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Pour un dialogue entre recherche et clinique : une étude de cas autour de


l’alliance thérapeutique
par Yves DE ROTEN, Luc MICHEL et Daniel PETER

| Médecine & Hygiène | Psychothérapies

2007/1 - Vol. 27
ISSN 0251-737X | pages 37 à 45

Pour citer cet article :


— de Roten Y., Michel L. et Peter D., Pour un dialogue entre recherche et clinique : une étude de cas autour de
l’alliance thérapeutique, Psychothérapies 2007/1, Vol. 27, p. 37-45.

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Psychothérapies, Vol. 27, 2007, N° 1, pp. 37-45

POUR UN DIALOGUE ENTRE RECHERCHE


ET CLINIQUE:
une étude de cas autour de l’alliance
thérapeutique 1
Yves de ROTEN 2 , Luc MICHEL 3 et Daniel PETER 4

Résumé Mot-clés
Même si l’influence de la recherche sur la clinique tend à aug- Alliance thérapeutique – Recherche – Etude de cas – Psycho-
menter ces dernières années, cliniciens et chercheurs continuent de thérapie brève – Relation thérapeutique.
vivre dans des mondes séparés. Cette étude de cas cherche à mon-
trer par l’exemple comment un dialogue fructueux pour les deux
parties peut s’instaurer. L’alliance thérapeutique a été mesurée, pour Key-words
le patient et pour le thérapeute, après chaque séance de deux psy-
chothérapies psychodynamiques brèves à l’aide d’un auto-ques- Therapeutic alliance – Research – Case study – Brief psychothe-
tionnaire. Les thérapeutes ont ensuite cherché à voir les correspon- rapy – Relationship.
dances entre les épisodes de rupture-résolution de l’alliance et la
relation thérapeutique telle qu’ils l’ont vécue et pensée. Les condi-
tions d’une solide alliance entre recherche et clinique sont égale-
ment discutées.
Le manque de lien avec la clinique constitue le
Summary reproche le plus souvent formulé à l’égard de la
recherche en psychothérapie. Malgré quelques notables
Even though the influence of research over the past few years,
clinicians and searchers continue to live in two separate worlds.
exceptions, chercheurs et cliniciens travaillent dans
This paper’s aim is to show through an example how fruitful dia- des mondes séparés. Pour certains, cet état de fait est
logue can be established between the two parties. The therapeutic la conséquence d’une rupture épistémologique (les
alliance is assessed for patient and therapist after each session by
means of an autoquestionnaire. The therapists then looked for corres-
contraintes du naturalisme) et méthodologique (mise à
pondences between rupture and resolution of the therapeutic l’épreuve d’hypothèses) inhérente à la recherche, qui
alliance and relationship from their clinical viewpoint. The condi- l’éloigne définitivement du processus clinique ou qui
tions for a strong alliance between research and clinical practice are – au mieux – ne la rende compatible qu’avec des
also discussed.
approches thérapeutiques fondées sur des exigences
équivalentes. Ceci expliquerait pourquoi, en dehors des
thérapies comportementales et cognitives, l’influence
de la recherche sur la pratique clinique reste négli-
1
Ce projet de recherche est soutenu par le Fond National Suisse geable.
pour la Recherche Scientifique (FNRS), subside no 3200B0- Nous menons, à l’Institut Universitaire de Psycho-
100706. thérapie de Lausanne, une recherche sur le dévelop-
Une partie de cette étude a été présentée lors du congrès fran-
cophone de l’EFPP « Clinique et théorie – rupture et conti- pement de l’alliance thérapeutique au cours de psy-
nuité », Metz, 2-4 décembre 2005. chothérapies psychodynamiques brèves. Après chaque
2 Docteur en psychologie, responsable de l’Unité de Recherche séance, thérapeutes et patients évaluent l’alliance thé-
en Psychothérapie Psychanalytique, Institut Universitaire de rapeutique en remplissant un auto-questionnaire. A la
Psychothérapie, Lausanne.
3
fin de chaque séance, cinq minutes sont consacrées
Psychiatre, psychothérapeute, responsable de l’Unité d’Ensei-
gnement des Psychothérapies Psychanalytiques, Institut Univer- au remplissage des 11 questions du questionnaire
sitaire de Psychothérapie, Lausanne. d’alliance aidante de Luborsky (Alexander et Luborsky,
4 Psychiatre psychothérapeute, Lausanne. 1986 ; Le Bloc’h, de Roten et Despland, 2006). Les
38 Psychothérapies, 2007, N° 1

évaluations sont ensuite mises dans une enveloppe D’un autre côté, le développement de la notion
scellée et transmises aux chercheurs. d’alliance de travail ou alliance thérapeutique dans les
Du point de vue de la recherche, les résultats sont années 1950 implique la prise en compte de deux élé-
très intéressants. Ils nous ont permis, par exemple, de ments qui s’ajoutent à la relation transfert/contre-
mettre en évidence différents profils d’évolution de transfert : la réalité de la personne du thérapeute, et la
l’alliance thérapeutique en lien avec le succès thérapeu- rationalité (dans un sens instrumental d’adaptation à
tique (de Roten et al., 2004; Kramer et al., à paraître). En l’environnement) de certaines perceptions du patient.
étudiant les interventions du thérapeute favorisant Le développement s’est fait selon deux lignes :
l’établissement et le maintien d’une bonne alliance, 1. du point de vue du thérapeute, en considérant qu’il
nous avons également montré l’importance de l’adé- est essentiel pour le patient non seulement de se
quation entre ces interventions et les caractéristiques remémorer, mais également de revivre le passé
psychodynamiques du patient telles que les défenses problématique dans la relation thérapeutique. On
et les conflits (Despland et al., 2001 ; de Roten et al., pense en particulier à la notion d’« expérience
2005 ; Stigler et al., à paraître). émotionnelle correctrice » qui reconnaît et met en
Bien que ces résultats découlent d’une collabora- évidence la personne réelle de l’analyste ;
tion étroite entre cliniciens et chercheurs, la question
de leur utilité pratique pour le clinicien reste posée. Il 2. du point de vue du patient et dans la tradition de la
nous a donc semblé intéressant de confronter nos psychologie du moi, considérant que toutes les
modèles sur la base d’une étude de cas : un modèle réactions du patient sur la personne de l’analyste
ne sont pas uniquement des manifestations transfé-
de recherche basé sur la mesure de l’alliance théra-
rentielles mais également des aspects d’adaptation
peutique et un modèle clinique basé sur l’étude des
du moi à l’environnement.
mouvements transférentiels du clinicien apparaissant
dans ses notes. Le but n’est pas de valider l’une par
La notion d’alliance thérapeutique a acquis une
l’autre, mais de chercher en quoi ces deux points de
importance grandissante en psychothérapie depuis que
vue peuvent s’enrichir et amener à une meilleure com-
la recherche a pu démontrer de manière convaincante
préhension du processus thérapeutique.
et répétée son rôle dans la prédiction des résultats, pour
Après une brève présentation du concept d’alliance
différentes formes de psychothérapies et différents types
thérapeutique, nous présenterons deux cas, faits par de patients (pour une revue, Horvath et Bedi, 2002). La
deux thérapeutes différents. A chaque fois, nous nous plupart des thérapeutes reconnaissent l’impact de la
intéresserons plus particulièrement aux séances carac- qualité de la relation entre eux et leurs patients. A la cli-
térisées par un changement soudain et important de nique, l’alliance dit : « Regardez autour de vous » ; à la
l’alliance thérapeutique par rapport à la séance précé- recherche, elle rappelle que « tout est relationnel ».
dente, le clinicien ayant pour tâche de voir en quoi ces Chercher à définir l’alliance permet de défricher un
changements se reflétaient dans sa perception du pro- terrain sensible sur le plan clinique, et de contribuer à
cessus thérapeutique. l’étude empirique du processus thérapeutique en
fournissant des variables observables et cliniquement
pertinentes. C’est le plus généralement en termes de
L’ALLIANCE THÉRAPEUTIQUE collaboration mutuelle ou de partenariat (sense of
partnership) entre le patient et le thérapeute que se
Un débat autour de l’alliance agite toute l’histoire définit l’alliance. Elle implique des aspects de négo-
du mouvement analytique. Par principe, la psychana- ciation (qui fonctionne comme un « accordeur » des
lyse n’envisage la relation thérapeutique qu’en termes perceptions, des attentes et des actions des parte-
de transfert. Pour certains analystes, aucun aspect de naires, en particulier concernant les tâches à accom-
la relation dyadique n’est indépendant d’éléments plir au cours de la thérapie et les buts que celle-ci se
transférentiels et toute addition de concepts relation- fixe) et de mutualité (qui correspond aux différents
nels n’est utile ni pour la clinique, ni pour la théorie « accordages affectifs » – ou intersubjectifs – sur les-
(Brenner, 1979). quels se construit un lien affectif).
Pour un dialogue entre recherche et clinique : une étude de cas autour de l’alliance thérapeutique 39

Sandler, Dare et Holder (1975) en donnent une un processus relativement fluide caractérisé par des
définition clinique : « [L’alliance de traitement] repose séquences de rupture et de résolution (Bachelor et
sur le désir conscient ou inconscient de coopération Salamé, 2000 ; Safran et Muran, 2000). Ces derniers,
de la part du patient et sur le fait qu’il est prêt à accep- en particulier, ont développé un modèle clinique et
ter que le thérapeute l’aide à surmonter ses difficultés de recherche formalisé de résolution des ruptures de
internes. Ceci n’équivaut pas à suivre le traitement l’alliance qui interviennent naturellement dans toute
simplement pour acquérir du plaisir ou pour toute relation thérapeutique. En étudiant attentivement les
autre forme de gratification. Dans l’alliance de traite- échanges thérapeutiques durant les séances, leurs tra-
ment, il y a une acceptation du besoin de s’occuper vaux mettent en évidence : (1) le rôle dynamique joué
des problèmes internes et d’effectuer le travail analy- par ces moments de rupture, et (2) l’importance de la
tique malgré des résistances du sujet ou de son entou- relation thérapeutique dans l’ici et maintenant entre le
rage » (p. 33). patient et le thérapeute pour leur résolution.
Pour le clinicien, parler d’alliance thérapeutique Pour cette étude, nous avons repris le modèle des
pose beaucoup de questions dans la mesure où ce séquences de rupture-résolution. A partir des profils
n’est pas un mode d’intervention ou une technique d’évolution de l’alliance évalués par le thérapeute et
thérapeutique en soi. Une étude de Henry et al. (1993) par le patient (cf. figures 1 et 2), nous avons délimité
sur l’implantation d’une méthode thérapeutique fon- des séquences comprenant deux (ou plus) séances
dée sur la détection et le contrôle de l’alliance théra- consécutives de thérapie caractérisées par : (1) une
peutique a mis en évidence des résultats paradoxaux : brusque chute du niveau d’alliance (de plus d’un
les thérapeutes qui appliquaient le mieux la méthode écart-type et demi par rapport à la moyenne de l’alliance
étaient ceux qui obtenaient les moins bons résultats. pour toutes les séances), et par (2) un retour vers la
Dans la tradition psychodynamique, l’alliance agit moyenne au cours des séances suivantes. Une fois ces
principalement comme un catalyseur qui potentialise séquences délimitées, nous les avons communiquées
l’effet des interventions du thérapeute. Ainsi, lorsque au thérapeute afin qu’il cherche sur la base de ses
l’alliance est faible, la technique doit en tenir compte, notes les éléments cliniques caractéristiques corres-
soit par des interventions de soutien (Barber et al., 2001 ; pondant à chacune de ces séquences. Pour contraster
Gaston et al., 1998), soit en confrontant le patient avec les résultats, nous allons présenter deux cas, l’un ayant
ses résistances à s’engager (Piper et al., 2001). Cepen- eu une issue favorable et l’autre pas.
dant, les évidences empiriques manquent pour démon-
trer que les éléments techniques du thérapeute sont
plus efficaces dans un contexte d’alliance positive DEUX EXEMPLES
(Crits-Christoph et Connolly, 1999 ; Gaston et al.,
1998). Tout au plus a-t-on mis en évidence, en étudiant Cas A: Christiane
également les réponses du patient, que des processus
différents sont activés suivant le niveau d’alliance (Fitz- Christiane est une jeune étudiante en biologie.
patrick, Stalikas et Iwakabe, 2001). Elle consulte pour une recrudescence d’« attaques de
panique », selon ses termes, et de problèmes d’angoisse
depuis quelques mois. Elle prend des anxiolytiques
ÉVOLUTION DE L’ALLIANCE AU COURS DE LA PSYCHOTHÉRAPIE assez régulièrement. Partie en Angleterre pendant
quelques mois, sa symptomatologie a diminué.
L’étude de l’évolution de l’alliance au cours du trai- A son retour elle présente à nouveau des crises
tement a donné des résultats différents suivant le point d’angoisse dans les endroits clos. Elle ne s’explique
de vue adopté : lorsqu’on se base sur des moyennes, pas cette recrudescence de la symptomatologie puisque,
l’alliance montre relativement peu de changement au selon elle, tout est positif dans sa vie. A ceci s’ajoutent
cours du temps (Gunderson et al., 1997 ; Lengning, des crises de boulimie sans vomissement.
Puschner et Kordy, 2001), ou une augmentation de cer- Il s’agit d’une jolie jeune femme au contact facile,
taines composantes spécifiques uniquement (Luborsky, s’exprimant abondamment de façon légèrement démons-
2000). Par contre, l’examen de cas individuels montre trative. On relève des éléments de phobie, des idées de
40 Psychothérapies, 2007, N° 1

Figure 1 : Exemple 1. Evolution de l’alliance thérapeutique.

30
Patient

20
Niveau d'alliance

Thérapeute
10

-10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
Séances

Figure 2 : Exemple 2. Evolution de l’alliance thérapeutique.

35

Patient
25
Niveau d'alliance

15

5
Thérapeute

-5

-15

-25
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
Séances

dévalorisation. Evoquant sa famille, c’est pour elle un rer. Si elle décrit une mère plutôt couveuse, le père
« cocon idéal » : « Je suis incapable de donner un apparaît timide, craintif, ne croyant que peu en ses
défaut à mon père ou ma mère ». Toutefois, depuis capacités.
quelques mois, elle se vit un peu en rébellion, éprou- Elle décrit une relation sentimentale relativement
vant un sentiment d’oppression à la maison. Parlant de satisfaisante avec un jeune homme de son âge étudiant
sa relation à sa mère, elle se sent parfois dans une rela- à Milan. Les trajets sont l’occasion de crises d’angoisse.
tion inversée. Lorsqu’elle panique, sa mère le supporte La crise actuelle semble liée à une conflictualité
mal et se met à pleurer. La patiente doit alors la rassu- entre des désirs de dépendance et son désir d’autono-
Pour un dialogue entre recherche et clinique : une étude de cas autour de l’alliance thérapeutique 41

mie qui révèle des désirs plus œdipiens. Cette hypo- à des interventions autour de la dépendance : un bébé
thèse est choisie comme focus d’une psychothérapie seul perdu sur la route ou qui étouffe dans le ventre
brève à rythme hebdomadaire. maternel.
Cette première phase est marquée par une recru-
Point de vue de la recherche descence de la symptomatologie phobique. Sur le plan
transférentiel, elle ébauche un deuil du désir d’une
La figure 1 montre que les évaluations de l’alliance
position de complétude où tout est possible, le psycho-
de la patiente et du thérapeute diffèrent quelque peu.
thérapeute devant être à l’image d’une imago mater-
En moyenne, l’alliance est de 25.4 (s = 5.9) pour la
nelle bienveillante et sans besoin propre. Des interpré-
patiente, ce qui est considéré comme une alliance très
tations dans ce sens amènent un début de conflictualité
haute (de Roten et al., 2004), alors que pour le théra-
dans les séances et l’émergence d’une position plus
peute, la moyenne est de 13.4 (s = 5.7). Par contre, le
ambivalente.
profil général est très similaire entre les deux évalua-
Sa fixation sur le téléphone portable se déplace au
tions, avec une légère augmentation de l’alliance
besoin d’avoir toujours sous la main quelque chose à
entre début et fin du traitement.
manger ou boire.
Enfin au niveau des séquences de rupture et de
De façon concomitante, elle entre en conflit sur un
résolution de l’alliance, on peut distinguer chez la
mode un peu adolescent avec ses parents. Elle s’insurge
patiente au moins quatre séquences : (1) séances 2 à 5,
contre son père, jugé trop cadrant, ordonné et méticu-
(2) séances 13 à 17, (3) séances 17 à 19, (4) séances 19
leux, voire obsessionnel. Revient la question de la
à 21. Si le thérapeute ne perçoit pas de processus de
loyauté à la mère, de ses sentiments lorsque cette der-
rupture-résolution au cours de la séquence (1) du début
nière a été hospitalisée à l’occasion de la grossesse d’un
du traitement, il est ensuite totalement congruent avec
benjamin. Pointent son agressivité, son désir d’avoir
la patiente pour les 3 séquences suivantes. Patiente et
voulu être fille unique, rêvant d’un loup qui mange le
thérapeute semblent davantage accorder leur percep-
bébé dans le ventre de sa mère.
tion sur le processus (évolution de l’alliance au cours
Au cours de la Séquence 2 (séances 13 à 17), la
des séances) que sur le niveau général d’alliance.
prise de conscience du lien symbiotique à la mère, le
renoncement nécessaire à ce désir, amènent Chris-
Point de vue de la clinique
tiane à une position dépressive. Les interventions se
La séquence 1 (séances 2 à 5) correspond à une centrent autour des objets contraphobiques et visent à
première phase où les interprétations portent avant favoriser un mouvement d’internalisation de l’objet
tout sur la mise en évidence de la relation ambivalente maternel sécurisant. Ceci lui permet peu à peu
à la mère et de la rivalité. Le lien au désir œdipien est d’éprouver le sentiment qu’elle peut désirer par elle-
pointé en liaison à une peur enfantine. Le transfert même : les angoisses et phobies font place à une inter-
semble avant tout maternel. Dans les premières séances rogation sur ses désirs. La coloration du transfert est
est évoqué le tiraillement entre la petite fille émer- plus paternelle, le regard du psychothérapeute et le
veillée qui n’a pas envie de grandir et la nécessité d’un besoin de lui plaire sont associés à ceux du père et de
côté plus femme qui veut aller de l’avant. Ces deux l’homme. Les interprétations sont du registre œdipien :
facettes se conjuguent avec des images distinctes : une désir pour le père, rivalité à la mère. Ambivalence
imago maternelle d’une mère « enfant à peluches » et dans la relation sentimentale ainsi que début de son
le côté femme lié à la tante qui a été pendant de nom- expression dans le lien transférentiel.
breuses années un idéal de perfection. Sa dépendance La Séquence 3 (séances 17 à 19) correspond à une
au téléphone portable qui lui permet d’être connectée période marquée par plusieurs décisions : elle quitte
en tout temps à sa mère est interprétée comme un équi- son ami, prend un appartement indépendant. Ces mou-
valent de cordon ombilical. Au fil des séances émerge vements sont à voir plutôt comme des mises en acte
un malaise interprété sur un plan plus œdipien comme faisant suite à ses prises de conscience que comme des
l’expression de la conflictualité entre un désir de deve- acting out. Cette période de changements s’accom-
nir comme la « tante femme » et risquer alors le conflit pagne d’une recrudescence momentanée de la symp-
avec la mère. Toutefois, le matériel renvoie avant tout tomatologie qui évoque une forme de crise résolutive.
42 Psychothérapies, 2007, N° 1

Le processus parallèle entre la fin de la psychothérapie Les séquences de rupture-résolution de l’alliance sont
et la rupture sentimentale est relevé. La fin de la psy- relativement nombreuses. Deux premières séquences
chothérapie programmée renvoie à l’ambivalence et à (séances 4 à 6 et séances 9 à 11) sont perçues soit par
la séparation de l’objet œdipien. Ce mouvement s’accé- le thérapeute pour la première, soit par la patiente pour
lère par la mort d’une jeune amie et son enterrement. la seconde. Par la suite, trois nouvelles séquences
Cet événement traumatique la projette dans la réalité (séances 11 à 14, séances 15 à 18, et séances 24 à 28)
et la finitude de l’existence. sont perçues par les deux partenaires, même si ce n’est
pas exactement au même moment.
Par rapport au premier cas, plusieurs différences
Cas B: Sylvie retiennent l’attention : l’alliance est en moyenne plus
basse, les fluctuations sont plus nombreuses et les pro-
Sylvie, étudiante universitaire de 29 ans, consulte fils correspondent moins.
pour une humeur dépressive accompagnée d’une
anxiété dans le cadre d’importantes difficultés à termi- Point de vue de la clinique
ner ses études. Elle se décrit complètement bloquée La Séquence 1 (séances 4 à 6) correspond à des
depuis un an dans son travail de mémoire dont elle mouvements affectifs intenses accompagnés d’un
remet à plus tard la mise en route tout en se culpabili- acting-out. Sylvie décide de quitter Yves pour Pierre,
sant de ce comportement. Elle avait déjà connu des dif- alors qu’elle constate sa tendance à se couler dans les
ficultés semblables après un échec au baccalauréat qui désirs d’autrui, en particulier ceux de ses parents. On
l’avait amenée à interrompre ses études pendant un an. peut voir dans cette décision l’accomplissement déplacé
Deuxième d’une fratrie de six, elle décrit sa famille d’une volonté d’émancipation face aux parents et aux
au sein de laquelle elle vit encore comme une tribu à contraintes universitaires. Cet acting-out correspond
la fois dirigée et protégée par sa mère, femme au foyer aussi à un mouvement de résistance en ce début de
tandis que son père exerce une autorité distante. De for- psychothérapie, l’agir venant combler la frustration et
mation universitaire, ce dernier représente un modèle le manque. La séance 7 est manquée.
pour la patiente qui constate cependant que lui aussi La Séquence 2 (séances 9 à 11) est caractérisée par
connaît anxiété et inhibition à son travail. un mouvement transférentiel œdipien que le théra-
Tout en vivant depuis trois ans une relation sentimen- peute tente d’interpréter en relevant sa possible mise
tale plus sécurisante qu’amoureuse avec Yves qu’elle en rivalité avec Yves. Elle s’interroge sur l’influence
voyait les week-ends, peu avant le début de la thérapie exercée par son père, qui pourrait être un appui mais
elle retrouve Pierre, un ancien ami, qui l’entraîne dans qui suscite aussitôt chez elle un malaise lorsqu’il
une relation passionnelle qui lui fait momentanément répond à sa demande et se montre trop proche. Elle est
oublier ses soucis d’études. alors tentée d’adopter la position maternelle sacrifi-
Nous retenons comme hypothèse psychodyna- cielle qui se dévoue à ses enfants, thématique qui sera
mique le conflit entre besoins de dépendance et désir reprise en fin de psychothérapie. Du point de vue de
de réussite et d’autonomisation, conflit entre identifi- l’alliance, l’interprétation du transfert signalée plus
cation à la mère et satisfaction du désir paternel. haut n’est pas reprise par la patiente qui, mal à l’aise,
s’en dégage en associant sur sa relation au père alors
Point de vue de la recherche que le thérapeute estime que cette interprétation ren-
force l’alliance thérapeutique : le thérapeute serait-il
A nouveau, l’alliance est jugée en moyenne comme d’abord satisfait de lui-même ?
plus haute par la patiente (M = 18.2, s = 5.1) que par le La Séquence 3 (séances 11 à 14) est caractérisée
thérapeute (M = 4.8, s = 10.9), comme le montre la par l’élaboration d’un matériel plus archaïque, accom-
figure 2. Les profils sont relativement différents, parti- pagnée d’affects dépressifs et d’une ambivalence de la
culièrement durant les deux premiers tiers de la théra- patiente face au cadre thérapeutique : elle interprète
pie (séance 1 à 19). Contrairement au cas précédent, son choix d’occuper un emploi de nettoyeuse de WC,
l’alliance chute durant les dernières séances. alors qu’elle avait travaillé auparavant comme secrétaire
Pour un dialogue entre recherche et clinique : une étude de cas autour de l’alliance thérapeutique 43

intérimaire, comme un comportement d’« autoflagel- En d’autres termes, la compulsion de répétition l’a
lation ». Elle s’impose des activités dévalorisantes qui emporté sur le changement, l’attraction de la position
trouvent un écho dans son dilemme toujours présent masochique sur l’affirmation de soi, mais il est permis
entre son ami Pierre, qui symbolise l’ambition et la d’espérer que le gain d’insight soit une aide pour les
réussite, et son ami Yves qui représente le monde labo- choix ultérieurs de cette jeune femme.
rieux et plutôt conventionnel.
La Séquence 4 (séances 15 à 18) est marquée par
une accentuation des affects dépressifs. La patiente DISCUSSION
constate son refus de « faire partie du monde des forts »
et se sent pathétique avec ses besoins de dépendance. L’exercice de faire correspondre une mesure conti-
Elle évoque alors un souvenir qualifié de réconfortant : nue de l’alliance thérapeutique tout au long de la psy-
elle dormait dans la chambre de sa mère avec tous ses chothérapie avec la perception par le clinicien des
frères et sœurs, sans le père, comme dans un cocon mouvements relationnels met en évidence des phéno-
rassurant, asexué, à l’abri des contingences du monde mènes différents suivant les cas, et qui correspondent
réel. Elle exprime son ambivalence de façon très expli- avec le résultat du traitement.
cite : « Il est important de faire des études, mais il est Dans le cas A, qui évolue favorablement, les fluc-
important de ne pas les terminer ». tuations sont modérées et les épisodes de rupture-
Le thérapeute est sensible aux affects dépressifs de la résolution sont peu nombreux et discrets (c’est-à-dire
patiente, qu’il vit comme son impuissance à l’aider. Ce de courte durée). Les épisodes correspondent à des
sentiment est ensuite contrebalancé par un optimisme mouvements relationnels clairement identifiables qui
suscité par la bonne capacité associative de la patiente. correspondent bien à des étapes importantes du pro-
La Séquence 5 (séances 24 à 28) qui correspond cessus thérapeutique et qui font sens pour le clinicien.
aux dernières séances prévues initialement, est mar- Dans le cas B, dont les résultats à la fin du traite-
quée par des mouvements de résistance intenses : ment sont peu favorables, les fluctuations ne se pas-
séances manquées, désir exprimé que le thérapeute sent pas de la même manière : elles sont plus impor-
prolonge ses vacances pour retarder la reprise. Dans tantes en nombre et en intensité, et de plus longue
un premier temps, la patiente cherche à retrouver dans durée. La correspondance avec la perception de mou-
les séances un état régressif et a-conflictuel par un vements relationnels par le clinicien est également
mouvement transférentiel maternel (« Ici, ça me plonge plus ténue.
dans un état de réflexion agréable pour moi ») qui ne Le chercheur, s’il ne peut tirer de conclusion sur ces
résiste cependant pas à une confrontation à la compul- deux cas, constate tout de même que ces séquences de
sion de répétition. Tout comme autrefois sa mère rupture-résolution de l’alliance mettent en évidence
cédait à son refus d’aller à l’école tandis que son père des processus thérapeutiques différents. Leur simple
se fâchait, aujourd’hui elle fuit le travail grâce à des présence n’est pas un indicateur du succès thérapeu-
vacances impromptues avec sa sœur. tique, comme certains l’ont postulé (Stiles et al., 2004).
La fin de la thérapie est difficile. Déprimée et en Une étude systématique et contrôlée de ces séquences,
colère contre son thérapeute, Sylvie ne viendra pas à sur la base d’un nombre de cas suffisant, est nécessaire
la dernière séance, avant même qu’il soit possible de pour en décrire les différents types et en comprendre
discuter d’une éventuelle prolongation de la psycho- le rôle dans le processus thérapeutique.
thérapie. Ces dernières séances reprennent en l’ampli- Le clinicien, pour sa part, est frappé par la mise en
fiant l’alternance chez le thérapeute d’un sentiment de évidence sous forme graphique et quantifiable de
bonne alliance thérapeutique en raison d’un matériel mouvements relationnels qu’il perçoit intuitivement.
associatif souvent riche, et d’un sentiment d’échec en Ils traduisent ses impressions de nature diverse (affec-
réaction aux acting-out et aux séances manquées. Le tives, proprioceptives, etc.) qu’il ressent comme ses
thérapeute vit cette fin de thérapie comme un fil trop attitudes ou contre-attitudes transféro-contre-transfé-
tendu prêt à se rompre, tout en espérant que le « ça rentielles. Tout clinicien ressent que, lors de certaines
passe » finisse par l’emporter sur le « ça casse ». La fin séances, une interprétation touche son patient et
brutale signe l’impossible restauration de l’alliance. ébranle son système de défense. Celui-ci le suit ou non
44 Psychothérapies, 2007, N° 1

dans cette nouvelle manière de voir son histoire ou recherche conceptuelle, fondamentale si l’on veut,
son vécu suivant que l’interprétation soit source d’un plutôt subjectiviste et qualitative, réalisée par les clini-
insight ou non. ciens sur la base principalement d’études de cas, et (2) la
Ce moment de décalage avec la narration jusque-là recherche empirique, ou appliquée, plutôt objectiviste
prévalente peut être mis en parallèle avec ces moments et quantitative, et réalisée sur la base des canons métho-
de continuité et de rupture qui apparaissent de manière dologiques de la science expérimentale. En psychana-
quantifiée. Ainsi le couple patient-thérapeute pourrait lyse, on observe que cette rupture d’ordre épistémolo-
être vu comme en tension constante où, tout en étant gique se concrétise dans le débat entre perspective
accordé, certains décalages sont nécessaires pour que anglo-saxonne et perspective francophone concernant
surviennent des changements. Ces décalages ne doi- la recherche (voir par exemple le débat entre Otto Kern-
vent toutefois pas être trop importants, faute de quoi le berg et Roger Perron dans un numéro récent de l’Inter-
lien est mis en danger. Traduits en termes métapsycho- national Journal of Psycho-Analysis paru en 2006).
logiques, ces moments d’interprétation sont concep- La question qui se pose dès lors, si l’on admet la
tualisés en fonction de la nature de son intervention, de nécessité de la recherche, est celle de la continuité
la conflictualité prévalente à ce moment (œdipienne possible entre clinique et recherche. Pour Lester
ou préœdipienne) et du lien transférentiel explicité. Luborsky, un des pionniers et une figure de proue de la
Dans ces moments où le thérapeute se refuse à suivre recherche empirique en psychothérapie, un lien vital
simplement son patient, l’équilibre relationnel est en entre les principes de la psychothérapie psychodyna-
quelque sort cassé. Dans un deuxième temps, le déca- mique et la recherche clinique s’est développé au
lage créé laisse la place pour un nouvel accordage, à cours des dernières années (Luborsky, 2006). Il en veut
un niveau différent. Le danger est autant dans l’absence pour preuve l’influence grandissante de la recherche
de décalage que dans un décalage trop grand qui sur la pratique et la formation des thérapeutes. Quand
risque de conduire à la rupture. à la nature de ce lien, elle nous semble illustrée par ce
Ce qui frappe en outre le clinicien, c’est qu’il a, du dialogue du Talmud entre deux rabbins, l’un jeune et
moins dans ces deux exemples, tendance à évaluer l’autre expérimenté :
l’alliance moins favorablement que le patient. Est-ce
« – Pourquoi avons-nous deux oreilles et une seule
le signe que le thérapeute est enclin a suivre son
bouche ?
patient plutôt qu’à le précéder ?
– Cela veut dire que nous devons écouter deux fois
plus que nous devons parler. »
CONTINUITÉ ET RUPTURE
Difficile aujourd’hui de ne pas s’accorder sur la POUR UNE ALLIANCE ENTRE RECHERCHE ET CLINIQUE
nécessité, pour la psychothérapie et tout particulière-
ment pour la psychanalyse, de développer des activités La science bien comprise nous paraît procéder de
de recherche (Kernberg, 2006). Les bonnes raisons ne l’intégration judicieuse de résultats mis en évidence
manquent pas, que ce soit pour réexaminer et faire pro- par différentes méthodes dans différents contextes. Pour
gresser les connaissances, pour (r)assurer le public de avancer dans notre connaissance de la psychothéra-
l’efficacité et de l’efficience des pratiques nouvellement pie, construire une bonne alliance entre chercheur et
développées, ou encore pour renforcer les relations clinicien nous paraît indispensable, de manière tout à
avec les disciplines voisines et le monde académique. fait comparable à l’alliance de travail qui doit se
Pourtant, au-delà des bonnes intentions et des vœux construire, quelle qu’en soit la manière, entre patient
de principe, chercheurs et cliniciens vivent dans des et thérapeute. Le concept de « double description »
mondes hermétiquement séparés. Comment pourrait- (Bateson, 1984), qui repose sur le principe coopératif
il en être autrement, d’ailleurs, sachant les dangers que « deux descriptions valent mieux qu’une », nous
d’une trop grande proximité (réductionnisme, simpli- semble parfaitement représenter l’esprit de collabora-
fication, voire stérilisation de l’objet d’observation impli- tion qui devrait prévaloir. Dans ce cadre, les données
qué par les exigences naturalistes de la recherche, par de la clinique et de la recherche représentent deux
exemple). Il existe de fait deux types de recherche: (1) la descriptions différentes d’une même réalité et l’élabo-
Pour un dialogue entre recherche et clinique : une étude de cas autour de l’alliance thérapeutique 45

ration des différences permet de créer une description FITZPATRICK M.R., STALIKAS A., IWAKABE S. (2001) : Examining counse-
lor interventions and client progress in the context of the thera-
complémentaire, plus complexe et d’ordre logique peutic alliance. Psychotherapy, 38/2 : 160-170.
supérieur. Gregory Bateson donne l’exemple de la vision GASTON L. THOMPSON L. GALLAGHER D., COURNOYER L.G., GAGNON R.
binoculaire : la comparaison entre deux images planes (1998): Alliance, technique and their interactions in predicting
produit la perception du relief. outcome of behavioral, cognitive, and brief dynamic therapy.
Pschother. Res., 8/2 : 190-209.
Une relation interpersonnelle peut également être
GUNDERSON J.G., NAJAVITS L. M., LEONHARD C., SULLIVAN C.M., SABO
envisagée comme le résultat d’une double description A.N. (1997) : Ontogeny of the therapeutic alliance in borderline
où les partenaires confrontent sans cesse leur point de patients. Psychother. Res., 7/2 : 104-113.
vue. Cette conception pluraliste et ouverte enterre l’idée HENRY W.P., SCHACHT T.E., STRUPP H.H., BUTLER S.F., BINDER J.L.
(1993) : Effects of training in time-limited dynamic psychothe-
qu’il existe une seule vérité derrière tout comporte- rapy : Mediators of therapists’ responses to training. J. Cons.
ment humain, donc qu’il existe une seule méthode Clin, Psychol., 61 : 441-447.
pour découvrir et valider cette vérité. Sont ainsi reje- HORVATH A.O., BEDI R.P. (2002) : The alliance, in : Norcross J.C. (Ed.) :
tées l’attitude sectaire (je suis le seul à avoir raison) et Psychotherapy relationship that work (pp. 37-70). New York,
Oxford University Press.
l’attitude anarchiste (tout marche).
KERNBERG O. (2006) : The pressing need to increase research in and
L’effort que nous avons fait de confronter nos deux on psychoanalysis. Int. J. Psycho-Anal., 87 : 919-926.
modèles ne constitue que le premier pas. Un peu KRAMER U., DE ROTEN Y., BERETTA V., MICHEL L., DESPLAND J.-N. (in
comme si nous devions d’abord avoir de nombreux revision). Patient’s and therapist’s views of early alliance buil-
ding in dynamic psychotherapy : patterns and relation with out-
entretiens préliminaires avant de pouvoir établir une come. J. Couns. Psychol.
véritable alliance de travail permettant au clinicien LE BLOC’H Y., DE ROTEN Y., DESPLAND J.-N. (2006) : New, but impro-
peu à peu d’enrichir par cet apport son point de vue et ved ? Comparison between first and revised version of the hel-
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brief psychodynamic investigation. J. Psychother. Pract. and Res., CH-1008 Prilly
10/3: 155-164. E-mail : yves.deroten@chuv.ch

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