Master II MATHÉMATIQUES
Par
Christian TATHY
Table des matières
Christian
c TATHY Cours de distributions
TABLE DES MATIÈRES ii
Christian
c TATHY Cours de distributions
Chapitre 1
Définition 1.0.1.
Soit Ω un ouvert de Rn . On appelle fonction-test sur Ω, une fonction ϕ : Rn −→ K qui
est C∞ et suppϕ est compact dans Ω, i.e suppϕ ⊂ Ω.
On note D(Ω) = C∞
c (Ω) = {f onctions − test sur Ω}.
Proposition 1.0.1.
Soient Ω un ouvert de Rn , x0 ∈ Ω, r ∈ R+ tel que B(x0 , r) ⊂ Ω.
Alors il existe ϕ ∈ D(Ω) tel que :
i) ϕ ≥ 0
Christian
c TATHY Cours de distributions
Régularisation 2
Définition 1.0.2.
On appelle suite régularisante, une suite {ρ}j≥0 telle que ρj ∈ D(Rn ) et
i) ρj ≥ 0
Proposition 1.0.2.
Il existe des suites régularisantes.
Démonstration.
Considérons à nouveau la fonction Ψ définie dans la démonstration de la Proposition1.0.1
Z
n 2
et définissons sur R , ϕ(x) = CΨ (1 − |x| ) avec C > 0 telle que ρdx = 1.
Rn
On a ϕ ∈ D(Rn ), suppϕ = B(0, 1), ϕ ≥ 0.
Considérons les fonctions ϕj (x) = j n ϕ(jx).
Alors (ϕj )j≥1 est une suite régularisante.
Pour n = 1, la suite (ϕj )j≥1 est de la forme :
1.1 Régularisation
Définition 1.1.1.
La suite {uj }j≥1 ainsi définie est la suite des régularisées de u.
Z Z
uj (x) = ϕj (y)u(x − y)dy = ϕj (x − y)u(y)dy.
Christian
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Approximation 3
i) uj ∈ C∞ (Rn ).
∂ |α| uj
ii) ∂ α uj = u ∗ ∂ α ϕj , avec ∂ α uj = α1 , α = (α1 , · · · , αn ) ∈ Nn .
∂x1 · · · ∂xαnn
iii) Si u ∈ Ck (Rn ), alors ∂ α uj = ∂ β u ∗ ∂ α−β ϕj (β ≤ α) à condition que |β| ≤ k.
1.2 Approximation
Notation 1.2.1.
1. Ck0 (Ω) = {f ∈ Ck (Rn , K) avec suppf compact inclus dans Ω}, k ∈ N, Ω ouvert de Rn .
On note aussi Ckc (Ω) = Ck0 (Ω) = Dk (Ω)
Ckc (Ω) est un espace normé par la norme
X
kf kCkc (Ω) = sup |∂ α f (x)|
x
|α|≤k
[
On a Ckc (Ω) = Ck0,K (Ω).
K∈Ω
Christian
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Approximation 4
Théorème 1.2.1.
Démonstration.
Soit u ∈ Ckc (Ω) avec suppu = K compact inclus dans Ω. Soit (uj )j≥1 la suite définie par
uj = u ∗ ϕ j
On a uj ∈ C∞ (Rn ) et suppuj ⊂ K + B(0, 1j ) ⊂ Ω pour j ≥ J (J suffisamment grand).
Donc uj ∈ D(Ω).
Soit |α| ≤ k,
(∂ α uj − ∂ α u) (x) = (∂ α u ∗ ϕj − ∂ α u) (x)
Z Z
= ∂ u(x − y)ϕj (y)dy − ∂ α u(x)ϕj (y)dy
α
Z
= (∂ α u(x − y) − ∂ α u(x)) ϕj (y)dy.
kyk≤ 1j
de D(Ω) converge vers u pour la topologie de Ckc (Ω) (conf. Chapitre sur les Espaces Lp ).
Troncature
Théorème 1.2.2.
Soit Ω un ouvert de Rn , K un compact inclus dans Ω. Alors ∃ϕ ∈ D(Ω), 0 ≤ ϕ ≤ 1, et
valant 1 sur un voisinage de K.
Démonstration.
Soit ε > 0. On pose Kε = {x ∈ Rn \ dist(x, K) ≤ ε} et δ = dist(x, Ωc ).
δ
On prend ε < . Considérons d’après la Proposition1.0.1, ϕε ∈ D(Rn ) telle que
4
i) ϕε ≥ 0 ;
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Approximation 5
Z
iii) ϕε (x)dx = 1.
Partition de l’unité
Théorème 1.2.3.
N
[
n
Soit K un compact de R tel que K ⊂ θj avec θj ouvert ∀1 ≤ j ≤ N .
j=1
Alors il existe ϕj ∈ D(θj ) 1 ≤ j ≤ N telles que
i) ϕj ≥ 0 1 ≤ j ≤ N ;
N
X N
X
ii) ϕj ≤ 1 et ϕj = 1 sur un voisinage de K.
j=1 j=1
Définition 1.2.1.
(ϕj )1≤j≤N est une partition de l’unité subordonnée à la famille d’ouverts (θj )1≤j≤N .
Démonstration.
D’après le Théorème1.2.2, soit ϕ ∈ D(θ1 ∪ θ2 ) ; 0 ≤ ϕ ≤ 1.
Soit ε > 0, suppϕ ⊂ K3ε , ε ≡ 1 sur Kε voisinage de K.
Considérons K1 ⊂ θ1 et K2 ⊂ θ2 tels que Kε ⊂ K1 ∪ K2 .
On applique le Théorème1.2.2 :
∃ψj ∈ D(θj ), 0 ≤ ψj ≤ 1 et ψj ≡ 1 sur un voisinage de Kj .
On pose : ϕ1 = ϕ · ψ1 et ϕ2 = ϕ · ψ2 (1 − ψ1 ).
ϕ1 et ϕ2 ainsi définies répondent à la question pour N = 2. En effet,
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Approximation 6
ϕ1 + ϕ2 − ϕ = ϕ (ψ1 + ψ2 − ψ1 ψ2 − 1)
= −ϕ (1 − ψ1 ) (1 − ψ2 )
0 sur Kε
=
≤ 0 en général
c-à-d ϕ1 + ϕ2 ≤ ϕ ≤ 1 et ϕ1 + ϕ2 = 1 sur Kε .
On généralise par récurrence au cas N ≥ 2 en posant
ϕN = ϕ · ψN (1 − ψ1 ) · · · (1 − ψN −1 ) .
Remarque 1.2.1.
Le Théorème1.2.3 reste valable si K = Ω est un ouvert et si la famille (θj ) est définie
quelconque(dénombrable ou non). On a de plus iii) sur tout compact K 0 de l’ouvert K = Ω,
un nombre fini seulement des ϕj ne sont pas identiquement nulles.
Définition 1.2.2.
On dira qu’une suite de fonctions {ϕj } de D(Ω) converge vers une fonction ϕ de D(Ω)
si :
i) ∃K compact fixe inclus dans Ω tel que ∀j suppϕj ⊂ K i.e ∀j, ϕj ∈ D(Ω) ;
Définition 1.2.3.
On dit qu’une application T définie de D(Ω) dans K(K = R ou C) est continue, si pour
toute suite {ϕj }j convergeant vers une limite ϕ dans D(Ω), la suite {T (ϕj )}j converge vers
T (ϕ) dans K.
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Chapitre 2
Définition 2.1.1.
On appelle distribution sur Ω une famille linéaire T continue sur D(Ω) i.e vérifiant la
propriété :
∀K compact inclus dans Ω, ∃k ∈ N, ∃C > 0 tels que ∀ϕ ∈ DK (Ω)
X (2.1)
|T (ϕ)| ≤ CkϕkCkc (Ω) = C sup |∂ α ϕ(x)|
x
|α|≤k
Notation 2.1.1.
Définition 2.1.2.
Si dans (2.1) l’entier k peut être choisi indépendant du compact K, on dit que T est une
distribution d’ordre fini et l’ordre de T est le plus petit entier k possible.
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Définitions et exemples 8
On note parfois
et
[
D0F = {distributions d’ordre fini} = D0k
k
Exemple 2.1.1.
Soit f ∈ L1loc (Ω). Alors l’application
Tf : D(Ω) −→ K
Z
ϕ 7−→ Tf (ϕ) = f ϕdx
Z
a un sens. On va poser hTf , ϕi = f ϕdx.
L’application Tf ainsi définie est une distribution sur Ω. En effet,
Z Z
|hTf , ϕi| =
f ϕdx ≤ kϕkL∞ (Ω)
|f |dx
suppϕ suppϕ
Z
≤ kϕkL∞ (Ω) |f (x)| dx avec suppϕ ⊂ K
K
| {z }
C(f )>0
Tf est une distribution d’ordre 0(ne faisant pas intervenir les dérivées de ϕ).
L’application :
f 7−→ Tf
est linéaire, injective(et même continue). Elle permet d’identifier L1loc (Ω) à un sous-espace
de D0 (Ω). On notera cette injection “continue” : L1loc (Ω) ,→ D0 (Ω).
Exemple 2.1.2.
On désigne par M(Ω) l’ensemble des mesures de Radon sur Ω c’est à dire, l’ensemble
des fonctionnelles linéaires continues sur Cc (Ω) i.e
0
M(Ω) = C0c (Ω) = D0 (Ω)
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Définitions et exemples 9
Tµ : D(Ω) −→ K
Tµ est linéaire sur D(Ω) ; de plus pour tout compact K inclus dans Ω, ∃C > 0 tel que
∀ϕ ∈ Cc,K (Ω),
|Tµ , ϕi| = |µ(ϕ)| ≤ CkϕkC0c (Ω) .
Donc (2.1) est vérifiée avec k = 0. Donc Tµ peut être considérée comme une distribution
d’ordre 0 sur Ω.
L’application :
M(Ω) −→ D0 (Ω)
µ 7−→ Tµ
Soit x0 ∈ Ω. L’application
δx0 : Cc (Ω) −→ K
est une mesure de Radon sur Ω appelée la mesure de Dirac au point x0 . Ainsi δx0 est une
distribution sur Ω.
Si 0 ∈ Ω, la mesure de Dirac au point 0 est notée : δ0 = δ.
Exemple 2.1.3.
On se place dans Ω = Rn et on considère l’application :
∂ α : D(Rn ) −→ K
C’est une forme linéaire sur D(Rn ) qui vérifie la propriété (2.1) avec l’ordre k.
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Définitions et exemples 10
1
• Si Ω = R, x
/ L1loc (R).
∈
1
• Si Ω = R r {0}, x
∈ L1loc (Ω).
Z
ϕ(x)
• Pour ϕ ∈ D(R), étudions la limite : lim dx.
ε→0
ε>0 |x|>ε x
Supposons K = suppϕ ⊂ {x ∈ R; |x| ≤ M }. On peut écrire :
Z 1 Z 1
0
ϕ(x) = ϕ(0) + x ϕ (tx)dt = ϕ(0) + xψ(x) avec ψ(x) = ϕ0 (tx)dt.
0 0
De plus ψ ∈ C (R) et sup |ψ(x)| ≤ C sup |ϕ (x)|.
0 0
|x|≤M |x|≤M
On déduit que
Z Z Z
ϕ(x) dx
dx = ϕ(0) + ψ(x)dx.
ε≤|x|≤M x ε≤|x|≤M x ε≤|x|≤M
Z Z −ε Z M
dx dx dx
Or = + = 0.
ε≤|x|≤M x −M x ε x
D’après le Théorème de convergence dominée de Lebesgue, puisque ψ ∈ L1loc (R)
Z Z
lim ψ(x)dx = ψ(x)dx.
ε→0 ε≤|x|≤M |x|≤M
Z Z
ϕ(x)
Ainsi ∀ϕ ∈ D(R), lim dx = ψ(x)dx 6= ±∞.
ε→0
ε>0 |x|>ε x |x|≤M
1
On définit alors la valeur principale de Cauchy de x
par :
Z
1 ϕ(x)
hV p , ϕi = lim dx.
x ε→0
ε>0 |x|>ε x
Théorème 2.1.1.
Soit T une forme linéaire sur D(Ω). Alors
Pour toute suite {ϕj }, ϕj ∈ D(Ω) telle que ϕj −−−−→ 0 dans D(Ω)
T ∈ D (Ω) ⇐⇒
0 j−→∞
la suite {hT, ϕj i} converge vers 0 dans K.
j
(2.2)
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Topologie dans l’espace des distributions. Convergence des distributions. Produit d’une
distribution par une fonction. Restriction des distributions 11
Démonstration.
=⇒) Soit T ∈ D0 (Ω), donc T vérifie (2.1). Si {ϕj } tend vers 0 dans D(Ω), alors pour
j ≥ j0 , suppϕj ⊂ K compact et (∂ α ϕj ) −−−−→ 0 uniformément pour tout α ∈ Nn et donc
j−→∞
hT ; ϕj i −−−−→ 0 d’après (2.1).
j−→∞
⇐=) Soit T vérifiant le second membre de (2.2). Si T ne vérifie pas (2.1), alors ∃K compact
inclus dans Ω, ∀C > 0, ∀k ∈ N, ∃ϕ ∈ DK (Ω)(ϕ dépend de C et K) tels que
ϕj X
Posons ψj = ; on obtient |hT, ϕj i| = 1 et 1 > jkψj kCj = j sup |∂ α ψj |.
|hT, ϕj i| 0
x∈K
|x|≤j
α 1
Donc supx∈K |∂ ψj | < pour j ≥ |α| et suppψj ⊂ suppϕj ⊂ K.
j
Alors pour tout α, la suite {∂ α ϕj }j tend vers 0 dans D(Ω), mais hT, ψj i = 1 ne tend pas
vers 0, ce qui est une contradiction avec le second membre de (2.2).
Définition 2.2.1.
On dit qu’une suite {Tj }j de distributions de D0 (Ω) converge vers la distribution
T ∈ D0 (Ω) si, pour tout ϕ ∈ D(Ω), la suite de nombres {hTj , ϕi}j converge vers le
nombre hT, ϕi.
Propriété 2.2.1.
Soit {ρj }j≥1 une suite régularisante. Alors ρj −−−−→ δ dans D0 (Rn ).
j−→∞
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Topologie dans l’espace des distributions. Convergence des distributions. Produit d’une
distribution par une fonction. Restriction des distributions 12
Démonstration.
Notons Tj = Tρj la distribution définie par ρj (voir Exemple2.1.1, car ρj ∈ D(Rn ) ⊂ L1loc (Rn )).
Z
∀ϕ ∈ D(R ), hTj , ϕi =
n
ρj (x)ϕ(x)dx.
Rn
Et
Z
|hTj − δ, ϕi| = ρj (x)ϕ(x)dx − ϕ(0)
|x|≤ 1
Z j
= ρj (ϕ(x) − ϕ(0)) dx
|x|≤ 1
j
Z
≤ ρj (x) |ϕ(x) − ϕ(0)| dx
|x|≤ 1j
Exemple 2.2.1.
1. Dans D0 (R) on considère les distributions δa masses de Dirac aux points a définies
par ∀a ∈ R, ∀ϕ ∈ D(R), hδa , ϕi = ϕ(a).
X
Alors la série δk est une distribution sur R.
k≥0
Démonstration.
X
Posons Tk = δj ; c’est une distribution sur R.
0≤j≤k
X X
∀k, ∀ϕ ∈ D(R), on a hTk , ϕi = ϕ(j) −−−−→ ϕ(j) 6= ±∞.
k−→∞
0≤j≤k j∈suppϕ
On peut alors appliquer le Théorème2.2.1 à la suite {Tk }k de D0 (R).
X
Ainsi Tk −−−−→ δk dans D0 (R).
k−→∞
k≥0
X
2. / D0 (R) i.e n’est pas une distribution sur R.
δ1 ∈
k
k≥1
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Topologie dans l’espace des distributions. Convergence des distributions. Produit d’une
distribution par une fonction. Restriction des distributions 13
Démonstration.
X X 1
Posons Tk = δ 1 . Alors Tk ∈ D0 (R) et hTk , ϕi = ϕ( ) = 1| + 1 +{z· · · + 1} = k.
1≤j≤k
j
1≤j≤k
j
k f ois
Donc lim hTk , ϕi = +∞.
k→∞
X
3. δ 1 ∈ D0 (R r {0}) car si ϕ ∈ D(R r {0}) on a ϕ(0) = 0.
k
k≥1
Propriété 2.2.2.
Soient T ∈ D0 (Ω) et f ∈ C∞ (Ω). Alors l’application
D(Ω) −→ K
ϕ 7−→ hT, f ϕi
Puisque T ∈ D0 (Ω), alors pour tout compact K ⊂ Ω, ∃C > 0, ∃k ∈ N tels que ∀ϕ ∈ DK (Ω)
X
|hT, ϕi| ≤ C sup |∂ α ϕ(x)|.
x
|α|≤k
Remarque 2.2.1.
Si T = Tg avec g ∈ L1loc (Ω), alors f g ∈ L1loc (Ω) et
Z
hTf g , ϕi = f gϕdx = hTg , f ϕi = hf Tg , ϕi i.e f Tg = Tf g = f g.
Ω
Ainsi, cette notion de produit prolonge la notion de produit classique de deux fonctions.
Théorème 2.2.2.
Soit T ∈ D0 (Ω). Alors xT ⇐⇒ T = Cδ avec C une constante.
Démonstration.
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Topologie dans l’espace des distributions. Convergence des distributions. Produit d’une
distribution par une fonction. Restriction des distributions 14
Donc xT = 0.
⇒) Supposons xT = 0. Alors ∀ϕ ∈ D(R), hT, xϕi = 0.
Soient ϕ ∈ D(R), θ ∈ D(R) telles que θ(0) = 1 et ϕ = ϕ(0)θ + ψ avec ψ(0) = 0, ψ ∈ D(R).
Z x Z 1
0
On a ψ(x) = ψ(x) − ψ(0) = ψ (t)dt = x ψ 0 (sx)ds = x φ .
0 0
|{z}
∈D(R)
Ainsi
= Cϕ(0)
= hCδ, ϕi
Remarque 2.2.2.
Si T ∈ D0 (R r {0}), alors xT = 0 ⇐⇒ T = 0.
Définition 2.2.2.
Soient O et Ω deux ouverts de Rn avec O ⊂ Ω, soit T une distribution sur Ω c’est-à-dire
T ∈ D0 (Ω). On appelle restriction de T à O la distribution T|O ∈ D0 (O) définie par
Exemple 2.2.2.
Remarque 2.2.3.
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Dérivation des distributions 15
Exemple
X X
δ 1 ∈ D0 (R r {0}), mais / D0 (R).
δ1 ∈
n n
n≥1 n≥1
2. Si on connait localement une distribution T sur chacun des ouverts d’un recouvrement
ouvert de Ω, alors on connait globalement T . Par exemple si T ∈ D0 (O1 ∪ O2 ), alors
la connaissance de T|O1 et T|O2 définit T .
En effet, soit ϕ ∈ D(O1 ∪ O2 ), suppϕ = K.
Soit ψi ∈ D(Oi ), i = 1, 2 telles que ψ1 + ψ2 = 1 sur un voisinage de K(conf. la
partition de l’unité). On a alors
Nous allons chercher à définir la dérivée T 0 d’une distribution T sur Ω de façon que si T
est une fonction f continue à dérivée continue, on retrouve f 0 au sens usuel.
Soit donc f ∈ C1 (R). ∀ϕ ∈ D(R), on a
Z Z
0
hTf 0 , ϕi = f (x)ϕ(x)dx = − f (x)ϕ0 (x)dx = −hTf , ϕ0 i.
Donc ∀ϕ ∈ D(R). Soit l’application ϕ 7−→ −hT, ϕ0 i ; c’est une distribution d’ordre k + 1 si
T est d’ordre k. Elle prolonge la notion de dérivée des fonctions continûment dérivables.
On définit la dérivée de la distribution T sur Ω par :
∀ϕ ∈ D(Ω), hT 0 , ϕi = −hT, ϕ0 i.
Définition 2.3.1.
Soient T ∈ D0 (Ω) et α ∈ Nn . On appelle dérivée d’ordre α de T et on note ∂ α T ∈ D0 (Ω)
l’application définie par :
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Dérivation des distributions 16
Remarque 2.3.1.
Si T = Tf avec f ∈ Ck (Ω) et si |α| ≤ k, alors ∂ α Tf = T∂ α f .
Propriété 2.3.1.
v) ∀α et β ∈ N , ∀T ∈ D (Ω), on a : ∂
n 0 α+β
T = ∂ ∂ T = ∂ β ∂ αT .
α β
Démonstration.
avec α! = α1 !α2 ! · · · αn ! et β ≤ α ⇐⇒ βj ≤ αj 1 ≤ j ≤ n.
iii) résulte de ce que l’opérateur (−1)|α| ∂ α est linéaire et continue de D(Ω) dans D(Ω).
= (−1)|β| h∂ α T, ∂ β ϕi
= h∂ β ∂ α T, ϕi
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Dérivation des distributions 17
D’où ∂ α+β T = ∂ β ∂ α T .
De même ∂ β+α T = ∂ α ∂ β T .
Exemple 2.3.1.
(il n’est pas nécessaire de la définir pour x = 0, qui est un ensemble de mesure nulle).
On a :
Z +∞
0 0
hY , ϕi = −hY, ϕ i = − ϕ0 (x)dx = hδ, ϕi
0
Donc Y0 =δ .
Cas de dimension 1
Soient f : R −→ C et a ∈ R vérifiant :
i) f ∈ C1 (R r {a}).
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Dérivation des distributions 18
σa (f ) = f (a + 0) − f (a − 0).
Donc en dimension 1, on a :
Théorème 2.3.1.
Sous les hypothèses i), ii) et iii), on a :
Remarque 2.3.2.
[
1. Supposons que f vérifie i), ii) et iii) sur R r {aj }. Alors
1≤j≤J
X
(Tf )0 = Tf 0 + σaj (f )δaj
1≤j≤J
0
3. La formule des sauts est non valable pour le calcul de Tln |x| à cause des hypothèses
ii) et iii) qui ne sont pas vérifiées.
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Dérivation des distributions 19
a) Formule de Gauss
Soit f ∈ C1 (Ω) avec suppf ∩ Ω compact. Alors
Z Z
∂k f (x)dx = f (x)νk (x)dΣ(x). (2.6)
Ω Σ
avec νk (x) = →
−
ν (x).ek .
b) Formule d’Ostrogradski
Soit φ ∈ C1 (Ω, Rn ) avec suppφ ∩ Ω compact. Alors
Z Z
divφ(x)dx = φ(x).→−
ν (x)dΣ(x). (2.7)
Ω Σ
Hypothèses :
iv) Ω ouvert de Rn .
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Dérivation des distributions 20
Exemple 2.3.2.
Ω+ ∪ Ω− = Ω r Σ
Ω+ ∩ Ω− = ψ.
Exemple 2.3.3.
On pose Ω+ = Ω+ ∪ (Σ ∩ Ω) et Ω− = Ω− ∪ (Σ ∩ Ω).
Donc
Z Z
+ −
h∂k Tf , ϕi = f (x) − f (x) ϕ(x)νk dΣ(x) + ∂k f (x)ϕ(x)dx . (2.10)
| {z } Σ| {z } Ω
(1) σ(f )(x)
| {z }
| {z } (2)
(3)
(1) et (2) sont des distributions ; d’où (3)=(1)-(2) est une distribution.
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Dérivation des distributions 21
Définition 2.3.2.
Z
Soit ρ ∈ L1loc (Σ). Alors la forme linéaire ϕ 7−→ ρ(x)ϕ(x)dΣ(x) est continue sur D(Ω).
Σ
Elle est donc une distribution sur Ω, appelée distribution de simple couche de densité ρ
portée par Σ.
Dans le cas où ρ ≡ 1, la forme linéaire sur D(Ω) :
Z
ϕ 7−→ ϕ(x)dΣ(x) (2.11)
Σ
Théorème 2.3.2.
Sous les hypothèses géométriques iv), v), vi) et (H), on a
Remarque 2.3.3.
– Le résultat du Théorème2.3.2 est indépendant de l’orientation →
−
ν (·) choisie.
– L’hypothèse f ∈ C1 (Ω± ) est moins nécessaire.
Exemple 2.3.4.
rot(Tφ ) = Trotφ + (→
−
ν ∧ σ(φ)) δΣ .
3. Dans Rn , soit f ∈ C2 (Ω± ). On peut comparer ∆Tf avec T∆f dans D0 (Ω).
On a ∆T = div(∇.T ). Donc par les formules précédentes :
i.e
∆(Tf ) = T∆f + →
−
ν .σ(∇f )δΣ + div(σ(f )→
−
ν δΣ .
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Dérivation des distributions 22
hdiv (σ(f )→
−
X
ν δΣ ) , ϕi = − hσ(f )νk δΣ , ∂k ϕi
1≤k≤n
X
=− hσ(f )δΣ , νk ∂k ϕi
1≤k≤n
Z
∂ϕ
=− σ(f ) (x)dΣ(x).
Σ ∂ν
Définition 2.3.3.
Soit ρ ∈ L1loc (Σ). Alors la forme linéaire
Z
∂ϕ
ϕ 7−→ ρ(x) (x)dΣ(x) (2.13)
Σ ∂ν
est continue sur D(Ω). Elle est une distribution d’ordre 1, appelée la distribution de double
couche de densité ρ portée par Σ.
Théorème 2.3.3.
On suppose les hypothèses géométriques iv), v), vi) ainsi que l’hypothèse f ∈ C2 (Ω± )
vérifiées. Alors
∆(Tf ) = T∆f + →
−
ν .σ(∇f )δΣ + div(σ(f ).→
−
ν δΣ ) ,
ou encore, ∀ϕ ∈ D(Ω),
Z Z Z
∂f ∂ϕ
h∆Tf , ϕi = ∆f (x)ϕ(x)dx + σ (x)ϕ(x)dΣ(x) − σ(f )(x) (x)dΣ(x).
Ω Σ ∂ν Σ ∂ν
Théorème 2.3.4.
Soit T ∈ D0 (]a, b[) telle que T 0 = 0. Alors T = Cte.
Démonstration.
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Solutions élémentaires 23
Z
Soit ϕ ∈ D(]a, b[). On montre qu’il existe θ et ψ ∈ D(]a, b[) uniques telles que θdx = 1
Z
et ϕ = θ ϕ(x)dx + ψ.
Z x
De plus l’application ψ̃(x) = ψ(t)dt est telle que ψ̃ ∈ D(]a, b[) et ψ̃ 0 = ψ.
−∞
Ainsi
Z
hT, ϕi = T, θ ϕ(x)dx + hT, ψi
Z
= ϕ(x)dxhT, θi + hT, ψ̃ 0 i
| {z }
=0
Théorème 2.3.5.
Soit T ∈ D0 (]a, b[) telle que
Définition 2.4.1.
On appelle solution élémentaire ou fondamentale de P (∂) une distribution E ∈ D0 (Ω)
telle que
P (∂)E = δ. (2.15)
Théorème 2.4.1.
Tout polynôme différentiel non nul admet une solution élémentaire.
Christian
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Solutions élémentaires 24
a) Opérateur de dérivation.
On sait que pour la fonction d’Heaviside, on a Y 0 = δ.
Donc E = Y + C où C = Cte.
1
E= + H(C).
πz
Théorème 2.4.2.
Dans Rnx , le Laplacien ∆ = ∂12 + · · · + ∂n2 admet pour solution élémentaire :
1
• Si n = 2, E = ln |x|
2π
1 1
• Si n ≥ 3, E = − . n−2 , avec cn =aire de la sphère unité dans Rn .
(n − 2)cn |x|
Démonstration.
Pour n ≥ 3. v
u n
1 1 uX
E = E(r) = − . n−2 , avec r = |x| = t x2i .
(n − 2)cn r i=1
Z
Soit ϕ ∈ D(Rn ), h∆E, ϕi = hE, ∆ϕi = E(x)∆ϕ(x)dx.
On se place dans Rr {0}. Soient ε et R tels que 0 < ε < R avec R suffisamment grand tel
que suppϕ ⊂ B(0, R). Désignons par Ωε le domaine Ωε = {x ∈ Rn / ε < |x| < R}.
∂ 2 E xi 2 d2 E 1 x2i dE
∂E dE ∂r xi dE
Dans Ωε , E et ϕ ∈ C (Ωε ) et
∞
= = , = + − 3 ,
∂xi dr ∂xi r dr ∂x2i r dr2 r r dr
d2 E (n − 1) dE
d’où l’on déduit ∆E = +
h dr2 r dr i
1 1 (n−1) 1
i.e ∆E = − (n−2)c n
(n − 1)(n − 2) rn
− r
(n − 2) rn−1
= 0 dans Ωε .
De plus,
Z Z
h∆E, ϕi = E(x)∆ϕ(x)dx = lim E(x)∆ϕ(x)dx,
ε→0 Ωε
Christian
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Solutions élémentaires 25
Premier terme :
Z Z Z
∂ϕ c ∂ϕ c ∂ϕ
E dΣ ≤ n−2 dΣ = n−2
dΣ
r=ε ∂ν ε ∂ν ε r=ε ∂r
Zr=ε
D D
≤ n−2 dΣ = n−2 cn εn−1 = Dcn ε −−−→ 0.
ε r=ε ε ε−→0
Deuxième terme :
∂E ∂E 1
On a − = = et
∂ν ∂r cn rn−1
Z Z Z
1 1 1
cn εn−1 ϕ(x)dΣ − ϕ(0) = n−1 (ϕ(x) − ϕ(0))dΣ ≤ |ϕ(x) − ϕ(0)| dΣ
r=ε cn ε r=ε cn εn−1 r=ε
Z
1
≤ max |ϕ(x) − ϕ(0)| dΣ = max |ϕ(x) − ϕ(0)| −−−→ 0
|x|=ε cn εn−1 r=ε |x|=ε ε−→0
En conclusion
Z
h∆E, ϕi = lim E(x)∆ϕ(x)dx = ϕ(0) = hδ, ϕi
ε→0 Ωε
i.e ∆E = δ.
Théorème 2.4.3.
Dans Rt × Rnx , l’opérateur de la diffusion( ou de la chaleur ) ∂t − ∆x admet pour solution
élémentaire
|x|2
Y (t) − 4t
E(t, x) = n e .
(4πt) 2
Remarque 2.4.1.
E ∈ L1loc (Rn+1 ) ∩ C∞ (Rn+1 r {0}).
Théorème 2.4.4.
Dans Rt × Rnx , l’opérateur des ondes( ou de d’Alembert) = ∂t2 − ∆x admet pour
solution élémentaire la distribution E définie par :
Christian
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Solutions élémentaires 26
a) Si n=1
Z
1
hE, ϕi = ϕ(t, x)dtdx
2 t≥|x|
c-à-d E = 12 1{t≥|x|} ou E = 12 1C
où C :cône d’onde et C = {(t, x)/ t ≥ 0 et t ≥ |x|}.
b) Si n=2
Z
1 ϕ(t, x)
hE, ϕi = p dtdx
2π t≥|x| t2 − |x|2
1 1
c-à-d E = p 1C
2π t − |x|2
2
p
où C = {(t, x1 , x2 )/ t ≥ 0 et t ≥ x21 + x22 }.
c) Si n=3
Z
1 ϕ(|x|, x)
hE, ϕi = dx
4π R3 |x|
Z
1 ϕ(t, x)
= dx i.e on intègre sur le bord du cône d’onde.
4π t=|x| t
Démonstration.
n=1 E = 21 1C .
On veut montrer que hE, ϕi = ϕ(0, 0) = hδ, ϕi.
On a
∂2 ∂2
Z
hE, ϕi = hE, ϕi = E(t, x) −ϕ(t, x)dtdx
R2 ∂t2 ∂x2
2
∂ ϕ ∂ 2ϕ
Z
1
= − 2 dtdx
2 t≥|x| ∂t2 ∂x
1 +∞ ∂ϕ
Z Z
1 ∂ϕ ∂ϕ
=− (|x|, x)dx − (t, t) − (t, −t) dt
2 Rx ∂t 2 0 ∂x ∂x
1 0 ∂ϕ 1 +∞ ∂ϕ 1 +∞ ∂ϕ 1 +∞ ∂ϕ
Z Z Z Z
=− (−s, s)ds − (s, s)ds − (s, s)ds + (s, −s)ds
2 −∞ ∂t 2 0 ∂t 2 0 ∂x 2 0 ∂x
1 +∞ ∂ϕ 1 +∞ ∂ϕ 1 +∞ ∂ϕ 1 +∞ ∂ϕ
Z Z Z Z
=− (s, −s)ds − (s, s)ds − (s, s)ds + (s, −s)ds
2 0 ∂t 2 0 ∂t 2 0 ∂x 2 0 ∂x
Christian
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Changement de variable-Image d’une distribution 27
Ainsi
1 +∞ 0 1 +∞ 0
Z Z
hE, ϕi = − ψ2 (s)ds − ψ1 (s)ds
2 0 2 0
1 1
= ψ2 (0) + ψ1 (0)
2 2
= ϕ(0, 0)
= hδ, ϕi.
Donc E = δ.
θ∗ (T ) : D(Ω0 ) −→ K
Définition 2.5.1.
Soient T ∈ D0 (Ω) et θ : Ω −→ Ω un C∞ -difféomorphisme. On appelle image de T par θ,
la distribution θ∗ (T ) définie ci-dessus i.e
= T|Jθ−1 | f ◦ θ−1 , ϕ Ω0 .
Christian
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Changement de variable-Image d’une distribution 28
θ∗ (T ) = T|Jθ−1 | (f ◦ θ−1 )
Exemple 2.5.1.
1. Translation
Soit a ∈ Rn . On note τa (T ) la translation de vecteur a appliquée à la distribution T .
Soit
θ : Rnx −→ Rny
x 7−→ y = x + a
2. Symétrie
Étant donnée une fonction f , on pose fˇ(x) = f (−x).
On considère la symétrie :
θ : Rnx −→ Rny
x 7−→ y = −x
3. Changement linéaire
y = M x avec M une matrice inversible.
hM ∗ (T ), ϕiΩ0 = hT, ϕ ◦ M iΩ .
Si T = Tf , M ∗ (Tf ) = T(| det M |)−1 (f ◦M −1 ) .
Exercice 1.
Christian
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Changement de variable-Image d’une distribution 29
Soit ϕ ∈ D(Rny ), on a
= (ϕ ◦ θ) (0)
= ϕ(θ(0))
= hδθ(0) , ϕi
De plus, pour a ∈ Rn , on a
i.e δa = τa δ .
Donc θ∗ (δ) = δθ(0) = τθ(0) δ .
2. n = 1 et θ : Rx −→ Ry . Calculons θ∗ (T 0 ).
Solution
Soit ϕ ∈ D(Ry ), on a :
= −hθ0 T, ϕ0 ◦ θi
= −hθ∗ (θ0 T ) , ϕ0 i
0
= (θ∗ (θ0 T )) , ϕ
Christian
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Chapitre 3
Démonstration.
[
Soit {gj } une partition de l’unité de ω = Ωj , de classe C∞ , subordonnée au recou-
j∈J
vrement {Ωj }j∈J . Pour chaque ϕ ∈ D(ω), on pose ϕj = gj ϕ. Alors, on a ϕj ∈ D(Ωj ) et
X
ϕ= ϕj (la somme du 2e membre n’a qu’un nombre fini de termes non identiquement
j∈J
nuls, car un nombre fini seulement des gj sont non identiquement nulles sur le support
compact de ϕ). Par linéarité, on a
X
hT, ϕi = hT, ϕj i = 0, ∀ϕ ∈ D(ω).
j∈J
[
Autrement dit, la restriction de T à ω = Ωj est nulle.
j∈J
Christian
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Distributions à support compact 31
Théorème 3.1.2. !
[
Si T|Ωj ∈ C∞ (Ωj ) ∀j ∈ J, alors T|∪Ωj ∈ C∞ Ωj .
j∈J
Définition 3.1.1.
Soit T ∈ D0 (Ω) une distribution sur Ω.
On appelle support de T (on note suppT ) le complémentaire dans Ω du plus grand ouvert
sur lequel T est nulle.
On appelle support singulier de T (on note suppsingT ) le complémentaire dans Ω du
plus grand ouvert sur lequel T est C∞ .
Exemple 3.1.1.
a) suppδa = {a}.
Propriété 3.1.1.
1) supp (∂ α T ) ⊂ suppT .
supp (f T ) ⊂ suppf ∩ suppT .
Remarque 3.1.1.
Christian
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Distributions à support compact 32
Définition 3.1.2.
On appelle espace des distributions(sur Ω) à support compact contenu dans Ω, l’ensemble
noté E0 (Ω) défini par :
Théorème 3.1.3.
On peut identifier l’espace E0 (Ω) à l’espace des formes linéaires F sur E(Ω) = C∞ (Ω)
qui ont la propriété de continuité suivante :
∃k ∈ N, ∃K compact inclus dans Ω, ∃C > 0 tels que
X (3.1)
∀φ ∈ E(Ω) |F (φ)| ≤ sup |∂ α φ(x)|
x∈K
|α|≤k
Démonstration.
Soit F une forme linéaire sur E(Ω) vérifiant (3.1).
On a T = F|D(Ω) ∈ D0 (Ω).
Soit ϕ ∈ D(Ω r K), alors
hT, ϕiD0 (Ω),D(Ω) = |F (ϕ)| ≤ 0 (d’après 3.1).
Christian
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Produit tensoriel 33
Alors i) et ii) sont vérifiées. Il reste à s’assurer que T̃ vérifie la propriété de continuité (3.1).
∀φ ∈ C∞ (Ω), supp(χφ) ⊂ suppχ = L, i.e χφ ∈ DL (Ω).
T ∈ D0 (Ω) =⇒ ∃k ∈ N, ∃ C > 0 tels que ∀ϕ ∈ DL (Ω),
X
|hT, ϕi| ≤ C sup |∂ α ϕ(x)|
x∈L
|α|≤k
Remarque 3.1.2.
Le Théorème3.1.3 montre que toute distribution à support compact dans Ω est d’ordre
fini sur Ω.
Remarque 3.1.3.
Si T ∈ E0 (Ω), pour définir hT, φi ∀φ ∈ E(Ω), ∀χ ∈ D(Ω), avec χ ≡ 1 sur V(suppT ),
on pose T (φ) = T (χφ).
Soient p et q deux entiers supérieures ou égales à 1. On note Rpx × Rqy les ensembles Rp
et Rq dont les éléments sont désignés par x et y respectivement.
Soient Ωx ⊂ Rpx et Ωy ⊂ Rqy deux ouverts, et Ω = Ωx × Ωy ⊂ Rp+q n
(x,y) = Rz .
Théorème 3.2.1.
L’espace vectoriel D(Ωx ) ⊗ D(Ωy ) engendré par les fonctions
Démonstration.
Admis
On a le résultat suivant :
Christian
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Produit tensoriel 34
Théorème 3.2.2.
Soient Tx ∈ D0 (Ωx ) et Ty ∈ D0 (Ωy ). Il existe une unique distribution S ∈ D0 (Ωx × Ωy ),
notée S = Tx ⊗ Ty et appelée produit tensoriel de Tx et Ty , telle que
et hTx ⊗ Ty , φiΩ = hTx , hTy , φiΩy iΩx = hTy , hTx , φiΩx iΩy .
Lemme 3.2.1.
Soient φ ∈ D(Ωx × Ωy ) et Ty ∈ D4(Ωy ).
Alors hTy , φiΩy ∈ D(Ωx ) et ∂xα hTy , φiΩy = hTy , ∂xα φiΩy ∀α ∈ Np .
Démonstration.
D’après le Lemme3.2.1, on a
x 7−→ hTy , φiΩy ∈ D(Ωx )
y 7−→ hTx , φiΩx ∈ D(Ωy )
et ∀α ∈ Np , ∂xα hTy , φiΩy = hTy , ∂xα φiΩy .
Soient alors φ ∈ D(Ω), suppφ ⊂ K compact dans Ω, avec K ⊂ Kx × Ky .
Christian
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Produit tensoriel 35
Finalement
X
|S1 (φ)| ≤ C sup |∂ γ φ|, c-à-d S1 ∈ D0 (Ω)
(x,y)∈K
|γ|≤k
γ∈Nn
• On fixe à présent y ∈ Ωy .
Posons S2 (φ) = hTy , hTx , φiΩx iΩy .
On montre de façon analogue à S1 ci-dessus que S2 ∈ D0 (Ω).
Exemple 3.2.1.
Proposition 3.2.1.
Soient Tx ∈ D0 (Ωx ) et Ty ∈ D0 (Ωy ). Alors
1. supp(Tx ⊗ Ty ) = suppTx × Ty
Démonstration.
Christian
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Produit de convolution des distributions 36
3. Si ϕ ∈ D(Ωx ) et ψ ∈ D(Ωy ),
= h(∂xα Tx ) ⊗ (∂yβ Ty ), ϕ ⊗ ψi
Christian
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Produit de convolution des distributions 37
après
avoir utiliser le changement de variable
ξ = x − y dont la matrice jacobienne est triangulaire
η = y
avec des 1 sur la diagonale.
Ainsi
hTf ∗g , ϕi = hTf (ξ) ⊗ Tg(η) , ϕ(ξ + η)iR2n (3.2)
Mais ∀ϕ ∈ Rn , on a
(ξ, η) 7−→ ϕ(ξ + η) ∈ C∞ (R2n )
Définition 3.3.1.
Si T et S ∈ E0 (Rn ), le produit de convolution(ou la convolée) de T et S est la distribution
notée T ∗ S définie par
Proposition 3.3.1.
Si T et S ∈ E0 (Rn ), alors T ∗ S ∈ E0 (Rn ) et supp(T ∗ S) ⊂ suppT + suppS.
Ainsi, le produit de convolution est une opération interne commutative et associative dans
E0 (Rn ) qui admet la mesure de Dirac δ en 0 comme élément neutre.
En d’autre termes, l’espace (E0 (Rn ), +, ∗, ·) est une algèbre commutative unitaire.
Démonstration.
Soit ϕ ∈ D(Rn ). Si ξ ∈
/ suppϕ − suppS, alors
suppϕ(ξ + ·) ∩ suppS = (suppϕ − ξ) ∩ suppS = ∅ et donc hS(η), ϕ(ξ + η)i = 0.
Christian
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Produit de convolution des distributions 38
Proposition 3.3.2.
Si T et S ∈ E0 (Rn ) et 1 ≤ j ≤ n, alors
De même, si P (D) est un opérateur différentiel dans lequel P est un polynôme à coefficients
complexes,
P (D)(T ∗ S) = (P (D)T ) ∗ S = T ∗ (P (D)S) .
Nous avons vu qu’à partir de la relation (3.2), on ne peut pas définir le produit de
convolution sur tout D0 (Rn ). Nous allons le définir sous une condition sur les supports que
nous allons donner.
Considérons l’application
(ξ, η) 7−→ x = ξ + η
Remarque 3.3.1.
suppϕ ◦ Φ ne dépend que de K = suppϕ et non de ϕ “directement”.
Si ϕ ∈ DK (Rn ) i.e si suppϕ ⊂ K, alors supp(ϕ ◦ Φ) ⊂ Φ−1 (K).
Christian
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Produit de convolution des distributions 39
Définition 3.3.2.
On dit que deux distributions S et T ∈ D0 (Rn ) sont convolables si pour tout compact K
de Rn , Φ−1 (K) ∩ supp(S ⊗ T ) est compact.
C’est-à-dire Φ−1 (K) ∩ (suppS × suppT ) est compact.
Proposition 3.3.3.
Soient S et T ∈ D0 (Rn ) deux distributions convolables. Alors l’application définie sur
D(Rn ) par
ϕ 7−→ hS(ξ) ⊗ T (η), ϕ(+η)i
Proposition 3.3.4.
Soient T ∈ D0 (Rn ) et ϕ ∈ E(Rn ) = C∞ (Rn ) tels que suppT ∩ suppϕ soit compact. Alors
la quantité hT, ρϕi ne dépend pas de la fonction ρ ∈ D(Rn ) telle que ρ = 1 sur un ouvert
contenant suppT ∩ suppϕ.
Cette valeur commune est notée hT, ϕi.
Démonstration.
Rappelons que d’après le Théorème1.2.2 du chapitre sur les fonctions-test, une telle
fonction ρ existe toujours.
Soit à présent γ ∈ D(Rn ) telle que γ = 0 sur un ouvert contenant suppT ∩ suppϕ.
Alors le support de γ est contenu dans le complémentaire de suppT ∩ suppϕ et donc
supp(γϕ) ⊂ suppϕ ∩ (Rn r (suppT ∩ suppϕ)) ⊂ suppϕ ∩ (Rn r suppT ).
Ce qui entraine que hT, γϕi = 0.
Par conséquent, si ρ et ρ̃ sont deux fonctions de D(Rn ) et égales(à 1 par exemple) sur un
ouvert contenant suppT ∩ suppϕ, alors en prenant γ = ρ − ρ̃, on obtient
hT, ρϕi = hT, ρ̃ϕi.
Remarque 3.3.2.
Christian
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Produit de convolution des distributions 40
a) Pour T ∈ D0 (Rn ) et ϕ ∈ E(Rn ) tels que suppT ∩ suppϕ est compact, on définit donc
3. Définition
Une distribution T ∈ D0 (R) est à support limité à gauche si il existe a ∈ R tel que
suppT ⊂ [a, +∞[.
On note D0+
g (R) l’ensemble des distributions à support limité à gauche.
Christian
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Produit de convolution des distributions 41
ξ + η ≤ b =⇒ ξ ≤ b − η ≤ b − β =⇒ α ≤ ξ ≤ b − β
ξ + η ≤ b =⇒ η ≤ b − ξ ≤ b − α =⇒ β ≤ η ≤ b − α.
Ainsi Φ−1 (K) ∩ ([α, +∞[×[β, +∞[) est fermé et borné, donc compact.
• Deux distributions à support limité à droite sont convolables.
hδ ∗ T, ϕi = hS ⊗ T, ϕ(ξ + η)i
= hT (η), ϕ(η)i
= hT, ϕi
Proposition 3.3.5.
Christian
c TATHY Cours de distributions
Produit de convolution des distributions 42
ii) Distributivité par rapport à l’addition : si S est convolable avec T1 et T2 dans D0 (Rn ),
alors
S ∗ (T1 + T2 ) = S ∗ T1 + S ∗ T2 .
Remarque 3.3.3.
Le produit de convolution n’est pas associatif en général( on va le justifier plus loin).
Par contre, si S, T et U sont convolables dans D0 (Rn ), c’est-à-dire si pour tout compact K
de Rn , {ξ + η + ν ∈ K} ∩ supp(S(ξ) ⊗ T (η) ⊗ U (ν)) est compact, alors on a
(S ∗ T ) ∗ U = S ∗ (T ∗ U ).
Proposition 3.3.6.
Si S et T sont convolables dans D0 (Rn ), alors
Démonstration.
Nous allons montrer que si ϕ ∈ D(Rn ) a son support K = suppϕ contenu dans le
complémentaire Ω de suppS + suppT , alors hS ∗ T, ϕi = 0.
On a hS ∗ T, ϕi = hS(ξ) ⊗ T (η), ϕ(ξ + η)i,
supp(S(ξ) ⊗ T (η)) = suppS(ξ) × suppT (η) et
suppϕ(ξ + η) = {(ξ, η) ∈ Rn × Rn / ξ + η ∈ K}.
Ces deux support ont une intersection vide car ξ ∈ suppS et η ∈ suppT , entraine
ξ + η ∈ suppS + suppT .
Or suppS + suppT et K = suppϕ ont une intersection vide. Donc le produit tensoriel
hS(ξ) ⊗ T (η), ϕ(ξ + η)i est bien nul.
Comme Ω est ouvert, alors S ∗ T = 0 dans Ω.
Donc supp(S ∗ T ) ⊂ Rn r Ω = suppS + suppT .
Proposition 3.3.7.
i) ∀α ∈ Nn , ∀T ∈ D0 (Rn ), on a Dα T = (Dα δ) ∗ T .
Christian
c TATHY Cours de distributions
Produit de convolution des distributions 43
Démonstration.
i) ∀ϕ ∈ D(Rn ),
h(Dα δ) ∗ T, ϕi = hT ∗ Dα δ, ϕi
= hDα T, ϕi
Donc (Dα δ) ∗ T = Dα T .
= Dβ T ∗ Dα S = Dα S ∗ Dβ T en utilisant i)
Remarque 3.3.4.
En utilisant i), on a par exemple
(Y ∗ δ 0 ) ∗ 1 = Y 0 ∗ 1 = δ ∗ 1 = 1
et
Y ∗ (δ 0 ∗ 1) = Y ∗ 10 = Y ∗ 0 = 0
Proposition 3.3.8.
Soit (Sj )j une suite de distributions à support compact i.e de E0 (Rn ).On suppose que :
Christian
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Produit de convolution des distributions 44
Démonstration.
Soit ϕ ∈ D(Rn ), on a
Proposition 3.3.9.
Soient T ∈ D0 (Rn ) et {ρj }j une suite régularisante. Alors
i) ∀ j, T ∗ ρj ∈ C∞ (Rn ) = E(Rn )
Démonstration.
Proposition 3.3.10.
Démonstration.
Christian
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Produit de convolution des distributions 45
= hh, ϕi ∀ϕ ∈ D(Rn ).
Ainsi T ∗ ψ = h ∈ C∞ (Rn ).
ii) admis.
Théorème 3.3.1.
Soit Ω un ouvert de Rn . Alors :
Démonstration.
i) Rn étant localement compact, il existe une suite (Kj )j de compacts telles que ∀ j,
[
Kj ⊂ Ω, Kj ⊂ Kj+1 et Kj = Ω
j
(on peut au besoin utiliser la topologie induite sur Ω).
Pour tout j, soit ψj ∈ D(Ω), ψj = 1 sur un voisinage de Kj .
Soit alors T ∈ D0 (Ω). Définissons ∀ j, Tj = ψj T .
On a Tj ∈ E0 (Ω) et ∀ϕ ∈ D(Ω), hTj , ϕi = hT, ϕi dès que suppϕ ⊂ Kj .
Christian
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Algèbres de convolution 46
Définition 3.4.1.
Une algèbre de convolution (A, +, ∗, ·) est fermée d’un sous-espace vectoriel A de D0 (Rn )
contenant δ(l’élément neutre de la loi ∗) et sur lequel le produit de convolution est une loi
interne.
Théorème 3.4.1.
E0 (Rn ), D0+ (R) et D0 ([0, +∞[) sont des algèbres de convolution.
Remarque 3.4.1.
D0 ([0, +∞[) est une sous-algèbre de D0+ (R).
Christian
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Algèbres de convolution 47
où A et B sont dans une algèbre A. Le problème est de trouver X et savoir s’il est unique.
Supposons qu’il existe dans A une distribution notée A∗−1 , ou simplement A−1 , appelée
inverse de convolution de A et vérifiant A ∗ A−1 = δ.
Pour obtenir X dans (3.4), il suffit alors de prendre X = B ∗ A−1 .
Si X existe, il est unique. En effet, soit Y vérifiant A ∗ Y = B. Alors
X = A−1 ∗ B = A−1 ∗ A ∗ Y = Y .
Remarque 3.4.2.
Si A−1 existe, il est unique. Mais il peut ne pas exister.
Par exemple, si A ∈ D0 (R+ ) est une fonction-test dans R+ , alors pour toute distribution T
de D0 (R+ ), T ∗ A existe et est une fonction indéfiniment dérivable(Proposition3.3.10) qui
/ L1loc ).
ne sera jamais égale à δ(car δ ∈
Exemple 3.4.1.
Soit une équation différentielle linéaire à coefficients constants
dX(t) dm X(t)
a0 X(t) + a1 + · · · + am = B(t).
dt dtm
On peut l’écrire
a0 δ + a1 δ 0 + · · · + am δ (m) ∗ X(t) = B(t)
Proposition 3.4.1.
Si D est un opérateur différentiel d’ordre m à coefficients constants, de coefficient de
plus en plus haut degré égal à 1, alors Dδ est inversible dans D0 ([0, +∞[) et son inverse est
le produit Y Z, de la fonction d’Heaviside Y , par la fonction solution de l’équation homogène
DZ = 0, vérifiant les conditions initiales
Démonstration.
On veut montrer que (Dδ)−1 = Y Z.
Y Z ayant des discontinuités à l’origine et Z étant m-fois dérivable, d’après la formule de
Christian
c TATHY Cours de distributions
Algèbres de convolution 48
sauts :
(Y Z)0 = Y Z 0 + Z(0)δ
(Y Z)00 = Y Z 00 + Z 0 (0)δ + Z(0)δ 0
.. .. ..
. . .
(Y Z)(m−1) = Y Z (m−1) + Z (m−2) (0)δ + δ + Z(0)δ (m−2)
(Y Z)(m) = Y Z (m) + Z (m−1) (0)δ + · · · + Z(0)δ (m−1)
et
(Y Z)(m) = Y Z (m) + δ.
Ainsi
(Dδ) ∗ Y Z = D(Y Z) = Y DZ + δ = δ
Exemple 3.4.2.
d
Soit D = − λ , λ ∈ C.
dx
On cherche l’inverse de Dδ = δ 0 − λδ.
On
résout pour cela l’équation homogène
g 0 − λg = 0
g(0) = 1
Proposition 3.4.2.
Si A1 et A2 sont inversibles dans l’algèbre D0 ([0, +∞[), alors A1 ∗ A2 est inversible, et
son inverse est (A1 ∗ A2 )−1 = A−1 −1
1 ∗ A2 .
Démonstration.
(A1 ∗ A2 ) ∗ (A−1 −1 −1 −1
1 ∗ A2 ) = (A1 ∗ A1 ) ∗ (A2 ∗ A2 ) = δ ∗ δ = δ.
Christian
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Algèbres de convolution 49
On peut faire une analogie entre le produit usuel et la convolution de la manière suivante.
On identifie Dδ à un polynôme symbolique en δ, où les dérivations correspondent à des
puissances de r avec la convention r0 = 1.
En d’autres termes, on identifie
à l’expression
P (r) = rm + am−1 rm−1 + · · · + a1 r + a0
qui est un polynôme admettant m racines λi dans C. Ainsi, on peut factoriser ce polynôme
en r, et par analogie écrire
Dδ = (δ 0 − λm δ) ∗ (δ 0 − λm−1 δ) ∗ · · · ∗ (δ 0 − λ1 δ).
On a alors
(Dδ)−1 = (δ 0 − λm δ)−1 ∗ (δ 0 − λm−1 δ)−1 ∗ · · · ∗ (δ 0 − λ1 δ)−1 .
En particulier
xm−1
(δ 0 − λδ)−1 = Y (x)eλx .
(m − 1)!
Exemple 3.4.3.
On cherche à résoudre l’équation X 00 + ω 2 X = B dans D0 ([0, +∞[).
Le polynôme symbolique en δ est
δ 00 + ω 2 δ = (δ 0 + iωδ) ∗ (δ 0 − iωδ).
sin(ωt)
(δ 00 + ω 2 δ)−1 = Y (t)e−iωt ∗ Y (t)eiωt = Y (t)
ω
Christian
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Solutions fondamentales et équations aux dérivées partielles 50
partielles
Théorème 3.5.1.
Soient P (D) un opérateur différentiel linéaire à coefficients constants, E une solution
fondamentale de P (D) et F ∈ E0 (Rn ).
Alors l’équation aux dérivées partielles
P (D)T = F (3.5)
a pour solution T = E ∗ F .
De plus, l’ensemble des solutions T ∈ D0 (Rn ) de (3.5) est égale à
Démonstration.
On sait d’après les exemples des distributions convolables données plus haut que E et
F sont convolables, et
P (D)(E ∗ F ) = (P (D)E) ∗ F = δ ∗ F = F.
et
P (D) (E ∗ F + U ) = P (D)(E ∗ F ) + P (D)U = F + 0 = F.
Christian
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Chapitre 4
Définition 4.1.1.
Soit f une fonction complexe définie sur Rn . On appelle image de Fourier ou transformée
de Fourier de f , la fonction à valeurs complexes notée fb ou Ff de la variable ξ ∈ Rn ,
définie par :
Z
F(f )(ξ) = fb(ξ) = e−2iπhx,ξi f (x)dx (4.1)
Rn
n
X
avec hx, ξi = xj ξj .
j=1
Remarque 4.1.1.
Dans la relation (4.1), il existe plusieurs fonctions pour lesquelles l’intégrale n’a pas un
sens, par exemple si f est une fonction constante. Toutefois si f ∈ L1 (Rn ), on a le résultat
suivant :
Proposition 4.1.1.
Soit f ∈ L1 (Rn ). Alors sa transformée de Fourier Ff est une fonction continue, bornée
sX
sur Rn , et tend vers 0 lorsque |ξ| = ξj2 → +∞.
j
Démonstration.
La relation
−2iπhx,ξi
e f (x) = |f (x)| (4.2)
Christian
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Transformation de Fourier des fonctions 52
Exemple 4.1.1.
Soit Π la fonction porte définie sur R par :
1
1 si |x| ≤
2
Π(x) =
0 si |x| >
1
2
On a Π ∈ L1 (Rn ), et
Z 1
2 sin(πξ) déf
Π(ξ)
b = e−2iπxξ dx = = sinc(πξ).
− 21 πξ
Cette fonction n’est pas intégrable. Ainsi, la transformée de Fourier n’est pas une application
de L1 dans L1 .
Exemple 4.1.2.
Soit f (x) = e−a|x| , avec a > 0. Alors f ∈ L1 (Rn ) et
Z 0 Z +∞
2a
fb(ξ) = (a−2iπξ)x
e dx + e−(a+2iπξ)x dx = .
−∞ 0 a2 + 4π 2 ξ 2
Exemple 4.1.3.
2
Soit f (x) = e−πx . Alors f ∈ L1 (R), et on peut écrire
Z +∞+iξ
2 2
fb(ξ) = e−πξ e−πz dz , où z = x + iy.
−∞+iξ
2
Pour ξ fixé, on doit intégrer la fonction holomorphe g(z) = e−πz sur une parallèle à l’axe
des abscisses du plan complexe. On utilise le Théorème de Cauchy sur un rectangle fermé
Christian
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Transformation de Fourier des fonctions 53
de longueur 2R et de largeur ξ.
Quand R tend vers l’infini, on obtient :
Z +∞+iξ Z +∞
−πz 2 2
e dz = e−πx dx
−∞+iξ −∞
R +∞ −πx2 2
c’est-à-dire, puisque −∞
e dx = 1, fb(ξ) = e−πξ .
Ainsi, une densité gaussienne est invariante par transformée de Fourier.
Exemple 4.1.4.
+∞
xα−1
Z
Soit f (x) = Y (x)e −ax
· (pour α > 0, a > 0), avec Γ(α) = e−t tα−1 dt.
Γ(α) α 0
1
On montre f (ξ) =
b .
a + 2iπξ
Propriété 4.1.1.
ii)
F(f (−x))(ξ) = fb(−ξ) (4.4)
iii)
F (f (x − a)) (ξ) = e−2iπhξ,ai fb(ξ) (4.5)
iv)
Z
F e 2iπhx,ai
f (x)e−2iπhx,ξ−ai dx = fb(ξ − a)
f (x) (ξ) = (4.6)
Rn
v)
1 b ξ
F (f (kx)) (ξ) = n f pour k ∈ R∗ (4.7)
|k| k
vi) Si f ∗ est la conjuguée complexe de f , alors
∗
F (f ∗ (x)) (ξ) = fb (ξ). (4.8)
Démonstration.
ii)
Z
F(f (−x))(ξ) = f (−x)e−2iπhx,ξi dx
n
ZR
= f (y)e2iπhy,ξi dy
Rn
= fb(−ξ)
Christian
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Transformation de Fourier des fonctions 54
iii)
Z
F(f (x − a))(ξ) = f (x − a)e−2iπhx,ξi dx
Z Rn
= f (y)e−2iπhy+a,ξi dy
Rn
= e−2iπha,ξi fb(ξ)
v)
Z
F (f (kx)) (ξ) = f (kx)e−2iπhx,ξi dx
n
ZR
y 1
= f (y)e−2iπh k ,ξi n dy
Rn |k|
1 ξ
= n fb
|k| k
Proposition 4.1.2.
Soit f ∈ L1 (Rn ), continue et admettant une dérivée partielle ∂xj f ∈ L1 (Rn ) 0 ≤ j ≤ n.
Alors
F ∂xj f (ξ) = 2iπξj fb(ξ).
(4.9)
Démonstration.
Pour n = 1, c’est-à-dire Rn = R et ∂xj f = f 0 , on a
Z Z
+∞
F(f )(ξ) =
0 0 −2iπxξ
dx = f (x)e−2iπxξ −∞ + 2iπξf (x)e−2iπxξ dx.
f (x)e
R R
Z x
Or f (x) = f (0) + f 0 (u)du.
0
Comme f 0 ∈ L1 (R), f (x) a bien une limite finie pour x → ±∞, à savoir
Z ±∞
f (±∞) = f (0) + f 0 (u)du.
0
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Transformation de Fourier des fonctions 55
Mais cette limite ne peut être non nulle sans quoi f ne serait pas dans L1 (R). Ainsi
f (−∞) = f (+∞) = 0.
Z
D’où le résultat F(f )(ξ) = 2iπξ
0
f (x)e−2iπxξ dx = 2iπξ fb(ξ).
R
Remarque 4.1.2.
Plus généralement, si f admet des dérivées partielles Dα f ∈ L1 (Rn ) jusqu’à l’ordre m,
c’est-à-dire α = (α1 , · · · , αn ) ∈ Nn et |α| = α1 + · · · + αn ≤ m, alors
Proposition 4.1.3.
Soit f ∈ L1 (Rn ) telle que xj f ∈ L1 (Rn ), 0 ≤ j ≤ n. Alors fb est dérivable par rapport à
sa j-ième variable et
∂ fb
(ξ) = F(−2iπxj f )(ξ). (4.11)
∂ξj
Démonstration.
Il est possible de dériver sous le même signe somme si l’intégrale obtenue est uniformément
convergente par rapport à ξ. Cela est le cas puisque xj f ∈ L1 (Rn ). Ainsi
Z
∂ fb ∂
e−2iπhx,ξi f (x) dx = F(−2iπxj f )(ξ).
(ξj ) =
∂ξj Rn ∂ξj
Remarque 4.1.3.
Plus généralement, si xα f ∈ L1 (Rn ) avec α = (α1 , · · · , αn ) ∈ Nn et xα = xα1 1 · · · · · xαnn ,
alors Dα fb existe et
Dα fˆ(ξ) = F ((−2iπx)α f ) (ξ). (4.12)
Proposition 4.1.4.
Soient f et g deux fonctions de L1 (Rn ). Alors f ∗ g ∈ L1 (Rn ) et
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 56
Démonstration.
On sait déjà que f ∗ g ∈ L1 (Rn ) (voir cours d’analyse fonctionnelle, chapitre sur les
espaces Lp (Rn )).
On a
Z Z
F(f ∗ g)(ξ) = f (x)g(t − x)dx e−2iπht,ξi dt
Rn Rn
Exemple 4.1.5.
La fonction porte Π de largeur 1 définie dans l’Exemple4.1.1 est telle que
1 − |t| si |t| ≤ 1
Π ∗ Π(t) = Λ(t) =
0
sinon
Nous avons vu dans l’Exemple4.1.1 que la transformée de Fourier n’était pas une
application de L1 (Rn ) dans lui-même. Nous allons à présent définir l’espace S(Rn ) dans
lequel la transformation de Fourier est un isomorphisme.
Définition 4.2.1.
L’espace S(Rn ) est l’espace vectoriel des fonctions complexes, sur Rn , indéfiniment
1
dérivables, décroissant quand |x| → +∞, plus rapidement que toute puissance de |x|
, ainsi
que chacune de leurs dérivées, c’est-à-dire ∀ ϕ ∈ S(Rn )
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 57
Remarque 4.2.1.
Définition 4.2.2.
Une suite (ϕk )k dans S(Rn ) converge vers ϕ ∈ S(Rn ), si
On a le résultat suivant :
Théorème 4.2.1.
La transformée de Fourier est un isomorphisme de S(Rn ) dans lui-même.
Théorème 4.2.2.
F et F sont des applications linéaires continues de S(Rn ) dans lui-même. De plus,
c’est-à-dire F ◦ F = F ◦ F = IdS(Rn ) .
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 58
Démonstration.
b = ξ α (−2iπ)|β| (x
ξ α Dβ ϕ(ξ) \ β ϕ)(ξ) = (−2iπ)|β| ξ α (x
\ β ϕ)(ξ)
= (−2iπ)|β| (2iπ)−|α| D\
α (xβ ϕ)(ξ) d’après la Remarque4.1.2
Donc
Z
cj
L∞ ≤ (2π)|β|−|α|
α β
α β
ξ D ϕ D (x ϕj (x)) dx
n
ZR
≤ (2π)|β|−|α| (1 + |x|2 )−n−1 (1 + |x|2 )n+1 Dα (xβ ϕj (x)) dx
Rn
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 59
iii) F · F = F · F = IdS(Rn )
Il s’agit de montrer que
Z Z
∀ϕ ∈ S(R ), n
ϕ(x) = e2iπhx,ξi
e−2iπhy,ξi
ϕ(y)dy dξ (4.17)
Rn Rn
Lemme 4.2.1.
∀ϕ et ψ ∈ S(Rn ), on a
Z Z
2iπhx,ξi
e ϕ(ξ)ψ(ξ)dξ
b = ϕ(x + y)ψ(y)dy
b (4.18)
Rn Rn
et
Z Z
2iπhx,ξi
ψ(0) e ϕ(ξ)dξ
b = ϕ(x) ψ(y)dy
b (4.19)
Rn Rn
Démonstration.
Z Z Z
2iπhx,ξi 2iπhx,ξi −2iπhy,ξi
• Posons I = e ϕ(ξ)ψ(ξ)dξ
b = e ψ(ξ)dξ e ϕ(y)dy
Rn Rn Rn
2iπhx,ξi
I est bien définie, car les applications e , ϕ et ψ ainsi que leurs produits sont dans
S(Rn ). De plus
(ξ, y) 7−→ e−2iπhx−y,ξi ϕ(y)ψ(ξ) ∈ L1 (R2n ).
D’où (4.18).
• Pour établir (4.19), on se donne ε > 0 et on considère la suite ψε (ξ) = ψ(εξ).
Z Z
−2iπhy,ηi −2iπhy, σε i dσ 1 by
On a ψε (y) =
c e ψ(εη)dη = e ψ(σ) n = n ψ .
Rn Rn ε ε ε
En remplaçant ψ par ψε dans (4.18), on a ∀ε > 0
Z Z Z
2iπhx,ξi 1 y
e ϕ(ξ)ψ(εξ)dξ
b = ϕ(x + y) n ψb dy = ϕ(x + εz)ψ(z)dz.
b
Rn Rn ε ε Rn
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 60
D’où (4.19).
Lemme 4.2.2.
On a
n
−|x|2 2 |ξ|2
F e (ξ) = π 2 e−π . (4.20)
Démonstration.
2 2
En effet, pour n = 1, on a en prenant ψ(x) = e−x , ψ 0 (x) = −2xe−x
c’est-à-dire ψ est solution de l’équation différentielle : ψ 0 + 2xψ = 0.
1
Ainsi ψb est solution de l’équation : 2iπξ ψb − ψb0 = 0
iπ
2 b 0
c’est-à-dire 2π ξ ψ(ξ) + ψ = 0.
b
−π 2 ξ 2
Donc ψ(ξ)
b = ψ(0)e
b .
√
Z Z
−x 2 −2iπx·0 2
Or ψ(0)
b = e e dx = e−x dx = π.
Rn √
R
Ainsi pour n = 1, F(e−x )(ξ) = πe−π ξ .
2 2 2
2 2 2
Pour n ∈ N∗ , quelconque, e−|x| = e−x1 ···xn ,
donc F e −|x|2 b = π n2 e−π2 |ξ|2 .
(ξ) = ψ(ξ)
D’où (4.20).
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 61
Z
Ainsi, pour ψ(x) = e −|x|2 b = π n2 e−π2 |ξ|2 et
, on a ψ(ξ) ψ(y)dy
b = 1.
Rn
En reprenant ces résultats dans (4.19), on obtient
Z
e2iπhx,ξi ϕ(ξ)dξ
b = ϕ(x)
Rn
Théorème 4.2.3.
∀ϕ et ψ ∈ S(Rn ), on a :
Z Z
ϕψdξ
b = ϕψdy
b valable aussi dans L1 (Rn ) (4.21)
Rn Rn
Z Z
ϕψdx = ϕ
bψdξ
b (4.22)
Rn Rn
ϕψ ∈ S et ϕψ b ∗ ψb
c =ϕ (4.23)
ϕ ∗ ψ ∈ S et ϕ[
∗ψ =ϕ
b · ψb (4.24)
Démonstration.
• (4.21) : On prend x = 0 dans (4.18).
• (4.22) : dans (4.21), on prend ϕ1 = ϕ b et ψ1 = ψ.
Z Z
Alors ϕ = Fϕ1 et ϕ1 ψ1 dx = Fϕ1 · ψ
cdξ.
1
Rn n
RZ
Christian
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Espace S(Rn ) des fonctions indéfiniment dérivables dont toutes les dérivées sont à
décroissance rapide 62
[
c’est-à-dire ϕ c1 ∗ ψ
1 ψ1 = ϕ
c1 .
Théorème 4.2.4.
D(Rn ) est dense dans S(Rn ).
Démonstration.
Soit ϕ ∈ S(Rn ).
1 si |x| ≤ 1
On considère une fonction de D(Rn ) telle que χ(x) =
0 si |x| ≥ 2
On définit la suite χj , j ∈ N∗ par :
x 1 si |x| ≤ j
χj (x) = χ =
j
0 si |x| ≥ 2j
Soit γ ∈ Nn , γ 6= 0. On a
γ γ 1
x γ
D (χj − 1) = D χj = |γ| D χ
j j
Christian
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Transformation de Fourier des distributions tempérées 63
α β
x D (ϕj − ϕ)
∞ n =
xα Dβ (ϕj − ϕ)
∞
L (R ) L ({|x|≤j}∪{|x|>j})
α β
α β
≤ max x D (ϕj − ϕ) L∞ ({|x|≤j}) , x D (ϕj − ϕ) L∞ ({|x|>j}) −−−−→ 0
j−→∞
rées
= hf (x), ϕ(x)i
b (4.26)
Malheureusement, cette définition n’est pas acceptable pour tout T ∈ D0 (Rn ). En effet, elle
b soit dans D(Rn ). Or si ϕ ∈ D(Rn ), ϕ
impose que ϕ b∈/ D(Rn ) (on le verra dans le Corollaire
), sauf si ϕ ≡ 0.
Ainsi, la transformée de Fourier d’une distribution quelconque T ∈ D0 (Rn ) n’existe pas.
Cependant, la définition que nous voulons adopter conviendrait pour ϕ ∈ S(Rn ), car alors
b ∈ S(Rn ).
ϕ
Nous allons donc utiliser des distributions particulières agissant sur S(Rn ).
Christian
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Transformation de Fourier des distributions tempérées 64
Définition 4.3.1.
On appelle distribution tempérée une distribution T , c’est-à-dire une fonctionnelle linéaire
continue sur D(Rn ), qui soit prolongeable en une forme linéaire continue sur S(Rn ).
Remarque 4.3.1.
• Si T ∈ S0 (Rn ), alors hT, ϕi a un sens pour tout ϕ ∈ D(Rn ), mais aussi pour tout
ϕ ∈ S(Rn ), car D(Rn ) est dense dans S(Rn ).
Exemple 4.3.1.
Soit f ∈ L1 (Rn ). Alors f définit une distribution régulière tempérée. On dit aussi que f
est une fonction tempérée.
Démonstration.
En effet, si ϕ ∈ S(Rn ), alors ∃M > 0 tel que |ϕ(x)| < M et
Z
n f (x)ϕ(x)dx ≤ kf kL1 (Rn ) kϕkL∞ (Rn ) .
R
Exemple 4.3.2.
Soit f une fonction à croissance lente c’est-à-dire, f est telle que
∃A > 0, ∃k ∈ N tels que |f (x)| ≤ A|x|k pour |x| → +∞.
Alors f définit une distribution régulière tempérée si f ∈ L1loc (Rn ).
Démonstration.
B
Soit ϕ ∈ S(Rn ), donc il existe un réel B > 0 tel que |ϕ(x)| ≤ .
|x|k+2+n
AB
Pour |x| → +∞, on a donc |f (x)ϕ(x)| ≤
|x|2+n
qui est intégrable sur tout ensemble |x| ≥ C, C > 0.
En particulier une fonction f bornée est tempérée.
Exemple 4.3.3.
Toute distribution T à support borné est une distribution tempérée,
c’est-à-dire E0 (Rn ) ⊂ S0 (Rn ).
Christian
c TATHY Cours de distributions
Transformation de Fourier des distributions tempérées 65
Démonstration.
En effet, une telle distribution est une fonctionnelle linéaire et continue sur
E(Rn ) = C∞ (Rn ), donc en particulier sur S(Rn ) ⊂ E(Rn ).
Exemple 4.3.4.
Soit f ∈ Lp (Rn ), 1 ≤ p ≤ ∞. Alors f définit une distribution régulière tempérée,
c’est-à-dire Lp (Rn ) ⊂ S0 (Rn ), 1 ≤ p ≤ ∞.
Démonstration.
En effet, si ϕ ∈ S(Rn ), alors ϕq ∈ C∞ (Rn ) ∀q ≥ 1, et
Z Z
q 1
(1 + |x|2 )(n+1)q ϕq (x) dx
|ϕ| dx = 2 (n+1)q
Rn n (1 + |x| )
RZ
1
(1 + |x|2 )(n+1)q ϕq
∞
≤ 2 (n+1)q
dx L
Rn (1 + |x| )
Remarque 4.3.2.
D’après la Définition4.3.1 et la Définition4.2.2, une distribution tempérée peut être
caractérisée de la manière suivante :
T est une fonctionnelle linéaire sur S(Rn ), et si ∃C > 0, α et β ∈ Nn tels que
S(R
α β
∀ϕ ∈ n
), |hT, ϕi| ≤ C sup x D ϕ(x) = C
xα Dβ ϕ(x)
∞ n
L (R )
x∈Rn
T ∈ S0 (Rn ) =⇒
ou encore, ∃C > 0, l et k ∈ N tels que
k X
∀ϕ ∈ S(Rn ), |hT, ϕi| ≤ C sup 1 + |x|2 kDα ϕ(x)kL∞ .
n x∈R
|α|≤l
Proposition 4.3.1.
Soit T ∈ S0 (Rn ). Alors
Christian
c TATHY Cours de distributions
Transformation de Fourier des distributions tempérées 66
i) ∀αNn , xα T ∈ S0 (Rn )
ii) ∀β ∈ Nn , Dβ T ∈ S0 (Rn )
Autrement dit, les distributions tempérées sont stables par multiplication par des polynômes
et par dérivation.
Démonstration.
Exemple 4.3.5.
2
Sur R, les fonctions ex , Y (x)ex et ex ne définissent pas des distributions tempérées.
Définition 4.3.2.
Soit T ∈ S0 (Rn ). On appelle transformée de Fourier de T , la distribution notée FT ou
Tb définie par
∀ϕ ∈ S(Rn ), hTb, ϕi = hT, ϕi.
b
Remarque 4.3.3.
hT, ϕi b ∈ S(Rn ), de plus Tb est linéaire.
b a un sens car ϕ
Si (ϕj )j est une suite de S(Rn ) tendant vers 0, alors (c
ϕj )j est aussi une suite de S(Rn )
tendant vers 0(confère la Démonstration du Théorème4.2.2). Donc Tb est continue sur S(Rn ),
c’est-à-dire T ∈ S0 (Rn ) =⇒ Tb ∈ S0 (Rn ).
Définition 4.3.3.
Soit T ∈ S0 (Rn ). On définit la transformée FT par
Christian
c TATHY Cours de distributions
Transformation de Fourier des distributions tempérées 67
Remarque 4.3.4.
On a ∀T ∈ S0 (Rn ), FT = F Ť
Théorème 4.3.1.
La transformation de Fourier F est un isomorphisme de S0 (Rn ) dans lui-même, d’in-
verse F,
∼
c’est-à-dire F : S0 −→ S0 et FF = FF = IdS0 (Rn ) .
Démonstration.
b ∈ S(Rn ), on a
Pour ψ = ϕ
Christian
c TATHY Cours de distributions
Transformation de Fourier des distributions tempérées 68
Corollaire 4.3.1.
Tb = 0 =⇒ T = 0.
Démonstration.
En effet, T = FTb = F0 = 0.
Proposition 4.3.2.
Soit T ∈ S0 (Rn ). Alors
1
ii) ∀α ∈ Nn , F(xα T ) = Dα FT (4.28)
(−2iπ)|α|
iii) ∀a ∈ Rn , F (τa T ) = e−2iπha,ξi F(T ) (4.29)
iv) ∀a ∈ Rn , F e2iπhx,ai T = τa FT
(4.30)
Démonstration.
i) On a ∀ϕ ∈ D(Rn ),
hF (Dα T ) , ϕi = hDα T, ϕi
b
= (−1)|α| hT, Dα ϕi
b
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Transformation de Fourier des distributions tempérées 69
v) On a ∀ϕ ∈ S(Rn ),
hM
[ ∗ T , ϕi = hM ∗ T, ϕi
b = hT, ϕ b ◦ M i et
Z
ϕ(M
b (ξ)) = e−2iπhx,M (ξ)i ϕ(x)dx avec y = M −1 x, hx, M (ξ)i = hy, ξi
n
ZR
= e−2iπhy,ξi ϕ(M y) |det M | dy
Rn | {z }
=1
= F (ϕ ◦ M ) (ξ)
Donc hM
[ ∗ T , ϕi = hT, ϕ
\ ◦ M i = hTb, ϕ ◦ M i = hM ∗ Tb, ϕi
c’est-à-dire F (M ∗ T ) = M ∗ FT .
vi) On a ∀ϕ ∈ S(Rn ),
∗ ∗
hH
[λ T , ϕi = hHλ T, ϕi
b = hT, ϕ b ◦ Hλ i et
Z
b ◦ Hλ ) (ξ) =
(ϕ e−2iπhx,λξi ϕ(x)dx avec y = λx
R n
Z y 1
= e−2iπhy,ξi ϕ dy
Rn λ |λ|n
1
= F ϕ ◦ H 1 (ξ)
|λ|n λ
On en déduit le résultat.
Exemple 4.3.6.
1=δ
b
Démonstration.
∀ϕ ∈ S(Rn ),
Z
h1, ϕi = h1, ϕi
b b = ϕ(ξ)dξ
b
Z Rn
= e2iπhξ,0i ϕ(ξ)dξ
b
Rn
= Fϕ(0)
b = ϕ(0)
= hδ, ϕi
c’est-à-dire hb
1, ϕi = hδ, ϕi.
D’où 1 = δ.
b
Christian
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Transformation de Fourier des distributions tempérées 70
Remarque 4.3.5.
La transformée de Fourier d’une fonction (prise au sens des distributions) coïncide avec
la transformée de Fourier des fonctions si elle existe.
Exemple 4.3.7.
On a ∀ϕ ∈ S(Rn ),
Z
hδ,
b ϕi = hδ, ϕi
b = ϕ(0)
b = ϕ(x)dx = h1, ϕi (4.34)
Rn
D’où δb = 1.
Exemple 4.3.8.
Soit la fonction définie sur R par f (x) = 1.
f est localement intégrable et à croissance lente, donc f ∈ S0 (R).
Considérons la transformée de Fourier de sa dérivée. On a
Ainsi dans R,
1 = δ.
b
Démonstration.
La démonstration de l’Exemple4.3.8 n’est pas valable dans Rn , n > 1.
Christian
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Transformation de Fourier des distributions tempérées 71
Lemme 4.3.1.
Z
1 n 1 x
Soit G ∈ L (R ) telle G(x)dx = 1. On pose Gε (x) = G ε
.
Rn εn
Alors Gε −−−→ δ dans S (R ).
0 n
ε−→0
Démonstration.
En effet, après un changement de variable y = xε , ε > 0, on a
Z
hGε , ϕi = ϕ(0) + G(y) (ϕ(εy) − ϕ(0)) dy ∀ϕ ∈ S(Rn ).
Rn
1 2 2
avec ∀z ∈ Rn , G(z) = n e−π |z| .
Z π 2
1
On a G(z)dz = 1 et ε
n G ξ
(ε)
−−−→ δ dans S0 (Rn )
Rn π ε−→0
π
après avoir utilisé le Lemme4.3.1.
Donc
2 2
lim+ F e−ε |x| = δ dans S0 (Rn ). (4.36)
ε→0
1 dans S0 (Rn ).
2 |x|2
Or e−ε −−−−→
+
ε−→0
Donc
2 2
F e−ε |x| −−−−→
+
1 dans S0 (Rn ).
b (4.37)
ε−→0
Remarque 4.3.6.
L’exemple précédent montre que la transformée de Fourier d’une fonction n’existe pas
toujours au sens des fonctions.
Christian
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Transformation de Fourier dans L2 (Rn ) 72
Théorème 4.4.1.
La transformée de Fourier F : L2 (Rn ) −→ L2 (Rn ) est une isométrie bijective
d’inverse F, c’est-à-dire
De plus, on a
Z
fb(ξ) = lim e−2iπhx,ξi f (x)dx (4.39)
k→∞ |x|≤k
Démonstration.
bk −→ fb dans S0 (Rn ).
ϕ (4.41)
Christian
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Transformation de Fourier dans L2 (Rn ) 73
Proposition 4.4.1.
Soit m > 0 et f ∈ S0 (Rn ). Alors il existe une unique distribution U ∈ S0 (Rn ) telle que
mU − ∆U = f. (4.43)
Christian
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Transformation de Fourier dans E0 (Rn ) 74
donc à
1
u
b= fb.
(m + |ξ|2 )
cette dernière relation montre que, pour tout f ∈ S0 (Rn ), l’équation (4.43) admet une
solution unique U ∈ S0 (Rn ) et que U ∈ S(Rn ) lorsque f ∈ S(Rn ).
Si α ∈ Nn , |α| ≤ 2 et f ∈ L2 (Rn ), alors
(2iπξ)α b
F (Dα U ) = (2iπξ)α U
b= f ∈ L2 (Rn ).
m + |ξ|
Remarque 4.4.1.
La Proposition4.4.1 n’est pas valable pour m = 0.
Nous savons d’après l’Exemple4.3.3 que E0 (Rn ) ⊂ S0 (Rn ). Donc Tb a un sens pour tout
T ∈ E0 (Rn ). Nous allons donner une caractérisation de Tb lorsque T ∈ E0 (Rn ).
Théorème 4.5.1.
Soit T ∈ E0 (Rn ). Alors Tb ∈ C∞ (Rn ) et on a
Démonstration.
• On a d’une part T ∈ E0 (Rn ). D’autre part e−2iπhx,ξi est une fonction indéfiniment
dérivable en x et en ξ. Pour ξ ∈ Rn fixé, on peut donc calculer
Christian
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Transformation de Fourier dans E0 (Rn ) 75
= hhTx , e−2iπhx,ξi i, ϕi
= hV (ξ), ϕi
Corollaire 4.5.1.
Si T ∈ E0 (Rn ) et T = / E0 (Rn ) c’est-à-dire
6 0, alors Tb ∈ E0 (Rn ) ∩ F (E0 (Rn )) r {0} = ∅.
Démonstration.
En effet T ∈ E0 (Rn ), alors Tb se prolonge en transformée de Fourier-Laplace Te qui est
une fonction holomorphe entière sur Cn . Elle ne peut donc être à support borné sans être
nulle.
Théorème 4.5.2.
Soient S ∈ E0 (Rn ) et T ∈ S0 (Rn ). Alors S ∗ T ∈ S0 (Rn ) et
∗ T = Sb · Tb.
S[ (4.46)
Démonstration.
S ∗ T est bien définie car S est à support compact.
Christian
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Transformation de Fourier dans E0 (Rn ) 76
|hT, ϕi| ≤ C sup xγ Dβ ψ(x) .
x∈Rn
Ainsi
X
|hT ∗ S, ϕi| = |T, ψi| ≤ C
e sup |xγ Dα ϕ(x + y)|
x∈Rn
|α|≤k+|β| y∈K
c’est-à-dire T ∗ S ∈ S0 (Rn ).
• Établissons (4.46).
Considérons d’abord S ∈ D(Rn ) et T ∈ S0 (Rn ). On a ∀ϕ ∈ S(Rn ),
hS[
∗ T , ϕi = hS ∗ T, ϕi
b
= hT, Š ∗ ϕi
b
= hFFT, Š ∗ ϕi
b
∗ T = Sb · Tb ∀S ∈ D(Rn ) et ∀T ∈ S0 (Rn ).
D’où S[
Soient à présent S ∈ E0 (Rn ), T ∈ S0 (Rn ) et χ ∈ D(Rn ).
On a χ ∗ (S ∗ T ) = (χ ∗ S) ∗ T , car deux des trois distributions sont dans E0 (Rn ).
De plus, S ∗ T ∈ S0 (Rn ) et χ ∗ S ∈ D(Rn ).
Christian
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Transformation de Fourier dans E0 (Rn ) 77
Théorème 4.5.3.
Soit F (ζ) une fonction entière sur Cn .
i) Théorème de Paley-Wiener :
Pour que F soit la transformée de Fourier-Laplace d’une fonction ϕ ∈ D(Rn ) avec
suppϕ ⊂ B(O, R), R > 0, il faut et il suffit que :
∃N ∈ N, ∃C(N ) > 0 tels que
(4.47)
|F (ζ)| ≤ C(N ) (1 + |ζ|)−N e2πR|Imζ| .
Démonstration.
C’est une fonction holomorphe que nous pouvons dériver sous l’intégrale.
Z
n
Ainsi, ∀β ∈ N , e−2iπhx,ζi Dβ ϕ(x)dx = D
g β ϕ(ζ) = (2iπξ)β ϕ(ζ).
e
Rn
Donc
Z
|β|
≤ max e−2iπhx,ζi
β
β
(2π) |ζ | |ϕ(ζ)|
e D ϕ(x) dx.
|x|≤R |x|≤R
Christian
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Transformation de Fourier dans E0 (Rn ) 78
Si on pose ζ = ξ + iη ∈ Cn , alors
−2iπhx,ζi
e = e2πhx,ηi ≤ e2π|x||η| ≤ e2πR|η| = e2πR|Imζ| .
β
(2π)|β| |ζ||β| |F (ζ)| ≤ e2πR|Imζ|
R
Donc ∀β ∈ Nn , |x|≤R
D ϕ(x) dx.
On en déduit (4.47).
On peut alors utiliser la partie réciproque de i) de Paley-Wiener, donc Tbj (ζ) est la
transformée de Fourier-Laplace d’une fonction ϕj ∈ D(Rn ), suppϕj ⊂ B(O, R + 1j )
pour j fixé. Par F, on a ϕj = Tj .
Par passage à la limite, on a Tj −−−−→ T dans D0 (Rn ).
j−→∞
Christian
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Transformation de Fourier dans E0 (Rn ) 79
Christian
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