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RPDS n° 

829

Numéro  829
Mai 2014
Revue Pratique de Droit Social
Pages 145 à 180

AU SOMMAIRE
 Mise en place
de la prévoyance
collective
en entreprise Numéro spécial
Page 149

 Les garanties
de la prévoyance 
collective La prévoyance
collective
en entreprise
Page 159

 Le maintien
de la couverture
santé-prévoyance
en entreprise
des anciens salariés
Page 173

 Régime social
et fiscal des
contributions à un
régime de prévoyance
Page 178

Prix : 7,50 e

ÉDITORIAL « Clauses de résignation »


Par Laurent Milet – PAGE 147
Sommaire

La prévoyance collective en entreprise


(Les numéros entre parenthèses renvoient aux pages)

147
Éditorial
D – Le contrat avec l’organisme assureur
(page 154)
a) Choix de l’organisme assureur
– Amélioration du maintien de la
couverture (« portabilité ») (page 159)
– Contentieux de la prévoyance collective :
b) Évaluation du risque par l’organisme quel tribunal saisir ? (page 159)
« Clauses de résignation » assureur Tableaux :

149
c) Durée du contrat – Critères permettant de déterminer
d) Ouverture des droits les catégories objectives (page 150)
e) Faire coïncider règlement – Caractère collectif du régime
Mise en place de prévoyance et contrat de prévoyance (présomptions de couverture) (page 151)
de la prévoyance collective 3. Contenu de la négociation
– Typologie des organismes assureurs
en entreprise A – Durée de vie, révision et dénonciation
(page 158)

161
1. Qu’est-ce qu’un régime de l’acte juridique (page 156)
de prévoyance en entreprise ? B – Les bénéficiaires (page 156)
C – Le mode de financement (page 157)
A – Que faut-il inclure dans la prévoyance
D – Organisme assureur (page 157)
Les garanties
en entreprise ? (page 149)
a) Gestion externe de la prévoyance collective
B – Un régime collectif à caractère
obligatoire ou collectif (page 150)
b) Des clauses de désignation en entreprise
aux clauses de recommandation
a) Régime de prévoyance collectif 1. Les types de garanties
E – Maintien des garanties incapacité,
b) Régime à caractère obligatoire
invalidité, décès en cas de changement
possibles
c) Régime à caractère facultatif A – Prévoyance au sens strict (page 162)
d’organisme assureur (page 158)
2. Modalités de mise en place F – Pension de réversion (page 158)
a) Le décès
b) L’incapacité temporaire de travail
du régime G – Clauses prohibées (page 158)
c) L’invalidité
A – Convention ou accord collectif (page 153) H – Responsabilité de l’employeur
d) Le remboursement des frais médicaux
B – Référendum (page 153) (page 159)
e) Les prestations complémentaires
C – Décision unilatérale de l’employeur Encadrés :
B – Prestations supplémentaires
(page 153) – Les textes applicables (page 152)
de retraite (page 164)
a) force obligatoire limitée – Rôle du Comité d’entreprise (page 154)
C – Suites d’états pathologiques
b) Refus d’adhésion du salarié – Information des salariés (page 155)
antérieurs (page 164)
a) De quoi s’agit-il ?
b) Régime de prévoyance entièrement
Principales abréviations utilisées dans la revue
créé
Jurisprudence permet de retrouver le texte intégral • Bull. : Bulletin des arrêts c) Successions d’assureurs
• Cass.soc. : Arrêt rendu par la de l’arrêt cité sur le site de la Cour de cassation. D – Exclusions interdites (page 165)
Cour de cassation, chambre sociale. [www.legifrance.fr], rubrique • RPDS : Revue pratique de droit
• Cass. crim. : Arrêt rendu par jurisprudence administrative. social 2. La modification des garanties
la Cour de cassation, chambre • Appel : Arrêt rendu par une cour • Dr.ouv. : Droit ouvrier.
A – Modification à l’initiative
criminelle. • Cass.civ. 2e : Arrêt d’appel. • Dr.soc. : Droit social.
rendu par la Cour de cassation, • CPH : Jugement rendu par un • RDT : Revue de droit du travail de l’employeur (page 165)
2e chambre civile. Le numéro de conseil de prud’hommes. • RJS : Revue de jurisprudence a) Parallélisme des formes
pourvoi qui suit cette référence vous • TGI : Jugement rendu par un sociale Francis Lefebvre. b) Exceptions au parallélisme des formes
permet de retrouver le texte intégral tribunal de grande instance. • SSL : Semaine sociale Lamy.
c) Conséquences pour le salarié
de l’arrêt cité sur le site • TI : Jugement rendu par un • LS : Liaisons sociales.
[www.legifrance.fr], rubrique tribunal d’instance. • D : Recueil Dalloz d) Information sur les réductions
jurisprudence judiciaire. • JCP : La semaine juridique et modifications de garanties
• Cons. Ét. : Arrêt rendu par le Publications et revues (éd. « G » pour Générale, e) Information du comité d’entreprise
Conseil d’État. Le numéro de • JO : Journal officiel (disponible sur « E » pour Entreprise
requête qui suit cette référence vous [www.legifrance.fr]). ou « S » pour Sociale).
B – Modification par l’assureur (page 167)
Suite du sommaire page 148

146 RPDS n° 829 | Mai 2014


éditorial

U
RPDS
Revue Pratique de Droit Social
« Clauses de résignation »
Revue mensuelle – 69e année
Une clause de désignation permet aux négociateurs d’un accord de branche relatif
263, rue de Paris, case 600, à la protection sociale complémentaire d’imposer aux entreprises comprises dans
93516 Montreuil Cedex son champ d’application le choix de l’organisme assureur (mutuelle, institution de
Directeur : Maurice Cohen (†), prévoyance, compagnie d’assurances) qui aura en charge la gestion des garanties.
docteur en droit, lauréat
de la faculté de droit
Cela est justifié par un objectif de mutualisation des risques, les négociateurs souhai-
et des sciences économiques tant répartir la charge de leurs coûts sur le plus grand nombre d’assujettis possible
de Paris. et assurer la couverture effective de l’ensemble des salariés des entreprises de la
Rédacteur en chef : branche concernée. Cette pratique a été validée par la loi (art. L. 912-1 du Code de
Laurent Milet, docteur
en droit, professeur associé
séc. soc.) et jugée conforme au droit communautaire (1). Cela déplaît au patronat des
à l’université de Paris XI. assurances privées qui voient dans ces clauses une atteinte à la libre concurrence au
Comité de rédaction : niveau de l’entreprise (2).
Tél. : 01 49 88 68 82 L’ANI du 11 janvier 2013 avait prévu que les entreprises auraient la liberté de choix
Fax : 01 49 88 68 67
Carmen Ahumada,
du ou des organismes assureurs. Mais la loi du 14 juin 2013 dite de sécurisation de
Mélanie Carles, l’emploi les avait réintroduites en concédant qu’elles pouvaient constituer une simple
Marie-Madeleine Legouhy recommandation. Le Conseil constitutionnel a néanmoins censuré ces dispositions
Aude Le Mire, Pierre Ménétrier, ainsi que celles de l’article L. 912-1 du Code de sécurité sociale au motif que la
Estelle Suire.
Secrétaire documentaliste :
pratique des désignations porterait à la liberté d’entreprendre et à la liberté contrac-
Patricia Bounnah. tuelle une atteinte disproportionnée au regard de l’objectif poursuivi de mutualisation
Rédacteur en chef technique : des risques  (3). Les branches professionnelles ne peuvent donc plus imposer aux
Olivier Lannuzel. entreprises de leur secteur un organisme assureur, ce qui signifie que le choix d’une
Maquette et mise en page : mutuelle, d’une institution de prévoyance (IP) ou d’une compagnie d’assurances se
Cécile Bondeelle.
Secrétariat de rédaction :
fera au niveau de l’entreprise. C’est un cadeau aux assurances à but lucratif qui sont
Sylviane Gauthier, très présentes dans les accords d’entreprise, mais peu dans les accords de branche,
Iulia Niculescu. où l’on trouve plutôt les IP grâce à la pression des syndicats.
Éditeur : Cette décision est critiquable. En renvoyant à l’entreprise la possibilité de désigner
SA « La Vie Ouvrière »,
263, rue de Paris,
l’organisme assureur, elle ne favorisera pas la négociation collective car l’employeur
case 600, aura intérêt à imposer l’organisme assureur de son choix par voie de décision unilaté-
93516 Montreuil Cedex. rale. C’est pourquoi certains juristes soulignent à juste titre que le Conseil constitution-
Directrice de la publication : nel s’est affranchi du principe de participation des travailleurs (4). Mais il a aussi porté
Agnès Naton.
atteinte au principe de solidarité car bien que ce dernier en matière de prévoyance
Prix au numéro :
7,50 € (N° double : 15 €). sociale ne soit qu’un objectif à atteindre, il servait au moins de justification, lorsque
Pour toute commande : les garanties mises en œuvre avaient une finalité sociale, à la licéité des clauses de
NSA La Vie Ouvrière, BP 88, désignation et à la mise à l’écart du droit de la concurrence (5).
27190 Conches-en-Ouche.
Envoi après réception
Quant au législateur, il a réécrit l’article L. 912-1 en autorisant des clauses de recom­
du règlement, mandation en faveur de un ou plusieurs organismes, ce qui risque de faire l’effet
Tél. : 01 49 88 68 50 d’un pansement sur une jambe de bois. Car en l’absence de mutualisation, la pré-
Pour s’abonner uniquement :
sence de différents organismes opérant sur une même branche
NVO, Service abonnements,
263 rue de Paris, case 600 augmentera les coûts et rendra plus inégalitaire la couverture
93516 Montreuil Cedex. complémentaire. Sans parler des inégalités entre les grandes
Tarif : 79 € par an entreprises et les PME et du suivi plus difficile des accords par
(Étranger : 101 €).
les organisations syndicales. Le droit des marchés tend ainsi à
Copyright :
Reproduction totale ou partielle s’imposer un peu plus sur le droit social en soumettant ce der-
Bapoushoo

soumise à autorisation. nier à des « clauses de résignation ».


Imprimé par : Laurent Milet
RIVET Presse Édition
87000 Limoges
Commission paritaire : (1) CJUE 3 mars 2011, aff. C-437/09, AG2R prévoyance.
N° 1114K79277
(2) Voir l’avis n° 13-A-11 du 29 mars 2013 de l’Autorité de la concurrence.
ISSN : 0399-1148
(3) Cons. const. 13 juin 2013, n° 2013-672. Cette décision ne s’applique que pour l’avenir.
(4) Voir X. Prétot, RJS 11/13, Chron. p. 643.
(5) Voir J.-P. Chauchard, Dr. ouv. 2013. 626.

RPDS n° 829 | Mai 2014 147


SOMMAIRE
3. Maintien des garanties Encadrés : C – L’ANI du 11 janvier 2008 (page 174)
– Prestations minimales de frais de a) Les conditions
en cas de résiliation du contrat
santé obligatoires à compter de 2016 b) La durée
de prévoyance (page 163) c) Les prestations visées par le maintien
A – Les cas de résiliation (page 168) – Information spécifique en matière des droits
B – Maintien de certaines garanties de retraite (page 167) d) Financement
(page 168) – Maintien des garanties en cas D – Le dispositif de portabilité prévu par
a) Maintien individuel dans l’assurance de changement d’organisme assureur l’article L. 911-8 du Code de la sécurité
b) Salariés malades ou invalides (page 169) sociale (page 176)
c) Maintien des prestations en cours – Retraite et transfert d’épargne
d) Revalorisation des rentes (page 169) 2. Date d’application
– Avantage individuel acquis : A – Date d’application des deux dispositifs
4. Maintien des garanties en cas quelles prestations ? (page 170) de maintien des garanties (page 176)
de restructuration d’entreprise – Garanties en cas de redressement B – Dispositif de l’article 4 de la loi du
ou de liquidation judiciaire (page 171) 31 décembre 1989 en relais du dispositif
A – Engagement de l’employeur
– Rapport annuel sur les comptes de maintien des droits (page 176)
(page 170)
a) Convention ou accord d’entreprise du contrat (page 172) Encadré :
b) Référendum Tableau : – À quelle date apprécier le droit au
c) Décision unilatérale – Substitution d’un support de couverture maintien de la garantie ? (page 175)
d) Avantage incorporé au contrat par un autre (page 166) Tableau :
de travail – Maintien des garanties après la rupture
B – Relations entreprise/assureur
(page 171) 173 du contrat de travail (page 177)

5. Suppression du régime
de prévoyance par l’employeur
Le maintien de la couverture
santé-prévoyance 178
Fiche pratique
des anciens salariés
A – Procédure (page 172)
1. Les différents dispositifs Régime social et fiscal
a) Formalisme
b) Information A – Que faut-il entendre par dispositif
des contributions à un
B – Obligation vis-à-vis de l’assureur (page 172) de maintien des garanties ? (page 173) régime de prévoyance
C – Effets de la dénonciation sur les droits B – Le dispositif de l’article 4 de la loi Régime social – Régime fiscal
des salariés (page 172) du 31/12/1989 (page 174) (pages 178-179)

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148 RPDS n° 829 | Mai 2014


Cl. fasc. 45. Annule et remplace RPDS 2007,
n° 742, p. 45 à 51. Dossier Protection sociale complémentaire
Mise en place de
la prévoyance collective
en entreprise
Par Olivia Dôme

La prévoyance collective en entreprise permet en principe


de garantir collectivement les salariés contre certains
¨Sachez-le
¨ vite risques insuffisamment pris en charge par les régimes
Les garanties offertes par un régime de
prévoyance de branche ou d’entreprise qui obligatoires de protection sociale à l’occasion d’une
va compléter les prestations servies par les maladie, de la maternité, d’une invalidité, d’un décès, de
régimes obligatoires de Sécurité sociale re­ la retraite ou du chômage. Elle est aussi un instrument de
vêtent un caractère collectif. Il peut être obli­
gestion des ressources humaines. La prévoyance sociale
gatoire ou facultatif.
La mise en place d’une prévoyance complé­ collective est en effet utilisée par certains employeurs
mentaire en entreprise peut résulter d’une comme un substitut à des augmentations de salaires. Elle
convention ou d’un accord collectif, d’un peut être aussi un instrument de fidélisation, d’attraction
référendum ou d’une décision unilatérale de
de certaines catégories de salariés.
l’employeur. Chacun présente avantages et
inconvénients. La concurrence entre les différentes institutions interve-
Il convient d’abord de définir les contours nant dans le domaine de la protection sociale complémen-
du régime (salariés bénéficiaires, mode de taire (mutuelles, institutions de prévoyance, compagnies
financement,  etc.), sachant qu’en 2016 au
d’assurance) a été légitimée par la loi du 31 décembre 1989
plus tard, tous les salariés devront bénéficier
d’un socle minimal de prestations de santé, en leur accordant le même champ d’intervention.
conformément à la loi de sécurisation de Les représentants des salariés doivent dans le contenu des
l’emploi du 14 juin 2013. éventuelles négociations avec le chef d’entreprise veiller
Enfin, l’employeur doit conclure un contrat
particulièrement à la construction de véritables garanties
avec un organisme assureur (mutuelle, ins­
titution de prévoyance, compagnie d’assu­ collectives en matière de complémentarité des prestations
rances) et s’assurer de la cohérence entre servies par les régimes obligatoires de Sécurité sociale.
l’instrument juridique et le contrat d’assu­
rance, car sa responsabilité pourrait être en­

1
gagée si les garanties prévues n’étaient pas,
en pratique, assurées.
Le comité d’entreprise est obligatoirement Qu’est-ce qu’un régime
de prévoyance en entreprise ?
informé et consulté lors de la mise en place
d’un régime de prévoyance que celui-ci soit
obligatoire ou facultatif pour les salariés.

A – Que faut-il inclure obligatoire (Arrco et, le cas échéant,


dans la prévoyance sociale ? Agirc pour les cadres) ;
— de la loi de mensualisation (maintien
La prévoyance sociale d’entreprise, partiel du salaire en cas d’arrêt de travail
au sens où nous l’entendons, s’entend causé par une maladie ou un accident) ;
d’une couverture sociale au-delà de ce — de la prévoyance des cadres qui
qui est obligatoire en vertu : impose une assurance décès via une
— de la Sécurité sociale, de l’assurance cotisation obligatoire de 1,50 % sur la
chômage, de la retraite complémentaire tranche A du salaire des cadres.

RPDS n° 829 | Mai 2014 149


Dossier
Comme, à partir du 1er janvier 2016, par le décret du 9 janvier 2012 (2) (co- sa branche professionnelle. Le droit
tout salarié doit bénéficier d’une cou- difié à l’article R. 242-1-1 du Code de commun de la négociation collective
verture « frais de santé » minimale en la sécurité sociale), puis commentée s’applique alors, ce qui emporte les
vertu de la loi de sécurisation de l’em- par l’administration (3). conséquences suivantes :
ploi du 14  juin 2013, la prévoyance Le texte détermine cinq critères — si la convention en question a fait
d’entreprise comprend désormais pour définir les catégories objectives l’objet d’un arrêté d’extension, la mise
ce socle minimal  (1). Les entreprises (voir tableau ci-dessous). Ces caté- en œuvre de la prévoyance est obliga-
peuvent, bien sûr, couvrir leurs sala- gories doivent permettre de couvrir toire ;
riés au-delà de ce socle (voir encadré, tous les salariés que leur activité pro- — si la convention n’a pas fait l’objet
page 163). fessionnelle place dans une situation d’un arrêté d’extension, elle s’applique
identique au regard des garanties aux entreprises adhérentes à l’un des
concernées. En fonction des critères et syndicats patronaux signataires de l’ac-
B – Un régime collectif des prestations visées par la couver- cord, sous réserve que l’activité princi-
à caractère obligatoire ture, le caractère collectif du régime pale de l’entreprise entre bien dans le
ou facultatif est ou non présumé. S’il n’est pas champ d’application du texte.
Les garanties offertes par un ré- présumé, l’employeur doit justifier du Dans les entreprises où sont
gime de prévoyance en entreprise re- caractère objectif des catégories insti- constituées une ou plusieurs sections
vêtent un caractère collectif. Il peut tuées (voir tableau page 151). syndicales, il existe d’ailleurs une obli-
être obligatoire ou facultatif. Les entreprises qui, au 1er  janvier gation annuelle de négocier, portant
2012, disposaient déjà d’un régime notamment sur la prévoyance mala-
a) Régime de prévoyance collectif doivent, le cas échéant, pour die complémentaire santé lorsque les
collectif bénéficier du régime social et fiscal de salariés ne sont pas couverts par un
1. Viser une catégorie objective faveur, se mettre en conformité avec accord de branche ou un accord d’en-
de salariés les exigences de la réglementation d’ici treprise (5).
Un régime de prévoyance en en- au 30 juin 2014 (4). Par ailleurs, la loi de sécurisation
treprise revêt un caractère collectif de l’emploi du 14 juin 2013 impose aux
dans la mesure où il a vocation à s’ap- 2. Application du droit conventionnel entreprises de faire bénéficier leurs sa-
pliquer à l’ensemble du personnel. Ce Une entreprise peut d’ailleurs lariés d’une couverture de frais de santé
caractère collectif est aussi reconnu à être tenue de mettre en place une minimale en 2016.
un régime qui s’applique seulement à couverture complémentaire au titre Pour ce faire, les entreprises qui
une partie du personnel, dans la me- de la prévoyance du fait de l’appli- étaient liées par une convention de
sure où celui représente une « catégo- cation d’une convention collective de branche ou un accord professionnel
rie objective ». Cette notion – exigée ont dû engager une négociation pour
pour l’obtention du régime social de (2) Décret n° 2012-25 du 9 janv. 2012, se mettre en conformité avec cette
faveur du financement de la couver- JO du 11. obligation de mise en place d’un « socle
ture complémentaire – a été précisée (3) Circ. DSS/5D5B/2013/344 du 25 sept. minimal » avant le 1er  juin 2013. Les
2013 ; lettre-circ. Acoss 2014-2 du 4 fév. autres, si elles sont dotées d’au moins
(1) Art. L. 911-7 du Code de la séc. soc. 2014. un délégué syndical, doivent engager
créé par la loi n° 2013-504 du 14 juin (4) Circ. DSS/5D5B/2013/344 du 25 sept.
2013, JO du 16. 2013. (5) Article L. 2242-11 du Code du travail.

Critères permettant de déterminer les catégories objectives


(article R. 242-1-1 du Code de la sécurité sociale)
Critère 1 Appartenance aux catégories de cadres et de non-cadres, par référence aux définitions des régimes de retraite complémentaire Agirc.

Critère 2 Tranches de rémunération retenues par l’accord Arrco du 8 décembre 1961 et la convention Agirc du 14 mars 1947 pour le calcul des cotisa-
tions de retraite complémentaire Arrco et Agirc.
Critère 3 Catégories et classifications professionnelles définies par les conventions de branche ou les accords professionnels ou interprofessionnels.

Critère 4 Niveau de responsabilité, type de fonctions ou degré d’autonomie dans le travail des salariés correspondant aux sous-catégories fixées par les
conventions de branche, ou les accords professionnels ou interprofessionnels.

Critère 5 Catégories définies clairement et de manière non restrictive à partir des usages constants, généraux et fixes en vigueur dans la profession

En plus des cinq critères autorisés par le Code de la sécurité sociale, l’administration admet comme valides d’autres catégo-
ries, à condition que l’employeur justifie de leur caractère objectif, notamment, les VRP, les salariés détachés à l’étranger et
les travailleurs à domicile (sous certaines conditions) (Circ. DSS/5D5B/2013/344 du 25 sept. 2013).

150 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
Caractère collectif du régime (présomptions de couverture) *
Prestations Critère 1 Critère 2 Critère 3 Critère 4 Critère 5
concernées (catégories (tranches de (catégories des (sous-catégories (catégories issues
cadres/ rémunération conventions collectives) des conventions d’usage dans la
non-cadres) Agirc/Arrco) collectives) profession)

Retraite Présomption de couverture de l’ensemble des salariés placés dans Pas de présomption
une situation identique (1). • L’employeur doit être en mesure de justifier que
la ou les catégories retenues permettent de couvrir
Risque incapacité de Présomption de couverture de l’en­ Présomption de couverture tous les salariés que l’activité professionnelle place
travail (1) sem­ble des salariés placés dans une de l’ensemble des salariés dans une situation identique au regard des presta­
Risque invalidité situation identique. placés dans une situation tions concernées.
Risque inaptitude identique, à condition que
Risque décès (3) l’ensemble des salariés soit
couvert (2).

Prestations Présomption de couverture de l’en­ Pas de présomption


« frais de santé » semble des salariés placés dans une • L’employeur doit être en mesure de justifier que la ou les catégories retenues
situation identique, à condition que l’en­ permettent de couvrir tous les salariés que l’activité professionnelle place dans une
semble des salariés soit couvert (2). situation identique au regard des prestations concernées.

* Source : circ. DSS/SD5B/2013/344 du 25 septembre 2013, fiche 5.


(1) L’article R. 242-1-2 du Code de la sécurité sociale doit faire l’objet d’un toilettage pour préciser que les garanties destinées à
couvrir « la perte de revenus en cas de maladie » relèvent bien de l’« incapacité » au sens du 3e de l’article (et non du 4e).
(2) La constitution d’une catégorie de salariés par l’utilisation des critères 1 et 2 ne peut être retenue pour la maladie que si
l’ensemble des salariés est couvert à titre obligatoire (sous réserve des cas de dispense) par ce type de garantie. L’ensemble
des salariés doit être couvert au titre du même risque, mais peut l’être par le biais de garanties de niveau différent selon la
catégorie d’appartenance. Il en est de même lorsque le critère 3 est utilisé pour des garanties incapacité, invalidité, inaptitude
ou décès.
(3) La constitution d’une catégorie de salariés par l’utilisation des critères 1, 2 ou 3 ne peut être retenue pour la garantie décès
que si ce risque est associé à au moins un des trois risques suivants : incapacité, invalidité ou inaptitude. Cette dernière condi-
tion ne s’applique pas pour l’assurance décès obligatoire des cadres (prévue par l’article 7 de la convention Agirc) qui prévoit
l’obligation pour l’employeur de verser pour les cadres une contribution de 1,50 % affectée par priorité au risque décès.

une négociation à partir du 1er juillet par une convention de branche, qui ne Le Code de la sécurité sociale (8)
2014 et jusqu’au 1er  janvier 2016  (6). décide pas unilatéralement d’en appli- prévoit des facultés de dispense d’ad-
Cette négociation doit se dérouler quer une, mais qui souhaite mettre en hésion, au choix du salarié, qui ne
dans les conditions de la négociation place une couverture de prévoyance remettent pas en cause le caractère
annuelle obligatoire. et décider des éléments qui la com- obligatoire du régime. Ces dispenses
C’est seulement dans le cas où la posent, en tenant compte toutefois de doivent être prévues par l’acte juri-
négociation dans l’entreprise n’abou- l’obligation de couvrir au minimum dique qui régit les garanties (qu’il soit
tit pas que la couverture minimale, en les frais de santé en 2016. initial ou modificatif). Toutefois, le
2016, peut être mise en place par dé- premier cas de dispense prévu pour
cision unilatérale de l’employeur, sous b) Régime à caractère les salariés embauchés avant la mise
certaines conditions (7) (voir p. 153). obligatoire en place d’un régime mis en place
Dans les développements qui sui- Un régime à caractère collectif et par décision unilatérale est de droit
vent, nous nous intéressons au cas obligatoire s’applique à un ensemble et s’applique même en l’absence de
d’une entreprise qui n’est pas tenue déterminé du personnel, lequel est tenu stipulation expresse. Il s’agit de celui
d’y adhérer. visé par l’article 11 de la loi Évin dans
(6) Le Medef a officiellement demandé Ce régime collectif obligatoire l’hypothèse où le dispositif n’est pas fi-
au gouvernement le report de six peut concerner une catégorie objective nancé intégralement par l’employeur.
mois des négociations en vue de la de personnel et pas nécessairement D’une manière générale, les dispenses
généralisation de la complémentaire l’ensemble du personnel sous cer- d’adhésion doivent relever du libre
santé. taines conditions (par exemple, le ré- choix du salarié, ce qui implique que
(7) Art. 1er de la loi n° 2013-504 gime peut s’appliquer seulement aux
du 14 juin 2013, JO du 16. cadres, voir supra). (8) Art. R. 242-1-6 du Code de la séc. soc.

RPDS n° 829 | Mai 2014 151


Dossier
¨ textes applicables
¨Les
La prévoyance d’entreprise est au confluent de plusieurs matières (droit 30 janvier 2009. Cette dernière a été actualisée par la circulaire DSS/
du travail, droit de la protection sociale, droit fiscal…). La loi spécifique SD5B/2013/344 du 25  septembre 2013 qui a fait le point sur les
à la prévoyance d’entreprise est la loi dite « loi Évin » n° 89-1009 du « catégories objectives » de salariés susceptibles d’être couverts par
31  décembre 1989 (JO du 2  janv.). Cette dernière a été modifiée, le régime. Dans sa lignée, l’Acoss a apporté des précisions avec 31
notamment, par la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 (JO du questions/réponses de la DSS et des Urssaf (lettre-circ. Acoss 2014-2
16) qui réglemente le socle minimal de prestations « frais de santé » que du 4 février 2014).
toute entreprise doit couvrir obligatoirement en 2016. Il faut également se reporter au Code du travail, essentiellement
En outre, il faut se référer au Code de la sécurité sociale qui régit pour les règles du droit de la négociation collective en matière de
certaines grandes règles en la matière. En particulier, c’est lui qui prévoyance. Mais ce n’est pas tout : comptent également les codes
régit les règles d’exonération des cotisations patronales destinées au des assurances et de la mutualité, pour leurs dispositions applicables
financement de la couverture, lorsqu’elle est à caractère obligatoire aux sociétés d’assurances et aux mutuelles. Et il faut aussi tenir
et collectif. Sur ce point, l’administration a précisé ce caractère compte des textes communautaires, en particulier des directives, pour
dans une circulaire de référence : la circulaire DSS/5B/2009/32 du les règles prudentielles qu’elles imposent aux organismes assureurs.

chaque dispense résulte d’une de- — les salariés à temps partiel et les ap- c) Régime à caractère
mande explicite du salarié. prentis dont l’adhésion au système de facultatif
Selon l’Acoss, l’article R. 242-1-6 garanties les conduirait à s’acquitter
du Code de la sécurité sociale défi- d’une cotisation au moins égale à 10 % En dehors du socle minimal des
nit un cadre maximal des dispenses de leur rémunération brute. prestations « frais de santé » qu’elle
possibles. Leur mise en œuvre reste L’administration a précisé que, bien doit obligatoirement proposer en 2016
subordonnée à la volonté, selon la que l’article R. 242-1-6 du Code de la sé- (voir page 163), l’entreprise peut sou-
nature de l’acte instituant le régime, curité sociale ne prévoie pas ce cas de haiter appliquer un régime collectif de
de l’employeur (décision unilatérale) dispense en cas de mise en place par prévoyance mais sans le rendre obli-
ou des partenaires sociaux. Ainsi, un décision unilatérale de l’employeur, ce gatoire. C’est le cas, par exemple, si
régime peut ne prévoir aucune faculté cas devrait être prévu à l’occasion de la l’employeur démarche des organismes
de dispense. Il peut aussi en décider parution du décret d’application de la assureurs (mutuelle, institution de
certaines avec des modalités d’appli- loi du 14  juin 2013 de sécurisation de prévoyance, compagnie d’assurance) –
cation plus restrictives que celles que l’emploi (10). qui vont proposer une garantie – mais
le Code de la sécurité sociale auto- Pour finir, un dernier cas de dis- qu’il n’entend pas imposer à ses sala-
rise (9). pense est prévu au profit : riés. Dans ce cas, la couverture propo-
Outre la dispense « loi Évin » pré- — des salariés bénéficiaires de la cou- sée est un régime collectif à adhésion
vue pour les salariés embauchés verture universelle complémentaire facultative. C’est le cas aussi si l’em-
avant la mise en place d’un dispositif (CMU-C) ou d’une aide à l’acquisition ployeur a tenté, sans succès, de rendre
par décision unilatérale, il est prévu d’une complémentaire santé (ACS) et obligatoire le régime par voie de négo-
une dispense pour les salariés en des salariés couverts par une assurance ciation collective ou de référendum
CDD ou à temps partiel et les appren- individuelle frais de santé au moment (voir ci-dessous).
tis, dont l’exclusion est prévue par de la mise en place des garanties ou de Les régimes de prévoyance col-
l’acte lorsque celui-ci est mis en place l’embauche si elle est postérieure. Dans lective à adhésion facultative ne pré-
par convention, par accord collectif ou ce cas, la dispense ne peut jouer que sentent pas les mêmes garanties que
par référendum. jusqu’à l’échéance du contrat individuel ; les régimes à adhésion obligatoire
Ce deuxième cas de dispense peut — des salariés qui bénéficient, par qui seuls constituent des garan-
prévoir, quelle que soit la date d’em- ailleurs, y compris en tant qu’ayant ties collectives. En effet, un régime
bauche, une dispense pour : droit, d’une couverture collective re- facultatif peut ne concerner qu’un
— les salariés en CDD et les apprentis levant d’un dispositif de prévoyance nombre tout à fait limité de sala-
avec l’obligation spécifique pour ceux complémentaire conforme à un de ceux riés et conduit à exclure de garan-
titulaires d’un CDD d’au moins douze fixés par arrêté du ministre chargé de ties collectives prévoyance tous les
mois de justifier par écrit qu’ils sont la Sécurité sociale, et à condition de le autres salariés et notamment ceux
déjà couverts à titre individuel pour les justifier chaque année (11). qui sont le plus dans le besoin (sa-
mêmes garanties en produisant tous lariés isolés, jeunes, familles mono-
documents utiles ; (10) Circ. DSS/SD5B/2013/344 du 25 sept. parentales, etc.). Si la couverture est
2013, fiche 6. à caractère facultatif, l’employeur ne
(9) Lettre-circ. Acoss 2014-2 du 4 fév. (11) Art. R. 242-1-6, 3° du Code de la peut pas bénéficier du régime social
2014, Q/R 23. sécurité sociale. et fiscal de faveur.

152 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
2 Modalités de mise en place du régime
La mise en place d’un régime col- de faveur pour le financement de la être précis et détaillé (le cas échéant,
lectif de prévoyance complémentaire couverture. C’est pourquoi il n’est accompagné d’une notice).
peut résulter de la conclusion d’une pas, en pratique, fait usage de ce type L’accord ratifié par référendum pro-
convention ou d’un accord collectif, d’accord. duit les mêmes effets que l’accord ou la
d’un accord ratifié à la majorité des Au-delà de ces dispositions com- convention collective (20). Le régime de-
salariés (référendum) ou de la décision munes à la négociation collective, la vient obligatoire pour tous les salariés
unilatérale de l’employeur. Elle sup- convention doit contenir le projet de de l’entreprise ou de la catégorie profes-
pose aussi la souscription d’un contrat contrat avec l’organisme assureur : sionnelle désignée par l’accord.
auprès d’un orga­nisme assureur (so- nature des garanties, financement, La jurisprudence a toutefois précisé
ciété d’assurances, mutuelle, institu- modes d’attribution de celles-ci. Les sa- qu’un accord ratifié suite à référendum
tion de prévoyance) qui sera chargé de lariés doivent d’ailleurs être tenus au peut être dénoncé unilatéralement, à
verser les prestations convenues dans courant des conséquences (en particu- condition de respecter les droits acquis.
l’acte fondateur de la couverture pré- lier financières) de la mise en place de
voyance. D’où la nécessité de faire coïn- la convention. En effet, l’employeur qui
cider l’acte juridique de mise en place n’informe pas les salariés (notamment C – Décision unilatérale
de la couverture avec le contrat conclu en affichant sur les lieux du travail, de l’employeur
avec l’organisme assureur. l’avis indiquant qu’il tient à la dispo- Souvent usitée par les petites et
sition du personnel un exemplaire de moyennes entreprises, la décision
la convention collective) de l’existence unilatérale de l’employeur doit être
A – Convention de la convention ne les met pas en me- consignée par un écrit remis à chaque
ou accord collectif sure de connaître l’étendue de leurs salarié (21). Le document précise les rap-
La prévoyance peut être mise en obligations au regard de la convention ports juridiques entre l’employeur et le
place au sein d’une convention collec- collective et ne peut en conséquence salarié. L’acte matérialisant la décision
tive préexistante ou par conclusion leur reprocher le non-respect du texte unilatérale de l’employeur est destiné à
d’un accord au sein de l’entreprise. conventionnel (17). préciser :
Dans tous les cas, la négociation obéit Le recours à l’accord collectif présente — le contour des garanties et leurs mo-
au droit commun de la négociation l’avantage de rendre obligatoire l’accord dalités de mise en œuvre ;
collective (12). pour les salariés liés par un contrat de — le taux et la répartition éventuelle
La signature d’un accord d’entre- travail, sans leur demander leur assenti- des cotisations entre l’employeur et le
prise ne peut intervenir qu’après la ment. Il en résulte pour les bénéficiaires salarié ;
consultation du Comité d’entreprise (13). de véritables garanties collectives. — la durée de l’engagement ;
L’accord doit être déposé auprès — les modalités de sa remise en cause
de la Direccte (direction régionale des ou de sa dénonciation.
entreprises, de la concurrence, de la B – Référendum Soulignons que dans l’hypothèse
consommation, du travail et de l’em- L’employeur peut prendre l’ini- où aucune négociation dans l’entre-
ploi) (14). tiative d’un référendum pour mettre prise n’a pu aboutir avant 2016 sur
Depuis la loi du 4  mai 2004, il est en place une prévoyance complémen- le socle minimal de couverture « frais
possible de négocier un accord de pré- taire. Le protocole d’accord prévoyant de santé » qui s’imposera dans l’entre-
voyance au niveau du groupe (15). le recours au référendum définit les prise, cette dernière pourra mettre en
En théorie, les entreprises pour- conditions d’information des salariés place celui-ci par décision unilatérale
raient conclure un accord d’intérêt sur l’organisation du vote (18). Le pro- (voir aussi page 163).
local (16), mais elles ne pourraient pas jet proposé aux salariés doit être ap-
bénéficier du régime social et fiscal prouvé à la majorité. La majorité du a) Force obligatoire limitée
personnel doit s’entendre de la majo- La mise en place d’un régime de
(12) Sur la négociation collective, voir rité des électeurs inscrits au scrutin et prévoyance par décision unilatérale
A. Le Mire, RPDS 2009, n° 768 et n° 769. non des seuls votants (19). Le projet doit de l’employeur n’a pas la même force
(13) Art. L. 2323-27 et R. 2323-1 du Code obligatoire que l’accord collectif ou
du travail. (17) Cass. soc. 15 avril 1992, n° 89-40451, le référendum. En effet, la décision
(14) Art. L. 2231-6 et D. 2231-4 du Code bull. n° 276.
du travail. (18) Loi n° 94-678 du 8 août 1994, JO du (20) Cass. soc. 26 septembre 2002, n° 01-
(15) Loi n° 2004-391 du 4 mai 2004, 10 ; art. L. 911-5 du Code de la séc. soc. 00550.
JO du 5, voir RPDS précitée. (19) Cass. soc. 15 nov. 2011, n° 10-20891, (21) Art. L. 911-1 du Code de la sécurité
(16) Art. L. 2234-2 du Code du travail. bull. n° 262. sociale.

RPDS n° 829 | Mai 2014 153


Dossier
unilatérale ne s’impose qu’aux futurs rale (26). Ce qui semble laisser entendre
recrutés (22). que c’est au salarié de manifester de son
¨ du comité
¨Rôle L’employeur ne peut pas en principe refus de cotiser. Il est possible aussi que
d’entreprise imposer aux salariés déjà présents dans l’accord prévoit les modalités de mani-
Le comité d’entreprise (CE) est obligatoire- l’entreprise le prélèvement d’une cotisa- festation du refus ou de l’accord du sa-
ment informé et consulté sur le statut collectif tion afférente au nouveau régime. Cela larié dans le règlement de prévoyance.
du salarié, dont la prévoyance d’entreprise ne peut se faire qu’avec le consentement L’employeur qui prend acte de ce refus
fait partie (1). Avant toute mise en place d’une du salarié (23) ou bien dans l’hypothèse peut renoncer à son projet (le refus d’un
garantie collective, il est consulté  (2) et ce, où le régime est intégralement financé salarié d’adhérer au régime lui fait
quelle que soit la modalité de mise en place par l’employeur (voir aussi page 151). perdre son caractère collectif). Mais il
(décision unilatérale, convention ou accord Le fait que plusieurs salariés em- peut aussi souhaiter passer outre le
collectif, référendum). La Cour de cassation bauchés avant la mise en place du ré- refus du salarié. La loi est muette sur
a rappelé que l’employeur qui ne consulte gime refusent d’adhérer à celui-ci ne re- la question et la jurisprudence ne s’est
pas le comité d’entreprise avant de négocier met pas en cause son caractère collectif pas, à notre connaissance, prononcée
et signer un accord collectif sur un régime de et obligatoire. Il en résulte que les sala- sur ce point. Toutefois, il semble admis
remboursement complémentaire de frais de riés ayant décidé d’adhérer au nouveau que le précompte salarial, entraînant
santé commet le délit d’entrave (3). régime peuvent bénéficier des avan- une baisse de  rémunération, soit assi-
L’employeur doit lui remettre des informations tages sociaux et fiscaux (voir p. 178). milé à une modification du contrat de
précises et écrites pour qu’il puisse se pro- En outre, et à l’instar d’ailleurs de travail. Dans ce cas, le salarié peut refu-
noncer sur le projet en question, disposer d’un l’accord ratifié par référendum – qui ser une telle modification. L’employeur
délai suffisant pour l’examiner et obtenir des produit les mêmes effets que l’accord peut alors revenir sur sa décision ou, à
réponses motivées aux éventuelles questions ou la convention collective –, la décision défaut, il doit engager la procédure de
que se posent ses membres. Bien entendu, unilatérale peut être remplacée, par la licenciement (27).
l’employeur doit renseigner le Comité sur l’en- suite, par un accord collectif (24).
semble des questions à aborder : les garanties À noter que l’engagement unilaté-
et l’organisme assureur envisagés, la durée du ral ne peut être rétracté qu’après in- D – Le contrat
contrat de prévoyance, le financement… formation des instances du personnel avec l’organisme assureur
Le CE peut aussi proposer des améliorations et des salariés dans un délai suffisant La souscription d’un contrat auprès
pour les salariés, et examiner celles que lui pour permettre d’éventuelles négocia- d’un organisme assureur (société d’as-
soumet l’employeur. Il lui est loisible de re- tions (25). surances, mutuelle, institution de pré-
courir à un expert. Sur les règles de révision, voir aussi voyance) qui sera chargé de verser les
Par ailleurs, le comité d’entreprise peut se faire tableau page 166. prestations convenues dans l’acte met-
communiquer tous les ans le rapport sur les tant en place la couverture prévoyance
comptes annuels de la convention ou du contrat b) Refus d’adhésion du salarié constitue un élément déterminant. Ce
de protection sociale (voir encadré p. 172) et, le Comme indiqué ci-dessus, la loi au- contrat doit donc coïncider avec les en-
cas échéant, demander à l’organisme assureur torise un salarié présent dans l’entre- gagements de l’employeur, lequel en
qu’il les présente et les explique (4). prise à la date d’entrée en vigueur de sera responsable juridiquement. Ce fut
Enfin, le Comité doit être informé par l’em- la décision unilatérale de l’employeur à par exemple le cas pour un employeur
ployeur, trimestriellement, des éventuels refuser le précompte salarial destiné au qui a dû verser une rente complémen-
retards dans le paiement des cotisations ou financement d’un régime de prévoyance taire à un salarié au-delà de ses 60 ans,
primes aux assureurs (5). mis en place par décision unilaté- alors que le contrat liant l’entreprise et
l’assureur écartait le versement d’une
(1) Art. L. 2323-27 et R. 2323-1 du Code (22) Cass. soc. 25 mars 1997, sté telle rente aux salariés ayant dépassé
du travail. Bonduelle, n° 95-42989. L’inobservation 60 ans (28).
(2) Art. L. 911-1 du Code de la séc. soc. par l’employeur des règles relatives à
(3) Cass. crim. 28 nov. 2006, l’information des salariés, lors de leur (26) Loi n° 89-1009 du 31 déc. 1989,
MG Transports, n° 06-82314. Sur embauche, prévues par l’article 12 de art. 11, JO du 2 janv.
l’obligation de consulter le comité la loi du 31 déc. 1989 en ce qui concerne (27) Sur la modification du contrat de
d’entreprise avant une négociation notamment les garanties, ne leur ouvre travail, voir F. Signoretto, RPDS 2010,
collective, voir aussi la jurisprudence pas le droit de refuser leur adhésion à n° 783, p. 239. Il n’est pas certain que le
citée dans M. Cohen et L. Milet, un régime de prévoyance obligatoire, ni caractère solidaire du régime collectif
Le droit des CE et des comités de de demander leur radiation (Cass. soc. de prévoyance suffise à constituer une
groupe, 10e éd., LGDJ 2013, p. 593. 19 oct. 2005, association Apave Nord- cause réelle et sérieuse de licenciement,
(4) Art. L. 2323-1 et L. 2323-13 du Code Ouest, n° 03-47219, bull. n° 291). laquelle ne réside pas dans le refus
du travail. (23) Art. 11 de la loi du 31 déc. 1989. du salarié mais dans le motif ayant
(5) Art. L. 2323-46 et L. 2323-50 du (24) Art. L. 911-5 du Code de la Séc. soc. conduit l’employeur à envisager la
Code du travail. (25) Cass. soc. 1er juin 1999, Bartoli, modification du contrat.
n° 96-44500, bull. n° 251. (28) Cass. soc. 18 sept. 2013, n° 12-15161.

154 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
La responsabilité de l’employeur a au moment de la mise en place du c) Durée du contrat
également été mise en cause car il n’avait régime, à soumettre le groupe à un Un « contrat de prévoyance » est,
pas conclu un tel contrat de prévoyance, questionnaire médical ou à des visites en pratique, conclu pour un an, taci-
alors que la convention collective natio- médicales afin de prendre sa décision tement renouvelable (32). Il peut être
nale dont il relevait le lui imposait (29). en connaissance de cause. Il peut éga- dénoncé par l’entreprise ou l’assureur,
Les engagements de l’employeur lement poser des questions écrites aux le délai de dénonciation est de deux
doivent être les plus précis et le plus participants, sans pouvoir se prévaloir mois avant la date anniversaire de son
complet possible. Là encore, une couver- du fait qu’une question exprimée en entrée en vigueur. Sur le maintien des
ture à caractère obligatoire présente da- des termes généraux n’a reçu qu’une garanties des salariés en cas de résilia-
vantage de garanties dans la mesure où question imprécise (31). tion du contrat, voir p. 168.
l’organisme assureur a peu de marges Par la suite, en cours d’exécution En cas de modifications, elles
de manœuvre s’agissant de la sélection du contrat, l’organisme doit être tenu doivent être finalisées avant la date
des personnes à risque. informé des circonstances qui vien- limite du contrat (deux mois avant
En tout état de cause, l’organisme draient alourdir significativement le l’échéance) pour prendre effet à la date
assureur doit fournir une fiche d’infor- risque ou de l’augmentation du nombre convenue entre les signataires.
mation sur le prix et les garanties avant de salariés bénéficiaires.
la conclusion du contrat (30). (32) Article L. 221-9 du Code de
(31) Art. L. 112-3 du Code des la mutualité, articles L. 932-11 et
a) Choix de l’organisme assureur assurances, L. 932-5 et L. 932-19 du Code L. 932-12 du Code de la sécurité
Le choix de l’organisme assureur de la séc. soc. et L. 221-13 du Code de la sociale ; article L. 113-12 du Code des
n’est pas neutre. En effet, c’est lui qui mutualité. assurances.
va gérer le contenu de l’accord. Trois
types d’organismes relevant de législa-
tions différentes mettent en œuvre des
couvertures sociales complémentaires
aux régimes obligatoires de sécurité ¨Information
¨ des salariés
sociale : les mutuelles relevant du Code Lors de la mise en place de la couverture complémentaire, ou au moment de l’adhésion, l’em-
de la mutualité ; les institutions de pré- ployeur doit remettre au salarié une notice d’information établie par l’organisme assureur et, si
voyance relevant du Code de la sécurité celui-ci est une mutuelle, les statuts de cette mutuelle (1). Il lui incombe d’apporter la preuve de
sociale et gérées paritairement par le cette remise (via une liste d’émargement, par exemple).
patronat et les syndicats, et les compa- La doctrine estime que cette notice doit aussi être remise aux salariés embauchés après la mise
gnies d’assurance régies par le code des en place de la couverture, au moment de leur embauche, ainsi qu’aux salariés qui intégreraient
assurances (voir tableau p.  158). Ces une catégorie de bénéficiaires, au moment de leur intégration.
différents organismes ont évidemment La notice doit détailler, notamment, les garanties prévues par le contrat d’assurance et leurs mo-
des objectifs et une éthique différents. Il dalités d’application.
s’agit donc d’un enjeu majeur du conte- Dans un arrêt du 19 octobre 2005, la Cour a estimé que le défaut d’information, au sens de
nu des négociations. l’article 12 de la loi du 31 décembre 1989, ne pouvait être sanctionné par un droit pour le salarié
concerné de s’opposer à son affiliation au régime, dès lors que celui-ci existait au jour de son em-
b) Évaluation du risque bauche (2). À ce propos, la doctrine s’est interrogée sur le point de savoir si, « en définitive, la Cour
par l’organisme assureur n’a pas implicitement entendu reconnaître que le caractère obligatoire d’un régime mis en place
Dans l’hypothèse d’une couverture par décision unilatérale ne peut pas être compromis du seul fait de la radiation du régime d’un sa-
obligatoire, l’organisme assureur ne larié, voire de l’expression lors de la mise en place du régime du refus d’un ou de plusieurs salariés
peut pas exclure de la couverture un d’adhérer au régime, pour autant collectif et obligatoire pour ceux ayant donné leur accord […].
membre du groupe : soit il accepte de Ainsi, dans l’hypothèse où l’entreprise aurait failli à cette obligation [d’information], les salariés ne
couvrir l’ensemble du groupe, soit il re- devraient pas, sur le fondement de cette décision, pouvoir invoquer l’inopposabilité du régime à
fuse sa couverture. leur égard et tenter d’échapper à l’obligation de participer à son financement » (3).
Pour choisir en connaissance de Par ailleurs, au visa de l’ANI du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail (« porta-
cause et proposer un contrat et ses bilité » de la prévoyance) et de l’article L. 932-6 du Code de la sécurité sociale la Cour de cassation
conditions tarifaires, la loi l’autorise, a cassé un arrêt d’appel qui n’avait pas accepté la demande de dommages-intérêts d’une salariée
au titre du défaut d’information sur la portabilité de l’assurance, estimant qu’aucune obligation
(29) Cass. soc. 19 mars 2014, n° 12-24976. d’information n’était mise à la charge de l’employeur (4).
(30) Art. L. 112-2 du Code des
assurances ; une information dans (1) Art. 12 de la loi du 31 déc. 1989 ; Cass. civ. 1re ch., 5 juil. 1988, bull. n° 215.
le même sens est prévue pour les (2) Cass. soc. 19 oct. 2005, association Apave Nord-Ouest, n° 03-47219, bull. n° 291.
institutions de prévoyance : art. L. 932-3 (3) Voir « Prévoyance : les incidences d’un défaut d’information individuelle »,
et L. 932-19 du Code de la séc. soc., ainsi par N. Allouch et B. Platel, SSL 5 déc. 2005, n° 1239, p. 6.
que pour les mutuelles : art. L. 221-4 (4) Cass. soc. 20 nov. 2013, n° 12-21999.
du Code de la mutualité.

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Dossier
d) Ouverture des droits e) Faire coïncider règlement voyance est en vigueur alors que le règle-
ment de prévoyance a cessé de produire
Le « contrat de prévoyance » doit pré-
de prévoyance et contrat effet, l’entreprise ne pourra pas deman-
voir les règles applicables en matière de prévoyance der aux salariés le paiement de cotisa-
de procédure (informations à donner, Comme indiqué à propos de la mise tion salariale. Restera alors pour elle
délais à respecter, prescription), les mo- en place du régime (voir p. 154), si le rè- à « gérer » cette situation délicate avec
dalités de calcul des prestations et les glement de prévoyance prévoit des obli- l’assureur. Il en résulte que l’entreprise
conditions d’ouverture du droit. gations à la charge de l’entreprise alors doit veiller à ce que les garanties ins-
Il doit aussi définir : que le contrat de prévoyance a disparu, crites dans le règlement de prévoyance
— l’incapacité de travail ; ou n’a pas encore été souscrit, l’entre- correspondent bien à celles du contrat
— l’invalidité ; prise sera tenue de verser directement de prévoyance. À défaut, elle pourra être
— les conditions d’octroi d’un capital dé- les prestations. condamnée à indemniser le salarié en
cès ou d’une rente. À l’inverse, si le contrat de pré- cas de discordance défavorable à celui-ci.

3 Contenu de la négociation
Au-delà de la détermination des lation contraire, lorsque l’accord arrive Il est aussi possible de prévoir que
garanties concernées par la couverture à expiration, il continue à produire ses l’ancienneté joue dans l’accès à la cou-
mise en place (33), le(s) négociateur(s) effets comme une convention ou un ac- verture :
doivent définir : cord à durée indéterminée (35). — ancienneté de plus de douze mois
— les bénéficiaires du régime ; Les mêmes règles s’appliquent aux pour les prestations de retraite supplé-
— le mode et l’assiette des cotisations ; accords ratifiés à la majorité des sala- mentaire et les prestations destinées
— l’organisme assureur ; riés (36). En revanche, la décision unila- à couvrir des risques d’incapacité du
— le maintien des garanties incapacité, térale est en principe à durée indéter- travail, d’invalidité, d’inaptitude ou de
invalidité, décès en cas de changement minée, sauf stipulation contraire. décès ;
d’organisme assureur. — ancienneté de plus de six mois pour
De fait, il est préférable de prévoir la les garanties frais de santé, étant en-
durée de vie de l’instrument qui les met B – Les bénéficiaires tendu que, en 2016, cette restriction ne
en place et les modalités de sa révision Un régime collectif obligatoire, pour devrait pas, en soi, pouvoir jouer pour
et de sa dénonciation. ouvrir droit aux avantages sociaux et les prestations de santé du « socle mini-
fiscaux attachés aux contrats de pré- mal » prévu par la loi de sécurisation de
voyance (voir page 178) doit concerner l’emploi (voir page 163).
A – Durée de vie, l’ensemble du personnel ou, à défaut, L’Acoss admet également qu’il
révision et dénonciation une catégorie objective, telle que dé- puisse être tenu compte de l’âge du sa-
de l’acte juridique finie par le décret du 9  janvier 2012 larié pour le calcul des prestations (ex. :
D’une manière générale, l’acte juri- (explicité par la circulaire du 25  sep- rente de survivant). Elle précise aussi
dique de mise en place d’une couverture tembre 2013) (37). Sur cette notion, voir que la restriction liée à l’ancienneté ne
complémentaire précise sa durée et sa page 150. vise pas tous les critères déterminant
date d’entrée en vigueur. Si cette der- Il peut s’agir des cadres et des non- les catégories objectives, mais le seul
nière n’est pas précisée, elle est fixée, cadres, par exemple. critère lié aux usages. Un décret devrait
pour les conventions collectives ou les Il n’est pas possible de définir une toiletter en ce sens l’article R. 242-1-1
accords collectifs, au lendemain du jour catégorie objective en fonction du temps du Code de la sécurité sociale (39).
de son dépôt auprès de la Direccte (34). de travail, de la nature du contrat, de En outre, lors de la mise en place,
Les parties doivent se soucier de l’âge ou de l’ancienneté du salarié (38). doit être abordée la question de savoir
faire coïncider la durée de l’accord col- Cependant, il est possible de prévoir si la couverture concernera également :
lectif avec le contrat conclu avec l’or- une dispense d’affiliation pour les sa- — les retraités ou seulement les sala-
ganisme assureur (voir ci-dessus). Ce lariés à temps partiel ou en CDD (voir riés ;
qui est aisément réalisable lorsque la page 151). — la famille ou seulement les salariés ;
convention ou l’accord est conclu pour — une entreprise seulement ou toutes
une durée déterminée. Cette durée est (35) Art. L. 2222-4 du Code du travail. les entreprises d’un groupe.
d’au plus cinq ans et, à défaut de stipu- (36) Art. L. 911-5 du Code de la séc. soc. En tout état de cause, les négocia-
(37) Décret. n° 2012-25 du 9 janv. 2012 ; teurs doivent respecter l’égalité des
(33) Voir notre article « Les garanties de circ. minist. n° 2013/344 du 25 sept. 2013.
prévoyance », p. 161 du présent numéro. (38) Art. R. 242-1-1 dernier al. du Code (39) Lettre-circ. Acoss n° 2014-2 du 4 fév.
(34) Art. L. 2261-1 du Code du travail. de la séc. soc. 2014, QR 13.

156 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
droits des salariés sous contrat à durée 10 % de leur rémunération brute ; ou plusieurs organismes de protection
déterminée ou à temps partiel et l’éga- — en cas de modulation des contribu- sociale complémentaire.
lité de traitement entre les hommes et tions relatives en fonction de la compo- La désignation de plusieurs orga-
les femmes. sition du foyer ; nismes était possible à condition que
Bien entendu, des adaptations peu- — en matière de prestations de retraite la mutualisation soit effective. Par
vent s’avérer nécessaires. Par exemple, supplémentaire, d’incapacité de travail, exemple, un organisme pouvait être dé-
il peut être opportun de prévoir la cou- d’invalidité ou d’inaptitude. Dans ce signé pour la gestion d’un risque identi-
verture de salariés en situation particu- cas, il peut être prévu des taux ou des fié : une mutuelle pour les frais de santé,
lière, notamment ceux dont le contrat montants croissants de cotisations en une institution de prévoyance pour les
de travail est suspendu en raison d’un fonction de la rémunération. risques lourds (invalidité, incapacité,
congé sabbatique ou parental. décès).
Il faut aussi veiller à la situation À l’occasion de l’examen de la
des salariés à temps partiel qui peuvent D – Organisme assureur loi de sécurisation de l’emploi  (43), le
se trouver écartés de fait de la protec- La désignation de l’organisme assu- Conseil constitutionnel  (44) avait dé-
tion, si le régime verse des prestations reur peut figurer dans l’accord. Elle est claré contraire à la Constitution l’article
en référence à la Sécurité sociale alors liée à la volonté des négociateurs de mu- L. 912-1 du Code de la sécurité sociale
que leur temps de travail ne leur ouvre tualiser la couverture de prévoyance. en tant qu’il prévoyait une clause de
pas de droit à la Sécurité sociale. En re- désignation. Du coup, le législateur a
vanche, il semble peu conforme à l’esprit a) Gestion externe remplacé « les clauses de désignation »
de notre système de protection sociale La gestion de la couverture est par des « clauses de recommandation » à
fondé sur la solidarité d’envisager une confiée à un organisme agréé par les l’occasion de la loi de financement de la
couverture moindre pour les salariés pouvoirs publics (société d’assurances, Sécurité sociale pour 2014 (45).
à temps partiel au prétexte qu’ils coti- mutuelle, institution de prévoyance), Désormais, les accords profession-
sent proportionnellement à leur salaire capable de couvrir ses engagements et nels ou interprofessionnels peuvent
et donc, structurellement, participent disposant d’une marge de solvabilité (dans des conditions à fixer par décret)
moins au régime. suffisante. prévoir l’institution de garanties col-
L’externalisation de la gestion du lectives présentant un degré élevé de
régime est un critère nécessaire pour solidarité et comprenant à ce titre des
C – Le mode de financement que l’entreprise puisse être éligible au prestations à caractère non directement
Il appartient au(x) négociateur(s) de régime fiscal et social de faveur de son contributif. Ces garanties peuvent no-
déterminer : financement. De plus, tout régime de tamment prendre la forme d’une prise
— l’assiette du financement ; retraite à prestation définie (« retraite en charge partielle ou totale de la coti-
— le taux de la cotisation, lequel doit être chapeau ») qui fait l’objet d’une contribu- sation pour certains salariés ou anciens
en rapport avec les personnes couvertes tion patronale spécifique (41) créé depuis salariés, d’une politique de prévention
et le niveau des prestations servies ; 2010 doit être nécessairement géré en ou de prestations d’action sociale.
— sa répartition entre employeur et externe. Dans ce cas, les accords peuvent
salarié (laquelle peut par exemple s’éta- D’une manière plus générale, le lé- organiser la couverture des risques
blir par référence à celle de la Sécurité gislateur doit prendre (par voie d’ordon- concernés en recommandant un ou
sociale). nance) toute mesure nécessaire pour plusieurs organismes complémentaires
Il lui (leur) appartient aussi de fixer protéger les salariés qui quittent l’en- (institutions de prévoyance, mutuelle,
si la cotisation sera individuelle ou fa- treprise lorsque cette dernière est in- société d’assurances), sous réserve du
miliale. solvable en ce qui concerne leur retraite respect de certaines conditions.
Pour bénéficier du régime social de supplémentaire (42). Il faut ainsi que l’organisme assu-
faveur, les contributions de l’employeur reur adresse annuellement au ministre
sont fixées à un taux ou à un montant b) Des clauses chargé de la Sécurité sociale un rap-
uniforme pour l’ensemble des salariés de désignation aux clauses port sur la mise en œuvre du régime,
ou pour tous ceux d’une même catégo- de recommandation le contenu des éléments de solidarité et
rie  (40). Toutefois, cette règle ne s’ap- son équilibre.
plique pas : Les accords professionnels ou inter-
— en cas de prise en charge par l’em- professionnels pouvaient contenir une (43) Loi n° 2013-504 du 14 juin 2013,
ployeur de l’intégralité des contribu- « clause de désignation » comportant JO du 16.
tions des salariés à temps partiel ou des une mutualisation des risques impo- (44) Décision du Conseil constitutionnel
apprentis si l’absence d’une telle prise sant à une entreprise d’adhérer à un n° 2013-672 du 13 juin 2013, JO du 16.
en charge conduit ces salariés à s’acquit- (45) Article L. 912-1 du Code de la séc.
ter d’une contribution au moins égale à (41) Art. L. 137-11 du Code de la séc. soc. soc. modifié par loi n° 2013-1203 du 23
(42) Loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014 déc. 2013, art. 14, JO du 24. Sur ce point,
(40) Article R. 242-1-4 du Code de la garantissant l’avenir et la justice du voir l’éditorial de L. Milet, p. 147 de ce
sécurité sociale. système de retraites, art. 50. numéro.

RPDS n° 829 | Mai 2014 157


Dossier
En outre, la recommandation doit du décès, de l’incapacité de travail ou G – Clauses prohibées
être précédée d’une procédure de mise en de l’invalidité, il (elle) doit définir les
concurrence des organismes ou des ins- conditions dans lesquelles les rentes Les conventions, accords ou déci-
titutions concernés, dans des conditions seront versées et revalorisées en cas de sions unilatérales ne peuvent compor-
de transparence, d’impartialité et d’éga- changement d’organisme assureur. ter aucune disposition concernant une
lité de traitement entre les candidats et Lorsque le décès est couvert par ces discrimination fondée sur le sexe (sans
selon des modalités prévues par décret. mêmes conventions, accords ou déci- toutefois faire obstacle aux dispositions
Enfin, l’organisme assureur ne peut sions, ceux-ci organisent le maintien relatives à la protection de la femme en
refuser l’adhésion d’une entreprise rele- de cette garantie pour les bénéficiaires raison de la maternité) (48).
vant du champ d’application de l’accord. de rentes d’incapacité de travail ou Elles ne peuvent pas non plus com-
Il est en effet tenu d’appliquer un tarif d’invalidité en cas de changement d’or- porter d’éléments entraînant la perte
unique et d’offrir des garanties iden- ganisme assureur. Dans ce dernier cas, des droits acquis ou en cours d’acqui-
tiques pour toutes les entreprises et la revalorisation des bases de calcul sition à des prestations de retraite, y
pour tous les salariés concernés. des différentes prestations relatives à compris à la réversion, des salariés ou
Par ailleurs, les accords doivent la couverture du risque décès est au anciens salariés en cas d’insolvabilité
comporter une clause fixant dans moins égale à celle déterminée par le de l’employeur ou de transfert d’entre-
quelles conditions et selon quelle pério- contrat de l’organisme assureur qui a prises, d’établissements ou de parties
dicité, qui ne peut excéder cinq ans, les fait l’objet d’une résiliation (46). d’établissements à un autre employeur,
modalités d’organisation de la recom- résultant d’une cession conventionnelle
mandation sont réexaminées. ou d’une fusion (49).
À noter que les accords peuvent pré- F – Pension de réversion Toute clause assurant différem-
voir que certaines des prestations né- Les conventions, accords ou déci- ment le maintien des droits à la retraite
cessitant la prise en compte d’éléments sions unilatérales qui concernent des des salariés, anciens salariés et ayants
relatifs à la situation des salariés ou pensions de retraite définissent obliga- droit selon que ceux-ci restent sur le
sans lien direct avec le contrat de tra- toirement les conditions d’attribution territoire français ou vont résider dans
vail les liant à leur employeur soient d’une pension de réversion au conjoint un autre État membre de l’Union euro-
financées et gérées de façon mutualisée séparé de corps ou divorcé non remarié, péenne ou un État partie à l’accord sur
(selon des modalités à fixer par décret), quelle que soit la cause de la séparation l’espace économique européen est nulle
pour l’ensemble des entreprises entrant de corps ou du divorce. En cas d’attri- et de nul effet (50).
dans leur champ d’application. bution d’une pension de réversion au Plus globalement, les conventions,
conjoint survivant et au conjoint di- accords ou décisions unilatérales ne
vorcé, les droits de chacun d’entre eux peuvent pas comporter de disposition
E – Maintien des garanties ne pourront être inférieurs à la part qui contrevenant au droit de la négociation
incapacité, invalidité, décès lui reviendrait si celle-ci était calculée collective (appartenance à un syndicat,
en cas de changement en fonction de la durée respective de lien avec la religion…).
d’organisme assureur chaque mariage (47).
(48) Art. L. 913-1 du Code de la sécurité.
Si l’accord d’entreprise, l’accord ra- (46) Art. L. 912-3 du Code de la sécurité sociale.
tifié ou la décision unilatérale prévoit sociale. (49) Art. L. 913-2 du Code de la Séc. soc.
la couverture – sous forme de rentes – (47) Art. L. 912-4 du Code de la séc. soc. (50) Art. L. 913-3 du Code de la Séc. soc.

Typologie des organismes assureurs (1)


Dénomination Code Caractéristiques

Sociétés d’assurances (sous forme de sociétés Code des assurances Organisme à but lucratif.
anonyme ou de sociétés d’assurances mutuelles)

Institutions de prévoyance Code de la sécurité sociale Organisme à but non lucratif.


Administration paritaire.

Mutuelle Code de la mutualité Organisme à but non lucratif.


Les salariés, l’entreprise et, sous certaines conditions les anciens
salariés et leurs ayants droit sont membres de la mutuelle.

(1) Ils doivent obtenir un agrément administratif préalable et respecter des principes de spécialisation (entre assurance de
personnes et autres assurances ; et gestion séparée des opérations d’assurance-vie et d’assurance non-vie).

158 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
¨Amélioration
¨ du maintien de la couverture (« portabilité »)
Un dispositif de « portabilité » de la couverture santé et prévoyance bilité à compter du 1er juin 2014 au titre des risques portant atteinte à
a été mis en place par l’accord national interprofessionnel (ANI) du l’intégrité physique de la personne ou liés à la maternité et à partir du
11  janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail. Il per- 1er juin 2015 pour les garanties liées aux risques décès, d’incapacité de
met au salarié dont le contrat de travail est rompu (sauf pour cause travail ou d’invalidité (1).
de faute lourde) et qui a droit à l’assurance chômage de continuer à L’entreprise doit donc, dès la mise en place du régime, tenir compte de
conserver le bénéfice des couvertures complémentaires « santé » et son engagement à maintenir la couverture en cas de départ du salarié
« prévoyance » appliquées par son ancienne entreprise, pendant sa ouvrant droit à l’assurance chômage.
période de chômage. Ce mécanisme est détaillé dans notre article « Le maintien de la couver-
La loi de sécurisation de l’emploi a amélioré le mécanisme de la porta- ture santé-prévoyance des anciens salariés » (page 171).

(1) Art. L. 911-8 du Code de la sécurité sociale.

gine de la couverture complémentaire prévu par la convention collective (51),


H – Responsabilité
ne sont pas servies par l’organisme ou pour le retard dans la déclaration
de l’employeur assureur, l’employeur peut être tenu d’un sinistre survenu à un salarié (52).
L’employeur est responsable de la au versement de dommages-intérêts
bonne exécution de l’engagement qu’il au salarié et/ou, le cas échéant, à ses (51) Cass. soc. 19 juin 1990, bull.
a pris de mettre en place une protec- ayants droit. n° 294.
tion sociale complémentaire. Si les Ainsi jugé pour le service de pres- (52) Cass. soc. 26 janv. 1994, Jallud,
prestations prévues dans l’acte à l’ori- tations de niveau inférieur à celui n° 92-43573.

¨Contentieux
¨ de la prévoyance complémentaire : quel tribunal saisir ?
En principe, le contentieux de la prévoyance complémentaire relève des Est-il toutefois possible de mettre en cause l’organisme assureur aux
juridictions de droit commun, c’est-à-dire le tribunal de grande instance, côtés de l’employeur sur le fondement de l’article L. 1411-6 du Code du
ou le tribunal d’instance selon le montant du litige (1). travail qui dispose « lorsqu’un organisme se substitue habituellement aux
Toutefois, la juridiction prud’homale est compétente pour apprécier obligations légales de l’employeur, il peut être mis en cause aux côtés de
un litige opposant seulement un employeur à un salarié. C’est le celui-ci en cas de litige entre l’employeur et les salariés qu’il emploie » ?
cas, notamment, lorsque ce litige fait ressortir une discordance entre En d’autres termes, un organisme assureur peut-il être considéré comme
la couverture prévue par l’entreprise et la couverture assumée par se substituant habituellement aux obligations légales de l’employeur ?
l’organisme assureur. Dans cette hypothèse, il appartient à l’employeur Non, a répondu la Cour de cassation, dans un arrêt du 19 juin 1990 (5),
de couvrir les prestations non assurées par le contrat de prévoyance (2). à propos d’une institution de prévoyance. Dans cette affaire, le salarié
En cas de litige, la Cour de cassation a reconnu la compétence du conseil avait saisi la juridiction prud’homale pour obtenir condamnation de son
de prud’hommes, car le contrat d’assurance « constitue un avantage employeur (lequel était soumis à un contrat collectif de groupe par ac-
social complémentaire et accessoire au contrat de travail » (3). Dans cette cord collectif) solidairement avec l’institution de prévoyance au paiement
affaire, le salarié reprochait à l’employeur une rupture abusive du contrat d’indemnités journalières. Concrètement, la jurisprudence de la Cour de
de prévoyance. cassation oblige le salarié à intenter deux actions : l’une devant le conseil
Quid si l’action du salarié n’est pas dirigée contre le seul employeur, mais de prud’hommes (à l’encontre de son employeur), l’autre devant les juri-
également contre l’organisme assureur ? dictions civiles (à l’encontre de l’organisme assureur).
Dans ce cas, l’organisme assureur, considéré comme un tiers au contrat Par ailleurs, si le litige oppose l’Urssaf à l’employeur (redressement
de travail, ne peut pas être attrait devant le conseil de prud’hommes (4). fondé sur l’assiette des cotisations sociales), celui-ci relève du conten-
La Cour de cassation a estimé que « les demandes formées contre le tiers tieux géné­ral de la sécurité sociale (saisine préalable de la commission
et contre l’ancien employeur (sont) indivisibles en sorte que l’entier litige de recours amiable de l’Urssaf avant saisine du tribunal des affaires de
(relève) de la compétence du tribunal de grande instance ». sécurité sociale, TASS).

(1) Cass. soc., 4 mars 1987, n° 84-16002, bull n° 106.


(2) Cass. soc. 19 juin 1990, n° 87-43560, bull. n° 294.
(3) Cass. soc. 19 janvier 1999, n° 96-44688 et 97-43785, bull. n° 34.
(4) Cass. soc., 5 déc. 2006, n° 06-40163, bull. n° 369.
(5) Cass. soc., 16 nov. 2010, n° 10-12156, bull. n° 259.

RPDS n° 829 | Mai 2014 159


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permet, tous les prélèvements ordonnés par le créancier désigné ci-contre. En cas de litige sur un
prélèvement, je pourrai en faire suspendre l’exécution par simple demande à l’établissement teneur après la loi de « sécurisation »
de mon compte. Je réglerai le différend directement avec le créancier.
TITULAIRE DU COMPTE
de l’emploi n° 821-822
NOM..............................................................................Prénom...................................................... • Les accords de maintien
Adresse............................................................................................................................................
Code postal.................................Ville................................................................................................. de l’emploi n° 820
Désignation du compte à débiter • Le Code du travail après la loi
ÉTABL. CODE GUICHET N° DE COMPTE CLÉ RIB
____________ _______________ _________________ ____________________ de « sécurisation » de l’emploi
Date Signature n° 818 (1re partie), n° 819 (2e partie).

• Le télétravail n° 817
CRÉANCIER La Vie Ouvrière 263, rue de Paris, case 600, 93 516 Montreuil Cedex • Jurisprudence de droit social
Numéro d’émetteur : 107859
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NOM ..................................................................................................................................................
Adresse ...........................................................................................................................................
• Le CHSCT n° 809-810
Code postal ................................. Ville ............................................................................................. • Faire face au licenciement
pour motif personnel n° 806
160 RPDS n° 829 | Mai 2014
Cl. fasc. 45. Annule et remplace RPDS 2007,
n° 742, p. 53 à 51. Dossier Protection sociale complémentaire
Les garanties de
la prévoyance collective
en entreprise
Par Olivia Dôme

La prévoyance collective en entreprise permet en prin-


cipe de garantir collectivement les salariés contre certains
¨Sachez-le
¨ vite risques insuffisamment pris en charge par les régimes
Le contenu de la prévoyance collective en
entreprise est précisément défini (garanties obligatoires de protection sociale à l’occasion d’une mala-
de frais de santé seulement ou/et prestations die, d’un accident, de la maternité, d’une invalidité, d’une
de retraite, autres garanties…). incapacité, d’un décès, et/ou de la retraite.
À compter de 2016, il doit obligatoirement
La loi du 31 décembre 1989 (complétée par la loi du 8 août
comprendre un socle minimal de prestations
de frais de santé pour les salariés. En outre, 1994) (1), dans le but officiel de maîtriser au mieux la concur-
la prévoyance doit profiter à l’ensemble d’un rence exercée par les compagnies d’assurance, a prévu
groupe déterminé, sans exception : l’assu- des règles de protection minimales pour les bénéficiaires
reur accepte en bloc de couvrir le groupe ou
de garanties. Et à compter de 2016, la prévoyance d’entre-
le refuse.
Par la suite, le champ de la couverture peut prise devra obligatoirement comprendre un socle minimal
être modifié, à condition toutefois de respec- de prestations « frais de santé » pour les salariés (2).
ter un certain nombre de règles juridiques Ce dispositif législatif peut toujours être amélioré par la né-
(« parallélisme des formes » et devoir d’infor-
gociation collective entre employeur et représentants des
mation).
En outre, le législateur est intervenu pour salariés (mais aussi par le contrat de prévoyance conclu
protéger les salariés dans les hypothèses entre l’employeur et l’organisme assureur). En tout état de
de départ de l’entreprise, de défaillance ou cause, il doit être respecté par les organismes intervenant
de restructuration de celle-ci, ou encore de
dans le domaine de la prévoyance, notamment en cas de
résiliation du contrat entreprise/organisme
assureur. changement d’organisme assureur et de disparition de la
couverture sociale complémentaire. Mais ces règles ne
sont pas toujours limpides et sont variables selon le type
de contrat applicable au bénéficiaire.

(1) La loi du 8 août 1994 a transposé dans notre droit, pour ce qui concerne
les institutions de prévoyance, les directives européennes des 18 juin 1992 et du
10 novembre 1992 dont l’objectif était « d’achever le marché intérieur dans le
secteur de l’assurance sous le double aspect de la liberté d’établissement et de
la libre prestation de service ». Une loi du 4 janvier 1994 avait déjà effectué cette
transposition pour les entreprises relevant du Code des assurances. L’ordonnance
du 19 avril 2001 ratifiée par la loi du 17 juillet 2001 a achevé cette transposition
en l’étendant aux mutuelles.
(2) Article L. 911-7 du Code de la séc. soc., introduit par la loi de sécurisation de
l’emploi (loi n° 2013-504 du 14 juin 2013, JO du 16).

RPDS n° 829 | Mai 2014 161


Dossier
Dossier
1 Les types de garanties possibles
Les garanties collectives dont sont ciaire, ou encore, en cas d’attentat (2). celles qu’il désigne. En règle générale,
susceptibles de bénéficier les salariés, Il peut aussi s’accompagner d’une les couvertures frais de santé assurent
anciens salariés et leurs ayants droit au couverture invalidité absolue et défini- des prestations calculées en pourcen-
titre d’une prévoyance d’entreprise sont tive, d’une rente de conjoint, d’une rente tage du tarif conventionnel ou du ticket
celles ayant pour objet, notamment, de d’orphelin ou d’éducation et de frais modérateur ou encore forfaitairement
prévoir la couverture : d’obsèques. en euros. Elles peuvent prendre en
— du risque décès ; La couverture décès doit comporter charge totalement ou partiellement le
— des risques portant atteinte à l’inté- une clause de maintien de garantie en ticket modérateur, les frais d’actes, de
grité physique de la personne ou liés à cas d’incapacité de travail ou d’invalidité. visite, d’optique, de prothèse… Elles
la maternité ; La résiliation ou le non-renouvelle- peuvent également prendre en charge
— des risques d’incapacité de travail ou ment du contrat de prévoyance est sans des prestations non couvertes par la
d’invalidité ; effet sur les prestations à naître au titre Sécu­rité sociale (certains vaccins non
— des risques d’inaptitude ; du maintien de la garantie décès avant remboursés, par exemple).
— du risque chômage ; le terme de la période d’incapacité de Fréquemment, les couvertures pré-
— ainsi que de la constitution d’avan- travail ou d’invalidité telle que définie voyance assurent un tiers payant phar-
tages sous forme de pensions de re- dans le contrat. maceutique.
traite, d’indemnités ou de primes de Rappelons aussi qu’un socle mini-
départ en retraite (1). b) L’incapacité temporaire mal de prestations frais de santé doit
En pratique, le risque chômage n’est de travail être garanti aux salariés (et aux seuls
jamais garanti. En règle générale, la cou- L’organisme assureur peut verser salariés) à compter de 2016 (voir enca-
verture porte sur la prévoyance incapa- une indemnité journalière complémen- dré page 163).
cité temporaire et invalidité, et/ou la pré- taire au salarié en cas d’incapacité de tra- Les prestations frais de santé ver-
voyance décès, et/ou les frais de santé. vail temporaire reconnue, moyennant, sées au titre des « prévoyances d’en-
À partir du 1er  janvier 2016, tout en règle générale, une franchise, pendant treprise » viennent en complément des
salarié doit obligatoirement être cou- une durée variable. En pratique, l’indem- remboursements de la Sécurité so-
vert pour un certain nombre de pres- nisation est calculée en pourcentage du ciale en matière d’assurance maladie,
tations « frais de santé » (voir encadré salaire de base conventionnel. étant précisé que l’organisme assureur
page 163). n’ouvre droit aux avantages fiscaux et
Dans un souci de clarification, on c) L’invalidité sociaux qu’à la condition de proposer
distingue souvent les garanties de pré- Le salarié incapable de travailler des « contrats responsables » et de ne pas
voyance des prestations de retraite est susceptible de bénéficier d’une rente prendre en charge :
supplémentaire. Toutes sont mises en d’invalidité, en relais des prestations — la participation forfaitaire de 1 euro
place selon la même procédure et obéis- d’incapacité temporaire. Son montant sur les actes et prestations médicales et
sent au même régime juridique (modi- varie en fonction du salaire de l’intéres- les franchises médicales sur les frais de
fications apportées, informations néces- sé et de son taux d’incapacité. transport, les médicaments et les actes
saires,  etc.), avec quelques spécificités La couverture peut être écartée en cas des auxiliaires médicaux ;
pour la retraite supplémentaire. Mais les de faute intentionnelle de celui-ci ou s’il a — la majoration du ticket modérateur
contributions patronales destinées à leur participé à une rixe ou pratiqué un sport pour non-désignation d’un médecin trai-
financement sont traitées distinctement dangereux. Elle peut également ne pas tant ;
au plan social et fiscal (voir page 178). être servie en cas de guerre ou d’attentat. — les dépassements d’honoraires en cas
de consultation directe d’un médecin
d) Le remboursement spécialiste sans prescription préalable
A – Prévoyance au sens strict des frais médicaux du médecin traitant ;
a) Le décès Nombre de couvertures prévoyance — la modulation de la participation de
en entreprise ne portent que sur le rem- l’assuré applicable en cas de refus d’au-
En pratique, le risque décès est cou- boursement des frais médicaux (couver- torisation du patient au professionnel de
vert par le versement d’un capital décès ture santé), le plus souvent conformes santé d’accéder au dossier médical per-
au(x) bénéficiaire(s) désigné(s) par le sa- aux « contrats responsables » seuls sus- sonnel ou de le compléter, qui sera mise
larié. Il est calculé soit sur le salaire du ceptibles d’être éligibles au régime so- en œuvre une fois effectuée la générali-
salarié, soit de façon forfaitaire. cial et fiscal de faveur (voir page 178). sation du dossier médical personnel.
Il peut être écarté en cas de suicide Elle couvre le salarié et, le cas Le contrat responsable doit prendre en
ou de meurtre du salarié par le bénéfi- échéant, les personnes à sa charge ou charge :
— au moins 30 % du tarif opposable des
(1) Art. L. 911-2 du Code de la séc. soc. (2) Art. L. 132-7 du Code des assurances. consultations du médecin traitant ainsi

162 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
que celles effectuées sur prescription de Le contrat responsable doit aussi Concrètement, il doit communiquer (4) :
celui-ci ; inclure la prise en charge totale de deux — le montant des frais de gestion ;
— au moins 30 % du tarif servant de prestations de prévention à choisir dans — le montant des frais d’acquisition ;
base au calcul des prestations d’assu- une liste fixée par arrêté du 8 juin 2006 — la somme de ces deux montants.
rance maladie pour les médicaments (par ex., le dépistage de l’hépatite B). Pour les régimes collectifs, les infor-
prescrits par le médecin traitant ou un En outre, l’organisme complémen- mations requises sont communiquées
médecin consulté sur prescription du taire doit communiquer chaque année par un document écrit adressé chaque
médecin traitant, à l’exclusion de ceux aux assurés le montant et la composi- année. Elles sont libellées de manière
traitant des troubles sans gravité, de tion des frais de gestion et d’acquisition lisible, claire et intelligible. Cette obli-
ceux dont le service médical rendu n’est de l’organisme affectés aux garanties gation de communication est réputée
pas classé comme majeur ou important destinées au remboursement et à l’in- satisfaite si le montant des frais de ges-
et des spécialités homéopathiques ; demnisation des frais occasionnés par tion contractuels apparaît, de manière
— au moins 35 % du tarif servant de une maladie, une maternité ou un acci- lisible, dans le rapport adressé annuel-
base au calcul des prestations d’assu- dent, en pourcentage des cotisations ou lement au souscripteur par l’organisme
rance maladie pour les frais d’analyses primes afférentes à ce risque (3). assureur.
ou de laboratoires prescrits par le méde- À partir du 1er janvier 2015, confor-
cin traitant ou par un médecin consulté (3) Article L. 871-1 du Code de la séc. mément à la loi de financement de la
sur prescription du médecin traitant. soc. sécurité sociale pour 2014 (5), la notion
de contrat responsable va évoluer, dans
le dessein d’améliorer le niveau de cou-
verture minimale et de restreindre les
¨Prestations
¨ minimales de frais de santé obligatoires pratiques tarifaires excessives. Il est
à partir de 2016 notamment prévu qu’un décret (à pa-
raître) devra fixer les conditions dans
Les entreprises qui ne disposent pas déjà une couverture minimale « frais de santé » aussi favo- lesquelles peuvent être pris en charge
rable que celle prévue par la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 (1) devront obligatoire- les dépassements tarifaires sur les
ment mettre en place une telle couverture au plus tard pour le 1er janvier 2016, le cas échéant par consultations et les actes des médecins
décision unilatérale (voir notre article page 150). Cette couverture minimale comprend : ainsi que les frais exposés, en plus des
— le ticket modérateur (la participation de l’assuré aux tarifs servant de base au calcul des pres- tarifs de responsabilité, pour les soins
tations des organismes de sécurité sociale, prévue au I de l’article L. 322-2 du Code de la sécurité dentaires prothétiques ou d’orthopédie
sociale pour les prestations couvertes par les régimes obligatoires) ; dentofaciale et pour certains dispositifs
— le forfait journalier hospitalier (qui représente la participation financière du patient aux frais médicaux à usage individuel admis au
d’hébergement et d’entretien entraînés par une hospitalisation) ; remboursement, notamment les dispo-
— les frais exposés, en plus des tarifs de responsabilité, pour les soins dentaires prothétiques sitifs d’optique médicale.
ou d’orthopédie dentofaciale et pour certains dispositifs médicaux à usage individuel admis au
remboursement. e) Les prestations
Le niveau de prise en charge de ces dépenses ainsi que la liste des dispositifs médicaux entrant complémentaires
dans le champ de cette couverture seront fixés par un décret à paraître (2). Celui-ci déterminera les Certains contrats de prévoyance ga-
catégories de salariés pouvant être dispensés, à leur initiative, de l’obligation d’affiliation (compte rantissent aussi :
tenu de la nature ou des caractéristiques de leur contrat de travail, ou du fait qu’ils disposent — une allocation journalière en cas
par ailleurs d’une couverture complémentaire). Il précisera également les adaptations dont fait d’hospitalisation du salarié et, le cas
l’objet la couverture des salariés relevant du régime local d’assurance maladie complémentaire échéant, de sa famille ;
d’Alsace-Moselle, en raison de la couverture garantie par ce régime. — une indemnité complémentaire à la
Les contrats conclus en vue d’assurer cette couverture minimale seront conformes aux conditions rente d’incapacité permanente en cas
prévues pour les contrats responsables. L’employeur devra assurer au minimum la moitié du d’infirmité liée à un accident corporel ;
financement de cette couverture. Un décret déterminera toutefois les modalités spécifiques de ce — une indemnité ou le remboursement
financement en cas d’employeurs multiples et pour les salariés à temps très partiel. de frais liés à l’absence d’un « homme
clef » de l’entreprise (un dirigeant de
(1) Article L. 911-7 du Code de la sécurité sociale, introduit par l’article 1 de la PME, par exemple), incapable d’exercer
loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 (JO du 16). son activité ou décédé ;
(2) La loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 retranscrit partiellement — une indemnisation spécifique en cas
l’ANI du 11 janvier 2013 sur la question de la prévoyance. Ce dernier fixait un d’accident du travail ou de dépendance ;
panier de prestations comprenant 100 % du tarif de base des consultations, actes — une allocation de naissance ;
techniques et frais de pharmacie en ville et à l’hôpital, le forfait journalier hos- — une assistance santé.
pitalier, 125 % de la base de remboursement des prothèses dentaires et un forfait
optique de 100 euros par an. Le décret mentionné par la loi de sécurisation de (4) Arrêté du 17 avril 2012, JO 4 mai.
l’emploi pourrait s’inspirer de ce panier de soins. (5) Loi 2013-1203 du 23 déc. 2013, art. 56,
JO du 24.

RPDS n° 829 | Mai 2014 163


Dossier
B – Prestations C – Suites d’états d’appartenir au groupe au jour de la
mise en place de la couverture pré-
supplémentaires de retraite pathologiques antérieurs voyance (c’est-à-dire que leur contrat
Il existe deux grands types de ré- Lorsque les salariés sont garan- de travail ne doit pas être rompu).
gimes de retraite supplémentaire : tis contre le risque décès, les risques En outre, la question se pose diffé-
— les régimes à cotisations définies ; portant atteinte à l’intégrité physique remment selon que le régime de pré-
— les régimes à prestations définies. de la personne ou liés à la maternité, voyance est entièrement créé ou selon
Les premiers – communément ap- les risques d’incapacité de travail ou qu’il s’agit d’une couverture reprise par
pelés « article 83 » en référence au Code d’invalidité, l’organisme qui délivre un nouvel organisme assureur, compte
général des impôts qui en définit le sa garantie doit prendre en charge les tenu des règles de maintien de garan-
régime fiscal – correspondent à un en- suites des états pathologiques surve- ties en cas de changement d’assureur
gagement de l’employeur de cotiser à nus antérieurement à la souscription (voir aussi page 168).
un montant déterminé. Les salariés se du contrat ou de la convention, ou à
constituent une épargne (en capitalisa- l’adhésion à ceux-ci, sous réserve des b) Régime de prévoyance
tion le plus souvent), qui est transfor- sanctions prévues en cas de fausse dé- entièrement créé
mée en rente viagère à partir de l’âge de claration (6). Selon la jurisprudence, les « suites
départ en retraite. Les anciens salariés qui bénéficient d’états pathologiques antérieurs » vi-
Les régimes à prestations définies – de la « portabilité » de la prévoyance en sent l’aggravation de l’état du salarié, et
communément appelés « article 39 » en cas de licenciement (voir notre article les suites d’une maladie déjà contractée
référence au Code général des impôts « le maintien de la couverture des an- au jour de l’adhésion. S’appuyant sur
qui en définit le régime fiscal – garantis- ciens salariés » p. 173) bénéficient aussi le principe de l’interdiction de sélection
sent, au moment du départ en retraite, de la prise en charge des suites d’états médicale posé par l’article 2 de la loi
une pension dont le montant est prédé- pathologiques antérieurs (7). du 31 décembre 1989, la jurisprudence
terminé. a pu décider qu’un organisme d’assu-
Il peut s’agir : a) De quoi s’agit-il ? rance ne pouvait pas refuser d’assurer
— d’un régime différentiel ou « cha- La notion de « suites d’états patholo- une personne du groupe ou de prendre
peau », qui garantit un niveau de re- giques antérieurs » est ambiguë. en charge des risques dont la réalisa-
traite global (x % du dernier salaire) ; Une première interprétation res- tion trouvait son origine dans l’état de
— d’un régime additionnel, qui apporte trictive consiste à opérer une distinction santé antérieur de l’assuré (8).
un niveau de retraite qui vient s’ajouter entre « l’état pathologique » et la maladie La Cour de cassation a, dans le
à l’ensemble des prestations versées par elle-même. Cela signifie que si la mala- même sens, estimé qu’un assureur ne
le régime général (retraite CNAV) et les die est déjà contractée, l’aléa inhérent pouvait exclure de la garantie décès
régimes de retraite complémentaire au contrat de prévoyance n’est pas dé- un salarié d’une entreprise en arrêt de
Arrco et Agirc et, le cas échéant, par un montré et l’organisme assureur n’a pas travail pour longue maladie et décédé
régime à cotisations définies ; à couvrir les suites d’une maladie déjà par la suite. Les juges ont pu retenir
— un régime mixte, combinant les deux déclarée. Ce serait le cas, par exemple, « une faute de cet assureur après avoir
formules. de la séropositivité (état pathologique exactement rappelé que le principe de
Bien entendu, le régime à presta- antérieur) par rapport au sida (maladie non-sélection individuelle des risques
tions définies est plus intéressant pour elle-même). Cela reviendrait à consi- résultant, en matière de prévoyance
le salarié que le régime à cotisation dérer que l’état pathologique antérieur collective obligatoire, de l’article 2 de
­définie. recouvrirait l’état de latence préalable à la loi n° 89-1009 du 31 décembre 1989
Le régime social et fiscal des contri- la déclaration de la maladie. prohibait une telle exclusion dès lors
butions patronales destinées au finan- Une seconde interprétation consiste que celle-ci ne concernait pas la totalité
cement de régimes à prestations défi- au contraire à considérer que les termes du groupe de salariés » (9).
nies obéit à un régime spécifique (voir « états pathologiques » et « maladies » Dans la lignée, la Haute Cour a
page 178). sont synonymes. Même si la maladie jugé qu’il n’était pas possible pour un
Par ailleurs, la loi du 21 août 2003 est déjà contractée, l’aléa réside dans la organisme assureur d’exclure du risque
portant réforme des retraites a mis en durée et les conséquences de la mala- invalidité un salarié en arrêt de tra-
place de nouveaux produits d’épargne die. L’organisme assureur devrait dans vail, et a posé le principe suivant : « Le
retraite en vue de permettre aux sa- cette hypothèse apporter sa garantie principe de non-sélection individuelle
lariés de se constituer une retraite à des salariés déjà malades au jour de des risques résultant, en matière de
supplémentaire. Dans ce cadre, s’ins- la conclusion du contrat. Étant précisé prévoyance collective obligatoire, de
crivent le Perco (plan d’épargne re- toutefois que ceux-ci ne sont suscep- l’article 2 de la loi du 31 décembre 1989,
traite collectif obligatoire) et le PERE tibles d’être couverts qu’à la condition
(plan d’épargne retraite d’entreprise), (8) Cass. civ. 1re, 7 juil. 1998, société
contrats collectifs destinés à être (6) Art. 2 de la loi du 31 déc. 1989. Euralliance, n° 96-13843.
souscrits par les entreprises pour (7) Art. 2 de la loi du 31 déc. 1989 (9) Cass. civ. 1re, 13 fév. 2001, compagnie
leurs salariés. modifiée par la loi du 14 juin 2013. La Mondiale, n° 98-12478.

164 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
prohibe une exclusion qui ne concerne L’assureur initial invoquait que l’in- contrat. Elle a décidé qu’en l’absence de
pas la totalité du groupe de personnes validité constituait un état pathologique prestations dues pendant l’application
assurées (10). » survenu antérieurement à la souscrip- du premier contrat, l’article 7 de la loi
Il en résulte que dans l’hypothèse tion du contrat (que le nouvel organisme Évin du 31 décembre 1989 n’était pas
d’une couverture obligatoire, l’orga- assureur devait prendre en charge). applicable. L’invalidité constatée lors
nisme assureur ne peut pas exclure de Le second estimait, pour sa part, qu’il de l’exécution du second contrat devait
la couverture un membre du groupe : s’agissait d’une prestation différée (que donc être prise en charge par le nouvel
soit il accepte de couvrir l’ensemble du le premier assureur devait prendre en organisme assureur. En l’espèce, l’em-
groupe, soit il refuse sa couverture. charge). La Cour de cassation, dans un ployeur avait conclu un premier contrat
arrêt de principe du 16 janvier 2007 (11) afin de faire bénéficier ses adhérents
c) Succession d’assureurs a qualifié de prestation différée la rente d’une rente en cas d’invalidité, et d’une
En principe l’assureur doit couvrir annuelle due en cas de reconnaissance pension en cas d’incapacité, à condition
l’ensemble du groupe qui lui est propo- d’inaptitude à la fonction, cette recon- qu’elles soient constatées pendant l’exé-
sé, sans en exclure un membre. Mais en naissance ayant eu lieu plus de deux cution du contrat, lequel ne garantissait
pratique, comment concilier ce principe ans après l’arrêt de travail pour mala- pas le risque maladie ou accident. L’em-
avec celui édicté par l’article 7 de la loi die. Le salarié, qui avait perçu des in- ployeur avait résilié ce contrat et en
du 31  décembre 1989 qui prévoit que demnités journalières maladie en vertu avait souscrit un autre. Comme le pre-
l’assureur initial doit garantir le ver- d’un premier contrat de prévoyance, mier organisme assureur n’avait pas
sement des prestations immédiates ou s’était vu refuser le versement de la versé de prestations à ses adhérents,
différées, acquises ou nées durant l’exé- rente au motif qu’un second contrat de l’article 7 ne s’appliquait pas.
cution du contrat d’assurance, avant sa prévoyance avait entre-temps remplacé
résiliation ou son non-renouvellement le premier contrat et ne prévoyait pas
(voir page 168) ? Lequel des deux orga- une telle rente. D – Exclusions interdites
nismes assureurs (l’initial ou le succes- Dans un autre arrêt du 3  mars Aucune pathologie ou affection qui
seur) doit couvrir la garantie décès ? 2011 (12), la Cour de cassation a dû se ouvre droit au service des prestations
Il revient à l’organisme assureur prononcer dans l’hypothèse où deux en nature de l’assurance maladie du
initial de prendre en charge les presta- contrats se sont succédé, souscrits au- régime général de la Sécurité sociale ne
tions immédiates ou différées (sur cette près de deux organismes assureurs peut être exclue du champ d’application
notion, voir page 169). distincts, qui ne recouvraient pas les des opérations collectives à adhésion
La question s’est posée avec l’inva- mêmes garanties et où aucune presta- obligatoire dans leurs dispositions rela-
lidité, reconnue postérieurement à la tion n’avait été servie par le premier tives au remboursement ou à l’indem-
date de résiliation d’un premier contrat, organisme avant la résiliation de son nisation des frais occasionnés par une
mais trouvant son origine dans une ma- maladie, une maternité ou un accident.
ladie ou un accident survenu antérieu- (11) Arrêt dit Mozet : Cass. soc. 16 janv. Mais rien n’interdit à un organisme
rement. 2007, n° 05-43434, bull. n° 7. assureur de limiter le montant ou le ni-
(12) Cass. civ. 2e, 3 mars 2011, veau de la garantie dans ces cas-là. Les
(10) Cass. civ. 2e, 3 fév. 2011, n° 10-30588. n° 09-14989, bull. n° 55. autres (décès, invalidité) peuvent être
écartés.

2 La modification des garanties


L’évolution de l’entreprise peut la formes que lors de sa mise en place. En principe, l’accord ou la conven-
conduire à vouloir modifier les garan- Il existe cependant des possibilités de tion prévoit dans quelle forme et à
ties de prévoyance sur lesquelles elle substitutions d’un support juridique à quelle époque il (elle) peut être révisé(e).
s’est engagée – dans un sens plus ou l’autre et des règles d’information à res- L’avenant de révision ne peut être signé
moins favorable aux salariés – en par- pecter. que par les organisations syndicales
ticulier pour la retraite supplémentaire, représentatives de salariés qui ont si-
dont le coût peut être important. De son a) Parallélisme des formes gné l’accord initial ou qui y ont adhéré
côté, l’organisme assureur peut avoir 1. Accord ou convention collective (13). Élément du statut collectif, l’accord
intérêt à modifier les garanties. Si les garanties de prévoyance ont d’entreprise est modifié, dénoncé ou mis
été mises en place par un accord ou une en cause sans que les salariés puissent
convention collectifs, leur modification se prévaloir d’une modification de leur
A – Modification à l’initiative relève du domaine de la négociation contrat de travail.
de l’employeur collective : elles ne peuvent être révisées
La modification d’une couverture de que par une convention ou un accord
prévoyance s’effectue dans les mêmes collectifs. (13) Article L. 2261-7 du Code du travail.

RPDS n° 829- | Mai 2014 165


Dossier
Le plus souvent, l’accord a été conclu 3. Référendum décident de s’opposer aux change-
pour une durée déterminée. À défaut, et Un décret – non paru – aurait dû ments prévus.
faute d’avoir prévu les conditions de sa préciser les conditions dans lesquelles La jurisprudence ne s’est pronon-
modification, l’accord ou la convention un accord conclu par référendum peut cée jusqu’à présent qu’en matière de
doit être dénoncé, en respectant un délai être modifié. Si le projet d’accord qui retraite supplémentaire.
de préavis (trois mois en l’absence de sti- a été soumis aux salariés ne prévoit • S’agissant de régimes à pres-
pulation expresse) (14). pas les règles de sa modification, il tations définies, il semble acquis
est généralement admis qu’un régime que lorsqu’une rente viagère est fi-
2. Décision unilatérale mis en place par référendum peut être nancée par les propres cotisations
Faute de précision légale quant modifié par un autre référendum ou des salariés, ceux-ci ont un droit ac-
aux règles d’évolution d’une couver- par un accord collectif. quis à bénéficier d’une liquidation de
ture mise en place par décision uni- leur pension aux conditions initiales.
latérale, il est généralement admis de b) Exceptions au parallélisme Mais pour les droits non liquidés, la
lui appliquer les règles relatives aux des formes Haute Cour a jugé qu’un régime de
usages (15). Un décret en Conseil d’État – tou- retraite d’entreprise à prestations
Ainsi, il convient pour l’employeur : jours pas paru – doit préciser dans définies, mis en place par accord et
— d’informer individuellement les sa- quelles conditions une convention ou révisé à la baisse, ne conférait aucun
lariés ; un accord collectif d’entreprise peut droit acquis aux salariés dont l’ad-
— d’informer les institutions représen- se substituer à une décision unilaté- mission à la retraite est postérieure
tatives du personnel ; rale ou à un référendum, ou un réfé- à la révision  (19). Autrement dit, les
— et de respecter un délai de préve- rendum se substituer à une décision dispositions de l’accord ne sont pas
nance suffisant. unilatérale (18). Les règles admises en garanties pour l’avenir aux salariés
En principe, l’avantage institué par matière de modification de supports qui n’ont pas encore liquidé leur re-
décision unilatérale ou par usage ne sont indiquées dans le tableau ci-des- traite, ce qui est à juste titre critiqué
s’incorpore pas au contrat de travail du sous. par certains auteurs (20).
salarié et la dénonciation de l’usage est Pour les retraités dont les droits
pleinement opposable au salarié. c) Conséquences sont déjà liquidés, la jurisprudence
Toutefois, ce dernier pourra pour le salarié admet que les intéressés ont droit au
contester cette opposabilité : Rien n’est prévu par les textes maintien du niveau de pension atteint
— si la procédure de dénonciation n’a officiels quant aux effets d’une modi- au jour de la dénonciation avec les
pas été strictement respectée ; fication de la couverture prévoyance modalités de revalorisations initiales
— si le montant ou la part salariale des sur la situation des salariés. En fait, jusqu’à l’accord de substitution. Mais
cotisations augmente (16). la seule situation envisagée est celle une fois ce dernier entré en vigueur,
En outre, si l’avantage de pré- d’un changement d’organisme assu- ils ne peuvent se prévaloir des modali-
voyance est incorporé au contrat de reur, qui s’accompagne d’un maintien tés de révision des pensions instituées
travail, la modification du régime sup- des garanties (voir page 169). par l’accord dénoncé, qui constituent
pose l’accord individuel du salarié. En Aussi, les salariés subissent les un avantage collectif, et non un avan-
effet, lorsqu’un avantage est incorporé modifications apportées à une cou- tage individuel (21).
au contrat de travail, il est de jurispru- verture prévoyance, à moins que
dence constante que l’accord du salarié l’avantage ne soit incorporé à leur (19) Cass. soc. 28 mai 2002, n° 00-12918,
soit nécessaire pour modifier les élé- contrat de travail ou, en cas de mo- Dalloz 2002, Jur., 3167, note Y. Saint-
ments de rémunération (modification dification d’une couverture mise en Jours.
du contrat de travail). Comme, en règle place par décision unilatérale, qu’ils (20) Voir Y. Saint-Jours, Dalloz 2002,
générale, la prévoyance d’entreprise Jur., 3167.
suppose une participation financière du (18) Art. L. 911-5 du Code de la sécurité (21) Cass. soc. 17 mai 2005, société
salarié, son assentiment est nécessaire sociale. Naphtachimie, n° 02-46581.
pour modifier la couverture lorsque cet
avantage est incorporé au contrat de
travail (17). Substitution d’un support de couverture par un autre
Régime mis en Modification par Modification par Modification par
(14) Article L. 2261-9 du Code du travail. place par : accord collectif référendum décision unilatérale
(15) Sur le respect des usages, voir
RPDS 2007, n° 741, p. 7. accord collectif oui non non
(16) Article 11 de la loi du 31 décembre
1989. référendum oui oui non
(17) Sur la modification du contrat de
travail, voir F. Signoretto, RPDS 2010, décision unilatérale oui oui oui
n° 783, p. 239.

166 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
• S’agissant des régimes à cotisa-
tions définies, le principe d’un droit
acquis lorsque le salarié finance par
ses propres cotisations une rente via- ¨Information
¨ spécifique en matière de retraite
gère vaut pour ces régimes.
À notre connaissance, aucune Les organismes assureurs qui constituent, au profit des personnes qu’ils assu-
jurisprudence n’est intervenue pour rent ou de leurs salariés, des droits à retraite s’ajoutant à ceux mis en œuvre
définir les droits des salariés dont le par les régimes de retraite complémentaire obligatoire, sont tenus de leur no-
régime à cotisation définie est modi- tifier, avant le 30 septembre de chaque année, les droits qu’ils ont acquis à ce
fié. La Cour de cassation s’est seu- titre au cours de l’année précédente.
lement penchée sur les régimes par Lorsque le salarié quitte l’entreprise avant d’avoir fait liquider ses droits à re-
points en matière de retraite complé- traite, l’organisme assureur doit lui adresser, dans un délai de trois mois à
mentaire obligatoire. Elle a admis compter de la date à laquelle les cotisations ne sont plus versées, une note
qu’il était impossible de modifier le d’information sur ses droits mentionnant notamment les modalités et condi-
nombre de points acquis par les re- tions selon lesquelles il en obtiendra la liquidation et, lorsque le contrat ou le
traités (22), mais qu’il était possible règlement du régime le prévoit, les conditions et délais de leur transfert à un
de revenir sur les modalités de re- autre régime (1).
valorisation des pensions déjà liqui-
dées (23). (1) Art. L. 914-2 du Code de la Séc. soc.

d) Information sur les


réductions et les modifications
de garanties tion du bénéficiaire équivaut à une D’une manière générale, les
réduction des garanties si elle a pour textes régissant les organismes as-
L’employeur qui a conclu avec un effet de déjouer les précisions de pré- sureurs (Code des assurances, Code
organisme assureur une couverture voyance des adhérents (25). de la mutualité et Code de la sécurité
contre le risque décès, les risques Un employeur manque à son sociale) mettent plus largement à la
portant atteinte à l’intégrité phy- obligation d’information s’il n’a pas charge de l’employeur l’obligation
sique de la personne ou liés à la ma- informé le salarié sur la réduction d’informer les assurés des modifica-
ternité ou des risques d’incapacité d’une garantie incapacité, il a du tions apportées à leurs droits et obli-
de travail ou d’invalidité, est tenu de coup été tenu d’indemniser le sala- gations.
remettre au salarié une notice d’in- rié du préjudice résultant du défaut
formation détaillée qui définit no- de couverture du contrat de pré- e) Information du comité
tamment les garanties prévues par voyance de groupe (26). Un autre, qui d’entreprise
la convention ou le contrat et leurs n’avait pas informé que le nouveau Comme lors de la mise en place
modalités d’application. contrat d’assurance excluait tout de la garantie de prévoyance (voir
L’employeur est également tenu complément de salaire pour les cas page  154), le comité d’entreprise
d’informer préalablement par écrit d’invalidité de deuxième catégorie a doit être obligatoirement informé
les salariés de toute réduction des été tenu au paiement de dommages et consulté sur les modifications de
garanties précitées (24). La modifica- et intérêts pour réparer le préjudice couverture envisagées et être en me-
tion d’un règlement intérieur quant subi par le salarié qui résultait de sa sure de se prononcer sur ces modifi-
aux modalités d’attribution d’un ca- perte de chance d’obtenir une garan- cations (29).
pital décès en l’absence de désigna- tie comparable par une souscription
individuelle à un contrat de pré-
(22) Cass. soc. 23 novembre 1999, voyance (27). B – Modification
Adecare et CGT, n° 97-18980, Par ailleurs, la jurisprudence a par l’assureur
Dr. ouv. 2000, n° 618, p. 41, aussi estimé inopposables les clauses Le régime de prévoyance peut
note P. Tillie ; Dr. soc. 2000.322, qui n’avaient pas été portées à la être modifié à l’initiative de l’orga-
concl. P. de Caigny et p. 337, connaissance des salariés (28). nisme assureur.
note L. Favoreu ; D. 2000, p. 290, La modification doit être consta-
note Y. Saint-Jours ; Dr. soc. 2000, p. 409, (25) Cass. civ. 1re, 1er fév. 2000, tée par un avenant au contrat signé
note J.-J. Dupeyroux et p. 412, n° 96-16459, bull. n° 31. des parties (30).
note P. Langlois. (26) Cass. soc. 12 juil. 2000, société Pont-
(23) Cass. soc. 31 mai 2001, AFB, à-Mousson, n° 98-41481. (29) Art. L. 2323-1 du Code du travail.
n° 98-22510, Dr. soc. 2001, p. 744, note (27) Cass. soc. 18 mai 2011, n° 09-42741, (30) Art. L. 221-5 du Code de la
J. Duplat et p. 875, note P. Langlois. bull. n° 119. mutualité ; art. L. 932-3 du Code de
(24) Article 12 de la loi du 31 décembre (28) Cass. civ. 1re, 9 déc. 1986, Zammit, la séc. soc. ; art. L. 112-3 du Code des
1989. n° 85-11674, bull. n° 284. assurances.

RPDS n° 829- | Mai 2014 167


Dossier
 aintien
3 Mdu des garanties en cas de résiliation
contrat de prévoyance
Le contrat de prévoyance fixe sa du- lement applicable aux salariés ayant de prévoyance alors que le salarié est
rée et ses conditions de résiliation. En quitté l’entreprise après la période de en incapacité de travail ou bien est in-
outre, certaines circonstances peuvent « portabilité » de leur couverture (voir valide. Cette obligation pèse sur l’orga-
donner lieu à résiliation. page 176). nisme assureur initial.
S’agissant des conséquences de la L’organisme assureur ne doit pas,
rupture du contrat de travail sur la dans ce cas, imposer au salarié de pé- c) Maintien des prestations
prévoyance d’entreprise, se reporter à riode probatoire – c’est-à-dire un délai en cours
notre article page 173. d’attente pour l’obtention des presta- La loi prévoit que la résiliation ou le
tions – ni le soumettre à un question- non-renouvellement du contrat est sans
naire ou à un examen médical. effet sur le versement des prestations
A – Les cas de résiliation Seul l’organisme assureur est tenu immédiates ou différées, acquises ou
Le contrat peut être résilié au moins de proposer le maintien de ces garan- nées durant son exécution.
une fois par an par chacune des parties, ties. Le contrat devient donc un contrat Le versement des prestations de
ce qui doit être rappelé dans le contrat. individuel. Il peut imposer des tarifs toute nature se poursuit à un niveau
Il peut aussi être résilié en cas de supérieurs aux tarifs globaux (dans la au moins égal à celui de la dernière
non-paiement des primes, de faute de limite de 50 %). Ce maintien est réservé prestation due ou payée avant la rési-
l’assuré lors de la déclaration du risque, aux anciens salariés bénéficiaires d’une liation ou le non-renouvellement, sans
ou de la non-déclaration d’une aggrava- rente d’incapacité ou d’invalidité, d’une préjudice des révisions prévues dans
tion de risque. pension de retraite ou, s’ils sont privés le contrat ou la convention (33).
La résiliation peut également inter- d’emploi, de revenus de remplacement. Selon la Cour de cassation, il faut
venir à la suite d’un redressement ou de Il peut aussi être proposé aux ayants entendre par prestation différée la
la liquidation judiciaire de l’entreprise droit du salarié. Chacun doit en faire la prestation demandée par l’assuré qui
(voir page 171). demande dans les six mois (du décès, de a pour origine des risques survenus
Pour être effective, la résiliation doit la rupture du contrat de travail ou de la pendant la période de garanties cou-
respecter un délai de préavis. fin de la période de « portabilité »). verte par le contrat résilié ou non re-
nouvelé. Cela signifie que l’organisme
b) Salariés malades assureur doit garantir au salarié la
B – Maintien de certaines ou invalides prestation qu’il réclame dès lors que le
garanties Depuis une loi du 17  juillet 2001, fait générateur justifiant le versement
En principe, une fois le contrat de lorsque les salariés sont garantis col- de cette prestation est antérieur à la
prévoyance résilié, les garanties pren- lectivement dans le cadre d’un ou de résiliation du contrat (34).
nent fin. Toutefois, l’assuré peut pré- plusieurs contrats comportant la cou- Exemple : un salarié tombe ma-
tendre à son maintien individuel dans verture des risques décès, incapacité lade et perçoit des indemnités jour-
l’assurance et, en tout état de cause, au de travail et invalidité, la couverture nalières au titre de la garantie « in-
maintien des prestations en cours au du risque décès doit inclure une clause capacité de travail » d’un contrat de
niveau atteint au moment de la résilia- de maintien de la garantie décès en cas prévoyance. Ce dernier prévoit qu’en
tion du contrat. d’incapacité de travail ou d’invalidité. cas de reconnaissance d’inaptitude
La loi prévoit expressément que la à la fonction par le médecin du tra-
a) Maintien individuel résiliation (ou le non-renouvellement vail, les salariés doivent percevoir une
dans l’assurance du contrat) est sans effet sur les pres- rente annuelle d’un certain montant.
Lorsque les salariés sont garantis tations à naître au titre du maintien Le salarié étant toujours en arrêt ma-
collectivement contre les risques décès, de garantie en cas de survenance du ladie, il fait l’objet d’une telle recon-
portant atteinte à leur intégrité phy- décès avant le terme de la période d’in- naissance d’inaptitude et réclame le
sique ou liés à la maternité, ou contre capacité de travail ou d’invalidité telle bénéfice de la rente. Mais celle-ci est
les risques d’incapacité de travail ou que définie dans le contrat couvrant le refusée au motif que, entre la maladie
d’invalidité, le contrat doit prévoir les risque décès (32). et la déclaration d’inaptitude, un nou-
conditions dans lesquelles la personne A priori, le législateur impose le veau contrat de prévoyance a été subs-
intéressée se voit proposer le maintien maintien à l’identique de la garantie
de sa couverture et à quelles condi- décès en cas de résiliation d’un contrat (33) Art. 7 de la loi du 31 déc. 1989
tions tarifaires (31). Cette règle est éga- modifiée.
(32) Art. 7-1 de la loi du 31 déc. 1989 (34) Cass. soc. 18 mars 2003, cabinet
(31) Art. 5 de la loi du 31 déc. 1989. modifiée. Corsim, n° 01-41669.

168 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
titué au premier et qu’il ne comporte
pas l’octroi d’une telle rente. Les dispo-
sitions moins favorables de ce second ¨Maintien
¨ des garanties en cas de changement
contrat ne peuvent pas être opposées d’organisme assureur
au salarié. En effet, l’attribution de la
rente constitue une prestation diffé- Comme déjà indiqué, la résiliation du contrat est sans effet sur les prestations en
rée relevant de l’exécution du premier cours de versement (1). En outre, le législateur fait obligation, en présence d’une
contrat dans la mesure où la maladie couverture sous forme de rentes, des risques décès, incapacité de travail ou inva-
à l’origine de l’inaptitude est surve- lidité, d’organiser, en cas de changement d’organisme assureur, la poursuite de la
nue pendant la période de garantie du revalorisation des rentes en cours de service (2).
contrat initial (35). Le maintien de la garantie joue même après la rupture du contrat de travail si le
Cette position de la Cour de cassa- risque (en l’espèce, lié à l’invalidité) s’est réalisé pendant la durée du contrat de
tion est constante depuis (36). travail (3). Quant aux prestations liées à l’indemnisation d’un sinistre intervenu pen-
Par la suite, la Cour de cassation dant la période de validité d’une police d’assurance de groupe, elles ne peuvent être
a étendu l’application de l’article 7 de remises en cause par la résiliation ultérieure de cette police (4).
la loi Évin sur la prise en charge des Concrètement, en cas de changement d’organisme assureur, deux hypothèses peu-
prestations différées au cas de la rup- vent se présenter :
ture du contrat de travail sans résilia- — l’ancien organisme assureur continue à verser les indemnités et les rentes aux
tion du contrat d’assurance (37). personnes qui en bénéficient au niveau atteint au moment de la radiation du contrat ;
Elle a jugé que la prise en charge le nouvel organisme assure la revalorisation des rentes ;
d’un nouvel arrêt de travail causé par — le nouvel organisme assureur verse la totalité des indemnités ou rentes aux bénéfi-
une rechute postérieure à la résilia- ciaires. Les provisions mathématiques sont alors transférées au nouvel organisme.
tion du contrat d’assurance devait être __________________________________________________
couverte par l’assureur car « les presta- (1) Art. 7 de la loi du 31 déc. 1989, modifiée.
tions liées à la réalisation d’un sinistre (2) Art. L. 912-3 du Code de la Séc. soc.
survenu pendant la période de validité (3) Cass. soc. 22 nov. 1995, Hennen, n° 91-44102.
d’une police d’assurance de groupe ne (4) Cass. soc. 16 janv. 2007, Mozet c/sté Axa France, n° 05-43434.
peuvent être remises en cause par la
résiliation ultérieure de celle-ci » (38).
Par ailleurs, la Haute Cour a qua-
lifié de « prestation différée » le verse- consécutif à la maladie dont il était
ment d’un capital décès par anticipa- (depuis le 20 octobre 1997), antérieu-
tion (39). Dans cette affaire, le contrat rement à la résiliation du contrat.
d’assurance prévoyait le versement En revanche, la Cour de cassa-
par anticipation d’un capital décès en tion estime que le capital décès (servi ¨Retraite
¨ et transfert
cas d’invalidité absolue ou définitive, aux ayants droit) n’est pas considéré de l’épargne
lorsque l’assuré est classé par la Sécu- comme une prestation différée, même
rité sociale en invalidité de deuxième si le décès a sa cause dans une mala- Dans les contrats d’assurance de
ou troisième catégorie. Un tel verse- die préexistante. Seule la date de la groupe en cas de vie, une clause de
ment devait intervenir dès lors que mort de l’assuré, et non la cause du transfert doit être insérée pour per-
le classement du salarié en invalidité décès, étant déterminante du droit au mettre un transfert de l’épargne de
de deuxième catégorie par la Sécurité versement du capital (40). tout salarié constituée au sein d’un
sociale (le 1er  novembre 1999) était contrat de retraite par capitalisation à
d) Revalorisation des rentes cotisations définies en cas d’événe-
(35) Cass. soc. 16 janv. 2007, Mozet c/sté La loi (contrairement à l’hypo- ment survenant lors de sa vie profes-
Axa France, n° 05-43434. thèse du changement d’assureur, voir sionnelle modifiant ses liens avec son
(36) Voir par exemple, Cass. civ. 2e, ci-dessus), ne fait pas obligation à l’or- employeur. Il s’agit, en règle générale,
14 janv. 2010, n° 09-10237 ; Cass. civ. 2e, ganisme assureur de revaloriser les du licenciement, d’un changement
27 mars 2014, n° 13-14656. rentes. Il semble donc qu’il incombe à d’employeur ou d’un départ en retraite.
(37) Cass. civ. 2e ch. 18 avril 2008, l’entreprise d’organiser une telle reva- En dehors de cette hypothèse, l’inser-
n° 07-12064 et n° 07-12088, bull. n° 100 et lorisation. Si l’employeur ne parvient tion d’une telle clause est purement
101. Sur les dispositifs de maintien de la pas à la faire prendre en charge par facultative (1)
couverture après la rupture du contrat, l’organisme assureur (initial ou nou-
voir notre article en page 173. veau), il devra la prendre en charge (1) Art. L 132-23 du Code des
(38) Cass. civ. 2e ch. 12 avril 2012, directement. assurances, L. 932-23 du Code
n° 11-17355. de la séc. soc. et L. 223-22 du Code
(39) Cass. civ. 2e ch., 17 avril 2008, (40) Cass. civ. 1re, 29 avril 2003, COS de de la mutualité.
n° 06-45137, bull. n° 87. la Ville de Rezé, n° 01-01978, bull. n° 99.

RPDS n° 829- | Mai 2014 169


Dossier
4 Maintien des garanties en cas
de restructuration d’entreprise
Une nouvelle négociation doit de survie de la convention mise en
A – Engagement
donc s’engager. L’accord ou la cause ne peut être qu’un accord
de l’employeur convention demeure applicable d’adaptation devant être négocié
En cas de restructuration, les jusqu’à l’entrée en vigueur du nou- dans l’entreprise d’accueil (42).
obligations de l’employeur en ma- vel accord ou de la nouvelle conven- En l’absence d’accord, l’ancien
tière de prévoyance et de retraite tion et, à défaut, pendant un an à statut collectif continue de produire
supplémentaire sont transférées, au compter de l’expiration du préavis effet en même temps que l’accord
moins temporairement, au nouvel (sauf clause prévoyant une durée de l’entreprise absorbante pendant
employeur. Mais le régime du trans- supérieure). Si l’accord dénoncé n’a un an après le préavis et les sala-
fert varie selon l’acte à l’origine de pas été remplacé dans ce délai, il riés conservent, après ces délais, le
la mise en place du régime (accord, cesse de s’appliquer, mais les sala- maintien des avantages individuels
convention, référendum, décision riés conservent les avantages indi- acquis sous l’empire des dispositions
unilatérale). viduellement acquis passé ce délai conventionnelles antérieures (43).
(voir l’encadré ci-dessous).
a) Convention 3. Application en matière de retraite
ou accord d’entreprise 2. Applications en matière de prévoyance En matière de retraite, l’article
Deux hypothèses  principales L. 913-2 du Code de la sécurité sociale
1. Principe peuvent se présenter. prévoit qu’« aucune disposition entraî-
Si l’application d’une convention • L’entreprise absorbante n’ap- nant la perte des droits acquis ou en
ou d’un accord est mise en cause plique pas de convention collec- cours d’acquisition à des prestations
en raison notamment d’une fusion, tive. Dans ce cas, la convention de de retraite, y compris à la réversion,
d’une cession, d’une scission ou l’entreprise absorbée pourra s’ap- des salariés ou anciens salariés en
d’un changement d’activité, celle-ci pliquer pendant le délai de préavis cas d’insolvabilité de l’employeur ou
(celui-ci) continue de produire ef- (trois mois en général) et les douze de transfert d’entreprises, d’établisse-
fet selon les modalités prévues pour mois de survie.
la dénonciation des accords collec- (42) Cass. soc. 14 mai 1992, Volet,
tifs (41). • L’entreprise absorbante ap- n° 88-45316, Dalloz 1993, p. 67,
plique elle-même une conven- note N. Decoopman.
(41) Article L. 2261-10 du Code du tion. La jurisprudence considère (43) Cass. soc. 24 fév. 1993, Collin, n° 90-
travail. que l’accord mettant fin au délai 40104, bull. n° 67.

¨Avantage
¨ individuel acquis : quelles prestations ?
Un avantage individuel acquis est celui qui, au jour de la dé- La Cour de cassation a estimé que des salariés mis à la re-
nonciation de la convention ou de l’accord collectif, procurait traite avant la dénonciation d’un accord collectif, reprenant un
au salarié une rémunération ou un droit dont il bénéficiait à titre régime de retraite à prestations définies institué unilatérale-
personnel et qui correspondait à un droit déjà ouvert et non sim- ment par l’employeur, avaient droit au maintien du niveau de
plement éventuel (1). pension atteint au jour de la dénonciation avec les modalités de
Il semble qu’en matière d’invalidité ou de décès, il ne peut y revalorisation initiales jusqu’à l’accord collectif de substitution.
avoir d’avantage individuel acquis car, par définition, le risque En revanche, ils ne pouvaient pas se prévaloir, au-delà de cette
n’est pas encore intervenu. En matière de maladie ou de ma- date, des modalités de revalorisation instituées par l’accord col-
ternité, ce pourrait être les prestations dont bénéficiaient les lectif dénoncé, qui constituent un avantage collectif et non un
salariés au moment de la dénonciation. avantage individuel (3).
En matière de retraite, ce pourrait être, pour les régimes à coti- __________________________________________________
sations définies, le montant de la valeur de la cotisation patro- (1) Cass. soc. 13 mars 2001, n° 99-45651, bull. n° 90.
nale. Et pour les régimes à prestations définies, le droit acquis (2) Cass. soc. 28 mai 2002, n° 00-12918, bull. n° 181.
au moment du départ de l’entreprise (2). (3) Cass. soc. 17 mai 2005, n° 02-46581, bull. n° 170

170 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
ments ou de parties d’établissements mer individuellement les salariés et
à un autre employeur, résultant d’une les institutions représentatives du
cession conventionnelle ou d’une fu- personnel. ¨Garanties
¨ en cas
sion, ne peut être insérée dans les En cas de restructuration, les de redressement
conventions, accords ou décisions uni- salariés de l’entreprise absorbée ou de liquidation
latérales ». peuvent refuser le précompte sala- judiciaire­
Si le principe d’un maintien des rial pour une prévoyance mise en
droits est fixé, la portée de la mesure place par décision unilatérale par En cas de redressement ou de liqui-
est ambiguë. l’entreprise absorbante (45). En effet, dation judiciaire de l’entreprise, les
Que faut-il entendre par « droits l’article 11 de la loi du 31 décembre garanties collectives subsistent.
acquis ou en cours d’exécution » ? A 1989 est applicable : le nouvel em- L’administrateur ou le débiteur auto-
priori, les sommes capitalisées sur ployeur qui entend appliquer aux risé par le juge-commissaire ou le li-
des comptes individuels ou les pen- salariés d’une entreprise reprise le quidateur, d’une part, et l’organisme
sions déjà liquidées. régime de prévoyance collective mis d’assurance, d’autre part, conser-
Les salariés peuvent revendiquer en place dans les autres sociétés du vent le droit de résilier le contrat
la prise en charge des cotisations pa- groupe qu’il dirige, par engagement pendant un délai de trois mois à
tronales d’un régime à cotisations unilatéral et antérieurement au compter de la date du jugement de
définies ou se prévaloir de l’avantage transfert, est tenu de solliciter l’ac- sauvegarde ou de redressement ou
de l’entreprise absorbante à laquelle cord de chacun des intéressés avant de liquidation judiciaire. La portion
ils appartiennent désormais du fait de précompter sur son salaire la co- de cotisation afférente au temps
de la restructuration d’entreprise. tisation correspondante. pendant lequel l’institution de pré-
Pour un régime à prestation dé- voyance ou l’organisme d’assu­rance
finie, ils ne peuvent pas, passés les d) Avantage incorporé ne couvre plus le risque est restituée
délais de survie de l’ancien accord et au contrat de travail au débiteur (1).
à défaut de conclusion d’un nouvel Si l’avantage de prévoyance a été À noter que la jurisprudence a ad-
accord, revendiquer de prestations incorporé dans le contrat de travail, mis la garantie de l’AGS pour l’as-
de retraite supplémentaires dans les c’est-à-dire s’il résulte directement surance décès des cadres (prévue
conditions et au montant fixés anté- du contrat de travail, celui-ci est par convention collective obligatoire)
rieurement. automatiquement transféré en cas lorsque l’employeur a omis de cotiser
de restructuration de l’entreprise pour l’assurance décès des cadres
b) Référendum entraînant changement d’employeur (2). En revanche, la garantie AGS ne
Un décret non encore paru doit en vertu de l’article L. 1224-1 du joue pas pour l’absence de paiement
fixer les conditions dans lesquelles Code du travail. d’une cotisation à une assurance
un accord obtenu par référendum décès, car la créance litigieuse ne
peut être modifié ou dénoncé, mis résulte pas de l’exécution du contrat
en cause en raison notamment d’une B – Relations entreprise/ de travail, mais d’une action en res-
fusion, d’une cession, d’une scission assureur ponsabilité (3).
ou d’un changement d’activité. Si l’entreprise absorbée disparaît Elle ne joue pas non plus si la de-
Il semble admis que l’accord juridiquement, le contrat de pré- mande porte sur une demande de
par référendum se transfère pour voyance est rompu, sauf si l’assu- régularisation du paiement de coti-
une durée indéterminée au nouvel reur transfère à nouveau le contrat sations dues à une caisse de retraite
employeur, à moins que celui-ci ne au profit du nouvel employeur. Il en complémentaire de prévoyance, car il
mette un terme au régime au terme va de même si l’entreprise subsiste ne s’agit pas d’une créance salariale,
du préavis (trois mois ou délai fixé mais ne comporte plus de personnel. mais d’une dette de l’entreprise (4).
par l’accord référendaire). Toutefois, l’assureur reste tenu
au maintien des garanties décès (1) Article L. 932-10 du Code de la
c) Décision unilatérale pour les salariés invalides ou inca- séc. soc.
En cas de restructuration entraî- pables dès lors que la résiliation (2) Cass. soc. 8 nov. 1994, société Sex-
nant un changement d’employeur, du contrat a lieu (sur ce point, voir tan, n° 93-11239, bull. n° 293.
les salariés peuvent se prévaloir au- page 168). (3) Cass. soc. 6 avril 1994, Minaut,
près du nouvel employeur des usages Quant à la société absorbante, n° 91-43912, bull. n° 132.
et engagements unilatéraux en vi- c’est sur elle que pèse désormais le (4) Cass. soc. 31 mars 1998, n° 95-
gueur chez l’ancien employeur  (44). poids de la couverture. 44333, bull. n° 183.
Mais le nouvel employeur peut les
dénoncer. Dans ce cas, il doit infor-

(44) Cass. soc. 4 fév. 1997, société Total, (45) Cass. soc. 4 janv. 1996, société Hype-
n° 95-41471. rallye, n° 92-41885.

RPDS n° 829- | Mai 2014 171


Dossier
5  uppression du régime de prévoyance
S
par l’employeur
L’employeur peut vouloir mettre La décision unilatérale régulière-
un terme à la couverture complé- ment dénoncée prendra fin à l’expira-
mentaire. Il doit alors respecter un tion du délai de préavis.
certain nombre d’obligations envers
les salariés et l’assu­reur. Les salariés b) Information
bénéficient alors de la garantie atta- Les textes n’imposent pas directe-
chée à la résiliation ou au non-renou- ment à l’employeur d’informer le co-
vellement du contrat de prévoyance mité d’entreprise qu’il entend mettre ¨Rapport
¨ annuel sur
(voir ci-avant). fin à la couverture. Toutefois, cette les comptes du contrat
information est préférable et, comme
elle est obligatoire au moment de la L’organisme assureur doit fournir
A – Procédure mise en place ou de la modification tous les ans au chef d’entreprise un
a) Formalisme de la couverture, il semble normal rapport sur les comptes de la conven-
qu’elle ait lieu pour la suppression de tion ou du contrat de prévoyance (1).
1. Convention ou accord collectif celle-ci. À condition qu’il en fasse la demande,
L’employeur doit, conformément En outre, la consultation du CE le chef d’entreprise le présente au
au droit commun de la négociation est prévue en cas de dénonciation comité d’entreprise ou, à défaut, aux
collective, dénoncer l’accord ou la d’une convention collective (47). délégués du personnel. Le rapport
convention collective. L’accord ou la indique :
convention prendra fin à l’expiration — le montant des cotisations ou
du délai de survie. B – Obligation vis-à-vis primes brutes de réassurance ;
de l’assureur — le montant des prestations payées,
2. Référendum Le fait de mettre un terme à l’acte brutes de réassurance ;
Faute de parution du décret indi- fondateur de la couverture est sans — le montant des provisions tech-
quant les modalités de dénonciation effet sur le contrat de prévoyance. niques brutes de réassurance le
d’un accord ratifié par la majorité des L’employeur doit, parallèlement, rési- 1er  janvier et le 31  décembre de
salariés, il est convenu de traiter ce- lier le contrat conclu avec l’organisme l’exercice considéré ;
lui-ci comme un accord atypique, c’est- assureur. — la quote-part des produits finan-
à-dire d’appliquer les règles relatives ciers nets, des commissions, des
à la dénonciation des usages (voir autres charges, des participations
page 168) (46). C – Effets de la aux résultats, du résultat de la ré­
Bien entendu, si l’accord contient dénonciation sur assurance ;
des dispositions organisant la dénoncia- les droits des salariés — le nombre de salariés garantis
tion, elles doivent être respectées. (décret n° 90-769 du 30 août 1990,
Si l’employeur dénonce l’acte fon- JO du 1er septembre).
3. Décision unilatérale dateur de la couverture complémen-
Aucune disposition légale ne règle taire, il doit également résilier le (1) Article 15 de la loi du 31 dé-
la dénonciation d’une décision unila- contrat de prévoyance souscrit auprès cembre 1989.
térale. Aussi, s’appliquent les mo- de l’organisme assureur.
dalités de dénonciation des usages. Cette résiliation emporte pour les
L’engagement de l’employeur ne peut salariés : — le maintien de la couverture décès
être rétracté qu’après information — le maintien des prestations immé- aux assurés en incapacité de travail et
des instances représentatives du per- diates ou différées acquises ou nées aux invalides (voir page 168) ;
sonnel et des salariés pour permettre avant la résiliation du contrat (voir — la possibilité de demander le main-
d’éventuelles négociations. Si un tel page 168) ; tien à titre individuel de leur couverture
délai n’est pas respecté, les modifi- prévoyance.
cations ne sont pas opposables aux (47) Appel Paris 6 mars 2002, AGME En matière de retraite supplémen-
salariés. c
/ CE de l’AGME, Dr. ouv. 2002.116, taire, les droits non encore liquidés
note E. Gayat, confirmant TGI Paris, résultant d’un engagement unilatéral
(46) Sur le respect des usages, réf., 18 oct. 2001, RPDS 2002. 97, peuvent être remis en cause, mais pas
voir RPDS 2007, n° 741, p. 7. comm. L. Milet. les droits déjà liquidés.

172 RPDS n° 829 | Mai 2014


Cl. fasc. 45. Annule et remplace RPDS 2010,
n° 778, p. 53 à 51. Dossier Protection sociale complémentaire
Le maintien
de la couverture
santé-prévoyance
des anciens salariés
Par Olivia Dôme
L’ANI du 11 janvier 2008 a institué pour les salariés licen-
ciés (sauf pour ceux qui l’ont été pour faute lourde) un mé-
¨Sachez-le
¨ vite canisme de maintien temporaire de la couverture santé et
La rupture du contrat de travail fait perdre prévoyance dont ils bénéficiaient avant leur licenciement. Il
au salarié la couverture complémentaire diffère de celui prévu par la loi du 31 décembre 1989 essen-
dont il bénéficiait dans son entreprise. Pour tiellement en ce qu’il permet à l’ancien salarié de continuer
limiter les conséquences qu’une telle perte
à bénéficier des prestations en vigueur dans l’entreprise,
emportera sur sa protection sociale – en
particulier la difficulté qu’il pourrait rencon- alors que le maintien de la couverture prévu par la loi de
trer à être couvert par un organisme assu- 1989 ne vise que les prestations « frais de santé ».
reur qui exigerait une période probatoire et L’ANI reste applicable jusqu’au 30 juin 2014 pour les garan-
des questionnaires médicaux – la loi Evin du
ties portant atteinte à l’intégrité physique de la personne
31 décembre 1989 a prévu qu’à la sortie du
contrat de prévoyance de l’entreprise, tout ou la maternité et jusqu’au 1er juin 2015 pour les garanties
salarié dont le contrat de travail est rompu liées aux risques décès, d’incapacité de travail ou d’inva-
puisse obtenir le maintien, à titre individuel, lidité. À ces dates, il conviendra d’appliquer le mécanisme
de sa garantie frais de santé. Ce disposi-
de maintien des droits mis en place par la loi dite de sé-
tif a dû être articulé avec un autre, institué
par l’accord national interprofessionnel (ANI) curisation de l’emploi du 14 juin 2013. Celui-ci a amélioré
du 11 janvier 2008 sur la modernisation du le dispositif de l’ANI sur plusieurs points, en particulier, en
marché du travail et que, couramment, on prévoyant que le maintien de la couverture est gratuit, et
dénomme « portabilité » de la prévoyance.
prévu pour une durée maximale plus longue.
Ce dernier vise à maintenir les garanties

1 Les différents dispositifs


santé et prévoyance des salariés licenciés
(à l’exclusion de ceux licenciés pour faute
lourde) telles qu’ils en bénéficiaient dans
leur ancienne entreprise, laquelle doit relever
du champ d’application de l’ANI. La loi de
sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 a A – Que faut-il entendre l’emploi du 14 juin 2013) avec la reven-
inscrit dans le Code de la Sécurité sociale un dication possible pour un ancien salarié
dispositif de « portabilité » comparable à celui
par dispositif de maintien de bénéficier des prestations dont le fait
institué par l’ANI. Elle l’a toutefois généralisé des garanties ? générateur est intervenu avant la rup-
à tous les salariés. En outre, elle a articulé Il ne faut pas confondre les disposi- ture de son contrat de travail, en tant
ce mécanisme avec celui de la loi Evin : le tifs de maintien des garanties (article 4 que « prestations immédiates ou diffé-
maintien à titre individuel de la couverture au de la loi du 31 décembre 1989, « portabi- rées ». Il s’agit des prestations visées à
titre de cette loi peut avoir lieu à l’issue de la lité » de la prévoyance dans le cadre de l’article 7 de la loi du 31 décembre 1989
période de portabilité (l’intéressé devant en l’ANI du 11 janvier 2008 ou de l’article (voir notre article p. 168).
faire la demande). L. 911-8 du Code de la Sécurité sociale Au contraire, dans ce cadre des dis-
institué par la loi de sécurisation de positifs de maintien de la couverture,

RPDS n° 829 | Mai 2014 173


Dossier
les prestations susceptibles d’être re- raît contraire à la situation économique a) Les conditions
vendiquées par le salarié sont celles du marché. Les organismes assureurs
couvertes par le régime (uniquement sont incités à contourner le principe de Pour conserver le bénéfice de sa cou-
frais de santé pour l’article 4 de la loi solidarité entre actifs et inactifs puisque verture, le salarié doit remplir les condi-
du 31 décembre 1989) et pas seulement ces derniers sont amenés à cotiser tions cumulatives suivantes :
celles dont il a déjà bénéficié ou dont le jusqu’à trois fois plus qu’un salarié. On — la rupture du contrat de travail doit
fait générateur est intervenu avant la peut craindre que la modification des être non consécutive à une faute lourde
rupture du contrat de travail. modalités du contrat entraîne une tari- et ouvrir droit à prise en charge par le
fication maximum. régime d’assurance chômage (ce qui in-
B – Le dispositif de l’article 4 Enfin, la loi n’impose aucune obliga- clut notamment la démission pour un
de la loi du 31/12/1989 tion de financement à la charge de l’em- motif reconnu légitime par Pôle emploi
ployeur. Le financement des contrats de et la rupture conventionnelle) (3) ;
Le salarié dont la couverture col- maintien est exclusivement à la charge — fournir à son ancien employeur la
lective organise le remboursement ou de l’ancien salarié ou de l’ayant droit du justification de sa prise en charge par le
l’indemnisation des frais occasionnés salarié décédé. Il est toutefois possible régime d’assurance chômage ;
par une maladie, une maternité ou un de négocier que l’entreprise participe à — avoir travaillé au moins un mois en-
accident, doit bénéficier sans condition ce financement. tier chez le dernier employeur ;
de période probatoire ni d’examen ou de — avoir ouvert des droits à couverture
questionnaire médicaux, d’un nouveau C – L’ANI du 11 janvier 2008 complémentaire chez le dernier em-
contrat maintenant sa couverture. Il ployeur.
appartient au contrat d’assurance de Le salarié dont le contrat de tra- Le maintien de la couverture san-
l’entreprise de prévoir cette faculté (voir vail est rompu et qui ouvre droit à l’as- té-prévoyance n’est en aucun cas obli-
page 168). Plus précisément, la garan- surance chômage (sauf s’il a été licen- gatoire pour le salarié. Il peut en effet
tie joue au profit : cié pour faute lourde) peut conserver, renoncer au maintien de ces garanties.
— des anciens salariés bénéficiaires sous certaines conditions, le bénéfice Mais cette renonciation est globale et
d’une rente d’incapacité ou d’invalidité, des garanties des couvertures complé- définitive. Cela signifie qu’elle est ir-
d’une pension de retraite ou, s’ils sont mentaires santé et prévoyance appli- révocable et qu’elle porte sur les deux
privés d’emploi, de revenus de rem- quées dans son ancienne entreprise types de couverture santé et prévoyance
placement (allocation chômage, prére- pendant une période de chômage. Le et non pas sur l’une d’entre elles. En
traite…) ; maintien de la couverture de l’ANI est pratique, l’ancien salarié doit notifier
— des ayants droit garantis du chef de plus large que celui prévu par l’article expressément par écrit sa renonciation
l’assuré décédé, pendant une durée mini- 4 de la loi Evin, puisqu’il vise non seu- à son ancien employeur dans les dix
male de douze mois à compter du décès. lement les frais de santé, mais aussi jours qui suivent la date de la fin de son
Il appartient aux intéressés de deman- la prévoyance qui s’appliquait dans contrat de travail.
der le maintien de la garantie dans les l’entreprise.
six mois qui suivent : En revanche, le champ d’application b) La durée
• la rupture du contrat de travail, ou de l’ANI n’a pas la portée générale de la Le bénéfice des garanties des cou-
la période pendant laquelle les intéres- loi. Il s’applique à toutes les entreprises vertures complémentaires santé et pré-
sés bénéficient de la « portabilité » de relevant des branches dans lesquelles voyance appliquées dans l’ancienne en-
la couverture de leur entreprise (voir au moins une des trois organisations treprise est accordé au salarié pour une
infra) ; patronales signataires de l’ANI (Medef, durée égale à la durée de son dernier
• le décès de l’assuré. UPA, CGPME) est représentée, soit contrat de travail, appréciée en mois
L’organisme assureur doit fixer dans le l’industrie, le commerce, les services entiers, et en tout état de cause, dans la
contrat les conditions, notamment tari- et l’artisanat. Il n’est pas applicable limite de neuf mois de couverture.
faires, et les modalités de maintien de aux professions agricoles, à l’économie
la garantie. Le nouveau contrat souscrit sociale, aux professions libérales, aux c) Les prestations visées par
individuellement par le salarié ou ses VRP, à la presse, à l’enseignement le maintien des droits
ayants droit doit prévoir que la garantie privé sauf le « hors contrat », aux offi- L’avenant du 18  mai 2009 à l’ANI
s’applique, au plus tard, le lendemain ciers ministériels (2). L’ANI a vocation du 11  janvier 2008 énonce le principe
de la demande. à disparaître, en deux temps, puisque du maintien des garanties complémen-
Les tarifs applicables aux anciens la loi dite de sécurisation de l’emploi du taires santé et prévoyance appliquées
salariés et ayants droit peuvent être su- 14 juin 2013 met en place un dispositif dans l’ancienne entreprise.
périeurs aux tarifs globaux applicables légal de portabilité qui se substituera à Cela signifie que, lors de la rup-
aux salariés actifs (mais pas plus de celui de l’ANI à partir de juin 2014 (puis ture du contrat de travail, l’organisme
50 %) (1). Cette disposition de la loi appa- en 2015) (voir infra page 176). assureur (mutuelle, institution de pré-

(1)  Décret n° 90-769 du 30 août 1990, (2)  Lettre-circ. Acoss 2011-36 du (3)  Sur l’indemnisation du chômage,
JO du 1er sept. 24 mars 2011, QR n° 8. voir RPDS 2009, n° 770-771.

174 RPDS n° 829| Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
voyance, compagnie d’assurance) doit
maintenir au salarié sa couverture an-
térieure à l’identique et ne peut pas lui
proposer des garanties « similaires » ou À quelle date apprécier le droit au maintien
¨¨
« approchantes » (4). de la garantie ?
Il en résulte que, si les prestations Le maintien des garanties est applicable « à compter de la date de cessation du contrat de travail »,
prises en charge doivent être les mêmes, aux termes de l’article L. 911-8 du Code de la sécurité sociale.
le taux de remboursement doit aussi Pour déterminer cette date, deux interprétations sont possibles. Elles sont actuellement étudiées par
être le même. Si, par exemple, la prise l’administration, qui ne s’est pas encore prononcée, mais devrait le faire prochainement.
en charge des frais d’optique est prévue La première interprétation consiste à retenir la date de la notification par l’employeur (par LR/AR)
antérieurement à un taux de 80 % des de sa décision de licencier. Elle ne retient donc pas, en cas de licenciement avec préavis, la durée
dépenses réelles, le maintien de la ga- du préavis. En pratique, elle peut s’avérer défavorable au salarié, si ce dernier ouvre droit à la pré-
rantie implique à la fois le maintien du voyance d’entreprise après une durée d’ancienneté qui ne serait atteinte qu’en tenant compte de
principe de la prise en charge des frais l’exécution de son préavis. Exemple : un salarié peut prétendre au remboursement frais de santé
d’optique et le maintien du montant du après six mois d’ancienneté. Après trois mois de travail, la rupture de son contrat de travail lui est
remboursement à 80 %. notifiée. Le salarié doit exécuter un préavis pendant trois mois. En retenant la date de notification, il
Qui plus est, l’interdiction de toute n’atteint pas les six mois d’ancienneté exigée et ne peut prétendre à la portabilité de la prévoyance.
sélection des risques par la loi du 31 dé- La seconde interprétation, plus conforme, à notre sens, aux règles généralement utilisées en ma-
cembre 1989 ne peut véritablement être tière de droit du travail, consiste, en matière de licenciement, à retenir non la « date de la rupture
assurée que dans le cadre du maintien du contrat de travail » mais la date effective à laquelle le contrat de travail prend fin, ce qui implique
de la couverture à l’identique. alors de tenir compte du préavis, qu’il soit exécuté ou non. Il s’agirait alors de se positionner au
Toutes les garanties couvertes par terme du préavis (exclu en cas de licenciement pour faute grave) pour examiner l’ouverture du droit
l’accord en vigueur dans l’entreprise du salarié à la « portabilité ». Pour reprendre notre exemple précédent, le salarié, dont la notification
sont susceptibles d’être revendiquées de la rupture du contrat intervient après trois mois, mais qui doit exécuter trois mois de préavis
par le salarié et pas seulement celles répondrait alors à l’exigence des six mois d’ancienneté pour prétendre à la garantie frais de santé de
dont il a déjà bénéficié ou dont le fait gé- l’entreprise et, partant, à la portabilité de la prévoyance. Le même raisonnement pourrait être tenu
nérateur est intervenu avant la rupture en matière de démission. La date de rupture du contrat de travail correspondrait au moment où le
du contrat de travail. Qui plus est, si la salarié a, sans équivoque, manifesté sa volonté de rompre le contrat (1). Quant à la date de cessation
garantie offerte au salarié couvrait éga- du contrat de travail, elle correspondrait à la date d’exécution du préavis, lorsqu’il a lieu.
lement les ayants droit, le maintien des La Cour de cassation, à l’occasion des modalités d’entrée en vigueur de l’article 14 de l’ANI du
droits doit être à l’identique. 11 janvier 2008, s’est prononcée en retenant la date de notification du licenciement au motif que
Quant aux garanties elles-mêmes, les dispositions de l’article 14 de l’accord national interprofessionnel modifié, entrées en vigueur le
il s’agit des prestations de rembourse- 1er juillet 2009 pour les entreprises adhérentes d’un des syndicats signataires, ne pouvaient s’appli-
ments complémentaires frais de santé, quer à un licenciement notifié le 29 mai 2009, antérieurement à l’entrée en vigueur du dispositif (1).
d’indemnisations d’incapacité de tra- Selon la direction de la Sécurité sociale, le même raisonnement peut être tenu s’agissant de l’article
vail, invalidité et décès ainsi que la cou- L. 911-8 du code de la sécurité sociale et il convient de considérer que les dispositions de cet article
verture du risque dépendance (5). s’appliquent aux licenciements notifiés à compter du 1er juin 2014.
Les droits garantis par le régime de Or cette solution est critiquable car la « portabilité » est intrinsèquement liée au droit à l’assurance
prévoyance au titre de l’incapacité tem- chômage et l’étendue des droits à ce dernier est examinée au terme du préavis effectué ou non.
poraire ne peuvent cependant conduire
l’ancien salarié à percevoir des indemni- (1) Cass. soc. 9 mai 2007, n° 05-40315, bull. n° 70
tés d’un montant supérieur à celui des (2) Cass. soc. 23 mai 2012, n° 11-17549.
allocations chômage qu’il aurait perçu (3) Circ. DGT n° 2009-04 du 17 mars 2009.
au titre de la même période. Le main-
tien de la couverture antérieure des
ex-salariés à l’identique est également mutualisation défini par accord collec-
(4) Cass. civ. 2 , 7 fév. 2008,
e
obligatoire même en cas de diminution tif, cette dernière possibilité ayant été
n° 06-15006, bull. n° 25 et sur renvoi ultérieure des garanties des salariés ac- introduite par l’avenant du 18 mai 2009
Appel Lyon, 1re ch. civ. B, 13 janv. 2009, tifs. L’organisme assureur ne peut pas à l’ANI du 11 janvier 2008.
n° 08-2875. Pour plus de détails, voir les aligner à la baisse sur celles perçues Le financement du maintien des
L. Milet, « Le maintien des garanties par ces derniers. garanties assuré conjointement par
santé et prévoyance des anciens sala- l’employeur et le salarié doit l’être
riés », RPDS 2010, n° 778, p. 43. d) Financement dans les mêmes proportions et condi-
(5)  Est également visée, à notre avis, Le financement du maintien des ga- tions applicables aux salariés de l’en-
l’obligation de l’employeur de compléter ranties doit être assuré conjointement treprise (l’employeur peut collecter la
le salaire, en application de la conven- par l’ancien employeur et l’ancien sala- totalité des cotisations salariales dues
tion collective de branche ou du statut rié dans les mêmes proportions qu’an- au moment de la rupture du contrat de
du personnel de l’entreprise. térieurement ou par un système de travail. À charge pour lui de reverser le

RPDS n° 829 | Mai 2014 175


Dossier
trop-perçu si l’ancien salarié retrouve physique de la personne ou liés à la ma- certains points de l’ANI du 11  janvier
du travail avant la fin de la période de ternité ou les risques d’incapacité de 2008, en prévoyant :
maintien). travail ou d’invalidité. Bien entendu, — une durée maximale de maintien
Le financement peut également re- en 2016, ces garanties devront néces- des droits plus longue (12 mois contre
poser sur un système de mutualisation sairement inclure le socle minimal des 9 mois prévus par l’ANI) ;
défini par accord collectif. À défaut d’ac- prestations frais de santé que toute en- — la prise en compte des derniers
cord collectif, ce système de mutualisa- treprise aura dû mettre en place (6). Le contrats de travail s’ils sont consécutifs
tion pourra être mis en place : dispositif s’applique aussi aux ayants chez le même employeur pour le calcul
— soit à la suite de la ratification à la droit du salarié bénéficiant effective- de cette durée, laquelle est appréciée en
majorité des salariés d’un projet d’ac- ment des garanties à la date de la ces- mois et arrondie au nombre supérieur ;
cord proposé par le chef d’entreprise. sation du contrat de travail. — le maintien à titre gratuit de la por-
Dans ce cas, le projet, soumis préala- La loi a repris la philosophie de tabilité (7), ce qui implique l’abandon
blement à l’avis du comité d’entreprise l’ANI du 11 janvier 2008. du financement conjoint employeur et
ou d’établissement, doit être ratifié à la Ainsi, pour bénéficier du maintien salarié prévu par l’ANI de 2008. Par
majorité du personnel intéressé ; légal de couverture complémentaire le ailleurs, l’ancien salarié doit justifier au-
— soit par décision unilatérale du chef salarié doit, à la rupture de son contrat près de son organisme assureur (et non
d’entreprise, constatée dans un écrit re- de travail : pas auprès de son ancien employeur,
mis par ce dernier à chaque intéressé. — pouvoir être pris en charge par le ré- comme c’est le cas pour la portabilité
gime d’assurance chômage ; dans le cadre de l’ANI), à l’ouverture
D – Le dispositif — avoir ouvert des droits à couverture et au cours de la période de maintien
de portabilité prévu par complémentaire chez le dernier em- des garanties, qu’il remplit bien les
ployeur. Le maintien des garanties ne conditions pour obtenir le maintien
l’article L. 911-8 du Code peut conduire l’ancien salarié à perce- de la garantie. Quant à l’employeur, il
de la Sécurité sociale voir des indemnités d’un montant su- doit signaler le maintien des garanties
La loi dite de sécurisation de l’emploi périeur à celui des allocations chômage dans le certificat de travail et informer
du 14 juin 2013 a inscrit dans le Code qu’il aurait perçues au titre de la même l’organisme assureur de la cessation du
de la sécurité sociale (article L.  911-8) période. La loi a toutefois amélioré contrat de travail.
le maintien des garanties en vigueur
dans l’entreprise contre le risque décès, (6)  Voir notre article « Les garanties de (7)  Il s’agit là de la retranscription de
les risques portant atteinte à l’intégrité prévoyance collective », spéc. p. 161. l’ANI du 11 janvier 2013.

2 Date d’application
pour les garanties liées aux risques Cette faculté est désormais expressé-
A – Date d’application des
décès, d’incapacité de travail ou d’in- ment prévue. L’article 4 de la loi du
deux dispositifs de maintien validité. Avant le 1er  juin 2014, c’est 31  décembre 1989 a été modifié par
des garanties le dispositif de l’ANI du 11  juin 2008 la loi de sécurisation de l’emploi du
La loi de sécurisation de l’emploi qui s’applique dans tous les cas (et à 14 juin 2013 en ce sens. La couverture
a prévu une date d’entrée en vigueur condition, bien sûr, que l’entreprise est maintenue, sur demande de l’inté-
décalée selon les garanties concernées entre dans son champ d’application). Il ressé, si celle-ci intervient dans « les six
pour l’application du dispositif légal de continuera aussi à régir le maintien des mois suivant l’expiration de la période
maintien des droits prévu par l’article garanties pour celles liées aux risques durant laquelle (les salariés) bénéfi-
L.  911-8 du Code de la Sécurité so- décès, d’incapacité de travail ou d’inva- cient à titre temporaire du maintien de
ciale (8). Ainsi, toute entreprise devra ap- lidité jusqu’au 1er juin 2015. ces garanties ».
pliquer le dispositif légal (plus favorable Cette disposition légale tient
que celui de l’ANI du 11 janvier 2008) B – Dispositif de l’article 4 compte du souhait des signataires de
prévu par l’article L. 911-8 du Code de la de la loi du 31/12/1989 l’avenant à l’ANI du 18 mai 2009 qui
sécurité sociale à partir du 1er juin 2014 avaient demandé « aux pouvoirs pu-
pour les garanties liées aux risques por-
en relais du dispositif de blics de prendre les dispositions né-
tant atteinte à l’intégrité physique de la maintien des droits cessaires pour que le terme du délai
personne ou liés à la maternité. Par ailleurs, l’ancien salarié, à de six mois prévu à l’article 4 de la loi
Toute entreprise devra appliquer le l’issue de sa période de maintien de n°  89-1009 du 31  décembre 1989 soit
dispositif légal à partir du 1er juin 2015 droits au titre de la « portabilité », peut reporté à la date à laquelle le bénéfice
demander à bénéficier du maintien du maintien des garanties des couver-
(8) Loi n° 2013-504 du 14 juin 2013, à titre individuel prévu par l’article 4 tures complémentaires santé et pré-
art. 1, X. de la loi Evin du 31  décembre 1989. voyance […] prend fin ».

176 RPDS n° 829 | Mai 2014


Dossier Protection sociale complémentaire
Maintien des garanties après la rupture du contrat de travail
tableau comparatif

Art. 4 de la loi Art. 14 de l’ANI Article L. 911-8 du Code Commentaire


du 31/12/1989 du 11/01/08 et avenant de la Sécurité sociale
du 18 mai 2009 (loi de sécurisation
de l’emploi)

Rupture l Licenciement l Licenciement l Licenciement L’ANI comme l’article L. 911-8 du Code de la


du contrat l Rupture conventionnelle sauf faute lourde sauf faute lourde sécurité sociale est restrictif. Il écarte les salariés
prise en l Démission reconnue l Rupture conventionnelle l Rupture conventionnelle licenciés pour faute lourde et les salariés partant
compte légitime par Pôle Emploi l Démission reconnue l Démission reconnue en retraite. Ceux-ci peuvent solliciter le bénéficie
l Fin de CDD ou CTT légitime par Pôle Emploi légitime par Pôle Emploi des garanties de l’article 4.
l Départ en retraite l Fin de CDD ou CTT l Fin de CDD ou CTT

l Mise à la retraite

Bénéfi- Anciens salariés Anciens salariés dont la Anciens salariés dont la L’article L. 911-8 du Code de la Sécurité sociale
ciaires percevant : rupture du contrat ouvre rupture du contrat ouvre a élargi aux ayants droit du salarié la possibilité
l une rente d’incapacité droit aux allocations de droit aux allocations de d’être couverts.
ou d’une pension l’assurance-chômage l’assurance-chômage
d’invalidité (voir ci-dessus). (voir ci-dessus).
l une pension de retraite Ayants droit du salarié qui
l un revenu de bénéficient effectivement
remplacement. des garanties à la date de
Ayants droit quand la cessation du contrat de
l’assuré est décédé travail.
mais dans la limite
de 12 mois.

Garanties Maintien de la couverture Garanties des couvertures Garanties contre le risque Le champ d’application de l’ANI et de l’article L.
accordées de remboursement ou complémentaires santé décès, les risques portant 911-8 du Code de la Sécurité sociale est a priori
indemnisation des frais et prévoyance appliquées atteinte à l’intégrité phy- plus large et la garantie est automatique. Dans
occasionnés par une dans l’ancienne entre- sique de la personne ou le cadre de l’article 4, le salarié doit faire une
maladie, la maternité ou prise. liés à la maternité ou les demande dans les six mois suivant la rupture du
l’accident (frais de santé). risques d’incapacité de contrat de travail. Les termes « appliqués dans
Modalités définies par travail ou d’invalidité. l’ancienne entreprise » et « Maintien de la couver-
accord. ture » s’entendent du maintien à l’identique des
garanties, même si les garanties accordées aux
salariés de l’entreprise sont revues à la baisse
(Cass. civ. 2e, 7 fév. 2008 ; Appel Lyon, 1re ch. civ.
B, 13 janv. 2009).

Durée Indéterminée Durée maximale : 1/3 Durée maximale : Les dispositions de l’article 4 prennent le relais
de la durée des droits à 12 mois à l’issue de la période couverte par l’ANI ou par
indemnisation du l’article L. 911-8 du Code de la Sécurité sociale
chômage. sous réserve d’en faire la demande dans les six
Minimum : 3 mois mois.
Durée maximale : 9 mois

Tarifs Le montant de la Financement assuré par Gratuité de la couverture Il semble que les cotisations réclamées dans le
cotisation ne peut pas l’employeur et le salarié (plus de financement cadre de l’ANI puissent être également augmen-
excéder plus de 50 % des dans les mêmes propor- conjoint). tées dès lors qu’elles restent dans les mêmes
anciens tarifs tions qu’antérieurement proportions qu’antérieurement.
ou mutualisation fixée par
accord collectif.

RPDS n° 829 | Mai 2014 177


Fiche Pratique Cl. fasc. 45. Annule et remplace RPDS 2007,
n° 742, p. 63 à 65.

Régime social et fiscal des contributions


à un régime de prévoyance
Les contributions patronales versées à un régime de prévoyance collectif et obligatoire sont des éléments
de rémunération qui devraient normalement être soumis à cotisation en application de l’article L. 242-1
du Code de la sécurité sociale. Mais la loi prévoit des exonérations dans certaines limites. Il en va de
même en matière fiscale. Par Olivia Dôme

Régime social — revêtent un caractère obligatoire Régime fiscal


La loi portant réforme des re- et collectif ; * Conditions d’exonération
traites du 21  août 2003 a fixé un — ont été mis en place dans le
seuil d’exonération des cotisations cadre d’une des procédures de l’ar- Pour bénéficier de l’exonération
patronales spécifique pour la re- ticle L. 911-1 du Code de la sécurité fiscale  (3), les cotisations doivent fi-
traite et la prévoyance, d’une part, sociale (accord collectif, ratification nancer un régime de retraite ou de
et pour la retraite supplémentaire, d’un projet d’accord proposé par le prévoyance  mis en place dans le
d’autre part (1). Les cotisations sont chef d’entreprise, décision unilaté- cadre d’un accord collectif, d’une ra-
soumises à la CSG et à la CRDS en rale du chef d’entreprise) (2). tification par les salariés ou d’une
totalité (sans application de l’abat- décision unilatérale du chef d’entre-
tement pour frais professionnels). * Limites d’exonération prise. S’agissant de la prévoyance, la
déduction est admise pour le finance-
* Conditions d’exonération Les contributions patronales de ment d’un régime dit « responsable ».
retraite supplémentaire et de pré- Pour l’essentiel  (4), la déduction
Les contributions patronales voyance complémentaire sont ex- fiscale est possible si les cotisations
aux régimes de retraite supplé- clues de l’assiette des cotisations à aux régimes de retraite supplémen-
mentaire et aux régimes de pré- hauteur des plafonds indiqués dans taire tendent à la constitution d’une
voyance complémentaire sont exo- le tableau ci-contre. véritable pension de retraite, c’est-à-
nérées de cotisations dans la limite dire d’un revenu conservant un lien
de plafonds respectifs, dès lors (2) Il en résulte que la proposition avec les services passés. En particu-
que ces régimes : faite par un comité d’entreprise lier, il est exigé que :
d’adhérer à une mutuelle ou — la pension soit stipulée payable,
(1) Les cotisations patronales plus généralement à un régime au plus tôt, à l’âge normal de départ
destinées au financement des à adhésion facultative n’ouvre à la retraite ;
régimes de retraite complémentaire pas droit à l’exonération sur — les contrats passés avec l’orga-
obligatoire (ARRCO, AGIRC) sont la participation du comité au nisme d’assurances revêtent la forme
totalement exonérées de cotisations. financement du régime. d’une assurance de groupe qui s’im-
pose à l’ensemble du personnel ou à
une catégorie objective donnée ;
— les cotisations comportent une
¨les prestations ?
¨Et participation effective de l’em-
ployeur, qu’elles soient fixées à un
En principe, les prestations en espèces servies par les régimes de prévoyance sont soumises à taux uniforme à l’égard de toutes les
cotisations sociales. C’est le cas par exemple des allocations complémentaires aux indemnités personnes appartenant à une même
journalières de Sécurité sociale dès lors qu’elles sont destinées à se substituer au salaire d’activité. catégorie objective de personnel, et
Les allocations décès et invalidité, même si elles sont versées après la rupture du contrat de travail, qu’elles soient afférentes à un ré-
sont assujetties si elles sont versées par l’entreprise (1). Par contre, elles sont exonérées si elles gime exclusif de tout versement d’un
sont versées par un organisme tiers (la CSG et la CRDS demeurent dues). capital.
S’agissant de la fiscalité, les sommes perçues par les salariés sont pour la plupart imposables dès Faute de quoi, les cotisations sa-
lors que le régime est à adhésion obligatoire. Par contre, elles ne sont pas imposables si le contrat est lariales ne sont pas déductibles et les
à adhésion facultative dans la mesure où les contributions ne sont pas déductibles. Il est conseillé de
se reporter à une publication spécialisée en matière de fiscalité comme la VO Impôts (2). (3) Article 83 1° quater du CGI ;
Bofip-RSA-BASE-30-10-20,
(1) Cass. Ass. plén. 26 janv. 2001, n° 99-11758, bull. n° 2. 4-02-2014.
(2) Disponible sur www.librairie-nvo.com (4) Bofip-RSA-BASE-30-10-20,
4-02-2014.

178 RPDS n° 829 | Mai 2014


Fiche Pratique

Régime social des contributions patronales de retraite supplémentaire et de prévoyance


Contribution patronale au régime de Contribution patronale au régime de
prévoyance complémentaire retraite supplémentaire

Plafonds – 6 % du montant du plafond annuel de la Sécurité sociale et – Soit 5 % du montant annuel du plafond de la Sécurité sociale ;
d’exonération 1,5 % de la rémunération du salarié ; – soit 5 % de la rémunération soumise à cotisations de Sécurité
Par an – dans la limite de 12 % du montant annuel du plafond de la sociale, dans la limite de cinq fois le montant du plafond annuel de la
et par salarié Sécurité sociale. sécurité sociale.

Régimes – Régime de prévoyance complémentaire dont les – Retraite supplémentaire à cotisations définies et à prestations
à prendre en prestations viennent en complément des prestations du définies (hors régimes prévus à l’article L. 137-11 du code de la séc.
compte régime de base de la Sécurité sociale. soc. assujettis à une contribution spécifique).
dans – Régime de prévoyance frais de santé respectant les – Abondement de l’employeur au Perco dans la limite de 16 % du
le plafond conditions relatives aux exclusions et aux obligations de prise plafond annuel de la sécurité sociale.
d’exonération en charge. – Abondement de l’employeur au compte épargne-temps (CET) en cas
de transfert des droits du CET vers le régime de retraite.

Régime social – Régimes de prévoyance complémentaires et frais de – Régimes de retraite légalement obligatoires (Agirc, Arrco) :
santé : sont exonérés de cotisations de Sécurité sociale dans exonération totale de cotisations de Sécurité sociale et de CSG-CRDS.
les limites susvisées mais soumis à CSG et CRDS (1) au – Régimes de retraite supplémentaires à cotisations définies et à
forfait social de 8 % (2). prestations définies : sont exonérés de cotisations de Sécurité sociale
– Régimes de retraite ou de prévoyance complémentaire dans les limites susvisées. Mais ils sont soumis au forfait social au taux
facultatifs et/ou individuels = soumis en totalité à de 20 % et à CSG et CRDS (1).
cotisations, à CSG et CRDS (1).
(1) Sans application de l’abattement pour frais professionnels.
(2) Au 1er janvier 2012, dans les entreprises de 10 salariés et plus, les contributions patronales de prévoyance sont soumises au
forfait social au taux de 8 %.

cotisations patronales représentent


un complément de salaire imposable.

* Limite d’exonération
Régime de prévoyance. Les contri-
butions patronales aux garanties
« frais de santé » sont imposables dès le
premier euro, y compris s’il s’agit d’un
régime collectif et obligatoire. DOCTRINE
Régime de retraite supplémen- Thierry Durand : Élections prud’homales : la démocratie coûte trop
taire. Les contributions salariales cher, à bas la démocratie !
à des régimes de prévoyance « frais Emmanuel Gayat : Les luttes de classes en France… et le port du
de santé » et les contributions sala- voile islamique.
riales et patronales à des régimes de Rodrigue Goma Mackoundi : La rupture du contrat de travail
prévoyance autres que des garanties d’un salarié étranger en situation irrégulière.
« frais de santé » (en pratique, il s’agit
des cotisations versées au titre des JURISPRUDENCE Voir notamment
garanties incapacité, invalidité, décès Périmètre de désignation du délégué syndical : retour sur la
et dépendance), sont exonérées d’im- jurisprudence et actualité législative. Tribunal d’instance de Castres
pôt sur le revenu dans la limite de 5 % 8 octobre 2013 – Note Nathalie Bizot (p. 370)
du plafond annuel de la Sécurité so- Affiliation et désaffiliation : quelques éclairages jurisprudentiels
ciale (1 877,40 euros en 2014), auquel récents sur les contours juridiques de l’identité syndicale. Cour de
il convient d’ajouter 2 % de la rémuné- cassation (Ch. Soc.) 16 octobre 2013 ; Cour de cassation (Ch. Soc.)
ration annuelle brute du salarié. 4 décembre 2013 – Note Isabelle Taraud (p. 372)
Dans tous les cas, la part des cotisa-
tions échappant à l’impôt sur le revenu
ne peut pas dépasser 2 % de huit fois la
valeur du plafond annuel de la Sécurité
sociale (6 007,68 euros en 2014).

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