Chers frères, chers jeunes, notre père, notre grand-père, Son Excellence Mgr
Damase ZINGA ATANGANA, pour des raisons très indépendantes de sa volonté
n’a pas pu être avec nous aujourd’hui pour lui-même faire cette catéchèse. A la
place, il m’a député, en tant que votre frère et votre ami, pour vous délivré un
message de foi, d’encouragement et d’engagement dans la mission
évangélisatrice de l’Eglise au milieu d’un monde désenchanté.
Le thème sur lequel nous sommes appelés à réfléchir ensemble ce matin est le
suivant : « Mettre sa foi en chemin pour et avec Dieu, à l’image de Marie :
enjeux et défis pour une jeunesse qui doit être sel de la terre et lumière du
monde ».
En abordant ce thème, nous devons avoir en esprit deux choses :
premièrement le mettre en lieu avec le thème général de ces JNJ : « Marie se
leva et s’en alla en hâte », tiré de Lc 1, 39). Deuxième savoir que notre
conférence se veut inaugurale. Elle est en effet la première d’une longue série.
Il s’en suivra plusieurs autres. Nous avons de ce fait la mission de planter le
décor et mieux cerner les concepts, la problématique et bien analyser le
contexte.
Essayons donc d’abord de comprendre de quoi il est question.
Etre en chemin c’est aller vers quelque chose, être en marche en visant un but.
Et le but ici est Dieu lui-même. Cette marche se fait avec Dieu, à l’imitation de
la Vierge Marie.
Un enjeu c’est ce qui peut être gagné ou perdu dans une entreprise ou une
partie de jeu.
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Un défi est le fait de défier ou une invitation au combat. C’est aussi le fait de
provoquer quelqu’un en le déclarant incapable de faire quelque chose.
Une hâte est une précipitation, une grande rapidité à faire quelque chose, soit
par amour, sois par passion, sois à cause de l’urgence.
La jeunesse quant à elle est normalement une période de la vie comprise entre
l’enfance et la maturité. Selon les circonstances, les enjeux et les objectifs,
l’intervalle d’âge peut être clairement indiqué. Dans tous les cas, son antonyme
c’est vieillesse.
Il s’agit donc d’un appel à s’ébranler, à se mobiliser avec précipitation, pour agir
au cœur du monde au nom de Dieu et avec son aide, en prenant pour modèle
la Vierge Marie, dans la mission évangélisatrice de l’Eglise, pour redonner à ce
monde de la saveur et de la lumière afin que nous ayons tous part à la vie
éternelle.
Ce qu’il faut déjà savoir c’est qu’enjeu et défi sont liés. Il n’y a pas de défi sans
enjeu et il n’y a pas d’enjeu sans défi. Ces deux vocables mis ensemble dans ce
thème nous indiquent bien que le contexte d’expression et de vécu de la foi a
changé aujourd’hui, par rapport à l’époque de nos parents. Nous sommes à
l’aire du pluralisme et notamment du pluralisme religieux. Le temps de la
pensée unique est révolu, de tout point de vue. Et qui dit pluralisme dit
compétition et donc concurrence. Oui, en tant que chrétiens, et notamment
jeunes catholiques, nous sommes bel et bien en concurrence aujourd’hui avec
d’autres propositions de foi qui veulent se montrer plus attractives en milieu
jeune, heureusement ou malheureusement. Même si l’Eglise Catholique ne fait
pas dans le prosélytisme, elle promeut le militantisme. Et le mot militantisme
ici prend tout son sens, car de la même famille que militaire, le militant désigne
celui qui combat.
Défendre la foi catholique aujourd’hui, sa doctrine et sa morale est un véritable
combat. Il n’y a pas de militantisme qu’en politique. Nous jeunes, nous sommes
appelés à être de vrais militants du Christ, pour faire asseoir les valeurs
chrétiennes dans un monde désenchanté.
Le défi ici est d’être sel de la terre et lumière du monde dans un
environnement qui botte Dieu en dehors de son champ existentiel et qui
combat même les valeurs évangéliques. Ce monde est un monde
défondamentalisation tous azimuts, qui a sombré dans le relativisme,
l’immoralité, la négation des valeurs chrétiennes et l’anticléricalisme.
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Ici, la matérialité a pris le pas sur la spiritualité. La course effrénée vers la
production et la consommation des biens matériels qui a engendré l’appât du
gain facile ont sacrifié le désir de Dieu chez l’homme. Les contre-modèles ont
été érigés en modèles, et la confusion totale s’est installée entre le bien et le
mal. Le mal devient bien, le bien devient mal. Ce qui était perçu comme
anormal est devenu normal et vice-versa. Ce qui fait la grandeur de l’homme
d’aujourd’hui, ce n’est pas ce qu’il est, mais ce qu’il a et ce qu’il fait. Comble de
malheur, au lieu de chercher à être des leaders, nous sommes devenus des
suiveurs, selon une expression bien maquillée : followers (qui signifie bien
suiveurs), c’est-à-dire des personnes dont les choix, les goûts, les orientations
et les options de vie sont commandées voire même téléguidées par d’autres,
malheureusement pour la plupart inexpertes. Notre vie est ainsi remise en
architecture entres des personnes à la moralité et aux capacités douteuses qui,
cachés derrière leurs écrans nous utilisent uniquement pour se faire de
l’argent.
La question est donc celle de savoir quelle réplique donnons-nous à tout cela ?
Le défi ici est de rester soi-même et surtout fidèles au Christ et aux valeurs
chrétiennes dans un tel environnement. Et c’est dans cet environnement que
nous sommes appelés à être sel de la terre et lumière du monde. Nous savons
tous ici que ce combat n’est pas facile. Mais l’enjeu est de taille. Qu’avons-nous
alors à gagner ou à perdre dans ce combat ?
Il faut dire que chacun de nous a reçu mission de la part du Seigneur d’apporter
sa pierre à la construction du règne de Dieu, à l’édification d’un monde meilleur
(« sel de la terre et lumière du monde »). Voilà déjà un enjeu. L’autre enjeu
fondamental est le salut : notre salut personnel et le salut de nos frères et
sœurs. « A quoi sert-il à l’homme de gagner le monde entier s’il vient à perdre
son âme ? ».
Nous sommes là dans la double articulation du royaume de Dieu : le « Déjà là »
et le « Pas encore ». Le royaume de Dieu est présent et à venir. Chacun de nous
doit contribuer, selon ses possibilités, à ce que tous les hommes sur la terre
puissent mener une vie calme et paisible ; en même temps que nous devons
tout faire pour avoir part à la vie éternelle. Ce double enjeu est tellement vital
que nous devons entrer dans le combat de Dieu. Et c’est avec Dieu lui-même et
l’aide de maman Marie que nous pouvons mener ce combat. Nous savons
qu’avec le Christ, la victoire est assurée. J’ai donc envie de vous répéter ces
paroles fort interpellatives du Saint Pape Jean Paul II qui au début de son
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pontificat lança cet appel : « N’ayez pas peur ! ». Chers jeunes, n’ayons pas
peur ! Ouvrons grandes les portes de notre vie au Christ !
La peur sème la terreur, la peur crée l’inertie, la peur démobilise, elle limite la
créativité. On a peur de s’engager, on a peur du qu’en-dira-t-on, on a peur du
jugement et du regard des autres, on a peur d’être différent, on a peur de
prendre ses responsabilité, on a peur de s’assumer, on a peur de se marier.
Certains ont même peur de travailler. Cette peur fait que certains sombre dans
l’alcool et la drogue. Cette peur nous fait tourner le dos à Dieu parce qu’il est
perçu comme exigent et dérangeur. Nous nous orientons alors dans les
industries du plaisir et du loisir et l’on vit de façon totalement irresponsable.
La foi doit guider et commander la vie du jeune chrétien de bout en bout,
exactement comme la Vierge Marie. Il n’y a pas un moment où on est chrétien
et un moment où on ne l’est pas. Il n’y a pas un lieu où on est chrétien et un
lieu où on ne l’est pas. Soit on est chrétien en tout temps et partout, soit on ne
l’est pas. Cette ambivalence, cette dichotomie que l’on observe parfois entre le
jeune chrétien et sa vie en société est contre-productive pour la mission
évangélisatrice de l’Eglise à laquelle nous sommes tous associés (Cf. : le synode
sur la synodalité).
Autrement dit, il n’est pas possible d’apporter sa pierre à l’édification d’un
monde meilleur en tant que jeune chrétien en participant efficacement à la
mission évangélisatrice de l’Eglise, si l’on se laisse tirer vers le bas (selon la
théorie du nivèlement par le bas) ou si l’on choisit volontiers le camp de la
médiocrité ou du minimalisme. Il n’est pas possible de travailler pour notre
propre salut et pour le salut de nos frères et sœurs si l’on se laisse, comme un
roseau, balloter par le vent au gré des discours fallacieux d’une société
désenchantée. Nous devons donc être « sel de la terre et lumière du monde ».
Les images du sel et de la lumière ici sont très intéressantes.
Le sel que nous connaissons tous est une substance rocheuse blanche
employée comme assaisonnement pour donner de la saveur à la nourriture.
C’est ce sens premier qui est utilisé ici. Le jeune chrétien doit donner de la
saveur et le goût de vivre en lui et autour de lui, dans un monde parfois trop
amer et triste parce qu’il porte en lui une espérance. Il doit aimer la vie, la
protéger et la sauvegarder de toutes ses forces, quitte à affronter avec courage,
vigueur et rigueur, les idéologies de la mort.
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La lumière est un phénomène naturel qui permet à l’œil de voir. Ce qui veut
dire que l’œil ne voit pas naturellement. C’est grâce à la lumière que l’œil peut
voir. Dieu est la Vraie lumière et source de toute lumière. Sans la lumière de
Dieu offerte gracieusement aux hommes en Jésus Christ (Cf. : Prologue de Saint
Jean), les hommes baignent dans les ténèbres du péché, du mal, de la
souffrance et de la mort. Disciple du Christ, le jeune chrétien doit briller dans ce
monde qui a tendance à préférer volontiers les ténèbres à la lumière : « la
lumière a brillé dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Cf. :
Prologue de Saint Jean).
Le jeune chrétien est donc sel de la terre et lumière du monde lorsqu’il :
- Défend la vie et combat la culture et les idéologies de la mort.
- Soutient et participe à la mission évangélisatrice de l’Eglise.
- Milite dans les mouvements de l’Eglise.
- Assume bien ses responsabilités dans ses tâches temporelles.
- Lutte contre l’inertie et la paresse.
- Promeut le développement.
- Défend les valeurs chrétiennes et la doctrine de l’Eglise.
- Prie en tout temps et en toute occasion.
- Affiche sans honte et fièrement sa foi.
- Met Dieu à la première place dans tout ce qu’il fait.
- Rame à contre-courant des antivaleurs sans aucune crainte.
- Défends et protège le mariage et la famille.
- Se garde de se compromettre pour de l’argent.
- Refuse au nom de sa foi d’entrer dans des sectes et autres cercles
ésotériques et mystiques.
Et la liste n’est pas exhaustive.
En conclusion, comme je l’ai dit plus haut, nous vivons dans un monde
désenchanté, un monde qui a détruit tous les fondements et a perdu ses
repères, un monde qui a botté Dieu en dehors de son champ existentiel. Or
c’est ce Dieu que nous portons et lui portons qui est le fondement. Etre « sel de
la terre et lumière du monde », c’est être, de par note foi, présence de Dieu au
milieu du monde par le vécu et la promotion des valeurs chrétiennes. C’est au
nom de cette foi et de ces valeurs que nous sommes appelés à nous mettre en
chemin, comme Marie, pour donner du goût, de la saveur et de la lumière à ce
monde que Dieu a créé avec sagesse et par amour, afin que tous les hommes
puissent y mener une vie calme et paisible et parvenir ainsi au bonheur éternel.
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Je vous remercie !