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l'éloquence françoise de ce
tems . [Par F. de La Mothe Le
Vayer]
S V R
L'ELOQ VENCE
FRANÇOISE
DE CE TE M S.
A PARIS,
Chez S tBAST iBN C R.A M ois Y, Imprimeur
ordinaire du Roy, rue ~in& I&cque~
aux Cicogncs.
A MONSEIGNEVR
L'EMINENTIS~ME
CARDINAL
D V C
DE R1CHELIEV.
oA~/c~r~
Z~ ~M/T~~
receude VOSTRE II Ni IN E NCE
trois Petits Traitez que
~~< pris la ~r~~ lui
~~r~
ie ne me f?~ ~y que
dvfer en-
.0
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~X~~ liberté pour ce-
core de la
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que ceus qui donnent
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g~NÇOISË
~j~JëcE
'TEMS.
1 c'cAoic vnechofeab-
folumct nccefÏairc d'c'.
&rc parfaiccment clo-
quchc pour parler de
1 Eloquence~ i'auouë que ic fcroM
paroittre trop de tcmcri,té,d'entre-
prendre ce difcours. il faut plus
de naturel que ie n'en ~i pour afpi-
rer à la gloire du bien dire &: t'au-
Acï'itc de mes cftudcs m'ayant toû-
JouK plus porce à la connoifTancc
des chofes, qu'a l'ornement du lan-
gage, ne m'a pas formé le Aile pro-
preavnfihaut dcfÏein, Mais puif-
qucnous voions tous les iours,quc
beaucoup de personnes fans auoir
iamais tenu le pmccau~ ne !aiÛeM
pas de parler fort pertinemment
dc!a peinture. Et qu'il y a des pè-
res de famille, qui ne discourent
pas moins à propos que les Archi-
tc<~cs de l'ordre d'vn batUmcnt~
bien qu'ils n'aient iamais mis la
main à l'ceuure. Pourquoy ne fe-
roit-il pas permis à vn homme de
traitter de l'art du difcours fans
cftrc Orateur & de dire fon opi-
nion de l'Etoquencc de fon tcms~
bien qu'il ne le face pas auec toute
la pompe & toutes les graces que
ceus du mefUcr y pourroicnt ap-
porter. Ccft d'aiHcurs vnc chofc
qui me doit cftrc bien pluftoA par-
donnée en ce que ie ne prêtons
pas de donner icy la figure d'vn
parfait Orateur François comme
quelques-vns onc fait aprcs les
Grecs &ïes Romains; ni d'cnfci-
gner tous les préceptes de la Rhé-
torique à t'exempte d'Hermogcnc~
de Quintitien, &:d~s d'autres
qui s'en (ont d'autant mieus ac-
quittés qu'ils cxccJloicnt en ceftc
profetlion. Mon intention cA de
dire Cmp!cmcnc ce que ie penfe
du langage d'auiourd'huy~ de
com-
muniquer au public quelques re-
Ncxionsqueiayfaitj~urccfuiec~ &
d'cxpofer mes fentimcns iuM"
au
ment de ceus qui les pcuucnt cor-
riger, s'ils ne ics approuuenc. On
ne doit pas trouucr plus cArangc
que ie me difpcnfe de parler de
l'Etoqucncc en aiant fi
peu que
quand vn Orateur cntrcprent do
difcourir de certaines chofes dont
il n'a pas vue fort profonde con-
'noifÏancc. Et neantmoins Cice-
ron lui permet de le faire & lui
ofe mcfmes promettre vne glo-
rieufe iffuë de(oncntrcpri(c. Il re-
marque fur ce propos qu'Aracus
tout ignorant qu'it cttoit de i'A-
Urologic, parte commun confen-
tement des hommes ~auans ne
lailfa pas de faire vn très-excellent
pocme du Ciel & des Eftoites. Et
que Nicandrc qui n'auoit iamais
pratique la vie champêtre l'a
néanmoins trcs.bicn de~crittc en
(es vers, qui n'ont rien de rufUque
que la matiere dont ils traittcnt.
Nous pouuons adiou~cr l'exem-
ple de Cornelius Celfus~ que nous
~auonsauoir exerce fon ftile aucc
reputation en toute forte d'arts~
bien qu'il ne les peuH pas tous
pofîedcr dans la pcrfc<~Hon~ veu
mefmcmcnc que Q~intilicn le
qualifie vn homme de fort médio-
cre cf{)rit. Ce n'eft donc pas vne
chofe nouue!Ie ni qu'on doiuc
touc a faic condamner en mapcr-
tonne~d'auoir o~eefcriredcnoftrc
Eloquence en c~ant fi dépour-
ueu puis qu'en cas iemb!ab!cs il
n'a pas mal reuïH a tant d'a~tres~
qu'il n'eA pas d'ailleurs inconuc-
nient qu'on parle rai~onnablç~.
mcncd'vne fcience, encore qu'oti
n'ait pas le don den bien prati-
quer toutes les régies. Ceus qui
difcourcnt le micus de la difpofi-
tion désarmées~ & des di~ercntes
~un~ions militaires ne font
pas
fouuent les plus grands hommes
de guerre~ & qui témoignent Iç
plus de valeur dans les combats.
Et on rcmarqué de Gahcn que
ce grand Genie de la Medecine, &
qui ad doctement efcrit fur
toutes
fes parties, ne rcumuoic fou-
pas
ucnt dans l'exercice de fon art, &
guariuoic beaucoup moins dema-
ndes qu'vn The~atus fon aduer-
~atre, dont tout le fçauoir
ne con-
Moit qu'en quelques expériences.
Tant il eh vrai que ce (ont des par-
ties defpric différentes, & qui ne
<c trouuent
pas toujours en vn
mefme fujct, celle qui donne les
iumiercsde la fcicncc, &ceHe qui
nous rent propres aus operations.
Le mcfmc peut arriuer t'art Ora-
en
toire, qu'en celui de ta Milice, ou
de !a Médecine, &
que tel homme
dira fort bien toutes les lois qu'on
doit obterucr dans
vne picce d'E-
loquence qui fe
trouuerra néan-
moins derectucus dans l'vfages'i!
s'y applique,
pouuant donner aus
autres ce qu'il n'a pas comme cette
pierre qui fait trcncher le fer, bien
qu'elle n'aie rien qui couppe d'elle-
mcfmc.
Or pour ne pas conireccnir au
(ymbole Pythagorique quidcfcnc 1r~A-
déparier fans lumiere, c'e~ a dire ~<Mt.t~.
a monauis, fans ordre & fans mé-
thode~ puis qu'il n'y a rien qui don-
ne tant d'obfcuritc a vn difcours
que la confuCon 'e commencerai
pour m'cn cfiongncr le plus que
ic pourrai par le plan de ce petit
ouuragc. Et premièrement ie de-
clare que ie ne dirai rien icy de cefte
cloquencc animée de la vois, & de
l'a&ion qui donnoit de fi grands
auantagcs à HortenCus & a De-
mofthene qu'on a dit des ouura-
ges de ce dernier, que la meilleure
partie de Dcmofthenene s'y trou-
uoitpas. AufncA-ccIe mcfmc qui
atanc attribué à l'avion qu'âpres
lui auoir baillé le premier rang
entre les chofes qui pouuoient rcn-
dre vn Orateur parfait, il lui don-
na encore le fecond & le croiCefmc
lieu, voulant dire que tout le refte
compare a Fanion lui fcmbloit de
fort peu de confideration. Ce n'c~
pas Qu'il n'y ait eu de grands Ora-
teurs qui ont beaucoup plus paru
par leurs cfcrits, que par ce qu'ils
prononçoicnten public. Ifbcratc
entre autres cft remarque par
Quintilien pour auoircftéincom-
'parablemenc meilleur Eicriuain
que Declamaieur, ou, fclon qu'en
parle Denis d'Halicarnanc/pIus
propre a c&releu, qu'acéré enten-
du de viue vois. Au contraire de
Demadcs, & de Pcriclcs, dont le
bien dire a e~e admire, quoi qu'ils
ne ~e funcut iamais peu appliquer
à mettre la main à la ~lume. Tant
ya que lai~Iantaus maigres de Fart
tout ce qui regarde cefte cloqucn-
ce du corps comme l'appelle Ci-
ceron, qui con~ftc au gcAc, à la'1
vois, & au mouucmcnt de toute
la pcrfonne, ie ne traitterai icy que
de ccftc autre eloquence muette,
&priueedctoutc a~ion~ qui Sem-
ble eOkre par là beaucoup infcrieu-
re à la premierc, bien qu'en e~cc
ce ne ioit c~enticllemcnt qu'vnc
mcfmc eloquence, & que (uiuant
l'opinion de QuimUien le bien
parler &le bien cfcrire ne foient, fi
on y prent garde, qu'vnç meGnc
chotc. Car comme la parole cft
l'image de nofhe difcours inté-
rieur, d'où vient que les Grecs ex-
pliqucnt l'vn & l'autre par vnmeC-
me mot, nos cfcrits nous repre-
icntc~t: tous les dcus; & par con-
fequent fi ~s pcnfecs font bien
conceuës, fi no~rc langage
& cft
cloquent, ce que nous cfcrirons le
fera de mefmc, n'y pouuant auoir
de di~crence Mcrc qu'accidentel-
le en ce qui touche les petites cir-
con&anccs qui accompagnent ra-
&ion. Mais ce ne0: pas aCez d~
uoir remarque que ie me re0:rcin
drai dans l'Eloquence des liutcs~
i'~diou~e qu'au lieu de fuiure le
train des Efcholcs, qui me mené-
roit plus loin ic
que ne veus aller, ie
réduirai tout ce que t'ai à dire fur
fuict fous trois principaus arti-
ce
cles. Le premier fera des mots, ou
dirions nues, dont le corps de no-
Arc langue cft compote. Lcfecond
des periodes J qui te font de ces
~(tombiez pour expliquer
mots
quelque conception. EtIeiroiËc~
de qui concerne vne pièce
me ce
entière, &vnc Oraifon comp!ette~
quia iene ~ai quoi de conMer~-
b!een(bntout, outre ce qui peut
citre obferuc dans (es parties. Sur-
quoi ie fuis obligé d'auertirqu'en~
coreqUe les Profcneurs de tmeM-
rique entendent quetqucsfbis par
le mot d'Oraifon
vn des membres
de la periode, qui peut contenir
en
ce fens pluficurs oraifons nous
ne prendrons néanmoins en tout
ce difcours l'Oraifon qu'en fa plus
grande eAcnduc~ & pour vue
com-
pofition parfaite, afin d~uitcrh
t confufion qui pourroit venir de
ceftc double 6gni6cation< En
tout
cela mon deflein n'eft
autre, que
de profiter à ceus qui
peuucni c~rc
touchez de la mcfmc curiofité
que
i'a~ eue en faisant les obfcruations
que ic leur communiquerai &
1
d'cn tirer moi-mefme l'intrusion
que ie cherche, me confirmant en
l'opinion des chofes qui feront ap-
prouuecs~&mcdeparcantdc celles
qui auront vne plus mauuaife for-
tune. tc~aific ia gloire cnticrc à
ccus qui ont afÏe~ de fuSMancc
pour nous donner vue Rhetori-
que Fran~oife de la valcur des
Grecques, &:des Latines. Quant à
moiquircconnois ma fbibieïÏc, ic
pcnferai auoir beaucoup fait, fi ic
m'acquitte de ce peu a quoi ic me
viens d'obliger. Cleanthc&Chry-
fippe fc menèrent autrefois d'efcri-
rcdes Rhetoriques, mais ce fut de
.teUe forte ditCiccron en riant,
qu'i! ne falloit que s'amufer a les
lire, fi on vouloit bien-toA ap-
~r~r~
f~
prendre a fc tairc~ jR&~
f~MM C/M~~
~c, o~fo~ ~M~~
Q~llç
u
témérité fcroit la mienne d'entre-
prendre ce qui Succéda fi mal à
deux perfonnagcs de telle réputa-
tion ï Contentons-nous donc de
ce qui a plus de proportion auec
nos forces, & pour cet effet com-
mentons parla premiere partie de
noAre distribution qui regarde la
diAion.
Encore qu'il fcmblc que ce Soit
plus le fait d'vn Grammairien que
d'vn Orateur de confidcrer les
mots nuëmcnt, a cauSe qucc'e&Ia
Grammaire qui nous apprcnt a
parler, & la Rhétorique adifcou-~Mu!d
Io~u<m<
rir d'où vient que tant de per-~ tur,pau-
t
Mdicm:
Sonnes parlent, & que fort peu dif- C
Creni ce
<
niens coire ccus de Syfatufc, choi-
Gorgi~Nt~ Am-
baffadeur, comme Iep!usproprcà
cftre cnuoié vers vn peuple qui
cftoic alors s;ouuernc par tes Ora-
teurs. En cfFcc il (e fit admirer dans
ccâe ~au~ntcviUe d'Arhcnc~
fon bien dire eut le fuccez que ccus
de fon pais s'en eftoient promis.
Mais rien ne rauit tant ce peuple
accoutume aus harangues, que!a
nouueauté des figures dont Gor-
giasornoicion difcours. Car c'e.
c?
~f~
nier, A~ M~r~Mf~~~0~<
le ferois bien
/~M~w.
~fchc qu'on le
creuft
c~.
/)~
rt L
.F~~f
~f~
P~
~o.).«, par
Ô* 6. ~<' ~'etpoutef<ie< (eadment.
fois. 'oo. M~~«~</ï< ra6t.
to~. t. /</«, de tout ce qu'ils dirent. i~t.
i.&-
~,t'MOUë M<!t. ~.ï~~ 1;. /~<,d'tt!tfC CO~,
~t A$ w~M~ ~f~
/.<.cn, ~t&
~M~ ~w/w~ ~o~.