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Recueil des notices et

mémoires de la Société
archéologique de la province
de Constantine

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Société archéologique, historique et géographique du
département de Constantine. Auteur du texte. Recueil des
notices et mémoires de la Société archéologique de la province
de Constantine. 1905.

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L'AGE DE PIERRE
DANS LA. RÉGION

DE B0RDJ-MENAÏEL ET SUR LA CÔTE

Dans ma notice sur l'archéologie du canton de


Bordj-Menaïel, (vol. xxxn de la Société arc/i., 1898),
j'avais signalé l'absence à peu près complète d'outils
en silex dans la région. De silex, je n'avais recueilli
qu'un burin, brun, jaunâtre, une pointe de flèche
noire, à l'entrée d'un abri sous roche au lieu dit : La
Cascade, à 15 centimètres de profondeur avec des
débris d'ossements humains et une hache dans un
autre abri. Tout récemment un boulet de même
matière (quartz siliceux), ayant 0m23 de circonférence,
a été trouvé au même endroit. Tous les autres outils
étaient façonnés en des matières qui n'étaient pas le
silex. Ces constatations n'ont été infirmées pour
ainsi dire pas encore, en ce qui concerne l'intérieur
des terres. Mais j'ai acquis la preuve que sur le
bord de la mer, les hommes primitifs avaient taillé
le silex en colossale abondance et s'en étaient servi
en guise d'outils et d'armes. Dans la partie de la
côte qui forme le canton actuel de Bordj-Menaïel, le
point principal de taille a été vraisemblablement le
point extrême vers la mer de l'étroite langue de chat
- - 10

entourée alors d'eau sur trois côtés que termine à


côté du cap Djinel, en forme de falaise dominant la
mer, l'énorme masse basaltique du Settara, exacte-
ment à l'angle nord-ouest du réduit de la ville pos-
térieure qui s'appela à l'époque romaine Cissi muni-
cipium. El justement parce que sur l'emplacement
même de cet atelier, ont été élevées depuis des cons-
tructions romaines, elles-mêmes faisant suite à un
établissement carthagino-berbère, il y a grande
chance pour qu'on n'y puisse jamais recueillir une
quantité nombreuse d'échantillons intacts. Cependant,
sur un secteur d'une trentaine demèlres, sur la face
sud-ouest du Setlara, le long des rigoles légères
que tracent les eaux de pluie dans la glaise grise,
parmi l'infini des débris de basalte et des débris de
poteries romaines, j'ai ramassé plusieurs centaines
de petits éclats de silex noir, parmi lesquels des
pièces manifestement travaillées et des nuclei, de
dès petits galets de silex m'ont démontré l'existence
d'un atelier de (aille à ce point extrême du plateau.
Après chaque pluie, d'ailleurs, une recherche minu-
tieuse sur les flancs de la montagne permet d'en
découvrir de nouveaux échantillons appartenant tous
à des outils de très petite dimension (les plus grands
recueillis à ce jour oui 7 centimètres de longueur.

( Voir planche ci-contre )

S'il a existé en cet endroit des outils de grande


ctaille, ils ont disparu dans les remaniements suc-
essifs du plateau qui, non-seulement, a été occupé
par des constructions privées et publiques, mais a
été le théâtre d'une dévastation complète.
— 11 —

II.
A deux kilomètres à l'ouest du cap Djinet, à mi-
chemin entre ce cap et l'embouchure de l'Oued-Isser,
au point extrême des terres cultivables, à peu près
à la lisière des dunes et des sables, se trouve un
vignoble dépendant de la propriété Barthélémy. La
route de Bordj-Menaïel coupe ce vignoble en deux
parties. Dans la partie à l'ouest de la route, j'ai
ramassé une centaine de petits silex taillés, ainsi
que quatre ou cinq pièces en granit (ce sont .les plus
grandes) et une ou deux en quartz blanc.
(Voir planches ci-contre)

Peut-être s'en trouvait-il plus loin encore dans la


direction de Port aux Poules, mais l'envahissement
des sables et des dunes rend, pour le moment, toute
recherche bien aléatoire. La physionomie de la côte
s'est, en effet, profondément modifiée depuis une
époque très récente. Il n'y a qu'à examiner la cou-
pure très nette qui a fait engloutir une bonne partie
des ruines de la ville romaine de Rusubbicari (Port
aux Poules) et a détruit le port, décrit par El-Bekri,
pour s'en rendre compte.
Quelques épaves, rari riantes, ont pu échapper. Je
me propose de les rechercher en poussant aussi loin
que possible dans les deux sens et d'essayer de
dresser la carte préhistorique de tout ce littoral.
Vers Alger, on connaît déjà les silex de Guyotville,
trouvés soit sous abris, soit à l'air libre. On doit en
rencontrer dans la presqu'île dont le cap Matifou
forme le point extrême. Si les côtes des baies de
l'Aima et du Corso sont envahies par les dunes et
— 12 -
les sables, la région située derrière Sidi-Fredj et
Ménerville est à fouiller. Il n'est pas possible que
tout ce littoral entre Alger et l'embouchure de Tisser
n'ait pas gardé des traces de son occupation par
l'homme préhistorique, si l'on songe surtout que
ces (races existent en quantités innombrables à
partir de Djinel. Si, entre ce point et l'embouchure
du Sebaou, je n'ai encore recueilli que quelques
échantillons incomplets, mais néanmoins caractéris-
tiques, après le Sebaou, le Djebel-bou-Karlou au-
dessus de Takdempt, de la mi-côte au sommet est
riche en silex et en grès siliceux taillés.
Depuis les découvertes de MM. H. Lacour et
L. Turcal (TROUVAILLES D'OBJETS PRÉHISTORIQUES
DANS LA KÉGION DE DEI.LYS Bulletin archéologique,
1900), j'ai recueilli moi-même pas mal de nouveaux
échantillons, (don! quelques-uns sont au musée
d'Alger), à Takdempt même (grès siliceux surtout),
à l'atelier du 13° kilomètre (dans la Mizrana) où les
éclats, en quantités innombrables, forment un talus
d'éboulis au-dessus de la mer, et avant et après cet
atelier.
Plus loin encore entre Tizzirt et Port-Gueydon,
les travaux de construction de la route côtière ont
révélé l'existence de nombreux ateliers et des pièces
fort remarquables, en provenant, sont actuellement
dans les collections de MM. Firbach, sous-préfet de
Tizi-Ouzou, et Ricard, conducteur des Ponts et
Chaussées à Tizi-Ouzou. Entre Port-Gueydon et
Bougie, la côte est inexplorée à ce point de vue,
mais il n'y a aucune raison de supposer qu'elle soit
sans vestiges, puisque autour de Bougie même,
M. Debruge a recueilli de nombreux et beaux échan-
tillons.
- -13

En reliant ces différents points à l'aide des chaî-


nons intermédiaires, on dresserait ainsi un fragment
assez étendu de la carte de l'âge de pierre sur les
côtes du département d'Alger.
III.
Une région qui mériterait d'être étudiée au point
de vue archéologique est celle de Ménerville. L'épo-
que romaine y a laissé des vestiges de ferme dans
les Issers-el-Ouidan, les ruines de Port aux Poules
(Rusubbicari), qui était le point d'aboutissement d'une
route venant de Bouïra.
« Peu de points ont, je pense, dit Vigneral (Ruines
romaines de l'Algérie t. I. p. 101), subi une dévasta-
tion aussi complète que celui-ci. Aux causes habi-
tuelles de ruine, il faut joindre ici les envahissements
de la mer qui, unis aux tremblements de terre dont
parle l'histoire, comme ayant fait disparaître des cités
entières sur ces rivages, ont ravagé et même enlevé
jusqu'au sol rocheux, aujourd'hui à fleur d'eau sur
un vaste espace, la plus grande partie de la pres-
qu'île qu'occupait la ville antique. Je ne crois pas
même ce bouleversement antérieur au moyen-âge,
car, du temps des premiers auteurs arabes, Merça-d-
Daddjadj était encore un point considérable auquel
venaient aboutir plusieurs routes que El-Bekri fait
connaître.
Cet auteur donne même sur la topographie de
ce point quelques détails curieux :
« De Hamza (Bouïra) l'on se rend, dit-il, à Belias,
lieu situé sur une grande montagne et de là on
arrive à Merça-d-Daddjadj (le Port aux Poules). La
mer environne trois côtés de cette dernière localité,
— 14 —

une muraille percée d'une seule porte, s'étend du


rivage occidendal au rivage oriental et c'est là que se
trouve l'entrée de la ville. Les bazars et la grande
mosquée son! si!nés en dedans de cette enceinte.
Le port, très étroit et peu profond, n'est nullement
sûr. La ville possède quelques sources de bonne
eau. Beni-Djenad (Djinef), ville siluée à l'orient de
Merça-d-Daddjadj est plus petite (pie celle-ci.
« Cette dernière indication, ajoute de Yigneral qui
s'applique à Benian Nita (Mers-el-Djinet), suffit pour
affirmer la dévastation de Merça-d-Daddjadj par
quelque grande révolution du sol. En effet, ce der-
nier point embrasse aujourd'hui à peine 7 à 8 hec-
tares et .à Djinet les vestiges en couvrent une ving-
taine. La ville arabe a été plus maltraitée encore
que la cité romaine : bazars et mosquées n'ont laissés
aucune Irace et les débris divers que l'on rencontre
surtout aux bords de la falaise, angles de maisons,
fragmenls de murs, belles pierres de (aille, mosaï-
ques, tous accusent la main-d'ccuvre romaine. Les
sources ont complètement disparu. Aujourd'hui, il
n'exisle plus de Iraces de port ici, les bas-fonds
semblent s'avancer très loin dans la mer. Quant à
la muraille qui fermait la péninsule, il devrail èlre
très facile d'en relrouver les fondations dans un sol
aujourd'hui entièrement sablonneux et que viennent
effleurer, en plusieurs poinls, sur le (racé probable
de celle fortification, des masses confuses de blo-
cage, de briques et de [tôleries. »
De Yigneral, écrivait en 1808 : actuellemenl plus
rien n'est visible, les dunes de sable ont tout recou-
vert. Elles s'étendent, gagnant d'année en année,
plusieurs kilomètres à l'intérieur des (erres.
— 15 -
Sur la droite de cette route qui menait de Bouïra
à Port aux Poules et la dominant, se trouvait le cen-
tre de Takitount avec son tombeau monumental et
au-dessus de la ferme Herteman et le grand fort de
Souma, en avant de Ménerville.
Takitount a été complètement dévasté lors de la
construction de la voie ferrée de Ménerville à Tizi-
Ouzou, qui passe au pied. J'y ai, néanmoins, retrouvé
dans les débris deux stèles païennes et déblayé le
grand tombeau appelé El-ITabs par les indigènes :
« Il (ce tombeau) présente un grand intérêt, dit
M. Gsell, tant par son architecture générale que par
sa décoration. »
« On y trouve des dispositions qui évoquent à
l'esprit le vaste mausolée, appelé au jourd'hui le Tom-
beau de la Chrétienne, c'est la même entrée sou-
terraine à l'est, la même plate-forme établie, en
avant de l'édifice, à l'orient le même système de
portes à coulisses, la même galerie circulaire à l'in-
térieur, le même décor de fausses portes et de demi-
colonnes à chapiteaux ioniques, appliquées contre
les parois extérieures.
Il y a pourtant entre le mausolée de .Tuba II et
celui de Blad-Guitoun d'importantes différences,
celui-ci se rapproche beaucoup plus que l'autre des
monuments funéraires greco-romain. Le Tombeau de
la Chrétienne est une construction indigène, un
tumulus recouvert d'une enveloppe classique. Le
cône à gradins en est la partie essentielle, le cylindre
orné de colonnes qui le supporte ne représente que
la bordure du tumulus. Ici, les parois verticales
prennent une importance beaucoup plus grande et
se composent de deux étages superposés. Les de-
- - 16

grés qui devaient être placés au-dessus n'étaient plus


qu'un simple couronnement. La forme arrondie du
tumulus s'est perdue, le plan est devenu octogonal,
à l'intérieur du tumulus primitif ; il n'y a qu'une
simple case de pierre où est déposé le mort; les
petits caveaux qui occupent le centre du Tombeau
de la Chrétienne et d'un autre mausolée royal, le
Médracen sont sans doute des imitations de celte
case exiguë. Ici la chambre funéraire, quoiqu'elle
n'occupe pas tout l'intérieur de l'édifice, a d'assez
vastes dimensions. Ce n'est plus un réduit, c'est
une véritable demeure.
«...La présence d'un mausolée aussi important à
Blad-Guitoun est encore un fait intéressant à cons-
tater sur la côte de la partie occidentale de la Kabylie ;
les Phéniciens avaient fondé plusieurs comptoirs et,
à l'époque romaine, il y eut là des centres assez impor-
tants : à Mers-el-Hadjadje, au cap Djinet, à Dellys,
à Tigzirt, à Taksebl. Mais l'intérieur était bien peu
romanisé. Entre Ménerville et l'Oued-Sebaou, on
n'a trouvé jusqu'à présent que trois inscriptions
latines. L'une découverte à Guenana, près de Bordj-
Menaïel, par M. Yiré, est une épitaphe de l'année 231,
qui était placée sur un mausolée; les noms qu'on v
lit prouvent qu'il s'agit d'indigènes. Deux autres
recueillies près d'IIaussonvillers, nomment des
princes maures, établis dans un lieu appelé Castellum
Tulei; elles accompagnent des représentations fort
grossières, imitations enfantines de motifs greco-
romains. En revanche, deux inscriptions lybiques
ont été copiées dans cette région. On y rencontre
des ruines assez nombreuses. Ce sont seulement
des fermes, des hameaux, quelques bourgs, des
— 17 —

postes militaires. Rien ne montre que la civilisation


du peuple conquérant s'y soit sérieusement implantée.
Il n'y a donc pas lieu d'attribuer ce grand mausolée
à un riche romain, il est plus vraisemblable qu'il a
été élevé par les soins d'un seigneur indigène qui
aura fait appel pour le construire à un architecte, à
des ouvriers de quelque ville du littoral. Nous savons
qu'il y avait à cette époque des chefs puissants en
Kabylie. Sans parler des deux principes dont nous
venons de mentionner les épitaphes et qui ne pos-
sédaient probablement qu'une autorité assez res-
treinte, c'était dans ce pays et peut-être même dans
la région de Tisser que la famille de Firmus com-
mandait à une grande tribu, quand il se révolta en
371 ou 372. Il se jeta d'abord sur Icosium et les
villes voisines, ce qui indique qu'il n'habitait pas
loin de là. Une inscription de l'époque chrétienneW,
placée jadis au-dessus de la porte du fort, à Méner-
ville, nomme un Firmus, sans que Ton puisse dire,
il est vrai, s'il s'agit bien du personnage historique.
Ce fort de Ménerville, de Souma, pour être plus
exact, était encore intact à l'arrivée des Français
dans le pays. Il a été détruit, parce qu'on a vu dans
ses murailles une carrière facilement exploitable
pour la construction des immeubles et monuments
publics de Ménerville. Il présentait la particularité,
assez rare, de la défense fixe d'un col en avant de
ce col.
Antérieur sans doute à l'occupation romaine, peut-
être contemporain de la période carthaginoise devait
(IJ Le mausolée de Blad-Guitoun est, lui aussi, de l'époque chrétienne.
Une pieire portant un calice flanqué de deux poissens, eu fai> foi. Les
fondations d'une église sont d'ailleurs visibles à une centains de mètres
du mausolée.
- 18 —

être le curieux cimetière trouvé à 2 kilomètres nord-


ouest de Ménerville, sur un petit plateau ayant vue
sur la mer. Il mériterait une étude approfondie.
A 40 ou 50 centimères du sol était un dallage en
pierres plates et brutes, et sous ces pierres étaient
rangées de grandes amphores fermées par des plats
en terre vernissées. Une cinquantaine ont été dé-
couvertes et cassées par des ouvriers espagnols qui
auraient recueilli,outre des cendres et des ossements,
un certain nombre de bijoux. Il en reste encore en
terre. J'ai pu en sauver une du naufrage. Elle con-
tenait des ossements d'enfant, sans la tèle. Elle ne
présentait aucune trace de recoupage. Dans ces
conditions, il a fallu attendre que le cadavre fut réduit
à l'état de squelette et le squelette désarticulé pour
introduire les ossements. Le crâne manquait. Il serait
intéressant d'étudier de près d'autres échantillons.
Les usages que semblent révéler l'échantillon unique
(pie j'ai, seraient à rapprocher de ceux constatés
dans les sépultures du Coudiat-Ter à Camp-du-
Maréchal.
Ménerville, dont la position dans un col avec vue
sur la plaine des Issers et la Kabylie d'un côté, sur
la mer de l'autre, est si remarquable, a-t-elle été
occupée à l'ùge de pierre ? Des trouvailles faites
par M. Yinsonnoau, dans le jardin de la maison
Porte, qu'il habite, sembleraient le démontrer. Dans
les déblais de fouilles profondes, faites pour l'instal-
lation de fosses d'aisances, déblais éparpillés au
hasard, il a ramassé sans chercher et seulement
parce que son oeil a été attiré par leur forme spéciale,
trois outils ou débris d'outils dont deux en silex et
lin en granit. Voir la planche ci-contre,.
<
— 19 —
Le n° 1 est en granit de la région. Le travail en
est remarquable à cause de la difficulté que présente
la taille-régulière de la matière. Le n° 2 n'est pas
entier- : la pointe seule existe. Taillé à éclats nets,
sans retouches. Le n° 4, trouvé au même endroit,
est un os, nettement appointé, mais son état de
conservation me fait un peu douter de son âge.
Je dois ajouter qu'à Bordj-Menaïel même, dans la
vigne du jardin de la maison Pernet, deux pointes
très épaises, en même silex brun jaunâtre, taillées à
éclats sans retouches ont été trouvées en piochant.
Je les ai malheureusement égarées.

A Cissi municipium

Cissi municipium (Djinet), poste berbère, empo-


rium carthaginois, cité romaine aurait pu faire»
comme le fort de Ménerville, l'objet d'une étude
intéressante vers 1871, lors de la création du hameau
français, on a démoli à tort et à travers, par simple
curiosité, par les nécessités de la culture, et des
vestiges intéressants ont disparu irrémédiablement.
Peut-être y aurait-il encore intérêt à déblayer la
plate-forme du Settara, dont la face nord forme la
belle carrière de basalte qu'on exploite depuis 25 ans.
Là était le réduit defensif de la ville romaine.
La falaise basaltique tombait à pic sur la mer. Les
destructeurs de la ville romaine se sont acharnés
sur ce coin et y ont poussé, pour les précipiter dans
la mer et sur les pentes, des débris de toutes sortes.
L'an passé, un dégagement de l'extrême bord de la
- -20

falaise fait par les carriers, m'a permis de trouver


sous près de 4 mètres de déblais formés de blocs,
de terre, de morceaux de poteries, les traces d'une
construction de forme sensiblement ronde de 3 mè-
tres de diamètre intérieur environ qui, du point
culminant, où elle était, fut peut-être un signal ou un
phare. Dans l'intérieur de cette construction, un
grand vase ovale en plomb ayant 0m75 de long sur
0m60 de large avec rebords de 5 centimètres recou-
vert d'un couvercle de même métal en partie fondu
et mêlé de terre et de pierrailles que le feu avait
amalgamées à la masse du métal et tout à côté,
vingt-cinq pièces d'argent toutes à l'effigie de Juba II,
mais toutes différenciées par le millésime et la frappe
du verso (ces pièces sont aujourd'hui au musée
d'Alger). Collection d'un amateur de l'époque sans
doute.
F.n dehors de la construction circulaire, entre deux
blocs espacés de deux mètres, un squelette humain
était engagé dans des scories de mâchefer et de
glaise durcie par le feu. Des débris de vases en
verre et de petits objets en bronze, complètement
déformés, l'accompagnaient. Le tout était recouvert
de grandes luiles plaies cassées par la pression des
terres.
De nombreux clous de bronze de toutes dimen-
sions gisaient dans les terres avec d'innombrables
débris de grands vases et d'amphores portant des
numéros d'ordre, un petit vase rond intact en (erre
grossière ayant la forme d'un demi-cercle avec deux
légères saillies à la place des anses, de fabrication
indigène, et enfin le fragment ci-après d'une ins.
-ai -
cription funéraire ayant fait partie d'une stèle en
marbre blanc.

Dans l'intérieur de la ville, sur la panse de grands


vases, j'ai relevé les marques suivantes :

CAMILLE VIRÉ.

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