Olivier Kiniali Kamanda
Managing Director
Tout produit commence par une idée. Lorsque celle-ci émane de l’identification
d’attentes non satisfaites chez les clients ou d’une nouvelle tendance de
consommation, on parle d’innovation market-pull, tirée par le marché. Lorsque c’est
une découverte de la R&D ou l’émergence d’une nouvelle technologie qui donne lieu
à l’idée, il s’agit de technology-push, poussée par la technologie.
La direction générale joue également un rôle majeur pour proposer des idées. Les
idées peuvent venir de différentes sources, évoquées ci-dessous, mais leurs
chances d’être traitées avec le soin et l’attention nécessaires dépendent de
l’intérêt que lui accordera le management et de la mobilisation d’un champion
interne qui portera le projet.
Les besoins et désirs des clients constituent souvent un excellent point de départ
pour la recherche d’idées. Les méthodes d’enquête qualitative permettent
d’identifier les sources d’insatisfaction vis-à-vis des produits existants et de
repérer des pistes de développement. L’observation des clients en situation de
consommation et l’ethnographie contribuent à identifier les insatisfactions
inconscientes et les freins à l’usage. La co-création avec les clients, le
crowdsourcing et la sollicitation des communautés de marque sont également très
riches.
L’entreprise peut avoir de bonnes idées en analysant les produits et les actions de
ses concurrents. Elle peut demander aux clients ce qu’ils apprécient ou regrettent
dans leurs produits. Elle peut également acheter ces produits et en faire l’analyse
en vue de déceler des améliorations possibles.
Les représentants et les distributeurs, en contact étroit avec les clients mais
aussi avec les offres concurrentes, constituent également une source féconde
1
d’idées de nouveaux produits. Ils ont une expérience directe des besoins
insatisfaits et des réclamations de la Clientèle.
La phase de développement d’un projet comporte plusieurs types d’études, qui sont
souvent menées en parallèle et en liaison les unes avec les autres. Les principales
d’entre elles sont les suivantes :
1. Mise au point de prototypes (ou d’échantillons) du produit par les services
de R & D : il s’agit de transformer ce qui n’était jusque-là qu’un concept en
un produit réel. Pour cela, le responsable marketing doit fournir à la R & D
un cahier des charges, appelé brief-produit, qui définit, en termes «
consommateurs », les caractéristiques et les performances souhaitables du
produit ;
2. Tests de produit : les prototypes ou échantillons proposés par la R & D
doivent être, si possible, soumis à des tests auprès d’échantillons de
consommateurs potentiels pour vérifier qu’ils atteignent bien le niveau de
performance souhaité ;
2
3. S’il y a lieu, mise au point de maquettes de packaging ; ces maquettes seront,
le cas échéant, soumises à des tests de packaging ;
4. Etudes de faisabilité industrielle et de coûts de production : il s’agit, une
fois que l’on dispose des prototypes ou échantillons du produit et des
maquettes de packaging, de faire étudier par les responsables d’usine les
équipements nécessaires à la production en série et d’évaluer le prix de
revient de cette production ;
5. S’il y a lieu, recherches juridiques concernant la réglementation à
respecter, les possibilités de protéger l’innovation par des brevets, etc. ;
6. Formulation de la stratégie de marketing et du marketing-mix ;
7. Etude économique et financière du projet :
Établissement de prévisions de vente ;
Calcul des investissements nécessaires ;
Établissement de comptes d’exploitation prévisionnels ;
Évaluation de la rentabilité.
Lorsque toutes ces étapes ont été franchies et que, par conséquent, le projet
d’innovation est finalisé, il arrive que la direction générale de l’entreprise s’estime
suffisamment informée pour prendre la décision de lancement. Mais si les risques
qu’implique un tel lancement lui apparaissent encore trop élevés, elle peut
subordonner sa décision à une nouvelle phase du processus d’innovation, qu’on
appelle la « validation » du projet, et qui se fait par la méthode des « marchés-
tests » (ou « marchés-témoins »)1.
Dans les lignes qui suivent, nous développerons les différentes études liées à
chaque de ces étapes de la phase de développement d’un projet énumérées ci-
haut.
1. Tests de produit
1
3
Denis Lindon et Frédéric Jallat, Le marketing : Etudes, moyens d’action et stratégies, Ed.
Dunod, Paris, 6ième édition, 2010, pp. 107-108
Dans une démarche formalisée (dans une entreprise de taille importante), le
responsable du projet rédigera un brief-produit, destiné à la direction de la
recherche et développement (R&D) et aux équipes de design qui définira les
caractéristiques et les performances souhaitables du produit.
Le chef de projet pourra aussi réaliser un brief-packaging pour les équipes ou les
prestataires de design, qui vont réaliser ensuite des maquettes de packaging.
Comme dans tout processus itératif, la clarification des spécifications du produit
et de leurs conditions de réalisation va conduire à des allers et retours avec les
équipes de la production. Elles vont s’assurer de la faisabilité à grande échelle du
prototype et de la maîtrise des coûts par rapport au prévisionnel.
Les paramètres sur lesquels doivent porter les analyses portant sur les tests
d’acceptabilité sont la performance, l’acceptabilité, la compétitivité, les
caractéristiques intrinsèques, la valeur perçue, la cible et la fréquence d’achat.
4
Compétitivité Quel est le degré d’acceptabilité du Comparé à ces autres produits, quels sont les
produit par rapport à ses avantages, inconvénients perçus ?
concurrents ? Achèteriez-vous ce produit ?
Avantages/inconvénients par rapport Combien seriez-vous prêt à payer pour ce
aux produits actuels ? nouveau service ?
Le rapport qualité/prix est-il
satisfaisant ?
Caractéristiques Mesure d’attributs tels que le goût, le Je vais vous citer une série de caractéristiques
intrinsèques parfum, la forme, l’odeur, la couleur, concernant ce produit.
l’emballage, le conditionnement, la À chaque fois voulez-vous me dire si vous êtes
taille, la présentation, les consignes tout à fait d’accord, d’accord, pas d’accord, pas
d’utilisation, le mode d’emploi, etc. du tout d’accord ?
Mesure de l’équilibre des différentes (Différenciel sémantique )
composantes et de la composition du
produit.
Valeur perçue Quel est le prix à fixer pour ce Combien seriez-vous prêt à payer pour ce
produit ? nouveau service ?
Par rapport à un produit de ce type, pensez-
vous que le prix proposé est bon marché, cher,
trop cher ?
Cible et fréquence
Quelle est la cible ? Quelle est la Êtes-vous intéressé par ce produit ?
d’achat fréquence d’achat ? Dans quelles Comptez-vous, dans les prochains jours,
circonstances le produit sera-t-il semaines ou mois acheter ce produit ?
acheté ? Quel est le segment de
marché ?
Source : Marc VANDERCAMMEN, Etudes de marché : Méthodes et outils, Ed. Deboeck supérieur,
Bruxelles, 5ième édition, p. 476.
Plusieurs méthodes sont utilisées pour réaliser les différents tests de produits.
Parmi celles-ci, citons notamment :
Les triades de KELLY présentent les produits à tester trois par trois.
Pour chaque triade, la personne interrogée doit préciser en quoi deux
des produits sont semblables entre eux mais différents du troisième.
6
L’ensemble des triades est présenté successivement. L’utilisation de
cette méthode permet de générer des items centrés sur le produit et
ce, en grand nombre.
Les produits sont présentés séparément, l’un après l’autre. Pour chacun
de ces produits, le répondant doit préciser à quoi le produit lui fait
penser. Cette méthode de l’association libre privilégie les critères
d’image et des items attributifs de la marque.
Ces tests peuvent être réalisés en laboratoire, au domicile du client ou, pour les
produits intangibles (par exemple un logiciel, un site Web…), par Internet. Le
client doit utiliser ou consommer le produit et répondre ensuite à une série de
questions sur les différentes dimensions qu’on veut étudier.
Les tests peuvent ne porter que sur le produit ou être comparatif : on testera le
produit par rapport à une version précédente du produit ou aux produits
concurrents, ce qui est une procédure fréquente pour les biens de grande
consommation. Il est indispensable alors de réaliser un blind test, c’est-à-dire de
cacher la marque des produits qu’on fait tester.
Le goût est aussi une modalité sensorielle efficace pour évaluer la conformité de
la production, pour adapter le produit aux besoins des consommateurs, pour
analyser les produits de la concurrence et évaluer ainsi la qualité commerciale des
produits.
2 7
Lendrevie Lévy, Mercator, Ed. Dunod, Paris, 11ième édition, 2014, p. 241
Les jurys de consommateurs et d’experts demeurent des instruments privilégiés
malgré le fait que les analyses constatent qu’il n’est pas possible d’établir une
corrélation entre les goûts énoncés par les experts ou les consommateurs.
Il serait faux de conclure que les études de consommateurs sont inefficaces car
les consommateurs sont incompétents. Au contraire, ces derniers sont riches
d’expression. Les avis des consommateurs constituent une source d’information
intéressante et indépendante de l’avis des experts.
Le marketer va donc chercher à les interpréter, les utiliser et les exploiter afin
de mieux gérer l’adéquation entre sa gamme de produits et les consommateurs.
Les tests de dégustation sont généralement réalisés auprès de la cible et visent
à vérifier, en phase finale de développement de produit, que l’intérêt pour le
produit est suffisant ou qu’il n’y a pas eu d’erreurs de composition. Ces tests se
réalisent parfois auprès de jurys de consommateurs ou directement auprès d’un
échantillon spécifique en face à face.
Les tests de dégustation peuvent être monadiques (un seul produit testé) ou
comparatifs. Dans ce cas, les produits concurrents font l’objet d’une analyse sur
base d’un questionnaire à la fin de la dégustation. Les techniques de recueil de
l’information sont similaires aux techniques utilisées lors des tests de packaging
ou tests d’emballage (classements, comparaisons par paires, tests monadiques,
tests en aveugle, etc.). Les résultats font l’objet d’un traitement statistique3.
B. Test de positionnement
1. L’identification
3
8
Marc VANDERCAMMEN, Etudes de marché : Méthodes et outils, Ed. Deboeck supérieur,
Bruxelles, 5ième édition, pp. 475-478.
public. Le niveau de la liberté de choix dont on dispose pour positionner une offre
varie d’un cas à l’autre. Dans certains cas, il est pratiquement imposé, dans
d’autres nous pouvons choisir entre plusieurs univers de référence possible.
2. La différentiation
Toute offre sur un marché se voit comparée, évaluée par rapport à celle des
concurrents. C’est pourquoi au sein du positionnement, toute entreprise, doit
inclure un volet de différenciation. Ce qui revient à identifier les caractéristiques
distinctives attribuées au produit par le public.
2. Tests de packaging
Comme pour les produits, une partie des tests est fonctionnelle. Il s’agit de tester
les qualités techniques (ou d’usage) d’un packaging, qu’il s’agisse de protection, de
conservation, de manutention. Ce travail est réalisé par des experts.
Les autres tests sont réalisés auprès des clients. Il existe quatre grands types
de test :
9
temps nécessaire aux consommateurs pour voir et identifier la marque,
ainsi que les principales mentions figurant sur un packaging.
Les achats simulés en linéaire. Lorsqu’on cherche à prévoir les effets d’un
packaging sur les achats des consommateurs, la méthode la plus fiable est
celle de l’achat simulé. Elle consiste à faire circuler des consommateurs
dans un « linéaire reconstitué » et à observer leur comportement devant le
linéaire de la catégorie de produits. Quand on veut tester un changement
de packaging, on prend deux groupes tests, on soumet l’un à l’ancien
packaging et l’autre au nouveau et on compare les résultats. On utilise de
plus en plus des linéaires virtuels sur écran d’ordinateur.
4 10
Lendrevie Lévy, Mercator, Ed. Dunod, Paris, 11ième édition, 2014, pp. 241-242.
Source : Lendrevie Lévy, Mercator, Ed. Dunod, Paris, 11ième édition, 2014, p. 242.
3. Etudes de faisabilité
Le projet peut se définir comme une série d’activités non répétitives visant à
produire un ensemble spécifique et souvent ponctuel de biens ou de services.
Diamétralement opposée à l’exécution des opérations courantes, la conduite de
11
projets requiert une logique et une logistique différentes qui obligent l’entreprise
à s’adapter aux spécificités de cette gestion « sur mesure » :
Une structure temporaire ;
Un mode de travail en équipes multidisciplinaires ;
Des activités interreliées et interdépendantes qui construisent
progressivement un tout ;
Des contraintes à respecter (coûts, délais, spécificités ou performance,
valeurs, etc.) ;
Des relations de travail plus décentralisées, facilitant l’intégration, la
souplesse et la participation.
De manière résumée, la relation entre les différents volets ainsi que les aspects
utiles de chacun d’eux peut peuvent être schématiquement reproduits comme
suit :
12
Chacun de ces aspects constitue un point spécifique du développement de notre
exposé.
13
De manière schématique, le volet organisationnel et légal consiste en ceci :
14
En effet, le volet de l’étude de la faisabilité de marché cerne l’environnement
d’affaires du projet, puis permet de questionner l’existence du besoin auquel doit
répondre le projet. L’étude de la faisabilité de marché vérifie les exigences et le
potentiel du marché, la concurrence à affronter, estime les ventes ou
l’achalandage que le concept envisagé amènera et élabore une stratégie pour sa
commercialisation. Elle livre donc une information essentielle quant aux revenus
ou bénéfices qu’engendrera le projet, mais aussi quant aux dépenses que réclame
sa mise en marché.
15
En effet, le volet de l’étude de la faisabilité technique vise à configurer les
aspects technologiques et méthodologiques du système qui produira le concept,
puis à en estimer le coût. L’étude de la faisabilité technique détermine la capacité
de production, les choix technologiques, le processus, le calendrier, les stocks, les
outils, les équipements et les activités de transport ou de manutention qu’exige la
production ou la prestation. On y précise aussi l’aménagement de la surface de
plancher requise et la disposition des installations nécessaires pour produire ou
assurer la prestation. Enfin, la faisabilité technique détaille le fonds de
roulement, les dépenses d’immobilisations et de production ou de prestation du
projet.
16
4) L’étude de la faisabilité socioenvironnementale
17
5) L’étude de la faisabilité financière
Elle compare les revenus estimés du projet aux coûts que commande son
accomplissement. L’étude de la faisabilité financière détermine alors la
rentabilité de l’investissement avec les critères établis. Ensuite, elle prend en
compte le contexte fiscal, analyse les risques que cet investissement pose et
évalue la rentabilité du projet étudié. Enfin, elle précise la stratégie de
financement de l’investissement et en justifie l’adoption.
18
4. Etude économique et financière du projet
L’estimation future des ventes d’un produit constitue un des défis majeurs du
marketing. Dans un environnement en constante mutation, la nécessité de prévoir
de manière la plus efficace possible les ventes futures s’impose. Or, l’analyse est
délicate car quand on interroge les consommateurs en termes d’intention d’achat,
ils font preuve d’une grande prodigalité.
Pour affiner les mesures obtenues, surtout quand le premier achat est un achat
d’impulsion, peut-être dû à la nouveauté du produit, il convient de s’intéresser au
rachat qui mesure mieux l’acceptation définitive du produit par le consommateur.
La plupart des méthodes développées font preuve, à des degrés divers, de
réalisme, de fiabilité et peuvent simuler des volumes de vente.
19
Différentes mesures sont effectuées sur base de données collectées. Lors d’une
enquête quantitative, l’entrepreneur veille à collecter les données suivantes :
Nombre d’interviewés : le nombre de personnes qui ont participé à l’enquête,
qu’elles aient répondu ou non aux questions ;
Nombre de répondants qui ont déclaré avoir l’intention d’essayer le produit;
Nombre de répondants qui ont déclaré vouloir acheter régulièrement le
produit;
Quantité achetée lors de chaque achat ;
Fréquence d’achat : le nombre d’achats annuels.
Simultanément, l’entrepreneur va déterminer l’univers de son marché, la
population qui constitue le marché potentiel de la cible.
Sur base des données collectées, il est possible de calculer des indicateurs
synthétiques.
Taux d’essai :
Pour affiner les estimateurs, il est possible d’y intégrer un paramètre comme le
nombre d’acheteurs de la marque qui comprend le nombre de répondants qui
déclarent vouloir acheter le produit de la marque.
Ces estimateurs doivent être affinés en utilisant des hypothèses réalistes et/ou
pessimistes.
20
L’hypothèse réaliste repose sur les données collectées, l’hypothèse pessimiste
repose sur les données collectées pondérées par les marges d’erreur (le résultat
le plus mauvais).
Tout projet nécessite un investissement et ce dernier doit être bien évalué afin
de ne pas porter un coup fatal à la réalisation du projet. Deux types de besoins
de financement sont essentiellement identifiés, ils représentent les capitaux
nécessaires au fonctionnement du projet et de sa mise en œuvre : les
investissements et les besoins en fonds de roulement d’exploitation.
a) Les investissements
Un investissement est une dépense qui est réalisée dans l’espoir d’en retirer un
profit futur. Ce qui le distingue d’une simple charge est le fait que le profit espéré
doit se réaliser sur plusieurs années et non sur un seul exercice. Ils peuvent être
classés en plusieurs catégories.
L’investissement peut porter sur des éléments tangibles (machine par exemple)
ou des éléments intangibles. Dans ce dernier cas, le caractère d’investissement
dépend de la durée pendant laquelle la dépense va avoir des effets positifs pour
l’entreprise. Si cette durée est inférieure à 1 an, il s’agit d’une charge. Si elle est
supérieure à 1 an, il est possible de la considérer comme de l’investissement. Les
dépenses concernées peuvent être très variées. Il peut s’agir de dépenses de
formation ou d’une campagne de publicité. Ainsi, la formation, en permettant aux
salariés de l’entreprise d’acquérir de nouvelles compétences, va avoir des effets
21
sur la performance de la société sur plusieurs exercices, et peut donc
légitimement être considérée comme un investissement.
22
fournisseurs avec un certain délai, ce qui va réduire son besoin de financement.
Le BFRE se calcule comme suit :
En effet, la prévision financière est constituée des états financiers reliés les uns
aux autres comme le montre la figure ci-dessous. Ces états sont alimentés par les
prévisions d’activités et d’investissement préalablement définis.
Source : Michel SION, Réussir son business plan, Ed Dunod, Paris, p. 154.
23
La rédaction des états financiers prévisionnels est une étape essentielle pour la
prise des décisions par les différents partenaires intéressés par le business plan.
Deux cas de figure se présentent dans cette situation : le cas de la nouvelle
entreprise et celui de l’entreprise déjà existante.
Une des techniques qui peut alors être employée consiste à utiliser certains ratios
financiers d’entreprises existantes qui évoluent dans le même secteur d’activité.
Par contre, pour des entreprises déjà en exploitation, on peut utiliser la méthode
du pourcentage des ventes.
Lorsqu’une entreprise amorce ses activités, une des premières étapes consiste à
préparer les états financiers prévisionnels dont l’état prévisionnel des résultats,
l’état prévisionnel des bénéfices non-répartis et le bilan prévisionnel après une
année prévisionnelle d’exploitation.
En effet, les dirigeants d’une nouvelle entreprise doivent avoir une idée de ce à
quoi ressemble le portrait financier des entreprises du secteur d’activité dans
lequel ils souhaitent évoluer. On recourt alors les ratios financiers de sociétés
existantes du même secteur afin de calculer l’actif de la nouvelle entreprise.
A titre d’illustration, on sait que le ratio d’endettement est égal au passif total
divisé par l’actif total. En connaissant l’actif prévu et ce ratio, on peut calculer le
passif correspondant et, par la même occasion, les capitaux propres, c’est-à-dire
la somme que l’on doit investir. Il importe cependant de garder à l’esprit que ces
calculs ne donnent que des résultats approximatifs. De plus, cela exige qu’on ait
en main les ratios financiers moyens du secteur d’activité, dans un marché où peu
de gens d’affaires acceptent de divulguer ce type de renseignements.
24
Le compte de résultat prévisionnel constitue le premier document prévisionnel
élaboré à partir des prévisions d’activité car il est plus facile d’estimer les
différentes charges d’exploitation à partir des ventes projetées par les
commerciaux. Il importe à ce niveau de préciser que deux analyses importantes
doivent être menées : l’analyse de l’activité et l’analyse de la profitabilité.
25
Le compte de résultat se situe donc nécessairement en amont du plan de
financement. Il permet de déterminer un indicateur clé : la capacité
d’autofinancement (CAF). Elle représente les ressources supplémentaires
disponibles dues à l’activité, c’est donc la capacité à investir et à rembourser les
emprunts du projet. A partir de la CAF, on détermine le flux de trésorerie
d’exploitation en adjoignant la variation du BFRE telle que résumé dans la figure
ci-haut.
4. Évaluation de la rentabilité.
Pour cela, il faut confronter les sommes que l’entreprise va devoir débourser aux
sommes qu’elle va, par la suite, encaisser et qui vont apparaître à des dates
différentes. Ceci impose d’avoir recours aux principes de l’actualisation. En effet,
disposer d’un franc congolais aujourd’hui n’est pas équivalent à recevoir ce franc
congolais dans cinq ans. Le temps a un prix et l’actualisation permet de rendre
comparables des sommes qui sont perçues à des dates différentes.
Le critère qui va être retenu pour choisir de réaliser ou non un investissement est
le critère de la VAN (Valeur Actualisée Nette). La VAN mesure la création nette
de valeur, après remboursement de l’investissement initial et rémunération des
apporteurs de fonds. Elle est égale à la valeur actualisée, au taux k, à la date de
l’investissement (t0), de tous les flux nets de trésorerie qui vont être dégagés ou
engagés (Ft), pendant n années, sous déduction de l’investissement initial (I0).
26
Un signe négatif symbolise un flux de trésorerie qui sort de l’entreprise (c’est
notamment le cas de la dépense d’investissement) et un signe positif représente
un flux de trésorerie qui entre dans l’entreprise (les ventes par exemple)5.
Une seconde condition pour pouvoir utiliser le coût du capital de l’entreprise est
que le projet doit être financé dans la même proportion de dettes et de capitaux
propres que l’entreprise dans son ensemble.
Pour estimer le coût du capital, il faut avoir, au préalable, bien compris la logique
qui le sous-tend, puis il faut estimer le coût des fonds propres avant de pouvoir
calculer le coût du capital de l’entreprise.
Le coût du capital représente la rentabilité qui est exigée par l’ensemble des
apporteurs de fonds. Il est donc fonction du niveau de risque de l’actif
économique.
5 27
Arnaud THAUVRON, Les choix d’investissement, e-theque, 2003, p. 5.
D’un point de vue global, l’ensemble des apporteurs de fonds (actionnaires et
créanciers financiers) attendent de l’entreprise qu’elle dégage une rentabilité au
moins égale à leurs attentes, qui correspond au coût moyen pondéré du capital
(CMPC). Ce coût du capital est égal à la moyenne pondérée entre le coût des fonds
propres et le coût de la dette.
Avec
Rc : coût des fonds propres.
Rd : taux auquel l’entreprise peut s’endetter aujourd’hui. Il ne s’agit donc pas
du taux auquel elle s’est endettée par le passé.
CP : valeur de marché des capitaux propres. Dans le cas d’une entreprise
cotée, elle correspond à sa capitalisation boursière.
DF : valeur de marché de la dette. Cette valeur est égale à la valeur
actualisée au taux Rd de l’ensemble des flux liés à la dette (intérêts et
capital).
T : taux de l’impôt sur les sociétés.
Quoi qu’il en soit, le calcul du CMPC de l’entreprise est toujours utile car il sert
de point de repère dans la détermination du taux pertinent d’actualisation6.
Un projet peut être réalisé dès lors que sa VAN est positive, c’est-à-dire qu’il y a
création de valeur. Le taux d’actualisation à retenir est le coût du capital du
projet. Il représente la rentabilité minimale qui est exigée du projet, compte tenu
du risque de ce dernier.
Le TIR (Taux Interne de Rentabilité) représente le taux qui rend la VAN nulle. Il
mesure le taux de rentabilité dégagé par le projet, sous l’hypothèse de
réinvestissement des flux au taux du TIR, soit :
28
6
Idem, pp. 35-40.
Lorsque le TIR est supérieur à ce taux d’adoption, le projet d’investissement est
acceptable. À l’inverse, si le TIR lui est inférieur, le projet doit être abandonné.
Ce taux d’adoption est le même que celui qui est utilisé pour le calcul de la VAN.
Il s’agit du taux de rendement exigé pour les investissements de même classe de
risque, c’est-à-dire le coût du capital du projet.
Lorsque le signe des flux de trésorerie du projet change plus d’une fois, la
résolution du système d’équation peut être impossible ou conduire à
l’obtention de plusieurs TIR, ce qui n’a pas de sens économique.
Un raffinement peut consister à actualiser les flux avant de calculer le DR. Ceci
ne rend pas pour autant ce critère plus valable que précédemment car il reste
avant tout un critère de liquidité et non de rentabilité8.
29
7
Arnaud THAUVRON, Les choix d’investissement, e-theque, 2003, pp. 9 – 12.
8
Idem, p. 13
d) Détermination de la rentabilité de l’exploitation
Dans un marché-test réel, le produit nouveau est effectivement mis en vente avec
une stratégie de marketing et un marketing-mix conformes à ceux qui sont prévus
pour le lancement national. Mais cette mise en vente se fait sur une zone
géographique restreinte, qui peut être une agglomération, un département ou une
région. Pour pouvoir tirer des enseignements valides et fiables de ce lancement à
échelle réduite, on doit respecter plusieurs règles assez contraignantes :
La zone test doit être représentative du marché national ;
L’effort publi-promotionnel accompagnant le lancement-test doit être
équivalent (toutes proportions gardées) à celui qui est prévu pour le
lancement national ;
La durée du marché-test doit être suffisamment longue pour permettre
l’étude des comportements de réachat (ou d’abandon) de la part des
personnes ayant essayé le nouveau produit ;
Un dispositif précis et fiable de recueil d’informations doit être mis en
place, sous forme notamment d’enquêtes et de panels auprès des
consommateurs et des distributeurs, pour pouvoir analyser :
Le volume de ventes réalisé et la part de marché obtenue par le nouveau
produit ;
Le nombre et les caractéristiques des foyers procédant à un premier
achat ;
30
Le taux de réachat et son évolution ;
Les opinions des acheteurs, distributeurs et prescripteurs sur le
produit, les raisons d’achat, de réachat ou de non-réachat, etc.
Dans une première étape, on cherche à prévoir quel va être le taux d’essai du
nouveau produit, c’est-à-dire le pourcentage de clients potentiels qui vont, au
cours d’une période déterminée, procéder à un premier achat de ce produit. Pour
cela, certains instituts utilisent une méthode analogue à celle des tests de
concept, mais avec présentation réelle du produit et indication précise de son prix.
Dans une deuxième phase, on cherche à prévoir quel sera le taux de réachat (et/ou
la fréquence d’achat) du nouveau produit chez les personnes qui l’auront essayé.
Pour cela, on procède à un test de produit au terme duquel on mesure les intentions
de réachat.
31
Qu’il s’agisse du taux d’essai ou du taux de réachat, les résultats bruts des tests
sont traités et extrapolés à l’aide de modèles mathématiques relativement
complexes destinés à corriger les biais inhérents à la situation de test. La fiabilité
des prévisions que l’on peut faire à partir d’un marché-test simulé dépend
largement de la qualité de ces modèles sous-jacents, qui sont différents selon les
instituts et qui constituent leurs « secrets de fabrication » (ou leurs « boîtes
noires »).
32