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En octobre 1930, Estimé, un fervent nationaliste, fut élu député de Verrettes. Rapidement, il
se signala par son courage politique, son intelligence et ses interventions à la tribune. Il
devint président de la Chambre en février 1935. Très proche du président Vincent, deux ans
plus tard, il fut appelé à le seconder et devint son secrétaire d'État de l'instruction publique,
de l'Agriculture et du Travail.
Il était un érudit qu'habitait une farouche volonté de changer la société haïtienne. Il fallait,
selon lui, lutter contre les abus de l'élite traditionnelle et éduquer les masses. Il avait fait
sienne la devise du parti national : " le plus grand bien au plus grand nombre ".
Son élection
En 1946, l'Assemblée nationale travaillait à l'élaboration d'une nouvelle constitution. Au
cours de ces travaux, le sénateur Jean David et les députés Thomas Désulmé et Philippe
Charlier proposèrent d'arrêter les débats pour passer immédiatement à l'élection d'un
président. Cette subtile manoeuvre amena Dumarsais Estimé au fauteuil présidentiel,
supplantant des candidats de poids comme le riche industriel Henri Laraque que soutenaient
le Nord, Bignon Pierre-Louis, le premier sénateur de l'Ouest et l'ex colonel Démosthène
Pétrus Calixte qui paraissaient en bonne position pour remporter le suffrage. Le 16 août
1946, au deuxième tour de scrutin, l'Assemblée nationale élit le député de Verrettes,
Dumarsais Estimé, président d'Haïti pour 4 ans , par 31 voix sur 58. Le comité exécutif
militaire avait accompli sa mission. Haïti avait un nouveau chef d'État. L'accession d'Estimé
, avec le soutien des " Authentiques ", consacrait l'entrée en force de la majorité nationale
dans l'arène politique.
Son administration
Sous la protection des anciens membres du Comité exécutif militaire à qui il avait laissé le
commandement de l'Armée, le président Estimé prit des mesures visant à developper Haïti.
La libération financière, l'éducation des masses et la promotion de l'agriculture constituaient
ses priorités. Il s'engageait à assurer une protection sociale aux artisans et aux salariés, tout
en accordant à la jeunesse une attention spéciale.
A)La justice et les lois
La loi du 15 octobre 1946 chargea une commission spéciale d'enquêter sur l'administration
Lescot que la clameur publique accusait de malversation et de détournement de fonds. Une
autre loi du 28 février 1947 mit sous séquestre, en attendant une décision de justice, les
biens de l'ancien chef d'État, des membres de son gouvernement et certains de ses
proches.
" La chute d'Estimé vint interrompre cette procédure."
La Constitution de 1946, qui fut promulguée sous Estimé, introduisit l'habeas corpus. Cette
constitution interdisait aussi l'extradition en matière politique. Le congé annuel payé institué
sous Vincent fut rendu obligatoire. L'Armée et la police devinrent deux corps distincts. Le
droit des travailleurs à s'organiser en syndicats fut reconnu ainsi que celui des Haïtiens à se
regrouper en partis politiques et en coopératives.
Le 24 février 1947, une loi établit les conditions entraînant la perte de la nationalité
haïtienne. Le 21 juillet 1947, le gouvernement fit voter une loi relative aux loyers des
maisons , des hôtels et des appartements.
La loi du 23 juin 1947 avait permis d'établir une chambre des comptes pour le contrôle des
dépenses de l'État.
C)L'éducation
Pour arriver au véritable progrès, il fallait, d'après le gouvernement, une structure scolaire
solide. Le président Estimé était partisan d'une éducation libératrice, dégagée de la vieille
pédagogie sensible au bourrage de crâne. Dans cette optique, le département de l'éducation
nationale fut réorganisé, des écoles et fermes-écoles furent construites un peu partout dans
le pays. Le lycée Toussaint Louverture fut fondé à Port-au-Prince, le lycée Faustin
Soulouque vit le jour à Petit-Goâve, et la ville de Hinche fut dotée de son propre lycée, qui
porta le nom du président. Les bâtiments logeant les lycées de la capitale, des Cayes, et du
Cap-Haïtien furent rénovés. Dans le même temps, le nombre de professeurs affectés à
l'enseignement rural passa de 624 en 1946 à 823 en 1949. Le salaire des professeurs et
des instituteurs fut également ajusté au coût de la vie. Les bibliothèques furent réouvertes et
réformées. En 1947, l'École normale supérieure et l'École polytechnique d'Haïti furent
créées et en 1949, l'École des infirmières fut réorganisée afin de préparer les travailleurs de
la santé à mieux faire face aux maladies infantiles et endémiques.
D)Ses réalisations
-Commémoration grandiose, en 1949, du bicentenaire de la fondation de la ville de
Port-au-Prince, organisation, à cette occasion, d'une exposition internationale qui attira
beaucoup de touristes dans le pays; travaux d'assainissement et de modernisation du front
de mer et des quartiers commerciaux de Port-au-Prince;
En avril 1948, Haïti signa à Washington la Charte de L'OEA. Dès la création de l'UNESCO
au sein des Nations-Unies , Haïti donna son plein appui à cette organisation dont l'un des
rôles est de promouvoir la paix, sur la base du respect de la diversité culturelle. Le 15 juillet
1948, le président Estimé et son homologue vénézuélien finalisèrent un accord commercial
engageant les deux pays.
Lors des festivités du Bicentenaire en décembre 1949, les délégués des pays étrangers,
surtout ceux de l'Amérique , firent montre de solidarité envers Haïti.
Les causes de mécontentement