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INTRODUCTION
1. Objectifs du cours
Introduction
Chapitre 1 : Recherche scientifique, Quid ?
Chapitre 2 : Etapes d’une recherche scientifique
Chapitre 3 : Projet de recherche
Chapitre 4. Parties d’un travail scientifique
Chapitre 5 : Présentation des références bibliographiques
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
3. Conseils pratiques
Pour mieux aborde ce cours et la recherche scientifique proprement dite, il est utile
d’adopter des attitudes particulières. A cet effet, il est conseillé de :
- Adopter une attitude intuitive favorable à la recherche. Beaucoup d’étudiants se
laissent prendre par le doute quand ils sont devant un sujet qu’ils n’arrivent pas
à saisir. L’intuition du chercheur doit être mise en action pour déceler les
variables de la recherche. Ce sont ces variables qui aideront à préciser le
problème et à formuler les hypothèses.
- S’informer sur les ramifications du sujet et au besoin consulter les experts dans
le domaine abordé. C’est même le rôle joué par le Directeur : les premières
discussions avec celui-ci doivent permettre d’éclairer les zones d’ombre.
- Prendre l’habitude de se documenter en fréquenter la bibliothèque. C’est en
lisant qu’on peut enrichir son bagage intellectuel afin de le rendre capable de
comprendre divers sujets abordés dans son domaine de recherche. Dans cette
option, l’internet peut aider énormément à combler les lacunes suscitées par le
besoin de se documenter. On peut faire une recherche rapide par mots clés sur
le net ou par contenus précis à aborder.
- S’efforcer d’avoir une culture large car l’interdisciplinarité ou la
complémentarité des disciplines exige que l’on ait une connaissance assez large
pour mieux saisir certaines situations. La maîtrise des cours alignés dans le
programme de sa faculté ou de son département est de nature à favoriser la
meilleure compréhension des sujets à examiner.
Après cette brève introduction, nous nous lançons dans l’examen du contenu de ce
cours.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
1.1. Définitions
Pour le Petit Robert (1998), la recherche est un « travail fait en vue d’acquérir des
connaissances nouvelles et d’étudier une question ». Shevenell définit la recherche
comme une « investigation critique et exhaustive poursuivie par un spécialiste sur un
sujet bien déterminé aux frontières du savoir pour le vérifier, le compléter à la lumière
de principes fondamentaux ».
Barr, cité par De Landsheere (1979), définit la recherche pédagogique comme « tout
effort systématique de compréhension provoqué par un besoin ou une difficulté dont
on a pris conscience, s’attachant à l’étude d’un phénomène complexe, dont l’intérêt
dépasse les préoccupations personnelles et immédiates, le problème étant posé sous
forme d’hypothèse ».
Toute recherche n’est pas nécessairement scientifique. Elle peut être empirique ou pas.
La recherche scientifique comporte une série de questions ou un questionnement
logique, un problème à résoudre ou à clarifier, des hypothèses et une méthode
systématique.
Toute recherche scientifique implique l’usage de ces quatre étapes générales. Ainsi,
une simple accumulation d’informations ou tabulations des données numériques ne
peuvent pas être prises pour des recherches scientifiques.
En définitive, la recherche scientifique est l’un des modes que l’homme utilise pour
acquérir les connaissances ou comprendre le monde.
Comme nous l’avons dit ci-dessus, toute recherche n’est pas scientifique. Il y a des
conditions qu’une recherche doit remplir pour qu’elle soit dite scientifique. Ces
conditions sont :
- L’existence d’un problème
- L’existence des hypothèses
- L’existence ou l’utilisation des méthodes systématiques
- L’émergence d’éléments nouveaux
Toute recherche doit être suscitée par un problème qu’il faudra poser au préalable. Ce
problème peut être à résoudre ou à clarifier.
Un problème est à résoudre quand il est nouveau et n’a jamais fait l’objet d’une
recherche.
Par exemple, lors du génocide rwandais en 1994, les réfugiés hutus rwandais installés
près du lac ont connu un taux de mortalité très élevé qui a perturbé la communauté
internationale. C’était un problème nouveau puisqu’il venait de se poser pour la
première fois.
Un problème est à clarifier lorsqu’il a déjà été résolu quelque part mais renferme un
doute. La recherche consiste à relever le doute.
Par exemple, une méthode d’enseignement efficace à Paris peut pousser le chercheur
congolais à se demander si cette méthode peut également donner de bons résultats en
République démocratique du Congo.
Plusieurs définitions peuvent être données ; mais pour notre part, nous retenons celles-
ci :
- Un problème est un écart entre la situation idéale et la situation réelle ou vécue
sur terrain.
- Un problème est une difficulté réelle vécue sur terrain et à laquelle le chercheur
veut donner une réponse. Il faut préciser que le terrain désigne le lieu
d’investigation ; ça peut être le marché au sens large, l’école, l’entreprise,
l’hôpital, le champ, la paroisse selon le domaine de recherche.
- Un problème est un constat d’une situation vécue sur terrain par le chercheur.
Par exemple : un chercheur peut constater sur terrain qu’en Afrique les chefs d’Etats
font plus de 30 ans au pouvoir. Cela devient un problème, s’il veut comprendre les
raisons de cette situation ou proposer des pistes de solution.
Notons que les problèmes sont innombrables dans tous les milieux et que la recherche
sert à résoudre les différents problèmes qui peuvent se poser.
Remarque : Un problème peut être engendré par l’observation qui est alors utilisée
pour identifier les liens entre les variables. C’est l’exploration de ces
liens qui engendre les hypothèses. C’est ce qu’affirme Claude Bernard
en disant que « le savant complet est celui qui embrasse à la fois la
théorie et la pratique expérimentale. Il constate d’abord un fait, puis à
propos de ce fait, une idée naît dans son esprit et enfin de cette idée, il
raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions
matérielles ».
C’est tout le processus de la recherche scientifique qui est résumé dans cette citation.
De l’observation des faits naissent des propositions d’explications qui constituent des
hypothèses ; ces hypothèses sont ensuite confrontées avec la réalité au cours d’un
processus de vérification permettant de formuler une ou des explications de la réalité
qui pourront donner naissance à des lois ou des théories. Les hypothèses vérifiées
plusieurs fois dans des contextes variés donnent naissance aux théories et aux lois dont
on peut se servir de base aux recherches ultérieures.
1. Définition et notion
Nous pouvons ajouter que les hypothèses sont des suppositions (explications
possibles) susceptibles d’expliquer le problème posé, mais ces suppositions doivent
être vérifiées. Cette vérification constitue le fond de la recherche.
En général, une hypothèse est une supposition faite en réponse à une question de
recherche. Une recherche ne comporte normalement qu’une seule hypothèse
principale, qu’elle cherche précisément à tester (pour la confirmer ou l’infirmer). Elle
peut comporter une ou plusieurs hypothèses spécifiques qui découlent de l’hypothèse
principale formulée. Évidemment, la forme que prend l’hypothèse varie selon le type
de recherche qu’on entreprend.
Dans une recherche théorique, l’hypothèse sera plus ambitieuse que dans une
recherche conceptuelle, bien que du même genre. L’hypothèse sera alors soit la
démonstration de la supériorité d’une certaine théorie sur les autres, soit l’élaboration
d’une nouvelle théorie ou de nouvelles applications à une théorie existante, ou encore
la reformulation d’une théorie. Par exemple, on peut reformuler une théorie en la
transformant en modèle applicable à un domaine particulier de recherche.
Dans une recherche empirique qualitative, l’hypothèse concerne un rapport entre deux
ou plusieurs phénomènes, que nous croyons pouvoir constater dans la réalité. On
supposera qu’un certain phénomène est la cause d’un autre, ou qu’il en est une
conséquence, ou encore que certains rapports combinés entre eux ont des effets
particuliers. On évoquera des concepts explicatifs ou on proposera des formes de
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
classification. Une hypothèse qualitative concerne toujours des faits que l’on ne peut
pas quantifier ou dont l’approche ne peut être que qualitative en raison de la nature
même de ce qui est étudié (certaines réalités psychologiques ou certains faits
historiques, par exemple).
Dans une recherche empirique quantitative, la notion d’hypothèse est beaucoup plus
précise que dans les autres cas. Elle concerne la réalité des faits sous une forme
vérifiable par des observations ou des expérimentations données. En fait, on considère
souvent qu’il s’agit là du type de recherche le plus intéressant et le plus important dans
plusieurs sciences humaines, comme la psychologie, la psychosociologie, l’économie,
les sciences de l’éducation, etc. Par contre, elle ne peut être pratiquée en histoire, et
elle est très difficilement applicable en anthropologie, où les méthodes qualitatives
priment.
Précisons que lorsqu’elle est bien formulée, l’hypothèse oriente l’ensemble de l’édifice
(recherche) et facilite le choix du dispositif méthodologique et expérimental.
Nous pouvons prendre l’exemple suivant pour illustrer les variables indépendante,
dépendante et intermédiaire. Dans le domaine de l’éducation scolaire, un travail sur
les échecs scolaires peut nous indiquer que la variable indépendante serait la ou les
causes des échecs, la variable dépendante serait l’échec ou la baisse du rendement
scolaire, tandis que la variable intermédiaire serait l’élève ou les élèves sur lesquels on
va observer le comportement d’échecs.
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Remarques :
- Dans une recherche scientifique, l’hypothèse est très importante car elle sert de
fil conducteur à toute la démarche qu’on va entreprendre. D’ailleurs, tout ce
qu’on va faire pendant la recherche n’est qu’une ou des tentatives pour vérifier
l’hypothèse.
- Comme l’hypothèse est une réponse anticipée à la question posée dans la
problématique, il est tout à fait logique que chaque question de la problématique
donne lieu tout au moins à une hypothèse.
Mais pour être valables sur le plan scientifique, les hypothèses doivent être utilisées
sous certaines conditions :
- L’hypothèse doit être vérifiable ;
- Elle doit mettre en œuvre des faits réels et ne pas comporter de jugements de
valeur (proscrire les termes ambigus : bon, mauvais, etc.) ;
- Enfin elle doit se rattacher à une théorie existante et être en conformité avec le
contenu actuel de la science (Lo, 2000).
Sans hypothèse (a) directrice (e), la recherche dégénère en une accumulation stérile de
données ou d’informations. La bonne hypothèse est certes celle qui sera féconde et
permettra un nouveau pas de la science. Une bonne hypothèse doit être une réponse
adéquate à la question posée. Elle doit tenir compte de connaissances acquises, et elle
doit être vérifiable. En général, la bonne hypothèse est choisie parmi d’autres, au
cours d’une mise au point préliminaire. Certaines hypothèses sont plus satisfaisantes
que d’autres. Comment opérer le choix ? Si deux hypothèses expliquent le même fait,
comment déterminer celle qui paraît plus désirable ? Les critères suivants peuvent
aider le chercheur à juger.
2. La réfutabilité de l’hypothèse
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
L’idée ou l’hypothèse suggérée doit être réfutable, c’est-à-dire qu’il doit être possible
de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse conçue. Un des principes importants de la
science étant l’empirisme, c’est-à-dire que tout peut être soumis à l’expérimentation,
une hypothèse dont la réfutabilité est douteuse doit être abandonnée.
3. L’opérationnalité de l’hypothèse
L’idée ou l’hypothèse doit être opérationnelle en ce sens qu’il doit être possible de
spécifier les opérations susceptibles de permettre son expérimentation, de mettre sur
pied une procédure permettant de réfuter ou de confirmer l’idée émise.
Même si les idées sont acceptables sur le plan scientifique, il reste à examiner si elles
répondent à l’éthique de chaque peuple ou groupe social. S’il est scientifiquement
acceptable de mesurer le degré d’activité sexuelle d’un couple, par exemple, il n’est
pas admissible de dissimuler des caméras de surveillance dans les chambres intimes
des époux. Une telle pratique enfreint à la moralité des personnes et enlève à la
science toute prétention à son objectif ultime qui est de servir l’homme.
5. La testabilité
Toute hypothèse doit être stable ou vérifiable, c’est-à-dire doit inciter la vérification.
6. La simplicité
Si deux hypothèses expliquent le même fait, la plus simple est la meilleure. On fera
donc une évaluation des hypothèses pour retenir celle qui parait la plus simple.
Selon Dépelteau (2000), le mot « méthode » est un emprunt du mot latin methodus qui
est à son tour emprunté au mot grec methodos qui signifie « route, voie », « direction
qui mène au but ». D’abord introduit en médecine (vers 1537), le mot « méthode »
signifiait « manière particulière d’appliquer une médication », puis « procédés
raisonnés sur lesquels reposent l’enseignement, la pratique d’un art ». En 1637, le
philosophe René Descartes lui donne le sens de « manière de faire » de la science ou
de « procédé » d’un raisonnement scientifique. D’une manière générale, la notion de
méthodologie de la recherche désigne donc l’ensemble des règles, étapes et procédures
auxquelles on a recours dans une science pour saisir les objets étudiés.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
Une recherche scientifique doit utiliser des méthodes éprouvées de sorte que tout autre
chercheur puisse aboutir à des résultats comparables s’il les utilise. L’utilisation des
méthodes nous amène sur la piste des techniques de récolte et de traitement des
données.
La méthode est conçue comme une marche rationnelle de l’esprit pour arriver à la
connaissance ou à la démonstration de la vérité. Les techniques, quant à elles,
apparaissent comme des outils de recherche mis en œuvre en fonction d’une stratégie
générale définie par la méthode.
C’est donc en fonction de la méthode qu’on choisit les techniques. C’est ainsi que
dans un langage vulgaire, la méthode apparaît comme la route tandis que les
techniques comme les moyens utilisés sur cette route (ces moyens peuvent être les
pieds, le vélo ou l’autocar).
Notons que la pertinence des méthodes et des techniques sera le contenu du cours de
méthodes de recherche en deuxième graduat.
Le premier devoir d’un chercheur est de mettre le monde scientifique au courant de ses
découvertes. A quoi servirait la recherche si les résultats ne pouvaient être
adéquatement présentés au monde scientifique.
Tout effort de réflexion et/ou tout travail de recherche bien fait doivent aboutir à des
résultats originaux et ne doivent pas demeurer inconnus. Un chercheur doit publier les
résultats originaux de ses travaux, car de telles publications enrichissent les
connaissances, évitent la duplication de mêmes travaux, suscitent de nouvelles
hypothèses qui ouvrent à leur tour de nouvelles avenues de recherche.
Notons également que la longueur d’un texte n’est pas nécessairement directement
proportionnelle à l’importance de son contenu. Exemple, l’article de Watson et Crick
sur la structure de l’ADN, qui a bouleversé complètement nos connaissances en
biologie, n’avait pas plus d’une page dans la revue « Native ».
4. La rigueur des concepts : Les concepts utilisés doivent être définis de manière
rigoureuse, sans aucune équivoque, ou à tout le moins de la manière la plus exacte
possible.
6. La faillibilité des théories : les théories qui expliquent les phénomènes en faisant
intervenir des facteurs ou des causes particulières doivent être faillibles, c’est-à-dire
qu’elles doivent avoir des conséquences concrètes (ou faits tangibles) qu’on peut
potentiellement observer et qui vont permettre de confirmer ou d’infirmer les théories
en question. Les théories qui sont compatibles avec n’importe quel fait et ne prédisent
rien de précis ne sont d’aucune utilité.
En outre, quels que soient ses résultats (que l’hypothèse de recherche soit confirmée,
infirmée ou reformulée), toute recherche scientifique aboutit à l’obligation
d’entreprendre de nouvelles recherches. Ainsi, la recherche scientifique est-elle par
définition un cycle sans fin, chaque recherche suscitant un ou plusieurs
questionnements nouveaux. Ce processus est indépendant des individus particuliers. Il
se peut qu’une recherche donne naissance à un nouveau sujet de recherche qui sera
étudié bien des années plus tard ou à des milliers de kilomètres du lieu où la recherche
a d’abord été faite. Ce caractère impersonnel de la recherche scientifique lui permet de
progresser grâce à l’universalité de ses méthodes à travers des générations de
chercheurs, indépendamment des frontières.
avoir leurs diplômes sans tenir compte de l’ennui qu’on peut ressentir en abordant un
sujet qui ne répond pas à ses attentes.
Le chercheur se pose une série des questions d’ordre social sur le problème abordé.
Parmi les questions, les principales sont :
Par exemple :
1. Une recherche sur l’absentéisme des fonctionnaires de l’Etat démontre que cela
nécessite une décision administrative pour bien payer ces derniers afin de
résoudre le problème.
2. Une recherche sur l’opinion des femmes légitimes sur les « 2èmes femmes ou
bureaux » nous donne d’avance la réponse portant opinion négative de ces
femmes.
C’est à ce niveau que se situe la valeur d’une recherche scientifique. Toute recherche
bien menée doit aboutir, si elle est scientifique, à l’émergence des éléments nouveaux,
c’est-à-dire des connaissances nouvelles dans le domaine scientifique concerné.
Pour tester les hypothèses, le chercheur aura besoin des données qui sont définies par
des indicateurs (variables). Il fera aussi porter l’observation sur les indicateurs des
hypothèses complémentaires. Par exemple, pour estimer l’impact d’un phénomène sur
un autre, il ne suffit pas d’étudier les relations entre les deux seules variables
annoncées par l’hypothèse. Il est plutôt indispensable de prendre en compte les
variables de contrôle car, les corrélations observées, loin de traduire des liens de cause
à effet, peuvent résulter d’autres facteurs qui relèvent du même système d’interaction.
Cela nécessite donc la collecte des données relatives à d’autres variables que celles qui
sont prévues par les hypothèses principales. Cependant, il faut récolter les données
pertinentes, autrement dit, il faut se limiter aux données utiles à la vérification des
hypothèses. Encore une fois ici, il faut que les données s’inscrivent dans le cadre d’un
modèle d’analyse déjà construit par le chercheur.
Ici, il ne faut pas comprendre le terme « méthode » dans le sens large du dispositif
global d’élucidation du réel mais plutôt dans un sens plus restreint, celui de dispositif
spécifique de recueil et d’analyse des données nécessaires au test des hypothèses de
travail. On recourt très souvent à la méthode d’observation qui peut se matérialiser
sous plusieurs formes. Pour des amples informations, l’étudiant peut se référer au
cours des méthodes de recherche dispensé en deuxième graduat.
Il faut tester l’instrument d’observation. Non seulement il est impératif que les
questions soient précises mais aussi, il faut qu’elles soient comprises par
l’enquêté (l’informateur). Il faut donc tester les questions en les soumettant à un
petit nombre de sujets appartenant aux différentes catégories composant
l’échantillon. C’est ainsi donc qu’on identifie les questions qui posent problème
(des questions mal formulées ou des « sujets qui fâchent »).
Les méthodes de recueil et les méthodes d’analyse des données doivent être définies
en fonction des objectifs et des hypothèses de travail ainsi que des moyens disponibles.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
Construction
Constatation
Etape 6 : L’analyse des informations
NB : ces étapes ont été présentées d’une manière séquentielle pour des raisons
didactiques. En réalité, les différentes étapes sont en interaction permanente, d’où les
boucles de rétroaction introduites dans le schéma.
La question de départ est le premier fil conducteur que se fixe le chercheur. C’est le
début de la démarche ; elle permet de structurer le travail d’une manière cohérente. La
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
question de départ n’est que provisoire. Elle est susceptible de changer de perspective
au cours de la recherche. Elle se veut donc simple et claire.
Une bonne question de départ doit remplir un certain nombre de conditions (Quivy et
Van Campenhoudt, 2006) :
- les qualités de clarté : la question de départ doit être précise et concise. Certes
il est indispensable de définir clairement les termes de la question de départ
mais aussi il « s’efforcer d’être aussi limpide que possible dans la formulation
de la question elle-même » (Quivy et Van Campenhoudt, 2006).
2.2. Exploration
Nous venons de dire que la question de départ est le fil conducteur de la recherche en
sciences sociales. Il s’agit à présent de voir comment s’y prendre pour bien construire
sa problématique de recherche. L’exploration comprend donc les opérations de lecture,
les entretiens exploratoires et des méthodes d’explorations complémentaires.
2.2.1. Lecture
Elle permet au lecteur de prendre connaissance des travaux antérieurs qui portent sur la
même problématique ou des problématiques comparables. Elle permet également de
situer son travail par rapport à des cadres conceptuels reconnus. Sur ce, il faut une
méthode de travail correctement élaborée afin de mieux orienter ses lectures. Quivy et
Van Campenhoudt (2006) propose cinq critères de choix de sa littérature :
1er critère : il faut partir de sa question de départ (fil conducteur de son travail).
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
On peut procéder en recourant au mot clé que recèle la question de départ. En faisant
une recherche par mot clé sur internet, on peut dégager toutes les ressources
contenant ce mot clé pour orienter les premières lectures.
2ème critère : sélectionner les ouvrages qui présentent des repères théoriques et une
réflexion de synthèse dans le domaine de recherche concerné ou vers quelques
articles de revue scientifique.
3ème critère : dans cette phase exploratoire, il est préférable de sélectionner des textes
comportant des éléments d’analyse et d’interprétation plutôt que non des textes
descriptifs des données uniquement.
4ème critère : sélectionner des textes qui présentent des approches diversifiées du
phénomène étudié. Cela aide à confronter des points de vue différents. La prise en
compte des textes plus théoriques présentent des problématiques et des modèles
d’analyses susceptibles d’inspirer des hypothèques intéressantes.
5ème critère : alterner les lectures et les discussions avec les experts et les collègues. Il
faut donc prévoir, à intervalle régulier, des plages de temps consacrées à la réflexion
personnelle et à la discussion avec ses collègues ou autres personnes capables d’aider
à progresser. Les auteurs proposent de prendre une pause pour réfléchir après deux
ou trois lectures successives.
- Mieux s’y prendre pour mener un entretien : ici, les auteurs proposent de
privilégier les entretiens semi directifs ou semi-structurés. Etant donné que
l’entretien exploratoire n’est ni un interrogatoire, ni une enquête par
questionnaire, l’interviewer doit s’efforcer de poser le moins de questions
possible. Une brève introduction des objectifs de l’entretien et de ce qui est
attendu suffit pour donner à l’interviewé le ton général de la conversation libre
et ouverte. Il est important de laisser l’interviewé s’exprimer librement dans son
propre langage. Cependant, il est nécessaire d’intervenir de temps en temps
pour recentrer l’entretien sur ses objectifs ou pour inciter l’interviewé à
approfondir certains aspects particulièrement importants du thème abordé. On
appelle ces interventions des « relances ». Il ne faut pas, par contre, craindre les
silences qui, parfois, permettent à l’interviewé de réfléchir calmement et de
rassembler les souvenir. L’interviewer doit évidemment éviter de s’engager
dans des débats d’idées ou de prendre position à l’égard des propositions de
l’interviewé. Enfin, il faut songer à enregistrer l’entretien avec, bien sûr,
l’autorisation du répondant. environnement favorable
2.3. Problématique
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
Selon ces auteurs, la conceptualisation est une construction abstraite qui vise à rendre
compte du réel. Elle ne retient pas tous les aspects de la réalité concernée mais
seulement ce qui exprime l’essentiel du point de vue du chercheur. Les auteurs parlent
donc de la « construction-sélection ». Construire un concept c’est d’abord déterminer
les dimensions qui le constituent et par lesquelles il rend compte du réel. C’est ensuite
en préciser les indicateurs grâce auxquels les dimensions pourront être mesurées. Le
plus souvent, en sciences sociales, les concepts et les dimensions ne sont pas
directement observables. Les indicateurs permettent de les rendre opérationnels car ils
sont objectivement mesurables.
Certains concepts sont simples (ex. vieillesse) et n’ont qu’une seule dimension (ex.
chronologique) et un indicateur (âge). D’autres sont très complexes et obligent une
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
Sous ses deux formes, l’hypothèse doit être exprimée sous une forme observable. Cela
signifie qu’elle doit indiquer, directement ou indirectement, le type d’observation à
rassembler ainsi que les relations à constater entre ces observations afin de vérifier
dans quelle mesure cette hypothèse est confirmée ou infirmée par les faits. C’est ce
qu’on appelle vérification empirique.
En effet, la construction d’une hypothèse ne consiste pas en une simple imagination
d’une relation entre deux variables ou deux termes isolés. Elle s’inscrit plutôt dans une
logique théorique de la problématique. Par ailleurs, il est rare qu’on s’en tienne à une
seule hypothèse, c’est plutôt une série d’hypothèses qui s’articulent les unes aux autres
et s’intègrent à la problématique. On dira donc que la problématique, le modèle, les
concepts et les hypothèses sont indissociables. Leur construction repose sur une
procédure inductive semblable à celle du concept opératoire isolé, soit sur un
raisonnement de type déductif analogue à celui du concept systémique.
1° Construction d’hypothèses et modèles induits :
Selon Quivy et Van Campenhoudt (2006, p.129), toute construction du modèle
d’analyse doit répondre à deux conditions : constituer un système de relations et être
rationnellement ou logiquement construit. Pour illustrer ces propos, les auteurs partent
d’un exemple d’une étude portant sur les facteurs de réussite scolaire à l’école
primaire. La question de départ est : quels sont les facteurs de réussite à l’école
primaire ? Voici les hypothèses identifiées après quelques lectures :
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
la réussite est plus fréquente dans les milieux favorisés, c’est-à-dire dans les
familles avec un revenu important ou dont le père occupe une position sociale
élevée.
Ces hypothèses peuvent être testées les unes indépendamment des autres, ce qui donne
le schéma suivant :
Revenu
Etudes Profession
Traitées ainsi, ces hypothèses, même confirmées, ne permettent pas de comprendre les
interactions entre les facteurs de la réussite scolaire. Dans ce cas, on ne peut pas parler
de modèle. Par contre, il y a moyen de construire un système de relations beaucoup
plus intéressant si l’on s’inspire des recherches antérieures ou du travail
exploratoire (Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 130) :
Plus le niveau d’instruction des parents est élevé, plus leur position
professionnelle sera importante (H1) et plus les revenus seront élevés (H5). Le
niveau d’éducation associé à ce niveau d’études devrait accroître la conscience
des besoins de l’enfant ainsi que l’intérêt qu’on lui porte (H2). En outre, il
devrait favoriser un contexte culturel propice au développement intellectuel de
l’enfant (H3). Par conséquent, si revenu (H6), intérêt (H7) et contexte culturel
(H8) sont réellement élevés dans la famille en question, le taux de réussite des
enfants devrait être plus élevé que dans les familles qui ne représentent pas ces
caractéristiques.
H1 H2 H9 H3
H4
Profession Contexte culturel
Intérêt
H5 H7 H8
H6
Revenus
Réussite scolaire
Source : Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 130
2.5. Observation
Comme nous l’avons dit dans les pages précédentes, l’observation comprend
l’ensemble d’opérations par lesquelles le modèle d’analyse est soumis à l’épreuve des
faits, confronté à des données observables. L’observation ou travail de terrain est une
étape essentielle en sciences sociales. La question fondamentale est de savoir quelles
données on cherche (observer quoi ?), auprès de quelle population et dans quel espace2
(observer sur qui ?) et comment procéder (observer comment ?).
2.7. Conclusion
Lorsque les données ont été analysées et interprétées, il s'agit de rédiger un rapport de
recherche dans lequel on répond à la question posée à la réalité. Cette réponse est
l'explication que l'on donne, étant donné la connaissance que l'on a de la situation à un
certain moment. Cette connaissance fut rendue possible grâce à une problématique
d'étude, grâce aussi à des lectures instrumentales plus ou moins nombreuses et riches,
et grâce, enfin, à des perspectives théoriques qui lui confèrent ampleur et subtilité.
Très souvent les études formulent une hypothèse dans la conclusion qui servira de
point de départ aux études ultérieures. Cela sous-entend que l’étude réalisée a suscité
une question à laquelle d’autres études viendront répondre.
Idée de recherche et
question de départ
Formulation d’hypothèse
- Le sujet d’une recherche peut être nouveau, c’est-à-dire un sujet qui n’a pas
encore fait l’objet d’une recherche dans le passé (un sujet non traité) ;
- On peut aussi prendre un ancien sujet, c’est-à-dire un sujet déjà traité qu’il faut
approfondir, mais il ne faut pas faire une copie conforme de la recherche
antérieure.
En réalité, ce sont des problèmes concrets vécus sur le terrain pour lesquels
on cherche des solutions qui sont des sujets de recherche en Gestion et partout ailleurs.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
Dans le choix du sujet, il est préférable de retenir des sujets qui aident à
résoudre un problème réel vécu sur terrain.
Dès que le sujet est trouvé, la problématique est posée ainsi que les
hypothèses, en même temps que se pose la question de la documentation. Mais avant
cela, voici les étapes de la recherche.
4. La récolte des données : ici le chercheur devra descendre sur terrain (école,
entreprise, hôpital, …). Il va rassembler les données de son étude.
6. L’interprétation des résultats : elle est essentiellement basée sur l’analyse des
données. Il s’agit des donner une signification aux résultats enregistrés en se
référant à la littérature scientifique et aux théories approuvées dans le domaine
de recherche.
Quand toutes les exigences ont été remplies, il convient en plus de prendre
les précautions suivantes :
3.3. Documentation
a. Bibliographie à l’essai
C’est une liste comprenant tous les ouvrages répertoriés qui traitent de son
thème ou son sujet de recherche. Cette liste peut être constituée de deux façons :
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
En procédant par l’une ou l’autre voie, le chercheur peut constituer une liste
de 2000 ouvrages. C’est cette liste qui constitue la bibliographie à l’essai.
b. Bibliographie de travail
Le chercheur peut se dire qu’il ne retient que les ouvrages écrits après 1980.
Par conséquent, au lieu de 2000 ouvrages qu’il avait retenus précédemment dans la
bibliographie à l’essai, il peut arriver à 1200 ouvrages. Ce qui constitue la
bibliographie de travail.
c. Bibliographie annotée
De ces 1200 ouvrages, il peut retenir 200 ouvrages. Ces 200 ouvrages qui
ont réellement servi le chercheur constituent la bibliographie annotée.
Chaque fiche comprend un seul ouvrage et on n’écrit que d’un seul côté. Si
la fiche ne convient pas, on peut lui adjoindre d’autres fiches agrafées. Ces fiches sont
classées par ordre alphabétique des auteurs. Pourquoi faut-il utiliser des fiches ?
Une recherche documentaire est une démarche systématique, qui consiste à identifier,
récupérer et traiter des éléments divers (chiffres, bibliographie, textes…) sur un sujet donné.
Cette identification des informations est une étape indispensable à toute synthèse des
connaissances et revue de la littérature dans différents domaines de recherche. Cette démarche
doit être la plus pertinente possible et tendre vers l’exhaustivité.
Il faut noter qu’une étude documentaire est celle de documents écrits, relevés statistiques ou
inventaires d'objets : lettre, compte-rendu de réunion, annuaires, images, chansons. L'étude
peut être qualitative (analyse de contenu) ou quantitative (analyse statistique).
Dans une recherche documentaire, les principales étapes sont les suivantes :
- Préciser les objectifs de la recherche et bien formuler la question ;
- Choisir les sources d’information pertinentes ;
- Définir les stratégies de recherche selon les sources interrogées ;
- Evaluer et sélectionner les références obtenues ;
- Hiérarchiser l’information et les documents collectés ;
- Présenter et communiquer l’information et les documents / Elaboration de la
bibliographie finale ;
- Identifier et localiser l’information sélectionnée pour récupérer les documents.
36
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Pour interroger les bases de données bibliographiques, il existe plusieurs modes dont les
principaux sont les suivants :
a. Recherche par mots clés :
Pour trouver des documents sur un sujet dans une base de données, il faut utiliser les mêmes
mots-clefs que ceux utilisés par les indexeurs.
b. Recherche en texte libre ou langage libre :
La recherche en texte libre se fait sur les mots du titre et/ou du résumé. La recherche en texte
libre présente une certaine souplesse : il n’est pas nécessaire de chercher le terme utilisé dans
le thesaurus. Cela peut être utile lorsque la recherche porte sur un thème très pointu, qui n’est
pas forcément traduit par un mot du thesaurus.
De nos jours, la recherche se fait essentiellement en recourant à internet. On y accède par des
moteurs de recherche tels que Google, google scholar… On obtient alors une information
volumineuse, en évolution permanente, mais une stratégie de recherche adéquate permet de
réduire cette masse d’information. En outre, l’environnement n’est pas vraiment contrôlé
contrairement à une bibliothèque ou une base de données ; l’information est libre, mais non
validée.
C’est ainsi qu’on insiste sur la sélection de l’information : la responsabilité de la sélection des
ressources ou des informations de qualité repose essentiellement sur l’utilisateur. De même
pour l’évaluation de l’information, il faut être critique pour pouvoir évaluer le contenu
intellectuel de l’information.
3
Une base des données est un ensemble de données relatif à un domaine défini de connaissances et
organisé pour être offert aux utilisateurs. Elle est produite par une institution, une société
commerciale ou un service de documentation ; stockée sur un serveur ; et affichée sur le micro-
ordinateur de l’utilisateur en réponse à une requête.
37
Initiation à la recherche – Albert Phongi
a. Recherche fondamentale
b. Recherche appliquée
Par exemple : un chercheur vient d’analyser les conditions d’études des étudiants pour
identifier les stratégies à mettre en œuvre pour améliorer les conditions
d’études des étudiants congolais.
Par exemple : le chercheur mène une étude sur les conditions d’études minimales
d’études.
Exemples :
- Comprendre le processus de la lecture comme tel (recherche fondamentale)
38
Initiation à la recherche – Albert Phongi
a. Recherche quantitative
b. Recherche qualitative
La réalité sociale ou humaine étant complexe, elle ne peut pas être saisie
uniquement à travers la quantification du phénomène étudié. Il faut plutôt
l’approfondir par une approche plus interprétative.
Illustrons ce type de recherche par une étude sur les pygmées qui a contraint
la femme chercheuse à devenir une épouse du chef des pygmées avant d’avoir le libre
accès pour faire ses observations dans le milieu des pygmées. Avant que la femme ne
soit intégrée dans le milieu, il s’écoule un long moment. C’est le prix à payer pour que
les sujets à observer puissent se comporter de façon naturelle.
Comme on peut le constater, la plupart des recherches faites dans notre site
universitaire, bien qu’étant quantitatives font énormément recours à la démarche
qualitative, notamment lors de l’interprétation des données chiffrées. C’est pour cette
raison qu’il est nécessaire que le chercheur puisse être sur terrain lors de la récolte des
données pour pouvoir observer certains comportements non verbaux.
- Sur qui doit-il récolter ces données ? Cette question fait appel à la population
d’étude et à l’échantillon de recherche.
- Comment doit-il récolter ces données ? Cette question fait appel aux techniques
de collectes de données.
- La population d’étude est dite finie s’il est possible d’en compter les membres,
c’est-à-dire leur effectif est connu.
Par exemple si on veut mener une enquête auprès des députés nationaux
(parlementaires) de la République Démocratique du Congo, c’est une population finie
puisque leur effectif est connu.
- La population d’étude est dite infinie lorsque l’effectif de ses membres n’est pas
connu. Certains auteurs affirment même que dans l’espèce humaine, la
population d’étude comprend les individus passés, présents et futurs qui
possèdent les caractéristiques fondamentales décrites par la recherche.
Par exemple, si on veut mener une étude sur les enfants de 12 ans de
Kinshasa, il est admis qu’il s’agit d’une population infinie.
a) Notion
Il faut préciser qu’il n’est pas du tout nécessaire que la conformité entre
l’échantillon et la population totale soit parfaite à tous les points de vue. Il suffit que
la conformité existe pour le trait étudié.
b) Techniques d’échantillonnage
comme sujets de l’étude. Le malheur c‘est que ce type d’échantillon ne représente rien
du tout, aucune population bien définie. Il est interdit de généraliser les conclusions
obtenues à partir d’un échantillon occasionnel.
Par exemple, s’il existe une liste complète des individus de la population,
on peut prendre le procédé simple qui consiste à retenir un individu sur cinq en partant
d’un premier individu pris au hasard (les yeux fermés). Ou même on peut faire le
tirage au sort dans une urne où on aura placé des bouts de papier portant chaque nom
des membres de la population.
3. Echantillonnage stratifié
Précisons que dans chaque sous-groupe, le choix des sujets doit se faire au
pur hasard ou de façon aléatoire. Quant à la subdivision ou la stratification, elle doit se
faire en fonction du facteur étudié ou en fonction d’un facteur ayant une grande
incidence sur le trait étudié. On peut donc stratifier selon le sexe, le niveau de vie, le
niveau d’études, l’âge,…
4. Echantillonnage territorial
43
Initiation à la recherche – Albert Phongi
5. Echantillonnage intentionnel
On utilise des techniques statistiques pour les données quantitatives. Pour ce faire, il
faut se référer au cours de statistique (descriptive et inductive).
Pour les données qualitatives, on recourt à l’analyse de contenu.
45
Initiation à la recherche – Albert Phongi
- Les préliminaires ;
- L’introduction ;
- Le corps du travail ou le développement ;
- La conclusion ;
- La bibliographie ;
- Les annexes et tableaux ou figures ;
- La table des matières.
Pour saisir le contenu d’un travail scientifique, nous allons passer en revue
chacune de ces parties ou étapes.
4.1. Préliminaires
4.1.2. Dédicace
4.1.4. Préface
Il évoquera aussi les moyens et les techniques mis en œuvre pour réaliser
l’étude.
Il faut noter que la préface n’est pas indispensable pour le travail de fin de
cycle puis que ce dernier est soumis au jury pour appréciation. Il n’est pas livré aux
lecteurs et donc ne peut pas être présenté et recommandé au public par un spécialiste.
En d’autres termes, la préface est réservée aux ouvrages scientifiques et non aux
travaux rédigés.
Remarques :
47
Initiation à la recherche – Albert Phongi
1. Certains auteurs font une distinction entre la page de garde, la page de titre et la
page de couverture dans un livre. La page de garde est une feuille vierge qui se
glisse entre la page de couverture et la page du titre. Dans les ouvrages et les
travaux scientifiques, la page du titre et la page de couverture sont identiques.
2. Certains chercheurs introduisent une page d’épigraphe entre la page de titre et
la page de dédicace. C’est une page qui reprend une citation jugée édifiante par
le chercheur ou l’auteur du travail.
4.2. Introduction
4.2.1. Problématique
4.2.2. Hypothèses
Elles constituent les réponses anticipées aux questions posées dans la problématique.
Un énoncé (affirmation) quelconque est considéré comme une hypothèse si et
seulement si l’on y trouve au moins deux variables dont le chercheur postule la nature
48
Initiation à la recherche – Albert Phongi
des relations (par exemple une relation de causalité). La formulation de l’hypothèse est
importante parce qu’elle détermine en partie comment cette hypothèse pourra être
testée.
Les hypothèses sont particulièrement importantes dans toute recherche parce qu’elles
influencent plusieurs étapes du processus. Puisqu’elle spécifie la relation entre deux ou
plusieurs variables :
- L’hypothèse influence la manière dont une étude sera conceptualisée : elle
précise les variables à étudier, la population de l’étude ;
- L’hypothèse clarifie aussi quel plan de recherche doit être utilisé ;
- L’hypothèse annonce comment les données seront analysées.
C’est l’étape qui fixe d’avance ce que les lecteurs peuvent attendre à la fin de l’étude,
c’est-à-dire les éléments de réponse par rapport aux interrogations soulevées dans
l’étude. Dans les faits, L’objectif d’une recherche se divise en deux parties: l’objectif
général concerne la contribution que les chercheurs espèrent apporter en étudiant un
problème donné; les objectifs opérationnels concernent les activités que les chercheurs
comptent mener en vue d’atteindre l’objectif général.
Concrètement, on commence par définir l’objectif général: étant donné le problème et
la question formulés, qu’est-il possible d’espérer eu égard aux résultats des travaux de
recherche qu’on désire entreprendre? Comme il n’y a qu’une seule question de
recherche, il ne doit y avoir qu’un seul objectif général. Ensuite, on concrétise
l’objectif général en quelques objectifs opérationnels, c’est-à-dire qui décrivent des
opérations concrètes à mener afin de réaliser le projet de recherche. Ce sont les
49
Initiation à la recherche – Albert Phongi
objectifs opérationnels qui décrivent le travail pratique qui sera accompli. Les
exemples donnés plus loin vous aideront à bien distinguer les deux types d’objectifs.
Remarque
Il ne faut pas confondre l’hypothèse de recherche et les objectifs de recherche. Voici
trois exemples de description des objectifs et de l’hypothèse d’une recherche.
Objectif général
Trouver le rapport qui existe entre la scolarisation et la capacité d’assimiler de
nouvelles connaissances en informatique.
Objectifs opérationnels
1. Constituer des groupes expérimentaux selon les années de scolarité.
2. Soumettre les sujets à un apprentissage d’une durée de cinq heures des
caractéristiques d’un nouveau logiciel dans des conditions identiques pour tous les
groupes.
3. Mesurer objectivement les apprentissages accomplis à l’aide d’un examen pratique
et d’un examen théorique.
4. Comparer les performances des groupes.
Hypothèse
Toutes les autres choses étant égales par ailleurs, les personnes ayant le taux de
scolarisation le plus élevé devraient apprendre d’une manière significativement plus
rapide et plus approfondie les caractéristiques du nouveau logiciel.
Objectif général
Établir la cause du conflit dans le service X de l’entreprise Y.
Objectifs opérationnels
1. Rencontrer le directeur des ressources humaines de l’entreprise en vue d’obtenir une
description du problème.
2. Faire des entrevues individuelles en profondeur avec les personnes du service
concerné.
3. Rencontrer les responsables des autres services qui ont à travailler avec les
personnes du service étudié.
4. Rencontrer le représentant du syndicat des salariés.
50
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Hypothèse
L’entreprise Y a des problèmes de fonctionnement au sein du service X en raison du
faible sentiment d’appartenance des salariés à leur entreprise.
3) Recherche conceptuelle
Objectif général
Circonscrire les limites d’une définition conceptuelle de «nation» qui repose sur des
critères déterminés et rigides («territoire fixe», «langue et culture communes»,
«communauté politique stable»).
Objectifs opérationnels
1. Prendre cinq pays (États-Unis, France, Russie, ex-Yougoslavie et Canada).
2. Établir qu’il n’y a pas qu’une langue dans ces pays; que le territoire n’est pas fixe;
que le sentiment de «vouloir vivre collectif» est un aspect sujet à changement dans le
temps.
3. Tenter de définir le concept de «nation» à partir d’un processus historique
d’unification territoriale, d’homogénéisation linguistique et culturelle et
d’uniformisation politique et économique.
Hypothèse
Une simple définition critérielle ne rend pas compte de la complexité du phénomène
historique de «nation». Il faut plutôt définir ce concept en tenant compte des tensions
qui caractérisent cette forme de regroupement humain.
Il s’agit de présenter les raisons pour lesquelles le sujet a été choisi ainsi que ce qu’il y
a d’intéressant dans le sujet pour le chercheur lui-même et pour les lecteurs.
4.2.6. Méthodologie
51
Initiation à la recherche – Albert Phongi
C’est un exposé bref des techniques utilisées pour récolter et traiter les données de
l’étude. Cette partie sera détaillée dans tout un chapitre qui porte sur la méthodologie
de la recherche.
C’est une présentation succincte de différentes parties que comporte le travail. Dans
bien des cas, on se limite à présenter ou à énoncer les différents chapitres du travail
ainsi que l’introduction et la conclusion.
Remarques
Le principe dans la répartition des chapitres est que chaque chapitre doit
examiner un aspect particulier. Il ne faut pas avoir un chapitre qui examine à la fois la
méthodologie et les résultats ; chaque aspect doit être traité à part. De même, quand
52
Initiation à la recherche – Albert Phongi
on présente les écrits, chaque paragraphe doit contenir une seule idée, il faut éviter de
traiter plus d’une idée dans un paragraphe.
Remarques
4.4. Conclusion
- La problématique ;
- Les hypothèses ;
- Les techniques, avant de présenter les résultats proprement dits en prenant du
recul par rapport à la pertinence de certains d’entre eux au regard de la
littérature scientifique et des théories existantes.
- On doit dire si les hypothèses sont confirmées ou infirmées au regard des
résultats de la recherche.
4.5. Bibliographie
- L’auteur (noms)
- Le titre de l’ouvrage
- Les détails de publication : lieu (ville) d’édition, éditeur ou maison d’édition et
date de publication ou copyright ou l’année de reproduction
- Pagination.
Dans quelques travaux publiés, on prévoit aussi des appendices et des index
analytiques. Mais ces éléments sont facultatifs et ne se retrouvent pas dans la plupart
des travaux de fin de cycle ou mémoires.
Selon les écoles ou les systèmes, la table des matières peut intervenir soit au
début soit à la fin du travail. Si l’on opte de la placer à la fin du travail, alors la table
des matières vient juste après l’index. Cette page est la dernière du travail proprement
dit. Elle en donne toute la pagination. Elle est écrite lorsque ce qui la précède est
terminé, les différentes parties du travail, la bibliographie et l’index compris. La table
des matières fait correspondre les matières abordées et les pages dans le travail. Elle
est le résultat des transformations successives du plan de travail initial. Sa qualité
essentielle est l’harmonie.
Rappelons que la table des matières, la liste des tableaux et des figures,
selon les écoles ou systèmes, peuvent être au début ou à la fin du travail.
55
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Rappelons que d’une manière générale, pour présenter les références d’un
travail scientifique, on veillera à reprendre soigneusement les éléments suivants :
- Le nom de l’auteur
- Le titre de l’ouvrage
- Les détails de publication tels que le lieu d’édition, la maison d’édition ou
l’éditeur et l’année de publication ou de copyright
- La pagination
5.1.1. Auteur
S’ils sont au plus 3 auteurs (1, 2 ou 3), on écrit tous les noms ou les initiales.
N.B. : Pour le nom des Congolais (nom et post-nom), il est préférable d’écrire
entièrement tous les noms sans abréviation.
- Dans certains ouvrages, l’abréviation « et al » est remplacée par « et coll ». Les
deux abréviations désignent la même réalité (et coll = et collaborateurs).
5.1.2. Titre
5.1.4. Pagination
Ce sont là les quatre éléments qui sont obligatoires quelle que soit la
méthode envisagée. En outre, faisons remarquer que les différents éléments de la
présentation d’un livre sont séparés les uns des autres par un signe de ponctuation
presque obligatoire en l’occurrence une virgule. En d’autres termes, après chaque
élément, il y a une virgule : entre le nom et l’initial du prénom, il y a une virgule ;
entre le prénom et le titre, il y a aussi une virgule ; bref entre chaque couple d’élément
de la duite, il y a une virgule.
Remarques
1. Il est possible qu’un détail de présentation d’un livre soit inconnu. Dans ce cas,
on adopte la terminologie suivante :
57
Initiation à la recherche – Albert Phongi
a) Ouvrage dont l’auteur est inconnu : on fait usage du terme anonyme mis entre
crochets.
Exemple : [Anonyme], le profil du bibliothécaire zaïrois, Kinshasa,…
Il faut noter qu’un ouvrage sera déclaré anonyme lorsqu’on a épuisé toutes
les possibilités de l’attribuer à un responsable tel que le directeur, l’éditeur, le
traducteur…
D’emblée, il faut noter que les journaux publiés dans la ville ne sont pas
scientifiques. La revue a un comité scientifique, c’est-à-dire un groupe de personnes
qui doivent se prononcer sur la valeur scientifique de l’article. Pour la présentation
d’un article d’une revue scientifique, voici les éléments à préciser :
a) L’auteur
b) Le titre
d) La pagination
Exemple :
PHONGI KINGIELA et LOKANGO MOBELA, « Profil des compétences d’un
menuisier chef d’entreprise du secteur informel »,
in : CRPA, vol. 1, n° 11, 2003, pp. 89-103.
Avant tout, il faut noter que ces documents sont des travaux rédigés (non
publiés) et qu’il ne faut pas trop consulter quand on réalise un travail de recherche.
Par contre, les travaux publiés sont soumis à un comité scientifique pour
leur approbation. Ce sont tous les membres du comité scientifique qui doivent se
prononcer dans les conditions normales.
Il faut donc consulter en priorité les travaux publiés et non les travaux
rédigés lorsque l’on réalise une étude scientifique.
Exemple :
5.4. Références
1. Les noms des auteurs et l’année de publication sont indiqués dans le texte et les
références sont classées par ordre alphabétique dans la bibliographie.
N.B. : Il est possible d’indiquer aussi la page d’où est tirée la citation après l’année de
publication comme c’est le cas ici avec DE HERDT (1996 ; 18).
2. Les références sont numérotées selon leur apparition dans le texte et sont listées
selon leur apparition dans la bibliographie. Ici, il y a des numéros de rappel et
on revient sur ces numéros dans la bibliographie finale en indiquant la page
d’où est tiré l’extrait de la citation.
3. Les références sont citées par numéro dans le texte et sont listées par ordre
alphabétique dans la bibliographie. C’est comme dans le cas précédent, mais la
différence est que les références apparaissent dans la bibliographie finale selon
l’ordre alphabétique.
Les références au bas de page sont séparées du texte par une ligne. Chaque
référence au bas de page est numérotée d’un chiffre d’appel, lequel chiffre se fait dans
le texte par un petit chiffre surélevé écrit au tout du nom de l’auteur ou à la fin de
citation.
Ibidem, abrégé « Ibid » est employé pour indiquer qu’il s’agit du même
ouvrage ou du même passage que la note précédente. On l’utilise quand il s’agit d’un
même ouvrage cité plusieurs fois de suite sur la même page.
Exemples :
Remarques
Op. cit. est l’abréviation de opere citato qui se réfère à un ouvrage déjà cité.
On l’utilise quand il s’agit d’un ouvrage déjà cité précédemment sur la page autre que
celle où il est noté (de nouveau), ou encore sur la même page, mais il y a d’autres
ouvrages qui s’intercalent.
Exemple :
1. CL. HAGEGE, Le souffle de la langue, Paris, PUF, 1982, p. 89.
62
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Remarquons que « op. cit. » est utilisé ici pour remplacer le livre de
HAGEGE qui est cité au premier exemple ; tandis que « loc. cit. » remplace l’article
de GOOSE cité au deuxième exemple.
5.5. Citation
Remarques :
Exemple : (DEBOVE 1978 : 27) : ceci signifie que la citation est extraite de la 27 ème
page du livre écrit par DEVOVE en 1978.
Exemple : « Tout énonçeur s’intéresse à la langue […] il s’y intéresse comme à lui-
même » (HAGEGE) 1982 : 295).
Ce chapitre renvoie aux méthodes de collecte des données. Ici, il ne faut pas comprendre le
terme « méthode » dans le sens large du dispositif global d’élucidation du réel mais plutôt
dans un sens plus restreint, celui de dispositif spécifique de recueil et d’analyse des données
nécessaires au test des hypothèses de travail. On recourt très souvent à la méthode
d’observation qui peut se matérialiser sous plusieurs formes. Pour des amples informations,
l’étudiant peut se référer au cours des méthodes de recherche dispensé au cours des années
d’études antérieures (voir deuxième graduat).
Néanmoins, on peut retenir qu’en général on distingue trois opérations dans l’observation :
Il faut concevoir un instrument capable de recueillir ou de produire les informations
nécessaires pour tester des hypothèses. Dans la plupart des cas, cet instrument est un
questionnaire ou un guide d’entretien. Pour que cet instrument puisse produire des
informations pertinentes, il faut qu’il contienne des questions portant sur chacun des
indicateurs retenus à l’avance et que les questions soient précises.
Il faut tester l’instrument d’observation. Non seulement il est impératif que les
questions soient précises mais aussi, il faut qu’elles soient comprises par l’enquêté
(l’informateur). Il faut donc tester les questions en les soumettant à un petit nombre
de sujets appartenant aux différentes catégories composant l’échantillon. C’est ainsi
donc qu’on identifie les questions qui posent problème (des questions mal formulées
ou des « sujets qui fâchent »).
La mise en œuvre de l’instrument d’observation. C’est ici la phase de la collecte des
données.
Les méthodes de recueil et les méthodes d’analyse des données doivent être définies en
fonction des objectifs et des hypothèses de travail ainsi que des moyens disponibles.
Les démarches auxquelles on peut recourir pour collecter les données d’une étude peuvent
être résumées dans le tableau ci-dessous qui tient compte de la catégorie de recherche
concernée.
Catégories Méthodologies pratiques
Méthode qualitative Analyse de contenu ; analyse du discours ; entretien semi-directif ;
étude de cas ; histoire de vie ; observation ; observation participante ;
pensée à voix haute
Méthode quantitative Echantillon ; questionnaire ; sociogramme ; sondage ; statistiques ;
unités de bruit médiatique
Quantitative et Dialectique4 ; analyse des réseaux et monographie
qualitative
4
Dialectique est un processus de développement de la pensée et de l'être par dépassement des contradictions
(de la thèse et l'antithèse à la synthèse), chez Hegel.
65
Initiation à la recherche – Albert Phongi
A partir de ce tableau, on peut se focaliser sur quatre grandes familles de démarches qui sont
l’entretien, le questionnaire, l’analyse des sources secondaires et l’observation directe.
Remarque : Ces différentes méthodes peuvent être combinées et permettre des recoupements,
on parle alors de triangulation.
6.1. Entretien
6.1.1. Définition
L’entretien ou interview est, dans les sciences sociales, le type de relation interpersonnelle
que le chercheur organise avec les personnes dont il attend des informations en rapport avec le
phénomène qu’il étudie. D’une autre manière, c’est la situation au cours de laquelle un
chercheur, l’enquêteur, essaie d’obtenir d’un sujet, l’enquêté, des informations détenues par
ce dernier, que ces informations résultent d’une connaissance, d’une expérience ou qu’elles
soient la manifestation d’une opinion.
L’interview de recherche doit être distinguée d’autres formes d’entretiens interpersonnels. Il
diffère par exemple d’une conversation amicale car il a un objectif précis, sans comporter
d’élément affectif, et s’inscrit dans un plan de recherche. Même s’il peut s’en rapprocher, il se
distingue aussi de l’interview journalistique, dans la mesure où il est régi par des règles
rigoureuses, destinées notamment à éviter l’influence possible de l’enquêteur sur l’enquêté,
dans la mesure aussi où il doit être conduit d’une manière plus méthodique, moins spontanée.
L’entretien scientifique est en effet une démarche préparée, qui s’inscrit dans un plan
préétabli et qui obéit à des règles relativement précises pour en faire un outil d’observation
répondant, autant que faire se peut, aux exigences d’objectivité et de rigueur de la méthode
scientifique. Ceci étant, il peut revêtir des modalités diverses que l’on évoquera tout d’abord.
On abordera ensuite les problèmes auxquels se heurte sa mise en œuvre pour assurer la
validité des informations collectées.
Il faut rappeler que les entretiens sont habituellement utilisés dans les recherches qualitatives.
Une classification des principales formes d’entretiens peut être envisagée en combinant deux
critères principaux : celui de la profondeur de l’entretien, du plus profond au plus superficiel,
et celui de la liberté dont disposent les interlocuteurs, enquêteurs et enquêtés.
Entretiens cliniques
Ils sont ainsi appelés parce qu’ils ressemblent aux méthodes d’interrogation employées par un
médecin à l’égard de son malade pour établir son diagnostic. C’est un type d’entretien
entièrement centré sur la personne du sujet interrogé dont on veut explorer en profondeur les
66
Initiation à la recherche – Albert Phongi
caractéristiques les plus individuelles et les plus originales. Le déroulement des entretiens se
caractérise par une très grande liberté, la non directivité étant poussée à son point extrême. Le
sujet interrogé conserve le maximum d’initiative, l’enquêteur se limitant à aider le sujet à
préciser sa pensée et à ne pas s’égarer dans des domaines inintéressants. Quant aux
interventions de l’enquêteur, elles ne sont pas fixées à l’avance et se font en fonction du cours
de l’entretien. En général, ces entretiens cliniques très approfondis se font au cours
d’entretiens multiples. Ce procédé est surtout utilisé en psychologie, en psychiatrie et en
psychologie sociale.
Entretiens en profondeur
Ils se différencient des précédents dans la mesure où ils sont orientés sur un thème fixé au
préalable et proposé par l’enquêteur. L’entretien n’est plus centré sur la personne du sujet,
envisagée en elle-même et dans toutes ses dimensions, mais sur les rapports entre la personne
et le thème. Ceci étant, le déroulement de l’entretien reste non directif : les interventions de
l’enquêteur étant fonction du cours de l’entretien et ayant pour but de maintenir celui-ci dans
les limites fixées et d’approfondir les réponses données. L’interrogation peut se faire au cours
d’un ou plusieurs entretiens.
revanche, l’enquêté conserve une certaine marge de liberté, dans la mesure où les questions
posées sont des questions ouvertes du type "Que pensez-vous de ... ?", laissant toute latitude
au sujet pour exprimer sa position en la précisant et en la nuançant.
NB : Entre les entretiens directifs et libres, on retrouve les entretiens semi-directifs qui se
caractérisent par une répartition quasi équilibré du temps de parole. L’enquêté a la liberté de
parole, mais l’enquêteur a le devoir de recadrer les propos de l’enquêté surtout si celui-ci
divague.
leur contenu, de façon à ne pas fausser les résultats de l’opération. Cette situation de biais
peut se manifester à trois moments clés de l’entretien, à savoir :
- Ce problème se pose d’abord au niveau du premier contact entre l’enquêteur et
l’enquêté car, d’une part, l’enquêteur doit susciter un climat de confiance et de
collaboration propre à favoriser les réponses du sujet et, d’autre part, il doit
simultanément garder une certaine distance vis-à-vis de son interlocuteur de façon à
conserver un rôle de témoin sans s’engager personnellement dans une véritable
conversation. Il faut garder le juste milieu.
- Durant le déroulement de l’interrogation aussi, le comportement de l’enquêteur doit
être un comportement maîtrisé pour éviter, dans certains cas, de biaiser les réponses, si
ce comportement semble, par exemple, indiquer que l’enquêteur attend certaines
réponses plutôt que d’autres.
- Au niveau de l’enregistrement des réponses des précautions doivent être aussi prises
pour éviter une déformation des réponses. L’idéal est de les enregistrer aussi
rapidement, aussi complètement et aussi littéralement que possible. Dans certains cas,
l’enregistrement par magnétophone est la solution, mais il suppose que l’interviewé en
accepte le principe et ne risque pas d’être impressionné et perturbé par le procédé. Si
l’enregistrement est un enregistrement par écrit, il est conseillé de transcrire les
réponses aussi littéralement que possible en respectant le vocabulaire et le style de
l’enquêté et en résistant à la tentation de les réécrire pour les clarifier, les abréger ou
les rendre plus cohérentes.
Recommandations pratiques
1) Se présenter et expliquer la raison et le but de l’entretien sollicité.
2) Préciser les avantages directs ou indirects que peut retirer l’interlocuteur de l’entretien et
susciter son intérêt.
3) Dans la mesure du possible, rencontrer son interlocuteur au moment et dans un lieu qui
lui conviennent.
4) Bien connaître les domaines particuliers de connaissance et de compétence des
interlocuteurs afin d’y concentrer l’entretien et de retirer le maximum d’informations
utilisables.
5) S’efforcer d’utiliser un langage neutre, ni trop technique, ni faussement adapté au niveau
culturel et intellectuel de l’interlocuteur.
6) Adopter une attitude de neutralité face aux thèmes abordés afin d’éviter de biaiser les
résultats de l’entretien.
7) Veiller par des interventions judicieuses à ce que l’entretien ne dévie pas par rapport aux
objectifs fixés tout en évitant de bousculer la bonne volonté de l’enquêté.
8) Vérifier, par des sous-questions et des demandes de précision, les informations reçues.
9) Utiliser la technique de la reformulation des renseignements déjà recueillis pour faire
progresser l’entretien.
10) Éviter de se limiter rigidement au schéma d’entretien, en étant attentif à tout indice
permettant de recueillir des informations non prévues mais pertinentes par rapport aux
thèmes de l’entretien,
11) Se préoccuper de respecter les contraintes temporelles définies pour l’entretien en
s’assurant que celui-ci permettra de couvrir tous les contenus désirés.
12) Même si cela va de soi, ne pas oublier de remercier son interlocuteur à la fin de
l’entretien, en soulignant la pertinence des informations qu’il a fournies.
69
Initiation à la recherche – Albert Phongi
L’objectif de l’entretien est, dans un premier temps, de laisser le plus possible s’exprimer la
personne sans apporter de nouveaux contenus. On doit s’efforcer de laisser parler l’agent, sans
intervenir et noter toutes les idées clés ou les points à éclaircir. L’objectif est d’intervenir le
moins possible dans le discours de son interlocuteur (sauf si celui-ci s’éloigne du sujet depuis
longtemps). On peut utiliser durant cette phase des déclarations positives, donner des «
accusés de réception » pour motiver la personne et renforcer son implication dans sa
réflexion. Afin d’approfondir le plus possible les idées que la personne exprime de manière
spontanée, on utilise plusieurs procédés de relance :
- Reformulation : « Vous m’avez dit tout à l’heure que l’éloignement géographique
constituait un frein au sentiment d’appartenance à l’établissement ; pourriez-vous préciser ce
que vous entendez par sentiment d’appartenance ? »
70
Initiation à la recherche – Albert Phongi
En résumé
La conduite de l’entretien sous-entend de « faire dire plutôt que dire ». Pour cela, outre l’idée
de savoir se taire (dans une proportion de 70% du temps de l’entretien), les quelques
recommandations sont de :
1. Privilégier les questions ouvertes neutres (pourquoi, pour quelle raison, comment, de
quelle manière …) : Eviter les questions orientées et les réponses induites.
2. Donner des « accusés de réception » en reformulant les propos de votre interlocuteur
(cf. techniques de relance) : C’est reprendre ce que vient de dire l’interlocuteur sous une
autre forme. Ainsi, si celui-ci est d’accord, il approfondira ce qu’il pense et ce qu’il ressent.
S’il n’est pas d’accord avec la reformulation, il donnera des explications qui permettront de
relancer l’échange.
3. Construire l’entretien en synthétisant au fur et à mesure les propos
4. Rester au niveau des faits, des idées en termes concrets et spécifiques : Ne pas se
contenter d’opinions générales, de souhaits, d’intentions, mais essayer de les étayer par des
faits ou des idées.
71
Initiation à la recherche – Albert Phongi
6.2. Questionnaire
Le recours au questionnaire comme instrument de collecte des données lors d’une enquête
nécessite de répondre au préalable à deux problèmes.
Le premier problème du questionnaire était de définir les questions de recherche, les
hypothèses de travail et la population d'étude. Le deuxième problème est de déterminer quels
indicateurs seront mesurés pour répondre à ces questions.
L’enquête par sondage est une enquête faite sur une partie restreinte de la population.
L’enquête par sondage est un ensemble d’opérations ayant pour objet la distribution de
certaines caractéristiques de la totalité de la population à partir de l’observation d’une
fraction seulement de cette population appelée échantillon. Cette définition concerne toute
enquête ; elle peut s’appliquer aussi bien aux enquêtes de fécondité ou de mortalité qu’à celles
de l’emploi, de la consommation ou de la nutrition.
De par sa définition, l’enquête démographique est une procédure de collecte des données par
sondage ou par échantillon. C’est ce qui la distingue fondamentalement du recensement qui
est une opération exhaustive touchant toute la population d’un territoire donné et non
seulement une partie de cette population.
Cette distinction terminologique n’est pas toujours aussi nette : ainsi on parle parfois de
micro-recensements ou de recensement par sondage quand en fait il s’agit d’opérations par
échantillon, certes plus importantes comme le recensement par sondage au 1/10 ème de la
population d’un pays donné. Il est préférable de garder le terme recensement pour toute
opération exhaustive et d’enquête pour toute opération de collecte par échantillon.
L’autre différence entre enquête et recensement est celle de l’objectif recherché : un
recensement a pratiquement toujours comme objectif premier (pas unique) le nombre et la
répartition des habitants sur le territoire considéré ; objectif principal beaucoup moins
fréquent dans le cas des enquêtes. Il faut faire une exception sur la série d’enquêtes
démographiques et de santé qui ont régulièrement lieu depuis la fin des années 1980 dans
beaucoup de pays en développement dont l’Afrique subsaharienne. Faute des statistiques
efficientes, l’enquête remplace en quelque sorte le recensement en vue d’approfondir certains
problèmes particuliers, difficiles à étudier lors d’une opération aussi lourde qu’un
recensement.
Très souvent on parle d’enquête démographique pour qualifier toute enquête dont l’objectif
principal est la mesure des niveaux et/ou tendances d’un ou plusieurs phénomènes de base
(fécondité, mortalité, migrations, accroissement naturel). Il en est de même des enquêtes qui
combinent ces phénomènes aux motivations et aspirations. En revanche, une enquête
spécifique sur les seules motivations et aspirations pour un problème de population au sens
large sera souvent qualifiée d’enquête sociologique. Ainsi les enquêtes sur l’emploi ou la
72
Initiation à la recherche – Albert Phongi
scolarisation peuvent être classées comme des enquêtes sociologiques. Ces enquêtes
intéressent les statisticiens à un haut niveau.
De plus en plus, on parle d’enquête ménage à objectifs multiples ; on les appelle aussi
enquêtes à objectifs multiples. Il s’agit d’opérations par sondage où les domaines couverts
sont aussi bien les caractéristiques des ménages et les caractéristiques des individus que
l’emploi, la migration, la fécondité ou la mortalité. La plupart des grosses enquêtes réalisées
en Afrique s’inscrivent dans cette logique.
Toutes ces enquêtes utilisent un outil précieux qui est le questionnaire d’enquête. Par
définition, un questionnaire est un outil de collecte des données constitué d’une liste de
questions à soumettre à l’appréciation de la personne à enquêter. En tant qu’outil de collecte,
le questionnaire doit remplir plusieurs caractéristiques notamment (Tremblay, 1968) :
- Un instrument de mesure : C'est un instrument de mesure dans un schème de
vérification. Il définit les dimensions d'une variable indépendante afin d'analyser
ses influences sur la variable dépendante.
- Un instrument normalisé : Tout instrument normalisé est le résultat d'une
systématisation de l'observation. Les questions sont déterminées d'avance. Les
questions posées aux interrogés possédant les mêmes caractéristiques sont
identiques. Ces questions sont toujours posées dans le même ordre.
- Un instrument calibré : C'est un instrument qui a été mis à l'essai, c'est-à-dire
qu'il a été utilisé en vue d'évaluer s'il mesure bien ce pour quoi il a été construit et
s'il produit invariablement le genre d'associations verbales que l'on veut mesurer.
- Un instrument qui mesure à la fois les données objectives et les données
subjectives : Par données subjectives, on entend les états affectifs tels que les
attitudes, les aspirations, les privations, les tensions, les émotions, etc. Les
données objectives sont notamment celles sur l'âge, le sexe, l'affiliation
religieuse, la profession et le revenu.
- Le double aspect de la mesure
a. Aspect individuel : Chaque questionnaire représente une unité
d'observation qui peut être analysée pour elle-même.
b. Aspect collectif : Il se rapporte au genre d'analyse que l'on entreprend
sur un ensemble de questionnaires. On regroupe les réponses afin d'obtenir
les tendances moyennes.
- Utilisation d'échantillon quantitatif : le questionnaire s'adresse à un segment de la
population dont les caractéristiques sont préalablement définies.
- Tout questionnaire est construit en fonction de l'analyse : Il tient compte des
échelles, indices, typologies, analyse corrélative, ainsi que des types d'explication
retenus.
Par rapport à la population totale, il s’agit d’interroger suffisamment d’individus pour avoir
une marge d’erreur connue … et acceptable. En effet, il existe un phénomène de saturation :
après un seuil donné, la collecte d’informations supplémentaires n’apporte que peu de
précisions supplémentaires.
73
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Pour élaborer un questionnaire, il est nécessaire de procéder par les huit étapes ci-dessous :
- Définir les objectifs de l’enquête ;
- Déterminer la structure du questionnaire
- Rédiger les questions
- Définir les modalités d’administration
- Tester le questionnaire
- Administrer le questionnaire
- Saisir les réponses
- Analyser les résultats
1. Objectif de l’enquête
Il s’agit de définir précisément le champ de l’étude. Qu’est-ce que l’on souhaite étudier,
qu’est-ce que l’on souhaite savoir? Avant de rédiger un questionnaire, vous devez devenir un
spécialiste du problème à analyser. Un bon questionnaire n’a pas pour finalité de connaitre un
problème, mais d’en quantifier les composants.
2. Structure du questionnaire
Il s’agit de définir la structure générale du questionnaire avec ses parties et ses sous parties.
Une enquête comporte souvent quatre grands types de questions relatives : aux
comportements, aux opinions, aux motifs et à l’identité.
Comportements Opinions Motifs Identités
Posez les questions dans cet ordre, car Il est plus simple de parler de ce que l'on fait
(comportements) que de ce qu'on en pense (opinions). Il est ensuite possible, d’aborder les
raisons des choix (le pourquoi) plus personnels.
Cette organisation permet de passer progressivement à des questions de plus en plus
personnelles.
On doit d’abord définir précisément ce que la question cherche à savoir, puis rédiger la
question en adéquation avec son objectif,
- Utiliser des termes simples et sans ambiguïtés ou à double sens,
- Rédiger des questions neutres qui n’induisent pas les réponses,
- Proposer des réponses pertinentes.
4. Modalités d’administration
Il s’agit de définir les modalités d’administration du questionnaire. Cette étape consiste
entre autres à :
•Définir le profil des personnes à interroger et concentrer l’administration sur cette cible.
Utiliser la méthode des quotas ou autres stratégies d’échantillonnage retenues.
•Commencer par une ou des questions filtres destinées à éliminer les personnes non
concernées par le questionnaire.
•le nombre de questionnaires à administrer doit être suffisant pour obtenir des réponses
représentatives du panel et pour atténuer le poids des réponses atypiques.
•Le mode d’administration : face à face; téléphone; voie postale; Internet ; auto-
administration
5. Test du questionnaire
Il s’agit de tester le questionnaire sur un échantillon.
On doit tester le questionnaire sur un petit effectif représentatif du panel afin de contrôler
notamment : l’ordre des questions, leur compréhension. Cela permet aussi de corriger
éventuellement le questionnaire en fonction des problèmes rencontrés.
6. Administration du questionnaire
•Compléter ou éliminer les questionnaires de façon aléatoire sans éliminer les questionnaires
qui dérangent ou ne satisfont pas le client.
2. Questions ouvertes
Ce type de questions ne canalise absolument pas l’enquêté qui exprime librement son opinion.
Exemples
- Que pensez-vous de votre visite ?
- Pourquoi allez-vous dans un musée ?
- Que penses-vous des musées d’art ?
5
On recourt très souvent à l’échelle de LIKERT qui permet d’exprimer l’intensité de l’approbation. Toutefois
il existe d’autres échelles comme l’échelle à support sémantique de Thurstone qui permet d’adapter les
nuances et les positions de l’échelle. Il y a aussi l’échelle sémantique différentielle d’OSGOOD qui est une
échelle bipolaire de 5 à 7 degrés qui oppose deux affirmations contraires soumises à un individu auquel il
est demandé de se situer entre les deux extrémités.
77
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Il est à noter que la deuxième question ne justifie pas l’utilisation de la question ouverte. Elle
entraîne des réponses objectives. Elle met en évidence la méconnaissance de celui qui a
construit le questionnaire. Elle doit être une question préformée. Nous savons aujourd’hui
quelles sont les différentes raisons qui font que tel ou tel individu va dans un musée.
Il faut savoir que le plus souvent quand les questions ouvertes sont posées, elles entraînent des
réponses assez courtes (une ou deux idées).
Les avantages des questions ouvertes sont les suivants :
- On ne contraint pas le sujet à donner une réponse qui ne lui correspond pas tout à fait. Dans
les questions fermées, le sujet doit choisir ou non. Parfois, son point de vue est plus nuancé.
La question ouverte va lui permettre de s’exprimer. Très souvent les questions fermées
provoquent un sentiment de frustration, on ne se sent pas concerné et l’on est obligé de
répondre,
- La question ouverte est plus vivante, plus motivante. La question fermée provoque souvent
des réponses automatiques entre le oui et le non, sans que l’interviewé ne réfléchisse
vraiment. Il y a une implication de l’interviewé dans les questions ouvertes, - Elle peut faire
apparaître des informations auxquelles on n’aurait pas pensé, même avec une préenquête pour
construire un questionnaire. En interrogeant seulement quelques personnes, il est impossible
de passer en revue toutes les opinions, la question ouverte permet de rattraper des outils, de
palier l’inefficacité de certaines questions mal formulées par rapport au problème (on peut
passer à côté d’un point important).
Toutefois, la question ouverte n’est pas le remède miracle et ne saurait se substituer aux autres
types de question. Elle comporte également des inconvénients. Elle peut provoquer un
comportement d’évitement, l’interviewé se sent directement engagé. On l’oblige à s’investir,
d’où parfois, certains biais, le discours reste neutre si le sujet est délicat. On attend d’un
questionnaire de pouvoir y répondre très vite, sans trop réfléchir, la question ouverte arrête,
contraint à la réflexion, le risque est qu’on la passe, qu’on y mette seulement quelques mots,
alors que l’on aurait plus à dire.
La question ouverte est également longue à dépouiller. Il faut analyser chacune des réponses,
en comprendre le sens, ce qui n’est pas toujours évident. Très souvent, on ne laisse pas le
temps au sujet de s’exprimer complètement. On se retrouve ainsi avec une information riche,
mais ambiguë.
Une question ouverte se dépouille en faisant une analyse de contenu qui consiste à créer des
catégories et à classer les différents discours dans ces catégories.
Les questions ouvertes nécessitent d’être traitées par des personnes qualifiées, alors que les
autres questions peuvent être dépouillées par toutes personnes.
L’avantage de ces questions par rapport aux questions ouvertes est qu’elles facilitent la tâche
de la personne interviewée, de l’enquêteur et du dépouillement.
Leur inconvénient est qu’elles peuvent suggérer aux personnes interviewées des réponses
auxquelles elles n’auraient pas pensé. Elles peuvent également ne pas donner à l’interviewé la
possibilité d’exprimer fidèlement son opinion. Pour remédier à ceci, on crée la catégorie «
Autres ». L’enquêté choisit parmi plusieurs réponses, celles qui convient le mieux à son
opinion.
Cette catégorie « autre » s’analyse comme pour les questions ouvertes, en recourant à
l’analyse de contenu. Si la fréquence des réponses à la catégorie « Autres » est trop élevée,
voire supérieure à celles des catégories précodées, c’est le signe d’un mauvais questionnaire.
La fréquence des réponses « autre » doit être faible, mais se pose alors la valeur et l’intérêt de
cette catégorie.
Il est important de préciser si l’enquêté doit cocher : une réponse, plusieurs réponses, autant
qu’il veut, etc.
Exemple :
Ici l’on attend seulement quatre réponses, c’est pour que les enquêtés fassent des choix et ne
se mettent pas à tout cocher systématiquement
4. Questions à classement
L’enquêté classe les réponses possibles dans l’ordre de préférence.
Exemple
Le classement des 2-3 premiers critères est facile à réaliser pour l’enquêté. Il peut être
considéré comme juste. En revanche, la qualité du classement des dernières propositions
(surtout s’il y en a 6 ou plus) est souvent difficile. Il arrive qu’on donne la liste des
propositions en demandant à l’enquêté d’en choisir deux ou trois parmi l’ensemble.
Pour ce type de question, il ne faut surtout pas oublier de préciser la nature de la consigne
Il est bon de commencer par des questions simples qui mettent l’enquêté en confiance. Les
premières questions doivent être des questions de prise de contact destinées à gagner la
confiance de l’enquêté. Toutefois, un autre courant considère qu’il faut partir de questions
intéressantes, motivantes, qui donnent envie de continuer à remplir le questionnaire, ce qui
n’est pas le cas des questions simples à réponse oui/non.
vers les questions les plus particulières et également les plus impliquantes (personnelles). Le
regroupement par thèmes canalise l’attention de l’enquêté, rend le questionnaire cohérent.
Pour passer d’un thème à l’autre, des phrases de liaisons ou des questions de transition
peuvent être posées, du genre « Nous allons maintenant parler de… ». Le sujet sait ici que
l’on change de thème, d’où il se reprend, recentre son attention.
Enfin, on termine les questionnaires par des questions d’identification : sexe, CSP, etc… qui
offre un intérêt limité.
Parfois, les personnes répondent très vite ou n’importe quoi, pour se débarrasser du
questionnaire. Toutefois, si les questions sont motivantes, suscitent une implication de la part
de l’enquêté, la longueur du questionnaire pose moins de problème.
Les questions posées doivent attirer l’attention, éveiller l’intérêt et laisser à l’enquêté une
liberté de réponse.
Les questions posées doivent être facilement compréhensibles : le vocabulaire doit être adapté
aux personnes interrogées. Il faut utiliser les mots du langage courant. Il faut éviter les mots
qui choquent, trop chargés affectivement et leur préférer des équivalents neutres.
Il faut éviter les mots trop techniques, les mots abstraits, les sujets à équivoques.
Il faut éviter les questions à double négation : « Ne pensez-vous pas que les musées ne
prennent pas assez en compte les attentes des visiteurs ? ». De la même manière, il faut éviter
les négations.
Eviter les questions qui contiennent deux idées en même temps. Il ne doit y avoir qu’une seule
idée par question, sinon il est impossible de savoir ce que l’enquêté a répondu, on ne sait à
quelle idée est liée la réponse et donc il est impossible de dépouiller la question.
Éviter les questions qui mettent en jeu la mémoire sur des évènements peu courants, difficiles
à remémorer.
Les questions qui mettent en jeu le prestige, la désirabilité sociale provoquent des biais (ex :
toutes les questions sur l’éducation par exemple on ne peut pas dire que l’on bat son enfant,
80
Initiation à la recherche – Albert Phongi
les questions en référence à certaines pratiques culturelles). Il faut pour ce type de question
proposer des questions moins directes qui permettent d’aborder le sujet de manière détournée.
De même, beaucoup de questions portant sur des comportements futurs ou hypothétiques
comportent des biais involontaires.
Il faut éviter également de proposer des questions trop directes : « Quel est votre revenu
mensuel ? ». Les personnes peuvent avoir tendance à mentir par excès (amour propre) ou par
défaut (crainte du fisc). La solution est de proposer des tranches de salaire.
On a constaté que les réponses personnalisées directes, commençant par « Que pensez-vous
de ….. à votre avis ….. Pouvez-vous dire que….. » provoquent chez certains des réponses de
fuites, donc des biais, des hésitations du genre « Je ne sais pas…impossible à dire… ». Le
sujet à l’impression qu’il est devant une question personnelle, trop délicate, d’où une fuite qui
est en fait une réaction défensive.
Pour éviter ce genre d’erreur, on peut utiliser le procédé :
- Du thème noté où l’on dissimule le point-clef. On ne demande pas à quelqu’un s’il va à la
messe le dimanche, mais on lui demande de décrire son emploi du temps des deux derniers
dimanches.
- L’entonnoir : en partant de questions générales, on serre progressivement sur le thème
délicat, le sujet ayant répondu jusque-là est plus ou moins obligé de répondre un peu plus.
Il y a également des questions dont la forme a un effet déterminant sur la réponse. La question
est tellement tendancieuse qu’une seule réponse est possible.
On constate que les enquêtés sont très attirés par les réponses positives par rapport aux
réponses négatives (oui, vrai, d’accord). Pour remédier cela, il faut éviter les questions
fermées oui/non, vrai/faux, d’accord/pas d’accord quand il s’agit d’une opinion personnelle.
6.3.1. Notion
Avant de parler des données secondaires, il convient de dire un mot sur la nuance pouvant
exister entre données primaires et secondaires. Concernant les données primaires, il s’agit de
toute information qualitative ou quantitative recueillie au moment présent de la recherche
dans le but précis de répondre aux besoins spécifiques de la recherche et selon une méthode
permettant de satisfaire à des impératifs de fiabilité et de validité mais aussi de contraintes de
temps et d’argent. Tandis que les données secondaires constituent toute information
qualitative ou quantitative recueillie par un tiers à un moment donné, dans un but précis, selon
une méthodologie et disponible au moment de l’analyse.
Les données secondaires présentent des avantages évidents dans le processus de recherche. En
effet, on peut relever les avantages suivants :
- Sont plus économiques ;
- Sont plus rapides à obtenir ;
- Sont souvent disponibles sur une longue période de temps ;
Il faut noter cependant que les données secondaires doivent toujours précéder la collecte de
données primaires. En d’autres termes, avant d’envisager les données primaires, le chercheur
devra s’efforcer de recenser l’ensemble des données secondaires existantes puisqu’elles
peuvent éclairer sa lanterne dans la collecte qu’il envisage d’entreprendre.
Néanmoins, les données secondaires présentent aussi des inconvénients dont les principaux
sont :
- Ces données n’ont pas été collectées pour l’étude en question ;
- Elles ont déjà été amassées selon une méthode que le chercheur ne contrôle pas;
- Elles peuvent être moins précises;
- Elles deviennent désuètes assez rapidement;
- Elles sont non standardisées.
Pour classifier les données secondaires, on se base sur un corpus de données existantes :
– Typiquement des documents écrits : c’est le cas des sites web, des articles de journaux et
des documents internes (mémos, archives administratives…)
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
– Des bases de données existantes (peut-être stockées par les Offices nationaux de statistique)
– Des documents audiovisuels
– Surtout des statistiques du système de gestion d’une chaîne automatisée…
Par rapport à une organisation donnée, on peut distinguer les données secondaires internes,
externes et publiques ainsi que privées.
1. Données secondaires internes : comme par exemple les données comptables, les rapports de
représentants, le fichier des clients, les données sur la promotion, l’accumulation des données
primaires.
2. Données secondaires externes publiques : par exemple les données gouvernementales (INS
et autres), les données d’association, les journaux et revues (spécialisées ou non).
3. Données secondaires externes privées : par exemple les répertoires d’entreprises, les études
sectorielles, les services spécialisés (banques commerciales et assurances).
1. Définition et but
La méthodologie documentaire est l’ensemble des étapes permettant de chercher, identifier et
trouver des documents relatifs à un sujet par l’élaboration d’une stratégie de recherche. Mais
qu’est-ce qui justifie la méthodologie documentaire ?
Dans un contexte de surabondance d’informations (infobésité) et diversité de ses supports, le
processus de recherche documentaire et la validation de l’information requièrent la mise en
application d’une méthodologie efficace. La finalité d’une bonne méthodologie de recherche
est de faciliter la production d’un travail universitaire alliant richesse documentaire et rigueur
scientifique.
Avant de mener une recherche documentaire, le chercheur doit se poser un certain nombre de
questions, à savoir :
a. Quelle est la nature du travail à produire ?
Ça peut être : exposé, mémoire, article, rapport d'étude, etc.
b. Quel est le niveau attendu de l’information ?
Ça peut être :
- Information de base : un ou deux ouvrages et une encyclopédie suffiront
- Information plus pointue ou plus développée : se diriger vers des articles de
périodiques, conférences, rapports, thèses, normes…
c. Quelle est la nature de l’information recherchée ?
83
Initiation à la recherche – Albert Phongi
Ça peut être : développements sur un sujet, données statistiques, schémas techniques, etc.
d. Quel est le degré d’actualité de l’information recherchée ?
Cela va des documents d'archives aux derniers résultats connus de la recherche...
a. Préparer la recherche
Lors de cette étape, le principe consiste à aller du général au particulier. Il s'agit de
questionner le sujet dans toutes ses dimensions, de le formuler en une phrase courte, de
sélectionner les concepts importants et de chercher des synonymes.
Cette étape doit permettre de poser la problématique, de cerner les besoins documentaires
et de sélectionner les concepts/mots clés nécessaires à l'interrogation des sources
documentaires. Quatre moments sont indispensables dans cette phase : choisir le sujet, le
cerner, le formuler ainsi que retreindre ou élargir le sujet.
En ce qui concerne le choix du sujet, vos connaissances préalables et vos intérêts personnels
sur le sujet ainsi que sa pertinence par rapport à l'enseignement auquel il se rattache sont des
éléments fondamentaux qui doivent guider votre choix. Pour clarifier le sujet et
l'appréhender globalement, on peut consulter des documents qui donnent une vue
d'ensemble sur la question.
A ce stade, la documentation utilisée concernera essentiellement des dictionnaires et
encyclopédies (support papier ou en ligne), des manuels ou des articles de synthèse. Il peut
être utile de dresser une liste des différents aspects de la question qui apparaissent au cours
de ces premières recherches ainsi qu'une liste des points sur lesquels vous avez déjà des idées.
Pour ce qui est de cerner le sujet, on peut utiliser la méthode QQQOCP. C'est un moyen
mnémotechnique permettant de retenir un ensemble de questions simples qui vont être
utilisées pour cerner, préciser et approfondir un sujet :
Qui ? = Quels sont les acteurs, les personnes impliquées ?
Quoi ? = Quels sont les aspects qui m'intéressent ?
Quand ? = Quelle est la période concernée ?
Où ? = Le sujet est-il circonscrit à une zone géographique précise ?
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Initiation à la recherche – Albert Phongi
C’est au cours de cette étape qu’on va interroger les différentes sources sélectionnées au
moyens d’équations de recherche, enregistrer les résultats pertinents des requêtes et se
procurer la documentation primaire. Afin de procéder à une recherche documentaire
rigoureuse, il est recommandé d’utiliser un bordereau de recherche dans lequel seront
mentionnés les mots clés de la recherche et ses éventuels synonymes et de tenir un journal de
bord des recherches.
NB : il est important de noter scrupuleusement les éléments de la référence bibliographique
d’un document. Cela permet non seulement de le retrouver mais également de le citer
correctement.
La sélection des documents doit se faire non seulement en fonction de leur qualité mais aussi
de leur pertinence par rapport au travail à réaliser. Une exploration rapide peut suffire pour
évaluer la pertinence d’un contenu. Pour cela, il faudra analyser les éléments suivants :
- Titre du document : pour un livre, il faut regarder celui figurant sur la page de titre ;
- Résumé (abstract) : on le retrouve dans la plupart des notices bibliographiques tirées
des bases de données, au début ou à la fin des articles de périodiques et souvent au dos
des livres (quatrième couverture).
- Table des matières : elle permet de mieux apprécier le contenu (plan et logique de
l’argumentation) et de bien repérer les chapitres qui peuvent être pertinents
- Tableaux, graphiques, etc. : ils peuvent aider à la compréhension du sujet et être utiles
pour le travail ;
- Nature du document : déterminer s’il s’agit d’un document pédagogique, de recherche
ou de vulgarisation ;
- Introduction et conclusion : leur consultation permet de cerner la question de départ et
les conclusions que l’auteur en tire.
Au fur et à mesure des recherches, il est recommandé de mettre en place une veille
informationnelle automatisée. Elle permettra d’être alerté de nouvelles publications dans un
domaine particulier sans avoir à relancer manuellement la recherche sur chaque source. Dans
ce cas, l’utilisateur reçoit des messages provenant de divers outils sur lesquels il a paramétré
sa veille. Selon le cas, ces messages sont reçus dans son courriel, le compte d’un agrégateur
de son choix, sa page web personnalisée, etc.
L’utilisateur doit établir un profil de recherche pour chaque outil sélectionné : base de
données, sources internet comme des moteurs de recherche, des sites Web d’éditeurs de
périodiques, des blogs, etc. Ce profil s’appuie généralement sur l’enregistrement d’une
équation de recherche associée à des filtres qui en précisent la portée et l’abonnement aux
résultats de cette requête automatisée. Cette fonctionnalité, lorsqu’elle est disponible, requiert
la création d’un compte utilisateur.
6.4.1. Notion
Dans une observation directe, les données sont collectées visuellement ou par le vécu. Elle
consiste essentiellement à :
– Capter un comportement au moment où il se produit. Cela vaut mieux que de reconstituer à
partir de déclarations (voir enquête). Cette stratégie diffère des enquêtes qui consistent
souvent à collecter les déclarations des témoins privilégiés de l’événement ou de ceux qui ont
été directement concernés par les faits.
– Vivre une situation : observation participante
– Faire une expérience en science physique, en sciences humaines, changer une situation avec
ses acteurs. C’est le cas dans une situation de recherche-action.
6.4.2. Limites
En tant que méthode de collecte des données, on peut distinguer trois types d’observation, à
savoir : l’observation externe, l’observation désengagée et l’observation participante.
1. Observation externe
C’est le cas le plus fréquent. Ici, la réalité est observée par des chercheurs qui n’appartiennent
pas au milieu étudié, qui ne participent pas au phénomène étudié, qui lui sont étrangers. Par
exemple l’étude d’un parti politique par quelqu’un qui n’a aucun lien avec ce parti.
Le procédé présente plusieurs avantages. Il permet de faire réaliser l’observation par des
observateurs compétents, par exemple par des chercheurs professionnels, formés aux
exigences de la recherche scientifique et avertis des difficultés de la recherche dans les
sciences sociales. Ces observateurs peuvent être aussi de ce fait des chercheurs spécialisés,
dans une discipline ou dans l’étude du type de phénomène observé. Par exemple, un parti
politique observé par un spécialiste de l’étude des partis politiques. Enfin, ce procédé présente
d’assez fortes garanties de validité et d’objectivité du fait de la distance existant au départ
entre le chercheur et le phénomène observé, ce qui limite les risques d’interaction.
En revanche, cette même distance, du fait de l’absence de familiarité avec la réalité observée
qu’elle induit, peut comporter un certain nombre d’inconvénients. Un premier inconvénient
est lié aux risques de comportements artificiels que cela peut entraîner du fait de la présence
d’observateurs étrangers, l’observation perturbant alors la réalité étudiée. Par ailleurs, cette
observation peut comporter des lacunes résultant de la difficulté pour un étranger d’accéder à
certains aspects de la réalité, soit en raison de la méfiance du milieu soit en raison de sa
méconnaissance des habitudes de celui-ci. Enfin, l’observation externe peut rester
superficielle lorsqu’il s’agit d’interpréter la signification réelle des observations faites.
Les types de contacts que ce genre d’observation suppose entre l’observateur et le phénomène
étudié peuvent être plus ou moins intimes, plus ou moins prolongés. Tantôt l’observateur ne
se mêlera que brièvement et superficiellement au déroulement des phénomènes, on parlera
alors d’observation externe désengagée ou distanciée. Tantôt l’intégration de l’observateur
sera plus profonde et plus prolongée et on parlera alors d’observation externe participante. Il
faut cependant noter qu’entre ces cas-type peut exister dans la pratique un grand nombre de
situations intermédiaires.
Si, dans cette présentation des formes de l’observation externe, on privilégie le critère de la
participation, d’autres caractéristiques peuvent aussi les différencier. C’est ainsi que si, dans
beaucoup de cas, l’observation externe est individuelle ou le fait d’équipes restreintes de deux
ou trois personnes, dans d’autres cas, elle pourra mobiliser plusieurs dizaines de spécialistes,
assistés ou non de collaborateurs bénévoles. De même, cette observation externe pourra être,
dans certains cas, totalement clandestine et se faire à l’insu des personnes observées, tandis
que dans d’autres celles-ci seront au courant de l’opération et l’observation sera alors avouée.
Enfin ces formes d’observation externe peuvent être plus ou moins approfondies selon
l’importance ou la nature du groupe étudié, selon la durée de l’observation, le nombre des
observateurs, l’importance des techniques mises en œuvre, etc.
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2. Observation désengagée
Dans le cas de l’observation externe désengagée, l’observateur étranger au phénomène lui
reste extérieur pendant toute la durée de l’observation et en est seulement le spectateur. Il
pénètre par exemple dans un groupe, qui sait en général qui il est et dans quel but il se trouve
là, mais il ne participe pas à l’activité du groupe.
On est alors très près de la technique du reportage telle qu’elle est utilisée par les journalistes,
la différence avec celle-ci tenant simplement au fait que l’enquête sociologique est beaucoup
plus systématique que le reportage journalistique, en ce sens que les cadres de la recherche
auront été déterminés à l’avance, de même que les hypothèses à vérifier ou les points à
analyser plus précisément.
Une enquête de ce genre peut être conduite par un chercheur isolé ou par plusieurs chercheurs
travaillant en équipe. Elle peut être clandestine ou avouée. Avouée, lorsque l’observateur ne
cache pas sa présence et les raisons de celle-ci. Mais cette situation risque de provoquer des
perturbations dans le déroulement des phénomènes étudiés. D’où, dans certains cas, le recours
à des formes d’observation clandestine. Ainsi, avec la technique de l’observateur caché,
observant sans être vu (par exemple, une classe d’école observée à travers un miroir sans
tain), ou celle de l’observation sans observateur, en utilisant des procédés d’enregistrement
sonores ou visuels, fonctionnant automatiquement. Les avantages techniques de ces procédés
sont évidents, mais leur emploi soulève des questions morales et déontologiques sur la
possibilité de transformer ainsi des êtres humains en des sortes de cobaye en les observant à
leur insu.
Cette approche présente les avantages de l’observation externe, à savoir la possibilité de faire
effectuer l’observation par des enquêteurs compétents et spécialisés, avec d’assez fortes
garanties d’objectivité. Mais, en même temps, il en présente les limites : risques d’une
certaine artificialisation des comportements observés, risques d’une analyse incomplète et
trop superficielle de la réalité étudiée. C’est pour essayer de remédier à ces inconvénients que
l’on a mis au point la technique de l’observation participante.
3. Observation participante
Dans ce cas, l’observateur est toujours au départ un étranger au phénomène étudié, mais en
cours d’observation il n’est plus seulement spectateur, il devient acteur et participe au
déroulement du phénomène qu’il étudie.
Principe
Cette technique est dérivée des procédés mis au point par les ethnologues et transposés par les
sociologues. On le sait lorsqu’un ethnologue veut étudier une population primitive, il va
s’installer au sein de la communauté choisie pour une longue durée, plusieurs mois, parfois
plusieurs années. Là, participant à la vie des indigènes, l’ethnologue essaie de gagner leur
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confiance, de les habituer à sa présence, de se faire oublier afin que la vie du groupe se
déroule sous ses yeux sans gêne, de façon spontanée et naturelle. Ce qui permet à
l’ethnologue à la fois d’être témoin de phénomènes non déformés par sa présence et de
comprendre en profondeur la signification et la portée de ces phénomènes.
On s’est avisé que cette technique, qui a fait ses preuves en ethnologie, pouvait être
transposée dans d’autres contextes et que les sociologues pouvaient user de cette technique
pour étudier n’importe quel groupe : un village, un syndicat, une usine par exemple. La
démarche du sociologue est alors la même que celle de l’ethnologue : gagner la confiance des
gens, se faire adopter par eux, faire admettre sa présence comme naturelle, s’intégrer à la vie
quotidienne du groupe choisi. Cette technique d’observation, qui demande de grandes qualités
de patience, de faculté d’adaptation, d’intuition, est incontestablement l’une de celles qui
permet les recherches les plus profondes et les plus globales.
Notamment, elle constitue un instrument précieux pour l’étude de la vie sociale dans la durée,
dans ses aspects les plus complexes, les plus cachés et les plus quotidiens, car elle seule
permet d’appréhender ces "impondérables" dont parle Malinowski dans Les Argonautes du
Pacifique Occidental : Il est une série de phénomènes de grande importance, que l’on ne
saurait enregistrer en procédant à des interrogatoires ou en déchiffrant des documents, mais
qu’il importe de saisir dans leur pleine réalité. Appelons-les les impondérables de la vie
authentique. Ce sont des choses comme la routine du travail quotidien de l’homme, les détails
des soins corporels, la manière de prendre la nourriture et de la préparer, le style de la
conversation et de la vie sociale autour des feux du village, etc. Tous ces faits peuvent et
doivent être formulés et consignés ; mais, pour cela, il importe de percer à jour l’attitude
mentale qu’ils expriment plutôt que de se borner, comme le font couramment les observateurs
non qualifiés à noter les détails d’une manière superficielle".
Avantages et inconvénients
Ce procédé présente plusieurs avantages. Il contribue à diminuer sensiblement les risques
d’artificialisation des phénomènes observés, en amenant leurs différents acteurs à plus ou
moins "oublier" l’observateur et à retrouver leur spontanéité. Il permet une observation plus
complète de la réalité en donnant au chercheur l’accès à des informations qu’il aurait ignorées
s’il s’en était tenu à des contacts superficiels. Il en permet aussi une connaissance plus
profonde dans la mesure où le chercheur peut mieux percevoir la signification réelle des faits
collectés. Par exemple, pour discerner quels sont les vrais rapports de pouvoir par rapport à
l’apparence des hiérarchies formelles et des organigrammes.
Ceci étant, cette technique se heurte à certaines limites. D’abord, quel que soit le degré
d’intégration de l’observateur, le risque demeure encore pour partie que sa présence provoque
des comportements artificiels, qui, sans lui, n’auraient pas eu lieu ou se seraient produits
différemment. Par ailleurs, l’observateur étant obligé de s’intégrer en un point précis de la
structure du groupe risque de voir son observation du groupe bornée par cet enracinement et
de ne pouvoir en prendre une vue d’ensemble. D’où le risque d’une vision partielle de la
réalité. D’autre part, quand un groupe traverse des conflits ou connaît des tensions, le
sociologue pourra être écartelé entre son rôle de sociologue et son rôle de participant. Enfin,
cette intégration peut compromettre l’objectivité du chercheur et modifier le regard porté sur
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le phénomène étudié. Ainsi pourra-t-il trouver évidentes et "normales" des attitudes qui, au
début, lui auraient paru nécessiter une explication. De même, sa proximité avec la réalité
étudiée peut provoquer chez lui des réactions de sympathie ou d’antipathie susceptibles
d’infléchir sa vision des choses en donnant parfois à ce type d’observation un aspect partial.
Encadré
Conseils pratiques pour l’observation directe
• Avant de commencer l’exploration du terrain, l’observateur doit s’être familiarisé avec les
objectifs de sa recherche.
• L’observateur doit s’être entraîné à l’avance aux approches qu’il va mettre en œuvre et
aux modalités de la prise de notes.
• L’observateur doit garder en mémoire la liste des éléments particulièrement concernés par
sa recherche.
• Les résultats de l’observation doivent être notés sur le champ ou dans le plus court laps de
temps possible.
• Le temps passé à l’enregistrement des notes est aussi important que celui de l’observation
et ne doit pas lui être sacrifié.
• L’observateur ne doit pas oublier qu’il fait partie de la situation d’observation et qu’il doit
noter ses propres comportements.
• Les notes doivent être aussi précises que possible (date, heure, lieu, circonstances,
personnes, rôles, techniques, comportements, etc).
• Propos, conversations, dialogues doivent être rapportés en style direct en se méfiant des
résumés.
• Opinions, remarques, hypothèses, déductions ne doivent pas figurer dans les notes et être
transcrits à part.
• Les notes doivent être revues dès que cela est possible, pour y apporter les additions ou
corrections nécessitées par la première rédaction.
• Les notes doivent faire l’objet d’un classement au moins provisoire pour éviter que les
faits collectés ne s’accumulent et ne deviennent inexploitables.
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Le Brainstorming est une technique formalisée de résolution créative de problème sous la direction d’un
animateur.
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CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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