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Gilbert DROUIN | Michel GOU Pierre THIRY DE SAVIN SRM LA @tp ltl ako) Deuxieme édition revue et augmentée i = ee =) ARATE a EDITIONS DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE DE MONTREAL =LEMENTS DIE MACHINES Deuxiéme édition revue et augmentée CO Gilbert DROUIN Michel GOU Pierre THIRY Robert VINET avec la collaboration de Henri YELLE Youssef A. YOUSSEF EDITIONS DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE DE MONTREAL AVANT-PROPOS Ladeuxiéme édition d’Eléments de machines estla suite logique d'un travail commencé au début des années 80. En rédigeant la premiére édition, nous avions voulu offrir un manuel debase aux éleves du cours de génie mécanique de|'Ecole Polytechnique de Montréal. La nouvelle version aura sans doute un plus vaste public puisqu’elle répond, tout au moins partiellement, & la demande, souvent formulée, d'un ouvrage de référence plus complet. Ainsi,'édition revue etaugmentée propose-t-elle quatre nouveaux chapitres, une série de problémes et un index. Les cing premiers chapitres fontle lien entre la résistance des matériauxetles éléments de machines; ils exposent les théories de limitations en statique et en fatigue qui seront appliquées & l'étude des éléments proprement dits. Les chapitres sixa quinze présententles principaux types d éléments de machines: arbres, roulements, ressorts, vis de transmission, boulons, joints boulonnés, engrenages, trains d'engrenages, freins, courroies et chaines. Ces chapitres peuvent étre étudiés dans nlimporte quel ordre. Le chapitre seize, enfin, traite des lubrifiants, de leur composition, de leurs propriétés et caractéristiques, tandis que le chapitre dix-sept porte sur la tribologie, ou théorie de la lubrification. Le plan de chaque chapitre est le méme que dans la premiére édition. La théorie est présentée en premier lieu: elle permet de saisir les principes de base et les principales caractéristiques de I’élément étudié. Viennent ensuite des considérations empiriques qui permettent & ingénieur de faire un choix éclairé. Dans la plupart des cas, celui-ci devra €galement consulter des catalogues de fabricants: nous présentons l'occasion quelques pages types de ces catalogues dans le manuel. Les problémes proposés ont été regroupés alla fin du volume. Nous avons choisi de nepas donner les réponses, car, le plus souvent, il n'y a pas de solution unique a un probleme de design: la solution repose, en effet, sur les hypothéses de départ, qui peuvent varier selon les concepteurs. Nous tenons @ remercier particuliérement les professeurs Henri Yelle et Youssef A. Youssef pour les chapitres 14 a 17. Sans eux, ce manuel serait moins complet. Les auteurs Montréal, décembre 1986 TABLE DES MATIERES AVANT-PROPOS: Chapitre 1 : FACTEUR DE SECURITE. 1.1. Introduction 1.2 Résistance des matériaux 1.3 Contraintes 1.4 Facteurs de sécurité utilisés CONCENTRATION DES CONTRAINTES 2.1 Introduction 2.2 — Facteurs théoriques de concentration de contraintes 23 Méthodes utilisées pour connaitre les facteurs de concentration de contraintes 23.1 Théorie de 'élasticite 232 Photo-élasticité 233 Jauges électriques 234 Autres méthodes expérimentales: vernis craquelants, moiré 235 Méthodes analogiques 2.4 Moyens de diminuer les effets des concentrations de contraintes 25 Applications avec des charges statiques 25.1 Matériaux ductiles 252 Matériaux fragiles Chapitre 3 THEORIE DE LIMITATIONS EN STATIQUE 3.1 Introduction 3.2 Théories de limitations 321 Griteres d'écoulement (mateériaux ductiles) 322 _ Gritores de rupture (matériaux fragiles) CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES 4.1 Introduction 42 Pieces en matériaux ductiles 43. Pieces en matériaux fragiles " 1 12 12 12 13 14 15 5 19 2 22 31 35 35 39 Chapitre 5 THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE 5.1 Introduction 52 Résistance a la fatigue et limite d'endurance (Diagramme S-N) 5:3 Approximation du diagramme S-N pour les aciers 53.1. Approximation graphique 532 Approximation analytique 5.4 Valeurs approximatives des li d'endurance 85 — Facteurs affectant la limite d'endurance 55.1 Influence du fini de surface 552 Influence de la grosseur des pices 553 _ Influence de la fabilité ke 554 Influence de la température kg 55.5 Concentration de contraintes en fatigue ke 55.6 Autres influences kt 557 Remarques sur les facteurs attectant la ites 56 Résistance a la fatigue-contraintes non ‘completement renversées-diagramme de Goodman 56.1 Diagramme de Goodman modifié 562 Diagramme de fatigue relatif é un ‘matériau ductile en torsion pure 5.7 Cumul du dommage 57.1 Lol de Miner 5.72 Méthode de Manson modifiée 57.3 Cumul du dommage en présence de ‘contraintes non complétement renversées 58 — Résistance @ la fatigue-contraintes ‘combinées variables Chapitre 6 LES ARBRES 61 Introduction 6.1.1 Montage des éléments de machines ‘sur les arbres 61.2 Aciers qui entrent dans la fabrication des arbres 62 Critéres de résistance 62.1 Marche & suivre 622 Code ASME 623 Théorie du cisallement maximal (code Westinghouse) 62.4 Théorie de Von Mises-Hencky 625 Comparaison des trois méthodes 63 Critéres de déformation 63.1 Déformation laterale 632 —Méthodes de calcul de la déformation faterale 47 49 50 50 51 52 54 55 56 58 59 6 63 65 66 67 68 am 72 3 74 7 79 81 81 81 82 83 86 88 93, 94 94 633 Déformation en torsion 64 Vitesse critique de rotation. 6.4.1 Vibrations latérales 642 Vibrations de torsion 65 Montages 65.1 Montage a clavette 652 Montage a cannelures 653 Montages a force et retrait Chapitre 7 LES ROULEMENTS 7.1. Introduction 7.2. Types de roulements 7.3 Facteurs affectant le choix d'un roulement 7.4 Durée du roulement en fatigue 7.41 Relation entre la durée et la charge du roulement 742 Fiabilté 743 Charge radiate équivalente 75 Charge statique 76 _ Vitesse de rotation et charge variables 7.7 Choix du roulement a billes ou a rouleaux cylindriques 78 Usure 79 Montage des roulements 7.10. Lubrification des roulements 7.11 Dispositits d'’étancheité Chapitre 8 LES RESSORTS 8.1 Introduction 82 Classification des ressorts 83 Constante du ressort 84 Resorts hélicoidaux oylindriques 8.41 Contraintes induttes 8.42 _Affaissement du ressort 843 Energie accumulée dans un ressort 85 Resorts en compression 86 Resorts en tension 861 Contraintes dans les crochets 862 Tension initale 863 Nombre d'enroulements effectits (N) 87 — Matériaux qui entrent dans la fabrication des resorts 88 —Contraintes admissibles dans les spires des ressorts 881 Résistance ultime Suet résistance fen cisaillement Sey 882 Contrainte admissible en statique 96 97 97 100 100 100 103 104 113, 113, 115, 120 120 123, 125 129 129 131 133, 136 138 138 141 141 142, 144 144 148 149 149 153 153 154 155 155 156 157 158 ao 8.10 883 Contrainte admissible en fatigue Ressorts de torsion hélicoidaux Ressorts a lames 8101 Contraintes induites Chapitre 9 VIS DE TRANSMISSION a4 9.2 93 a4 95 96 a7 98 99 Généralités Analyse des forces Vis autobloquante Rendement de la vis, Frottement au collier Analyse des contraintes Verification du flambage Calcul de l'écrou Procédure de design Chapitre 10 , BOULONS — JOINTS BOULONNES 104 102 103 104 105 106 107 108 109 Boulons.généralités La constante élastique des boulons et des membrures Joint métal a métal: redistribution des ‘charges entre le boulon et les membrures. Couple de serrage Normalisation de la dimension des boulons Résistance des boulons Choix des écrous Résistance a la fatigue Joints avec une garniture 0.91 Genéraltes 10.92 Conditions 'étancheité 10.93 Analyse des forces dans un joint avec tune garniture 1094 Force intiale de serrage Chapitre 11 LES ENGRENAGES CYLINDRIQUES DROITS na 12 13 14 15 Introduction Géométrie des engrenages Propriétés de la développante de cercie Définitions et normalisation Etude du mouvement du point de contact 158 162 164 164 169 170 173 174 174 176 7 178 179 186 185 187 189 190 192 196 196 200 200 200 202 204 209 210 213 216 221 11.6 _Interchangeabilité des engrenages 11.61 Engagement pignon-crémaillére 1462 Engagement de deux engrenages identiques 11.63 Engagement de deux engrenanes lorsque Ns est connu (Ny < Na) 11.64 Engagement de deux engrenages lorsque Ne est connu (Ny 60°) 13.5. Frein 4 sabot long pivotant 13.6 Frein & segments (machoires) internes 136.1 Freina un seul segment 1862 Frein a double segment 137 Embrayage a disques 138 Embrayage acne 138.1 Cas de usure uniforme 4882 Cas dela pression uniforme 139 Matériaux de garniture 18.10 Dissipation d’énergie dans les freins 1310.1 Chaleur généréo 18.102 Chaleur dégagée 223 227 228 229 230 231 237 237 238 2a2 24a 247 247 253 253 259 268 273 273 275 277 278 279 286 289 289 292 297 301 302 302 303 303 305 Chapitre 14 LES COURROIES 14.1 Introduction 142 Généralités 143° Catégories de courroies 143.1 Courroies plates 1432 Courroies trapézoidales 14.4 Matériaux des courroies 14.5 Nomenclature et géometrie des courroies 1455.1 Rapport de vitesse 1452 Longueur de la courroie 146 Calculs des courroies 146.1 Analyse des forces 4462 Puissance transmise 1463. Contraintes induites 14.7 Conception d'une transmis: par courroie 147.1 Transmission par courroie plate 4147.2 Transmission par courroie trapézoidale Chapitre 15, LES CHAINES 16.1 Introduction 162 Généralités 152.1 Divers types de chaines 1522 Avantages et inconvénients des chaines 183 Géomeétrie d'une transmission par chaine 183.1 Nomenclature et dimensions 1832 Engrénement et etfet polygonal 1833 Calcul de la longueur 15.4. Conception et choix des chaines 15.4.1 Efforts appliqués sur une chaine 1542 Procédure de conception d'une transmission par chaine 1843. Critéres de fallite 15.5 Conditions de fonctionnement d'une transmission par chaine 15.6 Lubrification des chaines Chapitre 16 LES LUBRIFIANTS 16.1 Introduction 162 Les poudres séches 31 3 312 312 314 317 318 318, 319 320 321 323 323 325 325 328 345 345 345 348, 348, 352 354 354 354 363 364 366 373 373 163 164 162.1. USlisations 1622 Modes application 1623 Propristés Les graisses 163.1" Utiisations 1632 Composition 163.3 Proprietes 163.4 Classification Les huiles 164.1. Utlsations 1642 1643 Propretes 164.4 Classification Chapitre 17 TRIBOLOGIE 174 172 173 WA 175 176 77 Introduction Topographie des surfaces 172.1 Erreurs de surface 17.22 Instruments et techniques de mesure 17.23. Caractérisation des surfaces avec un proflographe Frottement 173.1 Historique 1732 Théorie de 'adhérence 1733 Théorie de ladhérence moditiée Régimes de lubrification 1TA1 Régime sec 17.42 Régime onctueux 1743. Régimes hydrostatique et hhydrodynamique 17.4.4 Régime élasto-hydrodynamique Calculs en régime hydrodynamique 175.1 Geométrie 1752. Theorie 1753. Solutions analogique et numérique 1754 Bilan thermique 4755 Discussion sur la solution analogique de léquation de Reynolds Calculs en régime onctueux 17.6.1 Régime de transition 17.62 Evaluation du trottement 17.63 Bilan thermique Conception des paliers lisses 1771 Matériaux des coussinets 3772 Rainures 1773 Jeu radia! 17.7.4 Rapport longueur/diamétre du coussinet 1715. Pression admissible 17.78 Epaisseur minimale du film de lubrfiant 374 374 375 376 a7 379 380 381 381 381 387 391 391 391 392 393 397 397 398 400 401 402 402 404 404 406 406 409 410 4ai7 423, 423, 423, 425 426 429 429 430 431 431 432 432 PROBLEMES Chapitre 2 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15, Chapitre 16 Chapitre 17, Annexe A JOINTS D'ASSEMBLAGE (fin du chap. 10) Annexe B 2 PROPRIETES DES MATERIAUX Annexe C FACTEURS DE CONCENTRATION DE CONTRAINTES Annexe D TOLERANCES ET AJUSTEMENTS D.1 Géneralités, definitions D2 Ajustements D3. Qualité de tolerance et procédé de fabrication BIBLIOGRAPHIE INDEX SYSTEME ANGLO-SAXON D'UNITES ET FACTEURS DE CONVERSION 437 440 446 453 462 467 an 480 486 493 500 502 503 504 505 508 512 520 524 525 526 534 536 538 544 Facteur de sécurité CHAPITRE 1___ 1.1 INTRODUCTION En génie mécanique, le terme facteur de sécurité désigne le rapport entre la résistance des matériaux et les contraintes induites dans les piéces. II exprime donc le rapport entre la capacité de charge d'une piece et les charges qu'elle supporte réelle- ment. On le représente généralement par le symbole FS. résistance du matériau FS contraintes induites, Le terme marge de sécurité est, lui aussi, tres souvent employé. Symbolisé parla lettre m, il est relié au facteur de sécurité par la relation m=FS-1 Pour déterminer le facteur de sécurité ou la marge de sécurité, il faut trouver la résistance de la piéce dans certaines conditions de sollicitation ainsi que la valeur des contraintes induites. On calcule la résistance du matériau en se servant de valeurs tabulées obtenues au cours d'essais normalisés a l'aide des théories de limitations en statique ou en fatigue exposées respectivement dans les chapitres 3 et 5. Les notions nécessaires au calcul de la valeur nominale des contraintes induites s'acquiérent généra- lement dans les cours de résistance de matériaux, et nous n’allons pas les revoir dans ce texte, Notons toutefois que ces contraintes doivent souvent étre majorées a cause des concentrations de contraintes. Il en sera question dans le chapitre 2. A premiére vue, il semble donc que le facteur de sécurité puisse étre calculé avec exactitude. Ce n'est cependant pas le cas : d'une part, l'évaluation numérique du facteur de sécurité ne tient compte que des valeurs moyennes des résistances et des contraintes; d'autre part, il faut considérer un autre aspect de la question, soit la variation statistique de ces deux variables. 1.2 RESISTANCE DES MATERIAUX Les manutacturiers indiquent les valeurs de la résistance des matériaux a la rupture et & écoulement. Ces valeurs sont le résultat d'essaisen traction simple sur un spéoimen normalisé. Méme dans ces conditions idéales, la valeur obtenue pour la résistance a la rupture, par exemple, n’est pas unique : elle varie a chaque essai. Les données obtenues sont souvent représentées sur un graphique semblable a celui dela figure 1.1. En abscisse, on trouve les valeurs des résistances et en ordonnée, le nombre de fois que chaque valeur a été obtenue. Notons que la résistance a la rupture du FACTEUR DE SECURITE Figure 1.1 — Distribution sta~ tistique des résistances (8) Figure 1.2 — Effet de tusure, delatempérature, etc., surlaré- sistance matériau est égale a la contrainte qu'il subit lors de cet essai. Ces valeurs nous permettent de calculer une valeur moyenne § et d'observer une variation AS. 2 8 5 8 3 \ESSAI DE TRACTION 8 8 REELLE as a ks z i TEsieTANGES mesiTANGES Figure L1 Figure 12 Getto variation dela résistance sera accrue par plusieurs facteurs :lacorrosion, rusure, la temperature, la frequence dechargement...La presence de ces facteurs aura pour effet de diminuer la valeur moyenne 5 de arésistance et d'amplifier les variations As (figure 12) 1.3 CONTRAINTES La contrainte calculée en utilisant les formules de flexion, de torsion, etc., donne une contrainte nominale, Dans une application donee, les charges estimées peuvent varier, et ilest souvent difficile de prévoir toutes les conditions d'utilisation d'une piece de machine. II en va de méme pour les dimensions de la piéce finie qui s'écartent plus ou moins des valeurs nominales. La contrainte devient donc également une variable statistique que l'on peut représenter par une courbe semblable a la figure 1.1. Plus les variations de charges et de dimensions seront grandes, plus 'écart quadratique moyen sera grand La faillte d'une piéce se produit lorsque la contrainte excéde la résistance du maté- riau. Si les distributions des contraintes a et des résistances S sont représentées dans la méme figure, nous obtenons la figure 1.3. Dans cette figure, nous voyons quil peut y avoir intersection des deux courbes. La partie hachurée indique une possibilité de faillite des piéces. Done, meme si la résistance tabulée S est plus élevée que la contrainte nominale calculee a, ilyaquand méme possibilité de faillite. ELEMENTS DE MACHINES 5 possieiite § & ° 8 2| — derauuire 2 | 3 g commas WESISTANGES Conran RESISTANCES Figure 13 Figure 14 Le facteur de sécurité calculé sur la base de la résistance tabulée et de la contrainte nominale n'est donc pas un facteur réel de sécurité. Dans la pratique générale du génie, le facteur de sécurité est défini comme le rapport entre la résistance des matériaux et les contraintes induites dans les piéces. La résistance est calculée aprés des valeurs tabulées pour les divers matériaux, et la contrainte est calculée suivant des formules déja connues. Généralement, les variations statistiques ne sont pas prises en considération. Pour ce qui est de certaines applications, le facteur de sécurité est dicté par Vexpérience; dans d'autres cas, il est déterminé par des codes, On peut rencontrer des facteurs de sécurité variant de 1,1 a 10 (et méme davantage). En aéronautique, par exemple, les facteurs de sécurité utilises sont faibles (1,25 41,5). Si on utilisait un facteur de sécurité élevé, on augmenterait du méme coup le poids de l'avion. Pour en arriver @ obtenir des facteurs de sécurité aussi bas, une avionnerie procéde a des essais sur les piéces en recréant les conditions d'utilisation, Elle soumet aussi les matériaux a des contrdles sévéres de qualité, étudie minutieuse- ment les procédés de fabrication et n’'admet que des tolérances serrées. Toutes ces operations contribuent a réduire de beaucoup I'écart quadratique moyen dela courbe de résistance et de la contrainte, car les facteurs de ces deux variables sont éliminés ou mieux connus, (On obtient donc les résultats montrés a la figure 1.4; ils indiquent que la région exposée @ la fracture est moindre. Contrairement a ce que nous venons de voir, examinons maintenant un cas ol! le facteur de sécurité est grand. Quand il faut concevoir un élévateur qui sera aménagé dans un puits de mine, par exemple, on recommande diutiliser des facteursde sécurité FACTEUR DE SECURITE Figure 1.3 — Distributions des contraintes et des resistances. Figure 1.4 — Distributions des ontraintes et des résistances lorsque la certitude est élevée Figure 1.5 — Distributions des contraintes et des résistances lorsque l'incertitude est grande. 4 de Vordre de 10. La résistance mécanique du cable est tabulée par les différents manufacturiers. Done, nous connaissons la résistance du produit. Par contre, compa- rativement aux données recueillies dans une avionnerie, les conditions d'utilisation, les charges, 'usure, etc., sont moins bien connues. Si on tragait les courbes statistiques des contraintes et des résistances, on obtiendrait une figure semblable a la figure 1.5. Lécart quadratique moyen de la résistance réelle et de la contrainte est élevé; il faudra done utiliser un facteur de sécurité éleva. En conclusion, nous pouvons dire que le facteur de sécurité n'est pas un facteur de sécurité réel mais un rapport entre les valeurs moyennes de la resis- tance et des contraintes qui tient compte de lincertitude de ces variables. L'utili- sation d'un facteur de sécurité éleve se traduit par I'augmentation de la grosseur, des pieces et, par conséquent, du poids de la machine. Lorsque le poids devient un parametre majeur, il faut procéder a une analyse plus poussee afin de dimi- nuer lécart quadratique moyen de la résistance et de ia contrainte. Si une machine est produite en grande série, il devient également rentable de faire des essais afin de diminuer les incertitudes, FREQUENCE (Nb OE RUPTURES) (CONTRANTES RESISTANCES: Figure 15, 1.4 FACTEURS DE SECURITE UTILISES La valeur du facteur de sécurité est influencée par plusieurs considérations # la possibilité que la faillite entraine des blessures graves ou des pertes de vie; # Ia possibilité que la faillite entraine des réparations trés coditeuses ou un arrét prolongé de la machine; * Vinoertitude de la charge et de la résistance. Voici quelques valeurs de facteurs de sécurité utilisés en pratique ELEMENTS DE MACHINES 125-1 15 - 2.0 2.0 - 25 2.5 - 3,0 3.0 - 4,0 50 : matériaux bien éprouvés, bon contréle dela qualité, et contraintes réel- les bien connues; matériaux et conditions d’exploitation bien connus; contraintes bien connues, et matériaux tres souvent utilisés (c'est le cas le plus général dans le domaine des machines); matériau fragile et employé dans des conditions ordinaires; comportement du matériau ou état des contraintes mal connu En ce qui concerne les charges variables (fatigue), le facteur de sécurité est rarement intérieur a 2. En terminant, notons que le facteur de sécurité a employer est souvent deter- miné par des codes tels que ICCA (Institut canadien de la construction enacier) (CISC (Canadian institute of Steel Construction)), AISC Manual (American Institute for Steel Construction) ASME (American Society of Mechanical Engineers), Code national du batiment (Canada), ASA (American Standards Association), ACNOR (Association canadienne de normalisation) (CSA (Canadian Stan- dards Association)), ASTM (American Society for Testing and Materials), ‘© SAE (Society of Automotive Engineers), * AFNOR (Association frangaise de normalisation) FACTEUR DE SECURITE 5 Concentration des contraintes CHAPITRE 2 2.1 INTRODUCTION Les formules usuelles employées pour déterminer des contraintes induites en traction (6=P/A), en flexion (6=Me/l) ouen torsion (r= Tc/J) ont été établies en supposant une distribution uniforme ou linéaire de contraintes a travers la section. Cette hypothése exige, entre autres, que la piece soit exempte de changements brus- ques de section Toutefois, en pratique, les piéces possédent souvent de ces discontinuités, et la distribution des contraintes n’est plus uniforme ou linéaire. Ces changements de section peuvent étre des congés pour positionner des engrenages ou des poulies (figure 2.1), des chemins de clavette (figure 2.2), des cannelures d’engagement (figure 2.3). des rainures pour bagues de blocage (figure 2.4), des trous pour boulons ou goupilles (figure 2.5), etc. Ces discontinuités aménent des augmentations de contraintes, et les régions dans lesquelles elles se produisent s'appellent régions de concentration de contraintes. Lorsqu’on étudie des concentrations de contraintes, il faut distinguer deux aspects. Premier aspect : la valeur théorique du facteur de concentration de con- traintes que l'on obtient en considérant la géometrie de la piéce et le mode de charge- ment. Plusieurs courbes, en annexe G, illustrent les cas les plus usuels. La valeur theo- rique du facteur de concentration de contraintes est traitée aux articles 2.2. 2.3, 2.4 et 25. Second aspect : le comportement du matériau soumis a une concentration de contraintes. Pour la méme valeur théorique du facteur de concentration de contraintes, tous les matériaux ne réagissent pas de la méme fagon. Dans certains cas, la pleine valeur sera utilisée, tandis que, dans d'autres, le facteur sera runité. 2.2 FACTEURS THEORIQUES DE CONCENTRATION DE CONTRAINTES Grace a des méthodes analytiques ou expérimentales, il est possible de deter- miner les contraintes réelles maximales a un changement de section. A partir de ces CONCENTRATION DES CONTRAINTES 7 Figure 2.1 Figure23 Figure 2.1 — Congés pour pos- tionner des engrenages ou des poulies. Figure 22 — Chemins de cla vette. Figure 2.3 — Cannelures d’en- gagement Figure 2.4 — Rainures pour ba- gues de blocage. Figure 25 — Trous pour bou- : ons ou goupilles. Figure 2.4 Figure? 8 ELEMENTS DE MACHINES contraintes maximales (0 ou t) et du calcul des contraintes nominales, un facteur théorique de concentration des contraintes Ki ou Kis peut étre défini comme suit © (traction, «x, = 1 (torsion) ea So flexion) To Kr 0 oo et to sont les contraintes nominales. Fait a remarquer : en général, on calcule les contraintes nominales que subit la section nette, c'est-8-dire la plus petite section qui résiste aux charges. Les expé- riences ont montré, en charge statique, que Ki et Kts nedépendent pas du matériau ni de la grosseur de la piéce, mais plutot de la géomeétrie et du mode de charge (traction, flexion ou torsion). Connaissant Ki ou Kis, les valeurs de ou + peuvent étre calculées. Les valeurs de Ki et de Kis sont publiées dans de nombreux ouvrages de référence, et Pannexe C fait état des cas les plus fréquemment rencontrés. Notons que la section notte est généralement définie sous chaque figure. EXEMPLE 2.1 — Larbre, & la figure 2.6, possede une rainure dans sa partie centrale. I est soumis @ un couple de torsion T de 120 N.m, et les dimensions géométriques dans le voisinage de ce changement de section sont r=3mm,d=20mm et D = 25mm, Trouvez l'endroit et la valeur de la contrainte maximale. Figure 26 SOLUTION — A cause du changement de géométrie, {a contrainte maximale est a a fibre extérieure de la plus petite section. Le facteur théorique de concentration de contraintes en torsion Kis est obtenu de la figure C-15 de l'annexe C avec 3 + == = 0,15 a 20 Ky = 135 pera d 20 Figure 2.6 — Arbre pourvu d'une CONCENTRATION DES CONTRAINTES 9 La contrainte maximale en torsion + est obtenue par la formule suivante b= ku = ku (1) =k. (2) nd Poe) elena) mt x (0,02) <= 103 MPa EXEMPLE 2.2 — La plaque de la figure 2.7 est soumise simultanément a une force axiale Ny = 25 KN et A une force tangentielle Nx = 1 kN. En négligeant les concentrations de contraintes a 'encastrement, déterminez l'endroit et la valeur de la contrainte maximale en traction pour les données suivantes a= 30 mm Li=s0mm = 6 =2mm 20 mm L2=40mm = h= 5mm Figure 2.7 — Plaque mince Figure27 encastrée, SOLUTION — La contrainte en traction est maximale au point A ou au point B. Il faut donc effectuer les calculs au complet pour ces deux points en tenant compte de la superposition de contraintes. Ku Gor + Kir Gor (Ny) (6 Nx ba) on = Ky Ss Ky SOY cee bh 1 hb? Point A= oA Le facteur théorique de concentration de contraintes en traction Ki, siobtient de la figure C-5 de annexe C D avec ry = 2,10 een) d b 20 10 ELEMENTS DE MACHINES Pour la flexion, on a Kir = 1,85 en se servant de la figure C-6. Ainsi, oa = 210 ( 25000 __ =) ” 1.85 ( 6 x 1000 x 0,040 ) 0,020 x 0,005 0,005 x (0,020) OA = 2,10 x 250 + 1,85 x 120 MPa oy = 747 MPa Point B : II n'y a pas de concentration de contraintes oa = Neg SN (hi + ba) ah os 25000___, 6 x 1000 (0,050 + 9.040) *®* (0.030) x (0,005) (0,005) x (0,030) Gy = 167 + 120 MPa on = 287 MPa La contrainte maximale en traction se produit au point A, etsavaleurest de 747 MPa. 2.3 METHODES UTILISEES POUR CONNAITRE LES FACTEURS DE CONCENTRATION DE CONTRAINTES 2.3.1 THEORIE DE L’ELASTICITE Dans certains cas simples, il est possible de résoudre mathématiquement les equations de I'élasticité et d'obtenir les facteurs théoriques de concentration des contraintes. Cas type : le calcul du facteur de concentration, résultant de introduction d'un petit trou elliptique, dans une grande plaque soumise 4 des contraintes uniaxiales (figure 2.8). Ainsi, pour ce qui est d'une traction ou d'une compression uniaxiale avec une contrainte nominale oo, on trouve Katee 2 B oi A et B sont les demi-longueurs des axes de ellipse (Figure 2.8). Cependant, dés que la géométrie ou l'état de contrainte devient un peu compliqué, il est quasi impos- CONCENTRATION DES CONTRAINTES | 11 Figure 2.8 — Distribution des contraintes une discontinuité sible de calculer théoriquement les facteurs de concentration. On utilise alors une des méthodes expérimentales décrites brievement ci-aprés. Phetetetee F o= Kies Lert ante = — 2A 1 Figure2 8 2.3.2 PHOTO-ELASTICITE La photo-élasticité est la méthode expérimentale la plus pratique et la plus universelle pour étudier les concentrations de contraintes. Elle utilise un polariscope qui permet de visualiser, sous la forme de franges de polarisation, les contraintes induites dans un modéle translucide 2.3.3 JAUGES ELECTRIQUES On peut aussi coller une trés petite jauge électrique sur le point presume de concentration maximale (par exemple : le bord d'un trou, le fond d'un congé ou d'un filetage). Cette méthode courante ne permet d'obtenir que les contraintes induites en surface, mais ce sont généralement les plus grandes. 2.3.4 AUTRES METHODES EXPERIMENTALES : VERNIS CRAQUELANTS, MOIRE (On a utilisé de nombreuses autres méthodes pour connaitre les concentrations de contraintes, Le procédé de « vernis craquelants » consiste a déposer sur la région 12 ELEMENTS DE MACHINES @tudiée une couche de laque fragile. Lorsque celle-ci est séche, on applique les charges progressivement et on surveille ‘apparition de la premiere craquelure. Les premiéres fissures apparaitront la ou les déformations de traction sont les plus grandes et elles seront perpendiculaires a leur direction. Iexiste aussi plusieurs procédés ou une grille est tracée oucollée sur la surface de la piéce. Les déformations de cette grille permettent de déduire les contraintes au voisinage d'une discontinuité (méthode de la grille incluse ou des franges de Moiré). 2.3.5 METHODES ANALOGIQUES Les méthodes analogiques consistent & reproduire des phénoménes physiques obéissant aux mémes lois que les contraintes. On peut montrer en effet que les contraintes normales, dans une piéce bidimensionnelle par exemple, satisfont aux mémes équations que les vitesses d'un fluide s'écoulant dans un canal plan de méme forme que la piéce sollicitée Ces méthodes sont commodes pour deux raisons surtout : elles peuvent étre appliquées de maniére approximative et elles permettent de concevoir des moyens pour diminuer I'effet des changements brusques de section. Considérons la piéce dela figure 2.9. Imaginons que les forces, dans la piéce, sont représentées par une série de lignes semblables @ celles qui forment les lignes de courant de !'écoulement d'un liquide, dans une conduite ayant la méme forme que la piece. Plus la concentration des lignes est grande, plus les contraintes sont grandes (le8 contraintes se comparent a la vitesse du fluide dans le probléme analogue d'écou- lement). SECTION a-a a SECTION b-> Figure29 CONCENTRATION DES CONTRAINTES Figure 2.9 — Analogie tun écoulement et la distribution des contraintes. entre Figure 2.10 — Effet d'un trou elliptique dans une plaque, 2.4 MOYENS DE DIMINUER LES EFFETS DES CONCENTRATIONS DE CONTRAINTES La méthode des lignes de forces permet d'envisager des modifications géométri- ques @ apporter aux piéces de machines de fagon a diminuer les concentrations de contraintes. I! s'agit, en fait, d’empécher la concentration des lignes de forces au change- ment de section. Le principe directeur est le suivant : /e changement de section doit se faire le moins brusquement possible. Il faut donc employer les plus grands rayons de raccor- dement possibles. En partant du méme principe, on peut imaginer ce qui suit: dans une plaque en traction, un trou elliptique est moins dommageable si son grand axe est dans la direction des contraintes, et ce, pour une méme section nette (figure 2.10-aet b) ou t est I'épaisseur de Ia plaque. Done, en en/evant plus de matériau, on diminue effet du changement de section, Lorsqu’on ne peut éviter d'avoir un petit rayon de raccordement, d'avoir un trou dans un arbre ou une plaque (figure 2.11-a), etc., et que ces changements de section présentent des dangers pour la piéce, on peut, en enlevant du matériau, réduire leur effet dommageable (figure 2.11-b) ae i qa al | OF [+r () Figure2.10 14 ELEMENTS DE MACHINES Figure2.11 2.5 APPLICATIONS AVEC DES CHARGES STATIQUES 11 est possible que deux matériaux différents aient laméme résistance ultimeala traction Sq etque l'un decesmateriaux possedeune capacité supérieured' absorption des choes ou des surcharges @ cause d'une propriété appelée ductilité. La figure 2.12 montre le comportement typique de deux matériaux possédant approximativement la méme résistance. Le matériau fragile (figure 2.12-a) atteint son point de rupture apres une petite déformation plastique. D'autre part, le matériau ductile (figure 2.12-b) montre qu'il peut supporter une déformation plastique beaucoup plus grande avant datteindre son point de rupture. La ductilité se mesure en calculant le pourcentage dallongement dans l'échantillon a la rupture. En pratique, on utilise la valeur de 5% allongement pour avoir une ligne de démarcation entre les notions de ductilité et de fragilité. Ainsi, un matériau qui posséde moins de 5% d'allongement a la rupture est considéré comme fragile, tandis qu'un materiau qui a plus de 5% d’allongement a la rupture est ductile, 2.5.1 MATERIAUX DUCTILES Prenons une plaque en traction percée d’un trou circulaire et fabriquée avec un matériau ductile (erupt > 5%) et parfaitement plastique (figure 2.13). CONCENTRATION DES CONTRAINTES Figure 2.11 — Moyens de di- minuer les concentrations de contraintes. 15 Figure 2.12 — Courbes typi- ques o-£ pour deux matériaux, Figure 2.13 — Plaque soumise 2 la traction. trouge 16 Augmentons progressivement la chargede 0 a P; (figure 2.14-a), ensuite de Py (figure 2.14-b) pour atteindre finalement la charge P3 (figure 2.14-c) qui 2 CONTRAINTE @ CONTRAINTE o DEFORMATION® DEFORMATION © (a) MATERIAU FRAGILE (v) MATERIAU DUCTILE Figure2.12 a © Figure2.13 constitue la charge maximale plastique. On peut remarquer que pour « < Sy (figure 2.14-a) le rapport entre la contrainte maximale et la contrainte nominale est égal au facteur théorique de concentration de contraintes, c’est-a-dire : Kj = o/o0 = Kr Lorsque la contrainte maximale o atteint la limite élastique Sy (figure 2.14-b), K2= 9/o0 ,B2 et C> sontmontrésau diagramme o vs ¢ (figure 2.13-b) A |a limite, lorsque toute la section a atteint le domaine plastique (figure 2.14-c), le rapport K3 =/ao vaut 1 et l'inégalité suivante existe T= Ky sont de méme signe lo. - 0 Le critére exprimé par les rela- tions (3.8) peut aussi étre représenté graphiquement par la figure 3.5. Figure 3.5 Théorie de énergie de distorsion (critére d’écoulement de von Mises) L’écoulement se produit dans un élément soumis a des contraintes quel- conques lorsque l'énergie de distorsion atteint a valeur de energie de distorsion 4 lecoulement lors d'un essai de traction simple. Lénergie de distorsion est définie comme la différence entre ’énergie totale de déformation et énergie nécessaire au changement de volume de I'élément soumis 4 des contraintes; dans ce dernier cas, 'énergie est calculée de la méme fagon que si’élément était chargé hydrostatiquement (tension ou compression égale). THEORIES DE LIMITATIONS EN STATIQUE Figure 3.5 — Critere de Tresca 25 Figure 3.6 — Cube unitaire avec contraintes principales. 26 Cette énergie nécessaire au changement de volume est soustraite de énergie totale de déformation parce quill a été démontré expérimentalement quill est impos- sible de produire écoulement d'un élément chargé hydrostatiquement quel que soit le niveau des contraintes imposées; donc Us = Uror ~ Uv 9) ou Ud est!'énergie de distorsion, Urot. !’énergie totale de déformation et Uy, 'énergie nécessaire au changement de volume. Lévaluation de Ug_ se fait en fonction des contraintes principales 01, 02, 03. Considérons un cube unitaire (V= 1) soumis a 61,02, 63 (figure 3.6). Le changement de volume normalisé AV/V est donné en premiere approxima- tion par AV Vv AV e, +e. +63 8.10) Le changement de volume d’un matériau élastique, exprimé en fonction des deformations, est le suivant av=2[o- vier +00] +2[o:- ves +00 ] 1 av=2[ +62 +03) vies +0: +03 | a.) ou v est le coefficient de Poisson. et E est le module d'élasticite. S Figure 3.6 (o1 + 62 + 63) (1 ~ 2v) E Il s'agit d'abord de déterminer la contrainte hydrostatique cay produisant le méme changement de volume AV. Soit eav, la déformation unitaire suivant chacune des trois directions pour un chargement hydrostatique. AV (ay) ELEMENTS DE MACHINES En premiere approximation, AV = 3ey =~ [ eee) ] Soav (1 = 2Y) ary E E et en égalant (3.19) et (2.14), on obtient ort pane 015) Lacontrainte oay produit seulement un changement de volume; elle ne produit pas de changement de forme. Energie totale de déformation L’énergie totale de déformation Utot pour un cube unitaire est égale au travail fait sur l'élément pour le déformer. Done 1 En exprimant les déformations en fonction des contraintes et du coefficient de Poisson, on obtient 1 eee 2 | Uror Boi tole avioia2 + 920) + 30) | em Energie de changement de volume L’équation (3.17) donne la forme générale pour obtenir I'énergie totale emma- gasinée dans un cube unitaire. Pour calculer I'énergie nécessaire au changement de volume, il suffit de remplacer «1,02 et 3 par cay dans cette équation. Done, } Sa (yay) core) 2E vy = & (om NE: 2v(oay 2E (3.15) dans (3.18) donne 3 2 + 6} + 20)02 + 20203 + 20301) U (3.19) THEORIES DE LIMITATIONS EN STATIQUE 27 Energie de distorsion L’énergie de distorsion est obtenue en remplacant les équations (3.17) et (3.19) dans l'équation (3.9) et en regroupant les termes semblables. (i+v) [ (91 = 62) + (92 ~ 03) + (3 - 01" ] (2 u 7 3E 2 Energie de distorsion 4 'écoulement pour un essai de traction pure Pour un essai de traction pure, l’énergie de distorsion & écoulement est calcu- lee en remplacant l'état de contraintes correspondant (01 = Sy.o2=0,63=0) dans réquation (3.20) pour obtenir Ug (ty) 28) _ +) Sy! ez Renee e En égalant (3.21) et (3.20), on obtient 2 2 2 + (62 ~ 93) + (63 ~ 1) 2 La relation (3.22) prédit 'écoulement dans une piece soumise a un état de contraintes triaxlales. Pour des contraintes biaxiales (en supposant 03 =0), ona 8 = of - 0102 +o) oz La contrainte de Von Mises (o') est définie par o = Voi - 102 +03 020 Employant cette notation, écoulement se produit lorsque o' = Sy 25) La limitation donnée par la formule (3.25) est représentée par l'ellipse ala figure a7. ELEMENTS DE MACHINES Hest parfois utile que expression de 0! soit donnée en fonction des contraintes elementaires ox, cy et tay plutot que des contraintes principales 61 et «2. Sachant que les contraintes principales sont obtenues par la relation suivante oe 28 ey /(B=8 Veen? Posons ) + try” Donc I'équation (3.26) devient o,=A+B o2=A-B Lequation (3.28) utilisée avec 'équation (3.24) donne = [aser-a sear | = [a7 +987 ] En remplacant les valeurs de A et de B dans I'équation (3.30), on a 6 = Vol - 0102 +63 = V0; ~ ox oy Foy + Btw" qui se réduit a 1 Figure 2.7 (926) (a2 (928) (229) (a2) (931) Figure 3.7 — Critere d’écoule- ment de von Mises. THEORIES DE LIMITATIONS EN STATIQUE 29 Figure 3.8 — Place soumise a latorsion pure. 30 Limite d’écoulement en cisaillement La limite d'écoulement en cisaillement Syy est définie comme le niveau de contraintes atteint lorsque 'écoulement se produit lors d'un essai de torsion pure. En se basant sur le critére de Tresca, d'une part, et sur le critére de von Mises, Glautre part, peut-on trouver la relation qui existe entre Say et Sy? ‘Supposons un arbre soumis a un couple de torsion T, tel que +=Tr/J, soit la contrainte résultante de cisaillement a la fibre extréme (r=rayonextérieurdel'arbre; J moment dinertie polaire = nd*/32). Un élément de matériau, choisi Ala figure 3.8, la surface de la piéce, est sollicité tel quillustré Les contraintes principales dans le plan x-y sont données par le cercle de Mohr de la figure 3.8 (c) et sont o1 = 1,02 =— et 03 =0, @ Critére de Tresca Pour la torsion pure omax = +t, omin =—t. Par le critére de Tresca, on a [omax = Omi Sy (332) Tmax Critére de von Mises Si on Introduit, dans |'équation de la contrainte de von Mises (3.25), les valeurs des contraintes principales 61 = +t et o2 =~t, nous obtenons Sj =31°=3 Sy (333) done Sy = 32 = 0877 sy oy v3 ELEMENTS DE MACHINES 3.2.2 CRITERES DE RUPTURE (matériaux fragiles) Théorie de la contrainte normale maximale La rupture se produit dans un élément chargé lorsque 'une des contraintes principales atteint la valeur de Sut oude Suc a Pour ce qui est des materiaux fra- t giles, on a des valeurs différentes pour su Jes résistances a la rupture Sy. et Su {en général |Suc| > Sur) Se Sarstes Dans le cas des contraintes biaxiales (03 =0), la rupture se produira lorsque 61 = Sy ou 1 = ~|Sucl 0.35) 2 = Su ous? = ~ |Suc| : Ce critere est représente graphiquement = ala figure 39. Figure 39 — Théorie dela Figure 39 contrainte normale maximale. Théorie de Coulomb-Mohr Cotte théorie, également appelée théorie du frottement interne, est base sur les résultats de deux essais : 'essai de traction et l'essai de compression. La rupture se produit dans un élément soumis a un état de contraintes qui prodult un cercie de Mohr tangent enveloppe des deuxcercles qui passent par les points Su et Suc (voir figure 3.10) Pour des contraintes biaxiales (en supposant 3 = 0), la rupture se produit lorsque o1 , & Py Sr tert ow (1 >002<0) Ey Su Sue 0) = Sui G2 = Su ou (0) > 0, 62 > 0) 1 ou (6) >0,0) <0) ©1 = Suci 62 = Sue OU (51 <0, 02 <0) THEORIES DE LIMITATIONS EN STATIQUE 31 Figure 3.10 — Cercle de Mohr des contraintes induites Figure 3.11 — Critére de Cou- lomb-Mobr. Figure 3.12 — Théorie de Mohr modifiée 32 Graphiquement, le critere dans le plan o1, 02 est représenté par la figure 3.11. Figure 3.10 Figuee 3.11 Théorie de Mohr modifiée En général, pour les matériaux fragiles, la limite de rupture en torsion Ssu est approximativernent égale a la limite de rupture en traction. Cette observation expérimen- tale n'est pas vérifiée par la théorie de Coulomb-Mohr. En effet, dans figure 3.11, laligne dont la pente négative est égalea —1 représente un chargement en torsion (72=—o4). Le point A indique la limite permise par cette théorie de limitation. On constate que cette valeurest inférieure & Sut. C'est pour cette raison que on utilise généralement une théorie modifiée de Mohr pour calculer des piéces en matériau fragile. C’est une théorie qui tient compte de cette propriété (Ssu=S.ut), et que ’on peut décrire comme un compromis entre les deux théories précédentes (la théorie de la contrainte normale et la théorie de Coulomb-Mohr). La figure 3.12 illustre la théorie de Mohr modifiée. Su Sus Su Soc Figure 3:12 ELEMENTS DE MACHINES Calcul des pieces soumises 4 des charges statiques CHAPITRE 4 4.1 INTRODUCTION Les chapitres précédents ont introduit trois concepts, soit le facteur de sécurité, les concentrations de contraintes et les théories de limitations. Ce chapitre explique comment ces concepts sont utilisés pour calculer des pices soumises a des charges statiques. La premiere partie parle des piéces fabriquées avec des matériaux ductiles, tandis que la seconde traite de l'utilisation des matériaux fragiles. 4.2 PIECES EN MATERIAUX DUCTILES Concentrations de contraintes (On n'utilise pas généralement les facteurs de concentration de contraintes pour calculer des piéces faites avec des matériaux ductiles, et ce, a cause de laredistribution locale des contraintes. Une déformation permanente locale est souvent tolérée quand elle ne change pas le comportement global des piéces; parfois, on l'utilise méme a dessein pour créer une distribution des contraintes plus favorable. Dans le manuel, nous considérerons toujours que K: = 1 pour ce qui est d'un matériau ductile soumis a un chargement statique. Théories de limitations On a fait des essais expérimentaux sur des piéces soumises a des états de contraintes complexes, piéces qui ont été chargées jusqu’a I'écoulement. Ces points écoulement peuvent étre placés dans un diagramme o1,¢2 pour illustrer un état de contraintes biaxiales. La figure 4.1 est un graphique dont les axes ont été normalisés par rapport & Sy, graphique qui illustre les résultats expérimentaux obtenus par rapport aux limites prédites par les théories élaborées dans le chapitre précédent. Chaque point (Mf aluminium, W acier) représente le niveau de contrainte quia produit écoulement En examinant cette figure, on peut tirer les conclusions suivantes a) La théorie de énergie de distorsion (von Mises) est la plus précise, carciest elle qui prédit avec le plus d'exactitude le niveau de contrainte auquel se produit écoulement, CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES 35 Figure 4.1 — Comparaison des résultats expérimentaux avec trols théories de limitations pour Jes materiaux ductiles (tiré de «Engineering Materials : Their Mechanical Properties and Appli- cations» par Joseph Marin, © 1952, p. 156-187 avec la permis- sion de Prentice-Hall, nc. Engle- wood Ciltis, New Jersey) b) La théorie de la contrainte de cisaillement maximale (Tresca) est sécuri- taire, car tous les points expérimentaux se trouvent a 'extérieur des limites établies par cette théorie. Sion s‘en sert pour calculer des piéces, I'écoulement se produira toujours pour un état de contraintes plus grand que celui calculé par Tresca ¢) Lathéorie dela contrainte normale maximale, lorsque les contraintes princi- pales sont de signes opposés, est inutilisable, carelle prédit un point 'écoulement plus élevé que celui obtenu par experimentation. Autrement dit, si on utilise cette théorie pour calculer une piece, écoulement se produira bien avant que les contraintes permises soient atteintes En pratique, la théorie de Tresca ou celle de von Mises servent a calculer les pieces de matériaux ductiles soumises a des charges statiques. La théorie de la Contrainte normale maximale n'est jamais utilisée. THEORIE DE VENERGIE Sq DE OISTORSION (VON MISES) oa og mAuiMINiUM 1 ACIER on | WOOF te os oT S, uonie o€ a 24 CONTAAINTE DE CISAILUEMENT (TResea) od “THEOAIE DE LA (CONTRAINTE NORMALE, MAXIMALE Figure 4.1 Facteur de sécuri Dans plusieurs cas, une déformation permanente, méme locale, estindésirable. Done. pour calculer les dimensions des piéces ou pour choisir un matériau, on utilise un facteur de sécurité qui diminue la résistance permise. Suivant le critere de Tresca, ELEMENTS DE MACHINES écoulement dans le matériau ductile se produit lorsque le cisaillement maximal atteint la valeur de Sy/2. L’équation s‘écrit Tmax = soi = Saws — Sin ay 2 FS 2 0 Sy = limite découlement du materiau. FS = facteur de sécurité et Gmay = MAX (G1, G2, G1); min = MIN (G1, G2, Gs) Pour ce qui est du critére de von Mises, I'équation que l'on utilise pour calculer les pieces est ? 2 2 _ oj] - 0102 +63 = Oh — ax6y + oF + 3thy = Sh a) FS On peut utiliser les criteres de Tresca ou de von Mises pour effectuer la verifica- tion des pieces ou les concevoir. Dans le premier cas. le facteur de sécurité FS est inconnu: dans le second, une des variables de conception sera déterminée. EXEMPLE 4.1 — Une tige cylindrique encastrée (figure 4.2) de 50 mm de diamétre (d) supporte une charge excentrique P= 12 kN appliquée 25 mm du centre géométrique (c) de fa tige. Elle est aussi soumise a un moment de torsion T= 3 KN.m. Le matériau utilisé est ductile etil posséde une résistance a ’écoulement Sy = 275 MPa a) Déterminez le facteur de sécurité FS si lon se base sur © [a contrainte normale maximale, © Ia contrainte de cisaillement maximale, * Venergie de distorsion. b) Construisez le diagramme relatif aux contraintes principales, et commentez. SOLUTION — a) La tige cylindrique subit un état de contraintes combinées, Lemomentde torsion T engendre un cisaillement qui est maximal et uniforme la fibre extérieure. La force de 12 KN crée une contrainte de tension et de flexion. L’état résultant de contraintes est donc une contrainte uniaxiale combinée a une contrainte de Figure 4.2 — Tige cylindrique cisaillement. encastrée. CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES 37 Contraintes axiales Pp _ 4p _ 4 x 12000 Tension 6x = 5 = Fg? = x (0.08)? 7 6.11MPa Prenat eel eay et crass ee LCL 2 pata 20a (O.0 2S (0.0572) io 1 nd ’/64 ® x (0,05) = 24,45 MPa 6x = Ox + Oxf = 6,11 + 24,45 = 30,56 MPa Cisaillement Te _ 16T _ 16 x 3000 y= ——* ss = 122,23 MP% Torsion tay = “= 255 = Fy pga)? = 12223 MPa Contraintes principales V(e52 yes oy = 0, 6x = 30,56 MPa, tay = 122,23 MPa 6) = 138,48 MPa, o> = ~107,90 MPa Facteurs de sécurité selon les érentes théories de limitations Contrainte normale maximale g = ——Sy__ = 275 MPa _ 4 59 max (61,62) 138,46 lement maximal =eic eee) 7 275 = Fg = Se = Sy = itt 2tmax |o;— 62] — |138,46 + 107,90] Energie de distorsion Pe ee: eee eee Voi - 6162 +03 V/(198,46)” + 138,46 x 107,90 + (107,90)" = 1,28 38 ELEMENTS DE MACHINES b) Des études expérimentales ont montré que la théorie de ’énergie de distorsion était la plus exacte des trois, En effet, le point C de la figure 4.3, calculé a aide de cette théorie, est le point ou I’écoulement se produit. On constate également que la théorie dela contrainte normale maximale donne des résultats inacceptables. Quant a la théorie de Tresca, c'est ia plus sécuritaire : elle permet d'obtenir un facteur de sécurité plus petit que celui que donne la théorie de 'énergie de distorsion. Fait a remarquer, les facteurs de sécurité obtenus (1,12 et 1,28) sont faibles comparativement & ceux qu'on utilise le plus souvent dans la pratique. 2 (MPa) Sy = 275 MPa q soa 1 (MPa) Point A, eat de contraintos pisses. 10780) }OD (contrainte normale maximal) 8 = Fs (eisiteman maxima OC — es cenergie OS = es cenera storsion) Figure 43 4.3 PIECES EN MATERIAUX FRAGILES Concentration de contraintes Le matériau fragile se déforme peu avant la rupture. Le phénoméne d’écoule- ment, qui se produit dans les matériaux ductiles et donne lieu 4 une redistribution des contraintes, ne s'applique pas aux matériaux fragiles. La pleine valeur du facteur de concentration de contraintes Ki sera appliquée pour calculer des piéces. Une excep- tion cependant : les fontes, dont le comportement est aussi classifié comme « fragile » Les fontes contiennent plusieurs petites alvéoles qui agissent comme des concentra- tions de contraintes. Plusieurs études démontrent que l'effet de changement brusque de section affecte peu leur résistance. Par conséquent, en ce qui concerne les fontes Ki = 10. CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES Figure 4.3 — Comparaison des contraintas principales aux points les plus sollicités avec les theories de limitations. 40 La valeur des concentrations de contraintes varieen fonction de la géometrie de la piéce et du type de chargement. Autrement dit, chaque type de chargement (traction, flexion, torsion) a une valeur spécifique. Lors d'un chargement complexe, chacune des contraintes nominales doit donc étre multipliée par le facteur approprié de concentra- tion de contraintes, Il se produit aussi certains cas ot plusieurs concentrations de contraintes, agissent au méme endroit (exemple : chemin de clavette avec changement de section), Letfet de cette multiplication des contraintes fait encore l'objet de recherches. Cer- tains auteurs préconisent la multiplication des facteurs de concentration de con- traintes evalués pour chaque cas séparément; d'autres recommandent d’additionner les deux facteurs. Si le cas a l'étude est critique, il est fortement suggéré d’évaluer la contrainte réelle en employant une des méthodes expérimentales décrites au chapitre 2.D'ailleurs, le concepteur doit éviter toute situation ol deux concentrations de contraintes ent au méme endroit, car cela attaiblit souvent indiment la piéce. Théories de limita! La figure 4.4 illustre la comparaison qui existe entre les points expérimentauxet les trois théories de limitations pour les materiaux fragiles énoncées dans le chapitre 3 Cette figure nous montre les points expérimentaux obtenus par deux chercheurs. Dans le premier quadrant, c’est-a-dire lorsque les contraintes principales sont positives, les trois théories sont équivalentes. Dans |e quatriéme quadrant (61 >0,02< 0), les trois théories sont différentes. En examinant cette figure, on peut tirer les conclusions suivantes a) La théorie de la contrainte normale maximale n'est pas sécuritaire, car les points experimentaux se trouvent a l'intérieur de la limite prédite par cette théorie. b) La théorie de Coulomb-Mohr est sécuritaire, car tous les points expérimen- taux se trouvent a l'extérieur de la limite prédite par cette théorie. c} La théorie de Mohr modifiée est la plus exacte. On remarque que les points expérimentaux obtenus confirment ce qui suit : pour ce qui est des materiaux fragiles. la limite de rupture en cisaillement Sey (72 = —o1) est égale a la limite deruptureen tension Sut. ELEMENTS DE MACHINES En pratique, on emploie|a théorie de Coulomb-Mohr ou celle de Mohr modifiée pour calouler les piéces de matériaux fragiles soumises a des charges statiques. La théorie de la contrainte normale maximale n'est jamais utilisée. i ‘THEoRIE DE LA CONTRANTE Facteur de sécurité go RORNALE WaxIWaL Le calcul dufacteur de sécurité se fait en comparant les contraintes princi- pales induites a la résistance prédite par une des théories de Mohr. Pour calculer le facteur de sécu- rité, on peut soit écrire les équations pertinentes de la ligne de sollicitation et de Ia ligne limite basée sur la théorie de limitations choisie afin de trouver les tweome o€ coordonnées des points nécessaires au COULOMB-MOHR, calcul, soit obtenir directement ces coordonnées au moyen d'une solution graphique. MEOH DF, fk MODE La premiere étape consiste donc & 7 construire un graphique (figure 4.5) des + corn limites permises dans la théorie choisie, ‘GRASS! ET CORNET (AJUSTE) bbasé sur les valeurs des résistances & la rupture en tension et en compression. Figure 4.4 Les contraintes principales induites sont calculées en tenant compte des fac- teurs de concentration de contraintes relatifs a chaque type de chargement. On utilise equation Kxox + Kyoy + Kx ox K, 2 S12 AS Se V KOs Hy 4 kay tay) “a od Kx, Ky, Kxy = facteurs de concentration relatifs a chaque type de chargement. En ce quia trait la contrainte axiale ox, il arrive souvent qu'elle soit la somme des contraintes de flexion et de traction (ou compression). Le terme Kxox de Véquation (4.3) peut étre évalué en multipliant chacun des types de contraintes par le facteur approprié de concentration de contraintes. Done, ox = Kwon + Kron way CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES Figure 4.4 — Comparaison des résultats expérimentaux obtenus pour une fonte grise avec trois théories de limitations pour les matériaux fragiles (tiré de «Ap- plied Mechanics of Materials» par ‘JE. Shigley, © 1976, avec la per- mission de McGraw-Hill Book Co). 4 Figure 4.5 — Utlisation des théories de Mohr. Figure 4.6 — Arbre avec un changement de géometrie, a2 ou Kis estle facteur de concentration de contraintes relatif a un chargement en flexion et Ku, celui dun chargement en traction (compression). Dans ce cas, Kx de equation (4.3) devient runité. Le point A dans la figure 4.5 représente l'état de sollicitations. Le point B indique la limite permise (intersection de la ligne OA et de la ligne limite du graphique des résistances). OB OA Le facteur de sécurité est FS = as LIGNE OE fo, SOLLICITATION ) o) COULOMa-MOHR MOHR MODIFIEE Figure 4.5 EXEMPLE 4.2 — Un arbre de 25 mm de diametre (figure 4.6) est fabriqué avec un matériau fragile dont les proprietés mécaniques ont été mesurées (Sur = 215 MPa, Suc = —750 MPa). I supporte une charge axiale F de 500 N en compression, un moment de flexion M de 25 N.m et un moment de torsion T de 200 N.m. Calculez le facteur de sécurité (en utilisant les trois théories de rupture relatives aux materiaux fragiles) s'il y a une rainure de 3 mm de rayon dans sa portion centrale, et commentez vos résultats, ELEMENTS DE MACHINES SOLUTION 1) Facteurs de concentration de contraintes En utilisant les courbes de l'annexe C, on obtient © En compression (figure C-13) ro 3 = = 0,15 ad 20 Kte = 1.9 D _ 2 = 23125 d 20 * En flexion (figure C-14), pour les mémes valeurs de r/d et D/d, Kw = 1,7. + En torsion (figure C-18), Ky = Kis = 1.3. 2) Contraintes principales * Contraintes axiales (Kx = 1,0) ox = Ke oe + Ku or F 4F —4 x 500 ‘ = AF, = 24% 800 = 159 MPa oe KR nd? x (0,02) oU d est le diamétre de la plus petite section Mc 2M £32 x 25 ee = 382M _ 482 «25. _ 451.63 MPa aia nd x x (0,02) Comme la force est appliquée en compression, on doit considérer la contrainte négative de flexion si l'on veut obtenir, en valeur absolue, la valeur maximale de la contrainte. Cependant, a cause du comportement particulier des matériaux fragiles dontla résistance ala compression est beaucoup plus élevée que la résistance a la traction, ilest bon de vérifier aussi le cas de la contrainte positive de flexion. En considérant la contrainte négative de flexion, on a -1,9 x 1,59 — 1,7 x 31,83 -57,13 MPa ox © Contraintes de torsion 16T 16 x 200 = ay = > = 127.3 MP xd x (0,02) a On utilise equation (4.3), sachant que dans l'application présente oy =0, pour obtenir CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES 43 z ) + (Kes try)? one -57,13 57,13 S713 ( ria) + (4,3 x 127,3)? 2 2 6) = +139,4 MPa 62 = ~196,5 MPa On construit le graphique représentant les trois théories de limitations (figure 4.7) Verifions le cas oi! la contrainte positive de flexion est considérée : ox = 1,9 X 1,59 + 1,7 X 31,83 +51,09 MPa En utilisant encore 'équation (4.3) pour obtenir les contraintes principales, on obtient Kx ox Kx ox one < tV ( SS) + (Kis ty)? 51 1 09 | (: 09 2 ) + (1.3 X 127.3)? 6; = +193,0 MPa o> = -141,9 MPa Placons ces contraintes sur le graphique déja trace (figure 4.7) On voit qua cause d’une augmentation de la contrainte principale «1, ce point se retrouve a l'extérieur des limites permises par la théorie de Coulomb-Mohr mais n'excéde toutefois pas la limite permise par la théorie de Mohr modifiée. Ce phénoméne ne se produirait pas si les contraintes principales étaient de méme signe. 9) Facteur de sécurité Le facteur de sécurité FS est calculé pour les trois théories de limitations. Le calcul peut étre fait de plusieurs facons. Pour chaque théorie, il faut faire le rapport 0B)/OA, A aide d'une régle, on peut mesurer les longueurs sur le graphique. Notons que la valeur OB; sera différente selon la théorie considérée. On peut aussi faire le rapport ‘entre la valeur d'une des contraintes principales et la coordonnée de Bj suivant cet axe. ELEMENTS DE MACHINES Pour I'exemple considéré, on prend la deuxiéme méthode sur I'axe horizontal. 2. (P=) Pour la région de flexion positive (point A) © Contrainte normale maximale rs = O83 = 2 2 yy OA 193 © Coulomb-Mohr OB 177 FS re “oa = 0:92 (Prédiction de rupture) ‘* Mohr modifiée ~sal FS OBz 215 414 ~196 5} OA 193 et pour la région de flexion négative (point A) © Contrainte normale maximale OB; _ 215 FS= = = 1,54 ° 139.4 ‘© Coulomb-Mohr 15: = —— = 1,10 139,4 192,4 FS= ay E 139,4 veel 4) Commentaires Figure 4.7 ‘On constate done que la valeur du facteur de sécurité prédite par la théorie de la contrainte normale maximale n'est pas réaliste, car la rupture aura eu lieu avant que la limite prédite ne soit atteinte. Ainsi, lorsque les contraintes principales ne sont pas de méme signe, on ne peut utiliser cette théorie. La théorie de Coulomb-Mohr est plus sécuritaire, car elle préditun facteur de sécurité moins élevé. La théorie de Mohr modifiée, quant a elle, est la plus exacte. Ces calculs montrent bien que la région de flexion positive esta plus sollicitée. De plus, les facteurs de sécurité trouvés sont faibles, et en pratique il faudrait augmenter la dimension de I'arbre. CALCUL DES PIECES SOUMISES A DES CHARGES STATIQUES 1394 199 re) couone.worn 8, FLedow posiTve MOHR MODIFIEE 'FLEXION NEGATIVE CONTRAINTE NORMALE L-~ MAKIMALE Figure 4.7 — Graphique pour cealeuler le factour de sécurité. Théories ce limitations en fatigue CRAPITIRE Sd 5.1 INTRODUCTION Une piéce soumise a des charges variables se brise a un niveau de contrainte inférieur & celui de la contrainte de rupture lorsque la piéce est soumise a des charges statiques. La rupture par fatigue se produit par un développement progressif. a travers la section, d'une fissure microscopique en un point od la contrainte localisée est tres élevée. Cette contrainte élevée peut étre due a un changement brusque de section, @ des fissures internes ou 4 des impertections dans le matériau La fissure microscopique progresse jusqu'a ce que la section devienne faible, cest-a-dire qu'elle ne puisse plus supporter les charges; il se produit alors une rupture subite. Deux zones apparaissent donc a la section de rupture (figure 5.1) : Tune est produite par le développement graduel de la fissure et l'autre, par une rupture subite {portion ombragée), La figure 5.2 montre le faciés de rupture par fatigue de différentes pieces EFFET DENTALLENUL_[ErFEY DENTAILLE MODERE|EFFEY O'ENTAILLE INTENSE] [sunchance [SURCHARGE /SURGHARGE] SURCHARGE] suNGHARGE] SURCHARGE | MODENEE | vevever | Mooenee | eevee | Mooenze | -cLevEE =OoOOGOG eC = OC OQ S sOrANvE & QO @ Figure 5.1 \ \\ OOO Les mécanismes de fatigue sont mal connus. On les associe généralement a des détormations permanentes au niveau des cristaux. Aprés un certain nombre de cycles applications des charges, une fissure microscopique se produit dans la région endommagée. Avant qu'une piéce en matériau ductile soumise a des charges statiques se brise, elle commence d'abord par présenter une déformation visible aux endroits ou la contrainte a dépassé la limite d’écoulement, et l'on peut la remplacer avant que la THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE Figure 5.1 — Apparence sché- matique de ruptures de pieces soumises & des contraintes de fatigue : la 20ne de rupture su: bite est hachurée (tiré de «Basic Course in Failure Analysis, Les: son 4 : Bending Fractures» par Charles Lipson, Machine De- sign. November 27, 1969, p. 142 avec la permission de Machine Design) a7 Figure 5.2 — Faciés de ruptu- Figure 52 re par fatigue. rupture se produise. Une faillite due a la fatigue, par contre, ne donne pas de tels avertissements; elle est soudaine, totale et, par conséquent, dangereuse. En general, les piéces de machine sont soumises a des variations de charge- ment, Voici un exemple de spectre de chargement (figure 5.3a) : un cycle complet de variations quelconques peut étre décomposé en 2 cycles (A) et 2cycles (B) (figure 5.3b). Les cycles (A) et (B) sont des cycles « purs » composés d'une variation complétement renversée, superposée a une contrainte constante. Pour une variation de contraintes du genre de celle qui est illustrée a la figure 5.3, il serait donc logique d'imaginer que le calcul de la piece soit basé sur la limite statique du matériau et sur la limite obtenue en essai complétement renversé. CONTRAINTES POVGLES IA) 2 CYCLES IO) TEMPS CONTRAINTES Figure 5.3 — Spectretypique de Figure 5.3 chargement en fatigue, 48 ELEMENTS DE MACHINES 5.2 RESISTANCE A LA FATIGUE ET LIMITE D’ENDURANCE (DIAGRAMME S-N) Les charges qui ne peuvent produire de rupture en une seule application pour- ront éventuellement causer la rupture d'une piéce si leur application est répétée en nombre de fois suffisant (nombre de cycles N). C’est la principale caractéristique dela fatigue des matériaux. Ce nombre de cycles ala rupture (N) dépend de lintensite des charges appliquées. De méme, lintensité des charges applicables dépend dela vie que Von desire donner a la piéce (exprimée en nombre de cycles a la rupture N) lest possible d'obtenir la contrainte a la rupture d'un matériau, en fonction dela vie de la piece, en faisant un essai de fatigue sur ce matériau. C'est I'essai Moore (flexion rotative) qui est le plus couramment utilisé pour obtenir ces caractéristiques de fatigue. lI consiste & charger, en flexion complétement renversée, une éprouvette normalisée polie. Le nombre de cycles a la rupture est enregistré. Les résultats experi- mentaux permettent ensuite de tracer un diagramme logarithmique des contraintes (S) en fonction du nombre de cycles 4 la rupture (N) (igure 5.4). CONTRAINTES, =e " toa Figure 5.4 Figure 5.5 La courbe des matériaux ferreux posséde une asymptote horizontale. Cette asymptote représente la contrainte au-dessous de laquelle il est impossible de briser réprouvette quel que soit le nombre de cycles imposes. A ce moment, on dira que la piece offre une vie infinie. La valeur de la contrainte asymptotique détinit a limite Glondurance du matériau obtenue par essai Moore (S¢) et elle est atteinte par un nombre de cycles égal @ 10° Dans le cas des matériaux non ferreux, cette asymptote horizontale n’existe pas, Clest-a-dire que la rupture est inévitable, quelle que soit la contrainte imposée, lorsquill ya un nombre suffisant de cycles. Pour ces matériaux, il est usage de définir la limite d’endurance (Ss) comme la contrainte a la rupture pour 500 X 10® cycles. Ce diagramme S-N des matériaux non ferreux est typique des alliages d'aluminium et de magnésium. THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE Figure 5.4 — Diagramme S-N. Figure 5.5 — Diagramme de ré- sistance a la fatigue 49 Une piéce en matériau ferreux ne sera pas toujours calculée en fonction d'une vie infinie. De méme, une piéce en matériau non ferreux ne sera pas toujours calculée en fonction de 5X 10° cycles. Pour un nombre quelconque de cycles, la limite de fatigue est appelée /a résistance ala fatigue (S/) correspondant a N cycles (voir figure 55). Nous employons S¢ et Sf pour représenter les limites d’endurance et de fatigue obtenues avec une éprouvette normalisée. Nous emploierons Se et Sp pour représenter les limites d'endurance et de fatigue dune piece. 5.3 APPROXIMATION DU DIAGRAMME S -N POUR LES ACIERS Dans certaines applications, il n'est pas nécessaire de calculer les piéces en fonction d'une vie infinie, Le calcul de ces pieces n’est donc pas base sur la limite endurance (Se) mais sur a résistance a la fatigue (St) pourun nombre de cycles N (<10°) correspondant la vie dela piéce. Cependant, les diagrammes S-N n'existent pas Pour tous les matériaux. En fait, ils existent méme pas pour tous les aciers; i faut bien se rendre compte qu'il y a un nombre considérable d'aciers dont les caractéristiques de résistance a la fatigue different. Une approximation des courbes S-N, pour des aciers Utilisés en flexion complétement renversée, peut étre obtenue sous forme graphique ou analytique. 5.3.1 APPROXIMATION GRAPHIQUE Pour les aciers, la courbe S-N est obtenue approximativement en joignant par une droite, sur du papier log-log, les points A (0,9 Sy 810° cycles) et B (Sé a 10° cycles) (figure 5.6) Nous verrons ala section 5.4 que la limite d'endurance S¢ peut étre approxima- tivement reliée a la limite de rupture Su. lest donc possible, pour ce qui est des aciers, d'obtenir un diagramme S-N approximatif en connaissant seulementla limite de rupture Su en traction. Anoter: pour N < 1000 cycles, la résistance a la fatigue Sse rapproche de la limite de rupture Sy. Pour cette raison, lorsque 1 cycle 1400 MPa li) fontes et aciers coulés Si ~ 0,40 Su (512) iil) alliages d'aluminium et de magnésium extrude, etc.) 5x 10" cycles 6:13) Se ~ 0,30 Sy (coulé) Ces relations approximatives, bien entendu, doivent étre employées unique- ment dans les cas oi il est impossible d’obtenir des valeurs plus exactes des limites de fatigue, soit dans la littérature, soit en laboratoire. Pour ce qui est des aciers, il faut noter aussi qu’on peut utiliser, en absence d'une valeur exacte de Ia limite de rupture, une relation empirique entre la dureté Brinell et Sy. Celle-ci est basée sur 'observation expérimentale et est donnée par Su (MPa) = 3,45 He (5.14) ou Hp est la dureté Brinell ELEMENTS DE MACHINES EXEMPLE 5.1— Quelle estla résistance @ la fatigue d'une éprouvette normalisée ‘en acier UNS G10500 roulée a chaud (S. = 620 MPa) correspondant a une vie de trois heures a une vitesse de 1750 r/min (tours par minute) pendant qu'elle subit une flexion pure (contraintes alternées complétement renversées). SOLUTION a) Calcul de S¢ (limite d'endurance) Selon ’équation (5.11), on peut écrire Se 0,5 Sy car Sy < 1400 MPa Se 0,5 X 620 = 310 MPa b) Calcul de N_ (nombre de cycles) N= 1750 —— x 60 Mx an x 1 HE min h = 3,15 X 10° cycles tour c) Calcul de Sf (résistance a la fatigue) En utilisant "equation (5.7), ona aT log (3.15 x 10°) - 3 si = 09 x 20 (5,2) 3 0,9 X 620 S{ = 342 MPa > S: = 310 MPa EXEMPLE 5.2 — Quelle serait la vie en heures, & une méme vitesse de rotation, de léprouvette de exemple 5.1 si la contrainte appliquée était de 400 MPa? SOLUTION a) Calcul du nombre de cycles qu'elle peut supporter En utilisant réquation (5.10), on obtient 0 N= 1000 ( 55 ) 19 Soy 09 x 620 N 50 X 10° cycles THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE 53 b) Durée en heures (t) _ 80 X 10° cycles x Ltour/eyele 1750 ¢/min 60 min/h t = 0,48 h (ou 29 min) ‘Aremarquer : en augmentant le niveau de contraintes d’environ 17%, ona réduit la vie de la piéce par un facteur de 6. 5.5 FACTEURS AFFECTANT LA LIMITE D’ENDURANCE On determine en général les limites d’endurance (S¢, Sie) des matériaux en faisant des essais, surdes éprouvettes normaliséeset polies,latempératureambiante, en milieu non corrosif, etc., c’est-a-dire dans des conditions idéales. Généralement, les piéces de machine possédent des changementsbrusques de section; elles ne sont pas polies ni de mémes dimensions que les éprouvettes. De plus, elles sont rarement employées dans des conditions aussi idéales et subissent générale- ment un chargement quelconque. lest possible de tenir compte de ces différents facteurs en établissant, pour les pieces, des limites d'endurance plus faibles que celles des éprouvettes. La relation entre ces deux limites d'endurance peut étre exprimée par Se = Kak ke ka ke ke Se (615) ou Sg = limite d’endurance de 'éprouvette de essai Moore, Se = limite d’endurance de la piece, ka = facteur de fini de surface, kp = facteur de grosseur de piece, ke = facteur de fiabilité, kg = facteur de température, ke = facteur relatif a la concentration de contraintes, kr = facteur des effets divers. 54 ELEMENTS DE MACHINES Les facteurs Ka, kb. Ke, Kd. ke et kr réduisent habituellement la limite G'endurance des matériaux; cependant, certaines conditions de contraintes résiduel- les et certains traitements peuvent augmenter cette limite. Se_ est la limite admissible, en fatigue, d'une piéce qui est soumise a des contraintes completement renverséesen flexion. On obtient cette valeuren faisant des essais normalisés. Dans les paragraphes qui suivent, les différents facteurs considérés seront évalués. Ces quelques lignes résumeront les résultats de plusieurs années de recherche sur la fatigue des matériaux, domaine derecherche trés actif encore aujour- hui. Pour établir la valeur de chacun de ces facteurs, il a fallu faire des essais normalisés, ou une seule variable était changée, et comparer ces résultats avec ceux que l'on obtient en utilisant un spécimen normalisé. Par exemple, pour déterminer effet de la température, les essaisde Moore ont été répétes a différentes températures, et, en comparant la limite d'endurance & température ambiante avec_a limite obtenue & une température T, 'équation (5.22) a pu étre déterminée. 5.5.1 INFLUENCE DU FINI DE SURFACE Liinfluence du fini de surface sur la limite d'endurance des piéces est connue depuis longtemps; elle fait donc l'objet d'une abondante documentation. La surface d'une éprouvette étant polie, on peut donc prendre la surface polie comme référence pour déterminer l'influence du fini de surface. Le graphique de la figure 5.7 représente les valeurs du facteur de fini de surface {ka) en fonction dela limite de rupture (Sut). la été obtenua la suite de nombreuses Pou MEULE “J usiné ou EcROUIT LAMINE ACHAUD FORGE 3 > i acecene canon a I Se I i "co opm Fen E00 BO0 100) Ti00 T200 1300 14001800 1600 LIMITE DE RUPTURE EN TENSION, su: EN MPa THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE Figure 5.7 — Facteur du fini de surface ks pour les aciers (tiré de Mechanical Engineering Design» par J.E. Shigley, 3e édi- tion, ©1977 fig 6.17,p. 189, avec la permission de McGraw-Hill Book Co). 55 56 expériences sur des éprouvettes normalisées présentant différents finis de surface (poli, meulé, usiné ou écrouit, laminé a chaud et forgé). Saut pour ce qui est du meulage, les valeurs de ka varient suivant la limite ultime en tension. Les surfaces forgées offrent de moins bonnes caractéristiques; coci est da a effet combine de la rugosité et de la décarburisation de la surface. Cause trés fréquente de faillite en fatigue : la présence de marques que laissent les outils lors de 'usinage des piéces. Pour les métaux non ferreux, on utilisera ka = 1 car ona déjatenu compte de ce facteur dans les tables qui donnent la valeur de Se 5.5.2 INFLUENCE DE LA GROSSEUR DES PIECES Le diamétre des éprouvettes normalisées dans le cas de 'essai Moreen flexion complétement renversée est de 7,62 mm (0,0 po). Toutefois, on constate une réduc- tion des limites d'endurance lorsque le diamétre des spécimens utilisés est plus grand que 7,62 mm, On attribue généralement cette réduction au fait que les plus grosses piéces ont un plus grand volume de matériau dans la région fortement sollicitée; il ya donc plus de chances qu'une fissure microscopique se produise dans cette région, Cette probabilité plus grande se traduit par une diminution de Ia limite d'endurance, Deux critéres sont proposés pour évaluer l'influence de la grosseur des piéces sur la limite dendurance : le critére du volume relatif et le critére de la dimension caractéristique, Critere du volume relatif Pour ce qui est des aclers, il existe une bonne corrélation entre la limite d'endu- rance et les volumes des régions les plus sollicitées de Ia piéce et de léprouvette w=() = Vo Les dimensions de la partie centrale d'une éprouvette normalisée (essai Moore) sont montrées & la figure §.8a. Cette figure illustre la distribution de contraintes de ELEMENTS DE MACHINES flexion ainsi que la partie de la section centrale d'une éprouvette chargée a au moins 95% de la contrainte maximale. Le volume approximatif de ’éprouvette chargée a 95% de la contrainte maximale (figure 5.80) est 1 18 ( BLx018 ) Figure 5.8 a Figure 5.8 — Contraintes de flexion (essai Moore). Les observations montrent que la limite d'endurance d'une mémeéprouvette en charges axiales completement renversées est plus faible (environ 15% pour ce quiest des aciers) que celle qui est observée dans l'essai Moore. De plus, la limite d’endu- rance, pour un moment de flexion complétement renversé sans avoir fait tourner Véprouvette, est plus élevée que dans l'essai Moore. Ceci s'explique par le fait qu'un volume de plus en plus faible de matériau est soumis de fortes contraintes dans ces trois cas. Si une piece avait une geométrie exactement semblable a celle de la figure §.84 mais un diametre au centre dy de 50mm, le rapport V/Vo serait alorségal a[50/7.6] et ky» = (50/76]° “°°” ~ 0,82. Critére de la dimension caractéristique Des résultats expérimentaux suggérent que les facteurs suivants s'appliquent a des barreaux en torsion ou en flexion 1 pourd<7,6 mm kn = | 0,85 pour 7.6 mm 50 mm ou dest un diamétre ou une dimension caractéristique. THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE 57 La dimension caractéristique «d » correspond ala hauteur de la poutre dans le cas des sections non circulaires en flexion. On peut aussi utiliser les valeurs de kh ci- dessus lorsquil s'agit de charges en traction complétement renversées. Bien que dans ce type de chargement les contraintes sont constantes sur toute la section droite de la piece, on a observe expérimentalement, dans les échantillons prélevés pres dela partie centrale de la piéce, une limite d'endurance inférieure a la limite obtenue dans les échantillons prélevés prés de la surface de la méme piéce. En ce qui concerne des sections non circulaires en traction, a dimension caractéristique «d» correspond a la plus petite dimension de la section droite. 5.5.3 INFLUENCE DE LA FIABILITE ke Dans le but de définir la fiabilité d'une piéce, supposons que nous ayons un grand échantilionnage de cette meme piece, A chaque piéce, il est possible d'associer une contrainte « et une résistance S. Mais comme 'échantillonnage est grand. ily a une population de résistances et une population de contraintes (comme nous avons établi au chapitre 1). Si ces deux populations sont représentées par des distributions normales (figure 5.9), on peut calculer leurs moyennes 5, o et leurs écarts types (6S et 50) respects. Bien que la résistance moyenne, en général, soit supérieure & la contrainte moyenne. il existe toutefois un certain nombre de cas ol |arésistance est inférieure ala contrainte (figure 5.9, partie hachurée), Lorsqu’on veut définir la fiabilite d'une série de piéces, il faut définir la combinai- son des deux populations qui est représentée par une valeur moyenne (y). un écart type (8) et une variable normalisée (Zk) definis comme suit + 85 (5.18) (5.19) +85 Si on emet I'hypothése que S et @ suivent une loi de distribution normale, fa variable normalisée ZR sera, elleaussi, normale. On peut, des lors, définir la fiabilité R d'une série de pieces par la relation suivante R= 05 + Ax (520) ou Az est la surface sous la courbe de distribution normale de la variable Ze correspondant a la population combinee. ELEMENTS DE MACHINES Aprés avoir étudié de grandes sé- ries de piéces en acier, on aétabli que la déviation standard de la limite d’endu- rance dépassait tres rarement 8%. Ceci signitie qu’on peut obtenitr a limite d’en- durance, correspondant a une fiabilite donnée R, simplement en soustrayant un nombre de déviations standard de la limite d'endurance moyenne. Le facteur de fiabilité (ke) peut alors s'exprimer ° RESISTANCE par la relation suivante Figure 5.9 ke = 1-008 ZR 620 FREQUENCE (Nb OE RUPTURES) Le tableau 5.1 donne la variable normalisée Zn correspondant aux fiabilités R les plus fréquentes en design, ainsi que le facteur de fiabilité ke obtenu par 'applica- tion de la relation (5.21). TABLEAU 5.1 ER aeao 050 ° 1,000 0,90 1,288 0,897 095 1.645 0,968 5.5.4 INFLUENCE DE LA TEMPERATURE ka Lorsqu’une piece est soumise a des contraintes variables et a des temperatures élevées, elle peut faillir en raison d'une rupture de fatigue ou d'un fluage excessit. influence de la température varie d'un matériau a l'autre; ainsi, en ce qui a trait au plomb, une température de 25°C sera élevée tandis qu'elle sera parfaitement normale quant aux fontes, aux aciers, aux alliages d'aluminium, et ainsi de suite Par contre, lorsquil s'agit de températures au-dessous de la normale, certains matériaux deviennent trés sensibles aux effets d'entaille; ils peuvent subir des ruptures THEORIES DE LIMITATIONS EN FATIGUE Figure 5.9 — Distribution des résistances et des contraintes. ‘Tableau 5.1" — Facteur de iabi- lite correspondant & un écart type de 8% pour la limite dien- durance. * Tiré de«Mechanical Engineer- ing Designs par J.E. Shigley, 3e.dition, © 1977, tableau 5.2, . 192, avec la permission de MeGraw-Hill Book Co. 59 Figure 5.10 — Influence typique de la température et de la fré- quence de chargement sur la re- sistance a la fatigue des maté- riaux (reproduit de «Some fati- gue design requirements for fu- ture air and space venicies» par FH. Christensen, WADC Tech Report TR-59-507). 60 fragiles dans des conditions de charge partaitement acceptables a des températures normales. Le fluage est un phénoméne qui dépend du temps. Lorsqu’on procéde aun essai de fatigue, il est done normal que la limite d'endurance dépende de la période d'un cycle (ou bien de la fréquence a laquelle on applique les.charges). En effet, & basse fréquence et a température élevée, le fluage a son importance et la limite d’endurance est plus faible qu’a haute fréquence. A température normale, la fréquence a laquelle on applique les charges n’a pas diinfluence sur la limite dlendurance (figure 5.10) RESISTANCE ALA FATIGUE NOMBRE DE CYCLES? Figure 5.10 S'il s'agit d'une fréquence d'application constante, la température a nécessaire- ‘ment une influence sur les limites de fatigue et les limites statiques des matériaux. Les figures §.11 et 5.12 donnent I'influence quantitative de la température sur ces limites, pour ce qui est dun acier au chrome-molybdéne et d'un alliage d’aluminium. On note dans ces deux exemples que les limites de fatigue, en général, ne décroissent pas aussi rapidement que les limites statiques, lorsque la température augmente. En ce quiatrait aux aciers, on suggére une formule empirique pour déterminer le facteur de tempe- rature ma 2 pour T > 71°C ka eel (62) 1 pour T < 71°C Lorsqu'il est question d'une opération a haute température, il est souhaitable dobtenirle facteur de température ky en faisant des essais.en laboratoire. L’allure des figures 5.11 et 5.12 indique quill pourrait étre nécessaire d'affecter les limites statiques du matériau considéré. ELEMENTS DE MACHINES

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