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LAKHEL El Hassan
Définition 1.
On appelle équation linéaire dans les variables (ou inconnues) x1 , . . . , xn toute relation de la forme
a1 x1 + · · · + an xn = b, (1)
Définition 2.
Les nombres aij , i = 1, . . . , p, j = 1, . . . , n, sont les coefficients du système. Ce sont des données. Les nombres bi ,
i = 1, . . . , p, constituent le second membre du système et sont également des données.
Remarque 1.
Une solution de (S) est un vecteur (x1 , ..., xn ) ∈ Kn vérifiant toutes
les équations de (S).
Discuter et résoudre (S) c’est trouver toutes les solutions de (S).
I Deux systèmes sont dits équivalents s’ils ont le même ensemble de
solutions.
(S) est dit compatible s’il admet au moins une solution. Dans le cas
contraire (S) est dit incompatible (ou impossible).
I Le système (S) s’écrit en abrégé :
n
X
(S) aij xj = bi , 1 6 i 6 p.
j=1
y y
D1
D1
D2
D2
x x
D1 = D2
Nous verrons plus loin que ces trois cas de figure (une seule solution, aucune solution, une infinité de solutions) sont les seuls cas
qui peuvent se présenter pour n’importe quel système d’équations linéaires.
LAKHEL El Hassan (ENSA-Safi) Théorie des systèmes linéaires 5 / 30
Théorie des systèmes linéaires Résolution par substitution
Pour savoir s’il existe une ou plusieurs solutions à un système linéaire, et les calculer, une première méthode est la substitution.
Par exemple pour le système : n
3x + 2y = 1
(S)
2x − 7y = −2
Nous réécrivons la première ligne 3x + 2y = 1 sous la forme y = 12 − 32 x . Et nous remplaçons (nous substituons) le y de la
seconde équation, par l’expression 12 − 32 x . Nous obtenons un système équivalent :
n 1 − 3x
y = 2 2
2x − 7( 12 − 32 x ) = −2
La seconde équation est maintenant une expression qui ne contient que des x , et on peut la résoudre :
n 1
n
y = − 32 x
2
y = 1 − 3x
2 2
3 )x ⇐⇒
(2 + 7 × 2
= −2 + 72 x = 3
25
n 8
y = 25
x = 3
25
n o
3 8
S = , .
25 25
Le système linéaire
a11 x1 + a12 x2 + ··· + a1n xn = b1
a21 x1 + a22 x2 + ··· + a2n xn = b2
...
ap1 x1 + ap2 x2 + ··· + apn xn = bp
On appelle A ∈ Mp,n (K) la matrice des coefficients du système. B ∈ Mp,1 (K) est le vecteur du
second membre. Le vecteur X ∈ Mn,1 (K) est une solution du système si et seulement si
AX = B.
Alors A ∈ Mn (K) est une matrice carrée et B un vecteur de Mn,1 (K). Pour tout second membre,
nous pouvons utiliser les matrices pour trouver la solution du système linéaire.
Proposition 3.
Si la matrice A est inversible, alors la solution du système AX = B est unique et est :
X = A−1 B.
La preuve est juste de vérifier que si X = A−1 B, alors AX = A A−1 B = AA−1 B = I · B = B.
Réciproquement si AX = B, alors nécessairement X = A−1 B. Nous verrons bientôt que si la
matrice n’est pas inversible, alors soit il n’y a pas de solution, soit une infinité.
Définition 4.
On appelle rang du système (S), le rang r de la matrice A de (S) et on notre rg (S).
Exemple
Soit (S) le système linéaire de 4 équations à 3 inconnues x , y , z à coefficients réels :
2x +2z = 3
x +2y −z = 1
(S)
4x −y +5z = 7
7x +8y −z = 9
Définition 5.
Un système est dit de Cramer si n = p = r . Autrement dit, si sa matrice est carrée et inversible.
Un système de Cramer admet toujours une solution unique (X = A−1 b) car sa matrice A est
inversible.
Pn Pn
bn bn−1 − an−1,n xn bi − j=i+1
aij xj b1 − j=2
a1,j xj
xn = , xn−1 = , ..., xi = , ..., x1 =
an,n an−1,n−1 ai,i a1,1
Définition 6.
Le système linéare (S) est dit homogène, si le second membre (b1 , b2 , ..., bp ) ∈ Kp est nul.
Remarque 2.
Un système linéaire homogène est toujours compatible, car il admet la solution trivale
(x1 , x2 , ...., xn ) = (0, 0, ..., 0).
Théorème 7.
L’ensemble des solutions d’un système homogène, à n inconnues, à coefficients dans K, et de
rang r est un sous-espace vectoriel de Kn de dimension n − r .
Preuve.
Si le système (S) est homogène, l’équation (S) s’écrit f (x ) = 0. Alors l’ensemble des solutions
de (S) est égal au Ker (f ).
D’après le théorème noyau-image :
dim(Ker (f )) = n − rg(f ) = n − r .
Théorème 8.
Le système (S) est compatible si, et seulement si,
rg(A|b) = rg(A),
avec (A|b) la matrice de Mp,n+1 (K) constituée des colonnes de la matrice A suivies de la
colonne b.
Preuve.
Notons C1 ..., Cp les colonnes de A. On a (x1 , ..., xn ) est solution de (S) ssi x1 C1 + ... + xn Cn = b.
=⇒) Si (S) est compatible, soit (x1 , ..., xn ) un n−uplet solution. Puisque b = x1 C1 + ... + xn Cn ,
on a
rg(A) = rg(C1 , ..., Cn ) = rg(C1 , ..., Cn , b) = rg(A|b).
⇐=) Si rg(A|b) = rg(A), alors rg(C1 , ..., Cn ) = rg(C1 , ..., Cn , b). Or
On en déduit que b ∈ vect(C1 , ..., Cn ), et donc il existe x1 , ..., xn dans K tel que
b = x1 C1 + ... + xn Cn .
Corollaire 9.
Tout système de rang r = p est compatible.
Théorème 10.
1. Le système
n
X
(S) aij xj = bi , 1 6 i 6 p.
j=1
est compatible ssi b ∈ Im(f ) (avec f est l’application linéaire associe au système S)
2. Soit x0 ∈ Kn tel que f (x0 ) = b, alors l’ensemble des solutions de (S) est donné par
Preuve. A faire.
Remarque 3.
Quelles que soient les dimensions (n, p ∈ N∗ ) d’un système AX = b . On a
1 Si b ∈
/ Im(f ) (image de l’application associée à la matrice A, le système a 0 solution
(incompatible).
2 Si b ∈ Im(f ) et si le noyau est réduit à {0}, le système a une solution unique.
3 Si b ∈ Im(f ) , et si le noyau n’est pas réduit à {0}, le système a une infinité de solutions.
Définition 11.
Un système linéaire
n
X
(S) aij xj = bi , 1 6 i 6 p,
j=1
est dit échelonné ou en échelon, s’il existe un entier q, 1 6 q 6 min(p, n), tel que :
pour tout q < i 6 p, 1 6 j 6 n,on a aij = 0.
pour tout 1 6 i 6 q, 1 6 j 6 i, on a ai,i 6= 0 et aij = 0.
Donc (S) est échelonné si la matrice de (S) a la forme suivante dite échelonnée :
a
1,1 ∗ ... ∗
0 a2,2
.. ..
. .
A= 0 ... 0 aq,q ∗ ... ∗ chaque étoile est un coefficient quelconque.
0 ... ... ... . . . ... 0
.. ..
. .
0 ... ... ... . . . ... 0
Théorème 12.
Soit (S) un système linéaire échelonné :
n
X
(S) aij xj = bi , 1 6 i 6 p.
j=1
q n
X X
(T ) aij xj = bi − aij xj 1 6 i 6 q.
j=1 j=i+1
x1 , ..., xq sont appelées les inconnues principales et xq+1 , ..., xn sont appelées les inconnues
non principales.
Preuve. ...
0x1 + . . . + 0xn = bi = 0,
q n
X X
(T ) aij xj = bi − aij xj 1 6 i 6 q.
j=1 j=i+1
L’idée de la méthode de Gauss est de transformer par étapes, le système à résoudre en des
systèmes plus simples, tous équivalents au système initial, jusqu’à un système dit résolu, sur
lequel on lit directement la solution. Pour annuler des termes, la méthode de Gauss combine les
transformations de la définition suivante.
Définition 13.
On appelle opération élémentaire sur (S) chacune des opérations suivantes :
1 permuter deux colonnes de (S).
3 ajouter membre à membre à une équation, une combinaison linéaire des autres équations.
4 multiplier les deux membres d’une équation par un même scalaire non nul.
On rappelle que deux systèmes linéaires sont dits équivalents, s’ils ont le même ensemble de
solutions.
Théorème 14.
(S) étant un système linéaire , toute opération élémentaire sur (S) transforme (S) en un système
linéaire équivalent et de même rang.
Preuve.
1 L’addition dans K est commutative, l’opération (1) transforme (S) en un système équivalent.
2 L’ordre des équations n’intervient pas dans l’ensemble des solutions : l’opération (2) transforme (S) en un système
équivalent.
3 Soit λ ∈ K, h et k ∈ {1, ..., p}, h 6= k, et soit (S 0 )le système suivant déduit de (S) :
Pn
aij xj = bi , 1 6 i 6 p, i 6= k,
0 Pj=1
(S ) n
(akj + λahj )xj = bk + λbh .
j=1
Il est clair que si (x1 , ..., xn ) est solution de (S), (x1 , ..., xn ) est aussi solution de (S 0 ). Comme on transforme (S 0 ) en
(S) par une opération de même type que celle qui nous fait passer de (S) à (S 0 ), toute solution de (S 0 ) est aussi
solution de (S).
L’opération qui consiste à ajouter membre à membre à la k eme équation, une combinaison linéaire des autres équations,
est une suite finie d’opérations du type précédent, donc elle transforme (S) en un système linéaire équivalent.
4 Enfin il est évident que l’opération (4) transforme (S) en un système linéaire équivalent.
En particulier, toute opération élémentaire transforme le système homogène (H) en un système (H 0 ) équivalent à (H). Donc, ils
ont le même espace vectoriel de solutions. D’où le résultat, puisque rg(S) = rg(H) = rg(H 0 ) = rg(S 0 ).
Théorème 15.
Soit (S) un système linéaire de p équations à n inconnues
n
X
(S) aij xj = bi , 1 6 i 6 p.
j=1
Soit A la matrice du système (S), si A 6= 0, il existe une suite finie d’opérations élémentaires qui
transforment (S) en un système échelonné.
L’idée générale consiste à utiliser des substitutions de lignes pour placer des zéros là où il faut de
façon à créer une forme échelonnée.
Les coefficients a11 , a22 , ..., aqq , que l’on appelle les pivots, jouent un rôle important.
Le principe général consiste à utiliser une équation à pivot non nul pour annuler les termes
au-dessous du pivot dans les équations suivantes du système. Décrire formellement l’algorithme
dans le cas général, conduirait à des notations compliquées. Le mieux est de comprendre son
fonctionnement sur des exemples.
Nous allons utiliser trois opérations élémentaires sur les équations (c’est-à-dire sur les lignes) qui
sont :
1 Li ← λLi avec λ 6= 0 : on peut multiplier une équation par un réel non nul.
2 Li ← Li + λLj avec λ ∈ R (et j 6= i) : on peut ajouter à l’équation Li un multiple d’une
autre équation Lj .
3 Li ↔ Lj : on peut échanger deux équations.
Ces trois opérations élémentaires ne changent pas les solutions d’un système linéaire ; autrement
dit ces opérations transforment un système linéaire en un système linéaire équivalent.
Exemple
(
x −y = −1
3x + 3z = 3
2x + y + 3z = 4
! !
1 −1 0 −1 (L1 ) 1 −1 0 −1 ←− (L1 )
(L1 )
3 0 3 | 3 (L2 ) =⇒ 0 3 3 | 6 (L2 ) ←− (L2 )−3(L1 )
2 1 3 4 (L3 ) 0 3 3 6 (L3 ) ←− (L3 )−2(L1 )
!
1 −1 0 −1 ←− (L1 )
(L1 )
0 3 3 | 6 ←− (L2 )
(L2 )
0 0 0 0 (L3 ) ←− (L3 )−(L2 )
Il se trouve que les systèmes linéaires sous une forme échelonnée sont particulièrement simples à
résoudre.
Exemple
En d’autres termes, pour toute valeur de x3 réelle, les valeurs de x1 , x2 et x4 calculées ci-dessus
fournissent une solution du système, et on les a ainsi toutes obtenues. On peut donc décrire
entièrement l’ensemble des solutions :
S= (25 − 2x3 , 16 + 2x3 , x3 , 1) | x3 ∈ R .
Exemple
Voici un autre système
(
x +y +7z = −1 (L1 )
2x −y +5z = −5 (L2 )
−x −3y −9z = −5 (L3 )
On continue pour faire apparaître un coefficient 1 en tête de la deuxième ligne ; pour cela on
divise la ligne L2 par −3 :
(
x +y +7z = −1
y +3z = 1 L2 ← − 31 L2
−2y −2z = −6
On continue ainsi
( (
x +y +7z = −1 x +y +7z = −1
y +3z = 1 y +3z = 1
4z = −4 L3 ←L3 +2L2 z = −1 L3 ← 41 L3
Exemple
Utilisons les opérations élémentaires pour résoudre le système suivant
(
−x2 +2x3 +13x4 = 5
x1 −2x2 +3x3 +17x4 = 4
−x1 +3x2 −3x3 −20x4 = −1
Pour appliquer la méthode du pivot de Gauss, il faut d’abord que le premier coefficient de la
première ligne soit non nul. Comme ce n’est pas le cas ici, on échange les deux premières lignes
par l’opération élémentaire L1 ↔ L2 :
(
x1 −2x2 +3x3 +17x4 = 4 L1 ↔L2
−x2 +2x3 +13x4 = 5
−x1 +3x2 −3x3 −20x4 = −1
Nous avons déjà un coefficient 1 devant le x1 de la première ligne. On dit que nous avons un
pivot en position (1, 1) (première ligne, première colonne). Ce pivot sert de base pour éliminer
tous les autres termes sur la même colonne.
On change le signe de la seconde ligne (L2 ← −L2 ) pour faire apparaître 1 au coefficient du pivot (2, 2) (deuxième ligne,
deuxième colonne) :
x1 −2x2 +3x3 +17x4 = 4
x2 −2x3 −13x4 = −5 L2 ← −L2
x2 −3x4 = 3
On fait disparaître le terme x2 de la troisième ligne, puis on fait apparaître un coefficient 1 pour le pivot de la position (3, 3) :
x1 −2x2 +3x3 +17x4 = 4 x1 −2x2 +3x3 +17x4 = 4
x2 −2x3 −13x4 = −5 x2 −2x3 −13x4 = −5
2x3 +10x4 = 8 L3 ←L3 −L2 x3 +5x4 = 4