Électrifica�on rurale: les Le poids des micro-réseaux dans la Haï�, un pays riche en

énergies renouvelables stratégie pour accroitre l’accès à poten�alité énergé�que

comme planche de salut l’électricité en Haï� renouvelable mal exploitée

DevHaïti
©

Le Magazine du développement

Énergies renouvelables:
entre grande poten�alité et exploita�on
modeste

#21
2020 -2030 Une décennie d’action Photo crédit: larepublica.co
28/1/ 2021
Une produc�on:

Ont contribué à ce numéro:

Acenel LAURENT, Claudie MARSAN, Gérard Junior JEANTY, Hansy MARS, Johnny JOSEPH, Kesner PHAREL,
Patrick SAINT-PRÉ, Dieudonné Joachim, Claudine ANDRÉ, Bélony BIEN-AIMÉ.
Éditorial
Électricité 24/24 : les coûts risquent d’être plus élevés que
les bénéfices
S ur les neuf millions de Caribéens n’ayant pas accès
à l’électricité au niveau de la sous-région, sept
millions se trouvent être des Haï�ens. On es�me que
seulement 30% d’Haï�ens ont accès au courant élec-
trique avec seulement 10% dans le monde rural. Cet
accès insignifiant à un facteur si fondamental pour
faciliter la croissance économique et le développe-
ment d’un pays explique en par�e les niveaux
persistants de pauvreté et d’extrême pauvreté sévis-
sant en Haï�. L’absence d’une véritable poli�que
énergé�que alignée à une solide poli�que
économique cons�tue l’un des principaux freins au
développement du secteur industriel ainsi que des
Technologies de l’informa�on de la communica�on
(TIC).
Analysant la situa�on des pays les plus vulnérables et
les moins résilients au cours de la pandémie
Covid-19, les experts du Forum économique mondial
ont reconnu dans le rapport 2020 sur la compé��vité
mondiale que l’économie numérique représentait un
élément crucial pour faire face aux chocs causés par
la crise sanitaire mondiale. En effet, les pays
disposant de solides infrastructures énergé�ques et
technologiques ont permis à leurs citoyens de
s’ajuster par rapport aux contraintes créées par le
confinement adopté dans la grande majorité de pays
à travers le monde. Ceci a permis à certains secteurs
comme l’économie, l’éduca�on, la santé,… de
fonc�onner à distance à travers le télétravail, l’école
virtuelle et l’« e-health ». Les rédacteurs du rapport
ont indiqué que les pays dotés d’un solide écosys-
tème technologique seront beaucoup plus compé�-
�fs dans la période post-COVID. Un tel écosystème
dépend d’une offre électrique garan�e.
Ainsi, on pourrait bien comprendre l’obs�na�on de
M. Jovenel Moīse de marquer son mandat avec un
plus grand accès à l’énergie électrique. Mais la
grande ques�on est à quel coût? Dans le décret
budgétaire adopté par l’administra�on Moïse
Jouthe, il est prévu un financement de plus de
16 milliards de gourdes pour le projet électrique
phare du Président. Un financement qui sera fourni
par des banques commerciales garan� par la Banque
centrale. Des analystes pensent que ceci représente le
talon d’Achille du projet vu que sans de profondes
réformes structurelles dans le secteur électrique on
voit difficilement comment la compagnie électrique
publique, l’Ed’h, pourrait faire face à ses nouveaux
engagements financiers. Dans le décret budgétaire
pour l’exercice en cours, il est prévu plus de 15
milliards de gourdes de subven�ons au secteur élec-
trique. En plus de sérieux problèmes financiers
confrontés par la compagnie électrique, ce�e
dernière fait face aussi à d’importantes pertes tech-
niques au niveau du réseau.
Les problèmes financiers et techniques de l’Ed’H et la
culture de non paiement d’un groupe considérable
d’abonnés de l’entreprise ne laissent présager une
grande probabilité de réussite financière de l’ambi-
�eux projet du Président. En effet, au cas où le rem-
boursement de la de�e commerciale devrait rencon-
trer des difficultés de paiement, il faudrait s’a�endre à
des pressions sur les autorités financières et
monétaires pour payer la facture. Ceci accroîtra le
déficit budgétaire qui ne cesse de ba�re des records
au cours des trois dernières années. La moné�sa�on
de ce déficit par la Banque centrale causera des pres-
sions sur le marché local des changes et alimentera les
pressions infla�onnistes au niveau de l’économie
na�onale. A rappeler que le taux d’infla�on est
supérieur à 20% et a eu un impact très néga�f sur le
faible pouvoir d’achat d’un nombre considérable
d’Haï�ens.
Il faut vraiment craindre que la concré�sa�on de la
promesse du Président d’électrifier 24 heures sur 24
le pays avant la fin de son mandat ne coûte trop chère
à la popula�on si d’importantes mesures de gouver-
nance ne sont pas adoptées par les responsables de
l’Ed’H. La sauce pourrait se révéler, en fait, plus chère
que le poisson.
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 1
 Électrification rurale : les énergies renouvelables comme
planche de salut
Dr Rene Jean Jumeau, Directeur Exécu�f de l’IHE
H aï� ne représente qu’un quart de la popula�on
totale de la Caraïbe (44 millions d’habitants). Pourt-
ant, en ma�ère d’accès à l’électricité, le pays fait
pâle figure. Sur les 9 millions d’habitants de la
sous-région qui n’ont pas accès à l’électricité, 7
millions sont de na�onalité Haï�enne. Au fil du
temps, le fossé énergé�que, notamment électrique
entre Haï� et les autres pays de la zone, devient un
souci majeur pour les autorités et les acteurs privés
du secteur qui n’ont pas hésité à prendre les
devants. C’est le cas de la Coopéra�ve d’Électricité
de l’Arrondissement des Coteaux (CEAC) ou «Enèji
Pwòp» qui opère à Les Anglais, dans le Sud d’Haï�.
C’est dans ce contexte que «EarthSpark Internation-
al» en Haï�, une ONG qui finance des ac�vités de «
Enèji Pwòp» à Les Anglais, propose l’électrifica�on
intégrale comme moyen pour déverrouiller le poten-
�el rural du pays. Pour adresser le problème récur-
rent de la pauvreté énergé�que dans diverses com-
munes de la côte sud d’Haï�, «Enèji Pwòp» propose
des solu�ons basées sur des micro-réseaux intelli-
gents à l’énergie propre reposant sur l’engagement
communautaire à tous les niveaux, des compteurs
intelligents prépayés, la vente et déconnexion à
distance. Et aussi, l’offre de produits et services
connexes comme les lampes solaires, les ampoules
LED, des réchauds électriques améliorés.
«Outre de nombreux défis liés à l’absence ou le
manque d’infrastructures de base pour la logistique,
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 2
le transport du carburant sur les sites de production,
s’ajoute aussi un climat social instable qui n’aide pas
les potentiels investisseurs du secteur», analyse Wendy
Sanassee, directrice des opéra�ons de «EarthSpark
International» en Haï�. Selon elle, les manifesta�ons
en série, le blocage des routes, les «peyi lòk» sont des
obstacles auxquels s’ajoutent les calamités naturelles
comme ce fut le cas des dégâts causés par la tempête
Ma�hew en octobre 2016.
Dans pas moins de cinq ans, c’est-à-dire autour de
2026, l’entreprise prévoit l’installa�on de 24 microré-
seaux pouvant toucher jusqu’à 40 000 personnes,
toujours à l’énergie propre. Avec de telles avancées, la
santé globale dans toutes les localités touchées, chez
tous les bénéficiaires, se trouvera améliorée. En réal-
ité, chaque projet, chaque réalité a sa propre histoire.
Depuis la mise sur pied en 2013 dans l’arrondissement
des Coteaux de la première coopéra�ve d’électricité
d’Haï� dénommée «Coopérative Electrique de
l’Arrondissement des Coteaux» ou plus couramment
CEAC, la réalité socio-économique a connu des bou-
leversements. La popula�on s’en réjouit d’ailleurs.
La pionnière de coopéra�ves haï�ennes d’électricité
fournit à ses abonnés 15 heures de courant électrique
par jour, soit de 8H du ma�n à 11H du soir.
Si la formule prépayée semble porter ses fruits, la
mini-centrale de la CEAC souffre cependant d’une
capacité de produc�on pour sa�sfaire la demande sans
cesse croissante dans les trois communes de
l’arrondissement – à savoir Coteaux, Roche-à-Bateau et
Port-à-Piment – et le coût d’exploita�on des opéra�ons
pour devenir rentable.
Les projets PHARES et ERAF de l’État
L e Programme haï�en d’accès des communautés
rurales à l’énergie solaire dénommé PHARES a été
lancé en septembre 2020. Il est mis en œuvre par
l’Agence na�onale de régula�on du secteur de
l’Énergie (ANARSE), le ministère des Travaux publics,
Transport et Communica�ons (MTPTC) à travers sa
cellule Énergie et l’Unité Technique d’exécu�on du
ministère de l’Économie et des Finances.
L’Électrifica�on rurale et autonomisa�on des
femmes (ERAF) est un projet piloté par l’Etat haï�en
avec le sou�en du Programme des Na�ons Unies
pour le développement (PNUD) et le financement du
Un bailleur spécifique
U ne des sources de financement de ces projets
d’électrifica�on rurale dans le pays, est l’OGEF (Off
Grig elec�city Fund) c’est-à-dire un fond des�né à
l’électricité hors-réseau. Le budget actuel de ce�e
ins�tu�on est de 1,5 million de dollars, à terme, son
objec�f est de connecter quelque 200 000 foyers et
entreprises haï�ens en inves�ssant dans des entre-
prises de distribu�on d’électricité commercialement
viables.
La réalité du monde rural
N icolas Allien de la cellule Énergie du MTPTC croit
qu’il faut absolument changer de statu quo. Ce�e
structure éta�que entend transformer le mix de
produc�on d’électricité à base de combus�bles
fossiles, peu fiable et coûteux, en un système
énergé�que moderne et durable reposant sur
diverses sources d’énergie, principalement les éner-
gies renouvelables domes�ques pour améliorer la
qualité des services d’électricité dans tout le pays.
«Il s’agit pour les autorités de procéder au renforce-
ment et à l’expansion des réseaux métropolitain et
gouvernement japonais. Les priorités du gouver-
nement dans le cadre de ce projet consistent à accroi-
tre le taux d’accès à l’électricité dans le pays. Il est par
ailleurs conforme au sep�ème ODD, c’est-a-dire garan-
�r l’accès à une énergie abordable, fiable, durable et
moderne à coût abordable.
Trois communes du département du Nord-est sont
concernées par l’ERAF, Mont-Organisé, Capo�lle et
Valières. Trois mini-réseaux à base d’énergie solaire
photovoltaïque seront installés dans les communes en
ques�on.
Les fonds de l’OGEF sont gérés par le Fonds de Dével-
oppement industriel (FDI) et Bamboo Capital Partners,
qui fournit une exper�se interna�onale dans l’électric-
ité hors-réseau. Selon un représentant de cet organ-
isme, Laurent de Dalencourt qui �ent à souligner que
les services de l’OGEF sont distribués aux operateurs et
développeurs privés de mini-réseaux qui proposent
dans leur produc�on au moins 50 % d’énergies renou-
velables.
régional. De plus, le MTPTC est en passe de déployer
des mini-réseaux opérés par le privé. Et la mise en place
de systèmes solaires en réseau pou connecter les habi-
tats dispersés», ont fait savoir différents experts de la
Cellule Energie du MTPTC qui intervenaient comme les
autres à l’atelier virtuel sur l’ «Accès aux services
énergétiques en milieu rural et semi-urbain d'Haïti :
Initiatives et prospections pour un développement
durable» organisé le 9 décembre 2020 par le MTPTC et
le PNUD avec le support technique du Group Crois-
sance.
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 3
 Idéalement ce serait bien d’avoir une grande
centrale gérée par un monopole public qui
produirait de l’électricité à distribuer dans les
foyers, le commerce, l’industrie. Mais dans le milieu
rural généralement les habitats sont dispersés. Et
qui pis est, historiquement les expériences ont
montré les limites du monopole public qui n’a pas
été rentable ni durable. Est-ce pourquoi dans les
pays de l’Amérique la�ne, dès le début des années
1990, on a ini�é des réformes en vue d’une ges�on
plus complexe.
Le coordonnateur de l’Ins�tut haï�en de l’Energie
(IHE), Dr René Jean Jumeau, montre que dans les
zones à habitats dispersés, comme c’est le cas dans le
milieu rural haï�en, il faut u�liser la proximité du
réseau ou un système de ba�eries rechargeables, ou
encore de pe�ts systèmes indépendants, soit des
lanternes, des lampadaires solaires pour les gens à
revenus les plus faibles. Le responsable de l’IHE a
beaucoup insisté sur l’ingénierie sociale qui doit
précéder l’aspect technique dans l’électrifica�on
rurale.

Les impacts de l’électrifica�on rurale sont mul�ples et considérables notamment en ma�ère de qualité de vie.
L’expérience de « Enèji Pwòp » montre que la sécurité ambiante se trouve renforcée la nuit, avec l’installa�on
de lampadaires. De nouvelles entreprises sont nées pour offrir des boissons fraiches de toutes sortes et condi-
�onner les aliments, protéger les récoltes ... Cela facilite du même coup la créa�on d’emplois. Dans la restau-
ra�on, la cuisson électrique rapide avec des réchauds améliorés, sans produire de fumées, tous ceux-ci cons�t-
uent une bouffée d’oxygène pour la protec�on de l’environnement.

Le poids des micro-réseaux dans la stratégie pour

accroitre l’accès à l’électricité en Haïti

En effet, 62 communes, soit plus de 40% des com-

munes du pays, vont être alimentées de manière
indépendante, à par�r des micro-réseaux, car n’étant
pas connectées au réseau régional de l’Électricité
d’Haï� (EDH).

« L’approche des micro-réseaux part du principe de

Dr Evenson Calixte, Directeur Général de l’ANARSE
la produc�on décentralisée consistant à installer la
produc�on très proche des centres de consomma-
�on », a déclaré le Dr Evenson Calixte, directeur
général de l’Autorité na�onale de régula�on du
secteur de l’énergie (ANARSE).

C es dernières années, pas moins de 8 micro-ré-

seaux électriques ont fait leurs preuves en desser-
vant presque fidèlement leurs clients disséminés un
peu partout à travers le pays, le plus souvent en
milieu rural et donc a priori dans des condi�ons
hos�les à la fourniture du moindre service de base.
Ce�e expérience susmen�onnée a sans nul doute
inspiré le plan d’électrifica�on 24 heures sur 24 du
gouvernement qui vise à garan�r l’accès à l’électric-
ité dans plus de 40% des communes du pays à par�r
des micro-réseaux.
Ce�e approche perme�ra à l’État haï�en, selon lui,
d’engranger une réduc�on des coûts et de respecter
la no�on de résilience prônée dans des zones
extrêmement sensibles aux ac�vités cycloniques,
comme c’est le cas en Haï�.
D’une part, les micro-réseaux éliminent les coûts du
transport puisque la produc�on se trouve à côté des
centres de consomma�on. En un mot il y aura la
produc�on, la distribu�on, sans oublier la consom-
ma�on, et d’autre part, il sera extrêmement difficile,

Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 4

voire impossible, pour les cyclones de détruire
en�èrement 62 micro-réseaux indépendants répar-
�s sur l’ensemble du territoire.
En cas d’ouragans violents, de type Ma�hew ou
Maria, les lignes de distribu�on du micro-réseau
peuvent être réparées rapidement puisque l'éner-
gie est générée près du point de consomma�on.
De plus, ce système est parfaitement adapté à un
scénario de changement clima�que, appelé à
provoquer des ouragans de plus en plus fréquents
et intenses. Or, Haï� est l’un des pays les plus
exposés aux catastrophes naturelles notamment
des ouragans, des inonda�ons et des tremblements
de terre.
Les communes de Coteaux, Roche-à-Bateau,
Port-à-Piment et des Anglais dans le Sud, des Irois
dans la Grand’Anse, et de Môle Saint-Nicolas,
Jean-Rabel et Bombardopolis dans le Nord-Ouest
Des accompagnements pour faire baisser le prix du kilowattheure
Pour me�re en place les infrastructures de basse et
de moyenne tension pour ces 51 micro-réseaux,
l’État va consen�r un inves�ssement de 30 à 35
millions de dollars américains. «Autrement dit,
l’État met le réseau en place. L’opérateur privé vien-
dra exploiter ce réseau-là pour arriver à la produc-
tion et faire les branchements», a précisé le direc-
teur général arguant qu’il s’agit d’une stratégie
pour s’assurer que le coût du kilowa�heure sera
abordable pour les ménages.
En outre, a informé Evenson Calixte, il existe un
deuxième mécanisme mis en place à par�r des
fonds provenant de la Banque mondiale et de la
Banque de développement des Caraïbes (CDB).
Dans le cadre du programme SREP, la Banque mon-
diale et la CDB ont respec�vement mis sur le tapis 4
et 2 millions de dollars qui vont être distribués aux
firmes sous forme de dons toujours à travers le
processus d’appel d’offres. «Les compagnies qui
auront choisi le mécanisme de la Banque mondiale
vont recevoir un montant correspondant au nombre
de connexions (clients)», a annoncé le directeur
général de l’ANARSE.
sont déjà dotées d'un micro-réseau de 150 à 300
kilowa�s tandis que 3 autres sont en construc�on à
Dondon, Chardonnières et Tiburon. Pour les 51
communes restantes, 21 firmes pré-qualifiées ont
manifesté leur intérêt à aider l’État à me�re en
place les 51 micro-réseaux.
Au total, les 51 micro-réseaux en passe d’être
installés alimenteront 80 000 ménages pour une
produc�on d’une trentaine de mégawa�s en moy-
enne. «Tous ces 51 micro-réseaux auront un fort
pourcentage d’énergie renouvelable qui avoisine
50% du total de l’énergie produit sur l’année. Pour
l’autre 50%, la compagnie aura le choix, suivant les
prix en vigueur, d’avoir un minimum de stockage ou
d’utiliser du diesel», a indiqué le Dr Calixte expli-
quant que l’État haï�en a d’abord opté pour un mix
solaire-diesel mais, grâce aux avancées tech-
nologiques, le diesel cédera sa place au fur et à
mesure à des ba�eries intelligentes.
En ma�ère de leçons apprises à par�r du fonc�onne-
ment des 8 micro-réseaux déjà existants, le Dr Calixte
dit constater que la technologie des compteurs
prépayés fonc�onne assez bien et qu’elle peut aider
à éliminer les prises clandes�nes. Il demeure
convaincu que le paiement de l’électricité est possi-
ble en Haï�. «Contrairement à Port-au-Prince, selon
lui, les habitants de Môle Saint-Nicolas, Jean-Rabel et
Bombardopolis se sont montrés prêts à payer pour le
service disponible.»
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 5
 Dossier spécial
DÉVELOPPEMENT DURABLE
ÉLECTRIFICATION RURALE
Intégrer les femmes dans l’équation énergétique
Marie Sophonie Louis, spécialiste en genre et social
L a tendance des mé�ers strictement réservés aux
hommes et les femmes tenues à l’écart est vigou-
reusement dénoncée par la gente féminine, dont
Marie Sophonie Louis, spécialiste en genre et social
à la Cellule Energie du ministère des Travaux pub-
lics, Transports et Communica�ons (MTPTC) et
Nahomie Milien, directrice générale du Centre
Kaizen.
Les deux femmes y voient des obstacles dans ce�e
percep�on séculaire qui mérite d’être enfin corri-
gée. Si elles prônent l’équité de genre pour
combler le fossé des opportunités entre les deux
sexes, force est de constater cependant que des
défis restent à relever pour parvenir à l’autonomis-
a�on des femmes dans le secteur de l’énergie.
Les programmes mis en œuvre par le ministère des
Travaux publics, Transports et Communica�ons
accordent une certaine marge de manœuvre à la
promo�on de l’équité de genre et l’inclusion sociale
à travers le pays. Ce ministère via sa cellule Energie
va jusqu’à faire obliga�on à ses nombreux
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 6
Nahomie Milien, directrice générale du Centre Kaizen
contractants et embaucheurs d’avoir un quota mini-
mum de 30% de femmes dans leurs recrutements à
tous les niveaux.
Des mesures sont également prises pour contrer les
violences basées sur le genre. Ainsi, un code de
bonne conduite est exigé des contractants qui font
affaire avec le MTPTC, de même qu’un mécanisme
de plainte est préalablement monté pour adresser
les éventuelles dérives en la ma�ère. De l’avis de
Marie Sophonie Louis, son ins�tu�on met les
bouchées doubles pour surmonter ces obstacles qui
nuisent aux femmes et à leur épanouissement
socio-économique.
En réalité, l’accès à l’énergie augmente le temps
que les filles peuvent passer pour étudier et leur
perme�re de boucler leurs études. Pour rétablir
l’équilibre et rendre jus�ce aux femmes et aux filles,
dans le cas spécifique du secteur de l’Energie, la
directrice générale du Centre Kaizen, Nahomie
Milien, recommande la formula�on de poli�ques
basées sur des données ven�lées par sexe, dont
l’améliora�on de la collecte de données
désagrégées par sexe.
En outre, la par�cipa�on des femmes à l’élabora�on
des poli�ques est vivement recommandée, aussi
bien dans les prises de décisions rela�ves notam-
ment à l’énergie renouvelable. Nahomie Milien n’a
pas hésité pour proposer des programmes ins�tu-
�onnels de forma�on, de tutorat axés sur les com-
pétences techniques, financiers et de leadership des
femmes. La créa�on de partenariats avec des entre-
prises du secteur privé géré par des femmes fait
aussi par�e des ingrédients pour valoriser le travail
de la gente féminine.
Le ministre des Travaux publics, Transports et Com-
munica�ons, Nader Joiséus, qui a pris la parole lors
de l’atelier virtuel sur l’ «Accès aux services
énergétiques en milieu rural et semi-urbain d'Haïti :
Initiatives et prospections pour un développement
durable» organisé le 9 décembre 2020 par le MTPTC
et le PNUD avec le support technique du Group
Croissance a vanté les mérites des ini�a�ves de
l’Etat. Il a par ailleurs mis exergue les atouts du
Programme haï�en d’accès des communautés rura-
les à l’énergie solaire (PHARES) lancé en septembre
2020 et surtout l’Electrifica�on rurale et autonomis-
a�on des femmes (ERAF).
L’ERAF est un projet piloté par l’Etat haï�en avec le
sou�en du PNUD et le financement du gouver-
nement japonais à hauteur de 5.7 millions de dollars
américains. Il est mis en œuvre dans trois
Accès à l’énergie et développement durable : ce qu’il faut savoir…
L ’accès à l’énergie est au cœur du développement
durable. Depuis la deuxième révolu�on industrielle
au XIXème siècle, notre quo�dien est quasi condi-
�onné par l’énergie, notamment l’électricité. Selon
l’Agence Interna�onale pour l’Energie (AIE), l’accès
à l’énergie implique «un accès fiable et peu cher» à
une première connexion à l’électricité avec un
niveau minimal de consomma�on et à un système
de cuisson propre. L’accès à l’énergie comprend
donc plusieurs enjeux tels que le prix de l’énergie, le
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 7
communes du département du Nord-Est : Mont-Or-
ganisé, Valières et Capo�lle. L’ERAF est en passe de
me�re en place un micro-réseau électrique d’envi-
ron 10 km de ligne dans chaque commune, avec
environ 2 500 u�lisateurs connectés à l’aide de
compteurs intelligents prépayés pour les trois com-
munes. Une fois les réseaux établis, le nombre de
branchements va augmenter en fonc�on de la
demande et la ges�on sera assurée par un Partenari-
at Public Privé (PPP) entre les différentes par�es
prenantes.
Le PNUD, par la voix de son représentant résident
Hiraldo del Cas�llo, informe que l’ERAF accentue le
rôle des femmes dans la promo�on et dans la fourni-
ture des services énergé�ques. En défini�ve, il
souhaite voir les efforts tant du secteur public que
du secteur privé abou�ssent en facilitant l’accès aux
solu�ons énergé�ques durables répondant aux
besoins de la popula�on.
Seulement 30% des Haï�ens ont accès à l'électricité.
Pire encore, cet indicateur chute à 10% en milieu
rural. N’en parlons pas pour les femmes qui doivent
affronter une société machiste et bourrée d’inégal-
ités. Les efforts pour a�eindre les ODD 5 et 7,
c’est-à-dire : «Parvenir à l’égalité des sexes et auton-
omiser toutes les femmes et les filles» et «Garantir
l’accès de tous à des services énergétiques fiables,
durables et modernes, à un coût abordable» pourra
aider Haï� à prendre la voie tant rêvée du dévelop-
pement durable.
financement des équipements, la distribu�on, le
changement d’échelle et les performances envi-
ronnementales.
Dans le contexte mondial actuel, il n’est pas
seulement ques�on d’accès à l’énergie tout court,
mais aussi de l’énergie durable et renouvelable.
L’énergie durable est celle qui est capable de répon-
dre aux besoins du moment présent sans comprom-
e�re la capacité des généra�ons futures à leurs
propres besoins.
 L’énergie renouvelable est une source d’énergie dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu’elle
puisse être considérée comme inépuisable à l’échelle mondiale. Ce sont des ou�ls de développement majeurs
Le problème d’accès à l’énergie dans le monde
A voir accès à de l’énergie pour répondre à des
besoins divers n’est pas toujours facile dans le
monde. Selon les Na�ons Unies, en 2019, 870
millions de personnes n’ont toujours pas accès à de
l’électricité. Plusieurs millions d’individus disposent
d’une alimenta�on électrique peu fiable et
onéreuse. Cependant, le nombre de personnes
accédant à l’électricité augmente d’environ 118
millions, toutefois parvenir à l’objec�f 7 de l’agenda
2030 nécessite plus d’efforts. Les personnes qui ne
bénéficient toujours pas de l’électricité se situent
dans des zones rurales ou dans des zones urbaines
mais pauvres. En effet, 87% des personnes qui n’ont
pas accès à l’électricité vivent dans des zones rura-
les.
Dans les pays développés, la totalité de la popula-
�on est considérée comme ayant accès à de l’élec-
tricité. L’Asie de l’Est et du Pacifique, le Moyen-Ori-
ent et l’Afrique du Nord ainsi que l’Amérique la�ne,
quoiqu’ils renferment beaucoup de pauvres, ont
tous a�eint un taux d’électrifica�on d’environ 97%
de leur popula�on. Seulement 108 millions de
personnes sont privées d’électricité dans ces
régions. Toutefois, les régions qui font face le plus
au problème d’accès à l’électricité sont l’Asie du Sud
et l’Afrique Subsaharienne. Ce�e dernière est en
2018, la région du monde la moins électrifiée même
Focus sur Haïti
E n Haï�, avoir accès à l’énergie, notamment
l’électricité, reste un grand défi pour le pays. Une
grande par�e de la popula�on haï�enne n’a pas un
accès fiable à l’électricité. Il existe de grands prob-
lèmes liés à la distribu�on et au contrôle de l’élec-
tricité. Beaucoup de consommateurs ra�achés au
réseau électrique sont illégaux. Les systèmes de
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 8
si le taux d’accès a presque doublé, passant de 21% à
37% entre 1993 et 2018.
Selon le rapport RISE de la Banque mondiale en
2018, un rapport sta�s�que sur les moyens adoptés
par les pays à travers le monde pour faciliter aux pop-
ula�ons l’accès à l’énergie durable, les pays ont
parcouru la moi�é du chemin qui les conduira à
l’a�einte de l’Objec�f 7 de l’agenda 2030. Il est établi
que le nombre de pays qui se sont dotés de cadres
structurants solides en ma�ère d’énergie durable a
plus que triplé entre 2010 et 2017, pour passer de 17
à 59. Parmi la totalité des pays couverts par le
rapport, 37% seulement s’étaient fixés un objec�f
na�onal de développement des énergies renouvela-
bles en 2010 alors qu’en 2017, ce taux a�eindrait
93% des pays du monde se sont donnés un tel objec-
�f dont Haï�.
Si une grande majorité des pays veut résoudre le
problème d’accès à l’électricité, ce n’est pas forcé-
ment le cas pour les cuissons polluantes. Ce
domaine, très important pour a�eindre l’ODD #7, est
souvent négligé par les pouvoirs publics. En 2019,
selon les Na�ons Unies, 3 milliards de personnes ne
disposent pas de technologies et de combus�bles
propres pour cuisiner.
distribu�on sont faibles, ce qui entrave le recouvre-
ment de l’Electricité d’Haï� (EDH), un organisme
public chargé de fournir et de distribuer l’électricité
surtout dans la zone métropolitaine. Ce�e incapacité
de recouvrer les droits sur l’électricité auprès des
citoyens, met l’Etat dans une situa�on déficitaire. En
effet, chaque année, l’Etat subven�onne à environ de
300 millions de dollars l’EDH, en dépit de tout,
l’accès à l’électricité reste probléma�que dans le
pays.
En 2016, selon la Banque Interaméricaine de Dével-
oppement (BID), un organisme au niveau de la
région Amérique la�ne et Caraïbes (ALC) qui
travaille dans le renforcement des capacités des
pays de la région, Haï� représente 25% du total des
personnes qui n’ont pas accès à l’électricité dans la
zone. Parmi les 11 millions haï�ens, 7.5 millions
n’ont pas accès à l’électricité, ce qui place Haï�
comme le troisième pays au monde avec un plus
faible taux de popula�on ayant accès à l’électric-
ité.Le marché haï�en se limitait à une produc�on
électrique d’environ 300 mégawa�s qui offre l’élec-
tricité à 30% seulement de la popula�on en zone
urbaine et 6% en zone rurale.
Pour leurs besoins en 2018, les ménages haï�ens
u�lisent plus de 70% de charbon de bois et de bois
de feu, ce qui occasionne des préjudices à notre
environnement. Seulement 1% de la totalité de
l’énergie consommée en Haï� est électrique. En
2018, Haï� est classé comme le plus faible consom-
mateur d’électricité au monde, seulement 38% des
foyers en Haï� avaient accès à l’électricité. Cela
contraste fortement avec la situa�on des autres
pays au niveau de la région, où au moins 96% de
leur popula�on sont couverts par l’électricité. Le cas
malheureux de notre pays peut bien s’illustrer
quand nous tenons compte qu’en 2018, sur 9
millions de personnes dans la Caraïbe qui n’a pas
accès à l’électricité 7 millions sont des haï�ens.

Source : Rapport RISE 2020

Cependant, en tenant compte les ressources dont nous disposons, que ce soit solaires ou hydroélectriques, la
situa�on peut être renversée, si l’Etat haï�en prend les bonnes mesures. Haï� dispose le plus haut niveau d’en-
soleillement du monde, suivi par l’Allemagne. En 2018, l’Allemagne est championne du monde en ma�ère de
longévité dans le domaine de l’électrifica�on. Selon l’Autorité Na�onale de Régula�on du Secteur de l’Energie
(ANARSE), une ins�tu�on publique créée en 2016 pour jouer le rôle d’arbitre dans le secteur de l’énergie en
Haï�, les dernières évalua�ons des ressources solaires en Haï� sont évaluées à 300 mégawa�s. Ce�e poten�al-
ité peut sa�sfaire jusqu’à 70% de la demande en termes d’électricité dans la région métropolitaine. Donc, l’Etat
devrait orienter le pays vers l’énergie solaire pour faciliter l’accès à l’électricité.

Du côté de l’énergie hydroélectrique, le pays dispose d’un gigantesque lac le Péligre, situé dans le département
du Centre, dont l’exploita�on jusqu’à présent reste inappropriée. Le dernier barrage du lac a été effectué entre
les années 1956-1957, la centrale est dotée de trois turbines d’une capacité de 15.5 mégawa�s chacune. Les
turbines sont en quan�té insuffisante et désuète, de grands travaux de réhabilita�on doivent être effectués
pour libérer l’énergie poten�elle du lac, afin qu’il puisse desservir une grande propor�on de la popula�on en
énergie.
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 9
 Haïti, un pays riche en potentialité énergétique renouvelable
mal exploitée
L es sources d’énergies renouvelables sont mul�-
ples en Haï� (solaire, éolienne, vagues marines, et
thermiques). Malgré tout, leur u�lisa�on dans la
matrice énergé�que du pays demeure négligeable.
D’après le Dr. Evenson Calixte, Directeur général de
l’Agence na�onal de régula�on du secteur de l’éner-
gie (ANARSE), environ 80% de la matrice
énergé�que du pays est cons�tuée par l’énergie
fossile.
Or, la biomasse (valorisa�on de déchets) dans le
pays est es�mée à 200 mégawa�s, l’énergie
éolienne à 100 mégawa�s, l’énergie solaire (photo-
voltaïque ou Off-Grid (système hors-réseau) à 300
mégawa�s, les centrales hydroélectriques, toutes
capacités confondues, à 250 mégawa�s.
Le dic�onnaire Larousse définit une énergie renou-
velable comme étant des formes d'énergie s’appuy-
ant sur des ressources inépuisables comme (le
soleil, le vent, les mouvements de l’eau, la chaleur
terrestre) ou se renouvelant rapidement à l’échelle
humaine (cultures, forêts), par opposi�on aux
sources d’énergies fossiles (pétrole, gaz naturel,
charbon, uranium), dont les stocks sont limités et
non renouvelables à l’échelle humaine.
L’énergie solaire peut contribuer dans la construc-
�on des micro-réseaux de produc�on et de distribu-
�on d’énergie électrique. Selon «Worldwatch Insti-
tute» (2014), le Lac Azuéi (Haï�) a un poten�el qui
fait de lui le site éolien le plus a�rac�f d’Haï�.
Et pourtant, d’après une étude de la BID, seulement
33% de la popula�on Haï�enne ont accès à l’élec-
tricité. Et dans les zones rurales, seulement 8 à 10%
de la popula�on ont accès à l’électricité. Pour ce qui
concerne l’énergie de cuisson, le charbon de bois
reste la source la plus u�lisée par la popula�on
haï�enne.
D’autres études ont montré des chiffres beaucoup
plus alarmants en ce qui concerne l’accès à l’élec-
tricité dans les zones rurales. D’après le Dr. Calixte,
sur chaque 100 personnes, seulement 5 ont accès à
l’électricité dans le milieu rural.
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 10
Ainsi, pour parvenir à augmenter la produc�on
d’énergie électrique dans le pays, l’ANARSE opte pour
une approche intégrée faisant une transi�on lente,
de l’énergie fossilifère à l’énergie thermique tout en
s’appuyant sur la produc�on d’énergie solaire apte à
faire diminuer la consomma�on des autres sources
d’énergie pendant la journée.
Plus loin, le DG a précisé que l’état haï�en opte pour
la créa�on de 45 micro-réseaux de produc�on à base
de l’énergie solaire dans des zones rurales reculées
du pays. Car, selon plusieurs experts, ils cons�tuent
une alterna�ve durable pour la produc�on
énergé�que dans les zones rurales du pays, en raison
notamment de l’éparpillement de la popula�on des
zones reculées.
Sans conteste, les énergies renouvelables offrent des
perspec�ves intéressantes tant sur le plan
économique, environnemental et social au pays. Car,
le coût de produc�on est plus bas, et la produc�on
du dioxyde de carbone (CO2) est rela�vement basse
par rapport aux énergies fossilifères qui elles, sont
plus chères et plus polluantes.
En outre, un inves�ssement suffisant dans les éner-
gies renouvelables est fondamental pour aider à
a�eindre l'objec�f crucial d’éviter une augmenta�on
de la température supérieure à 2 degrés Celsius.
Selon un rapport de la Commission économique pour
l’Amérique la�ne et les Caraïbes (CEPALC), «Inves-
tissement dans les énergies renouvelables, prix des
carburants fossiles et implications politiques pour
l'Amérique latine et les Caraïbes», datant de mai
2017, la produc�on d’électricité dans la région à
par�r du pétrole, de 1990 à 2012, est passée de
17.1% à 11.2% tandis qu’en Haï�, pour la même péri-
ode, elle a progressé de 20.6% à 86.1%.
Par ailleurs, ce�e étude en 2012 classait Haï� parmi
les pays 0% u�lisateurs de charbon pour produire
l'électricité, et a noté qu’avec 13.9% d’u�lisa�on
d’énergie hydroélectrique, le pays était à l’époque
largement en deçà de la moyenne régionale de
49.2%.
En bref
Lancement officiel des opéra�ons de la BNDA
Le président de la République, Jovenel Moïse, en
présence du Premier ministre, Joseph Jouthe et de
plusieurs membres du cabinet ministériel, des mem-
bres du conseil d’administra�on de la BNDA, des
associa�ons de producteurs et des acteurs du
secteur financier, a lancé, le jeudi 14 janvier 2021, au
centre de conven�on et de documenta�on de la
Banque de la République d’Haï� (BRH), la Banque
na�onale de développement agricole (BNDA). C’est
une banque qui sera prioritairement au service du
secteur agricole. Avec l’opéra�onnalisa�on de ce�e
banque, es�me le président Moïse, le pays est sur le
point de résoudre l’un des problèmes majeurs auquel
est confronté le secteur agricole: le financement.
Changer la manière de financer la santé en Haï�
«Si nous voulons résoudre les problèmes récurrents
du secteur sanitaire en Haïti, nous devons obliga-
toirement changer la manière d’investir dans le
système de santé», a affirmé Paul Farmer, médecin,
anthropologue et infec�ologue lors de la 4e édi�on
de l’émission les « Grands rendez-vous économiques
» du Group Croissance, diffusée sur radio et télé
Métropole. Le cofondateur et stratège en chef de
Partners in Health (PIH) (Zanmi Lasante, en créole),
une organisa�on interna�onale à but non lucra�f, a
adressé ce message non seulement au secteur
public, mais aussi aux organisa�ons non gouver-
nementales (ONG), aux églises et au secteur privé
des affaires.
Lancement du Prepoc 2020-2023
Le président de la République a lancé officiellement
et présenté, le lundi 11 janvier 2021, au Centre de
conven�on et de documenta�on Antonio André de la
Banque centrale, le Plan de relance économique
post-Covid (Prepoc) 2020-2023. Selon le chef de
l’Etat ledit plan cons�tue un nouvel ou�l de l’admin-
istra�on Moïse-Jouthe pour a�eindre des objec�fs
de croissance et de réduc�on de la pauvreté en Haï�.
Le gouvernement re�ent trois domaines d’accom-
pagnement : le renforcement de la gouvernance
administra�ve, le renforcement de la gouvernance
économique et financière et de la stabilité mac-
roéconomique, de l’améliora�on du cadre des
affaires et de la compé��vité de l’économie.
Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 11
Lancement d’une plateforme haï�enne sur le
marché boursier
Les responsables de la «Innovare capital investment»
ont lancé, le 4 janvier 2021, la première plateforme
haï�enne sur le marché boursier. Bap�sée «Innovare
trading academy», ce�e plateforme se donne pour
mission de former et d’accompagner les jeunes
Haï�ens voulant intégrer les plus grands marchés
boursiers dans le monde. Elle proje�e de les aider à
analyser tous les paramètres prédéfinis des op�ons
de négocia�on de ces marchés.
Les faibles performances économiques d’Haï� en
2020
Dans son rapport annuel pour l’année 2020 «Bilan
préliminaire des économies de la région pour 2020»,
la Commission économique pour l'Amérique la�ne et
les Caraïbes (CEPALC) a fait un tour d’horizon des
faibles performances de l’économie haï�enne dont
les principaux indicateurs macroéconomiques sont
au rouge, conséquences de l'impact subi par le pays
à la suite de la crise de Covid-19 notamment et a
esquissé une première es�ma�on de croissance pour
2021. Selon le document, les perspec�ves
économiques pour l'exercice 2021 tablent sur une
croissance du PIB de 2%, condi�onnée au lancement
de nouvelles ini�a�ves.
Chute de 48% des inves�ssements directs étrangers
en 2019
L’édi�on 2020 du rapport «Investissements étrangers
en Amérique latine et dans les Caraïbes» de la Com-
mission économique pour l'Amérique la�ne et les
Caraïbes (CEPALC), paru au mois de décembre, exam-
ine les montants des inves�ssements directs étrang-
ers (IDE) reçus par chaque pays de la région en 2019.
Sans surprise, Haï� se retrouve une fois de plus dans
le rôle du «Petit poucet» en ma�ère d’entrées d'IDE,
soit 48% de moins que l'année précédente (2018),
contrairement à la République dominicaine qui
conserve jalousement sa couronne de championne
de la sous-région des Caraïbes dans ce domaine.
Selon la publica�on, Haï� a reçu 55 millions de
dollars d'IDE en 2019, contre 105 millions de dollars
en 2018.
 Haï� encore à la traîne en ma�ère d’accès à Un nouveau président élu à la Banque de dévelop-
l’électricité pement des Caraïbes
L’édi�on 2020 du rapport RISE (Regulatory Indica-
tors for Sustainable Energy), une nouvelle publica-
�on de la Banque mondiale sur les progrès en
ma�ère de poli�que énergé�que à travers le monde
passe au crible les poli�ques de 138 pays dans
quatre domaines : les énergies renouvelables, l’effi-
cacité énergé�que, l’accès à l’électricité et l’accès à
des moyens de cuisson non polluants. En a�endant
l’adop�on des mesures visant à rendre l’électricité
plus abordable pour les usagers, Haï� figure encore
une fois parmi les pays accusant le plus grand retard
au niveau mondial dans le domaine de l’accès à
l’électricité. Bon dernier de la région Amérique Dr Hyginus (Gene) Leon : Président de la
la�ne et Caraïbes, Haï� ob�ent un score total de 29 Banque de développement des Caraïbes
sur 100.

La République dominicaine envisage de vendre de

l'électricité à Haï�
La République dominicaine, en passe de me�re fin à
son déficit de produc�on d'énergie, se prépare à
vendre, en cas de besoin, l’excédent de sa produc-
�on d'électricité à Haï�. C’est le président Luis
Abinader qui en a fait l’annonce lors de sa par�cipa-
�on à une émission télévisée. Selon le président
Abinader, ce�e opéra�on de vente, si Haï� le
demande, se fera par le biais d'un fonds de compen-
sa�on que plusieurs pays réaliseront.
La Direc�on générale du budget a son site web
Dans l’op�que de mieux informer le grand public et
les u�lisateurs des données budgétaires, le
ministère de l’Économie et des Finances (MEF), par
le biais de la Direc�on générale du budget (DGB), a
lancé le 21 décembre 2020 un site Internet.
Le www.budget.gouv.ht, de l’avis du directeur
général du budget, Jean-Michel Silin, voit le jour
dans un souci de transparence afin de rendre les
informa�ons budgétaires disponibles dans les délais
raisonnables pour le public. Par cet ou�l, l’organe
spécialisé du ministère de l’Économie et des Financ-
es s’engage à informer régulièrement les chercheurs
et tout autre consommateur des données rela�ves
au budget et à la finance publique.
L e Conseil des gouverneurs de la Banque de dével-
oppement des Caraïbes (CDB) a élu le Dr Hyginus
(Gene) Leon au poste de président, annonce un
communiqué en date du19 janvier 2021émanant de
l’ins�tu�on mul�latérale. La nomina�on du Dr Leon
prendra effet le 1er mai 2021. Il succédera au Dr
William Warren Smith, qui est à la tête de l’ins�tu-
�on financière régionale depuis 10 ans. Titulaire
d'un doctorat de philosophie en économie de l'Uni-
versité de Southampton au Royaume-Uni (Royau-
me-Uni), le Dr Leon cumule plus de 30 ans d'expéri-
ence dans le développement économique et a
travaillé avec le Fonds monétaire interna�onal
(FMI) pendant plus de 24 ans, en tant que chef de
mission pour les États du Golfe d'Oman, du Qatar et
des Émirats arabes unis ainsi que pour les Bahamas,
le Nigéria et le Zimbabwe.

Une produc�on de Group Croissance, AHJEDDD et Papyrus S.A. - Page 12

 10 faits et chiffres sur l’ODD #7
- Le secteur des énergies renouvelables a employé 10.3 millions de personnes en 2019 à
travers le monde.

- Chaque année, 118 millions de nouvelles personnes ont accès à l’électricité. Le monde
compte seulement 870 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité en 2019.

- 44 % de la popula�on totale sans accès à l'électricité vit dans des pays ayant une poli-
�que énergé�que durable solide.

- 50 % des pays fragiles et touchés par des conflits ont amélioré leurs poli�ques d'accès à
l'électricité entre 2017 et 2019.

- Plus de 40% de la popula�on mondiale, soit 3 milliards de personnes, dépendent de

combus�bles polluants et malsains pour cuisiner.

- 87% des personnes qui n’ont pas accès à l’électricité dans le monde vivent dans des
zones rurales.

- En 2018, Haï� est classé comme le plus faible consommateur d’électricité au monde,
seulement 38% des foyers en Haï� avaient accès à l’électricité.

- Parmi les 11 millions haï�ens, 7.5 millions n’ont pas accès à l’électricité, ce qui place
Haï� comme le troisième pays du monde avec un plus faible taux de popula�on ayant accès à
l’électricité.

- Haï� a le deuxième plus grand taux d’ensoleillement dans le monde après l’Allemagne.

- 30% seulement de la popula�on urbaine en Haï� a accès à l’électricité, ce taux est de 6%

en zone rurale.

Banque Mondiale RISE 2019

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