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L’organisation judiciaire du Maroc

entre l’indépendance et la loi


26-01-1965

Réalisé par :
Yassmine BENHAYOUN
Encadré par :
YOUSRA EZZAOUYA
Mr. Badr Zaher ALAZRAK
SARA BARNAK
Chadi QUARQORI
Hassan MAKIK
Ibrahim SALHI

2021-2022
Remercîment
A notre professeur Badr ZAHER ALAZRAK
Nul mot ne saurait exprimer à sa juste valeur le
profond respect et la considération que nous avons pour vous.

Nous sommes très touchés par votre extrême courtoisie et


le dévouement avec lequel vous nous aviez garanti les conditions
propices à l’élaboration de ce travail.

Veuillez trouver ici monsieur


Le témoignage de notre respect et de notre profonde gratitude.
Puisse Dieu Tout-Puissant vous accorder prospérité et bonheur
A tous nos professeurs
Nous avons toujours admiré vos qualités humaines et
professionnelles ainsi votre modestie qui reste exemplaires.

Qu’il nous soit permis de vous exprimer notre reconnaissance et


notre grande estime.

2
Sommaire
Remercîment ............................................................................................................................. 2

Introduction : ............................................................................................................................ 4

Chapitre I : Les principales réformes législatives (1956-1964) ............................................ 7

Section 1 : Les caractéristiques du cadre juridique régissant le système judiciaire

avant 1956 .............................................................................................................................. 7

Sous-section 1 : L’époque d’avant le Protectorat .......................................................... 7

Sous-section 2 : L’étape du Protectorat (1912-1955) ..................................................... 7

Section 2 : Les spécificités des nouvelles tendances législatives après l’indépendance .. 8

Sous-section 1 : La séparation des pouvoirs ................................................................... 9

Sous-section 2 : Le pouvoir judiciaire a la lumière de la constitution de 1961 : ....... 10

Chapitre 2 : L’organisation judicaire au temps de l’indépendance .................................. 11

Section 1 : Les piliers de la réforme judiciaire ................................................................ 11

Sous-section 1 : L´unification ......................................................................................... 11

Sous-section 2 : L´arabisation et la marocanisation .................................................... 12

Section 2 : Une nouvelle architecture judicaire au service du Maroc moderne ........... 13

Sous-section 1 : Une nouvelle typologie judicaire : ...................................................... 14

Sous-section 2 : l’instauration de la cour suprême .......................................................... 16

Conclusion ............................................................................................................................... 18

3
Introduction :
Parmi tous les problèmes qui se présentaient au gouvernement du Maroc à l’époque où
l’indépendance du pays fut acquise, celui de l’unification des juridictions du royaume et de la
législation applicable devant ces juridictions devait retenir toute son attention.

Les régimes antérieurs avaient, en effet, entraîné une triple organisation judiciaire, dans l’ex-
protectorat espagnol, dans l’ex-zone de Tanger et dans l’ex-protectorat français où des
législations différentes étaient appliquées.

Cet ensemble complexe avait, sous l’ongle de la compétence, pour effet d’attribuer la
connaissance des litiges dans lesquels un étranger était partie à des juridictions constituées
par des juges étrangers, qui dépendaient de leur gouvernement, la compétence des tribunaux
chérifiens étant limitée aux procès qui intéressaient exclusivement des Marocains.

Là ne se bornait pas l’intervention des puissances étrangères. C’est ainsi que les justices dites
« makhzen » et dites « coutumières » étaient soumises dans l’ex-zone sud au contrôle d’un
organisme étranger, et le ministre de la justice marocain ou vizirat n’avait pour attributions
que la surveillance et l’organisation des juridictions de cadis uniquement chargées de
connaitre du statut personnel ou successoral musulman et de certaines questions
immobilières.

D’autre part, sur l’ensemble du territoire, avaient été instituées des juridictions rabbiniques
auxquelles compétence était donnée pour régler conformément au droit hébraïque les
différends relatifs au statut personnel ou successoral des israélites marocains.

Enfin, les pachas et caïds statuaient en matière pénale, à l’égard de certaines infractions,
cumulant ainsi les fonctions d’administrateurs et de juges.

C’est au ministère de la justice, placé à la tête de l’édifice judiciaire, qu’il appartenait


d’orienter sans cesse ses efforts vers la réalisation du but recherché : l’unification des
juridictions et de législation.

Cette œuvre de longue haleine ne devait cependant être entreprise qu’avec toutes les
précautions et tout le soin désirable. Dans le but d’éviter des heurts, des risques de

4
déséquilibre, il convenait de procéder par étapes dont chacune ne devait être franchie que
lorsque toutes conditions requises se trouveraient remplies.

C’est à l’organisation et au fonctionnement des juridictions que devaient être destinées les
premières réformes.

Il importait, d’abord, d’assurer la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Le


Maroc moderne se devait de franchir ce pas. C’est la raison pour laquelle Mohammed V a
promulgué, d’une part, le dahir du 19 mars 1956 supprimant tout contrôle général et spécial
de l’administration de la justice et, d’autre part, le dahir du 4 avril 1956 relatif à l’organisation
et au fonctionnement des tribunaux de droit commun et créant des tribunaux régionaux
(première instance) et des tribunaux du sadad (tribunaux de paix).

Au moyen de ces deux textes, se trouvaient dès lors assurées l’indépendance des magistrats
vis-à-vis des pouvoirs publics, la suppression de la dualité des attributions des pachas et caïds
et, en conséquence, l’institution d’une justice nationale, libérée de toute sujétion étrangère
et de toute contrainte intérieure.

Le ministère de la justice était, dans le même temps, organisé par un dahir du 30 novembre
1956 et il recouvrait ainsi toutes les responsabilités qui devaient lui incomber.

Toute une série de textes a été ensuite publiée pour réglementer le fonctionnement des
nouvelles juridictions de droit commun et, parmi ces textes, un dahir du 21 septembre 1957
a supprimé le Haut Tribunal chérifien pour le rattacher à la cour d’appel de Rabat, de même
qu’un dahir du 27 septembre 1957 a créé la Cour suprême, en sorte que, si la fusion des
diverses juridictions inférieures ne pouvait être envisagée dans l’immédiat, l’unité de la
jurisprudence était désormais assurée.

En vue de parfaire l’unification judiciaire du royaume, il est, en outre, apparu que les
juridictions de cadis et les juridictions rabbiniques devaient, elles aussi, être rattachées aux
tribunaux de droit commun.

Ces diverses intégrations sont depuis un an dans leur phase d’expérimentation pratique et
deviendront effectives lorsque cette phase aura, dans les prochains mois, donné les résultats
escomptés. Cette phase est déjà très avancée en ce qui concerne le rattachement des

5
juridictions modernes dans les circonscriptions judiciaires de Fès, Marrakech, Meknès et
Oujda.

L’unification des juridictions posait bien entendu, dans toute son acuité, le problème de
l’unification de la législation. Le Maroc s’est attaché à faire en sorte, s’inspirant du droit
moderne et des codes les plus récents, que les diverses législations dispersées sur l’ensemble
du territoire soient en toutes matières unifiées et que disparaisse la diversité des textes
applicables suivant la nature des juridictions.

L’évolution du système judiciaire marocain a connu trois grandes étapes à savoir : la justice d’avant le
protectorat, pendant protectorat, et celle après l’indépendance qui feras l’objet de ce sujet et plus
précisément entre l’indépendance et la loi 26-01-1965, la question qui se pose à ce niveau est la
suivante :

- Qu’est ce qui caractérise l’organisation judiciaire dans cette période entre l’indépendance et
la loi 26-01-1965 ?

Dans notre sujet on va s’intéresser à deux voler essentielle, Les principales réformes
législatives -1956-1964-(chapitre 1), L’organisation judicaire au temps de l’indépendance
(chapitre 2).

6
Chapitre I : Les principales réformes législatives (1956-1964)
Section 1 : Les caractéristiques du cadre juridique régissant le système judiciaire
avant 1956

L’organisation judiciaire désigne l’ensemble des tribunaux et des cours du Royaume.


L’évolution du système judiciaire marocain a connu des grandes étapes à savoir1 :

Sous-section 1 : L’époque d’avant le Protectorat


Le système judiciaire marocain se distinguait essentiellement par l’application de la CHARIAA par un
juge musulman, le Cadi. Sa compétence était générale et universelle et le domaine d’intervention du
cadi était très large et englobait toutes les différentes sortes de litiges. Les procédures judiciaires
étaient de même très simples. 3 Après enregistrement du jugement, le représentant de l’autorité
Makhzen, Pacha ou caïd se chargeait de l’exécution de la décision rendue. Les européens installés au
Maroc, n’étaient pas eux soumis à la justice du chraa, ils avaient leurs propres juridictions consulaires
(le régime des capitulations), il en est de même pour les marocains de confession juive qui relevaient
des tribunaux rabbiniques,

Sous-section 2 : L’étape du Protectorat (1912-1955)

Cette étape a commencé à la veille du protectorat, période pendant laquelle le système judiciaire était
pluraliste ; plusieurs tribunaux existaient en même temps. Elle a été également à l’origine de la mise
en œuvre du droit judiciaire privé dans sa conception moderne, particulièrement devant les
juridictions françaises du Protectorat. L’organisation judiciaire de l’époque a donc connu trois sortes
de tribunaux : les tribunaux makhzen, les tribunaux coutumiers, et les tribunaux modernes (français
ou espagnols).

A- Les tribunaux makhzen

Ils englobent les tribunaux de caïds et de pachas, les tribunaux du chrâa (tribunaux de cadis) et les
tribunaux rabbiniques. Les tribunaux makhzen étaient compétents en matière civile, commerciale et
pénale pour juger les litiges nés entre les marocains et sanctionner les infractions et délits commis par
les marocains. 4 Au sommet de ces juridictions, on trouvait le Haut Tribunal Chérifien (la cour de
cassation actuelle).

1
https://efaculty.fsjes-agadir.org/piecesJointes/1002_cours%20d'organisation%20judiciaire%20.pdf – consulté
le 03/02/2022 vers 17h

7
B- Les tribunaux coutumiers

Créés en 1930 dans la campagne berbère dite (tamazgha). Ils avaient pour but de soustraire une partie
de la population marocaine à la justice musulmane rendue par les Cadis. Ces juridictions qui
appliquaient la coutume locale à la place de la loi musulmane (charia) avaient été contestées par le
mouvement national qui revendiquait l’indépendance du pays.

C- Les tribunaux modernes (français et espagnols)

Dans la zone sud, sous protectorat français, l’ordre juridictionnel comportait les tribunaux de paix, les
tribunaux de première instance et par la cour d’appel de Rabat. Les pourvois en cassation étaient
portés devant la cour de cassation de Paris. Ils appliquaient le droit moderne d’inspiration française,
mis en application par dahirs (lois) du Sultan sous forme de codes spéciaux datés pour la plupart du 12
août 1913 (Code de procédure civile, Code des obligations et contrats, Code de commerce). Certains
de ces codes sont toujours applicables. Dans la Zone Nord du Maroc, sous protectorat espagnol, les
tribunaux hispano-khalifiens comportaient les tribunaux de paix, les tribunaux de première instance et
la cour d’appel de Tétouan. Les pourvois en cassation étaient portés devant le Tribunal suprême de
Madrid. On appliquait le droit d’inspiration espagnole. La compétence de ces tribunaux modernes était
quasi générale (civile, pénale, commerciale et administrative) et 5 concernait aussi bien les
ressortissants des deux pays (français et espagnols), les étrangers n’ayant pas de privilège
juridictionnel au Maroc, que les marocains protégés des deux pays. La zone internationale de la ville
de Tanger avait sa propre organisation judiciaire fixée par la convention de Tanger du 18 décembre
1923.

Section 2 : Les spécificités des nouvelles tendances législatives après


l’indépendance
Habité dès la préhistoire par des populations amazighes, le Maroc et son territoire ont
connu des peuplements phéniciens, carthaginois, romains, vandales, byzantins et arabes.
C'est en 788, lors de son exil qu'Idris Ier, fuyant les persécutions du califat des Abbassides, a
donné naissance à un État dans le Maghreb al-Aqsa. Depuis, le Maroc a toujours gardé, si ce
n'est une indépendance absolue, du moins une très forte autonomie.

Il s'agit d'une échéance d'autant plus cruciale qu'elle s'inscrit dans un processus inédit de
réformes institutionnelles et politiques devant mettre le Maroc en phase avec les mutations
qu'ont connues la société et le paysage politique national, ainsi que les changements profonds

8
intervenus aux plans régional et international. L'enjeu de cette consultation législative est
donc de secréter de nouvelles institutions reflétant l'esprit et la lettre de la Loi fondamentale
et incarnant l'ambition collective de la nation de voir émerger des instances parlementaires
et exécutives efficientes2.

Sous-section 1 : La séparation des pouvoirs

Après l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution, beaucoup d’eau a coulé sur les ponts.
La théorie de la séparation des pouvoirs a connu, depuis son origine, certaines vicissitudes ayant
perdu beaucoup de sa signification, ne rendant plus compte de l’aménagement actuel des
pouvoirs. En effet, la séparation des pouvoirs classique telle qu’elle était imaginée par ses pères
fondateurs John Locke et Montesquieu cède davantage la place à une nécessaire collaboration
des pouvoirs, plus particulièrement du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.

Au Maroc, il convient de souligner que la constitution de (1996), comme celles qui l’ont
précédé, a posé dans son article 82 que « l’autorité judiciaire est indépendante du pouvoir
législatif et du pouvoir exécutif ». Le principe de la séparation des pouvoirs se déduit, par
ailleurs, de la définition que fait la constitution dans des chapitres séparés des principaux
organes de l’Etat tout en déterminant les rapports entre les pouvoirs, notamment entre l’exécutif
et le législatif. La séparation des pouvoirs est considérée d’ailleurs comme un principe structurel
fondamental de la constitution. Il a été introduit dans le système constitutionnel marocain par
la constitution de 1962.

Muḥammad al-Makkî al-Nâṣirî considérait en 1946 que, sous le Protectorat, le Makhzen « a


accepté de se livrer à un agréable et profond sommeil »3. Les Français auraient, pour imposer
leur domination sur le Maroc, procédé à une anesthésie administrative des institutions qu’ils
regroupent sous l’appellation de Makhzen chérifien. C’est cet argument que nous entendons
interroger à travers une recherche sur l’État marocain contemporain (recherche qui s’inscrit
plus largement dans le cadre d’une thèse en cours intitulée Les États chérifien et beylical face
à l’État de Protectorat (1881-1956) : fonctions publiques et institutions politiques en
cohabitation, sous la direction de Paul-André Rosental et M’hamed Oualdi). L’État chérifien
présente la spécificité de se dédoubler en 1912. En conséquence du traité de Fès, la puissance

2
Le Maroc, 1959-1962 / ETAT DES TRAVAUX / JEAN-LOUIS MIEGE et VIVIANE MICHEL.
3
Muḥammad al-Makkî al-Nâṣirî, Mawqif al-umma al-maghribiyya min al-ḥimâya al-faransiyya: kayfa kharaqat
faransâ jamî‘ al-ta‘hudât al-dawliyya al-khâṣa bi-l-maghrib, ḥaraka al-waḥda al-maghribiyya, 1946, p. 42

9
coloniale flanque le vieux Makhzen d’une administration technique, dirigée pratiquement par
des Français, mais gouvernant au nom du Sultan. À son côté demeure le Makhzen comme
ensemble de fonctions et d’autorités relevant de ce qui est relegué à l’« Ancien régime »

Sous-section 2 : Le pouvoir judiciaire a la lumière de la constitution de 1961 :

En 1908, avant le protectorat français, un projet constitutionnel non officiel a vu le jour.


Six ans après que le Maroc a obtenu son indépendance, une première constitution a été adoptée
sous Hassan II par référendum le 7 juillet 1962.

Le 3 mars 1961, à la mort de son père, le prince Moulay Hassan est proclamé roi du Maroc sous
le nom de Hassan II. Les années 1960 sont marquées par un climat politique particulièrement
tendu et se sont constitués les fondements mêmes du Maroc contemporain4.

Constitution, adoptée par référendum le 7 décembre 1962, et qui fonde une culture politique
axée sur la prééminence royale – tous les pouvoirs, constitutionnels, politiques, militaires,
judiciaires, diplomatiques, sont concentrés et hiérarchisés autour du roi –, un rapport de force
inégal et une négociation permanente, dans un système où les règles du jeu sont très sévèrement
et très étroitement contrôlées. Dès lors, le partage du pouvoir entre le roi et les partis et entre
l'exécutif et le législatif domine la vie politique marocaine. Il faudra, en 35 ans, pas moins de 5
moutures de la Constitution et autant de trains d'élections pour modifier, sans le changer
fondamentalement, le rapport des forces et apaiser les contentieux. Il fut approuvé à une très
forte majorité (3 733 816 « oui », soit 80,10 % des votes7) et fut promulgué le 14 décembre. Ce
texte, qui entra vraiment en vigueur le 18 novembre de l'année suivante, lorsque s'ouvrit la
première session du parlement à la suite d'élections législatives5.

Cette constitution affirme le caractère arabe, musulman, maghrébin et africain de l’État


marocain, et précise que celui-ci souscrit aux principes, droits et obligations des chartes des
organismes internationaux (préambule). Elle souligne aussi que « le Maroc est une monarchie
constitutionnelle, démocratique et sociale » (art. 1er) et que « la souveraineté appartient à la

4
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Maroc – consulté le 04/02/2022 vers 9h45min
5
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Maroc_vie_politique_depuis_1961/187075 – consulté le
04/02/2022 vers 13h

10
nation qui l’exerce directement par voie de référendum et indirectement par l’intermédiaire des
institutions constitutionnelles » (art. 2)6

Toute une série de textes a été publiée pour réglementer le fonctionnement des nouvelles
juridictions de droit commun et, parmi ces textes, un dahir du 21 septembre 1957 a supprimé le
Haut Tribunal chérifien pour le rattacher à la cour d’appel de Rabat, de même qu’un dahir du
27 septembre 1957 a créé la Cour suprême, en sorte que, si la fusion des diverses juridictions
inférieures ne pouvait être envisagée dans l’immédiat, l’unité de la jurisprudence était
désormais assurée.

Concurremment à ces réformes, l’organisation judiciaire de l’ancienne zone de Tanger et de


l’ex-protectorat espagnol a été entièrement révisée, si bien que la cour d’appel de Tanger
instituée le 11 avril 1957 s’est substituée à la juridiction internationale de Tanger et à la cour
d’appel de Tétouan et qu’enfin ont été supprimés les anciens tribunaux hispano-khalifiens dont
les compétences ont été recueillies tant par les trois tribunaux régionaux créés à Tanger, à Nador
et à Tétouan que par les douze tribunaux du sadad appartenant au ressort de la nouvelle cour
d’appel de Tanger. En vue de parfaire l’unification judiciaire du royaume, il est, en outre, apparu
que les juridictions de cadis et les juridictions rabbiniques devaient, elles aussi, être rattachées
aux tribunaux de droit commun7.

Chapitre 2 : L’organisation judicaire au temps de l’indépendance


Section 1 : Les piliers de la réforme judiciaire

Parmi tous les problèmes qui se présentaient au gouvernement du Maroc à l’époque où


l’indépendance du pays fut acquise, celui de l’unification des juridictions du royaume et de la
législation applicable devant ces juridictions devait retenir toute son attention. Les régimes
antérieurs avaient, en effet, entraîné une triple organisation judiciaire, dans l’ex-protectorat
espagnol, dans l’ex-zone de Tanger et dans l’ex-protectorat français où des législations
différentes étaient appliquées.

Sous-section 1 : L´unification
Une fois l´indépendance retrouvée, en ce qui concernait le domaine de la justice, plus que
tout autre, il avait été nécessaire de mettre immédiatement en place une administration et une

6
Bulletin officiel
7
https://www.monde-diplomatique.fr/1962/06/BOUCETTA/24777– consulté le 03/02/2022 vers 14h

11
organisation judiciaire totalement nouvelles sur tout le territoire, sans moyens et sans
pratiquement aucun héritage du Protectorat.

C’est à l’organisation et au fonctionnement des juridictions que devaient être destinées les
premières réformes.

La première réforme connue à cette période c’est celle de 26 janvier 1965, elle avait été votée
par le parlement marocain à l’unanimité. Elle avait pour but d’unifier les juridictions du
Royaume dans un seul ordre judiciaire comprenant les tribunaux de sadad (de paix), les
tribunaux régionaux et les cours d’appel sous l’autorité de la Cour suprême. C’est dans ce sens
que dispose l’article premier de la loi d’unification votée le 26 janvier 1965 : « sont unifiées en
vertu de la présente loi sur l’ensemble du territoire du Royaume, toutes les juridictions
marocaines, à l’exception du tribunal militaire et de la Haute Cour de Justice mentionnée au
titre VII de la Constitution ». Par l’effet de cette loi, les tribunaux modernes, iles tribunaux
rabbiniques et les tribunaux du chrâa (loi coranique) étaient supprimés. D’autre part l’article 4
de la même loi dispose. « Nul ne peut exercer les fonctions de magistrat auprès des juridictions
marocaines, s’il n’est pas de nationalité marocaine ».

Il importait, d’abord, d’assurer la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Le


Maroc moderne se devait de franchir ce pas. C’est la raison pour laquelle Mohammed V a
promulgué, d’une part, le dahir du 19 mars 1956 supprimant tout contrôle général et spécial de
l’administration de la justice et, d’autre part, le dahir du 4 avril 1956 relatif à l’organisation et
au fonctionnement des tribunaux de droit commun et créant des tribunaux régionaux (première
instance) et des tribunaux du sadad (tribunaux de paix). Au moyen de ces deux textes, se
trouvaient dès lors assurées l’indépendance des magistrats vis-à-vis des pouvoirs publics, la
suppression de la dualité des attributions des pochas et caïds et, en conséquence, l’institution
d’une justice nationale, libérée de toute sujétion étrangère et de toute contrainte intérieure8.

Sous-section 2 : L´arabisation et la marocanisation

Il y a une distinction entre l'arabisation et l'autre idéologie du marocanisation (qui n'était


jamais aussi répandue que la première). La marocanisation, étant très nationaliste, veut un
retour à l'économie marocaine et une administration avec des fonctionnaires marocains.
L'arabisation s'intéresse plus à la culture et à la langue. Son but premier est de remettre l'arabe

8
https://www.monde-diplomatique.fr– consulté le 03/02/2022 vers 01h33min

12
à la place du français dans les écoles, les bureaux, et la littérature. N'ayant jamais oublié
l'infériorité que le Maroc a sentie pendant l'occupation, c'est compréhensible qu'il ait voulu
supprimer les vestiges de son colonisateur. Certes, dès le début, une volonté d'arabisation s'est
manifestée et a été officiellement affirmée, dans le sens de la revendication d'une décolonisation
culturelle.

L’article 5 de la loi d’unification dispose : « seule la langue arabe est admise devant les
tribunaux marocains, tant pour les débats et les plaidoiries que pour la rédaction des
jugements ».

Une plainte majeure des Marocains, à propos de l'échec de l'arabisation, est que le
gouvernement n'est pas assez engagé à trouver une solution. On voit que, historiquement, c'est
vrai. Le sultan Hassan II, on sait, parle avec la presse et ses conseillers en français, mais il
s'adresse à son public en arabe classique.

Pour résoudre le problème de langue dans l'enseignement, le ministre de l'Education nationale


a composé une doctrine de l'arabisation. Les principes de cette doctrine étaient de se concentrer
sur :

(1) l'unification d'éducation en fermant toutes les différentes sortes d'écoles développées
pendant le Protectorat, et en mettant les étudiants dans un type d'école nationale ;

(2) l'arabisation de l’enseignement ;

(3) la généralisation de l'enseignement, pour faire l'éducation obligatoire pour les enfants de
sept à treize ans ;

(4) la marocanisation pour adapter des cours pour qu'elle puisse être assortie au Maroc9.

Section 2 : Une nouvelle architecture judicaire au service du Maroc moderne

L’organisation judiciaire du royaume est définie par les dispositions du DAHIR du 15


juillet 1974 modifié et complète par la loi du 10 septembre 1993, la réforme a fait disparaître,
outre les tribunaux modernes, les tribunaux du chraa (législation coranique), compétents en

9
Histoire du Maroc depuis l´indépendance -Pierre Vermeren-

13
matière de statuts personnels pour les musulmans et leurs homologues, les tribunaux
rabbiniques10.

Il importait, d’abord, d’assurer la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Le


Maroc moderne se devait de franchir ce pas. C’est la raison pour laquelle Mohammed V a
promulgué, d’une part, le dahir du 19 mars 1956 supprimant tout contrôle général et spécial de
l’administration de la justice et, d’autre part, le dahir du 4 avril 1956 relatif à l’organisation et
au fonctionnement des tribunaux de droit commun et créant des tribunaux régionaux (première
instance) et des tribunaux du sadad (tribunaux de paix).

Au moyen de ces deux textes, se trouvaient dès lors assurées l’indépendance des magistrats vis-
à-vis des pouvoirs publics, la suppression de la dualité des attributions des pochas et caïds et,
en conséquence, l’institution d’une justice nationale, libérée de toute sujétion étrangère et de
toute contrainte intérieure.

Le ministère de la justice était, dans le même temps, organisé par un dahir du 30 novembre
1956 et il recouvrait ainsi toutes les responsabilités qui devaient lui incomber.

Toute une série de textes a été ensuite publiée pour réglementer le fonctionnement des nouvelles
juridictions de droit commun et, parmi ces textes, un dahir du 21 septembre 1957 a supprimé le
Haut Tribunal chérifien pour le rattacher à la cour d’appel de Rabat, de même qu’un dahir du
27 septembre 1957 a créé la Cour suprême, en sorte que, si la fusion des diverses juridictions
inférieures ne pouvait être envisagée dans l’immédiat, l’unité de la jurisprudence était
désormais assurée.

Sous-section 1 : Une nouvelle typologie judicaire :

• Les tribunaux de sadad :

Les tribunaux de sadad : sont Au nombre de vingt-sept , Siège (trois) à Casablanca parmi
eux Deux compétents pour connaitre des affaires civiles et commerciales et le troisième
compétent pour connaitre des affaires pénales Comprennent des annexes réparties à travers le
royaume Compétents ,en premier ressort en matière de statut personnel et successoral des
marocains musulmans et des marocains israélites ‘ (section Chraâ: section rabbinique section
civile, commerciale et administrative et section pénale) Se composent d’un président, une ou

10
DAHIR du 15 juillet 1974 modifié et complète par la loi du 10 septembre 1993

14
plusieurs juges titulaires ou juges suppléants, un ou plusieurs représentants du ministère public
et un greffe.

Les tribunaux de sadad Siègent à juge unique En matière pénale, la présence du ministère public
et du greffe est obligatoire mais En matière civile et commerciale, le ministère public peut,
lorsqu’il le juge utile, assister aux audiences

• Les tribunaux régionaux :

Au nombre de seize, Siègent à Rabat, Casablanca, El Jadida, Settat, Marrakech, Agadir,


Béni-Mellal, Ouarzazate, Fès, Ksar-Es-Souk, Meknès, Nador, Oujda, Taza, Tanger
et Tétouan.

Comprennent, sous l’autorité de leur président :

- une ou plusieurs chambres

- un ou plusieurs juges des mineurs

- un ou plusieurs juges d’instruction

- un greffe

- un ministère public représenté par les procureurs du roi et les substituts


Elles sont Divisées en quatre sections : section du chraa tranche, en dernier ressort les
affaires de statut personnel et successoral des marocains musulmans- section rabbinique
trancher, en dernier ressort les affaires de statut personnel et successoral des marocains
israélites- section civile, commerciale et administrative, section pénale.

Elles Statuent également, en dernier ressort sur les appels des jugements rendus en premier
ressort par les tribunaux de sadad de leur ressort Siègent aves trois magistrats.

Compétence particulière du président : juge des référés

Elle Statuait en matière pénale pour : les délits punie d’emprisonnement d’un maximum
supérieur à deux ans et les faits qualifiés de crime.

15
• Les cours d’appel :

A côté des juridictions de première instance, il existe des cours d’appel, juridictions de
second degré, dont le rôle est d’examiner les recours en appel des décisions rendues par les
juridictions inférieures c'est-à-dire les tribunaux de première instance. Elle comprend :

• Premier président • Procureur général du Roi • Vice-président et conseillés • Premier substitut


du procureur général du Roi et des substituts ; • Secrétariat général du tribunal et présidents des
services • Greffe. A la tête de chacune d’elles se trouve un Premier Président Elles comprennent
également un certain nombre de chambres spécialisées.

Toutefois, toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu’en soit la nature des
affaires soumises à ces cours, à l’exception des affaires relevant des sections de la famille qui
relèvent de la compétence exclusive de la chambre de statut personnel et successoral. Le
ministère public est représenté aux audiences des cours d’appel par le procureur général et ses
substituts. Elles comportent également un ou plusieurs magistrats chargés de l’instruction, un
ou plusieurs magistrats chargés des mineurs, un greffe et un secrétariat du parquet général. En
toute matière, l’audience est tenue et les arrêts rendus par un collège de trois Conseillers assistés
d’un greffier, sauf si la loi en dispose autrement. Ainsi, la chambre criminelle siège, en raison
de la gravité des affaires qui lui sont confiées, avec cinq Conseillers, un président de chambre
et quatre conseillers.

➢ Attributions :

Les cours d’appel, juridictions du second degré, examinent une seconde fois les
affaires déjà jugées en premier ressort par les tribunaux de première instance. Elles
connaissent donc des appels des jugements rendus par ces tribunaux ainsi que des appels
des ordonnances rendues par leurs présidents. La cour d’appel exerce son contrôle en droit
et en fait. Les chambres criminelles des Cours d’appel constituent des formations
particulières, compétentes pour juger des crimes en premier et dernier ressort.

Sous-section 2 : l’instauration de la cour suprême


Créée au lendemain de l’indépendance, la cour suprême est placée au sommet de la
hiérarchie judiciaire et coiffe toutes les juridictions de fond du royaume, La Cour Suprême
appelé « Al Majlis AI Alaala » a été instituée par un dahir du27 septembre 1957 ; elle siège à
Rabat. Son organisation et sa compétence sont déterminées par le Dahir du 15 juillet 1974 fixant
l’organisation judiciaire du royaume, le code de la procédure civile, certaines dispositions du

16
code de procédure pénale et du code de justice militaire. Organisation : La cour suprême est
présidée par un premier président. Le ministère public y est représenté par le procureur général
du roi assisté d’avocats généraux. La cour suprême comprend des présidents de chambre et des
conseillers, elle comprend également un greffe et un secrétariat du parquet général.

En vertu de I ‘article 94 de la Constitution marocaine du l0 mars L972la Cour suprême s'est vu ajouter
une nouvelle chambre : la Chambre constitutionnelle dont la présidence est confiée au Premier Président
de la Cour suprême 11

Attributions :

Les attributions de la cour suprême sont nombreuses et diversifiées : Les pouvoirs en


cassations formées contre les décisions rendues en dernier ressort par toutes les juridictions du
royaume ; Les recours formés contre les décisions par lesquelles les juges excèdent leurs
pouvoirs ; Les règlements de juges entre juridictions n’ayant au-dessus d’elles aucune
juridiction supérieure commune autre que la cour suprême ; Les prises à partie contre les
magistrats et les juridictions autres que la cour suprême ; Les dessaisissements pour cause de
sûreté publique ou de bonne administration de la justice ; Les appels contre les décisions, des
tribunaux administratifs comme juridiction du second degré ; En premier et dernier ressort, sur
les recours en annulation pour excès de pouvoir, dirigés contre les actes réglementaires ou
individuels du premier ministre, et les recours contre les décisions des autorités administratives,
dont le champ d’application s’étend au dès la du ressort territorial d’un tribunal administratif.

11
Cf. ; actuellement I ‘article premier, chapitre premier du dahir N" l-94-124 du 14 Ramadan l4I4 (25 février
1994) portant promulgation de la loi organique No 29-93 relative au conseil constitutionnel

17
Conclusion

À la suite des problèmes liés à la politique linguistique française imprégnée par la période
d'indépendance, le Maroc a essayé d'instaurer un régime d'arabisation et de marocanisation de
l'enseignement, de l’Administration et de la législation.

Au lendemain de l’indépendance, les dirigeants marocains ont commencé une ambitieuse


politique d’arabisation qui devait progressivement remplacer le français par l’arabe classique,
en ouvrant la porte devant les étudiants marocains afin de remplacer les juges français dans les
tribunaux marocains comme un premier pas de l’arabisation et la marocanisation du système.et
tout ça elle a été commencée en 1965 pour résoudre les problèmes de pays.

Sous l’impulsion de Sa Majesté le roi Hassan Il, de nombreuses commissions siègent sans
désemparer pour accomplir ce travail de codification et d’unification.

Dans un autre ordre d’idées, le gouvernement marocain s’est préoccupé du recrutement des
magistrats, car la nouvelle organisation nécessitait des effectifs accrus. Un statut de la
magistrature a instauré un Conseil supérieur de la magistrature et a défini les règles à observer
dans la nomination des magistrats et pour tout ce qui concerne l’exercice de leur profession.

D’autre part, des conventions judiciaires signées avec des pays étrangers ont permis la mise à
la disposition du gouvernement marocain de magistrats et d’auxiliaires de justice étrangers,
au titre de l’aide technique.

Nous noterons, dans ce domaine, le rôle éminent que jouent de grands magistrats de France,
qui, en plus de leurs fonctions de juges compétents et avisés, remplissent celles de maîtres
pour la formation des magistrats marocains.

Tel est, dans les lignes essentielles, le chemin parcouru dans l’unification de la législation et
des juridictions du Maroc. Il n’est pas douteux que, sur le point de parvenir à leur terme, les
réformes entreprises permettent déjà au pays de trouver la certitude réconfortante d’une
justice moderne, indépendante, unifiée et égale pour tous.

18
Bibliographie

Ouvrages :

- Le Maroc, 1959-1962 / ETAT DES TRAVAUX / JEAN-LOUIS MIEGE et VIVIANE


MICHEL

- Muḥammad al-Makkî al-Nâṣirî, Mawqif al-umma al-maghribiyya min al-ḥimâya al-


faransiyya: kayfa kharaqat faransâ jamî‘ al-ta‘hudât al-dawliyya al-khâṣa bi-l-maghrib,
ḥaraka al-waḥda al-maghribiyya

- Histoire du Maroc depuis l´indépendance -Pierre Vermeren-


- DAHIR du 15 juillet 1974 modifié et complète par la loi du 10 septembre 1993
- Cf. ; actuellement I ‘article premier, chapitre premier du dahir N" l-94-124 du 14
Ramadan l4I4 (25 février 1994) portant promulgation de la loi organique No 29-93
relative au conseil constitutionnel

- Bulletin officiel

Webographie :

https://efaculty.fsjes-
agadir.org/piecesJointes/1002_cours%20d'organisation%20judiciaire%20.pdf

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Maroc

https://www.monde-diplomatique.fr

https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Maroc_vie_politique_depuis_1961/187075

https://www.monde-diplomatique.fr/1962/06/BOUCETTA/24777

19
L'organisation judiciaire désigne l'ensemble des tribunaux et des cours du Royaume chargés de statuer
sur les différents litiges, et de réprimer l'infraction sous toutes ses formes.

Synthèse :

L’organisation judiciaire entre l’indépendance et la loi


26-01-1965

INTRODUCTION

L’organisation judiciaire est une œuvre lente qui nécessite le respect des traditions d'un pays, le
respect des principes formels hérités du passé et de la propre conception de la justice.

Avec la croissance économique et le développement politique et social, la réforme de la justice s'avère


pour le Maroc une nécessité vitale. Cette réforme doit prendre en compte les expériences étrangères
qui ont fait leurs preuves, mais aussi puiser dans notre histoire, dans notre culture, dans notre
patrimoine juridique et dans nos aspirations.

Au Maroc, l'organisation de la justice est intimement liée à l'histoire du pays, à sa civilisation et à sa


culture (La justice est le reflet de la culture civilisation). La situation actuelle du système judiciaire
marocain est l'aboutissement d'une longue évolution depuis le Protectorat jusqu'à nos jours, évolution
dictée par les changements intervenus dans l'environnement politique, économique et social.

L’évolution du système judiciaire marocain a connu trois grandes étapes à savoir : la justice d’avant le
protectorat, pendant protectorat, et celle après l’indépendance qui feras l’objet de ce sujet et plus
précisément entre l’indépendance et la loi 25-01-1965, la question qui se pose à ce niveau est la
suivante :

- Qu’est ce qui caractérise l’organisation judiciaire dans cette période entre l’indépendance et
la loi 25-01-1965 ?

Une fois l'Indépendance retrouvée, en ce qui concernait le domaine de la justice, plus que tout
autre, il avait été nécessaire de mettre immédiatement en a une administration et une
organisation judiciaire totalement nouvelles sur le territoire, sans moyens et sans pratiquement
aucun héritage du Protectorat
Deux grandes phases qui se sont apparait à ce niveau : La phases d’après l’indépendance (1956-
1964) (1), jusqu’à la promulgation de la loi d’unification, marocanisation, et arabisation en
1965 (2).

1
I- Les premières réformes après l'indépendance, acquise en 1956, ne mit pas
immédiatement fin à cet état de choses.

Dans le cadre de l'unification des autorités judiciaires et de la réalisation du principe d'égalité


devant la justice, les tribunaux. Coutumiers fondés sur le racisme ont été abolis et des efforts
ont été entrepris pour unifier les autorités judiciaires, intégrer les tribunaux et rapprocher la
justice des justiciables en travaillant à généraliser les juridictions dans différentes régions du
Maroc
Ces efforts ont abouti à la création du Conseil Suprême en tant qu'organe judiciaire le plus élevé
du Royaume, chargé de veiller à la bonne application de la loi, à sa bonne interprétation et à
l'unification de la législation appliquée au niveau national, en étendant le mandat du Conseil
contrôle de tous les jugements rendus par les différentes juridictions constituant la structure de
l'organisation judiciaire marocaine.
Ainsi, le lien judiciaire avec la France et l'Espagne a été définitivement rompu, concernant le
pourvoi en cassation, qui a été décidé par les Cours de cassation de Paris et de Madrid
Certes, une modification formelle d'importance intervint puisque, désormais, la justice rendue
par tous les tribunaux le sera au seul nom de Sa Majesté le Roi.
Mais la compétence d'attribution de ces tribunaux allait rester, pendant plusieurs années encore,
déterminée selon les mêmes critères.
Des réformes sérieuses furent toutefois apportées à la juridiction makhzen, laquelle fut
remplacée par un réseau de tribunaux régionaux parallèle à celui des tribunaux français
rebaptisés tribunaux modernes.
De plus, la Cour suprême, créée en 1957 pour coiffer l'ensemble de l'édifice, sera la première
juridiction à avoir une compétence générale non déterminée par la nationalité des parties.
Mais il fallut attendre 1965 pour que le paysage judiciaire se modifie du tout au tout.

II- La loi d'unification du 26 janvier 1965

Le 26 janvier 1965, à l'initiative de parlementaires avocats, le Parlement décide l'unification de


tous les tribunaux. Son objectif essentiel était de supprimer la multiplicité des juridictions,
d'abolir les critères de compétence d'attribution fondés sur la nationalité ou sur la religion et,
enfin, de faire en sorte que l'arabe, langue nationale, soit la seule langue judiciaire.
Selon l'organisation mise en place par cette loi, les différents ordres judiciaires étaient
supprimés et le tribunal régional devint la juridiction de droit commun pour ensemble des
justiciables.

2
Mais il ne s'agissait pas à proprement parler du tribunal régional tel qu'il résultait de la
transformation antérieure des juridictions makhzen.
En fait, c'est le tribunal moderne, ancien tribunal français de première instance, qui allait
désormais intégrer le tribunal régional, dont il recevait la dénomination, et fonctionner selon
les mêmes principes et avec la même procédure qu'auparavant, mais avec des juges marocains
utilisant obligatoirement l'arabe comme langue judiciaire.
Il en fut de même aussi bien au niveau inférieur où le tribunal du sadad succédait au tribunal de
paix, qu'au niveau supérieur où les cours d'appel, comme la Cour suprême, conservaient leur
dénomination et leur structure générale, le changement n'affectant que le personnel et la langue.
On peut donc écrire, en raccourci, que la loi de 1965 marocanisait et arabisait l'ancienne
française du protectorat et en faisait le système judiciaire unique pour l'ensemble du pays.
Cette réforme, très profonde, s'accomplit avec une certaine précipitation dont les conséquences
se font encore sentir aujourd'hui.
Les nouveaux tribunaux régionaux durent, d'un coup, assumer le contentieux auparavant réparti
entre les différentes juridictions dont ils prenaient la suite. Les magistrats qui recevaient cette
charge, insuffisamment nombreux, n'avaient pas toujours bénéficié d'une formation qui les y
eût convenablement préparés.
Enfin, la procédure du Code de 1913, qui laissait au juge une part importante dans la conduite
du procès, supposait des juges expérimentés, peu encombrés, assistés de greffiers efficaces et
diligents, et donc des moyens matériels et intellectuels que l'Etat n'était pas en mesure de mettre
à leur disposition en quantité suffisante. De nouvelles modifications allaient donc, rapidement,
apparaître nécessaires.

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