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RABAT – AGDAL
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES
ECONOMIQUES ET SOCIALES
__________
S 3 DROIT
Le présent cours polycopié est dédié gratuitement aux étudiants de la Faculté de droit
et toute mise en vente commerciale sera susceptible de poursuites judiciaires.
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR
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Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR
INTRODUCTION
Alors que l’économie est la science d’observation des phénomènes du monde
des richesses (modes de production et de circulation des richesses), le droit est la
discipline qui le réglemente.
Le droit est directement lié aux sciences économiques, car les activités
économiques ne peuvent s’exercer dans le désordre, il faut qu’elles soient
réglementées. Le droit va établir des règles qui vont régir les activités économiques.
Il sera au service des économistes puisqu’il va réglementer tout ce qui concerne la
production et la circulation des richesses.
Ce qui nous interesse directement de ces règles, ce sont celles qui concernent
la production et la circulation des richesses, les règles qui régissent le monde
économique, celui de la spéculation, de la recherche du profit. L’ensemble de ces
règles forme le droit commercial.
Qu’est ce que le droit commercial ? Quelles sont ses particularités ? Quelles
sont ses sources ? Quelles en sont les juridictions compétentes ? Et qu'est ce qu'il
réglemente ?
C’est un droit qui fait partie du droit privé, qui régit les opérations de production
et de circulation des richesses effectuées par les commerçants, soit dans leurs
relations entre eux, soit dans leurs rapports avec leurs clients.
Pourquoi élaborer un droit commercial distinct du droit civil ?
On aurait pu se contenter d’appliquer les règles du droit commun qui régissent
aussi les actes juridques relatifs aux biens tels que la vente, le louage, le dépôt ; de
même pour le transport , les sociétés, etc.
C’est que le droit commercial présente un certain particularisme apte à faciliter
le développement économique et à suivre la rapidité du monde des affaires dans son
évolution.
Vu la nature du monde des affaires, le droit commercial se distingue du droit
civil tantôt par son formalisme, tantôt par sa souplesse.
A - LE FORMALISME DU DROIT COMMERCIAL
Ce formalisme est très utile pour assurer la sécurité du crédit dans les
opérations commerciales.
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1
B.O. n° 4418, du 3 octobre 1996, pp. 568-634. V. le site du Secrétariat Général du
Gouvernement pour consulter les B.O.: www.sgg.gov.ma
2
Dahir 25/12/1992 portant promulgation de la loi 9/88 relative aux obligations comptables
des commerçants (B.O. n° 4183 du 30/12/1992, p.623).
3
Dahir du 14/2/2006 portant promulgation de la loi n° 34-03 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés, appelée « loi bancaire » (B.O. n°5400 du 2-3-2006).
4
Ddahir n° 1-96-124 du 30 août 1996 portant promulgation de la loi 17/95 relative aux
sociétés anonymes (B.O. n° 4422, du 17 octobre 1996, pp. 661-704).
5
Dahir n° 1-97-49 du 13 février 1997 portant promulgation de la loi 5/96 sur la société en
nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la
société à responsabilité limitée et la société en participation (B.O. n° 4478 du 1er mai 1997, p.
482).
5
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Dahir n° 1-97-65 du 12 février 1997 portant promulgation de la loi 53/95 instituant des
juridictions de commerce (B.O. 15 mai 1997, n° 4482, p. 520).
7
Loi n° 06-99 promulguée par Dahir n° 1-00-225 du 5 juin 2000, Bulletin Officiel n° 4810 du
Jeudi 6 Juillet 2000.
8
Loi n°17-97 promulguée par Dahir N° 1-00-19 du 15 Février 2000. (B.O. n° 4778 DU
16/3/2000, p. 135)
9
Loi n°31-08 édictant des mesures de protection des consommateurs, promulguée par dahir
n°1-11-03 du 18 février 2011, B.O. n°5932 du 7/4/2011
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c – LA DOCTRINE
C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes
(les universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme
d'ouvrages ou d'articles dans différentes revues juridiques.
La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour rôle
d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux (lors de
l'application de la loi).
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Cet article a été modifié par une loi n° 18-02 promulguée par dahir du
13/6/200211. Désormais, cet article est ainsi formulé : "les tribunaux de commerce
sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède la valeur de
20 000 dirhams…".
B – Les cours d’appel de commerce 12
a – COMPOSITION
La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des présidents
de chambres et des conseillers, un ministère public composé d’un procureur général
du roi et de ses substituts, un greffe et un secrétariat du ministère public.
Elle tient ses audiences et rend ses arrêts par un président de chambre et
deux conseillers, assistés d’un greffier.
b – COMPÉTENCE
La cour d’appel de commerce connaît des appels contre les jugements rendus
par le tribunal de commerce.
L’appel doit être formé dans un délai de 15 jours à compter de la date de la
notification du jugement du tribunal de commerce.
11
(B.O. n° 5030 du 15/8/2002)
12
Il existe actuellement trois cours d'appel de commerce: Casablanca, Fes et Agadir
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Plan du cours :
Chapitre I – L'objet du droit commercial
Chapitre II – Le sujet du droit commercial
Chapitre III – Le fonds de commerce
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civiles. (Sauf si elles sont exploitées dans le cadre d’une société commerciale par la
forme).
- Le critère du fonds de commerce : De ce critère on a surtout pris en
considération l’élément fondamental du fonds de commerce, la clientèle.
L’acte de commerce serait celui qui est accompli par un professionnel qui
réunit autour de son activité une clientèle maintenue et développée grâce aux autres
éléments de son commerce et à son art professionnel.
Cependant il faut noter qu’il n’y a pas que le commerce qui a pour base la
clientèle, même les activités civiles reposent sur la clientèle comme les professions
libérales (les avocats, les médecins …).
En définitive, aucun de ces critères, qu’il soit économique ou juridique, ne
permet à lui seul de qualifier les activités à commercialiser et le législateur s’est,
encore une fois, contenté de donner une énumération des activités commerciales.
Cependant, tout en laissant la possibilité à la jurisprudence d’ « assimiler » des
activités à celles qu’il a énumérées, il s’est abstenu de mettre à sa disposition le
moindre critère pour s’y faire. Nous en déduisons que la jurisprudence continuera,
comme par le passé, de procéder par la combinaison de ces différents critères
suivant les cas d’espèce qui se présenteront à elle.
Mais ces critères, même s’ils s’avèrent être tous réunis, ne doivent en aucun
cas permettre la commercialité des domaines exclus délibérément par le législateur.
La détermination de l’objet du droit commercial reste une question
d’opportunité pour le législateur et qui est fonction de l’impact des données et des
circonstances économiques environnantes du moment.
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- Exemples des mines : fer, cuivre et tous les métaux, phosphate, charbon, etc. Les
carrières sont de sable, de marbre, de pierres, d’ardoise, d’argile, etc.
14
- La recherche et l’exploitation des mines est commerciale depuis le dahir 16 avril 1951,
alors que la recherche et l’exploitation des carrières ne l’est que par le nouveau code de
1996.
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B - LA FOURNITURE
C’est le contrat par lequel le fournisseur s’engage, moyennant un prix, à
délivrer des produits qu’il se procure (achète) préalablement aux livraisons ou à
effectuer des services à ses clients, de manière périodique ou continue. C’est
pourquoi le contrat de fourniture est un contrat à exécution successive.
La fourniture peut concerner et les biens (les produits alimentaires ou
industriels, l’eau, l’électricité et le gaz) et les services, fournis de manière périodique
et régulière (les services d’entretien et de réparations des appareils, machines,
véhicules, les services rendus en matière de postes et télécommunications, le
service de gardiennage…)
§ 3 - LES ACTIVITES DE SERVICES
Il s’agit d’activités qui consistent à exécuter un travail au profit des clients ou
de mettre à leur disposition l’usage temporaire de certains biens.
Trois catégories d’activités de services se dégagent de l’art. 6.
A - LES SERVICES DE L’INTERMEDIATION
L’objet de ces activités réside seulement dans l’information, le conseil et
l’assistance aux tiers cocontractants.
Ce sont en l’occurrence, suivant l’article 6-9°, le courtage, la commission et
toutes autres opérations d’entremise. Il s’agit aussi des bureaux et agences
d’affaires auxquels on assimile les agences de voyages, d’information et de
publicité (article 6-13°).
Précisons au préalable que les activités d’intermédiation sont commerciales
quelle que soit la nature du contrat qui sera conclu entre les parties. Même si l’objet
du contrat est civil, l’activité d’intermédiation est commerciale (par exemple :
l’intermédiation dans le domaine agricole).
a - Le courtage
C’est l’activité par laquelle une personne (le courtier) met deux personnes en
relation en vue de la conclusion d’un contrat.
Par conséquent, le courtier n’intervient d’aucune manière dans le contrat
conclu entre les personnes qu’il rapproche.
Certains courtiers sont régis par des textes spéciaux, ils sont appelés
« courtiers privilégiés », par exemple le courtage de marchandises et le courtage
maritime.
18
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Ces dernières sont appelées en pratique les agences de renseignements commerciaux ;
elles sont spécialisées dans l’ingénierie financière, le marketing et tous les services destinés
à faciliter la création et le développement des entreprises.
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a - La banque
D’après la loi bancaire17, les activités bancaires principales sont :
- la réception de fonds du public ;
- les opérations de crédits ;
- et la mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur
gestion.
Quant aux activités bancaires connexes, ce sont par exemple :
- les opérations de change;
- les opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie ;
- le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente des
valeurs mobilières ou de tout produit financier ;
- le leasing ou crédit –bail ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion financière, l’ingénierie
financière (ou engineering en anglais) 18 et, d’une manière générale, tous les services
destinés à faciliter la création et le développement des entreprises.
b - Le crédit
Le crédit consiste, d’après la loi bancaire, en trois opérations, qui doivent
toutes être effectuées à titre onéreux19 en vertu desquelles une personne :
- met ou s'oblige de mettre des fonds à la disposition d'une autre
personne, à charge pour celle-ci de les rembourser : ce sont là deux opérations
différentes visées par la loi, il faut entendre par "mettre" les fonds à la disposition des
clients le crédit classique, et par "s'obliger de mettre" des fonds à la disposition des
clients les opérations telles que les ouvertures de crédit, les facilités de caisse, etc.
- ou prend dans l'intérêt d'une autre personne, un engagement par
signature sous forme d'aval, de cautionnement ou de toute autre garantie, c’est
le cas de la CAISSE MAROCAINE DES MARCHES (C.M.M) 20
et de DAR AD-
DAMANE 21.
17
Dahir n° 1-05-178 du 14 février 2006 portant promulgation de loi n° 34-03 relative aux
établissements de crédit et organismes assimilés, B.O. n° 5400 du 2 mars 2006, p.298.
18
- L’ingénierie est l’ensemble des études qui permettent de déterminer, pour la réalisation
d’un programme d’investissement, les meilleures tendances et modalités de conception, les
conditions de rentabilité optimales, les matériels et les procédés les mieux adaptés.
19
- C’est une condition essentielle, car les prêts concédés à titre gratuit ne sont pas
considérés du crédit.
20
Arrêté n° 1300-96 du 14 safar 1417 (1er juillet 1996)
21
Arrêté n° 2958-94 du 18 joumada I 1415 (24 octobre 1994)
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derniers ou de leurs familles afin de couvrir les risques pouvant atteindre leur
personne. Par exemple, la M.G.P.A.P.M. (Mutuelle Générale du Personnel des
Administrations Publiques du Maroc), la M.G.E.N. (la mutuelle générale de
l’éducation nationale).
S’ajoute à cette catégorie d’autres organismes à caractère social telles que la
CNSS (caisse nationale de la sécurité sociale) et la CIMR (caisse
interprofessionnelle marocaine de retraite).
Puisque les assurances mutuelles et ces organismes de prévoyance sociale
ne cherchent pas à réaliser de bénéfices, elles ne sont pas commerciales ; ce qui
n’est pas le cas du secteur commercial des assurances à primes fixes.
C - LES AUTRES SERVICES
Quatre activités prévues par l'article 6 peuvent être rangées dans ce cadre.
1 – L'activité industrielle
L’art. 6-5° parle d’activité industrielle. Il s’agit de toute activité qui consiste à
effectuer des travaux sur des biens meubles24 ou immeubles.
Mais à la différence de l'achat pour revente après transformation où il y a
achat de la matière première qui sera transformée pour être revendue (qui est une
activité de distribution), l'article 6 désigne par activités industrielles celles où les
produits ou matières premières sont fournis à l'industriel par ses clients à charges
pour lui de les leur restituer après transformation (l'industriel offre seulement son
service).
Mentionnons enfin dans le cadre des autres services, l'extension de la
commercialité pour la première fois à l’artisanat25, l’imprimerie et l’édition, le bâtiment
et les travaux publics.
L’activité industrielle peut également avoir pour objet les immeubles (les
entreprises ayant pour objet d’effectuer des travaux sur des immeubles tels que le
nivellement et le terrassement et qu’on appelait les manufactures immobilières).
2 - La location de meubles
En vertu de l’art 6 - 1° et 2° toute location des biens meubles (voitures,
machines, bijoux, équipements pour l’organisation des fêtes …) est une activité
commerciale.
24
- Certaines activités telles que la blanchisserie peuvent entrer dans cette catégorie.
25
- Ce qui inclue aujourd’hui tous les petits artisans comme le coiffeur, le tailleur, le plombier,
l’électricien, le maçon ; actuellement même les chauffeurs de taxis indépendants, qui étaient
jadis assimilés aux artisans, sont soumis au droit commercial.
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24
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lorsqu’il s’agit d’un spectacle sportif amateur, elle est exclue du domaine du droit
commercial.
Quant à l’industrie hôtelière (l’hôtellerie et la restauration), on ne peut soutenir
qu’il s’agit d’une activité civile du moment qu'il s'agit d'exploitation de locaux à usage
public.
4 - Le transport
La commercialité du transport se base sur le fait qu’il participe à la circulation
des richesses, l’art. 6-6° s’est contenté de prévoir le « transport » pour englober tous
les modes de transport et éviter ainsi toute énumération, qu’il s’agisse du transport
des personnes ou des marchandises et quel que soit le mode de transport (aérien,
terrestre ou maritime).
25
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2°/ La L.C. est commerciale quelle que soit la cause pour laquelle elle a été
signée : Exemple : l’achat par un non commerçant d’un téléviseur à crédit au moyen
de lettres de change : bien que la cause de la L.C. pour ce consommateur est civile,
la L.C. reste commerciale.
B - LES SOCIETES COMMERCIALES
En principe, les sociétés devraient, comme les personnes physiques, obéir
aux mêmes critères de la commercialité, c’est-à-dire qu’une société serait civile ou
commerciale suivant l’objet de son activité.
Cependant, la SA, la société en commandite par actions et la SARL, même
ayant un objet civil, sont devenues des sociétés commerciales par la forme depuis la
législation du protectorat. De son côté, la loi 5/96 a rendu commerciales par la forme
même la société en nom collectif et la société en commandite simple.
Il faut dire que, dans les annales de l’histoire juridique, le scandale en France
de la Companie du Canal de Panamà a été déterminant dans la commercialité
objective des sociétés. Cette société était civile puisque son objet était civil :
l’exécution de travaux publics immobiliers (construction du canal de Panamà). Par
conséquent, elle n’obéissait pas aux règles du droit commercial et notamment la
faillite, ce qui a causé d’énormes préjudices à ses créanciers qui devaient désormais
agir individuellement suivant la loi civile pour récuperer leur dû.
§ II - LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE
L’article 10 du nouveau code stipule : «sont également réputés actes de
commerce, les faits et actes accomplis par le commerçant à l’occasion de son
commerce» ; ce sont donc les actes de commerce par accessoire.
Ces actes sont en réalité de nature civile et, lorsqu’ils sont effectués par un
commerçant pour les besoins de son commerce, ils acquièrent la qualité d’actes de
commerce. Exemple, le commerçant qui achète un camion pour livrer ses
marchandises, ou du mobilier pour son agence d’affaires ou des machines pour son
usine, etc.26
26
- On peut encore citer les crédits que le commerçant contracte pour le développement de
son entreprise, les contrats d’assurance relatifs aux opérations commerciales (les
assurances contractées en vue de l’obtention de crédits bancaires, les assurances relatives
aux transports des marchandises ou du personnel), les contrats d’assurance relatifs aux
biens de l’entreprise (assurance incendie des magasins, entrepôts), les contrats de travail
conclus entre le commerçant et ses employés, l’achat ou la location d’immeubles pour
l’exercice du commerce, etc.
26
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Dahir du 30 novembre 2007 portant promulgation de la loi 53/05 relative à l'échange
électronique de données juridiques. B.O. 5584 du 6/12/2007, p. 1357. V. l'exception à cette
règle au chapitre suivant.
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28
B.O. n° 5096 du Jeudi 3 Avril 2003.
29
Art 218 "Le représentant légal peut demander au tribunal d’émanciper le mineur qui a
atteint l’âge précité, lorsqu’il constate qu’il est doué de bon sens… Dans tous les cas, les
personnes précitées ne peuvent être émancipées que lorsqu’il est établi devant le tribunal, à
l’issue des démarches légales nécessaires, qu’elles sont douées de bon sens".
31
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR
La question qui se pose maintenant est de savoir dans quelle mesure ces
deux exceptions permettent – elles au mineur d'exercer le commerce ?
Sous l'ancienne législation, il n'était guère question de capacité commerciale
pour le mineur autorisé à titre d'expérience ; quant au mineur émancipé, il ne pouvait
gérer ses biens que dans le domaine civil. Pour pouvoir exercer le commerce, une
autorisation spéciale de son tuteur était nécessaire afin de procéder à son inscription
au registre du commerce.
242 ص،2001 ، المعارف الجديدة، الرباط، الجزء الثاني، الوسيط في النظرية العامة في قانون التجارة30
31
DRISSI MACHICHI ALAMI Mohamed, Droit commercial fondamental au Maroc, Rabat,
Imprimerie Fédala, 2006, pp. 188 et suiv.
32
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être inscrites au registre du commerce". Et, en arabe également les termes utilisés
ne laissent pas de doute quant à l'exigence des deux documents :
"يجب أن يقيد اإلذن باإلتجار الممنوح للقاصر و كذا الترشيد المنصوص عليهما في قانون األحوال الشخصية في الس))جل
."التجاري
32
- V. à ce sujet notre article paru au journal L’opinion du 21 mars 1996, pp. 1 et 4 intitulé :
« La restauration du droit de la femme mariée à la liberté d’exercer le commerce ».
33
- L’article 35 de la constitution de 2011 dispose que l'Etat garantit la liberté d’entreprendre
et la libre concurrence.
33
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a – Les incompatibilités
Il arrive que certaines personnes exercent certaines professions, et cela ne
les empêche pas d’exercer le commerce en parallèle. Mais cette faculté n’est pas
toujours possible, car le législateur estime, pour différentes raisons, que certaines
professions sont incompatibles avec l’exercice du commerce :
- soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la
dignité de la profession qu’ils exercent : exp. les médecins, les avocats, les
notaires, les adouls…
- soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent
rester indépendants : c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par les
risques du commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du profit ; exp.
les fonctionnaires (Art. 15 dahir 24/2/1958 portant statut général de la fonction
publique).
b – Les déchéances
Il s’agit d’une autre restriction à l’exercice du commerce qui vise les
commerçants ou les postulants au commerce, c’est-à-dire les personnes qui ont fait
l’objet de certaines condamnations pénales (pour vol, escroquerie, abus de
confiance, émission de chèque sans provision, infractions fiscales ou douanières,
banqueroute, etc.) ou d’une liquidation judiciaire.
34
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR
a – Les interdictions
Au titre de cette restriction, le commerçant n’a pas le droit de postuler à
l’exercice de certaines activités commerciales :
- lorsque ces activités sont interdites par le législateur : par exemple
l’interdiction du commerce de la fausse monnaie (art. 335 C.P.), l’interdiction du
commerce lié aux jeux de hasard (art. 282 C.P.), l’interdiction du commerce des
objets et images contraires aux mœurs (art. 59 dahir 15/11/1958 formant code de la
presse)34, le commerce des stupéfiants ;
- ou lorsque ces activités constituent un monopole de l’Etat : par exemple la
recherche du pétrole et du gaz, l’exploitation et le commerce des phosphates, le
transport ferroviaire, etc.
b – Les autorisations
Dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme d’agrément ou
de licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou l’exercice de certaines
activités commerciales, par exemple :
- la vente des boissons alcooliques (qui est soumise, suivant le cas, à une
licence ou à une autorisation),
- les activités cinématographiques sont soumises à une autorisation du
C.C.M.,
- les agences de voyages (qui doivent être autorisées par le ministère du
tourisme),
- le transport public des personnes (soumis à des agréments du ministère du
transport), etc. 35
Dans d’autres cas l’existence de ces autorisations s’explique par des
exigences de la profession, par exemple l’ouverture d’une pharmacie nécessite
34
Article 59 : Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 1.200 à
6.000 dirhams quiconque aura fabriqué ou détenu en vue d'en faire commerce, distribution,
location, affichage ou exposition tous imprimés, écrits, dessins, gravures, films
pornographiques, photographies contraires à la moralité et aux mœurs publiques. DAHIR N°
1-02-207 du 3 octobre 2002 portant promulgation de la loi n°77-00 modifiant et complétant le
Dahir n°1-58-378 du 15 novembre 1958 formant code de la Presse et de l'Édition -2003-
35
Le transport des marchandises n'étant désormais plus soumis à agrément
35
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d’être titulaire d’un diplôme de pharmacien, les banques et les sociétés d’assurances
doivent être inscrites sur les listes de ces professions, etc.
Il faut ajouter que certaines activités ne peuvent être exercées que par des
personnes morales, par exemple les activités bancaires.
36
L'article 311 dispose que : "Tout établissement bancaire peut, par décision
motivée, refuser de délivrer au titulaire d'un compte les formules de chèques autres que
celles qui sont remises pour un retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou pour une
certification. Il peut à tout moment, demander la restitution des formules antérieurement
délivrées. Il peut être délivré des formules de chèques barrés d'avance et rendues, par une
mention expresse de l'établissement bancaire, non transmissibles par voie d'endossement,
sauf au profit d'un établissement bancaire ou d'un établissement assimilé."
36
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aux tiers, qui sont en relation avec le commerçant, des informations relatives à sa
situation juridique et à ses activités commerciales.
C’est pour cette raison que le code de commerce a fait du R.C. un document
public ; toute personne peut se faire délivrer une copie ou un extrait certifié des
inscriptions qui y sont portées ou un certificat attestant l’inexistence d’une inscription
ou qu’une inscription a été rayée.
A - LE FONCTIONNEMENT DU R.C.
Comment est-il organisé ? Quelles sont les personnes assujetties à
l'immatriculation ? Et quelles sont les différentes inscriptions ?
a - L’organisation du R.C.
Le R.C. est constitué par des registres locaux et un registre central :
Les registres locaux sont actuellement institués auprès de chaque tribunal de
commerce ou de première instance le cas échéant ; ils sont tenus par le secrétariat-
greffe et leur fonctionnement est surveillé par le président du tribunal ou par un juge
désigné par lui.
Le registre central du commerce est tenu à l’office de la propriété industrielle à
Casablanca. Il a pour but :
- de centraliser toutes les déclarations contenues dans les registres locaux
que lui transmettent les secrétaires greffiers des tribunaux ;
- et de délivrer les certificats relatifs aux inscriptions portées sur le registre.
b - Les personnes assujetties
Toutes les personnes physiques et morales (sociétés commerciales, GIE), de
droit privé ou de droit public, marocaines ou étrangères exerçant une activité
commerciale sur le territoire marocain sont tenues de se faire immatriculer au R.C.
du tribunal où est situé leur siège.
L’immatriculation est également obligatoire lors de l’ouverture d’une
succursale ou d’une agence d’entreprise marocaine ou étrangère.
c - Les inscriptions au R.C.
Ces inscriptions sont au nombre de trois :
1 - Les immatriculations
Il existe trois sortes d’immatriculations.
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principale au R.C. du tribunal du lieu où le fonds de commerce est exploité (Art. 41)
dans les 3 mois de leur ouverture (Art. 75). En cas de pluralité de fonds exploités, il
est procédé suivant le cas, à inscription complémentaire ou à immatriculation
secondaire (Art. 41).
2 - Les inscriptions modificatives
Tout changement ou modification concernant les mentions qui figurent sur le
R.C. doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative (art. 50) dans le mois
suivant le changement.
Par exemple, pour les personnes morales les décisions modifiant les statuts
de la société (l’augmentation ou la diminution du capital social, la forme juridique de
la société, la dénomination sociale), la nomination de nouveaux gérants, des
membres des organes d’administration, etc.
3 - Les radiations
La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. par
exemple en cas de cessation totale de l’activité commerciale, en cas de décès du
commerçant, en cas de dissolution d’une société, etc. 37
Les radiations peuvent être requises par les intéressés eux-mêmes, soit
opérées d'office par ordonnance du président du tribunal.
B - LES EFFETS DE L’IMMATRICULATION
a - Les effets à l'égard des personnes physiques
L’absence d’effets de l’immatriculation en vertu du dahir du 1 er septembre
1926 avait poussé la jurisprudence à juger que «la seule inscription au R.C. ne suffit
pas pour donner à la personne inscrite la qualité de commerçant »38.
L’immatriculation au R.C. ne constituait nullement une présomption d’être
commerçant.
1 - La présomption de commercialité
Désormais, avec le nouveau code de commerce, toute personne immatriculée
au R.C. est présumée avoir la qualité de commerçant.
Néanmoins, il faut souligner que le nouveau code ne s’est pas «aventuré »
jusqu’à donner à l’immatriculation l’effet d’une présomption irréfragable (ou absolue),
il s’est contenté de lui accorder une présomption simple, c’est-à-dire susceptible de
preuve contraire.
37
- V. art. 51 à 57 code de commerce.
38
- TPI d’Oujda, 24 mai 1961, Revue Marocaine de Droit du 1/11/1961, pp. 415 - 417.
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par exercice ; à cette fin, le commerçant doit tenir un livre d’inventaire sur lequel il
doit transcrire le bilan et le C.P.C. (compte des produits et charges) de chaque
exercice.
En outre, elle oblige les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est
supérieur à 7.500.000 dhs d’établir un certain nombre de documents comptables
supplémentaires tels que le manuel, l’état des soldes de gestion (l’E.S.G.), le tableau
de financement, l’état des informations complémentaires (ETIC) et les états de
synthèse annuels (ES).
B - LES REGLES RELATIVES À LA TENUE DE LA COMPTABILITE ET
LEURS SANCTIONS
Analysons d’abord ces règles, ensuite leurs sanctions.
a - Les règles
Afin de veiller sur l’authenticité des écritures comptables et la sincérité des
opérations effectuées par les commerçants, l’article 22 de la loi exige que les
documents comptables soient établis «sans blanc ni altération d’aucune sorte »,
c’est-à-dire qu’il est interdit de laisser des blancs susceptibles d’être remplis en cas
de besoin ou de biffer des écritures, celles-ci doivent, le cas échéant, tout
simplement être rectifiées par d’autres écritures en sens inverse, autrement dit
procéder à la contre-passation.
C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons que l’article 8 dispose que le livre
journal et le livre d’inventaire sont cotés et paraphés sans frais par le greffier du
tribunal du siège de l’entreprise. Chaque livre reçoit un numéro répertorié par le
greffier sur un registre spécial.
Par ailleurs, l’article 22 exige des commerçants de conserver leurs documents
comptables et leurs pièces justificatives pendant 10 ans. L’article 26 du code de
commerce les oblige, de son côté, de classer et conserver pendant 10 ans, à partir
de leur date, les originaux des correspondances reçues et les copies de celles
envoyées.
b - Les sanctions
Les sanctions de ces formalités sont d’ordre fiscal et pénal.
1 - Les sanctions fiscales
Comme les documents comptables servent de base à l’établissement des
déclarations fiscales, ils peuvent faire l’objet de vérification de la part des inspecteurs
42
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des impôts. Aussi, lorsque ces documents ne respectent pas les normes prescrites
par la loi 9-88, l’article 23 de cette dernière laisse la faculté à l’administration des
impôts de les rejeter et d’établir une imposition forfaitaire. Elle peut même appliquer,
le cas échéant, des sanctions pécuniaires (majorations, indemnités de retard, etc.)
2 - Les sanctions pénales
S’il s’avère que le commerçant a falsifié les livres et documents comptables, il
peut être poursuivi pour banqueroute ou pour fraude fiscale ou pour faux en écriture
du commerce.
D’un autre côté, en cas d’ouverture d’une procédure de traitement, les
dirigeants d’une entreprise individuelle ou à forme collective risquent d’être
poursuivis pour banqueroute41 lorsqu’il se révèle qu’ils ont tenu une comptabilité
fictive ou fait disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de la société
ou s’ils se sont abstenus de tenir toute comptabilité prescrite par la loi.
Par ailleurs, la loi de finances 1996-1997 a, pour la première fois, incriminé la
fraude fiscale ; cette loi prévoit cinq faits qui peuvent constituer la fraude fiscale,
parmi lesquels la production d’une comptabilité fausse ou fictive et la soustraction ou
la destruction des documents comptables42.
C - LA PREUVE PAR LES DOCUMENTS COMPTABLES
L’un des intérêts de la tenue de la comptabilité pour le commerçant, et non
des moins importants, est qu’elle peut lui servir de preuve à l’égard des autres
commerçants.
Si les principes techniques de la comptabilité ont été réglementés par la loi 9-
88, les règles relatives à la preuve sont demeurées prévues par le code de
commerce dans ses articles 19 à 26.
Deux sortes de questions se posent à ce sujet : l’une relative à la force
probante des documents comptables, l’autre concerne les modes de production de
ces documents en justice.
41
- La sanction encourue est l’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 10 000 à
100000 dhs ou l’une de ces deux peines seulement. Ces peines sont portées au double
lorsque le banqueroutier est dirigeant d’une société dont les actions sont cotées en bourse.
42
- La sanction prévue est l’amende de 5 000 à 50 000 dhs qu’il s’agisse de l’IS, de l’IGR ou
de la TVA (Art. 12, 13 et14 LF) ; en cas de récidive, le contrevenant est passible, en plus de
cette amende, d’un emprisonnement de 1 à 3 mois. (Il faut rappeler que l’emprisonnement
ne peut être prononcé que contre les personnes physiques, s’il s’agit d’une personne morale,
il s’appliquera à ses dirigeants). Ajoutons que ces infractions doivent être constatées par
deux inspecteurs des finances par procès-verbal.
43
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- V. art. 433 et suiv. D.O.C.
44
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- Rappelons cependant que les tiers, commerçants ou non, peuvent invoquer en leur faveur
la comptabilité d’un commerçant sans avoir à en détenir un double (art. 20 code de
commerce).
45
- V. dans ce dernier sens, à titre d’exemple, TPI Casablanca, section commerciale, du
15/10/1987, aff. BCM c/ Barich Omar, n° 2547, RMD, 1987, n° 15, p. 306 qui a jugé que
dans la mesure où le relevé de compte établi par la banque est extrait de ses livres et
registres régulièrement tenus, sa contestation non appuyée par des moyens de preuve est
insuffisante à lui retirer sa valeur probante.
45
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mettra de sa propre volonté entre les mains de la justice, soit par les tiers, et la loi
met à leur disposition deux procédés : la communication et la représentation. Mais le
juge peut ordonner d’office l’un ou l’autre de ces procédés, c’est-à-dire sans que ce
soit requis par les parties.
1 - La communication
« La communication est la production intégrale des documents comptables ».
Elle consiste donc pour le commerçant de mettre toute sa comptabilité à la
disposition de la partie adverse. L’article 24 laisse toutefois aux parties de décider de
la manière dont la communication doit être établie - notamment la remise des
documents à un expert - et à défaut d’accord, de les déposer au secrétariat-greffe du
tribunal.
C’est dire le danger que présente la communication pour le commerçant qui
verra tous les secrets de son commerce dévoilés à son adversaire.
C’est pourquoi l’article 24 du code de 1996 a prévu des cas exceptionnels où
la communication peut être ordonnée en justice, à savoir « les affaires de
succession, de partage, de redressement ou de liquidation judiciaire et dans les
autres cas où ces documents sont communs aux parties ».
On remarquera donc que la communication se justifie dans ces affaires par
deux raisons : soit que les adversaires ont le même droit sur ces documents
(succession, partage de société, etc.), soit par la cessation de l’activité du
commerçant (redressement ou liquidation judiciaire, le commerçant ne courant plus
aucun danger à dévoiler sa comptabilité).
2 - La représentation
« La représentation consiste à extraire de la comptabilité les seules écritures
qui intéressent les litiges soumis au tribunal » (art. 23 code commerce).
Aussi, la représentation se distingue-t-elle de la communication en ce que :
- seules les parties de la comptabilité qui concernent le litige en question sont
produites en justice ;
- les documents sont examinés par le juge lui-même ou par un expert nommé
par lui afin d’y extraire les écritures concernant le procès, ils ne peuvent donc être
confiés à l’adversaire ;
- enfin, et par conséquent, la représentation n’est pas limitée aux situations
énumérées par l’article 24.
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2°/ Le mandat
En matière civile le mandat est présumé gratuit, « à moins de convention
contraire » dit l’article 888 DOC.
Par contre, en matière commerciale la gratuité n’est pas présumée lorsque le
mandat est donné entre commerçants pour affaires de commerce (article 888, 2°
DOC). Par conséquent et inversement, pour que le mandat soit gratuit en matière
commerciale, une clause expresse doit être stipulée dans le contrat.
En outre, en matière de mandat, le pouvoir d’action des mandataires est
fondamentalement distinct en droit commercial par rapport au droit civil.
Dans le domaine civil, l’article 898 D.O.C. prévoit que lorsque plusieurs
mandataires sont nommés par le même acte et pour la même affaire, ils ne peuvent
agir séparément, s’ils n’y sont expressément autorisés.
Le même article prévoit que dans le mandat donné entre commerçants pour
affaires de commerce, l’un des mandataires peut agir valablement sans l’autre, si le
contraire n’est exprimé. Cette particularité du droit commercial se justifie
parfaitement par le souci de rapidité qu’exigent les transactions commerciales.
3°/ La stipulation d’intérêts
Il convient tout d’abord de préciser que selon l’art. 870 D.O.C. la stipulation
d’intérêts entre musulmans est formellement interdite !
« Dans les autres cas » précise l’art. 871, c’est-à-dire dans les cas où les
musulmans ne sont pas parties au contrat, les règles relatives à la stipulation
d’intérêts sont les suivantes :
- En matière civile, les prêts sont censés être accordés sans intérêts ; ils ne
sont donc pas présumés. L’art. 871 dispose dans ce sens que « les intérêts ne sont
dus que s’ils ont été stipulés par écrit ». Par conséquent, n’étant pas de droit, la
stipulation d’intérêts en matière civile doit être expressément mentionnée dans le
contrat.
- Par contre, en matière commerciale, le même article dans son alinéa 2
prévoit que « cette stipulation est présumée lorsque l’une des parties est un
commerçant ». Cette règle a pour fondement le fait que les opérations commerciales
ont toujours pour objectif de réaliser des bénéfices ; donc le commerçant qui a profité
d’un prêt doit payer des intérêts même si le contrat ne stipule pas d’intérêts.
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- Le nom patronymique est hors du commerce, c’est-à-dire ne peut être cédé.
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L’art. 80 dresse toute une énumération de ces droits ; il s’agit des brevets
d’invention, des marques de fabrique, de commerce et de service, des dessins et
modèles industriels…
Le F.C. peut être vendu (§1) ou apporté à une société (§2), affecté en
nantissement (§3), des règles communes ont cependant pour but la protection des
droits du vendeur et du créancier nanti (§4), enfin le FC peut être mis en location
(§5).
§ I - LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE
Vu ses particularités commerciales, la vente du F.C. a fait l’objet d’une
réglementation spéciale par le code de 1996.
Elle prévoit en effet des conditions particulières au contrat de vente du F.C. et
partant, des effets spéciaux.
A - LES CONDITIONS DE LA VENTE
Comme tout contrat, la vente du F.C. doit obéir aux conditions de fond
générales en la matière : le consentement, la capacité commerciale, l’objet de la
vente et le prix.
Quant aux conditions de forme, et afin de protéger l’acquéreur, l’article 81 du
code de commerce impose la rédaction d’un écrit.
Mais l’écrit ne doit pas prendre obligatoirement la forme authentique, il peut
être seulement sous seing privé50.
B - LES EFFETS DE LA VENTE
Si la vente du F.C. fait l’objet d’une réglementation spéciale, c’est justement
pour protéger tous les intérêts en présence.
a - Les règles protectrices des droits de l’acquéreur
Il s’agit d'abord des règles de droit commun de la vente qui posent certaines
obligations à la charge du vendeur : qui doit transférer la propriété du F.C. à
l’acheteur, garantir l’acheteur contre les vices cachés du F.C. en plus de l’obligation
de non concurrence.
50
L'article 57 de la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie (B.O 5080 du
07/12/2006) impose l'intervention d'un notaire en cas de cession d'une officine de pharmacie.
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- C'est-à-dire dans les 15 jours de l'acte.
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le privilège pendant 5 ans et doit être renouvelée à l’expiration de ce délai, sinon son
effet prend fin et il est procédé à sa radiation d’office par le greffier (Art. 137).
§ IV - LES REGLES COMMUNES A LA VENTE ET AU NANTISSEMENT DU FC
En dehors de l’action résolutoire qui est propre au vendeur du FC, le
législateur a institué des règles communes à la vente et au nantissement qui ont
pour effet de protéger les droits du vendeur et du créancier nanti ; il s’agit en
l’occurrence du droit de suite et du droit de préférence.
A - LE DROIT DE SUITE
En vertu du premier alinéa de l’art. 122 c.com. « les privilèges du vendeur et
du créancier gagiste suivent le fonds en quelques mains qu’il passe ».
Il s’agit donc de ce droit qui permet aux créanciers privilégiés inscrits et non
payés de saisir le FC entre les mains de n’importe quelle personne et à quelque titre
que ce soit, qu’il s’agisse du propriétaire ou d’un nouvel acquéreur en vue de le faire
vendre aux enchères publiques.
B - LE DROIT DE PRÉFÉRENCE
Ce droit permet aux créanciers privilégiés, suite à la vente du FC aux
enchères publiques, de se faire payer sur le prix de la vente par priorité sur les
autres créanciers.
§ V - LA GERANCE LIBRE
La gérance libre (ou gérance location) permet au propriétaire de donner la
gérance du fonds à une personne en vertu d’un contrat de location moyennant un
loyer. Dans ce cas, le gérant locataire bénéficie de la qualité de commerçant et
assume seul les risques de l’exploitation.
Ayant la qualité de commerçant, le gérant libre doit se faire immatriculer au
RC. Mais la publicité dont il est question ici a pour objectif de faire connaître aux tiers
que la propriété du fonds n’appartient pas au gérant.
Pour ce faire, un extrait du contrat de gérance libre doit être publié dans les 15
jours de sa date au BO et dans un journal d’annonces légales, ensuite procéder aux
formalités relatives au RC. Il reste qu’il est dans l’intérêt du bailleur du fonds
d’effectuer ces publicités dans la mesure où il demeure responsable solidairement
avec le gérant des dettes contractées par ce dernier à l’occasion de l’exploitation du
fonds (art. 155).
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immeubles ; par exemple, en tant que meuble, le F.C. ne peut faire l’objet d’une
hypothèque mais d’un nantissement.
B - LE F.C. EST UN BIEN MEUBLE INCORPOREL
C’est ce qui se dégage de la composition même du F.C. ; ce dernier est en
effet principalement composé d’éléments incorporels, qui sont les plus importants
dans un F.C. et notamment la clientèle54.
Du fait que le F.C. soit considéré un meuble incorporel, il résulte que la règle
« en fait de meuble la possession vaut titre » ne lui est pas applicable, car cette règle
ne s’applique qu’aux meubles de nature corporelle. Par conséquent, en cas de litige
entre deux acquéreurs successifs d’un F.C., la préférence est donnée à celui dont le
contrat d’acquisition est le premier en date et non à celui qui a été mis en possession
du F.C. le premier.
Ajoutons que le F.C. est de nature commerciale. L’intérêt de cette précision
réside dans la distinction avec les activités non commerciales qui ont aussi une
clientèle55. Car, effectivement, on ne peut parler d’un F.C. que si la profession
exercée est commerciale.
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BIBLIOGRAPHIE
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Imprimerie Al Maarif Al Jadida, (en arabe) :
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INTRODUCTION..............................................................................................................2
I - DEFINITION ET PARTICULARITES DU DROIT COMMERCIAL...........................................2
A - LE FORMALISME DU DROIT COMMERCIAL............................................................................2
B - LA SOUPLESSE DU DROIT COMMERCIAL................................................................................3
II - LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL..............................................................................3
A- LES SOURCES ECRITES............................................................................................3
a - Les sources nationales........................................................................................................................4
1/ Le code de commerce et la refonte du droit des affaires................................................................4
2/ Le D.O.C. :....................................................................................................................................5
b- Les sources internationales..................................................................................................................5
B- LES SOURCES NON ECRITES...................................................................................6
a - Les usages commerciaux....................................................................................................................6
b - La jurisprudence.................................................................................................................................6
c – La doctrine.........................................................................................................................................7
III– LES JURIDICTIONS DE COMMERCE......................................................................................7
A – LES TRIBUNAUX DE COMMERCE ........................................................................7
a – Composition.......................................................................................................................................7
b – Compétence.......................................................................................................................................7
B – Les cours d’appel de commerce ................................................................................8
a – Composition.......................................................................................................................................8
b – Compétence.......................................................................................................................................8
IV – LA MATIERE DU DROIT COMMERCIAL..............................................................................8
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