Vous êtes sur la page 1sur 232

Chapitre 2

LA PRESENTATION GENERALE DES ÉTATS


FINANCIERS IFRS
Section 1
LE CHAMP D'APPLICATION DES IFRS
28. - Les IFRS doivent être appliquées de manière obligatoire aux comptes
consolidés des sociétés cotées en Europe (V. supra, n° 2). Cette limitation de
l'application des IFRS aux seuls comptes de groupes cotés n'est pas inhérente aux
normes elles-mêmes, mais un choix politique de la part de l'Union européenne ;
toutefois, la possibilité d'élargir le champ d'application des IFRS aux comptes
individuels est donnée aux gouvernements nationaux. La France a étendu le champ
aux comptes consolidés des sociétés non cotées (application optionnelle), d'autres
pays comme la Slovaquie ont prescrit ces normes pour les comptes consolidés et
individuels de toute entreprise.
29. - En effet, les IFRS sont conçues pour être applicables dans des comptes
consolidés et individuels de tout type d'entreprise. Évidemment, le problème de la
comptabilisation des stocks (IAS 2), par exemple, est le même dans les deux jeux de
comptes et indépendamment du fait d'une cotation de l'entreprise. Il n'existe que
quelques exceptions comme IAS 14, Information sectorielle (applicable jusqu'au 31
décembre 2008 ; remplacée par IFRS 8, Segments opérationnels, applicable à partir
du 1er janvier 2009), ou IAS 33, Résultat par action, qui ne sont obligatoires que pour
les entreprises cotées. Néanmoins, elles peuvent aussi être - par leur contenu -
appliquées par les sociétés non cotées.
30. - Par ailleurs, l'ensemble des IFRS peut être utilisé par les entreprises de tout
secteur. La dernière norme sectorielle, en occurrence IAS 30 pour les banques et
établissements financiers assimilés, a été supprimée pour le 31 décembre 2006.
Maintenant, l'IASB poursuit une approche stricte par type de transaction ou problème
et non pas par secteur. Par exemple, le champ d'application de IFRS 4, Contrats
d'assurance, n'est pas constitué des seules entreprises d'assurances mais de toute
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

entreprise proposant des contrats qui correspondent à des contrats d'assurance


selon la définition de cette norme.

Évidemment, dans la pratique, IFRS 4 a plus d'importance pour les assureurs que
pour les entreprises d'autres secteurs. Aussi, les normes LAS 32, IAS 39 et IFRS 7
sur les instruments financiers ont plus d'importance pour les banques mais sont
également applicables pour d'autres types d'entreprises.

Section 2
LES ÉLÉMENTS DES ÉTATS FINANCIERS IFRS
31. - IAS 1, § 7 stipule que « Les états financiers sont une représentation structurée
de la situation financière et de la performance financière d'une entité ». Des états
financiers complets comprennent (IAS 1, § 8) :
- un bilan ;
- un compte de résultat ;
- un état des variations des capitaux propres ;
- un tableau des flux de trésorerie ; et
- des notes contenant un résumé des principales méthodes comptables et les autres
notes explicatives.
Ces éléments - traités plus en détail dans les sections suivantes de cet ouvrage -
sont bien connus en droit comptable français.
32. - Toutefois, on constate l'absence d'un rapport de gestion (et du rapport sur le
contrôle interne et le fonctionnement des organes de direction) par rapport aux
obligations françaises en la matière. L'introduction d'un tel rapport, appelé
management commentary, en IFRS est actuellement à l'étude. Les entreprises
françaises établissant leurs comptes consolidés selon les IFRS doivent néanmoins
joindre un rapport de gestion pour remplir les exigences de droit comptable français
et européen. Comme ce rapport est en dehors du champ d'application des IFRS (cf.
IAS 1, § 10), il convient d'appliquer les règles françaises (ou nationales).
33. - À ce sujet, IFRS 7, Instruments financiers : Informations à fournir, crée une
situation inédite. Dans son annexe B, guide d'application, § 6, elle stipule que les
informations sur les risques liés aux instruments financiers peuvent être données
dans les états financiers IFRS ou un autre « état », par exemple le rapport de
gestion, en indiquant l'emplacement de l'information dans les états financiers. Ainsi,
une information obligatoire se trouve hors du champ d'application des IFRS.
34. - IAS 1 et le cadre conceptuel énumèrent un certain nombre d'hypothèses et de
principes (comptables) à respecter dans les états financiers. Ces éléments forment
avec d'autres réflexions le cadre général dans lequel les normes IFRS se situent.
Afin d'obtenir une présentation pertinente et cohérente de ce cadre, il est présenté
dans son ensemble au chapitre suivant.

Section 3
LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DES IFRS
§ 1. - Introduction
35. - La réglementation comptable dans un pays donné est le résultat d'influences
de l'environnement de ce pays : mode de financement des entreprises, lien de la
comptabilité avec la fiscalité et le droit des sociétés, propriété privée ou publique,
économie de marché ou planifiée, etc. En fonction de ces influences, leur
importance, leur évolution, chaque pays a développé une normalisation comptable
adaptée à son environnement spécifique. Pour cette raison, par exemple, les états
financiers dans l'Union européenne ne sont pas comparables malgré un certain
rapprochement. Étant donné que l'IASB a la vocation d'édicter des normes
applicables au niveau mondial, il se pose la question de savoir dans quel «
environnement » le Board situe ses normes.
36. - Les réponses se trouvent principalement dans le cadre de préparation et
présentation des états financiers, aussi appelé cadre conceptuel ou simplement
cadre, et dans IAS 1, Présentation des états financiers. L'intitulé de cette dernière
norme ne doit pas tromper : les points qu'elle évoque ne sont pas seulement
importants pour la présentation, mais aussi en général pour la comptabilisation et
l'évaluation dans les états financiers IFRS. Il convient également de souligner le
positionnement du cadre conceptuel. Normalement, un cadre limite des éléments et
tout se passe à l'intérieur du cadre ; appliqué aux IFRS on pourrait penser que le
cadre conceptuel entoure les normes individuelles qui ne le dépassent pas. Mais la
situation est différente. En effet, le cadre stipule lui-même (§ 2) que rien dans le
cadre ne supplante une norme individuelle et même en cas de conflit entre le cadre
et une norme, c'est la norme qui prévaut (§ 3). Ainsi, afin de trouver la solution pour
un nouveau problème comptable, il convient d'abord de chercher dans les normes
individuelles et seulement après dans le cadre.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

37. - Toutefois, lors de l'élaboration des nouvelles normes, l'IASB tient compte des
dispositions du cadre. Nous verrons ci-dessous que le cadre n'est pas un texte
normatif (cadre, § 2), mais ressemble à plusieurs endroits plutôt à un catalogue de
ce qui est théoriquement faisable en comptabilité. Ceci s'explique aussi par son âge :
adopté en 1989, et non modifié depuis. Par conséquent, son utilité pratique est
fortement limitée.
38. - Selon le cadre, § 12 et IAS 1, § 7, l'objectif des états financiers est de fournir
des informations sur la situation financière et sa variation ainsi que la performance
financière d'une entreprise. L'IASB ne se préoccupe donc ni de la détermination du
résultat distribuable ni d'un lien éventuel avec la fiscalité. Ces deux domaines sont du
ressort du droit national dans les différents pays et ne peuvent être traités par le
Board.
39. - Les informations mises à disposition par les états financiers doivent être utiles
à un large éventail d'utilisateurs pour prendre des décisions économiques (cadre, §
12 et IAS 1, § 7 ; concept de décision usefulness). Les utilisateurs en question
comprennent les investisseurs (ce qui veut dire actionnaires ou propriétaires), le
personnel, les prêteurs, les fournisseurs et autres créanciers, les clients, les États et
leurs organismes publics ainsi que le public
(cadre, § 9). Comme ces multiples groupes d'utilisateurs n'ont pas les mêmes
besoins d'informations, il n'est pas possible de les satisfaire tous avec un seul jeu
d'états financiers. Pour cette raison, l'IASB cible les actionnaires (investisseurs)
puisque l'information répondant « à leurs besoins répondra également à la plupart
des besoins des autres utilisateurs » (cadre, § 10).
40. - Le cadre de préparation et présentation des états financiers distingue les
hypothèses de base, les caractéristiques qualitatives des états financiers et les
contraintes à respecter pour que l'information soit pertinente et fiable. Ces éléments
sont présentés dans les chapitres suivants.

§ 2. - Les hypothèses de base


41. - Les deux hypothèses de base à respecter lors de l'établissement des états
financiers IFRS sont la comptabilité d'engagement et la continuité d'exploitation, deux
principes bien connus en droit français.
42. - La comptabilité d'engagement consiste à enregistrer les transactions ou
événements - sous réserve qu'ils correspondent aux définitions d'actif, passif,
capitaux propres, charge ou produit des IFRS - lorsqu'ils se produisent et non pas au
moment d'un paiement (cadre, § 22). LAS 1, § 25, souligne cependant que cette
hypothèse ne s'applique évidemment pas au tableau des flux de trésorerie. Elle est
particulièrement importante pour la constatation des produits et charges et encadre
ainsi le calcul du résultat comptable (réalisation des produits, prudence, etc.). En
particulier, on peut citer le rattachement des charges aux produits (cadre, § 95) : les
charges qui ont un lien direct avec des produits spécifiques sont comptabilisées dans
la même période que ces produits.
43. - L'hypothèse de continuité d'exploitation est surtout fondamentale pour
l'évaluation des actifs et passifs. Si l'on considère que l'entreprise pourra continuer
ses activités parce qu'elle n'a pas l'intention de les cesser ou parce qu'elle n'est pas
contrainte de le faire, l'entreprise applique les règles habituelles d'évaluation. Par
contre, si un arrêt de l'activité se profile, les actifs et passifs doivent être évalués
avec leur valeur de liquidation et ce changement de base d'évaluation doit être
indiqué (cadre, § 23 ; IAS 1, § 23). Cette hypothèse a donc un impact considérable
sur le résultat de l'entreprise puisque les stocks ou les machines et autres
équipements n'ont évidemment pas la même valeur en cas de continuité ou de
liquidation des activités.
44. - Par ailleurs, et à un niveau inférieur, pour la cession d'un actif non courant, d'un
groupe d'actifs ou toute une activité, il convient de vérifier si les conditions de IFRS 5,
Actifs non courants détenus en vue de la vente et activités abandonnées, sont
remplies et, par conséquent, d'appliquer les règles d'évaluation (et de présentation)
si cette norme s'applique. Si les activités abandonnées réduisent « de façon
importante la taille de(s) activités » (cadre, § 23) de l'entreprise, il faudra songer à
changer d'hypothèse.
§ 3. - Les caractéristiques qualitatives des états financiers
45. - Comme évoqué précédemment, les informations dans les états financiers IFRS
doivent être utiles pour les utilisateurs, notamment les actionnaires.
Les caractéristiques qualitatives ont été formulées pour assurer cette utilité des
informations. Le cadre conceptuel en distingue quatre : l'intelligibilité, la pertinence, la
fiabilité et la comparabilité.
LA PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES ÉTATS FINANCIERS
IFRS
A. - L'intelligibilité
46. - Évidemment, pour pouvoir exploiter une information à des fins de prise de
décision, il faut que celle-ci soit compréhensible par les utilisateurs (cadre, § 25).
Cependant, les différents utilisateurs n'ont pas le même niveau de connaissance en
information financière et les entreprises doivent donc savoir pour quel type
d'utilisateur elles préparent les états financiers. L'IASB a décidé de cibler les lecteurs
avec « une connaissance raisonnable des affaires et activités économiques et de la
comptabilité et une volonté d'étudier l'information d'une façon raisonnablement
diligente » (cadre, § 25). Il faut admettre que l'intelligibilité est un concept assez flou
et, en conséquence, difficilement applicable en pratique (dans le sens, par exemple,
d'un commissaire aux comptes qui refuserait de certifier les comptes sur cette base).
B. - La pertinence
47. - Une information utile pour la prise de décision est une information pertinente
(cadre, § 26). La pertinence se mesure par le fait que l'information influence les
décisions économiques parce qu'elle permet sur la base des événements passés de
faire, de confirmer ou de corriger des prévisions de la situation et performance
financière de l'entreprise. La pertinence est liée à la nature de l'information (une
activité stratégique est abandonnée ou commencée) et à son importance.
48. - Ce dernier point aboutit au principe d'importance relative. Une information
pertinente est une information qui est significative, ce qui est le cas si son omission
ou inexactitude peut influencer les décisions économiques (cadre, § 30). Ce principe
traite la question de présenter ou non une information séparément (IAS 1, § 29) ou
quel type d'erreur peut être toléré ou doit être corrigé (IAS 8, § 42). Il règle donc la
façon et le volume des informations à publier.
49. - Par contre, le Board ne fournit pas - à l'exception de IAS 14, § 35, et
respectivement IFRS 8, § 13, dans le cadre de l'information sectorielle - une
indication quantitative de ce qui est important parce que l'importance dépend des «
circonstances particulières de son omission ou de son inexactitude » (cadre, § 30).
En effet, on peut s'imaginer que les limites quantitatives de l'importance soient plus
étroites, par exemple, en période de difficultés qu'en période de réussite.
50. - L'interdiction de compenser des actifs et passifs ainsi que des charges et des
produits (IAS 1, § 32) fait également partie de l'exigence de pertinence. Tous les
éléments significatifs doivent être présentés en brut et non pas en net, sauf si cela
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

est expressément permis par une norme. Selon IFRS 7, § 20, par exemple, les
profits et pertes liés aux différentes catégories d'instruments financiers doivent être
publiés en nets au compte de résultat ou en annexe.
C. - La fiabilité
51. - Une autre condition de l'utilité d'une information est sa fiabilité, qui est remplie
quand elle ne contient ni erreurs, ni biais significatifs. L'utilisateur peut ainsi lui faire
confiance pour présenter une image fidèle de la situation et performance financière
de l'entreprise (cadre, § 31). Pour éviter de publier une information trompeuse,
l'entreprise ne doit pas divulguer des données pertinentes mais peu fiables (par
exemple dans le cadre des provisions). Il existe donc une juxtaposition entre
pertinence et fiabilité (V. aussi cadre, § 45) et il faut soupeser pour les différents
événements quelle notion est plus importante. L'illustration parfaite de ce conflit est
la discussion autour de la juste valeur par rapport au coût historique : la première est
plus pertinente (dans certains domaines), mais moins fiable que le second.

52. - La fiabilité est assurée par le respect de certaines caractéristiques


secondaires:
- l'image fidèle : l'information doit présenter une image fidèle des transactions et
événements selon les définitions et critères de comptabilisation du cadre conceptuel
(cadre, § 33 ; IAS 1, § 13). Par exemple, tous les actifs et passifs remplissant les
critères de comptabilisation doivent figurer au bilan. L'application intégrale des IFRS
est présumée fournir une image fidèle (IAS 1,§ 13) ;
- la prééminence de la substance sur la forme (cadre, § 35) : c'est un point important
qui est à l'origine de quelques différences entre les IFRS et les normes françaises.
L'exigence de fiabilité rend nécessaire - aux yeux de l'IASB - que l'information
financière soit établie en regardant la substance économique des transactions et non
pas leur forme juridique. Ainsi, un contrat de location (par exemple, certains crédits-
bails) est peut-être économiquement un achat à crédit et doit être comptabilisé en
tant que tel. Ou encore, la vente d'un instrument financier n'est peut-être pas
économiquement une cession parce que le cédant garde la plupart des risques et
avantages et, en conséquence, on ne décomptabilise pas l'instrument ;
- la neutralité (cadre, § 36) : l'information dans les états financiers doit être neutre,
sans parti pris. Par conséquent, il est interdit de sélectionner le contenu ou la
LA PRESENTATION GENERALE DES
présentation de l'information avec le seul but d'influencer les utilisateurs dans un
ETATS FINANCIERS IFRS
certain sens ;
- la prudence : malgré un nom identique au principe français bien connu, l'application
est très différente en normes IFRS. Le cadre, § 37, stipule qu'il s'agit de la « prise en
compte d'un certain degré de précaution dans l'exercice des jugements nécessaires»
à l'établissement des états financiers. Cela signifie que - contrairement au principe
de prudence français - il n'est pas interdit dans certains cas de comptabiliser des
plus-values latentes par le résultat (parfois ce traitement est même obligatoire), mais
il convient d'estimer cette plus-value de manière prudente ; par exemple en prenant
comme valeur comptable la moyenne de décembre d'une juste valeur au lieu de
celle du seul 31 décembre ;
- l'exhaustivité (cadre, § 38) : les états financiers doivent comprendre toutes les
informations utiles pour la prise de décision, sous réserve de l'importance relative (V.
supra, n° 48) et du coût de production de l'information (V. infra, n° 57).
D. - La comparabilité
53. - Les utilisateurs veulent comparer l'information financière aussi bien dans le
temps pour la même entreprise qu'avec celle d'autres entreprises. Le deuxième point
est l'objet de l'intégralité des IFRS et un des objectifs de l'IASB. La comparabilité
inter-temporelle est adressée par le cadre (§ 39 à 42) et IAS 1 (§ 27, 28 et 36 à 41).
Ainsi, il convient de :
- présenter une année d'information comparative ;
- appliquer les mêmes méthodes comptables et de présentation dans le temps
(principe de permanence des méthodes) ;
- donner des informations sur les méthodes appliquées ;
- fournir des informations en cas de changement de méthodes ;
- ajuster l'information comparative en utilisant les nouvelles méthodes.
54. - Évidemment, il n'est pas impossible de changer les méthodes comptables et de
présentation. Si une nouvelle méthode s'avère plus pertinente ou plus fiable que
l'ancienne, et donc plus utile pour les lecteurs, il serait même inapproprié de ne pas
changer (cadre, § 41).
§ 4. - Les contraintes à respecter pour que l'information soit pertinente et
fiable
55. - La première contrainte est la célérité. Les IFRS ne prescrivent pas de délai de
publication des états financiers ; toutefois, la publication des états semestriels dans
un délai de soixante jours après la fin du semestre est recommandée aux entreprises
cotées (IAS 34, § 1). De toute façon, pour les entreprises (cotées) françaises, les
délais légaux de publication du Code de commerce ou de l'AMF s'imposent.
56. - En général, plus rapidement une information financière est disponible et
publiée, plus pertinente elle est. Mais cette pertinence est parfois obtenue au
détriment de la fiabilité. En effet, certains éléments des états financiers deviennent
plus fiables avec le passage du temps ; par exemple, le montant des dépréciations
des créances clients ou de stocks, le montant des provisions pour garantie ou litige.
Mais on ne peut pas non plus attendre jusqu'à ce que toute incertitude ait disparu (si,
de toute façon, cela est possible de manière absolue), puisque l'information
parviendrait trop tard aux destinataires pour être utile. Une fois de plus, l'entreprise
devra donc procéder à un arbitrage entre pertinence et fiabilité.
57. - La deuxième contrainte est le coût de production des informations ou, comme
l'appelle le cadre, § 44, le rapport coût/avantage. Bien entendu, on peut toujours
augmenter la qualité de l'information financière en faisant des recherches
complémentaires et en installant des systèmes d'informations plus sophistiqués. Par
exemple, pour calculer les dépréciations des créances clients, on pourrait faire une
analyse financière complète pour chaque créance. Mais il est évident dans ce cas
que pour les « petites » créances, le coût de cette démarche dépasserait facilement
le montant de la créance elle-même et donc la valeur de l'information ; une situation
manifestement aberrante.
58. - En conséquence, le cadre donne la consigne que les avantages obtenus d'une
information doivent dépasser leur coût de production. Dans la plupart des cas, on ne
pourra pas quantifier les avantages et les coûts ; il s'agit donc d'une question
d'appréciation ou simplement de bon sens.
Chapitre 3
LE BILAN
Section 1
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU BILAN
§ 1. - Les règles générales de comptabilisation des actifs et passifs
59. - Dans le cadre de la comptabilité, se pose évidemment la question de la
comptabilisation ou pas des transactions et événements dans les états financiers en
général et le bilan en particulier. La réponse qui influence l'image financière de
l'entreprise présentée varie en fonction de l'objectif attribué aux états financiers. Les
IFRS sont destinées à fournir une information utile (V. supra, n° 39) sur la situation
financière et la performance financière, et non pas, comme le droit comptable
français, à protéger les créanciers. Par conséquent, les actifs et passifs ainsi que le
résultat en IFRS ne sont pas déterminés de la même façon qu'en normes françaises.
60. - Concernant le bilan en IFRS, il faut examiner les conditions à remplir pour
pouvoir comptabiliser un actif ou passif. Celles-ci sont explicitées dans le Cadre
conceptuel. Le test de comptabilisation se fait en deux étapes : il faut d'abord vérifier
si la transaction ou l'événement en question correspond à la définition d'un actif ou
passif, puis il faut ensuite examiner si, en plus, deux critères d'application pratique de
la définition précitée sont remplis.
61. - Néanmoins, il convient de rappeler que le Cadre conceptuel est subordonné
aux normes elles-mêmes (cadre, § 2 ; V. supra, n° 36). Certaines normes prescrivent
ainsi la comptabilisation d'éléments qui ne remplissent pas toutes les conditions
évoquées ci-dessus. Par exemple, si dans le cadre d'un contrat de cession-bail (sale-
and-lease-back), le bail correspond à un contrat de location-financement, une plus-
value éventuelle réalisée lors de la cession est étalée sur la durée du contrat de bail.
Pour la répartition, on utilise un poste de passif (produits constatés d'avance) même
si la définition d'un passif n'est pas remplie. À l'inverse, IAS 38, § 48, interdit la
comptabilisation d'un goodwill généré en interne même si celui-ci est susceptible de
remplir les critères d'un actif.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

62. - Selon le Cadre conceptuel, § 49, « Un actif est une ressource contrôlée par
l'entité du fait d'événements passés et dont des avantages économiques futurs sont
attendus » alors qu'« un passif est une obligation actuelle de l'entité résultant
d'événements passés et dont l'extinction devrait se traduire pour l'entité par une
sortie de ressources représentatives d'avantages économiques ». Par rapport à la
terminologie française, le terme « passif » englobe les dettes et provisions, mais pas
les capitaux propres. Ces derniers sont définis comme « l'intérêt résiduel dans les
actifs de l'entité après déduction de tous ses passifs » (cadre, § 49).
63. - Les éléments suivants sont donc constitutifs d'un actif :
- ressource contrôlée : la ressource peut être matérielle (immeubles, machines,
etc.) ou immatérielle (licences, brevets, etc.). Le contrôle est avéré quand l'entreprise
« a le pouvoir d'obtenir les avantages économiques futurs découlant de la
ressource... et... peut également restreindre l'accès des tiers à ces avantages » (IAS
38, § 13). Le Cadre conceptuel, § 57, confirme ici son principe fondamental de
prééminence de la substance sur la forme (V. supra, n° 52) puisqu'il convient de
prendre en compte le contrôle économique et pas seulement juridique des
ressources ;
- événement passé : achat, production, troc, don. Des événements attendus pour le
futur, par exemple l'intention d'acheter une machine, ne remplissent pas ce critère
(cadre, § 58) ;
- avantages économiques futurs : un tel avantage se manifeste dans le potentiel
de contribuer à un influx de trésorerie ou équivalent de trésorerie (cadre, § 53). Ces
avantages peuvent se réaliser en utilisant l'actif pour la production de biens et
services destinés à être vendus ou pour le règlement d'une dette (cadre, § 55).
64. - Les éléments suivants sont constitutifs d'un passif :
- obligation actuelle : elle correspond à « un devoir ou une responsabilité d'agir ou
de faire quelque chose d'une certaine façon » (cadre, § 60). Ici encore, on ne prend
pas seulement en compte les obligations juridiques, mais également celles plus
commerciales, par exemple la réparation de défauts de fabrication au-delà du délai
de garantie ;
- événement passé : l'intention de contracter un crédit ne constitue pas un passif
(cadre, § 61 et 63). La dette correspondante est comptabilisée au moment de l'octroi
du crédit ;
- sortie de ressources représentatives d'avantages économiques : cette sortie
peut se manifester de manière différente (cadre, § 62) : paiement de trésorerie,
transfert d'autres actifs, fourniture de services, substitution par une obligation ou
conversion en capitaux propres.
65. - Deux critères supplémentaires doivent en outre être remplis pour qu'un actif ou
passif (correspondants à la définition ci-dessus) soit comptabilisés (cadre, § 83) :
- il doit être probable que l'avantage économique futur lié à l'actif ou passif ira à
l'entreprise ou en proviendra. Ce critère tient compte de l'incertitude qui est liée à
toute estimation du futur. Les IFRS ne demandent donc pas de certitude - sinon il n'y
aurait probablement jamais rien à comptabiliser - mais seulement une probabilité.
Étant donné que les IFRS ne fixent pas de seuil à partir duquel la probabilité est
jugée satisfaisante pour une comptabilisation (ni de méthodes de calcul), il existe
une marge d'appréciation. On retient généralement la formule (pratique ?) suivante :
la probabilité que les avantages surviennent est plus élevée que celle qu'ils ne
surviennent pas ;
- l'actif ou passif doit avoir un coût ou valeur qui peut être évalué avec fiabilité.
Étant donné que la fiabilité fait partie des caractéristiques qualitatives (V. supra, n°
45), il n'est pas étonnant qu'elle soit réclamée pour les valeurs comptables des actifs
et passifs. Dans certains cas, le coût ou la valeur doivent être estimés comme, par
exemple, pour les provisions. Si ces estimations ne peuvent pas être faites avec
fiabilité, il est interdit de comptabiliser l'actif ou le passif en question. Ceci est
nécessaire pour assurer la pertinence de l'information financière.
66. - Au cas où un élément remplit les critères d'actif ou de passif mais n'est ni
probable ni évaluable avec fiabilité, il n'est pas comptabilisé. Néanmoins, en fonction
de l'élément, des circonstances, etc., il peut être approprié de mentionner cet
élément dans les notes, textes explicatifs ou tableaux supplémentaires (cadre, § 88).
§ 2. - Les règles générales d'évaluation
67. - Les règles d'évaluation applicables aux différents types d'actifs et passifs se
trouvent dans les normes individuelles consacrées à ceux-ci. Le Cadre conceptuel
donne cependant une énumération des conventions d'évaluation couramment
utilisées (cadre, § 100) :
- le coût historique : il s'agit du montant de trésorerie ou d'équivalents de trésorerie
LE BILAN
payé ou la juste valeur de la contrepartie donnée pour acquérir un actif au moment
de la transaction. Similairement, pour un passif il s'agit du montant reçu ou du
montant qu'on s'attend à payer pour éteindre le passif. La composition du coût
historique est précisée dans différentes normes : LAS 2 pour les stocks, IAS 16 pour
les immobilisations corporelles, etc. ;
- le coût actuel : il correspond au montant qu'il faudrait débourser si on achetait le
même actif actuellement ou si on éteignait une obligation liée à un passif
actuellement ; concernant les passifs, il est souligné qu'il s'agit d'un montant non
actualisé. Par sa définition, le coût actuel est un coût de remplacement ;
- la valeur de réalisation (de règlement) : elle est égale au montant qui pourrait
être obtenu actuellement en vendant l'actif volontairement (pas de vente forcée) ou,
en ce qui concerne les passifs, le montant non actualisé pour payer un passif dans le
cours normal de l'activité ;
- la valeur actuelle : cette valeur correspond au montant actualisé d'entrées ou de
sorties nettes futures de trésorerie générées par l'actif en question ou nécessaires
pour éteindre le passif en question dans le cours normal de l'activité.
68. - Ces différentes approches peuvent souligner un manque de cohérence du
Cadre conceptuel. Cependant, le cadre dit clairement qu'à l'époque de sa rédaction,
le normalisateur international n'a pas voulu choisir une seule conception (cadre, §
110). Ainsi, en regardant les normes individuelles, on s'aperçoit que des règles très
différentes sont proposées et parfois laissées au choix de l'entreprise (par exemple,
IAS 16 : option de l'entreprise d'évaluer les immobilisations corporelles au coût
historique ou à la juste valeur). De plus, les IFRS proposent même des valeurs
complémentaires et non mentionnées dans le Cadre conceptuel à retenir pour
l'évaluation comme :
- la juste valeur (notamment IAS 39) ;
- la valeur d'utilité (par exemple, IAS 36 et IFRS 5) ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- la valeur recouvrable (par exemple IAS 16) ;
- la valeur nette de réalisation (IAS 2) ; et
- le coût amorti (IAS 39).
Ces notions seront expliquées dans les différents chapitres traitant les actifs et
passifs concernés.

§ 3. - La présentation du bilan
69. - Contrairement au droit comptable français, les IFRS ne prévoient pas de
modèle de bilan obligatoire mais la présentation de celui-ci est laissée à
l'appréciation de chaque entreprise. Cette approche permet certainement d'obtenir
une information financière plus pertinente puisque, en fonction de sa situation
individuelle, l'entreprise peut montrer au bilan les éléments ou informations
appropriés et les plus utiles. Par contre, l'absence d'un modèle unique nuit à la
comparabilité. Des entreprises opérant dans le même secteur peuvent ainsi
présenter des activités semblables de manière différente dans leur bilan.
70. - IAS 1, § 68 et 68 A, prescrivent seulement les informations à présenter
obligatoirement au minimum au bilan, à savoir :
- les immobilisations corporelles ;
- les immeubles de placement ;
- les immobilisations incorporelles ;
- les actifs financiers (à l'exclusion des participations mises en équivalence, des
créances clients et de la trésorerie) ;
- les participations mises en équivalence ;
- les actifs biologiques ;
- les stocks ;
- les clients et autres débiteurs ;
- la trésorerie et les équivalents de trésorerie ;
- les fournisseurs et autres créditeurs ;
- les provisions ;
- les passifs financiers (à l'exception des dettes fournisseurs et des provisions) ;
- les passifs et actifs d'impôt exigible selon IAS 12, Impôts sur le résultat ;
- les passifs et actifs d'impôt différé selon IAS 12, Impôts sur le résultat ;
- les intérêts minoritaires, présentés au sein des capitaux propres ;
- le capital émis et réserves attribuables aux porteurs de capitaux propres de la
société mère ;
- le total des actifs classés comme étant détenus en vue de la vente et les actifs
inclus dans des groupes destinés à être cédés qui sont classés comme détenus en
vue de la vente selon IFRS 5, Actifs non courants détenus en vue de la vente et
activités abandonnées ; et
- les passifs inclus dans des groupes destinés à être cédés qui sont classés comme
détenus en vue de la vente selon IFRS 5, Actifs non courants détenus en vue de la
vente et activités abandonnées.
71. - À ces exigences d'IAS 1, peuvent se greffer des dispositions d'autres normes.
Par exemple, IFRS 7, § 8, prévoit la présentation des différentes catégories
d'instruments financiers (instruments détenus jusqu'à l'échéance, instruments
disponibles à la vente etc. ; V. infra, n° 329) au bilan ou en annexe.
72. - Des éléments complémentaires doivent être présentés au bilan lors qu’ils sont
nécessaires à la compréhension de la situation financière (IAS 1, § 69). IAS 1, § 73,
donne comme exemple le fait que des actifs du même type (immobilisations
corporelles) mais évalués différemment ont probablement des fonctions différentes et
devraient être présentés séparément.
73. - Le bilan contenant les éléments énumérés ci-dessus peut être présenté en
format horizontal ou vertical, IAS 1 ne donnant pas de consigne à ce sujet. Par
contre IAS 1, § 51, exige une distinction entre les éléments courants et non courants
des actifs et passifs, sauf lorsqu'une classification selon le critère de liquidité procure
des informations fiables et plus pertinentes. Ceci est notamment le cas des
établissements de crédit. Traditionnellement, dans ce secteur, les actifs sont
présentés en ordre décroissant de liquidité en commençant avec la trésorerie et en
finissant avec les immobilisations et les passifs en ordre décroissant d'exigibilité en
commençant avec les dettes court terme envers d'autres banques et en finissant
avec les capitaux propres.
74. - Quel que soit le modèle de présentation du bilan, pour chaque poste
comprenant des montants à recouvrer ou à régler au plus tard dans les douze
prochains mois ou au-delà des douze mois, il convient d'indiquer ce deuxième
montant (IAS 1, § 52). Cette information se trouve généralement en annexe.
75. - À l'exception du secteur bancaire et de l'assurance, les entreprises adoptent
généralement le découpage courant et non courant pour la présentation du bilan.
Selon IAS 1, § 57, un actif est « courant » lorsqu'il satisfait à l'un des critères
suivants:
- il sera réalisé ou est destiné à être vendu ou consommé dans le cadre du cycle
normal de l'exploitation de l'entreprise ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- il est détenu principalement aux fins d'être négocié ;
- il sera réalisé dans un délai de douze mois après la date de clôture ; ou
- c'est un élément de trésorerie ou un équivalent de trésorerie (sauf s'il est bloqué
pendant au moins douze mois).
Les critères sont identiques pour les passifs courants (IAS 1, § 60), sauf le dernier
qui est ainsi formulé : « L'entreprise ne dispose pas d'un droit inconditionnel de
différer le règlement du passif pour au moins douze mois à compter de la date de
clôture ».
76. - Une notion importante dans ce contexte est le cycle normal de l'exploitation qui
englobe la période entre l'acquisition d'actifs (matières premières, etc.) et leur
réalisation sous forme de trésorerie (IAS 1, § 59). Le délai de douze mois, cité plus
haut, correspond seulement à une durée présumée du cycle normal de l'exploitation
au cas où celui-ci ne peut pas être clairement identifié. Pour une entreprise dont le
cycle de l'exploitation est clairement identifié, les créances clients seront toujours
classées en actifs courants même si leur recouvrement se situe dans un délai
supérieur à douze mois mais toujours à l'intérieur du cycle de l'exploitation (IAS 1, §
59).
77. - Un actif ou passif qui ne remplit pas les critères ci-dessus doit être classé en
tant qu'actif ou passif non courant. D'autre part, la distinction de courants et non-
courants ne s'applique pas seulement à un actif entier, mais aussi à des composants
d'actifs. Par exemple, pour un prêt à long terme (dix ans), normalement classé en
actif non-courant, il convient d'identifier les montants dus dans les douze prochains
mois (les remboursements et intérêts courus à recouvrer l'année prochaine) et de les
classer en actif courant.
78. - Dans son rapport annuel 2006, Vinci publie un bilan conforme à IAS 1, présenté
horizontalement et selon l'approche courant - non courant. Cette présentation est
relativement proche de ce que les normes françaises exigent.
Actif Passif
Actifs non courants Capitaux propres
Goodwill Capital social
Autres immobilisations incorporelles Primes liées au capital
Immobilisations incorporelles du domaine Titres auto-détenus
concédé
Immobilisations corporelles Autres instruments de capitaux propres
Immeubles de placement Réserves consolidées
Participations dans les sociétés mises en Réserves de conversion
équivalence
Autres actifs financiers non courants Résultat net part du groupe
Impôts différés actifs Résultat enregistré directement en capitaux
propres
Total actifs non courants Capitaux propres part du Groupe
Intérêts minoritaires
Actifs courants Total capitaux propres
Stocks et travaux en cours
Clients et autres créances d'exploitation Passifs non courants
Autres actifs courants Provisions non courantes
Actifs d'impôt exigible Emprunts obligataires
Autres actifs financiers courants Autres emprunts et dettes financières
Actifs financiers de gestion de trésorerie Autres passifs non courants
Disponibilités et équivalents de trésorerie Impôts différés passifs
Total actifs courants Total passif non courants

Passifs courants
Provisions courantes
Fournisseurs
Autres passifs courants
Passifs d'impôt exigible
Dettes financières courantes
Total passifs courants

Total actifs Total passifs et capitaux propres

79. - Unilever publie en 2006 un bilan conforme à IAS 1, dont le format est inhabituel
en France mais est proche des normes comptables anglaises. C'est une approche
financière du bilan avec une présentation du besoin en fonds de roulement (BFR ; ici
appelé actifs (passifs) courants nets) et du capital employé.
Goodwill
Immobilisations incorporelles
Immobilisations corporelles
Actifs dédiés au financement de régimes de retraites en surplus
Clients et autres créances dus après plus d'un an
Impôts différés actifs
Total actifs non courants (1)

Stocks
Clients et autres créances courantes
Actifs d'impôt exigible
Trésorerie et équivalents de trésorerie
Autres actifs financiers
Actifs détenus en vue de la vente
Total actifs courants (2)

Emprunts dus avant un an


Dettes fournisseurs et autres dettes courantes
Passifs d'impôt exigible
Provisions
Dettes associées aux actifs détenus en vue de la vente
Total passifs courants (3)

Actifs (passifs) courants nets (4) = (2) - (3)

Total actif moins passifs courants (5) = (1) + (4) ou (1) + (2) - (3)

Emprunts dus après un an


Dettes fournisseurs et autres dettes dues après un an
Passifs d'impôts non courants
Retraites et dettes liées à l'assurance maladie pour les retraités
- régimes financés
- régimes non financés
Provisions
Impôts différés passifs
Total passifs non courants (6)

Capital social
Primes liées au capital
Autres réserves
Résultats non distribués
Capitaux propres part du groupe
Intérêts minoritaires
Capitaux propres totaux (7)
LE BILAN
Total capital employé (8) = (6) + (7) = (5)

Section 2
LES IMMOBILISATIONS INCORPORELLES
§ 1. - Les règles de comptabilisation et d'évaluation initiale des
immobilisations incorporelles
A. - Présentation générale
80. - IAS 38, Actifs incorporels, s'applique à la comptabilisation des immobilisations
incorporelles, à l'exception :
- du goodwill dont la comptabilisation est prévue par IFRS 3 ;
- des droits miniers, des dépenses au titre de la prospection, du développement et de
l'extraction de minerais, de pétrole, de gaz naturel et autres ressources non
renouvelables similaires, dont la comptabilisation est prévue par IFRS 6 ;
- des immobilisations incorporelles traitées par une autre norme, tels que les contrats
de location entrant dans le champ d'application d'IAS 17.
81. - IAS 38, § 8, définit un actif incorporel comme un « actif non monétaire
identifiable sans substance physique », les actifs monétaires désignant le montant en
numéraire détenu et les actifs à recevoir en numéraire pour des montants fixes ou
déterminables. Il n'est pas toujours aisé d'identifier les actifs incorporels. En effet,
certains actifs sont clairement identifiables, c'est le cas par exemple des logiciels ou
des brevets, tandis que d'autres se confondent avec le fonds de commerce de
l'entreprise.
82. - Selon le Cadre conceptuel, un actif - en général - ne peut être comptabilisé que
s'il constitue une ressource contrôlée par l'entreprise dont on attend des avantages
économiques futurs probables et dont le coût peut être estimé de façon fiable (V.
supra, n° 62). Lorsque des immobilisations incorporelles sont produites en interne,
telles que les marques, les fichiers clients, la réalisation d'un nouveau produit.., il est
souvent difficile de distinguer les charges qui ont contribué à la création de
l'immobilisation, de celles nécessaires au maintien du fonds de commerce ou aux
activités opérationnelles de l'entité. La notion de contrôle exercé par l'entité est
également difficile à appréhender. Enfin, la date à partir de laquelle l'actif est
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
susceptible de générer des avantages économiques futurs peut aussi être délicate à
déterminer.
83. - Selon IAS 38, § 12, un actif incorporel est considéré comme identifiable s'il
répond à l'une des deux conditions suivantes :
- être séparable de l'entité, c'est-à-dire qu'il peut être vendu, concédé, loué u
échangé soit seul, soit dans l'ensemble formé par cet incorporel et un contrat, un
actif ou un passif lié ;
- il résulte de droits (contractuels ou légaux), que ces derniers soient séparables ou
non de l'entité ou d'autres droits ou obligations.
84. - II est parfois difficile de séparer une immobilisation incorporelle de m support
physique qui constitue une immobilisation corporelle. C'est le cas d'un logiciel dont le
support physique est un disque compact, d'une licence ou d'un brevet (la
documentation juridique constituant le support physique) ou d'un film. Dans ce cas, il
faut déterminer si l'actif doit être imputabilité en immobilisations incorporelles ou en
immobilisations corporelles en faisant preuve de jugement pour apprécier lequel des
éléments est plus important (IAS 38, § 4). Par exemple, un logiciel destiné à une
machine-outil à commande numérique qui ne peut fonctionner sans ce logiciel, fait
partie intégrante du matériel et est traité en tant qu'immobilisation corporelle. Il en va
de même pour le système d'exploitation d'un ordinateur. Lorsque le logiciel ne fait
pas partie intégrante du matériel, il est traité en tant l'immobilisation incorporelle.
85. - Une immobilisation incorporelle doit être décomptabilisée lors de sa sortie ou
lorsqu'aucun avantage économique futur n'est attendu de sa sortie i de son utilisation
(IAS 38, § 112). Comme pour les sorties d'immobilisa-ms corporelles, les gains ou
pertes réalisés lors de la décomptabilisation correspondent à la différence entre
l'éventuel produit net de la cession et la leur nette comptable de l'actif. Ils doivent être
comptabilisés en résultat au cours de l'exercice de la décomptabilisation. Les gains
réalisés ne doivent pas e classés en produits des activités (IAS 38, § 113).
B. - Les immobilisations incorporelles acquises séparément par l'entité
86. - Lorsqu'une immobilisation incorporelle est acquise séparément, elle répond
toujours aux conditions préalables à la comptabilisation d'un actif incorporel (IAS 38,
§ 25) :
- elle est toujours identifiable ;
- son coût peut être évalué de façon fiable ;
- la probabilité que les avantages économiques futurs bénéficieront à l'entreprise est
reflétée dans son coût d'acquisition.
87. - Une immobilisation incorporelle doit être comptabilisée à son coût qui
comprend (IAS 38, § 27 et 28) :
- son prix d'achat, y compris les droits de douane et autres taxes non remboursables,
après déduction des remises et rabais commerciaux ;
- tout coût directement attribuable à la préparation de cet actif en vue de son
utilisation. Les coûts directement attribuables comprennent par exemple :
- les coûts des avantages du personnel résultant directement de la mise en état de
fonctionnement de l'actif,
- les honoraires résultant directement de la mise en état de fonctionnement de l'actif,
- les coûts des tests de bon fonctionnement de l'actif ;
- les charges financières liées à l'actif si l'actif est éligible selon IAS 23 (V. infra, n°
178).
88. - Les dépenses suivantes sont exclues du coût d'une immobilisation
incorporelle (IAS 38, § 29) :
- les coûts de lancement d'un nouveau produit ou service (y compris les coûts de
publicité et de promotion) ;
- les coûts d'exploitation d'une activité dans un nouveau lieu ou avec une nouvelle
catégorie de clients ;
- les frais administratifs et autres frais généraux ;
- les coûts encourus alors qu'un actif capable de fonctionner de la manière prévue
par la direction reste à mettre son service ;
- les pertes opérationnelles initiales.
89. - II existe également des dépenses qui ne peuvent pas constituer des
immobilisations incorporelles. Il en est ainsi des dépenses suivantes (IAS 38, §
69), même si elles sont engagées pour générer des avantages économiques futurs :
- les dépenses de formation ;
- les dépenses de publicité et de promotion ;
- les dépenses engagées au titre des activités en démarrage (qui peuvent par
exemple inclure les frais susceptibles d'être comptabilisés en frais d'établissement
selon le PCG) ;
- les dépenses de délocalisation ou de réorganisation de tout ou partie d'une entité ;
LE BILAN
- les dépenses relatives à un actif incorporel et antérieurement comptabilisées en
charges.
90. - Si le paiement d'une immobilisation incorporelle est différé des durées
normales de crédit, son coût est l'équivalent du prix au comptant (IAS 38, § 32). La
différence entre les paiements effectués et le prix au comptant est comptabilisée en
charges financières sauf si elles sont incorporées au coût de l'actif selon IAS 23.
91. - Exemple.
Une entité acquiert en janvier N une licence d'exploitation dans les conditions
suivantes : Versement initial : 50 000 €
Redevance annuelle : 10 % du chiffre d'affaires généré par la licence d'exploitation,
pendant cinq ans, payable le 31 décembre de chaque année. Les estimations de
chiffre d'affaires sont les suivantes :
N N+1 N+2 N+3 N+4
200 000 300 000 400 000 400 000 400 000
Le taux d'actualisation retenu est de 8 %.
Le coût d'acquisition de la licence d'exploitation (182 616) correspond à la valeur
actualisée des redevances augmentée du versement initial soit :
50 000 + 20 OOO:/ 1,08 + 30 000 / 1,08 2 + 40 000 / 1,083 + 40 000 /1,084 + 40 000 /
1,085 = 182 616.
On comptabilise :
Janvier N
Licence 182 616
Banque 50000
Fournisseurs 132 616
On suppose maintenant que le chiffre d'affaires de l'année N s'élève effectivement à
200 000 €. La redevance à verser est donc de 20 000 €, dont 132 616 x 8 % = 10
609 € d'intérêts.
Décembre N
Fournisseurs 9391

10609
Intérêts

Banque 20 000

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS


92. - Illustration
Extrait du document de référence Suez 2004 : Transition aux IFRS
« Immobilisations incorporelles
Dans le cadre de l'exploitation de contrats à long ternie de concession, le Groupe a
été amené à verser en début ou en cours de contrat des sommes en contrepartie
des droits d'exploitation reçus.
En normes françaises, les montants déjà versés ou restant à verser étaient
enregistrés pour leur montant nominal.
En normes IFRS, les montants restant à verser sont comptabilisés pour leurs
montants actualisés.
Cet ajustement se traduit par un impact négatif de 78 millions d'euros sur les
capitaux propres au 1er janvier 2004 ».

93. - Les dépenses ultérieures sont très rarement considérées comme venant
augmenter la valeur de l'actif incorporel (IAS 38, § 20). La nature des immobilisations
incorporelles est telle qu'il y a rarement des ajouts ou des remplacements d'une
partie de l'actif. Par ailleurs, il est souvent difficile d'attribuer les dépenses ultérieures
à un actif incorporel plutôt qu'à l'ensemble de l'activité.
94. - Les immobilisations incorporelles acquises par voie d'échange doivent être
évaluées à la juste valeur de l'actif donné à moins que l'évaluation de la juste valeur
de l'actif reçu ne soit plus fiable (IAS 38, § 45). Si l'actif ne peut pas être évalué à la
juste valeur, soit parce que l'échange manque de substance commerciale, soit parce
que la juste valeur de l'actif reçu ou de l'actif abandonné ne peut pas être
déterminée, il est évalué à la valeur nette comptable de l'actif donné en échange.
95. - Les immobilisations incorporelles acquises au moyen de subventions publiques
sont comptabilisées selon les règles requises par IAS 20 (V. infra, n° 811) :
- soit l'actif incorporel est comptabilisé à sa juste valeur, la subvention est
comptabilisée en produits différés. La subvention est ensuite reprise en produits sur
la durée d'amortissement (produits différés) ;
- soit l'actif incorporel est comptabilisé à sa juste valeur diminuée du montant de la
subvention.
C. - Les immobilisations incorporelles générées en interne 1° La problématique
96. - II n'est pas toujours aisé de déterminer si un actif incorporel généré en interne
peut être comptabilisé comme immobilisation incorporelle car :
- il est difficile de déterminer à partir de quelle date l'actif est susceptible de générer
des avantages économiques futurs ;
- il est difficile de déterminer le coût de l'actif.
97. - Le goodwill généré en interne ne doit pas être comptabilisé comme actif
incorporel car il ne s'agit pas d'une ressource contrôlée par l'entité dont le coût est
identifiable (IAS 38, § 48). Les marques, notices, titres de journaux et de magazines
et listes de clients générés en interne ne doivent pas être comptabilisés comme des
actifs incorporels car les dépenses engagées pour les générer ne peuvent pas être
distinguées du coût de développement de l'activité dans son ensemble (IAS 38, §
63).
98. - Les compétences complémentaires acquises par le personnel d'une entité suite
à une formation sont susceptibles de générer des avantages économiques
supplémentaires pour l'entité. Cependant, en l'absence de véritable contrôle sur ces
avantages économiques futurs, aucun actif incorporel lié au potentiel humain ne peut
être reconnu (IAS 38, § 15).
2° Le cas des frais de recherche et développement
99. - Pour apprécier si un actif satisfait aux critères de comptabilisation à l'actif,
l'entité doit en plus pouvoir distinguer dans le processus de production une phase de
recherche et une phase de développement (IAS 38, § 52). Si la distinction n'est pas
possible, les dépenses sont considérées comme relevant uniquement de la phase de
recherche. En pratique, la distinction entre phase de recherche et phase de
développement n'est pas toujours aisée, comme en témoigne l'illustration suivante.
100. - Illustration.
Extrait du rapport annuel EADS 2005
« Les coûts liés aux activités de recherche et développement (lancées en interne)
sont estimés afin de déterminer s'ils peuvent être comptabilisés comme des
immobilisations générées en interne (...)
En vue de satisfaire à ces critères, seuls les coûts correspondant uniquement à la
phase de développement d'un projet lancé en interne sont capitalisés (...)
Les coûts de développement capitalisés sont, d'une façon générale, amortis sur le
nombre estimé d'unités produites si aucune procédure ne reflète le schéma de
consommation de manière plus appropriée (...)
Coûts de développement
EADS a capitalisé un montant de 462 M € au 31 décembre 2005 (169 M € au 31
décembre 2004) en immobilisations incorporelles générées en interne
essentiellement au titre du programme Airbus A380 ».

101. - Les dépenses des activités recherche doivent toujours être comptabilisées en
charges de l'exercice au cours duquel elles sont encourues
(IAS 38, § 54). Il en va de même des dépenses de la phase de recherche d'un projet
interne puisqu'à ce stade, l'entité est dans l'incapacité de démontrer l'existence d'une
immobilisation incorporelle qui générera des avantages économiques futurs. IAS 38,
§ 56, donne les exemples suivants d'activité de recherche :
- les activités visant à obtenir de nouvelles connaissances ;
- la recherche d'application de résultats de la recherche ;
- la recherche d'autres matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes ou
services ;
- la formulation, la conception, l'évaluation et le choix final retenu d'autres produits,
matériaux, dispositifs, procédés systèmes ou services nouveaux ou améliorés.
102. - La phase de développement se situe à un stade plus avancé que la phase de
recherche et correspond en fait à la mise en application de découvertes réalisées ou
de connaissances acquises, préalablement au démarrage de la production
commercialisable. Les frais de développement doivent être inscrits à l'actif si et
seulement si une entité peut démontrer (IAS 38, § 57) :
INFORMATION FINANCIERE EN IFRS

- la faisabilité technique nécessaire à l'achèvement de l'immobilisation incorporelle


en vue de sa mise en service ou de sa vente ;
- son intention d'achever l'immobilisation incorporelle et de l'utiliser ou de la vendre ;
- sa capacité à utiliser ou à vendre l'immobilisation incorporelle ;
- la façon dont l'immobilisation incorporelle générera des avantages économiques
futurs probables. L'entreprise doit démontrer, entre autres choses, l'existence d'un
marché pour la production issue de l'immobilisation incorporelle ou pour
l'immobilisation incorporelle elle-même ou, si celle-ci doit être utilisée en interne, son
utilité ;
- la disponibilité de ressources (techniques, financières et autres) appropriées pour
achever le développement et utiliser ou vendre l'immobilisation incorporelle ;
- sa capacité à évaluer de façon fiable les dépenses attribuables à l'immobilisation
incorporelle au cours de son développement.
103. - Les quelques exemples d'activité de développement suivants sont donnés par
LAS 38, § 59 :
- la conception, la construction, et les tests de pré-production ou de préutilisation de
modèles et prototypes ;
- la conception d'outils, de gabarits, moules et matrices impliquant une technologie
nouvelle ;
- la conception et la construction et l'exploitation d'une unité pilote qui n'est pas à
une échelle permettant une production commerciale dans des conditions
économiques ;
- la conception, la construction et les tests pour la solution choisie pour d'autres
matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes ou services nouveaux ou
améliorés
3° L'évaluation initiale des immobilisations incorporelles générées en interne
104. - Le coût d'une immobilisation incorporelle générée en interne est égal à la
somme des dépenses encourues à partir de la date à laquelle l'immobilisation
incorporelle satisfait aux critères de comptabilisation (IAS 38, § 25). Les dépenses
antérieurement comptabilisées en charges ne peuvent pas être réintégrées au coût
de production de l'immobilisation (IAS 38, § 65).
105. - Exemple.
Une entreprise développe un nouveau procédé de fabrication
Durant l'exercice N, les dépenses encourues s'élèvent à 2 000 K€ dont 1 500 K€
encourus avant le 1er novembre N et 500 K€ encourus entre le 1 er novembre et le 31
décembre N. L'entreprise est en mesure de démontrer qu'au 1 er novembre N, le
procédé de fabrication satisfait aux critères de comptabilisation d'une immobilisation
incorporelle. Durant l'exercice N+1, la dépense encourue s'élève à 3 000 K€.
À la fin de l'exercice N, le procédé de fabrication est comptabilisé en tant
qu'immobilisation incorporelle pour un coût de 500 K€ (dépenses encourues depuis
la date à laquelle les critères de comptabilisation sont satisfaits, c'est-à-dire depuis le
1er novembre N). La dépense de 1 500 K€ encourue avant le 1/11/N est
comptabilisée en charges, car avant le 1/11/N, les critères de comptabilisation
n'étaient pas satisfaits. Cette dépense ne fera jamais partie du coût du procédé de
fabrication comptabilisé au bilan. Les écritures suivantes pourraient être enregistrées
:
Courant N
Charges Banque (ou fournisseurs) 2 000
2 000
31/12/N
Immobilisation incorporelle Production 500
immobilisée 500
On pourrait aussi comptabiliser directement l'actif de 500 K€ en immobilisation
incorporelle.

À la fin de l'exercice N+1, le coût du procédé de fabrication est de 3 500 K€


(dépense de 500 K€ comptabilisée à la fin de N plus une dépense de 3 000 K€
comptabilisée en N+1).
Courant N+1
Charges 3 000
Banque (ou fournisseurs) 3000
31/12/N+1
Immobilisation incorporelle 3 000
Production immobilisée 3000
On pourrait aussi comptabiliser directement l'actif de 3 000 K€ en immobilisation
incorporelle.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

106. - Le coût d'une immobilisation incorporelle générée en interne comprend


tous les coûts directement attribuables nécessaires pour créer, produire, et préparer
l'immobilisation afin qu'elle puisse être exploitée dans les conditions prévues. Les
coûts directement rattachables sont par exemple (IAS 38, § 66) :
- les coûts des matériaux et services utilisés pour générer l'immobilisation
incorporelle ;
- les coûts des avantages du personnel résultant de la création de l'immobilisation
incorporelle ;
- les honoraires d'enregistrement d'un droit légal ;
- l'amortissement des brevets et licences utilisés pour générer l'immobilisation
incorporelle.
107. - Les dépenses suivantes ne font pas partie du coût d'une immobilisation
générée en interne mais doivent être comptabilisées en charges (IAS 38, § 67) :
- les coûts de la vente, les coûts administratifs et autres frais généraux, à moins que
ces dépenses puissent être directement attribuées à la préparation de l'actif en vue
de son utilisation ;
- les pertes opérationnelles initiales encourues avant qu'un actif n'atteigne le niveau
de performance prévu ;
- les dépenses au titre de la formation du personnel pour utiliser cet actif.
108. - Les dépenses ultérieures engagées sur un projet de recherche et
développement en cours acquis séparément ou lors d'un regroupement d'entreprises
et comptabilisé comme un actif incorporel, sont ajoutées à la valeur nette comptable
de l'actif lorsqu'elles répondent aux conditions de comptabilisation en immobilisation
incorporelle énoncées précédemment.
109. - Exemple.

La société RD est en train de développer un nouveau procédé de fabrication devant


permettre de réduire considérablement la durée du cycle de production de ses
produits finis. Depuis le 1er juin N, le projet est en phase de développement et répond
aux critères d'activation d'IAS 38. Les dépenses suivantes engagées lors de la phase
de développement entrent-elles dans le coût de production de l'actif généré en
interne ? :
- matières premières consommées pour la réalisation de test : oui, car elles ont été
consommées dans le cadre du développement du projet ;
- les salaires des ingénieurs ayant suivi le projet : oui, pour les mêmes raisons ;
- les pertes d'exploitation encourues avant la mise en place du nouveau procédé :
non, ces dépenses sont forcément comptabilisées en charges selon IAS 38 ;
- la charge d'amortissement d'un brevet utilisé lors du développement du projet : oui
(cas cité par IAS 38, § 66) ;
- une partie du salaire de l'assistante ayant suivi administrativement le projet : non,
les coûts administratifs sont toujours exclus, sauf si on peut prouver qu'ils étaient
nécessaires à la préparation de l'actif en vue de son utilisation, cette preuve semble
difficile à apporter dans ce cas.

D. - Les immobilisations incorporelles acquises lors d'un regroupement


d'entreprises
1° La définition et les règles de comptabilisation
110. - Un regroupement d'entreprises est (IFRS 3, § 4) le rassemblement d'entités
ou d'activités distinctes en une seule entité présentant les états financiers (V. infra, n°
1190).
111. - Lors d'un regroupement d'entreprises, l'acquéreur comptabilise une
immobilisation incorporelle de la société acquise séparément du goodwill (pour une
définition du goodwill ; V. infra, n° 1203) si sa juste valeur peut être évaluée de façon
fiable, sans rechercher si l'immobilisation incorporelle avait été comptabilisée par la
société acquise. La condition de reconnaissance selon laquelle un actif incorporel est
comptabilisé si l'entité s'attend à en percevoir des avantages économiques est
LE BILAN

considérée comme toujours remplie. Un projet de recherche et développement en


cours chez la société acquise doit être comptabilisé en tant qu'actif incorporel chez
l'acquéreur s'il satisfait à la définition d'un actif et est séparable. Selon les règles
comptables françaises, ces frais sont identifiés séparément du goodwill et
comptabilisés en charges.
112. - Les actifs incorporels suivants, non inscrits au bilan de la société acquise,
peuvent donc en général (dans la mesure où leur juste valeur peut être déterminée)
être comptabilisés séparément du goodwill :
- marques générées en interne ;
- listes de clients générés en interne ;
- base de données générée en interne.
Aucun actif incorporel lié au potentiel humain ne peut être comptabilisé.
113. - Les parts de marché obtenues lors d'un regroupement d'entreprises ne sont
pas considérées comme des actifs incorporels séparables du goodwill, alors que les
règles françaises admettaient qu'elles le soient jusqu'au 1 er janvier 2005. La mise à
jour du règlement n° 99-02 du CRC a supprimé la possibilité d'inscrire des parts de
marché à l'actif à compter de 2005. Lors du passage aux IFRS, plusieurs groupes
français ont donc dû reclasser en goodwill des montants auparavant considérés
comme des parts de marché, comme en témoigne l'illustration suivante.
114. - Illustration.

Extrait du rapport annuel 2005 de L'Oréal


« Notes relatives à la réconciliation du bilan d'ouverture au 1 er janvier 2004
Notes 1 et 2
Les fonds de commerce (2 606,6 millions d'euros) et les parts de marché (110,8
millions d'euros) ont été reclassés en écarts d'acquisition car ils ne peuvent pas être
qualifiés d'actifs incorporels identifiables selon IAS 38. »

2° La juste valeur des immobilisations incorporelles


115. - La juste valeur des immobilisations incorporelles peut généralement être
évaluée de façon suffisamment fiable pour être comptabilisée séparément dugoodwill
(IAS 38, § 35). Si une immobilisation incorporelle acquise lors d'un regroupement
d'entreprises a une durée de vie finie, il y a une présomption réfutable que sa juste
valeur peut être estimée de façon fiable. Les méthodes suivantes, présentées par
ordre de fiabilité, peuvent être utilisées pour déterminer la juste valeur d'un actif
incorporel lors d'un regroupement d'entreprises (IAS 38, § 38 à 41) :
- les prix cotés sur un marché actif, lorsqu'il existe un marché actif, constituent la
meilleure évaluation de la juste valeur. On entend par prix de marché, le prix
acheteur actuel. Cependant, lorsqu'il n'existe pas de prix acheteur actuel, le prix de la
transaction similaire la plus récente peut servir de base à l'estimation de la juste
valeur ;
- en l'absence de marché actif, une estimation du prix que l'entreprise aurait payé
pour un bien similaire, prix déterminé à partir d'informations sur des transactions
récentes pour des biens similaires ;
- les techniques d'évaluation habituellement utilisées pour des actifs incorporels,
telles que les multiples de chiffre d'affaires, de résultat... ou une actualisation des flux
de trésorerie futurs estimés générés par l'actif.
116. - Exemple.

La société ABC acquiert, le 2 janvier N, 80 % de la société D pour 2 000 K€. À cette


date, tes capitaux propres comptables de D s'élèvent à 1 000 K€. Les actifs inscrits
au bilan de D ; sont correctement évalués. Les actifs générés en interne suivants,
non inscrits au bilan de D, ont été pris en compte pour l'établissement du prix de
vente :
- la marque D : 600 K€ ;
- le fichier clients de D : 200 K€ ;
- la part de marché de D : 300 K€ ;
- un projet de création de nouveaux processus de production en cours de
développement : 250 K€. Ces dépenses répondent aux critères d'activation.
Lors de l'établissement du bilan consolidé de ABC et D, les actifs incorporels
suivants seront comptabilisés :
- la marque D pour 600 K€ ;
- le fichier clients de D pour 200 K€ ;
- le projet de création de nouveaux processus de production en cours de
développement pour 250 K€.
En revanche, la part de marché ne peut pas être considérée comme un actif
identifiable. Il en résulte donc un goodwill :
2 000 - 80 % x (1 000 + 600 + 200 + 250) = 360 K€.

§ 2. - L'évaluation à la clôture de l'exercice


117. - Comme IAS 16 traitant des immobilisations corporelles (V. infra, n° 188), IAS
38 propose deux modèles d'évaluation des immobilisations incorporelles après la
comptabilisation initiale : le modèle du coût ou le modèle de la réévaluation. Si le
modèle de la réévaluation est retenu, il s'applique à l'ensemble des actifs incorporels
d'une même catégorie, sauf pour les actifs pour lesquels il n'existe pas de marché
actif (IAS 38, § 72).
118. - Est considéré comme une catégorie d'immobilisations un ensemble d'actifs de
nature et d'utilisation similaire dans le cadre de l'activité d'une entité. IAS 38, § 119
donne les exemples suivants de catégories d'immobilisations :
- les marques ;
- les titres de journaux et magazines ;
- les logiciels ;
- les licences et franchises ;
- les droits de reproduction, les brevets et autres droits de propriété industrielle, les
droits de service et d'exploitation ;
- les recettes, les formules, les modèles et prototypes ;
- les immobilisations incorporelles en cours de développement.
A. - L'évaluation selon le modèle du coût
119. - Après sa comptabilisation initiale, une immobilisation incorporelle est évaluée
à son coût diminué des amortissements et des éventuelles pertes de valeur.
1° L'amortissement des immobilisations incorporelles
120. - Une immobilisation incorporelle dont la durée d'utilité est finie doit être
amortie, tandis qu'une immobilisation incorporelle dont la durée d'utilité est
indéterminée ne doit pas être amortie (IAS 38, § 89).
a) La notion de durée d'utilité
121. - La durée d'utilité d'une immobilisation est indéterminée, lorsqu'il n'y a pas de
limite prévisible à la période au cours de laquelle on s'attend à ce que l'actif génère
des entrées nettes de trésorerie. Pour déterminer la durée d'utilité, plusieurs facteurs
doivent être considérés (IAS 38, § 90) :
- l'utilisation attendue de l'actif par l'entreprise et le fait que cet actif puisse (ou non)
être géré efficacement par une autre équipe de direction ;
- les cycles de vie caractéristiques de l'actif et les informations publiques concernant
l'estimation des durées d'utilité de types similaires d'actifs qui sont utilisés de façon
similaire ;
- l'obsolescence technique, technologique ou autre ;
- la stabilité du secteur d'activité dans lequel l'actif est utilisé et l'évolution de la
demande pour les produits ou services générés par l'actif ;
- les actions attendues des concurrents ou des concurrents potentiels ;
- le niveau des dépenses de maintenance à effectuer pour obtenir les avantages
économiques futurs attendus de l'actif et la capacité et l'intention de l'entreprise
d'atteindre un tel niveau ;
- la durée du contrôle sur l'actif et les limitations juridiques ou autres pour son
utilisation telles que les dates d'expiration des contrats de location liés ; et
LE BILAN

- le fait que la durée d'utilité de l'actif dépende (ou non) de la durée d'utilité d'autres
actifs de l'entreprise.
Lorsque la durée d'une immobilisation incorporelle a été qualifiée d'indéterminée, elle
doit être réexaminée à chaque période pour déterminer si la durée d'utilité peut
effectivement continuer à être considérée comme indéterminée.
122. - Lorsqu'une immobilisation incorporelle à une durée d'utilité finie, le montant
amortissable doit être systématiquement réparti sur sa durée de vie (IAS 38, § 97).
Le montant amortissable correspond au coût de l'immobilisation incorporelle diminué
de son éventuelle valeur résiduelle.
123. - La valeur résiduelle d'un actif incorporel à durée d'utilité finie est considérée
comme nulle (IAS 38, § 100) sauf si :
- un tiers s'est engagé à racheter l'actif à la fin de sa durée d'utilité ;
- il existe un marché actif pour cette immobilisation incorporelle permettant de
déterminer la valeur résiduelle, et il est probable qu'un marché actif existera toujours
à la fin de la durée d'utilité de l'immobilisation incorporelle.
Une valeur résiduelle différente de zéro implique que l'entité compte sortir
l'immobilisation incorporelle avant la fin de sa durée de vie économique.
124. - Compte tenu de la rapidité de l'évolution technologique constatée, de
nombreuses immobilisations incorporelles, telles que les logiciels, ont des durées
d'utilité très courtes. Aussi, la durée d'utilité d'une immobilisation qui résulte de droits
contractuels ou légaux ne doit pas, sauf exception, excéder la période de droits
légaux ou contractuels, mais elle peut lui être inférieure.
b) Le mode d'amortissement
125. - Le mode d'amortissement doit refléter le rythme de consommation des
avantages économiques futurs générés par l'actif. Lorsque ce rythme ne peut pas
être déterminé avec suffisamment de fiabilité, le mode linéaire doit être retenu.
L'amortissement commence dès que l'actif est prêt à être mis en service. La dotation
aux amortissements est comptabilisée en charges au compte de résultat, sauf si une
autre norme autorise ou impose son incorporation à la valeur comptable d'un autre
actif (IAS 38, § 97). Ainsi, l'amortissement d'un brevet ou d'une licence utilisée pour
le développement d'un actif incorporel généré en interne entre dans le coût de cet
actif.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

126. - La durée d'utilité et le mode d'amortissement d'une immobilisation incorporelle


doivent être réexaminés au moins à chaque clôture. En cas de modifications, ces
dernières doivent être comptabilisées selon IAS 8.
2° La dépréciation des immobilisations incorporelles
127. - Les immobilisations incorporelles à durée de vie indéterminée
doivent faire l'objet d'un test de dépréciation au moins annuel, qu'il y ait ou non un
indice de leur dépréciation potentielle. Il en est de même pour les immobilisations
incorporelles qui ne sont pas encore prêtes à être mises en service (IAS 36, § 10).
Les immobilisations incorporelles à durée de vie finie doivent faire l'objet d'un test de
dépréciation lorsqu'il existe un indice de perte de valeur (V. infra, n° 197).
a) La déprédation des immobilisations incorporelles génératrices de trésorerie
128. - Le test de dépréciation consiste à déterminer la valeur recouvrable de l'actif
pour la comparer à sa valeur comptable. La valeur recouvrable est déterminée dans
les mêmes conditions que celles s'appliquant aux immobilisations corporelles (V.
infra, n° 201). Une perte de valeur est comptabilisée, dans les mêmes conditions que
pour les actifs corporels, lorsque la valeur recouvrable de l'immobilisation
incorporelle est inférieure à sa valeur comptable.
129. - Une perte de valeur comptabilisée au cours d'un exercice peut être reprise au
cours d'un exercice ultérieur si un nouveau test de dépréciation met en évidence que
la valeur recouvrable excède la valeur comptable de l'actif. Suite à cette reprise, la
valeur comptable de l'actif ne doit pas cependant excéder la valeur comptable
qu'aurait eu l'actif à cette date en l'absence de dépréciation préalable.
b) La dépréciation des immobilisations incorporelles ne générant pas de
trésorerie
130. - Lorsque la valeur recouvrable d'un actif ne peut pas être déterminée, c'est la
valeur recouvrable de l'unité génératrice de trésorerie à laquelle il appartient qui doit
être déterminée pour pouvoir réaliser le test de dépréciation (IAS 36, § 66). La valeur
recouvrable d'un actif isolé ne peut pas être déterminée si (IAS 36, § 67) :
- on peut estimer que la valeur d'utilité de l'actif n'est pas proche de sa juste valeur
diminuée des coûts de vente (par exemple, lorsque les flux de trésorerie futurs
générés par l'utilisation continue de l'actif ne peuvent être estimés comme
négligeables) ;
LE BILAN

- l'actif ne génère pas d'entrées de trésorerie largement indépendantes des entrées


de trésorerie d'autres actifs.
1) L'unité génératrice de trésorerie (UGT)
131. - L'unité génératrice de trésorerie est le plus petit groupe identifiable d'actifs
qui génère des entrées de trésorerie largement indépendantes des entrées de
trésorerie générées par d'autres actifs ou groupes d'actifs. L'identification d'une unité
génératrice de trésorerie d'un actif implique une part de jugement. Si la valeur
recouvrable ne peut pas être déterminée pour un actif pris individuellement, l'entité
doit identifier le plus petit regroupement d'actifs qui génère des entrées de trésorerie
largement indépendantes (IAS 36, § 67).
132. - Les entrées de trésorerie générées par une UGT sont en principe des
entrées de trésorerie reçues des tiers extérieurs à l'entité. Cependant, s'il existe un
marché actif pour la production résultant d'un actif ou un groupe d'actifs, ce groupe
d'actifs est considéré comme une UGT, même si tout ou partie de sa production est
actuellement utilisée en interne (IAS 36, § 70).
133. - Exemples de détermination des UGT (d'après IAS 36).

- Une entité minière possède une desserte ferroviaire pour ses activités d'exploitation
Minière. Cette desserte ferroviaire ne pourrait être vendue que pour sa valeur à la
casse et I ne génère pas d'entrées de trésorerie indépendantes des entrées de
trésorerie générées par les autres actifs de la mine. La valeur recouvrable de la
desserte ferroviaire ne peut pas être estimée et est très probablement différente de
sa valeur a la casse. L'entité devra donc, dans ce cas, estimer la valeur recouvrable
de l'UGT à laquelle appartient la desserte ferroviaire, c'est-à-dire la mine dans son
ensemble.
- Une société de transports par autocars travaille sous contrat avec une municipalité
qui impose un service minimum sur ses 5 lignes. Les actifs affectés à chaque ligne
et les flux de trésorerie générés par chaque ligne peuvent être identifiés séparément.
L'une des lignes étant déficitaire, un test de dépréciation doit être mis en place.
L'entité n'ayant pas la possibilité de réduire son activité sur aucune des lignes, les
entrées de trésorerie générées par une ligne ne peuvent pas être considérées
comme largement indépendantes des entrées de trésorerie générées par les autres
lignes. L'UGT pour chaque ligne est donc la société de transport dans son ensemble.
- Soit une entité comprenant 3 usines, A, B et C fonctionnant ainsi :
• l'usine A fabrique un produit intermédiaire vendu à l'usine B et sur un marché
extérieur actif;
• l'usine B transforme le produit intermédiaire fabriqué par A et approvisionne l'usine
C. Il n'existe aucun marché extérieur pour le produit intermédiaire fabriqué par B ;
• l'usine C transforme le produit intermédiaire fabriqué par B en produit fini et assure
sa commercialisation.
A constitue une UGT séparée car elle peut générer des entrées de trésorerie
largement indépendantes des entrées de trésorerie générées par les autres actifs
tandis que B et C ensemble constituent une deuxième UGT.
- Soit une entité dont l'activité est la distribution de vêtements pour femmes. Elle
détient plusieurs boutiques et points.de vente. Dans la mesure où ii est probable que
chaque boutique et point de vente génère des entrées de trésorerie indépendantes, il
faut constituer une UGT par boutique et point de vente.
- Soit une société d'éditions détenant plusieurs titres de presse. Dans la mesure où
chaque titre de presse génère des revenus publicitaires propres et que les décisions
d'abandon et de cession sont prises par titre, chaque titre constitue une UGT.
134. - Illustration

Extrait du rapport 2005 de PSA


« 1.13. Dépréciation des éléments de l'actif immobilisé
Selon la norme IAS 36 « Dépréciation d'actifs », la valeur d'utilité des immobilisations
corporelles et incorporelles est testée dès l'apparition d'indices de pertes de valeur,
passées en revue à chaque clôture. Ce test est effectué au minimum une fois par an
pour les actifs à durée de vie indéfinie, catégorie limitée pour le Groupe aux écarts
d'acquisition.
Pour ce test, les immobilisations sont regroupées en unités génératrices de
trésorerie (UGT). Les UGT sont des ensembles homogènes d'actifs dont l'utilisation
continue génère des entrées de trésorerie qui sont largement indépendantes des
entrées de trésorerie générées par d'autres groupes d'actifs. La valeur d'utilité de ces
unités est déterminée par référence à des flux futurs de trésorerie nets, actualisés.
Lorsque cette valeur est inférieure à la valeur nette comptable de l'UGT, une perte de
valeur est enregistrée en marge opérationnelle pour la différence ; elle est imputée
en priorité sur les écarts d'acquisition. »
« La division automobile regroupe des UGT Véhicules correspondant chacune à un
modèle de véhicule. Les immobilisations qui sont rattachées à une UGT Véhicule
comprennent les outillages et autres moyens industriels spécifiques servant à la
fabrication d'un modèle et les frais de développement immobilisés liés à ce modèle
(voir note 1.11.A). Les UGT Véhicules et tous les autres actifs immobilisés (y compris
les écarts d'acquisition) constituent l'UGT Division Automobile.
Banque PSA Finance et Gefco constituent des UGT indépendantes, incluant leurs
actifs corporels et incorporels (y compris les écarts d'acquisition).
Dans la division équipement automobile, une UGT correspond à un programme.
Chaque UGT Programme inclut les immobilisations incorporelles (correspondant aux
coûts de développement) et corporelles affectables à un contrat client. Les UGT ainsi
définies sont regroupées en activités (Sièges d'automobile, Intérieur véhicule,
Systèmes d'échappement, Bloc avant) auxquelles sont attribués les actifs de support
et les écarts d'acquisition qui les concernent. »
Commentaires : les modalités de constitution des UGT sont très clairement
expliquées chez PSA, ce qui n'est pas toujours le cas dans les rapports annuels des
groupes publiant leurs états financiers en IFRS.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

135. - Lorsqu'un actif ou groupe d'actifs a été affecté à une UGT, il reste en principe
affecté à cette UGT au cours des périodes suivantes, mais un changement justifié
reste possible.
2) Le test de déprédation
136. - Le test de dépréciation réalisé sur une UGT consiste à déterminer sa valeur
recouvrable puis à la comparer à sa valeur comptable. Ce test est réalisé lorsqu'il
existe un indice qu'un actif isolé affecté à l'UGT ait pu se déprécier ou lorsqu'il existe
un indice que l'UGT ait pu perdre de la valeur ou lorsque des actifs incorporels à
durée de vie indéterminée ont été affectés à l'UGT (tel que le goodwill par exemple).
Une perte de valeur est constatée lorsque la valeur recouvrable de l'UGT est
inférieure à sa valeur comptable.
137. - La valeur comptable de l'UGT inclut (IAS 36, § 76) la valeur comptable de
tous les actifs qui génèrent ou sont utilisés pour générer les flux de trésorerie et qui
peuvent être affectés sur une base cohérente et raisonnable à l'UGT. Certains actifs,
tels que le goodivill et les actifs de support, sont utilisés pour générer des flux de
trésorerie mais ne peuvent pas être affectés aux UGT sur une base raisonnable,
cohérente et permanente. IAS 36 prévoit donc un mode d'affectation particulier pour
ces actifs. En revanche, la valeur comptable de l'UGT n'inclut pas les passifs
comptabilisés, sauf si ces dettes devraient être assumées par un éventuel acquéreur
en cas de cession de l'UGT (IAS 36, § 78). La composition de l'UGT est ainsi
cohérente avec le mode de détermination des flux de trésorerie dans la
détermination de la valeur d'utilité.
138. - La valeur recouvrable d'une UGT est la valeur la plus élevée entre la juste
valeur diminuée des coûts de vente de l'UGT et sa valeur d'utilité, ces deux valeurs
étant déterminées selon les modalités prévues pour les actifs isolés. Afin de
déterminer la valeur d'utilité de l'UGT, il est donc nécessaire d'estimer les flux de
trésorerie futurs générés par l'UGT. Lorsque les entrées de trésorerie sont affectées
par la fixation de prix de cession interne, la valeur d'utilité est calculée en utilisant la
meilleure estimation possible des prix pouvant être obtenus lors de transactions dans
des conditions normales. Dans certains cas, pour des raisons pratiques, la valeur
recouvrable est déterminée en prenant en compte des actifs ne faisant pas partie de
l'UGT (des créances par exemple) et des passifs comptabilisés (des dettes
fournisseurs par exemple). Dans ce cas, la valeur comptable de l'UGT doit être
majorée de la valeur comptable de ces actifs et diminuée de la valeur comptable des
passifs (IAS 36, § 79).
139. - Lorsqu'il existe une perte de valeur sur une UGT, en l'absence de goodwill la
perte de valeur est affectée aux actifs de l'unité au prorata de leur valeur comptable
(IAS 36, § 104). Cependant, suite à cette affectation de la perte de valeur, la valeur
comptable ne doit pas être inférieure au plus élevé de ces trois montants (IAS 36, §
105) :
- la juste valeur de l'actif diminuée des coûts de vente (si elle peut être déterminée) ;
- la valeur d'utilité de l'actif (si elle peut être déterminée) ;
- zéro.
Si tel était le cas, le montant de perte de valeur excédentaire affecté à l'actif doit être
réparti au prorata entre les autres actifs de l'UGT. Les réductions de valeur
constatées sont comptabilisées comme des pertes de valeurs d'actifs isolées.
Une usine constitue une UGT comprenant différents actifs ayant les valeurs comptables
suivantes au 31/12/N : - actif 1 : 20 millions d'euros ; - actif 2 : 50 millions d'euros ; ; -
actif 3 : 30 millions d'euros.
' La valeur recouvrable de ces différents actifs ne peut pas être estimée. La durée d'utilité de
l'usine (à compter de N) est estimée à dix ans. La valeur résiduelle à l'issue de la durée
d'utilité est supposée nulle. La juste valeur nette des coûts de vente de l'usine A peut être
estimée à 80 millions d'euros.
Production estimée de l'usine et marge unitaire estimée
N+1 N+2 N+3 N+4 N+5
Production 1 000 000 1 200 000 1 400 000 1 500 000 1 500000
(en unités)
Prix de vente 20 € 21€ 23 € 23 € 24 €
estimé
Sorties de 14000000 15000000 16 000 000 18000000 20 000 000
trésorerie (1)
(1) Elles correspondent aux achats de matières premières consommées, coût de la
main-d'œuvre, une quote-part des frais généraux de production ainsi que les
dépenses de maintenance de l'usine.
Le taux d'imposition de l'entité est de 34 %. Le taux d'actualisation utilisé pour déterminer la
valeur d'utilité est de 10 %.
II en résulte les flux de trésorerie estimés suivants :
N+1 N+2 N+3 N+4 N+5
Production 1 000 000 1 200 000 1 400 000 1 500 000 1 500 000
Prix de vente 20 21 23 23 24
Entrées trésorerie 20 000 000 25 200 000 32 200 000 34 500 000 36 000 000
Sorties trésorerie 14000000 15000000 16 000 000 18000000 20 000 000
Flux nets de 6 millions 10,2 16,2 16,5 16 millions
trésorerie millions millions millions

Les flux de trésorerie doivent être estimés sans prise en compte de l'impôt sur le résultat.
Pour le calcul de la valeur d'utilité, les flux de trésorerie prévisionnels sont estimés sur cinq
ans, à partir des prévisions de la direction et sont ensuite extrapolés sur la durée d'utilité de
l'actif.
On rappelle que l'extrapolation se fait en appliquant un taux de croissance stable ou
décroissant aux flux de trésorerie estimés sur la période de cinq ans. Les flux de trésorerie
sont estimés ici en appliquant un taux de croissance nulle au flux de N+5 (les flux de
trésorerie de N+6 à N+10 sont donc de 16 000 000 €, aucun flux de trésorerie
supplémentaire n'étant prévu en N+10 pour la sortie de l'actif).
Valeur d'utilité = Somme des cashf/ows actualisés au taux de 10 %, soit 84 920 546 €
arrondie à 85 000 000 €.
140. - Exemple. INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

La valeur recouvrable de l'UGT est donc de 85 millions d'euros. Sa valeur nette


comptable est de 100 millions d'euros (soit la somme des valeurs comptables des
actifs de l'UGT). Une perte de valeur de 15 millions d'euros doit donc être constatée.
La perte de valeur est répartie sur les actifs de l'UGT de la manière suivante :
Actif 1 Actif 2 Actif 3 Total UGT
Valeur comptable 20 millions 50 millions 30 millions 100 millions
Prorata (1 ) 20% 50 % 30 % 100 %
Perte de valeur 3 7,5 4,5 15
Valeur comptable après 17 millions 42.5 millions 25.5 millions 85 millions
perte de valeur
(1) Valeur comptable de l'actif/valeur comptable de l'UGT

141. - Les actifs de support incluent les actifs du groupe ou des divisions tels que
l'immeuble du siège social de l'entité ou d'une division, les équipements
informatiques ou le centre de recherche (IAS 36, § 100). Lorsqu'il existe un indice
qu'un actif de support ait pu perdre de la valeur, un test de dépré ciation doit être
réalisé. Cependant, ces actifs ne générant pas d'entrées de trésorerie distinctes, la
valeur recouvrable est déterminée pour l'UGT ou le groupe d'UGT auquel l'actif de
support appartient et est comparée à la valeur comptable de cette UGT ou de ce
groupe d'UGT.
142. - Ainsi, lorsqu'un test de dépréciation est réalisé sur une UGT et qu'il existe un
ou des actifs de support, deux cas peuvent se présenter :
• premier cas : l'actif de support peut être affecté sur une base raisonnable,
cohérente et permanente à une UGT, le test est réalisé dans les mêmes conditions
que pour les immobilisations corporelles et incorporelles ne générant pas de flux de
trésorerie distincts (V. supra, n° 130) ;
• deuxième cas : l'actif de support ne peut pas être affecté sur une base raisonnable
cohérente et permanente à l'UGT. Il faut alors suivre la démarche suivante (IAS 36, §
102) :
• comparer la valeur comptable de l'UGT, à l'exclusion de l'actif de support, àLE sa BILAN
valeur recouvrable et comptabiliser toute perte de valeur selon les modalités décrites
précédemment,
• identifier le plus petit groupe d'UGT comprenant l'UGT examinée à laquelle tout ou
partie de l'actif de support peut être affecté sur une base raisonnable, cohérente et
permanente,
• comparer la valeur comptable de ce groupe d'UGT, y compris la part de la valeur
comptable de l'actif de support affecté à ce groupe d'UGT, à la valeur recouvrable de
ce groupe d'UGT. Si une perte de valeur est constatée, elle est répartie au prorata de
la valeur comptable de chaque actif dans le groupe d'UGT.

143. - Exemple

Soit une entité E composée de 3 UGT : A, B et C. Aucun goodwi/l ne figure à l'actif


du bilan de E. Suite à des changements défavorables dans l'environnement
technologique dans lequel opère E, un test de dépréciation doit être réalisé sur
chacune des UGT au 31/12/N. À cette date, la valeur comptable des UGT est de
(chaque UGT comprend différents actifs) :
UGT A : 2 500 K€ ;
UGT B : 3 000 K€ ;
UGT C : 4 500 K€.
Les activités de l'entité sont dirigées par un siège social dont la valeur comptable est
de 1 000 K€. La valeur nette comptable du siège social peut être allouée aux UGT
sur une base cohérente et raisonnable : répartition en fonction du poids relatif de
chaque UGT.
La valeur recouvrable de chaque UGT est fondée sur sa valeur d'utilité respective
soit :
UGT A: 2 100 K€;
UGTB : 3 200 K€ ;
UGT C : 5 000 K€.
Que faut-il faire au 31 /12/N ?
La valeur de l'actif de support (le siège social) pouvant être affectée aux UGT sur
une base cohérente et raisonnable, le test consiste à comparer la valeur recouvrable
des UGT avec leur valeur comptable incluant la valeur comptable du siège.
L'allocation de l'actif de support aux UGT (chiffres en K€) se fait comme suit:
Fin N UGT A UGTB UGTC Total
Valeur comptable 2 500 3 000 4 500 10000
Prorata affectation siège 25 % (1) 30 % 45 % 100 %
Quote-part siège social 250 300 450 1 000
Valeur comptable après 2 750 3300 4950 11 000
allocation du siège
% du siège dans l'UGT 9 % (2) 9% 9%
(1)2 500/10000 (2) 250/2 750
On procède au test de dépréciation des UGT (chiffres en K€) :
Fin N UGT A UGTB UGTC
Valeur comptable après allocation du 2750 3 300 4950
siège
Valeur d'utilité UGT 2 100 3 200 5 000
Perte de valeur (650) (100) 0
Ensuite, la perte de valeur est affectée aux actifs des UGT (chiffres en K€) :
FinN UGT A UGTB UGTC
Au siège 59(1) 9 0
Aux autres actifs 591 91 0
Perte de valeur totale (650) (100) 0
(1)650x9 %
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

144. - Exemple.

Une entité F est composée de deux UGT : X et Y. Aucun goodwill ne figure au bilan
de F. Un test de dépréciation doit être réalisé, suite à des évolutions technologiques
défavorables. L'entité F dispose d'un centre de recherche dont la valeur comptable,
égale à 300 millions d'euros, ne peut pas être allouée sur une base cohérente et
raisonnable aux UGT. La valeur recouvrable des UGT et de F a pour base la valeur
d'utilité.
UGT A UGTB Centre de Entité f
recherche
Valeur 1 000 millions 2 000 millions 300 millions 3 300
comptable millions
Valeur d'utilité 900 millions 1 600 millions N/A 3 150
millions
L'actif de support (le centre de recherche) ne pouvant pas être alloué sur une base
cohérente et raisonnable aux UGT, il est alloué au plus petit groupe d'UGT, ici l'entité
F.
- Dans un premier temps, les pertes de valeur propres aux UGT doivent leur être
affectées (chiffres en millions d'euros) :
UGT A UGTB
Valeur comptable 1 000 2 000
Valeur d'utilité 900 1 600
Perte de valeur (100) (400)
Valeur comptable après perte de valeur 900 1 600

- Dans un deuxième temps, la valeur recouvrable de F, plus petit groupe d'UGT, est
comparée à la valeur comptable des UGT après pertes de valeur additionnée à ta
valeur comptable du centre de recherche (chiffres en millions d'euros).
LE BILAN

UGT A UGTB Centre de Entité F


recherche
Valeur comptable après perte 900 1 600 300 2 800
de valeur
Valeur d'utilité 3 150
La valeur d'utilité (valeur recouvrable) excède la valeur comptable de l'entité, donc il n'y
a pas de perte de valeur supplémentaire à constater.
Si la valeur d'utilité de F était de 2 700 millions d'euros, une perte de valeur
supplémentaire de 100 millions d'euros devrait être constatée, entièrement affectée au
centre de recherche (actif de support) puisque la valeur comptable d'un actif isolé ou
d'une UGT ne peut pas être inférieure à sa valeur d'utilité après imputation des pertes
de valeur, aucune perte de valeur supplémentaire ne peut être affectée aux UGT.

c) Les reprise d'une perte de valeur sur immobilisations incorporelles


145. - On applique les mêmes modalités que celles décrites pour les actifs corporels
(V. infra, n° 216). Cependant, les pertes de valeur constatées sur le goodwill ne
peuvent pas être reprises, elles sont définitives.
B. - L'évaluation selon le modèle de la réévaluation
146. - Lorsque l'entité a opté pour la réévaluation, les actifs incorporels sont évalués
à leur juste valeur diminuée du cumul des amortissements et des éventuelles pertes
de valeur ultérieures (IAS 38, § 75). La juste valeur doit être déterminée par
référence à un marché actif. La norme IAS 38, § 78, précise qu'il est exceptionnel
qu'un marché actif existe pour les immobilisations incorporelles, mais cela peut se
produire pour certaines d'entre elles telles que les licences de taxis, licences de
pêche, ou quotas de production librement cessibles. Il est en revanche précisé qu'un
marché actif est supposé ne pas exister pour les marques, les notices et titres de
journaux, les droits d'édition musicale et cinématographique et les brevets, qui ne
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
peuvent donc pas être réévalués. Le modèle de la réévaluation est donc très
rarement applicable aux immobilisations incorporelles.
147. - La fréquence des réévaluations dépend de la volatilité des variations de la
juste valeur des immobilisations réévaluées. Le traitement comptable des
réévaluations est le même que pour les immobilisations corporelles
(V. infra, n° 220).
§ 3. - Les informations à fournir
148. - Pour chaque catégorie d'immobilisations, les informations suivantes doivent
être obligatoirement fournies en distinguant les immobilisations générées en interne
des autres (IAS 38, § 118) :
- la nature des durées d'utilité, finie ou infinie ;
- pour les immobilisations à durée d'utilité finie : la durée d'utilité, le taux
d'amortissement, le mode d'amortissement utilisé ;
- la valeur brute comptable et le cumul des amortissements à l'ouverture et à la
clôture ;
- un rapprochement entre la valeur comptable à l'ouverture et à la clôture de
l'exercice montrant :
- les entrées d'immobilisations incorporelles en indiquant celles acquises, celles
générées en interne et celles résultant de regroupements d'entreprises,
- les actifs détenus en vue de la vente selon IFRS 5 et les autres sorties,
- les éventuelles augmentations ou les diminutions durant l'exercice résultant des
réévaluations et des pertes de valeur comptabilisées ou reprises directement en
capitaux propres selon IAS 36 ;
- les pertes de valeur comptabilisées dans le compte de résultat durant l'exercice
selon IAS 36 (s'il y a lieu) ;
- les pertes de valeur reprises dans le compte de résultat durant l'exercice selon IAS
36 (s'il y a lieu) ;
- les amortissements comptabilisés au cours de la période ;
- les différences de change nettes provenant de la conversion des états financiers
d'une entité étrangère ; et
- les autres variations de la valeur comptable au cours de la période.

149. - Lorsque des pertes de valeur ont été constatées, des informations
spécifiques doivent être fournies selon IAS 36. Lorsqu'une perte de valeur ou une
reprise de perte de valeur significative a été constatée sur une unité génératrice de
trésorerie, les informations complémentaires suivantes doivent être communiquées
(IAS 36, § 130) :
- une description de l'UGT (par exemple s'il s'agit d'une ligne de produits, d'une
usine, d'une activité, d'une zone géographique...) ;
- le montant de la perte de valeur comptabilisée ou reprise par catégorie d'actifs, et si
l'entité communique des informations selon IAS 14, par secteur primaire ;
- en cas de changement du regroupement d'actifs composant l'UGT depuis la
dernière estimation de la valeur recouvrable de l'UGT, une description du mode
actuel et du mode antérieur de regroupements d'actifs et des raisons ayant conduit à
un changement.
150. - Lorsque la valeur comptable du goodwill ou des immobilisations
incorporelles ayant une durée d'utilité indéterminée allouées à une UGT (ou à un
groupe d'UGT) est importante par rapport à la valeur totale des goodwill et des
immobilisations incorporelles à durée de vie indéterminée de l'entité, les informations
suivantes sont communiquées (IAS 36, § 134) :
- valeur comptable du goodwill et des immobilisations incorporelles à durée d'utilité
indéterminée allouées à l'UGT ;
- la base sur laquelle la valeur recouvrable de l'UGT a été déterminée (valeur d'utilité
ou juste valeur diminuée des coûts de vente) ;
- lorsque la valeur recouvrable est basée sur la valeur d'utilité :
- une description des hypothèses clés sur lesquelles sont fondées les projections de
flux de trésorerie en justifiant l'approche retenue,
- la période sur laquelle les flux de trésorerie ont été estimés et lorsque cette période
excède cinq ans, une justification de ce choix d'une période plus longue ainsi que le
taux de croissance utilisé pour extrapoler les flux de trésorerie au-delà de cinq ans,
- le taux d'actualisation appliqué au flux de trésorerie ;
- lorsque la valeur recouvrable est fondée sur la juste valeur diminuée des coûts de
vente : une description des hypothèses clés sur lesquelles est fondée l'estimation de
la juste valeur, ainsi qu'une justification de l'approche retenue ;
- tout changement raisonnablement possible d'une hypothèse clé sur laquelle la
direction a fondé son estimation de la valeur recouvrable pouvant conduire à ce que
LE BILAN
la valeur comptable d'une UGT (ou groupe d'UGT) excède sa valeur recouvrable en
précisant dans ce cas :
- le montant pour lequel, selon les hypothèses clés actuelles, la valeur recouvrable
de l'UGT concernée excède sa valeur comptable,
- la valeur attribuée à l'hypothèse clé susceptible d'être modifiée,
- le montant pour lequel l'hypothèse clé doit changer pour que la valeur comptable
de l'UGT excède sa valeur recouvrable.
151. - Lorsque la valeur comptable des goodwill et immobilisations incorporelles à
durée d'utilité indéterminée, allouées à des UGT (ou un groupe d'UGT) n'est pas
significative par rapport à la valeur comptable totale des goodwill et immobilisations
incorporelles à durée d'utilité indéterminée de l'entité, ce fait doit être signalé en
indiquant la valeur totale des goodwill et immobilisations incorporelles à durée
d'utilité indéterminée allouées à ces UGT (ou groupe d'UGT).
152. - Lorsque des immobilisations incorporelles ont été réévaluées, les informations
suivantes doivent être fournies (LAS 38, § 124) :
- par catégorie d'immobilisations : la date d'entrée en vigueur de la réévaluation, la
valeur comptable des immobilisations réévaluées, la valeur comptable qu'auraient eu
ces immobilisations si elles avaient été évaluées selon le modèle du coût ;
- le montant de l'écart de réévaluation à la clôture et à l'ouverture de l'exercice;
- les méthodes et hypothèses importantes retenues pour estimer la juste valeur.
153. - Les informations suivantes doivent également être fournies de manière
obligatoire (IAS 38, § 122 et 126) :
- la valeur comptable des immobilisations ayant une durée de vie indéterminée et les
raisons justifiant l'appréciation d'une durée de vie indéterminée ;
- une description, la valeur comptable et la durée d'amortissement restant à courir de
toute immobilisation incorporelle significative ;
- une information spécifique pour les immobilisations incorporelles acquises
au moyen de subventions publiques ;
- l'existence et la valeur comptable des immobilisations dont la propriété est soumise
à restriction, ou qui ont été données en nantissement de dettes ;
- le montant des engagements contractuels en vue de l'acquisition d'immobilisations
incorporelles ;
- le montant global des dépenses de recherche et développement comptabilisées en
charges de la période.
154. - Enfin, une entité est encouragée, mais sans obligation, à communiquer les
informations suivantes (IAS 38, § 128) :
- une description de toute immobilisation incorporelle entièrement amortie mais
toujours utilisée ;
- une brève description des immobilisations incorporelles importantes contrôlées par
l'entité mais non inscrites à l'actif car elles ne répondent pas aux critères de
comptabilisation d'un actif incorporel ou ont été acquises ou générées avant l'entrée
en vigueur de la norme IAS 38 publiée en 1998 (révisée en 2004).
155. - Illustration.

Extrait du rapport annuel 2005 d'EADS


« Dépréciation d'actifs - Le Groupe évalue à chaque date d'arrêté des comptes s'il
existe une indication de perte de valeur d'un actif. En outre, les immobilisations
incorporelles avec une durée d'utilité indéfinie, les immobilisations incorporelles non
encore disponibles à l'utilisation et les écarts d'acquisition font l'objet d'un test de
dépréciation à la fin de chaque exercice financier, indépendamment du fait de savoir
s'il existe une indication de perte de valeur. Si la valeur nette comptable est
supérieure au montant économique, l'actif correspondant ou les actifs compris dans
des unités générant leur propre trésorerie sont ramenés à leur valeur économique.
La valeur économique d'un actif ou d'une unité génératrice de trésorerie est la valeur
la plus élevée entre sa juste valeur diminuée des coûts de vente et sa valeur d'utilité.
La valeur d'utilité est la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs que l'on espère
obtenir d'un actif ou d'une unité génératrice de trésorerie. Les taux d'actualisation
utilisés sont cohérents avec les flux de trésorerie futurs estimés afin d'éviter une
double comptabilisation ou de ne pas tenir compte de certains effets tels que
l'inflation ou les impôts. Les taux d'actualisation utilisés pour déterminer la valeur
d'un actif sont des taux avant imposition qui traduisent l'évaluation actuelle du
marché de (i) la valeur temporelle de l'argent et (ii) le risque propre à l'actif pour
lequel les estimations des flux de trésorerie futurs n'ont pas été ajustées. Ces taux
sont estimés à partir du taux implicite dans les opérations de marché courantes pour
des actifs similaires ou à partir du coût du capital moyen pondéré d'une entité cotée
comparable. Les taux en question refléteront le retour sur investissement que les
investisseurs exigeraient pour l'actif examiné.
Les pertes de valeur comptabilisées pour les écarts d'acquisition ne sont jamais
reprises. Celles qui concernent des investissements dans des instruments de
capitaux propres classés comme étant des actifs financiers disponibles à la
vente (voir ci-dessous : Investissements) sont inscrites parmi les autres écarts
de réévaluation à la juste valeur cumulés. Pour tout autre actif, une
dépréciation comptabilisée au cours des exercices antérieurs est reprise en
résultat pour ramener l'actif à sa valeur économique sous réserve qu'il y ait eu
une modification des estimations retenues pour déterminer la valeur
économique de l'actif depuis la dernière dépréciation a été comptabilisée. La
valeur comptable de l'actif correspondant est augmentée à hauteur de sa
valeur économique en prenant en compte tout amortissement ou dépréciation
qui aurait été imputable sur la valeur comptable de l'actif depuis la dernière
dépréciation comptabilisée. »
156. - Commentaires : une autre note donne le détail des valeurs brutes des
immobilisations incorporelles, des amortissements et des dépréciations. EADS
fournit les informations requises par IAS 38 concernant le détail de la variation de la
valeur brute, de la valeur nette etc., sans faire de distinction toutefois entre les
immobilisations générées en interne et les autres. En ce qui concerne les
dépréciations, le mode opératoire décrit par EADS correspond exactement à ce
qu'exigé IAS 36. On notera cependant que peu d'explications sont fournies quant à la
constitution des unités génératrices de trésorerie, mais il est vrai qu'IAS 36 n'exige la
publication de cette information qu'en cas de perte de valeur importante
comptabilisée ou reprise sur une UGT.

LE BILAN

Section 3
LES IMMOBILISATIONS CORPORELLES (Y COMPRIS LES
IMMEUBLES DE PLACEMENT)
§ 1. - Les immobilisations corporelles à l'exception des immeubles de
placement
157. - Selon le Cadre conceptuel, un actif est une ressource contrôlée par
l'entreprise du fait d'événements passés et dont des avantages économiques futurs
sont attendus par l'entité et dont le coût peut être estimé de façon fiable.
158. - IAS 16, Immobilisations corporelles, définit une immobilisation corporelle
comme un actif contrôlé par l'entité qui peut :
- être utilisé dans la production de biens ou services (c'est le cas d'un matériel
industriel par exemple) ;
- être utilisé à des fins administratives (un photocopieur par exemple) ;
- ou être loué à des tiers (un immeuble locatif par exemple).
159. - La norme IAS 16 s'applique à la comptabilisation des immobilisations
corporelles sauf lorsqu'il existe une autre norme comptable internationale imposant
ou autorisant un traitement différent :
- les biens acquis par un contrat de location-financement doivent être comptabilisés
à l'actif en application du principe comptable de substance over form (prééminence
de la réalité économique sur l'apparence juridique) et conformément à IAS 17,
Contrats de location ;
- selon IAS 40, Immeubles de placement, les immeubles de placement peuvent être
évalués selon le modèle du coût ou selon le modèle de la juste valeur ;
- les actifs destinés à être vendus doivent faire l'objet d'une présentation sur une
ligne distincte à l'actif du bilan (IFRS 5).

A. - Les règles de comptabilisation et d'évaluation initiale des


immobilisations corporelles
1° Les conditions de comptabilisation d'une immobilisation corporelle et de
sa décomptabilisation
160. - Une immobilisation doit être enregistrée à l'actif si et seulement si « il est
probable que les avantages économiques futurs associés à cet élément iront à
l'entité et le coût de cet actif peut être évalué de façon fiable » (IAS 16, §7).
161. - Les principes suivants sont applicables pour regrouper ou séparer des actifs
dans des cas particuliers :
- les éléments de faible valeur peuvent être regroupés pour faire l'objet d'une valeur
globale (c'est le cas par exemple des moules ou des outils -IAS 16, §9);
- certaines immobilisations corporelles sont acquises pour des raisons de s écurité ou
environnementales mais ne génèrent pas directement d'avantages économiques
futurs. Elles sont cependant considérées comme nécessaires pour obtenir les
avantages économiques futurs des autres actifs et sont donc comptabilisées en
immobilisations incorporelles (IAS 16, § 11) ;
- les pièces de rechange et d'entretien : elles constituent habituellement des charges
lors de leur consommation. Cependant, les pièces de rechange principales et le
stock de pièces de sécurité constituent des immobilisations corporelles si l'entreprise
compte les utiliser sur plus d'un exercice. De même, les pièces de rechange et
d'entretien qui ne peuvent être utilisées qu'avec une seule immobilisation sont
comptabilisées en immobilisations corporelles (IAS 16, § 8).
162. - Illustration.

Extrait du rapport annuel Groupe EDF (31 déc. 2005)


« Les pièces de sécurité stratégiques des installations nucléaires constituent des
immobilisations corporelles. Elles sont amorties au prorata de la durée de vie des
centrales ou de la durée d'utilisation des paliers auxquels elles sont affectées. »

INFORMATION FINANCIÈRE EN 1FRS

163. - La valeur comptable d'une immobilisation doit être décomptabilisée lors de


sa sortie ou lorsqu'aucun avantage économique futur n'est attendu de sa sortie ou de
son utilisation (IAS 16, § 67). Les gains ou pertes réalisées lors de la
décomptabilisation correspondent à la différence entre l'éventuel produit net de la
cession et la valeur nette comptable de l'actif. Ils doivent être comptabilisés en
résultat au cours de l'exercice de la décomptabilisation. Les gains réalisés ne doivent
pas être classés en produits des activités ordinaires (IAS 16, § 68). En cas de
décomptabilisation d'une immobilisation corporelle réévaluée, l'écart de réévaluation
est en principe reclassé à l'intérieur des capitaux propres en réserves (IAS 16, § 41).
2° L'évaluation initiale des immobilisations corporelles
a) Présentation générale
164. - Les immobilisations corporelles peuvent être acquises, produites ou obtenues
par voie d'échange. Celles qui remplissent les conditions pour être comptabilisées en
tant qu'actif sont enregistrées à leurs coûts (d'acquisition ou de production)
directement attribuables.
165. - Le coût d'un actif est défini comme « le montant de trésorerie ou d'équivalents
de trésorerie payé ou la juste valeur de toute autre contrepartie donnée pour acquérir
un actif au moment de son acquisition ou de sa construction » (IAS 16, § 6). Le coût
d'une immobilisation corporelle est donc égal à son coût d'achat augmenté des frais
directement rattachables (IAS 16, § 16). Le coût d'achat d'une immobilisation
corporelle correspond à son prix d'achat, après déduction des remises et rabais
commerciaux et y compris les droits de douane et taxes non récupérables.
166. - Une immobilisation corporelle produite par l'entreprise pour son propre
usage est comptabilisée au coût de production, lequel est déterminé dans les mêmes
conditions que le coût d'acquisition (IAS 16, § 22).
167. - Une immobilisation corporelle acquise par voie d'échange doit en
principe être comptabilisée à la juste valeur de l'immobilisation donnée, sauf si la
juste valeur de l'immobilisation reçue peut être déterminée de façon plus fiable.
Cependant, lorsque l'échange manque de substance commerciale ou qu'il est
impossible de déterminer la juste valeur des actifs échangés, l'actif corporel reçu en
échange est comptabilisé à sa valeur nette comptable (IAS 16, §24 à 26).
168. - Lorsqu'une immobilisation corporelle est composée d'éléments de durées
d'utilité différentes, les différents éléments doivent être inscrits séparément à l'actif
afin d'être amortis sur leur propre durée d'utilité. Cette approche par composants
est obligatoire pour tout élément dont le coût est significatif par rapport au coût total
(IAS 16, § 43). Lorsqu'une immobilisation doit faire l'objet d'une maintenance
LE BILAN

périodique, l'approche par composants permet d'immobiliser le coût de la


maintenance. Les provisions pour grandes révisions n'ont donc pas lieu d'être.
169. - Illustration.

170. - Illustration.

Extrait du rapport annuel Groupe EDF (31 déc. 2005)


« Les coûts de révision décennale imposée réglementairement pour les centrales
Extrait duetrapport
nucléaires annuelthermiques
les centrales 2004-2005àd'Air France
flamme constituent un composant de la
« Les avions
valeur de cessont amortis selon
installations, le mode
qui est amortilinéaire
sur unesur leur de
durée durée
dix moyenne d'utilisationà
ans correspondant
estimée.
l'intervalleDepuis le deux
séparant 1er avril 1997, »cette durée est fixée à dix-huit ans en tenant
révisions.
compte d'une valeur résiduelle évaluée à 10 % du coût d'acquisition.
Les aménagements et équipements commerciaux des avions acquis depuis le 1 er
avril 1997 sont isolés du coût d'acquisition des appareils et amortis de manière
linéaire sur une durée de cinq ans correspondant à leur durée d'utilisation moyenne.
Les aménagements et équipements commerciaux des avions acquis antérieurement
sont amortis sur la même durée que ces derniers. »

171. - Des dépenses ultérieures comme les coûts d'entretien et de réparation (ou
maintenance) constituent en principe des charges de l'exercice au cours duquel elles
sont encourues et ne doivent donc pas être intégrées au coût de l'actif (IAS16, § 12).
Certaines dépenses peuvent cependant être ajoutées au coût de l'actif, au moment
où elles sont effectuées. Il s'agit des dépenses augmentant la valeur de l'actif, c'est-
à-dire qui améliorent son niveau de performance tel que défini à l'origine et génèrent
ainsi des avantages économiques futurs.

b) Les frais directement rattachables


172. - Les frais directement rattachables comprennent (liste non exhaustive) :
- les coûts de préparation du site ;
- les frais de livraison et de manutention initiaux (les frais engagés postérieurement à
la première mise en service de l'actif, à l'occasion par exemple d'un transfert de l'actif
sur un autre site ne font pas partie du coût d'acquisition) ;
- les honoraires de professionnels, tels qu'architectes et ingénieurs ;
- le coût des tests de bon fonctionnement de l'actif, après déduction de l'éventuel
produit net de la vente des éléments produits pendant la période de tests (tels que
des échantillons par exemple) ;
- le coût estimé de démantèlement et transport de l'actif et de rénovation du site, à
condition que ce coût fasse l'objet d'une provision selon IAS 37. Cela suppose
l'existence d'une obligation actuelle de remise en état ou de démantèlement, qui
donnera probablement lieu à une sortie de ressource et qui peut être évaluée de
manière fiable ;
- les frais financiers si l'actif est éligible selon IAS 23, Charges d'emprunt (V. infra, n°
178).
173. - Certains frais sont obligatoirement comptabilisés en charges selon IAS 16,
§ 19 et 20 :
- les coûts d'ouverture d'une nouvelle installation ;
- les coûts d'introduction d'un nouveau produit (publicité, etc.) ;
- les frais administratifs et autres frais généraux ;
- les pertes supportées avant que l'immobilisation ne parvienne à la performance
prévue ;
- les frais de formation du personnel.

INFORMATION FINANCIERE EN IFRS

174. - Exemple d'une acquisition d'un matériel industriel.


Une entité acquiert un matériel industriel dans les conditions suivantes :
- Prix d'acquisition : 200 000 €
- Droits de douane : 15 000 € ?
- Frais de transport : 5 000 €
- Frais d'installation et de mise en service : 3 000 €
- Frais de formation du personnel : 3 000 €
Le matériel n'ayant pas fonctionné dans des conditions normales pendant 1 mois, le
contrôle de gestion a chiffré à 3 500 € tes pertes opérationnelles liées à ce
dysfonctionnement. Le coût de ce matériel à l'actif est de : 223 000 € (= 200 000 + 15
000 + 5 000 + 3 000).

175. - Exemple d'une construction d'une centrale nucléaire.

Une entité construit en N une centrale nucléaire dont la durée d'utilité est estimée à
quarante ans. Le coût de production de cette centrale est de 800 millions d'euros. À
l'issue de la période d'exploitation, la centrale devra être démantelée et le site remis
en état. Les coûts de démantèlement et de remise en état sont estimés à 45 millions
d'euros.
Le coût de cette centrale nucléaire à l'actif est de 845 millions d'euros. Une provision
de 45 millions d'euros doit être constituée. Les écritures suivantes peuvent être
comptabilisées :
N
Constructions 845 millions
Provisions 45 millions
; : Banque 800 millions
La provision sera ensuite progressivement augmentée pour tenir compte du temps
(effet de l'actualisation). Elle sera intégralement reprise sur l'exercice au cours
LE BILAN
duquel se produira la dépense de démantèlement et de remise en état.

176. - Illustration.
Extrait du rapport annuel du groupe EDF (31 déc. 2005)
« Le coût des installations réalisées en interne comprend tous les coûts directs de
main-d'œuvre, de pièces et tous les autres coûts directs de production incorporables
à la construction de l'actif (...)
Par ailleurs, des actifs ont été comptabilisés en contrepartie des provisions
constituées au titre d'obligations liées à la déconstruction des centrales et des coûts
de derniers cœurs des centrales nucléaires. À la date de mise en service, ces actifs
sont évalués et valorisés aux mêmes conditions que la provision dont ils sont la
contrepartie. »

c) Les frais financiers liés au coût d'une immobilisation corporelle


177. - Les frais financiers sont obligatoirement incorporés au coût d'une
immobilisation corporelle selon IAS 23 si l'actif est éligible. Si l'actif n'est pas éligible,
les frais financiers sont comptabilisés en charges de l'exercice au cours duquel ils
sont encourus.
178. - Un actif éligible est un actif qui exige une longue période de préparation
avant de pouvoir être vendu ou utilisé (IAS 23, § 4). On peut citer comme actifs
éligibles les stocks qui nécessitent une période de préparation, les installations de
fabrication, les installations de production d'énergie, les immeubles de placement. En
revanche, les autres investissements et stocks qui sont produits de façon régulière
ne constituent pas des actifs éligibles.
179. - Les coûts d'emprunt peuvent inclure (IAS 23, § 5) :
- les intérêts sur découverts et sur emprunts à court et long terme ;
- l'amortissement des primes d'émission ou de remboursement relatives aux
emprunts ;
- l'amortissement des coûts accessoires encourus pour la mise en place des
emprunts ;
- les charges financières en rapport avec les contrats de location-financement (V.
infra, n° 746) ;
- les différences de change résultant des emprunts en devises dans la mesure où
elles sont assimilées à un ajustement de coûts d'intérêts.
180. - Les coûts d'emprunt entrant dans le coût de l'actif correspondent aux coûts
qui auraient pu être évités si l'actif n'avait pas été acquis ou produit (IAS 23, § 13).
Lorsqu'une entité emprunte des fonds spécifiquement en vue de l'acquisition ou
de la production d'un actif éligible, il est aisé de déterminer les coûts d'emprunts
directement attribuables à l'actif. Si les fonds empruntés sont temporairement placés,
les coûts d'emprunt incorporés au coût de l'actif correspondent aux coûts d'emprunt
réels, déduction faite du produit généré par le placement temporaire des fonds.
181. - Exemple.

Une entité a démarré la construction d'un immeuble destiné à sa propre utilisation.


Elle a contracté un emprunt afin de financer la construction de cet immeuble dans les
conditions suivantes :
- Montant de l'emprunt : 700 000 €
- Durée : 2 ans à compter de la date d'obtention soit le 1 er mars N, remboursement in
fine
- Taux d'intérêt : 5 %
Début de la construction : 1er avril N
Fin de la construction : fin janvier N+2
Coût de la construction : 1 000 000 € (hors coûts d'emprunt)
L'entité n'ayant pas besoin de l'intégralité des fonds dès le début de la construction,
elle a placé 300 000 € pendant six mois, puis 100 000 € pendant un an, au taux de 4
%. L'entité choisit d'incorporer les coûts d'emprunt au coût de l'actif selon IAS 23.
Les coûts d'emprunt incorporés sont de :
700 000 x 5 % x 22/12 = 64 166 € (on ne retient que les coûts d'emprunt relatifs à la
période de production de l'immeuble).
Le produit du placement de l'emprunt non utilisé doit être déduit, il s'élève à : (300
000 x 4 % x 6/12) + (100 000 x 4 %) = 10 000 €.
Les coûts d'emprunt incorporés au coût de l'actif se montent à 54 166 € ; le coût de
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
l'actif sera donc de 1 054 166 €.

182. - Lorsque les fonds sont empruntés de façon générale, le montant des coûts
d'emprunt affectés au coût de l'actif est obtenu en appliquant un taux de
capitalisation aux dépenses relatives à l'actif. Ce taux de capitalisation correspond à
la moyenne pondérée des coûts d'emprunts applicables aux emprunts de l'entreprise
au cours de l'exercice, autres que les emprunts contractés spécifiquement dans le
but d'acquérir ou produire l'actif concerné (IAS 23, § 17).
183. - Exemple.

Courant N, une entité a construit pour son propre usage un bien immobilier pour un
montant de 1 200 000 €. Les travaux ont débuté le 1 er janvier et sont terminés fin
décembre. Aucun emprunt spécifique n'a été contracté pour financer cette
acquisition, mais les différents emprunts contractés par l'entité pendant l'intégralité
de l'exercice N ont été les suivants :
- Emprunt moyen terme : 500 000 € à 5 %
- Découvert : 100 000 € à 10 %
- Crédit spot : 300 000 € à 6 %
Le taux de capitalisation est donc de :
(500 000 x 5 %) + (100 000 x 10 %) + (300 000 x 6 %)/ 900 000 = 5,88 % Les coûts
d'emprunt à incorporer au coût de l'immeuble s'élèvent à : 1 200 000 x 5,88 % = 70
560 €.
LE BILAN
184. - Illustration.
185. - L'incorporation des coûts d'emprunt au coût d'un actif doit cesser au cours

Extrait du rapport annuel 2004-2005 d'Air France


« Les immobilisations corporelles sont évaluées au coût historique d'acquisition ou
de fabrication.
Les intérêts financiers des capitaux utilisés pour financer les investissements,
pendant la période précédant leur mise en exploitation, sont considérés comme
partie intégrante du coût de revient des investissements réalisés à compter du 1 er
avril 1997. Dans la mesure où les acomptes sur investissements ne sont pas
financés par le biais d'emprunts spécifiques, le Groupe retient le taux moyen d'intérêt
des emprunts non affectés en cours à la date de clôture de l'exercice considéré. »
des longues périodes d'interruption de l'activité productive. Elle cesse définitivement
lorsque les activités indispensables à la préparation de l'actif préalablement à son
utilisation ou à sa vente sont pratiquement terminées.
186. - Lorsque les conditions de règlement d'une immobilisation corporelle prévoient
un paiement différé, elle doit être inscrite à sa valeur actuelle. La différence entre le
règlement total et la valeur actuelle est alors comptabilisée en charges financières,
sauf si l'actif est éligible (V. supra, n° 178).
187. - Exemple.

Le coût d'acquisition d'un matériel industriel est de 300 000 €, payable dans deux
ans, sans intérêts. Le taux d'intérêt est de 4 %. L'immobilisation est inscrite pour sa
valeur actuelle, soit :
N
Matériel industriel 277 366
Charges financières 22 634
Banque 300 000
Si l'actif est éligible et si l'entité avait opté pour l'autre traitement autorisé par IAS 23,
le coût du matériel aurait été de 300 000 €.

B. - L'évaluation à la clôture de l'exercice


188. - IAS 16 propose deux méthodes d'évaluation après la comptabilisation initiale :
la méthode du coût ou la méthode de la réévaluation. Si la méthode de la
réévaluation est retenue, elle doit s'appliquer à l'ensemble d'une catégorie
d'immobilisations corporelles (IAS 16, § 29).
189. - Une catégorie d'immobilisations corporelles est un regroupement d'actifs
de nature et d'usage similaires au sein de l'activité d'une entité (IAS 16, § 37). On
peut citer comme catégorie d'immobilisations corporelles :
- les terrains ;
- les terrains et constructions ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- les machines ;
- les véhicules à moteur ;
- les mobiliers et agencements ;
- les matériels de bureau.
1° L'évaluation selon le modèle du coût
190. - L'immobilisation corporelle est évaluée au coût d'entrée diminué des
amortissements cumulés et des éventuelles pertes de valeur.
a) L'amortissement des immobilisations corporelles
191. - Les immobilisations corporelles s'amortissent toujours à l'exception des
terrains dont la durée d'utilité est illimitée (à l'exception des carrières et des sites de
décharge). Le montant amortissable de l'actif corporel doit être systématiquement
réparti sur sa durée d'utilité. L'amortissement d'un actif commence dès qu'il peut être
mis en service.
192. - Le montant amortissable correspond au coût d'entrée initial de l'actif corporel
diminué de son éventuelle valeur résiduelle. La valeur résiduelle est le montant que
l'entité s'attend à obtenir de la sortie de l'actif à l'issue de sa durée d'utilité et après
déduction des coûts de sortie attendus. Dans la pratique, la valeur résiduelle d'un
actif est très souvent négligeable et n'est donc pas prise en compte dans le montant
amortissable (IAS 16, § 53). On peut cependant citer le cas d'Air France, qui prend
en compte une valeur résiduelle égale à 10 % de la valeur d'origine pour déterminer
la base amortissable de ses avions (V. supra, n° 169).
193. - La durée d'utilité d'une immobilisation corporelle est déterminée en fonction
de l'utilité attendue de cet actif pour l'entité (IAS 16, § 57). Elle peut donc être plus
courte que sa durée de vie économique. Selon IAS 16 (§ 56), les facteurs suivants
doivent être pris en compte pour déterminer la durée d'utilité d'un actif :
- l'usage attendu de l'actif, déterminé par référence à la capacité ou à la production
physique attendue de cet actif ;
- l'usure physique attendue ;
- l'obsolescence technique ou commerciale, découlant de changements dans la
production ou dans la demande du produit ou service fourni par l'actif.
194. - Le mode d'amortissement choisi doit refléter le rythme de consommation des
avantages économiques futurs attendus de l'actif (IAS 16, § 60). Différents modes
d'amortissement peuvent donc être utilisés, parmi lesquels on peut citer le mode
linéaire, le mode dégressif ou le mode des unités de production. Le mode
d'amortissement d'un actif doit être réexaminé à chaque clôture. Il doit être modifié si
le rythme de consommation des avantages économiques futurs attendus a connu un
changement important (IAS 16, § 61).
195. - Exemple.
Une entreprise a acquis en N un matériel industriel destiné à la production d'un
produit P, qu'elle a l'intention d'utiliser trois ans, alors que sa durée de vie
économique est de six ans. Le coût d'acquisition de ce matériel est de 200 000 €. Sa
valeur résiduelle à t'issue des trois ans est estimée à 60 000 €. Le mode
d'amortissement retenu est celui des unités de production. Les prévisions de
production du produit P sont les suivantes : :

N ; 20 000 unités
N+1 : 80 000 unités
N+2 : 60 000 unités
La base amortissable est de 140 000 € (= 200 000 - 60 000). On obtient le tableau
d'amortissement suivant :
Années Calcul de la dotation Dotation de l'année
N (140 000 x 20 000) / 160 000 17 500
N+1 (140 000 x 80 000) / 160 000 70 000
N+2 (140 000 x 60 000) / 1 60 000 52 500

b) Les dépréciations des immobilisations corporelles


196. - La dépréciation des immobilisations corporelles est traitée par IAS 36,
DépréciaPtion des actifs, qui s'applique également aux actifs incorporels. Dans cette
étude, nous abordons la dépréciation des actifs corporels générateurs de trésorerie.
Le cas des actifs corporels rattachés à des unités génératrices de trésorerie a déjà
été traité dans la section consacrée aux immobilisations incorporelles (V. supra, n°
131).
197. - Lorsqu'il existe un indice de perte de valeur d'une immobilisation corporelle,
elle doit faire l'objet d'un test de dépréciation. Afin d'apprécier s'il existe un indice de
perte de valeur, une entité doit considérer des sources
56
LE BILAN
d'informations externes et internes. IAS 36, § 12 fournit une liste de ces sources
d'informations, en précisant qu'il ne s'agit pas d'une liste exhaustive.
198. - La norme cite comme indices externes :
- la baisse significative de la valeur de marché ;
- d'importants changements dans l'environnement technologique, économique ou
juridique ayant un effet négatif sur l'entité sont survenus ou vont survenir dans un
futur proche ;
- l'évolution des taux d'intérêt du marché ayant pour effet une augmentation du taux
d'actualisation utilisé par l'entité pour calculer la valeur d'utilité (V. infra, n° 208) ;
- la valeur nette comptable de l'actif supérieure à sa capitalisation boursière.
199. - Sont cités par la norme en tant qu'indices internes :
- l'obsolescence ou la dégradation physique de l'actif ;
- les changements importants dans l'utilisation de l'actif ayant des effets négatifs pour
l'entité ;
- la performance économique de l'actif moins bonne que prévue.
200. - Le test de dépréciation consiste à déterminer la valeur recouvrable
de l'actif testé et à la comparer avec sa valeur comptable. Si la valeur recouvrable
est inférieure à la valeur comptable de l'actif, une perte de valeur doit être
enregistrée afin de ramener la valeur de l'immobilisation à l'actif à sa valeur
recouvrable. Cette perte de valeur est immédiatement comptabilisée en résultat, sauf
si l'actif est comptabilisé pour son montant réévalué (V. infra, n° 221). Si la valeur
recouvrable excède la valeur comptable de l'actif, il ne se passe rien.
201. - La valeur recouvrable d'un actif est la plus élevée entre sa juste valeur
diminuée des coûts de la vente et sa valeur d'utilité (IAS 36, § 18). Elle est
déterminée pour un actif pris individuellement, à moins que l'actif ne génère pas
d'entrées de trésorerie largement indépendantes des entrées de trésorerie générées
par d'autres actifs. Dans ce dernier cas, la valeur recouvrable est déterminée par
l'unité génératrice de trésorerie à laquelle appartient l'actif.
202. - La juste valeur d'un actif diminuée des coûts de vente est déterminée en
utilisant, par ordre de priorité, les critères suivants (IAS 36, § 25 à 28) :
- prix figurant dans un accord de vente irrévocable signé dans des conditions de
concurrence normale et ajusté afin de prendre en compte les coûts marginaux
directement attribuables à la sortie de l'actif ;
- prix de marché, lorsqu'il existe un marché actif, diminué des coûts de sortie ;
- estimation de la juste valeur à partir de la meilleure information disponible pour
refléter le montant net des coûts de sortie qu'une entité pourrait obtenir pour la sortie
de l'actif lors d'une transaction dans des conditions de concurrence normale entre
des parties bien informées et consentantes.
203. - Les coûts de sortie sont par exemple (IAS 36, § 28) :
- les frais d'actes ;
- les droits de timbres et taxes similaires liées à la transaction ;
- les coûts d'enlèvement de l'actif ;
- les coûts marginaux directs engagés pour mettre l'actif en état d'être vendu.
Ne constituent pas des coûts de sortie :
- les indemnités de fin de contrat de travail ;
- les coûts associés à la réduction ou à la restructuration d'une activité.
57

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS


204. - La valeur d'utilité d'un actif est la valeur actualisée des flux de trésorerie
susceptibles d'être générés par l'actif (LAS 36, § 6). Le calcul de la valeur d'utilité
d'un actif doit refléter les éléments suivants (IAS 36, § 30) :
- une estimation des flux de trésorerie futurs que l'entité s'attend à obtenir de l'actif ;
- les attentes relatives à des variations éventuelles du montant ou de l'échéancier de
ces flux de trésorerie futurs ;
- la valeur temps de l'argent, représentée par le taux d'intérêt sans risque actuel du
marché ;
- le prix pour supporter l'incertitude inhérente à l'actif ;
- d'autres facteurs tels que l'illiquidité, que les participants du marché refléteraient
dans l'estimation des flux de trésorerie futurs que l'entité s'attend à obtenir de l'actif.
205. - L'estimation des flux de trésorerie futurs doit se faire en respectant les
principes suivants (IAS 36, § 33) :
- établir les projections de flux de trésorerie sur la base d'hypothèses raisonnables et
documentées couvrant la durée d'utilité de l'actif restant à courir. Un poids plus
important doit être accordé aux indications externes ;
- établir les projections de flux de trésorerie sur la base des prévisions ou budgets les
plus récents en excluant les entrées ou sorties de trésorerie futures susceptibles
d'être générées par des restructurations futures ou par l'amélioration de la
performance de l'actif. Ces prévisions doivent couvrir une période maximale de cinq
ans sauf si une période plus longue peut être justifiée. En effet, il est rare que des
budgets financiers explicites et fiables existent au-delà des cinq ans ;
- estimer les flux de trésorerie au-delà de la période couverte par les bud-
gets/prévisions les plus récents par extrapolation des projections établies sur la base
des budgets/prévisions en leur appliquant un taux de croissance. Ce taux est en
général stable ou décroissant et ne doit pas excéder le taux de croissance moyen à
long terme pour les produits, les secteurs d'activité ou le pays dans lequel l'entité
opère ;
- estimation des flux de trésorerie dans la monnaie dans laquelle ils sont générés,
puis actualisation en appliquant un taux d'actualisation approprié à cette monnaie et
LE BILAN
enfin conversion de la valeur actualisée.

206. - Les estimations des flux de trésorerie futurs doivent inclure


(IAS 36, § 39) :
- les projections des entrées de trésorerie futures relatives à l'utilisation continue de
l'actif ;
- les projections des sorties de trésorerie nécessaires pour obtenir les entrées de
trésorerie générées par l'actif. Ces sorties de trésorerie comprennent les frais de
gestion quotidiens de l'actif, qui incluent les dépenses nécessaires au maintien du
niveau des avantages économiques susceptibles d'être générés par l'actif, ainsi que
les frais généraux futurs pouvant être directement attribués à l'utilisation de l'actif ;
- les flux de trésorerie éventuels perçus lors de la sortie de l'actif à la fin de sa durée
d'utilité. Ces flux de trésorerie sont estimés de la même manière que la juste valeur
de l'actif diminuée des coûts de vente (V. supra, n° 202).
207. - Les estimations des flux de trésorerie futurs n'incluent pas
(IAS 36, § 43, 44 et 50) :
- les entrées de trésorerie d'actifs qui génèrent des entrées de trésorerie largement
indépendantes de celles de l'actif testé ;
- les sorties de trésorerie liées à des obligations qui ont déjà été comptabilisées en
tant que passifs (par exemple les fournisseurs, les provisions..) ;
- les entrées et sorties de trésorerie futures générées par une restructuration future
dans laquelle l'entité n'est pas encore engagée ;
- les flux de trésorerie futurs estimés provenant de l'amélioration ou de
l'accroissement de la performance de l'actif ;
- les entrées et sorties de trésorerie provenant d'activités de financement (déjà prises
en compte dans le taux d'actualisation) ;
- les entrées ou sorties liées à l'impôt sur le résultat.
208. - Le taux d'actualisation est un taux avant impôt qui reflète (IAS 36, § 55) :
- la valeur temps de l'argent ;
- les risques spécifiques à l'actif pour lequel les estimations de flux de trésorerie
futurs n'ont pas été ajustés.
209. - II s'agit donc du taux de rendement que des investisseurs demanderaient en
rémunération d'un placement générant des flux de trésorerie dont le montant,
l'échéancier et le profil de risques seraient équivalents à ceux que l'entité s'attend à
obtenir de l'actif. Si le taux d'actualisation inclut l'effet des augmentations de prix
dues à l'inflation, les flux de trésorerie sont exprimés en prix courants. Ils sont
exprimés en prix constants si le taux d'actualisation exclut l'effet des augmentations
des prix dues à l'inflation (IAS 36, § 40).
210. - Lorsqu'une entité ne peut pas obtenir du marché un taux spécifique à un actif,
elle doit utiliser des substituts pour estimer le taux d'actualisation (IAS 36, § 57). Elle
peut ainsi prendre en compte, comme point de départ :
- le coût moyen pondéré du capital de l'entreprise ;
- le taux d'emprunt marginal de l'entité ;
- d'autres taux d'emprunt sur le marché.
Ces taux doivent toutefois être ajustés afin de refléter la manière dont le marché
apprécierait les risques spécifiques associés aux flux de trésorerie estimés de l'actif
et pour exclure les risques qui ne sont pas pertinents ou au titre desquels les flux de
trésorerie estimés ont déjà été ajustés. Des risques tels que le risque pays, le risque
de change et le risque de prix doivent être pris en compte.
211. - Exemple.

La société Matind acquiert en janvier N un matériel industriel destiné à la production


du produit P1, dont le coût est de 550 000 €, amortissable en linéaire sur cinq ans, sa
durée d'utilité prévue. Sa valeur résiduelle est supposée nulle à l'issue des cinq ans.
Au 31/12/N+1, suite à une évolution technologique non envisagée, le directeur
financier de Matind décide d'effectuer un test de dépréciation sur ce matériel. Il
dispose pour cela des informations suivantes :
N+2 N+3 N+4
Nombre d'unités P1 produites (prévisions) 50000 40 000 30000
Marge prévue sur coût variable unitaire 3€ 3€ 3€
Frais d'entretien du matériel 10 000 € 5 000 € 3 000 €
Le taux d'actualisation utilisé par Matind est de 12 % et la juste valeur diminuée des
coûts de vente au 31/12/N+1 est estimée à : 250 000 €. Faut-il déprécier ce matériel
au 31/12/N+1 ?
Une évolution technologique risquant de rendre obsolète le matériel plus vite que
prévu constitue effectivement un indice de perte de valeur, conduisant à réaliser un
test de dépréciation.
Il convient d'abord de déterminer la valeur d'utilité en se basant sur les flux de
trésorerie prévisionnels suivants :
N+2 N+3 N+4
140 000 115 000 87000
Valeur d'utilité (flux de trésorerie actualisés) =
(140000/ 1,12) + (115000/ 1,122)+ (87 000 / 1,123} = 278 602 €
Arrondi à 278 000 €.
- La valeur recouvrable est donc de 278 000 € (valeur la plus élevée entre valeur
d'utilité et juste valeur diminuée des coûts de vente).
- La valeur nette comptable du matériel au 31/12/N+1 étant de 330 000 €
(= 550 000 * 3/5), une dépréciation de 52 000 € doit être constatée (= 330 000 - 278
000).
31/12/N+1
Dotations aux dépréciations d'actifs 52 000 52 000
Dépréciations d'actifs

212. - Lorsque le test de dépréciation conclut à une perte de valeur, celle-ci doit
immédiatement être comptabilisée en résultat, sauf si l'actif est comptabilisé pour son
montant réévalué (V. infra, n° 226). Après la comptabilisation de la perte de valeur, la
dotation aux amortissements est calculée sur la nouvelle valeur nette comptable de
l'actif.
213. - Exemple basé sur les données de l'exemple précédent.

La dotation aux amortissements comptabilisée de IM-t-2 à N+4 sera égale à :


278 000/3 ans = 92 667 €.

c) Les reprises de dépréciations


214. - Lorsqu'un actif a fait l'objet d'une dépréciation, l'entité doit apprécier à chaque
date de reporting, s'il existe un indice montrant que la perte de valeur comptabilisée
au cours de périodes antérieures est susceptible de ne plus exister ou d'avoir
LE BILAN
diminué (IAS 36, § 110). Si un tel indice existe, la valeur recouvrable de l'actif doit
être estimée.
215. - Pour déterminer si la perte de valeur est susceptible de ne plus exister ou
d'avoir diminué, les indices suivants doivent être considérés (liste non exhaustive -
IAS 36, § 111) :
• indices externes :
• augmentation importante de la valeur de marché de l'actif,
• d'importants changements dans l'environnement technologique, économique ou
juridique ayant un effet positif sur l'entité sont survenus ou vont survenir dans un
futur proche,
- les taux d'intérêt du marché ont diminué et il est probable que cette baisse
affectera favorablement le taux d'actualisation utilisé par l'entité dans le calcul de la
valeur d'utilité ;
- indices internes :
- changements importants dans l'utilisation de l'actif ayant des effets positifs pour
l'entité,
- performance économique de l'actif meilleure que prévue.
216. - IAS 36, § 114, précise qu'une perte de valeur doit être reprise uniquement s'il
y a eu un changement dans les estimations utilisées pour déterminer la valeur
recouvrable de l'actif depuis la dernière comptabilisation d'une perte de valeur. Ceci
implique :
- un changement dans la base de détermination de la valeur recouvrable : par
exemple, lors du précédent test, c'est la juste valeur diminuée des coûts de vente qui
était utilisée alors que le nouveau test fait référence à la valeur d'utilité ;
- ou un changement d'estimation des composantes de la juste valeur diminuée des
coûts de vente, lorsque celle-ci était utilisée pour déterminer la valeur recouvrable ;
- ou un changement du montant ou de l'échéancier des flux de trésorerie futurs
estimés ou du taux d'actualisation lorsque la valeur recouvrable était déterminée à
partir de la valeur d'utilité.
217. - Suite à une reprise d'une perte de valeur comptabilisée antérieurement, la
valeur comptable d'un actif ne peut pas excéder la valeur comptable qu'aurait eue cet
actif en l'absence de dépréciation (IAS 36, § 119). Une reprise de perte de valeur doit
immédiatement être comptabilisée en résultat sauf si l'actif est comptabilisé à son
montant réévalué (V. infra, n° 221). Après la reprise d'une perte de valeur, la dotation
aux amortissements doit être ajustée. INFORMATION FINANCIÈRE EN
IFRS
218. - Exemple basé sur les données de l'exemple
précédent

.
En décembre N+2, le directeur financier de Matind réalise que les prévisions de flux de
trésorerie établies fin N+1 étaient très pessimistes quant au montant de la marge sur
coût variable unitaire du produit P1. En effet, une marge sur coût variable unitaire de 3
€ a été retenue en N+1, alors que la marge sur coût variable unitaire effective de
l'année N+2 est de 4€. Il décide de revoir le test de dépréciation effectué en N+1 sur le
matériel. Il dispose pour cela des informations suivantes :
N+3 N+4
Nombre d'unités PI produites (prévisions) 40000 30000
Marge prévue sur coût variable unitaire 4€ 4€
Frais d'entretien du matériel 5 000 € 3 000 €
Le taux d'actualisation utilisée par Matind est toujours de 12 % et la juste valeur
diminuée des coûts de vente au 31/12/N+2 est estimée à : 170 000 €.
L'augmentation de la marge sur coût variable unitaire constitue un indice externe
devant conduire à la réalisation d'un nouveau test de dépréciation afin de vérifier si la
perte de valeur constatée en N+1 doit ou non être remise en cause. La nouvelle valeur
d'utilité au 31/12/N+2 se détermine comme suit :
Flux de trésorerie prévisionnels :
N+3= 155 000 €
N+4= 117 000 €
Valeur d'utilité = (155 0007 1,12) + (117 000 / 1,122) = 231 664 € arrondi à 231 000€.
- La valeur recouvrable est donc de 231 000 € (valeur la plus élevée entre valeur
d'utilité et juste valeur diminuée des coûts de vente).
- La valeur recouvrable excède la valeur nette comptable du matériel qui est de 185
333 € (278 000 * 2/3). On peut donc reprendre une partie de la perte de valeur
constatée en N+1. Suite à cette reprise, ta valeur nette comptable du matériel ne doit
pas excéder 220 000 € (550 000 * 2/5), c'est-à-dire la valeur nette comptable qu'aurait
eu le matériel en l'absence de dépréciation. La reprise de dépréciation à effectuer est
donc de : 220 000 - 185 333 = 34667€.
31/12/N+2
Dépréciations d'actifs Reprise sur 34667 34667
dépréciations
La dotation aux amortissements comptabilisée en N+3 et N+4 sera de 110 000 € (= 220
000/2).
2° L'évaluation selon le modèle de la réévaluation
219. - Si l'entité opte pour le modèle de la réévaluation, les immobilisations
concernées doivent être évaluées à leur montant réévalué, c'est-à-dire à leur juste
valeur à la date de réévaluation, diminuée des éventuels amortissements cumulés et
dépréciations ultérieurs (IAS 16, § 31). Les réévaluations ne sont pas
systématiquement effectuées chaque année, mais doivent être réalisées avec une
périodicité suffisante. En pratique, la fréquence des réévaluations dépend des
fluctuations de la juste valeur des immobilisations concernées. Une
réévaluation annuelle peut être suffisante lorsque les fluctuations sont importantes,
tandis qu'une réévaluation tous les trois ou cinq ans peut être suffisante dans les
autres cas.
220. - La juste valeur des immobilisations corporelles est en principe une valeur de
marché, déterminée à partir d'évaluations d'experts (IAS 16, § 32). Lorsqu'il s'agit
d'une immobilisation pour laquelle il n'existe pas de valeur de marché, la juste valeur
peut être déterminée en utilisant l'approche par le résultat ou l'approche par le coût
de remplacement net d'amortissement (IAS 16, § 33).
a) Le traitement des écarts d'évaluation
221. - L'écart de réévaluation positif est porté en capitaux propres. Si un écart de
réévaluation négatif est constaté, il est comptabilisé en charges au compte de
résultat, sauf si un écart de réévaluation positif avait déjà été constaté sur
l'immobilisation corporelle concernée. Dans ce cas, l'écart de réévaluation négatif est
imputé en priorité sur l'écart de réévaluation positif comptabilisé antérieurement en
capitaux propres, le solde éventuel étant porté en charges. À l'inverse, si un écart de
réévaluation positif est constaté suite à une réévaluation négative, il est comptabilisé
en produits au compte de résultat à concurrence de l'écart de réévaluation
antérieurement comptabilisé en charges (IAS 16, § 39 et 40).
LE BILAN

222. - Exemple.

Une entreprise acquiert en N un terrain au prix de 100 000 €. Elle opte pour le
modèle de la réévaluation pour l'ensemble des terrains qu'elle possède. En N+1, la
juste valeur du terrain est de 130 000 €. Elle est de 90 000 € en N+3.
En N+1, un écart de réévaluation doit être constaté en capitaux propres.
N+1

Terrain 30000 30000


Écart de réévaluation
En N+3, la perte étant 40 000 € l'écart de réévaluation est d'abord soldé et ensuite
une charge de 10 000 € est constatée.
N+3
Écart de réévaluation Dotations aux 30000
dépréciations d'actifs 10000
Terrain 40000

223. - Exemple.

Reprendre les données de l'exemple ci-dessus en supposant maintenant qu'en N+1, la


juste valeur du terrain est de 90 000 € et qu'elle est de 130 000 € en N+3. En N+î, une
dépréciation de 10 000 € est constatée au compte de résultat.
N+1
Dotations aux dépréciations d'actifs 10000 10000
Terrain
En N+3, on constate un produit au compte de résultat pour 10 000 € et un écart de
réévaluation en capitaux propres pour 30 000 €.
N+3
Terrain 40 000
Reprise sur dépréciations 10 000
Écart de réévaluation 30000
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

b) La réévaluation d'une immobilisation amortissable


224. - La réévaluation d'une immobilisation amortissable peut être comptabilisée de
deux façons différentes :
- le cumul des amortissements est ajusté proportionnellement à la modification de la
valeur brute, de façon à ce que la valeur nette de l'immobilisation soit égale à sa
valeur réévaluée ;
- les amortissements déjà constatés sont déduits de la valeur brute, puis la valeur
nette comptable est retraitée pour obtenir le montant réévalué de l'actif.
225. - Exemple.

Une construction est acquise en janvier N au prix de 300 000 €. Elle est amortie en
linéaire sur vingt ans. Elle est ensuite évaluée selon le modèle de la réévaluation. Au
31/12/N+1, sa juste valeur est de 351 000 € (il n'y a eu aucune réévaluation entre
temps). Toujours au 31/12/N+1, les amortissements cumulés s'élèvent donc à : (300
000 / 20) x 2 = 30 000 € (après comptabilisation de la dotation aux amortissements de
l'année N+1).
- Première possibilité : ajustement de la valeur brute et des amortissements.
La valeur nette comptable avant réévaluation est de 270 000 €. Le coefficient de
réévaluation utilisé est donc de : 1,3 (351 000 / 270 000).
Après réévaluation, la construction est comptabilisée somme suit :
Valeur brute Amortissements cumulés Valeur nette comptable
390 000 39000 351 000

N+1
Constructions 90 000
Amortissements 9000
Écart de réévaluation 81 000
LE BILAN

- Deuxième possibilité : ajustement direct de la valeur nette comptable. Après


réévaluation, la construction est comptabilisée comme suit :
Valeur brute Amortissements cumulés Valeur nette comptable
381 000 30 000 351 000

N+1
Constructions 81 000
Écart de réévaluation 81 000

226. - Une immobilisation réévaluée continue à être amortie sur sa durée d'utilité et
peut faire l'objet d'une dépréciation. Dans l'exemple précédent (V. supra, n° 225),
après la réévaluation de la construction, la dotation aux amortissements annuelle est
égale à : 351 000/18 ans = 19 500 €.
C. - Les Informations à fournir
227. - Les états financiers doivent comporter les informations suivantes pour chaque
catégorie d'immobilisations corporelles (IAS 16, § 73) :
- les conventions d'évaluation utilisées pour déterminer la valeur brute comptable ;
- les modes d'amortissement utilisés ;
- les durées d'utilité ou les taux d'amortissement utilisés ;
- la valeur brute comptable et le cumul des amortissements à l'ouverture et à la
clôture, le montant de la dotation aux amortissements comptabilisée au cours de
l'exercice et le cumul des amortissements et des éventuelles pertes de valeur à
l'ouverture et à la clôture ;
- un rapprochement entre la valeur comptable à l'ouverture et à la clôture de
l'exercice montrant :
• les entrées,
• les sorties,
• les acquisitions par voie de regroupements d'entreprises,
• les augmentations ou les diminutions durant l'exercice résultant des réévaluations
et des pertes de valeur comptabilisées ou reprises directement en capitaux propres
selon IAS 36 (s'il y a lieu),
• les pertes de valeur comptabilisées dans le compte de résultat durant l'exercice
selon IAS 36 (s'il y a lieu),
• les pertes de valeur reprises dans le compte de résultat durant l'exercice selon IAS
36 (s'il y a lieu),
• les amortissements,
• les différences de change nettes provenant de la conversion des états financiers
d'une entité étrangère ; et
• les autres mouvements.
228. - Lorsque des immobilisations corporelles ont été réévaluées, les
informations suivantes doivent être fournies (IAS 16, § 77) :
- la date de la réévaluation ;
- le recours ou non à un évaluateur indépendant ;
- les méthodes et hypothèses importantes retenues pour estimer la juste valeur des
immobilisations corporelles ;
- la mesure dans laquelle les justes valeurs ont été déterminées soit par référence
directe à des prix observables sur un marché actif, ou dans des transactions
récentes sur le marché dans des conditions de concurrence normale, soit estimées
par d'autres techniques d'évaluation ;
- la valeur comptable de chaque catégorie d'immobilisations corporelles qui aurait
figuré dans les états financiers si les actifs correspondants n'avaient pas été
réévalués ;
- l'écart de réévaluation en indiquant les variations de la période ainsi que toute
restriction sur la distribution de cet écart aux actionnaires.
229. - Lorsque des immobilisations corporelles ont été dépréciées, une
information spécifique doit être fournie :
- pour chaque catégorie d'actifs, l'entité doit fournir (IAS 36, § 126) :
• le montant des pertes de valeur comptabilisées dans le compte de résultat et les
postes du compte de résultat dans lesquels ces pertes de valeur sont incluses,
• le montant des reprises de pertes de valeur comptabilisées dans le compte de
résultat et les postes du compte de résultat dans lesquels ces reprises de pertes de
valeur ont été comptabilisées,
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

• le montant des pertes de valeur sur des actifs réévalués comptabilisées


directement en capitaux propres au cours de la période,

• le montant des reprises des pertes de valeur sur des actifs réévalués
comptabilisées directement en capitaux propres au cours de la période ;
• pour chaque perte de valeur significative, l'entité doit également communiquer (IAS
36, § 130) :
• les événements et circonstances qui ont conduit à comptabiliser ou reprendre la
perte de valeur,
• le montant de la perte de valeur comptabilisée ou reprise,
• la nature de l'actif, et le secteur auquel il appartient selon IAS 14,
• la nature de la valeur recouvrable : juste valeur diminuée des coûts de vente ou
valeur d'utilité,
• si la valeur recouvrable est la valeur d'utilité, le taux d'actualisation utilisé dans
l'estimation actuelle et dans l'estimation antérieure (éventuelle) de la valeur d'utilité ;
• les informations suivantes concernant le total des pertes de valeur et le total des
reprises comptabilisées au cours de la période doivent également être fournies (IAS
36, § 131) :
• les principales catégories d'actifs affectées par les pertes de valeur, et les
principales catégories affectées par les reprises de pertes de valeur,
• les principaux événements et circonstances ayant conduit à comptabiliser ces
pertes et reprises de pertes de valeur.
230. - Tout changement dans une estimation comptable portant sur les valeurs
résiduelles, les coûts de démantèlement estimé, les durées d'utilité ou les modes
d'amortissement, doit être mentionné, conformément à IAS 8, Méthodes comptables,
changements d'estimation et erreurs (IAS 16, § 76).
231. - D'autres informations nécessaires aux utilisateurs doivent être mentionnées
dans les états financiers parmi lesquelles (IAS 16, § 79) :
• la valeur comptable des immobilisations corporelles temporairement inutilisées ;
• la valeur brute comptable de toute immobilisation corporelle complètement amortie
et encore en usage ;
• la valeur comptable des immobilisations corporelles mises hors service et détenues
en vue de leur sortie ;
LE BILAN

• lorsque le modèle du coût est utilisé, la juste valeur des immobilisations corporelles
lorsque celle-ci diffère significativement de la valeur comptable.
232. - Illustration.

Extrait du rapport annuel EADS 2005


« Immobilisations corporelles - Elles sont évaluées aux coûts d'acquisition ou de
production, diminués de l'amortissement cumulé et de toute dépréciation cumulée.
La dotation aux amortissements est constatée principalement selon la méthode
linéaire. Les coûts des équipements et installations produits en interne intègrent les
coûts directs de matières premières et de main-d'œuvre et les charges indirectes de
production applicables, notamment les dotations aux amortissements. Les intérêts
financiers sur emprunt ne sont pas immobilisés. Les durées de vie économique
suivantes sont utilisées : constructions, de 6 à 50 ans ; agencements, de 6 à 20 ans ;
matériel et outillage techniques, de 3 à 20 ans ; et les autres matériels, matériel
d'usine et mobilier de bureau, de 2 à 10 ans. Les durées de vie économiques et
méthodes d'amortissement appliquées aux immobilisations corporelles sont revues
périodiquement et, si changent de manière significative, les dotations aux
amortissements pour les périodes courantes et futures sont ajustées en
conséquence. Si la valeur comptable d'un actif est supérieure à son montant
économique, une dépréciation est immédiatement comptabilisée en résultat. À
chaque date d'arrêté des comptes, une évaluation est effectuée afin d'identifier les
indications éventuelles de perte de valeur des immobilisations corporelles (...)
Les immobilisations corporelles comprennent les coûts de développement
immobilisés liés aux développements d'outillages spécialisés destinés à la production
tels que gabarits et outils, à la conception, la construction et l'essai de prototypes et
modèles. Si les critères de comptabilisation des immobilisations corporelles sont
remplis, ces coûts sont immobilisés et généralement amortis sur une durée de cinq
ans en appliquant la méthode de l'amortissement linéaire ou, au besoin, en retenant
comme base d'amortissement le nombre attendu d'unités d'Œuvre ou unités
similaires que les outillages spécialisés permettront de produire (méthode de
l'amortissement proportionnel au nombre attendu d'unités à produire). En ce qui
concerne notamment les programmes de construction aéronautique tels que l'Airbus
A380, prévoyant un nombre estimé d'avions à construire au moyen de ces outillages
spécialisés, la méthode précitée permet d'affecter effectivement la diminution de
valeur des outillages spécialisés aux unités produites. »
Commentaires : EADS publie aussi un tableau des immobilisations corporelles §
(valeurs brutes, acquisitions et cessions de l'année, amortissements et 2.
dépréciations). L'information relative aux immobilisations corporelles publiée -
par EADS est conforme à IAS 16 : mode de détermination de la valeur brute
comptable explicité, durée et mode d'amortissements, détail des valeurs
brutes, amortissements et valeurs nettes, montant de la dotation aux
amortissements comptabilisée.
Les immeubles de placement
233. - Un immeuble de placement est un terrain ou une construction détenu dans le
seul but de réaliser un placement financier, c'est-à-dire de percevoir des revenus de
location et de réaliser une éventuelle plus-value lors de la revente (IAS 40, § 5). Le
traitement comptable des immeubles de placements ne relève pas d'IAS 16, mais
d'une norme spécifique, IAS 40, Immeubles de placement. IAS 40 s'applique
également à l'évaluation des droits sur immeubles de placement détenus en vertu
d'un contrat comptabilisé comme un contrat de location-financement (V. infra, n°
765).
A. - La définition d'un immeuble de placement
234. - Un immeuble de placement se différencie :
- d'un immeuble utilisé à des fins de production de biens ou de services ou à des fins
administratives, c'est-à-dire un immeuble occupé par son propriétaire ;
- d'un immeuble destiné à être vendu dans le cadre de l'activité ordinaire, et qui serait
alors un stock.
Un immeuble de placement génère des flux de trésorerie largement indépendants
des autres actifs détenus par l'entreprise (IAS 40, § 7), ce qui n'est pas le cas d'un
bien immobilier occupé par son propriétaire. IAS 40 concerne donc essentiellement
les sociétés immobilières, les établissements financiers ou les compagnies
d'assurance, mais pas exclusivement dans la mesure où des entités industrielles et
commerciales peuvent être amenées à donner en location certains de leurs
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
bâtiments.
235. - Constituent des immeubles de placement (IAS 40, § 8) :
- un terrain détenu pour valoriser le capital à long terme plutôt que pour une cession
à court terme dans le cadre de l'activité ordinaire ;
- un terrain détenu pour une utilisation future actuellement indéterminée ;
- un bâtiment appartenant à l'entité, ou détenu dans le cadre d'un contrat de location-
financement, et loué à des tiers dans le cadre d'un ou plusieurs contrats de location
simple ;
- un bien immobilier vacant mais destiné à être loué dans le cadre d'un ou plusieurs
contrats de location simple.
236. - Ne sont pas des immeubles de placement (IAS 40, § 9) :
- un bien immobilier acquis exclusivement pour être revendu dans un avenir proche
(éventuellement après voir été aménagé) ;
- un immeuble en cours de construction quelle que soit son utilisation finale prévue,
immeuble de placement ou occupation par le propriétaire ;
- un bien immobilier donné en location à une autre entité dans le cadre d'un contrat
de location-financement.
237. - Lorsque la partie détenue pour en retirer des loyers ou valoriser le capital peut
être vendue séparément de la partie occupée par le propriétaire, les deux parties
doivent être comptabilisées séparément. Lorsque les deux parties ne peuvent pas
être vendues séparément, l'immeuble est considéré comme un immeuble de
placement si la partie occupée par le propriétaire n'est pas significative (IAS 40, §
10).
B. - La comptabilisation initiale et l'évaluation des immeubles de placement
238. - Un immeuble de placement est comptabilisé en tant qu'actif uniquement s'il
répond aux conditions de comptabilisation d'un actif (V. supra, n° 62). Lors de son
entrée à l'actif, un immeuble de placement est comptabilisé à son coût de production
ou d'acquisition. Ce coût est déterminé dans les mêmes conditions que le coût des
immobilisations corporelles tel qu'il est défini par IAS 16, c'est-à-dire au coût d'achat
augmenté des frais directement rattachables (IAS 40, § 20 ; V. supra, n° 165).
239. - Les dépenses ultérieures engagées sur un immeuble de placement sont en
principe comptabilisées en charges, sauf si ces dépenses répondent à la définition
d'un actif (IAS 40, § 17 et 18).
240. - En ce qui concerne l'évaluation postérieure à l'évaluation initiale, l'entité a le
choix entre deux modes d'évaluation : le modèle du coût et le modèle de la juste
valeur. La même méthode choisie doit s'appliquer à tous les immeubles de
placement. Un changement de méthode est toutefois possible lorsque la nouvelle
LE BILAN

méthode choisie permet d'obtenir une présentation plus appropriée des états
financiers de l'entité. Cependant, IAS 40 (§ 31) précise qu'« il est hautement
improbable que l'abandon du modèle de la juste valeur pour le modèle du coût
permette une présentation plus appropriée ».
241. - Le modèle du coût d'IAS 40 est le même que celui s'appliquant aux
immobilisations corporelles selon IAS 16 (V. supra, n° 190). Les immeubles de
placement évalués selon le modèle du coût doivent donc être amortis sur leur durée
d'utilité. Ils sont évalués au coût diminué du cumul des amortissements et des
éventuelles pertes de valeur. Lorsque le modèle du coût est retenu, la juste valeur
des immeubles de placement doit être mentionnée en annexe.
Le modèle du coût s'applique obligatoirement lorsqu'il n'est pas possible de
déterminer la juste valeur de façon fiable et continue (IAS 40, § 53).
242. - Dans le cadre du modèle de la juste valeur, les immeubles de placement
doivent apparaître à la date de clôture au bilan à leur juste valeur. Ils ne doivent pas
être amortis. Les variations de juste valeur sont comptabilisées en résultat de
l'exercice au cours duquel elles se produisent (IAS 40, § 35).
243. - Selon IAS 40, « La juste valeur d'un immeuble doit refléter les conditions de
marché à la date de clôture » (IAS 40, § 38). La juste valeur est donc le prix le plus
probable pouvant être obtenu sur le marché à la date de clôture. La meilleure
indication de la juste valeur est fournie par les prix actuels sur un marché actif d'un
bien immobilier similaire (IAS 40, § 45). Lorsque cette information n'est pas
disponible, d'autres informations doivent être prises en compte, parmi lesquelles on
peut citer :
- les prix actuels sur un marché actif de biens immobiliers différents, corrigés afin de
refléter les différences ;
- des prix récents sur des marchés moins actifs, corrigés afin de refléter les
changements de conditions économiques intervenus depuis la date des dernières
transactions ;
- des projections de flux de trésorerie futurs actualisés et déterminés en fonction des
termes du contrat de location et des loyers négociés sur le marché pour des biens
immobiliers similaires.
244. - Exemple.

Début N, une entité acquiert un immeuble destiné à ta location pour un montant de 5


millions d'euros. La durée d'utilité de l'immeuble est estimée à vingt ans. On envisage
les deux hypothèses suivantes :
H1 : l'entité opte pour l'évaluation au coût (avec amortissement selon le mode linéaire) ;
H2 : l'entité opte pour le modèle de la juste valeur.
La juste valeur de l'immeuble évolue ainsi :
31/12/N 31/12/N+1 31/12/N+2 31/12/N+3
Juste valeur 5,1 millions 5,5 millions 5 millions 4,7 millions
H1 : selon le modèle du coût, l'immeuble est amorti sur vingt ans et fait l'objet d'un test
de dépréciation lorsqu'il existe un indice de perte de valeur. Un test de dépréciation
devra être réalisé en N+2 et N+3 (évolution à la baisse de la juste valeur). On suppose
que pour ces deux tests, la valeur recouvrable correspond à la juste valeur (on rappelle
en effet que la valeur recouvrable est en principe la plus élevée entre la juste valeur et
la valeur d'utilité, V. supra, n° 201).
31/12/N 31/12/N+1 31/12/N+2 31/12/N+3
Valeur nette de l'immeuble à 4,750 4,5 4,250 4
l'actif
Impact résultat - 0,250 - 0,250 - 0,250 - 0,250
Aucune dépréciation n'est constatée en N+2 et N+3 puisque la valeur recouvrable
excède la valeur nette comptable.
H2 : selon le modèle de la juste valeur, l'immeuble n'est pas amorti et tes variations de
juste valeur sont comptabilisées en résultat.
31/12/N 31/12/N+1 31/12/N+2 31/12/N+3
Valeur nette de l'immeuble à 5,1 5,5 5 4,7
l'actif
Impact résultat +0,1 +0,4 -0,5 -0,3
On constate que le modèle de la juste valeur est susceptible de créer une volatilité
importante du résultat, expliquant la réticence de certaines entreprises à l'appliquer.
LE BILAN

245. - Illustration.

Extrait du rapport annuel BNP Paribas 2005


« En application des normes IAS 16, IAS 36 et IAS 40, le Groupe BNP Paribas a
choisi de retenir la méthode du coût historique amorti pour comptabiliser les
immobilisations d'exploitation, les immeubles de placement et leur dépréciation.
Cette option a conduit à neutraliser les ajustements d'évaluation opérés par le
Groupe sur certaines immobilisations d'exploitation dans les années 1990 et à mettre
en œuvre la méthode des composants, augmentant ainsi le résultat de la période de
11 millions d'euros. »

C. - Les informations à fournir


246. - Un certain nombre d'informations doivent être fournies lorsqu'une entité détient
des immeubles de placement, et seules les plus importantes sont énumérées ici
(pour une liste exhaustive, V. IAS 40, § 75 à 79) :
- modèle d'évaluation utilisée (coût ou juste valeur) ;
- critère utilisé pour distinguer un immeuble de placement d'un autre bien immobilier
lorsque le classement s'avère difficile ;
- méthodes et hypothèses retenues pour déterminer la juste valeur (lorsque l'entité
applique la méthode du coût, la juste valeur des immeubles est mentionnée en
annexe) ;
- lorsque le modèle de la juste valeur est appliqué : les profits ou pertes nets
résultant d'ajustements de juste valeur, les transferts vers et depuis la catégorie
stocks ou biens immobiliers occupés par l'entité ;
- lorsque le modèle du coût est utilisé : les modes d'amortissement utilisé, les durées
de vie et taux d'amortissement utilisés, la valeur comptable brute et le cumul des
amortissements en fin et début de période.

Section 4
LES INSTRUMENTS FINANCIERS
§ 1. - Introduction et définitions
A. - Introduction
247. - II existe trois normes IFRS qui traitent des instruments financiers : IAS 32,
Instruments financiers : Présentation, IAS 39, Instruments financiers :
Comptabilisation et évaluation, et IFRS 7, Instruments financiers : Informations à
fournir. Le fait qu'un sujet soit discuté dans trois normes différentes témoigne de sa
complexité et de sa difficulté. Il convient également de se rappeler que les travaux
sur les instruments financiers au sein de l'IASB ont déjà commencé il y a vingt ans et
que des discussions sur des modifications éventuelles des normes précitées
ressurgissent régulièrement.
248. - IAS 32 contient quelques définitions fondamentales liées au sujet d'instrument
financiers et des dispositions relatives à la présentation de ces instruments au bilan
et au compte de résultat, notamment dans des cas spécifiques : les actions propres,
les obligations convertibles, etc. IAS 39 traite les questions de la première
comptabilisation, de l'évaluation et de la décomptabilisation des instruments
financiers. Cette norme avec ses 300 pages (en incluant les textes
d'accompagnement) est la plus volumineuse des IFRS. IFRS 7 est la norme la plus
récente (juin 2005) sur ce sujet ; elle donne la liste des informations à publier
(principalement) en annexe concernant notamment les risques liés aux instruments
financiers.
B - Les définitions
249. - Selon IAS 32, § 11, un instrument financier est un contrat qui constitue pour
une entité (l'investisseur) un actif financier (défini ci-dessous) et pour une autre entité
(l'émetteur) un passif financier (défini ci-dessous) ou un instrument de capitaux
propres. Cette définition s'applique bien entendu également à IAS 39 et IFRS 7 qui
font référence à IAS 32, § 11.
250. - Dans le même paragraphe, IAS 32 donne la définition d'actif et passif
financier. Ainsi, un actif financier est un actif constituéINFORMATION
: FINANCIÈRE EN IFRS
« - de la trésorerie ;
- d'un instrument de capitaux propres d'une autre entité ;
- d'un droit contractuel :
• de recevoir d'une autre entité de la trésorerie ou un autre actif financier ; ou
• d'échanger des actifs ou des passifs financiers avec une autre entité à des
conditions potentiellement favorables à l'entité ;
- d'un contrat qui sera ou pourra être réglé en instruments de capitaux propres de
l'entité elle-même » sous une forme non dérivé ou dérivé et sous des conditions
spécifiées dans 1AS 2>1, § 11.
251. - Un passif financier constitue : « - une obligation contractuelle :
• de remettre à une autre entité de la trésorerie ou un autre actif financier ; ou
• d'échanger des actifs ou des passifs financiers avec une autre entité à des
conditions potentiellement défavorables à l'entité ; ou
- un contrat qui sera ou pourra être réglé en instruments de capitaux propres de
l'entité elle-même » sous une forme non dérivé ou dérivé et sous des conditions
spécifiées dans IAS 32, § 11.
252. - Enfin, un instrument de capitaux propres est tout contrat représentant « un
intérêt résiduel dans les actifs d'une entité après déduction de tous ses passifs »
(IAS 32, § 11). Font partie de cette catégorie : les actions ordinaires, éventuellement
les actions de préférence et/ou les options et bons de souscription sur les actions de
l'entité en question.
253. - La définition d'instruments financiers étant très large, elle inclut aussi bien des
instruments « traditionnels », tels que les actions, obligations et créances, que des
instruments dérivés ou innovants, tels que les options, futures et swaps. Ainsi, et ceci
constitue une différence majeure entre les IFRS et les normes comptables
françaises, les instruments dérivés sont comptabilisés au bilan et non pas en hors-
bilan. En utilisant la terminologie du PCG, les éléments suivants font partie des
instruments financiers :

Actifs financiers LE BILAN


Immobilisations financières Dettes financières
Titres de participation (non Emprunts obligataires Emprunts et
consolidé) dettes auprès des établissements de
Créances rattachées à des crédit Emprunts et dettes financières
participations diverses
Titres immobilisés de l'activité Dettes fournisseurs
de portefeuille Instruments dérivés (si juste valeur
Prêts négative)
Créances clients
Valeurs mobilières de placement
Trésorerie
Instruments dérivés (si juste valeur
positive)

254. - Nous remarquons l'absence de certains éléments du bilan à caractère


financier mais qui ne correspondent pas à la définition d'instruments financiers. Les
capitaux propres (actions émises) rentrent dans le champ d'application seulement
pour un acquéreur, ce sont des actifs financiers, mais pas pour un émetteur. Par
contre, IAS 32 donne des instructions concernant la comptabilisation d'actions
propres et la distinction capitale propres - dettes (V. infra, n° 388 et 398). Dans le
tableau ci-dessus, manquent également les créances et dettes d'impôts (courants ou
différés) ; celles-ci ne sont pas basées sur une relation contractuelle avec une autre
entité et, par conséquent, ne correspondent pas à un instrument financier selon IAS
32.
255. - En plus, certains instruments financiers sont explicitement exclus du champ
d'application (IAS 32, § 4) :
- actions et parts détenues dans des filiales contrôlées de manière exclusive, des
participations avec influence notable et des sociétés contrôlées conjointement ;
- les droits et obligations des employeurs, découlant de plans d'avantages au
personnel selon IAS 19 ;
- pour l'acquéreur : les contrats relatifs à une contrepartie éventuelle lors d'un
regroupement d'entreprises ;
- les contrats d'assurance (sauf dérivés incorporés dans ces contrats), y compris les
contrats de garantie financière si ces derniers sont comptabilisés selon IFRS 4 ;
- les instruments financiers, les contrats et les obligations relevant de transactions
dont le paiement est fondé sur des actions auxquels s'applique IFRS 2 (sauf
certaines exceptions).
256. - IAS 39, § 2 exclut aussi :
- les droits et obligations résultant de contrats de location auxquels s'applique IAS 17
;
- les contrats entre un acquéreur et un vendeur pour acheter ou vendre une
entreprise acquise à une date future ;
- certains engagements de prêt ;
- les droits à des paiements pour rembourser l'entité des dépenses qu'elle est tenue
de faire pour éteindre un passif selon IAS 37.
§2. - La comptabilisation initiale des instruments financiers

A. - Le moment de la première comptabilisation


257. - Selon IAS 39, § 14, un instrument financier doit être comptabilisé lorsque
l'entité devient une partie aux dispositions contractuelles de l'instrument. Il n'est pas
précisé quel type de contrat est à retenir ; par conséquent, des contrats écrits, oraux
ou simplement des actions concluantes peuvent amener à comptabiliser un actif ou
passif financier. Cette comptabilisation se fait que les parties du contrat aient rempli
partiellement ou intégralement leurs obligations contractuelles. Ainsi, des contrats à
exécution successive, par exemple des dérivés, sont également concernés.
258. - Pour un instrument financier donné, il peut y avoir une différence entre la date
de conclusion du contrat et la date d'exécution ; typiquement, c'est le cas des dérivés
ou, en général, des opérations sur les marchés à terme. Mais même sur le marché
au comptant, il peut y avoir une telle différence de date. À Euronext, par exemple, il
existe pour les obligations un délai d'usage de trois jours entre la date de négociation
d'un ordre et le dénouement (règlement/livraison). Formellement, cette opération est
selon IAS 39 une opération à terme et donc un dérivé ; elle devrait donc être
comptabilisée en tant que telle. Puisque le délai d'usage en question est d'ordre
technique et non pas financier ou voulu par les parties du contrat, IAS 39, § 38,
laisse le choix de comptabiliser initialement ces instruments soit à la date de
négociation, soit à la date de livraison. Pour chaque catégorie d'actifs financiers,
l'entité choisit une des deux dates et doit ensuite conserver la même méthode en
vertu du principe de permanence des méthodes.
259. - Si une entreprise a choisi de retenir la date de livraison comme date de
première comptabilisation et qu'un arrêté comptable intervient entre la date de
négociation et la date de livraison, les éventuelles variations de la juste valeur de
l'actif depuis la négociation sont comptabilisées de la même manière que les
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

variations ultérieures de la valeur comptable de l'instrument concerné, c'est-à-dire en


résultat ou en capitaux propres selon la catégorie d'instruments financiers à laquelle
appartient l'actif (V. infra, n° 263).
B. - L'évaluation initiale des instruments financiers
260. - La comptabilisation initiale d'un actif ou passif financier se fait à la juste
valeur, y compris les coûts de transactions directement imputables à l'acquisition ou
l'émission de l'instrument financier. En ce qui concerne les instruments financiers de
la catégorie « évalués en juste valeur en contrepartie du résultat » (V. infra, n° 265),
les coûts de transactions passent directement en charges au moment de la
comptabilisation initiale.
261. - Ici, la juste valeur correspond au montant dépensé pour un actif financier ou
reçu pour un passif financier. Les coûts de transactions comprennent les honoraires
et commissions versés à des tiers (agents, conseils, courtiers, etc.), les droits perçus
par des organismes publics de contrôle des marchés financiers ou le coût d'une
garantie de crédit ou d'un rehaussement de la notation. Dans le cas d'actif financier,
les coûts de transactions augmentent la valeur comptable ; concernant les passifs
financiers, ils la diminuent.
262. - Lorsque le coût d'acquisition d'un instrument financier est supérieur ou
inférieur au montant de remboursement, par exemple une obligation avec une prime
d'émission ou de remboursement, la différence doit être étalée sur la durée de
l'instrument financier en utilisant la méthode du taux d'intérêt effectif. En ce qui
concerne les obligations émises, on ne se sert pas d'un compte de régularisation à
l'actif comme le prévoit le droit comptable français, mais on intègre directement la
prime dans la valeur comptable de la dette. Ainsi, une obligation d'une valeur
nominale de 1 000 et un prix d'émission de 950 est comptabilisée au passif à 950.
§ 3. - L'évaluation à la clôture de l'exercice

A. - La classification des instruments financiers


263. - IAS 39, § 9, distingue quatre catégories d'instruments financiers, une
cinquième n'est pas explicitée mais se dessine implicitement des règles d'évaluation
détaillées d'IAS 39 :
- les actifs et passifs financiers évalués en juste valeur en contrepartie du résultat ;
- les placements détenus jusqu'à l'échéance ;
- les prêts et créances ;
- les actifs financiers disponibles à la vente ;
- les autres passifs financiers.
Cette classification est importante pour l'évaluation de ces instruments, mais aussi
pour leur présentation au bilan et celle des produits et charges y afférents au compte
de résultat et en annexe. Au moment de la première comptabilisation, l'entité doit
documenter sa décision de classification d'un instrument financier dans une des
catégories.
264. - Les catégories présentées ci-dessous ne s'appliquent pas aux instruments
financiers qui font partie d'une couverture, soit en tant qu'éléments couverts, soit en
tant qu'instruments de couverture. La comptabilité de couverture est exposée au
paragraphe 5 ci-dessous (V. infra, nos 309 et s.).
1° Les actifs et passifs financiers évalués en juste valeur en contrepartie du
résultat
265. - Dans cette catégorie, on trouve deux sortes d'instruments financiers : ceux
détenus à des fins de transaction et ceux simplement désignés par l'entité comme y
appartenant en exercice d'une option donnée par IAS 39, §9.
266. - Les instruments financiers détenus à des fins de transaction ont été achetés
ou encourus dans une perspective de réalisation de bénéfice à court terme, soit
individuellement soit en faisant partie d'un portefeuille géré dans ce sens. Les
instruments dérivés (swaps, futures, etc.) appartiennent aussi d'office à cette
catégorie sauf si ils servent à couvrir un risque (comptabilité de couverture ; V. infra,
n° 318).
267. - L'option « juste valeur », c'est-à-dire la possibilité de simplement désigner
n'importe quel instrument financier dans la catégorie « évalué en juste valeur en
contrepartie du résultat », a été introduite en 2005 puis modifiée suite aux
nombreuses critiques dont elle a été l'objet. Cette désignation s'effectue au moment
de la comptabilisation initiale de l'instrument et elle est irrévocable. Néanmoins, elle
est soumise à des conditions :
- l'instrument financier en question contient un ou plusieurs dérivés incorporés avec
des spécifications détaillées dans IAS 39, § 11A ;
- l'option « juste valeur » permet d'obtenir une information plus pertinente parce que :
• elle élimine ou réduit de manière significative une incohérence entre l'évaluation
d'actifs et/ou de passifs et la comptabilisation de pertes ou de gains qui y sont liés à
partir de bases différentes,
• il s'agit d'un groupe d'instruments financiers dont la performance est évaluée en
fonction de la juste valeur, conformément à une stratégie documentée de risque ou
d'investissement décidée par le management, et les informations internes sur ce
groupe sont fournies sur la base de la juste valeur.
Toutefois, les instruments de capitaux propres acquis qui ne font pas l'objet d'une
cotation sur un marché actif et dont la juste valeur ne peut être estimée de façon
sûre ne peuvent pas être classés dans cette catégorie (IAS 39, § 9).
2° Les placements détenus jusqu'à l'échéance
268. - Cette catégorie contient des actifs financiers non-dérivés présentant des
paiements fixes ou déterminés et une échéance fixe, sauf si de tels actifs sont
classés dans une autre catégorie. On y trouve des instruments de type obligation.
Les actions n'ayant pas d'échéance et ne générant pas de paiement fixe ne peuvent
pas être classées dans cette catégorie.
269. - Pour pouvoir classer un instrument financier dans cette catégorie, l'entité doit
être capable de le détenir jusqu'à l'échéance et en avoir l'intention. Ces deux
éléments sont à vérifier au moment de l'acquisition de l'instrument, mais également à
chaque clôture d'exercice (IAS 39, AG § 25). La capacité de détention s'apprécie de
manière économique (avoir les ressources financières nécessaires pour de pouvoir
financer l'instrument jusqu'à l'échéance) et légale (pas de contraintes légales de
pouvoir détenir l'instrument jusqu'à l'échéance ; IAS 39, Guide d'application, § 23).
270. - L'intention de détention jusqu'à l'échéance interdit - en principe -de reclasser
ou de vendre les instruments en question avant celle-ci, sauf quelques exception
énumérées dans IAS 39, § 9 (par exemple, une cession très proche de l'échéance
lorsqu'on estime qu'une modification des taux d'intérêts n'entraînerait pas une
variation significative de la juste valeur de l'instrument cédé). Si l'entité ne respecte
pas son engagement de porter les instruments en question jusqu'à l'échéance
(hormis les exceptions citées ci-dessus), l'utilisation de cette catégorie est interdite
pour une durée de deux ans (IAS 39, § 9).
271. - Considérant les conditions strictes pour l'utilisation de cette catégorie, on peut
s'attendre à des volumes faibles. La banque UBS, dans ses comptes 2006, n'en
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

présentent pas du tout ; en 2005, la BNP affiche un volume de 15 milliards d'euros


contre 701 milliards pour la catégorie « évalués en juste valeur en contrepartie du
résultat » et 301 milliards de créances.
3° Les prêts et créances
272. - II convient de classer ici les actifs financiers non-dérivés présentant des
paiements fixes ou déterminés qui ne sont pas cotés sur un marché actif, sauf si de
tels actifs sont classés dans une autre catégorie. Dans les prêts et créances, on
trouve notamment les créances d'exploitation (créances clients ou, dans le secteur
bancaire, les créances à la clientèle), ainsi que les prêts octroyés à des contreparties
externes ou à des employés. En revanche, les titres de créances (obligations, etc.),
dès qu'ils sont cotés sur un marché actif, ne peuvent pas faire partie de cette
catégorie.
4° Les actifs financiers disponibles à la vente
273. - Les instruments financiers non-dérivés qui ne peuvent pas être classés dans
une autre catégorie ou que l'entité souhaite délibérément classer ici sont considérés
comme « disponibles à la vente ». Cette catégorie regroupe donc des instruments
financiers de nature différente comme certaines immobilisations financières (en
terminologie française), notamment les participations non-consolidées, mais aussi
des valeurs mobilières de placement si celles-ci ne font pas partie de la trésorerie.
Même si les actifs financiers disponibles à la vente ne comprennent globalement que
les « résidus » des autres catégories, on observe des volumes assez importants.
5° Les autres passifs financiers
274. - Cette catégorie n'est pas mentionnée explicitement dans IAS 39 (ou ailleurs).
Son existence se révèle à travers les règles d'évaluation des différentes catégories
d'instruments financiers (V. infra, n° 278). En effet, IAS 39, § 47, évoque les passifs
financiers évalués en juste valeur en contrepartie du résultat et les passifs financiers
évalués au coût amorti. Les premiers font partie de la première catégorie présentée
ci-dessus (V. supra, n° 265) ; les derniers constituent la catégorie « autres passifs
financiers » puisque les autres catégories précitées ne comprennent que les actifs
financiers.
6° Les transferts entre catégories
275. - La classification des instruments financiers se fait au moment de la première
comptabilisation et, seulement à cet instant, il convient de vérifier si les conditions
LE BILAN

éventuelles d'une catégorie ont été remplies. Les placements détenus jusqu'à
l'échéance constituent une exception puisque, comme évoqué ci-dessus, les
conditions de cette catégorie (capacité et intention de détention jusqu'à l'échéance)
doivent être vérifiées au moment de l'acquisition de l'instrument, mais également à
chaque clôture d'exercice.
276. - Après cette classification initiale, il est en principe possible de la modifier.
Toutefois, IAS 39 contient quelques interdictions et restrictions à ce sujet :
- IAS 39, § 50, stipule qu'il est interdit de classer postérieurement à l'acquisition un
instrument financier dans la catégorie « évalués en juste valeur en contrepartie du
résultat » ou de le déclasser de cette catégorie ;
- il est interdit de transférer des prêts et créances dans la catégorie « disponible à la
vente » et inversement. En effet, IAS 39, § 9, permet de classer des actifs financiers
remplissant les critères des prêts et créances « à la date de leur comptabilisation
initiale » en actifs disponibles à la vente, mais pas après. Inversement, cette même
règle interdit d'intégrer dans les prêts et créances des instruments préalablement
classés en actifs disponibles à la vente.
277. - Au final, il est possible de transférer à tout moment, à condition que les
exigences respectives soient remplies, des actifs financiers entre :
- les prêts et créances et les placements détenus jusqu'à l'échéance ainsi qu'entre ;
- les actifs disponibles à la vente et les placements détenus jusqu'à l'échéance.
B. - L'évaluation à la clôture de l'exercice 1° Les différentes valeurs à
retenir
278. - IAS 39, § 46, stipule qu'après leur comptabilisation initiale les actifs financiers
sont évalués à leur juste valeur, exception faite des :
- prêts et créances et placements détenus jusqu'à l'échéance, évalués au coût amorti
en application de la méthode de taux d'intérêt effectif ;
- les instruments de capitaux propres acquis qui ne font pas l'objet d'une cotation sur
un marché actif et dont la juste valeur ne peut être estimée de façon sûre doivent
être évalués au coût.
Par conséquent, les actifs financiers évalués en juste valeur en contrepartie du
résultat et les actifs financiers disponibles à la vente sont évalués à leur juste valeur.
279. - En ce qui concerne les passifs financiers, ils sont en principe évalués au coût
amorti (IAS 39, § 47), à l'exception des passifs financiers évalués en juste valeur en
contrepartie du résultat et de certains autres cas particuliers (contrats de garantie
financière, etc.).
280. - Étant donné que la juste valeur est la valeur de référence en normes IFRS, sa
définition est fondamentale (IAS 39, § 9) : « La juste valeur est le montant pour
lequel un actif pourrait être échangé ou un passif réglé, entre des parties bien
informées et consentantes dans le cadre d'une transaction effectuée dans des
conditions de concurrence normale ». Par sa formulation, cette définition renvoie à
une valeur de marché, première référence d'évaluation. Pour autant, elle ne renvoie
pas nécessairement au cours de marché, ce qui apparaît par l'emploi du conditionnel
(il n'existe en effet pas toujours un marché) et de l'expression « concurrence normale
». Par ailleurs, de nombreux instruments financiers ne font pas l'objet d'un marché ou
celui-ci peut ne pas être actif et liquide. Dans ce cas, IAS 39, § 48A, indique que la
juste valeur doit être déterminée par un calcul financier telle que la valeur actualisée
des flux de trésorerie futurs.
281. - L'autre valeur à retenir à la clôture de l'exercice pour les prêts et créances, les
placements détenus jusqu'à l'échéance ainsi que certains passifs financiers est le
coût amorti. Il ne s'agit pas ici de l'amortissement au sens comptable du terme, mais
plutôt de l'amortissement dans son acception financière. Le coût amorti est le coût
d'acquisition :
- moins les remboursements éventuels ;
- plus ou moins la répartition (cumulée) d'une prime de remboursement (ou
d'émission) sur la durée de l'instrument financier selon la méthode du taux d'intérêt
effectif ;
- moins les dépréciations éventuelles.
2° L'évaluation des actifs et passifs financiers évalués en juste valeur en
contrepartie du résultat
282. - Ces instruments financiers (instruments de transactions, dérivés, etc.) sont
évalués à leur juste valeur et toutes les variations de juste valeur sont enregistrées
directement en tant que produit ou charge au compte de résultat. Cette
comptabilisation est évidemment dérogatoire par rapport au principe de prudence du
droit comptable français (mais pas par rapport à la prudence énoncée au Cadre
conceptuel, § 37) puisqu'elle conduit à constater non seulement les pertes, mais
aussi les gains latents dans le résultat.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

283. - Cette approche peut être justifiée pour les instruments financiers de
transaction car ceux-ci sont destinés à être vendus à brève échéance. D'ailleurs, le
même traitement comptable existe déjà depuis 1990 pour les banques françaises en
ce qui concerne les titres de transaction cotés. L'approche est moins évidente pour
les dérivés et ne semble pas du tout adéquate pour les instruments qui ont été
simplement « désignés » dans cette catégorie.
3° L'évaluation des placements détenus jusqu'à l'échéance et des prêts et
créances
284. - Les instruments financiers détenus jusqu'à l'échéance ainsi que les prêts et
créances sont évalués au coût amorti, à savoir au coût d'acquisition diminué des
remboursements et dépréciations éventuelles. Concernant ces dernières, il convient
d'analyser la cause de la dépréciation. Si celle-ci est due à une hausse des taux
d'intérêt du marché, elle n'est pas comptabilisée. En effet, puisque l'entreprise prévoit
de garder l'instrument financier jusqu'à son échéance (y compris pour les prêts et
créances), les variations de valeur suite à des changements de taux n'impacte pas le
montant remboursé.
285. - En revanche, la dépréciation peut être la conséquence d'une dégradation de
la faculté du débiteur de rembourser l'instrument financier comme prévu
contractuellement. Dans ce cas, l'investisseur risque une perte même en détenant
l'instrument financier jusqu'à l'échéance. En application du principe de prudence, il
convient de constater une dépréciation pour ce risque de crédit. Elle correspond à la
différence entre la valeur comptable de l'actif et la valeur actuelle des flux de
trésorerie futurs estimés, actualisée au taux d'intérêt effectif initial (IAS 39, § 63). Si
la situation de la contrepartie s'améliore objectivement, il convient de reprendre la
dépréciation. Les dépréciations et les reprises sont comptabilisées au compte de
résultat.
286. - IAS 39, § 59, fournit une liste d'« indications objectives de dépréciation »
(impairmeni) qui (seules) déclenchent une dépréciation de la valeur comptable, parmi
lesquelles on trouve :
- des difficultés financières importantes de l'émetteur ou du débiteur ;
- une rupture de contrat tel qu'un défaut de paiement des intérêts ou du principal ;
- l'octroi par le prêteur à l'emprunteur, pour des raisons économiques ou juridiques
liées aux difficultés financières de l'emprunteur, d'une facilité que le prêteur n'aurait
pas envisagée dans d'autres circonstances ;
- la probabilité croissante de faillite ou autre restructuration financière de
l'emprunteur, etc.
287. - En corollaire, IAS 39, § 60, décrit des situations qui ne sont pas
(nécessairement) considérées comme une indication objective de dépréciation, telles
que :
- la baisse de la notation d'une entité ;
- la baisse de la juste valeur d'un actif en deçà de son coût amorti (notamment pour
les instruments de dette en cas de hausse de taux d'intérêts), etc.
288. - Quand il existe une prime de remboursement (ou d'émission) liée à un tel
placement, par exemple une obligation ou une créance, il convient de la répartir sur
la durée de l'instrument selon la méthode du taux d'intérêt effectif.
Dans ce cas, les intérêts versés chaque année augmentés (ou diminués) de
l'amortissement de la prime font apparaître au compte de résultat le coût effectif de
l'obligation (= taux effectif x capital restant dû). Le taux effectif dont il est question se
calcule comme un taux de rentabilité interne en incluant tous les paiements
(remboursement, intérêts, frais, etc.) liés à l'instrument concerné.
289. - Exemple.

Au 1/1/N, l'entité achète des obligations d'une valeur nominale de 100 000 €, d'un taux
d'intérêt nominal annuel de 4 %, payable le 31/12 de chaque année, et remboursables
in fine dans quatre ans (31/1 2/N3). Au moment de l'acquisition, une prime de
remboursement de 6 % s'applique (c'est-à-dire que le prix d'émission des obligations
acquises se monte à 94 000 €). Il n'y a pas d'autres paiements ; par conséquent, le taux
effectif de cette obligation est de 5,72 %. La comptabilisation de l'obligation se fait
comme suit :
(1) (2) (3) (4)
Chiffres en € Produit d'intérêt Intérêts Répartition de Valeur au bilan
effectif 5,72 % x nominaux la prime (4) de l'année
(4) de l'année (D-(2) précédente + (3)
précédente
1/1/N - - - 94000
31/12/M 5377 4000 1 377 95 377
31/12/N+1 5456 4000 1 456 96833
31/12/N+2 5 539 4000 1 539 98 372
31/12/N+3 5627 4000 1 627 100000

290. - À chaque clôture, le taux effectif est appliqué à la valeur comptable de


l'instrument de l'année précédente, résultant dans le produit d'intérêt effectif. En
comptabilisant en plus des intérêts nominaux une partie de la prime en produits
financiers, on obtient des produits au compte de résultat qui correspondent à la
rentabilité effective de l'obligation. La contrepartie de l'écriture pour la prime au
compte de résultat consiste à augmenter la valeur comptable de l'actif au bilan. À
l'échéance, celle-ci atteint la valeur de remboursement.
291. - Le même traitement s'applique aux dettes financières qui présentent des
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
primes de remboursements. Contrairement au règles comptables françaises dans ce
domaine, les dettes financières ne sont pas comptabilisées à leur valeur de
remboursement et les primes de remboursement ne sont pas enregistrées à l'actif et
amorties.
4° Les actifs financiers disponibles à la vente
292. - Les actifs financiers que l'entreprise ne peut pas ou ne souhaite pas classer
dans une autre catégorie sont considérés comme « disponibles à la vente ». À la
clôture de l'exercice, ils sont évalués à la juste valeur. Une plus-value ou moins-value
(qui est latente puisque l'actif n'a pas été cédé) par rapport à la valeur comptable est
comptabilisée directement dans les capitaux propres. Les IFRS ne prescrivent pas
de poste particulier à utiliser dans les capitaux propres (réserves, réserves de
réévaluation d'instruments financiers, etc.), mais imposent que les écarts de
réévaluation des actifs financiers disponibles à la vente soient présentés dans le
tableau de variations des capitaux propres.
293. - Cependant, lors de la décomptabilisation de l'actif, c'est-à-dire au moment de
la cession, les variations de valeur cumulées dans les capitaux propres doivent être
« recyclées » (terme non inscrit dans la norme mais utilisé par les praticiens) : elles
sont sorties des capitaux propres et enregistrées au compte de résultat.
294. - Exemple.

Une entreprise a acheté des titres classés dans la catégorie « disponibles à la vente »
en N. Le coût d'acquisition est de 10 000 € et !a juste valeur des titres au 31/12/N
(date de clôture) est de 12 500 €. En N+1, les titres sont cédés pour 12 000 €.
N
Titres disponibles à la vente Banque 10000 10000
Titres disponibles à la vente Capitaux propres 2 500
- réserve de réévaluation 2 500

N+1
Capitaux propres - réserve de réévaluation 2500
Produits sur titres « Recyclage » lors de la 2 500
cession de la plus-value latente enregistrée en
N
Banque Produits sur titres Titres disponibles à 12000
la vente Enregistrement de la cession et de 500
l'effet sur le résultat net de ta perte par rapport 12 500
à la valeur comptable des titres

295. - Commentaires : en N, une plus-value latente a été comptabilisée en capitaux


propres. En N+1, le compte de résultat constate le gain lié à cette opération de 2 000
(= prix de cession 12 000 - coût d'acquisition 10 000) ; il est composé du montant de
recyclage (2 500) diminué de la perte de cession (500). Cette dernière a été imputée
aux produits sur titres pour obtenir dans le même poste du compte de résultat le
résultat « net » de l'opération. Il est également possible, mais moins pertinent, de
l'imputer aux charges.

296. - Un problème particulier dans l'évaluation des actifs financiers disponibles à la


vente se pose en termes de comptabilisation de dépréciations. En effet, IAS 39, § 67,
impose en cas d'indication objective de perte de valeur (V. supra, n° 286) de
déprécier la valeur comptable des actifs financiers disponibles à la vente et cela en
passant par le compte de résultat. Par conséquent, il convient de distinguer pour ces
LE BILAN

actifs des baisses de juste valeur « simples » enregistrées en capitaux propres et


des baisses de valeur constituant une dépréciation enregistrées en résultat.
297. - Si la juste valeur baisse parce que la solvabilité individuelle de la contrepartie
et, en conséquence, les flux de trésorerie futurs à recevoir se dégradent, il s'agit
d'une dépréciation et une charge correspondante doit être comptabilisée. Par contre,
si la baisse de la juste valeur est liée à une détérioration (générale) du marché, la
perte est enregistrée directement dans les capitaux propres. En pratique, il s'avère
évidemment difficile de clairement distinguer les deux cas de figure, notamment pour
les actions et autres instruments de capitaux propres. S'il y a une dégradation de la
situation économique de la contrepartie et une dégradation du marché, il n'est pas
nécessaire de faire des calculs séparant les deux situations. L'ensemble de la perte
de valeur est traité comme une dépréciation dans le sens de IAS 39.
298. - Exemple.

En N, une entreprise a acheté des obligations pour 50 000 € ; celles-ci sont classées
dans les titres disponibles à la vente. À la fin de N, les taux d'intérêt du marché ayant
augmenté, la juste valeur baisse à 45 000 €. En N+1, ils existent des indications
objectives de perte de valeur et, par conséquent, la juste valeur s'élève à 39 000 €. La
situation de l'émetteur s'étant objectivement améliorée, la juste valeur augmente à
41 000 € à fin N+2.
N
Titres disponibles à la vente 50 000 50000
Banque
Capitaux propres - réserve de réévaluation 5 000
Titres disponibles à la vente 5000

N+1
Dotations aux dépréciations d'actifs 11000
Titres disponibles à la vente 6000
Capitaux propres - réserve de réévaluation 5000

Commentaire : IAS 39, § 68, demande que la perte cumulée soit comptabilisée au
compte de résultat. En conséquence, il convient de recycler la réserve de réévaluation.
N+2
Titres disponibles à la vente 2 000
Reprise de dépréciation 2000
Commentaire : les reprises de dépréciation doivent être comptabilisées au compte de
résultat, sauf si l'actif financier concerné est un instrument de capitaux propres.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

299. - Concernant les reprises de dépréciations pour un instrument de capitaux


propres, l'IASB a considéré qu'il serait très difficile de distinguer les hausses de la
juste valeur vraiment dues à une amélioration de la situation de l'émetteur ou du
marché. Pour cette raison, la hausse de la juste valeur se comptabilise à nouveau
directement dans les capitaux propres en faisant l'écriture suivante :
N+2
Titres disponibles à la vente 2 000
Capitaux propres - réserve de réévaluation 2 000

5° Les autres passifs financiers


300. - Les autres passifs financiers sont les passifs financiers qui ne sont pas
évalués en juste valeur en contrepartie du résultat. En l'occurrence, ils sont
comptabilisés au coût amorti. Celui-ci est déterminé de la même manière que pour
les placements détenus jusqu'à l'échéance ou les prêts et créances, à savoir au coût
d'acquisition diminué des remboursements, le coût d'acquisition correspondant au
montant reçu lors de l'émission du passif financier. Il convient également d'appliquer
la méthode du taux d'intérêt effectif au cas où il existe une prime de remboursement.
§ 4. - La décomptabilisation des instruments financiers
301. - Un actif ou passif financier doit être décomptabilisé obligatoirement si les
droits contractuels de l'instrument arrivent à expiration (IAS 39, § 17 et 39). C'est le
cas le plus simple : échéance d'un crédit, remboursement d'une obligation, etc. La
situation est plus difficile en cas de vente d'un actif financier.
302. - Une vente amène à décomptabiliser un actif financier quand celui-ci est «
transféré » (IAS 39, § 17). Le paragraphe 18 stipule qu'un transfert a lieu soit lorsque
les droits contractuels de recevoir les flux de trésorerie liés à l'actif financier cessent,
soit lorsque l'entreprise conserve ces droits contractuels, mais assume une obligation
contractuelle de payer ces flux à un autre bénéficiaire (pass through arrangement).
Par exemple, il peut être interdit contractuellement de céder l'actif lui-même, alors
l'entreprise vend seulement les flux correspondants.
303. - Pour qu'une transaction puisse être qualifiée de pass through arrangement,
les conditions suivantes doivent être remplies (IAS 39, § 19) :
LE BILAN

- l'entreprise n'a pas d'obligation de payer si elle ne recouvre pas des montants
équivalents sur l'actif initial ;
- l'entreprise ne peut pas vendre ou donner l'actif financier en nantissement, sauf au
bénéficiaire du pass through arrangement ;
- l'entreprise doit remettre sans délai les flux recouvrés au bénéficiaire et il est
notamment interdit de placer les flux (sauf pour une courte durée entre le
recouvrement et la date contractuelle de transfert des flux).
304. - Afin de pouvoir traiter une transaction comme un transfert, il convient de
procéder à des vérifications selon un ordre bien défini (IAS 39, §20):
- vérification du transfert de la quasi-totalité des risques et avantages ;
- vérification du transfert du contrôle.
305. - Concernant le transfert des risques et avantages :
- si l'entreprise transfère la quasi-totalité des risques et avantages inhérents à la
propriété de l'actif financier, il convient de décomptabiliser celui-ci. Toutefois, les
risques (obligations) et avantages (droits) restants doivent être comptabilisés
séparément au passif et à l'actif. Le transfert se juge au vue de l'exposition de
l'entreprise au risque de l'actif financier, notamment la variabilité des montants et le
calendrier des flux de trésorerie, avant et après la transaction ;
- si l'entreprise conserve la quasi-totalité des risques et avantages, l'actif financier
reste comptabilisé dans son bilan. Aussi, le montant reçu et l'obligation de
l'entreprise dans le cadre de la transaction doivent être comptabilisés ;
- si on n'arrive pas à établir une des deux situations ci-dessus, donc ni transfert, ni
conservation de la quasi-totalité des risques et avantages, l'entreprise doit vérifier si
le contrôle de l'actif financier a été conservé.
306. - La conservation ou pas du contrôle de l'actif financier transféré s'évalue en
fonction de la capacité du cessionnaire à vendre l'actif. Lorsque le cessionnaire peut
vendre l'actif unilatéralement à un tiers et sans restrictions supplémentaires, IAS 39,
§ 23, considère que l'entreprise a perdu le contrôle. Dans tous les autres cas,
l'entreprise a conservé le contrôle.
307. - Si l'entreprise a perdu le contrôle de l'actif financier, il doit être décomptabilisé.
Au cas contraire, l'actif reste comptabilisé dans le bilan de l'entreprise ; la valeur
comptable de l'actif dépendant de l'implication continue (continuing involvement) de
l'entreprise. IAS 39, § 30, stipule que cette implication continue est quantifiée en
mesurant l'exposition de l'entreprise aux variations de la valeur de l'actif transféré.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

Par exemple, pour une cession de créance accompagnée d'une garantie pour un
montant minimum, l'implication continue (et la valeur comptable) est le plus faible du
montant de la créance et du montant de la garantie. Il convient également de
comptabiliser un passif correspondant.
308. - Au moment de la décomptabilisation, la différence entre, d'un côté, la valeur
comptable de l'actif (ou passif) et, de l'autre, la contrepartie reçue (ou payée) et les
plus ou moins-values cumulées comptabilisées directement clans les capitaux
propres est constatée en résultat.
§ 5. - La comptabilité de couverture
A. - Introduction et définitions
309. - La notion de « couverture » désigne une relation entre un élément couvert,
soumis à des risques, et un instrument de couverture qui sert à couvrir ou
compenser ces risques. Pour cette raison, la couverture consiste à prendre des
positions (achats ou ventes) qui connaissent une variation en termes de valeur ou
flux de trésorerie en cas de changement des conditions de marché contraire à la
variation de l'élément couvert. Une entreprise possédant des actions peut ainsi se
protéger contre des baisses de valeur en engageant un contrat de vente à terme ou
en achetant une option de vente. Si la valeur de l'action baisse effectivement, la
perte sera compensée par une hausse de valeur de l'instrument de couverture.
310. - Si on appliquait à l'élément couvert et l'instrument de couverture les règles
habituelles d'évaluation, le bilan et le compte de résultat donneraient une image peu
pertinente, voir erronée, de la situation de l'entreprise. Ceci est la conséquence des
règles d'évaluation distinctes dans IAS 39 pour les différents instruments financiers.
L'instrument de couverture, en général un dérivé, est (presque) toujours évalué à la
juste valeur en contrepartie du résultat ; ses hausses et baisses de valeur impactent
donc directement le résultat.
311. - La situation est différente pour les éléments couverts dont l'évaluation dépend
de la catégorie d'instrument financier à laquelle ils appartiennent. S'il s'agit d'un actif
ou passif évalué en juste valeur en contrepartie du résultat, le traitement comptable
est cohérent puisque les hausses et baisses de valeur passent aussi directement
dans le résultat, et cela de manière opposée à l'instrument de couverture. Ainsi, une
baisse de l'élément couvert et une hausse de l'instrument de couverture se
compensent en terme de résultat; l'effet sur ce dernier (en cas de couverture
parfaite) est nul, ce qui correspond au risque global de la position de couverture.
312. - Par contre, si l'élément couvert appartient à une des quatre autres catégories,
par exemple celle des actifs financiers disponibles à la vente, l'effet compensatoire
de la couverture ne se réalise pas automatiquement. L'élément couvert est évalué au
juste valeur en contrepartie des capitaux propres, l'instrument de couverture en
contrepartie du résultat. Dans cette situation et pour éviter une image erronée du
résultat, il faut des règles spécifiques de comptabilisation. On parle alors de
comptabilité de couverture.
313. - Puisque ces règles spécifiques divergent des règles générales, leur
application est fortement encadrée par IAS 39. Tout d'abord, IAS 39 définit ce qu'un
instrument de couverture et un élément couvert. Ensuite, la norme précise les
différents types de couverture et leur traitement comptable.
314. - De manière générale, IAS 39, § 9, stipule qu'on s'attend d'un instrument de
couverture que sa juste valeur ou ses flux de trésorerie compensent les variations de
juste valeur ou de flux de trésorerie d'un élément couvert. Tous les instruments
financiers dérivés peuvent être désignés comme un instrument de couverture (IAS
39, § 72). Les actifs et passifs financiers non dérivés peuvent uniquement être
désignés comme instrument de couverture dans le cadre d'une couverture du risque
de change. Ainsi, une créance client en dollars peut « couvrir » une dette en dollars.
Par déduction, les actif et passifs non financiers ne constituent jamais un instrument
de couverture.
315. - II existe en plus quelques restrictions complémentaires (IAS 39, Annexe A,
Guide d'application, § 94 à 97) concernant les instruments de couverture :
- les options émises (vendues) sont seulement admises pour couvrir des options
achetées ;
- un investissement dans un instrument de capitaux propres non coté qui n'est pas
évalué au juste valeur parce que celle-ci ne peut pas être déterminée de façon fiable
ou un dérivé lié à un tel instrument et qui consiste à en livrer ne peut pas constituer
un instrument de couverture ;
LE BILAN

- les actions propres d'une entreprise ne peuvent pas être désignées comme
instrument de couverture.
316. - Selon IAS 39, § 9 et 78, un élément couvert est un actif ou un passif
comptabilisé, un engagement ferme non comptabilisé, une transaction prévue
hautement probable ou un investissement net dans une activité étrangère qui :
- expose l'entité à un risque de variation de juste valeur ou de variation de flux de
trésorerie futurs ; et
- est désigné comme étant couvert.
Ces éléments sont souvent couverts individuellement. Néanmoins, IAS 39, § 78,
permet également une couverture pour un groupe de ces éléments si le groupe
présente des caractéristiques de risque similaires ou, dans le cas de la couverture du
risque de taux d'intérêt d'un portefeuille, une partie du portefeuille est soumis à ce
même risque.
317. - En ce qui concerne les éléments couverts, des restrictions complémentaires
suivantes se trouvent dans IAS 39, § 79, 82 et Annexe A, Guide d'application, § 98 à
101 :
- un placement détenu jusqu'à l'échéance ne peut être un élément couvert quant aux
risques de taux d'intérêt ou de remboursement anticipé. Par contre, il peut constituer
un élément couvert en ce qui concerne les risques de change et de crédit ;
- un engagement ferme d'acquérir une entreprise dans le cadre d'un regroupement
d'entreprises ne peut pas être un élément couvert, sauf pour les risques de change ;
- un investissement comptabilisé selon la méthode de mise en équivalence ou dans
une filiale consolidée ne peut pas être un élément couvert contre les variations de la
juste valeur ;
- un actif ou passif non financier peut être un élément couvert contre les risques de
change ou contre tous les risques parce qu'il peut s'avérer difficile d'isoler et
d'évaluer la partie appropriée des variations des flux de trésorerie ou des variations
de juste valeur attribuable aux risques spécifiques autres que les risques de change.
B. - Les conditions d'application de la comptabilité de couverture
318. - Les règles comptables pour les couvertures remplacent les règles
généralement applicables. Pour pouvoir bénéficier de cette dérogation, l'entreprise
doit remplir cinq conditions (IAS 39, § 88) :
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

- désignation et documentation : dès l'origine de la couverture, l'entreprise doit


formellement désigner la relation de couverture et documenter ses différents
paramètres : l'élément couvert et l'instrument de couverture, la nature du risque
couvert et la manière dont l'entreprise évaluera l'efficacité de la couverture (V. infra,
alinéa suivant) ainsi que l'objectif de l'entreprise en matière de gestion des risques et
sa stratégie de couverture ;
- efficacité de la couverture : la couverture doit être hautement efficace dans le
futur. L'efficacité est donnée dans la mesure où les variations de juste valeur ou de
flux de trésorerie de l'élément couvert et de l'instrument de couverture se
compenseront (IAS 39, § 9). IAS 39 ne donne pas d'indication sur comment
quantifier l'efficacité future ; la norme évoque seulement des corrélations statistiques
élevées (IAS 39, Annexe A, Guide d'application, § 105). Par contre, la norme
quantifie l'efficacité réelle (V. infra, dernier alinéa) et par analogie l'entreprise peut
appliquer les mêmes valeurs ;
- couverture de flux de trésorerie et transaction prévue : la transaction prévue qui
fait partie d'une couverture de flux de trésorerie doit être hautement probable et
comporter une exposition aux variations de flux de trésorerie qui pourrait avoir un
impact sur le résultat. Le Guide d'implémentation de IAS 39 donne au paragraphe
F3.7 des indications sur ce que signifie « hautement probable », notamment qu'il est
plus probable que la transaction se fasse qu'elle ne se fasse pas ;
- mesure fiable de l'efficacité : la juste valeur ou les flux de trésorerie de l'élément
couvert et de l'instrument de couverture peuvent être mesurés de façon fiable ;
- évaluation continue de la couverture : à chaque clôture (intérimaire), l'efficacité
réelle pour toute la période représentée par les états financiers doit être déterminée.
La couverture est hautement efficace si le résultat de la couverture est dans une
fourchette de 80 à 125 %. Pour une perte de l'élément couvert de 110 € et un gain de
100 € pour l'instrument de couverture, on obtient un ratio de 110/100 = 110 % ou de
100/110 = 91 %. Une telle couverture est alors hautement efficace.
319. - Si un de ces critères n'est plus rempli, l'entreprise doit cesser d'appliquer les
règles de la comptabilité de couverture et revenir aux règles générales.
C. - Les différents types de couverture et leur comptabilisation
320. - IAS 39, § 86, distingue trois types de relations de couverture :
- la couverture de juste valeur : un élément couvert est exposé à une variation de sa
juste valeur qui est attribuable à un risque particulier et qui peut affecter le résultat ;
LE BILAN

- la couverture de flux de trésorerie : un élément couvert est exposé à des variations


de ses flux de trésorerie qui sont attribuables à un risque particulier et qui pourraient
affecter le résultat ;
- la couverture d'un investissement net dans une activité à l'étranger, tel que
défini dans IAS 21. Cette couverture est comptabilisée comme une couverture de
flux de trésorerie.
1° La couverture de juste valeur
321. - Un exemple de couverture de juste valeur est la couverture d'un actif financier
à taux fixe (obligation, créance) contre une perte de valeur suite à une hausse des
taux d'intérêts. IAS 39, § 89, établit que la plus-value ou la moins-value de la
réévaluation à la juste valeur de l'instrument de couverture doit être comptabilisée
immédiatement en résultat net ; symétriquement, il en est de même pour la plus ou
moins-value sur l'élément couvert. Ce principe s'applique même au cas où, en
suivant les règles normales de comptabilisation, la plus ou moins-value de l'élément
couvert devrait être enregistrée en capitaux propres ou ne devrait pas être
comptabilisée du tout (évaluation au coût amorti). Ainsi un emprunt, évalué au coût
et couvert par un dérivé, donne lieu à un enregistrement symétrique des plus et
moins-values. Il s'ensuit que l'on ne peut pas constater une plus-value sur le dérivé
sans corrélativement enregistrer une moins-value (et donc une augmentation de la
juste valeur) sur l'emprunt lui-même.
322. - Exemple.

En N, une entreprise achète une obligation pour 10 000 € ; au 31/12/N (date de


clôture) ce titre a une juste valeur de 11 000 €. En N+1, l'entreprise veut
préserver cette valeur de 11 000 € et achète un dérivé (supposé de coût nul ou
non significatif lors de son achat) qui la couvre exactement. Au 31/12/N+1, les
taux d'intérêts du marché ayant augmenté la juste valeur du dérivé augmente
de 500 € pendant que la juste valeur de l'obligation baisse de 500 €. En N+2,
l'obligation est vendue pour 10 700 € et le dérivé est cédé au même moment
pour sa juste valeur de 300 €. L'obligation est classée en tant que titre de
transaction dans la catégorie des actifs financiers évalués en juste valeur en
contrepartie du résultat. Les conditions pour pouvoir appliquer la comptabilité
de couverture sont remplies.
N
Titres de transaction 10000 10000
Banque
Titres de transaction 1 000
Produits financiers Enregistrement de la plus- 1 000
value latente au 31/12 dans le résultat

N+1
Instruments dérivés (actif) : 500
Produits financiers : 500
Enregistrement de la plus-value latente du dérivé
au 3 1/1 2 dans le résultat
Produits financiers 500
Titres de transaction 500
Enregistrement de la moins-value latente de
l'obligation au 31/12 dans le résultat
Commentaires :
- il y a comptabilisation symétrique totale au niveau du compte de résultat ;
- nous proposons d'utiliser le même compte « produits financiers » pour la charge et le
produit du fait de la symétrie. IAS 39 ne dit rien à ce sujet mais si la norme IAS 1 prévoit
la non-compensation, elle ne s'applique qu'aux états financiers eux-mêmes ; et sur
ceux-ci le résultat financier peut figurer sur une seule ligne.
N+2
Banque Titres de transaction Produits 10 700 10 500 
financiers Enregistrement de la vente de 200
l'obligation
Banque 300
Produits financiers 200
Instruments dérivés (actifs) 500
Enregistrement de la vente du dérivé
Commentaires :
- les comptabilisations sont symétriques (mais distinctes) ;
- l'effet sur le résultat total est nul sur N+1 et N+2 puisque par hypothèse de l'exemple
l'obligation était exactement couverte. En N apparaît le résultat de 1 000 € lié à cette
opération.
LE BILAN

323. - Exemple.

Nous reprenons l'exemple ci-dessus, à la seule différence que cette fois-ci l'obligation est
classée dans la catégorie « actifs financiers disponibles à la vente ».
N
Titres disponibles à la vente 10000 10 000
Banque
Titres disponibles à la vente 1 000 1 000
Capitaux propres - réserves de réévaluation au 31/12
Enregistrement de la plus-value latente dans les
capitaux propres

N+1
Instruments dérivés (actif) Produits financiers 500 500
Enregistrement de la plus-value latente du dérivé au
31/12 dans le résultat
Produits financiers Titres disponibles à la vente 500 500
Enregistrement de la moins-value latente de
l'obligation au 31/12 dans le résultat
Commentaires :
- en N, la plus-value latente, en absence d'une opération de couverture, figure en capitaux
propres ;
- mais en N+1, et vu l'opération de couverture, la plus-value et la moins-value du dérivé et
de l'obligation sont enregistrées, de façon symétrique, dans le résultat. Ainsi, elles se
neutralisent.
N+2
Banque 10700 10500 200
Titres disponibles à la vente
Produits financiers
Enregistrement de la vente de l'obligation
Banque 300 200 500
Produits financiers
Instruments dérivés (actifs)
Enregistrement de la vente du dérivé
Capitaux propres - réserve de réévaluation 1 000 1 000
Produits financiers
« Recyclage » de la plus-value latente dans le
résultat
Commentaires : dans cet exemple, le résultat de 1 000 lié à cette opération n'apparaît
qu'en N+2 par le « recyclage » de la plus-value latente comptabilisée enN.
2° La couverture de flux de trésorerie
324. - Pour rappel : la couverture de flux de trésorerie consiste à couvrir un élément
dont les flux de trésorerie sont exposés à des variations qui sont attribuables à un
risque particulier et qui pourraient affecter le résultat. L'objet de la couverture n'est
donc pas la juste valeur mais les flux de trésorerie. Un placement à taux variable est,
par exemple, exposé au risque d'une baisse des taux d'intérêt avec la conséquence
d'une baisse des intérêts perçus. En contractant un swap où l'entreprise paie un taux
variable et reçoit un taux fixe, le placement à taux variable peut être transformé en
placement à taux fixe. Un autre exemple est une situation dans laquelle un chiffre
d'affaires futur (contrat de vente signé mais pas encore livré) en devise, soumis au
risque de taux de change, est couvert par la vente à terme de cette même devise.
325. - IAS 39, § 95, édicté que le gain ou la perte sur la couverture doivent être
comptabilisés en capitaux propres pour la partie efficace de la couverture (V. supra,
n° 318, les conditions d'efficacité qu'une couverture doit remplir) et en résultat pour la
partie inefficace. Ce traitement est logique : par définition, la couverture porte sur une
opération destinée à générer des résultats futurs, l'impact sur le résultat doit donc
être concomitant à la comptabilisation des résultats de l'opération elle-même. Par
ailleurs, dans ce type d'opération, les couvertures sont rarement totales, il s'agit
seulement de limiter le risque mais non de l'éliminer totalement ; c'est ce à quoi fait
référence la mention des parties efficace (résultat couvert) et inefficace (résultat non
couvert) de la couverture.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

326. - Exemple.

Le 10 novembre N, une entreprise a conclu un contrat de vente avec un client am éricain


d'un montant de 10 000 US dollars ; livraison et règlement sont prévus pour te 15 mars
N+1. Au moment de conclusion du contrat, le taux de change s'établissait à 1 dollar = 1 €.
Pour se couvrir contre le risque d'une baisse du dollar, l'entreprise met en place, le 11
novembre N, un contrat de vente à terme de 10 000 US dollars, supposé de coût nul et
échéance te 15 mars N+1. Le 31 décembre N, le dollar ayant baissé, le contrat de vente à
terme a une juste valeur positive de 500 €. Au 15 mars N+1, le dollar a encore baissé,
finalement, l'entreprise reçoit 10 000 dollars valant 9 100 € et réalise un gain sur 1e
contrat à terme de 900 €. On considère donc que la couverture est totalement efficace.
Par ailleurs, les conditions de IAS 39, § 88, pour pouvoir appliquer la comptabilité de
couverture sont remplies.
N
Instruments dérivés (actif) 500 500
Capitaux propres - couverture des flux de trésorerie
Enregistrement de la plus-value latente du dérivé au
31/12 dans les capitaux propres

N+1
Banque 9 100 9 100
Chiffre d'affaires
Enregistrement du chiffre d'affaires au 15 mars
Banque 900 500 400
Instruments dérivés (actif)
Chiffre d'affaires
Enregistrement du règlement-livraison du dérivé au 15
mars
Capitaux propres - couverture des flux de trésorerie 500 500
Chiffre d'affaires
« Recyclage » de la plus-value latente dans le résultat

Commentaires : le bénéfice lié à la couverture est comptabilisé dans la même ligne de


résultat que les produits ou charges de l'élément couvert, à savoir le chiffre d'affaires. Ce
traitement s'applique en analogie à IAS 39, § 98, qui demande en cas de couverture d'un
actif ou passif non financier que le montant lié à la couverture et comptabilisé dans les
capitaux propres soit inclut dans coût initial de l'actif ou passif.
§ 6. - IFRS 7 : Instruments financiers : Informations à fournir
A. - Introduction
327. - IFRS 7 est l'une des normes la plus récente, applicable pour les exercices
commençant le 1er janvier 2007. Elle intègre des éléments auparavant inclus dans
IAS 30 (supprimée) et IAS 32, ainsi que quelques nouveautés en termes
d'informations à fournir. Puisque cette norme est exclusivement réservée aux
informations à publier concernant les instruments financiers, l'objectif des
paragraphes suivants n'est pas de reproduire la totalité des exigences mais de les
présenter de manière synthétique.
328. - IFRS 7 est principalement divisée en deux parties. La première, intitulée
« Importance des instruments financiers au regard de la situation et de la
performance financières », demande la publication d'informations qui sont
proprement dites comptables : méthodes comptables, informations sur des valeurs
comptables au bilan et au compte de résultat, etc. La deuxième partie de IFRS 7,
«Nature et ampleur des risques découlant des instruments financiers », va au-delà
de la comptabilisation des instruments financiers et prescrit des informations
diverses concernant la gestion des risques inhérents aux instruments financiers.
B. - Les informations concernant la comptabilisation des instruments
financiers
329. - Les informations à fournir concernent le bilan, le compte de résultat et/ou
l'annexe et doivent permettre aux utilisateurs des états financiers « d'évaluer
l'importance des instruments financiers au regard de la situation et de la performance
financières » (IFRS 7, § 7) de l'entreprise.
1° Informations concernant le bilan
330. - L'entreprise doit fournir des informations dans les domaines suivants, selon
IFRS 7, § 8 à 19.
a) Catégories d'actifs et de passifs financiers
331. - Au bilan ou en annexe les différentes catégories d'instruments financiers
doivent être indiquées :
LE BILAN

- actifs financiers (et idem pour les passifs) évalués en juste valeur en contrepartie
du résultat en distinguant les instruments désignés comme tels et ceux détenus à
des fins de transaction ;
- les placements détenus jusqu'à leur échéance ;
- les prêts et créances ;
- les actifs financiers disponibles à la vente ; et
- les passifs financiers évalués au coût amorti.
b) Actifs ou passifs financiers en juste valeur en contrepartie du résultat
332. - II y a des informations à fournir si des prêts ou créances ou un passif financier
ont été classés dans cette catégorie, par exemple : le montant du changement de la
juste valeur de ces types d'instruments financiers pendant l'année et cumulé qui est
lié aux changements du risque de crédit, l'exposition maximale au risque de crédit du
prêt ou de la créance à la date de clôture, la différence entre la valeur comptable et
le montant à payer à l'échéance pour les passifs financiers, etc.
c) Reclassement
333. - Les montants et les motifs d'éventuels reclassements entre les instruments
financiers évalués à la juste valeur et ceux évalués au coût (amorti).
d) Décomptabilisation
334. - En cas de transfert d'actif financier qui ne remplit pas toutes les conditions de
décomptabilisation (V. supra, n° 303), il convient d'indiquer, entre autres, la nature
des actifs et la nature des risques et avantages de ces actifs auxquels l'entreprise
reste exposée.
e) Instruments de garantie
335. - Les informations à fournir concernent les garanties donnés et reçues : la
valeur comptable des actifs financiers donnés en garantie et la juste valeur des
garanties détenues ; les termes et conditions des garanties accordées et de
l'utilisation des garanties obtenues, etc.
f) Compte de correction de valeur pour pertes de crédit
336. - Lorsqu'une dépréciation sur un actif financier en raison d'un risque de crédit
est comptabilisée dans un compte de correction distinct et non pas directement en
réduction de l'actif concerné, un rapprochement des variations de ce compte pendant
l'exercice doit être fourni.
INFORMATION FINANCIERE EN IFRS

g) Instruments financiers composés comprenant de multiples dérivés


incorporés
337. - Pour leur comptabilisation, les instruments composés, par exemple les
obligations convertibles, doivent être séparées dans leurs composantes capitaux
propres et dettes. Parfois, ces instruments composés peuvent comporter plusieurs
dérivés incorporés dont les valeurs sont interdépendantes. L'existence de ces
multiples dérivés doit être indiquée.
h) Défaillances et inexécutions
338. - Concernant ses emprunts, l'entreprise doit donner des informations sur tout
défaut de paiement (principal, intérêts) au cours de l'exercice, la valeur comptable
des emprunts concernés et si le défaut a été réparé ou l'emprunt renégocié. Il
convient d'informer de manière similaire au cas où un autre type de manquement a
permis au prêteur d'exiger le remboursement anticipé (sauf si le manquement a été
réparé). Un exemple serait le non-respect de « dettes covenants » qui sont
généralement des ratios comptables imposés par le créancier.
2° Informations concernant le compte de résultat et les capitaux propres
339. - L'entreprise doit fournir soit dans ses états financiers, soit en annexe, des
informations dans les domaines suivants selon IFRS 7, § 20 :
- le « résultat » séparément pour les différentes catégories d'instruments financiers,
en indiquant pour les actifs et passifs financiers évalués en juste valeur en
contrepartie du résultat celui relatif aux instruments désignés comme tel et celui
relatif aux instruments détenus à des fins de transaction. Aussi, il convient de publier
séparément le « résultat » lié aux actifs financiers disponibles à la vente comptabilisé
directement en capitaux propres et le montant « recyclé » en résultat ;
- le produit et la charge d'intérêt total pour les actifs et passifs financiers qui ne sont
pas évalués en juste valeur en contrepartie du résultat ;
- les produits et charges de commissions liés aux actifs et passifs financiers qui ne
sont pas évalués en juste valeur en contrepartie du résultat et ceux liés aux activités
de fiducie ou activités analogues ;
- les produits d'intérêts courus sur des actifs financiers dépréciés ; et
- le montant des pertes de valeur pour les différentes catégories d'actif financier.
LE BILAN

3° Autres informations sur les instruments financiers


340. - Cette partie traite essentiellement de la comptabilité de couverture et la juste
valeur (IFRS 7, § 22 à 30) mais aussi les informations sur les bases d'évaluation
appliquées aux instruments financiers (IFRS 7, § 21).
341. - Concernant la comptabilité de couverture, il convient de publier, entre autres :
- pour chaque type de couverture : description de chaque type, description des
instruments de couverture et leurs justes valeurs et la nature des risques couverts ;
- pour les couvertures de flux de trésorerie, entre autres, les périodes au cours
desquelles on s'attend à ce que les flux se réalisent et influencent le résultat, le
montant comptabilisé en capitaux propres et le montant sorti des capitaux propres
soit en résultat soit en coût d'acquisition d'un actif ou passif non-financier ;
- pour les couvertures de juste valeur, les profits et pertes sur l'instrument de
couverture et l'élément couvert.
342. - En ce qui concerne la juste valeur, IFRS 7 demande d'indiquer, entre autres :
- la juste valeur de chaque catégorie d'actif et passif financier (sauf exceptions ; par
exemple les créances clients et dettes fournisseur) afin de pouvoir la comparer avec
les valeurs comptables ;
- les méthodes et hypothèses appliquées dans* la détermination de la juste valeur de
chaque catégorie d'actif ou passif financier ;
- si les justes valeurs sont déterminées en utilisant des prix public sur un marché actif
ou des estimations selon une technique de valorisation ;
- des informations au cas où le marché d'un instrument financier n'est pas actif.
C. - Les informations concernant la gestion des risques inhérents aux
instruments financiers
343. - Dans cette partie, une entreprise doit publier des informations permettant aux
utilisateurs des états financiers d'évaluer la nature et l'ampleur de son exposition aux
risques liés aux instruments financiers (IFRS 7, § 31). On peut distinguer des
informations qualitatives, des informations quantitatives générales par type de risque
et des informations quantitatives spécifiques par type de risque.
1° Les informations qualitatives (IFRS 7, § 33)
344. - Cette partie comprend le rapport (général) sur la gestion des risques, à
savoir :
- les expositions aux risques et comment celles-ci surviennent ;
- les objectifs, politiques et procédures de gestion ainsi que les méthodes de mesure
du risque ; et
- tout changement des deux premiers par rapport à l'exercice précédent.
2° Les informations quantitatives générales (IFRS 7, § 34 et 35)
345. - Pour chaque type de risque lié aux instruments financiers utilisés, l'entreprise
doit publier des informations quantitatives sur l'exposition au risque à la clôture de
l'exercice. Ces informations doivent être les mêmes que celles fournies en interne au
management. Si ces informations (ou les informations spécifiques ci-dessous) ne
font pas ressortir la concentration de risque, elle doit être indiquée séparément.
Aussi, un complément d'informations doit être publié si la situation de risque à la date
de clôture n'est pas représentative de l'exposition pendant l'exercice. Souvent, les
entreprises présentent une exposition sur toute l'année, une exposition moyenne ou
encore l'exposition maximale et minimale pendant l'exercice.
3° Les informations quantitatives spécifiques (IFRS 7, § 36 à 42)
346. - IFRS 7 distingue expressément le risque de crédit, le risque de liquidité et le
risque de marché, même si ses dispositions ne se limitent pas à ceux-ci. Pour ces
trois catégories de risques, la norme prescrit un peu plus en détails des informations
quantitatives complémentaires à publier.
347. - Concernant le risque de crédit, une entreprise doit publier par catégorie
d'instrument financier :
- le montant représentatif de l'exposition maximale au risque de crédit à la date de
clôture sans considération des garanties éventuelles ; celles-ci sont fournies
séparément ;
- des informations sur la qualité du crédit des actifs financiers sains ;
- la valeur comptable des actifs financiers seulement sains parce que leurs
conditions ont été renégociées ;
- pour les actifs financiers en souffrance ou dépréciés : une analyse d'âge des actifs
financiers en « souffrance » (terme utilisé dans IFRS 7) mais non dépréciés, une
analyse des actifs financiers individuellement dépréciés et comment cette
dépréciation a été déterminée, une description des garanties détenues ou
rehaussement de crédit pour ces actifs et leur juste valeur ;
- en ce qui concerne les garanties obtenues et comptabilisées dans les états
financiers de l'entreprise, leur nature et valeur comptable ainsi que la politique
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

concernant leur cession ou utilisation si les actifs en question ne sont pas


immédiatement convertibles en trésorerie.
348. - Par rapport au risque de liquidité, il convient de publier une analyse des
échéances contractuelles résiduelles des passifs financiers et une description de la
façon dont ce risque est géré. Deux remarques s'imposent :
- les échéances des passifs seuls ne suffisent pas à mesurer le risque de liquidité ; il
faut plutôt juxtaposer celles des passifs à celles des actifs ;
- une « description » comme information quantitative est curieuse. Quelle est la
différence entre cette description et celle publiée dans le cadre des informations
qualitatives ci-dessus ?
349. - Les informations à fournir relatives au risque de marché sont les suivantes :
- si une entreprise gère ce risque en utilisant des analyses de sensibilité, par
exemple la valeur en risque, qui incorporent des corrélations entre les variables de
risque, elle doit expliquer la méthode employée ainsi que les principaux paramètres
et hypothèses appliqués. Il convient également d'expliquer les objectifs de la
méthode utilisée et ses limites en terme d'informations sur la juste valeur des actifs et
passifs concernés ;
- si une entreprise n'utilise pas d'analyses de sensibilité pour sa propre gestion (V.
supra, alinéa précédent) elle doit néanmoins en publier une pour chaque type de
risque de marché (taux d'intérêts, taux de change, etc.) et l'impact sur le résultat et
les capitaux propres d'un changement de certaines variables, les méthodes et
hypothèses utilisées pour cette analyse ainsi que tout changement de celles-ci et les
raisons de ce changement ;
- si les informations ci-dessus ne donnent pas une situation représentative du risque,
l'entreprise doit indiquer ce fait et expliquer pourquoi elle pense qu'elles ne sont pas
représentatives.
LE BILAN

Section 5
LES ACTIFS COURANTS (HORS INSTRUMENTS
FINANCIERS)
350. - Les actifs courants (hors instruments financiers) comprennent ;
- les stocks et travaux en cours ;
- les créances clients et autres créances.
- la trésorerie et les équivalents de trésorerie.
§ 1. - Les stocks
351. - Les stocks font l'objet d'une norme spécifique, IAS 2, Stocks. Selon IAS 2, §
6, les stocks sont :
- des actifs destinés à être vendus dans le cours d'une activité normale ;
- des encours de production pour une telle vente ;
- ou des matières premières ou fournitures devant être consommées dans le
processus de production ou de réalisation de prestations de service.
352. - Par contre, IAS 2 ne s'applique pas :
- aux encours de production liés aux contrats à long terme. IAS 11 précise les modes
de comptabilisation des contrats de construction dont la réalisation excède douze
mois dans la plupart des cas ;
- aux instruments financiers qui sont comptabilisés selon IAS 32 et 39 (V. supra, n°
247) ;
- aux actifs biologiques comptabilisés selon IAS 41, Agriculture.
A. - L'évaluation initiale des stocks
353. - Un stock entre à l'actif à son coût et doit ensuite être évalué au plus faible du
coût et de la valeur nette de réalisation. Les règles françaises concernant l'évaluation
et la comptabilisation des stocks sont très proches d'IAS 2.
1° Le coût d'un stock
354. - Le coût d'un stock doit comprendre le coût d'acquisition, les coûts de
transformation et les autres coûts encourus pour amener le stock à l'endroit et dans
l'état où il se trouve.
355. - Le coût d'acquisition d'un stock comprend (IAS 2, § 11) :
- le prix d'acquisition net de toute remise ;
- les droits de douane et autres taxes non récupérables ;
- les frais de transport et de manutention ;
- tous les autres frais directement attribuables à l'acquisition du stock.
356. - Les coûts de transformation sont les coûts liés aux unités produites, tels
que (IAS 2, § 12) :
- la main-d'œuvre directe ;
- les frais généraux fixes encourus pour transformer la matière première en produits
finis : il s'agit de l'amortissement et de l'entretien des matériels industriels et des
bâtiments, des frais de gestion et d'administration de l'usine. Les frais généraux fixes
de production sont affectés aux coûts de transformation en fonction de la capacité
normale de production (IAS 2, § 13). Dans le cas d'une baisse de production portant
celle-ci en-dessous du seuil de la production normale, le montant des frais généraux
affectés à chaque unité produite ne doit pas augmenter. Les frais généraux fixes de
production non affectés au coût des stocks sont comptabilisés en charges de
l'exercice (V. infra, n°360);
- les frais généraux variables encourus pour transformer la matière première en
produits finis : matières premières indirectes et main-d'œuvre indirecte.
357. - Les autres coûts inclus dans le coût d'un stock ne peuvent être que des
coûts encourus pour amener les stocks à l'endroit et dans l'état où ils se trouvent
(IAS 2, § 15). Il peut s'agir par exemple de coûts de production à l'usage de clients
spécifiques. Les coûts d'emprunt doivent également être incorporés aux coûts des
stocks qui nécessitent une longue période de préparation et qui répondent ainsi à la
définition d'actifs éligibles d'après IAS 23 (V. supra, n° 178).
358. - Certains coûts sont obligatoirement exclus du coût des stocks car ils ne sont
pas consommés au cours de la période de production ou sont liés à une
consommation anormale (IAS 2, § 16) :
- consommations anormales de matières premières de main-d'œuvre ou d'autres
frais de production ;
- les frais généraux administratifs qui ne contribuent pas à mettre les stocks à
l'endroit et dans l'état où ils se trouvent ;
- les frais de commercialisation ;
- les coûts de stockage, à moins que ces coûts soient nécessaires au processus de
production préalablement à une nouvelle étape de production.
359. - Le coût des stocks d'un prestataire de service se compose essentiellement
des frais de personnel directement engagés dans la production du service, y compris
le personnel d'encadrement et les frais généraux attribuables. Les coûts relatifs aux
ventes et au personnel administratif général sont comptabilisés en charges de
l'exercice au cours duquel ils sont encourus.
360. - Exemple.

Une entité fabrique un produit X dont le cycle de production est d'un mois. Au 1/12/N, il
n'existe aucun stock de produit X. La production de décembre a été de 90 000 unités. La
production normale est de 100 000 unités par mois.
Les coûts affectés à la production de décembre N par le contrôle de gestion (en euros)
sont les suivants :
Consommation de matières premières 500 000
Frais de main-d'œuvre directe 400000
Autres frais variables de production 100000
Amortissement des matériels et bâtiments industriels 60000
Quote-part de frais administratifs 30000
Coûts de distribution 20000
Quote-part de frais de recherche fondamentale 10000
Coût de stockage 15 000
Coût total 1 135 000
Le coût du stock au 31/12/N est de :
500 000 + 400 000 + 100 000 -t- (90 % x 60 000) = 1 054 000 €.

2° Les techniques d'évaluation du coût


361. - Le coût d'un stock est en principe déterminé à partir des coûts réellement
engagés. Cependant, d'autres méthodes peuvent être utilisées pour des raisons
pratiques, à condition qu'elles donnent des résultats proches des résultats réels (IAS
2, § 21 et 22).
362. - Les coûts standards, qui retiennent des niveaux normaux d'utilisation de
matières premières et de fournitures de main-d'œuvre, d'efficience et de capacité,
peuvent être utilisés pour déterminer le coût d'un stock. Ils doivent être réexaminés
régulièrement.
363. - La méthode du prix de détail est souvent utilisée dans l'activité de
distribution au détail pour évaluer les stocks de grande quantité à rotation rapide, qui
ont des marges similaires et pour lesquels il n'est pas possible d'utiliser d'autres
méthodes de coûts. En France, cette méthode d'évaluation des stocks est rarement
LE BILAN

utilisée et essentiellement par les grands magasins. Elle est en revanche


couramment utilisée aux États-Unis.
364. - Exemple.

L'entité A est une enseigne de distribution multi-produit. Elle utilise la méthode du prix
de détail pour déterminer le coût de ses stocks de marchandises. À la fin de l'année N,
les informations concernant le rayon 1 sont les suivantes :
- Stock au 1er janvier N : 300 000 € (en prix de vente) ; taux de marge : 55 % ;
- Achats de l'année : 100 000 € en prix de vente et 40 000 € en prix de revient ;
- Ventes de l'année N : 165 000 € ;
- Démarque connue (remises de fin d'année accordées aux clients) de l'année N : 15
000 € (en prix de vente).
On obtient le coût d'achat (ou prix de revient) des produits vendus en N, la marge
réalisée en N et la valeur du stock en coût d'achat à fin N suivants :
Prix de vente Prix de revient Taux de marge Profit
Stock initial 300 000 135 000 55,00 % 165000
début N
Achats de (a 100 000 40000 60,00 % 60000
période
Disponible de 400 000 56,25 % 225 000
la période
Ventes de la 165000 72 187 56,25 % 92 812
période
Stock final fin N 235 000 102812 56,25 % 132 187

Extrait du compte résultat N


Charges Produits
Coût des marchandises vendues 72 187 Ventes de marchandises nettes 1 50 000

L'impact sur le résultat (la marge réalisée) en N s'élève à :


77 813 € (= 92 812 - 15 000 (remise) ou 150 000
(Ventes nettes de démarque) - 72 187).
Le stock final de N est de 102 813 €.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

365. - Illustration.
Extrait du rapport annuel 2005 PPR
« 2.8 Stocks
La méthode de détermination du coût est identique pour les stocks ayant une nature
et un usage similaires dans une même entité. Les stocks sont évalués selon la
méthode du prix de détail retail method, du Premier Entré Premier Sorti (PEPS) ou
du coût moyen pondéré selon les différentes activités du groupe. »

B. - L'évaluation à la clôture de l'exercice


366. - Les stocks doivent être évalués au plus faible du coût et de la valeur nette de
réalisation (IAS 2, § 9). La valeur nette de réalisation est le prix de vente estimé dans
le cours normal de l'activité, diminué des coûts estimés pour l'achèvement et des
coûts estimés nécessaires pour réaliser la vente (IAS 2, § 6). Elle doit en principe
être estimée élément par élément (IAS 2, § 30). Pour les produits finis et des
marchandises, la valeur nette de réalisation correspond au prix du marché, ou au
prix du contrat, déduction faite des frais restant à engager (IAS 2, § 31). Lorsqu'elle
est inférieure au coût des stocks, une dépréciation doit être comptabilisée en
charges de la période au cours de laquelle la dépréciation est constatée.
367. - Exemple.

Au cours de l'année N, une entité a acquis des marchandises destinées à la vente pour un
montant de 2 000 000 €. Il n'existait aucun stock au 31/12/N-l. Au 31/12/N, les ventes de
marchandises réalisées durant l'année se montent à 3 200 000 €. Les frais de
commercialisation de l'année N ont été de 39 000 € (se décomposant en charges de
personnel pour 35 000 € et en frais de transport pour 4 000 €), Par ailleurs, il reste des
marchandises en stock dont le coût est de 100 000 €. Les frais de commercialisation sont
estimés à 2 000 €. La valeur de marché de ce lot de marchandises est estimée à 80 000
€. L'entreprise a cependant conclu un contrat de vente ferme à l'export pour ce lot de
marchandises, au prix de 85 000 €.
La valeur nette de réalisation du stock est de : 85 000 - 2 000 = 83 000 €. Une
dépréciation de 17 000 € doit donc être enregistrée. Cette dépréciation est présentée
différemment dans un compte de résultat par nature ou par fonction.
Extrait du compte de résultat N présenté par nature de charges
Charges Produits
Achats de marchandises Ventes de marchandises 3 200 000
Vendues 2 000 000
Variation du stock - 100000
Charges externes 4 000
Charges de personnel 35 000
Dépréciation des stocks 17000
Impact sur le résultat N : + 1 244 000 €
Extrait du compte de résultat N présenté par fonction
Charges Produits
Coût des marchandises vendues Ventes de marchandises 3 200 000
1 917 000
Frais de commercialisation 39 000
Impact sur le résultat N : + 1 244 000 €

368. - Les matières premières et autres fournitures ne sont pas dépréciées si on


pense vendre les produits finis dans lesquels elles sont incorporées à leur coût ou
au-dessus de leur coût. Dans le cas inverse, le stock de matières premières doit être
déprécié. Le coût de remplacement peut alors se révéler la meilleure mesure
possible de la valeur nette de réalisation (IAS 2, § 32). LE BILAN

369. - Exemple.
Une entité utilise une matière première Ml pour fabriquer un produit PT.
Au cours de l'année N, anticipant une hausse de M1, elle en a acquis un stock
important, Courant N+1, le prix de la matière Ml chute, entraînant une chute du prix
de vente du I produit P1. Au 31/12/N+1, tes informations concernant les stocks sont
les suivantes :
• stock de matières premières :
• coût d'achat : 50 000 €
• valeur de remplacement : 40 000 €
• stock de produits finis :
• coût de production : 600 000 €
• valeur nette de réalisation : 510 000 €.
Le stock de produits finis doit être déprécié de 90 000 €.
Le stock de matières premières doit être déprécié de 10 000 € : en effet, les matières
premières sont incorporées à des produits finis dont le coût de production excède la
valeur nette de réalisation.
La dépréciation du stock de matières premières conduira à diminuer te coût de
production des produits finis fabriqués au cours de l'année N+2.

370. - Une dépréciation peut être reprise ultérieurement si la valeur nette de


réalisation du stock augmente et que ce stock n'a pas été consommé. La reprise est
comptabilisée par diminution de la valeur du stock consommé au cours de la période
(IAS 2, § 34). Le schéma d'écriture du droit comptable français (utilisation d'un
compte « reprise sur provisions ») ne peut donc pas être utilisé.
C. - La décomptabilisation des stocks
371. - Les consommations de stock font l'objet d'une évaluation individuelle et
spécifique lorsqu'il s'agit de stocks identifiables, c'est-à-dire qui ne sont pas des
biens fongibles (IAS 2, § 23).
372. - Lorsqu'il s'agit de biens fongibles, les sorties de stocks sont évaluées en
utilisant, soit la méthode du PEPS (premier entre-premier sorti, ou FIFO), soit la
méthode du coût moyen pondéré (CMP). Le coût moyen pondéré peut être calculé
périodiquement ou après chaque entrée. La méthode DEPS (dernier entre-premier
sorti, ou LIFO) est - contrairement au droit français - interdite.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

373. - Illustration.

Extrait du rapport annuel PSA 2005


« 1.15 Stocks
Conformément à la norme IAS 2 « Stocks », les stocks sont évalués au plus faible de
leur coût et de leur valeur nette de réalisation. Le coût des stocks est déterminé
selon la méthode du « premier entre-premier sorti ». Il incorpore, sur la base d'un
niveau d'activité normal, les charges directes et indirectes de production. »

374. - La norme IAS 2 ne propose pas de technique de comptabilisation des stocks.


Elle précise simplement que lorsque les stocks sont vendus, la valeur comptable de
ces stocks doit être comptabilisée en charges de la période au cours de laquelle les
produits correspondants sont comptabilisés (IAS 2, § 34). Selon certaines
interprétations, ceci aurait pour conséquence une comptabilisation obligatoire selon
la méthode de l'inventaire permanent, alors que la plupart des entreprises
françaises comptabilisent les stocks selon la méthode de l'inventaire intermittent. À
notre avis, les deux méthodes sont conformes à IAS 2, puisqu'elles conduisent
toutes les deux à comptabiliser en charges le stock consommé au cours de la
période.
D. - Les informations à fournir
375. - Les informations suivantes concernant les stocks doivent être fournies (IAS 2,
§ 36) :
- les méthodes d'évaluation des stocks, notamment la méthode de détermination du
coût utilisée ;
- la valeur comptable totale des stocks et sa ventilation par catégories appropriées à
l'entité. IAS 2, § 37 et IAS 1, § 75, précisent que les classifications usuelles des
stocks sont : les marchandises, les fournitures de production, les matières premières,
les travaux en cours et les produits finis ;
LE BILAN
- la valeur comptable des stocks comptabilisés à la juste valeur diminuée des coûts
de vente (qui est sauf exception égale à la valeur de réalisation) ;
- le montant des stocks comptabilisés en charges au cours de la période ;
- le montant de toute dépréciation comptabilisée en charges ;
- le montant de toute reprise comptabilisée en réduction de la valeur des stocks
comptabilisés en charges au cours de la période ;
- les circonstances et événements ayant conduit à la reprise de la dépréciation des
stocks ;
- la valeur comptable des stocks donnés en nantissement de passifs.
§ 2. - Les créances
376. - Le référentiel IFRS considère les créances comme des actifs financiers. Elles
entrent dans la catégorie « Prêts et créances » prévue par IAS 39 (V. supra, n° 272).
Elles suivent donc les règles de présentation et d'évaluation prévues pour cette
catégorie d'actifs financiers. Dans ce chapitre, nous ne ferons qu'un rappel rapide de
ces règles ; pour plus de détails se référer au chapitre 3, section 4 sur les
instruments financiers (V. supra, n° 263 et s.).
A. - Les règles d'évaluation des créances
377. - Selon IAS 39, § 46, les créances sont évaluées au coût amorti, calculé à l'aide
d'un taux effectif global. Cependant, les créances à court terme, sans intérêt, pour
lesquelles l'actualisation a peu d'effets significatifs, sont évaluées au montant de la
facture d'origine.
378. - Lorsqu'il est probable que l'entité ne sera pas en mesure d'encaisser les
montants dus, une dépréciation ou perte sur créance douteuse (IAS 39, § 63) doit
être comptabilisée au compte de résultat. La dépréciation à constater est égale à la
différence entre le coût amorti de la créance à la date d'arrêté et sa valeur
recouvrable. La valeur recouvrable correspond aux flux de trésorerie futurs non
actualisés dans le cas de créances à court terme. Pour les créances significatives, la
dépréciation est en principe déterminée individuellement. Pour les créances de faible
valeur, une appréciation statistique du risque de non recouvrement est possible (IAS
39, § 64).
379. - La dépréciation peut être comptabilisée soit en utilisant un compte de
correction de valeur, soit en diminuant directement la valeur de la créance.
380. - Exemple.

Une entité détient une créance de 100 000 € sur son client A Le client connaissant des
difficultés de trésorerie, la valeur recouvrable est estimée à 60 000 € au 31/12/N.
Une dépréciation de 40 000 € doit être comptabilisée.
Première possibilité : utilisation d'un compte de perte de valeur
31/12/N
Dotations aux dépréciations d'actifs 40000
Perte de valeur sur 40000
créances clients
Deuxième possibilité : imputation directe sur la créance client
31/12/N
Dotations aux dépréciations d'actifs 40000 40000
Créances clients

B. - Les informations à fournir


381. - IAS 32 ne mentionne pas d'informations spécifiques à fournir concernant les
créances. Il est simplement précisé au paragraphe 94, qu'« une entité doit indiquer la
nature et le montant de toute perte de valeur comptabilisée en résultat au titre d'un
actif financier ». Cependant, IAS 1, § 75, précise que l'entité doit présenter, au bilan
ou en annexe, les différentes catégories de créances. Sont cités à titre d'exemple :
- les créances clients ;
- les créances intra-groupes ;
- les acomptes versés, etc.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

382. - Illustration.
Extrait du rapport annuel EADS 2005
« Créances clients - Les créances clients comprennent les créances résultant de la
reconnaissance du chiffre d'affaires qui ne sont pas réglées par le débiteur ainsi que
les créances se rapportant à la reconnaissance du chiffre d'affaires en fonction de
l'achèvement des travaux. Les créances clients sont initialement comptabilisées à la
juste valeur et, sous réserve qu'elles ne soient pas susceptibles d'être réalisées dans
le délai d'un an, sont ultérieurement évaluées au coût amorti selon la méthode du
taux d'intérêt effectif. S'il est probable que le Groupe n'est pas en mesure de
recouvrer toutes les sommes dues conformément aux conditions initiales des
créances, une dépréciation doit être constatée. Le montant de la dépréciation est
égal à la différence entre la valeur comptable de l'actif et la valeur actuelle des flux
de trésorerie futurs estimés, actualisés au taux d'intérêt effectif initial, à savoir le taux
qui actualise exactement le flux attendu de paiements en espèces futurs jusqu'à
l'échéance ou la prochaine date de préfixation du prix fondée sur le marché, à la
valeur comptable nette actuelle de l'actif financier. La valeur comptable de la créance
client est réduite en utilisant un compte de provision pour dépréciation. La dotation
aux provisions pour dépréciation est comptabilisée dans le compte de résultat
consolidé. »
Commentaires : EADS considère que les créances clients dont l'échéance n'excède
pas un an ne sont pas actualisées, comme IAS 39 le permet. Les dépréciations
éventuelles sont comptabilisées selon le schéma comptable du droit comptable
français (utilisation d'un compte « Provisions pour dépréciations »).

§ 3. - La trésorerie et les équivalents de trésorerie


383. - Les dispositions concernant la trésorerie et les équivalents de trésorerie se
trouvent principalement dans IAS 7, Tableau de flux de trésorerie, et IAS 39. La
trésorerie et les équivalents de trésorerie font partie des actifs courants, sauf si des
restrictions existent quant à leur disponibilité dans les douze mois après la date de
clôture (IAS 1, § 57).
384. - La trésorerie comprend les fonds en caisse et les dépôts à vue selon IAS 7,
§ 6. Les équivalents de trésorerie sont les placements à court terme, très liquides,
facilement convertibles à un montant connu de trésorerie et soumis à un risque
négligeable de changement de valeur (IAS 7, § 6). L'échéance de ces placements ne
doit pas excéder en principe trois mois. Les investissements en actions sont exclus
des équivalents de trésorerie, sauf cas particuliers (IAS 7, § 7).
385. - La trésorerie et les équivalents de trésorerie constituent des « actifs financiers
évalués en juste valeur par le résultat ». Ils doivent donc être évalués à la juste
valeur à la clôture de l'exercice comptable (pour plus de détails, V. supra, n° 278).
386. - Selon IAS 7, § 48, le montant des soldes importants de trésorerie et
d'équivalent de trésorerie détenus par l'entreprise et non disponible pour le groupe
doit être mentionné en annexe et accompagné d'un commentaire de la direction (par
exemple, cela peut être le cas de montants de trésorerie détenus par des filiales
situées dans des pays où des contrôles de change existent).

Section 6
LES CAPITAUX PROPRES
§ 1. - La notion de capitaux propres
387. - II n'existe pas de norme internationale spécifique pour les capitaux propres.
Selon les explications générales du Cadre conceptuel, § 49, les capitaux propres
sont définis comme l'intérêt résiduel dans les actifs de l'entreprise après déduction de
tous ses passifs. Une définition analogue se trouve dans LAS 32, Instruments
financiers : informations à fournir et présentation, § 11 concernant les instruments de
capitaux propres. Le montant des capitaux propres dépend donc indirectement de la
définition des actifs et passifs et de leur évaluation (V. supra, nos 62 et s.).
388. - La définition des capitaux propres donnée par la norme IAS 32, § 16, est la
suivante : un instrument financier émis par une entreprise est un instrument de
capitaux propres si et seulement si :
- l'instrument ne contient pas d'obligation contractuelle :
• de verser de la trésorerie ; ou
• de remettre un autre actif financier ou d'échanger des actifs ou passifs financiers à
des conditions potentiellement défavorables ; et
- l'instrument doit ou peut être remboursé en actions de l'émetteur, il doit
obligatoirement être :
• soit un instrument non dérivé qui n'inclut aucune obligation contractuelle pour
l'émetteur de délivrer un nombre variable d'actions propres,
• soit un instrument dérivé qui sera réglé uniquement par l'échange d'un montant fixe
de trésorerie ou d'un autre actif financier contre un nombre fixe d'actions propres.
Si l'une des deux conditions présentées ci-dessus n'est pas remplie, l'instrument
n'est pas considéré comme un instrument de capitaux propres mais comme une
dette.
389. - Ces conditions sont à l'origine de différences de classement en droit
comptable français et en IFRS. Par exemple :
- les obligations remboursables en actions (ORA) classiques portant intérêts seront
classées en dettes en IFRS alors qu'elles constituent des autres fonds propres
consolidés en normes françaises ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- les titres subordonnés à durée indéterminée (TSDI) seront aussi classés en dettes
en IFRS et en autres fonds propres consolidés en normes françaises.
Par contre, les bons de souscription d'actions (BSA) classiques (droit à recevoir un
nombre fixe d'actions pour un montant fixe de trésorerie) seront classés en capitaux
propres en normes IFRS et en normes françaises.
390. - Cependant, ce n'est pas seulement la forme juridique, mais surtout la
substance sous-jacente et la réalité économique qui est décisive pour la
classification d'un élément en actif, passif ou capitaux propres (Cadre conceptuel, §
51 et IAS 32, § 18). Parfois, des instruments financiers émis peuvent avoir des
caractéristiques de capitaux propres et de passifs (exemple : obligations convertibles
en actions) ; on parle alors d'instrument composé. Pour comptabiliser les
instruments composés, il faut identifier leur élément capitaux propres et leur
élément passif et les classer séparément (IAS 32, § 28 ; split accounting).
Contrairement au droit comptable français, il n'existe pas de rubrique intermédiaire
du type « Autres fonds propres consolidés » en normes IFRS.
391. - Exemple.

Une entreprise émet une obligation convertible en actions, échéance dans quatre
ans, taux d'intérêt fixe de 4 % annuel. Chaque obligation (valeur nominale 1 000 €)
peut être échangée en 100 actions ordinaires de l'entreprise émettrice pendant la
durée de quatre ans. Le taux d'intérêt de marché pour une obligation équivalente
(échéance, risque de l'émetteur) sans possibilité de conversion en actions est de 6 %
annuel au moment de l'émission. Le volume de l'émission s'élève à 3 000 000 €.
L'IAS 32, § 31 prescrit comme solution de calculer la partie « dette » de cette
émission en actualisant le montant à rembourser dans quatre ans (3 000 000 €) et
les intérêts à payer pendant quatre ans (4 % sur 3 000 000 = 120 000 € annuel), le
taux de marché équivalent étant le taux d'actualisation. Ainsi, la partie « dette »
s'évalue à 2 792 094 € et la partie « capitaux propres » est la différence entre le
volume d'émission et la valeur de la dette : 207 906 € (= 3 000 000 - 2 792 094). Par
conséquent, un montant de 207 906 € sera comptabilisé en capitaux propres et un
montant de 2 792 094 € en dettes financières.

§ 2. - Les éléments des capitaux propres


392. - II a déjà été indiqué que les normes IFRS ne contiennent pas de modèle
obligatoire de présentation du bilan (ou du compte de résultat) et que, par
conséquent, elles ne prescrivent pas une présentation particulière des capitaux
propres. Les règles de base en matière de présentation des capitaux propres et des
informations à fournir à leur propos se trouvent dans IAS 1 et IAS 32. Des
dispositions supplémentaires traitant quelques sous-postes des capitaux propres
existent dans d'autres IFRS (V. infra, n° 409 ).
393. - En ce qui concerne les capitaux propres, IAS 1, § 68 stipule que le bilan doit
comporter au minimum le capital émis, les réserves et les intérêts minoritaires. En
outre, le Cadre conceptuel, § 65 propose de subdiviser les capitaux propres (d'une
société commerciale) dans le bilan en distinguant :
- les fonds apportés par les actionnaires ;
- les résultats non distribués ;
- les réserves représentant l'affectation des résultats non distribués ;
- les réserves représentatives des ajustements destinés au maintien du capital.
Le fait que les intérêts minoritaires sont également présentés dans un poste des
capitaux propres ne correspond pas au règlement CRC 99-02 qui les classe au bilan
entre les capitaux propres (part du groupe) et les provisions.
LE BILAN

394. - Illustration.

Extrait du rapport annuel de Vinci 2006


Dans son bilan consolidé, Vinci présente les rubriques suivantes dans ses capitaux
propres (sur les trois dernières exercices) :
(en millions d'euros) 2006
Capitaux propres
Capital social 1 176,6
Primes liées au capital 4 475,5
Titres auto-détenus (178,4)
Autres instruments de capitaux propres 490,6
Réserves consolidées 1 601,9
Réserves de conversion 20,5
Résultat net part du groupe 1 270,4
Résultat enregistré directement en capitaux propres 9,5
Capitaux propres part du Groupe 8 866,6
Intérêts minoritaires 748,4
Total capitaux propres 9 614,9

A. - Les fonds apportés par les actionnaires


395. - Les fonds apportés par les actionnaires sont le capital social/souscrit et les
primes liées au capital : primes d'émission, de fusion, d'apport, de conversion
d'obligations en actions. En général, le capital souscrit (d'une SA) se calcule en
multipliant le nombre d'actions émis par leur valeur nominale.
396. - Cependant, pour certains types d'actions ou d'instruments financiers, se pose
le problème d'une classification en capitaux propres ou en dettes selon la définition
ci-dessus et leur substance économique. Un exemple sont les actions de priorité
amortissables, souvent utilisées aux États-Unis (redee-mable preferred shares).
Faisant normalement partie du capital social, ces actions doivent être classées en
dettes puisque le montant à rembourser ainsi que l'échéance sont généralement
connus ou calculables. Un classement de ces actions en capitaux propres est
seulement possible dans certains cas, par exemple, quand l'entreprise a seulement
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

une option, mais pas une obligation de remboursement (IAS 32, § 18 et Guide
d'application, § 25).
397. - À ce sujet, il convient de souligner que la même approche économique
s'applique aux passifs, en particulier aux titres hybrides. Par exemple, si le
remboursement d'une obligation dépend d'événements futurs incertains, qui sont
hors du contrôle tant de l'émetteur que du détenteur (exemple : remboursement en
fonction d'un indice boursier ou d'un taux d'intérêt), celle-ci doit être classée en
capitaux propres si la probabilité d'un remboursement est faible. Alors, elle sera
présentée en (autres) réserves.
398. - En ce qui concerne les actions propres, donc les actions qui ont été rachetées
par l'émetteur (ou une entreprise du groupe), IAS 32, § 33 demande qu'elles soient
déduites des capitaux propres et ceci, contrairement aux règles françaises en la
matière, indépendamment de l'intention du rachat (annulation ou régularisation du
cours de bourse par exemple). La déduction doit figurer clairement au bilan ou en
annexe. Il existe trois possibilités de présentation :
- le coût total peut apparaître comme une ligne d'ajustement des capitaux propres ;
- la valeur nominale peut, le cas échéant, être présentée comme une déduction du
capital social, les primes positives ou négatives étant imputées sur les autres
catégories de capitaux propres ;
- chaque catégorie des capitaux propres peut être ajustée (proportionnellement par
exemple).
399. - Illustration.

Rapport annuel de Christian Dior 2006


Christian Dior a choisi la première possibilité.
Au bilan, les actions propres sont déduites sur une ligne distincte dans les capitaux
propres (p. 78). Les informations en annexe consolidé (p. 107 et s.) permettent de
calculer que c'est le coût d'acquisition qui a été déduit.

400. - Illustration.
Rapport annuel de Novartis 2006
Novartis 2006 (p. 167) a choisi la deuxième possibilité.
« Propres actions. Les propres actions sont déduites des capitaux propres à leur
valeur nominale de CHF 0,50. La différence entre ce montant et le prix d'acquisition
ou le prix obtenu de la vente de propres actions tenues est comptabilisée dans les
résultats non distribués. »

401. - La première possibilité, que l'on observe souvent, peut perturber une bonne
information lors des exercices futurs si les actions propres ont été vendues. Une
revente ultérieure des actions propres (ou d'autres instruments de capitaux propres
de l'entreprise) ne doit générer ni un profit ni une perte pour l'entreprise (IAS 32, §
33). Les différences entre le prix d'acquisition et le prix de vente sont donc à
comptabiliser directement en capitaux propres. Si l'entreprise a opté pour la première
possibilité, un poste d'ajustement positif (en cas d'une plus-value lors de la vente) ou
négatif (moins-value) restera au bilan alors même que l'entreprise ne détient plus ces
titres. Il faudrait, lors d'une écriture complémentaire, imputer ce poste à un autre
poste des capitaux propres. Ce problème peut aussi être résolu en ajustant
directement (et de manière non visible au bilan) les réserves. Dans le cas de la
deuxième ou troisième possibilité ce problème n'apparaît pas, puisque les plus-
values ou moins-values seront affectées directement à différents postes des capitaux
propres qui existaient avant le rachat et qui ont toujours leur raison d'être après une
revente.
LE BILAN

402. - Exemple.

Une entreprise présente un capital souscrit de 20 000 000 € et des primes d'émission
de 50 000 000 €. Pendant l'exercice N, la société rachète pour la première fois ses
propres actions avec une valeur nominale des actions rachetées de 500 000 € et un
coût d'acquisition de 1 900 000 €. Au 31/12/N, les capitaux propres se présentent
comme suit :
Selon la première possibilité :
Capital souscrit 20 000 000
Primes d'émission 50 000 000
(Actions propres) (1 900 000}
Total 68 100 000
Selon la deuxième possibilité
Capital souscrit Primes d'émission Total
01/01/N 20 000 000 50 000 000 70 000 000
Rachat d'actions - 500 000 - 1 400 000 - 1 900 000
propres
3 1/1 2/N 19 500000 48 600 000 68 100000
En N+1 les actions propres sont vendues selon deux hypothèses distinctes à 1 700
000 € ou à 2 500 000 € ; il n'y a pas d'autres changements des capitaux propres. Au
31/12/N+1, les capitaux propres se présentent comme suit : :
Selon la première possibilité :
Capital souscrit 20 000 000
Primes d'émission 50 000 000
Actions propres (200 000)* ou 600 000**
Total 69 800 000 ou 70 600 000
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

* Moins-value : 1 700 000 - 1 900 000


** : Plus-value : 2 500 000 - 1 900 000
Dans un premier temps, le poste « actions propres » ne disparaît pas automatiquement.
Pour le faire disparaître, il faut spécialement l'affecter aux primes d'émission. Selon la
deuxième possibilité :
Capital souscrit Primes d'émission Total

OV01/N+1 19500000 48 600 000 68 100 000


Vente d'actions 500 000 1 200 000 1 700 000
propres ou 2 000 000 ou 2 500 000
31/12/N+1 20 000 000 49 800 000 69 800 000
ou 50 600 000 ou 70 600 000
Le bénéfice ou la perte lié à l'achat et la vente d'actions propres font varier
automatiquement les primes d'émission (ou en cas d'existence de réserves, ces
dernières).

403. - La comptabilisation du capital souscrit non appelé ou du capital souscrit


appelé, mais non versé n'est pas traitée par les IFRS. IAS 1, § 76, demande
seulement d'indiquer au bilan ou en annexe le nombre d'actions émises et
entièrement libérées ainsi que le nombre d'actions émises et non entièrement
libérées. En appliquant par analogie les dispositions concernant les actions propres,
il paraît que le traitement approprié soit la déduction du capital souscrit non
appelé du capital social au passif et la comptabilisation du capital souscrit appelé,
mais non versé à l'actif en l'intégrant au capital social au passif. Toutefois, une
déduction des deux éléments au passif et une présentation nette du capital social est
également possible.
404. - Les fonds apportés par les actionnaires comprennent aussi les primes
d'émission. Ces primes apparaissent généralement lors d'une augmentation de
capital classique (prime = excédent du prix d'émission sur la valeur nominale des
LE BILAN
actions ou parts sociales) mais également lors de l'émission d'obligations
particulières comme :
- les obligations convertibles en actions (OCA) ;
- les obligations remboursables en actions (ORA) ;
- les obligations à bons de souscription d'actions (OBSA) ;
- les obligations échangeables contre des actions (OECA) ;
- les obligations à bons de souscription d'actions remboursables (OBSAR) ;
- les obligations à option de conversion ou d'échange en actions nouvelles ou
existantes (OCEANE).
405. - À l'égard des primes d'émission, il faut également respecter la différenciation
entre les capitaux propres et les dettes. Par exemple, une prime d'émission qu'un
acquéreur a payée pour une obligation qui peut être remboursée en liquide ou en
actions en fonction d'un indice convenu peut seulement être classée dans les
capitaux propres si un remboursement en liquide n'est pas probable. Sinon, elle doit
être classée en dettes. Il en est de même pour les primes liées aux actions de
priorité amortissables (redeemable preferred shares ; V. supra, n° 396).
B. - Le résultat et les postes de réserves
406. - Ce qui est présenté sous la rubrique « résultats non distribués » dépend de la
présentation du bilan (établi avant ou après la répartition du résultat). Dans le
premier cas, il s'agit du résultat de l'exercice - le même qui est présenté au compte
de résultat - avant toute dotation ou reprise de réserves. Le bilan après répartition en
droit français consiste à intégrer dans la présentation des capitaux propres les
dotations et reprises de réserves ainsi que les dividendes à payer (comptabilisés en
dettes).
407. - Dans d'autres pays, il est également possible de présenter à la place du
résultat net le bénéfice distribuable, avec :
Bénéfice distribuable = Bénéfice de l'exercice +/- Report à nouveau créditeur
/débiteur - Dotations aux réserves + Réserves mises en distribution.
Il s'agit du bénéfice qui est soumis à la décision de l'assemblée des associés ou
actionnaires. C'est alors l'assemblée qui décide d'une dotation aux réserves (libres),
d'une distribution de dividendes ou d'un report à nouveau.
408. - II convient de faire attention, parce que dans d'autres référentiels comptables,
par exemple le référentiel allemand, « après répartition du résultat » signifie
éventuellement qu'une mise en « autres réserves » par la direction, et non par
l'assemblée des actionnaires, a été déjà effectuée ; ces dotations aux réserves
sont des dotations libres et indépendantes des dotations légales.
409. - Les réserves proprement dites représentant l'affectation des résultats non
distribués, une autre rubrique qui doit être présentée séparément au bilan,
correspondent aux différentes catégories de réserves : réserve légale, réserve
statutaire ou contractuelle et autres réserves. Par contre, sont exclues les réserves
réglementées du droit français. En effet, les normes IFRS ne permettent pas la prise
en compte de dispositions fiscales pour l'établissement des comptes (sauf l'impôt sur
le bénéfice et les impôts différés). Ainsi, des amortissements dérogatoires ou
provisions réglementées sont interdits en normes IFRS. Ceci correspond au
traitement des écritures fiscales dans les comptes consolidés français.
410. - Toutefois, en ce qui concerne les subventions d'investissement, la norme IAS
20 autorise la comptabilisation des subventions publiques sous certaines conditions ;
les subventions d'investissement sont susceptibles de remplir ces conditions. Dans
ce cas, elles ne sont pas présentées en capitaux propres mais soit en produits
différés au passif soit en déduction de l'actif auquel la subvention est liée. Les
subventions ne sont donc jamais comptabilisées en capitaux propres (IAS 20, § 12 ;
pour plus de détails, V. infra, n°814).
411. - Selon la proposition dans le Cadre conceptuel, § 65, les entreprises devraient
présenter un dernier sous-poste dans les capitaux propres qui regroupe les réserves
représentatives des ajustements destinés au maintien du capital. Il s'agit des
réserves de réévaluation. Les normes IFRS permettent les réévaluations suivantes
avec la présentation distincte de l'écart de réévaluation dans les capitaux propres :
- IAS 12, § 61 : impôt exigible et différé crédités (ou débités) directement dans les
capitaux propres si l'impôt concerne des éléments qui ont été débités ou crédités
directement dans les capitaux propres lors du même exercice ou d'un exercice
différent (V. infra, n° 671) ;
- IAS 16, § 39 : écart de réévaluation suite à une réévaluation des immobilisations
corporelles (V. infra, n° 219) ;
- IAS 21, § 30, 32 et 39 : certains écarts de conversion (V. infra, n° 320) ;
- IAS 38, § 85 : écart de réévaluation suite à une réévaluation d'immobilisations
incorporelles (V. supra, n° 146) ;
- IAS 39, § 55 : écart résultant de l'évaluation à la juste valeur des actifs financiers
disponibles à la vente (V. supra, n° 292) ;
- IAS 39, § 95 et 102 : profit ou perte résultant de certains types de couverture (V.
supra, n° 309).
412. - Illustration.

Extrait du rapport annuel de Vinci 2006


« 20.5 Éléments constatés directement en capitaux propres
Les tableaux suivants détaillent, par nature d'instruments financiers, les mouvements
sur ces éléments : »

(en millions d'euros) 31/12/2006


Actifs financiers disponibles à la vente 3,9
Réserve à l'ouverture (0,1)
Variations de juste valeur de la période -
Eléments de juste valeur constatés en résultat -
Variations de juste valeur constatées en résultat lors de la
cession -
Réserve de clôture 3,8

Couverture de flux de trésorerie


Réserve à l'ouverture (3,9)
Variations de juste valeur de la période 10,8
Eléments de juste valeur constatés en résultat 0,5
Variation de périmètre et divers 1,5
Réserve de clôture 8,9

(en millions d'euros) 31/12/2006


Total des éléments constatés directement en capitaux
propres
Réserve brute 12,7
Effet d'impôt associé (3,2)
Réserve nette d'impôt 9,5

Le chiffre de 9,5 apparaît dans les capitaux propres au bilan (V. supra, n°LE
394) .
BILAN

C. - Les intérêts minoritaires


413. - IAS 1, § 68, ainsi que IAS 27, § 33, prescrivent que les intérêts minoritaires
doivent être présentés dans les capitaux propres. La question de l'emplacement
des intérêts minoritaires est réglée différemment selon les référentiels
utilisés :
• en capitaux propres en IFRS ;
• entre les capitaux propres et les provisions ou dettes en droit français (CRC 99-02)
et américain ;
• (Parfois) en dettes en normes américaines.
La présentation des intérêts minoritaires dans un endroit ou un autre est importante
pour l'analyse financière puisque certains ratios sont influencés par ce problème, par
exemple la rentabilité des capitaux propres ou le ratio d'endettement.
414. - Le traitement imposé par les IFRS résulte d'une volonté d'obtenir une
meilleure comparabilité des comptes consolidés ; il convient de rappeler que jusqu'en
2004, il n'existait pas de règles précises en la matière et les entreprises utilisant les
IFRS faisaient des choix différents. Il est aussi une indication en faveur de la
conception de l'extension de la société mère (parent company extension concept)
concernant la consolidation. Cette approche est un mix entre l'approche financière
(financial approach ou parent company concept) et l'approche économique
(économie approach ou entity concept). Selon cette dernière conception, les
comptes consolidés doivent présentés l'entité économique indépendamment des
droits juridiques spéciaux (actionnaire majoritaire ou minoritaire). Dans cette
perspective, des fonds apportés par des actionnaires constituent toujours des
capitaux propres, peu importe le type d'actionnaires. Par conséquent, on y intègre les
intérêts minoritaires.
415. - En même temps, on prend une position conforme à l'approche financière
selon laquelle les comptes consolidés doivent adopter le point de vue des
actionnaires de la société mère puisque ce sont eux qui contrôlent le « groupe ».
Les intérêts minoritaires sont alors traités comme des tiers externes. Pour cette
raison ils sont présents (à l'intérieur des capitaux propres) séparément des fonds
apportés par les actionnaires majoritaires. INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

D. - Les informations supplémentaires à fournir


416. - À l'égard des capitaux propres, IAS 1, § 76, prescrit que les entreprises
fournissent, soit au bilan, soit dans les notes annexes, les informations suivantes :
• pour chaque catégorie d'action :
• le nombre d'actions autorisées,
• le nombre d'actions émises et entièrement libérées et le nombre d'actions émises et
non entièrement libérées,
• la valeur nominale des actions ou le fait que les actions n'ont pas de valeur
nominale,
• un rapprochement entre le nombre d'actions en circulation au début et en fin
d'exercice,
• les droits, privilèges et restrictions attachés à cette catégorie d'actions, y compris
les restrictions relatives à la distribution de dividendes et au remboursement du
capital,
• les actions de l'entreprise détenues par elle-même ou par ses filiales ou
entreprises associées,
• les actions réservées pour une émission dans le cadre d'options et de contrats de
vente, y compris les modalités et les montants ;
• une description de la nature et de l'objet de chacune des réserves figurant dans les
capitaux propres ;
- (en annexe) le montant des dividendes qui ont été proposés ou décidés entre la
date de clôture et la date à laquelle la publication des états financiers a été autorisée
(IAS 1, § 125) ;
- (en annexe) le montant de dividendes privilégiés cumulatifs non comptabilisés (IAS
1, § 125).
417. - Concernant la proposition de distribution de dividende, il convient de rappeler
que les dividendes ne sont pas payés au niveau du groupe, mais uniquement au
niveau des différentes entreprises du groupe. La proposition de distribution de
dividende publiée dans les comptes consolidés étant régulièrement celle de la
société mère. Aussi, les groupes publient souvent une répartition du résultat avec
une dotation aux réserves consolidées. Cette dotation est évidemment purement
théorique parce que - comme pour les dividendes - la répartition du résultat se fait
exclusivement au niveau de chaque entreprise du groupe et non pas au niveau
consolidé.
418. - Une entreprise sans action, telle qu'une société de personnes, doit fournir des
informations équivalentes à celles imposées ci-dessus, indiquant les variations au
cours de l'exercice des différentes catégories de parts dans les capitaux propres
ainsi que les droits, privilèges et restrictions attachés à chaque catégorie de part
dans les capitaux propres.
419. - En ce qui concerne les actions propres, il convient de publier les informations
suivantes :
- soit au bilan, soit dans l'annexe, les montants des réductions de capitaux propres
au titre des actions propres détenues (IAS 32, § 34) ;
- en conformité avec IAS 24, § 22, des informations si l'entreprise ou l'une de ses
filiales rachète ses propres actions à des parties capables de contrôler ou d'exercer
une influence notoire sur l'entreprise.
420. - À partir de l'exercice 2007, les entreprises doivent publier de manière
générale des informations qualitatives et quantitatives qui permettent d'évaluer les
objectifs, politiques et processus que l'entreprise utilise pour gérer son capital (IAS 1,
§ 124 A). Cette obligation s'applique aux entreprises de tous secteurs, mais elle est
particulièrement pertinente pour les secteurs dans lesquels il existe des exigences
réglementaires concernant les capitaux propres (banques et assurances
notamment). LE BILAN

421. - Illustration.

Extrait du rapport annuel Nestlé 2006.


24. Capital-actions
2006 2005
Nombre d'actions nominatives d'une valeur 400 735 700 403 520 000
nominale de CHF 1.- chacune
En millions de CHF 401 404

« A l’assemblée générale du 6 Al 2006, les actionnaires ont approuvé l’annulation de


2 784 300 actions.
Le capital social inclut la valeur nominale des actions propres. »

Section 7
LES PASSIFS NON FINANCIERS
§ 1. - Présentation générale
A. - L'objectif d'IAS 37 et IAS 10
422. - L'objectif d'IAS 37 « Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels » est
d'assurer une homogénéité dans le raisonnement préalable à l'établissement des
états financiers permettant de prendre une des décisions suivantes :
- faut-il comptabiliser une provision et comment faut-il l'évaluer ?
- faut-il ne rien comptabiliser mais communiquer aux actionnaires le risque éventuel
grâce à une note d'information, à l'annexe des états financiers ?
- faut-il ne rien communiquer ?
L'utilisateur des états financiers doit pouvoir comprendre la nature, l'échéance,
le montant des provisions, passifs éventuels et actifs éventuels.
423. - Un projet de révision de la norme IAS 37 a été publié le 30 juin 2005. La
norme révisée devrait s'intituler « Passifs non financiers ». L'adoption de la norme
révisée est prévue pour le deuxième semestre 2008. L'objectif de cette révision est la
convergence de la norme IAS 37 avec la norme américaine PAS 146 «
Comptabilisation des coûts associés à la sortie ou aux abandons d'activités ». Le
projet de révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, modifiera le raisonnement sur
les questions liées à la comptabilisation et modifiera également l'évaluation de la
provision. Dans l'ensemble, le projet aurait pour conséquence de retarder la
constatation du passif. Le projet prévoit également la suppression du terme « passif
éventuel » afin que seules les obligations actuelles donnent lieu à un passif.
424. - Pour répondre aux questions ci-dessus, il peut être utile de consulter
également la norme IAS 10, Événements postérieurs à la clôture. Son objectif est de
préciser les situations où une entreprise doit ajuster ses états financiers en fonction
d'événements postérieurs à la date de clôture, ou quand une entreprise doit fournir
des informations concernant la date de publication des états financiers et des
événements postérieurs à la date de clôture. La norme IAS 10 impose également à
une entreprise de ne pas établir ses états financiers sur uneFINANCIÈRE
INFORMATION base de continuité
EN IFRS
d'exploitation si des événements postérieurs à la date de clôture indiquent que
l'hypothèse de continuité d'exploitation n'est pas appropriée.
B. - Le champ d'application d'IAS 37 et IAS 10 1° Le champ d'application
d'IAS 37
425. - IAS 37, § 1, précise que la norme doit être appliquée pour la comptabilisation
des provisions, des passifs éventuels et des actifs éventuels. IAS 37 s'applique aussi
aux opérations de restructuration, y compris dans le cadre d'un abandon d'activité.
Mais il faut aussi se référer à IFRS 5, Actifs non courants détenus en vue de la vente
et activités abandonnées, cette dernière imposant des informations complémentaires
à fournir à l'annexe des états financiers. Le projet de révision d'IAS 37, s'il est
adopté, ne traiterait plus des opérations de restructuration dans leur ensemble.
Chacun des coûts serait analysé et traité individuellement, afin de vérifier qu'ils
répondent aux critères d'IAS 37, pour être enregistrés au passif.
426. - Le projet de révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, ferait entrer dans son
champ d'application tous les passifs financiers n'entrant pas dans le champ
d'application d'IAS 32, Instruments financiers : Informations à fournir et présentation.
La notion de passif et d'actif éventuels disparaîtrait. En revanche, comme le
caractère probable ne serait plus retenu comme critère de comptabilisation, mais
comme critère d'évaluation, les actifs ou passifs éventuels entreraient dans le champ
de IAS 37 révisé. Le passif éventuel remplirait deux obligations distinctes : ce devrait
être une obligation inconditionnelle et une obligation subordonnée à la réalisation
d'un événement futur ou à l'absence de réalisation d'un tel événement. Ainsi, seules
les obligations actuelles et non les obligations potentielles donneraient lieu à des
passifs. Les actifs éventuels répondant à la définition d'un actif seraient traités par
IAS 38, Immobilisations incorporelles. Ils répondraient également à un droit
inconditionnel.
427. - D'autres normes spécifiques traitent en particulier des provisions ou des
dépréciations. C'est la raison pour laquelle IAS 37 ne s'applique pas :
- aux dépréciations d'actifs : amortissement, dépréciation d'actifs et de créances
douteuses car les provisions définies par IAS 37 sont des passifs dont l'échéance ou
le montant est incertain ;
- aux instruments financiers ;
- aux contrats non (entièrement) exécutés, sauf dans le cas où il s'agit d'un contrat
LE BILAN
déficitaire ;
- aux contrats passés avec les assurés dans les entreprises d'assurance ;
- aux contrats de construction traités par IAS 11, Contrats de construction (V. infra,
n° 787) ;
- aux impôts sur le résultat traités par IAS 12, Impôts sur le résultat (V. infra, n° 639);
- aux contrats de location traités par IAS 17, Contrats de location, sauf pour le
traitement des contrats de location simple devenus déficitaires (V. infra, n° 513) ;
- aux avantages du personnel traités par IAS 19, Avantages du personnel (V. infra,
n° 525) ;
- aux provisions liées à la comptabilisation des produits, IAS 18, Produits des
activités ordinaires, traitant cette situation ;
- et plus généralement aux cas prévus par une autre norme comptable
internationale.
2° Le champ d'application d'IAS 10
428. - IAS 10 s'intéresse aux événements postérieurs à la clôture, c'est-à-dire aux
événements favorables ou défavorables qui se produisent entre la date de clôture et
la date à laquelle la publication des états financiers est autorisée (IAS 10, § 2). IAS
10 traite aussi bien la prise en compte des passifs que la prise en compte des
dépréciations d'actifs, il suffit que les événements confirment ou modifient des faits
qui existaient à la date de clôture.
429. - La date à laquelle la publication des états financiers est autorisée
correspond le plus souvent à celle du conseil d'administration qui examine les états
financiers et autorise leur publication. C'est donc cette date qui sert de date butoir
pour l'application d'IAS 10 et non la date de l'assemblée générale approuvant les
comptes.
430. - Pour les entreprises avec directoire et conseil de surveillance (les membres
du conseil de surveillance n'ayant pas de fonctions décisionnelles), c'est la date à
laquelle la direction a autorisé la communication des états financiers au conseil de
surveillance qui sert de date butoir pour l'application d'IAS 10.
431. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Evénements postérieurs à la clôture au 31 décembre date de clôture du bilan 2006
Les comptes consolidés de l'exercice 2006 du Groupe Novartis ont été approuvés par
le Conseil d'Administration le 17 janvier 2007 ». Cette phrase délimite la phase de la
période post clôture. »

432. - Exemple.
L'établissement des états financiers de la XYZ SA pour l'exercice 2007 (clôture le 30
juin) a été terminé le 28 juillet 2007. Le directoire les a étudiés lors de sa réunion du
30 juillet ; les a approuvés et soumis le 2 août au conseil de surveillance. Celui-ci a
approuvé tes états financiers le 16 août et a autorisé leur publication le 30 octobre.
L'assemblée générale de la XYZ SA a eu lieu le 10 octobre 2007 ; les actionnaires
ont également approuvé les états financiers. Ensuite, les états financiers ont été
publiés au BALO le 20 novembre 2007.
La date d'autorisation de publication dépend ici de la composition du conseil de
surveillance.
- Si celui-ci est composé de personnes qui interviennent dans la gestion de la XYZ
SA, cet organe est considéré comme interne. Les états financiers mis à sa
disposition ne sont pas présumés « publiés ». Par conséquent, c'est le 30 octobre,
date à laquelle le conseil de surveillance a donné l'autorisation de publication (et non
pas la date de l'assemblée générale quand elle a approuvé les comptes annuels).
Ainsi, selon l'IAS 10, tous les événements entre le 30 juin 2007 et le 30 octobre 2007
doivent être considérés en ce qui concerne leur impact sur les comptes de 2007.
- Par contre, si le conseil de surveillance est composé de personnes qui
n'interviennent pas dans la gestion de la XYZ SA, il est considéré comme « extérieur
» et lui rendre les comptes annuels correspond à une « publication ». En
conséquence, la date d'autorisation est le 2 août quand le directoire soumet les états
financiers au conseil de surveillance. Ainsi, selon l'IAS 10, tous les événements entre
le 30 juin 2007 et le 2 août 2007 doivent être considérés en ce qui concerne leur
impact sur les comptes de 2007.

C. - Les définitions
433. - Un passif est une obligation actuelle, résultant d'événements passés et dont le
règlement devrait se traduire pour l'entreprise par une sortie de ressources
représentatives d'avantages économiques au bénéfice d'un tiers, sans contrepartie
au moins équivalente attendue de celui-ci (IAS 37, § 10). Cette obligation actuelle
peut provenir de la loi, des statuts, des contrats ou des usages. Le projet de révision
de la norme IAS 37, s'il est adopté, retiendrait le terme de « passif non financier ». Il
correspondrait seulement à une obligation actuelle et indépendante des actions
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

futures de l'entreprise, résultant d'un événement passé et dont le règlement devrait


générer une sortie de ressources comportant des avantages économiques.
434. - Une provision est un passif dont l'échéance ou le montant est incertain. IAS
37, § 14, précise que l'on doit comptabiliser une provision parce que ce sont des
obligations actuelles et qu'il est probable qu'une sortie de ressources représentatives
d'avantages économiques sera nécessaire pour régler les obligations. Le projet de
révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, n'utiliserait plus le terme de provision,
sauf pour quelques cas.
435. - II est important de ne pas confondre les provisions avec les dettes (charges à
payer) qui sont des dettes certaines pour des biens ou services reçus, formellement
acceptées des fournisseurs, ou des employés. Parfois, les charges à payer sont
estimées, mais il n'existe aucune incertitude, comme c'est le cas des congés à payer
ou des primes de fin d'exercice. L'IASB ne retient pas la différence entre les dettes
déterminées avec précision et les dettes issues d'estimation. Les charges à payer
sont présentées dans les postes de « dettes » ou « autres créditeurs » alors que les
provisions sont présentées séparément.
436. - Un fait générateur d'obligation est un événement qui crée une obligation
juridique ou implicite qui ne laisse pas à l'entreprise d'autre solution réaliste que de
régler cette obligation.
437. - Un passif éventuel ne peut pas être comptabilisé, mais il fera l'objet d'une
note en annexe, sauf si la probabilité d'une sortie de ressources représentatives
d'avantages économiques est très faible. La norme IAS 37, § 10, définit le passif
éventuel comme :
- une obligation potentielle (l'obligation actuelle reste à confirmer) résultant
d'événements passés, et dont l'existence ne sera confirmée que par la survenance
(ou non) d'un ou plusieurs événements futurs incertains qui ne sont pas totalement
sous le contrôle de l'entreprise ; ou
- une obligation actuelle résultant d'événements passés mais qui n'est pas
comptabilisée car :
• il n'est pas probable qu'une sortie de ressources représentatives d'avantages
économiques sera nécessaire pour éteindre l'obligation ; ou car
• le montant de l'obligation ne peut pas être évalué avec une fiabilité suffisante.
438. - Un actif éventuel ne peut pas être comptabilisé, mais il fera l'objet d'une note
en annexe lorsque l'entrée d'avantages économiques est probable. La norme IAS 37,
§ 10, définit un actif éventuel comme un actif potentiel résultant d'événements
passés et dont l'existence ne sera confirmée que par la survenance (ou non) d'un ou
plusieurs événements futurs incertains qui ne sont pas totalement sous le contrôle de
l'entreprise.
439. - Lorsque la réalisation d'un produit est quasiment certaine, il ne correspond
plus à un actif éventuel, mais à un actif qu'il convient de comptabiliser. Les normes
françaises (règlement CRC n° 00-06) n'envisagent pas la comptabilisation d'un actif
éventuel lorsque la réalisation d'un produit est quasiment certaine et n'envisagent
pas non plus de note d'information sur des profits latents.
440. - Un contrat déficitaire est un contrat pour lequel les coûts inévitables pour
satisfaire aux obligations contractuelles sont supérieurs aux avantages économiques
attendus du contrat (IAS 37, § 10 ; V. infra, n° 503).
441. - Une restructuration est un programme planifié et contrôlé par la direction, qui
modifie de façon significative soit le champ d'activité de l'entreprise, soit la manière
dont cette activité est gérée (IAS 37, § 10 ; V. infra, n°484).
§ 2. - Les conditions de comptabilisation des provisions
442. - Selon IAS 37, § 14, il existe trois conditions nécessaires pour comptabiliser
une provision :
- il existe une obligation actuelle (juridique ou implicite) résultant d'un événement
passé ; le fait générateur d'une obligation est un événement qui crée une obligation
juridique ou implicite qui ne laisse pas à l'entreprise d'autre solution réaliste que de
régler cette obligation ;
Illustration
Rapport annuel 2004 de Nestlé
« Provisions
Cette rubrique comprend les engagements dont l'échéance ou le montant sont
incertains, découlant de restructurations, de risques environnementaux, de litiges et
d'autres risques. Une provision est constituée lorsque le Groupe a une obligation
juridique ou implicite résultant d'un événement passé et que les sorties futures de
liquidités peuvent être estimées de manière fiable. »

- il est probable qu'une sortie de ressources représentatives d'avantages


économiques futurs sera nécessaire pour régler l'obligation ;
- le montant de l'obligation peut être estimé de manière fiable.
Si ces trois conditions ne sont pas réunies, aucune provision ne peut être constituée.
A. - L'obligation actuelle résultant d'un événement passé 1° Les obligations
juridiques et implicites
443. - Une obligation juridique est une obligation qui découle d'un contrat, des
dispositions légales ou réglementaires ou de toute autre source de droit (IAS 37, §
10). Il s'agit ici de l'obligation liée à la responsabilité civile, les obligations fiscales ou
sociales.
• 444. - Exemple.

Pour un projet de remise en état d'une installation ou d'un site, si tes détails d'une
nouvelle proposition de loi ne sont pas finalisés, l'obligation naîtra lorsque le
décret d'application sera publié, aucune provision ne sera alors comptabilisée,
mais une information sera portée en annexe des états financiers. En revanche,
l'entreprise comptabilisera une provision si elle crée une obligation implicite

445. - Selon IAS 37, § 10, une obligation implicite est une obligation qui découle
des actions d'une entreprise lorsque :
- elle a indiqué aux tiers, par ses pratiques passées, par sa politique affichée ou par
une déclaration récente suffisamment explicite, qu'elle assumera certaines
responsabilités ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

- et qu'elle a, en conséquence, créé chez ces tiers une attente fondée qu'elle
assumera ses responsabilités.
446. - L'obligation implicite est liée au respect des usages ou de la volonté de
conserver de bonnes relations d'affaires, ou encore des pratiques passées de
l'entreprise. Par cet engagement professionnel, l'entreprise accepte certaines
responsabilités qui l'engageront financièrement et qui généreront des passifs. Aussi,
la société décharge la partie adverse de tout passif éventuel et fait naître une attente
légitime chez un tiers.
447. - Exemple.

Il y a une obligation implicite liée à des prestations commerciales lorsque :


- une chaîne de magasins s'engage par voie de publicité à rembourser trois fois un
produit, si un client trouve le même article moins cher chez un concurrent ;
- une entreprise s'engage (hors garantie légale) à reprendre les articles pendant un
certain délai.
448. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Dans le domaine de l'environnement, Novartis doit faire face à des obligations liées
à des opérations passées concernant principalement des coûts de remise en l'état.
Pour les frais non récurrents, une provision est constituée lorsqu’'une dépense pour
un travail de remise en l'état est probable et que le coût peut en être estimé de
manière fiable. Les dépenses futures n'incluent ni les frais d'assurance ni les
éventuelles indemnités à verser ou les remboursements à encaisser, car Novartis
enregistre uniquement les remboursements d'assurance et autres auxquels il a droit
lorsque leur montant peut être estimé raisonnablement et leur recouvrement est
quasiment certain. Les frais récurrents de remise en l'état sont provisionnés sous
forme de passifs non courants et estimés en calculant les montants actualisés pour
les trente prochaines années
La charge enregistrée au 31 décembre 2006 est de 141 millions USD pour la remise
en état de sites de tiers et 107 millions pour celle de ses propres sites. »
Cette note mentionne également la notion d'actif à enregistrer pour des
remboursements futurs et la notion d'actualisation des dettes provisionnées. Ces
deux notions sont traitées dans la partie « Évaluation ».

449. - Le projet de révision de la norme IAS 37 maintient cette obligation non


juridique mais seulement dans des cas limités. En effet, si elle est adoptée, elle
pourrait restreindre la notion d'obligation implicite aux engagements inévitables.
L'obligation implicite n'existerait que si les trois conditions suivantes sont réunies :
- l'entité a communiqué à des tiers sa volonté de prendre en charge certaines
responsabilités ;
- les tiers ont une attente légitime ;
- les tiers doivent normalement tirer avantage de l'exécution des engagements pris
par l'entité, sans souffrir de l'absence d'exécution.
2° L'événement passé
450. - IAS 37, § 17, précise que l'événement doit être passé. L'obligation actuelle
doit résulter d'un événement antérieur à la reconnaissance du passif. Cet événement
passé, est appelé « fait générateur ». Les seuls passifs pouvant être comptabilisés
LE BILAN

sont ceux qui existent à la date de clôture et qui aboutissent à une obligation
actuelle.
451. - Exemples selon IAS 37, § 19.

- fait générateur résultant d'un événement passé et qui aboutit à une obligation
actuelle : dommages illicites causés à l'environnement qui entraîneront des
réparations pour la remise en état du site et des pénalités. Il résulte dans ce cas une
sortie de ressources représentatives d'avantages économiques indépendamment
des actions futures ;
- fait générateur résultant d'un événement passé mais qui n'aboutit pas à une
obligation actuelle : une entreprise, face aux pressions de la concurrence ou de la
réglementation envisage des dépenses futures pour limiter la pollution de l'air et de
l'eau. Mais, si elle modifiait son mode de fonctionnement futur, ces investissements
futurs ne seraient plus nécessaires. L'entreprise ne doit donc comptabiliser aucune
provision.

3° L'existence de tiers à la date de clôture


452. - L'obligation implique toujours un engagement vis-à-vis d'un tiers à la date
de clôture. Le tiers peut être une personne physique ou morale, mais aussi la
collectivité pour des provisions concernant par exemple la protection de
l'environnement. La décision de la direction ou du conseil d'administration ne crée
pas une obligation implicite à la date de clôture, sauf si, avant cette date, cette
décision a été communiquée aux personnes concernées de façon suffisamment
spécifique pour créer chez elles l'attente fondée que l'entreprise assumera ses
responsabilités (IAS 37, § 20).
453. - Cette précision de l'impact légitime chez un tiers a un impact sur la
délimitation du champ d'application : le champ de la provision est ici délimité aux
tiers. Ainsi :
- la provision pour perte d'exploitation future pour un contrat est interdite, (sauf
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
pour les pertes à terminaison), même si les pertes résultent d'un événement passé,
puisqu'elle ne résulte pas d'une obligation envers un tiers (V.infra,n°505);
- il n'est pas possible d'enregistrer une provision pour déménagement ou pour
grosses réparations. Néanmoins, pour les entreprises contraintes à de grosses
réparations sur des immobilisations corporelles non inscrites à leur bilan, la norme
IAS 37 s'applique (V. infra, n° 508).
454. - Exemple.

Une décision de la direction non annoncée, ne crée pas d'obligation envers les tiers
concernés, qui n'ont alors aucune attente. Pour savoir si la provision peut être
comptabilisée, il faut se placer à la date de clôture de l'exercice, et vérifier si, à
cette date, il existe des informations claires et disponibles prouvant qu'une
obligation est née envers des tiers à cette date.

455. - Exemple.

En raison d'une insuffisance de trésorerie, la société X envisage d'arrêter une chaîne


de montage à la date de clôture, si elle n'obtient pas un emprunt suffisant pour
financer son besoin en fonds de roulement. En février, la banque refuse le prêt. À
cette date, postérieure à la clôture, mais antérieure à la date d'établissement des
comptes, la restructuration devient inévitable. Dans cette situation, la provision pour
risques et charges n'est pas possible, car selon la norme IAS 37, le plan de
restructuration n'est pas engagé à la clôture du bilan. Les règles françaises en la
matière sont identiques (CRC, règlement n° 00-06), même s'il est probable ou
certain, à la date d'établissement des comptes, que cette obligation provoquera une
sortie de ressources.

B. - La sortie probable de ressources


456. - On retiendra la provision si la réalisation de l'obligation est probable et
représentative d'avantages économiques futurs. Dans de rares cas, l'existence d'une
obligation actuelle n'apparaît pas clairement. Dans ce cas, un événement passé est
considéré créer une obligation actuelle si, compte tenu de toutes les indications
disponibles, il est plus probable qu'improbable qu'une obligation actuelle existe à la
date de clôture (IAS 37, § 15). Si le risque est moins probable que probable, la
provision ne sera pas comptabilisée et une information sera fournie en annexe. Il
s'agira d'un passif éventuel. La part de jugement est ici très importante.
457. - La probabilité qu'une sortie de ressources soit nécessaire est déterminée
précisément pour chaque type de produit. Pris individuellement, les risques peuvent
paraître faibles, voire non significatifs. Néanmoins, le tout forme une catégorie
d'obligations qui devient alors significative et sera provisionnée.
458. - Le projet de révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, ne devrait plus
inclure la notion de probabilité ou la notion de vraisemblance. Il ne retiendrait plus ce
critère lors de la décision de comptabiliser ou non un passif non financier, mais le
retiendrait dans le cadre de l'évaluation. Si un événement répond à la définition d'un
passif non financier et qu'il peut être évalué de manière fiable, il doit être enregistré.
En revanche, lors de l'évaluation du passif non financier, la probabilité sera prise en
compte.
C. - L'estimation fiable de l'obligation
459. - L'entreprise peut déterminer un éventail de résultats possibles et peut établir
une estimation suffisamment fiable de l'obligation pour la comptabiliser. La meilleure
estimation est le montant supérieur ou inférieur de l'éventail, selon son caractère le
plus probable.
460. - Si l'estimation n'est pas fiable, la provision ne sera pas comptabilisé e et IAS
37, § 86, impose que le passif éventuel soit constaté dans l'annexe des états
financiers.
461. - Si une entreprise est conjointement et solidairement responsable
d'une obligation, IAS 37, § 29, impose que la partie de l'obligation devant être
exécutée par d'autres parties soit traitée comme un passif éventuel.
D. - Les événements postérieurs à la date de clôture donnant lieu à des
ajustements
462. - IAS 10, § 8, précise qu'une entreprise doit comptabiliser ou ajuster les
montants comptabilisés dans ses états financiers pour refléter des événements
postérieurs à la date de clôture donnant lieu à des ajustements.

LE BILAN

463. - IAS 10, § 9, donne des exemples pour :


- des passifs, comme une décision par un tribunal après la date de clôture confirmant
l'existence d'une obligation actuelle de l'entreprise ;
- la découverte de fraude ou d'erreurs (événements postérieurs à la date de clôture)
montrant que les états financiers étaient incorrects. Cette découverte ne donne pas
lieu à des ajustements ;
- des dépréciations d'actifs en citant la faillite d'un client survenant après la date de
clôture, cet événement confirmant qu'une perte sur cette créance existait déjà à la
date de clôture et que l'entreprise doit ajuster la valeur comptable de la créance.
Il est nécessaire qu'à la date de clôture, il existe une obligation actuelle de
l'entreprise pour qu'un ajustement soit comptabilisé.
§ 3. - L'évaluation initiale des passifs non financiers
A. - La meilleure estimation
464. - Le montant comptabilisé doit être la meilleure estimation de la dépense
nécessaire au règlement de l'obligation actuelle à la date de clôture. Elle correspond
au montant que l'entreprise devrait raisonnablement payer pour éteindre son
obligation à la date de clôture ou pour la transférer à un tiers à cette même date.
465. - En fiscalité française, la provision, pour être déductible, doit être estimée avec
une approximation suffisante, à partir d'éléments réels (Doc. adm. DGI, 4 E-1122, § 1
à 3) et non selon une méthode forfaitaire.
466. - Lorsque la provision à évaluer comprend une population nombreuse
d'éléments, l'obligation est estimée en pondérant tous les résultats possibles en
fonction de leur probabilité. Cette méthode statistique d'estimation est appelée «
méthode de la valeur attendue » (IAS 37, § 39). La provision sera donc différente
selon que la probabilité de la perte d'un montant donné sera, par exemple 60 % ou
90 %. Lorsque les résultats possibles sont équiprobables dans un intervalle continu,
le milieu de l'intervalle sera retenu. En fiscalité, l'évaluation statistique est
admise, mais doit demeurer une exception.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

467. - Exemple d'une provision pour garantie.


Une société fabrique et commercialise des petits appareils électroménagers, avec
une garantie d'un an. Elle a établi plusieurs causes de retour des produits vendus :
- si les produits retournés nécessitent une réparation mineure, le coût futur pour
l'année suivante est estimé à 4 millions d'euros ;
- si les produits retournés sont cassés ou invendables, le coût futur représente 6
millions d'euros.
L'expérience montre également que pour l'année à venir :
- 90 % des produits ne présenteront aucun défaut ;
- 3 % des produits présenteront un défaut mineur ;
- 7 % devront être échangés.
La valeur attendue du coût des retours sur ventes est égale à : (90 % x 0) + (3 % x 4
M€) + (7 % x 6 M€) = 0,54 M€

468. - La provision est évaluée avant impôt. Les incidences fiscales des provisions
et de leurs changements sont traitées par IAS 12, Impôts sur le résultat (V. infra, n°
639).
B. - La valeur actuelle
469. - Les sorties de trésorerie se produisant le plus souvent peu après la date de
clôture, sont - pour le même montant nominal - plus onéreuses que celles ayant une
échéance lointaine. Lorsque l'effet est significatif, les provisions sont actualisées.
Alors que l'actualisation est obligatoire en IFRS, elle n'est pas prévue dans le
référentiel français et dans la fiscalité française.
470. - Les taux d'actualisation doivent être des taux avant impôt, sans risque,
majoré du risque spécifique de la provision IAS 37, § 45 à 47) reflétant les
appréciations actuelles par le marché et les risques spécifiques à ce passif (V. infra,
n° 494).

471. - Illustration.
Rapport annuel 2005 d'EDF
« Les provisions constituées pour dépenses de fin de cycle des combustibles
nucléaires, pour charges liées à la déconstruction des centrales et aux derniers
cœurs... sont estimées en appliquant aux montants des décaissements prévus un
indice d'inflation prévisionnel à long terme, et sont actualisées à partir des taux
représentant la meilleure estimation d'un taux de rendement à long terme sur les
marchés obligataires... pour la France, le groupe retient un taux d'actualisation sur la
base de séries longues d'un échantillon d'emprunts obligataires.... L'effet
d'actualisation, généré à chaque arrêté pour refléter l'écoulement du temps, est
comptabilisé en charges financières dans la ligne « charge d'actualisation », soit 1
323 millions d'euros pour l'exercice 2005. »

472. - L'IFRIC 1, Changements affectant les passifs existants relatifs aux coûts de
démantèlement et de remise en état des sites et assimilés (V. infra, n° 494), confirme
qu'un taux d'actualisation s'appuyant sur les données du marché les plus récentes
doit être utilisé pour cette actualisation. Dans le cas du groupe suisse Novartis (V.
supra, n° 448, illustration), l'actualisation porte sur des frais futurs de remise en état
des sites sur les trente prochaines années. Mais l'impact de l'actualisation n'est pas
mentionné.
C. - Les événements futurs
473. - Les événements futurs pouvant avoir un effet sur l'obligation actuelle doivent
être pris en compte lors de l'évaluation de la provision. Mais il faut qu'il existe des
indications objectives suffisantes indiquant que ces événements se produiront (IAS
37, § 48).
474. - Une obligation de remise en état d'un site pourra par exemple être facilitée
grâce à la mise au point de techniques plus performantes. Dans cette hypothèse, le
coût futur sera plus faible et la provision diminuée d'autant. Cette position n'est
acceptable que lorsque l'hypothèse retenue sera objectivement applicable lors de la
remise en état du site. Il n'est pas possible de diminuer la valorisation d'une telle
provision en s'appuyant sur des technologies très nouvelles, n'ayant objectivement
pas encore fait leur preuve. La prise en compte d'événements futurs peut aussi
conduire à réévaluer une provision dans la mesure où les technologies devenant
plus sophistiquées deviennent également plus onéreuses.
LE BILAN

475. - Les profits résultant de la sortie attendue d'actifs ne sont pas pris en compte
dans l'évaluation d'une provision. À la place, l'entreprise comptabilise les profits
attendus d'actifs à la date spécifiée par la norme IFRS traitant des actifs concernés.
476. - IAS 37, § 53 prévoit la comptabilisation d'un actif probable lié à l'obligation
actuelle, si, et seulement si l'entreprise a la quasi-certitude de recevoir le
remboursement si elle règle son obligation. Le remboursement est un actif distinct,
c'est-à-dire qu'il ne peut pas être compensé avec le passif. Son montant ne peut
toutefois pas dépasser le montant de la provision. Dans le compte de résultat, la
charge correspondant à une provision peut être présentée nette du montant
comptabilisé au titre d'un remboursement.
477. - Le projet de révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, retient les mêmes
termes en précisant toutefois que le droit à remboursement détenu par l'entité est un
droit inconditionnel. Selon les normes françaises, il n'y a pas de comptabilisation d'un
actif distinct. Le compte de résultat ne retiendra que la charge liée à la provision.
§ 4. - L'évaluation des passifs non financiers à la clôture de l'exercice
478. - Les provisions doivent être revues à chaque date de clôture et ajustées pour
refléter la meilleure estimation à cette date. Si une sortie de ressources
représentatives d'avantages économiques nécessaires pour régler l'obligation n'est
plus probable, la provision doit être reprise.
479. - Lorsque les provisions sont actualisées, la valeur comptable d'une
provision augmente à chaque fin d'exercice pour refléter l'écoulement du temps.
Cette augmentation est comptabilisée en charges financières.
480. - Comme présenté ci-dessus, IAS 37, § 30, impose que les passifs éventuels
soient évalués de façon continue pour déterminer si une sortie d'avantages
économiques est devenue probable. Il sera alors nécessaire de comptabiliser une
provision. Un passif éventuel correspond à une obligation conditionnelle résultant
d'événements passés qui pourraient aboutir à une sortie de trésorerie future ou
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
d'autres avantages économiques, en fonction (ou non) d'un ou plusieurs événements
futurs incertains qui ne sont pas totalement sous le contrôle de l'entreprise.
481. - Également, un actif éventuel correspond à des droits conditionnels résultant
d'événements passés qui pourraient aboutir à une entrée de trésorerie future ou
d'autres avantages économiques, en fonction (ou non) d'un ou plusieurs événements
futurs incertains qui ne sont pas totalement sous le contrôle de l'entreprise. IAS 37, §
35, impose que les actifs éventuels soient évalués de façon continue pour déterminer
si une entrée d'avantages économiques est devenue probable. Il sera alors
nécessaire de comptabiliser un actif et un produit. L'entreprise fournit alors une
information sur l'actif éventuel en annexe (IAS 37, § 89).
482. - Exemple.

Un fabricant d'appareils électroménagers, la société X, vient de publier une


information demandant aux propriétaires d'un type de fers à repasser de ramener
leur article chez leur revendeur, la défaillance d'une pièce essentielle ayant été
constatée. Le coût est estimé à 5 000 €. La société X demande à son fournisseur Y
le remboursement partiel des frais engagés. Pour maintenir les bonnes relations
d'affaires, ce dernier accepte. L'entreprise X attend ainsi un remboursement de 3 000
€. Le nombre de fers à repasser est précisément connu, ainsi que le risque lié et le
coût de la réparation. L'obligation implicite est actuelle, l'entreprise acceptant
certaines responsabilités qui l'engageront financièrement et qui généreront un passif.
Par cet engagement, la société décharge la partie adverse de tout passif éventuel et
fait naître une attente légitime chez ses clients.
Un passif sera enregistré pour 5 000 €, mais, par l'engagement de la société Y, il
existe également un actif comptabilisé séparément à l'actif en tant que créance pour
3 000 € car la société X a aussi une attente légitime. Dans le compte de résultat, la
charge « dotation aux provisions » apparaîtra pour une valeur nette soit : charge
estimée provenant de l'engagement envers les clients de
X - remboursement attendu = 2 000 €. Les normes françaises ne permettent pas de
prendre en compte tes actifs sur créances dans la détermination de la provision. La
charge dans le compte de résultat sera alors de 5 000€.

483. - Si l'événement pour lequel la provision a été constituée se réalise et, par
conséquent, la provision est utilisée, seules les dépenses liées à la provision à
l'origine sont imputées sur celle-ci.
§ 5. - Quelques cas d'application
A. - Les restructurations
484. - La provision pour restructuration concerne l'arrêt ou la vente d'une branche
d'activité, les changements apportés à la structure de direction ou une réorganisation
fondamentale, ayant un effet significatif sur la nature et le recentrage d'une activité.
En ce qui concerne la revente d'une branche d'activité, l'obligation de restructuration
n'existe pas jusqu'à un accord de vente irrévocable. Si ce fait générateur n'existe pas
à la date de clôture, aucune provision ne sera comptabilisée.
1° Les conditions de comptabilisation
485. - IAS 37, § 72, a introduit des conditions précises et formelles. La provision doit
être formalisée par un plan détaillé de la restructuration précisant :
- l'activité ou la partie concernée ;
- les principaux sites affectés ;
- la localisation, la fonction et le nombre approximatif de membres du personnel
qui seront indemnisés au titre de la fin de leur contrat de travail ;
- les dépenses qui seront engagées ; et
- la date de mise en œuvre du plan de restructuration.
486. - La restructuration crée chez les personnes concernées une attente fondée,
soit par la mise en œuvre du plan de restructuration, soit par une annonce publique,
claire avec suffisamment de détails sur les principales caractéristiques du plan. Le
projet de révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, ne retiendrait plus l'obligation
d'un plan détaillé, formel et annoncé, permettant à l'ensemble des coûts inhérents à
la restructuration d'être comptabilisés en provision. Il faudrait au contraire que
chacun des coûts représente une « obligation inconditionnelle » à laquelle l'entité ne
peut pas se soustraire. Ce changement aurait pour conséquence de retarder la
comptabilisation des provisions.
487. - Pour qu'un plan soit suffisant pour créer une obligation implicite, la mise en
œuvre doit être programmée le plus rapidement possible, ainsi que l'achèvement,
rendant ainsi improbable toute modification importante du plan. Si les délais sont très
importants, le plan ne crée plus une attente fondée chez les tiers et l'entreprise
modifiera vraisemblablement ses plans. Le projet de révision de la norme IAS 37, s'il
est adopté, repousserait la date de comptabilisation en exigeant pour les indemnités
de fin de contrat de travail pour départ involontaire, non plus une mise en œuvre
programmée à la date de clôture, mais un plan de restructuration engagé et annoncé
aux employés concernés.
488. - Si la formalisation du plan intervient après la date de clôture, il s'agit
d'une éventualité ou d'un événement survenant après la date de clôture. IAS 37, §
76, interdit alors la comptabilisation d'une provision, car l'annonce d'un plan de
restructuration ne crée pas, à elle seule, une obligation de restructurer. IAS 10 peut
imposer en revanche que des informations soient fourmes en annexe des états
financiers pour la bonne information des utilisateurs.
489. - Exemple.

Un conseil d'administration d'une entreprise décide avant la date de clôture de


restructurer l'entreprise, incluant des licenciements. La décision est annoncée après
la date de clôture, mais avant la date d'établissement des comptes.
Dans ce cas, IAS 37 ne permet pas la constitution de provision pour restructuration,
les éléments constitutifs n'étant pas réalisés à la date de clôture. Il n'y a pas eu de
commencement de mise en œuvre du plan de restructuration et il n'y a pas eu
d'annonces créant chez les personnes concernées une attente fondée. Nous avons
en revanche un passif éventuel.

2° L'évaluation
490. - Une provision pour restructuration ne doit inclure que les dépenses
directement liées à la restructuration, sans tenir compte des charges liées aux
activités poursuivies par l'entreprise. La provision pour restructuration n'inclut pas les
coûts :
- de reconversion ou une délocalisation du personnel conservé ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- de marketing ; ou
- de charges liées à la conduite future de l'activité.
491. - De même, les pertes futures identifiables jusqu'à la date de restructuration ne
peuvent pas faire l'objet de provision, sauf si elles concernent un contrat déficitaire.
Les profits attendus sur la sortie des actifs ne sont pas pris en compte dans
l'évaluation d'une provision pour restructuration, même s'ils correspondent à
l'aboutissement de la restructuration.
492. - Exemple.
Une société décide de vendre une branche d'activité. Le repreneur envisage une
restructuration dès la reprise, avec la suppression de trois ateliers de production.
Les dirigeants actuels, ne peuvent pas comptabiliser de provision pour
restructuration pour les arrêts d'activité décidés, car l'obligation de restructuration
n'existe pas jusqu'à la signature du contrat de vente.

B. - L'opération de démantèlement
1° Les provisions pour démantèlement
493. - À chaque clôture, la valeur de la provision, pour faire face à l'obligation de
démantèlement, doit correspondre à la meilleure estimation du coût futur. IFRIC 1,
Changements affectant les passifs existants relatifs aux coûts de démantèlement et
de remise en état et assimilés, est une interprétation publiée en mai 2004. Elle porte
sur les obligations ayant donné lieu à la comptabilisation d'un composant d'actif
corporel selon IAS 16 « Immobilisations corporelles » et à la comptabilisation d'un
passif conformément à IAS 37.
494. - IFRIC 1 confirme qu'un taux d'actualisation s'appuyant sur les données du
marché les plus récentes, doit être utilisé pour cette actualisation. En revanche, la
contrepartie de l'accroissement du passif créé en raison de l'écoulement du temps et
calculé sur le taux d'actualisation antérieurement utilisé, est une charge financière
(IFRIC 1, § 8).

495. - Illustration.
Rapport annuel 2005 d'Air Liquide
« Les coûts de démantèlement, d'enlèvement ou de remise en état du site sur lequel
un actif est situé doivent être intégrés dans le coût d'acquisition et assortis, en
contrepartie de l'obligation encourue constatée sous forme de provision... La
reconnaissance de ces coûts futurs de démontage et de démantèlement amène à
constituer une provision complémentaire de 80 millions d'euros après actualisation,
par contrepartie d'un actif corporel... L'amortissement cumulé de cet actif génère un
impact sur les capitaux propres d'ouverture après constatation des impôts différés
correspondants de 12,4 millions d'euros. »

496. - S'il existe des changements d'estimation de la provision (variation de


l'échéancier, variation du montant estimé, variation du taux d'actualisation), les effets
des changements sont traités conformément aux dispositions d'IAS 8, Méthodes
comptables, changements d'estimations comptables et erreurs. La contrepartie de
l'accroissement du passif est intégralement ajoutée au coût de l'immobilisation. La
nouvelle valeur amortissable de l'actif est amortie de manière prospective.

LE BILAN

497. - Exemple.
Au 01/01/N, une entreprise doit constituer une provision pour démantèlement d'une
unité de production, prévue pour N+20. Le coût estimé est de 2 000 M€. Le taux
d'actualisation est de 5 %. À la clôture de l'exercice N, la provision sera ainsi évaluée
: 2000/1,0520 soit : 754 M€. Il convient de passer les écritures suivantes :
Enregistrement de la provision au 1/1/N
Immobilisations 754
Provisions 754
Enregistrement de l'incrémentation de la provision au 31/12/N : 754*5% = 38
Charges financières 38
Provisions : 38
Au 31/12/N le montant de la provision correspond à 2000/1,05 = 754 + 38 = 792M€.
19

20 ans plus tard, à la date du démantèlement, la provision figurera au passif du bilan


pour 2 000 M€.
Elle sera reprise pour un montant de 2 000 et la contrepartie s'imputera sur l' élément
du coût d'acquisition représentatif du coût de démantèlement puis sur l'actif sous-
jacent.

2° Les droits à participation dans des fonds de démantèlement


498. - IFRIC 5, Droits aux intérêts émanant de fonds de gestion dédiés au
remboursement des coûts de démantèlement et de remise en état de sites, est une
interprétation applicable aux exercices ouverts à compter du 1 er janvier 2006. Elle
s'applique :
• aux actifs concernés par le financement du démantèlement et de remise en état du
site ;
• pour les entités participant au fond, sans exercer une influence notable, un contrôle
exclusif ou un contrôle conjoint. Sinon, les entités appliquent les normes :
• IAS 27, États financiers consolidés et individuels (V. infra, nos 1114 et s.), si elle
détient le contrôle ;
• IAS 28, Participation dans des entreprises associées (V. infra, nos 1132 et s.), si
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
elle partage le contrôle ;
• IAS 31, Participation dans des coentreprises (V. infra, nos 1133 et s.) ; ou
• l'interprétation SIC 12, Consolidation - Entités ad hoc (V. infra, nos 1127 et s.) qui
traite des sociétés ad hoc.
499. - IFRIC 5 exige que l'entreprise comptabilise une obligation de payer des coûts
de démantèlement conformément à IAS 37 et comptabilise sa participation dans le
fond comme un actif distinct. L'entreprise peut sinon comptabiliser le droit de recevoir
une rémunération du fonds en actif, conformément à IAS 37, § 22.
500. - Le droit à remboursement doit être évalué au plus bas du montant de
l'obligation de démantèlement comptabilisée et de la juste valeur des actifs nets du
fonds attribuables aux contributeurs. Le droit à remboursement est comptabilisé
(sans compensation avec l'obligation inscrite au passif) à l'actif du bilan (IFRIC 5, §
7). La variation de juste valeur du droit à remboursement est enregistrée
immédiatement en charge (IFRIC 5, § 9). Les intérêts résiduels existants dans le
fonds après les opérations de démantèlement relèvent du champ d'application de la
norme LAS 39 (IFRIC 5, § 5).
501. - En cas de faillite d'un autre contributeur, ou si la valeur des actifs investis
détenus par le fonds devient insuffisante pour que le fonds satisfasse à ses
obligations de remboursement, l'entreprise doit évaluer un passif éventuel, selon IAS
37.
C. - Les contrats déficitaires
502. - Si les coûts inévitables liés à l'accomplissement de l'obligation du contrat
excèdent les avantages économiques attendus, l'obligation actuelle résultant d'un
contrat déficitaire sera comptabilisée et évaluée comme une provision. IAS 37, §
68, précise que le coût à retenir est « le plus faible du coût d'exécution du contrat ou
de toute indemnisation ou pénalité découlant du défaut d'exécution ». En outre, avant
d'établir une provision pour contrat déficitaire, il faut comptabiliser les pertes de
valeur survenues sur les actifs dédiés à ce contrat (V. infra, n° 785).

503. - Exemple.
Une société de travaux publics a établi pour chacun de ses chantiers l'état
d'avancement des travaux par rapport aux coûts engagés, et constate
qu'un chantier dégagera des pertes. La société doit comptabiliser une
provision pour pertes à terminaison car les coûts inévitables liés à
l'accomplissement de l'obligation du contrat excèdent les avantages
économiques attendus. L'obligation actuelle, résultant d'un contrat
déficitaire, sera comptabilisée et évaluée comme une provision.
504. - Le projet de révision de la norme IAS 37, s'il est adopté, retarderait le fait
générateur permettant de comptabiliser ce type de passif. En effet, le fait générateur
ne serait plus la constatation d'obligations qui seront supérieures aux avantages
économiques attendus, mais la réalisation des actions constatant une obligation
inconditionnelle.
§ 6. - Les provisions interdites
A. - Les pertes opérationnelles futures
505. - Ces pertes ne répondent pas aux critères généraux de comptabilisation. En
particulier, il n'existe pas d'obligation actuelle résultant d'un événement passé. Il n'est
donc pas possible d'enregistrer une provision pour pertes opérationnelles
futures. Si ces pertes entraînent une perte de valeurs à l'actif du bilan, la norme IAS
36, Dépréciation des actifs, sera alors applicable (V. supra, n° 196).
506. - Exemple.

À la suite d'un sinistre intervenu avant la date de clôture de l'entreprise, la remise en


état de l'immeuble est évaluée à 100 000 € et les pertes d'exploitation futures sont
évaluées à 200 000 €.
La remise en état de l'immeuble fait l'objet d'une provision. La contrepartie sera
intégrée dans l'actif corporel concerné. En revanche, (es pertes d'exploitation futures
ne peuvent pas faire l'objet de provision.

507. - Exemple.

Une société met sur le marché un nouveau téléphone mobile. Ce produit


techniquement très performant, est déjà très concurrencé. Dans ce contexte, la
société, prévoit des pertes d'exploitation pour les deux années futures.
La société néanmoins ne pourra pas comptabiliser de provision pour pertes futures
d'exploitation. Si ces pertes entraînent une perte des valeurs à l'actif du bilan, la
norme IAS 36 (dépréciation d'actifs) sera alors applicable.

B. - D'autres provisions interdites


1° Les provisions pour grosses réparations
508. - Les provisions pour grosses réparation sont interdites, cependant, elles
peuvent être enregistrées comme composant distinct du coût d'acquisition ou comme
une charge. En revanche, lorsqu'une entreprise, contrainte par une réglementation
ou un contrat devra effectuer des dépenses sur des immobilisations corporelles non
inscrites à son bilan, la norme IAS 37 s'applique, car il existe une obligation légale ou
contractuelle. Une provision sera calculée pour constater la dégradation du bien qu'il
faudra remettre en état. Si la dégradation est progressive, la charge de la provision
sera étalée dans le temps.
509. - Si l'actualisation de la provision a un effet significatif, la provision doit être
actualisée, ce qui sera le cas lorsque la provision est échelonnée dans le temps avec
une échéance lointaine.

510. - Exemple.

Au 31/1 2/N, une entreprise doit constituer une provision pour grosse réparation, prévue
jour N+5. La dépense prévue est de 1 000 et le taux sans risque à cinq ans est de 5 %.
N N+1 N+2 N+3 N+4
Provision début d'année 164,54 345,54 544,22 761,90
Charge de l'exercice 164,54 172,77 181,41 190,48 200,00
Coût financier 8,23 17,28 27,21 38,10
Charge totale 165,54 180,99 198,68 217,69 238,10
Provision de fin d'année 164,54 345,54 544,22 761,90 1 000,00
La charge de l'exercice N est égale à (1000/5)71 ,05" ou 200/1,05"= 164,54.
La charge de l'exercice IM+1 est égale à 200/1 ,05 3= 172,77.
Le coût financier en N+1 est de 164,54*5% = 8,23.
La charge de l'exercice N+2 est égale à 200/1,05 2= 181,41.
Le coût financier en N+2 est de 345,54*5%= 17,28. etc.
À la fin de l'année N+4, la provision sera reprise pour un montant de 1 000 et les
dépenses d'entretien engagées seront comptabilisées en charge pour ce même
montant.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
511. - Les modifications d'estimation auront un impact sur les charges futures. Les
dotations enregistrées sur les exercices antérieurs ne sont jamais retraitées,
conformément à IAS 8.

512. - Exemple.

En N+3, l'entreprise révise le taux d'actualisation sans risque à 7 %.

N N+1 N+2 N+3 N+4


Provision en début d'année 0,00 164,54 345,54 544,22 761,90
Régularisation du taux -20,15
Charge de l'exercice 164,54 172,77 181,41 186,92 200,00
Coût financier 0,00 8,23 17,28 36,68 52,34
Charge totale 165,54 180,99 198,68 203,45 238,10
Provision en fin d'année 164,54 345,54 544,22 747,66 1 000,00

La provision au début de l’année N+3 n’est plus de 544.22 mais de 600*1.07 Il faut
tenir compte de l’impact du changement de taux sur la provision existant au début de
l’année :-20.15.
La charge de l’exercice N+3 est égale à 200*1.07*) 186.92
Le cout financier de N+3 est de 524.07 *7%=36.68
513. - Dans le cadre de contrats de location simple, une obligation de remise en état
en fin de bail, stipulée dans le bail entre dans le champ d'application d'IAS 37,
puisque la méthode par composant ne peut pas être appliquée. La provision au bilan
reflétera le degré de dégradation du bien.
514. - Lorsque le contrat de location (simple) inclut des charges li ées à la remise
en état, le preneur au début de la période de location enregistre cette obligation
comme composant spécifique de l'équipement. Il enregistre ainsi un actif
représentant le coût estimé de la remise en état, avec comme contrepartie une dette
vis-à-vis du bailleur. Lors du paiement des loyers, le preneur doit isoler dans sa
comptabilité les loyers purs (paiements minimaux résultant du bail) et le
remboursement de la dette initiale. L'actif est parallèlement amorti. Le preneur ne
peut pas « linéariser » la charge.
515. - Dans le cadre de contrats de location-financement, le bien figure à l'actif du
preneur. Les dépenses de grosse réparation sont alors enregistrées selon l'approche
par composant. Aucune provision ne peut être enregistrée.
LE BILAN

2° Les provisions réglementées


516. - Les provisions réglementées sont interdites selon les normes internationales
puisqu'elles sont constituées (en France) uniquement en application de dispositions
fiscales. Elles sont les suivantes :
- provision pour investissement, calculée sur la base de la participation des salariés ;
- provision pour hausse des prix ;
- amortissements dérogatoires ;
- provision spéciale de réévaluation.
Les écritures comptables, enregistrées pour des raisons d'optimisation fiscale,
doivent être totalement annulées lorsque l'entreprise établit des comptes consolidés,
et bien sûr lorsqu'elle passe d'un environnement français à un environnement
international.
§ 7. - Les informations à fournir
517. - IAS 37, § 84, impose les informations suivantes concernant la variation des
provisions pendant l'exercice pour chaque catégorie de provision, l'information
comparative n'étant pas imposée :
- la valeur comptable à l'ouverture et à la clôture de l'exercice ;
- les provisions supplémentaires constituées au cours de l'exercice, y compris
l'augmentation des provisions existantes ;
- les montants utilisés au cours de l'exercice ;
- les montants non utilisés repris au cours de l'exercice ; et
- l'augmentation au cours de l'exercice du montant actualisé de l'écoulement du
temps et de l'effet de toute modification du taux d'actualisation.
518. - IAS 37, § 85, impose également des informations sur la nature des provisions:
- une brève description de la nature de l'obligation et de l'échéance des sorties
d'avantages économiques en résultant ;
- une indication des incertitudes relatives au montant ou à l'échéance de ces sorties ;
- le montant de tout remboursement attendu.
519. - Les informations à fournir sur la nature des passifs éventuels sont du même
type que les informations pour les provisions. L'entreprise décrira éventuellement les
liens existant entre une provision et un passif éventuel.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

520. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Éventualités
Dans le cadre de la marche normale des affaires, certaines sociétés du Groupe sont
engagées dans des procédures administratives... La Direction estime cependant que
ces actions en justice n'auront pas d'impact significatif sur le situation financière du
Groupe, mais pourraient en avoir sur son résultat opérationnel et ses flux de
trésorerie sur une période donnée. »

521. - Les informations à fournir sur la nature des actifs éventuels sont du même
type que les informations pour les provisions. Une estimation de leur effet financier
est souhaitée par IAS 37, § 90.
522. - Si une entreprise est dans l'incapacité de donner des informations sur une
provision, un passif éventuel ou un actif éventuel, elle doit alors signaler ce fait dans
l'annexe. Aussi, si la publication d'une information peut porter préjudice à l'entreprise,
celle-ci peut alors fournir des informations plus générales, sur le fait que ces
informations n'ont pas été fournies, ainsi que la raison pour laquelle elles ne l'ont pas
été.
523. - Selon IFRIC 5, une entreprise contributrice dans des fonds de démantèlement
doit indiquer la nature de sa participation dans un tel fonds.
Si l'entreprise n'enregistre pas en passif l'obligation potentielle de faire des
contributions additionnelles, elle fournit des informations imposées par IAS 36, § 86,
à savoir :
- une estimation de l'effet financier de l'obligation potentielle ;
- l'indication des incertitudes concernant le montant et l'échéance de toute sortie de
trésorerie ; et
- toute possibilité de remboursement.
524. - Si l'entreprise enregistre en passif l'obligation potentielle de faire des
contributions additionnelles selon IAS 37, elle doit indiquer le montant des
remboursements attendus de la part du fonds et le montant des actifs comptabilisés
au titre de ce remboursement attendu.

Section 8
LES AVANTAGES DU PERSONNEL ENGAGEMENTS EN
MATIÈRE DE RETRAITE (IAS 19)
§ 1. - Présentation générale
A. - L'objectif d'IAS 19
525. - L'objectif de la norme IAS 19, Avantages du personnel, est de prescrire le
mode de comptabilisation et de présentation des avantages du personnel. IAS 19, §
7, les définit comme toute forme de contrepartie donnée par une entreprise au titre
des services rendus par son personnel.
526. - Dans ce chapitre, nous nous concentrons notamment sur la détermination du
coût des prestations de retraite dans les états financiers des employeurs ayant des
régimes de retraite, question largement traitée par IAS 19.
527. - L'objectif de la norme IAS 26, Comptabilité et rapports financiers des régimes
de retraite, en revanche, complète la norme IAS 19 en traitant de la comptabilisation
et de la présentation des rapports financiers à l'ensemble des adhérents considérés
comme un groupe. Elle ne traite pas des informations données aux adhérents
individuels au sujet de leurs droits aux prestations de retraite.
B. - Le champ d'application
528. - La norme IAS 19 identifie deux catégories d'avantages du personnel : les
avantages à court terme et les avantages à long terme.
1° Les avantages à court terme
529. - Les avantages à court terme regroupent les salaires, les rémunérations, les
cotisations sociales, les congés payés, les congés maladie, l'intéressement et les
primes, les congés payés, les avantages en nature ou encore l'assistance médicale
qui sont dus intégralement dans un délai de douze mois à compter du service rendu.
Leur comptabilisation est pratiquée tout au long de la période d'activité du salarié.
2° Les avantages à long terme
530. - Les avantages à long terme regroupent les avantages postérieurs à l'emploi
et les autres avantages à long terme.
531. - Les avantages postérieurs à l'emploi regroupent les indemnités de départ à
LE BILAN
la retraite, les pensions et autres prestations de retraite, les couvertures d'assurance-
vie qui sont payables postérieurement à la cessation de l'emploi. Ils sont classés
soit dans les régimes à cotisations définies, soit dans les régimes à prestations
définies.
532. - Avec l'application d'un régime à cotisations définies, l'employeur paie des
cotisations fixes à une entité distincte (un fonds, ou un assureur) et n'aura aucune
obligation juridique ou implicite de payer des cotisations supplémentaires si le
fonds n'a pas suffisamment d'actifs Ces cotisations sociales versées tout au long de
la période d'emploi sont enregistrées régulièrement en charges, sans hypothèse
actuarielle ou écarts actuariels. Une actualisation sera calculée si les cotisations sont
exigibles plus de douze mois suivant la clôture de l'exercice (IAS 19, § 45). Les
risques de placement n'incombent pas à l'entreprise. Cette catégorie de régimes
n'est pas traitée dans ce chapitre, car aucun engagement de retraite n'est à calculer.
533. - Tous les autres régimes d'avantages postérieurs à l'emploi sont des régimes
à prestations définies. Les risques de placement incombent alors à l'entreprise, car
elle a pris un engagement sur les prestations futures. La norme IAS19 impose à
l'entreprise l'enregistrement de ces obligations et des risques actuariels liés. Ce
régime concerne l'évaluation des passifs de retraite, objet de ce chapitre.
534. - Les autres avantages à long terme regroupent les congés liés à
l'ancienneté ou congés sabbatiques, les jubilés et autres avantages liés à
l'ancienneté, les indemnités pour invalidité de longue durée, l'intéressement, les
primes et les rémunérations différées, s'ils sont payables douze mois ou plus après
la fin de l'exercice.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

535. - Illustration.

Rapport annuel 2005 d'Arcelor


« Détail des provisions pour pensions et autres avantages assimilés :
En millions d'euros 2005 2004
Régimes complémentaires de pension 979 1 196
Indemnités de départ 374 379
Régimes de couverture médicale 25 26
Médailles du travail 53 51
TOTAL PROVISIONS POUR PENSIONS ET AUTRES
1 431 1 652
AVANTAGES ASSIMILÉS
Les charges de l'exercice relatives à l'ensemble de ces avantages complémentaires
octroyés au personnel, (y compris la charge d'intérêt liée à l'actualisation des
engagements) sont reprises sous la ligne générale « Charges de personnel » du compte
de profits et pertes. »

3° Les exclusions d'IAS 19


536. - Deux formes d'avantages du personnel. Ne sont pas traités par IAS 19
mais par d'autres IFRS : les indemnités de fin de contrat de travail et les avantages
sur capitaux propres.
537. - Les indemnités de fin de contrat de travail sont traitées par IAS 37,
Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels, (V. supra, n° 442) qui les définit
comme des avantages à accorder à un membre du personnel du fait (IAS 19, § 7) :
- de la résiliation par l'entreprise du contrat de travail avant l'âge normal ;
- du départ en retraite ; ou
- de la démission du salarié en échange d'indemnités pour encourager son départ.
Le fait générateur pour IAS 37 n'est pas l'activité passée du salarié (comme pour IAS
19), mais la cessation d'activité du salarié.
538. - Les avantages sur capitaux propres (et en particulier les stocks-options)
sont traités par IFRS 2, Paiements en actions et assimilés (V. infra, n° 791). Cette
norme complète ainsi IAS 19, entièrement consacrée au traitement des
engagements sociaux.
§ 2. - La comptabilisation des avantages du personnel
A. - Les principes de comptabilisation
539. - Le coût des avantages postérieurs à l'emploi doit être comptabilisé durant la
période de service des salariés et non lors de la réception des prestations par les
salariés. IAS 19, § 69, précise que l'obligation est comptabilisée, même si les droits à
prestation ne sont pas acquis. Il faudra en effet que le salarié soit présent dans
l'entreprise le dernier jour de son activité salariée pour bénéficier des prestations
offertes par le régime à prestations définies de cette entreprise.
540. - La disparité des pratiques en France est très grande :
- le Code de commerce (C. com., art. L. 123-13, al. 3) rend obligatoire l'évaluation
des engagements de retraite mais il ne précise pas la ou les méthodes utilisables. Il
permet (mais n'oblige pas) de provisionner tout ou partie les engagements de
retraite. En revanche, il précise que le montant global des engagements en matière
de pension (....) doit être indiqué en annexe ;
- le CNC, par la recommandation n° 2003-R.01, a fixé une méthodologie qui reprend
fidèlement la norme IAS 19 en ce qui concerne les engagements de retraite et
avantages assimilés, mais il exclut les avantages à court terme ;
- le plan comptable général (PCG, art. 335-1), pour les comptes individuels et le
règlement CRC n° 99-02, pour les comptes consolidés précisent que les
engagements relatifs aux retraités et actifs doivent être provisionnés. La provision
doit également porter sur les autres avantages. Mais le texte prévoit des obligations
différentes selon la taille des entreprises. Les entreprises ayant moins de 250
salariés peuvent définir leur propre méthode d'évaluation, méthode qui sera décrite
en annexe. Les entreprises de plus de 250 salariés doivent appliquer la méthode
conforme à IAS 19. Néanmoins, le Code de commerce permettant de ne pas
comptabiliser un passif pour engagements de retraite ne permet pas d'harmoniser
les pratiques ;
- en France, les dotations aux provisions pour engagements de retraite ne sont pas
déductibles fiscalement. Les charges correspondant à ces engagements ne
deviennent déductibles que lorsque les retraites sont effectivement versées aux
LE BILAN
salariés ou lorsque l'entreprise verse des cotisations à un organisme gestionnaire
extérieur (régime à cotisations définies).
541. - Les régimes à prestations définies peuvent être des régimes financés de 0 %
à 100 % par l'entreprise, les salariés devant participer pour les régimes partiellement
financés par l'entreprise. L'annexe doit présenter les obligations au titre des
prestations partiellement financées ou totalement financées.
542. - L'entreprise a l'obligation de payer les prestations convenues. Elle supporte
en substance les risques actuariels et de placement liés au régime. En conséquence,
la dépense constatée pour un régime à prestations définies n'est pas
nécessairement le montant de la cotisation due pour l'exercice (IAS 19, § 49).
543. - La charge est enregistrée en vertu d'une obligation juridique, mais aussi
implicite. L'entité doit comptabiliser l'obligation juridique, conformément aux termes
du régime à prestations définies, mais aussi toute obligation implicite découlant de
ses usages. Ces usages génèrent une obligation implicite lorsque l'entreprise n'a pas
d'autre solution réaliste que de payer les prestations aux membres du personnel. Il y
a, par exemple, obligation implicite si un changement des usages de l'entreprise
entraînerait une dégradation inacceptable des relations avec son personnel (IAS 19,
§ 52).
B. - Les incidences sur le bilan
544. - Les régimes à prestations définies peuvent être :
- financés, les actifs étant alors gérés séparément et indépendamment de ceux du
groupe ; ou
- non financés, leurs engagements faisant l'objet d'une dette à long terme dans le
bilan.
545. - Illustration.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

Rapport annuel 2006 de Novartis


« La plupart des collaborateurs sont couverts par des plans de prévoyance à prestations
définies. Pour les plans de retraite les plus importants, les engagements ainsi que les
capitaux correspondants sont revus tous les ans par des actuaires indépendants. Les
actifs non courants de ces plans de retraite sont évalués à leur juste valeur... Les
obligations au titre des prestations définies des plans de retraite non financés se
montaient à USD 898 millions au 31 décembre 2006.
Ces prestations, pour lesquelles l'entité n'a pas d'actifs de couverture et les obligations
sont intégrées dans les dettes à long terme. »

1° L'enregistrement en passif du bilan


546. - IAS 19, § 54, prescrit que le montant comptabilisé au passif au titre de
prestations définies doit être égal au total de :
- la valeur actualisée de l'obligation au titre des prestations définies à la date de
clôture ; cette valeur désigne la valeur actualisée (avant déduction des actifs du
régime) des paiements futurs attendus pour faire face à la dette résultant des
services rendus au cours de l'exercice et des exercices antérieurs ;
- majorée des profits actuariels (minorés des pertes actuarielles) non comptabilisés
(V. infra, n° 553) ;
- diminuée du coût des services passés non encore comptabilisés ;
- diminuée de la juste valeur à la date de clôture des actifs du régime (s'ils existent)
utilisés directement pour éteindre les obligations.
547. - IAS 19, § 116, précise qu'une entreprise doit compenser un actif lié à un
régime et un passif lié à un autre régime si, et seulement si :
- elle détient les droits exécutoires d'utiliser l'excédent d'un régime pour régler les
obligations d'un autre régime ; et
- elle a l'intention de régler les obligations sur une base nette ou de réaliser
l'excédent dégagé sur un régime et d'éteindre simultanément son obligation en vertu
de l'autre régime.
Si le total obtenu est négatif, nous avons alors un actif.
2° L'enregistrement à l'actif du bilan
548. - IAS 19, § 59, stipule qu'un actif peut être généré lorsqu'un régime à
prestations définies a été sur financé ou, dans certains cas, lorsque des gains
actuariels sont comptabilisés. Dans ce cas, l'entreprise comptabilise un actif car :
- elle contrôle une ressource qui est la capacité à utiliser l'excédent pour générer
des avantages futurs ;
- ce contrôle est le résultat d'événements passés (cotisations versées par
l'entreprise et services rendus par les membres du personnel) ; et
- l'entreprise peut en attendre des avantages économiques futurs sous la forme d'une
diminution de ses cotisations futures ou d'un remboursement en trésorerie, soit
directement, soit indirectement par affectation à un régime en déficit.
549. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Le tableau suivant donne la situation financière des principaux plans de prévoyance
financés et non financés au 31 décembre 2006 et 2005 : »
Plans de retraite
2006 M USD 2005 M
USD
Engagements en début d'exercice 15632 16488
Engagements en rapport avec des activités -49
abandonnées
Coût des services rendus 417 363
Coût financier 559 567
Écarts actuariels -144 869
Modifications des plans -7 55
Écarts de conversion 1 076 -1 921
Prestations versées -865 -855

Cotisations des employés 63 63


Incidence des acquisitions ou cessions 85 3
Engagements en fin d'exercice 16767 15632
Juste valeur des actifs des plans en début d'exercice 16059 17663
Actifs des plans en rapport avec des activités abandonnées -21
Rendement attendu des actifs des plans 758 716
Gains actuariels 13 367
Écarts de conversion 1094 -2 119
Cotisations du Groupe Novartis 388 224
Cotisations des employés 63 63
Modifications des plans
Prestations versées -865 -855
Incidences des acquisitions ou cessions 26
Juste valeur des actifs des plans en fin d'année 17515 16059
Couverture financière 748 427
Coût des services passés non comptabilisés 11 12
Actif net/(passif net) au bilan 759 439

550. - Suivant IAS 19, § 58, l'entreprise doit évaluer l'actif généré par un sur
financement en retenant le plus faible entre :
- sa valeur calculée comme présentée ci-dessus (= obligation +/- écart actuariel -
coût des services passés non comptabilisés - juste valeur des actifs du régime) ; ou
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

- la somme des pertes actuarielles nettes cumulées non comptabilisées et du coût


des services passés non comptabilisé et de la valeur actualisée de tout avantage
économique sous forme de remboursements du régime ou de diminutions des
cotisations futures au régime.
551. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Les actifs nets au bilan comptabilisés n'excèdent pas la valeur actualisée
d'avantages économiques futurs disponibles sous forme de remboursements du
régime et/ou de réductions anticipées de contributions futures en faveur de ce
régime. »

552. - IAS 19, § 62, souligne que d'autres IFRS imposent d'incorporer certains coûts
relatifs aux avantages du personnel dans les coûts d'actif tels que I les stocks ou les
immobilisations.
C. - Les incidences sur le compte de résultat
553. - Une entreprise doit comptabiliser en charges ou en produits le total des
montants ci-après, (sauf si une autre norme comptable internationale impose ou
permet de l'incorporer dans le coût d'un actif) :
- le coût des services rendus au cours de l'exercice ;
- le coût financier ;
- le rendement attendu des actifs du régime ;
- les écarts actuariels ;
- le coût des services passés ; et
- impacts des diminutions ou liquidations de régimes.
554. - IAS 19, § 7, définit le coût des services rendus au cours de l'exercice comme
l'accroissement de la valeur actuelle de l'obligation au titre des prestations définies
résultant des services rendus au cours de l'exercice. Le coût des services rendus
sera corrigé par des hypothèses actuarielles démographiques (V. infra, n° 587).
555. - Le coût financier est défini comme l'accroissement au cours d'un exercice de
la valeur actualisée de l'obligation au titre des prestations définies résultant du fait
que l'on s'est rapproché d'un exercice de la date de règlement des prestations (IAS
19, § 7). Le coût financier est obtenu en multipliant le taux d'actualisation déterminé
au début de l'exercice par la valeur actualisée de l'obligation à l'ouverture de
l'exercice au titre des prestations définies (V. infra, n° 589).
556. - Le rendement attendu des actifs du régime et de tous les droits au
remboursement est une composante de la charge comptabilisée dans le compte de
résultat (IAS 19, § 105). IAS 19, § 106, précise que le rendement attendu des actifs
du régime est établi sur la base des attentes du marché, au début de l'exercice, pour
des rendements sur toute la durée de vie de l'obligation correspondante. Le
rendement attendu des actifs du régime traduit l'évolution de la juste valeur des actifs
du régime détenus au cours de l'exercice, résultant des cotisations effectivement
versées au fonds et des prestations effectivement prélevées sur le fonds.
557. - La différence entre le rendement attendu et le rendement effectif est un écart
actuariel. Les écarts actuariels résultent de la différence entre les hypothèses
actuarielles antérieures retenue et celle qui s'est effectivement produite.
558. - Illustration.

Rapport annuel 2005 d'Arcelor


« Afin de refléter l'évolution en 2005 du taux de rendement des emprunts
obligataires, le Groupe a décidé de réduire son taux d'actualisation pour la zone euro
de 5 % à 4.5 %.
La perte actuarielle latente ainsi générée (131 millions d'euros) a été comptabilisée
en application de la politique du corridor et est incluse dans la ligne "Gains/(pertes)
actuariels non encore reconnus" ».

559. - Le coût des services passés désigne l'accroissement de la valeur actuelle de


l'obligation au titre des prestations définies pour les services rendus au cours
d'exercices antérieurs, résultant de l'introduction d'un nouveau régime d'avantages
postérieurs à l'emploi ou d'autres avantages à long terme ou de changements
apportés au cours de l'exercice à un tel régime. Le coût des services passés peut
être positif (si des avantages sont améliorés) ou négatif (si des avantages existants
sont réduits).
560. - Si la valeur actuelle des avantages économiques diminue ou si elle reste
inchangée, l'ensemble des profits actuariels nets de l'exercice en cours et du coût
des services passés est immédiatement comptabilisé.
LE BILAN

561. - La charge ou le produit net représente le coût des services rendus au cours
de l'exercice ainsi que le coût financier et les coûts actuariels, auxquels on
retranchera le rendement attendu de tous les actifs du régime.
562. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Les produits et charges nets comptabilisés dans le compte de résultat se
composaient des éléments suivants : »
Plans de retraite
Composantes des produits et charges 2006 M USD 2005 M USD
nets comptabilisés

Coût des services rendus 417 363


Coût financier 559 567
Rendement attendu des actifs des plans -758 -716

Coût des services antérieurs -11 4


comptabilisés
Pertes /gains de liquidation -8
Charge de retraite 199 218

§ 3. - L'évaluation des avantages du personnel


A. - La démarche
563. - Le coût final d'un régime à prestations définies dépend de nombreuses
variables tels que :
- les salaires de fin de carrière, la mortalité et la rotation du personnel ;
- le rendement des actifs du régime ; et
- l'incertitude du coût final.
564. - Pour évaluer la valeur actuelle des obligations au titre des avantages
postérieurs à l'emploi et le coût correspondant aux services rendus au cours de
l'exercice, IAS 19, § 50, prescrit la méthode suivante :
- utiliser des techniques actuarielles pour estimer de façon fiable le montant des
avantages accumulés par les membres du personnel en contrepartie des services
rendus pendant l'exercice et les exercices antérieurs. Cela suppose que l'entreprise
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

détermine les droits imputables à l'exercice et aux exercices antérieurs et qu'elle


fasse des estimations (hypothèses actuarielles) sur les variables
démographiques (mortalité et rotation du personnel) et sur les variables
financières (tels que les augmentations futures des salaires et des coûts médicaux)
qui influeront sur le coût des prestations ;
- actualiser ces prestations par la méthode des unités de crédit projetées afin de
déterminer la valeur actualisée de l'obligation au titre des prestations définies et le
coût des services rendus au cours de l'exercice ;
- déterminer la juste valeur des actifs du régime ;
- déterminer le montant total des écarts actuariels et la partie de ces écarts qui doit
être enregistrée ;
- déterminer le coût des services passés en résultant, lorsqu'un régime a été adopté
ou amélioré ; et
- déterminer le profit ou la perte en résultant lorsqu'un régime a été réduit ou liquidé.
B. - La détermination des droits à prestation imputables à l'exercice et aux
exercices antérieurs
565. - II s'agit de déterminer la valeur actualisée de l'obligation de l'entreprise
envers les salariés ayant accumulé des avantages en contrepartie de leur période
de service. IAS 19, § 67, précise que le coût des avantages postérieurs à l'emploi
correspond aux services rendus au cours de l'exercice et des exercices passés. Il est
affecté aux droits à prestations aux périodes de service en fonction des clauses
établies par le régime.
566. - Exemple.
Un salarié a cinquante-neuf ans. Dans sept ans, il partira en retraite et il a vingt-six
ans d'ancienneté dans l'entreprise. La convention collective prévoit une indemnité de
fin de carrière équivalente à 3 % du salaire de fin de carrière, par année travaillée.
Au 01/01/N, le salarié a acquis 3 % x 26 ans d'ancienneté, soit 78 % de son salaire
mensuel.
LE BILAN

567. - IAS 19, § 67, édicté qu'il faut affecter les droits à prestations aux périodes de
services en vertu de la formule de calcul des prestations du régime, à moins que les
services rendus lors des exercices ultérieurs aboutissent à un niveau de droits à
prestations sensiblement supérieur à celui des exercices antérieurs.
568. - IAS 19, § 67 et 70, prévoient la situation où les services rendus au cours
d'exercices ultérieurs aboutiraient à un niveau de droits à prestations supérieur de
façon significative à celui des exercices antérieurs. L'entreprise doit alors affecter les
droits à prestations sur une base linéaire entre :
- la date à laquelle les services rendus par un membre du personnel ont commencé
à générer des droits à prestations en vertu du régime (que ceux-ci soient ou non
conditionnés par des services ultérieurs) ; et
- la date à laquelle les services supplémentaires rendus par le membre du personnel
ne généreront pas un montant significatif de droits à prestations supplémentaires en
vertu du régime.
569. - Pour que le niveau de droits à prestations soit sensiblement supérieur à celui
des exercices antérieurs, il faudrait que l'acquisition des droits se calcule sur des
périodes de service plus courtes au fur et à mesure de l'ancienneté, ou par un droit
acquis plus important comme par exemple : deux mois de salaire acquis entre vingt-
cinq et trente ans de service au lieu d'un mois acquis pour cinq ans d'ancienneté.
C. - Les estimations par des hypothèses actuarielles
570. - IAS 19, § 69, énonce que l'entreprise doit évaluer son obligation au titre des
prestations définies, en envisageant la probabilité que certains membres du
personnel ne réunissent pas les conditions requises pour l'acquisition des droits.
571. - Étant placé dans un avenir incertain, il faut calculer des hypothèses
actuarielles pour évaluer l'obligation et donc la charge correspondante. Dans le cadre
des régimes à prestations définies pour les avantages postérieurs à l'emploi, l'entité
doit calculer le montant des avantages accumulés par les membres du personnel en
contrepartie des services rendus pendant l'exercice et les exercices antérieurs. IAS
19, § 73, précise que les hypothèses actuarielles portent sur les variables
démographiques et sur les variables financières.
572. - IAS 19, § 75, prescrit que les hypothèses actuarielles doivent être
mutuellement compatibles, ce qui est le cas si elles traduisent les rapports
économiques existant entre certains facteurs comme l'inflation, les taux
d'augmentation des salaires, le rendement des actifs du régime et les taux
d'actualisation.
573. - Les hypothèses démographiques relatives aux caractéristiques futures
du personnel ancien et actuel ainsi que des personnes à leur charge portent sur les
éléments suivants :
- la mortalité, pendant et après l'emploi ;
- la rotation du personnel, l'incapacité, le départ en retraite anticipé, la démission ;
- la composition de la famille des ayants droit, et
- les taux de demandes d'indemnisation en vertu de régimes médicaux.
574. - Les droits acquis par un salarié généreront des sorties de ressources si les
conditions requises sont respectées, ainsi que sa présence dans l'entreprise au
moment de son départ en retraite. C'est la raison pour laquelle les variations
démographiques diminueront le montant de l'engagement.
575. - Les variables financières portent sur les éléments suivants (IAS 19, § 73) :
- le taux d'actualisation ;
- les niveaux futurs des salaires et avantages du personnel ;
- dans le cas de prestations médicales, les coûts médicaux futurs et notamment, s'ils
sont importants, le coût d'administration des demandes et du versement des
prestations ; et
- le taux attendu de rendement des actifs du régime.
576. - Toutes les hypothèses qui sont fonction d'un taux d'inflation particulier
(comme celles relatives aux taux d'intérêt et aux augmentations de salaires et
d'avantages du personnel) sur un exercice futur donné, supposent le même niveau
d'inflation pendant cet exercice. Dans les économies hyper inflationnistes, il faudra
se référer à IAS 29 « Information financière dans les économies hyper
inflationnistes».
577. - Les obligations sont évaluées sur une base actualisée car elles peuvent être
réglées de nombreuses années après que les membres du personnel ont effectué
les services correspondants. IAS 19, § 78, prescrit que le taux d'actualisation doit
être déterminé par référence à un taux de marché à la date de clôture fondé sur les
obligations d'entreprises de première catégorie. Dans les pays où ce type de marché
n'est pas actif, il faut prendre le taux (à la clôture) des obligations d'Etat. La monnaie
et la durée des obligations d'entreprises ou des obligations d'État doivent être
cohérentes avec la monnaie et la durée estimée des obligations au titre des
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

avantages postérieurs à l'emploi. Dans la pratique, une entreprise applique souvent


un taux d'actualisation moyen, unique et pondéré qui reflète le calendrier estimé et le
montant des versements.
578. - L'hypothèse actuarielle relative au taux d'actualisation a un effet important car
elle intègre non seulement la valeur temps par le taux d'actualisation, qui traduit la
valeur temps de l'argent, mais elle traduit aussi le risque actuariel et le risque de
placement, ainsi que les risques d'écarts entre les réalisations futures et les
hypothèses actuarielles. Les rendements escomptés pouvant varié doivent faire
l'objet d'hypothèses financières.
579. - La variation des taux a des effets significatifs. Oddo Securities (étude parue
dans Les Échos le 21 novembre 2005) a ainsi calculé que, pour 34 des 40 sociétés
du CAC, une baisse de 0,5 % du taux d'actualisation accroît les engagements de 8,5
milliards d'euros, soit 21 % de plus ou 1 % environ de la capitalisation boursière. En
revanche, des entreprises qui retiendraient des taux d'actualisation assez élevés,
réduiraient la valeur actuelle des sommes et minimiseraient le poids de leurs
engagements.
580. - Les hypothèses économiques intègrent les niveaux futurs de salaires,
puisque IAS 19 prescrit la méthode des unités de crédit projetées (V. infra, n° 581).
D. - L'actualisation des prestations par la méthode des unités de crédit
projetées
581. - L'entreprise doit déterminer la valeur actualisée de l'obligation au titre des
prestations définies et du coût des services rendus au cours de l'exercice. La
méthode des unités de crédit projetées est la seule méthode acceptée (IAS 19, § 64)
pour déterminer la valeur actualisée de son obligation au titre des prestations
définies, également appelée méthode de répartition des prestations au prorata des
années de services, ou méthode des prestations par année de service. Par cette
méthode, l'entreprise doit affecter à chaque exercice le coût des droits à prestation
correspondante. Elle évalue ainsi séparément chacune de ces unités pour obtenir
l'obligation finale.
582. - Cette méthode rétrospective détermine le coût des prestations attribuables
aux bénéficiaires d'un régime au titre des années de services effectués jusqu'à la
date de l'évaluation de l'engagement (la date de clôture). Ainsi, chaque année de
service donne droit à une unité supplémentaire de prestation. Le coût des droits
LE BILAN

acquis ainsi calculés doit ensuite être modulé en fonction de l'espérance de vie, du
turn-over de l'entreprise et de la politique salariale.
583. - IAS 19, § 83, prescrit que les obligations au titre des avantages postérieurs à
l'emploi doivent être évaluées sur une base tenant compte :
- de la projection du salaire en fin de carrière, intégrant l'inflation, l'ancienneté, la
promotion, etc. ;
- des droits à prestations selon les termes du régime à la date de clôture ; et
- des changements futurs estimés du niveau des prestations payées dans le cadre
de tout régime général et obligatoire affectant les prestations à payer au titre d'un
régime à prestations définies, si et seulement si :
- soit ces changements ont été adoptés avant la date de clôture,
- soit l'expérience passée ou d'autres indications fiables démontrent que ces
prestations payées dans le cadre d'un régime général et obligatoire évolueront d'une
manière prévisible.
584. - L'intégralité de l'obligation au titre des avantages postérieurs à l'emploi est
actualisée, même pour la partie venant à échéance dans les douze mois de la date
de clôture.
585. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Les différentes hypothèses actuarielles moyennes pondérées pour calculer es
engagements relatifs aux plans à prestations définies (...) sont les suivantes : »
Hypothèses moyennes pondérées retenues pour 2006 2005
déterminer les obligations en fin d'exercice % %
Taux d'actualisation 3.6 3.4
Taux de progression escompté des salaires 3.7 2.7
Hypothèses moyennes pondérées retenues pour
déterminer les produits et charges nets comptabilisés
Taux d'actualisation 3.4 3.8
Rendement attendu des actifs des plans 4.5 4.5
Taux de progression escompté des salaires 2.7 2.8
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

586. - Exemple concernant la probabilité pour la société de payer des


indemnités de fin de carrière.

En reprenant l'exemple précédent (V. supra, n° 566) : un salarié a cinquante-neuf


ans, et dans sept ans, il sera en retraite. It a vingt-six ans d'ancienneté dans
l'entreprise. Ses droits à prestation imputables à l'exercice et aux exercices
antérieurs sont de 78 % de son salaire mensuel.
Son salaire au 1er janvier N est de 4 000 € et le taux de revalorisation des salaires est
de 2 % par an. Le taux d'actualisation est de 5 %. La probabilité que le salarié soit
présent au moment de son départ à la retraite, compte tenu du turn-over est de 98
%. La probabilité que le salarié soit en vie au moment de son départ à la retraite est
de 93 %.
Avec ces données nous pouvons calculer :
La projection des salaires de fin de carrière : la valeur du salaire du 1er janvier N
projeté au 31 décembre N et les six années suivantes (soit sept ans) est de : [4 000 x
(1,02)7]= 4 595 €.
La probabilité pour la société de payer des indemnités de fin de carrière : 98 % x93
%=91 %.
Le montant de la valeur actuelle de l'obligation sachant que le taux d'actualisation
retenu est de 5 % : [0,78 x 4 595 x 0,91 x (1,05)- 7] = 2 318 €.

E. - L'enregistrement de la charge au compte de résultat


587. - L'entreprise doit comptabiliser en charges le coût des services rendus au
cours de l'exercice et le coût financier. Le coût des services rendus au cours de
l'exercice, défini par IAS 19, § 7, est l'accroissement de la valeur actuelle de
l'obligation au titre des prestations définies résultant des services rendus.
588. - Exemple.

Reprenons l'exemple précédent, sachant que :


- le salaire de fin de carrière est estimé à 4 595 € ;
- le salarié est en cours d'acquisition de 78 % de la prime d'indemnité de fin de
carrière. Les droits acquis (à salaire constant) en N sont donc de 3 %. La probabilité
pour la société de payer des indemnités de fin de carrière est toujours de : (98 % x
93 %), soit 91 %.
Le coût des services rendus au cours de l'exercice correspond à l'accroissement
de la valeur actuelle de l'obligation au cours de l'exercice. Le calcul au 31/12/N prend
en compte l'actualisation portant sur les six années restantes avant le départ à la
retraite soit : [3 % x 4 595 x 91 % x (1,05>6] = 94 €.

589. - Le coût financier défini par IAS 19, § 7, est l'accroissement au cours d'un
exercice de la valeur actuelle de l'obligation au titre des prestations définies résultant
du fait que l'on s'est rapproché d'un exercice de la date de règlement des
prestations. IAS 19, § 82, précise que le coût financier est obtenu en multipliant le
taux d'actualisation déterminé au début de l'exercice par la valeur actualisée de
l'obligation de l'exercice au titre des prestations définies, en tenant compte
d'éventuels changements importants de l'obligation. La valeur actuelle de l'obligation
différera du passif enregistré au bilan parce que ce dernier s'entend net de la juste
valeur des actifs du régime et que certains écarts actuariels et certains coûts au titre
des services passés ne sont pas comptabilisés immédiatement.
590. - Exemple.

Reprenons l'exemple précédent, sachant que :


- le salaire de fin de carrière est estimé à 4 595 €,
- le salarié est en cours d'acquisition de 78 % de la prime d'indemnité de fin de
carrière. En respectant IAS 19, § 82, le coût financier est égal au taux d'actualisation
déterminé au début de l'exercice soit 5 % par la valeur actualisée de l'obligation de
l'exercice au titre des prestations définies, c'est-à-dire 2 318 €. Le coût financier pour
l'exercice N est donc de 2 318x5% = 116 €.
LE BILAN

591. - Exemple : Synthèse des obligations du 01/01/N au 31/12/N+6.

Au 01/01/N, l'obligation est de 78 % du salaire mensuel de fin de carrière compte tenu


de la probabilité de 91 %. Elle est ainsi de 2 318 €. Le montant de ta valeur actuelle de
l'obligation le jour du départ en retraite sera de : (3 % x 33 ans d'ancienneté) x 4 595 x
0,91 % = 4 140 €.
Par simplification, nous n'avons pas changé la probabilité. La répartition du coût des
services rendus et des coûts financiers sur les six années à venir sera la suivante :
N-1 N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 N+6
Obligation à 2 318 2 528 2752 2993 3 251 3 528 3824
l'ouverture
Intérêts 116 126 138 150 163 177 191
calculés au
taux de 5 %
Coût des 94 98 103 108 114 119 125
services
rendus
au cours de
l'exercice
Obligation à 2318 2528 2752 2993 3251 3528 3 824 4140
la clôture

F. - La détermination de la juste valeur des actifs du régime


592. - Les actifs du régime comprennent des actifs détenus par un fonds
d'avantages à long terme en faveur du personnel et des contrats d'assurance
éligibles (IAS 19, § 7).
593. - Les actifs détenus par un fonds d'avantages à long terme en faveur du
personnel, sont des actifs (autres que des instruments financiers non transférables,
émis par l'entreprise présentant les états financiers) qui sont détenus par une entité
(un fonds), juridiquement distincte de l'entreprise présentant les états financiers et
servant uniquement à payer ou à financer les avantages du personnel. Les fonds
sont disponibles uniquement pour payer ou financer les avantages du personnel. Par
exemple, ils ne sont pas à la disposition des créditeurs de l'entreprise en cas de
faillite (IAS 19, § 7).
594. - Un contrat d'assurance éligible est un contrat émis par un assureur qui
n'est pas une partie liée à l'entreprise qui présente les états financiers, dans la
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

mesure où les sommes provenant du contrat ne peuvent être utilisées que pour
payer ou financer des avantages du personnel sous un régime à prestations définies.
595. - Le rendement des actifs du régime désigne les intérêts, dividendes et
autres produits tirés desdits actifs ainsi que les profits ou pertes réalisés ou latents,
relatifs à ces actifs, après déduction des coûts d'administration du régime et de
l'impôt à payer par le régime.
596. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Au 31 décembre 2006, l'allocation des actifs des plans à prestations définies
financés était la suivante (moyenne pondérée) :
Plans retraite
Objectif à long 2006 2005
terme % %
%
Actions 15-40 30 22
Obligations 45-70 54 61
Immobilier 0-15 8 8
Liquidités et autres 0-15 8 9
Total 100 100

La stratégie d'allocation des actifs des plans de retraite est déterminée dans e but de
dégager des performances qui, avec les cotisations, suffisent à assurer une maîtrise
adéquate du risque de placement. »

597. - Juste valeur. Les actifs du fonds, couvrant les régimes de retraite à
prestations définies doivent être évalués à la juste valeur. IAS 19, § 7, définit la juste
valeur comme le montant pour lequel un actif pourrait être échangé ou un passif
éteint entre parties bien informées, consentantes et agissant dans des conditions de
concurrence normales. Selon IAS 19, § 102, lorsqu'on ne dispose pas de valeur de
marché, on estime la juste valeur des actifs du régime en actualisant par exemple les
flux de trésorerie futurs attendus par application d'un taux d'actualisation traduisant à
la fois le risque associé aux actifs et l'échéance ou la date de cession prévue desdits
actifs (ou, en l'absence de date d'échéance, la durée prévue jusqu'au règlement de
l'obligation correspondante).
LE BILAN

598. - IAS 19, § 54, précise que la juste valeur des actifs du régime est déduite de la
valeur actualisée de l'obligation pour déterminer le montant comptabilisé au bilan.
Les actifs détenus par un trust sont également présentés dans les états financiers
consolidés de manière compensée avec l'obligation qu'ils financent et dans les états
financiers individuels de l'initiateur du régime. Ainsi, les autres régimes d'avantages
en nature entrent dans le cadre d'IAS 19.
G. - La détermination du montant total des écarts actuariels
599. - Selon IAS 19, § 61, le rendement effectif du régime doit être réparti entre :
- le rendement prévisionnel des actifs comptabilisés en résultat ;
- l'écart actuariel.
1° La détermination des écarts actuariels
600. - Les écarts actuariels sont comptabilisés à compter de l'exercice qui suit leur
constatation. Ils résultent :
- des différences entre les hypothèses actuarielles retenues et ce qui s'est
effectivement produit ;
- des effets des changements des hypothèses actuarielles. Nous pouvons citer, à
titre d'exemple :
- une évolution différente du taux de rotation du personnel (pour les hypothèses
démographiques) ;
- un taux de rendement différent (pour les hypothèses financières) ; ou
- une évolution des salaires différente (pour les hypothèses économiques).
601. - Exemple de variation des taux de rendement.

Une entreprise a des placements couvrant les régimes de retraite à prestations


définies. La juste valeur des actifs des plans en début d'exercice est de 17 000 M€.
Le rendement attendu en N est de 5 %. La juste valeur attendue des actifs du régime
pour la fin de l'exercice est alors de 17 850 M€.
Finalement, on constate un rendement effectif de 5,5 % pour l'exercice. La juste
valeur des actifs du régime est alors de 17 935 M€.
L'écart actuariel est de (5,5 % - 5 %) x 17 000 = + 85. C'est un gain actuariel.
602. - Exemple de variation des salaires.

Conformément à l'exemple ci-dessus, nous supposons un salaire au 1 er janvier N de


4 000 €. Le taux de progression des salaires attendu en N est de 2 %. Le taux de
progression effectif en N est de 2,8 %.
Le personnel a acquis en moyenne 78 % du salaire mensuel au titre des indemnités
de fin de carrière (V. supra, n° 566), le départ en retraite étant prévu (fin N) dans six
ans.
L'écart actuariel est de :
78 % acquis x (0,0286 - 0,026) x 4 595 x 91 % x (1,05)-6 = 132.
Étant donné que les salaires et, par conséquent, les engagements de retraite
augmentent plus vîtes que prévu, il s'agit d'une perte actuarielle.

603. - Exemple.

Incidence totale des deux variations calculées = - 47 =


+ Gain actuariel sur la variation des taux de rendement (+ 85)
- Perte actuarielle sur la variation du taux de progression des salaires (- 132)

2° La comptabilisation des écarts actuariels


604. - Trois méthodes de comptabilisation de l'écart actuariel sont autorisées :
- l'enregistrement directement en résultat (IAS 19, § 95) ; cette méthode entraîne
évidemment une certaine volatilité au résultat ; une volatilité qui n'est pas liée à des
causes opérationnelles mais qui est seulement due au calcul actuariel ;
- l'étalement dans le temps (ou méthode du corridor) ; ou
- la comptabilisation en capitaux propres.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
L'entreprise peut choisir librement une de ces méthodes mais doit appliquer celle
retenue de manière permanente (IAS 19, § 93).
605. - L'entreprise peut appliquer la technique dite du « corridor » (IAS 19,
§ 95). Elle consiste à comptabiliser en résultat seulement certains gains et pertes
actuariels.
606. - Le corridor est égal au plus élevé de 10 % de la valeur actuelle des
prestations de retraite brutes (avant déduction de la juste valeur des actifs du
régime) et 10 % de la juste valeur des actifs du régime. Les gains et les pertes
actuariels à l'intérieur du « corridor » n'ont pas à être reconnus en comptabilité
immédiatement. Leur reconnaissance sera réexaminée l'exercice suivant.
607. - Selon IAS 19, § 93, la fraction des écarts actuariels cumulés et non
comptabilisés dans le passé qui doit être enregistrée est le montant qui dépasse le
corridor. La part de l'écart excédent le corridor sera répartie soit sur la durée de vie
active résiduelle attendue des membres du personnel bénéficiant du régime, soit
selon une méthode résultant dans une comptabilisation plus rapide des écarts
actuariels.
608. - Exemple.

En reprenant les données de l'exemple ci-dessus. La valeur actuelle des obligations


au 01/01/N est de 13 000 M€. La juste valeur des actifs du régime est au 01/01/N de
17 000 M€.
En outre, au début de l'exercice, les écarts actuariels non comptabilisés s'élèvent à 1
900 M€. Les pertes actuarielles nettes au 31/12/N sont de 47 M€.
Le corridor représente le maximum entre 10 % de la valeur actuelle des obligations
au 01/01/N, soit (13 000 x 10 %) = 1 300 et 10 % de la juste valeur des actifs du
régime soit (17 000 x 10 %) = 1 700. Ainsi, il est possible de ne pas comptabiliser les
écarts actuariels dans la limite de 1 700 M€.
L'excédent est ainsi de : (1 900- 1 700) = 200 M€. L'écart actuariel à comptabiliser
est de 200 M€ réparti sur une durée choisie par l'entreprise, par exemple jusqu'à
l'âge de la retraite estimée dans notre exemple dans six ans, soit : 200/6 = 9,1 M€.
L'écart actuariel non comptabilisé en fin d'exercice est de : (1 900 + 47 - 9,1) = 1
937,9 M€.

609. - Avec la méthode rétrospective, l'entreprise doit reconstituer chaque année les
écarts actuariels cumulés, depuis le commencement de chaque régime jusqu'à la
date de transition en ventilant les écarts comptabilisés ou non. Pour éviter ce travail
de reconstitution important, les entreprises peuvent choisir la méthode suivante, qui
consiste à enregistrer les écarts actuariels directement en capitaux propres.
610. - Aussi, avec la méthode du corridor tous les écarts actuariels sont - de
manière étalée dans le temps - comptabilisés au compte de résultat et ont un impact
sur le résultat ; ils sont donc « recyclés ». L'avantage de la comptabilisation directe
dans les capitaux propres est l'absence de recyclage ; ainsi, les écarts actuariels
n'apparaissent jamais au compte de résultat.
611. - Illustration.

Rapport annuel 2006 de Novartis


« Jusqu'en 2004, les actifs à long terme de(s)... plans de retraite sont évalués à leur
juste valeur. Lorsque des gains ou des pertes importants apparaissent du fait
d'ajustements, de changements d'hypothèses actuarielles ou de modifications de
plans de retraite, ils sont répartis sur la durée de service des collaborateurs
concernés. Le Groupe Novartis a changé de méthode au 1 er janvier 2005.
À la suite d'une adoption d'une alternative selon IAS 19, les écarts actuariels
attribuables à des variations escomptées et effectives de la juste valeur des actifs et
des engagements des plans de prévoyance à régime de prestations définies... sont
enregistrés immédiatement dans le total des produits et charges comptabilisés au
bilan. Selon les US GAAP, ces différences ne sont comptabilisées dans le compte de
résultat que si elles excèdent un fourchette de plus ou moins 10 % au-dessus des
actifs ou passifs du plan. Cependant, avec l'adoption à compter du 31 décembre
2006 du SFAS 159 Employer's Accounting for Defined Benefit pension and Other
Postretirement Plans qui prévoit la comptabilisation immédiate dans les capitaux
propres des écarts actuariels au titre des régimes de retraite..., toutes les différences
dans les capitaux propres entre les IFRS et les US GAAP sont éliminées, à
l'exception des montants relatifs aux coûts des services passés... »

612. - L'enregistrement direct en capitaux propres est la méthode la plus récente


(déc. 2004) et la plus appliquée maintenant. L'entreprise peut comptabiliser les
écarts actuariels directement en réserves, sans les faire transiter par le compte de
résultat (IAS 19, § 93 A), à condition qu'elle applique cette méthode à l'ensemble des
gains et pertes actuariels et à condition d'appliquer cette méthode de façon
permanente d'une période à l'autre. L'option d'inscription dans les capitaux propres
doit également porter sur les ajustements provenant du plafonnement de l'actif net,
lorsque les actifs dédiés à la couverture du régime excèdent la dette actuarielle
correspondante. Les écarts actuariels inscrits directement dans le tableau de
variation des capitaux propres ne doivent pas être comptabilisés dans le compte de
résultat au cours d'exercices ultérieurs (« recyclage ») ; il en est de même pour les
ajustements provenant du plafonnement de l'actif net.
613. - Illustration.

Rapport annuel 2005 d'Arcelor


« Afin de mieux refléter le processus d'externalisation progressive de ses
engagements, le groupe optera à compter du 1 er janvier 2006 pour une
comptabilisation immédiate en capitaux propres des écarts actuariels, conformément
à la norme IAS 19 révisée. Cette comptabilisation immédiate remplacera la politique
du corridor permettant de différer une partie des écarts actuariels cumulés nets (ligne
« gains ou pertes non encore reconnus ».

614. - Si les écarts actuariels sont immédiatement comptabilisés en capitaux


propres, le montant cumulé des écarts actuariels doit figurer dans le tableau de
variations des capitaux propres intitulé état des profits et pertes comptabilisés dans
l'exercice (IAS 19, § 120 a). Les gains et les pertes actuariels n'apparaissent pas en
rubrique distincte des capitaux propres, mais en « résultats accumulés non distribués
».
H. - La détermination du coût des services passés lors d'une modification
d'un régime
615. - Le coût des services passés (IAS 19, § 7) désigne l'accroissement de la
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
valeur actuelle de l'obligation au titre des prestations définies pour les services
rendus au cours d'exercices antérieurs, résultant de l'introduction d'un nouveau
régime d'avantages postérieurs à l'emploi ou d'autres avantages à long terme ou de
changements apportés au cours de l'exercice à un tel régime.
616. - Le coût des services passés est généré lorsque l'entreprise adopte un régime
à prestations définies ou change les prestations à payer en vertu d'un régime
existant (IAS 19, § 97). Le coût des services passés peut être positif (si de nouveaux
avantages sont introduits ou des avantages existants améliorés) ou négatif (si des
avantages existants sont réduits).
617. - L'entreprise doit comptabiliser le coût des services passés en charge. Pour
une convergence mondiale, IAS 19 ne permet plus l'étalement du coût des services
passés. Ces coûts sont immédiatement comptabilisés en charge qu'ils soient ou non
acquis.
618. - Exemple.

Exemple inspiré de IAS 19, § 97, en reprenant l'exemple précédent. La valeur


actuelle des obligations au 01/01/N est de 13 000 M€. La juste valeur des actifs du
régime est au 01/01/N de 17 000 M€.
L'entreprise décide d'améliorer les avantages postérieurs à l'emploi de 0,05 mois de
salaire par année de service pour les salariés ayant acquis dix ans d'ancienneté.
Compte tenu de la nouvelle décision, la valeur actualisée des prestations
complémentaires :
- pour la période de service pour les personnes ayant plus de dix ans d'ancienneté
est de : 1 000 M€ ;
- pour la période de service pour les personnes ayant moins de dix ans d'ancienneté
est de : 300 M€.
Ces deux prestations complémentaires doivent être enregistrées en charges.

I. - La détermination du résultat lié à des réductions ou liquidations d'un


régime
619. - L'entreprise doit évaluer avant tout l'obligation (et, s'il y a lieu, les actifs
LE BILAN
correspondants du régime) au moyen des hypothèses actuarielles actuelles
(notamment des taux d'intérêt actuels du marché et autres prix de marché actuels).
Selon IAS 19, § 109, l'entreprise doit comptabiliser les profits ou pertes enregistrés
au titre de la réduction ou de la liquidation d'un régime à prestations définies au
moment où se produit la réduction ou la liquidation. La date de comptabilisation de la
liquidation est fixée à la date de signature de l'accord de liquidation et non à la date
de réalisation de la liquidation. Le profit ou la perte liée à une réduction ou à une
liquidation doit comprendre :
- tout changement de la valeur actuelle de l'obligation au titre des prestations définies
en résultant ;
- tout changement de la juste valeur des actifs du régime en résultant.
620. - Un état des profits ou des pertes est présenté dans le tableau de variations
des capitaux propres en distinguant :
- les écarts actuariels ;
- les ajustements provenant de la limite de la comptabilisation des actifs (isset
ceiling) sur les régimes sur financés (V. supra, n° 592) ;
- tous écarts actuariels correspondants et coût des services passés non
comptabilisés antérieurement.
§ 4. - Les informations à fournir
621. - IAS 19, § 120 à 125, prescrivent qu'une entreprise doit fournir les informations
suivantes sur ses régimes à prestations définies.
622. - L'entreprise doit présenter une description générale des types de régime à
prestations définies et une analyse des obligations au titre des prestations définies
en distinguant les montants provenant des régimes non financés et ceux
partiellement ou totalement financés.
623. - II convient de publier un état de variation des soldes d'ouverture et de clôture
de la dette actuarielle globale. Cet état précise :
- le coût lié aux prestations accomplies par les bénéficiaires des régimes pendant la
période comptable ;
- le coût financier ;
- les paiements de cotisations par les bénéficiaires du régime ;
- les écarts actuariels ;
- les effets des variations des cours de changes sur les régimes évalués dans une
INFORMATION
monnaie différente de celle utilisée pour présenter les comptes de l'entité;FINANCIÈRE EN IFRS
- les prestations payées pendant la période ;
- la charge ou le produit représenté par l'effet de nouveaux régimes ou des
modifications apportées par des régimes existants ;
- les effets des regroupements d'entreprises ;
- l'effet des réductions des régimes ; et
- les effets de la liquidation de régimes.
624. - Une ventilation de la dette actuarielle doit être présentée. Elle discerne :
- la dette actuarielle provenant de régimes pour lesquels il n'existe aucun actif de
couverture ; et
- la dette actuarielle au titre de régimes totalement ou partiellement capitalisés.
625. - L'entreprise doit fournir un état de variation des soldes d'ouverture et de
clôture de la juste valeur des actifs de couverture. Cet état identifie :
- les actifs financiers estimés au titre de la période comptable ;
- les écarts actuariels ;
- les effets des variations des cours de changes sur les actifs des régimes évalués
dans une monnaie différente de celle utilisée pour présenter les comptes de l'entité ;
- le coût financier ;
- les paiements de cotisations par l'employeur ;
- les paiements de cotisations par les bénéficiaires du régime ;
- les prestations payées pendant la période ;
- les effets des regroupements d'entreprises ;
- les effets de la liquidation de régimes.
626. - Un rapprochement de la dette analysée et de la juste valeur des actifs
de couverture doit être publié. Ce rapprochement analyse les actifs et les passifs du
bilan en identifiant au moins :
- les écarts actuariels ajoutés ou déduits de la dette actuarielle (donc les écarts
actuariels non comptabilisés au bilan) ;
- le coût des services passés ajoutés ou déduits de la dette actuarielle (donc non
comptabilisé au bilan) ;
- tout montant non comptabilisé à l'actif du fait du plafonnement éventuel lors de la
comptabilisation des excédents des actifs de couverture sur la dette actuarielle ;
- la juste valeur au bilan de tout droit à remboursement comptabilisé en tant qu'actif ;
et
- les autres montants comptabilisés au bilan ;
- la valeur actuelle, à la date de clôture, des obligations au titre de prestations
définies qui ne sont pas du tout financées ;
- la valeur actuelle (avant déduction de la juste valeur des actifs du régime), à la date
de clôture, des obligations au titre de prestations définies qui sont intégralement ou
partiellement financées ;
- la juste valeur des actifs du régime à la date de clôture ; et
- les écarts actuariels non comptabilisés au bilan.
627. - II convient de fournir une analyse de la charge comptabilisée au compte
de résultat dans laquelle les différentes composantes sont identifiées :
- le coût lié aux prestations accomplies par les bénéficiaires des régimes pendant la
période comptable ;
- le coût financier ;
- les produits financiers des actifs du régime estimés de la période ;
- les produits financiers estimés relatifs aux droits à remboursement, comptabilisés à
l'actif ;
- les écarts actuariels ;
- la charge ou le produit représenté par l'effet de nouveaux régimes ou des
modifications apportées par des régimes existants ;
- l'effet des réductions des régimes ;
- les conséquences des plafonnements provenant de la limite du plafond des actifs
des régimes surfinancés et qui génèrent des excédents de juste valeur des actifs de
couverture sur la dette actuarielle.
628. - II convient d'identifier parmi les produits ou charges comptabilisés directement
en capitaux propres :
- les profits et pertes actuariels ;
- les conséquences des plafonnements concernant la comptabilisation des
excédents de juste valeur des actifs de couverture sur la dette actuarielle.
629. - Les écarts actuariels comptabilisés en réserves pour les entités ayant retenu
cette option doivent être indiqués.
630. - La composition des actifs du régime doit être publiée, notamment la part des
instruments de capitaux propres, des instruments de dettes et des actifs immobiliers.
LE BILAN
Les informations sont données en valeur ou en pourcentage des actifs du régime à la
date de clôture.
631. - L'entreprise doit publier les montants inclus dans la juste valeur des actifs de
couverture du régime, constitués par :
- chaque catégorie d'instruments financiers émis par l'entité ;
- les immeubles occupés par l'entité ou tout autre actif utilisé par l'entité.
632. - Concernant la détermination du rendement prospectif des actifs du
régime, il faut préciser l'effet sur les différentes catégories d'actifs.
633. - Par rapport aux éléments comptabilisés à l'actif, l'entreprise doit dévoiler les
produits réels des actifs de couverture et les rendements effectifs des droits à
remboursement comptabilisés à l'actif.
634. - Des informations sur les principales hypothèses actuarielles utilisées à la
date de clôture doivent être présentées. Elles comprennent, le cas échéant :
-les taux d'actualisation;
- les taux de rendement attendus des actifs du régime pour les exercices présentés
dans les états financiers ;
- les taux de rendement attendus pour les périodes figurant dans les états financiers
sur la base de tout droit de remboursement enregistré en tant qu'actif ;
- les taux attendus d'augmentation des salaires (et des variations d'un indice ou
autre variable spécifiées dans les termes formels ou implicites d'un régime comme
base de calcul des augmentations de prestations futures) ;
- les taux d'évolution des coûts médicaux ; et
- toute autre hypothèse actuarielle importante utilisée.
L'entreprise doit indiquer pour chacune des hypothèses actuarielles une valeur
absolue (par exemple un pourcentage absolu) et non pas uniquement une marge
entre différents pourcentages ou autres variables.
635. - II faut également publier l'impact que pourrait avoir une augmentation ou une
diminution de 1 % des coûts médicaux sur :
- le coût des prestations accomplies par les bénéficiaires du régime et les frais
financiers au titre de la période ;
- la dette actuarielle post emploi au titre des régimes de remboursement des frais
médicaux.
636. - Un historique sur cinq années doit être fourni. Il reprend :
- la dette actuarielle des prestations définies, de la juste valeur des actifs du régime
de l'excédent ou du déficit du régime (par différence entre les deux montants) ;
- les ajustements d'expérience, c'est-à-dire les écarts constatés entre les prévisions
et les montants réels des dettes actuarielles et des actifs de couverture. Les
informations sont données en valeur ou en pourcentage des actifs et des passifs du
régime à la date de clôture.
637. - L'entreprise doit présenter une estimation des cotisations à payer au cours de
l'année suivante, au titre des régimes à prestations définies.
638. - D'autres IFRS demandent également la publication d'informations concernant
les avantages du personnel :
- IAS 24, Information relative aux parties liées, impose de fournir des informations sur
les transactions entre parties liées impliquant des régimes d'avantages postérieurs à
l'emploi bénéficiant aux principaux dirigeants ;
- IAS 37, Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels (V. supra, n° 517), prescrit
de fournir des informations sur les passifs potentiels résultant de l'obligation au titre
d'avantages postérieurs à l'emploi ;
- IAS 10, Événements postérieurs à la date de clôture (V. supra, n° 462), impose de
fournir des informations sur les passifs éventuels résultant des régimes d'avantages
postérieurs à l'emploi.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

Section 9
LES IMPÔTS SUR LE RÉSULTAT (IAS 12)
§ 1. - Présentation générale
A. - L'objectif et le champ d'application d'IAS 12
639. - L'objectif d'IAS 12 est de mettre en évidence les conséquences fiscales
actuelles et futures :
- du recouvrement futur de la valeur comptable des actifs ou passifs inscrits au
bilan. S'il est probable que le recouvrement ou le règlement d'une valeur comptable
augmentera ou diminuera les paiements futurs d'impôt par rapport à ce qu'ils
auraient été si le recouvrement ou le règlement n'avait pas eu de conséquence
fiscale, la norme IAS 12 impose à l'entreprise de comptabiliser un passif ou actif
d'impôt différé, avec certaines exceptions limitées ;
- des transactions et autres événements de l'exercice en cours, qui sont
comptabilisés dans les états financiers d'une entreprise.
640. - IAS 12 s'applique à tous les impôts sur le bénéfice, y compris les impôts
nationaux et étrangers dus sur la base des bénéfices imposables. IAS 12, § 2,
précise que les impôts sur le résultat incluent aussi les impôts tels que les impôts de
distribution payables par une filiale, une entreprise associée ou une coentreprise, sur
ses distributions de dividendes à l'entreprise présentant ses états financiers.
641. - IAS 12 ne traite pas des méthodes de comptabilisation des subventions
d'investissement, traitées par IAS 20, Comptabilisation des subventions publiques
et informations à fournir sur l'aide publique (V. infra, n° 814). De même, la norme IAS
12 ne traite pas des crédits d'impôts à l'investissement. En revanche, IAS 12
indique comment doivent être comptabilisées les différences temporelles résultant
des subventions ou des crédits d'impôts à l'investissement.
642. - Les impôts de distribution correspondent aux impôts versés par l'entreprise
LE BILAN
directement aux administrations fiscales pour le compte des actionnaires, lors de la
distribution de dividendes. Ces versements sont comptabilisés dans les capitaux
propres car ils font partie des dividendes (IAS 12, § 65 A). Aucun impôt différé n'est
à comptabiliser (IAS 12, § 5).
B. - Les définitions
643. - Le résultat comptable correspond au résultat économique avant déduction
de la charge d'impôt. Il permet de calculer la charge ou le produit d'impôt. Le résultat
fiscal (ou résultat imposable) est le résultat comptable de l'entreprise déterminé
dans le respect des règles fiscales du pays. Il permet de calculer le montant de
l'impôt exigible ou recouvrable.
644. - La base fiscale d'un actif ou d'un passif est le montant attribué à cet actif
ou à ce passif à des fins fiscales (IAS 12, § 6). La base fiscale d'un actif représente
le montant qui sera fiscalement déductible des résultats fiscaux des exercices futurs,
par exemple lors de la cession ou des amortissements futurs. Si ces avantages
économiques ne sont pas imposables, la base fiscale de l'actif est égale à sa valeur
comptable (IAS 12, § 7). La base fiscale d'un passif représente sa valeur comptable,
moins tout montant qui sera fiscalement déductible au titre de ce passif au cours des
exercices ultérieurs. Dans le cas de produits perçus d'avance, la base fiscale du
passif qui en résulte est la valeur comptable moins tout élément de produits qui ne
sera pas imposable au cours des exercices ultérieurs (IAS 12, § 8).
645. - L'impôt exigible est le montant de l'impôt sur le bénéfice payable ou
récupérable au titre du bénéfice imposable ou de la perte fiscale d'un exercice. La
charge ou le produit d'impôt est égal au montant total de l'impôt exigible ou
recouvrable et de l'impôt différé inclus dans la détermination du résultat net de
l'exercice.
646. - Les différences temporelles sont les différences entre deux évaluations de la
valeur comptable d'un actif ou d'un passif au bilan et sa base fiscale. Elles génèrent
des écritures d'impôt différé. Les différences temporelles peuvent provenir :
- de différences temporaires ;
- d'actifs évalués à la juste valeur (IAS 16, Immobilisations corporelles, ou IAS 40,
Immeubles de placement ; V. supra, n° 219) ;
- de la comptabilisation initiale d'un actif ou d'un passif ;
- de regroupement d'entreprises ; ou
- d'écarts d'évaluation.
647. - Les différences temporelles imposables correspondent à des différences
temporelles qui sont source d'imposition future lorsque la valeur comptable de l'actif
ou du passif sera recouvrée ou réglée. Les différences temporelles déductibles
correspondent à des charges non déductibles aujourd'hui mais qui le seront dans les
années futures. Dans cette situation, la charge comptabilisée est « en avance » sur
la fiscalité.
648. - Les différences temporaires sont des différences temporelles qui
représentent des opérations ayant un impact comptable sur un exercice et un impact
fiscal sur un autre exercice. Toutes les différences temporaires sont des différences
temporelles, mais :
- certaines différences temporelles ne génèrent pas de différences temporaires. IAS
12 cite par exemple, en introduction, les actifs réévalués sans aucun ajustement
équivalent à des fins fiscales ;
- certaines différences temporelles ne sont pas des différences temporaires, comme,
par exemple, les différences temporelles générées lorsque la comptabilisation initiale
d'une valeur comptable d'un actif ou d'un passif diffère de sa base fiscale initiale.
649. - Les différences permanentes représentent un écart constaté (charge
ou produit) définitif. Les charges sont définitivement non déductibles et les produits
définitivement non imposables.
650. - Exemple de charges définitivement non déductibles.

La taxe sur les véhicules de tourisme ou les dépenses somptuaires.


Ces charges sont définitivement réintégrées pour la détermination du résultat fiscal
et ne I donnent jamais lieu à un décalage temporel entre la charge d'impôt actuelle et
la charge I d'impôt future. Cette différence permanente ne générera pas d'impôt
différé.

INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

651. - Exemple.

Certains dégrèvements d'impôts ou certains produits (comme des dividendes de


filiales entrant dans le champ d'application du régime mère-fille) sont acquis
définitivement par l'entreprise. Ces différences permanentes ne généreront pas
d'impôt différé
652. - Les passifs d'impôt différé correspondent aux montants d'impôts au titre de
différences temporelles imposables, qui seront payés au cours des exercices futurs,
alors qu'ils résultent d'opérations réalisées dans les années antérieures à
l'imposition. Un passif d'impôt différé doit être pris en compte pour toutes les
différences temporelles imposables puisqu'il s'agit d'une dette future d'impôt. Cette
dette future d'impôt apparaît lorsque la valeur comptable d'un actif est supérieure à
sa base fiscale ou lorsque la valeur comptable d'un passif est inférieure à sa base
fiscale. Dans ces deux situations, l'impôt exigible est inférieur à l'impôt économique,
ce qui génère un impôt différé passif. IAS 12 impose que l'évaluation des passifs
d'impôt différé se fonde sur les conséquences fiscales du mode attendu par
l'entreprise de recouvrement ou de règlement de la valeur comptable de ses actifs et
passifs.

653. - Exemple.

Il y a un passif d'impôt différé dans le cas où la valeur comptable d'un actif est
supérieure à sa base fiscale. Les frais de développement inscrits à l'actif sont de 100
€, mais ils ont été déduits immédiatement de la base fiscale pour 100 €.
La valeur comptable de 100 € est supérieure à la base fiscale de 0 €. Nous avons
une différence temporelle imposable de 100 €. En N+1, si nous comptabilisons une
dotation aux amortissements pour 20 €, la valeur comptable (100-20) est supérieure
à la base fiscale de 0 €. La diminution de cette différence temporelle générera une
diminution de l'impôt différé passif.

654. - Les actifs d'impôts différés correspondent aux montants d'impôts


recouvrables au cours des exercices futurs alors qu'ils résultent d'opérations
réalisées dans les années antérieures à déduction. Cette créance future d'impôt
apparaît lorsque la valeur comptable d'un actif est inférieure à sa base fiscale (cas
d'un amortissement comptable plus rapide que l'amortissement fiscal) ou lorsque la
valeur comptable d'un passif est supérieure à sa base fiscale (provision pour retraite
non déductible en année N). Dans ces deux situations, une différence temporelle
déductible apparaît et génère un impôt exigible supérieur à l'impôt économique.
Nous avons ainsi un impôt différé actif. Les actifs d'impôt différé sont calculés sur les
résultats recouvrables au cours d'exercices futurs au titre :
- de différences temporelles déductibles ;
- du report en avant de pertes fiscales non utilisées ; et
- du report en avant de crédits d'impôt non utilisés.
655. - Exemple.
Il y a un actif d'impôt différé dans (e cas où la valeur comptable d'un actif est
inférieure à sa base fiscale. Une immobilisation de 1 000 € est amortie
comptablement à hauteur 200 € alors que fiscalement la charge d'amortissement est
de 120 €.
La base comptable est inférieure de 80 € de la base fiscale. Nous avons une
différence temporelle déductible de 80 €.

656. - La valeur comptable d'un actif d'impôt différé doit être revue à chaque
date de clôture (IAS 12, § 56). Une entreprise doit réduire la valeur comptable d'un
actif d'impôt différé dans la mesure où il n'est plus probable qu'un bénéfice
imposable futur suffisant sera disponible pour permettre d'utiliser l'avantage de tout
ou partie de cet actif d'impôt différé (V. infra, n° 695). Une telle réduction doit être
reprise dans la mesure où il devient probable que des bénéfices imposables
suffisants seront disponibles.

§ 2. - La comptabilisation des impôts différés


A. - Les transactions affectant le résultat
657. - Lors de la comptabilisation initiale d'un actif ou d'un passif, si le coût de cet
élément n'est pas totalement déductible fiscalement, une différence temporelle
existe. La transaction ayant conduit à la comptabilisation initiale de l'actif ou du
passif détermine la méthode de comptabilisation de la différence temporelle, car
la contrepartie des actifs ou passifs d'impôt différé est cohérente avec la
comptabilisation de la transaction (IAS 12, § 57). Elle pourra être enregistrée en
charge, en produit, en goodwill, ou en capitaux propres.
1° Les différences temporaires
658. - La plupart des passifs et actifs d'impôt différé provient de différences
temporaires, c'est-à-dire lorsque le produit ou la charge est pris en compte dans le
bénéfice comptable d'un exercice mais ne deviendra imposable ou déductible que
sur un autre exercice.
659. - Exemple.

Une entreprise comptabilise une provision pour retraite de 1 000 € en N. Elle sera
déduite du bénéfice imposable lors du versement de la somme correspondante à un
organisme financier (N+1). Le taux d'impôt est de 30 %. L'entreprise en retire un
avantage économique, par le biais d'une réduction du bénéfice imposable.
Année N:
- Sur le plan fiscal : pas de déduction fiscale de la charge ;
- Sur Je plan économique : charge dans l'année de constatation de la charge :
1 000€. ;
- Écart temporaire : 1 000 € ;
- Impôt différé actif : 300 €, comptabilisé en contrepartie d'un produit d'impôt au
compte de résultat.
Année N+1 :
- Sur le plan fiscal : économie d'impôt : 300 € ;
- Annulation de l'impôt différé actif : 300 €, comptabilisé en contrepartie d'une charge
d'impôt au compte de résultat.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

660. - Dans certaines juridictions, les produits d'intérêts, de redevances, ou de


dividendes sont inclus dans le bénéfice imposable en fonction des encaissements
bien qu'ils soient pris en compte dans le résultat comptable au fur et à mesure qu'ils
sont courus, conformément à IAS 18, Produits des activités ordinaires. Ce décalage
dans le temps génère un impôt différé ayant sa contrepartie dans le compte de
résultat.
661. - L'amortissement pris en compte dans la détermination du bénéfice imposable,
ou de la perte fiscale, peut différer de celui pris en compte dans le calcul du bénéfice
comptable. La différence temporelle est la différence entre la valeur comptable de
l'actif et sa base fiscale, qui est le coût initial de l'actif moins toutes les déductions
effectuées au titre de l'actif et autorisées par les administrations fiscales dans le
cadre de la détermination du bénéfice imposable de l'exercice et des exercices
antérieurs. Cette différence temporelle taxable donne lieu à un passif d'impôt différé
lorsque l'amortissement fiscal est accéléré.
662. - Les frais de développement peuvent être inscrits à l'actif et amortis sur des
exercices futurs pour la détermination du résultat comptable mais déduits du résultat
imposable de l'exercice au cours duquel ils sont encourus. La différence temporelle
est la différence entre la valeur comptable des frais de développement et leur base
fiscale de zéro.
663. - Exemple.

Une entreprise a des charges de frais de recherche et développement.


Conformément à IAS 38, Immobilisations incorporelles, les frais de développement
évalués à 10 000 € doivent être inscrits à l'actif du bilan et seront amortis (V. supra,
n° 99).
Sur le plan fiscal, ces frais de développement sont totalement déductibles la
première année, le taux d'imposition étant de 30 %. Ce décalage génère un impôt
différé passif - comptabilisé en contrepartie d'une charge - Qui sera repris au fur et à
mesure des amortissements dans les comptes consolidés.

2° Les différences bilantielles


664. - Une différence temporelle peut survenir lors de la comptabilisation initiale d'un
actif ou d'un passif, par exemple si le coût d'un actif n'est pas, partiellement ou en
totalité, déductible fiscalement. La méthode de comptabilisation d'une telle différence
temporelle dépendra de la nature de la transaction ayant conduit à la
comptabilisation initiale de l'actif. Si la transaction affecte soit le bénéfice comptable,
soit le bénéfice imposable, une entreprise comptabilise tout actif ou passif d'impôt
différé, et comptabilise la charge ou le produit d'impôt différé qui en résulte au
compte de résultat (IAS 12, § 22 b).
665. - Un projet de révision d'IAS 12 généralise ce traitement comptable pour une
meilleure convergence de la norme IAS 12 aux normes américaines. Ainsi, toutes les
différences entre le prix payé et la somme de la juste valeur de l'actif et de l'impôt
différé, sera enregistrée en impôt différé avec la contrepartie en résultat lorsque
l'impôt différé se réalisera.
666. - Selon IAS 12, § 60, la variation de la valeur comptable des actifs et passifs
d'impôt différé doit être comptabilisée dans le compte de résultat (sauf pour les
transactions qui ont été comptabilisées directement en capitaux propres (V. infra, n°
671) lorsque :
- la réglementation fiscale ou le taux de l'impôt changent ;
- la recouvrabilité d'actifs d'impôt différé est réappréciée ;
- la manière attendue de recouvrer un actif est changée.
667. - Selon IAS 21, Effets des variations des cours des monnaies étrangères, la
société mère doit comptabiliser dans sa propre monnaie les actifs et passifs non
monétaires d'une activité à l'étranger qui fait partie intégrante de ses activités.
Lorsque le bénéfice imposable ou la perte fiscale de l'activité à l'étranger est
déterminée dans une monnaie étrangère, les variations des cours de change
génèrent des différences temporelles. L'impôt différé généré est comptabilisé dans le
compte de résultat, sauf dans la mesure où il se rapporte à des éléments
précédemment comptabilisés dans les capitaux propres.
668. - Dans le cadre des participations dans des filiales, entreprises associées,
coentreprises et investissements dans les succursales, IAS 12, § 41, précise que
l'entreprise doit également enregistrer la contrepartie du passif ou de l'actif
d'impôt différé, liés aux variations des cours de change, en charge ou en produit,
puisque le traitement comptable s'applique aux actifs et passifs d'impôt différé

Rapport annuel 2004 de L'Oréal


« Le changement de taux à long terme de 20,2 % à 15,2 % sur la valeur consolidée
de SANOFI génère une diminution d'impôt différé et un produit à hauteur de 60,3
millions d'euros. »
propres à l'activité à l'étranger et non à la participation de l'entreprise (présentant les
états financiers de cette activité à l'étranger).
669. - Illustration.
670. - En revanche, le règlement CRC n° 99-02 (§ 3151) précise que l'effet de
variation de taux d'impôt et des règles fiscales sur les actifs et passifs d'impôt différé
existants affecte le résultat, même lorsque la contrepartie de ceux-ci a été
comptabilisée à l'origine dans les capitaux propres.
B. - Les transactions affectant les capitaux propres
671. - IAS 12, § 61, prescrit que l'impôt exigible et différé doit être directement débité
ou crédité dans les capitaux propres pour les transactions ou événements qui ont été
crédités ou débités directement dans les capitaux propres, lors du même exercice ou
d'un exercice différent.
672. - Illustration.

Rapport annuel 2004 de PPR


« La norme IAS 12 impose par ailleurs la comptabilisation d'un impôt différé lié aux
différences temporaires relatives aux participations sous influence notable et aux
participations dont la cession est hautement probable. Le Groupe s'est conformé à
ce traitement notamment dans le cadre de sa participation dans Rexel, dont la
cession était nettement probable à la date de transition.
La comptabilisation d'un impôt différé passif au titre de la différence entre la valeur
fiscale et la valeur nette comptable du sous groupe Rexel, (dont la cession était
nettement probable à la date de transition) au 1 er janvier 2004... a diminué les
capitaux propres consolidés de 73 millions d'euros au 1 er janvier 2004 et une
augmentation du résultat net 2004 du même montant, consécutivement à la cession
de Rexel. » INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

673. - IAS 12, § 62, cite, à titre d'exemple, trois situations :


- la réévaluation d'immobilisations corporelles ;
- l'ajustement du solde d'ouverture des résultats non distribués ;
- les montants générés par la comptabilisation initiale de la composante « capitaux
propres » d'un instrument financier composé ; et
- les écarts de conversion liés à la conversion d'états financiers d'entreprises
consolidées.
674. - Un changement de leur valeur comptable peut être généré par la réévaluation
d'immobilisations corporelles selon IAS 16 (V. supra, n° 219). Or, si un actif fait l'objet
d'une réévaluation comptable mais non fiscale, la réévaluation et l'impôt différé
correspondant impactent les capitaux propres.
675. - Exemple.
Une immobilisation inscrite dans les comptes sociaux pour 1 000 K€ est réévaluée
dans les comptes consolidés. Elle est valorisée à hauteur de 1 500 K€. Cette
différence fait naître un passif d'impôt différé

676. - Illustration.

Au titre de l'exercice 2004, le groupe PPR a réévalué des terrains du Printemps à


hauteur de 200 millions d'euros, améliorant d'autant les capitaux propres.

677. - De même, IAS 12, § 65, précise que lorsqu'un actif est réévalué fiscalement
et que cette réévaluation est relative à une réévaluation comptable d'un exercice
antérieur, ou que l'on s'attend à comptabiliser lors d'un exercice ultérieur, les effets
fiscaux résultant à la fois de la réévaluation de l'actif et de l'ajustement de la base
fiscale n'impactent pas le résultat mais les capitaux propres, car ils sont liés à une
réévaluation d'actifs ayant généré une augmentation des capitaux propres (écart de
réévaluation). Toutefois, si la réévaluation à des fins fiscales n'est pas relative à une
réévaluation comptable d'un exercice précédent ou qu'il est prévu de réaliser au
LE BILAN
cours d'un exercice ultérieur, les effets comptables de l'ajustement de la base fiscale
sont comptabilisés dans le compte de résultat.
678. - L'ajustement du solde d'ouverture des résultats non distribués
résultant soit d'un changement de méthodes comptables appliqué de façon
rétrospective, soit de la correction d'une erreur fondamentale selon IAS 8, Méthodes
comptables, changement d'estimations comptables et erreurs, a un impact sur les
capitaux propres. La contrepartie de l'impôt différé sera ainsi en capitaux propres.
679. - Les montants générés par la comptabilisation initiale de la composante
capitaux propres d'un instrument financier composé selon IAS 32 (V. supra, n° 388)
ont un impact sur les capitaux propres. La contrepartie de l'impôt différé sera ainsi en
capitaux propres (IAS 12, § 61). En revanche, les changements ultérieurs du passif
d'impôt différé sont comptabilisés dans le compte de résultat.
680. - Exemple.
IAS 12, § 23, cite une obligation convertible. L'émetteur enregistre cette obligation en
respectant sa composante passif et sa composante capitaux propres. Lorsque
certaines administrations fiscales retiennent comme base fiscale de la composante
passif la composante passif et la composante capitaux propres, la composante
capitaux propres, lors de sa comptabilisation initiale, génère une différence
temporelle taxable. L'impôt différé sera imputé directement sur la valeur comptable
de la composante « capitaux propres » (IAS 12, § 61). En revanche, conformément
à IAS 12, § 58, les changements ultérieurs d'impôt différé seront comptabilisés en
charge ou en produit différé.

C. - Les transactions affectant le goodwill


681. - Tous les actifs et passifs d'impôt différé identifiables à la date de l'acquisition
sont comptabilisés conformément à IFRS 3, Regroupements d'entreprises (V. infra,
n° 1204). Ils affectent le goodwill et non le résultat de l'exercice. Le coût de
l'acquisition est affecté aux actifs et aux passifs identifiables acquis par référence à
leur juste valeur, à la date de l'opération d'échange. Par exemple, au cas où la valeur
comptable d'un actif est majorée pour atteindre sa juste valeur, mais que la base
fiscale de cet actif demeure égale au coût chez le précédent propriétaire, il en résulte
une différence temporelle taxable qui donne lieu à un passif d'impôt différé, ayant sa
contrepartie en goodwill (IAS 12, § 19 et 66).
682. - Exemple adapté.

Après IAS 12, § 68 : le goodwill positif à ta date d'acquisition s'élève à 500 €. Des
différences temporelles déductibles sont identifiées pour une valeur de 300 €. Le
taux d'imposition est de 30 %.
L'actif d'impôt différé résultant des différences temporelles déductibles est donc de
300 * 30 % = 90 €. Le goodwill finalement comptabilisé est de 410 € (= 500 - 90).

683. - Par contre, IAS 12, § 21 et 66 interdisent la comptabilisation d'impôts différés


liés au goodwill lui-même. En effet, leur comptabilisation conduirait alors à modifier
la valeur comptable du goodwill, ce qui entraînerait à nouveau des impôts différés et
ainsi de suite...
684. - Un traitement un peu différent s'applique lorsque les impôts différés actifs
constatés dans le cadre d'un regroupement d'entreprises ne sont pas comptabilisés à
la date d'acquisition (faute d'avoir remplis les conditions d'IFRS 3), mais plus tard.
IAS 12, § 68, stipule que dans ce cas le produit qui résulte des impôts différés actifs
est comptabilisé dans le compte de résultat. L'acquéreur doit également ajuster la
valeur comptable brute du goodwill. Toutefois, cette procédure ne doit pas amener à
la comptabilisation d'un goodwill négatif.
685. - Exemple.

Reprenons l'exemple donné ci-dessus en considérant que l'acquéreur comptabilise


l'actif d'impôt différé, non pas à la date d'acquisition, mais deux ans plus tard. Il est
possible en effet qu'à la date d'acquisition, les actifs aient été considérés comme
non identifiables. Aucun actif d’impôt différé n’avaient alors été comptabilisés.
L'actif a été identifié ultérieurement et a permis de corriger le goodwill de façon
rétrospective, en contrepartie du résultat. L'acquéreur peut comptabiliser l'actif
d'impôt différé de 90 en contrepartie d'un produit et diminuer pour le même
montant le goodwill.

686. - Si le taux d'imposition change entre la date d'acquisition et la date


d'enregistrement de l'actif d'impôt différé, les écritures affectant le goodwill restent
identiques. Seuls les comptes d'actif d'impôt différé et de charge ou de produit
d'impôt différé sont mouvementés.
687. - Exemple.

Reprenons l'exemple ci-dessus. Deux ans après l'acquisition, lors de la


comptabilisation de l'actif d'impôt différé, le taux d'imposition n'est plus de 30 % mais
de 40 %.
L'actif d'impôt différé n'est plus de 90 € mais de 120 € (= 300 x 40 %). On
comptabilise un actif d'impôt différé pour 120 en contrepartie d'un produit. Le
goodwill est diminué de 90 en contrepartie d'une charge comme si on avait constaté
l'actif d'impôt différé au moment de l'acquisition (au taux d'imposition de 30 % à cette
date).

688. - Si l'acquéreur, à la suite d'un regroupement d'entreprises, considère comme


probable qu'il récupérera son propre actif d'impôt différé non encore comptabilisé
(des pertes fiscales non utilisées, par exemple), il comptabilise hors du
regroupement d'entreprises un actif d'impôt différé en contrepartie du résultat, mais
n'en tient pas compte pour déterminer le goodwill généré par l'acquisition (IAS 12, §
67).
D. - Les transactions ne générant pas d'impôts différés
689. - Lors de la comptabilisation initiale d'un actif ou d'un passif, une différence
temporelle peut survenir, par exemple si le coût d'un actif n'est pas, partiellement ou
en totalité, déductible fiscalement. Néanmoins, IAS 12 retient deux exceptions.
690. - La norme IAS 12, § 22, n'autorise pas la comptabilisation de l'actif ou du
passif d'impôt différé résultant d'une transaction n'affectant ni le bénéfice
comptable ni le bénéfice imposable. Cette interdiction concerne la comptabilisation
initiale, ou ultérieure.

LE BILAN

691. - Exemple.

IAS 12, § 33, cite ('exemple d'une subvention publique non imposable liée à un
actif qui est déduite pour arriver à la valeur comptable d'un actif mais qui, pour
des raisons fiscales, n'est pas déduite du montant amortissable de l'actif
(autrement dit de sa base fiscale). Cet actif d'impôt différé est généré lors de la
comptabilisation initiale d'un actif. La valeur comptable de l'actif est inférieure à sa
base fiscale, d'où une différence temporelle déductible. Si la subvention publique
est comptabilisée en produits différés, la différence entre le produit différé et sa
base fiscale égale à zéro est une différence temporelle déductible. Quelle que soit
la méthode de présentation retenue, une entreprise ne comptabilise pas l'actif
d'impôt différé en résultant, conformément à IAS 12, § 22. Par ailleurs, une
entreprise ne comptabilise pas les changements ultérieurs d'un actif ou passif
d'impôt différé non comptabilisé lorsque l'actif est amorti.

692. - Comme évoqué ci-dessus, les différences temporelles relatives à la


comptabilisation initiale d'un goodwill ne génèrent pas d'impôt différé.
§ 3. - L'évaluation des actifs et des passifs
D’impôts différés
693. - Concernant l'évaluation des impôts différés, la méthode du report variable est
la seule méthode acceptée par IAS 12. L'approche bilan de la méthode du report
variable est centrée sur les différences temporelles (et non seulement temporaires).
694. - Les impôts différés sont des reports de dettes ou de créances futures. Ils sont
donc évalués à la fin de chaque exercice sur la base du taux d'imposition attendu sur
l'exercice au cours duquel l'actif sera réalisé ou le passif réglé. Les taux retenus sont
les taux adoptés ou quasi adoptés par la législation fiscale nationale du pays
concerné à la date de clôture.
A. - Les actifs d'impôts différés
695. - IAS 12 impose que les actifs d'impôt différé soient comptabilisés lorsqu'il est
probable que des bénéfices imposables seront suffisants, permettant ainsi à l'actif
d'impôt différé d'être utilisé (IAS 12, § 44). Il est alors nécessaire d'analyser les
pertes fiscales antérieures et les perspectives d'avenir adossées sur des budgets
fiables.
696. - IAS 12, § 24 et 34, précisent que les actifs d'impôts différés, qu'ils soient liés à
des différences temporaires déductibles ou à des pertes fiscales reportables, ne sont
pris en compte que si leur récupération est probable. Dans la mesure où il n'est pas
probable que l'entreprise disposera d'un bénéfice imposable sur lequel elle pourra
imputer les pertes fiscales ou les crédits d'impôt non utilisés, l'actif d'impôt différé
n'est pas comptabilisé.
697. - IAS 12, § 27, souligne que le renversement des différences temporelles
déductibles conduit à réduire les bénéfices imposables des exercices ultérieurs.
Néanmoins, des avantages économiques prenant la forme de réduction de paiement
d'impôt ne bénéficieront à l'entreprise que si elle dégage des bénéfices imposables
suffisants pour compenser ces déductions. Par conséquent, une entreprise ne
comptabilise des actifs d'impôts différés que s'il est probable qu'elle disposera de
bénéfices imposables sur lesquels les différences temporelles déductibles pourront
être imputées.
698. - Une entreprise considère les critères suivants pour évaluer la probabilité avec
laquelle elle dégagera un bénéfice imposable sur lequel imputer les pertes fiscales
ou les crédits d'impôt non utilisés :
- des impôts différés passifs déjà constatés arrivent à échéance dans la période
durant laquelle cet actif devient ou reste récupérable. Cette récupération ne dépend
pas des résultats futurs ;
- il existe un bénéfice imposable attendu au cours de la période de validité des actifs
d'impôts différés ;
- il existe d'autres indications convaincantes démontrant que l'entreprise pourra
dégager des bénéfices imposables suffisants.

699. - Exemple.

Éléments favorables :
- l'existence de carnet de commandes fermes et génératrices de bénéfices futurs ;
- l'existence d'un historique de résultats bénéficiaires réguliers dans lesquels les
pertes éventuelles étaient attribuables à des événements exceptionnels.
Éléments défavorables :
- l'existence de pertes lors d'exercices précédents. Il est alors présumé qu'un
bénéfice n'est pas probable, sauf à apporter des preuves contraires convaincantes ;
- un historique de pertes fiscales reportables, non encore utilisées et venant à
expiration ;
- des comptes prévisionnels en pertes ;
- des événements en cours ou transactions en cours de dénouements défavorables
et pouvant affecter de façon significative les résultats futurs.

700. - Illustration.
Rapport annuel 2004 de Nestlé
« Les pertes fiscales sont comptabilisées à hauteur de 224 millions USD, alors que
les pertes fiscales non comptabilisées s'élèvent à 1 020 millions USD. Elles sont
comptabilisées dans la mesure où il est probable que l'on disposera de bénéfices
imposables futurs sur lesquels ils pourront être imputés. »

701. - La base fiscale d'un actif représente le montant qui sera fiscalement
déductible de tous avantages économiques imposables qui iront à l'entreprise
lorsqu'elle recouvrera la valeur comptable de cet actif. Si ces avantages
économiques ne sont pas imposables, la base fiscale de l'actif est égale à sa valeur
comptable (IAS 12, § 7). LE BILAN

702. - Exemple.
IAS 12, § 26, donne des exemples de différences temporelles déductibles qui
génèrent des actifs d'impôt différé :
- les coûts relatifs aux prestations de retraite peuvent être déduits du bénéfice
comptable des années de service de l'employé mais déduits du bénéfice imposable,
soit lorsque l'entreprise verse ses cotisations à un fonds, soit lorsqu'elle paye les
retraites. La différence entre la valeur comptable du passif et sa base fiscale, qui est
généralement nulle, est une différence temporelle. Cette différence temporelle
déductible donne Heu à un actif d'impôt différé lorsque l'entreprise en retire des
avantages économiques par le biais d'une réduction de son bénéfice imposable lors
du versement des cotisations ou du paiement des retraites ;
- les frais de recherche sont comptabilisés en charges dans le bénéfice comptable
de l'exercice au cours duquel ils sont encourus, mais peuvent ne pas être
fiscalement déductibles avant un certain temps. La différence entre la base fiscale
des frais de recherche, qui est le montant dont la déduction sera autorisée par
l'administration fiscale au cours d'exercices ultérieurs, et sa valeur comptable de zéro
est une différence temporelle déductible qui donne lieu à un actif d'impôt différé (V.
supra, n° 644) ;
- dans un regroupement d'entreprises qui est une acquisition, le coût de l'acquisition
est affecté aux actifs et aux passifs comptabilisés par référence à leur juste valeur à
la date de l'opération d'échange. Lorsqu'un passif est comptabilisé à la date
d'acquisition, mais que les coûts liés ne sont fiscalement déductibles qu'au cours
d'exercices ultérieurs, une différence temporelle déductible apparaît, qui donne lieu à
un actif d'impôt différé. De même, un actif d'impôt différé apparaît lorsque la juste
valeur d'un actif identifiable acquis est inférieure à sa base fiscale. Dans les deux
cas, l'actif d'impôt différé qui en résulte affecte le goodwill.

703. - IAS 12, § 34, précise qu'un actif d'impôt différé doit aussi être
comptabilisé pour le report en avant de pertes fiscales et de crédits d'impôt non
utilisés si l'entreprise évalue des bénéfices imposables futurs probables sur
lesquels ces pertes fiscales et crédits d'impôt non utilisés pourront être imputés.
704. - Les critères sont les mêmes que ceux retenus pour la comptabilisation des
actifs d'impôt différé résultant de différences temporelles déductibles. Toutefois,
l'existence de pertes fiscales non utilisées indiquent une faible probabilité que
l'entreprise disposera de bénéfices imposables suffisants. Dans ce cas, IAS 12, § 35,
permet la comptabilisation d'un actif d'impôt différé au titre de ces pertes fiscales ou
crédits d'impôt non utilisés s'il est probable que l'entreprise disposera suffisamment
de différences temporelles imposables auprès de la même autorité fiscale et la
même entité imposable. Si la société est en perte, le climat paraît défavorable et
l'entreprise doit avoir des indications convaincantes, détaillant les éléments
favorables. Ceux-ci seront étayés à l'annexe du bilan. L'entreprise indiquera alors le
montant de l'actif d'impôt différé et la nature des éléments probants justifiant sa
comptabilisation.
705. - Illustration.

Rapport annuel 2004 de PPR


« Le poste déficits créé au cours de l'exercice inclut sur le pôle luxe la création de
déficits fiscaux ayant conduit à la comptabilisation d'impôts différés actifs
antérieurement à l'exercice 2004 mais dépréciés en 2004 car ne présentant pas à la
clôture de l'exercice un caractère probable de récupérabilité à court terme sur la
base des "business plans" établis par le nouveau management du pôle. »

B. - Les passifs d'impôts différés


706. - Un passif d'impôt différé doit être comptabilisé pour toutes les différences
temporelles imposables puisqu'il s'agit d'une dette future d'impôt, sauf si le passif
d'impôt différé est généré (IAS 12, § 15) :
- soit par un goodwill dont l'amortissement n'est pas déductible fiscalement;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- soit par la comptabilisation initiale d'un actif ou d'un passif dans une transaction qui:
- n'est pas un regroupement d'entreprises ; et
- n'affecte ni le bénéfice comptable, ni le bénéfice imposable (perte fiscale) à la date
de la transaction.
707. - Les participations dans des filiales, entreprises associées et coentreprises et
investissements dans des succursales ont leur valeur comptable souvent différente
de la base fiscale en raison de leur coût d'acquisition. Cet écart génère une
différence temporelle et des impôts différés passifs (sauf si la société mère contrôle
la politique de distribution de dividende et décide de ne pas distribuer dans un avenir
proche ; IAS 12, § 39). IAS 12, § 38, donne comme exemple les différences
temporelles taxables qui sont liées à l'existence :
- de bénéfices non distribués par les filiales ;
- des variations de cours de change ;
- d'une réduction de la valeur recouvrable d'une participation dans une entreprise
associée.
708. - Illustration.

Rapport annuel 2005 de L'Oréal


« Un impôt différé passif est constaté sur les titres Sanofi-Synthélabo sur la
différence entre la valeur fiscale des titres et la valeur dans les comptes consolidés,
à hauteur de 272,2 millions d'euros, conformément à IAS 12. »

709. - Les bénéfices non distribués par les filiales sont imposables lors qu’ils seront
distribués ou si les titres de participations seront vendus. IAS 12, § 15 et 39
prescrivent alors qu'un impôt différé passif doit être comptabilisé.
710. - Néanmoins, pour les impôts payables sur des bénéfices non distribués de
filiales et entreprises associées, IAS 12, § 39, interdit la comptabilisation de passifs
d'impôt différé (et ceux générés par tout écart de conversion cumulé lié) si :
- la mère, l'investisseur ou le coentrepreneur est capable de contrôler la date à
laquelle la différence temporelle s'inversera ; et
- il est probable que la différence temporelle ne s'inversera pas dans un avenir
prévisible.
Ainsi, les différences temporaires relatives aux participations sous contrôle conjoint
ou sous influence notable, (dans la mesure où il n'y a pas de contrôle sur la politique
de distribution), doivent être comptabilisées.
711. - Si aucun passif d'impôt différé n'est comptabilisé, IAS 12 impose que
l'entreprise fournisse une information sur le montant global des différences
temporelles concernées en annexe.
C. - Les taux d'imposition à retenir
712. - Les taux d'imposition retenus seront les taux adoptés ou quasi adoptés par la
législation fiscale nationale du pays concerné à la date de clôture. Les impositions
différées antérieures et subsistantes sont corrigées des nouvelles règles en vigueur
à la date d'arrêté des comptes (méthode du report variable). Lorsque des taux
différents s'appliquent en fonction des niveaux différents de résultats, les actifs et les
passifs d'impôts différés sont évalués en utilisant les taux moyens (IAS 12, § 46 à
49). Les changements de taux d'imposition votés par le législateur national après la
date de clôture ne peuvent pas être pris en compte dans l'évaluation des impôts
différés. Si les changements de taux d'imposition sont votés avant la date d'arrêté
des comptes, une information sera fournie en annexe.
713. - Illustration.

Rapport annuel 2004 de Lagardère


« En cas de changement de taux d'impôt, les impositions différées sont ajustées au
nouveau taux en vigueur sur l'exercice où le changement est connu et l'ajustement
imputé en compte de résultat (méthode du report variable).
Les impôts différés sont calculés en fonction du taux d'imposition voté qui
s'appliquera sur les exercices probables au cours desquels les différences
temporaires s'inverseront.
Au niveau de chaque entité fiscale (sociétés ou groupe de sociétés adhérentes à un
régime d'intégration fiscale), les actifs d'impôts différés ne sont comptabilisés que
lorsque leur utilisation est probable dans un futur prévisible. »

714. - Exemple.
Une société avait une perte fiscale de 20 000 € en N-1. Le taux d'imposition qui était
de 33 % en N-1, est de 30 % en H.
L'évaluation de l'impôt différé actif au 31/12/N-l était de 20 000 x 33 % = 6 600 €.
L'évaluation de l'impôt différé actif au 31/12/N est de 20 000 x 30 % = 6 000 €.
La variation due au changement de taux est donc de 6 600 - 6 000 = 600 €. On réduit
l'impôt différé actif pour ce montant en contrepartie d'une charge. La variation a un
impact de - 600 € sur le résultat N.

715. - II faut tenir compte de l'intention de l'entreprise dans la détermination du


taux d'imposition applicable. Celle-ci peut influencer l'impact fiscal sur l'évaluation
des actifs et des passifs d'impôt différé.
716. - Exemple.

Des immobilisations corporelles ont une valeur d'origine de 2 000 €. Les


amortissements cumulés s'élèvent à 1 200 €. Les actifs ont été réévalués à 3 500 €.
L'ajustement n'a pas été réalisé sur 1e plan fiscal. Le taux d'impôt est de 30 %.
Les actifs ont donc une valeur supérieure à leur base nette fiscale de 800 € (2 000
en valeur brute et 1 200 d'amortissements cumulés) et la base d'impôt différé passif
est de 2 700 € (3 500 - 800).
La valeur de l'impôt différé passif est de 2 700 x 30 % = 810 €.
Supposons que les plus-values soient imposables à 25 % et que l'entreprise a
l'intention de vendre l'actif, l'impôt différé passif est alors évalué 2 700 x 25 % = 675
€, en application d'un taux conforme au mode de réalisation le plus probable (IAS 12,
§ 51).

717. - Selon IAS 12, § 61, l'impôt différé supplémentaire généré par la
réévaluation n'impacte pas le résultat mais les capitaux propres (V. supra, n°
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
671). En effet, il est lié à une réévaluation d'actifs ayant généré une augmentation
des capitaux propres. On comptabilise (en plus de la réévaluation) une augmentation
de l’impôt différé passif pour 675 € ; en contrepartie, la réserve de réévaluation est
diminuée pour ce montant.
718. - En France, le règlement CRC n° 99-02 (§ 3151) énonce que les impacts des
changements de taux doivent, dans tous les cas, être enregistrés en résultat, même
si ces variations proviennent d'éléments antérieurement comptabilisés en capitaux
propres.
719. - L'actualisation des impôts différés est interdite (IAS 12, § 53). Il faudrait en
effet que la société soit capable d'établir un planning détaillé indiquant les dates
auxquelles chaque différence temporelle s'inversera. Devant la complexité de ce
travail, qui aboutirait à des traitements différents selon les entreprises, la norme
interdit l'actualisation. Pour le règlement CRC n° 99-02 (§ 3150) en revanche,
les impôts différés doivent être actualisés lorsque les effets de l'actualisation sont
significatifs et qu'un échéancier fiable de reversement peut être établi. Dans les faits,
cette divergence a peu de conséquences, car les cas où la différence est significative
sont rares.

§ 4. - La présentation des impôts différés au bilan


720. - IAS 1, § 68 et 70 imposent :
- que les impôts différés soient présentés au bilan séparément des impôts exigibles ;
- que les actifs et passifs d'impôt différé soient présentés en actifs et passifs non
courants.
721. - Bien que les actifs et passifs d'impôt exigible ou différé soient comptabilisés et
évalués séparément, ils peuvent être compensés au bilan sous conditions.
722. - L'entreprise peut compenser les actifs et passifs d'impôt exigible
si et seulement si (IAS 12, § 71) :
- l'entité dispose d'un droit juridiquement exécutoire de compenser les actifs et les
passifs d'impôt exigible ; et
- elle a l'intention de régler ces impôts sur une base nette, ou de réaliser l'actif et de
régler le passif simultanément.
723. - La compensation des actifs et des passifs d'impôts différés relatifs à deux
entités différentes doit être opérée si et seulement si (IAS 12, § 74) :
LE BILAN
- l'entité dispose d'un droit juridiquement exécutoire de compenser les actifs et les
passifs d'impôt exigible ; et
- les passifs et actifs d'impôts différés concernent des impôts prélevés par la même
administration fiscale sur :
- la même entité taxable ; ou
- des entités taxables différentes qui ont l'intention de régler leurs impôts exigibles
sur une base nette, ou de réaliser l'actif et de régler le passif simultanément dans
chaque période future dans laquelle des montants significatifs d'actifs ou de passifs
d'impôts différés sont attendues d'être réglés ou recouvrés.
724. - Illustration.

Rapport annuel 2004 de Nestlé


« Les impôts différés ont été ventilés de la façon suivante (en M USD) :
2004 2003
Actifs d'impôts différés liés
Aux avantages du personnel 658 481
À des pertes fiscales reportées 214 222
Aux stocks 791 957
À des immobilisations incorporelles 43 60
À des provisions et autres comptes de 679 867
régularisation
Correctif de valeur -196 -186
Total Actifs d'impôts différés 2189 2401
Passifs d'impôts différés liés
À l'amortissement d'immobilisations 670 644
corporelles
Au préfinancement des plans de 1 016 983
prévoyance
À des provisions et autres comptes de 1463 1 306
régularisation
Aux stocks 235 205
Total passifs d'impôts différés 3384 3138
Passifs nets d'impôts différés 1195 737
Un correctif de valeur est repris s'il devient probable que les bénéfices imposables
seront suffisants pour utiliser un actif d'impôt différé. »

§ 5. - Les informations à fournir


725. - Les principales composantes de la charge ou du produit d'impôts doivent
être présentées distinctement conformément à IAS 12, § 79. Elles peuvent
comprendre selon IAS 12, § 80 :
- la charge d'impôt exigible ;
- tout ajustement comptabilisé au cours de l'exercice ;
- le montant de la charge d'impôt différé des différences temporelles ;
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS
- le montant de la charge d'impôt différé résultant de la variation des taux ;
- le montant de l'avantage provenant d'un déficit fiscal, ou d'un crédit d'impôt ;
- le montant de la charge d'impôt différé afférant au changement de méthodes
comptables ;
- le montant de la charge d'impôt différé générée par la réduction de valeur d'un actif
d'impôt différé.
726. - Les principales composantes des mouvements affectant les capitaux propres
doivent être présentées distinctement. IAS 12, § 81, demande en particulier que le
total de l'impôt exigible relatif aux éléments débités et crédités dans les capitaux
propres soit mentionné.
727. - Une explication sur la relation entre la charge d'impôt et le bénéfice comptable
doit être fournie. IAS 12, § 81, impose que cette explication prenne soit l'une des
deux, soit les deux formes suivantes :
- un rapprochement chiffré entre la charge (produit) d'impôt et le produit du bénéfice
comptable multiplié par le(s) taux d'impôt applicable(s) ; ou
- un rapprochement chiffré entre le taux d'impôt effectif moyen et le taux d'impôt
applicable.
728. - Exemple d'après IAS 12, § 85.

En 20N, une entreprise (pays A) a un bénéfice comptable dans sa propre juridiction de


1 500 € et dans le pays B de 2 000 €. Le bénéfice comptable avant impôt des deux
entreprises est donc de 3 500 €. Dans le pays A, les dépenses de 100 € ne sont pas
définitivement déductibles.
Le taux de l'impôt est de 30 % dans le pays A et de 20 % dans le pays B. Le taux
d'imposition escompté est le taux moyen d'imposition pondéré se fondant sur le
résultat avant impôt de chacune des sociétés affiliées. Dans cet exemple, le taux
d'imposition escompté est de 24,28 %, c'est-à-dire (1 500 x 30 %) + (2 000 x 20 %) / (1
500 + 2 000). La charge d'impôt effective est déterminée ainsi :
20N
Bénéfice comptable avant impôt des deux entreprises 3 500
Impôt au taux national de 30 % pour l'entreprise consolidante 3 500 x 30 % 1 050
Impact fiscal des dépenses définitivement non déductibles (différences 30
permanentes) : 1 00 x 30 %
Effet de taux d'impôt inférieur dans le pays 2 000 x 10 % (200)
Charge d'impôt effective 880
LE BILAN

729. - Illustration.

Rapport annuel 2005 de Total

RAPPROCHEMENT ENTRE LA CHARGE D'IMPÔT THÉORIQUE ET LE


RÉSULTAT AVANT IMPÔT
Exercice (en millions d'euros) 2005 2004
Résultat net 12273 10868
Part des minoritaires 370 281
Impôts sur les sociétés 11 825 8570
Résultat avant impôt 24468 19719
Taux d'imposition français 34,93 % 35,43 %
Charge d'impôt théorique (8 547) (6 986)
Différence entre le taux d'imposition (4 127) (2 742)
français et le taux d'imposition des
filiales étrangères
Effet en impôt du résultat des sociétés 414 410
mises en équivalence
Différences permanentes 78 758
Ajustements d'impôt courant sur (57) (44)
exercices antérieurs
Ajustements d'impôt différé afférents 576 104
aux variations des taux d'impôt
Variation de la dépréciation des impôts (151) (71)
différés actifs
Autres (H) 1
Charge d'impôt dans le compte de (11 825) (8 570)
résultat

Le taux d'imposition français est constitué du taux normal de l'impôt sur les sociétés
(33,33 %) augmenté des contributions additionnelles en vigueur en 2005, qui portent
le taux global d'imposition des bénéfices à 34,93 % (35,43 % en 2004).
Les différences permanentes sont principalement dues aux dépréciations
d'acquisition, aux dividendes des sociétés non consolidées ainsi qu'à l'impact des
modalités de fiscalisation propres à certaines activités et au régime du bénéfice
consolidé.
INFORMATION FINANCIÈRE EN IFRS

730. - Exemple.
IAS 12, § 85, permet la présentation de la preuve d'impôt par regroupement des
rapprochements qui ont été effectués en appliquant les taux nationaux d'imposition
pour chaque juridiction. Par cette méthode, l'effet des différences entre les taux
d'imposition n'apparaît Pas. Nous avons alors le tableau suivant en prenant les
mêmes donnés que dans l'exemple ci-dessus :

20N
Bénéfice comptable avant impôt des deux entreprises 3500
Impôt aux taux nationaux : (1 500 x 30 %) + (2000 x 20 %) 850

20N
Impact fiscal des dépenses définitivement non déductibles 30
(différences permanentes) : 100 x 30 %
Charge d'impôt effective 880

731. - IAS 12, § 86, permet également la présentation de la preuve d'impôt en


rapprochant le taux d'imposition théorique avec le taux d'imposition réel. Le taux
d'impôt effectif est de : 880 / 3 500 = 25,14 %, alors que nous avions un taux d'impôt
escompté de 24,28 %
732. - Sans pouvoir être exhaustif, les autres informations suivantes sont prescrites
par IAS 12, § 81 et suivants :
- une explication des changements dans le(s) taux d'impôt applicable(s) par rapport
à l'exercice antérieur ;
- le montant des différences temporelles déductibles, non comptabilisées ;
- le montant total des différences temporelles liées à des participations dans les
entreprises consolidées, pour lesquelles des passifs d'impôt différé n'ont pas été
comptabilisés ;
- la charge ou le produit d'impôt relatif au résultat des activités abandonnées;
- le montant d'un actif d'impôt différé et la nature des éléments probants justifiant sa
comptabilisation lorsque le recouvrement dépend de bénéfices imposables futurs
supérieurs aux bénéfices générés par le renversement des différences temporelles
imposables existantes et que l'entreprise a subi une perte pendant l'exercice ou
l'exercice précédent dans la juridiction fiscale dont relève l'actif d'impôt différé.

Vous aimerez peut-être aussi