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ROLE DE LA PLANIFICATION DANS L’APPLICATION DE LA

POLITIQUE EDUCATIVE

INTRODUCTION

Dans la forte demande d’éducation et les disparités régionales qui persistent


au Mali et dans d’autres pays africains au sud du Sahara malgré les efforts
consentis par les autorités scolaires pour les atténuer, il faut programmer,
prévoir même si le contexte est difficilement maîtrisable.

Si planifier c’est organiser suivant un plan qui comporte une suite


d’opérations destinées à atteindre un but, la planification de l’éducation est
l’exercice de la prévision en vue de déterminer la politique, les priorités et le
coût d’un système d’enseignement en tenant compte des réalités politiques
et économiques du pays et du potentiel d’expansion de ce système.

Le but de la planification de l’éducation est de mettre l’éducation en mesure


de satisfaire de manière plus efficace les besoins des élèves, des étudiants et
de la société.

I) Rappel historique de la planification de l’éducation :

L’origine de l’expression « planification de l’éducation » se trouve en Union


Soviétique dès le début des années 1920. Elle s’est étendue plus tard aux
autres pays de l’EST. La planification de l’éducation a plongé ses racines
tant dans les pays industrialisés après la deuxième guerre mondiale que
dans les pays en développement après leur accession à l’indépendance.

En effet, après la deuxième guerre mondiale, les impératifs de la


reconstruction et des ressources limitées, des préoccupations sociales
grandissantes et une explosion démographique, ont amené un grand nombre
de pays européens à planifier leur éducation.

Pour ce qui est des pays en développement, ils ont fait face dès la fin des
années 1950 et le début des années 1960 à une demande considérable de
l’éducation. Dans un premier temps il s’agira essentiellement de
l’enseignement primaire mais graduellement la demande passera aux
niveaux suivants du système éducatif. Cela s’explique naturellement par le
désir des citoyens et des dirigeants d’avoir accès à l’éducation condition
essentielle de la dignité individuelle.

II) Le rôle de la planification dans la mise en œuvre de la politique


éducative.

Analyser le passé pour mieux comprendre le présent et envisager un avenir


meilleur, tel est le rôle majeur de toute planification et celle de l’éducation en
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particulier. Le faible niveau de la scolarisation au Mali, l’inégalité de
répartition de l’offre d’éducation entre garçons et filles, entre zones urbaines
et zones rurales, entre régions, le coût élevé de l’éducation militent en faveur
d’une planification du système éducatif en vue d’élargir la base de la
pyramide éducative pour une meilleure sélectivité au sommet.

La planification de l’éducation a pour rôle :

1) De veiller à la discipline en matière de la mise en place des


infrastructures scolaires : elle consiste à respecter les normes de
constructions de salles de classe, éviter l’ouverture anarchique des salles
de classe sans s’assurer au préalable de l’existence du personnel
enseignant, éviter l’improvisation, la concurrence entre villages voisins
pour la construction d’une école.

Les autorités scolaires tant au niveau central que régional doivent veiller
à la mise à jour et au respect de la carte scolaire. De même, les
communautés doivent solliciter les autorités scolaires dans la
construction de salles de classe afin d’éviter de mettre le département de
l’éducation devant le fait accompli.

2) De déterminer à l’avance des objectifs à atteindre à des dates et de savoir


par voie de conséquence si l’on progresse plus vite ou moins vite que
prévu ou même si l’on ne progresse pas du tout ;

3) De localiser les villages devant bénéficier d’infrastructures scolaires pour


résoudre en grande partie les problèmes de rivalité inutile entre les
villages et motiver ceux qui ont été retenus dans leur effort de
construction et d’entretien des écoles ;

4) De comparer les réalisations faites par rapport aux prévisions en vue


d’opérer des ajustements annuels rendus indispensables pour tenir
compte de certains aspects qui n’avaient pas pu être cernés au moment
de l’élaboration du plan ;

5) De combattre l’improvisation et le déviationnisme de tout genre.


Autrement dit, la planification de l’éducation a pour rôle de programmer
les nouvelles constructions dans le temps et dans l’espace en fonction des
moyens disponibles.

La planification de l’éducation apparaît ainsi comme un instrument de


prévision à court, moyen et long termes indispensables à toute politique
éducative. Cette planification se révélera efficace dans la mesure où elle aura
réuni les conditions suivantes :

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a) Elle doit s’appliquer à l’ensemble du système éducatif à tous les
niveaux et secteurs afin d’en faciliter le fonctionnement et l’élimination de
tous les goulots d’étranglements dus à un manque de coordination ;
b) Elle doit prendre en compte d’une part les aspects quantitatifs :
(1) le nombre d’enfants scolarisables ;
(2) le nombre d’enfants scolarisés ;
(3) le nombre d’enseignants ;
(4) le nombre d’écoles ;
(5) le nombre de salles de classe etc.

D’autre part, les aspects qualitatifs comme :


(6) l’amélioration de la qualité de l’enseignement ;
(7) l’amélioration du contenu des programmes d’enseignement ;
(8) l’amélioration du taux d’encadrement ;
(9) l’adéquation entre la formation et l’emploi ;

c) la planification de l’éducation doit avoir une perspective à assez long


terme ;
d) la planification de l’éducation doit être intégrée au plan de
développement économique et social du pays.

L’existence simultanée de ces conditions est rare dans un même pays mais,
le fait de l’inclusion de la planification de l’éducation dans le plan national et
dans la plupart des cas de l’allocation à son profit de ressources et des
services, des techniciens et administrateurs, a confirmé sa contribution au
développement des pays.

III) Nécessité d’une planification décentralisée de l’éducation :

Depuis les premières heures de l’indépendance, la planification est apparue


comme un élément majeur dans la mise en œuvre de la politique éducative
du Mali. D’où la réforme de 1962 dont le but était de faire entre autres :
 un enseignement tout à la fois de masse et de qualité ;
 un enseignement qui puisse fournir avec une économie maximum
de temps et d’argent, tous les cadres dont le pays a besoin.

Cette réforme n’a pas atteint tous ses objectifs. Elle fut revue et corrigée
mais jusqu’à présent, le système éducatif malien est confronté à des grandes
difficultés à tous les niveaux parmi lesquelles on peut citer entre autres :
 le faible taux de scolarisation que cachent des disparités entre régions,
entre zones urbaines et zones rurales, entre garçons et filles ;
 un rendement interne faible ;
 un coût éducatif très élevé surtout au niveau du supérieur.

Le défi majeur auquel doit faire face le Mali est le développement humain.
Ceci passe nécessairement par la consolidation de la paix, la mise en œuvre
de la décentralisation. L’effort doit être centré sur l’amélioration de la qualité
de l’enseignement et l’augmentation de la capacité d’accueil. D’où la
nécessité d’une planification décentralisée qui vise à :
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 augmenter le taux brut de scolarisation tout en réduisant les disparités
entre garçons et filles, entre régions, entre zones urbaines et zones
rurales ;
 augmenter le taux d’alphabétisation en général et celui des femmes en
particulier conformément au Programme Décennal de Développement de
l’Education (PRODEC) ;
 améliorer les rendements internes et externe et la gestion du système
éducatif depuis la base. Un accent particulier doit être mis sur la
scolarisation des filles.

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