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Fiche technique

Commerce international

LE CREDIT DOCUMENTAIRE
Instrument de paiement et de garantie

Mars 2003

Vincent STEUNOU
LE CREDIT DOCUMENTAIRE
Instrument de paiement et de garantie

SOMMAIRE

Introduction et Références ...................................................... p3


Définition du crédit documentaire ............................................. p4
Les différents types de crédits documentaires ............................ p4
L’ouverture d’un crédit documentaire ........................................ p5
Le rôle de la confirmation ........................................................ p6
La réalisation du Crédit Documentaire (« availability ») ............... p7
L’importance des dates butoirs ................................................. p8
L’importance des documents ................................................... p9
Le rôle des banques et leur responsabilité ................................. p9
Conclusion ........................................................................... p10

Fiche technique : Commerce international


LE CRÉDIT DOCUMENTAIRE - Instrument de paiement et de garantie
Mars 2003 – Vincent STEUNOU
© afdcc 2005 - p2/11
INTRODUCTION

Le crédit documentaire est un moyen de paiement qui, dans le commerce


international, apporte sécurité, fiabilité et souplesse.
D’abord et avant tout, le Crédoc est un instrument de paiement. Il est le seul
moyen de paiement garantissant à l’exportateur une certitude quasi totale de
bonne fin d’encaissement. Il n’en reste pas moins que pour en tirer le meilleur
profit, il est essentiel de respecter le plus scrupuleusement possible ses instructions
et ses règles.
Pour en faire un instrument de garantie, le crédit doit être confirmé, auquel cas
l’exportateur est doublement garanti, contre la défaillance financière de son
acheteur et contre l’insolvabilité du pays de l’acheteur.

RÉFÉRENCES

« Règles et Usances Uniformes relatives aux crédits documentaires ». Brochure 500


de la CCI de PARIS. On parle de « RUU 500 ». En anglais : « UCP » (Uniform
Customs and Practices)
En matière de droit applicable, le crédit documentaire est réglementé par les « Règles et usances »
élaborées pour la première fois en 1933 et révisées à plusieurs reprises, la dernière version en vigueur
ayant pris effet au 1er janvier 1994.

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DÉFINITION DU CRÉDIT DOCUMENTAIRE

Le crédit documentaire est une forme de crédit bancaire par signature, adapté au
commerce international. C’est un moyen de paiement. La banque qui ouvre un
crédit documentaire s’engage pour le compte de son client importateur (le «
donneur d’ordre ») à payer l’exportateur étranger (le « bénéficiaire ») contre remise
de documents conformes prouvant que la marchandise a été expédiée ou la
prestation effectuée.

LES DIFFÉRENTS TYPES DE CRÉDITS DOCUMENTAIRES

On distingue 3 types de crédits documentaires

• Le crédit documentaire révocable : il peut être amendé ou annulé sans avis


préalable au bénéficiaire. A tout moment, l’acheteur peut revenir sur sa décision
et rompre unilatéralement le contrat. Donc ce type de Crédoc ne couvre pas
contre le risque de fabrication et le risque politique.

• Le crédit documentaire irrévocable notifié : il y a l’engagement irrévocable de la


banque de l’acheteur de payer à vue ou à échéance. Le risque est celui de la
cessation de paiement de la banque ainsi que le risque de non transfert. Donc
on est couvert contre le risque de fabrication et le risque commercial mais non
contre le risque politique.

• Le crédit documentaire irrévocable et confirmé : c’est la forme la plus sûre, car


il existe un double engagement bancaire. Il permet au vendeur de se faire payer
dans son pays.

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L’OUVERTURE D’UN CRÉDIT DOCUMENTAIRE
Il existe 4 intervenants (5, dans le cas d’un crédoc irrévocable et confirmé) :

• Le client, ou « donneur d’ordre », ou « applicant » ou « opener ».


• La banque du client, ou « banque émettrice », ou « issuing bank », ou «
applying bank ».
• L’exportateur l’acheteur), ou « bénéficiaire » ou « beneficiary ».
• La banque notificatrice ou « notifying bank » ou « advising bank ».
• Dans le cas d’un crédoc irrévocable et confirmé : la banque confirmatrice ou
« confirming bank » (la banque notificatrice peut également être la banque
confirmatrice).

Dans un crédit documentaire, il existe 3 circuits distincts :

• Le circuit des marchandises.


• Le circuit des documents.
• Le circuit des paiements.

Les étapes du crédit documentaire :

- Après accord sur une offre de prix par l’acheteur, ce dernier fait une
demande d’ouverture de Crédoc auprès de sa banque. L’acheteur se doit
de donner des instructions d’émission en conformité avec le contrat
commercial.

- Quand la banque a donné son accord, il y a rédaction du texte d’ouverture.


La banque émettrice ouvre le crédit en respectant les instructions données
et agit dans l’esprit des Règles et Usances.

- Une fois émis, le Crédoc est transmis par la banque émettrice à la banque
notificatrice, qui est le correspondant de la banque de l’acheteur dans le
pays du vendeur.

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- A réception du Crédoc par la banque notificatrice, cette dernière ajoute au
Crédoc une lettre de notification. Elle confirme éventuellement le Crédit
Documentaire en faveur du vendeur (voir 5/ Le rôle de la confirmation)

- La banque notifie le Crédoc à l’exportateur, soit directement, soit par le


biais de la banque de l’exportateur (banque réceptrice)

- L’exportateur doit analyser les termes du Crédoc pour vérifier qu’il est
conforme au contrat commercial. Si le Crédoc n’est pas acceptable par
l’exportateur, il faut demander une modification et/ou une prorogation et
faire en sorte que les garanties proposées par le Crédoc soient réelles.

- Si les documents présentent l’apparence de conformité avec les termes et


conditions du crédit, et si les délais limites sont respectés, la banque
confirmatrice paie. Cette dernière ayant payé se retrouve à découvert sauf
si elle a reçu une provision de la banque émettrice. Une fois les documents
transmis à la banque émettrice, celle-ci rembourse la banque
confirmatrice, selon les modalités prévues.

- La banque émettrice remet les documents à son client - l’importateur- et


débite son compte. Les marchandises sont alors remises à l’acheteur
contre présentation du document de transport original : avec ce document
qui est représentatif des marchandises achetées, l’importateur peut
prendre possession de ces dernières et dédouaner.

LE ROLE DE LA CONFIRMATION
- la confirmation renforce la sécurité des partenaires. En effet, le bénéficiaire
reçoit la promesse ferme d’une banque de son pays qui effectuera la
paiement ou l’acceptation en sa faveur.

- A la demande du bénéficiaire du Crédit Documentaire, l’acheteur donne


ordre à sa banque de faire confirmer son Crédit Documentaire irrévocable
par la banque notificatrice. Cette dernière devient alors également la
banque confirmatrice, en ajoutant son propre engagement à celui de la
banque émettrice.

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LA REALISATION DU CRÉDIT DOCUMENTAIRE (availability)

- la « réalisation » d’un crédoc est l’acte par lequel la banque réalise ses
engagements envers le bénéficiaire.

- le crédit doit indiquer clairement s’il est réalisable par paiement à vue,
paiement différé, acceptation, ou négociation.

¾ Le paiement à vue (« at sight ») est la procédure la plus simple,


il correspond à une vente au comptant.

¾ En cas de paiement différé, la banque paie le bénéficiaire à la


date d’échéance stipulée dans le Crédoc (exemples : 60 jours
date de facture; 90 jours date de connaissement)

¾ Le paiement par acceptation correspond à une vente à terme. En


échange des documents, l’exportateur reçoit une traite acceptée
soit par l’acheteur, soit par la banque confirmatrice, soit par la
banque émettrice.

¾ La négociation : c’est l’escompte d’un effet de commerce


présenté par l’exportateur avec les documents conformes.

Le crédit dit « red clause » est un mode de préfinancement à l’exportation. Cette


clause autorise la banque notificatrice/ confirmatrice à effectuer des avances au
bénéficiaire avant présentation des documents. Ceci contre l’engagement écrit du
bénéficiaire de produire ultérieurement les documents requis par le Crédoc.

Le Crédoc peut aussi être « revolving » : il est renouvelé automatiquement lors de


chaque utilisation par le bénéficiaire. C’est utile pour des expéditions régulières et
échelonnées dans le temps. Le revolving fixe le montant total, le nombre de tirages,
le montant des tirages et la validité. Le Crédoc revolving doit autoriser les livraisons
partielles.

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L'IMPORTANCE DES DATES BUTOIRS
On distingue 3 types de délais. Ces délais portent d’une part sur les marchandises,
d’autre part sur les documents.

- la date limite d’expédition : la date butoir conditionne la date d’arrivée des


marchandises dans le pays de l’acheteur. Les articles « transport » des
RUU 500 donnent avec précision, mode de transport par mode de
transport, les indications nécessaires pour la date à retenir par les
banques, figurant sur les documents de transport. La date d’émission de
document de transport est généralement retenue comme date
d’expédition.

- La date limite de présentation des documents de transport : Soit le crédoc


indique précisément un délai partant de la date d’expédition pour la
présentation des documents de transport. Exemple : « les documents de
transport devront être remis à la banque pas plus tard que 10 jours après
la date d’expédition » ou encore « les documents de transport seront
acceptés jusqu’à 40 jours de leur date d’émission ».

Soit le Crédoc ne comporte aucune indication à ce sujet. Dans ce cas,


l’article 43 des RUU stipule que « les banques refuseront les documents
présentés plus de 21 jours après la date d’expédition ». Ceux-ci devant
être cependant présentés « au plus tard à la date d’expiration du crédit ».

- La date de validité : quel que soit le mode de réalisation du crédit, celui-ci


doit stipuler une date limite de validité pour la remise des documents.
L’article 42a des RUU précise que « tout crédit doit stipuler une date
extrême de validité et un lieu de présentation des documents », les
documents devant être présentés « au plus tard »à cette date extrême de
validité.

Le lieu de présentation à la banque est donc capital et le bénéficiaire doit


veiller aux délais d’acheminement des documents. En effet, le butoir de la
date de validité est un impératif à respecter sous peine de ne pas être
payé. Bien sûr, il est possible de demander une prorogation de la date de
validité, de même qu’une prorogation de la date ultime d’expédition, mais
encore faut-il que le donneur d’ordre l’accepte.

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L'IMPORTANCE DES DOCUMENTS
- les documents sont très importants car ils ont une fonction de garantie.
Pour l’exportateur, ils sont le moyen d’être payé. Pour l’acheteur, ils sont
l’assurance que les marchandises ont bien été expédiées et livrées au
point de livraison convenu, selon les Incoterms.

- Les documents doivent faire l’objet d’une demande précise de la part de


l’acheteur.
Les documents en général demandés sont les suivants : la facture
commerciale, les documents de transport, le certificat d’origine, la liste de
colisage, le certificat d’assurance. Quand l’exportateur doit présenter des
documents autres que ceux relatifs au transport, à l’assurance ou la (les)
factures(s) commerciale(s), le crédit doit stipuler par qui de tels
documents doivent être émis et les données qu’ils doivent contenir.

- Les factures commerciales : il est admis un écart de + ou -5% par rapport


au montant prévu par le crédit documentaire si celui-ci est ouvert pour un
montant maximum; et un écart de + ou – 10% si le montant est « environ
».

LE ROLE DES BANQUES ET LEUR RESPONSABILITE


- Selon les « Règles et Usances uniformes relatives aux Crédits
Documentaires », les banques ne prennent en considération que le texte
du Crédit Documentaire. Donc, elles ne tiennent pas compte des clauses
du contrat commercial qui seraient en contradiction avec la rédaction du
Crédit Documentaire.

Par ailleurs, c’est sur la seule base des documents présentés que les
banques décident si le règlement peut être effectué : elles n’ont donc pas
à contrôler si les marchandises expédiées correspondent à celles décrites
dans le crédit et n’ont aucune responsabilité en cas de différence entre
marchandises facturées et marchandises livrées.

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- les services documentaires des banques procèdent à un contrôle
systématique de l’apparence de conformité des documents. L’exportateur
a donc tout intérêt à procéder lui aussi à un contrôle préalable très
soigneux afin de prévenir dans la mesure du possible les réserves de la
banque, et de procéder aux éventuels ajustements nécessaires dans les
délais.

S’il n’existe pas de réserves de la banque dans les 7 jours ouvrés suivant
la réception des documents, ceux-ci sont réputés conformes.
Si les documents présentent des irrégularités, selon leur importance, la
banque notificatrice procède de la manière suivante :

Si l’irrégularité est mineure : elle n’est pas signalée à la banque


émettrice et entraîne un paiement « sauf bonne fin » aussi appelé «
paiement sous réserves locales », ou contre garantie bancaire de
remboursement si le texte du Crédoc le permet.

Si l’irrégularité est majeure, elle entraîne le non-paiement des


documents et la remise des documents à disposition du bénéficiaire. La
banque peut aussi, si le bénéficiaire le souhaite, envoyer les documents «
à l’encaissement » pour examen par la banque émettrice et obtenir la
levée des irrégularités.

CONCLUSION
Le Crédit Documentaire est un outil très pratique dans le cadre des échanges
internationaux.

- Pour l’acheteur importateur, il répond à un besoin de sécurité. Il acquiert la


certitude que les marchandises commandées ont été embarquées et
expédiées, puisque le paiement s’effectue dans tous les cas contre
documents.

Par ailleurs, il se prémunit contre d’éventuels différends portant sur les


délais de livraison : la validité du Crédit Documentaire ainsi que la date
limite d’expédition devant figurer sur toute ouverture de Crédoc
prémunissent l’acheteur contre le non-respect des délais de livraison.

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- Le vendeur exportateur, quant à lui, est assuré que le paiement sera
effectué par un tiers - une banque - une fois les marchandises expédiées
et les documents requis présentés.

Il nécessite toutefois de la rigueur et le respect des délais. Le credit manager peut


ici apporter sa valeur ajoutée en organisant une synergie entre les différents
intervenants en interne dans le traitement du Crédoc, en fixant des seuils de
montants pour consultation des services financiers etc…

Il intervient aussi au stade de l’analyse du risque, soit en faisant exiger une


confirmation par une banque française, en fonction du risque pays, soit en
analysant le risque sur la banque et le risque pays si le Crédoc n’est pas confirmé.

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