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Initiation à la recherche – Albert Phongi

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE
FACULTE DE PSYCHOLOGIE DE DES SCIENCES DE L’EDUCATION
DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L’EDUCATION

INITIATION A LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE


A l’intention des étudiants de première année de graduat

Albert Phongi Kingiela

ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

INTRODUCTION

Un cours d’initiation à la recherche scientifique en premier graduat, pour quels


objectifs pédagogiques ?
Quel contenu faut-il proposer aux étudiants pour réaliser ces objectifs didactiques ?
Quels conseils pratiques faut-il prodiguer aux novices en vue de mieux saisir le
contenu de ce cours ?
Voilà les trois aspects que nous exploitons en guise d’introduction à ce cours.

1. Objectifs du cours

L’objectif principal de ce cours d’initiation à la recherche scientifique en premier


graduat est d’initier l’étudiant dans le domaine de la recherche. Il s’agit d’explorer les
préliminaires de la recherche, à ne pas confondre avec les méthodes de recherche dont
le contenu est dispensé en deuxième année de graduat. En tout état de cause, à la fin de
ce cours, l’étudiant qui l’aura suivi sera capable de :
- Cerner les exigences et les conditions d’une recherche scientifique ;
- Situer la place de la problématique et des hypothèses dans une recherche
scientifique ;
- Maîtriser les principales articulations d’un projet de recherche ;
- Saisir les étapes d’une recherche scientifique et les parties d’un travail
scientifique ;
- Maîtriser les différentes variantes de la présentation des références
bibliographiques
- Intérioriser les attitudes à adopter lors de la rédaction et de la défense publique
d’un travail de fin de cycle ou d’un mémoire.

2. Plan abrégé du cours

Introduction
Chapitre 1 : Recherche scientifique, Quid ?
Chapitre 2 : Etapes d’une recherche scientifique
Chapitre 3 : Projet de recherche
Chapitre 4. Parties d’un travail scientifique
Chapitre 5 : Présentation des références bibliographiques
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Chapitre 6 : Rédaction et défense publique d’un travail scientifique.

3. Conseils pratiques

Pour mieux aborde ce cours et la recherche scientifique proprement dite, il est utile
d’adopter des attitudes particulières. A cet effet, il est conseillé de :
- Adopter une attitude intuitive favorable à la recherche. Beaucoup d’étudiants se
laissent prendre par le doute quand ils sont devant un sujet qu’ils n’arrivent pas
à saisir. L’intuition du chercheur doit être mise en action pour déceler les
variables de la recherche. Ce sont ces variables qui aideront à préciser le
problème et à formuler les hypothèses.
- S’informer sur les ramifications du sujet et au besoin consulter les experts dans
le domaine abordé. C’est même le rôle joué par le Directeur : les premières
discussions avec celui-ci doivent permettre d’éclairer les zones d’ombre.
- Prendre l’habitude de se documenter en fréquenter la bibliothèque. C’est en
lisant qu’on peut enrichir son bagage intellectuel afin de le rendre capable de
comprendre divers sujets abordés dans son domaine de recherche. Dans cette
option, l’internet peut aider énormément à combler les lacunes suscitées par le
besoin de se documenter. On peut faire une recherche rapide par mots clés sur
le net ou par contenus précis à aborder.
- S’efforcer d’avoir une culture large car l’interdisciplinarité ou la
complémentarité des disciplines exige que l’on ait une connaissance assez large
pour mieux saisir certaines situations. La maîtrise des cours alignés dans le
programme de sa faculté ou de son département est de nature à favoriser la
meilleure compréhension des sujets à examiner.

Après cette brève introduction, nous nous lançons dans l’examen du contenu de ce
cours.
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CHAPITRE 1. RECHERCHE SCIENTIFIQUE, QUID ?

1.1. Définitions

Pour le Petit Robert (1998), la recherche est un « travail fait en vue d’acquérir des
connaissances nouvelles et d’étudier une question ». Shevenell définit la recherche
comme une « investigation critique et exhaustive poursuivie par un spécialiste sur un
sujet bien déterminé aux frontières du savoir pour le vérifier, le compléter à la lumière
de principes fondamentaux ».

Mertens (1998) définit la recherche scientifique comme un processus d’investigation


systématique qui est destiné à récolter, analyser, interpréter et utiliser les données pour
comprendre, décrire, prédire et contrôler les phénomènes ou pour libérer les individus
de certains contextes. Le but ultime de la démarche scientifique est la compréhension
totale de l’univers dans lequel nous vivons. Ainsi, nous retenons, avec cet auteur,
quatre objectifs de la recherche scientifique qui sont : la description, l’explication, la
prédiction et la production des phénomènes étudiés.

Barr, cité par De Landsheere (1979), définit la recherche pédagogique comme « tout
effort systématique de compréhension provoqué par un besoin ou une difficulté dont
on a pris conscience, s’attachant à l’étude d’un phénomène complexe, dont l’intérêt
dépasse les préoccupations personnelles et immédiates, le problème étant posé sous
forme d’hypothèse ».

Toute recherche n’est pas nécessairement scientifique. Elle peut être empirique ou pas.
La recherche scientifique comporte une série de questions ou un questionnement
logique, un problème à résoudre ou à clarifier, des hypothèses et une méthode
systématique.

La recherche scientifique nait de l’existence d’un problème à résoudre ou à clarifier.


Ainsi, Kerchensteiner distingue quatre phases essentielles dans la démarche :
1. Face à une difficulté (problème) dont il prend conscience ;
2. L’homme formule une ou plusieurs solutions hypothétiques ;
3. Dont il vérifie la pertinence ;
4. Avant d’adopter l’une d’entre elles.
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Toute recherche scientifique implique l’usage de ces quatre étapes générales. Ainsi,
une simple accumulation d’informations ou tabulations des données numériques ne
peuvent pas être prises pour des recherches scientifiques.
En définitive, la recherche scientifique est l’un des modes que l’homme utilise pour
acquérir les connaissances ou comprendre le monde.

1.2. Exigences d’une recherche scientifique

Comme nous l’avons dit ci-dessus, toute recherche n’est pas scientifique. Il y a des
conditions qu’une recherche doit remplir pour qu’elle soit dite scientifique. Ces
conditions sont :
- L’existence d’un problème
- L’existence des hypothèses
- L’existence ou l’utilisation des méthodes systématiques
- L’émergence d’éléments nouveaux

1.2.1. Existence du problème

Toute recherche doit être suscitée par un problème qu’il faudra poser au préalable. Ce
problème peut être à résoudre ou à clarifier.

Un problème est à résoudre quand il est nouveau et n’a jamais fait l’objet d’une
recherche.
Par exemple, lors du génocide rwandais en 1994, les réfugiés hutus rwandais installés
près du lac ont connu un taux de mortalité très élevé qui a perturbé la communauté
internationale. C’était un problème nouveau puisqu’il venait de se poser pour la
première fois.

Un problème est à clarifier lorsqu’il a déjà été résolu quelque part mais renferme un
doute. La recherche consiste à relever le doute.
Par exemple, une méthode d’enseignement efficace à Paris peut pousser le chercheur
congolais à se demander si cette méthode peut également donner de bons résultats en
République démocratique du Congo.

Mais qu’est-ce qu’un problème ?


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Plusieurs définitions peuvent être données ; mais pour notre part, nous retenons celles-
ci :
- Un problème est un écart entre la situation idéale et la situation réelle ou vécue
sur terrain.
- Un problème est une difficulté réelle vécue sur terrain et à laquelle le chercheur
veut donner une réponse. Il faut préciser que le terrain désigne le lieu
d’investigation ; ça peut être le marché au sens large, l’école, l’entreprise,
l’hôpital, le champ, la paroisse selon le domaine de recherche.
- Un problème est un constat d’une situation vécue sur terrain par le chercheur.

Par exemple : un chercheur peut constater sur terrain qu’en Afrique les chefs d’Etats
font plus de 30 ans au pouvoir. Cela devient un problème, s’il veut comprendre les
raisons de cette situation ou proposer des pistes de solution.

Notons que les problèmes sont innombrables dans tous les milieux et que la recherche
sert à résoudre les différents problèmes qui peuvent se poser.

Remarque : Un problème peut être engendré par l’observation qui est alors utilisée
pour identifier les liens entre les variables. C’est l’exploration de ces
liens qui engendre les hypothèses. C’est ce qu’affirme Claude Bernard
en disant que « le savant complet est celui qui embrasse à la fois la
théorie et la pratique expérimentale. Il constate d’abord un fait, puis à
propos de ce fait, une idée naît dans son esprit et enfin de cette idée, il
raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions
matérielles ».

C’est tout le processus de la recherche scientifique qui est résumé dans cette citation.
De l’observation des faits naissent des propositions d’explications qui constituent des
hypothèses ; ces hypothèses sont ensuite confrontées avec la réalité au cours d’un
processus de vérification permettant de formuler une ou des explications de la réalité
qui pourront donner naissance à des lois ou des théories. Les hypothèses vérifiées
plusieurs fois dans des contextes variés donnent naissance aux théories et aux lois dont
on peut se servir de base aux recherches ultérieures.

I.2.2. Existence des hypothèses

1. Définition et notion

La section précédente a porté sur l’identification du problème qui suscite la recherche.


Après avoir clairement identifié ou défini le problème, il faut poser les hypothèses.
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Dans le domaine de la recherche scientifique, l’hypothèse est une réponse anticipée au


problème posé. Mais toute réponse anticipée à une question n’est pas nécessairement
une hypothèse. La condition essentielle est que cette réponse doit être vérifiable. En
d’autres termes, une hypothèse n’est véritablement scientifique que si elle incite la
vérification.

Nous pouvons ajouter que les hypothèses sont des suppositions (explications
possibles) susceptibles d’expliquer le problème posé, mais ces suppositions doivent
être vérifiées. Cette vérification constitue le fond de la recherche.

En général, une hypothèse est une supposition faite en réponse à une question de
recherche. Une recherche ne comporte normalement qu’une seule hypothèse
principale, qu’elle cherche précisément à tester (pour la confirmer ou l’infirmer). Elle
peut comporter une ou plusieurs hypothèses spécifiques qui découlent de l’hypothèse
principale formulée. Évidemment, la forme que prend l’hypothèse varie selon le type
de recherche qu’on entreprend.

Dans une recherche appliquée, l’hypothèse prend la forme d’une solution à un


problème particulier. Il peut être assez difficile de vérifier ce genre d’hypothèse, car il
faut avoir le temps, les moyens et les instruments pour tester l’hypothèse. Par exemple,
de nombreuses thérapies en psychologie sont plus efficaces que l’effet placebo; elles
sont extrêmement difficiles à évaluer, car les bases et les moyens de comparaison
manquent. Par contre lorsqu’une solution effective est trouvée — une technologie par
exemple — alors l’hypothèse se trouve confirmée de manière éclatante.

Dans une recherche conceptuelle, l’hypothèse prendra généralement la forme d’une


définition, d’un élément de définition, ou encore de la description de certaines
relations du concept étudié avec d’autres concepts: il s’agit de préciser le sens ou
l’usage d’un concept donné. Ce genre d’hypothèse mène à une recherche livresque à la
suite de laquelle le chercheur fera des propositions particulières.

Dans une recherche théorique, l’hypothèse sera plus ambitieuse que dans une
recherche conceptuelle, bien que du même genre. L’hypothèse sera alors soit la
démonstration de la supériorité d’une certaine théorie sur les autres, soit l’élaboration
d’une nouvelle théorie ou de nouvelles applications à une théorie existante, ou encore
la reformulation d’une théorie. Par exemple, on peut reformuler une théorie en la
transformant en modèle applicable à un domaine particulier de recherche.

Dans une recherche empirique qualitative, l’hypothèse concerne un rapport entre deux
ou plusieurs phénomènes, que nous croyons pouvoir constater dans la réalité. On
supposera qu’un certain phénomène est la cause d’un autre, ou qu’il en est une
conséquence, ou encore que certains rapports combinés entre eux ont des effets
particuliers. On évoquera des concepts explicatifs ou on proposera des formes de
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classification. Une hypothèse qualitative concerne toujours des faits que l’on ne peut
pas quantifier ou dont l’approche ne peut être que qualitative en raison de la nature
même de ce qui est étudié (certaines réalités psychologiques ou certains faits
historiques, par exemple).

Dans une recherche empirique quantitative, la notion d’hypothèse est beaucoup plus
précise que dans les autres cas. Elle concerne la réalité des faits sous une forme
vérifiable par des observations ou des expérimentations données. En fait, on considère
souvent qu’il s’agit là du type de recherche le plus intéressant et le plus important dans
plusieurs sciences humaines, comme la psychologie, la psychosociologie, l’économie,
les sciences de l’éducation, etc. Par contre, elle ne peut être pratiquée en histoire, et
elle est très difficilement applicable en anthropologie, où les méthodes qualitatives
priment.

Précisons que lorsqu’elle est bien formulée, l’hypothèse oriente l’ensemble de l’édifice
(recherche) et facilite le choix du dispositif méthodologique et expérimental.

En effet, l’hypothèse met en relation les variables de la situation en vue d’expliquer


anticipativement le phénomène. C’est ainsi qu’on parle des variables de la recherche
que sont la variable indépendante, la variable dépendante, la variable intermédiaire
ainsi que les variables parasites.

- La variable indépendante (VI) est la variable considérée comme la cause du


phénomène observé. On l’appelle aussi variable explicative ou déterminant ou
encore facteur.
- La variable dépendante (VD) est l’expression ou la partie observable de la
situation à étudier. On l’appelle aussi variable à expliquer.
- La variable intermédiaire désigne l’objet ou le sujet, le groupe d’individus
auprès duquel on observe le comportement que l’on étudie.
- Les variables parasites sont des variables parfois inconnues qui ne sont pas
directement concernées dans l’étude, mais qui peuvent perturber ou influencer
les résultats de la recherche. Il faut donc les contrôler. C’est le contrôle de ces
variables qui conduit le chercheur à mettre en place un dispositif
méthodologique rigoureux ou expérimental.

Nous pouvons prendre l’exemple suivant pour illustrer les variables indépendante,
dépendante et intermédiaire. Dans le domaine de l’éducation scolaire, un travail sur
les échecs scolaires peut nous indiquer que la variable indépendante serait la ou les
causes des échecs, la variable dépendante serait l’échec ou la baisse du rendement
scolaire, tandis que la variable intermédiaire serait l’élève ou les élèves sur lesquels on
va observer le comportement d’échecs.
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Remarques :

- Dans une recherche scientifique, l’hypothèse est très importante car elle sert de
fil conducteur à toute la démarche qu’on va entreprendre. D’ailleurs, tout ce
qu’on va faire pendant la recherche n’est qu’une ou des tentatives pour vérifier
l’hypothèse.
- Comme l’hypothèse est une réponse anticipée à la question posée dans la
problématique, il est tout à fait logique que chaque question de la problématique
donne lieu tout au moins à une hypothèse.

Mais pour être valables sur le plan scientifique, les hypothèses doivent être utilisées
sous certaines conditions :
- L’hypothèse doit être vérifiable ;
- Elle doit mettre en œuvre des faits réels et ne pas comporter de jugements de
valeur (proscrire les termes ambigus : bon, mauvais, etc.) ;
- Enfin elle doit se rattacher à une théorie existante et être en conformité avec le
contenu actuel de la science (Lo, 2000).

Sans hypothèse (a) directrice (e), la recherche dégénère en une accumulation stérile de
données ou d’informations. La bonne hypothèse est certes celle qui sera féconde et
permettra un nouveau pas de la science. Une bonne hypothèse doit être une réponse
adéquate à la question posée. Elle doit tenir compte de connaissances acquises, et elle
doit être vérifiable. En général, la bonne hypothèse est choisie parmi d’autres, au
cours d’une mise au point préliminaire. Certaines hypothèses sont plus satisfaisantes
que d’autres. Comment opérer le choix ? Si deux hypothèses expliquent le même fait,
comment déterminer celle qui paraît plus désirable ? Les critères suivants peuvent
aider le chercheur à juger.

2. Critères de sélection des hypothèses

En élaborant les hypothèses susceptibles de créer la théorie de base d’un


phénomène, il est important que les hypothèses répondent à une série de critères.

1. L’importance de l’hypothèse ou de l’idée pour le phénomène étudié

Il est important que l’hypothèse réponde à l’aspect explicatif le plus englobant du


phénomène. Les idées doivent s’attaquer au processus de base du phénomène.

2. La réfutabilité de l’hypothèse
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L’idée ou l’hypothèse suggérée doit être réfutable, c’est-à-dire qu’il doit être possible
de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse conçue. Un des principes importants de la
science étant l’empirisme, c’est-à-dire que tout peut être soumis à l’expérimentation,
une hypothèse dont la réfutabilité est douteuse doit être abandonnée.

3. L’opérationnalité de l’hypothèse

L’idée ou l’hypothèse doit être opérationnelle en ce sens qu’il doit être possible de
spécifier les opérations susceptibles de permettre son expérimentation, de mettre sur
pied une procédure permettant de réfuter ou de confirmer l’idée émise.

4. L’idée doit tenir compte de l’éthique

Même si les idées sont acceptables sur le plan scientifique, il reste à examiner si elles
répondent à l’éthique de chaque peuple ou groupe social. S’il est scientifiquement
acceptable de mesurer le degré d’activité sexuelle d’un couple, par exemple, il n’est
pas admissible de dissimuler des caméras de surveillance dans les chambres intimes
des époux. Une telle pratique enfreint à la moralité des personnes et enlève à la
science toute prétention à son objectif ultime qui est de servir l’homme.

5. La testabilité

Toute hypothèse doit être stable ou vérifiable, c’est-à-dire doit inciter la vérification.

6. La simplicité

Si deux hypothèses expliquent le même fait, la plus simple est la meilleure. On fera
donc une évaluation des hypothèses pour retenir celle qui parait la plus simple.

I.2.3. Existence ou utilisation des méthodes systématiques

Selon Dépelteau (2000), le mot « méthode » est un emprunt du mot latin methodus qui
est à son tour emprunté au mot grec methodos qui signifie « route, voie », « direction
qui mène au but ». D’abord introduit en médecine (vers 1537), le mot « méthode »
signifiait « manière particulière d’appliquer une médication », puis « procédés
raisonnés sur lesquels reposent l’enseignement, la pratique d’un art ». En 1637, le
philosophe René Descartes lui donne le sens de « manière de faire » de la science ou
de « procédé » d’un raisonnement scientifique. D’une manière générale, la notion de
méthodologie de la recherche désigne donc l’ensemble des règles, étapes et procédures
auxquelles on a recours dans une science pour saisir les objets étudiés.
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Une recherche scientifique doit utiliser des méthodes éprouvées de sorte que tout autre
chercheur puisse aboutir à des résultats comparables s’il les utilise. L’utilisation des
méthodes nous amène sur la piste des techniques de récolte et de traitement des
données.

La méthode est conçue comme une marche rationnelle de l’esprit pour arriver à la
connaissance ou à la démonstration de la vérité. Les techniques, quant à elles,
apparaissent comme des outils de recherche mis en œuvre en fonction d’une stratégie
générale définie par la méthode.

C’est donc en fonction de la méthode qu’on choisit les techniques. C’est ainsi que
dans un langage vulgaire, la méthode apparaît comme la route tandis que les
techniques comme les moyens utilisés sur cette route (ces moyens peuvent être les
pieds, le vélo ou l’autocar).

Notons que la pertinence des méthodes et des techniques sera le contenu du cours de
méthodes de recherche en deuxième graduat.

I.2.4. Emergence d’éléments nouveaux

Toute recherche scientifique doit aboutir à l’émergence de nouveaux


éléments à apporter à l’état actuel de la science. A ce sujet, faisons remarquer que
c’est l’ensemble de ces nouveaux éléments qui conduisent à l’élaboration des lois si
ces éléments sont confirmés de façon répétitive dans plusieurs recherches différentes.

Le premier devoir d’un chercheur est de mettre le monde scientifique au courant de ses
découvertes. A quoi servirait la recherche si les résultats ne pouvaient être
adéquatement présentés au monde scientifique.

Tout effort de réflexion et/ou tout travail de recherche bien fait doivent aboutir à des
résultats originaux et ne doivent pas demeurer inconnus. Un chercheur doit publier les
résultats originaux de ses travaux, car de telles publications enrichissent les
connaissances, évitent la duplication de mêmes travaux, suscitent de nouvelles
hypothèses qui ouvrent à leur tour de nouvelles avenues de recherche.

Notons également que la longueur d’un texte n’est pas nécessairement directement
proportionnelle à l’importance de son contenu. Exemple, l’article de Watson et Crick
sur la structure de l’ADN, qui a bouleversé complètement nos connaissances en
biologie, n’avait pas plus d’une page dans la revue « Native ».

Note spéciale : force de la méthode scientifique


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

La puissance de la recherche scientifique repose sur ses qualités propres. On peut en


dénombrer huit.

1. Le caractère exhaustif et rigoureux des descriptions et des classifications : en


science, les descriptions doivent être systématiques et complètes. La classification des
éléments doit se faire sur une base logique et objective.

2. Le caractère systématique et exact des observations : les observations ne doivent


rien laisser au hasard et doivent se dérouler de manière ordonnée et complète. Elles
doivent être le fait de nombreux observateurs indépendants les uns des autres. Les
enquêtés peuvent être considérés comme des observateurs indépendants d’un
phénomène donné.

3. La reproductibilité des expériences : les expériences doivent être menées et décrites


de manière rigoureuse de façon à ce que le plus haut degré possible d’objectivité soit
atteint. Toute expérience doit être menée et décrite de manière à pouvoir être
reproduite et vérifiée.
L’objectivité est la capacité de reconnaître ce qui est réel, indépendamment de tout
préjugé et de toute interprétation personnelle. C’est le contraire de la subjectivité. Être
objectif, c’est demeurer neutre, impartial devant les faits.

4. La rigueur des concepts : Les concepts utilisés doivent être définis de manière
rigoureuse, sans aucune équivoque, ou à tout le moins de la manière la plus exacte
possible.

5. La logique des raisonnements : qu’ils soient inductifs, déductifs ou probabilistes1,


les raisonnements doivent être parfaitement clairs et doivent obéir aux lois de la
logique.

6. La faillibilité des théories : les théories qui expliquent les phénomènes en faisant
intervenir des facteurs ou des causes particulières doivent être faillibles, c’est-à-dire
qu’elles doivent avoir des conséquences concrètes (ou faits tangibles) qu’on peut
potentiellement observer et qui vont permettre de confirmer ou d’infirmer les théories
en question. Les théories qui sont compatibles avec n’importe quel fait et ne prédisent
rien de précis ne sont d’aucune utilité.

7. Le caractère provisoire des conclusions : toute conclusion scientifique, aussi ferme


soit-elle, doit être considérée comme vraie jusqu’à ce qu’on ait prouvé le contraire ou
qu’on dispose d’une meilleure explication, plus exacte ou plus complète. Il n’y a pas
de vérité définitive ni de vérité absolue en science.
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Un raisonnement inductif est un raisonnement basé sur un grand nombre de cas particuliers ou
d’observations, qui permet ainsi une généralisation. Un raisonnement déductif est un raisonnement logique
par lequel on tire une conclusion nécessaire à partir de prémisses. Un raisonnement probabiliste est un
raisonnement reposant sur les probabilités et comportant une certaine marge d’erreur, par exemple 5 %.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

8. La probité des chercheurs : les chercheurs ne doivent jamais fausser ou modifier


leurs résultats afin de les rendre conformes à leurs théories ou à leurs hypothèses. Ils
doivent se soumettre volontiers à toute vérification extérieure au besoin.

En outre, quels que soient ses résultats (que l’hypothèse de recherche soit confirmée,
infirmée ou reformulée), toute recherche scientifique aboutit à l’obligation
d’entreprendre de nouvelles recherches. Ainsi, la recherche scientifique est-elle par
définition un cycle sans fin, chaque recherche suscitant un ou plusieurs
questionnements nouveaux. Ce processus est indépendant des individus particuliers. Il
se peut qu’une recherche donne naissance à un nouveau sujet de recherche qui sera
étudié bien des années plus tard ou à des milliers de kilomètres du lieu où la recherche
a d’abord été faite. Ce caractère impersonnel de la recherche scientifique lui permet de
progresser grâce à l’universalité de ses méthodes à travers des générations de
chercheurs, indépendamment des frontières.

I.3. Evaluation du problème

Après avoir clairement identifié et défini le problème, le chercheur doit l’évaluer.


Pour ce faire, il doit se poser des questions de deux ordres, à savoir :

- Des questions d’ordre personnel ;


- Des questions d’ordre social.

I.3.1. Considérations personnelles du problème

Le chercheur s’interroge en lui-même pour savoir si le problème faisant l’objet de la


recherche répond à ses aspirations personnelles. En d’autres termes, cette recherche
est-elle intéressante pour le chercheur ?

Pour éviter certaines insuffisances notamment le manque d’aptitudes, de soutien


financier ou matériel, le chercheur devrait explorer les questions suivantes :

(1) Le problème est-il adapté à mes goûts, aptitudes, intérêts, but ?


(2) Ai-je accès aux instruments de recherche, à l’équipement, aux laboratoires,
etc. ?
(3) Ai-je l’argent, le temps, la santé, la liberté pour achever la recherche ?
(4) Aurai-je le soutien administratif et la coopération nécessaire ?

Dans le cadre de la formation universitaire, il est aberrant de constater que beaucoup


d’étudiants endossent des sujets qui leur sont proposés par leurs directeurs, lesquels
sujets ne répondent pas à leurs intérêts et leurs aspirations. Ils les acceptent juste pour
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

avoir leurs diplômes sans tenir compte de l’ennui qu’on peut ressentir en abordant un
sujet qui ne répond pas à ses attentes.

I.3.2. Considérations sociales du problème

Le chercheur se pose une série des questions d’ordre social sur le problème abordé.
Parmi les questions, les principales sont :

a) Le problème identifié et défini peut-il faire l’objet d’une recherche ?

Il y a des problèmes qui ne nécessitent pas de recherche scientifique puisque la


réponse saute aux yeux ou il suffit d’une décision administrative et/ou politique pour
que la solution ou la réponse soit trouvée.

Par exemple :

1. Une recherche sur l’absentéisme des fonctionnaires de l’Etat démontre que cela
nécessite une décision administrative pour bien payer ces derniers afin de
résoudre le problème.
2. Une recherche sur l’opinion des femmes légitimes sur les « 2èmes femmes ou
bureaux » nous donne d’avance la réponse portant opinion négative de ces
femmes.

Si le problème identifié ne vaut rien, il faut l’abandonner ou le changer et ne pas faire


semblant de faire une recherche. Il est inutile de faire une recherche dont la solution
est connue d’avance.

b) Quelle est la contribution de ma recherche à l’état actuel de la science dans le


domaine concerné par ma recherche ? En d’autres termes, quel est l’apport de
ma recherche à l’état actuel de la science ?

C’est à ce niveau que se situe la valeur d’une recherche scientifique. Toute recherche
bien menée doit aboutir, si elle est scientifique, à l’émergence des éléments nouveaux,
c’est-à-dire des connaissances nouvelles dans le domaine scientifique concerné.

Attention : TRAVAIL PRATIQUE OBLIGATOIRE (formulation de la


problématique et des hypothèses)

EN GUISE DE LECTURE LIBRE :


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

1.4. Recherche scientifique : sur quoi, auprès de qui et comment procéder

Si l’on se réfère au schéma résumant les étapes de la recherche, cette section


correspond à l’étape 5 du prochain chapitre : l’observation. L’observation comprend
l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse est soumis à l’épreuve
des faits, confronté à des données observables. L’observation ou travail de terrain est
une étape essentielle en sciences humaines. Selon Quivy et Van Campenhoudt (2006,
p. 144), le sens de l’observation en sciences humaines et sociales est triple :
 Elle vise à tester des hypothèses ;

 Elle confère à la recherche un principe de réalité ;

 Elle met, systématiquement et délibérément, le chercheur en situation d’être


surpris, c’est-à-dire qu’elle contraint le chercheur à explorer des aspects du
phénomène étudié qui ne cadrent pas forcément avec les intuitions de départ.

La question qui se pose maintenant est de savoir de quelles données on cherche


(observer quoi ?), auprès de quelle population et dans quel espace (observer sur qui ?)
et comment procéder (observer comment ?).

1.4.1. Objet de la recherche

Pour tester les hypothèses, le chercheur aura besoin des données qui sont définies par
des indicateurs (variables). Il fera aussi porter l’observation sur les indicateurs des
hypothèses complémentaires. Par exemple, pour estimer l’impact d’un phénomène sur
un autre, il ne suffit pas d’étudier les relations entre les deux seules variables
annoncées par l’hypothèse. Il est plutôt indispensable de prendre en compte les
variables de contrôle car, les corrélations observées, loin de traduire des liens de cause
à effet, peuvent résulter d’autres facteurs qui relèvent du même système d’interaction.
Cela nécessite donc la collecte des données relatives à d’autres variables que celles qui
sont prévues par les hypothèses principales. Cependant, il faut récolter les données
pertinentes, autrement dit, il faut se limiter aux données utiles à la vérification des
hypothèses. Encore une fois ici, il faut que les données s’inscrivent dans le cadre d’un
modèle d’analyse déjà construit par le chercheur.

1.4.2. Sujets de la recherche

En plus de la définition des données à récolter, il faut circonscrire le champ des


analyses empiriques dans le temps et dans l’espace géographique et social. Dans ce
cas, deux situations peuvent se présenter : soit le travail porte sur un phénomène
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

singulier (exemple : recrutement d’une école, communication d’un service hospitalier


particulier, etc.). Dans cette situation, l’objet du travail définit lui-même de facto les
limites de l’analyse. Néanmoins, le chercheur doit préciser explicitement la période
d’observation, les limites géographiques, les organisations et les acteurs qui seront pris
en compte. Soit le chercheur met l’accent sur des processus sociaux. Dans cette
situation, les choix s’imposent en fonctions de plusieurs critères tels que les
hypothèses de travail, les délais et les ressources dont dispose le chercheur.
Dans l’une comme dans l’autre situation, le chercheur peut étudier soit l’ensemble de
la population considérée, soit se limiter à un échantillon représentatif ou significatif de
cette population. Nous reviendrons plus loin à la notion d’échantillonnage.

1.4.3. Méthodes de la recherche

Ici, il ne faut pas comprendre le terme « méthode » dans le sens large du dispositif
global d’élucidation du réel mais plutôt dans un sens plus restreint, celui de dispositif
spécifique de recueil et d’analyse des données nécessaires au test des hypothèses de
travail. On recourt très souvent à la méthode d’observation qui peut se matérialiser
sous plusieurs formes. Pour des amples informations, l’étudiant peut se référer au
cours des méthodes de recherche dispensé en deuxième graduat.

Néanmoins, on peut retenir qu’en général on distingue trois opérations dans


l’observation :
 Il faut concevoir un instrument capable de recueillir ou de produire les
informations nécessaires pour tester des hypothèses. Dans la plupart des cas, cet
instrument est un questionnaire ou un guide d’entretien. Pour que cet instrument
puisse produire des informations pertinentes, il faut qu’il contienne des
questions portant sur chacun des indicateurs retenus à l’avance et que les
questions soient précises.

 Il faut tester l’instrument d’observation. Non seulement il est impératif que les
questions soient précises mais aussi, il faut qu’elles soient comprises par
l’enquêté (l’informateur). Il faut donc tester les questions en les soumettant à un
petit nombre de sujets appartenant aux différentes catégories composant
l’échantillon. C’est ainsi donc qu’on identifie les questions qui posent problème
(des questions mal formulées ou des « sujets qui fâchent »).

 La mise en œuvre de l’instrument d’observation. C’est ici la phase de la collecte


des données.
17
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Les méthodes de recueil et les méthodes d’analyse des données doivent être définies
en fonction des objectifs et des hypothèses de travail ainsi que des moyens disponibles.
18
Initiation à la recherche – Albert Phongi

CHAPITRE 2. ETAPES DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 

Les étapes de la recherche scientifique telles que présentées ci-dessous concernent


toute démarche scientifique dans les prolongements de ce qui est abordé dans le
chapitre précédent. On va s’inspirer de la démarche adoptée dans les sciences sociales
tout en élargissant la réflexion aux sciences humaines.
Selon Quivy et Van Campenhoudt (2006), le chercheur en sciences sociales doit avoir
une méthode. Sans méthode, le chercheur risque de s’égarer dans la confusion et
perdre toute rigueur. Selon ces auteurs, il s’agit de respecter certains principes
généraux du travail scientifique d’une part et de distinguer et mettre en œuvre de
manière cohérente les différentes étapes de la recherche.
19
Initiation à la recherche – Albert Phongi

On distingue donc sept étapes de la démarche scientifique (Quivy et Van


Campenhoudt, 2006).

Etape 1 : La question de départ

Etape 2 : L’exploration

Les lectures Les entretiens Rupture


exploratoires

Etape 3 : La problématique

Construction

Etape 4 : La construction du modèle


d’analyse

Etape 5 : L’observation

Constatation
Etape 6 : L’analyse des informations

Etape 7 : Les conclusions

Source : Quivy et Campenhoudt, 2006, p.16

NB : ces étapes ont été présentées d’une manière séquentielle pour des raisons
didactiques. En réalité, les différentes étapes sont en interaction permanente, d’où les
boucles de rétroaction introduites dans le schéma.

2.1. Question de départ

La question de départ est le premier fil conducteur que se fixe le chercheur. C’est le
début de la démarche ; elle permet de structurer le travail d’une manière cohérente. La
20
Initiation à la recherche – Albert Phongi

question de départ n’est que provisoire. Elle est susceptible de changer de perspective
au cours de la recherche. Elle se veut donc simple et claire.
Une bonne question de départ doit remplir un certain nombre de conditions (Quivy et
Van Campenhoudt, 2006) :
- les qualités de clarté : la question de départ doit être précise et concise. Certes
il est indispensable de définir clairement les termes de la question de départ
mais aussi il « s’efforcer d’être aussi limpide que possible dans la formulation
de la question elle-même » (Quivy et Van Campenhoudt, 2006).

- Les qualités de faisabilité : en d’autres termes, le travail que la question laisse


entrevoir est-il réaliste ou non ? Le chercheur doit d’abord s’assurer qu’il a des
ressources suffisantes (ressources personnelles, matérielles et techniques) qui
lui permettront de répondre valablement à sa question de départ.

- Les qualités de pertinence : une bonne question de départ n’aura pas de


connotation morale. Elle cherchera non à juger mais bien à expliquer et à
comprendre. En d’autres termes, il faut éviter des jugements de valeur et des
affirmations gratuites (des formulations tendancieuses). Une bonne question de
départ est donc une question ouverte, c'est-à-dire que plusieurs réponses
différentes sont envisageables a priori. Bref, une bonne question de départ vise
à mieux expliquer et mieux comprendre les phénomènes étudiés et pas
seulement de les décrire.

2.2. Exploration

Nous venons de dire que la question de départ est le fil conducteur de la recherche en
sciences sociales. Il s’agit à présent de voir comment s’y prendre pour bien construire
sa problématique de recherche. L’exploration comprend donc les opérations de lecture,
les entretiens exploratoires et des méthodes d’explorations complémentaires.
2.2.1. Lecture 

Elle permet au lecteur de prendre connaissance des travaux antérieurs qui portent sur la
même problématique ou des problématiques comparables. Elle permet également de
situer son travail par rapport à des cadres conceptuels reconnus. Sur ce, il faut une
méthode de travail correctement élaborée afin de mieux orienter ses lectures. Quivy et
Van Campenhoudt (2006) propose cinq critères de choix de sa littérature :

1er critère : il faut partir de sa question de départ (fil conducteur de son travail).
21
Initiation à la recherche – Albert Phongi

On peut procéder en recourant au mot clé que recèle la question de départ. En faisant
une recherche par mot clé sur internet, on peut dégager toutes les ressources
contenant ce mot clé pour orienter les premières lectures.
2ème critère : sélectionner les ouvrages qui présentent des repères théoriques et une
réflexion de synthèse dans le domaine de recherche concerné ou vers quelques
articles de revue scientifique.
3ème critère : dans cette phase exploratoire, il est préférable de sélectionner des textes
comportant des éléments d’analyse et d’interprétation plutôt que non des textes
descriptifs des données uniquement.
4ème critère : sélectionner des textes qui présentent des approches diversifiées du
phénomène étudié. Cela aide à confronter des points de vue différents. La prise en
compte des textes plus théoriques présentent des problématiques et des modèles
d’analyses susceptibles d’inspirer des hypothèques intéressantes.
5ème critère : alterner les lectures et les discussions avec les experts et les collègues. Il
faut donc prévoir, à intervalle régulier, des plages de temps consacrées à la réflexion
personnelle et à la discussion avec ses collègues ou autres personnes capables d’aider
à progresser. Les auteurs proposent de prendre une pause pour réfléchir après deux
ou trois lectures successives.

2.2.2. Entretiens exploratoires 

De même que la lecture, les entretiens exploratoires aident à constituer la


problématique de recherche. Ils contribuent à découvrir les aspects à prendre en
considération. Selon Quivy et Van Campenhoudt (2006, p.58), « les entretiens
exploratoires ont pour fonction principale de mettre en lumière des aspects du
phénomène étudié auxquels le chercheur n’aurait pas pensé spontanément lui-même et
à compléter ainsi les pistes de travail que ses lectures auront mises en évidence ».
Selon ces auteurs, les méthodes très formelles et structurées ne sont pas très
nécessaires à ce stade de la recherche. Il faut plutôt privilégier les méthodes plus
souples d’application telles que les entretiens semi-structurés ou l’observation où le
chercheur dispose d’un degré de liberté important est laissé au chercheur. En fait, le
but des entretiens exploratoires est de trouver des pistes de réflexion, des idées et des
hypothèses de travail et non à vérifier des hypothèses préétablies.
Quivy et Van Campenhoudt (2006) proposent trois conditions pour que les entretiens
exploratoires aboutissent à des perspectives de recherche valables :
- Le choix des personnes à interviewer : des enseignants et chercheurs spécialisés
dans le domaine de recherche concernés par la question de départ ; des témoins
privilégiés, c’est-à-dire des personnes qui, par leur position, leur action ou leur
22
Initiation à la recherche – Albert Phongi

responsabilité ont une bonne connaissance du terrain et ceux qui constituent le


public directement concerné par l’étude.

- Mieux s’y prendre pour mener un entretien : ici, les auteurs proposent de
privilégier les entretiens semi directifs ou semi-structurés. Etant donné que
l’entretien exploratoire n’est ni un interrogatoire, ni une enquête par
questionnaire, l’interviewer doit s’efforcer de poser le moins de questions
possible. Une brève introduction des objectifs de l’entretien et de ce qui est
attendu suffit pour donner à l’interviewé le ton général de la conversation libre
et ouverte. Il est important de laisser l’interviewé s’exprimer librement dans son
propre langage. Cependant, il est nécessaire d’intervenir de temps en temps
pour recentrer l’entretien sur ses objectifs ou pour inciter l’interviewé à
approfondir certains aspects particulièrement importants du thème abordé. On
appelle ces interventions des « relances ». Il ne faut pas, par contre, craindre les
silences qui, parfois, permettent à l’interviewé de réfléchir calmement et de
rassembler les souvenir. L’interviewer doit évidemment éviter de s’engager
dans des débats d’idées ou de prendre position à l’égard des propositions de
l’interviewé. Enfin, il faut songer à enregistrer l’entretien avec, bien sûr,
l’autorisation du répondant.  environnement favorable

- L’exploitation des entretiens : en guise de rappel, à ce stade d’exploration, les


entretiens n’ont pas pour but de vérifier des hypothèses ni de recueillir ou
d’analyser des données. Ils ont plutôt pour fonction d’ouvrir des pistes de
réflexion et de prendre conscience des aspects d’un problème auxquels le
chercheur n’aurait pas pensé spontanément. Ainsi, les entretiens seront analysés
d’une manière très ouverte sans grille d’analyse établie à l’avance. Dans ce cas,
l’exploitation des entretiens est double : (1) le discours peut être analysé en tant
que donnée c'est-à-dire que les propos entendus peuvent être directement
abordés en tant que source d’informations. Les entretiens seront donc écouter et
réécouter les uns après les autres en dégageant des idées, en mettant en
évidence des contradictions internes et des divergences de points de vue et en
en déduisant le message qu’ils portent. Il faut donc être attentif aux détails qui
peuvent être révélateur des aspects cachés mais importants. (2) le discours peut
être également analysé en tant que processus au cours duquel l’interviewé
exprime sur lui-même une vérité plus profonde que ce qui est directement
perceptible. A ce moment-là, l’analyse du discours est plus profonde.

2.3. Problématique
23
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Après l’exploration, il est important de prendre de la hauteur par rapport aux


informations recueillies afin de définir la problématique en rapport avec la question de
départ. « La problématique est l’approche ou la perspective théorique qu’on décide
d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est l’angle sous
lequel les phénomènes vont être étudiés, la manière dont on va les interroger. La
problématique fait donc le lien entre un objet d’étude et des ressources théoriques que
l’on pense adéquates pour l’étudier.» (Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 75).
La problématique va conduire à la reformulation de la question de départ améliorée
grâce aux lectures et aux entretiens exploratoires et cette question deviendra la
question de recherche. C’est d’ailleurs en exploitant ces lectures et ces entretiens
exploratoires que la problématique est élaborée. En d’autres termes, construire sa
problématique revient à élaborer une manière spécifique d’envisager un problème et de
proposer des réponses à la question de départ.
Elle aboutit toujours sur la question de recherche qui peut comporter une question
globale et des sous-questions donnant lieu par la suite aux hypothèses (globale et
spécifiques).
2.4. Construction du modèle d’analyse

Le modèle d’analyse se prépare tout au long de la phase exploratoire. En fait, des


concepts clés et des hypothèses majeures sortiront des différentes lectures ou des
entretiens exploratoires. En fonction de sa question de départ, de sa formation et des
moyens dont il dispose ou encore de son institution d’attache, chaque chercheur
emprunte son propre chemin pour élaborer son modèle d’analyse. Quivy et Van
Campenhoudt (2006) proposent deux manières de procéder tout en soulignant qu’il n’y
a pas de séparation nette entre elles.

2.4.1. Construction des concepts

Selon ces auteurs, la conceptualisation est une construction abstraite qui vise à rendre
compte du réel. Elle ne retient pas tous les aspects de la réalité concernée mais
seulement ce qui exprime l’essentiel du point de vue du chercheur. Les auteurs parlent
donc de la « construction-sélection ». Construire un concept c’est d’abord déterminer
les dimensions qui le constituent et par lesquelles il rend compte du réel. C’est ensuite
en préciser les indicateurs grâce auxquels les dimensions pourront être mesurées. Le
plus souvent, en sciences sociales, les concepts et les dimensions ne sont pas
directement observables. Les indicateurs permettent de les rendre opérationnels car ils
sont objectivement mesurables.
Certains concepts sont simples (ex. vieillesse) et n’ont qu’une seule dimension (ex.
chronologique) et un indicateur (âge). D’autres sont très complexes et obligent une
24
Initiation à la recherche – Albert Phongi

décomposition de certaines dimensions en composantes avant de construire des


indicateurs. Selon Quivy et Van Campenhoudt (2006), il y a deux façons de construire
un indicateur : par induction, ce qui produit des concepts opératoires isolés ou par
déduction, ce qui produit des concepts systémiques
 Le concept opératoire isolé : il s’agit d’un concept construit empiriquement à
partir d’observations directes ou d’informations rassemblées par les autres. En
d’autres termes, cette construction est la résultante de la phase exploratoire déjà
évoquée.

 Le concept systémique : la construction des concepts systémiques repose sur la


logique des relations entre les éléments d’un système théorique. Contrairement
au concept opératoire isolé, le concept systémique n’est pas induit par
l’expérience. Il est plutôt construit par raisonnement abstrait : déduction,
analogie, opposition, implication, etc. Souvent, ce travail abstrait s’articule à
l’un ou l’autre cadre de pensée plus générale, qu’on appelle théorie générale ou
paradigme.

La construction du concept opératoire isolé ou systémique implique l’élaboration des


dimensions, des composantes et des indicateurs. Cependant, certains concepts peuvent
n’avoir qu’une dimension ou une composante correspondant à un seul indicateur,
comme par exemple la vieillesse et la date de naissance. Que l’on procède par
méthode inductive (concept opératoire isolé) ou déductive (concept systémique), la
construction conduit toujours à opérer une sélection sur le réel. Pour le concept
systémique, la sélection est le produit d’une logique déductive et abstraite, ce qui est
considéré comme la manière la plus apte à rompre avec les préjugés. Pour le concept
opératoire isolé, la sélection repose aussi sur une construction, mais l’empirisme du
procédé inductif le rend plus vulnérable aux préjugés.

2.4.2. Construction des hypothèses

Toute recherche scientifique doit s’organiser autour d’une ou plusieurs hypothèses de


recherche. Celles-ci permettent de mener la recherche avec ordre et rigueur. Fondée
sur une réflexion théorique et sur une connaissance du phénomène étudié, l’hypothèse
se présente comme une présomption non gratuite portant sur le comportement des
objets réels étudiés. C’est, en d’autres termes, la réponse provisoire à la question de
départ. La suite du travail consistera à tester les hypothèses en les confrontant aux
données d’observation. En réalité, « les recherches se présentent comme des va-et-
vient entre une réflexion théorique et un travail empirique. Les hypothèses constituent
les charnières de ce mouvement ; elles lui donnent son amplitude et assurent la
cohérence entre les parties du travail » (Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p.114).
L’hypothèse peut donc prendre deux formes différentes :
25
Initiation à la recherche – Albert Phongi

 L’hypothèse se présente comme l’anticipation d’une relation entre un


phénomène et un concept capable d’en rendre compte. Quivy et Van
Campenhoudt (2006) donnent l’exemple d’hypothèse formulée par le
sociologue Alain Tourraine (Lutte étudiante, Paris, Le Seuil, 1978) sur
l’agitation étudiante en France. Selon ce dernier, l’agitation porte en elle un
mouvement social capable de lutter au nom d’objectifs généraux contre une
domination sociale. Ainsi, l’auteur présuppose une relation entre le phénomène
de l’agitation étudiante et le concept de mouvement social qu’il a défini dans
son modèle d’analyse. La confrontation de la manière dont les militants
étudiants perçoivent et vivent leur lutte avec les caractéristiques théoriques du
concept de mouvement social permettra de tester l’hypothèse et, par-là, de
mieux comprendre la nature de l’action des étudiants.

 L’hypothèse se présente alors comme l’anticipation d’une relation entre deux


concepts ou entre les deux types de phénomènes qu’ils désignent. Cette
deuxième forme d’hypothèse est la plus courante en recherche sociale. A titre
d’exemple, selon Emile Durkheim, le taux de suicide dépend du degré de
cohérence de la société. Cette hypothèse anticipe une relation entre deux
concepts et, par suite, entre les deux types de phénomènes qu’ils recouvrent.

Sous ses deux formes, l’hypothèse doit être exprimée sous une forme observable. Cela
signifie qu’elle doit indiquer, directement ou indirectement, le type d’observation à
rassembler ainsi que les relations à constater entre ces observations afin de vérifier
dans quelle mesure cette hypothèse est confirmée ou infirmée par les faits. C’est ce
qu’on appelle vérification empirique.
En effet, la construction d’une hypothèse ne consiste pas en une simple imagination
d’une relation entre deux variables ou deux termes isolés. Elle s’inscrit plutôt dans une
logique théorique de la problématique. Par ailleurs, il est rare qu’on s’en tienne à une
seule hypothèse, c’est plutôt une série d’hypothèses qui s’articulent les unes aux autres
et s’intègrent à la problématique. On dira donc que la problématique, le modèle, les
concepts et les hypothèses sont indissociables. Leur construction repose sur une
procédure inductive semblable à celle du concept opératoire isolé, soit sur un
raisonnement de type déductif analogue à celui du concept systémique.
1° Construction d’hypothèses et modèles induits :
Selon Quivy et Van Campenhoudt (2006, p.129), toute construction du modèle
d’analyse doit répondre à deux conditions : constituer un système de relations et être
rationnellement ou logiquement construit. Pour illustrer ces propos, les auteurs partent
d’un exemple d’une étude portant sur les facteurs de réussite scolaire à l’école
primaire. La question de départ est : quels sont les facteurs de réussite à l’école
primaire ? Voici les hypothèses identifiées après quelques lectures :
26
Initiation à la recherche – Albert Phongi

 la réussite est plus fréquente dans les milieux favorisés, c’est-à-dire dans les
familles avec un revenu important ou dont le père occupe une position sociale
élevée.

 La réussite dépend de la disponibilité des parents à l’égard de l’enfant.


Autrement dit, les résultats scolaires peuvent souffrir de l’activité
professionnelle trop prenante des deux parents.

 La réussite scolaire dépend du niveau d’instruction des parents. Plus ce niveau


est élevé, plus les parents sont conscients de l’importance des activités qui
aident à favoriser le développement intellectuel des enfants.

Ces hypothèses peuvent être testées les unes indépendamment des autres, ce qui donne
le schéma suivant :
Revenu
Etudes Profession

Intérêt Réussite Contexte culturel

Source : Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 130

Traitées ainsi, ces hypothèses, même confirmées, ne permettent pas de comprendre les
interactions entre les facteurs de la réussite scolaire. Dans ce cas, on ne peut pas parler
de modèle. Par contre, il y a moyen de construire un système de relations beaucoup
plus intéressant si l’on s’inspire des recherches antérieures ou du travail
exploratoire (Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 130) :
 Plus le niveau d’instruction des parents est élevé, plus leur position
professionnelle sera importante (H1) et plus les revenus seront élevés (H5). Le
niveau d’éducation associé à ce niveau d’études devrait accroître la conscience
des besoins de l’enfant ainsi que l’intérêt qu’on lui porte (H2). En outre, il
devrait favoriser un contexte culturel propice au développement intellectuel de
l’enfant (H3). Par conséquent, si revenu (H6), intérêt (H7) et contexte culturel
(H8) sont réellement élevés dans la famille en question, le taux de réussite des
enfants devrait être plus élevé que dans les familles qui ne représentent pas ces
caractéristiques.

Niveau d’études du père et de la


mère
27
Initiation à la recherche – Albert Phongi

H1 H2 H9 H3

H4
Profession Contexte culturel
Intérêt
H5 H7 H8

H6
Revenus
Réussite scolaire
Source : Quivy et Van Campenhoudt, 2006, p. 130

2° Construction par déduction


Quivy et Van Campenhoudt (2006, p. 131) donnent l’exemple d’une réflexion sur la
délinquance juvénile en s’inspirant de la théorie du rapport social et de l’acteur social.
Les auteurs résument la problématique : « socialisé dès la naissance, l’individu fait
partie de plusieurs systèmes de rapports sociaux. Il se constitue en acteur social
coopérant et négociant (conflictuellement) les fruits et les modalités de cette
coopération. Image de soi, équilibre et structure de la personnalité sont liés à la
manière dont il est structuré comme acteur social et pâtissent dès que sa participation
à la coopération et à la négociation tend vers zéro. S’il se trouve hors-jeu et ne peut
intervenir pour en modifier les règles, il aura tendance (réaction de défense du moi) à
chercher ou à inventer d’autres jeux dans lesquels il pourra nouer de nouveaux
rapports sociaux qui l’institueront comme acteur social valable à ses propres yeux ».
Voici les hypothèses qui découlent de cette problématique :
 Les jeunes délinquants sont des acteurs sociaux qui, par rapport à la société, se
caractérisent par une coopération minimale (faible intégration sociale,
exclusion sociale) et une propension conflictuelle élevée (vandalisme et
violence comme rejet de la société).

 Ces comportements violents constituent une tentative « hors normes » ou


déviante de se restructurer comme acteur social. En d’autres termes, ces actions
violentes et d’autres conduites marginales sont les nouveaux jeux dans lesquels
les individus se reconstituent comme acteurs par le fait d’y coopérer
activement, d’une part, et de pouvoir en négocier les règles et rôles, d’autre
part.

En guise de conclusion de cette section sur la formulation des hypothèses, il est


important de souligner que toute hypothèse doit être falsifiable, c’est-à-dire que, à
partir de l’examen des données, le chercheur doit montrer dans quelle mesure
l’hypothèse est vraie ou fausse. Pour cela, il faut deux conditions (Quivy et Van
Campenhoudt, 2006, pp. 136-137) : l’hypothèse doit revêtir un caractère de généralité
et doit accepter des énoncés contraires qui sont théoriquement susceptibles d’être
vérifiés.
28
Initiation à la recherche – Albert Phongi

2.5. Observation

Comme nous l’avons dit dans les pages précédentes, l’observation comprend
l’ensemble d’opérations par lesquelles le modèle d’analyse est soumis à l’épreuve des
faits, confronté à des données observables. L’observation ou travail de terrain est une
étape essentielle en sciences sociales. La question fondamentale est de savoir quelles
données on cherche (observer quoi ?), auprès de quelle population et dans quel espace2
(observer sur qui ?) et comment procéder (observer comment ?).

2.6. Analyse des informations

On recourt à la méthode d’analyse statistique (recherche quantitative) et à l’analyse de


contenu (recherche qualitative) pour dégager les informations collectées pour tester les
hypothèses. Cette étape intervient après celle de l’observation. Il s’agit de donner du
sens aux informations collectées.

2.7. Conclusion

Lorsque les données ont été analysées et interprétées, il s'agit de rédiger un rapport de
recherche dans lequel on répond à la question posée à la réalité. Cette réponse est
l'explication que l'on donne, étant donné la connaissance que l'on a de la situation à un
certain moment. Cette connaissance fut rendue possible grâce à une problématique
d'étude, grâce aussi à des lectures instrumentales plus ou moins nombreuses et riches,
et grâce, enfin, à des perspectives théoriques qui lui confèrent ampleur et subtilité.
Très souvent les études formulent une hypothèse dans la conclusion qui servira de
point de départ aux études ultérieures. Cela sous-entend que l’étude réalisée a suscité
une question à laquelle d’autres études viendront répondre.

Voici un autre schéma intéressant décrivant les étapes de la recherche

Figure : Proposition de modèle de démarche méthodologique en sciences humaines et sociales

2 Théorieà la détermination de l’échantillon et de population d’étude


Ceci renvoie Théorie
29
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Idée de recherche et
question de départ

Problématique ou question théorique

Formulation d’hypothèse

Elaboration d’un protocole de recherche

Plan de recherche Procédure Outil de mesure

Demande d’approbation déontologique

Etude pilote ou pré-enquête

Etude (collecte des données)

Analyse des données

Interprétation des données

Diffusion des résultats et procédure de validation externe


30
Initiation à la recherche – Albert Phongi

CHAPITRE 3 : PROJET DE RECHERCHE

Ce chapitre va s’appuyer directement sur la réalisation d’une recherche dans le cadre


de la fin d’un cycle de formation universitaire. Ainsi, le développement qui sera fait
dans les paragraphes ci-dessous concerne le travail de fin de cycle ou le mémoire de
licence. Six sections constituent la charpente de ce chapitre, à savoir : la recherche du
sujet, les étapes de réalisation d’un travail de fin de cycle, la documentation, les
catégories de recherche, la collecte et le traitement des données.

3.1. Recherche du sujet

Arrivé au terme d’un cycle, l’étudiant de troisième graduat ou de deuxième


licence doit choisir un sujet de recherche à soumettre à l’appréciation d’un expert qui
‘est rien d’autre que son directeur ou mieux le promoteur de son travail. Dans le choix
de ce sujet, il est possible que :

- Le sujet d’une recherche peut être nouveau, c’est-à-dire un sujet qui n’a pas
encore fait l’objet d’une recherche dans le passé (un sujet non traité) ;
- On peut aussi prendre un ancien sujet, c’est-à-dire un sujet déjà traité qu’il faut
approfondir, mais il ne faut pas faire une copie conforme de la recherche
antérieure.

Dans ce contexte, l’étudiant de deuxième licence peut reprendre le sujet de


son travail de fin de cycle (graduat) tout en l’approfondissant avec une révision de la
problématique, des hypothèses, de la méthodologie ou de la population (grandeur de
l’échantillon).

Où faut-il trouver le sujet de recherche ?


Les cours que les étudiants suivent doivent les outiller pour aborder certains sujets.
Chaque cours aligné dans le programme apporte à l’étudiant des informations qui lui
permettent de choisir habilement un sujet de recherche selon ses goûts, ses aptitudes et
ses intérêts.
 En Gestion et organisation du travail, le sujet du travail provient des problèmes
de gestion de l’entreprise. En principe, tous les cours abordés dans le cadre de
la formation de base peuvent susciter des sujets susceptibles de faire l’objet
d’une recherche.

En réalité, ce sont des problèmes concrets vécus sur le terrain pour lesquels
on cherche des solutions qui sont des sujets de recherche en Gestion et partout ailleurs.
31
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Dans le choix du sujet, il est préférable de retenir des sujets qui aident à
résoudre un problème réel vécu sur terrain.

Par exemple : s’il se pose un problème de suicides massifs du personnel


dans les grandes entreprises, un chercheur peut mener une étude sur les causes de ces
suicides afin de faire obstacle au phénomène.

 Il est aussi possible que le directeur ou le promoteur du travail puisse proposer à


l’étudiant des sujets de recherche tout en lui laissant la latitude de choisir celui
qui répond à ses attentes et ses intérêts. C’est dommage que par moments,
certains étudiants se laissent imposer un sujet unique par leur directeur.

Dès que le sujet est trouvé, la problématique est posée ainsi que les
hypothèses, en même temps que se pose la question de la documentation. Mais avant
cela, voici les étapes de la recherche.

3.2. Etapes de réalisation d’un travail de fin de cycle : cas particulier

Lorsqu’on rencontre son directeur, on ne lui présente pas les différents


chapitres de son travail, mais on lui présente progressivement les aspects suivants :

1. La problématique : c’est la définition claire et précise du problème. On décrit


avec précision le problème que la recherche va résoudre ou clarifier. Elle doit se
faire en tenant compte des théories existantes et/ou des faits observés sur terrain
et doit déboucher sur la/les question(s) de recherche à résoudre.
2. La définition des hypothèses : l’hypothèse est la réponse anticipée à chacune
des questions posées dans la problématique. Une recherche sans hypothèse n’a
pas de sens. C’est une réponse anticipée au problème que la recherche va
essayer de vérifier. La définition d’une bonne hypothèse doit aussi être appuyée
par les éléments du contexte (réalité sur terrain) et les théories existantes dans
ce sens que l’hypothèse ne doit contredire ces éléments.

Ce sont ces deux éléments qui constituent la base de premières discussions


avec le directeur. Les autres étapes sont envisagées bien après.

3. La mise au point d’un plan de recherche ou un plan d’enquête. A ce niveau, on


répond aux questions suivantes :

- Qu’est-ce que je ferai dans ma recherche et comment je le ferai ? Il s’agit de la


stratégie qu’on adopte pour réaliser la recherche.
32
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- Quelles informations vais-je récolter et comment je vais les récolter ? Il s’agit


de l’objet de l’étude et des méthodes de collecte des données.
- Comment vais-je noter ces données ? Il s’agit des techniques de notation qui se
réfèrent surtout à la catégorisation des méthodes de recherche (méthodes
quantitative et qualitative).
- Comment vais-je analyser ces données ? Il s’agit des techniques statistiques
utilisées pour l’analyse et l’interprétation des résultats.

En d’autres termes, on se demande qu’est-ce que je ferai et comment je le


ferai.

4. La récolte des données : ici le chercheur devra descendre sur terrain (école,
entreprise, hôpital, …). Il va rassembler les données de son étude.

Pour récolter les données, il y a des techniques et des méthodes qu’on


utilise. Il existe plusieurs techniques, notamment : le questionnaire d’enquête,
l’entretien, l’observation, les tests… (Prière de se référer au cours des méthodes de
recherche en deuxième graduat).

5. L’analyse des données : on recourt essentiellement à la statistique (pour les


données quantitatives). On utilise des tests statistiques les plus appropriés à la
nature des données récoltées (voir cours de statistique). Pour les données
qualitatives, on recourt à l’analyse de contenu.

6. L’interprétation des résultats : elle est essentiellement basée sur l’analyse des
données. Il s’agit des donner une signification aux résultats enregistrés en se
référant à la littérature scientifique et aux théories approuvées dans le domaine
de recherche.

7. La rédaction du rapport : il s’agit du moment où le chercheur rédige son travail.


Il doit bien écrire, c’est-à-dire en français standard.

a) Facteurs à prendre en considération avant la rédaction

- Le choix du public auquel l’information est destinée :


Il s’agit de déterminer quel public atteindre. Il existe plusieurs revues qui
publient les résultats de recherche : les unes intéressent un public large
d’hommes de science, les autres sont consacrées à une discipline donnée,
d’autres encore sont spécialisées pour des domaines précis de ces disciplines. Il
33
Initiation à la recherche – Albert Phongi

est utile d’apprécier le degré avec lequel la découverte présente un intérêt


d’ordre général et de s’adresser à l’endroit approprié.

- Respecter le style typique de rédaction des résultats des institutions où ces


textes seront évalués.

b) Dispositions pratiques avant la publication :

Quand toutes les exigences ont été remplies, il convient en plus de prendre
les précautions suivantes :

- Raffiner et polir le texte : en relevant les erreurs éventuelles de sens, les


redondances, la structuration défectueuse, etc.
- Soumettre l’article à la critique des personnes compétentes ; prendre en
considération les critiques émises sans subjectivisme…
- Faire appel au besoin à un spécialiste lorsqu’il s’agit de tâches précises, comme
la présentation des résultats par graphique ou par figure.

3.3. Documentation

Le chercheur doit se documenter en fouillant la littérature, les écrits des


autres qui ont des liens avec son sujet de recherche. C’est alors qu’il est appelé à
fréquenter la bibliothèque au sens large du terme. A cet effet, il peut consulter les
experts dans son domaine notamment les professeurs pour voir s’ils ont des livres qui
abordent son sujet de recherche. Il doit parcourir aussi diverses bibliothèques de la
ville. Mais comment procéder pour se documenter ?

3.3.1. Types de bibliographie

Lorsqu’il entreprend des recherches dans la bibliothèque, le chercheur doit


constituer trois types de bibliographie : la bibliographie à l’essai, la bibliographie de
travail et la bibliographie annotée.

a. Bibliographie à l’essai

C’est une liste comprenant tous les ouvrages répertoriés qui traitent de son
thème ou son sujet de recherche. Cette liste peut être constituée de deux façons :
34
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- Le chercheur consulte l’ordinateur de la bibliothèque en donnant l’instruction


précise de ressortir la liste d’ouvrages qui traitent de tel thème ou tel sujet de
recherche.
- Le chercheur peut le faire manuellement en s’adressant au bibliothécaire pour
consulter les différents catalogues des ouvrages selon les domaines/matières, et
selon les auteurs.

En procédant par l’une ou l’autre voie, le chercheur peut constituer une liste
de 2000 ouvrages. C’est cette liste qui constitue la bibliographie à l’essai.

b. Bibliographie de travail

A partir de la liste des ouvrages de la bibliographie à l’essai, le chercheur va


procéder à l’élimination de certains ouvrages sur base de certains critères notamment :
l’ancienneté de l’ouvrage, la qualité de l’auteur (amateur ou professionnel).

Le chercheur peut se dire qu’il ne retient que les ouvrages écrits après 1980.
Par conséquent, au lieu de 2000 ouvrages qu’il avait retenus précédemment dans la
bibliographie à l’essai, il peut arriver à 1200 ouvrages. Ce qui constitue la
bibliographie de travail.

c. Bibliographie annotée

Le chercheur lit réellement les 1200 ouvrages retenus dans la bibliographie


de travail. Après la lecture, il y a des livres qui ne valent rien : il les rejette. Il y en a
d’autres qui ne traitent pas vraiment de son sujet de travail.

De ces 1200 ouvrages, il peut retenir 200 ouvrages. Ces 200 ouvrages qui
ont réellement servi le chercheur constituent la bibliographie annotée.

Il faut faire remarquer que pour lire un ouvrage, on doit au préalable


parcourir rapidement la table des matières pour voir le chapitre ou le point qui a des
liens avec le sujet traité. C’est cet unique chapitre qu’on lit réellement dans l’ouvrage
consulté. Mais comment doit-on prendre note quand on lit ?

3.3.2. Prise des notes pendant la lecture

On recommande d’utiliser des fiches (par bloc) que le chercheur peut


acheter ou fabriquer lui-même. Sur chaque fiche, on écrit :
35
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- Le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage, le lieu d’édition, la maison d’édition


(éditeur) et l’année de publication.
- Le résumé ou la citation jugée nécessaire pour la rédaction future de son travail.
- La page d’où est tirée la citation retenue.

Chaque fiche comprend un seul ouvrage et on n’écrit que d’un seul côté. Si
la fiche ne convient pas, on peut lui adjoindre d’autres fiches agrafées. Ces fiches sont
classées par ordre alphabétique des auteurs. Pourquoi faut-il utiliser des fiches ?

L’utilisation des fiches facilite le rappel de ce qu’on aura lu depuis


longtemps. C’est le cas de la rédaction d’une thèse de doctorat qui peut prendre 3 à 5
ans.
Actuellement avec internet et les ordinateurs le problème se présente autrement : on lit
et on écrit directement.

3.3.3. Recherche documentaire

Une recherche documentaire est une démarche systématique, qui consiste à identifier,
récupérer et traiter des éléments divers (chiffres, bibliographie, textes…) sur un sujet donné.
Cette identification des informations est une étape indispensable à toute synthèse des
connaissances et revue de la littérature dans différents domaines de recherche. Cette démarche
doit être la plus pertinente possible et tendre vers l’exhaustivité.
Il faut noter qu’une étude documentaire est celle de documents écrits, relevés statistiques ou
inventaires d'objets : lettre, compte-rendu de réunion, annuaires, images, chansons. L'étude
peut être qualitative (analyse de contenu) ou quantitative (analyse statistique).

Elle nécessite donc :


- Une parfaite connaissance des multiples sources d’information ;
- La maîtrise des outils et des stratégies de recherche.

Dans une recherche documentaire, les principales étapes sont les suivantes :
- Préciser les objectifs de la recherche et bien formuler la question ;
- Choisir les sources d’information pertinentes ;
- Définir les stratégies de recherche selon les sources interrogées ;
- Evaluer et sélectionner les références obtenues ;
- Hiérarchiser l’information et les documents collectés ;
- Présenter et communiquer l’information et les documents / Elaboration de la
bibliographie finale ;
- Identifier et localiser l’information sélectionnée pour récupérer les documents.
36
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Pour interroger les bases de données bibliographiques, il existe plusieurs modes dont les
principaux sont les suivants :
a. Recherche par mots clés :
Pour trouver des documents sur un sujet dans une base de données, il faut utiliser les mêmes
mots-clefs que ceux utilisés par les indexeurs.
b. Recherche en texte libre ou langage libre :
La recherche en texte libre se fait sur les mots du titre et/ou du résumé. La recherche en texte
libre présente une certaine souplesse : il n’est pas nécessaire de chercher le terme utilisé dans
le thesaurus. Cela peut être utile lorsque la recherche porte sur un thème très pointu, qui n’est
pas forcément traduit par un mot du thesaurus.

De nos jours, la recherche se fait essentiellement en recourant à internet. On y accède par des
moteurs de recherche tels que Google, google scholar… On obtient alors une information
volumineuse, en évolution permanente, mais une stratégie de recherche adéquate permet de
réduire cette masse d’information. En outre, l’environnement n’est pas vraiment contrôlé
contrairement à une bibliothèque ou une base de données ; l’information est libre, mais non
validée.
C’est ainsi qu’on insiste sur la sélection de l’information : la responsabilité de la sélection des
ressources ou des informations de qualité repose essentiellement sur l’utilisateur. De même
pour l’évaluation de l’information, il faut être critique pour pouvoir évaluer le contenu
intellectuel de l’information.

A ce niveau, on distingue six principales sources de l’information, à savoir :


- Les banques de données3 bibliographiques ;
- La littérature grise ;
- Les agences gouvernementales ;
- Les sociétés savantes ;
- Les moteurs de recherche ;
- Les portails ou répertoires.

Attention : TRAVAIL PRATIQUE OBLIGATOIRE SUR LA RECHERCHE EN LIGNE…

3.4. Catégories de recherche

3
Une base des données est un ensemble de données relatif à un domaine défini de connaissances et
organisé pour être offert aux utilisateurs. Elle est produite par une institution, une société
commerciale ou un service de documentation ; stockée sur un serveur ; et affichée sur le micro-
ordinateur de l’utilisateur en réponse à une requête.
37
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Il s’agit de dire à quelle catégorie appartient le projet de recherche qu’on


veut entreprendre. Pour catégoriser les recherches, nous allons considérer deux
critères, à savoir : le but poursuivi et la nature des données à récolter.

3.4.1. Selon le but poursuivi

On distingue généralement trois catégories de recherche : la recherche


fondamentale, la recherche appliquée et la recherche de développement technique.

a. Recherche fondamentale

Le chercheur réalise sa recherche sans but prédéterminé ou préétabli si ce


n’est celui de comprendre simplement ou de décrire le phénomène étudié.

Par exemple : un chercheur veut comprendre comment un fonctionnaire de l’Etat vit


malgré son salaire insignifiant.

b. Recherche appliquée

Le chercheur a un but bien déterminé. Il va au-delà de la simple


compréhension pour chercher à atteindre un but déterminé notamment celui de
proposer des solutions au problème étudié.

Par exemple : un chercheur vient d’analyser les conditions d’études des étudiants pour
identifier les stratégies à mettre en œuvre pour améliorer les conditions
d’études des étudiants congolais.

Il faut noter que la recherche appliquée vise à résoudre des problèmes


concrets que le chercheur vit sur terrain.

c. Recherche de développement technique

Le chercheur a pour but principal de produire. Cette production peut


concerner notamment les méthodes d’enseignement, le matériel didactique. Le
chercheur utilise à cet effet les résultats de la recherche appliquée pour produire ce
qu’il doit produire.

Par exemple : le chercheur mène une étude sur les conditions d’études minimales
d’études.

Exemples :
- Comprendre le processus de la lecture comme tel (recherche fondamentale)
38
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- Déterminer, en vue de l’enseignement, comment un enfant de 6 ans apprend le


plus rapidement et le plus efficacement à lire (recherche appliquée)
- Et enfin, élaborer un manuel de lecture en se basant sur les résultats des
recherches précédentes (recherche de développement technique).

3.4.2. Selon la nature des données à récolter

On distingue à ce niveau deux types de recherche : la recherche quantitative


et la recherche qualitative.

a. Recherche quantitative

C’est la recherche au cours de laquelle les données à récolter sont


quantifiables ou peuvent être chiffrées. Ce type de recherche se justifie par le fait que
l’homme de science a tendance à quantifier tous les phénomènes qu’il peut vivre sur
terrain. C’est ainsi que beaucoup de recherches entreprises surtout dans le cadre de
travail de fin de cycle ou mémoire se penchent vers des données chiffrées et font appel
à la statistique descriptive et inductive (inférence statistique). C’est le cas des
recherches sur le niveau d’acquisition des élèves et beaucoup d’autres recherches qui
se rapportent à la quantification du phénomène en étude.

Remarque : Les recherches quantitatives ont l’avantage de tabler sur des


faits quantifiables et donc vérifiables par d’autres chercheurs, mais ont la faiblesse de
réduire la réalité en de simples nombres. La réalité humaine ou sociale doit être
appréhendée au-delà des chiffres, car l’homme vaut plus que ce qui est traduit par les
chiffres. Il faut pouvoir interpréter pour comprendre la situation étudiée : c’est là la
démarche interprétative des recherches qualitatives.

b. Recherche qualitative

La réalité sociale ou humaine étant complexe, elle ne peut pas être saisie
uniquement à travers la quantification du phénomène étudié. Il faut plutôt
l’approfondir par une approche plus interprétative.

La recherche qualitative est celle qui ne s’attache pas à quantifier le


phénomène étudié, mais essaie de l’étudier dans sa profondeur pour en saisir le sens
intrinsèque. Cette démarche ne nécessite pas de chiffrer le phénomène mais plutôt de
l’interpréter (donner la signification profonde des faits observés). Cela est surtout
possible grâce à l’observation participante qui est utilisée comme technique de
prédilection des recherches qualitatives.
39
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Les recherches qualitatives sont parfois qualifiées d’ethnographiques car


elles sont souvent caractéristiques des études ethnographiques. Par nature, ces
recherches sont longitudinales et exigent que le chercheur puisse intégrer le milieu de
l’étude pour comprendre à fond et interpréter le phénomène étudié.

Illustrons ce type de recherche par une étude sur les pygmées qui a contraint
la femme chercheuse à devenir une épouse du chef des pygmées avant d’avoir le libre
accès pour faire ses observations dans le milieu des pygmées. Avant que la femme ne
soit intégrée dans le milieu, il s’écoule un long moment. C’est le prix à payer pour que
les sujets à observer puissent se comporter de façon naturelle.

Comme on peut le constater, la plupart des recherches faites dans notre site
universitaire, bien qu’étant quantitatives font énormément recours à la démarche
qualitative, notamment lors de l’interprétation des données chiffrées. C’est pour cette
raison qu’il est nécessaire que le chercheur puisse être sur terrain lors de la récolte des
données pour pouvoir observer certains comportements non verbaux.

Remarque : la nature des données à récolter (quantitative ou qualitative) donne une


indication sur les méthodes et les techniques à envisager pour récolter
physiquement ces données sur terrain. Cette matière sera approfondie
dans le cours des méthodes de recherche en deuxième graduat.

3.5. Collecte des données

Après avoir entrepris toutes les étapes précédentes, le chercheur doit


récolter les données de son étude. Mais il se pose deux questions fondamentales, à
savoir :

- Sur qui doit-il récolter ces données ? Cette question fait appel à la population
d’étude et à l’échantillon de recherche.
- Comment doit-il récolter ces données ? Cette question fait appel aux techniques
de collectes de données.

3.5.1. Population d’étude et échantillon de recherche

Il s’agit de répondre à la question de savoir « sur qui doit-on récolter les


données ».

3.5.1.1. Population d’étude

Dans toute recherche, la définition de la population d’étude est une étape


importante puisqu’elle permet de déterminer les sujets concernés par l’étude. Dans
40
Initiation à la recherche – Albert Phongi

cette définition, on se résume très souvent à décrire les caractéristiques fondamentales


que doivent posséder les individus visés. C’est en rapport avec ces caractéristiques
qu’on peut délimiter la population cible, c’est-à-dire qu’on peut discriminer les
membres de la population et les non membres. Les membres d’une population sont
appelés individus ou unités statistiques.

Une population d’étude est conçue comme l’ensemble d’individus ou


d’objets soumis à une étude systématique. Ce terme ne renvoie pas seulement à un
groupement humain, mais tout groupement soumis à une recherche. Chaque membre
d’une population est appelée individu ou unité statistique.

Selon la taille de la population d’étude, on peut distinguer la population


finie et la population infinie.

- La population d’étude est dite finie s’il est possible d’en compter les membres,
c’est-à-dire leur effectif est connu.

Par exemple si on veut mener une enquête auprès des députés nationaux
(parlementaires) de la République Démocratique du Congo, c’est une population finie
puisque leur effectif est connu.

- La population d’étude est dite infinie lorsque l’effectif de ses membres n’est pas
connu. Certains auteurs affirment même que dans l’espèce humaine, la
population d’étude comprend les individus passés, présents et futurs qui
possèdent les caractéristiques fondamentales décrites par la recherche.

Par exemple, si on veut mener une étude sur les enfants de 12 ans de
Kinshasa, il est admis qu’il s’agit d’une population infinie.

En pratique, lorsqu’on veut mener une étude, il faut au préalable déterminer


les sujets concernés par l’étude : c’est la population d’étude. La procédure veut qu’on
puisse définir les caractéristiques que doivent posséder les individus visés par l’étude.
C’est en fonction de ces caractéristiques qu’on aura à extraire l’échantillon de
recherche.

3.5.1.2. Echantillon de recherche

a) Notion

L’échantillon de recherche est un petit groupe d’individus extraits du grand


groupe qui est la population d’étude. Et comme tel, le petit groupe (échantillon) doit
être la population en miniature, c’est-à-dire le diminutif du grand groupe. Toutes les
caractéristiques de la population doivent se retrouver dans l’échantillon ; c’est la
41
Initiation à la recherche – Albert Phongi

représentative. C’est en fonction de ces caractéristiques qu’on a extrait l’échantillon de


recherche.

Pour réaliser la représentativité, on doit veiller au choix aléatoire des


individus qui doivent constituer l’échantillon. Nous verrons ce que signifie « choix
aléatoire ».

Par ailleurs, la représentativité ne se confond pas à la précision de


l’échantillon. Comme l’affirme DAYHAW (1969), la précision se rattache à la
grandeur de l’échantillon : combien de sujets dois-je examiner pour que mes résultats
soient proches de ceux de la population ?

Tandis que la représentativité se rapporte à la technique d’échantillonnage :


comment dois-je extraire les sujets de mon échantillon pour que celui-ci puisse
représenter valablement la population ?

Lorsque l’échantillon est représentatif, les conclusions obtenues sur


l’échantillon peuvent être généralisées sur l’ensemble de la population.

Un échantillon est représentatif si les éléments de la population totale se


retrouvent dans les mêmes proportions dans l’échantillon, si la structure de
l’échantillon est simplement une réduction en grandeur de celle de la population
totale ; si l’échantillon est une miniature exacte de la population totale… (DAYHAW,
1969).

Il faut préciser qu’il n’est pas du tout nécessaire que la conformité entre
l’échantillon et la population totale soit parfaite à tous les points de vue. Il suffit que
la conformité existe pour le trait étudié.

Pour assurer la représentativité de l’échantillon, il vaut mieux se conformer


à la technique d’échantillonnage aléatoire, c’est-à-dire celle qui consiste à donner les
mêmes chances à tous les sujets de la population pour être retenu dans l’échantillon.

b) Techniques d’échantillonnage

Avec DAYHAW (1969), nous retenons l’échantillonnage accidentel ou


occasionnel, l’échantillonnage au pur hasard ou aléatoire, l’échantillonnage stratifié,
l’échantillonnage territorial et l’échantillonnage intentionnel.

1. Echantillonnage accidentel ou occasionnel

Suivant ce procédé, on inclut dans le groupe à examiner tout individu


facilement disponible. C’est le cas d’un professeur qui prend les élèves de sa classe
42
Initiation à la recherche – Albert Phongi

comme sujets de l’étude. Le malheur c‘est que ce type d’échantillon ne représente rien
du tout, aucune population bien définie. Il est interdit de généraliser les conclusions
obtenues à partir d’un échantillon occasionnel.

2. Echantillonnage au pur hasard ou aléatoire obtenu par tirage au sort

Le principe fondamental de l’échantillonnage au pur hasard peut se


formuler comme suit : « toutes les unités de la population étudiée doivent avoir des
chances égales d’être choisies et une fois qu’elles ont été choisies, elles ne peuvent être
mises de côté sans danger de sélection ». Pour réaliser cette condition, il existe
plusieurs procédés comme la technique de l’urne, des nombres au hasard et le tirage
systématique (ajouter l’explication de ces 3 techniques).
Pour réaliser ces différents procédés, il faut disposer de la liste de tous les
individus de la population ; c’est la base de sondage.

Par exemple, s’il existe une liste complète des individus de la population,
on peut prendre le procédé simple qui consiste à retenir un individu sur cinq en partant
d’un premier individu pris au hasard (les yeux fermés). Ou même on peut faire le
tirage au sort dans une urne où on aura placé des bouts de papier portant chaque nom
des membres de la population.

3. Echantillonnage stratifié

On recourt à ce type d’échantillonnage car l’échantillonnage au pur hasard


est d’application difficile surtout pour deux raisons :

- Le manque de liste complète des individus de la population totale.


- Le coût élevé, en temps et en argent, des démarches nécessaires pour interroger
les gens éparpillés que les hasards de la roulette auraient désignés.

L’échantillonnage stratifié consiste d’abord à subdiviser la population en


sous-groupes (strates) et à choisir ensuite l’échantillon au sein de chacun de ces sous-
groupes. Chaque strate (sous-groupe) est représentée dans l’échantillon
proportionnellement à son importance dans la population totale. On gagnera sur le plan
de la précision des résultats

Précisons que dans chaque sous-groupe, le choix des sujets doit se faire au
pur hasard ou de façon aléatoire. Quant à la subdivision ou la stratification, elle doit se
faire en fonction du facteur étudié ou en fonction d’un facteur ayant une grande
incidence sur le trait étudié. On peut donc stratifier selon le sexe, le niveau de vie, le
niveau d’études, l’âge,…

4. Echantillonnage territorial
43
Initiation à la recherche – Albert Phongi

C’est une variante de l’échantillonnage stratifié. Il s’agit essentiellement de


subdivisions hiérarchisées, non plus d’un groupe d’individus, mais plutôt d’un
territoire ; l’échantillon définitif est fait d’un nombre de petites régions, aussi petites
que l’on voudra, mais soigneusement déterminées. Les enquêteurs vont ensuite
interviewer une personne responsable dans chaque petite région finale, qui est souvent
une maisonnée ; cette personne peut répondre et pour elle-même et pour les autres
membres de la maisonnée.

Cette technique comporte deux avantages :

- Elle permet de recueillir des renseignements dignes de foi en dépit des


changements de populations, on ne pourchasse pas les individus d’une adresse à
l’autre, mais on se renseigne sur tous ceux qui habitent l’unité de territoire
désignée.
- Elle se rapproche peut-être plus que toute autre, des conditions strictes qu’une
répartition au pur hasard impose à l’échantillonnage.

5. Echantillonnage intentionnel

On part de supposition ou préjugé, on n’interroge pas une personne ; c’est à


l’intention d’une cité, on prend une commune pour tirer les sujets.

L’échantillonnage intentionnel ou dirigé peut ou non se baser sur le principe


de la stratification, car il prend un bon nombre de formes différentes. Par exemple, on
ferait de l’échantillonnage intentionnel si on choisissait une ville dans une province
pour représenter la province tout entière parce que l’on croit que cette ville est
« typique » de la province. Cette méthode présuppose la possession de nombreux
renseignements sur la ville et la province, renseignements qui peuvent changer avec le
temps, elle ne devrait d’employer qu’avec une extrême prudence.

Remarque : Comme nous l’avons annoncé auparavant, le choix de la technique


d’échantillonnage et des techniques de collecte des données dépend
essentiellement de la nature des données à récolter. Les recherches
quantitatives sont accessibles. Avec les techniques d’échantillonnage
que nous venons d’analyser aussi bien pour constituer l’échantillon que
pour récolter les données de l’étude. A ce sujet, l’étudiant trouvera des
éléments utiles dans son cours des méthodes de recherche.

3.5.2. Méthodes et techniques de collecte des données

Il s’agit de répondre à la question qui consiste à savoir « comment doit-on


récolter les données ». Notons que nous n’allons pas trop nous attarder sur les
44
Initiation à la recherche – Albert Phongi

méthodes et les techniques de collecte des données. Ce contenu sera abordé en


deuxième graduat dans le cours des méthodes de recherche. Mais nous précisons que
le choix de ces méthodes et techniques est fonction de la nature des données à récolter
(quantitatives ou qualitatives).

3.6. Traitement des données

On utilise des techniques statistiques pour les données quantitatives. Pour ce faire, il
faut se référer au cours de statistique (descriptive et inductive).
Pour les données qualitatives, on recourt à l’analyse de contenu.
45
Initiation à la recherche – Albert Phongi

CHAPITRE 4. PARTIES D’UN TRAVAIL SCIENTIFIQUE

Avant d’aborder le contenu de ce chapitre, nous précisons d’emblée que


nous allons expressément focaliser nos propos sur les parties d’un travail de fin de
cycle ou d’un mémoire réalisé dans le cadre de la formation universitaire.

Dans le contexte d’un travail de recherche, on distingue généralement les


sept parties ou étapes fondamentales suivantes :

- Les préliminaires ;
- L’introduction ;
- Le corps du travail ou le développement ;
- La conclusion ;
- La bibliographie ;
- Les annexes et tableaux ou figures ;
- La table des matières.

Pour saisir le contenu d’un travail scientifique, nous allons passer en revue
chacune de ces parties ou étapes.

4.1. Préliminaires

Sous le terme global de « préliminaires », on désigne les éléments


concernant la page de titre, la dédicace, la page de reconnaissance, la préface. Les
préliminaires sont constitués de l’ensemble des pages jugées utiles en vue de fournir
une quelconque information sur le travail ou l’auteur. Les parties concernées portent
généralement une pagination alphabétique ou en chiffres romains ou encore on ne fait
usage d’aucun signe de numérotation.

4.1.1. Page de titre

Elle comprend le titre du travail, le nom de l’auteur ainsi que d’autres


détails exigés par le département, la faculté ou l’institution. C’est le cas de :

- Année académique dans le fond de la page de titre ;


- Travail de fin de cycle ou mémoire ;
- Nom du directeur et éventuellement celui du co-directeur ou du rapporteur ;
- L’entête portant notamment les appellations de l’institution, de la faculté et du
département.
46
Initiation à la recherche – Albert Phongi

4.1.2. Dédicace

Par moments, la dédicace n’est pas indispensable. Si elle est nécessaire,


alors en deux ou trois lignes au milieu de la première page après la feuille de garde, et
sous forme de vers libres, l’auteur dit à qui l’ouvrage est dédié. L’auteur choisit une
ou deux personnes physiques ou morales auxquelles il dédie son travail. Il doit éviter
toute surcharge et doit être clair et concis.

Par exemple : A mes parents, pour la marque d’affection ;


Je dédie ce travail.

N.B. : Si on a commencé la page par le titre « dédicace », on ne peut plus reprendre la


phrase « Je dédie ce travail ». Ce serait une répétition inutile.

4.1.3. Page de reconnaissance

C’est la page communément appelé « remerciements ». L’auteur remercie


les personnes physiques et morales qui ont contribué à l’élaboration du travail. Cela
ne peut pas être une liste exhaustive. Il faut remercier notamment le directeur du
travail, les parents, les amis ; bref, les personnes les plus importantes dans sa vie de
tous les jours et dans la réalisation de son travail.

4.1.4. Préface

C’est l’exposé que l’on met au début de l’ouvrage pour le présenter et le


recommander aux lecteurs. Il est toujours rédigé par une personne différente de
l’auteur qui a autorité et compétence sur la matière traitée. En présentant cet exposé,
le préfacier donne aux lecteurs les explications qu’il juge nécessaire pour faire
connaître l’ouvrage dans le milieu d’autres chercheurs, de même que les raisons pour
lesquelles le sujet a été choisi.

Il évoquera aussi les moyens et les techniques mis en œuvre pour réaliser
l’étude.

Il faut noter que la préface n’est pas indispensable pour le travail de fin de
cycle puis que ce dernier est soumis au jury pour appréciation. Il n’est pas livré aux
lecteurs et donc ne peut pas être présenté et recommandé au public par un spécialiste.

En d’autres termes, la préface est réservée aux ouvrages scientifiques et non aux
travaux rédigés.

Remarques :
47
Initiation à la recherche – Albert Phongi

1. Certains auteurs font une distinction entre la page de garde, la page de titre et la
page de couverture dans un livre. La page de garde est une feuille vierge qui se
glisse entre la page de couverture et la page du titre. Dans les ouvrages et les
travaux scientifiques, la page du titre et la page de couverture sont identiques.
2. Certains chercheurs introduisent une page d’épigraphe entre la page de titre et
la page de dédicace. C’est une page qui reprend une citation jugée édifiante par
le chercheur ou l’auteur du travail.

4.2. Introduction

Dans cette partie du travail apparaissent successivement l’intérêt du sujet,


son énoncé et ses limites, la méthode de travail qui a été suivie, l’évocation de
certaines difficultés et de nombreuses questions (problématique). Dans ces premiers
contacts avec les lecteurs, il s’agit seulement de poser des questions sans y répondre
sinon le travail proprement dit ne sera pas lu. On fait aussi des promesses, on annonce
ce que l’on voudrait trouver, montrer ou prouver. Les réponses aux questions posées
et la réalisation des promesses annoncées trouveront leur place dans la conclusion.
C’est pourquoi, il est conseillé de rédiger l’introduction et la conclusion presque
simultanément.

Il faut savoir que lorsqu’on commence à rédiger un mémoire, on ne


commence pas par l’introduction. Ce texte serait de toute façon à refaire, ce qui
constituerait une perte de temps. L’introduction se rédige quand le travail est
quasiment terminé, c’est-à-dire quand la partie centrale du mémoire est traitée. C’est
pourquoi, il convient de prévoir une semaine à la fin du mémoire pour rédiger
l’introduction et, si possible pendant la même période, la conclusion.

Sans limiter sa portée, l’introduction comprendra entre autres la


problématique, les hypothèses, les objectifs, le choix et l’intérêt de l’étude, la
délimitation du sujet, la méthodologie, les difficultés rencontrées et la structure du
travail.

4.2.1. Problématique

La problématique comporte globalement la question de recherche (question globale) et


les questions essentielles auxquelles on veut répondre dans l’étude.

4.2.2. Hypothèses

Elles constituent les réponses anticipées aux questions posées dans la problématique.
Un énoncé (affirmation) quelconque est considéré comme une hypothèse si et
seulement si l’on y trouve au moins deux variables dont le chercheur postule la nature
48
Initiation à la recherche – Albert Phongi

des relations (par exemple une relation de causalité). La formulation de l’hypothèse est
importante parce qu’elle détermine en partie comment cette hypothèse pourra être
testée.
Les hypothèses sont particulièrement importantes dans toute recherche parce qu’elles
influencent plusieurs étapes du processus. Puisqu’elle spécifie la relation entre deux ou
plusieurs variables :
- L’hypothèse influence la manière dont une étude sera conceptualisée : elle
précise les variables à étudier, la population de l’étude ;
- L’hypothèse clarifie aussi quel plan de recherche doit être utilisé ;
- L’hypothèse annonce comment les données seront analysées.

Pour avoir un intérêt scientifique, l’hypothèse doit obéir au minimum à trois


propriétés, à savoir :
- La vérifiabilité : les hypothèses doivent a priori être testables et il doit être
possible de les confronter à des données du terrain ;
- La faisabilité : le chercheur doit avoir les moyens de pouvoir tester les
hypothèses qu’il pose ;
- L’unicité : une hypothèse contient une seule idée et postule l’existence d’une
seule relation.

En résumé, la formulation des hypothèses est le moteur de la recherche. Mieux une


hypothèse est formulée, plus faciles à déterminer seront les étapes subséquentes de la
démarche scientifique.

4.2.3. Buts et objectifs de l’étude

C’est l’étape qui fixe d’avance ce que les lecteurs peuvent attendre à la fin de l’étude,
c’est-à-dire les éléments de réponse par rapport aux interrogations soulevées dans
l’étude. Dans les faits, L’objectif d’une recherche se divise en deux parties: l’objectif
général concerne la contribution que les chercheurs espèrent apporter en étudiant un
problème donné; les objectifs opérationnels concernent les activités que les chercheurs
comptent mener en vue d’atteindre l’objectif général.
Concrètement, on commence par définir l’objectif général: étant donné le problème et
la question formulés, qu’est-il possible d’espérer eu égard aux résultats des travaux de
recherche qu’on désire entreprendre? Comme il n’y a qu’une seule question de
recherche, il ne doit y avoir qu’un seul objectif général. Ensuite, on concrétise
l’objectif général en quelques objectifs opérationnels, c’est-à-dire qui décrivent des
opérations concrètes à mener afin de réaliser le projet de recherche. Ce sont les
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

objectifs opérationnels qui décrivent le travail pratique qui sera accompli. Les
exemples donnés plus loin vous aideront à bien distinguer les deux types d’objectifs.

Remarque
Il ne faut pas confondre l’hypothèse de recherche et les objectifs de recherche. Voici
trois exemples de description des objectifs et de l’hypothèse d’une recherche.

1) Recherche empirique quantitative

Objectif général
Trouver le rapport qui existe entre la scolarisation et la capacité d’assimiler de
nouvelles connaissances en informatique.

Objectifs opérationnels
1. Constituer des groupes expérimentaux selon les années de scolarité.
2. Soumettre les sujets à un apprentissage d’une durée de cinq heures des
caractéristiques d’un nouveau logiciel dans des conditions identiques pour tous les
groupes.
3. Mesurer objectivement les apprentissages accomplis à l’aide d’un examen pratique
et d’un examen théorique.
4. Comparer les performances des groupes.

Hypothèse
Toutes les autres choses étant égales par ailleurs, les personnes ayant le taux de
scolarisation le plus élevé devraient apprendre d’une manière significativement plus
rapide et plus approfondie les caractéristiques du nouveau logiciel.

2) Recherche empirique qualitative

Objectif général
Établir la cause du conflit dans le service X de l’entreprise Y.

Objectifs opérationnels
1. Rencontrer le directeur des ressources humaines de l’entreprise en vue d’obtenir une
description du problème.
2. Faire des entrevues individuelles en profondeur avec les personnes du service
concerné.
3. Rencontrer les responsables des autres services qui ont à travailler avec les
personnes du service étudié.
4. Rencontrer le représentant du syndicat des salariés.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Hypothèse
L’entreprise Y a des problèmes de fonctionnement au sein du service X en raison du
faible sentiment d’appartenance des salariés à leur entreprise.

3) Recherche conceptuelle

Objectif général
Circonscrire les limites d’une définition conceptuelle de «nation» qui repose sur des
critères déterminés et rigides («territoire fixe», «langue et culture communes»,
«communauté politique stable»).

Objectifs opérationnels
1. Prendre cinq pays (États-Unis, France, Russie, ex-Yougoslavie et Canada).
2. Établir qu’il n’y a pas qu’une langue dans ces pays; que le territoire n’est pas fixe;
que le sentiment de «vouloir vivre collectif» est un aspect sujet à changement dans le
temps.
3. Tenter de définir le concept de «nation» à partir d’un processus historique
d’unification territoriale, d’homogénéisation linguistique et culturelle et
d’uniformisation politique et économique.

Hypothèse
Une simple définition critérielle ne rend pas compte de la complexité du phénomène
historique de «nation». Il faut plutôt définir ce concept en tenant compte des tensions
qui caractérisent cette forme de regroupement humain.

4.2.4. Choix et l’intérêt du sujet ou la motivation de la recherche

Il s’agit de présenter les raisons pour lesquelles le sujet a été choisi ainsi que ce qu’il y
a d’intéressant dans le sujet pour le chercheur lui-même et pour les lecteurs.

4.2.5. Délimitation du sujet 

C’est la circonscription laconique du sujet, en vue de préciser ce qui en sera le


contenu. On a l’habitude de faire cette délimitation dans le temps et dans l’espace.

4.2.6. Méthodologie
51
Initiation à la recherche – Albert Phongi

C’est un exposé bref des techniques utilisées pour récolter et traiter les données de
l’étude. Cette partie sera détaillée dans tout un chapitre qui porte sur la méthodologie
de la recherche.

4.2.7. Difficultés rencontrées 

Le chercheur évoque les principales difficultés auxquelles il a fait face dans la


réalisation de l’étude. Il faut d’emblée relever que la recherche dans les pays du tiers
monde se bute très souvent à deux difficultés majeures. Ces deux difficultés
constituent des obstacles sérieux même dans la poursuite des études doctorales
(postuniversitaires). Il s’agit du problème de documentation et du manque de moyens
financiers.

4.2.8. Structure ou division du travail 

C’est une présentation succincte de différentes parties que comporte le travail. Dans
bien des cas, on se limite à présenter ou à énoncer les différents chapitres du travail
ainsi que l’introduction et la conclusion.

Remarques 

- Quand on rédige l’introduction, on évitera de multiplier les citations des


auteurs ; bien au contraire, c’est une réflexion qui doit annoncer
convenablement ce qui va constituer le reste du travail.
- Pour ce qui est de la longueur de l’introduction, nous sommes d’accord avec les
auteurs pour admettre qu’elle ne doit pas atteindre un dixième de la longueur du
développement du travail.

4.3. Corps du travail

C’est le développement du travail qui comporte les différents chapitres qui


composent le travail. Dans la répartition de ces chapitres, il y a au moins un chapitre
qui doit aborder les notions théoriques, un chapitre qui développe les aspects
méthodologiques et un autre qui présente les résultats de l’étude.

Le principe dans la répartition des chapitres est que chaque chapitre doit
examiner un aspect particulier. Il ne faut pas avoir un chapitre qui examine à la fois la
méthodologie et les résultats ; chaque aspect doit être traité à part. De même, quand
52
Initiation à la recherche – Albert Phongi

on présente les écrits, chaque paragraphe doit contenir une seule idée, il faut éviter de
traiter plus d’une idée dans un paragraphe.

Il faut aussi veiller sur l’équilibre des chapitres ; le nombre de pages de


différents chapitres doit être comparable. Il n’est pas bon d’avoir des chapitres de plus
de trente pages. Si un chapitre est extrêmement long, il vaut mieux de scinder en deux
ou trois chapitres tout en veillant que chacun soit bien cohérent avec un seul aspect
abordé.

De façon concrète, nous pouvons proposer cette répartition des chapitres


que nous estimons assez équilibrée :

1. Le premier chapitre peut être consacré à la présentation des concepts et des


théories nécessaires pour la compréhension du sujet.
2. Le deuxième chapitre fait l’état de la question (revue de la littérature), c’est-à-
dire examine les études antérieures en rapport avec le sujet retenu.
3. Le troisième chapitre (facultatif) présente le contexte ou le milieu de l’étude.
4. Le quatrième chapitre porte sur la démarche méthodologique utilisée pour
récolter et traiter les données.
5. Le cinquième chapitre présente les résultats de l’étude.

Remarques 

- Dans certains travaux rédigés, le chapitre consacré aux études antérieures


n’existe pas et a été réduit à un sous point de l’introduction générale. On
l’intitule état de la question ou études antérieures ou revue de la littérature. Cela
dépend de l’importance que le chercheur attache à cette partie du travail.
- Aucun intitulé d’un chapitre ne peut être identique au titre du travail.
- Chaque partie ou chapitre doit toujours commencer par une petite introduction
(même sans titre) et se terminer par une petite conclusion.

4.4. Conclusion

La conclusion constitue un bilan argumenté et articulé ou une synthèse.


Elle donne les réponses aux questions posées dans l’introduction et énonce le résultat
final de la recherche. Il est donc bon d’établir la correspondance entre le texte de
l’introduction et celui de la conclusion.

Comme introduction, la conclusion doit être brève et ne doit pas atteindre


un dixième de la longueur totale du développement du travail. Tout compte fait, elle
doit être plus courte que l’introduction.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Il faut noter que la conclusion constitue l’essentiel de la recherche. Le


lecteur le sait et l’attend. Dans certaines soutenances publiques, les membres du jury
ont l’habitude de commencer l’examen du travail par l’introduction et la conclusion et
n’hésitent pas à rejeter le travail s’il n’y pas correspondance entre ces deux parties.
Voilà pourquoi elles doivent être rédigées avec le plus grand soin possible.

La conclusion doit rappeler :

- La problématique ;
- Les hypothèses ;
- Les techniques, avant de présenter les résultats proprement dits en prenant du
recul par rapport à la pertinence de certains d’entre eux au regard de la
littérature scientifique et des théories existantes.
- On doit dire si les hypothèses sont confirmées ou infirmées au regard des
résultats de la recherche.

En définitive, une bonne conclusion doit comporter les leçons tirées de


l’étude et doit se terminer de façon à susciter un nouveau problème qui servira de point
de départ aux recherches ultérieures.

4.5. Bibliographie

C’est la liste des ouvrages effectivement lus lors de l’élaboration du travail


(bibliographie annotée). Notons qu’il existe plusieurs méthodes de présentation de la
bibliographie. Chaque département ou faculté devrait spécifier la méthode de
présentation de la bibliographie à adopter. Toutefois, nous retenons le principe général
suivant qui comporte :

- L’auteur (noms)
- Le titre de l’ouvrage
- Les détails de publication : lieu (ville) d’édition, éditeur ou maison d’édition et
date de publication ou copyright ou l’année de reproduction
- Pagination.

Nous allons revenir sur les particularités de la bibliographie au cinquième


chapitre.

4.6. Annexes et tableaux

Les annexes sont généralement des documents additifs ou complémentaires


non rédigés par l’auteur du mémoire. C’est une série de hors-texte, c’est-à-dire une
partie indépendante du travail. Le hors-texte a pour caractéristique d’être autonome,
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

clair et compréhensible en lui-même. Ce qui implique qu’il soit accessible au lecteur


qui n’a pas encore lu le texte. En principe, les annexes font l’objet d’une pagination
particulière (il est conseillé de les paginer en chiffres romains). Comme hors-texte, les
mémoires scientifiques comportent principalement des tableaux, des graphiques et des
figures (photos ou dessins). Les annexes et les tableaux se mettent à la fin du travail,
juste après la présentation des références bibliographiques.

Dans quelques travaux publiés, on prévoit aussi des appendices et des index
analytiques. Mais ces éléments sont facultatifs et ne se retrouvent pas dans la plupart
des travaux de fin de cycle ou mémoires.

4.7. Table des matières

Selon les écoles ou les systèmes, la table des matières peut intervenir soit au
début soit à la fin du travail. Si l’on opte de la placer à la fin du travail, alors la table
des matières vient juste après l’index. Cette page est la dernière du travail proprement
dit. Elle en donne toute la pagination. Elle est écrite lorsque ce qui la précède est
terminé, les différentes parties du travail, la bibliographie et l’index compris. La table
des matières fait correspondre les matières abordées et les pages dans le travail. Elle
est le résultat des transformations successives du plan de travail initial. Sa qualité
essentielle est l’harmonie.

Rappelons que la table des matières, la liste des tableaux et des figures,
selon les écoles ou systèmes, peuvent être au début ou à la fin du travail.
55
Initiation à la recherche – Albert Phongi

CHAPITRE 5. PRESENTATION DES REFERENCES


BIBLIOGRAPHIQUES

Rappelons que d’une manière générale, pour présenter les références d’un
travail scientifique, on veillera à reprendre soigneusement les éléments suivants :

- Le nom de l’auteur
- Le titre de l’ouvrage
- Les détails de publication tels que le lieu d’édition, la maison d’édition ou
l’éditeur et l’année de publication ou de copyright
- La pagination

Ces quatre éléments sont standards et essentiels. A côté d’eux, il y a des


détails qui changent selon le système. Nous allons envisager les spécifications de
présentation d’un ouvrage scientifique selon les cas.

5.1. Présentation d’un livre

Voici les éléments essentiels à préciser pour présenter un livre :

5.1.1. Auteur

- Son nom de famille suivi du prénom


- On peut écrire entièrement tous les noms ou on peut utiliser les initiales,
excepté le nom de famille
- S’il y a plusieurs auteurs, voici la démarche :

 S’ils sont au plus 3 auteurs (1, 2 ou 3), on écrit tous les noms ou les initiales.

Exemple : DE HERDT, S et MARYSSE, R, L’économie informelle, …

 S’il y a plus de 3 auteurs, on écrit seulement le premier auteur suivi de


l’abréviation « et al » (et autres ou alliés).

Exemple : DE LANDSHEERE, G., et al.

N.B. : Pour le nom des Congolais (nom et post-nom), il est préférable d’écrire
entièrement tous les noms sans abréviation.

Exemple : MBAYA MUDIMBE, le développement endogène,…


56
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- Dans certains ouvrages, l’abréviation « et al » est remplacée par « et coll ». Les
deux abréviations désignent la même réalité (et coll = et collaborateurs).

5.1.2. Titre

Il faut écrire entièrement le titre sans abréviation et sans correction


(recopier le titre tel qu’il se présente). En outre, on recommande de souligner ce titre
ou de l’écriture en caractères italiques).

Exemple : DE LANDSHEERE, G., La formation des enseignants de demain.

5.1.3. Détails de publication

- On indique le lieu de publication (ville) ; exemple : Paris ;


- On précise la maison d’édition (éditeur) ; exemple : PUF ;
- On donne la date de publication ou de copy rigth (année) ; exemple 1976.

5.1.4. Pagination

On indique le nombre de pages que compte l’ouvrage lu.


Exemple : 110 p.

Illustration : DE LANDESHEERE, G, La formation des enseignants de demain, Paris,


PUF, 1976, 110 p.

Ce sont là les quatre éléments qui sont obligatoires quelle que soit la
méthode envisagée. En outre, faisons remarquer que les différents éléments de la
présentation d’un livre sont séparés les uns des autres par un signe de ponctuation
presque obligatoire en l’occurrence une virgule. En d’autres termes, après chaque
élément, il y a une virgule : entre le nom et l’initial du prénom, il y a une virgule ;
entre le prénom et le titre, il y a aussi une virgule ; bref entre chaque couple d’élément
de la duite, il y a une virgule.

Cette présentation est celle qu’on retrouve dans la bibliographie finale.


Pour les notes infra-paginales, on verra ce qu’il faut préciser.

Remarques

1. Il est possible qu’un détail de présentation d’un livre soit inconnu. Dans ce cas,
on adopte la terminologie suivante :
57
Initiation à la recherche – Albert Phongi

a) Ouvrage dont l’auteur est inconnu : on fait usage du terme anonyme mis entre
crochets.
Exemple : [Anonyme], le profil du bibliothécaire zaïrois, Kinshasa,…

Il faut noter qu’un ouvrage sera déclaré anonyme lorsqu’on a épuisé toutes
les possibilités de l’attribuer à un responsable tel que le directeur, l’éditeur, le
traducteur…

b) S’il y a absence de quelques éléments dans la zone d’adresse bibliographique,


on les signale comme suit :

- Lieu d’édition inconnu : sans lieu « S.L. »


- Maison d’édition inconnue : sans nom de l’éditeur « S.N. »
- Date de publication inconnue : sans date « S.D. »

Exemple : [Anonyme], la migration du congolais, S.L., S.N., S.D., 82 p.

2. Si l’ouvrage est écrit par un auteur en plusieurs volumes ou tomes, il sera


désigné une seule fois et le nombre de volumes ou tomes sera indiqué à la
place de la pagination.
Exemple : GROUX, L., L’histoire du Canada depuis la découverte,
Montréal, action nationale, 1950-1952, 4 vol.

Il faut remarquer que :

- 1950 et 1952 indiquent les dates de publication du premier et dernier volume ou


tome.
- Le nombre de volume ou de tomes peut être indiqué juste après le titre.
- Si l’ouvrage est écrit en plusieurs volumes par un auteur, chaque volume sera
présenté avec son auteur avec le numéro du volume.

5.2. Présentation des articles de revue scientifique

D’emblée, il faut noter que les journaux publiés dans la ville ne sont pas
scientifiques. La revue a un comité scientifique, c’est-à-dire un groupe de personnes
qui doivent se prononcer sur la valeur scientifique de l’article. Pour la présentation
d’un article d’une revue scientifique, voici les éléments à préciser :

a) L’auteur

On reprend les mêmes exigences que la présentation d’un livre.


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

b) Le titre

On reprend entièrement le titre de l’article, mais sans le souligner. On


recommande de le mettre entre guillemets.

c) Les détails de publication

- Pas d’endroit de publication


- Pas de nom de l’éditeur
- On marque le nom de la revue (ce nom doit être souligné ou écrit en caractère
italiques)
- On indique le volume et le numéro
- On indique la date de publication (année et parfois les mois)

d) La pagination

On n’indique pas le nombre de pages, mais plutôt on indique la première et


la dernière page de l’article. La particularité de l’article est que dans une revue, on
trouve toujours plusieurs articles et que chaque article va d’une page à une autre. Tous
les articles se suivent dans leur pagination.

Exemple :
PHONGI KINGIELA et LOKANGO MOBELA, « Profil des compétences d’un
menuisier chef d’entreprise du secteur informel »,
in : CRPA, vol. 1, n° 11, 2003, pp. 89-103.

Remarque : article d’un livre collectif

5.3. Présentation d’un mémoire, travail de fin de cycle et thèse de doctorat

Avant tout, il faut noter que ces documents sont des travaux rédigés (non
publiés) et qu’il ne faut pas trop consulter quand on réalise un travail de recherche.

Un travail rédigé n’est pas soumis à un comité scientifique pour son


approbation, c’est-à-dire pour se prononcer sur le degré de scientificité de ce travail.
Peut-être on peut faire exception pour la thèse puis qu’il y a un comité de thèse.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Par contre, les travaux publiés sont soumis à un comité scientifique pour
leur approbation. Ce sont tous les membres du comité scientifique qui doivent se
prononcer dans les conditions normales.

Il faut donc consulter en priorité les travaux publiés et non les travaux
rédigés lorsque l’on réalise une étude scientifique.

Voici les détails de présentation d’un travail rédigé :

a) L’auteur : voir les exigences retenues pour le livre


b) Le titre : voir les exigences du titre d’un article sauf qu’on ajoute « non publié »
c) Les détails de publication.

- On indique qu’il s’agit d’un mémoire, TFC ou thèse


- On indique l’endroit de publication : établissement où le travail a été défendu
- On précise l’année de la défense (très souvent l’année académique)

d) La pagination : on indique le nombre de pages, mais c’est facultatif.

Exemple :

PHONGI KINGIELA, « Relation entre les effectifs de classes et les prestations


d’apprentissage », non publié, TFC, IPN-OSP, 1995-1996.

Attention : TRAVAIL PRATIQUE OBLIGATOIRE (références bibliographiques et


citations)

5.4. Références

Suivant l’école ou le système, il y a deux endroits où l’on peut mettre les


éléments de références :

- Au cœur de la page du texte


- Au bas de la page

5.4.1. Références au cœur de la page du texte

Malgré les efforts déployés pour uniformiser la présentation des références


dans le texte, les chercheurs n’ont pas encore pu s’accorder sur les règles de
présentation. Celles-ci varient d’une revue à l’autre, d’une maison d’édition à l’autre.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Certaines revues ou certaines maisons d’édition imposent leurs propres


règles de présentation des références bibliographiques. Ainsi, les auteurs de
publication doivent respecter les exigences de chaque revue ou de chaque maison
d’édition. Toutefois, l’une des trois formes suivantes est généralement utilisée :

1. Les noms des auteurs et l’année de publication sont indiqués dans le texte et les
références sont classées par ordre alphabétique dans la bibliographie.

Exemple : DE HERDT (1996) dans le corps du texte et la référence complète


apparaît dans la bibliographie.

N.B. : Il est possible d’indiquer aussi la page d’où est tirée la citation après l’année de
publication comme c’est le cas ici avec DE HERDT (1996 ; 18).

2. Les références sont numérotées selon leur apparition dans le texte et sont listées
selon leur apparition dans la bibliographie. Ici, il y a des numéros de rappel et
on revient sur ces numéros dans la bibliographie finale en indiquant la page
d’où est tiré l’extrait de la citation.
3. Les références sont citées par numéro dans le texte et sont listées par ordre
alphabétique dans la bibliographie. C’est comme dans le cas précédent, mais la
différence est que les références apparaissent dans la bibliographie finale selon
l’ordre alphabétique.

5.4.2. Références au bas de la page ou notes infra-paginales

Les références au bas de page peuvent être numérotées de 1 à n dans chaque


chapitre, sur chaque page ou pour l’ensemble du travail. Elles sont dressées tout au
long du texte chaque fois qu’elles apparaissent dans un chapitre, puis elles sont
raccourcies, c’est-à-dire mises en abrégé. Selon le cas, on utilise les abréviations
suivantes : idem, ibidem, op. cit. et loc. cit.

Les références au bas de page sont séparées du texte par une ligne. Chaque
référence au bas de page est numérotée d’un chiffre d’appel, lequel chiffre se fait dans
le texte par un petit chiffre surélevé écrit au tout du nom de l’auteur ou à la fin de
citation.

Nous allons examiner en détail comment on utilise chacune des


abréviations généralement en vogue dans les références au bas de page.

1. Utilisation de idem et ibidem


61
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Idem, abrégé « Id » indique l’auteur de la référence précédente. On l’utilise


quand il s’agit d’un même auteur cité plusieurs fois de suite sur la même page.

Ibidem, abrégé « Ibid » est employé pour indiquer qu’il s’agit du même
ouvrage ou du même passage que la note précédente. On l’utilise quand il s’agit d’un
même ouvrage cité plusieurs fois de suite sur la même page.

Exemples :

1. CL. HAGEGE, Le souffre de la langue, Paris, PUF, 1982, p. 87.


2. Id., Partir sans retour, Paris, la Gardère, 1984, p. 18.
3. P. BOURDIEU, Ce que parler veut dire, Bruxelles, éd. Labor, 1985, p. 8
4. Ibid, p. 18.

Remarques

1. La formule de présentation des notes infrapaginales reste la même que celle de


la présentation de la bibliographie finale, à l’exception des éléments suivants :
– le prénom abrégé précède le nom de l’auteur
– on doit signaler la page lue et non le nombre de pages de l’ouvrage.
2. Les notes sont numérotés de 1 à n soit de façon séquentielle par page ou par
chapitre, soit de façon continue du début jusqu’à la fin du travail.
3. Dans les exemples ci-dessus, le 2ème exemple signifie que le livre a été écrit par
Cl. HAGEGE. Tandis que dans le 4ème exemple, c’est le même ouvrage que le
précédent.

2. Utilisation de op. cit. et loc. cit.

Op. cit. est l’abréviation de opere citato qui se réfère à un ouvrage déjà cité.
On l’utilise quand il s’agit d’un ouvrage déjà cité précédemment sur la page autre que
celle où il est noté (de nouveau), ou encore sur la même page, mais il y a d’autres
ouvrages qui s’intercalent.

Loc. cit. (Loco citato) renvoie à un chapitre, un passage ou un article déjà


cité. Si au lieu de renvoyer à un livre déjà cité (op. cit), la note renvoie à un autre type
de texte (un article) appartenant à une revue, un journal, une encyclopédie, un
dictionnaire déjà cités. On remplace cette référence par la locution latine loco citato
qui signifie « à l’endroit cité ». La pagination pourrait varier, il suffirait d’ajouter
après « loc. cit » un ou plusieurs chiffres qui renverraient aux pages concernées.

Exemple :
1. CL. HAGEGE, Le souffle de la langue, Paris, PUF, 1982, p. 89.
62
Initiation à la recherche – Albert Phongi

2. A GOOSE, l’académie française et l’orthographe, in : Revue générale, n° 3,


mars 1988, pp. 63-70.
3. CL. HAGEGE, Op. Cit., p. 115.
4. A. GOOSE, Loc. Cit., pp. 71-72.

Remarquons que « op. cit. » est utilisé ici pour remplacer le livre de
HAGEGE qui est cité au premier exemple ; tandis que « loc. cit. » remplace l’article
de GOOSE cité au deuxième exemple.

5.5. Citation

Pour appuyer ses idées ou son argumentation, le chercheur recourt à des


citations : il rapporte des passages qu’il emprunte à des spécialistes. Ces textes sont
transcrits fidèlement. Pour distinguer la citation du texte écrit par le chercheur, on
peut changer la taille des caractères ou on emprunte les caractères italiques pour la
citation et les caractères romains pour le texte du texte ; ou encore on met la citation
entre guillemets « ».

Généralement, on distingue deux types de citation : la citation directe et la


citation indirecte.

5.5.1. Citation directe

C’est le cas où le chercheur reproduit ou recopie textuellement le passage


d’un autre auteur. Pour ce faire, il est recommandé ce qui suit :

- Mettre ce passage (citation) entre guillemets ou en caractères italiques


- Mettre le numéro de renvoi immédiatement à la fin du passage recopié. Ce
numéro de renvoi est repris au bas de la page afin de compléter la référence.
- Si la citation contient un mot mal écrit, on doit recopier ce mot tel qu’il est
mentionné par l’auteur, mais en ajoutant immédiatement après (ce mot) et entre
les crochets le terme [sic].

Exemple : « Je reviens de la République Démocratique du Kongo [sic] pour


récolter… »

Remarques :

1. Pour présenter la référence d’une citation, on peut aussi utiliser le mode de


présentation « auteur-date ». La référence « auteur-date » comporte :
- Le nom de l’auteur sans prénom et sans ponctuation
63
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- La date de publication du livre (ou article) d’où est extraite la citation.


Cette date est suivi de deux points « : » (de ponctuation)
- Le numéro de la page citée non précédée de la mention page ou p.

Exemple : (DEBOVE 1978 : 27) : ceci signifie que la citation est extraite de la 27 ème
page du livre écrit par DEVOVE en 1978.

2. Si la citation est incomplète, c’est-à-dire des mots sont omis volontairement, le


mot ou le passage non cités sont remplacés par des points de suspension mis
entre crochets.

Exemple : « Tout énonçeur s’intéresse à la langue […] il s’y intéresse comme à lui-
même » (HAGEGE) 1982 : 295).

5.5.2. Citation indirecte

C’est le cas où le chercheur ne recopie pas le passage de l’auteur, mais il se


contente de résumer l’idée de l’auteur en ses propres mots sans la modifier forcément.
En d’autres termes, le chercheur interprète et commente l’idée de l’auteur en rapport
avec son travail.

Les citations indirectes se retrouvent dans les travaux de recherche réalisés


à tous les niveaux. Beaucoup de chercheurs ne les signalent pas et cela passe pour
leurs propres idées. Mais par honnêteté intellectuelle, il est souhaitable de les signifier
pour la crédibilité du chercheur.

Il faut savoir ce principe du travail scientifique concernant les citations :


quand on emprunte un texte à un auteur, on doit mentionner sa source. Il serait grave
d’être accusé de plagiat. Plagie un auteur celui qui le recopie en s’attribuant indûment
des passages de son œuvre.
64
Initiation à la recherche – Albert Phongi

Chapitre 6. DEMARCHES DE COLLECTE DES DONNEES

Ce chapitre renvoie aux méthodes de collecte des données. Ici, il ne faut pas comprendre le
terme « méthode » dans le sens large du dispositif global d’élucidation du réel mais plutôt
dans un sens plus restreint, celui de dispositif spécifique de recueil et d’analyse des données
nécessaires au test des hypothèses de travail. On recourt très souvent à la méthode
d’observation qui peut se matérialiser sous plusieurs formes. Pour des amples informations,
l’étudiant peut se référer au cours des méthodes de recherche dispensé au cours des années
d’études antérieures (voir deuxième graduat).

Néanmoins, on peut retenir qu’en général on distingue trois opérations dans l’observation :
 Il faut concevoir un instrument capable de recueillir ou de produire les informations
nécessaires pour tester des hypothèses. Dans la plupart des cas, cet instrument est un
questionnaire ou un guide d’entretien. Pour que cet instrument puisse produire des
informations pertinentes, il faut qu’il contienne des questions portant sur chacun des
indicateurs retenus à l’avance et que les questions soient précises.
 Il faut tester l’instrument d’observation. Non seulement il est impératif que les
questions soient précises mais aussi, il faut qu’elles soient comprises par l’enquêté
(l’informateur). Il faut donc tester les questions en les soumettant à un petit nombre
de sujets appartenant aux différentes catégories composant l’échantillon. C’est ainsi
donc qu’on identifie les questions qui posent problème (des questions mal formulées
ou des « sujets qui fâchent »).
 La mise en œuvre de l’instrument d’observation. C’est ici la phase de la collecte des
données.
Les méthodes de recueil et les méthodes d’analyse des données doivent être définies en
fonction des objectifs et des hypothèses de travail ainsi que des moyens disponibles.
Les démarches auxquelles on peut recourir pour collecter les données d’une étude peuvent
être résumées dans le tableau ci-dessous qui tient compte de la catégorie de recherche
concernée.
Catégories Méthodologies pratiques
Méthode qualitative Analyse de contenu ; analyse du discours ; entretien semi-directif ;
étude de cas ; histoire de vie ; observation ; observation participante ;
pensée à voix haute
Méthode quantitative Echantillon ; questionnaire ; sociogramme ; sondage ; statistiques ;
unités de bruit médiatique
Quantitative et Dialectique4 ; analyse des réseaux et monographie
qualitative

4
Dialectique est un processus de développement de la pensée et de l'être par dépassement des contradictions
(de la thèse et l'antithèse à la synthèse), chez Hegel.
65
Initiation à la recherche – Albert Phongi

A partir de ce tableau, on peut se focaliser sur quatre grandes familles de démarches qui sont
l’entretien, le questionnaire, l’analyse des sources secondaires et l’observation directe.
Remarque : Ces différentes méthodes peuvent être combinées et permettre des recoupements,
on parle alors de triangulation.

6.1. Entretien

6.1.1. Définition

L’entretien ou interview est, dans les sciences sociales, le type de relation interpersonnelle
que le chercheur organise avec les personnes dont il attend des informations en rapport avec le
phénomène qu’il étudie. D’une autre manière, c’est la situation au cours de laquelle un
chercheur, l’enquêteur, essaie d’obtenir d’un sujet, l’enquêté, des informations détenues par
ce dernier, que ces informations résultent d’une connaissance, d’une expérience ou qu’elles
soient la manifestation d’une opinion.
L’interview de recherche doit être distinguée d’autres formes d’entretiens interpersonnels. Il
diffère par exemple d’une conversation amicale car il a un objectif précis, sans comporter
d’élément affectif, et s’inscrit dans un plan de recherche. Même s’il peut s’en rapprocher, il se
distingue aussi de l’interview journalistique, dans la mesure où il est régi par des règles
rigoureuses, destinées notamment à éviter l’influence possible de l’enquêteur sur l’enquêté,
dans la mesure aussi où il doit être conduit d’une manière plus méthodique, moins spontanée.
L’entretien scientifique est en effet une démarche préparée, qui s’inscrit dans un plan
préétabli et qui obéit à des règles relativement précises pour en faire un outil d’observation
répondant, autant que faire se peut, aux exigences d’objectivité et de rigueur de la méthode
scientifique. Ceci étant, il peut revêtir des modalités diverses que l’on évoquera tout d’abord.
On abordera ensuite les problèmes auxquels se heurte sa mise en œuvre pour assurer la
validité des informations collectées.
Il faut rappeler que les entretiens sont habituellement utilisés dans les recherches qualitatives.

6.1.2. Principaux types d’entretiens

Une classification des principales formes d’entretiens peut être envisagée en combinant deux
critères principaux : celui de la profondeur de l’entretien, du plus profond au plus superficiel,
et celui de la liberté dont disposent les interlocuteurs, enquêteurs et enquêtés.

Entretiens cliniques
Ils sont ainsi appelés parce qu’ils ressemblent aux méthodes d’interrogation employées par un
médecin à l’égard de son malade pour établir son diagnostic. C’est un type d’entretien
entièrement centré sur la personne du sujet interrogé dont on veut explorer en profondeur les
66
Initiation à la recherche – Albert Phongi

caractéristiques les plus individuelles et les plus originales. Le déroulement des entretiens se
caractérise par une très grande liberté, la non directivité étant poussée à son point extrême. Le
sujet interrogé conserve le maximum d’initiative, l’enquêteur se limitant à aider le sujet à
préciser sa pensée et à ne pas s’égarer dans des domaines inintéressants. Quant aux
interventions de l’enquêteur, elles ne sont pas fixées à l’avance et se font en fonction du cours
de l’entretien. En général, ces entretiens cliniques très approfondis se font au cours
d’entretiens multiples. Ce procédé est surtout utilisé en psychologie, en psychiatrie et en
psychologie sociale.

Entretiens en profondeur
Ils se différencient des précédents dans la mesure où ils sont orientés sur un thème fixé au
préalable et proposé par l’enquêteur. L’entretien n’est plus centré sur la personne du sujet,
envisagée en elle-même et dans toutes ses dimensions, mais sur les rapports entre la personne
et le thème. Ceci étant, le déroulement de l’entretien reste non directif : les interventions de
l’enquêteur étant fonction du cours de l’entretien et ayant pour but de maintenir celui-ci dans
les limites fixées et d’approfondir les réponses données. L’interrogation peut se faire au cours
d’un ou plusieurs entretiens.

Entretiens guidés ou directifs


Ils sont proches des précédents, dans la mesure où ils s’attachent à explorer les rapports de
l’interviewé avec un thème déterminé par l’enquêteur et défini par lui de manière assez large.
La spécificité de ce type d’entretien tient au fait que la liberté de l’enquêteur est plus
restreinte que dans le cas précédent car, ici, sans que l’on ait affaire à un entretien directif,
avec des questions préformulées, l’enquêteur est cependant guidé par une liste de thèmes
établie à l’avance, au moment de la préparation de l’enquête. Par l’existence de ce guide
d’entretien, ce procédé s’apparente à la technique suivante.

Entretiens centrés (focused interview)


Ils consistent à analyser en profondeur la réaction du sujet devant une situation décrite avec
précision par l’enquêteur ou créée par lui. Par exemple, à la suite de la projection d’un film.
L’entretien est aussi un peu plus directif que dans les cas précédents, dans la mesure où les
questions de l’enquêteur devront s’inspirer d’un guide d’entretien établi à l’avance et
précisant les principaux points à explorer. Toutefois, ce guide n’est qu’un canevas que
l’enquêteur applique de façon libre, en conservant une assez large marge d’initiative. Donc
voici les caractéristiques : enquête centrée sur l’étude des réactions à une situation précise,
entretien organisé autour d’un canevas prévu dans un guide d’entretien. Ce procédé a
particulièrement été mis au point et utilisé pour étudier l’influence des moyens de
communication (presse, cinéma, T.V.).

Entretiens à questions ouvertes


Dans ces entretiens, l’entretien est centré sur l’objet de l’enquête. Par ailleurs, la liberté de
l’enquêteur est ici réduite. Il pose des questions explicitement rédigées dans le protocole
d’enquête. La formulation, le nombre de questions, leur ordre s’imposent à l’enquêteur. En
67
Initiation à la recherche – Albert Phongi

revanche, l’enquêté conserve une certaine marge de liberté, dans la mesure où les questions
posées sont des questions ouvertes du type "Que pensez-vous de ... ?", laissant toute latitude
au sujet pour exprimer sa position en la précisant et en la nuançant.

Entretiens à questions préformées


Les caractéristiques de ce type d’entretiens sont les mêmes que précédemment en ce qui
concerne la limitation de l’entretien à l’objet précis de l’enquête et la pré-rédaction du
questionnaire. Sa spécificité tient au fait que c’est cette fois la liberté de l’enquêté qui est
aussi restreinte, dans la mesure où il doit choisir ses réponses parmi celles qui lui sont
proposées par le questionnaire de l’enquêteur.

NB : Entre les entretiens directifs et libres, on retrouve les entretiens semi-directifs qui se
caractérisent par une répartition quasi équilibré du temps de parole. L’enquêté a la liberté de
parole, mais l’enquêteur a le devoir de recadrer les propos de l’enquêté surtout si celui-ci
divague.

6.1.3. Problèmes généraux de l’entretien

La caractéristique qui différencie un entretien scientifique d’autres formes d’entretiens est


qu’il est une opération préparée ; cette préparation ayant pour but d’obtenir le maximum
d’informations pertinentes et d’assurer aux résultats de l’entretien le maximum d’objectivité.
Cette préparation doit être conduite en prenant en considération quatre facteurs : a) en
premier lieu, l’objet de l’enquête, l’objet de l’entretien, en essayant de prévoir les difficultés
que cet objet pourra susciter ; b) en second lieu, il faut prendre aussi en considération les
sujets, les personnes, qui vont être soumis à l’entretien, en envisageant, là encore, les
difficultés qui pourront naître des caractéristiques propres de la population interrogée ; c) en
troisième lieu, cette préparation sera faite aussi en fonction de la technique d’entretien à
laquelle on envisage d’avoir recours : on ne prépare pas évidemment de la même manière un
entretien non directif qu’un entretien directif, qui suppose la rédaction préalable d’un
questionnaire ; d) enfin, en dernier lieu, lorsque notamment celui qui prépare l’entretien n’est
pas celui qui y procèdera, la préparation devra tenir compte de la personnalité du ou des
enquêteurs.
En fonction de ces trois ou quatre éléments, il faut donc essayer de prévoir les difficultés que
l’on pourra être amené à rencontrer et les risques qui peuvent compromettre la qualité et
l’objectivité des résultats obtenus et essayer de remédier à l’avance à ces risques. En
particulier, les risques d’erreur ou de déformation, les risques de biais, peuvent avoir deux
sources qui tiennent au caractère de relation interpersonnelle de l’entretien : elles peuvent
venir de l’enquêteur ou de l’enquêté.

1. Risques de biais du fait de l’enquêteur


Le problème est ici celui du comportement de l’enquêteur qui doit essayer de concilier deux
exigences quelque peu contradictoires : d’une part exercer sur le sujet une certaine influence
pour l’amener à répondre aux questions posées ; d’autre part, ne pas influer sur les réponses et
68
Initiation à la recherche – Albert Phongi

leur contenu, de façon à ne pas fausser les résultats de l’opération. Cette situation de biais
peut se manifester à trois moments clés de l’entretien, à savoir :
- Ce problème se pose d’abord au niveau du premier contact entre l’enquêteur et
l’enquêté car, d’une part, l’enquêteur doit susciter un climat de confiance et de
collaboration propre à favoriser les réponses du sujet et, d’autre part, il doit
simultanément garder une certaine distance vis-à-vis de son interlocuteur de façon à
conserver un rôle de témoin sans s’engager personnellement dans une véritable
conversation. Il faut garder le juste milieu.
- Durant le déroulement de l’interrogation aussi, le comportement de l’enquêteur doit
être un comportement maîtrisé pour éviter, dans certains cas, de biaiser les réponses, si
ce comportement semble, par exemple, indiquer que l’enquêteur attend certaines
réponses plutôt que d’autres.
- Au niveau de l’enregistrement des réponses des précautions doivent être aussi prises
pour éviter une déformation des réponses. L’idéal est de les enregistrer aussi
rapidement, aussi complètement et aussi littéralement que possible. Dans certains cas,
l’enregistrement par magnétophone est la solution, mais il suppose que l’interviewé en
accepte le principe et ne risque pas d’être impressionné et perturbé par le procédé. Si
l’enregistrement est un enregistrement par écrit, il est conseillé de transcrire les
réponses aussi littéralement que possible en respectant le vocabulaire et le style de
l’enquêté et en résistant à la tentation de les réécrire pour les clarifier, les abréger ou
les rendre plus cohérentes.

Recommandations pratiques
1) Se présenter et expliquer la raison et le but de l’entretien sollicité.
2) Préciser les avantages directs ou indirects que peut retirer l’interlocuteur de l’entretien et
susciter son intérêt.
3) Dans la mesure du possible, rencontrer son interlocuteur au moment et dans un lieu qui
lui conviennent.
4) Bien connaître les domaines particuliers de connaissance et de compétence des
interlocuteurs afin d’y concentrer l’entretien et de retirer le maximum d’informations
utilisables.
5) S’efforcer d’utiliser un langage neutre, ni trop technique, ni faussement adapté au niveau
culturel et intellectuel de l’interlocuteur.
6) Adopter une attitude de neutralité face aux thèmes abordés afin d’éviter de biaiser les
résultats de l’entretien.
7) Veiller par des interventions judicieuses à ce que l’entretien ne dévie pas par rapport aux
objectifs fixés tout en évitant de bousculer la bonne volonté de l’enquêté.
8) Vérifier, par des sous-questions et des demandes de précision, les informations reçues.
9) Utiliser la technique de la reformulation des renseignements déjà recueillis pour faire
progresser l’entretien.
10) Éviter de se limiter rigidement au schéma d’entretien, en étant attentif à tout indice
permettant de recueillir des informations non prévues mais pertinentes par rapport aux
thèmes de l’entretien,
11) Se préoccuper de respecter les contraintes temporelles définies pour l’entretien en
s’assurant que celui-ci permettra de couvrir tous les contenus désirés.
12) Même si cela va de soi, ne pas oublier de remercier son interlocuteur à la fin de
l’entretien, en soulignant la pertinence des informations qu’il a fournies.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

2. Risques de biais du fait de l’enquêté


Un certain nombre de facteurs peuvent conduire l’enquêté à ne pas répondre aux attentes de
l’enquêteur et à fournir des réponses non valides, c’est-à-dire ne correspondant pas à la réalité
que l’on veut atteindre par l’entretien. On peut relever quatre facteurs fondamentaux :
- Une première cause, radicale, peut être le refus de répondre, qui peut tenir aux
personnes interrogées (timidité, craintes des conséquences, etc.) ou à la nature de
l’enquête sur des objets plus ou moins tabous (argent, sexualité, opinions politiques,
etc).
- Un autre risque possible peut consister dans l’incapacité du sujet interrogé à répondre,
soit parce qu’il éprouve des difficultés à s’exprimer soit parce qu’il n’a pas de
connaissances ou d’opinion sur la question posée, ce qui peut entraîner des refus de
réponse, mais aussi, ce qui est finalement plus gênant, des réponses fantaisistes pour
"faire plaisir" malgré tout à l’enquêteur.
- Un facteur de biais important réside dans l’effet de prestige : c’est la tendance de
certains enquêtés à adopter des comportements qui sont plus ou moins déterminés par
les réactions qu’ils supposent devoir être celles de l’enquêteur. Par exemple, leurs
réponses à des questions d’opinion n’exprimeront pas leur sentiment spontané, mais
seront des réponses dont ils pensent qu’elles leur vaudront un jugement favorable de la
part de l’enquêteur.
- L’absence de sincérité des réponses peut aussi tenir au souci des enquêtés de paraître
conformes au rôle social qu’ils jouent ou veulent jouer à leurs propres yeux et aux
yeux de l’enquêteur. Ainsi, si l’on va s’entretenir avec un syndicaliste sur
l’opportunité d’une grève, celui-ci hésitera par exemple à la désavouer pour rester
fidèle à son image de syndicaliste, même si dans son for intérieur il est d’un avis
contraire. L’expression de son opinion sera déformée par son rôle social, auquel il se
sent obligé d’être fidèle.

6.1.4. Stratégies de conduite de l’entretien

L’objectif de l’entretien est, dans un premier temps, de laisser le plus possible s’exprimer la
personne sans apporter de nouveaux contenus. On doit s’efforcer de laisser parler l’agent, sans
intervenir et noter toutes les idées clés ou les points à éclaircir. L’objectif est d’intervenir le
moins possible dans le discours de son interlocuteur (sauf si celui-ci s’éloigne du sujet depuis
longtemps). On peut utiliser durant cette phase des déclarations positives, donner des «
accusés de réception » pour motiver la personne et renforcer son implication dans sa
réflexion. Afin d’approfondir le plus possible les idées que la personne exprime de manière
spontanée, on utilise plusieurs procédés de relance :
- Reformulation : « Vous m’avez dit tout à l’heure que l’éloignement géographique
constituait un frein au sentiment d’appartenance à l’établissement ; pourriez-vous préciser ce
que vous entendez par sentiment d’appartenance ? »
70
Initiation à la recherche – Albert Phongi

- Echo-miroir : cela consiste à répéter un mot, un groupe de mots ou une phrase.


- Interprétation : cela consiste à reformuler ce que dit l’interlocuteur en allant plus loin, en lui
proposant des pistes auxquelles il n’avait pas pensé : « Si j’ai bien compris, vous voulez dire
que (…), ne pourrait-on pas aller plus loin en considérant que (…) ? ». Attention au risque de
blocage et de « désimplication » du répondant, si son interlocuteur ne valide pas
l’interprétation.
- Reflet : cela consiste à expliciter une attitude, des émotions, des sentiments non-dits (du
moins ce qui peut en être perçu à travers l’intonation, les hésitations, les silences…) : « vous
craignez que… », « vous pensez que… ». Ce type de relance peut permettre de lever des
blocages et de favoriser l’auto- exploration, mais il peut aussi être perçu comme une remise
en cause de ses propos.
- Recentrage : cela consiste à reprendre la question de départ ou à relancer sur un
développement intéressant pour limiter les digressions.
- Demande d’informations complémentaires : cela consiste à inviter l’interlocuteur à donner
des précisions pour décrire une situation : « pouvez-vous donner un exemple ? », « pouvez-
vous m’en dire plus à ce sujet ?».
- Demande d’éclaircissement : cela consiste à jouer le naïf, l’incompréhension volontaire : «
je ne vois pas bien ce que vous voulez dire », « je ne comprends pas bien, pouvez-vous
m’expliquer ? ».
- Marques d’écoute : cela consiste à manifester (verbalement ou pas) sa compréhension et son
intérêt afin d’inviter la personne interrogée à poursuivre son discours : « je vois », « oui », ou
encore des hochements de têtes.

En résumé
La conduite de l’entretien sous-entend de « faire dire plutôt que dire ». Pour cela, outre l’idée
de savoir se taire (dans une proportion de 70% du temps de l’entretien), les quelques
recommandations sont de :
1. Privilégier les questions ouvertes neutres (pourquoi, pour quelle raison, comment, de
quelle manière …) : Eviter les questions orientées et les réponses induites.
2. Donner des « accusés de réception » en reformulant les propos de votre interlocuteur
(cf. techniques de relance) : C’est reprendre ce que vient de dire l’interlocuteur sous une
autre forme. Ainsi, si celui-ci est d’accord, il approfondira ce qu’il pense et ce qu’il ressent.
S’il n’est pas d’accord avec la reformulation, il donnera des explications qui permettront de
relancer l’échange.
3. Construire l’entretien en synthétisant au fur et à mesure les propos
4. Rester au niveau des faits, des idées en termes concrets et spécifiques : Ne pas se
contenter d’opinions générales, de souhaits, d’intentions, mais essayer de les étayer par des
faits ou des idées.
71
Initiation à la recherche – Albert Phongi

6.2. Questionnaire

Le recours au questionnaire comme instrument de collecte des données lors d’une enquête
nécessite de répondre au préalable à deux problèmes.
Le premier problème du questionnaire était de définir les questions de recherche, les
hypothèses de travail et la population d'étude. Le deuxième problème est de déterminer quels
indicateurs seront mesurés pour répondre à ces questions.

6.2.1. Définition et notion

L’enquête par sondage est une enquête faite sur une partie restreinte de la population.
L’enquête par sondage est un ensemble d’opérations ayant pour objet la distribution de
certaines caractéristiques de la totalité de la population à partir de l’observation d’une
fraction seulement de cette population appelée échantillon. Cette définition concerne toute
enquête ; elle peut s’appliquer aussi bien aux enquêtes de fécondité ou de mortalité qu’à celles
de l’emploi, de la consommation ou de la nutrition.
De par sa définition, l’enquête démographique est une procédure de collecte des données par
sondage ou par échantillon. C’est ce qui la distingue fondamentalement du recensement qui
est une opération exhaustive touchant toute la population d’un territoire donné et non
seulement une partie de cette population.
Cette distinction terminologique n’est pas toujours aussi nette : ainsi on parle parfois de
micro-recensements ou de recensement par sondage quand en fait il s’agit d’opérations par
échantillon, certes plus importantes comme le recensement par sondage au 1/10 ème de la
population d’un pays donné. Il est préférable de garder le terme recensement pour toute
opération exhaustive et d’enquête pour toute opération de collecte par échantillon.
L’autre différence entre enquête et recensement est celle de l’objectif recherché : un
recensement a pratiquement toujours comme objectif premier (pas unique) le nombre et la
répartition des habitants sur le territoire considéré ; objectif principal beaucoup moins
fréquent dans le cas des enquêtes. Il faut faire une exception sur la série d’enquêtes
démographiques et de santé qui ont régulièrement lieu depuis la fin des années 1980 dans
beaucoup de pays en développement dont l’Afrique subsaharienne. Faute des statistiques
efficientes, l’enquête remplace en quelque sorte le recensement en vue d’approfondir certains
problèmes particuliers, difficiles à étudier lors d’une opération aussi lourde qu’un
recensement.
Très souvent on parle d’enquête démographique pour qualifier toute enquête dont l’objectif
principal est la mesure des niveaux et/ou tendances d’un ou plusieurs phénomènes de base
(fécondité, mortalité, migrations, accroissement naturel). Il en est de même des enquêtes qui
combinent ces phénomènes aux motivations et aspirations. En revanche, une enquête
spécifique sur les seules motivations et aspirations pour un problème de population au sens
large sera souvent qualifiée d’enquête sociologique. Ainsi les enquêtes sur l’emploi ou la
72
Initiation à la recherche – Albert Phongi

scolarisation peuvent être classées comme des enquêtes sociologiques. Ces enquêtes
intéressent les statisticiens à un haut niveau.
De plus en plus, on parle d’enquête ménage à objectifs multiples ; on les appelle aussi
enquêtes à objectifs multiples. Il s’agit d’opérations par sondage où les domaines couverts
sont aussi bien les caractéristiques des ménages et les caractéristiques des individus que
l’emploi, la migration, la fécondité ou la mortalité. La plupart des grosses enquêtes réalisées
en Afrique s’inscrivent dans cette logique.
Toutes ces enquêtes utilisent un outil précieux qui est le questionnaire d’enquête. Par
définition, un questionnaire est un outil de collecte des données constitué d’une liste de
questions à soumettre à l’appréciation de la personne à enquêter. En tant qu’outil de collecte,
le questionnaire doit remplir plusieurs caractéristiques notamment (Tremblay, 1968) :
- Un instrument de mesure : C'est un instrument de mesure dans un schème de
vérification. Il définit les dimensions d'une variable indépendante afin d'analyser
ses influences sur la variable dépendante.
- Un instrument normalisé : Tout instrument normalisé est le résultat d'une
systématisation de l'observation. Les questions sont déterminées d'avance. Les
questions posées aux interrogés possédant les mêmes caractéristiques sont
identiques. Ces questions sont toujours posées dans le même ordre.
- Un instrument calibré : C'est un instrument qui a été mis à l'essai, c'est-à-dire
qu'il a été utilisé en vue d'évaluer s'il mesure bien ce pour quoi il a été construit et
s'il produit invariablement le genre d'associations verbales que l'on veut mesurer.
- Un instrument qui mesure à la fois les données objectives et les données
subjectives : Par données subjectives, on entend les états affectifs tels que les
attitudes, les aspirations, les privations, les tensions, les émotions, etc. Les
données objectives sont notamment celles sur l'âge, le sexe, l'affiliation
religieuse, la profession et le revenu.
- Le double aspect de la mesure
a. Aspect individuel : Chaque questionnaire représente une unité
d'observation qui peut être analysée pour elle-même.
b. Aspect collectif : Il se rapporte au genre d'analyse que l'on entreprend
sur un ensemble de questionnaires. On regroupe les réponses afin d'obtenir
les tendances moyennes.
- Utilisation d'échantillon quantitatif : le questionnaire s'adresse à un segment de la
population dont les caractéristiques sont préalablement définies.
- Tout questionnaire est construit en fonction de l'analyse : Il tient compte des
échelles, indices, typologies, analyse corrélative, ainsi que des types d'explication
retenus.

Par rapport à la population totale, il s’agit d’interroger suffisamment d’individus pour avoir
une marge d’erreur connue … et acceptable. En effet, il existe un phénomène de saturation :
après un seuil donné, la collecte d’informations supplémentaires n’apporte que peu de
précisions supplémentaires.
73
Initiation à la recherche – Albert Phongi

6.2.2. Construction d’un questionnaire

3.2.2.1. Etapes de construction d’un questionnaire

Pour élaborer un questionnaire, il est nécessaire de procéder par les huit étapes ci-dessous :
- Définir les objectifs de l’enquête ;
- Déterminer la structure du questionnaire
- Rédiger les questions
- Définir les modalités d’administration
- Tester le questionnaire
- Administrer le questionnaire
- Saisir les réponses
- Analyser les résultats

1. Objectif de l’enquête

Il s’agit de définir précisément le champ de l’étude. Qu’est-ce que l’on souhaite étudier,
qu’est-ce que l’on souhaite savoir? Avant de rédiger un questionnaire, vous devez devenir un
spécialiste du problème à analyser. Un bon questionnaire n’a pas pour finalité de connaitre un
problème, mais d’en quantifier les composants.

2. Structure du questionnaire
Il s’agit de définir la structure générale du questionnaire avec ses parties et ses sous parties.
Une enquête comporte souvent quatre grands types de questions relatives : aux
comportements, aux opinions, aux motifs et à l’identité.
Comportements  Opinions  Motifs  Identités 

Posez les questions dans cet ordre, car Il est plus simple de parler de ce que l'on fait
(comportements) que de ce qu'on en pense (opinions). Il est ensuite possible, d’aborder les
raisons des choix (le pourquoi) plus personnels.
Cette organisation permet de passer progressivement à des questions de plus en plus
personnelles.

3. Rédaction des questions


Il s’agit de rédiger de façon rigoureuse chaque question.
74
Initiation à la recherche – Albert Phongi

On doit d’abord définir précisément ce que la question cherche à savoir, puis rédiger la
question en adéquation avec son objectif,
- Utiliser des termes simples et sans ambiguïtés ou à double sens,
- Rédiger des questions neutres qui n’induisent pas les réponses,
- Proposer des réponses pertinentes.

4. Modalités d’administration
Il s’agit de définir les modalités d’administration du questionnaire. Cette étape consiste
entre autres à :
•Définir le profil des personnes à interroger et concentrer l’administration sur cette cible.
Utiliser la méthode des quotas ou autres stratégies d’échantillonnage retenues.
•Commencer par une ou des questions filtres destinées à éliminer les personnes non
concernées par le questionnaire.
•le nombre de questionnaires à administrer doit être suffisant pour obtenir des réponses
représentatives du panel et pour atténuer le poids des réponses atypiques.
•Le mode d’administration : face à face; téléphone; voie postale; Internet ; auto-
administration

5. Test du questionnaire
Il s’agit de tester le questionnaire sur un échantillon.
On doit tester le questionnaire sur un petit effectif représentatif du panel afin de contrôler
notamment : l’ordre des questions, leur compréhension. Cela permet aussi de corriger
éventuellement le questionnaire en fonction des problèmes rencontrés.

6. Administration du questionnaire

Il s’agit d’administrer le questionnaire en veillant sur ce qui suit :


•Respecter les règles définies dans l’étape 4.
•Eviter l’administration auprès des amis ou camarades de classe : cela permet de gagner du
temps mais biaise les résultats.

7. Saisie des réponses


On s’efforce de saisir les réponses sur une application tout en veillant à :
•Respecter de nouveau la règle des quotas
75
Initiation à la recherche – Albert Phongi

•Compléter ou éliminer les questionnaires de façon aléatoire sans éliminer les questionnaires
qui dérangent ou ne satisfont pas le client.

8. Analyse des résultats


On se préoccupe d’analyser les résultats. A ce niveau, on conseille de :
•Ne pas se contenter des tris à plat
•Faire des tris croisés qui permettent une analyse plus fine.

3.2.2.2. Types de questions


Il s’agit ici de décrire le type de questions que le rédacteur peut choisir pour composer son
questionnaire. On peut distinguer des questions fermées à réponse unique, les questions
ouvertes, les questions à choix multiple et les questions à classement. Pour l’ensemble de ces
questions, il convient d’insister sur l’importance d’une consigne claire qui explicite bien ce
qu’il faut faire.

1. Questions fermées à réponse unique


Ce sont les questions les plus simples. La question est le plus souvent sous forme
interrogative, ce qui provoque des réponses d’approbation ou évaluation sur une gamme de
jugements prévus.
Pour formuler les questions, on peut donner la consigne suivante qui, dans tous les cas, doit
être clairement affichée, avec aucune ambiguïté et il faut qu’elle soit la même, il faut garder
une démarche cohérente dans la présentation et les consignes.
Exemple de consigne :
- Barrer la réponse qui convient : oui - non
- Entourer la réponse qui convient : oui - non
- De cocher la case qui correspond à la réponse : Oui Non

D’autres modes de présentation sont envisageables.


L’avantage des questions fermées est le suivant :
- Facilité de faire un questionnaire
- Facilité pour coder un questionnaire
- Facilité de réponse pour le questionné (enquêté)
Très souvent, on les utilise en début de questionnaire. Elles peuvent servir de filtre par rapport
au quota. C’est ainsi que, dans le cas où l’on cherche uniquement à interroger des personnes
qui fréquentent les musées, la première question peut être par exemple :
Ex : Allez-vous au musée ?
Oui ou Non. Si non, stop… l’enquête ne vous concerne pas
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Elles sont inefficaces et contre-indiquées pour un questionnaire pouvant provoquer plusieurs


réponses, des réponses nuancées, autrement dit pour toutes les questions où l’on a du mal à
répondre par oui ou par non, où l’on souhaite répondre autre chose.
Toutefois, ce type de question (les questions fermées) a un sens. Il s’agit de conduire le sujet à
prendre position (à choisir une tendance), même s’il n’y adhère que partiellement.
Exemple 
Aimez-vous l’art contemporain ? Oui – Non
On pourrait dire, cela dépend du type d’art, de l’artiste, pas toujours, en partie, etc. Il s’agit ici
de mesurer si la personne à une tendance générale à aimer l’art contemporain ou pas, sa
dominance, cela entraîne un choix forcé, mais le fait de choisir indique une orientation qui
devra être retrouvée à travers d’autres questions d’opinion. On met ici en évidence une
attitude pour l’art contemporain.
Pour éviter l’aspect négatif d’une question fermée (2 réponses), il est possible de proposer une
question comportant une échelle d’attitude5, la réponse pourra être plus nuancée
(personnalisée).
Exemple : Que pensez-vous de la qualité de nos services ?
1. Très insatisfait 2. Plutôt insatisfait 3. Satisfait 4. Plutôt satisfait 5. Très satisfait

Exemple : Est-ce que cette visite a été importante pour vous ?


1. Pas du tout important 2. Peu important 3. Neutre 4. Important 5. Très
important
Consigne : Cochez la case qui correspond à votre jugement
NB : en ce qui concerne l’analyse, les résultats de l’échelle d’attitude peuvent être traités
comme appartenant à une variable qualitative ou à une variable quantitative.

2. Questions ouvertes
Ce type de questions ne canalise absolument pas l’enquêté qui exprime librement son opinion.
Exemples
- Que pensez-vous de votre visite ?
- Pourquoi allez-vous dans un musée ?
- Que penses-vous des musées d’art ?

5
On recourt très souvent à l’échelle de LIKERT qui permet d’exprimer l’intensité de l’approbation. Toutefois
il existe d’autres échelles comme l’échelle à support sémantique de Thurstone qui permet d’adapter les
nuances et les positions de l’échelle. Il y a aussi l’échelle sémantique différentielle d’OSGOOD qui est une
échelle bipolaire de 5 à 7 degrés qui oppose deux affirmations contraires soumises à un individu auquel il
est demandé de se situer entre les deux extrémités.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Il est à noter que la deuxième question ne justifie pas l’utilisation de la question ouverte. Elle
entraîne des réponses objectives. Elle met en évidence la méconnaissance de celui qui a
construit le questionnaire. Elle doit être une question préformée. Nous savons aujourd’hui
quelles sont les différentes raisons qui font que tel ou tel individu va dans un musée.
Il faut savoir que le plus souvent quand les questions ouvertes sont posées, elles entraînent des
réponses assez courtes (une ou deux idées).
Les avantages des questions ouvertes sont les suivants :
- On ne contraint pas le sujet à donner une réponse qui ne lui correspond pas tout à fait. Dans
les questions fermées, le sujet doit choisir ou non. Parfois, son point de vue est plus nuancé.
La question ouverte va lui permettre de s’exprimer. Très souvent les questions fermées
provoquent un sentiment de frustration, on ne se sent pas concerné et l’on est obligé de
répondre,
- La question ouverte est plus vivante, plus motivante. La question fermée provoque souvent
des réponses automatiques entre le oui et le non, sans que l’interviewé ne réfléchisse
vraiment. Il y a une implication de l’interviewé dans les questions ouvertes, - Elle peut faire
apparaître des informations auxquelles on n’aurait pas pensé, même avec une préenquête pour
construire un questionnaire. En interrogeant seulement quelques personnes, il est impossible
de passer en revue toutes les opinions, la question ouverte permet de rattraper des outils, de
palier l’inefficacité de certaines questions mal formulées par rapport au problème (on peut
passer à côté d’un point important).
Toutefois, la question ouverte n’est pas le remède miracle et ne saurait se substituer aux autres
types de question. Elle comporte également des inconvénients. Elle peut provoquer un
comportement d’évitement, l’interviewé se sent directement engagé. On l’oblige à s’investir,
d’où parfois, certains biais, le discours reste neutre si le sujet est délicat. On attend d’un
questionnaire de pouvoir y répondre très vite, sans trop réfléchir, la question ouverte arrête,
contraint à la réflexion, le risque est qu’on la passe, qu’on y mette seulement quelques mots,
alors que l’on aurait plus à dire.
La question ouverte est également longue à dépouiller. Il faut analyser chacune des réponses,
en comprendre le sens, ce qui n’est pas toujours évident. Très souvent, on ne laisse pas le
temps au sujet de s’exprimer complètement. On se retrouve ainsi avec une information riche,
mais ambiguë.
Une question ouverte se dépouille en faisant une analyse de contenu qui consiste à créer des
catégories et à classer les différents discours dans ces catégories.
Les questions ouvertes nécessitent d’être traitées par des personnes qualifiées, alors que les
autres questions peuvent être dépouillées par toutes personnes.

3. Questions à choix multiples ou questions préformées


La formulation de ce genre de question nécessite le plus souvent une pré-enquête où l’on
recueille l’ensemble des diverses opinions émises. Très souvent, les questions pré-formées
résultent d’un pré-questionnaire avec questions ouvertes.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

L’avantage de ces questions par rapport aux questions ouvertes est qu’elles facilitent la tâche
de la personne interviewée, de l’enquêteur et du dépouillement.
Leur inconvénient est qu’elles peuvent suggérer aux personnes interviewées des réponses
auxquelles elles n’auraient pas pensé. Elles peuvent également ne pas donner à l’interviewé la
possibilité d’exprimer fidèlement son opinion. Pour remédier à ceci, on crée la catégorie «
Autres ». L’enquêté choisit parmi plusieurs réponses, celles qui convient le mieux à son
opinion.
Cette catégorie « autre » s’analyse comme pour les questions ouvertes, en recourant à
l’analyse de contenu. Si la fréquence des réponses à la catégorie « Autres » est trop élevée,
voire supérieure à celles des catégories précodées, c’est le signe d’un mauvais questionnaire.
La fréquence des réponses « autre » doit être faible, mais se pose alors la valeur et l’intérêt de
cette catégorie.
Il est important de préciser si l’enquêté doit cocher : une réponse, plusieurs réponses, autant
qu’il veut, etc.
Exemple :
Ici l’on attend seulement quatre réponses, c’est pour que les enquêtés fassent des choix et ne
se mettent pas à tout cocher systématiquement

4. Questions à classement
L’enquêté classe les réponses possibles dans l’ordre de préférence.
Exemple
Le classement des 2-3 premiers critères est facile à réaliser pour l’enquêté. Il peut être
considéré comme juste. En revanche, la qualité du classement des dernières propositions
(surtout s’il y en a 6 ou plus) est souvent difficile. Il arrive qu’on donne la liste des
propositions en demandant à l’enquêté d’en choisir deux ou trois parmi l’ensemble.
Pour ce type de question, il ne faut surtout pas oublier de préciser la nature de la consigne

6.2.3. Conseils au sujet de la structure générale du questionnaire

Il est bon de commencer par des questions simples qui mettent l’enquêté en confiance. Les
premières questions doivent être des questions de prise de contact destinées à gagner la
confiance de l’enquêté. Toutefois, un autre courant considère qu’il faut partir de questions
intéressantes, motivantes, qui donnent envie de continuer à remplir le questionnaire, ce qui
n’est pas le cas des questions simples à réponse oui/non.

Quand on a peu l’habitude de réaliser un questionnaire, il est préférable de regrouper les


questions par thème et pour chaque thème, de partir de la question la plus générale pour aller
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

vers les questions les plus particulières et également les plus impliquantes (personnelles). Le
regroupement par thèmes canalise l’attention de l’enquêté, rend le questionnaire cohérent.
Pour passer d’un thème à l’autre, des phrases de liaisons ou des questions de transition
peuvent être posées, du genre « Nous allons maintenant parler de… ». Le sujet sait ici que
l’on change de thème, d’où il se reprend, recentre son attention.
Enfin, on termine les questionnaires par des questions d’identification : sexe, CSP, etc… qui
offre un intérêt limité.

La longueur du questionnaire dépend de ce que l’on cherche et de la précision des résultats


que l’on veut obtenir (qualité de l’information). Il ne faut pas hésiter à supprimer les questions
qui ne sont pas en rapport direct avec l’étude, même si elles sont intéressantes, d’où la
nécessité de se fixer dès le début des objectifs précis. La tentation est toujours grande
d’ajouter des questions : c’est un défaut.
Il faut également surveiller que les questions ne fassent pas double emploi (sauf si l’on
cherche à vérifier le bien-fondé de la réponse).
La longueur du questionnaire détermine en grande partie le nombre de personnes qui
accepteront d’y répondre. Il sera plus facile de trouver des personnes qui acceptent de
répondre en 1/4 h plutôt qu’en 3/4h. Plus le questionnaire est long, plus la fatigue s’installe et
moins bonne est la précision des réponses.

Parfois, les personnes répondent très vite ou n’importe quoi, pour se débarrasser du
questionnaire. Toutefois, si les questions sont motivantes, suscitent une implication de la part
de l’enquêté, la longueur du questionnaire pose moins de problème.
Les questions posées doivent attirer l’attention, éveiller l’intérêt et laisser à l’enquêté une
liberté de réponse.
Les questions posées doivent être facilement compréhensibles : le vocabulaire doit être adapté
aux personnes interrogées. Il faut utiliser les mots du langage courant. Il faut éviter les mots
qui choquent, trop chargés affectivement et leur préférer des équivalents neutres.
Il faut éviter les mots trop techniques, les mots abstraits, les sujets à équivoques.
Il faut éviter les questions à double négation : « Ne pensez-vous pas que les musées ne
prennent pas assez en compte les attentes des visiteurs ? ». De la même manière, il faut éviter
les négations.
Eviter les questions qui contiennent deux idées en même temps. Il ne doit y avoir qu’une seule
idée par question, sinon il est impossible de savoir ce que l’enquêté a répondu, on ne sait à
quelle idée est liée la réponse et donc il est impossible de dépouiller la question.
Éviter les questions qui mettent en jeu la mémoire sur des évènements peu courants, difficiles
à remémorer.
Les questions qui mettent en jeu le prestige, la désirabilité sociale provoquent des biais (ex :
toutes les questions sur l’éducation par exemple on ne peut pas dire que l’on bat son enfant,
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

les questions en référence à certaines pratiques culturelles). Il faut pour ce type de question
proposer des questions moins directes qui permettent d’aborder le sujet de manière détournée.
De même, beaucoup de questions portant sur des comportements futurs ou hypothétiques
comportent des biais involontaires.

Il faut éviter également de proposer des questions trop directes : « Quel est votre revenu
mensuel ? ». Les personnes peuvent avoir tendance à mentir par excès (amour propre) ou par
défaut (crainte du fisc). La solution est de proposer des tranches de salaire.
On a constaté que les réponses personnalisées directes, commençant par « Que pensez-vous
de ….. à votre avis ….. Pouvez-vous dire que….. » provoquent chez certains des réponses de
fuites, donc des biais, des hésitations du genre « Je ne sais pas…impossible à dire… ». Le
sujet à l’impression qu’il est devant une question personnelle, trop délicate, d’où une fuite qui
est en fait une réaction défensive.
Pour éviter ce genre d’erreur, on peut utiliser le procédé :
- Du thème noté où l’on dissimule le point-clef. On ne demande pas à quelqu’un s’il va à la
messe le dimanche, mais on lui demande de décrire son emploi du temps des deux derniers
dimanches.
- L’entonnoir : en partant de questions générales, on serre progressivement sur le thème
délicat, le sujet ayant répondu jusque-là est plus ou moins obligé de répondre un peu plus.
Il y a également des questions dont la forme a un effet déterminant sur la réponse. La question
est tellement tendancieuse qu’une seule réponse est possible.

Comment éviter de suggérer des réponses :


- En évitant les hypothèses trop transparentes,
- Les questions qui sont socialement impossibles à donner car elles dévalorisent l’enquêté,
- Soigner la neutralité du ton des questions.

On constate que les enquêtés sont très attirés par les réponses positives par rapport aux
réponses négatives (oui, vrai, d’accord). Pour remédier cela, il faut éviter les questions
fermées oui/non, vrai/faux, d’accord/pas d’accord quand il s’agit d’une opinion personnelle.

Attention : TRAVAIL PRATIQUE OBLIGATOIRE (techniques de collecte des données)

6.3. Analyse des données secondaires


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

6.3.1. Notion

Avant de parler des données secondaires, il convient de dire un mot sur la nuance pouvant
exister entre données primaires et secondaires. Concernant les données primaires, il s’agit de
toute information qualitative ou quantitative recueillie au moment présent de la recherche
dans le but précis de répondre aux besoins spécifiques de la recherche et selon une méthode
permettant de satisfaire à des impératifs de fiabilité et de validité mais aussi de contraintes de
temps et d’argent. Tandis que les données secondaires constituent toute information
qualitative ou quantitative recueillie par un tiers à un moment donné, dans un but précis, selon
une méthodologie et disponible au moment de l’analyse.

6.3.2. Avantages et inconvénients

Les données secondaires présentent des avantages évidents dans le processus de recherche. En
effet, on peut relever les avantages suivants :
- Sont plus économiques ;
- Sont plus rapides à obtenir ;
- Sont souvent disponibles sur une longue période de temps ;

Il faut noter cependant que les données secondaires doivent toujours précéder la collecte de
données primaires. En d’autres termes, avant d’envisager les données primaires, le chercheur
devra s’efforcer de recenser l’ensemble des données secondaires existantes puisqu’elles
peuvent éclairer sa lanterne dans la collecte qu’il envisage d’entreprendre.

Néanmoins, les données secondaires présentent aussi des inconvénients dont les principaux
sont :
- Ces données n’ont pas été collectées pour l’étude en question ;
- Elles ont déjà été amassées selon une méthode que le chercheur ne contrôle pas;
- Elles peuvent être moins précises;
- Elles deviennent désuètes assez rapidement;
- Elles sont non standardisées.

6.3.3. Classification des données secondaires

Pour classifier les données secondaires, on se base sur un corpus de données existantes :
– Typiquement des documents écrits : c’est le cas des sites web, des articles de journaux et
des documents internes (mémos, archives administratives…)
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

– Des bases de données existantes (peut-être stockées par les Offices nationaux de statistique)
– Des documents audiovisuels
– Surtout des statistiques du système de gestion d’une chaîne automatisée…

Par rapport à une organisation donnée, on peut distinguer les données secondaires internes,
externes et publiques ainsi que privées.
1. Données secondaires internes : comme par exemple les données comptables, les rapports de
représentants, le fichier des clients, les données sur la promotion, l’accumulation des données
primaires.
2. Données secondaires externes publiques : par exemple les données gouvernementales (INS
et autres), les données d’association, les journaux et revues (spécialisées ou non).
3. Données secondaires externes privées : par exemple les répertoires d’entreprises, les études
sectorielles, les services spécialisés (banques commerciales et assurances).

6.3.4. Méthodologie documentaire

1. Définition et but
La méthodologie documentaire est l’ensemble des étapes permettant de chercher, identifier et
trouver des documents relatifs à un sujet par l’élaboration d’une stratégie de recherche. Mais
qu’est-ce qui justifie la méthodologie documentaire ?
Dans un contexte de surabondance d’informations (infobésité) et diversité de ses supports, le
processus de recherche documentaire et la validation de l’information requièrent la mise en
application d’une méthodologie efficace. La finalité d’une bonne méthodologie de recherche
est de faciliter la production d’un travail universitaire alliant richesse documentaire et rigueur
scientifique.
Avant de mener une recherche documentaire, le chercheur doit se poser un certain nombre de
questions, à savoir :
a. Quelle est la nature du travail à produire ?
Ça peut être : exposé, mémoire, article, rapport d'étude, etc.
b. Quel est le niveau attendu de l’information ?
Ça peut être :
- Information de base : un ou deux ouvrages et une encyclopédie suffiront
- Information plus pointue ou plus développée : se diriger vers des articles de
périodiques, conférences, rapports, thèses, normes…
c. Quelle est la nature de l’information recherchée ?
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Ça peut être : développements sur un sujet, données statistiques, schémas techniques, etc.
d. Quel est le degré d’actualité de l’information recherchée ?
Cela va des documents d'archives aux derniers résultats connus de la recherche...

2. Etapes de la méthodologie documentaire


La méthodologie documentaire s’articule autour de cinq étapes :
- Préparer la recherche
- Sélectionner les sources d’information
- Chercher et localiser les documents
- Evaluer la qualité et la pertinence des sources
- Mettre en place une veille documentaire.

a. Préparer la recherche
Lors de cette étape, le principe consiste à aller du général au particulier. Il s'agit de
questionner le sujet dans toutes ses dimensions, de le formuler en une phrase courte, de
sélectionner les concepts importants et de chercher des synonymes.
Cette étape doit permettre de poser la problématique, de cerner les besoins documentaires
et de sélectionner les concepts/mots clés nécessaires à l'interrogation des sources
documentaires. Quatre moments sont indispensables dans cette phase : choisir le sujet, le
cerner, le formuler ainsi que retreindre ou élargir le sujet.
En ce qui concerne le choix du sujet, vos connaissances préalables et vos intérêts personnels
sur le sujet ainsi que sa pertinence par rapport à l'enseignement auquel il se rattache sont des
éléments fondamentaux qui doivent guider votre choix. Pour clarifier le sujet et
l'appréhender globalement, on peut consulter des documents qui donnent une vue
d'ensemble sur la question.
A ce stade, la documentation utilisée concernera essentiellement des dictionnaires et
encyclopédies (support papier ou en ligne), des manuels ou des articles de synthèse. Il peut
être utile de dresser une liste des différents aspects de la question qui apparaissent au cours
de ces premières recherches ainsi qu'une liste des points sur lesquels vous avez déjà des idées.
Pour ce qui est de cerner le sujet, on peut utiliser la méthode QQQOCP. C'est un moyen
mnémotechnique permettant de retenir un ensemble de questions simples qui vont être
utilisées pour cerner, préciser et approfondir un sujet :
Qui ? = Quels sont les acteurs, les personnes impliquées ?
Quoi ? = Quels sont les aspects qui m'intéressent ?
Quand ? = Quelle est la période concernée ?
Où ? = Le sujet est-il circonscrit à une zone géographique précise ?
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Comment ? = Quelles approches ou points de vue faut-il considérer ? (historique,


sociologique, économique, politique, etc.)
Pourquoi ? = Quelle est l'importance du sujet dans le contexte actuel ?
En ce qui concerne la formulation du sujet, Le sujet doit être exprimé en une phrase
courte, si possible sous forme de question et à l'aide de termes significatifs. Cet énoncé de
recherche doit être le plus précis possible. Chaque terme de l'énoncé est important et va
correspondre à des concepts/mots clés qui vont servir à élaborer les équations de recherche.
Il est conseillé pour chaque concept, de rechercher un ou plusieurs synonymes ou termes
associés ainsi que leur traduction en langue anglaise.
Pour ce qui de la restriction ou de l’élargissement du sujet, deux types de difficultés
peuvent se présenter :
La première difficulté est : le sujet est trop général, trop vaste. Il y a deux risques majeurs, à
savoir : Surabondance de la documentation et Traiter le sujet de manière superficielle en
voulant être exhaustif. Pour éviter ces risques, il faut restreindre le sujet en se concentrant
sur un aspect de la question, en délimitant une zone géographique ou une période donnée. Ce
choix ne sera pas sanctionné s'il est argumenté.
La deuxième difficulté est : le sujet est trop précis ou trop pointu. Il y a trois risques majeurs,
à savoir : très ardu à traiter ; difficulté à repérer la documentation et nécessité d'interroger de
nombreuses sources. Pour éviter ces risques, il faut mettre le sujet en perspective. En effet,
replacer le sujet dans un contexte plus large vous permettra d'aborder des aspects de la
question auxquels vous n'auriez pas pensé dans un premier temps et ainsi d'élargir sa portée.

b. Sélectionner les sources d’information


Après avoir analysé et délimité le sujet, il faut choisir les meilleures sources d'information
pour effectuer la recherche documentaire. Cette démarche comprend deux dimensions :
- Le type de documents que l'on recherche : monographies, articles de revues, thèses,
etc.
- Le type de ressources à interroger : catalogues de bibliothèque, bases de données,
moteur de recherche du Web, portails spécialisés, etc.,

En ce qui concerne le type de documents


Il dépend du niveau et de la nature de l'information recherchée :
- Les dictionnaires et encyclopédies, utiles pour comprendre le sujet et le préciser, surtout
lorsqu'il s'agit de concepts nouveaux.
- Les livres ou monographies, utiles pour approfondir la recherche. Sont inclus dans cette
catégorie :
– Les manuels qui font le point sur une question
– Les mementos qui permettent de se faire une idée rapide sur un sujet
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

– Les précis, qui approfondissent un aspect de la question


– Les actes de colloques qui sont les compte-rendus d'un congrès
- Les périodiques généralistes ou spécialisés : ils permettent de se tenir informé des derniers
résultats de la recherche ou de l'actualité d'une question de société
- Thèses, mémoires, rapports de recherche (la littérature grise) : d'un haut niveau
scientifique, ils sont appropriés pour traiter un sujet pointu
- Documents spécifiques (cartes, brevets, images, données statistiques, etc.) : leur usage
dépendra du domaine disciplinaire ou de l'approche choisie pour traiter un sujet
- La documentation officielle : c'est l'ensemble des documents officiels édités par l'État (lois,
décrets, règlements, marchés publics, associations, etc.)

Concernant les types de ressources


Cela va dépendre de la nature du sujet et du type de document recherché :
1. Les catalogues de bibliothèques : pluridisciplinaires, ils sont incontournables pour trouver
de la documentation papier :
- Le catalogue de la bibliothèque universitaire
- Le catalogue collectif des universités (SUDOC : http://www.sudoc.abes.fr)
- Le catalogue mondial (Worldcat : http://www.worldcat.org/)
- Le catalogue de la Bibliothèque nationale de France
(http://catalogue.bnf.fr)
2. Les bases de données bibliographiques
Elles sont constituées d'un ensemble structuré de références bibliographiques sur un sujet, un
domaine, un type de document, etc. Elles peuvent contenir une analyse, un résumé et de plus
en plus souvent l’accès au texte intégral du document lui-même.
- Bases pluridisciplinaires
Ex. : Jstor, DOAJ, Web of knowledge
- Bases spécialisées
Ex. : Lexis Nexis, Doctrinal (droit), Econlit, Business Source (économie), ArXiv.org
(mathématiques et physiques)
NB : Sont inclus dans cette catégorie, bien que techniquement construits différemment, les
abonnements à des bouquets de revues (Cairn, Jstor, Wiley Online Library etc.).
- Avec accès au texte intégral du document
Ex. : Cairn, Jstor, Persée, Econlit, Thèses.fr
- Sans accès ou avec un accès partiel au texte
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Ex. : Periodic, Francis, Pascal


3. Les bases de données factuelles
Elles délivrent une information directement exploitable par l'utilisateur
Ex. : Maitron, Kompass, etc.
4. Les corpus de textes
Ils regroupent des ensembles de textes à caractère thématique ou historique
Ex. : Brepolis, Classiques Garnier, EEBO, etc.
5. Les ressources du Web
Elles sont innombrables mais leur qualité est extrêmement variable et l'information y est
volatile.
Voici quelques sites recommandés pour la recherche d'informations scientifiques et
académiques classés par catégorie :
Des moteurs de recherche spécialisés
- Google Scholar (http://scholar.google.fr/)
- Google Books (http://books.google.fr/)
- Economics Search Engine (http://ese.rfe.org/)
- Scirus (http://www.scirus.com/)
- Isidore (http://www.rechercheisidore.fr/)
- Theses.fr (http://www.theses.fr/),
- Profusion Chimie (http://www.profusion-chimie.1s.fr)
Un répertoire de sites
Open Directory Project (http://www.dmoz.org/World/Fran%C3%A7ais/). Créé en 1998, Il est
géré par une vaste communauté d'éditeurs bénévoles provenant du monde entier.
Des portails scientifiques ou thématiques
- WorldWideScience (http://worldwidescience.org)
- Université en ligne (http://uel.unisciel.fr)
- Sciences.gouv.fr (http://www.science.gouv.fr/)
- Legifrance (http://www.legifrance.gouv.fr/)
- Centre international de recherche scientifique (http://www.cirs.fr)

c. Chercher et localiser les documents


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

C’est au cours de cette étape qu’on va interroger les différentes sources sélectionnées au
moyens d’équations de recherche, enregistrer les résultats pertinents des requêtes et se
procurer la documentation primaire. Afin de procéder à une recherche documentaire
rigoureuse, il est recommandé d’utiliser un bordereau de recherche dans lequel seront
mentionnés les mots clés de la recherche et ses éventuels synonymes et de tenir un journal de
bord des recherches.
NB : il est important de noter scrupuleusement les éléments de la référence bibliographique
d’un document. Cela permet non seulement de le retrouver mais également de le citer
correctement.

d. Evaluer la qualité et la pertinence de l’information


Pourquoi faut-il évaluer ses sources ? Un travail de recherche doit s’appuyer sur des
informations fiables. Cela est particulièrement vrai lorsque les recherches portent sur des sites
Web. Toute information dont on ignore la provenance devrait a priori être écartée.
Quels sont les principaux critères de fiabilité des sources ?
- L’auteur, l’éditeur de ressource ;
- La date de publication du document ;
- Le domaine de la ressource (adresse URL) ;
- L’objectif du site ;
- La notoriété, l’indice de popularité du site ;
- Le contenu de l’information (structuration, argumentation, sources, ects).

La sélection des documents doit se faire non seulement en fonction de leur qualité mais aussi
de leur pertinence par rapport au travail à réaliser. Une exploration rapide peut suffire pour
évaluer la pertinence d’un contenu. Pour cela, il faudra analyser les éléments suivants :
- Titre du document : pour un livre, il faut regarder celui figurant sur la page de titre ;
- Résumé (abstract) : on le retrouve dans la plupart des notices bibliographiques tirées
des bases de données, au début ou à la fin des articles de périodiques et souvent au dos
des livres (quatrième couverture).
- Table des matières : elle permet de mieux apprécier le contenu (plan et logique de
l’argumentation) et de bien repérer les chapitres qui peuvent être pertinents
- Tableaux, graphiques, etc. : ils peuvent aider à la compréhension du sujet et être utiles
pour le travail ;
- Nature du document : déterminer s’il s’agit d’un document pédagogique, de recherche
ou de vulgarisation ;
- Introduction et conclusion : leur consultation permet de cerner la question de départ et
les conclusions que l’auteur en tire.

e. Mettre en place une veille documentaire


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Initiation à la recherche – Albert Phongi

Au fur et à mesure des recherches, il est recommandé de mettre en place une veille
informationnelle automatisée. Elle permettra d’être alerté de nouvelles publications dans un
domaine particulier sans avoir à relancer manuellement la recherche sur chaque source. Dans
ce cas, l’utilisateur reçoit des messages provenant de divers outils sur lesquels il a paramétré
sa veille. Selon le cas, ces messages sont reçus dans son courriel, le compte d’un agrégateur
de son choix, sa page web personnalisée, etc.
L’utilisateur doit établir un profil de recherche pour chaque outil sélectionné : base de
données, sources internet comme des moteurs de recherche, des sites Web d’éditeurs de
périodiques, des blogs, etc. Ce profil s’appuie généralement sur l’enregistrement d’une
équation de recherche associée à des filtres qui en précisent la portée et l’abonnement aux
résultats de cette requête automatisée. Cette fonctionnalité, lorsqu’elle est disponible, requiert
la création d’un compte utilisateur.

6.4. Observation directe

6.4.1. Notion

Dans une observation directe, les données sont collectées visuellement ou par le vécu. Elle
consiste essentiellement à :
– Capter un comportement au moment où il se produit. Cela vaut mieux que de reconstituer à
partir de déclarations (voir enquête). Cette stratégie diffère des enquêtes qui consistent
souvent à collecter les déclarations des témoins privilégiés de l’événement ou de ceux qui ont
été directement concernés par les faits.
– Vivre une situation : observation participante
– Faire une expérience en science physique, en sciences humaines, changer une situation avec
ses acteurs. C’est le cas dans une situation de recherche-action.

6.4.2. Limites

Au-delà d’avoir des informations fiables et de première main, la méthode d’observation


directe fait ressortir deux grandes limites qui portent sur le temps et les biais d’observation.
- Temps absorbé : il n’existe pas de méthode de collecte plus chronophage que la
méthode d’observation directe.
- Biais lié à l’implication personnelle dans la collecte des données : cela entraine
généralement une perte d’objectivité
- Biais lié à la co-production des données : on n’est pas seulement observateur, mais
aussi acteur.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

6.4.3. Types d’observation

En tant que méthode de collecte des données, on peut distinguer trois types d’observation, à
savoir : l’observation externe, l’observation désengagée et l’observation participante.

1. Observation externe
C’est le cas le plus fréquent. Ici, la réalité est observée par des chercheurs qui n’appartiennent
pas au milieu étudié, qui ne participent pas au phénomène étudié, qui lui sont étrangers. Par
exemple l’étude d’un parti politique par quelqu’un qui n’a aucun lien avec ce parti.
Le procédé présente plusieurs avantages. Il permet de faire réaliser l’observation par des
observateurs compétents, par exemple par des chercheurs professionnels, formés aux
exigences de la recherche scientifique et avertis des difficultés de la recherche dans les
sciences sociales. Ces observateurs peuvent être aussi de ce fait des chercheurs spécialisés,
dans une discipline ou dans l’étude du type de phénomène observé. Par exemple, un parti
politique observé par un spécialiste de l’étude des partis politiques. Enfin, ce procédé présente
d’assez fortes garanties de validité et d’objectivité du fait de la distance existant au départ
entre le chercheur et le phénomène observé, ce qui limite les risques d’interaction.
En revanche, cette même distance, du fait de l’absence de familiarité avec la réalité observée
qu’elle induit, peut comporter un certain nombre d’inconvénients. Un premier inconvénient
est lié aux risques de comportements artificiels que cela peut entraîner du fait de la présence
d’observateurs étrangers, l’observation perturbant alors la réalité étudiée. Par ailleurs, cette
observation peut comporter des lacunes résultant de la difficulté pour un étranger d’accéder à
certains aspects de la réalité, soit en raison de la méfiance du milieu soit en raison de sa
méconnaissance des habitudes de celui-ci. Enfin, l’observation externe peut rester
superficielle lorsqu’il s’agit d’interpréter la signification réelle des observations faites.
Les types de contacts que ce genre d’observation suppose entre l’observateur et le phénomène
étudié peuvent être plus ou moins intimes, plus ou moins prolongés. Tantôt l’observateur ne
se mêlera que brièvement et superficiellement au déroulement des phénomènes, on parlera
alors d’observation externe désengagée ou distanciée. Tantôt l’intégration de l’observateur
sera plus profonde et plus prolongée et on parlera alors d’observation externe participante. Il
faut cependant noter qu’entre ces cas-type peut exister dans la pratique un grand nombre de
situations intermédiaires.
Si, dans cette présentation des formes de l’observation externe, on privilégie le critère de la
participation, d’autres caractéristiques peuvent aussi les différencier. C’est ainsi que si, dans
beaucoup de cas, l’observation externe est individuelle ou le fait d’équipes restreintes de deux
ou trois personnes, dans d’autres cas, elle pourra mobiliser plusieurs dizaines de spécialistes,
assistés ou non de collaborateurs bénévoles. De même, cette observation externe pourra être,
dans certains cas, totalement clandestine et se faire à l’insu des personnes observées, tandis
que dans d’autres celles-ci seront au courant de l’opération et l’observation sera alors avouée.
Enfin ces formes d’observation externe peuvent être plus ou moins approfondies selon
l’importance ou la nature du groupe étudié, selon la durée de l’observation, le nombre des
observateurs, l’importance des techniques mises en œuvre, etc.
90
Initiation à la recherche – Albert Phongi

2. Observation désengagée
Dans le cas de l’observation externe désengagée, l’observateur étranger au phénomène lui
reste extérieur pendant toute la durée de l’observation et en est seulement le spectateur. Il
pénètre par exemple dans un groupe, qui sait en général qui il est et dans quel but il se trouve
là, mais il ne participe pas à l’activité du groupe.
On est alors très près de la technique du reportage telle qu’elle est utilisée par les journalistes,
la différence avec celle-ci tenant simplement au fait que l’enquête sociologique est beaucoup
plus systématique que le reportage journalistique, en ce sens que les cadres de la recherche
auront été déterminés à l’avance, de même que les hypothèses à vérifier ou les points à
analyser plus précisément.

Une enquête de ce genre peut être conduite par un chercheur isolé ou par plusieurs chercheurs
travaillant en équipe. Elle peut être clandestine ou avouée. Avouée, lorsque l’observateur ne
cache pas sa présence et les raisons de celle-ci. Mais cette situation risque de provoquer des
perturbations dans le déroulement des phénomènes étudiés. D’où, dans certains cas, le recours
à des formes d’observation clandestine. Ainsi, avec la technique de l’observateur caché,
observant sans être vu (par exemple, une classe d’école observée à travers un miroir sans
tain), ou celle de l’observation sans observateur, en utilisant des procédés d’enregistrement
sonores ou visuels, fonctionnant automatiquement. Les avantages techniques de ces procédés
sont évidents, mais leur emploi soulève des questions morales et déontologiques sur la
possibilité de transformer ainsi des êtres humains en des sortes de cobaye en les observant à
leur insu.

Cette approche présente les avantages de l’observation externe, à savoir la possibilité de faire
effectuer l’observation par des enquêteurs compétents et spécialisés, avec d’assez fortes
garanties d’objectivité. Mais, en même temps, il en présente les limites : risques d’une
certaine artificialisation des comportements observés, risques d’une analyse incomplète et
trop superficielle de la réalité étudiée. C’est pour essayer de remédier à ces inconvénients que
l’on a mis au point la technique de l’observation participante.

3. Observation participante
Dans ce cas, l’observateur est toujours au départ un étranger au phénomène étudié, mais en
cours d’observation il n’est plus seulement spectateur, il devient acteur et participe au
déroulement du phénomène qu’il étudie.
Principe
Cette technique est dérivée des procédés mis au point par les ethnologues et transposés par les
sociologues. On le sait lorsqu’un ethnologue veut étudier une population primitive, il va
s’installer au sein de la communauté choisie pour une longue durée, plusieurs mois, parfois
plusieurs années. Là, participant à la vie des indigènes, l’ethnologue essaie de gagner leur
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

confiance, de les habituer à sa présence, de se faire oublier afin que la vie du groupe se
déroule sous ses yeux sans gêne, de façon spontanée et naturelle. Ce qui permet à
l’ethnologue à la fois d’être témoin de phénomènes non déformés par sa présence et de
comprendre en profondeur la signification et la portée de ces phénomènes.
On s’est avisé que cette technique, qui a fait ses preuves en ethnologie, pouvait être
transposée dans d’autres contextes et que les sociologues pouvaient user de cette technique
pour étudier n’importe quel groupe : un village, un syndicat, une usine par exemple. La
démarche du sociologue est alors la même que celle de l’ethnologue : gagner la confiance des
gens, se faire adopter par eux, faire admettre sa présence comme naturelle, s’intégrer à la vie
quotidienne du groupe choisi. Cette technique d’observation, qui demande de grandes qualités
de patience, de faculté d’adaptation, d’intuition, est incontestablement l’une de celles qui
permet les recherches les plus profondes et les plus globales.
Notamment, elle constitue un instrument précieux pour l’étude de la vie sociale dans la durée,
dans ses aspects les plus complexes, les plus cachés et les plus quotidiens, car elle seule
permet d’appréhender ces "impondérables" dont parle Malinowski dans Les Argonautes du
Pacifique Occidental : Il est une série de phénomènes de grande importance, que l’on ne
saurait enregistrer en procédant à des interrogatoires ou en déchiffrant des documents, mais
qu’il importe de saisir dans leur pleine réalité. Appelons-les les impondérables de la vie
authentique. Ce sont des choses comme la routine du travail quotidien de l’homme, les détails
des soins corporels, la manière de prendre la nourriture et de la préparer, le style de la
conversation et de la vie sociale autour des feux du village, etc. Tous ces faits peuvent et
doivent être formulés et consignés ; mais, pour cela, il importe de percer à jour l’attitude
mentale qu’ils expriment plutôt que de se borner, comme le font couramment les observateurs
non qualifiés à noter les détails d’une manière superficielle".

Avantages et inconvénients
Ce procédé présente plusieurs avantages. Il contribue à diminuer sensiblement les risques
d’artificialisation des phénomènes observés, en amenant leurs différents acteurs à plus ou
moins "oublier" l’observateur et à retrouver leur spontanéité. Il permet une observation plus
complète de la réalité en donnant au chercheur l’accès à des informations qu’il aurait ignorées
s’il s’en était tenu à des contacts superficiels. Il en permet aussi une connaissance plus
profonde dans la mesure où le chercheur peut mieux percevoir la signification réelle des faits
collectés. Par exemple, pour discerner quels sont les vrais rapports de pouvoir par rapport à
l’apparence des hiérarchies formelles et des organigrammes.
Ceci étant, cette technique se heurte à certaines limites. D’abord, quel que soit le degré
d’intégration de l’observateur, le risque demeure encore pour partie que sa présence provoque
des comportements artificiels, qui, sans lui, n’auraient pas eu lieu ou se seraient produits
différemment. Par ailleurs, l’observateur étant obligé de s’intégrer en un point précis de la
structure du groupe risque de voir son observation du groupe bornée par cet enracinement et
de ne pouvoir en prendre une vue d’ensemble. D’où le risque d’une vision partielle de la
réalité. D’autre part, quand un groupe traverse des conflits ou connaît des tensions, le
sociologue pourra être écartelé entre son rôle de sociologue et son rôle de participant. Enfin,
cette intégration peut compromettre l’objectivité du chercheur et modifier le regard porté sur
92
Initiation à la recherche – Albert Phongi

le phénomène étudié. Ainsi pourra-t-il trouver évidentes et "normales" des attitudes qui, au
début, lui auraient paru nécessiter une explication. De même, sa proximité avec la réalité
étudiée peut provoquer chez lui des réactions de sympathie ou d’antipathie susceptibles
d’infléchir sa vision des choses en donnant parfois à ce type d’observation un aspect partial.

Remarque : « focus group » ou groupe de discussion


La technique d’observation directe peut être utilisée à la fois dans les recherches quantitative
et qualitative. Plus particulièrement l’observation participante est plus adaptée pour les
recherches qualitatives. Dans la conduite de ce type d’observation, il y a une variante qui est
plus facile à mettre en œuvre et qui regroupe les parties prenantes au phénomène étudié. Il
s’agit de discussion de groupe communément appelé « focus group ». Il s’agit d’un type
d’observation qui s’apparente à l’entretien semi directif avec la seule particularité qu’il réunit
plusieurs personnes qui débattent autour d’une thématique particulière sous la direction de
l’observateur. Grâce au brainstorming6 et au choc des idées qu’il entraine, cette technique
permet de dégager des idées originales sur la question abordée. Il s’agit d’une observation ou
d’une analyse en profondeur de la question étudiée par un groupe de personnes ressources par
rapport aux informations recherchées.

Encadré
Conseils pratiques pour l’observation directe
• Avant de commencer l’exploration du terrain, l’observateur doit s’être familiarisé avec les
objectifs de sa recherche.
• L’observateur doit s’être entraîné à l’avance aux approches qu’il va mettre en œuvre et
aux modalités de la prise de notes.
• L’observateur doit garder en mémoire la liste des éléments particulièrement concernés par
sa recherche.
• Les résultats de l’observation doivent être notés sur le champ ou dans le plus court laps de
temps possible.
• Le temps passé à l’enregistrement des notes est aussi important que celui de l’observation
et ne doit pas lui être sacrifié.
• L’observateur ne doit pas oublier qu’il fait partie de la situation d’observation et qu’il doit
noter ses propres comportements.
• Les notes doivent être aussi précises que possible (date, heure, lieu, circonstances,
personnes, rôles, techniques, comportements, etc).
• Propos, conversations, dialogues doivent être rapportés en style direct en se méfiant des
résumés.
• Opinions, remarques, hypothèses, déductions ne doivent pas figurer dans les notes et être
transcrits à part.
• Les notes doivent être revues dès que cela est possible, pour y apporter les additions ou
corrections nécessitées par la première rédaction.
• Les notes doivent faire l’objet d’un classement au moins provisoire pour éviter que les
faits collectés ne s’accumulent et ne deviennent inexploitables.

6
Le Brainstorming est une technique formalisée de résolution créative de problème sous la direction d’un
animateur.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

CONCLUSION

Ce cours qui a eu pour but essentiel d’initier l’étudiant à la recherche a été


pour nous une occasion de rappeler les notions fondamentales à maîtriser pour que tout
débutant ait les outils nécessaires à la recherche. Nous pensons que l’étudiant va
réellement trouver plaisir à en saisir le contenu pour accroître sa compétence en
matière de recherche, ne serait-ce que dans la présentation d’un travail scientifique.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

BIBLIOGRAPHIE

AKTOUF, O., 1987, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des
organisations. Une introduction à la démarche classique et une critique, Montréal,
Les Presses de l’Université du Québec, 213 p.
ALBARELLO, L., F. DIGNEFFE, J.-P. HIERNAUX, C. MAROY, D. RUQOY et P.
DE SAINT-GEORGES, 1995, Pratiques et méthodes de recherche en sciences
sociales, Paris, Armand Colin, 180 p.
DEPELTEAU, F., 2000, La démarche d’une recherche en sciences humaines : de la
question de départ à la communication des résultats, Laval, Presses de l’Université de
Laval, 424 p.
GUIBERT, J. et G. JUMEL, 1997, Méthodologie des pratiques de terrain en sciences
humaines et sociales, Paris, Armand Colin, 216 p.
LO, I., 2008, Méthodologie de la recherche en sciences sociales,
LOUBET DEL BAYLE, J.-L., 2000, Initiation aux méthodes des sciences sociales,
Paris-Montréal, L’Harmattan, 272 p.
MIALARET, G., 2004, Les méthodes de recherche en science de l’éducation, Paris,
PUF, 128 p.
QUIVY et VAN CAMPENHOUDT, 2006, Manuel de recherche en sciences sociales,
Paris, Dunod.
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

TABLE DES MATIERES


Table des matières
INTRODUCTION................................................................................................................................2
1. Objectifs du cours.........................................................................................................................2
2. Plan abrégé du cours....................................................................................................................2
3. Conseils pratiques.........................................................................................................................3
CHAPITRE 1. RECHERCHE SCIENTIFIQUE, QUID ?................................................................4
1.1. Définitions..................................................................................................................................4
1.2. Exigences d’une recherche scientifique....................................................................................5
1.2.1. Existence du problème.......................................................................................................5
I.2.2. Existence des hypothèses....................................................................................................7
I.2.3. Existence ou utilisation des méthodes systématiques......................................................11
I.2.4. Emergence d’éléments nouveaux.....................................................................................12
I.3. Evaluation du problème..........................................................................................................14
I.3.1. Considérations personnelles du problème.......................................................................14
I.3.2. Considérations sociales du problème...............................................................................15
1.4. Recherche scientifique : sur quoi, auprès de qui et comment procéder..............................15
1.4.1. Objet de la recherche........................................................................................................16
1.4.2. Sujets de la recherche.......................................................................................................16
1.4.3. Méthodes de la recherche.................................................................................................17
CHAPITRE 2. ETAPES DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE................................................19
2.1. Question de départ..................................................................................................................21
2.2. Exploration..............................................................................................................................21
2.3. Problématique..........................................................................................................................24
2.4. Construction du modèle d’analyse.........................................................................................24
2.5. Observation..............................................................................................................................29
2.6. Analyse des informations........................................................................................................30
2.7. Conclusion................................................................................................................................30
CHAPITRE 3 : PROJET DE RECHERCHE..................................................................................32
3.1. Recherche du sujet..................................................................................................................32
3.2. Etapes de réalisation d’un travail de fin de cycle : cas particulier.......................................33
3.3. Documentation.........................................................................................................................35
3.3.1. Types de bibliographie.....................................................................................................36
3.3.2. Prise des notes pendant la lecture....................................................................................37
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

3.4. Catégories de recherche..........................................................................................................37


3.4.1. Selon le but poursuivi.......................................................................................................37
3.4.2. Selon la nature des données à récolter............................................................................39
3.5. Collecte des données................................................................................................................40
3.5.1. Population d’étude et échantillon de recherche..............................................................40
3.5.2. Méthodes et techniques de collecte des données.............................................................45
3.6. Traitement des données...........................................................................................................45
CHAPITRE 4. PARTIES D’UN TRAVAIL SCIENTIFIQUE.......................................................46
4.1. Préliminaires............................................................................................................................46
4.1.1. Page de titre.......................................................................................................................46
4.1.2. Dédicace.............................................................................................................................47
4.1.3. Page de reconnaissance....................................................................................................47
4.1.4. Préface...............................................................................................................................47
4.2. Introduction.............................................................................................................................48
4.2.1. Problématique...................................................................................................................48
4.2.2. Hypothèses........................................................................................................................49
4.2.3. Buts et objectifs de l’étude...............................................................................................49
4.2.4. Choix et l’intérêt du sujet ou la motivation de la recherche..........................................52
4.2.5. Délimitation du sujet........................................................................................................52
4.2.6. Méthodologie.....................................................................................................................52
4.2.7. Difficultés rencontrées......................................................................................................52
4.2.8. Structure ou division du travail.......................................................................................52
4.3. Corps du travail.......................................................................................................................53
4.4. Conclusion................................................................................................................................54
4.5. Bibliographie............................................................................................................................54
4.6. Annexes et tableaux.................................................................................................................55
4.7. Table des matières...................................................................................................................55
CHAPITRE 5. PRESENTATION DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.......................57
5.1. Présentation d’un livre............................................................................................................57
5.2. Présentation des articles de revue scientifique......................................................................59
5.3. Présentation d’un mémoire, travail de fin de cycle et thèse de doctorat.............................60
5.4. Références................................................................................................................................61
5.4.1. Références au cœur de la page du texte...........................................................................62
5.4.2. Références au bas de la page ou notes infra-paginales...................................................62
5.5. Citation.....................................................................................................................................64
5.5.1. Citation directe.................................................................................................................64
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Initiation à la recherche – Albert Phongi

5.5.2. Citation indirecte..............................................................................................................65


CHAPITRE 6. REDACTION ET DEFENSE PUBLIQUE.............................................................67
6.1. Rédaction d’un travail scientifique........................................................................................67
6.2. Défense publique d’un travail scientifique............................................................................67
6.2.1. Présentation du candidat au jury et au public................................................................67
6.2.2. Présentation succincte du travail.....................................................................................68
6.2.3. Soutenance publique.........................................................................................................68
6.2.4. Délibération et proclamation...........................................................................................68
6.3. Qualités intellectuelles et morales du chercheur...................................................................69
6.3.1. Des qualités intellectuelles................................................................................................69
6.3.2. Des qualités morales.........................................................................................................70
6.3.3. Des défauts à éviter dans l’élaboration d’un travail scientifique..................................70
CONCLUSION...................................................................................................................................72
BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................73
TABLE DES MATIERES.................................................................................................................74

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