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ANTHROPOLOGIE CULTUR ELLE DE LA

FRANCE ET DE LA FRAN
COPHONIE

16D471/2

Année 2015/2016

Dubravka SAULAN

En vertu du code de la Propriété Intellectuelle – Art. L. 335-3 : Est également un délit de contrefaçon toute
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16D471 : D. SAULAN ± Anthropologie culturelle de la France et de la Francophonie

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et notion de culture

La problématique de La Didactique des Langues-Cultures concerne l’étude de


l’interactivité entre l’enseignant, les apprenants, les finalités et les objectifs, les
contenus (linguistiques et culturels), les ressources didactiques et méthodologiques,
l’articulation entre les compétences et les performances communicatives : c’est-à-
dire l’interactivité entre la formation des habiletés et l’évaluation des comportements
en contexte.
La relation entre la didactique des langues et la culture n'est pas toujours allée de soi
ou ne va pas forcément de soi, même aujourd'hui. Les représentations que l'on peut
se faire de cette relation ont beaucoup évolué grâce à des recherches approfondies
sur le sujet à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle. En effet, pendant
longtemps l'apprentissage des langues vivantes se calquait sur l'apprentissage des
langues mortes tel le latin ou le grec, où la grammaire et la dimension écrite
prévalaient ; cette Méthodologie, que l'on appelle Traditionnelle, suite à des
recherches en didactique des langues et en linguistique, a laissé place au 20ème
siècle à d'autres méthodologies visant à une plus grande efficacité dans
l'apprentissage des langues. L'apparition de disciplines telles la sociolinguistique ou
d'une nouvelle approche de l'enseignement/apprentissage des langues, l'Approche
Communicative, a ouvert d'autres perspectives.
Aujourd'hui, cette relation entre didactique des langues et culture est à considérer à
travers deux aspects importants : 1) la culture de l'apprenant et de l'enseignant ; et 2)
la culture ou les cultures liées à la langue étudiée

Les apprenants ont, entre autres, une histoire, un caractère, une façon d'apprendre
et pour ce qui nous intéresse ici, une culture ; la « centration sur l'apprenant » est
devenue un principe important. Ne pas envisager la culture ou la vision du monde de
l'apprenant, revient à ne pas anticiper des problèmes d'incompréhension ou de
chocs culturels qui pourraient endommager une bonne relation et communication
entre enseignant et apprenant. La langue et la culture avec laquelle nous avons
évolué a défini en nous une certaine vision du monde à partir de laquelle nous
appréhendons ce monde. L'enseignant lui-même, s'il s'adresse à des apprenants
d'une autre culture, doit être capable d'analyser sa propre culture et être capable de
définir dans ses réactions diverses, de la vie de tous les jours, ce qui est de sa
culture ou non, ce qui relève de stéréotypes sur l'autre culture, et être capable
d'envisager l’existence d'autres façons de faire et de penser.

L'Approche Communicative a pointé du doigt une dimension qui pourrait paraître


évidente dans l'absolu : apprendre une langue sert à communiquer. Pour
communiquer, il faut savoir parler la même langue que ses interlocuteurs mais il faut
pouvoir utiliser les bons codes sociaux ; c'est la sociolinguistique qui développera

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cette idée. Selon C. Bachmann qui reformule le principe de compétence de


communication de Hymes1, un sociolinguiste, « pour communiquer il ne suffit pas de
connaître la langue, le système linguistique ; il faut également savoir s'en servir en
fonction du contexte social ». Ces codes sociaux sont différents dans chaque culture
et dépendent d'une certaine vision du monde. F. Debyser2 avance à ce propos « Il ne
suffit pas que l'élève apprenne à utiliser un nouveau code, il faut lui faire comprendre
que ce code implique une vision du monde différente ».

La culture est donc l’ensemble des structures sociales et des manifestations


artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent un groupe, une société par
rapport à une autre. Tylor E.B. dans son ouvrage Primitive Culture, définit la culture
comme le mélange complexe des connaissances, croyances, arts, morales, droits,
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Par exemple, nous pouvons trouver une partie de la société française qui utilise une
variété de langues régionales comme le picard ou le ch'timi. Ces langues sont
identifiables car elles diffèrent de la langue parlée par la majorité. Ici, on peut parler
de culture picarde ou culture ch'timi, les deux, appartenant à la culture française, la
culture dominante.

Le terme "culture" est effectivement un terme polysémique et touchant à de


nombreux domaines. Dans l'enseignement / l’apprentissage des langues étrangères,
les acteurs sont tous imprégnés d'une langue maternelle et d'une culture d'origine.
Celles-ci vont conditionner notre regard sur l'autre, même inconsciemment.
Toutefois, ce que le terme culture recouvre dans ce cours de langue est souvent
confondu avec la notion de civilisation. La culture / la civilisation abordée est
généralement monolithique et ne concerne souvent qu’une partie limitée des
représentants de la langue étudiée.

Selon Louis PORCHER, la compétence "culturelle" repose sur quatre aspects qu’il
rappelle dans Le français langue étrangère, éditions Hachette / CNDP, Paris, 1re éd.
1994.

En effet, on peut parler d'un aspect de culture au sens de "culture cultivée" qui
détermine les comportements langagiers et sociaux, avec en ce qui concerne la
langue française, le goût pour la littérature et les grands auteurs classiques. On est
là dans ce qui peut s'apparenter à la culture générale.
Autre aspect, c'est celui de la culture anthropologique qui touche à la "civilisation"
dans ce qui caractérise les manières des Français, leur façon de vivre, les évolutions
de la société. Ceci constitue une base indispensable pour tout étranger s'intéressant
à la civilisation française.
La compétence culturelle englobe aussi les goûts et la consommation notamment
médiatique des Français, qui les conditionnent.
Enfin le patrimoine culturel français dans toute sa dimension historique qui sacralise
des dates, des monuments en somme, une mémoire collective, universelle et chère
à toute la communauté nationale.

1
BACHMANN, C. et alii, Langage et communications sociales, CREDIF/ HATIER, 1981.
2
DEBYSER, F., « Le thème de la maison », in L'enseignement de la civilisation française, Hachette,
1973.

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16D471 : D. SAULAN ±
16D471 : D. SAULAN ± Anthropologie culturelle de la France et de la Francophonie

Il nous semble que les cultures s'opposent dans leurs aspects les plus matériels,
mais qu'elles sont susceptibles de dialoguer dans leurs aspects spirituels et que,
finalement, les cultures se rejoignent dans l'universalité du fait culturel. Enseigner,
que ce soit une langue maternelle ou étrangère, c'est former des gens cultivés, c'est
aussi devenir plus cultivé soi-même au contact des gens que l'on côtoie.

***

Si nous nous référons tout d’abord à la définition du Dictionnaire encyclopédique de


O¶pGXFDWLRQ HW GH OD IRUPDWLRQ, nous pourrions par conséquent assimiler culture et
culture générale : « [celle-ci] est un héritage de la culture gréco-latine enrichie par les
chefs d’œuvre qui se sont succédé […] jusqu’à aujourd’hui, surtout dans le domaine
des arts et des lettres.

Or, en 1871, la réflexion de l’un des fondateurs de l’école d’anthropologie


britannique, dite évolutionniste, Edward Burnett Tylor (1832-1917), montre les
corrélations entre les coutumes les plus éloignées du globe. Cette démarche menée
comme une investigation, le conduit à conclure entre autres, que la culture primitive,
dénomination alors attribuée aux sociétés qualifiées de « sauvages », était un
concept qui revêtait en réalité une forme de cohérence mentale reliant les divers
aspects de la vie sociale. En outre, l’anthropologue assimile « culture » à
« civilisation ». La culture est ce champ où se croisent différents concepts tels que
les sciences, les lois, les coutumes, les arts, les croyances6. Il faut entendre cette
définition dans un sens ethnographique surtout.

Mais c’est ensuite dans l’histoire de l’anthropologie qu’il nous faut nous interroger
pour mettre en évidence les différents concepts de culture. Toute société et toute
culture porte un regard particulier sur elle-même, tant concernant ses pratiques que
ses institutions. Concédons qu’en règle générale, la considération généralement
positive que chaque société s’octroie, tient à un principe qui veut que ce qui est
pratiqué est considéré comme normal et dans le même temps exclusif 7, original.

Dans « culture de l’autre », il nous faut détacher temporairement le concept de


« l’autre » pour mieux le décliner. L’« autre », pour les occidentaux, a très longtemps
été entendu selon l’image du « barbare », de l’ « infidèle », ou du « primitif ». Par
exemple, dans l’Antiquité, Grecs et Romains nommaient les « barbares », ceux qui
parlaient une langue étrangère. Au Moyen-Âge, siècle où seule « la Foi faisait Loi »
dirions-nous, les Arabes, les Turcs et autre Mere A tre

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