Présence Croix-Rouge : Vie et

bonté

Source gallica.bnf.fr / Croix Rouge Française

 Croix-Rouge française. Auteur du texte. Présence Croix-Rouge : Vie
et bonté. 1991-05.

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 2 L'EVENEMENT : CAMPAGNE 91
Même slogan, visuel différent.
N°358
6 La Croix-Rouge à son Zénith.

JEUNESSE

8 L'été sera chaud...

ETABLISSEMENTS
Douze infirmières roumaines à Paris...

1
POSTER
I
vJ La kermesse nationale de 1888.

1 O HISTOIRE
2
La Campagne de Chine.

1 A FICTION
I I Je n'étais pas un prophète...

1 /\ Interview d'Henry Dunant.

LA CRF DANS LE MONDE

6
Le tour du monde en six infos.
Revue officielle bimestrielle
de la Croix-Rouge Française 1 Q BOUTIQUE
1, place Henry Dunant

8
0
75008 Paris - Tél. 40 70 10 10
Directeur de la Publication : I S'afficher Croix-Rouge.
Georgina Dufoix
Directeur de la Rédaction :
Henri Maurel
O PORTRAIT
Rédacteur en chef :
Frédéric joli
Simone Bellenger : la mémoire de la Croix-Rouge.
Rédaction :
Catherine Carnoy
Laurence Digeon
Guy Gadbois
Martine Gueguen
François Plagne
Secrétariat de Rédaction :
Sophie Baudin
Secrétariat :
Corinne Camusard
Fatiha Abdi
Publicité :
Françoise Langle
Fabrication :
MC2 Boulogne. 49 10 09 46
Photogravure :
A.D-QUAD 47 84 01 64
Impression :
Rotoffset Meaux
Gestion des abonnements :
Sous direction informatique
Photos
Couverture : Marina Gendre
par Hervé Desplanches
Pages intérieures : Beyssier,
Dupont, Garcia-Benitez, Joli,
Maurel, Desplanches.

Commission Paritaire
N° 53 304 du 9.10.1972
Dépôt légal : Mai 1991
 EDITORIAL

Bien plus qu'un slogan autour duquel s'ordonne notre cam-

pagne nationale 1991, cette phrase traduit parfaitement à
mes yeux l'engagement de la Croix-Rouge, partout, auprès de
ceux qui ont besoin d'elle. Nous avons dû, depuis deux ans,
faire de nombreux sacrifices afin de donner à cette institution les
moyens de retrouver dynamisme et élan. J'ai été, personnellement,
témoin de tous ces efforts, du plus humble au plus spectaculaire, et je
dois l'avouer ici, plus d'une fois la Croix-Rouge m'a surpris : par son
dynamisme face à l'adversité, par son exigence face à la facilité, par
son humanité dans un monde où l'artifice tient parfois lieu d'essentiel
et où la valeur profonde des choses nous échappe quelquefois.Ce nou-
veau numéro de Présence Croix-Rouge s'inscrit dans cette philosophie
en associant les témoignages de dynamisme de la Croix-Rouge à la
fidélité à son passé. Non sans exclure l'humour et l'imagination avec le
témoignage posthume d'Henry Dunant. Je ne doute pas un seul instant
que lui-même se serait réjoui d'être ainsi associé à notre effort. Le 24
mai, date de lancement de notre Campagne 1991, je rencontrerai 4000
jeunes formés par nos écoles. Redoutable confrontation de la Croix-
Rouge avec son avenir, avec celui des professions para-médicales et au
delà avec la jeunesse toute entière. Cette confrontation est salutaire et
c'est une marque de confiance en nous-même savoir parier sur l'ave-
:

nir pour mieux servir notre idéal.

Président de la Croix-Rouge Française

 Le "PRET A LA CARTE" :
1' autre Carte Bleue

Profitez de cet avantage avec la Carte Bleue Sofinco. Elle vous permet de réaliser tous vos projets
Carte Bleue revolving en disposant, à tout instant, d'une réserve de crédit jusqu'à 80.000 F sans changer de banque. Et
pour chaque 200 F utilisés, la banque Sofinco verse 1 F à la Croix Rouge Française.
 L'EVENEMENT

LA REVUE DE L'INFIRMIERE
BOUGE...
Plus moderne, plus dynamique, plus proche
de la profession, cette publication de la
Croix-Rouge Française accueillera les élèves
sur le stand de l'Expansion scientifique.
La rédaction réalisera le petit journal du
Zénith, supplément de la revue qui sera dif-
fusé à tous les abonnés et dans toutes les
écoles quelques jours plus tard...

Grand'Messe Croix-Rouge...
La date du 24 mai arrêtée, il ne restait
plus qu'a trouver une salle suffisamment
grande pour accueillir quelques 4000
élèves parmi les 9000 que compte
actuellement la Croix-Rouge...Le Zénith
fut finalement retenu grâce notamment
aux soutiens de divers sponsors...
La journée s'appuiera sur le travail effec-
tué depuis plusieurs années par les
élèves des écoles de la Croix-Rouge; tra-
vail de prévention qui complète les
actions au quotidien mené par les
100 000 bénévoles des 1200 comités
locaux et les 14000 salariés des 600 éta-
blissements de l'Institution.
Les meilleures initiatives développées
par les écoles seront présentées et éva-
luées lors de cette journée. Georgina
Dufoix, au terme de la sélection et sur
avis d'un jury de spécialistes remettra
aux lauréats un prix de l'innovation et de
la communication "Jeunesse et Santé".
Le rassemblement du Zénith sera aussi
l'occasion pour des milliers d'étudiants
de faire mieux connaissance... La CRF
est une grande maison et son initiative
du 24 mai, fédératrice s'il en est, tentera
de montrer que l'esprit Croix-Rouge
auprès de la jeunesse tient plus de la
réalité que du mythe...
Ainsi démarrera la Campagne nationale
1991 qui connaîtra son apogée le 9 juin
prochain, pour la quête nationale

Guy Gadbois
 JEUNESSE

Témoignage d'un Crusoë

Philippe Desse a participé en septembre
1990 à un stage dans les Gorges-du-Ver-
don
"Le premier jour nous nous sommes assis
en cercle, ça met en confiance... Puis nous
nous sommes présentés chacun à notre
tour. Les consultants ont ensuite expliqué
l'esprit "Crusoë" : La règle de l'Ici et
Maintenant qui signifiera pour nous vivre
au jour le jour, sans chercher de fuites
vers l'extérieur par l'intermédiaire du télé-
phone notamment! (...) C'est dans les
moindres gestes que peut commencer Composition :
"l'extrême". Extrême peut être anodin Chaque session de formation accueille
aux yeux du citadin mais commence à 14 Jeunes agés de 16 à 25 ans.
prendre un sens lorsque le sac à dos pèse ! Lieux :
Au deuxième jour, nous avons dû des- Vendée, Ardèche et Gorges du Verdon
cendre le lit d'un torrent, parfois à sec, Durée du stage 5 jours pleins
:
parfois profond jusqu'à la ceinture. Ce Prise en charge De l'arrivée du stagiaire
:

cours d'eau réserve des obstacles qu'il en gare du lieu d'intervention jusqu'à sa
faut surmonter en utilisant la corde
comme téléférique par exemple pour ache-
remise dans le train
Encadrement :
/ FAITES /
miner les sacs à dos. Nous avons pu fran-
chir une cascade en s'engouffrant dans
une cheminée qui semblait avoir été creu-
Un consultant "Hors Limite-Outward
Bound" et un animateur Croix-Rouge
Coût d'un stage : 700 francs (comprenant
d

/ VOTRE.
sée à cet effet. Cependant, derrière tout le
côté spectaculaire de certains passages, il
y a toujours la solidarité face à la peur de
l'autre, et il semble, en ce premier jour
d'activité que filles et garçons soient un
l'hébergement, l'assurance et les activités)
Capacités juillet et août :
Lozère
Vendée
Gorges du Verdon
.................
336 places
112 places
224 places
:

:
iBA
devant le risque. Les filles du groupe ont Inscriptions : Malika Aït-Mohamed,
été étonnées par certaines de leurs réac- Tél 40 70 10 10 poste 422
tions assez viriles devant le danger !..."
:

Croix-Rouge Jeunesse I BULLETIN 0 ABONNEMENT

I
1, Pl.ace Henry Dunant, 75008 Paris

m ~~ - ~
I
.
|
0 Je désire m'abonner à
"Présence Croix-Rouge"
f\ll \
pendant un an. 5 numé-
1 Retournez ce bon à "Présence Croix-Rouge",
place Henry Dunant, 75008 Paris, accompagné
d'un chèque bancaire ou postal à l'ordre de Croix-
Rouge Française, "Présence Croix-Rouge"
1

.
1
ros.
J
El Je désire m'abonner à
I
Mr, Mrne, Mlle i
"Présence Croix-Rouge" et
| devenir membre cidhé-r \ Prénom |
rent à la Croix-Rouget ^VJ \ Adresse I
I Française pendant un
| (cotisation : 50 F + abon- |
' nement au tarif préférentiel Codepostal
I
de 40 F). —
| Ville
I
II r Je désire m'abonner à
"PPrésence
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Croix-Rouge » etx
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teur de la Croix-Rouge\ \ I
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Française pendant un „ ..
Date d'expiration
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1 (versement minimum
| H
|
500 F + abonnement au
tarif préférentiel de 40 F). 1B CROIX-ROUGE FRANÇAISE I
I
7
Une formation Assistance Publique et Croix-Rouge Française
pour les infirmières de Roumanie
Douze roumaines à Paris
Une nouvelle fois, la Croix-Rouge française apporte une aide
originale à la Roumanie. Aprés avoir lancé divers pro-
grammes d'envergure,depuis la chute du régime Ceaucescu
en décembre 1989, la CRF inscrit son action dans le long
terme avec la formation de personnels hospitaliers roumains.
Le 10 avril dernier, Georgina
Dufoix accueillait à l'hôpital des
temps, de personnel hospitalier roumain.
Comme le rappelait Georgina Dufoix lors
Peupliers, l'un des établisse- de l'accueil aux "Peupliers","-Il s'agit de
ments parisiens de la Croix- permettre aux médecins et infirmières
Rouge Française, une douzaine de roumains d'accéder à une meilleure pra-
cadres infirmiers roumains, première tique de soins en bénéficiant d'une for-
"promo" du genre à venir en France mation adaptée aux besoins des hôpi-
suivre un stage de deux mois dans des taux. " Les douze cadres pris en charge
infrastructures hospitalières de la CRF aujourd'hui dans des établissements de
et de l'Assistance Publique. l'AP et de la CRF (notamment par l'école
A l'origine de cette première session de d'infirmière Suzanne Pérouse de la rue
formation, le Secrétariat d'Etat à l'Action de Berry) furent sélectionnés par une
Humanitaire, qui en 1990 après une mis- délégation CRF, fin 1990, à Bucarest,
sion d'évaluation à Bucarest avait parmi un quarantaine de candidats pres-
demandé à l'Assistance Publique d'assu- sentis par les chefs d'établissements.
rer un plan de stages pour des person-
nels hospitaliers roumains. Une formation de longue haleine...

La CRF : Partenaire évident. Les critères de choix furent essentielle-

Compte-tenu des "états de service" et de
l'implantation de la Croix-Rouge Françai-
se en Roumanie depuis la révolution de
décembre 89, l'AP décidait d'associer
l'Institution à son projet. Il est vrai que
depuis 18 mois, des équipes de Volon-
taires Missions Internationales soutien-
nent les efforts de modernisation des
infrastructures hospitalières. Le 15 jan-
vier 1990, le Gouvernement roumain
confiait à la Croix-Rouge Française, en
plus de la Capitale, quatre districts du
sud du pays. Ainsi démarrait l'une des
plus importante mission d'évaluation, qui
permettait de définir les réels besoins
sanitaires et sociaux de la Roumanie, de
la réfection du réseau transfusionnel ( qui
permet de traiter aujourd 'hui 70% des
dons du sang du pays) à la prise en char-
ge d'orphelinats en passant par l'élabora-
tion de plans de lutte contre le SIDA. Il
était donc normal que la Croix-Rouge
poursuivent ses efforts en s'attaquant à la
formation en France, dans un premier
ment dictés par la capacité de chaque
futur stagiaire à transmettre son savoir...
Deux mois de stage en France pour accé-
der à de nouvelles pratiques et tech-
niques de soins peut sembler un peu
court... Mais que l'on se rassure, le
séjour parisien n'est que le début d'un
grand plan de formation... Les "élèves"
roumains de retour à Bucarest continue-
ront en effet d'être suivis ponctuellement
dans leurs établissements par des for-
mateurs de la Croix-Rouge Française qui
pendant trois an s'y relaieront. Il faut
inscrire ce programme de formation dans
le long terme, seule garantie de succés,
explique Hélène Chanois, de la Direc-
tion des Etablissements et de la Forma-
tion.. Dans trois ans, les douze infirmières
roumaines auront acquis des compétences
nouvelles en matiére de soins bien sûr
mais seront aussi capable de transmettre
leur savoir à leurs consoeurs roumaines.
c'est le but que nous nous sommes fixés".
Rendez-vous en 1993....
Frédéric Joli

Bucarest,
A redistribués Une émission durant
Georgina Dufoix rencontre
son homologue roumain.
A l'occasion de son voyage en Roumanie,
le 18 avril dernier, en Roumanie, Georgi-
na Dufoix a rencontré l'équipe de la
Croix-Rouge Française et a fait le point
sur notre programme de coopéraion avec
les établissements d'enfants roumains.
Elle a été particulièrement attentive à
leurs suggestions pour renforcer cette
action centrée sur la formation des per-
sonnels soignants. Le lendemain, Geor-
gina Dufoix se rendait à l'invitation de
Mr. Nicolae, nouveau Président de la
Croix-Rouge Roumaine qui la remerciait
pour l'aide, immédiate et de qualité,
apportée
par la Croix-Rouge Française dès les
débuts de la révolution roumaine.
Aujourd'hui, avec notamment le pro-
gramme de formation des infirmières,
cette aide s'inscrit dans les actions à
long terme que cherche à privilégier la
Croix-Rouge Française.
La Présidente a promis d'intensifier les
échanges, notamment avec des stages de
jeunes (programmes Crusoë) et a remer-
cié le Président de la Croix-Rouge Rou-
maine pour son soutien à la mise en
place d'lm programme de don du sang
conforme aux principes éthiques du
mouvement et avec l'appui logistique du
Centre National de Transfusion Sanguine
et de la Croix-Rouge Française.
ETABLISSEMENTS
Coup de chapeau à TF1
En novembre dernier, TF1 avait diffu-
sé une série d'émissions consacrées
au sort des enfants roumains aban-
donnés. La chaîne de télévision avait
à cette occasion indiqué que les
fonds recueillis à la suite de cette
série seraient redistribués dans une
clarté financière totale aux diffé-
rentes ONG travaillant sur le terrain
en Roumanie. Au 10 avril, 6.503.404
francs étaient réunis et ventilés vers
plusieurs associations. La Croix-
Rouge percevait, pour son œuvre, un
chèque global de 550.000 francs.
Aujourd'hui, TF1 envisage de rendre
publique, au cours d'une prochaine
émission, l'utilisation des fonds
.
laquelle la Croix-Rouge Française
pourra dresser son bilan de 18 mois
d'activité en Roumanie
.
ce, remarquablement illustré constitue un guide indispensable
pour tous les intervenants de l'aide médicale urgente, sapeurs-pom-
piers, secouristes, infirmiers, ambulanciers, auxilliaires sanitaires.
Cet ouvrage fait en effet le point sur l'ensemble du matériel de
secours utilisé en urgence et donne les instructions utiles pour l'uti-
lisation et la maintenance des appareils, canules, sondes, aspira-
teurs de mucosités, matériel d'oxygénothérapie, etc.... " Il est rare
de saluer la parution d'un ouvrage original dans son but et sa concep-
tion. préface le Médecin en Chef de la BSPP, Henri Julien, cet
ouvrage apparaîtra comme indispensable non seulement à tous les
auxiliaires des médecins de l'urgence, mais également aux médecins
oxyologues, débutants ou confinnés".
Manuel des secours d'urgence - Editions FRANCE-SELECTION
9 à 13 rue de la nouvelle France, BP 118, 93303 Aubervilliers cedex 1
80 F. 192 pages

La première mission de la Croix-Rouge Française à l'étranger
La campagne de Chine
L'année 1900 commence mal pour les légations européennes
d'extrême orient. Les nationalistes chinois, les fameux boxers,
se révoltent et prennent en juin Tien Tsin et Pékin.
La communauté internationale, soutenue par le Japon
décide d'intervenir, manu militari, pour mater la rébellion.
On craint en effet un embrasement de toute la région.
La France, à l'instar de ses voisins européens, décide
d'envoyer un renfort armé à son corps expéditionnaire.
La Croix-Rouge Française fera partie du voyage...
Les échos tragiques venus de
Chine
après la des boxers
révolte
pouvaient annoncer une grande
guerre. Dès lors un renforcement
sanitaire s'imposait... La Croix-
Rouge s'enquit de sa tâche comme d'un
devoir envers la patrie...Dans les précé-
dentes expéditions coloniales (Tonkin,
Madagascar, Sénégal,etc) son action
s'était limitée à l'envoi de dons. Cette
fois ci, elle allait expédier hommes et
matériels, réunis en moins de trois
semaines, temps record pour l'époque.
Le Corps expéditionnaire Croix-rouge se
composait de six médecins, deux phar-
maciens et de cinq sœurs de l'ordre de
Saint Vincent de Paul, chargés d'assurer
un soutien santé et humanitaire au sol-
dats français mais aussi à la population
chinoise. Pour emmener tout ce beau
monde, le Ministère de la Marine affré-
tait, à grand frais, un solide steamer, le
"Notre-Dame-du-Salut"capable d'ac-
cueillir 300 blessés.On profita des 47
jours de navigation pour redéfinir le rôle
de la CRF. Principale difficulté : Com-
ment relier l'ambulance flottante
qu'était le NDS à ses deux hôpitaux de
campagne à terre? Bref, on verrait une
fois sur place. Le 29 septembre 1900, le
Bateau sanitaire mouille enfin en rade
de Takou. Le débarquement des soldats,
des chevaux, des mulets et du matériel
militaire s'effectue rapidemment pour
laisser champ libre au personnel Croix-
Rouge. Le Notre-Dame-du-Salut, rendu
impropre à l'installation immédiate d'un
hôpital après une si longue traversée
doit être entièrement désinfecté. Le 18
octobre, le bateau est enfin prêt, condi-
tionné à l'accueil des premiers malades
et ce, à la joie manifeste de l'équipe
sanitaire.
La révolte est matée
Pendant que la Croix-Rouge "briquait"
son navire, la situation des alliés s'était
sensiblement améliorée... Plus rien fma-
lement ne justifiait l'intervention des
hommes et des femmes du NDS, d'au-
tant que les quelques blessés miltaires
surchargeant les hôpitaux chinois
avaient déjà été envoyés par mer à Hiro-
shima et Nagasaki. "-Puisqu'il est là (le
HISTOIRE
navire) autant l'utiliser à quelquechose",
conclut, un peu dépité, un soldat. Sitôt
dit, sitôt fait, le Notre-Dame-du-Salut
assurera les évacuations sanitaires sur le
Japon et compte-tenu de ses infrastruc-
tures, prendra en charge les blessés et
malades les plus fragiles. La Croix-
Rouge se voit donc contrainte de res-
treindre son programme initial et attend
son prochain départ pour Nagasaki. Là
bas, un petit hôpital fonctionne déjà,
dans un pensionnat des sœurs françaises
de l'Enfant Jésus de Chauffailles. Le 4
novembre, dès l'arrivée du NDS, la
Croix-Rouge débarque l'équivalent d'un
hôpital., 180 lits sont ouverts, les sœurs
assurent les soins sous la responsabilité
des médecins militaires débarqués du
navire. Une semaine plus tard, le stea-
mer reprend la mer pour d'autres mis-
sions de convoyages avec à son bord une
équipe sanitaire civile. Cette nouvelle
traversée a pour but de démontrer l'effi-
cacité de la Croix-Rouge sans la logis-
tique militaire...
Début décembre, les glaces commencent
à rendre les navigations difficiles. Un à
un, les navires quittent la rade de Takou,
de peur de se faire prcndre dans le
pack. C'est pour le Notre-Dame-du-
Salut, le signal du retour. Il embarque
215 blessés, dont 85 couchés. A Shangaï,
sa première étape, il prend en charge 32
malades supplémentaires, puis c'est Saï-
gon, Colombo, Aden, et enfin la Médit-
terranée. Fin de la croisière sanitaire.
Sous un tonnerre d'acclamations, tout
Marseille accueille le vaillant NDS et ses
202 malades.
La gloire
Le Vicomte de Nantois, Délégué adjoint
de la Croix-Rouge pendant la Campagne
de Chine rendra im vibrant hommage à
-
son équipage sanitaire:" Tous ceux-là
(NDLR : les blessés sauvés) vous doivent
une grande reconnaissance. Vous venez
d'aiguiller la Société de Secours aux Bles-
sés dans une voie toute nouvelle, la voie
active et militante. Grâce à vous, la
Croix-Rouge a arboré fièrement son
pavillon au milieu des flottes alliées, mon-
trant ce que peut faire en France l'initiati-
ve privée et la charité publique." M
Martine Gueguen
Une interview exclusive du fondateur (1828 - 1910)
de la Croix-Rouge.

Henry Dunant :
"Je n'étais pas un prophète"

Présence Croix-Rouge : Qui était le jeune
Henry Dunant ?
Henry Dunant : Comme tout enfant de la
bourgeoisie genevoise, je fus élevé dans
le protestantisme et la charité. Une cha-
rité bien ordonnée qui profitait à
quelques familles déshéritées. Tous les
dimanches, nous quittions en famille,
notre propriété de la "Monnaie" pour
nous rendre à Plain-Palais (NDLR: A
l'époque, l'un des quartiers pauvres de
Genève) soulager les misères honteuses
de nos contemporains. J'ai toujours bai-
gné dans cet esprit de charité; une chari-
té spécifiquement "suisse". A tel point
qu'à l'âge de 20 ans je créais avec
quelques amis l'association des "Samari-
tains de la PaLx" que nous rebaptisions
rapidemment "l'Union Chrétienne". La
branche américaine connût et connaît
d'ailleurs toujours un essor considé-
rable : le fameux YMCA. A l'époque, je
voulais même devenir pasteur...
ment avant mon "Souvenir de Solférino"
(NDLR:Ouvrage de référence de Dunant
sur la necessité de protection des bles-
sés de guerre),définissait dans le contrat
social la neutralisation des soldats bles-
sés. Mon illustre ancêtre a joué un rôle
capital tout d'abord dans mes rêveries,
puis dans mes choix et mes décisions.
P.C.R.: Quand vous est venue l'idée de la
Croix-Rouge?
H.D.: Tout le monde le sait! Aprés avoir
découvert les horreurs de la bataille de
Solférino. Napoléon III,au côté des
sardes, guerroyait contre les autrichiens
pour la libération de l'Italie. Carence des

P.C.R. : Vous définissiez vous déjà

comme mondialiste ?

H.D.: D'une certaine manière oui. L'es-

prit de la deuxième partie du XIXème
siècle était pétrie d"'humanité"... Vous
rappelez vous de Victor Schoelcher et
l'abolition de l'esclavage ou encore de
Louis Pasteur et son fameux ";e ne te
demande pas quelle est ta race ou ta reli-
gion, mais quel est ta souffrance"...les
grands courants de la pensée humaniste
se sont à cette époque développés de services de santé des différentes armées,
manière considérable.... Ils ont, malgré des centaines de soldats mouraient faute
leurs contradictions, permis de poser le de soins. Pour moi, petit colon suisse en
cadre philosophique du XXème siècle Algérie, les images de toutes ces souf-
naissant. frances étaient insupportables. De la
Pour ma part, j'ai toujours été bercé dans misère, je ne connaissais fmalement que
le mythe de mon ancêtre, mon arrière l'approche aristotélicienne du blanc et
arrière grand oncle, Jean-Jacques Rous- du noir, L'approche sociale, celle de
seau, qui en 1762, soit 100 ans exacte- Plain Palais, ou la vie décide qu'il y a

des pauvres et des riches, et que les
riches se doivent d'aider les pauvres. Je
n'avais jamais connu le sang versé et
étais à cent lieues d'imaginer que des
hommes pouvaient se faire autant de
mal en si peu de temps... Pire, je détes-
tais le discours des militaires qui au
terme d'une bataille, tout en convenant
que la guerre était horrible, comptabili-
saient les pertes et, statistiques en main,
préparaient l'affrontement suivant...
C'est donc en Italie, aprés l'une des plus
meutrières batailles que m'est venue
l'idée de créer un corps d'hospitaliers
bénévoles qui sur les terrains d'engage-
ments et à l'arrière, dans des hôpitaux
seconderaient les médecins et infir-
mières militaires, toujours débordés dès
que la guerre se faisait plus meurtrière.
P.C.R.: Pensiez vous que votre idée
aurait un tel écho ?
H.D.: Je n'en savais rien. La seule chose
en laquelle je croyais était mon idéalis-
me forcené . J'étais, à Solférino, révolté
par tous ces malheureux, français,
sardes et autrichiens, unis dans la même
détresse, dans la même agonie... En Cri-
mée aussi, des blessés par centaines
étaient morts, faute de soin. Mais les
anglais, eux, avaient au moins Florence
Nightingale et son équipe de dames
dévouée. Florence Nightingale, the
woman with the lamp, la femme à la
lampe, comme l'appelait le poète Long-
fellow...La concrétisation de la Croix-
Rouge revient sans nul doute à Gustave
Moynier qui aprés avoir découvert "un
Souvenir de Solférino" me dira "J'ai lu
et relu les pages de votre ouvrage. Ma
conclusion est la suivante : ces sociétés
ne sont nullement utopiques ; Nulle-
ment ! Avez vous songé à leurs réalisa-
tion-?" Je me souviens avoir répondu
"-Je suis un semeur d'idées...C'est tout."
C'est Moynier qui sera le fer de lance de
la création de la Croix-rouge. Moynier...
Un esprit religieux, mais surtout un
juriste, une tête froide et dont la froideur
se communique à son style, à ses lec-
teurs. Il avait en plus de l'habileté, de
l'entregent, du tact... Bref, il était l'in-
verse de moi... En 1863, le Comité des
Cinq que nous avions créé se réunissait
sous le nom de "Comité International et
permanent de secours aux blessés mili-
taires". 16 Etats approuvèrent nos vœux
FICTION
et nos suggestions. La Croix-Rouge était
née. La même année, le Président Lin-
coln donnait des "instructions pour le
comportement de l'armée des Etats-Unis
en guerre de sécession..." Un an plus
tard naissaient les premières conven-
tions de Genève, ma "mission" était ter-
minée...
P.C.R.: En allant à Solférino, vous sen-
tiez-vous investi d'une mission ?
H.D.: Mes admirateurs ont souvent ten-
dance à jeter un voile pudique sur les
apparences interressées de mon voyage.
En passant les Apennins, je n'étais pas
un prophète. En mai 1859, je me retrou-
vait face au gouffre noir de la Société des
moulins de Djémila dont on m'avait
confié, en Algérie, la responsabilité. Il
fallait, avant un mois, que je trouve de
nouvelles concessions, et des conces-
sions rentables, des mines de plomb par
exemple, pour éviter la faillite... Com-
ment les obtenir ? Il fallait frapper très
haut, à la porte de l'Empereur, mais
Napoléon III faisait la guerre en Italie...
Je pris mon courage à deux mains en me
disant qu'après tout Napoléon 1er se pré-
occupait bien, à Moscou, en plein incen-
die, du statut de la Comédie-Française !
J'étais persuadé que l'Empereur finirait
bien par soulever ses lourdes paupières
sur le rapport fraîchement imprimé de la
Société des moulins de Djémila, où
étaient énumérées toutes les raisons de
maudire l'inerte administration d'Alger !
Voilà pourquoi je suis allé en Italie. Sa
majesté ne me reçut bien évidemment
pas... Les grands desseins tiennent à
peu de choses !
Propos imaginés par Frédéric Joli
Lors de cet entretien-fiction, étayé par de nombreuses sources historiques,
dont la biographie de Jean Riverain, Henry Dunant élude les questions
ayant trait à la deuxième partie de sa vie, de 1864 à 1910. En 1870, il
participe néammoins au siège de la commune de Paris, soignant les prison-
niers allemands ou encore distribuant des caleçons longs en laine aux fac-
tionnaires communards transis de froid. Louise Michèle lui fait grande
impression, tout autant qu'elle l'effraie. C'est de cette époque que date son
ultime grande idée : L'élargissement de la protection des blessés de la
guerre aux civils. Après avoir sombré dans l'oubli et la misère, Dunant est
réhabilité et reçoit en 1901 le prix Nobel de la Paix. La gloire est courte et
tardive, il s'éteint à Heiden en 1910. Peut être acceptera-t'il dans un pro-
chain numéro de Présence de poursuivre le récit de son incroyable épopée .
BOUTIQUE
 Simone Bellenger
La mémoire de la Croix-Rouge
Par dessus tout, Simone aime la
Croix-Rouge. "-Que voulez-vous,
je l'ai toujours connue !... Quand
mon père a été blessé en 14 il fut
soigné et guéri par l'Association
des Dames de France, l'une des trois
branches qui constituera la CRF d'aujour-
d'hui."
Les Dames de France ont certainement
transmis leur passion à Simone. Dès
1943, elle est infirmière bénévolle à
Moulins. Elle fait ses études à l'école de
l'hôpital des Peupliers à Paris, puis en
1956 après quatre années en Indochine
sion des archives en faisant du bénévolat
à la bibliothèque de l'hôpital Henry
Dunant. Elle s'occupera ensuite de celle
du comité d'établissement où sa soeur
A Paris, lui succédera...
au 12 de la rue Toutes les archives dont j'ai hérité pro-
Chardin, dans un viennent essentiellement de la collection
du Directeur de l'Information de la CRF,
magnifique hôtel Charles Rouard-Watine qui de 1944 à
particulier légué 1974 a patiemment réuni, trié et classé
les correspondances, rapports, photos et
en 1920 à la affiches des actions de la Croix-Rouge
Croix-Rouge par les Française d'après guerre
époux Dieulafoy,
Depuis 1980, Simone Bellenger a repris
dorment les le flambeau
avec passion. Nul doute
archives de la CRF qu'elle aime ses archives, ses deux
Le temple a sa salles combles de souvenirs, où sur des
rayonnages s'empilent pêle-mêle (mais
gardienne... dans l'ordre !) quantité d'ouvrages et de
revues, tous référencés par fiches dacty-
lographiées. Exemple : Avec la dextérité
d'un "Personnal Computer", Simone
vous retrouve n'importe quel numéro de
Vie et Bonté (devenu Présence Croix-
Rouge en 1970) ou encore n'importe quel
papier ayant trait à l'action de la Croix-
Rouge pendant la révolte des boxers en
1900 ! Quand on lui demande comment
elle fait pour connaître aussi bien la
Croix-Rouge, elle laisse tomber un
modeste "je la connais, parce que c'est
moi qui ait rangé tout ça !"
S'il lui arrive de baisser les bras, c'est
pour regretter
que la Croix-
Rouge délaisse
un tantinet
ses archives.
Simone aime-
rait tant voir un
jour la docu-
mentation de la
CRF revalori-
sée, voire infor-
matisée. Depuis
1988, installée à "Chardin", dans l'hôtel
des Dieulafoy. La doc commence à avoir
une image professionnelle mais pour
Simone : "-Il manque avant tout un tra-
vail en profondeur de gestion. De plus il
faudrait que des historiens se penchent
sur les mines d'informations dont regorge
cet immeuble... A plus ample informée, je
crois que le dernier travail de recherche
historique remonte à 1936
En attendant, Simone Bellenger conti-
nue, avec deux autres bénévoles, à gérer
la mémoire de la Croix-Rouge... Une
mémoire qui sent le vieux papier, les
plaques argentiques, les pleins et les
déliés et la reliure plein-cuir.
Là-bas, même les objets inanimés ont
résolument une âme....
François Plagne
On a tous des raisons différentes d'avoir la même banque.

BNP. TOUT CE QU'UNE BANQUE PEUT VOUS APPORTER.

HERMÈS, PARIS.

HERMÈS
PARIS