Vous êtes sur la page 1sur 9

Lexis MA ®

Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

Type Contenu pratique

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 7 octobre 2021

Thématique Société anonyme

Lien vers le document : https://www.lexisma.com/pratique/maroc/MA692

www.lexisma.com
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

Table des matières


1. Aperçu rapide ............................................................................................................................................................................. 3
2. Définitions et abréviations ......................................................................................................................................................... 3
3. Guidage pratique ........................................................................................................................................................................ 3
3.1. Conditions préalables à l’opération ............................................................................................................................ 3
3.2. Réserves pouvant être incorporées au capital ............................................................................................................. 4
3.2.1. Réserves .............................................................................................................................................................................. 4
3.2.2. Bénéfices ............................................................................................................................................................................. 4
3.2.3. Prime d’émission, prime d’apport et prime de fusion ......................................................................................................... 5
3.3. Déroulement de l’opération ........................................................................................................................................ 5
3.3.1. Valorisation de la société .................................................................................................................................................... 5
3.3.2. Détermination des caractéristiques de l’augmentation de capital ...................................................................................... 5
3.3.3. Modalités de l’augmentation du capital .............................................................................................................................. 5
3.3.4. Traitement des rompus ....................................................................................................................................................... 6
3.4. Réalisation de l’opération ........................................................................................................................................... 6
3.4.1. Conseil d’administration  .................................................................................................................................................... 6
3.4.2. Assemblée générale extraordinaire ..................................................................................................................................... 6
3.4.3. Faculté de délégation de pouvoir au conseil d’administration ............................................................................................ 7
3.4.4. Formalités juridiques requises ............................................................................................................................................ 7
3.5. Nullité ......................................................................................................................................................................... 7
4. Check-list ................................................................................................................................................................................... 8
5. Bibliographie .............................................................................................................................................................................. 8
5.1. Textes .......................................................................................................................................................................... 8
5.2. Ouvrages ..................................................................................................................................................................... 8
Auteur ............................................................................................................................................................................................ 9

2 www.lexisma.com
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

1. Aperçu rapide
L’augmentation de capital par incorporation de réserves est une opération de haut de bilan qui a pour effet d’augmenter le
capital social d’une société par un simple jeu d’écritures comptables et sans aucun apport préalable. D’un point de vue
comptable, une fraction (ou la totalité) des réserves comptables sera affectée au compte « capital social ». Dès lors, comme les
réserves comptables figurent en haut de bilan (au passif du bilan), cette opération n’a aucun impact sur les capitaux propres ou
le patrimoine de la société.  
Toutefois, malgré le fait que cette opération n’a aucun impact sur les capitaux propres ou le patrimoine de la société, une telle
opération peut présenter certains intérêts pour la société, notamment :

renforcer la crédibilité de la société auprès de ses créanciers et partenaires : dans certains cas, le capital social peut
faire office de « vitrine » de la société et un capital social constitué d’un montant important peut jouer en faveur de la
société dans certaines situations (classiquement, le capital social est considéré comme le gage des créanciers sociaux) ;
renforcer la situation financière de la société : en affectant une partie des réserves au capital social, les actionnaires
de la société ne pourront plus se distribuer de telles sommes aussi facilement. En effet, la distribution des sommes
issues des réserves ou des bénéfices peut se faire par le biais d’une simple décision de l’assemblée générale ordinaire. À
l’opposé, dès lors que de telles sommes ont été incorporées au capital social, leur distribution aux actionnaires ne peut
se faire que par des procédés plus complexes, notamment la réduction de capital non motivée par des pertes.

Par ailleurs, il est à noter que s’il existe des pertes comptables, l’augmentation de capital par incorporation de réserves devra
être précédée d’un apurement desdites pertes.
L’augmentation de capital par incorporation de réserves dans la SA est principalement régie par les articles 182 et suivants de
la loi n° 17-95.
Cette fiche a pour objet de préciser le régime juridique et les modalités de réalisation de l’augmentation de capital par
incorporation de réserves dans la SA à conseil d’administration ne faisant pas appel public à l’épargne afin que le lecteur
puisse avoir une visibilité claire des différentes étapes et des prérequis à une telle opération.

2. Définitions et abréviations
Loi n° 17-95 : désigne la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes, telle que modifiée.
Loi n° 5-96 : désigne la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en
commandite par actions, la société par actions simplifiée, la société à responsabilité limitée et la société en
participation, telle que modifiée.
SA : désigne la société anonyme.
Augmentation de capital par incorporation de réserves : désigne l’augmentation de capital par incorporation de
réserves, bénéfices et primes d’émissions.

3. Guidage pratique
L’augmentation de capital par incorporation de réserves requiert peu de conditions préalables (3.1). De plus, les « réserves »
pouvant être incorporées au capital social dans une telle opération sont nombreuses (3.2). Enfin, seront abordés le
déroulement et la réalisation d’une telle opération (3.3 et 3.4) ainsi que quelques hypothèses pouvant entraîner la nullité de l’
opération (3.5).

3.1. Conditions préalables à l’opération

Les conditions habituellement exigées lors de l’augmentation de capital en numéraire ne sont pas applicables à l’
augmentation de capital par incorporation de réserves, à savoir :

libération totale du capital sociale de la société : l’article 187 de la loi n° 17-95 dispose que « Le capital doit être
intégralement libéré avant toute émission d’actions nouvelles à libérer en numéraire, à peine de nullité de l’opération
». Dans le cas d’une augmentation de capital par incorporation de réserves, les nouvelles actions sont libérées par voie
d’incorporation de réserves, hypothèse différente de celle où les nouvelles actions sont libérées en numéraire ; 

libération du bien apporté : l’article 21 de la loi n° 17-95 dispose que « Les actions représentatives d'apports en
numéraire doivent être libérées lors de la souscription du quart au moins de leur valeur nominale. La libération du
surplus intervient en une ou plusieurs fois sur décision du conseil d'administration ou du directoire dans un délai qui
ne peut excéder trois ans à compter de l'immatriculation de la société au registre du commerce…  Les actions
représentatives d'apports en nature sont libérées intégralement lors de leur émission ». L’augmentation de capital par
incorporation de réserves n’est pas concernée par les hypothèses précitées, lesquelles concernent les augmentations de
capital qui sont libérées par un apport en numéraire ou par l’apport d’un bien en nature ;

agrément : l’agrément est un mécanisme qui a pour objectif d’éviter que des tiers n’obtiennent, sans le consentement

www.lexisma.com 3
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

agrément : l’agrément est un mécanisme qui a pour objectif d’éviter que des tiers n’obtiennent, sans le consentement
préalable des actionnaires, la qualité d’actionnaire au sein de la société. L’augmentation de capital par incorporation
de réserves est une opération purement comptable et n’implique pas, en principe, l’entrée de nouveaux tiers à la
société. Dès lors, l’application de la procédure d’agrément est exclue ;

droit préférentiel de souscription : le droit préférentiel de souscription est un droit de préférence accordé aux
actionnaires d’une société lors d’une augmentation de capital en numéraire afin de les protéger contre une dilution de
leur participation dans le capital de la société. Ce droit habilite les actionnaires à souscrire aux nouvelles actions
émises lors d’une augmentation de capital en numéraire et ce, afin de maintenir la proportion de leurs droits financiers
et politiques au sein de la société. Toutefois, l’augmentation de capital par incorporation de réserves n’aura pas lieu de
déclencher le droit préférentiel de souscription car une telle opération ne peut avoir pour effet de diluer les
actionnaires et l’ensemble des actionnaires de la société se verront (i) attribuer des actions gratuites nouvelles ou
(ii) augmenter la valeur nominale de leurs actions.

Toutefois, avant d’envisager une opération d’augmentation de capital, même par incorporation de réserves, le praticien se doit
de vérifier les engagements contractuels de la société et des actionnaires afin de s’assurer qu’aucun accord préalable ou
notification n’est préalablement requis à l’augmentation de capital. En effet, il est courant et classique de retrouver dans les
contrats de financement des engagements (covenants) de ne pas réaliser une augmentation de capital, même par
incorporation de réserves, sans l’accord préalable de la banque ou l’engagement de notifier une telle opération à la banque. Il
serait également judicieux d’analyser les pactes d’actionnaires conclus au sein de la société et ceux engageant la société afin
de s’assurer si des obligations sont déclenchées par une telle opération.
Enfin, il est à rappeler que, préalablement à l’incorporation des réserves au capital, les pertes de la société doivent être
absorbées.

3.2. Réserves pouvant être incorporées au capital

Techniquement parlant, la loi n° 17-95 évoque le terme d’ « incorporation au capital de réserves, bénéfices ou primes d’
émission ». Par conséquent, la société peut incorporer à son capital non seulement ses réserves, mais aussi son bénéfice et les
primes d’émissions figurant dans ses capitaux propres et issues de précédentes opérations.

3.2.1. Réserves

Les réserves d’une société sont constituées du résultat net bénéficiaire de l’entreprise qui n’a pas été distribué aux
actionnaires. En principe, à la fin de chaque exercice comptable, la fraction du résultat net bénéficiaire qui n’est pas distribuée
aux actionnaires est affectée à un poste de réserve. À ce titre, les postes de réserves les plus courants en pratique sont les
suivants :

la réserve légale : il s’agit des sommes qui doivent, en vertu de la loi, être prélevées sur le bénéfice net de chaque
exercice. Plus précisément, s’agissant de la SA, l’article 329 de la loi n° 17-95 dispose que sur chaque bénéfice net d’un
exercice, diminué le cas échant des pertes antérieures, un prélèvement de cinq (5) % (dudit bénéfice diminué des pertes
antérieures) doit être affecté à la constitution d’une réserve légale. Ce prélèvement cesse d’être obligatoire lorsque le
montant de la réserve légale excède le dixième (1/10) du capital social de la société. Par ailleurs, s’agissant d’une
réserve devant être obligatoirement constituée par la société, seul le surplus de la réserve légale, si existant, devrait
être incorporé au capital social dans le cadre d’une augmentation de capital par incorporation de réserves. En pratique,
il est rare que la réserve légale excède le pourcentage requis par loi et le surplus est généralement affecté à la réserve
facultative ;

la réserve statutaire : il s’agit des sommes qui doivent, en vertu des statuts, être prélevées sur le bénéfice net de
chaque exercice. À la différence de la réserve légale, cette obligation est d’origine statutaire (car elle figure dans les
statuts de la société). À l’image de la réserve légale, seul le surplus devrait être incorporé au capital social dans le cadre
d’une augmentation capital par incorporation de réserves ;
la réserve facultative : suivant l’affectation de la fraction correspondant aux réserves obligatoires (la réserve légale et
la réserve statutaire) et à la distribution des dividendes, les actionnaires peuvent affecter le reliquat subsistant à une
réserve dite facultative. L’assemblée générale ordinaire peut même refuser la distribution de dividendes et décider, à sa
seule discrétion, d’affecter le bénéfice distribuable d’un exercice à un poste de réserve facultative (à condition qu’une
telle décision ne soit pas constitutive d’un abus de majorité).

3.2.2. Bénéfices

Le bénéfice de la société est constitué du bénéfice net calculé à la fin de chaque exercice social. Toutefois, le bénéfice net
calculé à la fin de chaque exercice social doit être distingué du bénéfice distribuable. En effet, en application de l’article 330 de
la loi n° 17-95, « le bénéfice distribuable est constitué du bénéfice net de l’exercice, diminué des pertes antérieures ainsi que
des sommes à porter en réserve par application de l’article 329 et augmenté du report bénéficiaire des exercices précédents. ».
Pour résumer, la formule du bénéfice distribuable est la suivante :
Bénéfice distribuable = Bénéfice net de l’exercice – Pertes antérieures – Sommes à porter en réserves + Report bénéficiaire
des exercices précédents

4 www.lexisma.com
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

3.2.3. Prime d’émission, prime d’apport et prime de fusion

Pour rétablir une certaine égalité entre les « anciens actionnaires » et les « nouveaux actionnaires », la pratique a mis en place
la technique de la prime d’émission. Dans le cadre d’une augmentation de capital, il s’agit de la différence entre la valeur réelle
des actions émises par la société (et souscrites par les souscripteurs) et la valeur nominale desdites actions (pour plus de
précisions sur ce thème, voir fiche pratique intitulée l’utilisation de la prime d’émission dans les augmentations de capital).
Techniquement parlant, ce terme fait référence à :

la prime d’émission : lorsque la société procède à une augmentation de capital en numéraire, il s’agit de la somme d’
argent supplémentaire que les nouveaux actionnaires vont verser à la société. Cette somme d’argent est à distinguer du
montant de l’augmentation de capital (le montant de l’augmentation de capital équivaut à la seule valeur nominale des
actions émises) et sera affectée dans le compte « prime d’émission » ;
la prime d’apport : lorsque la société procède à une augmentation de capital par nature, la différence entre la valeur
réelle de l’apport et le montant de l’augmentation de capital sera égale à la prime d’apport (le montant de l’
augmentation de capital équivaut à la seule valeur nominale des actions émises). Cette différence de valeur sera
affectée dans le compte « prime d’apport » ;
la prime de fusion : lorsque l’augmentation de capital résulte d’une fusion-absorption, le terme utilisé sera « prime de
fusion » et constitue la différence entre la valeur d’apport de la société absorbée et le montant de l’augmentation de
capital de la société absorbante (pour plus de précisions sur ce thème, voir fiche pratique intitulée la fusion-absorption
entre SA / SARL / SAS).

3.3. Déroulement de l’opération

Malgré le peu de conditions préalables pour la réalisation d’une augmentation de capital par incorporation de réserves, une
telle opération requiert une préparation à l’avance.

3.3.1. Valorisation de la société

Avant d’envisager une opération d’augmentation de capital, la valorisation de la société souhaitant augmenter son capital
social par incorporation de réserves est nécessaire afin d’être en mesure de déterminer les caractéristiques de l’opération. L’
objectif est de déterminer le nombre d’actions nouvelles qui sera attribué à chaque actionnaire ou la valeur d’élévation des
actions de la société si l’augmentation de capital est réalisée par voie d’élévation de la valeur nominale des actions existantes.

3.3.2. Détermination des caractéristiques de l’augmentation de capital

Dès la valorisation de la société, les actionnaires et la société devront trouver un accord sur les éléments suivants :

le montant des réserves à affecter au capital social et le montant de l’augmentation de capital ;


le nombre total des actions à émettre par la société ou la valeur d’élévation des actions existantes de la société ;
traitement des rompus si l’augmentation de capital est réalisée par voie de création de d’actions nouvelles.

Conseil
Les actions nouvelles ne sont pas émises avec une prime d’émission. La fonction de la prime d’émission est d’introduire
une égalité entre les nouveaux actionnaires entrants et les anciens actionnaires de la société lorsque la valeur réelle des
actions a augmenté depuis la constitution de la société. S’agissant d’une augmentation de capital par incorporation de
réserves, la société n’accueille aucun nouvel actionnaire entrant par le biais d’une telle opération. Dès lors, l’émission
accompagnée d’une prime d’émission n’a aucune utilité dans une telle opération.

3.3.3. Modalités de l’augmentation du capital

L’augmentation de capital par incorporation de réserves peut être réalisée soit par élévation de la valeur nominale des actions
existantes (3.3.3.1) soit par une attribution gratuite d’actions nouvelles aux actionnaires existants (3.3.3.2).

3.3.3.1. Élévation de la valeur nominale

Cette technique a pour effet d’augmenter la valeur nominale de toutes les actions existantes dans la société et a le mérite de
ne pas créer de droits formant rompus au sein de la société. Par ailleurs, l’augmentation de capital par incorporation de
réserves par majoration de la valeur nominale des actions existantes ne requiert pas le consentement unanime des
actionnaires et ce, conformément à l’article 184 de la loi n° 17-95 (en principe, dans les autres types d’augmentation de
capital, la majoration de la valeur nominale requiert le consentement unanime des actionnaires).

www.lexisma.com 5
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

3.3.3.2. Attribution gratuite d’actions

Cette modalité d’augmentation de capital a pour effet d’attribuer gratuitement aux actionnaires des actions nouvelles émises
par la société et ayant une valeur nominale identique aux anciennes actions. En conséquence de l’augmentation de capital par
incorporation de réserves, les actionnaires se verront attribuer gratuitement des actions. Cette distribution gratuite d’actions
aux actionnaires doit être proportionnelle aux nombres d’actions déjà détenues par chacun. Par conséquent, aucun actionnaire
ne sera dilué lors d’une telle opération. Dès lors, chaque actionnaire détient un « droit d’attribution » lui permettant ainsi de
réclamer la distribution gratuite d’actions lors d’une augmentation de capital par incorporation de réserves et ce, afin de se
protéger contre une dilution.
En principe, ce droit d’attribution est négociable par les actionnaires dans les conditions prévues dans les statuts (ou dans les
conditions définies dans une décision de l’assemblée générale extraordinaire). 
Le nombre d’actions nouvelles à attribuer à chaque actionnaire se fait en fonction d’une parité déterminée par l’assemblée
générale extraordinaire. Toutefois, dans le cas où le nombre attribué d’actions n’est pas entier, des droits formant rompus
seront formés.

3.3.4. Traitement des rompus

Prenons l’exemple suivant : une société au capital social de 1.000.000 dhs constitué de 10.000 actions d’une valeur nominale
de 100 dhs chacune. Cette société dispose d’une réserve facultative de 400.000 dhs et souhaite l’incorporer au capital social par
voie d’une augmentation de capital par incorporation de réserves et par voie d’émission d’actions nouvelles. L’assemblée
générale décide d’attribuer 4 actions nouvelles par 10 anciennes actions détenues. Un actionnaire détenant 999 actions se
verra attribuer 399 actions nouvelles (999*4/10 = 399,6) et disposera de droits formant rompus.
Le droit marocain ne réglementant pas le traitement des rompus, certaines solutions peuvent être envisagées afin d’éviter une
telle situation, notamment :

préalablement à la réalisation de l’opération, les actionnaires peuvent ajuster le nombre d’actions détenues soit en
cédant quelques actions détenues soit en acquérant les actions manquantes pour obtenir un nombre entier d’actions
nouvelles suivant la parité prévue. Suivant l’exemple ci-dessus, l’actionnaire détenant 999 actions de la société peut
soit céder 9 actions soit acquérir une action de la société afin d’obtenir un nombre entier d’actions nouvelles ;  
une soulte (sous forme de versement d’espèces) peut être prévue pour compenser l’actionnaire ayant des droits
formant rompus insuffisants pour obtenir un nombre entier d’actions nouvelles.

3.4. Réalisation de l’opération

La réalisation de l’opération d’augmentation de capital par incorporation de réserves requiert la réunion d’un conseil d’
administration, lequel est suivi par la tenue d’une assemblée générale extraordinaire (3.4.1 et 3.4.2). Ensuite, le représentant
légal de la société (ou la personne dûment habilitée à cet effet) devra réaliser les formalités juridiques relatives à ladite
opération (3.4.3).

3.4.1. Conseil d’administration 

Un conseil d’administration doit être tenu afin de convoquer l’assemblée générale extraordinaire devant décider une telle
opération. En principe, le conseil d’administration approuve l’opération et arrête les modalités de l’augmentation de capital.
Enfin, ledit conseil devra préparer un rapport indiquant les « motifs et les modalités » de ladite augmentation de capital par
incorporation de réserves (L. n° 17-95, art. 186).
En principe, le délai de convocation de l’assemblée générale est de 15 jours pour les sociétés ne faisant pas publiquement
appel à l’épargne (L. n° 17-95, art. 123). Les modalités de convocation de l’assemblée générale extraordinaire doivent
scrupuleusement observer la procédure prévue par les statuts et les dispositions impératives de la loi n° 17-95 afin d’éviter le
risque de nullité de l’opération.
Pour rappel, c’est le conseil d’administration et non le président du conseil d’administration qui convoque l’assemblée
générale dans la société anonyme. Ce dernier effectue uniquement les formalités pour convoquer ladite assemblée.

3.4.2. Assemblée générale extraordinaire

Les règles relatives à la préparation de l’assemblée générale extraordinaire doivent être strictement observées afin d’éviter
tout risque de nullité de l’opération de l’augmentation de capital. À cet effet, il faut dans un premier temps se référer aux
statuts de la société et aux dispositions impératives de la loi n° 17-95.
Ce sont les actionnaires réunis sous forme d’assemblée générale extraordinaire qui décideront l’augmentation de capital. L’
assemblé générale extraordinaire « statue à la majorité des deux tiers des voix des actionnaires présents ou représentés » (
L. n° 17-95, art. 110, al. 3). La nuance est de taille avec la SARL où l’alinéa 3 de l’article 75 de la loi n° 5-96 précise que : « la
décision d’augmenter le capital par incorporation de bénéfices ou de réserves est prise par les associés représentant au moins
la moitié des parts sociales ». Une telle exception n’étant pas prévue dans la SA.

Dès lors, l’augmentation du capital par incorporation de réserves dans la SA est décidée à la majorité des deux tiers des voix

6 www.lexisma.com
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

Dès lors, l’augmentation du capital par incorporation de réserves dans la SA est décidée à la majorité des deux tiers des voix
des actionnaires présents ou représentés. S’agissant des règles de quorum, l’assemblée générale extraordinaire ne délibère
valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent la moitié des actions ayant le droit de vote sur première
convocation et le quart des actions ayant le droit de vote sur deuxième convocation (L. n° 17-95, art. 110, al.2). Toutefois, les
statuts peuvent renforcer le quorum prévu par la loi (L. n° 17-95, art. 114).
Pour rappel, la feuille de présence de l’assemblée générale extraordinaire devra respecter les mentions précisées à l’article 134
de la loi n° 17-95 et ce, à peine de nullité des délibérations de ladite assemblée (L. n° 17-95, art. 139).

3.4.3. Faculté de délégation de pouvoir au conseil d’administration

En principe, en application de l’article 186 de la loi n° 17-95, l’assemblée générale extraordinaire peut déléguer au conseil d’
administration le pouvoir de réaliser une augmentation de capital, après la décision d’augmenter le capital par ladite
assemblée.
Cette faculté de délégation trouve principalement son utilité en cas d’augmentation de capital en numéraire ou dans certains
cas où la libération des nouvelles actions ne se fait pas concomitamment avec la tenue de l’assemblée générale qui décide
ladite augmentation. Dans le cas de l’augmentation de capital par incorporation de réserves, la libération de l’apport est, en
principe, constatée dès la décision d’augmentation de capital prise par l’assemblée générale.
Enfin, conformément à l’article 188 de la loi n° 17-95, il est à noter que l’augmentation de capital doit être réalisée dans un
délai de trois (3) ans à compter de la date de l’assemblée générale extraordinaire qui l’a « décidé(e) ou autorisé(e) ».

3.4.4. Formalités juridiques requises

Dès la constatation de la réalisation définitive par l’assemblée générale de l’augmentation de capital, le représentant légal de
la société doit réaliser les formalités juridiques relatives à l’opération dans un délai de 30 jours suivant ladite assemblée
générale, à savoir :

enregistrement fiscal : conformément à l’article 128 du Code général des impôts (édition 2021), l’opération d’
augmentation de capital doit être enregistrée dans un délai de trente (30) jours à compter de la réalisation
définitive de l’augmentation de capital. Par ailleurs, en application de l’article 129-IV-23 du Code général des
impôts (édition 2021), « les actes de constitution et d’augmentation de capital des sociétés (…) réalisés par (…)
incorporation de bénéfices ou de réserves » sont exonérés des droits d’enregistrement ;
déclaration modificative au registre du commerce : conformément à l’article 50 de la loi n° 15-95 relative au Code
de commerce, « tout changement ou modification se rapportant aux faits dont l'inscription sur le registre du commerce
est prescrite par les articles 42 à 48 doit faire l'objet d'une demande d'inscription modificative ». Dès lors, le
représentant légal de la SA doit faire une demande d’inscription modificative (déclaration modèle 4) auprès du greffe
du tribunal de commerce du siège social afin de déclarer le nouveau montant du capital social ;
insertion de l’opération dans un journal d’annonces légales et au Bulletin officiel : cette étape a pour finalité de
rendre l’augmentation de capital publique et officielle via la publication de l’annonce au Bulletin officiel et dans un
journal d’annonces légales et ce conformément aux dispositions des articles 93 et suivants de la loi n° 5-96.

Conseil
S’agissant des documents à fournir pour la réalisation de chaque formalité, il est conseillé de prendre contact avec l’
autorité compétente (en fonction du siège social de la société) afin de s’assurer, et ce dès le début de l’opération, des
documents et du nombre d’exemplaires à fournir.

3.5. Nullité

Conformément à l’article 201 de la loi n° 17-95, la violation des dispositions contenues dans les articles 182 et suivants de la
loi n° 17-95 relatives à l’augmentation de capital « entraîne la nullité de l’augmentation de capital ».
Par ailleurs, il est à noter que l’opération d’augmentation de capital d’une SA peut faire l’objet d’une nullité en cas de non-
respect des dispositions relatives aux assemblées générales prévues au sein de la loi n° 17-95, et plus particulièrement en
application des articles suivantes :

Article 139 de la loi n° 17-95 : cet article consacre la nullité des délibérations prises en violation des articles 110, 111,
113 (alinéa 3), 117, 118 (alinéa 2) et 134 de la loi n° 17-95. Le juge ne dispose pas d’appréciation souveraine pour
qualifier la nullité en cas de violation desdits articles. La nullité s’impose au juge et il devra la constater.
Article 152 de la loi n° 17-95 : une assemblée générale pourra être annulée en cas de violation des dispositions
comprises dans le titre V, chapitre 1er , de la loi n° 17-95. Cette nullité est facultative et laisse place à l’appréciation
souveraine du juge. 

Enfin, les dispositions impératives relatives aux délibérations du conseil d’administration doivent aussi être strictement
observées afin de ne pas faire courir à l’opération « un risque de nullité de cascade ».

www.lexisma.com 7
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

4. Check-list
Analyse de la documentation contractuelle liant la société et les associés (typiquement les contrats de financement et
les pactes d’associés) afin de déterminer si l’opération d’augmentation de capital ne requiert pas l’obtention de
consentements préalables ;
Absorber les pertes de la société avant d’affecter les réserves au capital social ;
Valorisation de la société afin de déterminer les caractéristiques de l’augmentation de capital (montant des réserves à
affecter, choisir la modalité de l’augmentation de capital, etc.) ;
Envisager un traitement pour les droits formant rompus en cas d’attribution gratuite d’actions nouvelles ;
Convocation du conseil d’administration devant proposer l’opération d’augmentation de capital et convoquer l’
assemblée générale extraordinaire ;
Réunion du conseil d’administration ;
Établissement du rapport du conseil d’administration relatif à l’opération d’augmentation de capital ;
Convocation de l’AGE en vue (i) de décider et constater la réalisation de l’augmentation de capital, et (ii) de procéder à
la modification corrélative des statuts ;
Tenue de l’AGE ;
Légalisation du procès-verbal relatif à l’assemblée générale et des nouveaux statuts ;
Effectuer les formalités de l’enregistrement fiscal dans un délai de 30 jours ;
Effectuer la déclaration modificative au registre du commerce dans un délai de 30 jours ;
Insertion de l’opération dans un journal d’annonces légales et au Bulletin officiel dans un délai de 30 jours.

5. Bibliographie
5.1. Textes

Loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la
société à responsabilité limitée et la société en participation, telle que modifiée
Loi n° 17-95 relative à la société anonyme, telle que modifiée
Dahir formant Code des obligations et des contrats
Code de commerce (français)

5.2. Ouvrages

Traité marocain de droit des sociétés, par Mohamed El Mernissi : LexisNexis, 2019
Mémento pratique, Sociétés commerciales : éd. Francis Lefebvre, 2021

8 www.lexisma.com
Augmentation de capital de SA par incorporation de réserves

Auteur
Cabinet BELHOUCINE
Cabinet de conseil juridique

Principaux domaines d'expertise

Droit des sociétés


Droit boursier
Fusions et acquisitions / Capital investissement
Levées de fonds
Investissements étrangers

Biographie
Le droit des sociétés est une composante centrale et déterminante dans la réussite des stratégies financières et fiscales des
entreprises.
C’est pourquoi, le cabinet a décidé de se spécialiser en droit des sociétés (cotées et non cotées) afin d’offrir à sa clientèle un
conseil juridique et stratégique de haute qualité en la matière.
Le cabinet dispose également d’un savoir-faire en matière de fusions & acquisitions, et accompagne ses clients tout au long de
chaque transaction.

www.lexisma.com 9

Vous aimerez peut-être aussi