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Le Musiche di Bellerofonte Castaldi

V INCENT D UMESTRE - G UILLEMETTE L AURENS


L E P OÈME H ARMONIQUE
α
Bellerofonte Castaldi

illustration : Claude Gellée, dit Le Lorrain, Port de mer au soleil couchant


Musée du Louvre  Photo RMN - G. Blot / J. Schormans
Le commentaire de ce tableau par Denis Grenier est en page 27 du livret
Les illustrations du livret sont de la main de Castaldi (édition de 1622)
Claude GELLÉE, dit le LORRAIN
[Chamagne, Lorraine, vers 1602 - Rome, 1682]
Port de mer au soleil couchant,1639
Toile, 1,03 x 1,37 m
Musée du Louvre, collection de Louis XIV

Féérie du couchant répandant ses couleurs en fusion sur le ciel et la mer. Fête et
chant de la lumière, chaude et dorée, rougeoiement caressant les édifices et les enveloppant
de paix et de mystère. Transparences, ombres et clartés, décor de théâtre baroque, mise en
scène du temps qui s'écoule.
Dernières ondulations de l'eau, embarcations, d'agrément et de labeur, navires à port
ou sur le point d'aborder. Foisonnement humain : manoeuvres de cordages, retour des voya-
geurs, échanges peu amènes ou jeu, spectateur prêt à dégainer, cape et épée, conversation
vespérale entre honnêtes gens... famille de musiciens, enfant, luth posé, théorbiste séréna-
dant la belle. Le long manche est-il celui d'une angélique? À moins que la dame ne s'apprête
à chanter. Vision vibrante et cristalline, soleil s'estompant dans le lointain, charme du soir ita-
lien, ambiance idyllique, douces heures ambrées dans lesquelles glissent les oiseaux.
Poète en communication charnelle avec le monde, peintre de la lumière, Claude, le
plus italien des Lorrains, le plus romain des Français, pénètre les mystères de la nature et
accède à la force vitale, à l'énergie cosmique, à l'Harmonie, à l'Unité du monde. L'œil fait
entendre la voix du tableau. Plaisirs fondus des yeux et de l'ouïe, délectation, volupté.
Indissociable de la vie, la musique, le miracle.
Denis Grenier
Département d’histoire
Université Laval, Québec

Ut Pictura Musica
la musique est peinture, la peinture est musique
Bellerofonte CASTALDI (1580 - 1649)

1 Arpeggiata a mio modo 1'56


2 Echo notturno 5'08
3 Francese lamentevole 3'37
4 Follia 4'30
5 Mascherina Canzone 4'40
6 Dolci miei martiri 5'20
7 Capriccio detto Bischizzoso 4'08
8 Quagliotta Canzone 2'53
9 Chi vidde più lieto e felice di me ? 3'45
10 Tasteggio soave - Sonata prima 4'43
11 Grilla gagliarda 1'52
12 Capriccio detto Svegliatoio 2'59
13 Capriccio detto Hermaphrodito 2'04
14 Steffania persuasiva 2'55
15 Cecchina corrente - Sadoletta corrente 1'52
16 La Lettera d’Heleazaria Heb. a Tito Vespasiano 10'33
LE POÈME HARMONIQUE
Guillemette LAURENS, chant

Vincent DUMESTRE, théorbe Lourdes Uncilla Moreno 1994


Massimo MOSCARDO, tiorbino Yves Pouliquen 1995, théorbe Joël Dugot 1996
& guitare baroque Luigi Locatto 1983
Sophie WATILLON, dessus de viole Sergi Casademunt 1987
& viole de gambe François Bodart 1985
Marion FOURQUIER, harpe triple italienne Simon Capp 1996
Fredericke HEUMANN, lirone Günter Mark 1995
Joël GRARE, tambourin, zarb, bendir

Enregistrement réalisé du 25 au 27 mars 1998 à Sion (Suisse),


au Studio de la Fondation Tibor Varga
par Hugues Deschaux (Musica Numéris), assisté d'Aline Blondiau.
Montage numérique : Hugues Deschaux & Aline Blondiau (Musica Numéris)
Quand bien même je serais près
du canon, je dirai ce que j'ai sur le cœur.
Castaldi, Rimansuglio di Rime Bernesche.

Bellerofonte Castaldi
(né vers 1580, mort le 27 septembre 1649)
La bibliothèque Estense de Modène en Italie possède un manuscrit intitulé
Rimansuglio di Rime Bernesche (1) , sorte de journal personnel entièrement écrit en vers,
de la main de Bellerofonte Castaldi. Ce document fait se succéder poésie amoureuse, lettres
à d'illustres personnages, prophéties évoquant la destruction de certaines villes d'Italie,
plaintes et insultes (à l'encontre d'ennemis personnels) dont le style très cru rappelle l'au-
dacieux Decameron de Boccace, réflexions philosophiques sur la mort, récits de
voyages...Ce volume de 80 pages dont les derniers feuillets furent écrits quelques mois avant
sa mort en 1649, est un témoignage unique, étonnant, parfois émouvant qui nous permet
de retracer dans ses grandes lignes la vie, l'activité artistique et le caractère de ce musicien
italien.
Dans ses Rime, Castaldi explique ainsi l'originalité de son prénom : "Mon père fut
gentilhomme nommé Francesco Castaldi, qui me fit venir au monde, ma mère fut Maria
Rossi de Terni qui eut le ventre fécond de moi.(...) Mon père trouva des noms extrava-
gants avec lesquels il baptisa ceux qui naquirent de lui, pour qu'il n'arrivât pas ce dont
il avait toujours souffert." En effet, il y avait trois Francesco Castaldi à Modène, et les lettres
s'échangeaient des uns aux autres. C'est pourquoi il se dit :"si j'ai des enfants, je renonce-
rai à Pier, Polo, ou Gian, et je leur donnerai des noms qui leur soient propres". Il eut
d'abord quatre filles : Arpalice, Areta, Axiotea et Artemia, puis trois garçons : Oromedonte,
Sesostro et enfin Bellerofonte.
Cette décision trahissait déjà chez lui quelques uns des principes qui allaient être
ceux régissant l'éducation des enfants Castaldi : un goût profond pour le savoir,
l'amour de la culture antique, le respect le plus grand pour les hautes valeurs morales et
les idéaux chevaleresques, le tout en accord avec le code de conduite défini par le livre très
influent de Baldassar Castiglione, Il Libro del Cortegiano. Plus tard, Castaldi brilla si bien
dans les deux arts de la musique et de la poésie qu'il fut autant apprécié comme virtuose
que comme poète, comme l'attestent ses relations avec les poètes Tassoni, Testi et les com-
positeurs Gastoldi, Monteverdi.
A l'âge de 23 ans, Castaldi voyagea à travers toute l 'Europe et ce fut pour lui le début
d'une vie aventurière, d'exil permanent qu'il ne laissa que pour retrouver sa Modène natale
peu de temps avant de mourir.
S'il courut le monde, ce fut en musicien mais aussi en homme traqué, à la fois pour
avoir participé dans les années 1620 à l'assassinat du meurtrier de son frère Oromedonte, et
pour avoir régulièrement dénoncé dans ses lettres les abus de pouvoirs, notamment ceux
du clergé. Chassé de Modène, il fut poursuivi le reste de sa vie et connut la prison à plu-
sieurs reprises. "(...) Me voici depuis six mois ici, loin de chez moi, enfermé comme un San
Paccuvio (...) Je vis loin de toute colère et de toute fureur mais je crains la populace,(...)
et qu'elle fasse surgir des feux violents et sans cesse renouvelés, pire que ceux du
Vésuve.(...) Je veille de loin sur la toile, tel une grosse araignée obstinée, brûlante et usée."

Castaldi était un épicurien, un esprit libre. Musicien indépendant, il préféra toujours


sa liberté à l'assujettissement qu'aurait représenté pour lui le service d'un prince. "J'admire
la cour et la loue de loin, n'ayant jamais eut l'esprit d'en faire partie(...)." Sa musique n'a
jamais voulu plaire à quelque mécène. Mais ce qui fait la richesse du musicien fit également
le malheur de l'homme. Seul, accablé de dettes, incapable de nourrir les siens, Bellerofonte
Castaldi mourut le 27 septembre 1649. "Ma bourse est comme une vessie dégonflée.(...) Je
suis dans le malheur et il me manquera bientôt du pain pour nourrir Mario, Anselmo, et
Christoffano.(2) (...) Que vienne la mort pour me pousser hors de ce monde : j'ai profité
de belles choses mais puisqu'il ,faut mourir, j'ai la hardiesse de croire que ma gibecière
est vide de péchés. Nul ne sait ce qu'est la douceur de mourir s'il ne l'éprouve pas, et rien
n'existe en comparaison des dernières heures."
La production musicale de Castaldi comporte deux volumes imprimés et plusieurs
pièces réunies dans le manuscrit de Modène.
Le recueil Capricci a due stromenti cioe Tiorba e Tiorbino e per Sonar Solo Varie
Sorti di Balli e Fantasticarie Setnoforelleb tabedul (3) (édité à Modène en 1622) contient
les pièces pour théorbe, celles en duo avec le tiorbino (instrument deux fois plus petit que
le théorbe et dont la tessiture est d'une octave supérieure), instrument pour lequel ce
recueil est la seule source de musique actuellement connue. Castaldi y utilise les formesan-
ciennes d'écriture auxquelles il est attaché : Fantaisies, Canzones, Capriccios en forme de
Ricercar, mais il développe une grande inventivité poétique, cultive le goût de l'étrange
dans des compositions aux titres parfois mystérieux (La Mascherina - "la petite sorcière",
Il Bischizzoso - "le sournois"), parfois humoristiques (l'Hermaphrodito -
"l'Hermaphrodite") parfois descriptifs (La Quagliotta - "la petite caille", Il Svegliatoio - "le
réveillé"). Ainsi, enchaînements d'accords modaux, arpèges, accords de septième non pré-
parés, chromatismes expressifs qui troublent l'effet de la tonalité (comme dans le Tasteggio
Soave) montrent la connaissance profonde qu'avait également Castaldi des nouvelles
formes musicales de l'époque influencées par le Nuovo Stilo. Pour toutes ces pièces,
Castaldi précise qu'il ne s'est pas soucié de donner d'indications de tempo, de phrasé, de
dynamique, d'ornement ou de doigté : "Perché chi havrà giuditio per sonare sicuro ques-
ta intavolatura l'havrà ancora per cosi fatti rimansugli" (parce que celui qui aura le talent
de jouer ce qui est noté saura bien trouver tout le reste).
Les deux autres sources d'ou proviennent les oeuvres de Castaldi sont le Primo
Mazzetto di Fiori musicalmente coltri dal Giardino Bellerofonteo - premier petit bouquet
de fleurs, cueilli musicalement dans le jardin de Bellerofonte - édité sous les presses
d'Alessandro Vicenti à Venise en 1623, et le Manuscrit de Modène (I-Moe Mus. G.239). Ici
encore apparaissent l'indépendance et la liberté musicale de Castaldi, ainsi que son éclec-
tisme, conséquence d'un parcours musical varié, Castaldi ne s’imposant dans son œuvre
aucune limite de style et de genre.

Echo peut-être à l'atmosphère des opéras de Monteverdi (voire précisément au


Possente Spirto de l'Orfeo ? ) - à qui Castaldi dédia un poème - l'Echo Notturno est une
plainte où l'amant se substitue à Narcisse et détourne le mythe bien connu de la nymphe
Echo (clin d'œil de l'auteur du poème, qui n'est autre que...Castaldi lui-même) et se lamen-
te, tandis que disparaît progressivement la voix d'Echo "dans le silence de la nuit sombre
qui couvre le monde". Si Castaldi se montre un mélodiste dont le chant simple et profond
sait illustrer la beauté grave du texte (ainsi dans Francese lamentevole, ou Dolci miei mar-
tiri), il sait aussi trouver les "idiomatismes" harmoniques et les couleurs de la musique
populaire par des effets de basse écrite en musette, des répétitions rythmiques d'un unis-
son sur deux cordes séparées (au tiorbino, ou au théorbe comme dans la Follia ou dans les
Cecchina corrente et Sadoletta corrente) ou encore en recréant une pièce de théâtre minia-
ture, comme dans Chi vidde più lieto ou deux personnages- l'homme et la femme - s'amou-
rachent l'un de l'autre, se disputent, se retrouvent, et ponctuent leur discours d'onomato-
pées et d'effets sonores ("ici l'on crache, l'on soupire, l'on tousse" dit Castaldi !) tandis
qu'Amour ironise, commente ou moralise à chaque fin de strophe.

Bien différente est la Lettera d'Heleazaria Hebraïca a Tito Vespasiano, où Castaldi déploie
son talent de madrigaliste pour illustrer une lettre qui dit le déchirement d'une femme juive
dont le jeûne prolongé, pendant le siège de Jérusalem par Titus Vespasien, l'obligea à tuer
et manger son propre fils : "Ici, avant le coucher du soleil, je dévorerai le fruit de mes
entrailles" chante-t-elle, tandis qu'à cinq reprises revient la basse de la passacaille, telle
une supplication lente et désespérée.
"Car, que l'homme soit fou ou prudent, la mort le recouvrira de son habit"
Le destin de Bellerofonte Castaldi se laissait entrevoir dans son seul prénom. Dans la
mythologie grecque, le héros Bellerophon, prince de Corinthe, capture Pégase le cheval
ailé, symbole de l'inspiration et de la beauté, et tue le monstre tyrannique Chimère, symbo-
le des tromperies et des machinations. Plus tard, le Héros défie les Dieux et est contraint
d'errer seul dans la misère jusqu'à la mort. De la même façon, Castaldi, "transporté sur les
ailes de Pégase", armé de la musique et de la poésie lyrique, partit en guerre contre la mal-
honnêteté, l'injustice, l'impiété et les abus de pouvoirs qu'il dénonça toute sa vie
durant.
Lui aussi, à maintes reprises, défia "ceux qui sont plus forts et trompeurs"(4) de son
esprit téméraire, de sa langue et sa plume acérées, et lui aussi souffrit l'emprisonnement,
l'exil, les blessures(5), la solitude et la pauvreté. Mais tandis que la poésie semble avoir tou-
jours été son arme et son mode de vie, la musique l'accompagna, constamment, et toujours
fut salvatrice :

"Mora che vive in pianto


E viva solo a cui diletta il canto"
Meurt qui vit dans les larmes
Seul vit celui que la musique charme

Peter Van Heyghen & Vincent Dumestre

(1) Francesco Berni (1497-1535) est l'auteur d'une poésie burlesque et allègre. Le terme "bernesche" ne fait probablement réfé-
rence qu'à une partie de l'œuvre poétique des Rime.
(2) Castaldi ne s'étant jamais marié, il est probable que Mario, Anselmo et Christoffano furent les enfants de ses frères dont l'un fut
assassiné et l'autre mourut de la peste - Bellerofonte aurait alors été leur tuteur.

(3) La formule latine "Ludebat Bellerofontes" est ambiguë, en particulier dans son écriture inversée. Cela peut signifier Bellerofonte
jouait (toutes ces pièces), ou : Bellerofonte s'amusait (à composer et exécuter des pièces), ou : Bellerofonte s'est bien joué (du lec-
teur). Il est très probable que Castaldi voulait signifier tout cela à la fois.

(4) A de nombreuses reprises il se plaint : "Broyé et faisandé pendant soixante-huit ans, je vis cependant dans cette ville de
Modène où le cruel Destin, qui jamais ne change, n'est pas encore rassasié de me tourmenter (...). J'ai été la proie de tous les
malheurs, et souffert de tous les stigmates, craignant sans cesse le Diable, et j'ai été cent fois en duel avec la mort ; malgré tout
je survis. Voilà vingt ans et plus que le malheur et le sort contraire me poursuivent.(...)"

(5)Castaldi boitait, ayant reçu une balle dans le pied probablement tirée par quelqu'un venu se venger de quelque satire mordante.
Echo notturno

Hor che la notte ombrosa Tandis que la nuit sombre


Con tacito silentio il mondo cuopre De son silence couvre le monde
Tu sola mi rispondi Echo amorosa Toi seule me réponds, Écho amoureuse.
Ma che? Se quell'empia e crudele Mais quoi ? Si cette impie, cette cruelle
Se sdegna d'ascoltar le mie querelle Ne daigne écouter mes reproches,
Dunque chi darà fine a tanti guai? Qui donc mettra fin à tant de malheurs ?
Tu con lamento mi rispondi Toi, dans une plainte tu me réponds
E par che vi nascondi Et il semble que tu caches
Che da lei pace non havro già mai. Qu'elle ne me laissera jamais en paix.
Se tanto asprezza in lei s'aduna Si tant de dureté se trouve en elle,
Altra dia fine a si crudel fortuna Qu'une autre mette fin à un destin si cruel.
Pur troppo il so Ch'altri che quellà Mais je ne sais que trop qu'une autre femme qu'elle
Non para a gl'occhi miei Donna più bella Ne peut paraître à mes yeux plus belle.
Onde'l pensier mi parla e dice L'esprit me parle, il dit :
Forse co'l tempo di verrai felice "Avec le temps, peut-être, tu seras plus heureux."
Ben lieta sorte ha l'amor mio Bienheureux le sort de mon amour
Se giunge al fin del suo dolce desio S'il parvient à son doux désir.
Tu del mio ben presaga a Dio. Puisses-tu porter présage de mon bonheur, adieu.
Francese lamentevole
Hor che mi val soffrir Tandis qu'il me faut souffrir
Sempre doglia e martir Sans cesse douleur et martyre,
Clori crudel s'a miei lamenti Puisque, cruelle Clori, à mes plaintes
Sorda com' Aspe Amor ti fè Amour t'a faite sourde comme Aspe
Che s'io moro per te Et que même si je meurs
Non curi i miei tormenti Tu n'as cure de mes tourments,
Deh porgi aita a questo afflito cor Je t'en supplie, viens en aide à ce coeur affligé
Che pate cosi acerbo dolor Qui souffre une douleur poignante.
E girando i guardo seren Et posant ton regard sur moi,
Miraccogli dentro al tuo sen Recueille-moi en ton sein
Che piu fede Car tu ne peux trouver
Di me già ma Plus fidèle
Non puoi trovar Que moi.
Guarda che fai che troppo sei crudel Vois, tu te fais si cruelle :
Se di me pieta non hai Tu n'as pas pitié de moi,
E non ti movi al mio penar Et ma peine ne te touche pas.
Piango la nott'el di Je pleure la nuit et le jour
Poi ch'amor vuol così Puisqu'Amour ainsi le veut,
E tu crudel di me te ridi Et toi cruelle tu te ris de moi.
E mentre afflito in doglia sta Et alors qu'affligé il demeure en douleur,
In van chiede pietà a Mon coeur que tu assassines
Mio cor che tu l'ancidi Te demande en vain pitié.
Amor se puoi col tuo dorato stral Amour, si tu le peux, de ta flèche dorée,
Porgi rime dio a tanto mio mal Porte remède à un mal si grand.
Questa sola gratia vorrei ferissi il cor Je n'implore qu'une seule grâce, perce le coeur de celle
Di costei unqual tuo imper Que ton empire a plus qu'aucune autre couverte de gloire.
No acquistò Gloria maggior Si cela se peut, fais donc ainsi.
E potente ti diro Et je te tiendrais pour puissant
Sia pari ancora in lei l'ardor Si en elle l'ardeur s'égalait à la mienne.
Dolci miei martiri
Dolci miei martiri Dolci miei sospiri Dolce mio desio
E voi dolci canti E voi dolci pianti rimanete a Dio
A la ria partita Vento e mar m'invita O volubile core
Ma non piu querelle, duro amor, crudele ama il mio dolore
Hora miei martiri Hora miei sospiri E tu mio desio
E voi dolci canti E voi dolci pianti rimanete a Dio.
Ô mes doux martyres Ô mes doux soupirs Ô mon doux désir
Et vous mes doux chants Et vous douces larmes, ici demeurez, adieu.
Le vent et la mer m'invitent Ô coeur inconstant A un départ funeste
Mais ma douleur ne souffre plus les querelles ni cet amour dur et cruel.
Désormais, Ô mes martyres Ô mes soupirs Et toi mon désir
Et vous mes doux chants Et vous douces larmes, ici demeurez, adieu.
Chi vidde più lieto e felice di me
Chi vidde più lieto e felice di me Qui a jamais vu plus heureux que moi ?
La bella mia donna incontrandomi un di Ma belle dame me rencontrant un jour
mirommi sott'occhio mi disse 'Z Z' Me regarda furtivement et me fit "psst, psst"
Io pien di di desio gli feci 'SI TOSI' Plein de désir, je lui répondis : (ici l'on tousse).
Amor sen'accorse e ci disse Ah Ah Amour s'en aperçut et nous dit : "Ah, ah,
Già siete miei e prigioni ci fà Je vous tiens déjà !" et nous fit prisonniers.
Ò cara catena che l'alma legò Ô chaine aimable qui lia nos âmes,
Ò bocca soave che disse così Ô bouche suave qui parla ainsi :
Ò caro e brammato à me dolce 'Z Z ' "Ô cher et désiré si doux à mon coeur" "Mm, mm."
Ò mozza favella che lieti ci fà Ô paroles furtives qui nous rendent heureux.
Amor che l'intese ci disse Oh Oh Amour qui l'entendit nous dit : "Oh, oh,
Se pur son cieco già sordo non sò Certes je suis aveugle mais je ne suis point sourd !"

Ond'ella gelosa soggiunse ma tù Alors elle, jalouse, ajouta : "Mais toi,


S'un altra più bella dicesse 'Z Z' Si une autre plus belle que moi te disait "psst, psst"
Sò ben che tu pronto faresti 'SI TOS' Je sais que bien vite tu répondrais : (ici l'on tousse).
No'l creder mio bene risposi io nò nò "Ne crois pas cela mon trésor" répondis-je "non, non."
Amor sorridendo rispose 'SI FIS' Amour, souriant, répondit : "(ici l'on siffle)
Son mal d'accordo e disprezzano à me Je ne suis pas d'accord, ils me dédaignent."

Et io simulando gli dissi 'Và Và' Et moi je fis semblant, je lui dis : "Va, va,
Ch'io t'odi e ti fugga lo brami pur tu C'est toi qui veux que je te fuie et te haïsse,
La fiamma che m'arde la smorzo 'F F' La flamme qui me consume, je l'éteins : "Ff, ff"
Le false promesse le sputo 'PAU ' Les fausses promesses, je crache dessus (ici l'on crache).
Amor che stizzasi ci vede 'Nò Nò' Amour courroucé nous vit : "Non, non,
Che regni sdegno frà voi non farò Je ne ferai régner le mépris entre vous."

Et ella piangendo mi disse mio ben Alors elle en pleurant me dit : "Mon trésor,
Ciò feci per scherzo deh credilo à me Je plaisantais. Ah, crois-le bien,
Sò ben che per altra non sprezzi mia fè Je sais que pour une autre tu ne méprises pas mes serments."
Sospira più volte facendo Ah Ah Elle soupira plusieurs fois en faisant : "Ah... ah..."
Amor strinse il laccio dicendo 'CU CU' Amour resserra ses liens et fit : "Coucou,
Libertà mai per voi non sarà più. Plus jamais vous ne serez libres !"
Steffania persuasiva
Colei che tanto tormentami Celle qui me tourmente tant
Ch'io credo che morto mi vuol Que je crois qu'elle veut mon trépas
Fà languir d'ogn'hor Fait languir sans cesse
E gridar ohimè Et crier, hélas,
Il mio miser cor Mon pauvre cœur
Che non sa'l perchè Qui ne sait pourquoi.
Ahi cruda e rigida guarda che fai Ah, cruelle et inflexible, regarde ce que tu fais :
Non vedi che colmo di guai Ne vois-tu pas qu'au comble du malheur
Questo tuo fedel Celui qui t'est fidèle
A la morte và S'en va à la mort
Se di lui crudel Si tu n'as, cruelle,
Tu non hai pietà Pitié de lui.
Se non porgi soccorso in un subito Si tu ne viens pas à son secours à l'instant
Con que' begli occhi che dolce sorridono De ces beaux yeux qui doucement sourient,
Di mia salute senz'altro mi dubito Je crains pour ma santé
Che disperato moriro Car je mourrai désespéré
Se soccorso ben presto al mio mal non hò Si je ne suis pas sauvé de mon mal.
Ahi che sempre tu Ah, combien tu sembles toujours
Mi t'induri più T'endurcir à mon égard,
E pur deh venir Et pourtant tu dois venir
Che t'hai da pentir Il ne te sert de rien
Ne giovar ti può D'avoir à te repentir
Poi che'l tempo ha da far che consentami Puisque le temps doit faire qu'un jour tu consentes
E che prieghi con punta di duol Et que tu implores avec douleur
Mentr'in odio a ogn'un Alors qu'en butte à la haine de chacun
Patirai digiun Tu subiras le jeûne
E indarno sia Et que ta grâce
La tua cortesia Sera vaine.
Tu sei ver me crudellissima Tu es très cruelle envers moi
Ne giovami l'esser humil Et il ne sert de rien d'être humble
Ch'impetrar mercè Puisque je ne peux obtenir grâce
Al mio mal non sò Pour ma souffrance.
Pur fedel a te Et pourtant toujours
Sempre mai sarò Je te demeurerai fidèle
Pregando amando con lagrime ogn'hor Suppliant et aimant, toujours en larmes
Spero anco di smoverri'l cor J'espère encore attendrir ton coeur
Che se duro fù ver me Qui fut si dur envers moi.
Nott'e dì ammolito più Je ne serai plus ainsi
Non starà così Nuit et jour alangui
E quegl'occhi che tanto m'accendono Et ces yeux qui m'enflamment tant
Che tutto n'ardo poi dolce sorridono Que je me consume tout entier,
E di mie lagrime gioco si prendono Et qui se moquent de mes larmes,
S'hora son privi di pietà S'ils sont sans pitié aujourd'hui
So che'l tempo cortesi ver me farà Je sais que le temps les rendra aimants.
Vedrai presto tu Tu verras bientôt
Di tua gioventù Que ta jeunesse
Che sen fugge a vol S'envole
Come giaccio al sol Pendant que je gis à terre
Ch'ogni bel n'andrà Et que tu perdras toute ta beauté.
Mentre tu sei si bellissima Pendant que tu es encore si belle
Sia del pari cortese e gentil Puissent ta grâce et ta douceur égaler ta beauté
Che non hai di me Car il n'est personne
Chi con pura fè Qui d'une foi pure
E saldo cor Et d'un coeur constant
Più ti porti Amor Te porte plus d'amour que moi.

La lettera d'Heleazaria Heb. a Tito Vespasiano


Scrivo al gran Tito. Hor che mio cibo infame fo il mio figlio, il mio amor, madre homicida da le furie
agitatata e da la fame. Poi chè se crudo core in te s'annida che cingi ancor l'assegiate mura ne ti pren-
de pietà de l'altrui strida, movati almen la nova figura egra figura di città vincitrice e sempre in vita del
famoso Oriente honore e cura. Questa da doppio mal misera afflita da la fame e dal campo oppresso
e vinta langue in mesto spettacolo traffita.
Qui l'inopia è'l disagio hà scettro e sede e senza cibo alcun manca la vita e della morte rea crescon le
prede. Di canne e giunchi alpestre cibo e strano al popol che famelico sen more insterilito ancor nego
il Giordano. Anzi v'è tal che d'ogni cibo priva già nel ventre languir sente la prole che comincia a morir
prima che viva.
Altri in braccio a la madre a pena il sole apre che serra in lui gl'occhi la morte, e dolor non conosce e
pur si duole.Ma piu gran malo doppio martir mi rende caso piu miserabile e funesto di furor e d'hor-
ror la mente incente.
Odi il tragico eccesso e sia si questo de tuoi chiari trofei trofeo primiero hor che historia si flebile t'ap-
presso.
Affamata ancor'io mentre dispero di trovar esca onde il digiun ristori volgo dubio il desio vario il pen-
siero e spinta da la fame e da il furore tolgo al figlio la vita empia e feroce. E per materno affetto uso i
rigori.
Io qui pria che dal ciel tramonti il di e queste divorerò torbida in volto delle viscere mie.
Si nel mio ventre il parto mio raccolto viva mi sosterrà frà l'altre genti. e fia nato una volta e due sepol-
to. Mà sol Jerusalem tanti tormenti per te sostiene al figlio mio rivolgo per te le ricche fascie in bragio
ardenti.
Deh per pieta le schiere altrove invia e dei popoli a noi remoti e strani corri a frenar ferita natia.
Non far che cresca in noi l'onta e'l periglio e ch'altra Madre empio digi un condamni a cibarsi qual io
del proprio figlio.Vanne che s'ancor lievi e pochi segni mostrerai di pietà forse daremo tributari di fede
ostagi e pegni.
Vanne fior de gl'Heroi deh, deh vanne, vanne hormai e porgi tregua a l'infortunio nostro ch'espressi
in foglio flebile vedrai.
Per quel valor ch'a l'oriente hai mostro prego sian pur finite hoggi le risse. Sangue del proprio figlio
e questo inchiostro quel ferro onde l'ucissi ancor ne scrisse.
Lettre d' Heleazaria Heb.* à l'Empereur Titus Vespasien
J'écris au grand Titus, maintenant que je fais de mon fils, de mon amour, mon infâme repas, moi, mère
criminelle poussée par la fureur et par la faim. Puisqu'en toi se niche un coeur cruel, que tu assièges
encore nos murs et que tu ne prends pas pitié des cris d'autrui, puisses-tu au moins être touché par
le nouveau visage malade de cette cité conquérante et toujours en vie, orgueil et souci de l'illustre
Orient. Cette malheureuse cité est affligée d'un double mal par la faim et par l'oppression du
camp(ennemi) et, vaincue, brisée, elle languit en offrant un triste spectacle.
Ici, l'indigence et la privation ont sceptre et trône et sans aucune nourriture la vie disparaît tandis que
se multiplient les proies de la mort coupable. Les roseaux et les joncs de la montagne sont inconnus
du peuple, qui, famélique, se meurt et que prive encore le Jourdain asséché. Il y a même des mères
qui, privées de nourriture, sentent en leurs entrailles mourir leur progéniture avant même qu'elle ne
vive. D'autres enfants, à peine voient-ils le jour dans les bras de leurs mères que la mort leur ferme les
yeux, et c'est une grande souffrance, même s'ils ne connaissent pas la douleur. Mais à un plus grand
mal et à un double martyre me conduit un destin plus misérable et plus funeste encore qui enflamme
mon esprit de fureur et d'horreur.
Entends ces tragique excès et que cela soit le premier de tes illustres trophées maintenant que je te
rapporte cette si triste histoire :
Affamée, alors que je désespère de trouver une nourriture qui mette fin à ce jeûne, dévoyée d'un désir
incertain et d'une pensée changeante et, poussée par la faim et la fureur, j'ôte, impie et féroce, la vie
à mon enfant. Et l'affection maternelle fait place aux rigueurs extrêmes.
Ici, avant le coucher du soleil, le visage troublé, je dévorerai le fruit de mes entrailles.
Oui, recueilli dans mon ventre, ce que j'ai enfanté me maintiendra vivante parmi les vivants et sera né
une fois et enterré deux fois. Mais Jérusalem seule endure à cause de toi tant de tourments, et à cause
de toi je change les langes princiers en brasier ardent.
Ah, par pitié, envoie ailleurs tes troupes et cours mettre au pas la nation blessée de peuples éloignés
et inconnus de nous.
Fais en sorte que la honte et le malheur ne grandissent en nous et qu'un jeûne impie ne condamne
une autre mère à se nourrir comme moi de son propre enfant. Va, si tu me montres des signes de pitié,
fussent-ils peu nombreux et de peu d'importance, en témoignage de bonne foi peut-être donnerons-
nous des otages et des gages.
Va, fleur des héros, oh va, va désormais et accorde une trêve à notre infortune que tu verras s'expri-
mer en cette lettre plaintive.
Au nom du courage que tu as montré à l'orient, je te supplie de faire cesser aujourd'hui les combats.
Cette encre est le sang de mon fils et le fer avec lequel j'écris est celui qui l'a tué.

*Heb. : abrévation avec orthographe du XVIIème siècle pour "ebraica" : juive. N.D.T.
Even with a barrel pressed to my head,
I shall always speak my mind.
Castaldi, Rimansuglio di Rime Bernesche.

Bellerofonte Castaldi
(born around 1580, died 27 September 1649)

The manuscript entitled Rimansuglio di Rime Bernesche (1) - to be found in the


Estense library of Modene in Italy - is a sort of personal note-book, all written in rhymes by
Bellerofonte Castaldi. The document is a sequence of love poetry, letters to illustrious per-
sonages, prophecies about the destruction of certain Italian towns, complaints and insults
(to personal enemies) - which very crude style recalls the audacious Decameron by Boccace
- philosophical thoughts on death, a traveller's accounts... This 80 page-volume - the last
leaves of which he wrote just a few months before he died in 1649 - is unique, surprising and
sometimes moving narrative. Such a testimony gives us the chance to recall a broad outline
of the life, the artistic work and the personality of the Italian musician.

In Rime, Castaldi explained the originality of his Christian name : "Francesco Castaldi, my
father, who was of gentle birth, brought me into the world and Maria Rossi de Terni, my
mother, was the one who bore me. (...) My father chose extravagant names to baptise those
who were conceived by him, so that they would not experience what he had to go through."

There was indeed 3 Francesco Castaldi in Modene and they would keep being given the wrong
mail. Therefore, he said to himself : " If I ever have children, I will definitely avoid such names as Pier,
Polo or Gian and choose more proper ones ". He has first the father of four daughters whom he named
Arpalice, Areta, Artemia and Axiotea and later had three sons for whom he chose the names of
Oromedonte, Sesostro and Bellerofonte.
This decision was to be the first of a series of specific principles which would then govern the education
of Castaldi's children. Such principles were a profound taste for Knowledge, the love of Antique Culture
and the greatest respect for high moral values and chivalrous ideals. Everything being in accordance with
the code of conduct described in Il Libro del Cortegiano, a very influent book by Baldassar Castiglione.
Later on, Castaldi excelled so much in both the art of music and poetry that he soon became equally
famous for being a virtuoso and a poet. The relations he had with the poets Tassoni and Testi, and the
composers Gastoldi and Monteverdi give evidence of it.
When he reached the age of 23, Castaldi started travelling around Europe -living an adventu-
rous life of permanent exile - until he eventually returned to his native Modene, shortly before dying.
He roamed all over the world as a musician but also as a hunted down fugitive. This for two reasons
: both because he was involved in the killing of the murderer of his brother Oromedonte and becau-
se he kept denouncing in his letters abuses of power in general and of the clergy in particular.
Expelled from Modene, he has then chased up for the rest of his life and sent to prison a few times.
He wrote : "(...) I have been here for six months now, away from home, locked up like San Paccuvio
(...) I lie here, sheltered against anger and furybut at the populace's mercy, afraid it may set
violent fires everywhere , provoking a continuous flow, one more terrifying than the
Vesuvious. (...) But I keep an eye on everything from my distant web, like an enormous
blazing, worn out and stubborn spider."

Castaldi was free-spirited and shared the philosophy of Epicure. As an independent


musician, he cherished his freedom and always refused to be in a prince's order. "I admire
the court and praise it from afar, never willing to be part of it (...)". He never played to
please any patron of the arts. But what made him a fine musician also made him an unfor-
tunate man. Alone, head over ears in debt, unable to provide for the needs of his loved ones,
Bellerofonte Castaldi died on 27 September 1649. "My purse is like a flat bladder. (...) I am
in misery and I will soon be unable to feed bread to Mario, Anselmo and Christoffano (2).
(...) May death come to me and expel me from this world : I have enjoyed some nice
moments in life, but since I must die I dare believe my bag is empty of sins. One ignores
how sweet it is to die if one is not dying, and nothing compares to the last hours you are
living."
The musical output of Castaldi consists of two printed volumes and several pieces
gathered in the manuscript of Modene.
The collection entitled Capricci a due stromenti cioe Tiorba e Tiorbino e per Sonar
Solo Varie Sorti di Balli e Fantasticarie Setnoforelleb tabedul (3) - published in Modene in
1622 - includes pieces for theorbo only, as well as duets for theorbo and tiorbino, an instru-
ment twice smaller than the theorbo and which range is one octave up. So far, this collec-
tion of pieces is the only available for tiorbino.Castaldi used there the ancient forms of wri-
ting he fancied such as : Fantasies, Canzones and Capriccios in the Ricercar manner.
Nevertheless, he also showed great inventive poetical qualities, developed a taste for pecu-
liarity in some pieces to which he sometimes gave mysterious titles (La Mascherina -- the
small witch, Il Bischizzoso - the cunning one), humorous (l'Hermaphrodito - the
Hermaphrodite) or descriptive ones ( la Quagliotta - the small quail, Il Svegliatoio - the
awake one).The way Castaldi puts together modal chords, arpeggios, surprising sudden
seventh chords and expressive chromaticisms which interfere with the tonality effect - as in
Tasteggio Soave - testifies from the great Knowledge the musician had of the new musical
forms of his time influenced by the Nuovo Stilo. Castaldi noted that in all those pieces he
never bothered to give any indication on tempo, executing mode, dynamics, grace-notes
and fingering. He wrote "Perché chi havrà giuditio per sonare sicuro questa intavolatura
l'havrà ancora per cosi fatti rimansugli" (because whoever can play what is written can
guess what is not).
The work of Castaldi comes from two other sources, the first one being Primo Mazzetto di
Fiori musicalmente coltri dal Giardino Bellerofonteo - literally "the first small bunch of flo-
wers musically gathered in Bellerofonteo's garden" - printed in Venice in 1623 under the
press of Alessandro Vicenti. The second source is the Manuscript of Modene ( I-Moe Mus. G.
239). Here again, we meet Castaldi's independant mind and musical freedom. But we also
enjoy his eclecticism, as a consequence of the wide and rich path he followed throughout
the world of music, freeing his work rom any limit of style or form. Echo Notturno may echo
the atmosphere of Monteverdi's operas (and indeed the Possente Spirto of Orfeo ?), to whom
Castaldi dedicated a poem. This piece is a complaint in which the lover takes the place of
Narcissus and changes the well Knownmyth of the nymph Echo - little trick played by the wri-
ter of the poem who is ... Castaldi himself . Narcissus complains while Echo's voice gradually
fades "into the silence of the dark night which reigns over the world". Castaldi appears to be
a real melody writer whose simple and profound songs perfectly fit with the solemn beauty of
the lyrics. The musician also proves to find the right harmonic 'idioms' and to restore the
colourful trend of popular music, using the musette obstinate bass part, the rhythmic repeti-
tions achieved when playing two separated strings in unisson (on the tiorbino or on the theor-
bo in Follia or Cecchina corrente and Sadoletta corrente). Also the musician sometimes
recreates a play in miniature, as in Chi vidde più lieto, where two characters - the man and the
woman- successively fall in love, quarrel, get back together and punctuate their conversation
with onomatopoeia and sound effects ("here one spits, one sighs, one coughs" says Castaldi)
while Love speaks ironically, comments or moralises at the end of each stanza.

La Lettera d'Heleazaria Hebraïca a Tito Vespasiano reveals some other qualities of


Castaldi. As a fine writer of madrigals he used his talent to illustrate a letter telling about the
despair of this jewish woman whose prolonged fast - while Titus Vespasien had laid siege of
Jerusalem - led her to kill and eat her own son.
While the bass part comes back five times as a slow and desperate supplication in accor-
dance with the passaglia's requirements, the woman sang : "Here, before the sun sets, I shall
devour the child I once bore".

"Indeed, may man be mad or prudent,


he shall once feel the dress of death fall upon him"

The destiny of Bellerofonte Castaldi was partly unveiled by his own Christian name.
In Greek mythology, Bellerophon, the hero and prince of Corinth, caught Pegasus - the win-
ged horse incarnating inspiration and beauty - and killed the tyrannical monster, symbol of
lies chimaera and machinations.
Later on, the hero defied the gods and was obliged to wander about in misery until he died.
Similarly, Castaldi - "carried away on Pegasus " wings and armed with music and lyric poetry
- waged war on dishonesty, injustice, impiety and the abuses of power he denounced during
his whole life. He too defied many times "those who are stronger and deceptive" (4), using
his rash mind, some cutting words - be they spoken or written down. He too suffered from
from imprisonment, exile, wounds (5), solitude and poverty. But while poetry seems to have
been his weapon and his way of living music accompanied him all along and preserved him
always.
"Mora che vive in pianto
E viva solo a cui diletta il canto"
May he die who in sorrow lies
Whilst he lives who music delights

Peter Van Heyghen & Vincent Dumestre


(1) Francesco Berni (1497-1535) is the author of a burlesque and lively poetry. The term "bernesche" probably only refers to part
of the poetical work Rime.

(2) Castaldi never got married. Mario, Anselmo and Christoffano were probably his brother's children, one of whom was murdered
and the other one died from the Black Death. Bellerofonte must therefore have been the children's tutor.

(3) "Ludebat Bellerofontes" is a rather ambiguous formula, especially due to the effect caused by the inversion. There are three pos-
sible meanings : either "Bellerofonte played" (all his pieces), or "Bellerofonte enjoyed himself" (composing pieces ) or
"Bellerofonte made game " (of the reader). Castaldi most likely wanted to benefit from all the different meanings.

(4) Often he complained : "Torn to pieces and left to my fate for sixty eight years, I nevertheless live in Modene where cruel
Destiny, never altered, has not had enough torturing me (...) I have been the prey of all misfortunes and suffered from all stig-
mas, continually frightened by the Devil, and calling death out at least one hundred times ; despite all this I survive. It's been
over 20 years since misfortune and fate began haunting me" (...).

(5) Castaldi limped, for he had been hit in the foot by a bullet probably shot by some fellow eager to take vengeance for some pun-
gent satire written by the poet.

Translation : Nathalie Diu


Echo notturno Than I
Ne’er will you find.
As the dark night But see how you grow so cruel:
Enshrouds the world in silence, You pity me not,
You alone reply to me, O loving Echo. You are indifferent to my suffering.
But what if she, impious and cruel
Deigns not to hear my plaints, Night and day I weep,
Who then will bring my misfortunes to an end? Since that is Love's will,
Lamenting you reply And you, cruel one, you mock me!
And it seems you dare not say: And while my heart, distressed
Never will she leave me in peace. And full of sorrow, begs you for mercy,
If such harshness lies within her, Cruelly you murder it.
Then may another resolve so cruel a fate. Cupid, with your golden arrow,
Yet I know but too well that no one Remedy if you can so great an ill.
Can seem fairer to my eyes than she. I beg you just one favour: pierce the heart of her
My mind speaks, and says: Whom your sway as no other has covered with glory.
‘Perhaps, with time, you will be happier.’ If that may be, then so be it,
O happy fate, if my love And I shall declare you powerful
Could attain its sweet desire! If her passion can be equal to mine.
May you portend well for my happiness. Adieu!
Dolci miei martiri
Francese lamentevole
O my sweet suffering, O my sweet sighs, O my sweet desi-
Though I must ever suffer re,
Sorrow and torture, And you, my sweet songs, and you, sweet tears, remain
Since, cruel Cloris, love has made you here. Farewell.
Deaf as an asp to my plaints The wind and the sea bid me, O inconstant heart, to a fatal
And you are impervious to my pains; departure,
Though I die for you, But my sorrow can bear no longer the quarrels, nor this
I beg you, come to the aid of this afflicted heart, harsh and cruel love.
Which suffers such acute torment, Now, O my suffering, O my sighs, and you, O my desire,
And, gazing upon me with gentle eyes, And you, my sweet songs, and you, sweet tears, remain
Clasp me to your breast. here. Farewell.
For more loyal
Chi vidde più lieto Steffania persuasiva
Who ever saw one happier than I? She who torments me so
My lovely lady, meeting me one day, That I believe she wishes my death,
Eyed me furtively, then said: ‘Psst, psst!’ Constantly makes
Full of desire, I replied: (sound of coughing). My poor heart languish
Love espied us and he said: ‘Aha! And cry out, alas,
Now you're mine!’ and he took us prisoner. It knows not why.
Ah, you, cruel and severe, look what you are
O dear chain which bound our hearts, doing:
O gentle heart which spoke thus: Do you not see that, in the depths of despair,
‘O dear and desired, so sweet to my heart: Psst, psst!’ He who is true to you
O furtive words which make us happy. Is going to his death?
Love heard us, and he said: ‘Oho! If, cruel one,
I know I am blind, but deaf I certainly am not!’ You take not pity on him,
If you come not to his aid at once
Then she, jealous, added: ‘But you, With those lovely eyes which sweetly smile,
If another more lovely than I said to you “Psst, psst!”, I fear for my health,
I know that straight you'd reply: (sound of coughing).’ For I shall die in despair
‘Don't you believe that, my love,’ said I, ‘no, no.’ If I am not saved from this ill.
And Love, smiling, he replied: ‘(sound of whistling). Ah, how you harden
That can't be allowed: they slight me!’ More and more to me.
Yet you must come,
And I, feigning, said: ‘Come, come, ’Twould be useless
You want me to hate you and shun you, To have to repent,
So I'll blow out the flame that consumes me: Ffff, fff! Since time one day will make you give in,
I spit on false promises: (sound of spitting).’ And painfully implore
Love, angered, espied us: ‘No, no, When, hated by all,
I shall not let scorn reign among you!’ You are forced to fast
And your kindness
Then, weeping, she said: ‘My treasure, Will be in vain.
I was jesting, believe me; I know that
For another you despise not my pledges.’ You are most cruel to me.
And several times she sighed, saying: ‘Ah, Ah!’ It avails me not to be humble
And Love tightened the noose, saying: ‘Cuckoo! Since I cannot obtain your mercy
There will be no more freedom for you!’ For my suffering.
Yet ever shall I
Be true to you.
Begging and loving, ever in tears,
I still hope to soften your heart
Which has been so hard to me.
No longer shall I languish
Night and day
And those eyes which so fill me with passion
That I am quite burned up
And which mock my tears,
If they are merciless now
I know that time will make them loving.
You will see
That your youth
Will be fled
While I lie here on the ground,
And all your beauty will be gone.
While you are still so lovely,
May you be both good and kind,
For no one,
With pure faith
And constant heart,
Loves you more than I do.
Letter from Heleazaria the Hebrew to the Emperor Titus Vespasianus
I write to the great Titus. As I do so I make an infamous meal of my son, my beloved—I, a homicidal
mother, impelled by rage and hunger. Since you nurture within you a cruel heart; since you continue
to besiege our walls and since others' screams arouse in you no pity, may you at least be moved by the
new face, the sick face of this city, once victorious and so alive, pride and care of the illustrious Orient.
This wretched city is twice afflicted, by hunger and by enemy oppression; and, vanquished, it grows
weaker—O sorry sight!
Here poverty and hardship hold sceptre and throne; through lack of food life disappears, the victims of guilt-
ful death increase. The mountain reeds and rushes are unknown to the people, who are starving to death;
and even the Jordan is dry, so they have no water. There are even mothers, who, deprived of food, feel
their offspring die in their wombs before they have even had time to live. Other children die in their
mother's arms: death closes their eyes when they have scarcely seen the light of day and though pain
is unknown to them, yet they suffer torture. But a more miserable and more grievous case causes me
yet greater ill and makes me suffer twofold; it fills me with fury and horror.
Hear of this tragic abuse and let it be the first of your illustrious trophies as I tell you this sad tale:
Starving and having given up all hope of finding food to break my fast, led astray by dubious desire and
unsettled thoughts, driven by hunger and frenzy, impiously, ferociously I took the life of my own child.
Instead of motherly love, I showed cruelty.
Here, before sunset, with troubled face, I shall devour the fruit of my womb.
Yes, within my stomach, my own child will keep me alive in the world of the living; he will be born
once and buried twice. But because of you Jerusalem alone endures such torment; because of you I
make my son's princely swaddling-clothes into a blazing inferno.
Oh, have mercy: send your troops elsewhere, hasten to bring to heel the wounded nation of peoples
remote and unknown to us.
Do not allow shame and misfortune to swell within us. Do not let another mother be condemned, like
me, to feed through impious starvation on her own child. Come, if you show me signs of mercy, howe-
ver few, however small, as a token of your good faith, perhaps we shall give you hostages and gages.
Go, O greatest of heroes. Go now and bring truce to our misfortunes which you find plaintively expres-
sed in this letter.
In the name of the valour you have shown to the Orient, I beseech you to bring fighting to an end this
day. This ink is my son's blood and I write with the knife that killed him.

Translations: Mary Pardoe


Alpha 001

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