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Ce document comprend :
I) Le cours
II) Exposé = Les grandes villes en Egypte
III) Exposé = L’urbanisme de Casablanca
IV) Exposé = Les médinas au Maghreb
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La croissance démographique explique l’explosion urbaine connue par les pays du Maghreb-Machrek depuis 1950
: mais ce terme « d’explosion urbaine » est contestable, exagéré, et correspond à une vision de journalistes qui
voient un espace non structuré et les villes sont analysés en terme de crise. Il faut voir autre chose que des crises,
comme les crises catastrophiques de l’Inde par exemple, plutôt des dysfonctionnements.
Mais ce terme « d’explosion urbaine » a le mérite d’insister sur la force du mouvement de l’urbanisation, rapide
et récent : le fait urbain est ancien , l’accroissement est récent. Il y a des traditions très anciennes , Istanbul ,
Bagdad ou encore Le Caire ont été d’importantes cités plus peuplées à l’époque médiévale que les villes
européennes, la nouveauté est que la majorité habite maintenant en milieu urbain.. On va donc assister à une
transformation des anciennes villes , par accroissement de la population, extension des périphéries et naissance de
très grandes villes : cette croissance urbaine touche tous les échelons de la hiérarchie urbaine.
1) Les Concepts
Il convient de les définir clairement :
- notion d’urbain = concerne la ville , URBS = cité , idée de cercle, d’enceinte donc de limite franche. A l’opposé
est la campagne , sans limite. Mais aujourd’hui on a du mal à définir ce qui est urbain et ce qui ne l’est pas, car
l’opposition n’est pas franche avec la campagne, surtout que la fonction agricole n’est plus majoritaire dans le
monde rural. De plus citons la circulation des gens qui habitent à la campagne et travaillent en ville ils sont
urbains , on ne sait plus où s’arrête la ville,
- notion d’urbanisation = idée d’un processus qui conduit à l’augmentation de la population citadine avec
concentration croissante de la population urbaine donnée par le taux d’urbanisation qui est le rapport population
des villes/population totale.
- notion d’urbanisme = c’est la science ou les actions qui sont menées pour organiser la ville , la planifier. Le
processus d’aménagement urbain est une volonté délibérée d’aménager.
- métropole = au sens étymologique grec ville mère, celle qui a engendré un territoire, qui structure soit un
territoire rural soit une autre ville , puisqu’une ville peut fonder une autre ville…en France glissement de la
signification du terme puisque c’est un territoire, la métropole, qui désigne le pays colonisateur par rapport au pays
colonisé. Le deuxième sens est l’idée d’une ville importante qui contrôle un territoire donc une ville qui est une
capitale régionale au niveau national . Les grandes métropoles mondiales sont les grandes villes qui concentrent
les principales activités économiques et politiques.,
- mégapole = très grande agglomération urbaine ou ensemble de grandes villes voisines au sens littéral et donc =
ensemble de grosses agglomérations urbaines.
- mégalopole = niveau encore plus élevé comme région N.E. des E.-U. , de Boston à Washington sur près de 400
Kms, très fortes densités, pas forcément agglomérations contiguës, pas de continuité du bâti urbain, avec des
espaces ruraux comme des parcs de loisirs intégrés à la ville, avec de fortes relations entre les villes ( réseaux de
communication, routes…) et notion de concentration économique des richesses, lieu d’émergence des pôles de
commandement ( New York, Washington ) . Ce concept a d’abord été défini pour les states , puis en Europe pour
la « banane bleue» entre Londres et Milan : la carte des densités de population entre Londres et Milan fait bien
apparaître cette concentration mais pas de liens entre les villes européennes , Paris et la Ruhr sont
géographiquement légèrement décalés…on cherche à étendre ce concept mais il s’applique mieux au Japon par
exemple avec l’axe de Tokyo à Osaka pas de mégalopole dans le monde arabe
- conurbation = idée d’agglomération quand deux villes s’agglomèrent : exemple de Lille
+Roubaix+Tourcoing en France ou Rabat+ Salé au Maroc avec 2 municipalités différentes mais une
continuité du bâti séparé par le fleuve Bou-Regreg, ou encore en Jordanie Amman + Zarqué. A noter que
l’idée de corridor urbain entre Casablanca et Khénitra ne répond pas à ce critère même si l’on retrouve là
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o 3% du territoire,
o 20% des habitants, et
o 70% des industries du pays.
Il faut donc prendre ces statistiques avec méfiance : ainsi entre 1986 et 1996 les urbains baissent d’après les chiffres
officiels…et c’est le contraire qui se passe. Les outils statistiques ne sont pas adéquats. Et ce n’est pas près de
s’améliorer car l’état égyptien a intérêt à opérer ainsi : son objectif est financier car une ville a droit à des
équipements ( hôpitaux, égouts,…) et l’état devrait investir dans ces zones , c’est donc un moyen de différer
l’investissement . Et aussi un moyen de maintenir le lien avec la ruralité : on préfère nier cette évolution.
Si l’on considère le tableau des taux d’urbanisation de la page 1 on constate un gonflement de la population
urbaine et pour l’ensemble des pays du monde arabe des taux supérieurs à 50%, avec 3 groupes de pays assez
différents,
* le groupe le plus urbanisé, pays du Golfe, des taux de 70 à 80%, c’est le résultat de la manne pétrolière,
la croissance urbaine n’y est pas le résultat de la migration rurale mais celui d’ une émigration importante,
* le groupe des pays intermédiaires, pays du Maghreb, Egypte ( mais taux ne reflète pas la réalité), Syrie…
* en marge , le Yémen et Oman
Ces chiffres ne sont que des moyennes et cachent des disparités régionales : exemple de la Tunisie , en 1991 taux
d’urbanisation = 54% mais le niveau de Tunis est de 80% comme sur le littoral mais vers Kairouan le taux tombe
à 20%.
Le résultat est contrasté à l’échelle nationale
D) HIERARCHIES URBAINES
Les dynamiques des villes sont à différencier selon les tailles des villes
Exemples : BAGDAD population * par 10 entre 1950 (500.000 hab.) et 2000 (5.000.000 hab.)
LE CAIRE population de 2.500.000 hab. en 1950 et 11 ou 12 millions en 2000….et
pas 16 ou 17 millions comme le prétendent certains journalistes !!!
CASABLANCA population de 100.000 en 1920 et 3.000.000 aujourd’hui ce qui en fait la 3ème
ème
ou 4 grande ville du monde arabe après LE CAIRE, BAGDAD et ALEXANDRIE.
Ces grandes villes sont le plus souvent des capitales et représentent une part importante de la population du pays,
BEYROUTH 1/3 de la population du Liban
Ce sont des centres de commandement politiques , à l’exception de Casablanca puisque la capitale est Rabat, et de
fonctions économiques concentrées, dans les domaines,
* Industriel BAGDAD ( stats 1980) 59% des industries du pays
56% de la main d’œuvre
77% de la valeur ajoutée industrielle
* Equipement AMMAN ( stats 1990) 70% des véhicules du pays,
74% des installations téléphoniques,
75% des lits de l’hôtellerie
Il existe d’intenses déséquilibres régionaux ce qui explique les pôles d’attraction et l’attirance des migrants ruraux.
Enfin il faut signaler les cas de systèmes bi-polaires comme:
* en SYRIE DAMAS et ALEP
* en EGYPTE LE CAIRE et ALEXANDRIE
* en ARABIE SAOUDITE RYAD et DJEDDAH
On quitte la ville pour les petites villes , plus commodes, avec des implantations industrielles , grâce au rôle des
retombées de l’émigration qui dynamisent les petites villes relais entre les campagnes et les grandes villes. Le
développement des transports font qu’elles sont liées aux grandes villes.
Il faut relativiser le développement des villes moyennes , car si c’est un fait démographique réel, l’urbanisation est
décrétée par l’état, de haut en bas, et ces villes moyennes sont dépendantes de la capitale qui restent les lieux de
décision. : il faut donc relativiser la décentralisation.
Les très grandes villes restent des pôles d’attraction et la concentration économique et politique perdure.
Le concept de la ville est plus ancien que l’Islam, et les traces des villes trouvées en Mésopotamie sont les plus
anciennes de l’histoire. La diffusion de l’Islam au VIIème siècle s’est accompagnée d’une urbanisation importante
et en l’an 1.000 c’est la partie la plus urbanisée du Monde, Le Caire était plus peuplé que Paris ou Londres.
Il y eut à la fois création de villes , Bassorah en Irak
Fostat en Egypte,
Kairouan en Tunisie,
Fès, Meknès et Marrakech au Maroc,
Et ré-investissement de villes existantes Alep et Damas en Syrie
Jérusalem en Palestine
Généralement il n’y a pas eu destruction mais juxtaposition , exemple la mosquée Omeyyade de Damas construite
sur la basilique byzantine …
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» in « L’Islam et les arts musulmans » de Papadopoulo
«… après la prise de DAMAS par les musulmans en 635, les historiens arabes disent que l’Eglise de Saint Jean
Baptiste aurait été partagée entre les musulmans et les chrétiens et même qu’un mur aurait été construit pour
séparer les deux parties… », elle même construite sur le site d’un temple dédié à Jupiter… «…la mosquée devait
être construite sur l’emplacement occupé par un temple antique , consacré d’abord au dieu Hadad, reconstruit
par les Romains et consacré à Jupiter… .
La colonisation a entraîné des ruptures importantes y compris dans le domaine de l’urbanisation.. Le monde arabe
n’avait pas connu l’urbanisation galopante liée à la révolution industrielle en Europe et , au contraire, on avait
assisté au recul des populations dans les grandes villes du monde arabe,
Exemple Alexandrie 100.000 hab au Xème siècle et 7.000 au XIXème ( Alexandrie devra son
renouveau à Mohammed Ali)
Bagdad 500.000 hab. au Xème siècle ( sources incertaines ) et 30.000 en 1831.
Pendant la colonisation les villes sont le lieu privilégié où les sociétés traditionnelles sont confrontées à la
modernité. Apports importants des colons vivant majoritairement en ville . Par contre les villes nées de la
colonisation ne sont pas très nombreuses mais elles existent avec une vocation économique (Casablanca) ou à
vocation militaire pour occuper les espaces (Algérie).
La littoralisation est un héritage colonial de par le développement des infrastructures portuaires et l’intense mise
en valeur agricole, valorisant le littoral..
Au niveau de l’urbanisme dualisme opposant la ville ancienne ( la médina) et la ville moderne qui est souvent
la ville coloniale construite à coté. Les morphologies de ces espaces sont bien sur fort différentes : la ville moderne
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a avenues larges et rectilignes, de grandes places ouvertes, un schéma en damier, des types de bâtiments spécifiques
( marché couvert, théâtre, grands magasins , parcs urbains, monuments,…).
Le Maroc est le pays où on retrouve le mieux ce dualisme . Le général LYAUTEY a lui même systématisé le
dualisme, en prônant la conservation des espaces des villes anciennes, et la construction, à coté, de villes nouvelles,
modernes. On a pu observer des départs des classes aisées de la médina vers la ville moderne.
Ce type de développement s’observe aussi en Egypte ( et ce n’est pas le fait de la colonisation ici…) mais la
politique de Mohammed Ali, de ses successeurs dont le Khédive Ismaïl qui se sont beaucoup inspirés des quartiers
des européens sur le modèle haussmanien , grandes avenues, marché couvert, Opéras, Bourse… pour
l’urbanisation du Caire au XIXème siècle.
C) LA MEDINA EN CRISE
Le terme médina qualifie le cœur historique des vieilles villes., ce qui pose problème car en langue arabe , médina
= ville ( en général).D’ailleurs le terme médina est spécifique à l’A.F.N. , on ne parle pas de médina au Caire par
exemple.. Cela dit , toutes les vielles cités arabes ont subi des crises. Ces espaces historiques ont subi la
concurrence des quartiers modernes,
• délocalisation des activités car la médina n’était pas accessible, pas
adaptée aux exigences de la vie économique moderne,
• déménagement des grandes familles ,
• récupération des espaces vacants pendant l’exode rural par les migrants
ruraux qui y ont trouvé des logements, médinas surpeuplées
dégradation de l’espace taudification, pour certains.
Les réponse à cette crise ont été différentes selon les pays,
• destruction massive, médina rasée comme à Monestir en Tunisie, Jeddah
en Arabie Saoudite ou encore Bagdad en Irak,
• reprises en main des programmes de sauvegarde du patrimoine,
inscription par l’UNESCO de médina au patrimoine mondiale de
l’humanité comme à Fès et Essaouira au Maroc, Sanaa au Yémen, ou le
vieux CAIRE.
Le cas du vieux Caire est un peu particulier car c’est un retournement de la fonction du vieux Caire fatimide pour
développer le tourisme et en même temps renforcer la fonction artisanale, mais risque de devenir un espace musée
mort et stéréotypé…
Aujourd’hui phénomène de « gentryfication ??? » : les classes les plus aisées, les européens s’approprient les
centres villes et rénovent de nombreuses habitations ( surtout au Maroc et au Maghreb)….mais ce phénomène
existe aussi en France avec la ré-appropriation du centre ville parisien ..
Le problème de la ville est beaucoup plus complexe que la simple dualisation décrite plus haut.
C’est sous cette forme d’habitat non réglementaire que la ville s’étend généralement : ce qui induit pas de prise en
charge par l’état, ni par le secteur privé. En fait il s’agit d’une réponse adaptée à la crise du logement.
1) La crise du logement
Elle se manifeste de plusieurs façons,
• densification des quartiers anciens,
• production de logements importante mais pas maîtrisée par l’état , donc
les normes de contrôle ne sont pas respectées. Exemple au Caire 70% des
logements seulement avec l’eau courante.
• Les logements existent mais un pourcentage important est laissé vacant,
exemple au Caire 15 % de logements vides. Le blocage des loyers
dissuade les propriétaires de louer ( loyers de l’ordre de 5 livres par mois
= 10FF par mois) surtout que la législation est favorable aux locataires et
qu’il est ensuite très difficile de retrouver son bien immobilier.
En Egypte une loi de 1996 aménage cette situation , mais pour les seules constructions depuis cette date.
De plus il faut signaler le coût assez élevé des terrains suite à la hausse du foncier , celui des matériaux de
construction et de la main d’œuvre, ce qui génère l’auto construction évolutive en fonction des revenus et de
l’extension de la famille ( exemple construction de l’étage supérieure en fonction de la famille … )
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Il faut d’abord définir ce qui est habitat non réglementaire et/ou quartier informel
a. Définition
On parle de plusieurs manières de cette situation habitat spontané, ou urbanisation spontanée, ou urbanisation
sauvage , ou anarchique…
L’idée principale est que la multiplicité de ces termes « équivalents » renvoit à des situations diverses et
généralement un habitat en dehors de la légalité, sans permis de construire, sans acte de propriété, ( donc des
problèmes d’usurpation de terrains publics), avec des problèmes de squatts et de transformation non contrôlée de
l’habitat.
Cet habitat se fait en dehors de toute planification, est non reconnu, les terrains ne sont pas reconnus, les cartes
sont «blanches», non renseignées en mairie, ce qui induit un manque d’équipements publics ( pas de routes, pas
d’eau , pas d’électricité, pas d’égouts, pas d’éclairage public…) . De plus, comme le terrain est cher on laisse le
moins de place pour la rue , les rues sont étroites et quand on veut plus tard équiper ( car avec élévation du niveau
social on va s’acheter une voiture…) l’espace est insuffisant. Enfin, absence de ramassages, d’ordures, d’écoles
de dispensaires…
Mais ne pas confondre avec les bidonvilles : ces zones sont construites en dur, ce sont de véritables bâtiments alors
que les bidonvilles sont le résultat de l’exode rural , phénomène de migration venant de la campagne des années
1920 à 1930, aujourd’hui en voie de disparition. On a appliqué différentes politiques à ces bidonvilles ,
manière expéditive, on démolit tout comme à Alger ou Bagdad,
ou pratique de « recasement » dans des cités spéciales , mais en général insuffisantes ( politique du Maroc ou
Tunisie, entre autres…)
ou réhabilitation sur place, à la place des cabanes on construit en dur, on équipe, on régularise le statut
foncier…cet habitat concerne toujours une couche de la population, citadins qui se retrouvent dans des situations
précaires, populations sous des tentes, expulsés, marginaux, populations des immeubles effondrés…
Comment produit-on du logement informel ? Au départ vente de la terre agricole par un paysan : en effet, du fait
de stricts contrôles des prix, prix bas, il est préférable…ou il paraît préférable… de vendre la terre à bon prix
( hausse du foncier ) que de vendre la production à bas prix ! Ainsi des quartiers se créent sur des terres agricoles.
Constructions aussi sur des terres désertiques qui appartiennent à l’état ou à l’armée….acte de vente légal au départ
puis subdivision de la terre, redistribution et réaménagement en dehors de la légalité, sans permis de construire et
en dehors de toute planification urbaine.
b. Ampleur du phénomène
On mesure l’ampleur de ce phénomène à l’aide de 3 chiffres :
• % du total de logements neufs produits chaque année : en Egypte ou Syrie
60 à 70% relève de l’habitat non réglementaire,
• % de population totale , ainsi au Caire 50% de la population de la ville ,
soit 6.000.000 hab. vivent dans l’habitat non réglementaire,
• % de la superficie totale de la ville , ainsi à Damas, 20% de la surface de
la ville est occupée par l’habitat non réglementaire , et taux plus élevé dans
d’autres villes.
Il faut se démarquer de l’idée des bidonvilles : ces quartiers non réglementaires correspondent à un habitat de
classes moyennes, et cet habitat participe au cycle de la spéculation , amélioration progressive de l’habitat bien
meilleur au fil du temps que ce qu’il était initialement, donc augmentation des loyers car plus de confort, , les
premiers habitants doivent partir, la location se développe rapidement.
Ces processus d’étalement périphérique conduisent au recul des terres agricoles.
Ce qui est clair, c’est que dans un pays aride l’étalement urbain se fait plus facilement sur un terrain irrigué , à
proximité d’un village ayant déjà l’électricité, alors que cela revient plus cher dans le désert. Cette extension
périphérique non réglementaire aboutit à la disparition des terres maraîchères zones agricoles denses produisant
fruits et légumes : ces espaces nourriciers disparaissent. C’est ainsi qu’en Egypte la quantité de terres agricoles qui
disparaît chaque année est égale à la quantité des terres bonifiées , MAIS les terres gagnées le sont à un coût
énorme et sont de plus mauvaises qualités !
La trame urbaine nouvelle suit l’ancienne trame agricole : le caractère géométrique de l’habitat correspond à la
trame des canaux d’irrigation , le grand canal ( qu’on rebouche et qui sera la grande rue à 4 voies) , les petits
canaux ( qui deviennent les rues ou ruelles , selon le schéma :
______________________________________________________________
ancien grand canal
_____________________________________________________________
!! !! ! ! !!
!! !! ! ! !!
!! !! ! ! !!
!! !! ! ! !!
! ! <== petit canal = rue ! ! X(1) ! !
(1) en X on commence parfois à construire une mosquée , que personne n’osera ensuite faire détruire….…et on «
instrumentalise » la religion pour avoir l’autorisation , et comme on a déjà l’eau, dès que les habitants ont les
moyens de payer on les raccorde au réseau d’eau potable. …
Il y a là un caractère tragique de pertes de terres arables de très bonnes qualités - -140.000 ha autour d’Alger soit
presque le 1/3 des vergers algériens ou encore l’affaiblissement de la célèbre Ghouta autour de Damas où les
canaux d’irrigation sont remplacés par des égouts et le travail des motos pompes abaisse dangereusement le niveau
des nappes phréatiques , tous événements qui auraient pu être évités par une planification et un minimum de
contrôle.
Enfin il faut signaler que les quartiers non réglementaires ne sont pas le réceptacle d’habitants de zones rurales,
mais de citadins qui quittent les centres villes vétustes et viennent vers les villages péri urbains, les petits villages
qui deviennent à leur tour des villes, de mieux en mieux équipées. Mais les gens continuent à travailler dans la
grande ville , et on assiste à l’essor des mobilités pendulaires :le phénomène des banlieusards !!! Si bien qu’autour
de nombreuses villes du monde arabe on a les mêmes phénomènes sur 50 ou parfois 100 Kms comme pour Le
Caire.
Le dépeuplement des zones rurales est un phénomène mondial alors que le problème des transports urbains est
différent : à Paris l’essor du transport en commun permet le développement de la banlieue, alors que dans le monde
arabe les banlieues se créent , et, ensuite on équipe, quand apparaît le problème du transport avec une population
active en périphérie et les activités en centre de grande ville…Mais les quartiers marginalisés, les zones non
réglementaires sont en dehors des zones de transport en commun.. En Egypte le système des transports en commun
est très développé, et augmentation croissante des relations entre zones urbaines et périphéries, notamment
systèmes privés de taxis collectifs ( les «bigeots» du Caire = Peugeot ), louage, micro-bus ( de 12 à ….20
passagers), Ce système est possible puisque le loyer , loin du centre n’est pas cher et le transport non plus : un
voyage pour aller du nord au sud, une heure environ = 1 livre = 2FF). Mais cela induit des embouteillages monstres,
engorgement des villes, alors que les pays sont peu motorisés , mais qu’on y achète de plus en plus de voitures…et
cache une inégalité entre la clientèle pauvre et celle qui peut se payer chaque jour ce moyen de transport privé.
Ce qui explique aussi la faiblesse des transports publics est la vétusté des autobus , toujours bondés,….
Le transport urbain commence à s’ouvrir au privé , avec la double problématique de l’absence d’organisation
globale et de la volonté d’aller prioritairement sur les lignes les plus rentables alors qu’il faut desservir un habitat
dispersé.
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On parle aussi dans ces régions de transport informel : des conducteurs de micro-bus sans permis de conduire , la
nécessité de conduire vite pour rentabiliser la course et donc les accidents…
Des politiques d’envergure sont mises en places par certains gouvernements , exemple le métro du Caire , deux
lignes et une troisième en construction, un des ces espaces les plus propre de la ville comme s’il bénéficiait d’une
sorte de statut d’extra territorialité , ou au Maghreb équipements de lignes de tramways.
Depuis la fin des années 1960 on assiste aux premiers schémas directeurs nécessités par la croissance rapide des
villes et réalisés par des équipes d’urbanistes étrangers, selon les mêmes caractéristiques :
Le schéma n’est pas pensé au sein d’une politique globale du pays, ce qui est dommageable, car la ville
croît à cause de la totalité de la population du territoire national,
Les schémas mettent l’accent sur l’équilibre spatial entre le centre et la périphérie,
Ces plans se traduisent en général par la construction des infrastructures routières.
Enormément de plans furent faits , peu de réalisés, par manque de moyens financiers. Et ce sont ces moyens
financiers, ou leur absence, qui expliquent la disparité des urbanismes, leurs différences.
Les pays pétroliers ont des moyens , la manne pétrolière permet la transformation radicale des pays qui s’urbanisent
avec des modèles copiés de l’étranger. Certains villes du Golfe ressemblent à des villes américaines, exemple ,
Koweït 70.000 hab. en 1944, ville abritée par ses remparts, et Koweït City aujourd’hui avec ses 1.600.000 hab. ,
sorte de ville du Texas avec 2 caractéristiques principales :
- Automobiles en masse, la majorité des ménages possède une automobile, larges boulevards, zonage
rigoureux selon un plan géométrique avec des espaces attribués , résidentiels, services, industries…, c’est ce qu’on
nomme le « zonage »
- Présence d’immeubles modernes, grattes ciel, bâtiments modernes…
Aussi vers 1950 on a créé une ville nouvelle pour les personnels des compagnies pétrolières, sur le même système
de zonage, avec cités jardins et espaces , mais en plus, 4 zones selon les nations principales d’employés,
Les anglo-saxons,
Les Indiens et pakistanais,
Les arabes non kowétiens,
Et les kowétiens, enfin : aujourd’hui ils occupent la quasi totalité du site.
Il y a bien sur la contrainte financière, mais pas seulement la contrainte financière :il existait dans de nombreux
pays des noyaux urbains anciens très importants et souvent pas bien pris en compte au niveau des politiques
d’aménagement du territoire c’est le problème des médinas ( voir exposé ci-après = Les Médinas au Maghreb
)
L’exemple d’un plan d’aménagement, celui de la ville de Tunis en 1970 qui avait principalement pour fonction ,
• de rééquilibrer le Nord ( riche et résidentiel ) et le Sud ( présence
majoritaire des établissements industriels et de l’habitat non
réglementaire),
• de déconcentrer les activités du centre ville vers les périphéries en créant
des périphéries secondaires mais seul le centre nouveau de ARIANA a
bien fonctionné, donc échec relatif dans ce domaine,
• de planifier les zones industrielles et lutter contre l’habitat non
réglementaire,
• d’investir lourdement dans le secteur des transports et réussite avec le
« métro » qui est en fait un tram qui fonctionne bien , mais ne résout pas
le problème de saturation , donc échec relatif encore.
Il y a donc un décalage entre ce qui est affiché et voulu et ce qui est réalisé , parfois de beaux plans mais pas
d’application, comme celui de Khartoum.
C’est l’exemple le plus marquant pour décongestionner les grandes métropoles selon le modèle anglais ou français
( les villes nouvelles de Cergy Pontoise, Saint Quentin en Yvelines, Marne-la-Vallée….) et d’ailleurs les hommes
qui ont fait ces réalisations en France ont travaillé en Egypte : on étudiera donc le modèle égyptien qui avait
l’objectif clair de déconcentrer la population et les activités du Caire en créant des centres autonomes et de le faire
en occupant les déserts pour préserver les terres agricoles ( qui ne représentent que 5% de la surface du pays)
Sur ce sujet voir ci après l’exposé = Les grandes villes en Egypte.
Donc, depuis 1980 création de grands centres autour du Caire, d’Alexandrie et aujourd’hui de Damiette
Autour du Caire ( voir carte page 3) il y avait au départ deux types de logique :
• création de villes nouvelles à plus de 50 Kms du Caire , loin pour
permettre une autonomie, exemple de Dix de Ramadan sur la route
d’Ismaïlia ou encore Sadate City entre Le Caire et Alexandrie,
• création de villes satellites c’est à dire d’immenses quartiers résidentiels,
exemple Quinze de Mai du coté d’Helwan qui était auparavant un grand
centre d’industries lourdes ou de montage et de logements ouvriers
Il y a eu peu à peu un glissement et les villes nouvelles se sont rapprochées du Caire ; au milieu des années 1990
4 villes nouvelles participaient à 20% des exportations des biens manufacturés du pays. Donc produits compétitifs
, entreprises performantes en partenariat avec des groupes mondiaux ( montage auto avec Mitsubishi , Peugeot…
électro-ménager avec SEB ex Moulinex…). Donc croissance de l’emploi et prédominance dans ces zones du
secteur privé : à Dix de Ramadan 80% des salariés appartiennent au secteur privé.
Ceci a été rendu possible par des politiques d’aménagement incitatives,
• exemption d’impôts sur les sociétés sur 10 ou 15 ans,
• loyers peu élevés,
• simplification des démarches administratives.
Toutefois pour le logement le démarrage a été lent : les villes nouvelles étaient des villes fantômes à l’inverse de
ce que l’on avait voulu créer : en 1990, 90% des cairotes étaient employés à Dix de Ramadan ce qui pose le
problème de la mobilité quotidienne. Les gens ne veulent pas habiter ces zones car il manque des services
( écoles, hôpitaux, commerces de proximité…) donc ces zones sont peu attractives et les loyers élevés pour les
égyptiens. Avec un système de zonages forts et d’îlots dans le désert il n’y a pas eu émergence d’une centralité et
on a obtenu le résultat inverse de la coupure avec la capitale. De plus il existe de fortes pratiques spéculatives,
beaucoup d’achats de logements pas habités mais réalisés dans l’espoir d’une revente largement et rapidement
bénéficiaire ou achats pour des résidences secondaires de cairotes, on vient y passer le week-end !
Depuis 5/6 ans cela se modifie , les commerces se développent, on y habite de plus en plus , des sociétés de services
s’y installent, exemple à Six Octobre toutes les grandes banques ont ouvert des succursales, 3 universités privées
se sont installées, le plus grand club sportif du Caire a ouvert une annexe, il y a un projet d’hôpital ultra- moderne
…c’est l’attrait par le luxe.
En fait c’est le secteur privé qui vient soutenir le secteur public : on attire la population avec l’imaginaire d’une
ville idéale, moins polluée, plus calme, les quartiers prennent des noms évocateurs ( comme Dream Land
…construit autour d’un club de golf ), on crée des quartiers pour les classes aisées, maisons avec piscine , écoles,
infrastructures….
Mais pour que ces espaces fonctionnent il faut les relier au Caire : exemple pour Six Octobre on a créé en 1990
une autoroute à 6 voies si bien que pour aller de là à Mohandessin il faut 20 minutes au lieu d’une heure auparavant,
mais le paradoxe est que les villes nouvelles se transforment en banlieue pour les classes les plus aisées !!!
A terme on peut penser que Six Octobre sera intégré dans Le Caire!
CONCLUSION
1) les plans d’aménagements sont faits par des bureaux d’études étrangers, sur des modèles européens et autoroutes
et rocades ne soulagent pas la circulation mais renforcent le phénomène de congestion des grandes cités,
2) le zonage aboutit à une discrimination , surtout dans la péninsule arabique,
3) la politique des villes nouvelles est un échec patent : celles qui ont réussi sont proches du Caire, celles qui sont
éloignées n’ont pas réussi à décoller,
Dans les villes l’état n’a pas été en mesure de répondre à l’urbanisation croissante ce qui a engendré de gros
problèmes de dysfonctionnements et de nouveaux acteurs ont pris en charge la gestion des quartiers ( comités de
quartiers…) ce qui est une source de forte contestation avec émergence de nouveaux acteurs ( le hezbollah dont
les réseaux offrent eau potable, services , hôpitaux, mosquée….)
Géo cours n° 6 PMO005//35//
On ne peut dissimuler les dysfonctionnements qui affectent ces grandes villes du Maghreb-Machek.
EXPOSE
• Introduction
1. Généralités
2. Croissance démographique
• Mission accomplie
Conclusion
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BIBLIOGRAPHIE
• « Les nouvelles zones de peuplement », Egypte, monde arabe, Gizeh ,CEDEJ - pp 187 à 197 - de Jean-
Charles De Paule, Galila Al-Kadi - (Ed. 1990)
• « Les villes nouvelles en Egypte », villes secondaires d’Afrique - N°22 – pp 158 à 176 – de Galila Al-Kadi,
Magbie Rabie - (Ed. 1995)
• « Six Octobre » Gizeh, CEDEJ - N°22 – pp 178 à 198 – de Bénédicte Florin - (Ed. 1995)
• « Développement des villes en Egypte », les nouvelles villes en Egypte, GIZEH, CEDEJ - pp 113 à 121 - de
Husni Amin - (Ed. 1987)
• « L’industrialisation et les nouvelles villes », les nouvelles villes en Egypte, Gizeh, CEDEJ - pp 62 à 70 – du
Dr. Smiha Al-Sayyid Fawzi - (Ed. 1987)
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Géo cours n° 6 PMO005//35//
INTRODUCTION:
L’Egypte, encore ottomane, a connu des premières tentatives de modernisation. En 1863, le Khédive ISMAIL
prend le pouvoir et aménage principalement le Caire. En quelques années, les quartiers récents couvrent un
territoire équivalent au quart de la surface de la vieille ville. Le khédive en profite aussi pour renouveler les services
administratifs et engage plusieurs experts européens. L’année 1907 est marquée par l’établissement d’une ville
dans le désert, au nord du Caire : HELIOPOLIS qui est considérée comme la première expérience de création de
nouvelles zones de peuplement. Mais les aménagements seront interrompus par les baisses des valeurs boursières
aux Etats-Unis. L’Egypte ne renouvelle pas l’expérience de développement urbain car elle sera accablée par
l’établissement de la dette publique en 1876 et l’occupation anglaise en 1800. Elle reprendra sa politique
d’aménagement qu’après 1975.
1- Généralités :
Le Caire est la capitale de l’Egypte. Son nom arabe est AL-QAHIRA, la victorieuse, mais aussi MASR qui
est l’appellation musulmane. Elle est la plus grande ville d’Afrique et du monde arabe et surtout la ville la
plus peuplée. Le Nil draine son territoire égyptien sur le quart de son cours et sépare l’est de l’ouest. Elle est
située à 180 kilomètres de la mer méditerranée. Les Cairotes seraient plus 16 millions d’habitants d’après le
recensement de l’année 2000, avec une croissance démographique de 1,9%. Ils vivent sur une superficie de
2900 km2.
Quelques chiffres :on compte dans la région du grand Caire 800.000 autos, 150.000 taxis, 30.000 camions,
10.000 autobus et le bruit y atteint 90 décibels.
Je ne peux parler du Caire sans évoquer la région du grand Caire dont la délimitation varie selon les ouvrages.
On a alors selon un découpage administratif de 1996 :
- Le GSMA (Greater Cairo Metropolitan Region) : composé du Caire (sur la rive droite du Nil), Gizeh (sur
la rive gauche du Nil) et Chourba al-Kheima.
- Le GCR (Great Cairo Region) : composé des villes suivantes : Le Caire, Gizeh, Six Octobre, Al-Oubour,
Badr, Chebine Al-Qantar, Markaz Al-Saff, Markaz Qalioub.
Par ailleurs, d’après le découpage administratif de 1966, le Grand Caire comprend Qalioubiyya, Gizeh et Le
Caire.
Généralement, on retient la délimitation suivante : des pyramides à la région du Grand Caire .
Le taux d’urbanisation de la région du Grand Caire est de 57%. On y trouve le seul métro africain.
2- Démographie :
La population du Caire a connu une croissance sans précédent en quelques décennies, il a atteint une
croissance maximum dans les années 60 qui était de 4,4%. En effet, en 1798, les Cairotes étaient 163.000 et
sont devenus 790.000 en 1971. Le taux d’accroissement moyen annuel quant à lui est passé de 0,05% en 1798
à 1,91% en 1917 puis à 3,8% entre 1976 et 1986. On estimait à cette époque à 20 millions le nombre
d’habitants du Caire. C’est bien là toutes les caractéristiques d’une explosion démographique.
La capitale connaît un net ralentissement de la croissance démographique - la croissance annuelle n’est plus
aujourd’hui que de 1,9 - mais souffre encore de surpopulation car elle abrite 13% des égyptiens et plus de
42% de la population urbaine. Pour en avoir une petite idée, je donne le nombre d’habitants des trois autres
grandes villes d’Egypte :
Alexandrie compte 3,5 millions habitants
Suez : 392.000
et Port-Saïd : 380.000 personnes.
La population égyptienne fuit les terres désertiques, qui recouvrent 95% de la surface totale, et se dirige vers
le Caire et les rives du Nil. Pourquoi un exode aussi important ?
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Le Caire représente un centre religieux, politique et intellectuel. On y trouve le siège de la ligue arabe
,l’université d’Al-Azhar, tous les sièges des banques, les grandes administrations, les grands journaux et les
associations syndicales et professionnelles. S’ajoute à cela l’industrialisation spontanée qu’a connu le Caire.
On dit du Caire que c’est une « île du désert » car il est situé sur le delta, la région la plus fertile du pays.
Face à la forte croissance démographique des grandes villes - et en particulier le Caire - sachant que les Egyptiens
se concentrent sur 4% du territoire national, l’état égyptien voyait en la création de villes nouvelles la seule solution
pour désengorger la capitale et absorber la croissance naturelle à l’horizon.
Beaucoup de travaux vont être réalisés grâce au ministre de l’aménagement (dans les années 80) : Mr Hassab
Allah Al-Kafrawi. Le premier schéma directeur égyptien date de 1956 : le Master Plan qui préconisait la création
de cités satellites dans un rayon de 30 kms autour de la capitale, il est suivi de celui de 1970 pour répondre à la
croissance du Caire.
Les villes nouvelles vont finalement être au nombre de 15 mais 9 sont prioritaires. 2 types principaux de villes
vont être réalisés :
Elles sont 4 :
Dix de Ramadan,
Al-Sadat,
Al-Badr,
Al-Amal.
Elles sont situées à environ 60 km du Caire. Supposées autosuffisantes, disposant de leur propre base économique
qui leur permettrait de fournir des emplois et logements. Aucune fonction spécifique ne fut assignée à ces villes et
on remarque que le choix des sites n’a pas fait l’objet d’études détaillées.
L’une à proximité d’Alexandrie, c’est la ville de Al-Amiriya Al-Gedida et l’autre est la ville du nouveau port de
Damiette.
Ultérieurement vont être réalisées 6 autres villes autour du Delta et de la moyenne Egypte.
Une série de décrets de la république ont été enregistrés entre 1977 et 1982 .
En 1979 : promulgation de la loi N°59 dont les principaux articles sont les suivants :
- Les villes doivent être en dehors des terres cultivées soit en zones désertiques.
- Pour éviter d’avoir recours aux ressources d’eau du Caire, les nouvelles villes seront irriguées des trois grandes
stations d’irrigation : Al-Gabal, Abou Rawach et Helwan.
- Construction de nouveaux réseaux routiers et ferroviaires comme la ligne de chemin de fer qui relie Al-Sadat à
Shibin Al-Kawn par le port de Tamalay. (illustration sur la carte)
- Chaque secteur doit bénéficier d’un budget autonome mais les secteurs doivent être reliés par un périphérique et
par une ceinture d’une superficie de 10.000 feddans, assurant ainsi la facilité de circulation et de déplacement
d’une zone à l’autre.
- La ruée vers le désert est la seule solution au problème de la surpopulation : il s’agit donc de trouver les moyens
rapides pour y parvenir.
- Les employés transférés doivent bénéficier, ainsi que leurs familles, des divers avantages pour les encourager à
s’installer.
En 1981 : le schéma directeur du Grand Caire figure dans les cahiers de l’ IAURIF (Institut d’Aménagement et
d’Urbanisation de la Région d’Ile de France) proposé par Michel Fouad, responsable de la planification urbaine
et de l’aménagement du territoire au sein du ministère de développement.
En 1979 : création de L’ONCU (Organisation Nationale des Communautés Urbaines), l’article 34 de la loi n°59
qui stipule que l’ONCU doit créer des sociétés d’aménagement pour chacune des villes nouvelles qui seraient
chargées de gérer les infrastructures et tous les projets engagés.
En 1985 : le GOPP (General Organization of Physical Planning) est mis en place et Michel Fouad en est le
président.
Le ministre de l’aménagement Hassab Allah Al-Kafrawi a suggéré que soit établie une structure administrative à
chaque ville regroupant des résidents de la ville, des investisseurs et des représentants du gouvernement en
organisant, entre autres, des séminaires. Ces regroupements ont joué un rôle actif dans la politique d’urbanisation.
C’est une cité satellite. Elle a été mise en chantier en 1985 et est située à 35 km du Caire, à 17 km à l’ouest des
pyramides de Gizeh. Elle est donc située sur la rive gauche du Nil. Le plan de cette ville s’est inspiré des « cités
jardins » européennes.
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Elle a été planifiée sur 2.688 hectares et comprend une zone industrielle, des services publics et sociaux. Le statut
d’occupation majeur est la priorité privée. Les espaces y sont partagés en 12 districts achevés en 1995.
En 1987 : l’ONCU arrête la politique de tarification des terrains vendus aux entreprises de production immobilière
si bien que les zones résidentielles sont séparées par des kilomètres de désert.
L’autonomie de la ville est relative : elle dépend du gouvernorat de Gizeh étant en position de cité satellite. En
198 , un organisme de gestion y est installé sous la tutelle de Hassab Allah Al-Kafrawi.
En 1993, le schéma n’était pas encore totalement exécuté : les infrastructures de base ont été réalisées mais les
équipements ont été répartis inégalement.
En plus de la zone industrielle, elle comprend une zone d’habitat collectif et de résidences privées, de petites villas
et petits immeubles en construction.
Le recensement de 1986 dénombre 557 résidents dans 102 logements. En 1989, 8.980 logements ont été occupés
et en 1992, on compte 10.000 habitants.
L’accès à l’emploi est la condition de sa réussite ,les planificateurs ont mis en œuvre un système de crédit sans
intérêt ainsi que les tarifications favorables pour les classes moyennes.
La ville est considérée comme un lieu agréable où l’on se repose de la vie trépidante du Caire, la vie y est aussi
moins chère (pas sûr … ou alors depuis peu!).
Cependant, créée pour abriter environs 500.000 habitants venant essentiellement du grand Caire, aujourd’hui elle
n’en est pas encore là car de nombreux employés et ouvriers ont pu acquérir un logement au six Octobre mais
continuent à résider au Caire (sert un peu de « maisons de week-end car y viennent le vendredi). Sachant qu’elle a
été conçue pour absorber la population cairote et non pour attirer de nouveaux citadins, il s’avère qu’une partie
des propriétaires sont absents et cela pourrait attirer un peuplement d’une autre provenance
Conclusion
Hassab Allah Al-Kafrawi a rêvé du million d’habitants qui peupleraient ces nouvelles villes mais aujourd’hui le
chiffre n’a pas été atteint. Le ministre a cru vraisemblablement en une solution miracle. Les ambitions réelles des
schémas directeurs ne reflètent pas vraiment la réalité étant donné que l’Egypte reste un pays en voie de
développement, donc ses capacités d’investissement restent relativement faibles et cela représente un obstacle pour
les programmes qui exigent des financements importants.
Aujourd’hui on se demande si, finalement, des facteurs de progrès économique ou des corps parasites font obstacle
parce qu’on peut dire que durant la période d’exécution tous les capitaux ont été investis dans la réalisation de ces
projets au détriment des zones urbaines existantes qui ont été plus ou moins négligées.
Mais « restons optimistes » a déclaré le gouverneur Abou Talib, il a cité l’exemple de Paris qui récoltait les fruits
de planifications élaborées dans les années 60 sous la présidence du Général De Gaule seulement 20 ans après.
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Pour l’Etat, ne sont comptabilisés en statut urbain que les «villes-capitales» de ces gouvernorats & districts.
Moyen de restreindre les investissements urbains …
Agglomération
En 1996 : la population de l’agglomération du Caire compte 11 millions d’habitants (cf croquis ci-dessous)
1
2
Le Nil
Gouvernorat de Gizeh
Agglomération du Caire
Le Grand Caire comprend les gouvernorats du Caire, de Gizeh et de Qaliubiyya : soit environ 16 à 20 millions
d’habitants.
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Idée de l’Etat : déconcentrer la population en urbanisant le désert et non les terres cultivables.
Au début, les villes nouvelles étaient construites de bâtiments sur 5 ou 6 étages mais les gens ne s’y installaient
pas car pas d’infrastructures, pas de moyens de liaison (routes, …) avec Le Caire.
Dix de Ramadan : ville industrielle avec équipements les plus modernes d’Egypte
Quinze Mai : zone « El-Helwan ». Zone industrielle lourde, très importante notamment sidérurgique
et automobile. Comprend des « cités dortoirs ».
Quartier Imbaba : situé au Caire (au nord de « muhandessin » / Quartier Kitkat), compte 800.000
habitants au km 2 (record mondial). Habitat spontané, hors planification donc sans
alignement, avec des rues très étroites, étages élevés (jusqu’à 12 étages), bien souvent
« récupérés » par les islamistes (ayant une très forte emprise sur la population très
pauvre de ce quartier, car ils ont notamment apporté diverses structures – écoles,
hôpitaux, … - et aménagements).
Ring Road : (i/e rocade) Pour délimiter et circonscrire la ville et sa croissance dans l’espace. Mais
ça n’a pas fonctionné !
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L’URBANISME DE CASABLANCA
3. SES ORIGINES
• Une métropole jeune, trois fois millionnaire
• Des origines controversées
• Disparition de la ville
• Quand Anfa devint Dar el-Beida
• L’implantation européenne
• Son évolution au 20ème siècle
8. INFRASTRUCTURES ECONOMIQUES
• Le réseau routier
• Le réseau ferroviaire
• Le réseau aérien
L’URBANISME DE CASABLANCA
Maroc :
Superficie : 710 850 km² ( dont 260 000 km² de Sahara occidental )
Côtes : 3 446 km ( dont 2 934 km pour la côte Atlantique )
Population en 2001 : 30,64 millions d’habitants
Population urbaine en 1998 : 54%
Capitale : Rabat avec 1,35 millions d’habitants
Sous Protectorat français de 1912 à 1956 : en 1906 les Français obtiennent le Maroc lors de la
Conférence d’ Algésiras et imposent leur protectorat en 1912. Le Sultan Mohammed V arrive au
pouvoir en 1933 et obtient l’indépendance en 1956.
Casablanca:
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Ce corridor est le centre vital du pays, situé le long de la partie médiane du littoral atlantique, un
espace vers lequel tout converge ( hommes, biens, capitaux, flux de transports… ). Au centre de ce
système la métropole casablancaise ( plus de 3.5 M d’habitants en 2000) qui est le point de départ et
d’arrivée des initiatives privées et publiques émanant du territoire marocain.
Ce que l’on nomme le Grand Casablanca est avant tout un territoire administratif, un espace
de commandement important où se dessine une aire urbaine en pleine expansion tant par ses
constructions, ses fonctions que ses flux. Créée en avril 1997, d’une superficie de 869 km², cette région
est délimitée à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par la province de Ben Slimane, et à l’est et au sud
par la province de Settat.
Casablanca est sans doute la seule ville du Maroc qui a bénéficié, depuis le début du siècle d’une
attention particulière de la part de ses responsables politiques, tant au niveau de l’administration de son
territoire que de celui de la planification et de l’organisation de son espace.
• Disparition de la ville
Accueillant dans son port des navires espagnols, italiens, la petite bourgade prend alors la forme
d’une ville qualifiée de « cité policée et très prospère… où nombreux étaient les temples, les très belles
boutiques et les hauts palais.» Mais la pratique de la course en mer va susciter la colère des Portugais qui
attaquent la ville à deux reprises en 1468 et 1469 et en 1515 la font disparaître de l’Histoire.
• L’implantation européenne
Dès le début du 19ème siècle, l’essor commercial, lié au développement du port, va attirer dans
cette bourgade d’un millier d’habitants, un grand nombre d’européens. L’ouverture de bureaux des
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En l’espace de quelques décennies, cette petite bourgade est devenue une agglomération trois
fois millionnaire du fait d’un mouvement migratoire puissant et d’un croît naturel soutenu, rassemblant
ainsi 12 % de la population marocaine et près du quart de la population urbaine du pays. Elle regroupe
probablement 3.5 M d’habitants en ce début de 21ème siècle.
Outre cette dichotomie Est/Ouest, un axe privilégié se dégage du nord au sud, autour duquel se
concentre la grande partie de la population casablancaise. Cet axe, qui part de l’ancienne médina et
emprunte la route de Médiouna vers les quartiers Sud, est la véritable artère commerciale de la ville.
Premier foyer d’attraction des populations, il est à la fois proche du centre ville et marque la limite avec
les quartiers Est, principalement occupé par les industries.
Cette ségrégation de l’occupation de l’espace ne se limite pas à la distribution de la population
d’Est en Ouest, elle est doublée par une inégale répartition des activités économiques du nord au sud.
Autour du port, au Nord, se diffusent les activités tertiaires de commandement qui se déversent
progressivement du cœur de la ville vers les quartiers péri-centraux ( MAARIF, ANFA…). Le Nord-
Ouest est essentiellement occupé par les installations industrielles qui s’étirent vers Mohammedia. Le
Sud de la ville est très peu concerné par les activités économiques et constitue une immense « cité dortoir
».
Même si l’on remarque aux différentes entrées de Casablanca des alignements d’usine, l’on met
rarement en avant son caractère de ville industrielle. Pourtant la forte présence des usines, par les espaces
qui lui sont affectés, par la spéculation foncière entraînée, par la nouvelle génération de patrons et
d’ouvriers mise en place, par les nouvelles initiatives d’aménagement suscitées, l’industrie est
incontestablement l’une des pièces maîtresses de cette grande ville.
Son développement a été un puissant catalyseur de se croissance urbaine.
Le fort développement industriel a laissé des marques imposantes dans le paysage urbain. En
même temps, il a induit une large diffusion des unités de production, à tel point qu’aujourd’hui la plupart
des quartiers de l’agglomération abrite des industries. La carte industrielle en formation en cette fin de
siècle reflète ainsi une réalité nouvelle qui se caractérisera certainement d’avantage dans l’avenir, à savoir
l’effacement d’un Casablanca « coupée en deux »: le Nord-Est industriel et l’Ouest résidentiel. Cette
image tend désormais à s’atténuer, les tendances spontanées de la dynamique spatiale industrielle étant
confortées par la planification en cours. Aujourd’hui toute l’aire urbaine est concernée par la présence
des usines. On peut parler à présent, en plus du Nord-Est traditionnel, d’un Sud et d’un Ouest industriel,
chacun offrant des caractéristiques propres.
Les changements urbains survenus au début du 20ème siècle sont dû à LYAUTEY, nommé
résident général le 30 avril 1912 : celui décide de faire de Casablanca, la capitale économique du pays, et
ambitionne d’en faire la vitrine de l’empire français en Afrique du Nord.
Casablanca au début du siècle n’était qu’une « bourgade » de 20 000 habitants et elle devrait
atteindre 4 millions d’habitants dans la première décennie de l’an 2000. Cette expansion démographique
s’est accompagnée par la volonté des autorités coloniales et, par la suite, des autorités marocaines, de
contrôler l’extension de la ville afin d’éviter un développement anarchique.
A la demande de LYAUTEY, Henri PROST élabore le premier plan d’urbanisme dès 1914. Il
est chargé de mettre en pratique les grands principes de la politique coloniale, qui s’articulent autour de
2 grands axes séparant le quartier des affaires, des quartiers résidentiels.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’urbanisation rapide de la ville nécessite
l’établissement d’un nouveau plan. Conçu par Michel ECOCHARD en 1952, il vise à décongestionner la
ville en définissant de nouvelles zones d’extension.
Enfin, un nouveau Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU), élaboré par Michel
PINSEAU est mis en œuvre en 1984, afin de contrôler l’expansion du Grand Casablanca.
C’est donc à Henri PROST ( grand prix de Rome en 1902 ) qu’est confié en 1914 la réalisation
du premier plan d’urbanisme de Casablanca. Choisi par le Résident général LYAUTEY, l’architecte
dessine un plan qui fera date dans l’histoire de l’urbanisme européen. Ce plan vise à réguler l’extension
anarchique de la ville tout en respectant les grandes lignes de la politique coloniale.
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La ville est découpée en fonction de grandes zones fonctionnelles. C’est l’apparition du concept
de quartier d’affaires, regroupés à l’est, et de quartiers résidentiels.
C’est aussi l’implantation d’un nouveau système hiérarchisé de boulevards reliant les points
nodaux de Casablanca.
Cet ambitieux système est très novateur à l’époque, car il prend en compte les problèmes
d’infrastructures et industriels, et répond aux nouvelles exigences qu’implique le développement de
l’automobile.
Ce plan prévoyait l’aménagement de la ville sur un domaine de 1000 hectares, prévu pour une
population de 150 000 habitants. Ces prévisions, considérées comme démesurées en 1914, vont dès le
départ de Prost du Maroc en 1923, être dépassées.
Le nom de Prost à Casablanca est attaché au même titre que celui d’Haussmann à Paris.
En 1943, est Alexandre COURTOIS est chargé par le protectorat d’effectuer quelques
changements strictement architecturaux dans la ville. Mais celui-ci déborde de sa « commande » car il
souhaite apporter des remaniements plus généraux aux divers plans d’aménagement existants. Il
s’explique en 1944 : « On a cru pouvoir vivre de longues années sur le plan Prost, tout en ne le suivant
pas, et les intérêts particuliers ont grignoté petit à petit l’œuvre conçu par cette urbaniste, auquel le
Maroc doit pourtant beaucoup de réussite. A part quelques grands tracés qui ont heureusement subsistés,
on a du assister impuissant à la déformation et à l’amputation de ce plan »
Il trouve que la ville est trop étendue, qu’elle a des allures de capitale dans certaines parties et
malheureusement en beaucoup d’autres points l’aspect d’une véritable zone abandonnée. Ce dernier va
donc proposer de la transformer par des immeubles en hauteur et des stratégies paysagères plus diffuses.
Son projet d’aménagement et d’urbanisme modifie le zoning de la ville, pour les secteurs industriels en
particuliers, et dénonce l’insuffisance des surfaces concédées à l’habitat indigène en rapport avec la
population et juge qu’il est temps d’arrêter l’éclosion de lotissements dispersés dans toutes les directions.
Ainsi il prévoit de nouveaux secteurs industriels à l’est et une extension de l’habitat indigène de
la nouvelle médina qu’il oriente « à l’infini » vers le Sud.
Ce réaménagement progressif qui paraît trop long et trop coûteux à ses commanditaires est donc
refusé. Mais les principales dispositions du plan de COURTOIS seront en fait intégrées dans les
propositions d’ECOCHARD, à qui elles seront souvent attribuées par la suite.
Une Agence Urbaine a été mise en place afin d’assurer la mise en œuvre du SDAU, instauré par
la nouvelle réforme.
Elaboré par l’architecte français, PINSEAU, le SDAU porte essentiellement sur l’élargissement
du plan Ecochard. Il souhaite un élargissement du périmètre urbain à Mohammedia et aux communes de
banlieue.
De plus, il s’intéresse à la modernisation des infrastructures routières et ferroviaires et envisage
la construction d’immeubles collectifs dans de nombreux quartiers.
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Pour que le développement futur de la grande ville ne soit plus le fait du hasard, le SDAU de
1984 a retenu un certain nombre d’options fondamentales :
- organiser la croissance de l’agglomération selon un schéma
linéaire
- assurer l’efficacité des transports en commun
- harmoniser la répartition des équipements et des activités
- mettre en place les moyens de gestion et de contrôle du
développement urbain.
C’est l’agence urbaine de Casablanca qui est chargée de concrétiser ces options et de manière
générale de promouvoir un développement plus équilibré de l’agglomération en coordonnant les actions
des multiples intervenants. Cette prise en charge des affaires de Casablanca a permis une certaine
structuration de l’agglomération et une gestion plus rapprochée des questions de son développement. A
Casablanca, qui effrayait les chercheurs et planificateurs, il y a une vingtaine d’années, la maîtrise de
l’espace est devenu une priorité.
Cependant, un premier diagnostic de la situation socio-économique et urbanistique de
l’agglomération, dix années après la mise en application des choix retenus par la planification urbaine,
souligne l’importance des dysfonctionnements de la métropole et l’ampleur des besoins à satisfaire. On
relève tout d’abord la grande faiblesse de réalisation des équipements programmés dans toutes les
communes. A peine 250 projets sur un total de 1500 prévu ont effectivement vu le jour, soit 17 % de
l’ensemble. Ceci témoigne des insuffisances flagrantes enregistrées dans les secteurs répondant
directement aux besoins de la population, particulièrement dans les zones périphériques densément
peuplées.
Un ensemble d’opérations urbanistiques majeures ont été décidées pour structurer l’espace de la
grande métropole et dynamiser son économie par l’aménagement du centre des affaires, la restructuration
du parc de la Ligue Arabe (seul poumon vert existant au centre de la ville), par l’aménagement de la place
des Nations Unies, des zones balnéaires et de la Route de Médiouna. Mais aussi la réalisation du métro
ou encore de l’Avenue Royale. A l’exception de l’Avenue Royale qui connaît un début de réalisation,
toutes les autres actions attendent toujours pour de multiples raisons : foncières, financières et de gestion.
L’amélioration des conditions d’habitat des populations considérées comme prioritaire par les
planificateurs ne s’est pas réalisée. Selon les estimations, la population de Casablanca augmente
annuellement de 100.000 habitants. Le SDAU a estimé les besoins annuels de logement à 18000 unités.
La production effective s’est toujours située en dessous de cette moyenne. Depuis le début des années 80
et en dépit des effort accomplis, la crise de l’habitat qui prend des formes multiples dans l’agglomération
s’est beaucoup aggravée : démultiplication des bidonvilles au nombre de 419 en 2002 et regroupant 68000
ménages, insalubrité de l’habitat dans les quartiers vétustes, forte extension de l’habitat clandestin…
Aujourd’hui le nombre des ménages résidant dans un habitat insalubre dans le grand Casablanca
est estimé à 160.000, soit près d’un ménage sur 4 dans la région et un total d’au moins 800.000 habitants.
De même, la situation de l’emploi reste préoccupante. Le chômage dans la région de Casablanca touche
près du quart de la population active contre 16 % à l’échelle nationale.
Paradoxalement, la grande majorité des zones industrielles programmées par la planification
urbaine est toujours à l’état de projet, malgré l’augmentation de la demande des investisseurs.
Le mitage des périphéries est loin d’être canalisé. La campagne environnante est actuellement
l’objet d’une forte compétition livrée par de multiples acteurs urbains : promoteurs immobiliers,
propriétaires fonciers, industriels… Cette compétition est matérialisée par l’occupation croissante des
espaces périurbains par l’habitat sous toutes ses formes, ainsi que par l’essaimage et la diffusion d’unités
de production industrielle et d’activités tertiaires de haut niveau : grande distribution, écoles supérieures
de formation, sièges d’entreprises…
Un intérêt particulier doit être accordé à ces espaces pour élaborer une stratégie d’action relative
à leur devenir, dans leurs rapports avec le centre constitué par la ville métropole. On ne pourra pas en
effet continuer longtemps à qualifier Casablanca de métropole économique incontestée du pays, alors
qu’elle est sous équipée, que son fonctionnement est médiocre et que son organisation spatiale
irrationnelle, ce qui engendre des surcoûts énormes, tant économiques que sociaux.
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Conçue par Michel PINSEAU, cette mosquée ressemble à un majestueux navire amarré aux
portes de l’océan. Achevée en 1993, elle est le plus grand édifice religieux au monde après la mosquée
de la Mecque. Plus de 100.000 fidèles peuvent y venir prier ( 25 000 à l’intérieur et 80 000 sur l’immense
esplanade). Ce monument abrite également de nombreuses salles.
L’édification de ce monument a demandé plus de 30 000 ouvriers qui ont travaillé pendant plus
de 50 millions d’heures. Ce chantier de 9 hectares a nécessité le recours à une technologie de très haut
niveau. De plus, la position singulière de la mosquée en bordure de l’océan et la hauteur record de son
minaret ( 210 mètres), ont obligé ingénieurs et artisans à innover dans les techniques de construction.
Dès le débarquement français en 1907, Casablanca prend les allures d’un énorme chantier où
sont expérimentées toutes les techniques de l’architecture moderne. Louée par la propagande française
comme une « Ville Nouvelle », elle attire pionniers et bâtisseurs enivrés par l’effervescence commerciale
et immobilière. La liberté que ce nouvel eldorado suppose va entraîner des constructions d’une modernité
saisissante qui seront reprises par la suite en métropole.
Devenue très vite une référence en terme d’aménagement urbain, la ville, choisie pour devenir
la vitrine de l’empire français en Afrique du Nord, prend très vite des allures grandioses de capitale :
grands-magasins, immeubles aux équipements luxueux, grands boulevards, seront régulièrement cités ou
exposés dans les congrès d’architecture.
• Les années 20
Cette image de ville nouvelle va donc attirer de nombreux architectes aux origines les plus
diverses. Ainsi au début des années 20 on compte 3 fois plus d’architectes à Casablanca qu’à Tunis.
Tous ces hommes vont être largement influencés par l’art et l’artisanat marocain. La modernité
architecturale à laquelle ils se sont tous adonnés, va être contrebalancée par l’emploi
d’ornementations traditionnelles. L’utilisation des arts décoratifs marocains va se combiner aux
motifs Art nouveau et Art déco donnant ainsi naissance à un style original, caractéristique des
premières années du protectorat.
Dès lors, le pluralisme décoratif des façades des grands immeubles qui voient le jour en centre
ville est la règle. Les ornementations faites d’angelots, de corbeilles de fruits, ou de têtes de lion se
mélangent harmonieusement aux frises en zellige, en stuc ou aux balcons en bois de cèdre, comme le sont
les bâtiments administratifs du centre ville.
Les grandes villas coloniales balancent entre l’hôtel particulier parisien et celle de la côte d’Azur
avec leurs terrasses et leurs vérandas. On les appel les « villas néo-marocaines ».
L’arrivée à la fin des années 20 d’une nouvelle génération d’architectes formés à de nouveaux
principes, va entraîner l’abandon progressif de l’utilisation des décors appliqués.
Toutes les grandes artères de la ville convergent vers cette place. Elle regroupe autour d’elle les
administrations et les commerces.
Elle fut conçue en 1920 par l’architecte français Joseph MARRAST. Cet ensemble architectural
est dit des plus harmonieux.
A cette place, fait pièce la place Administrative, l’actuelle place Mohammed V, aménagée au
début des années 20. Entourée de bâtiments de style néo-mauresque, cette place institutionnelle qui
symbolisait le pouvoir colonial, reste le centre de représentation officielle de l’actuelle région du grand
Casablanca.
Les principaux bâtiments administratifs situés sur cette place ont été érigés dans les années 20.
Le Quartier Habbous
Destiné à abriter les populations rurales affluant vers Casablanca à la recherche d’un emploi, ce
quartier fut construit dès 1919 sous la direction de l’architecte français Albert LAPRADE, relayé par la
suite par les architectes Auguste CADET et Edmond BRION.
Cette nouvelle médina, avec ses grandes arcades commerçantes est une création unique au
Maroc. Elle combine les grandes lignes de l’architecture musulmane, et les règles d’urbanisme moderne.
Conçu sur le modèle de la médina traditionnelle, le quartier abrite les grands éléments urbains propre aux
rites et à la vie musulmane : mosquées, bains maures, les marchés etc.
Le quartier connaît un succès immédiat, et très vite les familles modestes du début furent
remplacées par des familles plus aisées.
• Les années 30
A cette période le style néo-mauresque est balayé et laisse la place à une esthétique plus
dépouillée où les maîtres mots sont : modernité et confort.
Dès la seconde Guerre Mondiale, Casablanca se tourne vers les Etats-Unis et la ville prend des
allures californiennes.
La nouvelle génération d’architectes qui débarquent à Casablanca à cette époque n’a qu’une
obsession : mettre en pratique les théories modernes apprises sur les bancs de l’école des beaux-arts de
Paris.
Dès lors le travail sur les volumes remplace celui sur les décors, qui laissent place aux balcons,
aux bow-windows faisant gagner de l’espace. Les façades des immeubles qui ne cessent de prendre de la
hauteur se dénudent. Les immeubles de luxe ou ceux de production courante tiennent compte du souci de
confort qui anime la bourgeoisie casablancaise. Tous sont équipés d’ascenseurs, d’incinérateurs à ordures,
de garage et les appartements de salle de bains. Véritable œuvre d’art, les immeubles de luxe du centre
ville vont être baptisés du nom de leur commanditaire faisant ainsi référence aux mouvements dans cette
ville nouvelle. Mais ce sont dans les villas que les architectes laissent aller toute leur ingéniosité où ils
expriment les dernières découvertes en matière d’habitation et de confort.
Fortement impressionné par la profusion des constructions, les critiques internationaux
s’accordent tous à décrire Casablanca comme la capitale de l’architecture moderne.
Quartier d’Anfa
Construite par des architectes français, la nouvelle médina est un exemple architectural unique
où se mêlent architecture marocaine traditionnelle et règles d’urbanisme modernes.
Dominant Casablanca à l’ouest, la colline d’Anfa avec ses larges avenues et ses jardins
verdoyants, lui donnent un air californien.
Mais le nom d’Anfa s’est fait connaître du monde entier par les célèbres rencontres qui s’y
déroulèrent. C’est à l’hôtel d’Anfa, aujourd’hui démoli, qu’en janvier 1943 eut lieu l’entrevue historique
entre ROOSEVELT et CHURCHILL, désignée comme la conférence d’Anfa. Les deux hommes y
fixèrent les modalités concernant le débarquement des alliés en Normandie en 1944.
• Les années 50
Ces années marquent une ère de prospérité économique qui va fortement influer sur la production
architecturale de l’époque. Trouvant écho dans la nouvelle génération d’architectes, les choix de la
bourgeoisie casablancaise, fortement imprégnée de culture américaine, portent sur des villas aux accents
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californiens. De style ultra-moderne, les villas des années 50 sont avant tout marquées par la personnalité
de leurs architectes.
Œuvres personnelles, elle étonnent par la difficulté de leurs lignes et par l’innovation
architecturale dont elles font preuve. Mais cette liberté de ton ne fait pas l’unanimité, et les différences
de style vont accompagner les différences de classe : si le style ultra-moderne séduit les classes très aisées,
la petite bourgeoisie se fait construire des villas au style métissé reprenant les grandes lignes de
l’architecture méridionale.
Mais les années 50 sont avant tout marquées par l’invention de « l’habitat pour le plus grand
nombre » , mis en place par ECOCHARD et son équipe en 1950. Le développement des programmes
publics de logement donne ainsi naissance à de grands ensembles d’habitations bon marché destinées aux
musulmans, aux israélites, et aux européens.
Ainsi la cité d’habitation des carrières centrales devait permettre de résorber les bidonvilles tout
en offrant aux musulmans des habitations traditionnelles. On peut citer comme exemple la cité d’EL
HANK, prévu pour reloger les 18 000 israélites de l’ancienne médina ou encore celle de Bournazel qui,
en 1954, se destine à une clientèle européenne très modeste.
La culture architecturale des années 50 se poursuivra après l’indépendance ( 1956 ), jusque dans
les années 80, où on verra l’irruption des thèmes post-modernes.
• Le réseau routier
Réseau relativement dense pour la région du grand Casablanca qui s’étend sur une longueur de
346 km. Réseau carrossable toute l’année, il comprend le plus important tronçon de l’autoroute
Casablanca-Rabat.
• Le réseau ferroviaire
A une longueur de 1 907 km, dont 80 km traverse la région du grand Casablanca. Ce réseau
permet de relier Casablanca à toutes les grandes villes du Maroc à l’exception d’Agadir et de Nador.
Les différents centres urbains de la région traversés par ce réseau sont équipés de gares pour le
transport des voyageurs et des marchandises.
La ville dispose de 2 gares principales : Casa-Port et Casa-voyageurs, que viennent compléter
des gares de proximité de moindre importance.
• Le réseau aérien
L’aéroport Mohammed V, situé à 35 km du centre ville de Casablanca, constitue la clef de voûte
du trafic aérien régional , national et international.
Une cinquantaine de vols par jour assurent une liaison régulière avec la quasi totalité des pays
de l’Union Européenne, les Etats-Unis, le Canada, le Moyen Orient et quelques capitales africaines.
Sa surface globale est de 325 ha, le nombre annuel de passagers est de quasiment 3 millions et
son fret annuel de 42 000 tonnes.
L’activité de l’aéroport Casablanca-Anfa, situé intra-muros, est orienté principalement vers les
activités de formation et l’aviation privée.
De nombreux projets d’aménagement structurant sont programmés par les documents urbains
pour qualifier l’espace casablancais. Après la construction de la Mosquée Hassan II, devenue le phare de
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la cité, la réalisation de l’Avenue Royale, la reliant à la place des Nations Unies sur 1.3km est lancée. Elle
comprendra 2 équipements importants pour la ville : le Palais des congrès et le Grand théâtre.
Une cité d’accueil pour reloger les 120.00 familles concernées par l’emprise de l’Avenue est en
phase de construction, au sud-ouest de la ville. Elle a déjà accueilli plus de 1000 familles, fin 1999. En
liaison avec la Mosquée, un autre projet d’envergure est en cours de réalisation, il s’agit de la nouvelle
corniche. D’une superficie de 13 ha gagnés sur la mer, elle constituera un front de mer assez prestigieux,
constitué d’immeubles destinés aux activités touristiques et de loisirs et aux logements, bureaux et
commerces.
On envisage aussi la restructuration de l’Ancienne Médina, avec comme objectifs l’amélioration
de la qualité des constructions, la sauvegarde des éléments de patrimoine et l’aménagement des abords
du noyau traditionnel. La réalisation d’un métro est à l’ordre du jour depuis le début des années 1990.
c’est l’axe de la Route de Médiouna qui a été choisi comme ligne prioritaire. Enfin, pour préparer
Casablanca et son industrie à l’ouverture sur l’économie mondiale, des projets d’aménagement de parcs
industriels avancés sont en cours de réalisation.
Ainsi, au cours des deux dernières décennies, Casablanca a progressivement changé d’image.
C’était jadis la ville du négoce et des industries. Elle est aujourd’hui en phase de devenir une métropole
financière de plus en plus complète, une grande place industrielle et un centre décisionnel ouvert sur le
monde.
SOURCES :
Conclusion
« Le patrimoine mondial » - Que sais-je ? (PUF 1998) s/s la dir. de D. Audrerie, R. Souchier & L.
Vilar
Revues :
«Madina – Cités du mondes» - Revue N°1 Janvier/Mars 1995 s/s la dir. de P. Signoles
«Histoire & Patrimoine - Maroc» - N°2 (2002/03)
«Histoire & Patrimoine - Algérie» - N°3 (2003)
«Ulysse – Algérie» - N°89 Mars/Avril 2003
«Géo – Maroc 2001» - N°263 Janvier 2001
Sites Internet :
UNESCO – www.unesco.org
URBAMA – www.irmcmaghreb.org
Encyclopédie Hachette – http://fr.encyclopedia.yahoo.com
1) Définition
Ce terme issu de l'arabe «al-Madina» (i/e la ville) désigne les quartiers anciens des villes du monde islamique, par
opposition aux quartiers modernes, d'allure occidentale.
La vieille ville historique, appelée médina au Maghreb, constitue le cœur de la cité. Ses composantes sont :
- un espace ceint de remparts et divisé en quartiers distincts, à la voirie étroite et sinueuse,
- des quartiers à structure radioconcentrique, (appelés d’ouest en est : humma, hara, mahalla, gozar),
- le rôle central de la Grande Mosquée entourée d’établissements religieux (madrasa, …) et de quartiers
spécialisés (souks mêlant artisanat et commerces),
- des quartiers résidentiels péri-centraux aux impasses regroupant des cellules familiales élargies. Les
maisons sont tournées vers l'intérieur (façades aveugles sur la rue); elles sont disposées autour de patios
qui occupent souvent le quart de la surface bâtie; les terrasses ont aussi un rôle important dans la vie
familiale et sociale.
Il existe une opposition marquée entre lieux d'activité et lieux de résidence. Les premiers, souvent appelés
«souks», sont animés, bruyants et encombrés; échoppes et ateliers sont disposés le long de quelques voies menant
au centre, à partir des portes. Les seconds, par contraste, sont très calmes et sont desservis par des ruelles et surtout
des impasses formant de petites cellules qui contribuent beaucoup au cloisonnement de la ville.
2) Evolution
La médina, précédemment espace aux fonctions centrales et aux valeurs de référence, est toujours présente mais
ne compte plus ou très peu dans les agglomérations urbaines géantes des pays arabo-musulmans.
La plupart des médinas ont connu de profonds changements depuis les années 1930 ou 1940, perturbations
apportées par la période coloniale et des politiques menées par les divers états, en liaison avec l'évolution de la
société urbaine.
Par ailleurs, la base économique a changé. Nombre d'activités traditionnelles ont périclité tandis que les bazars
pour touristes ont proliféré. Des percées ont parfois éventré la médina afin de faciliter la circulation.
Les autorités locales ont eu des réactions diverses selon les pays et les périodes. Dans certains cas, le souci de
rénover l'a emporté: les vieux quartiers sont devenus méconnaissables (Casablanca) ou ont été détruits. Dans
d'autres, c'est le souci de conserver qui a prévalu (Alger, Fès), mais avec des résultats assez limités en général, si
bien que le processus de dégradation se poursuit.
Quelle est la place actuelle de la médina dans les organismes urbains du Maghreb ?
N’est-elle qu’un quartier perdu dans le magma urbain, un héritage dégradé, marginalisé ?
Quels sont les enjeux de la sauvegarde du patrimoine ?
La médina représente un espace lourd de significations : à la fois un symbole, un enjeu, parfois une source de
conflits, également un héritage enrichissant au niveau du patrimoine et embarrassant au niveau de l’aménagement.
C’est donc dans un processus de transformation du centre des villes qu’il faut replacer les médinas.
Extrait du doc. 56 p219 – «Maghreb Moyen-Orient Mutations» - s/s la dir. de J.F. Troin
Du fait d’une accélération de l’exode rural engendrant une «ruralisation» de la vieille ville, une rapide
augmentation de la population a été constatée avec pour conséquence première l’évolution démographique des
médinas et la modification du contenu social.
La croissance urbaine, récente et rapide, a transformé en néo-citadins des masses de populations déracinées.
Ce mouvement migratoire a entraîné une très forte densification de l’habitat, une paupérisation de la majorité
de la population résidant dans ces quartiers historiques, accompagné d’une dégradation du cadre de vie générant
un affaiblissement des activités économiques.
Ces différents facteurs ont produit une dévalorisation des quartiers historiques et une dissolution des modes
traditionnels d’occupation de l’espace (nommée «crise des médinas»). L’urbanisation s’accompagne donc de
changements d’échelle, de mutations et de phénomènes nouveaux.
2) Médina, espace social
Les liens sont étroits entre l’évolution démographique, les modalités de peuplement et la composition sociale.
La dissolution du tissu social de la médina a commencé dès avant les Indépendances, accélérant la crise
économique dans la médina.
Les familles aisées sont parties résider dans les quartiers modernes et ont été remplacées, le plus souvent, par des
migrants pauvres issus du milieu rural; chaque famille occupe une des pièces des anciennes demeures bourgeoises,
la cour servant de cuisine et d'espace collectif. Cette paupérisation a fortement contribué à dégrader l'habitat et
à densifier les médinas
La mobilité résidentielle des familles aisées au sein des agglomérations modernes («ghettos luxueux» des banlieues
résidentielles) a eu pour effet une recomposition sociale des quartiers et donc de la médina.
La ville subit un déficit de sa symbolique, les «laissés pour compte» sont rejetés à la périphérie, le centre perd sa
capacité d’unification.
La décennie 1970 a été une période de bouleversement des sociétés urbaines, engendrant une période de
désenchantement. De nouveaux besoins – amplifiés par l’éducation et la mobilité – n’ont pas pu être satisfaits. La
médina, à forte cohésion interne, a perdu sa fonctionnalité et son attrait : les structures sociales ont été ébranlées.
La dégradation contemporaine de la vieille ville procède de la destruction du système social.
anciennes), la ville supporte difficilement les extensions périphériques d’un habitat clandestin, précaire et de
surcroît illégal, donnant lieu à des quartiers sous-équipés et mal reliés aux centres des villes.
Dans les 3 pays du Maghreb, la tension urbaine ne se manifeste pas seulement par la multiplication des formes
d’utilisation informelles de l’espace, mais affecte également les secteurs formels comme les quartiers historiques
minés par un processus de taudification, les quartiers centraux bloqués ou obsolètes et les quartiers nouveaux
cloisonnés et jouant difficilement leur rôle intégrateur.
Une nouvelle approche s’impose: réhabiliter la valeur de l’espace des médinas.
L’importance du patrimoine historique et son indispensable sauvegarde par la rénovation de certains quartiers, la
restauration et la réhabilitation d’autres, le passage à l’action dans plusieurs médinas de grandes villes maghrébines
(Fès, Tunis, Marrakech, Alger, …) confirment une très nette modification des problématiques et des conceptions
d’aménagement.
L’UNESCO est devenu aujourd’hui, après plus de 4 décennies d’actions, le garant moral et institutionnel de la
protection du patrimoine à travers le monde. L’ampleur de la tâche, les efforts pour l’application sur le terrain des
principes de sauvegarde permettent de s’opposer à la modernisation à outrance tout en évitant la «muséification»
des objets patrimoniaux.
2) La problématique de la restauration
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A - La Casbah d'Alger
La Casbah d'Alger a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en décembre 1992.
La zone comprend la Casbah proprement dite (forteresse) et toute la vieille ville d'el-Djazaïr située entre ce fort et
le bord de mer.
En 1516, le corsaire turc Khaïr al-Din installe sa capitale à Alger. Il en fait une ville fortifiée en construisant
d'imposants remparts, qui sont à l'origine de la Casbah. Six portes assurent la liaison entre la vieille ville, le port
et le reste du pays. L'accroissement de la ville se traduit par un développement des espaces bâtis, notamment de
maisons à étage. Même si, à l'époque, les Ottomans sont présents le long d'une grande partie du littoral algérien,
le pouvoir turc intervient peu dans les affaires locales d'Alger. Le bey Khaïr al-Din fait prospérer la ville en
combinant la force militaire et le développement du commerce. La ville est prospère jusqu'au XVII ème siècle. Dans
la ville se conjuguent alors les traditions turques et arabes.
Aux alentours de 1920, naît un véritable intérêt pour la sauvegarde de la vieille ville. Les premières études pour la
sauvegarde du site de la Casbah d'Alger sont conduites dans les années 1970. Un plan d'aménagement de la
Casbah est mis en oeuvre à partir de 1981. Il porte en particulier sur le bâti de la période 1816-1830 pour mettre
en valeur la ville à l'époque de l'influence ottomane, 1816 étant la date à laquelle le centre politico-administratif
fut transféré à la citadelle ; ce déplacement a entraîné un nouveau flux de population vers la haute ville. Il a été
notamment suivi d'un plan d'action-programme prioritaire en 1985 et d'un plan directeur d'aménagement et
d'urbanisme en 1992. Le plan de restauration actuellement en cours correspond parfaitement aux besoins de la
vieille ville : il s'agit notamment de restaurer et de réhabiliter le tissu historique. En plus de sa richesse artistique,
la vieille ville est un précieux témoin de l'histoire de l'Algérie.
La Casbah s'étend en effet sur 45 hectares et témoigne d'une forme urbaine homogène dans un site original et
accidenté (118 mètres de dénivellation). La richesse de la ville se traduit par les décorations intérieures des
habitations, souvent ordonnées autour d'une cour carrée centrale faisant atrium. Les rues tortueuses et pentues
constituent aussi un élément caractéristique de la vieille ville. elle abrite également douze mosquées dont la
mosquée Djamâa el-Kébir du XIème siècle. La citadelle qui abritait plusieurs palais résidentiels et édifices religieux
où siégeait le pouvoir algérien avant 1830 fait l'objet depuis 1985 d'un vaste plan de restauration.
B - La Médina de Fès
Ville Impériale, fondée en 809 par Moulay Idriss II, Fès est l'une des plus anciennes cités de l'Islam. Ville sainte,
avec ses 143 mosquées et ses antiques medersas, Fès fut et reste un des centres de la science et de la spiritualité
islamiques.
La sauvegarde de Fès, un tournant dans la notion de patrimoine.
Sauvegarde globale améliorant le bien-être de la population et garantissant la préservation et le rayonnement de sa
culture.
Le défi était grand car à cette époque peu d’intérêt était accordé au patrimoine urbain, peu de spécialistes de terrain
existaient dans ce domaine et encore moins pour la sauvegarde d’une ville islamique, "projet le plus ambitieux
que l’Unesco ait jamais entrepris" selon son directeur général.
Méthodiquement, patiemment, les études pluridisciplinaires et spécialisées ont pu être menées. Tous les aspects
ont été étudiés : architecture, urbanisme, archéologie, structure ingénierie, sociologie, histoire, économie, finances,
gestion ... Dans une coordination parfaite, ces études ont donné lieu à une stratégie mise en application à travers
des actions expérimentales qui ouvrirent la voie de la création d’ADER-Fès et à la réalisation des grands
programmes concernant les monuments (l’habitat, les activités, la formation, les infrastructures et les
équipements).
La sauvegarde de Fès est désormais un processus de réhabilitation vécu au quotidien par toutes les couches de
la population, par tous les intervenants de sa gestion urbaine. si le délai n’est pas encore relevé. Fès est déjà
internationalement reconnue par les milieux professionnels comme un exemple à suivre.
La prochaine étape, qui verra la sauvegarde de Fès atteindre sa vitesse de croisière, sera marquée par l’entrée en
jeu des organismes financiers nationaux et internationaux, FADES, BAD et BIRD, qui ont déjà manifesté leurs
intérêts par des engagements concrets.
Développement, culture et environnement, ce sont les principaux axes autour desquels gravitent les divers
composantes du défi de la sauvegarde de Fès. Potentialité locale et solidarité internationale sont les moyens
appropriés pour le relever.
L'habitat dans la Médina est à considérer comme lieu de résidence et comme patrimoine culturel. L’intervention
d'ADER-Fès porte sur l'adaptation de la maison traditionnelle aux exigences de la vie contemporaine. Cette action
connaîtra un grand essor, avec l'instauration d'un cadre juridique et d'un mécanisme de crédits proposés aux
habitants. Dans les cas d'urgence, pour la sécurité des habitants et pour préserver un patrimoine inestimable, un
dispositif d'intervention rapide est opérationnel.
La dé-densification vise à décongestionner la Médina en transférant les activités polluantes dans une zone
artisanale. Elle s'attache ensuite à redéployer intra-muros les autres activités pour favoriser le développement
économique de la Médina.
La restauration des monuments historiques, des chefs-d’œuvre de l'art « fassi » et du réseau de fontaines était
essentielle d'un point de vue patrimonial et porteuse d'un point de vue symbolique et médiatique. Elle est largement
engagée grâce à des financements publics et privés.
La réhabilitation des maisons d'habitation s'inscrit dans une vaste entreprise visant à adapter l'environnement bâti
au mode d'habitation contemporain en éliminant le surpeuplement, l'insalubrité, la vétusté, l'absence d'entretien,
les utilisations non compatibles avec la typologie d'origine etc …
Il ne s'agit donc pas d'un simple travail de mise en état des bâtiments, mais d'interventions beaucoup plus larges
qui touchent à l'urbanisme, à l'économie, à la vie sociale, et qui tendent à offrir un seuil minimum
d'habitabilité.
ADER-Fès a donc lancé des opérations de réhabilitation au cas par cas. Celles-ci ont donné des résultats
encourageants qui permettent d'envisager, suite aux études sur les instruments administratifs, juridiques et
financiers, l'extension de ce programme. La mise en place d'un cadre juridique et institutionnel comprenant un
système de crédit à la réhabilitation permettra bientôt d'intervenir à grande échelle.
C - La Médina de Tunis
La Médina de Tunis est constituée d'une médina centrale du VIIIème siècle et de deux faubourgs (au nord et au
sud) du XIIIème siècle. Cet ensemble représente un des modèles architecturaux et culturels les mieux conservés du
monde arabo-islamique. La ville de Tunis se développe au VIIIème siècle longtemps après la destruction de
Carthage. Au milieu du XIIème siècle, elle devient la capitale de l'Ifriqiya aghlabide, en succédant aux deux
métropoles ifriqiyennes de Kairouan et de Mahdia. Elle devient au XIV ème siècle l'une des villes les plus riches et
les plus importantes du monde arabo-islamique. Entre le XVIème et le XIXème siècles, de nombreux palais et
demeures y sont construits (environ 200) ainsi que des mosquées et des medersas. On peut y recenser plus de 700
monuments.
En 1967, une Association de Sauvegarde de la Médina est créée pour faire face à la détérioration constante de la
vieille ville.
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Parmi les premières mesures de sauvegarde, un règlement spécifique de la Médina faisant partie du PACT (plan
d'aménagement de la commune de Tunis) a été établi par l'ASM en 1980. Ce règlement constitue le cadre juridique
auquel doit se conformer toute action prévue dans la Médina. Les principes de sauvegarde édictés par ce règlement
sont les suivants : séparation entre espace public et espace privé, préservation de la séparation des fonctions et de
la hiérarchie des voies de circulation, respect de la typologie traditionnelle de l'habitat avec organisation de la
cellule d'habitation autour du patio, maintien de l'horizontalité du bâti et de l'homogénéité volumétrique, maintien
du caractère essentiellement piéton de la Médina.
Les autorités ont le souci de préserver le caractère traditionnel de la Médina, qui était menacé par la construction
non surveillée et intempestive de bâtiments. La médina a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial lors de
la 3ème session du Comité, en décembre 1979. La restauration du palais de Dar el Haddad fut entreprise en 1981
et s'acheva en 1985. Parmi les premières actions de restauration du palais, des travaux de remblaiement, de triage,
d'étaiement des murs, puis de renforcement des fondations et de l'ossature furent réalisés. Ces travaux ont permis
de dégager les éléments de bâtiments effondrés dans le palais et de consolider l'ensemble des structures mêmes du
monument. Mais bien d'autres restaurations ont été réussies depuis cette époque.
III - Quels sont les enjeux de la sauvegarde du patrimoine ?
Conclusion :
Face au développement économique rapide, à la pression démographique, à l'accroissement des besoins de la
population et aux changements dans les modes de vie, la plupart des médinas du monde arabo-musulman
connaissent ou ont connu des difficultés pour réussir les évolutions nécessaires.
La confrontation de modèles urbains a violemment joué dans l’évolution progressive de la médina pré-coloniale à
ses divers états actuels : monuments historiques, résidences exotiques, décors touristiques mais aussi taudis
vétustes, quartiers illégaux auto-construits, bidonvilles spontanés …
Aujourd'hui, la ville fermée n'a plus de sens. La mondialisation de l'économie, l'internationalisation des
échanges et l'universalisation du modèle de société de l'information (les autoroutes et les paraboles en sont la
preuve !), ont mis fin à l'autarcie, mettant en question les modes de production traditionnels des biens et des
services et, en conséquence, le tissu traditionnel des médinas.
Malgré les dangers réels d’uniformisation et de dépersonnalisation de l’habitat que l’urbanisme moderne entraîne,
la survivance des ensembles historiques revêt une importance majeure afin que chaque peuple, culture puissent
préserver sa véritable dimension culturelle et son individualité.