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Le "way way", la nouvelle danse festive et subversive de la jeunesse

algérienne
Festif = de fête collective
Subversif = susceptible de perturber l'ordre établi

Le "Way way" ou "Ey ey ey" est une danse de rue qui fait fureur chez les
jeunes algériens depuis quelques mois. Des chorégraphies, sur de la musique
Raï, dont l’humour corrosif fait grincer des dents de nombreux adultes.
Corrosif = qui est mordant et très critique
grincer des dents = manifester sa colère et son exaspération sans pouvoir

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l'exprimer véritablement ou directement

Comme avant elle, la Shmoney Dance aux États-Unis, la Tecktonik en France


et le Harlem Shake, un peu partout dans le monde, le "Way way" se répand sur
les réseaux sociaux. La particularité de cette danse est d’intégrer le mime. Il y
a deux camps chez les waywayeurs : ceux qui miment les paroles d’une
chanson à la phrase près et ceux qui improvisent, peu importe ce qu’elle
raconte.

Donne-lui la Kalash" dit la chanson, donc le jeune danseur mime des tirs de
mitraillette. Le chanteur dit ensuite "Donne-lui un couteau de boucher qu’il
puisse m’étriper". Le danseur fait donc mine de prendre un couteau et de se le
planter dans le ventre, etc.

Dans chaque chorégraphie, quelques mouvements reviennent souvent : imiter


une mitraillette ou un lancer de pierres, se pincer le nez ou regarder au loin la
main en visière au-dessus des yeux, faire semblant de conduire une voiture ou
passer un coup de téléphone, etc. Stylisés et comiques, ces mouvements
rappellent les battle de hip hop américain dans lesquelles il s’agit de se moquer
de son adversaire. Des groupes d’adolescents, voire des enfants, se filment en
train de danser le "Way way" dans la rue ou chez eux, avant de poster les
vidéos sur YouTube. Résultat : des milliers de vidéos qui engrangent des
centaines de milliers de vues.
Le "Way way" est aussi sévèrement critiqué dans les médias et sur les réseaux
sociaux. Il est assimilé par certains internautes à une pratique de "drogués" car
il est dansé sur des chansons de Raï où le mot "el halwa", qui signifie "le
bonbon" - l’ecstasy - est parfois mentionné. Sur Twitter ou sur Facebook, ce
style est qualifié de "danse de fous" ou de "voyous". Un article, sur le site
d’information algerie-focus.com, qui dépeignait le phénomène de façon
positive, a par exemple déclenché des critiques virulentes de la part des
internautes qui y voient une "danse qui n’a aucun sens", symbole de la
déchéance des jeunes de leur pays.

Une mode sur laquelle même les autorités ont réagi.


Le week-end dernier, une vidéo qui montre des écoliers en train de danser le
"Way way" dans la cour de leur établissement a beaucoup circulé. Selon la
télévision algérienne privée El Bilad, la ministre de l’Éducation nationale
aurait donc ouvert une enquête pour identifier les auteurs de la vidéo sur
demande de parents d’élèves.
Avec mes amis on danse le 'Way way' partout, il suffit d’avoir un portable
pour mettre du Raï"
C’est obligé de danser le "Way way", par exemple dans les mariages, avec les
cousins. Au lycée, tout le monde danse, les filles comme les garçons. Je
retrouve mes amis dans la cour du lycée ou dans la rue pour danser et
s’amuser. Il suffit d’avoir un téléphone, on passe du Raï, un nouveau genre de
Raï un peu spécial, et nous dansons. Et en même temps, il y en a qui fument,

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qui prennent des selfies. C’est très facile de danser le "Way way". Il y a des
mouvements particuliers que je copie sur les autres : on fait comme si on
prenait des photos, comme si on regardait au loin… J’imite mes copains, c’est
comme ça qu’on apprend ! Ça se danse à plusieurs, parfois on se répond par
mouvements interposés. Par exemple, si une copine fait mine de me donner de
l’argent, moi je vais faire comme si je le récupérais, tout en dansant.
C’est pour s’amuser, pour imiter certains types de personnes ; celles qui ont de
l’argent par exemple. Quand je danse le "Way way" avec mes amis, je rigole
beaucoup. Ils improvisent et inventent des mouvements bizarres qui me font
beaucoup rire. Les filles n’apparaissent pas sur les vidéos, mais c’est nous qui
filmons parfois nos copains avec nos téléphones portables. Pour ce qui est de la
drogue, c’est vrai que quelques chansons font allusion à l’ecstasy en parlant de
"halwa" mais ce ne sont pas des chansons que j’écoute personnellement.

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