils épousèrent les
ga. Waimana ke muntu wa mashi ne meema. Kaitwe ÀOOHVGHVKRPPHVTX·LODVDYDLHQWWURXYpHVVXU
terre. Celles-ci leur donnèrent des enfants.Voici
bu Ilunga Nshi Mikulu. Ye dyandi dya mu nda. Dya qu’un autre jour se produit un effroyable trem-
blement de terre assorti d’une secousse terrible.
pa nja nandi i Ilunga wa buta katembo lupinda mwi- 7HUULÀpVVDQVSHUGUHXQHPLQXWHOHV%HNHXOX
reprennent leurs queues et regagnent l’univers
finko. Kalemba Mawezi wamupa mudilo. Kabezya céleste, abandonnant femmes et enfants.
11. Informations recueillies par nous auprès du no-
Mpungu wamupa lupinda lwa bisuku. Leza Malan- nagénaire Kitobo Ngoy Mukulu Shele Nyuma de
go, ne Vidye, ne mikishi nabo bamupa mpemba ne mi- Malemba Nkulu en 1987. Kibumbwe : dans les
contrées de Kabalo, Manono, Nyunzu, Kongolo,
toto. (…) »11 on parle de Mbuyu Kibumbe. Il s’agit du passif
de Kubumba rendu de deux manières sans pour
DXWDQWPRGLÀHUOHVHQV
44
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 45
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
46
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 47
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
LE MYTHE DE LA FAUTE
ORIGINELLE
Selon la cosmogonie, le Muluba est un « égaré » victime d’une
faute originelle dite le « buluba ». Cette dernière notion a fait l’ob-
jet de plusieurs interprétations dont voici quelques-unes parmi les
plus connues :
48
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Traduction : « C’est moi l’Esprit Maître qui les initia et ils restèrent
des apprentis. »
Le Créateur aimait l’homme qu’il avait créé libre. Il l’initia en lui
apprenant à pratiquer le bien pour mieux vivre et à éviter le mal pour
ne pas souffrir et mourir. Le Révérend Père Théodore THEUWS,
missionnaire dans le pays des Baluba, avait recueilli ce texte de
l’édiction de la loi divine et de sa transgression par l’homme. Dieu
présenta à l’homme qu’il venait de créer deux arbres, l’un portant
les fruits rouges et l’autre des fruits noirs. Il lui recommanda de ne
pas manger de leurs fruits afin de jouir d’une vie pleine, heureuse et
abondante. S’il les consommait, il devait souffrir et mourir. Dieu
le quitta et retourna momentanément à sa cité. Quand il revint,
il trouva que l’homme avait mangé de l’arbre des fruits défendus.
Lorsqu’il lui demanda s’il avait touché aux fruits noirs et rouges,
l’homme nia qu’il ne les avait pas mangés et ainsi la mort et la mi-
sère entrèrent dans le monde.18
BALUBA 49
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
 KAVUMA DITUNGA :
«Mukalenga Mbidi Ciluwa umbukile pende mwine mu cimwangi
amu, ne bana bende kuyabo ku mayi a mbu Atlantique, ekubanda
wenda ulonda njila ya nyama too ne ku muaba ukadibo basa kudi
b.k. (…) mbidi-ciluwa ne bana bende, ne bankana bende, badi ba-
tungunuka ne luendu, bajukile mu buloba buvwabo too, benda ba-
londa amu kuvwa diba dipatukila, ne bashimate amu mu njila wa
nyama ya nzevu, too ne pafikila bo ku buloba bwa cijila ku mayi a
dijiba dia Nsamba, ke kusombabo. bamane kufika, bakamonangana
ne batwa. bu muvuabo kabayi bumvuangana ku mwakulu, batwa ba-
20. E.Verhulpen., op. cit. p.31.
21. P., Colle., op. cit., p. 1
50
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
C’est ainsi que cette parole des pygmées se colla à nous, et nous res-
tâmes avec : «Aba Mbaluba», ceux-ci sont des Baluba. Donc, les
Baluba ont reçu leur nom au Lac de Nsamba dans le territoire de
Kamina.
 MPOYI MWADYAVITA :
«Baluba-Lubilanji badi bamba boobo ne : «pa mwebeji Bulanda
kudi ye (Mbidi Kiluwa) ufumina, kwandamuna ye ne : «Muluba
dishinda! », mmomumwe ne ndi mujimine njila. kuluba dishinda
mmomumwe ne ndi mujimine njila. Ke kudi kufumine diina dya Ba-
luba» 23
BALUBA 51
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Chapitre II
L’ORIGINE
CONTROVERSÉE DE
NSANGA A
LUBANGU
N
ombre de thèses couramment consacrées à l’his-
toire des Baluba privilègient « Nsanga a Luban-
gu » comme foyer matriciel du peuple muluba. Et
c’est même, partant de cette position, que certains
historiens ont été amenés à distinguer aujourd’hui
deux catégories des Baluba : les « originaux » et les « dérivés ».
Ò LES PRÉMICES
Pour raison de clarté et d’honneté scientifique, il nous tarde de vous
présenter dans un premier temps les différentes thèses émises à ce su-
jet, qui du reste ne constituent que des théories de scientifiques vic-
times à leur corps défendant de la malléabilité de la tradition orale,
qui méritent d’être étayées encore davantage. Ce, avant d’émettre en
dernier ressort notre modeste avis sur la question.
52
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 53
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
54
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 55
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
« On peut admettre aussi que les Baluba du Kasaï soient des Basonge
ayant asservi des populations diverses. » Dans la même logique,
ajoute-t-il : « Baluba du Kasaï, Bena Luluwa et Basonge seraient ve-
nus du Buhemba, du pays du Maniema »36. Une théorie parmi tant
d’autres !
Ici, on n’est pas loin de la position soutenue par Kabamba Nkamany
a Baleme pour qui :
« Selon les récits des anciens Songye, les Luba (Bambo) et les Lulua
sont les descendants des jumeaux de Pidi Songye qui, ayant pratiqué
l’inceste, ont été chassés et s’étaient frayés leur propre chemin errant
dans la brousse »37
Au nombre des tenants de l’origine orientale de ce peuples, il y a
Nsomwe Tshiswaka (un Musonge) qui, lui aussi, les fait provenir
du Lac Tanganika38 où, d’après lui, se situerait le Sanga a Lubangu
originel.
Une autre version, assez invraisemblable, est celle qu’avance V. Ilun-
ga qui soutient que les Baluba du Kasaï, à travers leur ancêtre (?)
Mbidi Ciluwa, viennent du Rwanda39.
Pour sa part, Kavuma Ditunga ramène le même peuple, à travers
leur ( ?) ancêtre Mbidi Ciluwa, plutôt du côté de l’Atalantique !
56
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 57
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
58
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Ò INCERTITUDE PERSISTANTE
Pour sa part, Vansina Jan58 suggère qu’il ne serait pas impossible que les
Baluba du Kasaï59 aient été des Basonge60 vaincus et refoulés vers l’ex-
trême Ouest en fuyant les guerres des conquêtes61 que les Baluba locu-
teurs du Kiluba menaient en pays des Basonge62, au XVIIIe siècle, avec
54. De Jonghe, A propos de
l’empereur Mwine Kadilo.
la politique indigène. Le
respect de la coutume. In L’on comprend que face à cette ambiguïté Ndaywel ait pu écrire :
Congo, Tome I, N°1/1921 ,
p.751 « L’occupation du Kasaï constitue une page particulièrement contro-
55. Muya Bia Lushiku Lumana,
op.cit. pp.23-24
versée de l’histoire luba »63
56. Tshimbombo Mudiba,
op.cit. pp. 68-72 Abondant dans le même sens, pour sa part, Muya Bia Lushiku avait-il
57. Mabika Kalanda, op. cit.
58. Lire les travaux de cet fini par admettre: « Jusqu’à présent, aucune hypothèse n’est venue éclai-
auteur
59.Lire pages afférentes rer la situation. La dernière tentative d’explication des migrations luba
60.Lire pages afférentes
61. Lire pages afférentes est celle de Jan Vansina. Celui-ci laisse planer l’incertitude en concluant
62. Vansina, op.cit., p.122
63. Ndaywel, op.cit. p.142
BALUBA 59
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
que l’origine des migrations du Katanga vers le Kasaï n’est pas connue. »64
Une évidence : jusqu’à ce jour, la discussion sur l’origine de ces mi-
grations à partir du Katanga demeure vive entre chercheurs.
À partir de l’expansion multidirectionnelle des locuteurs
du Kiluba, il est vraisemblable d’imaginer qu’une partie
des Baluba se soit dirigée au Nord-ouest. Autant dire que
les deux sortes de Baluba, ci-haut évoquées, ne peuvent se
réduire uniquement aux locuteurs du Kiluba et Ciluba65,
les communautés dérivées ayant engendré dans leurs mi-
grations, à des époques différentes, plusieurs branches de groupes
anthropologiques (en dehors de la seule direction empruntée par
les Baluba du Kasaï) revendiquant la même conscience culturelle
et historique articulée autour d’une langue commune d’origine, le
kiluba.
Notons aussi que les données archéologiques en notre possession
(cfr. découverte de la statue d’Osiris) montrent que des transactions
de toutes sortes existaient depuis plus de 2300 ans avant Jésus-Christ
entre la Mésopotamie, l’Arabie, l’Égypte antique et le Buluba.
Quant aux données linguistiques, elles révèlent que les Babemba se
sont séparés avec les locuteurs du Kiluba il y a plus de 2000 ans, soit
à la naissance de Jésus-Christ à Betheléem.
Les mêmes données linguistiques indiquent la profondeur de plus
de 1200 ans depuis la séparation entre le Ciluba et le Kiluba. Af-
firmation qui bat en brèche la thèse soutenue par les tenants de la
matricité originelle des Baluba autour de l’événement de Nsangaa
Lubangu fixé entre 1600 et 1650 ( donc un épisode contemporain
créé par certains chercheurs autour des années 59 et 60) cherchant à
greffer l’histoire de la séparation entre les Baluba aux temps des em-
pires. Ce qui n’est pas conforme à la vérité historique. Car, comme
précisé plus-haut par l’argument linguistique, cette séparation est
60
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 61
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Bena Kalala, d’autres chez les Bakwa Mulumba, Bena Tshiyamba (Kasaï
oriental). Lorsqu’on interroge les vieux des luba du Kasaï oriental, eux,
ils fixent le Nsangaa Lubangu à l’Est de leur Territoire dans la région
du Shaba. C’est ainsi que selon les renseignements recueillis par Kabese
Bernard, le Nsanga Lubangu serait au pays de Mutombo Mukulu dans
la région du Shaba, là où les Bantoulogues placent le centre de dispersion
des Bantu. Le problème reste posé et l’énigme demeure insondable ». Le
point certain est que tous les luba du Kasaï viennent de l’Est du Zaïre
où ils avaient connu une grande dispersion au pays de Nsangaa Lubangu
(le chêne à entaille) qui demeure leur point de repère inoubliable, mais
aussi impossible à localiser exactement. Coïncide-t-il avec le point de dis-
persion des Bantu situé au bord du lac Kisale, là où certains auteurs fixent
le Centre de dispersion des Bantu ? On ne peut encore donner une réponse
satisfaisante »67
 A NOTRE AVIS
Un tel débat nous ramène à une seule réalité : l’histoire de Nsanga a
Lubangu, présentée sous cet angle, est insoutenable car les auteurs sont
incapables, à cette étape de la recherche, de nous dire ce qu’il en est au
juste de cette fameuse origine tant controversée.
A notre avis, les Balubilash et les Bena Luluwa sont des Baluba de la
deuxième catégorie68 au même titre que l’ensemble des autres peuples
de parenté muluba, que ce soit ceux du Malawi, de la Zambie, de la
Tanzanie, du Zimbabwe, de la Province orientale, du Maniema, du Sud
Kivu, du Bandundu…
En ce qui nous concerne, nous ne soutenons pas l’histoire de Nsan-
gaa Lubangu pour les raisons suivantes : a) les données archéologiques
ont montré que les transactions commerciales et les contacts profonds
avaient existé il y a plus de 2300 ans entre la Mésopotamie, l’Egypte
ancienne, l’Arabie antique et le Buluba69 ; b) les données linguistiques
ont révélé pour leur part que la séparation entre le kiluba et le ciluba
s’opéra il y a de cela 1200 ans.
Jugez-en par vous-même : l’écart chronologique est impressionnant face
aux tenants de la thèse matricielle de Nsanga Lubangu (1620-1650)70 .
Et puis, une langue nouvelle différente de la langue mère ne peut pas
67. Tshimbombo Mudiba, op.cit., pp.68-72
se former en moins d’un siècle. Car,68. Monseigneur
D’après Edmond Verhulpen, Decitant
Clerc Auguste
Vervaecke, « les Bena Luluwa
(apparentés aux Baluba) viendraient de l’Est du Lomami, du Katan-
arrivant à Mikalayi en 1894, écrivit la grammaire deIlslaauraient
ga, du pays des Baluba. langue quittédes Bena
ce pays parce qu’un de
Luluwa en 1897. Le Kiluba (L33) n’estleurspas ancêtres, Muyembe, aurait été battu par les Baluba au cours
le cena Luluwa (L31). Il faut
d’une guerre malheureuse. Les Bena Lulua seraient des Bapemba.
L’ancêtre Muyembe, battu par les Baluba, est peut-être le roi
beaucoup de temps pour qu’une langue d’une poignée des migrants se
Kongolo, d’origine Muyembe (Bayembe ou Basonge), battu par les
Bakunda d’Ilunga
dote des règles lexico-syntaxique différente de celleMbili, lede
fondateur
leurduorigine
second empire(ledes Baluba ».
Verhulpen, op. cit., p. 70.
Kiluba ) et de celle des autochtone69.trouvé
Banque du sur place
Congo au Kasaï
Belge 1909-1959, éd. L (Bakete,
; Cuypers-Bruxelles, cité
par Gilbert Mbangu a Mukkand, Le Katanga et son destin, éd. Gmb
Balwalwa, Babindi...) investa, Lubumbashi, 1995, p.1.
62
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 63
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Chapitre III
LA DYNAMIQUE
EXPANSIVE
EN DIRECTION DE
LA MER DU NORD
A
utrefois, l’empire des Baluba, porté
dans ses ambitions politiques par
des grands monarques conqué-
rants, imposa sa domination sur un
vaste territoire qui allait du lac Tan-
ganika au Kwango, sur plus de 1500km !71
La première poussée est assurément celle ayant
conduit les Baluba jusqu’à la mer du Nord de
l’Afrique. Se référant à la légende que Mwamba,
grand chef des Babemba, rapporta (en 1892) à
deux missionnaires du Nyassa, Père Colle écrit :
«D’après ce vieux chef d’une grande famille, le
peuple tout entier des Baluba s’est porté vers la mer, à une époque in-
déterminée, puis une partie est revenue en arrière, se fixant définitive-
ment dans l’Ubemba. (…) Les familles issues de Muluba, c’est-à-dire
les Baluba dont parle Mwamba, se seraient dirigés vers le Nord ou le
Nord-Ouest. A leur retour, ils se seraient établis à l’Ouest des Balu-
ba restés au pays et les auraient tous considérés comme descendants du
Mufemba. (…) Tout cela tend à prouver.
1. Que le pays primitif des Baluba est situé à l’Ouest, loin de leur pays
actuel.
2. Qu’une première poussée s’est faite vers les lagunes du Kamelondo.
3. Qu’une poussée s’est faite en même temps, ou plus tard vers le Nord
ou le Nord-Ouest jusqu’à la mer.
71. Banza Mwepu, Le mythe des origines
desBaluba, Dikasa, Lubumbashi, 2001, p. 72.
64
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
4. Que tout le monde est revenu sur ses pas sauf quelques groupes qui
sont restés en route.
5. Qu’un groupe nombreux, dirigé par Kitimukulu, est allé s’établir
en Ubemba, d’où il a donné naissance aux groupes Babemba et Ba-
tabwa établis depuis le Nyassa jusqu’au Tanganika.
6. Que les Baluba restés aux lagunes ont pris l’habitude de désigner
sous le nom de Bahemba leurs frères établis à l’Est. Suivons les péré-
grinations de nos Baluba, devenus Babemba »72.
Comme on le voit, Colle fait reculer encore plus loin
dans l’histoire l’antériorité des Baluba, peut-être de
milliers d’années avant Jésus-Christ, en soutenant que
les Européens et les Baluba vivaient ensemble (à une
date difficile à fixer) dans le Buluba (Uruwa) autour
d’un père. Et que les Baluba blancs, si tant est qu’ils
existaient réellement, se fixèrent en Europe dans une
migration ultime. Quant à leurs frères noirs, arrivés au
bord de la mer, pris de peur, ils ne purent la traverser.
C’est dans ces entre-faits que le fils de Kitimukulu mou-
rut.73 Alors s’amorça le mouvement de retour vers le
Sud, jusqu’à la mère patrie.
Sur le chemin de retour vers le pays premier, entre la
Méditerranée et le Katanga, bien des peuples issus de
ces migrations sont restés en cours de route créant des
nouveaux foyers culturels autour des nouvelles nations
et des tribus spécifiques.
Ceux qui ont dépassé la partie australe de l’actuelle pro-
vince du Katanga ont poursuivi leur voyage en direction du grand
Sud. D’eux sont nés les Babemba, les Bashona, les Moravi, les Rozui,
les Bacewa, les Ndebele, les Bazulu…74
Mais au délà de l’Egypte, les fouilles archéologiques attestent éga-
lement l’étroite relation entre les Baluba, l’Europe antique et le
Proche Orient. Cette séquence historique nous est connue grâce aux
travaux de Gilbert Mbangu a Mukkand qui nous renseigne que :
BALUBA 65
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
EN DIRECTION DU SUD
 LES BALUBA DU SUD KATANGA ET DU
NORD DE LA ZZAMBIE
Au sujet de cette catégorie des peuples bantu Cornevin déclare :
« Toute une série des peuples du Sud Katanga et
de la Rhodésie du Nord se réclament d’une ori-
gine louba, les Bemba, Lamba, Lala au Congo,
les Ounga, Lamba, Kaonde en Rhodésie sont les 75. Banque du Congo Belge 1909-1959, éd.
plus importants. La langue kilouba est l’une des L ; Cuypers-Bruxelles, cité par Gilbert
Mbangu a Mukkand, Le Katanga et son
quatre grandes langues véhiculaires du Congo. destin, éd. Gmb investa, Lubumbashi,
1995, p.1.
Elle est employée pour l’enseignement primaire 76. Ndua Solol, op.cit. p.130
dans les provinces du Katanga et du Kasaï. »78 77. Mbangu a Mukkand Gilbert, ibidem
78. Cornevin, R., L’histoire du Congo, Paris,
Berger-Levrouet, 3ème éd., 1970, p.47
66
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 67
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
On peut inférer ici que les Babemba étaient au départ des Baluba
qui parlaient Kiluba, avant la naissance de Jésus-Christ ! Ces indi-
cations semblent corroborer les investigations de Père Colle, en rap-
port avec les pérégrinations des Baluba devenus in fine Babemba !
Mais au-delà de Babemba, selon Banza Mwepu Mulundwe, la filia-
tion des Baluba dans leurs expansions australes a donné naissance à
bien d’autres peuples de cette région qui continuent à se revendi-
quer l’origine muluba. Tels que :
« 6. Les Rozui (Lozi) du Zimbabwe, près de Stanley Falls, sont d’ori-
gine Luba-Lunda.
7. Les Shona (Bakalanga : Vakaranga) du Zimbabwe, parents des
Baluba, donc, comme eux, originaires de l’Ouest du lac Tanganika,
et des rives du lac Kisale, occupèrent la région allant du Zambèze
au Limpopo et du Kalahari, à l’Océan Indien, vers le XVe siècle.
On leur doit les merveilleuses 350 ruines de Zimbabwe (Nzibo ya
mabwe, palais ou grande maison de pierres en kiluba), (…). »83
C’est en lisant J. Vansina qu’il est donné de rapprocher davantage
une telle proximité généalogique :
« Les peuples du plateau rhodésien étaient organisés en petites
chefferies, exactement comme dans la partie supérieure de la vallée
du Luapula. Leurs chefs étaient sans doute d’origine Luba ou Hem-
ba, et portaient le titre de mulopwe wa bantu, chef du peuple, mu-
lopwe signifiant évidemment chef dans la langue Luba. Ceci s’accorde
parfaitement avec les traditions des peuples Cewa et Maravi vivant
plus au sud-est, qui se disent originaires eux aussi du pays Luba «.84
Notons ici que si en Kiluba, les lettres v et b, r et l permutent libre-
ment, cependant le sens demeure le même. C’est le lieu de préciser
qui plus est que : « Les Shona (Bakalanga : Vakaranga) du Zim-
babwe sont parents des Baluba Bakalanga dans le district du Tanga-
nika d’où ils sont originaires ».
Le terme kiluba « Ngoni », oiseaux, est le nom par lequel les Bazulu
de l’Afrique du Sud s’identifient. L’expression « Ngoni ya madju-
lu » ou « Ngoni a mazulu » signifie les « oiseaux (descendus) du
ciel ».
68
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
«La première immigration semble avoir été celle des Bemba. Les
quelques indications chronologiques dont nous disposons semblent
situer leur sortie du pays Lunda au cours du règne de Cibinda Ilunga
dont ils étaient des suivants Luba. Ceci explique pourquoi les cher-
cheurs qui étudient la tradition des Bemba se sont toujours opposés
au sujet de l’origine de ce peuple, les uns prétendant qu’il est d’ori-
gine Lunda, les autres lui attribuant une origine Luba. La meilleure
source Bemba connue à ce jour, le panégyrique de Nkole wa Ma-
pembwe, second roi ou Citimukulu, manifeste son accord avec la
tradition citée lorsqu’il dit: «Nkole wa Mapembwe…tu étends le
pays Lunda. Tu es un vrai chef Luba ».86
Un autre éclaircissement s’impose ici : l’émigration des Baluba, de-
venus par la suite des Babemba, est assurément antérieure à la forma-
tion des Empires. Ce, en nous fondant sur la dation des historiens,
en l’occurrence ceux qui remontent la séparation entre le Kiluba et
le Kibemba à plus de deux mille ans87.
Toujours est-il que, de nos jours encore, lorsqu’un Muluba locuteur
du kiluba arrive à la cour royale de Kiti Mukulu en Zambie, autorité
qui se reconnaît de la descendance de l’ancêtre originel Nshi Miku-
lu, il y est accueilli en tant que fils du pays.
83. Banza Mulundwe, op. cit. pp. 35-38.
84. J.Vansina, op. cit., p. 68.
85. Idem, p. 38.
86. J.,Vansina, op. cit., p. 68
87. Reefe Thomas, The Rainbow and Kings. A history of luba empire
to 1891, University of California Press, Berkeley and Los Ange-
les, California, London, England, USA, 1981, p.74.
BALUBA 69
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
EN DIRECTION DU
NORD-EST
 LES BALUBA DE LA PROVINCE ORIENTALE
Les migrations du Nord du pays, jusqu’à la ligne de l’Equateur, nous
conduisent à présent sur les traces des Wagenia. Cet épisode nous est
ici rapporté avec de précieux détails sous la plume de Crine-Mavar:
« A une époque très ancienne, les ancêtres des pêcheurs Wagenia,
originaires de la contrée lacustre du Shaba (Katanga) central, des-
cendirent le Lualaba jusqu’au-delà de Kongolo et occupèrent toutes
les îles du fleuve. Le calcul lexico statistique attribue une profondeur
de 740 années à la séparation intervenue entre wagenia (Baenya) de
Kisangani et Wagenia du Shaba (Katanga). Ce qui nous reporterait à
1230. Une date qui prend valeur d’un possible, parce que justement
coincée entre 800 (installation d’un fond de population pré-luba
Shankadi) et 1450 (avènement de l’empire des Baluba shankadi).88
Le même auteur ajoute plus loin :
“A une époque contemporaine des premières tentatives d’organisation
de l’empire des Baluba Shankadi, des pêcheurs originaires de la contrée
lacustre du Shaba (Katanga) central descendirent encore le Lualaba et
se disséminèrent le long des rives et sur les îles du fleuve, depuis Bukama
jusqu’au-delà du 5ème parallèle nord. Ces pêcheurs connus sous l’appella-
tion générique de Wagenia descendent de l’ancêtre Kikulu Manda (…).
Quelque fois, on les désigne du nom de Balaba (dérivé de Lualaba) ou
encore du nom de Waluba-Wagenia. Leur économie, presque exclusi-
vement axée sur la pêche, les poussa depuis des temps immémoriaux à
entretenir des relations avec des populations riveraines, chez lesquelles
ils écoulaient ou échangeaient les produits de leur pêche. »89
70
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 71
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Bena Wangongwe, les Bena Kumbi et les Bena Kayayi, en vue d’étendre
leur domination sur les tribus de la civilisation du triangle nord-est. »92
Comme pour appuyer cette analyse historique, Vansina déclare :
«Dans les années 1860, Tippu Tib entendit dire de lui : «Jadis, nous
avons entendu dire par nos aînés que le chef suprême d’Urua, nommé
Kumwimba (Kumambe) et par après Ilunga Kabale (Rungu Kabare)
régna sur tout le pays Urua jusqu’à Mtoa (sur le Lac Tanganika) y com-
pris le pays Manyema (Maniema méridional) et les rives de la rivière
Lomami (Rumani). Il avait entrepris de mener la guerre sur toute cette
région et il atteignit Utetela (Kusu sud- oriental)…». 92b
Et plus loin, il ajoute :
«A l’époque où Rungu Kabare était chef, il était le plus puissant des chefs
Warua et leur souverain. Il avait mené la guerre dans toutes les régions
du Maniema. Seul le Lac Tanganika l’arrêta.» 93
C’est à la lumière de tels témoignages qu’il est permis de soutenir que
les Bahemba du Maniema sont une branche des Baluba (leurs chefs
étant des Warua = Baluba). De la sorte, ils autorisent d’être classés
dans l’aire culturelle Kiluba. On en retrouve les affinités jusque dans
le domaine des arts, dans lequel ils respectent à merveille les canons de
l’art kiluba.
Il suffit ici de relire William Fagg pour s’en convaincre :
« On les (masques de bois représentant un chimpanzé) trouve parmi
les groupes niembo et mambwe des Hemba qui, bien que parlant leur
propre dialecte bantu, le Kihemba, sont ici traités pour la classification
artistique comme partie intégrante du grand complexe luba. En art, les
Hemba sont les plus luba des luba ».94
Quoi de plus normal quand on sait, comme l’indique T. Reefe, que
« le Kihemba se sépara du Kiluba récemment, il y a de cela seulement
500 ans95.
72
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 73
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
74
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 75
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
76
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 77
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
78
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 79
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
EN DIRECTION DU
NORD-OUEST
 LES BALUBA DU KASAÏ ET LES BENA LULUWA
80
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Mais une question demeure : sont-ils tous des Baluba ? Pour Kalonji
Ditunga, les choses sont on ne plus claires : « Qu’il s’agisse des Luba
et des Lulua, tous sont de Bena Nsanga Lubangu. Ils ont tous une
même origine et, avant l’arrivée des colonisateurs, ils n’avaient jamais
connu de conflits entre eux. La dénomination « Lulua » s’est généra-
lisée après la colonisation et à cause d’elle »113
Si sous l’appellation Bena Nsanga Lubangu, on entend « Baluba »,
il est cohérent d’indiquer que les Bena Lulua font effectivement
partie au même titre que leurs congénères de l’ensemble générique
des Baluba. A ce sujet, il sied de signaler la grande unanimité qui se
dégage autour de cette théorie de la part des auteurs européens et
africains. En voici quelques-uns :
 Luluwa
VAN ZANDIJCK : « Jusqu’en 1870, toutes les fractions de Bena
portaient encore le nom de Baluba » . 114
 commerce
VERVAECKE : « Jusqu’en 1865, lorsque Kalamba commença son
avec les Tshiokwe, toutes les fractions Luluwa s’appelaient
des lubas »115
 trict
SAMAIN : « Les basongye proviennent des Baluba du Sud du dis-
de Lomami, des environs du lac Samba entre Kabongo et Kami-
na, de sorte qu’on les considérerait comme un rameau des Balubas »116
 saï
VERHULPEN : « On peut admettre aussi que les Baluba du Ka-
soient des Basongye ayant asservi des populations diverses (…) » 117
BALUBA 81
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
82
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 83
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
aujourd’hui, est d’une origine plus récente. Selon les traditions, ces
migrations furent occasionnées par de grandes famines dans la ré-
gion comprise entre Lubi et Lubilash, puis plus tard par des guerres
avec le principal royaume Luba et enfin après 1850 par les troubles
créés par les trafiquants d’esclaves Cokwe et Arabes. »124
Après avoir traversé le Fleuve Congo, les Baluba abordèrent son em-
bouchure et générèrent une nation dans la région de Pointe Noire :
« les Bavili de la République du Congo » 125.
Ces derniers racontent que leur ancêtre, provenant de la République
Démocratique du Congo, se nommait Kibambe Lomami, c’est-à-
dire Kibambe « l’originaire de la contrée où coule la Lomami ».
Nom courant chez les Basonge du Lomami ou chez les Baluba du
Haut-Lomami.
EN DIRECTION DE L’OUEST
 LES BALUBA DU LWALABA
Dans cette direction de l’Ouest, très nombreux furent les Baluba
qui envahirent et transformèrent le pays des Balunda (Arrund). Ici
aussi, c’est une fois de plus Crine-Mavar qui nous en donne un meil-
leur éclairage :
84
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 85
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
86
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 87
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
88
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 89
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Par ailleurs, quand l’accent est mis sur la collectivité de ces mêmes groupes
locaux, on parlera indistinctement de Bakunda Bena Kamania »139
Comme nous venons de le montrer dans les précédents développe-
ments, ces groupes anthropologiques Baluba venus du Nord-est du
Katanga essaimèrent dans le Sud Katanga jusqu’aux sources de Zam-
bèze. De là, ils progresseront vers l’Angola jusqu’à l’Océan Atlantique.
Voici clairement ce que déclare Mujimbu Sha Kalau à ce propos:
« Le groupe humain venu de Zambèze fut un mélange des peuples. Une
femme appelée Kona eut une union biandrique polyandrique d’une part
avec Konde Dia Ilunga (Luba) et d’autre part avec Nawezi, roi lunda.
De ce mariage sortirent deux enfants, un garçon appelé Nguadi Katete
ou Mukhinda Mbangoi et une fille appelée Ngombe. D’après la tradition
orale, Mukhinda Mbango ou Ngwadi Katete fut le Fondateur de la com-
munauté qui deviendra plus tard Akwa-Ndongo (Bapende). »140
Remarquons qu’à la genèse du peuple Mupende intervient un person-
nage Muluba, Konde dia Ilunga. La femme Kona qui lie une union ir-
régulière, d’après la coutume kiluba, est appelée Kona. Littéralement :
la gaffeuse, la gâcheuse, celle qui a gâté, a mal agi. La coutume pres-
crit la monogamie, tolère la polygamie, mais s’oppose énergiquement
à la polyandrie. Les anciens
disent :
« Nsambakeno ku mukaji
umo idi lufu »,
Trad. « Autant d’hommes
qui fréquentent à la fois une
seule femme apportent la
mort ! »
Ceci se passe de commen-
taire.
Aussi qualifie-t-on ainsi une
femme qui est à la base des
rivalités entre les hommes :
« Kyaumanya bapwene,
nansha badi mu nda mwa
in’abo, beshola nsonde kebelekanga »
139. Crine-Mavar, op. cit., pp.51-53. C’est nous qui soulignons.
Trad. « Source des discordes, une 140. Mijimbu Sha Kalau Omer, op.cit. p. 13
90
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
“Le peuple songye, selon Vansina, serait dans l’emplacement actuel de-
puis le XVe siècle; il est probable qu’avant 1500 avant Jésus-Christ, il y ait
eu un empire luba qui s’étendait du Tanganika au Kwango, regroupant
des peuplades luba disséminées un peu partout dont le peuple songye”143
BALUBA 91
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Chapitre IV
LE MYSTERE
DES FOUILLES
ARCHEOLOGIQUES
DE L’UPEMBA
ETAT DE LA QUESTION
A
u-delà des sources orales, l’archéologie figure parmi les
modes d’interrogation les mieux indiqués de l’histoire
susceptible de concourir à l’élucidation des brumes de
l’histoire d’un peuple.
A cet égard, le peuple muluba n’a pas échappé à ce ques-
tionnement. Des travaux crédibles consacrés à cette vieille civilisation
par des scientifiques de haut niveau nous donnent des indications très
précieuses.
Commençons par Théophile Obenga. Voici ce que nous en dit le
legs oral de ce peuple:
« Quant aux traditions luba, elles renseignent, on le sait, sur l’histoire
de plusieurs chefferies et royaumes du nord-est de l’Angola, du sud
du Zaïre et du nord de la Zambie. De fait, des fouilles archéologiques,
entreprises en 1957, ont justement permis de découvrir sur les rives du lac
Kisale, non loin de Manono, au nord du Shaba, une immense nécropole
où les morts étaient enterrés avec des poteries, des bijoux et des croisettes de
cuivre (qui serviront de monnaie aux luba du Shaba). Tout cela indique
que vers 800 de notre ère, il y avait anciennement, dans ce pays luba,
une population dense d’agriculteurs et de pêcheurs, travaillant le fer et le
cuivre, et commerçant avec des peuples voisins éloignés. »144
144. T. Obenga, Histoire du Monde Bantu,
p.145, cité in Théophile Obenga et Simão
Souindoula, Racines Bantu, CICIBA,
Libreville, 1991, p.145
92
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Le même auteur
poursuit :
« Ces groupe-
ments de popu-
lation étaient liés
par le commerce
et vraisemblable-
ment aussi par
des mariages. Du
Nord venaient le
raphia et l’huile
de palme ; du Lwalaba le poisson ; du Sud le cuivre et le sel, et du
Centre-Sud l’huile de mbavu (bois rouge). Les échanges étaient as-
sez développés pour que l’on commence à se servir de monnaies, au
plus tard en l’an 1000. Dans la dépression de l’Upemba, la croisette
de cuivre fut utilisée comme monnaie vers 1300. Après 1700, les
croisettes disparurent et au XIXe siècle, ce sont des perles importées qui
servent de monnaie. »145
Ces vestiges attestent une présence des plus anciennes des Baluba
dans le pays. On retrouve, bien relevées, les mêmes caractéristiques
dans le travail des archéologues J. Nenquin et Hiernaux, repris par
Mpoyi Mwadyavita :
BALUBA 93
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
94
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
 L’AUTHENTICITÉ DE LA « LUBAÏTÉ »
LA PERPÉTUATION DES PRATIQUES ET DE
LA MÉMOIRE COLLECTIVE
Les différents travaux archéologiques effectués sur les anciens sites
de peuplements des Baluba ont conduit à une évidence : les tradi-
tions des Baluba ont pu se maintenir en se diffusant à une grande
échelle sur tous les territoires originels et ceux conquis lors de
l’expansion de l’empire. Ce, via la langue, l’esthétique buccale152,
les procédés rituels (ou cultuel), et à travers bien d’autres pra-
tiques contingentes (bisela) qui ont pu se maintenir en l’état bien
des siècles après.
Dans l’habillement, l’alimentation, l’identification carnée (par voie de
sacrification) ou olfactive, comme dans les créations artisanales ou ar-
tistiques, la « lubaïté » s’exprime avec la même expressivité.
BALUBA 95
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
96
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 97
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
Chapitre V
L’HISTOIRE
IMPÉRIALE
A L’ORIGINE DE L’EMPIRE :
LES BAKALANGA
A
u sujet de l’origine ethnique du premier empereur
Muluba, Nkongolo Mwamba, plusieurs opinions
circulent. Certains historiens soutiennent qu’il était
natif du Buluba153, d’autres affirment qu’il fut un
conquérant Musonge venu du Maniema154, d’autres
enfin avancent que son origine est simplement inconnue155.
Quant à nous, nous appuyant sur les arguments linguistiques, gé-
néalogiques, anthroponymiques, théonymiques, cosmogoniques,
anthropologiques, ethnologiques, sociologiques, philosophiques…
nous sommes arrivés à nous convaincre
qu’il était Muluba, natif de père, de mère 153. J. Sendwe, Coutumes et Traditions des
et d’ancêtres Baluba nommément iden- Baluba Shankadji, CEPSI, 24, Lubumbashi,
1954, pp. 113-115 ;Voir aussi P. Colle.,
tifiés156. op. cit., p. 353; Burton, op. cit., pp. 384-
388. K.Y. Tundu, op. cit., p. 14.
Les Baluba s’appelaient aussi Bakalanga, 154. B. Crine-Mavar, Histoire traditionnelle
du Shaba, in Revue zaïroise des sciences
c’est-à-dire les « civilisés, les polis, les de l’homme- O.N.R.D, n°I, 1973, p.17-18.
émancipés, les gens aux mœurs policées, Tshimbombo Mudiba, La famille Bantu
Luluwa et le développement, Rome,
aux yeux ouverts ». 1975, pp.66-67. Ndaywel I., op.cit.. p. 133.
Kaka Ginahatu et Tshibala Ngalamulume,
En nous référant aux travaux de Jan Van- Histoire du Zaïre, classe de 5ème
sina, il nous revient que : primaire, 1990, éd. C.E.E.C., Kinshasa,
1986, pp.54-55.
155. Greindl, Introduction à l’histoire de
« A cette époque, un émigrant nommé l’Afrique Noire, Tome I, Des Origine
Kongolo apparut dans le pays des Kalan- à 1800, éd. du Mont Noir, Kinshasa-
Lubumbashi, p.130. J.Vansina, Les Anciens
ga pour devenir le fondateur de ce qu’on Royaumes de la Savane, IRES, 1965, p. 56.
a appelé le premier Empire luba. Il n’y a 156. Lukanda Lwa Malale, Les BALUBA, une
histoire à réécrire, éd. Kivunge, pp. 95-
pas de tradition unique concernant les ori- 132, inédit.
157. J.Vansina, Les Anciens Royaumes de la
Savane, IRES, 1965, p. 56.
98
BALUBA
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90
BALUBA 99
LES HISTOIRE,
COSMOLOGIE ET
SÉMIOLOGIE D’UN
PEUPLE BANTU
Licence accordée à Eric Mpoyi cilumba@gmail.com - ip:165.225.12.90