Le gouffre

Je suis loin, de l'autre côté. Je vois, je comprend, mais rien n'y fait, je ne trouve pas la passerelle,
celle qui me permettrait de les rejoindre. Ils me regardent, me comprennent-il ? En tout cas, ils
savent, ils savent que je suis loin d'eux. Ils pensent peut être que le chemin vers cette passerelle est
facile a trouver. Ils sont circonspect de voir mes actions frénétiques atterrir a côté d'eux, parfois je
les touches. Croyant que je me rapproche d'eux, je continu. En fait, je m 'éloigne, je creuse le
gouffre qui nous sépare. J'égraine le temps qui nous distance. Peut être qu'il l'est, ce chemin, facile a
trouver. En tout cas, dans des circonstances différentes, je connais même la direction, je la vois,
mais ce soir elle m'est cachée. Je me bat, pourtant, pour la trouver, comme un damné, mais que
voient-ils ? Je le sais, quelqu'un entre deux ages, quelqu'un qui est perdu entre deux passerelles, la
route vers l'avant lui fait peur mais celle en arrière brûle, c'est le temps qui l'a enflammée. Dans ces
efforts confus, parfois, je l'aperçois au loin, cette passerelle. Elle est floue, elle va et elle vient au
grès des mes efforts pour la trouver. Elle me nargue, elle sait aussi bien que moi que je ne la foulerai
jamais de mes pieds, pourtant j'essaye. Coûte que coûte.

Pierre Gonnet.