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COURS N° 5 : POPULATION ET DEVELOPPEMENT

Le Maghreb-Machrek comptait 280 millions d’habitants, environ, en 2000 soit moins de 5% de la population
mondiale et ne constitue pas , à proprement parler, un des plus grands foyers de peuplement, mais c’est une
population à très forte croissance, autour de 3%, et avec ce rythme les effectifs doublent tous les 22 ans !

Evolution de la population en millions d’habitants au XXè ( source Maghreb-Moyen Orient , mutations ,


document 46

1900 1960 1970 1990 2000


Péninsule arabique ( Arabie saoudite, Koweït, Bahrein , 4 8,28 14 30,5 43,2
Qatar,
E.A.U. , Oman, Yémen
Croissant fertile , Liban, Syrie, Jordanie, Palestine , Irak 4,2 11,5 20,75 39,25 54,5
Pays nilotiques, Egypte , Soudan 15,5 29,5 47 79,25 100,3
Grand Maghreb , Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie 12,3 23 37,5 65,25 83,5
Maghreb-Machek 36 72,25 119,25 214,25 281,5

Et , en poids relatif, exprimé en %

1900 1960 1970 1990 2000


Péninsule arabique ( Arabie saoudite, Koweït, Bahrein, 11,1 11,4 11,7 14,3 15,4%
Qatar,
E.A.U. , Oman, Yémen
Croissant fertile , Liban, Syrie, Jordanie, Palestine , Irak 11,7 15,3 15,4 18,3 19,35%
Pays nilotiques, Egypte , Soudan 43,05 40,09 39,05 37 35,7%
Grand Maghreb , Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie 34,1 31,8 31,5 30,5 29,6%
Maghreb-Machek 100 100 100 100 100%

Cette population a été multipliée par 7 en un siècle, donc on note une extrême rapidité de la progression
démographique. S’il reste dans les esprits l’image de la prolixité de la famille arabe, le monde arabe a une
natalité décroissante et il achève sa transition démographique.
Il existe un contraste entre les populations,
• des pays industriels, où la démographie baisse avec ralentissement de la natalité et
vieillissement de la population, populations qui connaissent des problèmes dont celui des
retraites et recherchent une reprise de la natalité,
• et celles des pays en développement, populations jeunes, politiques et problèmes inverses en
général en termes d’éducation, d’emploi, de logements,…

A ce différentiel démographique se superpose un différentiel économique,


• au Nord, des économies diversifiées,
• au Sud, des économies à bas salaires, salaires peu intéressants, ce qui induit des flux
migratoires importants pour rééquilibrer le système de l’emploi. Or, du fait de la crise
économique des pays industrialisés il y a des fermetures de frontières.

Donc cette étude portera sur trois points,


• l’analyse de la croissance démographique
• les investissements démographiques
• et les migrations du travail.

Bibliographie  PH. FARGUES : Générations arabes, l’alchimie du nombre , publié en 2000 chez FAYARD
I– UNE CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ACCELERE
A) RAPPEL DES NOTIONS FONDAMENTALES DE LA DEMOGRAPHIE

1) Les concepts de base

Pour simplifier, rappel de 3 concepts, les naissances, les décès, et le différentiel soit l’accroissement naturel ( ou
le déficit),
*les naissances,
• taux de natalité = nombre de naissances par an pour 1000 habitants, soit un rapport à une
population totale,
• taux de fécondité = nombre de naissances par an pour 1000 femmes en âge de procréer,
limite qui varie de 15 à 42/44 ans,
• nombre d’enfants par femme = indice synthétique de fécondité. En France, 1,8 à 1,9 alors
qu’il faut 2,1 pour simplement renouveler une population.
* la mortalité,
taux décès/taux d’habitants pour 1000. Mais faiblesse de cet indicateur, il est par exemple de
11 pour mille en Suède et de 5 pour mille en Jordanie !!! doit on en conclure qu’on vit mieux en
Jordanie ??? Simplement l’influence des moyennes d’âge….
Mortalité infantile = nombre de décès d’enfants de moins d’un an / naissances de cette même
année pour 1000. . Parfois on dispose de cet indicateur pour les enfants de –5ans,
Espérance de vie = durée moyenne qu’est censé vivre un enfant à sa naissance, pour une
génération.
*l’accroissement naturel = différence entre les décès et les naissances. L’accroissement naturel est
différend de la croissance de la population qui est, elle, le résultat de l’accroissement naturel + le solde
migratoire entre les arrivées et les départs des émigrants..

Ces chiffres doivent être pris avec précaution, leur justesse est relative,

EX : Arabie Saoudite  mortalité infantile de 35 à 70 pour mille,


Ces chiffres sont le plus souvent des résultats de projection avec de grandes variations,
EX.: Libye , en 1998 stat ONU  nb enfants /femme = 5,92
En 1999 même organisme  nb enfants /femme = 3,50
Que s’est il passé ? entre 1998 et 1999 on a pris en compte une étude de …1996 qui décelait
une fécondité + faible que prévue…

2) Le modèle de la transition démographique


Voir le schéma page 1
Pour expliquer une très forte croissance il faut observer les deux taux, natalité et mortalité, on voit le passage
d’un régime démographique à un autre, avec , entre le régime traditionnel et le moderne une transition en deux
phases, d’abord la mortalité chute, puis la natalité chute à son tour. C’est un modèle, une théorie qui sert à
expliquer la croissance démographique en 3 étapes de situation de départ en arrivée, en équilibre et
déséquilibre,
• Départ  la natalité et la mortalité sont élevées, mais N>M, donc accroissement de la
population, accroissement lent,
• Transition  ici il faut distinguer 2 phases, la première avec d’abord baisse de mortalité
car progrès d’hygiène, d’alimentation, meilleures conditions de vie, vaccinations…. et N>M,
avec accroissement fort de la population , la deuxième, la natalité baisse à son tour du fait
des changements économiques , sociaux et culturels, et l’accroissement de la population
devient moins fort
• Arrivée, avec un quasi équilibre de natalité et de mortalité , tous deux à niveaux bas ( on
peut ou on pourrait avoir un solde négatif)

B) LES GRANDS FOYERS DE PEUPLEMENT


Voir carte page 2
On va identifier les grands foyers de peuplements , chiffres de 1994, et on voit les rapports de force,
• Turquie et Egypte ( 65 à 68 millions d’habitants chacun) et Iran sont de même taille.. On
estime que l’Egypte atteindra 100 millions d’habitants en 2025 ( mais ces prévisions
baissent)
• Puis , un groupe de pays de taille intermédiaire entre 15 et 30 millions d’habitants, Algérie et
Maroc au Maghreb, Soudan ( 30 millions), Irak (23 millions) , Syrie( autour de 20 millions) ,
Arabie Saoudite, Yémen,
• Puis un groupe de petits pays de moins de 10 millions d’habitants, Tunisie ( moins de 10
millions) , Libye ( 5 à 6 millions), Jordanie ( 6 millions) , Liban ( autour de 3 millions,
Mauritanie ( 3 millions), Oman…
• Puis des pays « confettis », cités d’états, Bahrein, Qatar, Emirats arabes unis ( 1 à 2,5
millions).
En général, zone de forte croissance de population mais deux pays baissent, Liban et Koweït, du fait
d’événements géopolitiques. En moyenne croissance de +3% et aujourd’hui cela baisse car certains pays sont
entrés dans la phase de transition démographique.

C) LA TRANSITION DEMOGRAPHIQUE AU MAGHREB –MACHREK

1) LE RECUL DE LA MORTALITE

Le premier facteur de l’accroissement démographique au Maghreb-Machrek est l’espérance de vie moyenne qui
est passée à 65 ans. La régression de la mortalité date des 50 dernières années : révolution sanitaire, mais la
chute de la mortalité ne touche pas également tous les pays : au Yémen l’espérance de vie est de 51 ans , aux
Emirats arabes de 74 ans…

2) LA BAISSE DE LA FECONDITE : UN DECLIN RECENT

En revanche la baisse de la natalité est plus récente et répartie différemment selon les pays ; en valeur moyenne ,
jusque vers les années 1960/1970 le nombre d’enfants par femme était de 7 et il est tombé à 3,4 en 2000, et il va
continuer à baisser.
La baisse de la fécondité est une des plus tardives mais surtout une des plus rapides, situation variable :
 ainsi Gaza, avec le record mondial de fécondité avec 8,13, cas extrême, la fécondité y est une arme de guerre
pour lutter contre Israël , en Palestine en 2020 l’équilibre sera rompu et les israéliens seront minoritaires par
rapport aux arabes palestiniens….
 et Tunisie ou Liban, où la fécondité est si basse que le renouvellement est à peine assuré avec 2,1 , Algérie et
Maroc devraient atteindre bientôt ces chiffres aussi…
Donc situation contrastée selon les pays.

3) LES FACTEURS DE LA CHUTE DE LA FECONDITE

Des explications universelles sont données par les géographes pour expliquer la chute de la fécondité

a) Scolarisation et fécondité

D’abord une causalité universelle , dans un premier temps la scolarisation de l’enfant conduit à un
changement de modèle économique car l’enfant était producteur de ressource avant, il n’est plus perçu comme
un producteur immédiat mais à plus long terme quand les parents auront vieilli ( dans ces pays, les systèmes de
retraite sont moins développés qu’en Europe) mais il y a changement de mentalité, on privilégie la qualité au
nombre, on veut donner de meilleures prestations aux enfants et élever un enfant coûte cher,

Ensuite le niveau d’instruction des femmes, plus les femmes sont instruites, moins elles ont d’enfants, il y a
recul de l’age du mariage, donc influence sur la période de fécondité. Au Liban le nombre d’enfants/femme est
de 1,6 si la femme a un niveau enseignement supérieur, et 4,2 si elle est analphabète, chiffres de 1990. Enfin
changement de mentalité aussi, si on a de l’instruction le modèle familial dominant est celui d’une famille
réduite. Mais ce schéma ne marche pas partout,
Ex. : au Maroc c’est le milieu plus analphabète et rural qui a été le plus précoce en matière de baisse
de natalité du fait de la politique volontariste du gouvernement.
La femme arabe a un statut un peu particulier, un rôle fondamental dans la famille, un statut problématique
d’inégalité d’accès à l’école ( plus de filles ne sont pas scolarisées), en cas de divorce la répudiation est la
prérogative de l’homme qui n’a qu’un mot à dire, …Seule la Tunisie a un Code Civil qui permet aux hommes
et aux femmes de divorcer en équité ? Cela pose problème et des projets sont en cours au Maroc et en Egypte
pour changer cette situation. Du point de vue politique citons le cas du Koweït avec absence de droit de vote
aux femmes , projet de loi en 12/1999 rejeté !!!
La place des femmes n’est pas tout à fait égale dans ces pays, ce qui ne découle pas de l’Islam , mais de l’idée
de patriarcat , identique chez musulmans et chrétiens.

Le taux d’activité des femmes est faible , 13 % dans le monde arabe , contre une moyenne de 35% ( en France
80%). Aux Emirats et en Jordanie taux <10%…Ces chiffres sont un peu faux par nature, car le travail féminin
est sous enregistré, le mari ou le fils ne déclarent pas toujours la femme qui travaille. Exemple en Egypte les
travaux de basse-cour chez les agriculteurs sont faits par les femmes ainsi que la vente sur les marchés et on
estime que 2/3 de ces femmes sont en activité alors que 90% sont déclarées inactives.
Donc pas de réalité économique : en Egypte 16% des femmes sont déclarées actives mais en fait un nombre
plus large , au moins 14% de plus contribuent aux revenus monétaires du foyer, comme employées dans un
atelier familial ( textile, confection…) ou aide dans l’activité artisanale.

b) Urbanisation et fécondité

Le lien est fort entre ces deux notions, les clivages sont importants selon que l’on réside en ville ou à la
campagne, l’évolution des comportements vers le modèle moderne est plus fort en ville que dans les
campagnes: dans les campagnes l’enfant produit, aide aux travaux des champs, en ville c’est un
consommateur.

Ex. : au Maroc en 1998 , nombre d’enfants par femme = 2,3 en ville,


= 4 en campagne , il y a vraiment un décalage,
avec l’évolution,
Maroc urbain Maroc rural
1960 7,8 6,9
1970 6,7 7,8
1975 4,6 7,2
1980 4,3 6,6
1985 3,2 5,9
1990 2,6 5,6

EX. : en Egypte en 1990, = 3 en ville


= 4,20 à la campagne.

Ces divergences sont en train de s’estomper, la baisse de la fécondité induit une transformation des
campagnes, une diversification de l’économie rurale qui se traduit par une baisse de l’agriculture qui n’est
plus, parfois, le secteur majoritaire,

EX.: en Egypte, 1 actif sur 2 dans le monde rural est agriculteur,


en Tunisie 48% d’agriculteurs dans le monde rural.

On assiste à une urbanisation des campagnes, écoles, administrations, et services permettent de désenclaver les
espaces et l’écart en niveau de vie est en train de diminuer.
A ce clivage monde urbain/monde rural s’ajoute parfois un clivage régional,

EX. : en Algérie entre le littoral et l’intérieur,


à Oran ou à Alger les femmes ont moins de 4 enfants,
dans le Sud, Biskra, Tebessa, les femmes ont plus de 6 enfants.
Dans l’ensemble des pays du Maghreb il existe une opposition Nord/Sud, régions sous urbanisées et pauvres et
les autres.
L’autre facteur important est la politique de contrôle des naissances.

c) Le contrôle des naissances

Le recours à la contraception est variable, d’un pays à l’autre : en Mauritanie 1% des femmes y ont recours, en
Tunisie 30%. Inégalement développée la première méthode utilisée est la pilule ( Maroc et Egypte surtout). Ces
diversités de situation traduisent les diversités de politiques volontaristes menées par les états ( politique de
planning familial) Deux théories sont en présence,
• théorie malthusienne, il faut réduire les naissances pour équilibrer les ressources et les mettre
en adéquation avec le développement économique,
• l’augmentation de la population, aux fins de devenir une puissance géo-politique ( exemple
de l’Arabie Saoudite où cette politique a l’agrément du pouvoir et des religieux) et une
puissance économique, l’augmentation des marchés crée des économies d’échelle sur un
marché plus vaste pour atteindre un développement économique ( l’Algérie a fait ce choix à
une époque).
Les pionniers, Tunisie et Egypte ont fait le 1er choix alors que l’Algérie a fait le second. En 1974, à la conférence
mondiale de Bucarest l’Algérie soutenait qu’une population nombreuse serait un atout, mais en 1984, conférence
de Mexico elle change de cap et vient à une politique de contrôle des naissances.. L’indice de fécondité ( nb.
d’enfants/femme) a ainsi évolué au Maghreb :

Algérie Maroc Tunisie


1960 8 7,2 7
1980 6,95 5,6 5,3
1990 4,7 4,2 3,4
2000/2004 3,1 2,6 2,2
2005/2009 2,7 2,1 2,1

Mais les pays du golfe ne font pas de politique de contrôle des naissances: … « les rentiers du pétrole ont une
fécondité au mépris des modèles classiques »…selon R. Escallier. Au contraire , au Koweït, on verse une
allocation pour chaque enfant, jusqu’au mariage de la fille et au premier emploi du garçon…Il y a un souci
géopolitique , le pays est sous peuplé et les voisins sont dangereux, et du fait du manque de main d’oeuvre il
faut faire appel à une immigration importante, donc très large population étrangère qui bénéficie de gratuité de
services : il y a là une absence de raisons qui justifieraient la limitation des naissances.

Mais une politique ne fonctionne que si elle correspond aux aspirations et préoccupations de la
population,

EX.: en Egypte à partir de 1960  plusieurs mesures de contrôle des naissances sont décidées, création
d’une institution spécialisée, diffusion de la contraception, campagnes de publicité, modèle familial à 2 ou 3
enfants
 mais baisse de la natalité au milieu des années 1980. Il y a eu baisse en
1960, remontée au milieu des années 1970, puis baisse à nouveau.

Fargues explique ce phénomène par l’évolution économique : reprise de la natalité en 1970 car reprise économique
en 1970 car paix avec Israël, et changement de modèle économique plus libéral , celui de l’ouverture ( ou Infatah).
Anouar el Sadate ouvre les frontières égyptiennes, les égyptiens commencent à travailler dans les pays du golfe,
apport de devises, boom du pétrole, engendrent une augmentation du niveau de vie…De plus aide américaine
importante, véritable manne financière, l’état gagne de l’argent et en redistribue par des subventions ...De plus
évolution des mentalités, le départ des hommes vers les pays du golfe a entraîné un changement des mentalités,
par exemple le port du voile pour la femme en Egypte depuis que les hommes travaillent en Arabie Saoudite, on
note une influence de l’Arabie Saoudite a plusieurs niveaux.. En 1980 changement économique, contre choc
pétrolier de 1982, baisse de revenus de l’état, creusement des inégalités, le fossé entre les classes sociales se creuse,
l’état doit renoncer à sa politique de redistribution……et seulement baisse à partir de 1980

Les politiques de planning familial ont un impact, mais elles dépendent des conditions économiques et doivent
répondre à la demande de la population. La baisse de la fécondité est avant tout une réponse de la société à des
contraintes économiques

d) L’impact de la religion

Existe t’il un lien entre l’appartenance confessionnelle et la fécondité ?


Liban en 1970  Chiites 6,6 enfants/femme
Sunnites 5,2
Chrétiens 3,3
A première vue , il y a un lien : mais les facteurs sont ils économiques ou religieux ?
Quel est le rôle du religieux ? L’Islam n’interdit pas , même s’il est clair que la pratique religieuse provoque une
poussée de la natalité…Ici on recoupe des données économiques, les chiites sont plus pauvres , leurs femmes
moins éduquées…

Si l’on se réfère au travail de la femme ,


Travail des femmes au Liban en Avant mariage Après mariage
1970
Maronites 28% 8%
Chiites 15% 6%

On voit que les pères et les maris n’ont pas le même comportement….

La montée de l’islamisme politique vers 1980/1990 n’a pas été suivie par une baisse de l’activité des femmes au
travail car il y a eu une crise économique, les couples doivent travailler, le deuxième salaire de la femme est
nécessaire même si c’est plus difficile.. Il y a concurrence entre travail et famille pour les femmes.

Quels que soient les facteurs, l’ensemble des pays arabes est engagé dans la transition démographique même si
des diversités importantes demeurent.

D) DIVERSITES DES TRAJECTOIRES DEMOGRAPHIQUES


Voir schéma page 1, en bas à droite
Les pays sont répartis en fonction des taux de natalité et mortalité , et on distingue 4 grands groupes,
• Yémen ( et Afghanistan , hors cours) avec des taux élevés de mortalité et natalité, c’est le
moins avancé en matière de démographie, Natalité = 6 enfants/femme depuis 1960, les filles
se marient à 16 ans environ, 88% des femmes sont analphabètes, vie précaire, espérance de
vie à la naissance = 53 ans…plus un modèle d’Afrique sub-saharienne qu’un modèle arabe,

• Des pays à faible mortalité et la fécondité commence juste à baisser, Syrie, Irak, Arabie
Saoudite, Jordanie, tous pays du Moyen Orient,

• Les pays du Maghreb + Egypte + Liban, globalement pionniers en matière de planning


familial, la natalité est basse , surtout en Tunisie = 2,1 enfants/femme

• Le cas particulier des petits émirats pétroliers du Golfe , pays les plus riches, avec les taux de
fécondité les + importants, beaucoup de célibataires, populations jeunes, des émigrés avec
retour dans les pays d’origine  alors véracité des statistiques ????… « l’appel à la main
d’œuvre étrangère a différé les conditions d’un développement économique et social
enraciné. La démobilisation de la force de travail nationale, particulièrement le refoulement
des femmes hors du dispositif économique, de façon très rude en Arabie Saoudite, et leur
confinement dans le milieu familial ont contribué à geler le modèle de la famille nombreuse
traditionnelle …» Maghreb, Moyen Orient, Mutations , page 188.

A l’exception du Yémen, le monde arabe est engagé dans le processus : mais il reste devancé par l’Asie alors
que l’Afrique est derrière lui. La baisse du taux de fécondité n’engendre pas automatiquement une baisse de la
natalité, car il y a inertie démographique du fait du décalage des générations précédentes : car on vient de
périodes antérieures à fortes natalités et la structure des pyramides d’âge est étoffée à la base . La moitié des
habitants a moins de 20 ans. Donc les états sont obligés de faire des investissements démographiques.

II) LES INVESTISSEMENTS DEMOGRAPHIQUES

Il faut nourrir, loger, former, employer…..

A) LE DEVELOPPEMENT DE LA SCOLARISATION

L’objectif est d’instruire pour lutter contre l’analphabétisme . Dans l’ensemble, le monde arabe a fait un net
progrès de scolarisation des filles et en milieu rural : c’est un investissement considérable,
EX. : Algérie depuis 19701/3 de son budget, résultats patents, accroissement des effectifs scolarisés,
mais déséquilibre quantitatif de la scolarisation des filles
Avec élévation du niveau moyen de l’éducation l’analphabétisme recule, + de diplômés de l’enseignement
supérieur…
EX : en Egypte taux d’analphabétisme de 57% en 1986 recule à 40% en 1996, mais taux plus élevé
chez les femmes , surtout en milieu rural.
Toutefois ces chiffres n’évoquent pas précisément la réalité : on compte encore les vieux. Si on observe
seulement les naissances depuis 1980 les taux d’analphabètes tombent à 20% chez les femmes et 10% chez les
hommes.

B) LA MONTEE DU CHOMAGE

Il y a des difficultés à fournir un emploi à chaque jeune les taux de chômage sont importants.,
• en Algérie, taux de chômage = 30% de la population, touche en priorité les jeunes,
• en Tunisie, la moitié des moins de 25ans est au chômage,
• en Egypte 96% des chômeurs ont le baccalauréat.
Le chômage est aggravé par la situation économique internationale. On est dans un cycle , éducation avenir
ouvert espoir mais chômage. D’où la mise en place d’emplois « systématiques » de fonctionnaires, comme
en Egypte, sous Nasser : il est à l’origine de la bureaucratie pléthorique égyptienne, personnes peu productives,
mauvaises rémunérations mais ces emplois de la fonction publique sont appréciés, garantie des salaires, petite
retraite assurée et pour les hommes , possibilité de faire un deuxième emploi ( au Caire la plupart des chauffeurs
de taxis sont fonctionnaires…)…mais si cela a marché un temps, cela a amené la corruption, plus de hiérarchie,
plus de bakchich !!! Beaucoup de diplômés s’expatrient vers les pays du golfe ( médecins, professeurs…) et on
assiste à l’effondrement du mythe diplôme = promotion sociale. Aujourd’hui si boulot = alors piston !!!
Il y a des groupes sociaux de jeunes diplômés qui acceptent mal leur situation et cela crée des violences sociales,
d’autant que les aînés sont moins formés que les jeunes , d’où des tensions importantes.

C’est un gros problème social pour l’ensemble du monde arabe.

C) LA CRISE DU LOGEMENT

Il y a un déficit net entre l’habitat et la démographie: un déficit de l’offre de logements, donc l’accès au logement
est très cher. Or, par tradition, l’homme au mariage doit apporter un logement, ce qui entraîne un recul de l’age
du mariage ce qui explique aussi l’émigration vers les pays pétroliers pour se constituer un capital en vue
d’acheter et induit un retard du mariage.
En 1970, en Egypte, début de l’émigration  boom immobilier avec des modes de construction de l’habitat
non réglementaires, de nouveaux quartiers s’auto construisent, sans voirie, sans électricité, sans services, sans
commerces….L’ensemble des gouvernements arabes n’avaient pas les moyens de mettre en place des politiques
urbaines d’où l’anarchie et les retards en urbanisme et équipements de base ( eau potable et assainissements…)

On peut espérer que la baisse de la fécondité permettra le passage de l’investissement démographique vers des
secteurs plus productifs pour transformer la croissance démographique en marché économique : mais la
solvabilité de ces marchés est peu étendue.

III) MUTATION DES SYSTEMES MIGRATOIRES

A) LES MIGRATIONS DU TRAVAIL

On distingue divers types de migration , selon qu’on choisit une échelle nationale ou internationale, ou que l’on
classe la typologie de la migration selon les motifs.
A l’origine, l’objectif était de chercher du travail ou un meilleur salaire , ou encore de meilleures conditions de
vie. La migration répond à la pression du chômage  voir carte page 3 avec des flèches qui délimitent deux
systèmes différents,
* une émigration vers l’Europe,
* et une autre vers les pays du Golfe,
( une exception la Libye dont le cas particulier peut tout de même être assimilé au cas des pays du Golfe..)
Il existe un décalage temporel entre les deux systèmes : vers l’Europe, migration plus ancienne , importante de
1950 à 1970 alors que l’émigration vers le Golfe débute vers les années 1970, surtout 1973 boom du pétrole.

1) Vers les pays occidentaux

Cette émigration touche essentiellement les pays du Maghreb et notamment vers la France : l’immigration a
commencé en France au début du XXème et touchait au départ les Algériens , Kabyles surtout, puis vers 1930
elle s’étend au Maroc et à la Tunisie, se généralise après 1950 période de reconstruction de l’après guerre dite
des 30 glorieuses qui a nécessité une forte main d’œuvre. Il y a eu aussi élargissement à l’échelle des pays
d’origine et à l’intérieur des pays et dans les années 1950 l’émigration touche l’ensemble du territoire algérien
qui connaît, en plus, une exode rurale , d’ou le schéma de la campagne  vers les villes vers la France.

Cette émigration ralentit vers les années 1960 et est interrompue en 1973 : la France décide de fermer ces
frontières. La politique d’intégration est l’octroi de la nationalité française, une politique de regroupements
familiaux mais une répression de l’émigration clandestine.
On rencontre le même cas de figure avec les Turcs en Allemagne mais ces liens un peu historiques changent:
aujourd’hui il y a diversification des zones d’émigration : la migration au départ envisagée comme temporaire se
fait aujourd’hui de façon définitive. Il existe une circulation incessante entre les pays d’origine et d’accueil.

2) Vers les pays pétroliers

Dans ces régions double déséquilibre, l’un économique avec une richesse importante à gérer et l’autre de
moyens puisqu’il n’y a pas assez d’hommes …d’autant que les femmes ne travaillent pas ( une voix s’élève
dans l’amphi = les hommes non plus….la vérité sort de la bouche des…jeunes……)
Donc, si le pétrole n’est pas gros employeur de main d’œuvre les ressources tirées du pétrole permettent de créer
des emplois dans tous les domaines annexes, service public , comme les professeurs égyptiens, si bien que tous
les niveaux de qualification sont requis pour l’ensemble des secteurs de l’économie. Cette richesse permet la
mise en place de l’état providence, services publics gratuits ce qui retarde encore l’entrée des jeunes sur le
marché du travail.

Au début de 1980 il y avait 8 millions d’étrangers dans les pays du Golfe,


* Arabie Saoudite : 20% de la population totale 6 millions sur 30 millions
* Bahrein : 35%
* Emirats arabes unis : 80%
* Irak : 10% qui sont égyptiens à 90%,
et ces taux sont plus importants rapportés à la population active, voir page 3 , Emirats arabes unis à 90% !!!

Ces migrants sont des arabes en majorité  les égyptiens sont 3 millions d’expatriés,
 de nombreux jordano-palestiniens ( palestiniens avec passeport
jordanien) quittent le pays de façon ponctuelle pour amasser une somme d’argent et rentrent se marier…
Pas de possibilité d’acquérir la nationalité du pays de travail.
Mais depuis 1980 modification de l’origine géographique des émigrants : de + en + d’asiatiques émigrent vers le
Golfe ( du Pakistan, Inde, Philippines, Sri-Lanka…), vivent dans des conditions précaires avec des salaires
moins élevés que ceux des arabes, en 1980 en Arabie Saoudite salaire d’un asiatique = 25% du salaire d’un
yéménite. C’est une main d’œuvre docile, sans risque politique, et donc il existe une volonté d’installer cette
main d’oeuvre non arabe et non musulmane. L’émigration en général est bien contrôlée, agences de recrutement,
système de kafil = garant de la personne émigrée. Tout émigré doit avoir la caution de quelqu’un du pays , le
kafil , personne physique ou morale, Ces kafils touchent de l’argent, des contrats sont signés et limités dans le
temps.
Mais parfois problème de retour forcé dans le pays d’origine qui entraîne le départ de nombreuses populations,
exemple de la guerre du Golfe (voir §5 suivant)

3) Avantages comparés pour le pays de départ et d’accueil

Pour les pays de départ, c’est une source de revenus fondamentale, et de devises. Exemple , l’Egypte , le
montant total du transfert de l’épargne est de 1/3 des recettes extérieures totales, avant les revenus de
l’exportation du pétrole, des revenus du Canal de Suez ou de ceux du tourisme.. C’est une source de revenu
fragile, qui dépend du politique, mais le niveau des salaires 5 à 20 fois plus élevé dans le pays d’accueil selon les
professions permet une épargne qui fait vivre au pays d’origine 3 ou 4 personnes. Les retombées sont larges,
mais cet argent réinvesti dans les pays d’accueil ne va pas dans les secteurs productifs,
 il va vers l’immobilier, ou dans des biens de consommation qui sont souvent des matières importées,
 ce qui entraîne l’augmentation de la charge de l’importation et l’augmentation des dettes
commerciales au profit des pays industrialisés.
Au niveau gouvernemental l’émigration joue le rôle de soupape de sécurité puisqu’elle soulage le marché de
l’emploi. Le problème est que l’état investit dans l’éducation et la formation, donc il assume le coût de la main
d’œuvre formée pour l’étranger.

Enfin, même si les départs sont ceux de personnes peu qualifiée ils produisent à l’intérieur une augmentation du
coût de la main d’œuvre , par la rareté.
Pour les pays d’arrivée, l’arrivée massive de migrants engendre une croissance démographique qui se double
d’une urbanisation très poussée, le taux d’urbanisation aux Emirats arabes unis est de 90%. D’où des risques de
gestion de cette population, un contrôle moindre sur les orientations économiques du pays, un risque social avec
des camps en périphérie, des conditions de vie déplorables, et malgré des contrôles forts, des risques de débuts
d’émeutes. Enfin un risque politique, même l’armée est composée d’étrangers , exemple de 22 nationalités
différentes aux Emirats arabes unis d’où une politique de nationalisation pour que les postes importants soient
tous aux mains de nationaux.

Un pays peut être à la fois d’accueil et de départ = la Jordanie  beaucoup de départ ( les jordano palestiniens)
donc appel d’égyptiens qui travaillent dans les secteurs tertiaires , tourisme, ou du bâtiment.

4) Fermeture des frontières et limitation des migrations

Avec un décalage temporel (entre Europe et Golfe) on arrive à des fermetures de frontière,
• l’Europe a fermé les siennes , par politiques nationales depuis 1970, puis politique
européenne , ( accords de Schengen signés en 1985, complétés en 1990 ) , mais volonté de
nationalisations, d’intégration et aujourd’hui l’essentiel de la politique tourne autour de
l’émigration clandestine qu’on cherche à limiter même s’il paraît évident qu’il serait
avantageux d’augmenter le nombre de salariés pour faire face au problème des retraites …
• Depuis la guerre du Golfe on assiste dans cette région a une volonté de réduire l’émigration,
car les déficits budgétaires sont importants et l’on pratique la préférence nationale ou l’option
de l’émigration asiatique , docile et moins coûteuse….L’ensemble de l’économie de ces
régions devrait être rénové mais ce changement nécessite un changement des mentalités,
 mettre les femmes au travail en Arabie saoudite! Enfin ces pays aussi renforcent la lutte
contre l’émigration clandestine, à l’instar de l’Arabie Saoudite , au moment du pèlerinage.

Si bien que les deux systèmes se rejoignent.

B) LES MIGRATIONS CONTRAINTES D’ORDRE POLITIQUE

Quelques cas de bouleversements politiques provoquent des migrations ,


• la guerre, c’est le cas de la diaspora palestinienne et du problème des réfugiés
• les déplacements ponctuels ou définitifs des kurdes pendant la guerre du golfe ou
immédiatement après,
• les cas de retour provoqués par les positions des divers pays arabes pendant la guerre du
Golfe
▪ en Irak la population étrangère était composée de 90% d’égyptiens , surtout
depuis la guerre Iran contre Irak, et au moment de la guerre du golfe , du fait de la
position du Caire les égyptiens ont été renvoyés chez eux avec blocage des
salaires,
▪ en Arabie Saoudite action contre les yéménites qui avaient soutenu l’Irak : du fait
de liens historiques très forts et de la position dominante sur son voisin l’Arabie
saoudite acceptait la main d’œuvre yéménite sans contrôle, sans permis de travail,
sans démarche…mais au moment de la guerre du golfe 800.000 yéménites
expulsés, au moment crucial de la réunification du Nord avec le Sud ! Ce qui a
déstabilisé l’économie locale.
▪ 400.000 jordano-palestiniens ont été expulsés du Koweït et une grande partie est
retournée vers la Jordanie, les autres pays du golfe, le Canada grâce à la solidarité
de la diaspora palestinienne.

En conclusion de ce cours, ralentissement des rythmes démographiques. Aujourd’hui les pays du monde arabe
sont à un moment charnière  ils commencent à voir disparaître les problèmes des pays à population jeunes
mais la dynamique démographique importante a modifié la répartition géographique des populations . En effet
l’accroissement démographique s’est accompagné d’une forte urbanisation : la population citadine est de venue
majoritaire dans le monde arabe.

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