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Le traitement fiscal des primes CEE dans une entreprise du bâtiment

Préambule :

L’étude présentée est illustrée avec un cas réel. Pour des raisons de confidentialités, les noms ne
sont pas donnés et les chiffres présentés sont fictifs.

La société servant de base pour cette étude a pour activité l’amélioration de l’habitat (isolation,
chauffage, hydrofuge et ventilation…). La société, société à responsabilité limitée de 39 salariés
détenue par une holding.

https://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-86313QE.htm

http://ympact.fr/blog/2018/06/06/certificats-economie-energie-tva-or-not-tva-that-is-the-question/

https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23568

http://unfccc.int/resource/docs/convkp/kpfrench.pdf

https://www.ademe.fr/expertises/changement-climatique/passer-a-laction/comment-valoriser-
economies-denergie-cee/principes-fonctionnement-dispositif-cee

https://www.ecologie.gouv.fr/dispositif-des-certificats-deconomies-denergie

https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000030001603/

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34421

L’entreprise perçoit les primes Certificats Economie d’énergie (CEE) d’obligés tels que SYNERCIEL,
ENGIE, THEVENIN, EFFY…

Afin de répondre à la problématique soulevée, nous procéderons en trois étapes.

Nous rappellerons dans une première partie les principes de la Taxe sur la Valeur Ajoutée, puis dans
une deuxième partie, les modalités des primes CEE. Enfin, il sera évoqué dans une troisième partie, le
traitement fiscal de ces primes CEE.
1ère partie : Principes de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).
Cette première partie a pour but de déterminer si les primes CEE sont soumises ou non à la TVA. La
TVA est donc un impôt indirect sur la consommation. Elle est collectée par l’intermédiaire des
entreprises ou des personnes agissant dans la circulation ou la production de la plupart des biens ou
services.

I. Champ d’application de la TVA


a. Les opérations imposables à la TVA
Une opération est soumise à la TVA en fonction de :
- la nature de l’opération ;
- une disposition expresse de la loi ;
- une option de l’entreprise.

Selon l’article 256-1 du Code général des impôts (CGI), « sont soumises à la TVA les livraisons de
biens et les prestations de services effectuées à titre onéreux par un assujetti agissant en tant que
tel. » De plus, l’article 256-A alinéa 1 du CGI précise « sont assujetties à la TVA, les personnes qui
effectuent de manière indépendante une des activités économiques mentionnées au cinquième
alinéa, quels que soient le statut juridique de ces personnes, leur situation au regard des autres
impôts et la forme ou la nature de leur intervention. »

L’alinéa 5 de ce même article définit la notion d’activité économique comme « […] toutes les activités
de producteur, de commerçant ou de prestataire de services, […]. Est notamment considérée comme
activité économique une opération comportant l’exploitation d’un bien meuble corporel ou
incorporel en vue d’en retirer des recettes ayant un caractère de permanence. »

La loi et plus précisément le CGI précise les opérations qui sont expressément soumises à la TVA.
Parmi celles-ci, on a :
- les livraisons à soi-même ;
- les importations et les acquisitions intracommunautaires ;
- certaines opérations immobilières.

b. Les opérations exonérées de TVA


Les opérations exonérées de TVA sont donc des opérations, normalement passibles de la TVA
puisqu’elles entrent dans son champ d’application, en sont expressément exonérées par une
disposition législative.

On retrouve :
- les exonérations des opérations d’exportation (mais une option est possible) ;
- les exonérations visant à ne pas accroître le coût de diverses activités (activités médicales et
paramédicales, enseignement...) ;
- les exonérations d’activités soumises à d’autres impositions (opérations de bourse ou
d’assurances par exemple) ;
- les locations immobilières notamment à usage d’habitation d’immeubles nus ou meublés.

Dans le cas d’une entreprise du bâtiment, les opérations sont des prestations de services effectuées à
titre onéreux. Elles entrent donc dans le champ d’application de la TVA.

II. Territorialité
L’application de la TVA est différente selon les territoires où l’opération imposable est réalisée.

a. Les règles de territorialité


Deux principes sont appliqués en ce qui concerne la territorialité :
- les livraisons de biens sont imposées dans le pays où est transféré le droit d’en disposer
comme un propriétaire ;
- les prestations de services :
o fournies à des non-assujettis à la TVA sont imposées dans le pays où le prestataire a
le siège de son activité économique
o fournies à des assujettis à la TVA sont imposées au lieu d’établissement du preneur
(acheteur) de la prestation.

Dans les règles de territorialité sont précisé les critères pour déterminer si l’opération est soumise ou
non sur le territoire français ou sur le territoire de l’Union Européenne (UE). Le territoire français
englobe la France continentale, la Corse, la principauté de Monaco, les eaux territoriales ainsi que le
plateau continental. Le territoire de l’UE englobe les pays de l’UE appartenant à la zone euro mais
aussi ceux n’appartenant pas à la zone euro.
b. Les prestations de service
Il existe des grands principes concernant la TVA sur les prestations de services.

Si les preneurs sont assujettis, le lieu de taxation est situé au lieu d’établissement du preneur,
quelque soit le lieu d’établissement du prestataire. Si les preneurs sont non assujettis, le lieu de
taxation est le lieu d’établissement du siège de l’activité du prestataire.

Néanmoins, il existe des dérogations à ces principes. Celle qui se rapporte à l’activité de bâtiment est
donc une dérogation applicable aux prestations de services matériellement localisable qu’importe la
qualité du preneur (« B to B » et « B to C »). La dérogation concerne, en effet, les services se
rattachant à un immeuble. Ces opérations sont taxables au lieu de situation de l’immeuble. De plus,
le redevable est le prestataire s’il est établi dans le même Etat où est situé l’immeuble, dans le cas
contraire c’est au preneur.

La société étudiée est établie en France et sa clientèle est essentiellement des particuliers et les
immeubles sont tous situés en France. En définitive, l’entreprise est imposée sur ses opérations de
plein droit et est redevable de la TVA.

III. Assiette et calcul de la TVA


a. Assiette de la TVA
Selon l’article 266-1-a du CGI, « la base d’imposition est constituée :
Pour les livraisons de biens, les prestations de services et les acquisitions intracommunautaires, par
toutes les sommes, valeurs, biens ou services reçus ou à recevoir par le fournisseur ou le prestataire
en contrepartie de ces opérations de la part de l’acheteur, du preneur ou d’un tier, y compris les
subventions directement liées au prix de ces opérations ».

On retrouve donc dans la base d’imposition, certains frais accessoires tels que les compléments de
pris, les intérêts, les frais de transport, les emballages, les frais fiscaux, la caution et le dépôt de
garantie, les pourboires ainsi que les frais payés par le client à un tiers. A contrario, il y a des
éléments exclus de la base d’imposition comme la TVA, le remboursement de débours aux
intermédiaires, les réductions de de prix ou encore les frais à la charge du client (exemple : intérêts
versés à des organismes de crédit).
b. Taux applicable
Une fois que la société a défini que l’opération entrait dans le champ d’application de la TVA,
l’assiette d’imposition, il reste à déterminer le taux applicable pour calculer la TVA exigible.

En France, plusieurs taux de TVA sont en vigueur :


- taux normal : 20 % ;
- taux intermédiaire : 10 % ;
- taux réduit : 5.5 % ;
- taux particulier : 2.1 %.

Concernant les travaux de rénovation d’un logement, le taux de TVA peut être réduit sous condition.
Pour cela, il faut que le logement soit achevé depuis plus de 2 ans et affectés à l’habitation
uniquement, si ce n’est pas le cas, le taux applicable est le taux normal de 20 %.

Les clients pouvant bénéficier de taux réduits sont donc les propriétaires bailleurs, les propriétaires
occupants, les syndicats de copropriétaires, les SCI (Sociétés Civiles Immobilières), les locataires ou
encore les marchands de biens…

Les travaux d’amélioration, de transformation, d’aménagement ou d’entretien sont imposés au taux


de 10 %.

Les travaux de rénovation ou d’amélioration énergétique sont quant à eux imposés au taux réduit de
5.5 %. Cela concerne les travaux de pose d’installation et d’entretien de matériaux et d’équipement
d’économie d’énergie qui doivent respecter des critères techniques et de performances minimales.
De plus, les travaux induits et indissociablement liés aux travaux d’efficacité énergétique sont
également au taux réduit si et seulement s’ils sont facturés dans les 3 mois au plus tard suivant la
date de facturation des travaux d’amélioration énergétique ils sont liés.
Pour le reste, le taux de TVA applicable est le taux normal à 20 %.

Dans le cas de notre société, les travaux éligibles à une prime CEE sont des travaux d’amélioration de
la qualité énergétique, ils sont donc au taux réduit de 5.5 %.

c. Calcul de la TVA
Le fait générateur de la TVA est précisé par le CGI comme « le fait par lequel sont réalisées les
conditions légales nécessaires pour l’exigibilité de la taxe » et son exigibilité est « le droit que le
Trésor Public peut se faire valoir, à partir d’un moment donné, auprès du redevable pour obtenir le
paiement de la taxe. »

Il y a donc des distinctions entre le fait générateur et l’exigibilité en fonction de la nature de


l’opération :
- Pour les livraisons de biens meubles, ils interviennent à la délivrance du bien.
- Pour les prestations de services et les travaux immobiliers, le fait générateur est au moment
de l’exécution des services ou des travaux alors que l’exigibilité est à l’encaissement du prix
(sauf pour les entreprises qui ont opté pour les débits).

La société que nous étudions est donc redevable de la TVA sur les encaissements au taux réduit de
5.5 %, puisqu’aucune option pour les débits n’a été faite. Cependant, est-ce que les primes CEE
rentrent dans le champ d’application de la TVA ?

2ème partie : Modalités des primes CEE


Le dispositif des certificats d’économies d’énergie a été instauré par la France avec la loi de
programme fixant les orientations de la politique énergétique du 13 juillet 2005 (loi POPE) pendant le
Grenelle I.

I. Dispositif des certificats d’économies d’énergie


La réduction des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre (GES) est une
notion importante depuis quelques décennies.

a. Cadre légal à l’échelle mondiale et européenne


Le protocole de Kyoto à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été
signé le 11 décembre 1997 et est entré en vigueur en 2005 visant à réduire les «  émissions de gaz à
effet de serre d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 au cours de la période d’engagement
allant de 2008 à 2012 ».

Dans le cadre de la politique européenne relative à l’énergie, les Etats Membres de l’Union
Européenne s’étaient engagés à établir un plan énergie climat 2020 puis 2030.
Cette politique environnementale de l’UE repose sur plusieurs principes :
- le principe de précaution ;
- le principe de prévention ;
- le principe de la correction des atteintes à l’environnement ;
- le principe « pollueur-payeur ».

Pour 2020, l’Accord de Paris de 2015 prévoyait :


- une augmentation de 20 % de la part des énergies renouvelables dans la consommation
énergétique totale de l’UE ;
- une hausse de 20 % de l’efficacité énergétique ;
- une baisse de 20 % des émissions de GES.

Les engagements à l’horizon 2030 sont :


- la réduction des émissions de GES domestiques de l’UE d’au moins 40% par rapport à 1990 ;
- la progression de 27 % de l’utilisation des énergies renouvelables.

b. Cadre légal français


Au niveau de la France, le Grenelle de l’environnement instaure les prémices de l’engagement du
pays dans la réalisation d’économies d’énergie avec comme objectif de :
- diviser par quatre les émissions de GES d’ici 2050 ;
- doubler le niveau de production d’énergies renouvelables par rapport à 2005 pour atteindre
23 % contre 20 % pour les UE.

Pour arriver aux objectifs fixés par le gouvernement français, des mesures incitatives ont été mises
en place comme l’éco prêt à taux zéro (Eco-PTZ) ou MaPrimeRénov’ ou l’aide «  Habiter mieux
sérénité » de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ou le chèque énergie.

La loi POPE a fixé les ambitions énergétiques de la France à savoir le développement des énergies
propres, la réduction de la dépendance énergétique grâce à de nouvelles sources d’énergie ainsi que
la diminution de l’émission de matières polluantes avec de nouvelles solutions de production et de
consommation d’énergie. L’entrée en vigueur de cette loi constitue le socle de la réduction des
dépenses énergétiques du pays.

Le dispositif des certificats d’économies d’énergie a été définit par les articles 14 à 17 de la loi du 13
juillet 2015. Ce sont donc « des biens meubles négociables, dont l’unité de compte est le
kilowattheure d’énergie finale économisé », c’est-à-dire le « kWh cumac1 ». Le kilowattheure (kWh)

1
Cumac signifie l’économie d’énergie finale sur la durée des équipements et actualisée à 4 % (contraction de
« cumulé » et « actualisé ».
est l’unité servant à mesurer la quantité d’énergie consommée par un appareil de 1000 watts
pendant une heure.
 1 kWh Cumac = 1 CEE
 Montant du CEE (en kWh cumac) = Gain annuel d’énergie (kWh) x Durée de vie du produit
installé x Coefficient d’actualisation (cumac).

Les CEE ont une valeur marchande et sont librement négociables sur un marché d’échange (Emmy =
Registre National des Certificats d’Economies d’Energie). La valeur financière d’un CEE est comprise
entre 0 et 0.2 €, c’est-à-dire le montant forfaitaire de la pénalité en cas de non-respect des objectifs
par les obligés.

La marque CEE a été déposée en mai 2021 par l’Etat français. L’objectif de la marque collective CEE
est d’améliorer la communication autour du dispositif et de créer un repère fiable et unique.

II. Champ d’application du dispositif


a. Définitions
Ces certificats d’économies d’énergie peuvent être détenus, acquis ou cédés par les personnes
morales qui vendent des carburants automobiles ou de l’électricité, du gaz, du fioul domestique, de
la chaleur ou du froid aux consommateurs finals si les ventes annuelles sont supérieures à un seuil
défini par décret en Conseil d’Etat, appelés les « obligés ». L’obligation d’économie d’énergie est
répartie entre les obligés en fonction de leurs poids dans les ventes d’énergie.

Les obligés doivent respecter une obligation triennale d’économies d’énergie. (A partir du 1 er janvier
2022, la 5ème période va débuter.)

Pour cela, les obligés peuvent opter pour trois stratégies différentes et/ou cumulatives :
- soit l’obligé investit financièrement dans des programmes éligibles au dispositif sur son
propre patrimoine et recevoir en contrepartie des CEE ;
- soit l’obligé réalise directement ou indirectement des actions d’économies d’énergie éligibles
au dispositif en incitant les clients finaux à réaliser ces actions ;
- soit l’obligé achète sur le marché des certificats auprès d’autres qui disposent d’un surplus de
CEE.
Les programmes éligibles au dispositif sont répertoriés dans des fiches d’opérations standardisée 2,
définies par arrêtés. Elles sont classifiées par secteur (résidentiel, tertiaire, industriel, agricole,
transport et réseaux) et déterminent les montants forfaitaires d’économies d’énergie en kWh cumac.
Le dispositif est légiféré par l’arrêté du 29 décembre 2014 relatif aux modalités d’application du
dispositif des certificats d’économies d’énergie avec une mise à jour au 03 octobre 2021.

b. Les CEE pour les entreprises du bâtiment


Pour obtenir les CEE nécessaires, l’obligé doit réaliser une action d’efficacité énergétique garantissant
un gain d’énergie. Pour cela, dans le cas étudié ici, il finance des travaux de rénovation énergétique
dans les logements des particuliers. Il subventionne les travaux avec les primes CEE, appelée aussi
primes énergies.

Le montant de la prime CEE dépend de plusieurs conditions telles que :


- la nature des travaux réalisés ;
- les caractéristiques du logements (condition de ressource) et
- l’économie d’énergie générée par les travaux.

Une liste des travaux éligibles est disponible. Les travaux sont à réaliser obligatoirement par un
professionnel labellisé RGE (Reconnus Garant de l’Environnement). De même, les matériaux et
appareils installés doivent répondre aux normes fixées par l’Etat pour garantir une hausse de la
performance énergétique de l’habitat.

=> Les travaux éligibles au dispositif sont donc de deux types : chauffage et isolation
Il y donc l’ :
- installation d’une chaudière biomasse performante,
- installation d’une pompe à chaleur air/eau ou eau/eau ou hybride,
- installation d’un système solaire combiné,
- installation d’une chaudière au gaz à très haute performance énergétique,
- installation d’un appareil de chauffage au bois très performant,
- raccordement à un réseau de chaleur alimenté par des énergies renouvelables,
- isolation des combles et toitures,
- isolation des planchers bas.

2
Cf annexe 1 – Certificats d’économies d’énergie – Opération n°BAT-EN-102 – Isolation des murs
=> Les conditions de ressources des ménages sont en fonction des revenus fiscaux de référence de
l’année N-2. Pour les demandes faites en 2021, les revenus retenus sont ceux de 2019.
Plafonds de ressources pour les ménages aux revenus modestes
Composition du foyer Ile-de-France Autres régions
1 personne 25 068 € 19 074 €
2 personnes 36 792 € 27 896 €
3 personnes 44 188 € 33 547 €
4 personnes 51 597 € 39 192 €
5 personnes 59 026 € 44 860 €
Par personne supplémentaire + 7 422 € + 5 651 €

=> Les montants des primes octroyés est différent selon la nature des travaux et si le ménage est
considéré comme revenus modestes ou non.
Montant en fonction de l’équipement mis en place
Nature de l’installation Ménages aux Autres
revenus modestes ménages
Isolation des combles, toitures et planchers bas 12 € le m² 10 € le m²
Remplacement d’une chaudière au charbon, au fioul ou gaz, 4 000 € 2 500 €
autres qu’à condensation par une chaudière biomasse
performante
Remplacement d’une chaudière au charbon, au fioul ou au 4 000 € 2 500 €
gaz, autres qu’à condensation par une pompe à chaleur
air/eau ou eau/eau ou hybride
Remplacement d’une chaudière au charbon, au fioul ou gaz, 4 000 € 2 500 €
autres qu’à condensation par un système solaire combiné
Raccordement à un réseau de chaleur alimenté par des 700 € 450 €
énergies renouvelables
Remplacement d’une chaudière au charbon, au fioul ou au 1 200 € 600 €
gaz, autres qu’à condensation par une chaudière au gaz à très
haute performance énergétique
Remplacement d’un équipement indépendant de chauffage 800 € 500 €
au charbon par un appareil de chauffage au bois très
performant
Remplacement d’un convecteur électrique fixe par un appareil 100 € 50 €
électrique très performant
Les obligés versent la prime soit directement aux particuliers sous forme de bons d’achat ou de
virement / chèque ou soit aux entreprises du bâtiment qui eux vont déduire cette prime du solde à
payer du client.

3ème partie : Traitement fiscal des primes CEE


I. Fiscalité des primes CEE
a. Textes officiels
La loi POPE du 13 juillet 2005 incite les obligés à signer des « conventions de financement des travaux
en économies d’énergie et de valorisation des certificats d’énergies » dans lesquelles il est fixé le
versement d’une aide financière à leurs clients pour les motiver à changer leurs équipements.

Selon l’article 266-1 a du CGI, la base d’imposition des prestations de services est constituée des
sommes reçues ou à recevoir en ajoutant les subventions directement liées au prix de ces opérations.
N’importe quelle aide versée est soumise à la TVA, puisqu’elle est :
- soit en contrepartie d’une prestation de services individualisée réalisée par un assujetti au
profit de l’obligé,
- soit comme le complément du prix d’une opération imposable rendue par l’assujetti à des
tiers.
Pour compléter la notion de complément de prix, ce sont des sommes versées pour permettre de
diminuer le prix réclamé au public, mais il est nécessaire d’établir l’existence d’un lien direct entre
l’aide accordée et le prix. Il faut donc qu’il soit réuni :
- l’intention des parties,
- des modalités de versement et
- des circonstances à l’origine de cette subvention.

D’après l’article 267-2 alinéa 2 du CGI, « ne sont pas à comprendre dans la base d’imposition : […] les
sommes remboursées aux intermédiaires qui effectuent des dépenses au nom et pour le compte de
leurs commettants dans la mesure où ces intermédiaires rendent compte à leurs commettants,
portent ces dépenses dans leur comptabilité dans des comptes de passage, et justifient auprès de
l’administration des impôts de la nature ou du montant exact de ces débours ».
b. Application3
Les primes CEE pourrait être considérée comme imposable à la TVA, néanmoins, cette aide n’est pas
considérée comme un prix de cession des certificats d’économies d’énergie. Elle est versée dans le
cadre des « conventions de financement des travaux en économies d’énergie et de valorisation des
certificats d’énergies » entre un obligé et un prestataire. Il n’y a donc pas de transmission de
certificats mais c’est une délivrance d’attestation de fin de travaux qui est la condition primordiale
dans le versement des primes CEE. Cette transmission ne provient pas d’une livraison de biens ou de
prestation de services à titre onéreux.

Dans le cas où la prime est versée directement au client final par l’obligé, la condition de subvention
complément de prix ne serait pas remplies puisque le prestataire ne serait pas partie au contrat.
Cette même prime CEE n’est donc pas soumise à la TVA également.

En l’espèce, les primes CEE sont considérées comme des sommes finançant une partie de
l’acquisition d’un bien d’investissement, c’est-à-dire des subventions d’équipement non taxables à la
TVA.

Dans le cas étudié ici, l’entreprise du bâtiment perçoit les primes CEE de la part des obligés et
déduisent donc le montant de la prime de la facture faite au client. Néanmoins, il est toutefois
possible que le client final (le particulier) perçoive directement la prime d’un obligé. En conclusion,
les primes CEE qu’elle soit perçue directement par le client final ou par le prestataire, elles ne sont
pas taxables à la TVA.

II. Facturation des primes CEE et impact sur la déclaration de TVA


a. Facturation des clients particuliers et des obligés
Maintenant que nous avons déterminé que les primes CEE n’étaient pas taxables à la TVA, la
question à se poser est comment se matérialise cette aide sur une facture faite au client (particulier)
ainsi que la prime facturée aux obligés.

Pour les clients bénéficiaires de la prime CEE, c’est-à-dire les particuliers, la prime est en bas de
facture. Elle se situe généralement après le montant TTC puisque c’est un paiement de la part des
obligés. En dessous de celle-ci, on retrouve généralement le reste à charge du client 4.

3
Assemblée Nationale – Question n°86313 de M Marc Le Fur – Question du 04/08/2015 page 5827 / Réponse
du 10/05/2016 page 4007
4
Cf Annexe 2 – Exemple de facture à un particulier
A la différence des factures faites aux clients (particuliers), les obligés envoient par mail un appel à
facturation que le prestataire doit faire. C’est l’obligé lui-même qui totalise les primes à devoir en
fonction des dossiers reçus de la part de l’entreprise et de la validation des dossiers contrôlés par
l’organisme. Cette facturation n’est pas soumise à TVA à l’exception des primes ou commissions
complémentaires négociés entre l’obligé et le prestataire qui elles sont taxées à 20% 5.

b. Déclarations de TVA
Pour la TVA à déclarer, les primes CEE ont différents impacts sur la déclaration de TVA selon l’origine
de l’encaissement.

Dans le chiffre d’affaires, nous déclarons le chiffre d’affaires encaissé par les clients particuliers en
ajoutant les primes CEE des factures liées aux encaissements du mois. Ce montant est donc reporté
dans les « Opérations imposables » dans les « Ventes, prestations de services » en case 01, puis il est
reporté en case 09 au taux réduit de 5.5 %.

Les paiements reçus des obligés pour les primes CEE, c’est-à-dire hors primes et commissions
taxables à 20%, sont reportés en « Opérations non imposables » en case 05 puisqu’ils ont déjà été
repris sur la déclaration de TVA lors de l’encaissement du reste à charge du client particulier.
Exemple de déclaration de TVA en fonction des factures en Annexe   :

5
Cf Annexe 3 – Exemple d’appel à facturation d’un obligé et de la facture du prestataire

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