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Conception des unités

de production ou de transformation
par Jacques PIGNAULT
Consultant. Docteur ingénieur
Industries du Vivant. Eurisys Consultants
et Laurent SOHIER
Consultant. Docteur ès sciences
Industries du Vivant. Eurisys Consultants

1. Problématique des industries agroalimentaires .............................. F 1 250 - 2


1.1 Élaborer des produits constants à partir
de matières vivantes fluctuantes ................................................................ — 2
1.2 Adapter en permanence l'outil industriel aux évolutions des produits... — 2
1.3 Maîtriser les risques alimentaires pour garder
la confiance des consommateurs ............................................................... — 3
2. Objectifs et enjeux de la démarche qualité ...................................... — 3
2.1 Qualité réglementaire et qualité compétitive............................................. — 3
2.2 Minimiser les risques ................................................................................... — 3
3. Présentation de la démarche qualité ................................................. — 4
3.1 Comité de qualification ................................................................................ — 4
3.2 Déroulement et points clés d'un projet agroalimentaire ......................... — 4
3.3 Risques et principaux écueils à éviter ........................................................ — 5
4. Bien poser le problème au départ ........................................................ — 5
4.1 Données de base sur le produit .................................................................. — 5
4.2 Données de base sur les procédés de transformation.............................. — 5
4.3 Données de base environnementales ........................................................ — 5
4.4 Données de base économiques .................................................................. — 5
4.5 Contraintes et exigences.............................................................................. — 5
4.6 Mise en forme des données de base .......................................................... — 7
5. Cahier des charges fonctionnel............................................................ — 7
5.1 Analyse des risques ..................................................................................... — 7
5.2 Expression des besoins ............................................................................... — 8
5.3 Utilisation du cahier des charges fonctionnel............................................ — 8
6. Conception de l'outil ............................................................................... — 9
6.1 Différents types de solutions....................................................................... — 9
6.2 Recherche des solutions .............................................................................. — 10
6.3 Faisabilité technique et économique des solutions .................................. — 10
7. Dossier final de conception ................................................................... — 10
7.1 Contenu ......................................................................................................... — 10
7.2 Utilisation du dossier ................................................................................... — 11
8. Comment réaliser et mettre en service
les nouvelles installations ?................................................................... — 11
8.1 Phase de réalisation et de mise en service ................................................ — 11
8.2 Études détaillées........................................................................................... — 12
8.3 Approvisionnements.................................................................................... — 12
8.4 Exécution....................................................................................................... — 14
9. Dossier de qualification .......................................................................... — 14
9.1 Contenu du dossier de qualification ........................................................... — 14
9.2 Utilisation du dossier de qualification ........................................................ — 14
9.3 Veille technologique et veille réglementaire.............................................. — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. F 1 250

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CONCEPTION DES UNITÉS DE PRODUCTION OU DE TRANSFORMATION ___________________________________________________________________________

L es industriels de l'agroalimentaire sont confrontés à des problèmes spécifi-


ques. Ils doivent d'abord élaborer des produits de goûts et de textures
constants à partir de matières premières vivantes fluctuantes. Ils doivent ensuite
adapter en permanence leurs outils de production à une rapide évolution des
produits dans leur recette et leur présentation. Ils doivent enfin maîtriser les
risques inhérents au caractère périssable de leurs produits pour maintenir la
confiance des consommateurs.
La démarche qualité appliquée à la conception et l'exploitation des outils est la
seule voie permettant de produire des aliments conciliant sécurité et saveur au
sens latin du terme. La qualification des outils de production est une méthode
industrielle de projet. Appliquée aux industries agroalimentaires, elle permet de
minimiser les risques pour l'entreprise tout en protégeant les consommateurs.
La méthode est basée sur la mise en place d'une équipe appelée « groupe de
qualification » chargée de veiller au bon déroulement des projets de création ou
d'amélioration d'outils. Pour assurer la qualité des outils, le groupe valide, étape
par étape, les différentes phases du projet et examinent leur conformité avec les
objectifs et les besoins de l'entreprise. Ce groupe participe également à l'expres-
sion des besoins et doit, par conséquent, être composé de personnes représen-
tant les différentes compétences et le savoir-faire de l'entreprise.
La présentation de la méthode met l'accent sur des tendances classiques à
éviter : le concepteur d'outil isolé au même titre que le développeur de recettes,
l'arrêt d'un projet suite à des retours en arrière et à une évolution du produit plus
rapide, le choix de solutions matérielles ou de procédures toutes faites ne répon-
dant pas forcément aux besoins spécifiques de l'entreprise.
Le meilleur outil est en fait celui qui « colle » aux besoins des concepteurs, des
développeurs de produits, de la qualité produit, des financiers et des utilisateurs.
La qualification est une démarche permanente qui s'exerce sur toute la durée de
vie de l'outil. Les documents validés par le groupe de qualification fournissent à
l'entreprise une mémoire de l'outil et des procédures qui peut, à tout instant,
être améliorée pour suivre l'évolution des produits.
Précisons que le présent article s’attache davantage à la méthode qu’aux
aspects contractuels et juridiques.

1. Problématique d’ouvrir la réflexion à l’ensemble des dimensions de l'entreprise


(technique, commerciale, sociale et financière). Soulignons que,
des industries dans le cadre de la mondialisation des marchés et de la suppression
des barrières douanières en Europe, les labels et les appellations
agroalimentaires d’origine constituent des alternatives efficaces pour limiter l’accès
des marchés et les préserver.

1.1 Élaborer des produits constants


à partir de matières vivantes 1.2 Adapter en permanence l'outil
fluctuantes industriel aux évolutions des produits
La nourriture satisfait l’un des besoins les plus fondamentaux des La vision globale et intégratrice à tous les niveaux est de plus en
hommes et, à ce titre, il existe une relation affective entre les ali- plus une condition de réussite. Aux objectifs capacitifs se substi-
ments et les consommateurs. La problématique des industries agro- tuent progressivement des objectifs de différenciation et d’adapta-
alimentaires est en conséquence très spécifique. Pour concilier les tion qualitative, du fait de la saturation de la demande de masse.
images de saveur et de sécurité que demande le marché, les indus- C’est ainsi, par exemple, que l’adaptation des outils industriels
triels doivent fabriquer des produits frais, naturels, constants, repro- nécessite plus de modernisations d’unités existantes que de créa-
ductibles et de plus en plus sophistiqués à partir de matières tions de nouvelles usines. Encore faut-il constater que la modernisa-
vivantes et fluctuantes. À ce défi s’ajoutent les contraintes de sai- tion a des limites et que la nécessaire remise à plat préalable à toute
sonnalité et de concurrence. décision d’investissement peut conduire à préférer créer de nou-
On constate, par ailleurs, que l’évolution des marchés rend néces- veaux outils, en particulier pour des raisons de positionnement géo-
saire la distribution d’un nombre sans cesse croissant d’articles dont graphique (proximité des matières premières ou des marchés), de
la durée de vie commerciale est de plus en plus courte. Dans ce coût de remise à niveau technique ou de taille critique sociale.
cadre, la pérennité de l'entreprise passe par une dynamique d’adap- Quelles sont aujourd’hui les clefs d’accès à la performance écono-
tation permanente de ses ressources. mique que visent les entreprises agroalimentaires ? Force est de
Ces actions d’adaptation s’exercent dans un contexte concurren- constater tout d’abord que la saturation de la demande de masse et
tiel, normatif, réglementaire et médiatique difficile, nécessitant la forte intensité de la concurrence font que la réduction des prix est

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de moins en moins un facteur d’élargissement des marchés. La pro- La qualité mininale des produits et des outils de production impo-
ductivité seule ne permet plus de combiner marges, chiffres d’affai- sée par les réglementations des différents pays est généralement à
res et pérennité de l’entreprise. Elle doit être complétée par la l’origine d’une démarche de qualité volontaire que s’impose l’entre-
création de valeur. Les clefs d’accès majeures à la création de valeur prise pour ses produits, dans un souci de compétitivité commer-
sont l’innovation et la transversalité. ciale. On peut classer dans cette catégorie :
L’innovation produit va de plus en plus de pair avec l’innovation — la qualité organoleptique des matières premières et des
technique et organisationnelle. L’analyse des tendances montre produits ;
qu’aujourd’hui, les axes d’innovation les plus porteurs de valeur — la qualité de conservation des produits ;
ajoutée concernent la flexibilité de l'outil de production et les — la qualité du conditionnement ;
méthodes de production ultrapropres. — la qualité des technologies de traitement des matières ;
La transversalité se définit comme une association de cœurs de — la qualité des technologies de traitement des rejets ;
métiers complémentaires avec partage d’activités communes. Elle — l’ergonomie des postes de travail.
constitue une voie permettant d’augmenter la valeur des produits et En France et dans les pays latins, le goût des consommateurs se
services rendus aux consommateurs, de réduire les coûts de pro- dirige depuis quelques années vers des produits frais et naturels
duction et de distribution tout en augmentant la flexibilité des res- dont les composants du type arôme, vitamines, oligo-éléments et
sources par le partage. colorants naturels sont peu dénaturés par les technologies de
décontamination ou par des additifs de conservation. Pour ce type
de produits qui s'accommode mal d'une stérilisation terminale, la
décontamination s’effectue généralement au niveau des premiers
1.3 Maîtriser les risques alimentaires stades de transformation des matières premières. Cette tendance, si
pour garder la confiance elle ne change pas les règles de qualité imposées, a incité les indus-
triels à développer des méthodes de conception et d'exploitation
des consommateurs d’outils de production (équipements, ateliers, lignes, usines) per-
mettant de garantir l’obtention de produits conformes à l’ensemble
Il faut en dernier lieu souligner une spécificité importante liée à la des objectifs de qualité définis par l’entreprise pour répondre au
notion de risque alimentaire qui a sensiblement évolué depuis goût des consommateurs et aux contraintes réglementaires.
quelques années. Les produits fabriqués sont de plus en plus sûrs et En particulier, des méthodes de production ultrapropres sont
contrôlés, mais la mondialisation des marchés et la médiatisation apparues pour garantir non seulement le respect de l’hygiène régle-
de l’information renforcent considérablement l’impact d’une mentaire, mais également des durées de conservation et de main-
défaillance, qu’elle soit réelle ou imaginaire. Les conséquences de tien des qualités gustatives compatibles avec les délais de
cette évolution sont redoutables pour les marques car, en cas de présentation de la grande distribution. Ces méthodes vont plus loin
défaillance constatée ou présumée sur un produit, elles perdent que les méthodes imposées par les réglementations européennes
toute crédibilité vis-à-vis des consommateurs. De plus, la perte de (Directive CEE 93/43 du 14 juin 1993) comme l’HACCP (Hazard Ana-
confiance des consommateurs en une marque a des répercussions lysis at Critical Control Points) d’origine anglo-saxonne. En effet, la
sur l’ensemble du secteur agroalimentaire : c’est l’image de l’ali- méthode HACCP permet d’identifier des étapes critiques (c’est-à-
mentation industrielle qui est en cause. Les entreprises sont ainsi dire présentant un risque hygiénique pour le consommateur) dans
amenées non seulement à fabriquer des produits sûrs, mais encore une chaîne de transformation de matières alimentaires existante et
à pouvoir le démontrer auprès de leurs clients, de l’administration d’établir, pour ces étapes, des procédures de maîtrise des risques.
et, en cas de problème majeur, de la justice. La méthode HACCP ne permet pas, par contre, de concevoir un outil
La mise en œuvre des procédures et contrôles pour la traçabilité de production sans étapes critiques en partant d’un produit dont les
des produits permet d’augmenter considérablement la sûreté ali- qualités microbiologiques ont été définies pour garantir une durée
mentaire des produits mis sur le marché. En revanche, du fait de la de conservation optimale.
fragilité des denrées alimentaires, de la complexité des circuits de Dans les pays anglo-saxons, la démarche qualité agroalimentaire
distribution et de la diversité des micro-organismes, la probabilité a pour objectif principal le respect des règles d’hygiène qui implique
d’occurrence d’un risque ne peut raisonnablement être considérée l'élimination des dangers dus aux germes pathogènes. Dans ces
comme nulle. La traçabilité des produits permet alors d’en limiter pays, les industries agroalimentaires privilégient la stérilisation ter-
les conséquences dans le cadre d’une gestion de crise. minale des aliments dans l’emballage. Cela permet de transformer
les matières en amont sans précautions particulières. Dans la
méthode HACCP, les étapes en amont de la stérilisation sont en effet
considérées comme des étapes sans risques pour le produit fini.
2. Objectifs et enjeux Cette démarche a pu conduire à des accidents remarquables quand
de la démarche qualité une usine conçue pour un produit à stérilisation terminale était utili-
sée pour fabriquer des produits à décontamination initiale des
matières premières comme les produits frais.
2.1 Qualité réglementaire
et qualité compétitive
2.2 Minimiser les risques
Les réglementations nationales ou internationales imposent des La démarche qualité appliquée à la conception, la réalisation et
règles de fabrication et de qualité des produits agroalimentaires. l'exploitation d'une unité de production alimentaire a pour principal
Ces règles s’appliquent principalement : objectif de minimiser les risques puis de garantir la pérennité des
— à la protection des consommateurs : hygiène des produits et marques et des profits. Les principaux risques qui seront maîtrisés
des outils de production ; par la démarche qualité sont les suivants :
— à l’information des consommateurs : étiquettage, mentions — risques pour la santé du consommateur ;
obligatoires, publicité ; — risques pour la santé et la sécurité des travailleurs ;
— à la sécurité des travailleurs : réglementation hygiène et — risques de non-conformité du produit ;
sécurité ; — risques de destruction ou de dégradation de l’outil de
— à la protection de l’environnement : installations classées, production ;
législation sur les emballages. — risques de pollution de l’environnement.

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L’absence de maîtrise de ces risques peut avoir des conséquences Le comité de qualification, selon la taille du projet, pourra aussi
juridiques et financières mettant en danger la rentabilité de l’entre- comprendre un responsable financier de l'entreprise, un repré-
prise et son existence. sentant du marketing produit, un spécialiste réglementation, un
spécialiste sécurité et environnement. Il pourra faire appel occasion-
nellement à des spécialistes internes ou externes en fonction des
documents à valider à chaque étape du projet.

3. Présentation
3.2 Déroulement et points clés
de la démarche qualité d'un projet agroalimentaire
Quatre phases sont observées dans un projet d'amélioration ou
Les produits agroalimentaires ont souvent une durée de vie
de création d'un outil de production :
commerciale considérée comme courte par rapport à d'autres sec-
teurs industriels. Les usines agroalimentaires doivent, par consé- — une phase de définition : il s'agit de bien poser le problème à
quent, améliorer, modifier, ou reconstruire souvent leurs lignes ou résoudre. D'abord, en répertoriant l'ensemble des données de base
unités de production pour faire face à de nouvelles recettes, de nou- immuables du projet (produit, procédés, équipements, environne-
veaux traitements ou même de nouveaux emballages. ment) qui ont déjà fait l'objet d'une décision dans l'entreprise.
Ensuite, en répertoriant les objectifs du projet, qu'ils soient quantita-
Quelles que soient la taille et l'envergure du projet de création ou tifs pour l'outil (capacités de production, cadences, etc.) ou qualita-
d'amélioration d'outil de production, la mise en œuvre d'une démar- tifs pour le produit (qualité organoleptique, qualité microbiologique,
che qualité impose : etc.) ;
— la constitution d'un groupe ou « comité » de qualification — une phase de conception : il s'agit ici de faire des choix parmi
représentatif de la diversité des compétences dans l'entreprise, dont un ensemble de solutions techniques et économiques pour l'outil,
le rôle sera de vérifier que les choix de solutions et les résultats son exploitation et son environnement. Ces choix s'effectuent à par-
d'exploitation obtenus sont conformes aux besoins de l'entreprise ; tir d'une analyse précise des risques, des besoins et des contraintes
— le respect de phases et d'étapes clés qui vont éviter les erreurs, que l'entreprise s'efforcera d'exprimer en termes de performances à
les retours en arrière, les oublis et leurs conséquences en terme de atteindre dans un cahier des charges ;
démotivation et de surcoûts. — une phase de réalisation : c'est la phase d'études détaillées et
de construction matérielle de l'outil de production (bâtiments, espa-
ces, équipements, utilités, etc.) et/ou de définition des procédures
3.1 Comité de qualification d'exploitation (interventions humaines, maintenance programmée,
arrêts accidentels, etc.). Même si cette phase est sous-traitée,
l'entreprise se doit de contrôler et vérifier que la réalisation est con-
Le comité de qualification est un groupe de personnes dont les forme au cahier des charges ;
compétences et les connaissances couvrent au moins les domaines — une phase de mise en exploitation : cette phase débute tou-
techniques et financiers du projet. Le comité de qualification parti- jours par une validation des performances de l'outil et des procédu-
cipe aux analyses et valide les documents initiés par l'équipe de res d'exploitation dans les conditions réelles de production.
concepteurs du projet. Le comité de qualification est classiquement L'exploitation proprement dite implique ensuite un suivi régulier
constitué : des performances qualitatives et quantitatives de l'outil amélioré ou
— du chef de projet ; créé.
— d'un responsable de production ; Les étapes à respecter dans chacune des phases et les documents
— d'un responsable qualité produit ; à produire et valider pour une démarche qualité apparaissent au
— d'un représentant de l'équipe de développement produit. tableau 1.

Tableau 1 – Phases, étapes clés et documents produits lors d’un projet de création
ou d’amélioration d’une unité de production
Phases Étapes Documents
Définition du projet Recueil des données de base et synthèse Données de base du projet
des objectifs du projet
Conception Analyse des risques Cahier des charges
Expression des besoins fonctionnel
Recherche de solutions répondant Énoncé et justification
au cahier des charges des solutions
Choix des solutions Avant-projet sommaire ou dossier final de conception
Réalisation Études détaillées Dossiers de réalisation
Approvisionnements Dossiers de consultation
Exécution Documents de chantier
Réception Rapport du contrôle de conformité
Mise en exploitation Essais fonctionnels Rapport d’essais fonctionnels
Synthèse du projet et qualification Dossier de qualification
Suivi des performances Procédures de suivi
Les documents à faire valider par le comité de qualification apparaissent en grisé.

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3.3 Risques et principaux écueils à éviter Toutes les données sur le produit (description, dimensions, com-
position, caractéristiques physicochimiques, recette) seront consi-
dérées comme données de base si elles sont immuables, c'est-à-
3.3.1 Concepteur isolé dire si elles sont le résultat d'études déjà faites et de décisions déjà
prises.
Partant du principe qu'un groupe de personnes avec des compé- Les objectifs quantitatifs et qualitatifs de production font partie
tences différentes et variées sera plus efficace qu'une seule per- des données de base dans la mesure où ils sont exprimés en
sonne, la démarche qualité ne peut être appliquée à la conception et minima à atteindre et où ils sont immuables.
la réalisation d'un outil par une seule personne. Les objectifs qualitatifs sont particulièrement importants à fixer
Le comité de qualification sera le mieux à même d'exprimer les car ils vont orienter le choix des technologies pour le procédé et les
besoins et contraintes de l'entreprise dans leur diversité et le mieux performances à atteindre. On pourra préciser, par exemple, les
à même de valider les choix effectués. objectifs de qualité microbiologique des matières et du produit à
atteindre en fonction des moyens et des durées de conservation
ciblés.
3.3.2 Retour en arrière
La réussite d'un projet repose sur le respect des étapes et la non-
modification des données de base, des objectifs et des documents 4.2 Données de base sur les procédés
une fois qu'ils ont été validés par le comité de qualification. de transformation
Il paraît primordial de vérifier, en particulier, que les données de
base et les objectifs sont immuables et complets dès le départ du La création ou l'amélioration d'une unité de production peut partir
projet. d'un procédé appliqué à un produit. Dans ce cas, les données de
base comprendront une description du procédé et des étapes de
Dans ce sens, le décisionnaire de l'entreprise chargé de la réalisa- transformation des différentes matières qui entrent dans la compo-
tion du projet doit faire partie du comité de qualification ou être sition du produit.
maintenu informé des validations effectuées à chaque étape.
Les objectifs quantitatifs et qualitatifs liés au procédé seront incor-
porés aux données de base s'ils sont immuables. Il sont alors
3.3.3 Solutions toutes faites dimensionnants pour l'unité à créer ou améliorer.

Certains concepteurs peuvent avoir tendance à se raccrocher à


des solutions connues qui ne correspondent pas nécessairement 4.3 Données de base environnementales
aux besoins du projet ou de l'entreprise, et à se fixer des objectifs
non plus en termes de résultats à atteindre mais en termes de Il s'agit ici de toutes les données immuables sur l'environnement
moyens à mettre en œuvre. des matières au cours du procédé de transformation. Ces données
Cette tendance est illustrée par la consultation prématurée de interviennent dans les projets d'amélioration pour lesquels l'envi-
fournisseurs d'équipements avant de connaître les besoins réels de ronnement (bâtiments, espaces, interfaces) ne sera pas modifié.
l'entreprise. Les fournisseurs orienteront bien entendu l'industriel Pour un projet comportant une modification ou une création de
vers des besoins correspondant aux équipements qu'ils proposent. l'environnement des matières, les données de base regrouperont
Certains fournisseurs iront même jusqu'à proposer de réaliser le les objectifs qualitatifs et quantitatifs liés à l'environnement. Ces
cahier des charges des équipements ou concevoir des procédés qui données de base seront dimensionnantes pour les espaces de pro-
doivent normalement exprimer les besoins et les choix de l'entre- duction, les caractéristiques des matériaux et les traitements
prise. d'ambiance.
Cette tendance peut être très dommageable pour l'entreprise qui
risque de se retrouver avec un outil de production tout à fait ina-
dapté à ce qu'elle veut produire.
4.4 Données de base économiques
Bien entendu, l'entreprise peut se faire assister par un consultant
ou une société d'ingénierie indépendante des fournisseurs pour Le budget à ne pas dépasser peut constituer une donnée de base
rédiger les cahiers des charges, concevoir une unité de production du projet, mais, à ce stade, l'évaluation est souvent réalisée sur des
ou consulter des fournisseurs. critères de marché et de rentabilité des investissements. Si le bud-
get est trop faible par rapport à des objectifs qualitatifs ambitieux,
les économies risquent de s'opérer au niveau des objectifs plutôt
qu'au niveau de la créativité et des solutions.
4. Bien poser le problème Il est donc préférable de faire intervenir les critères économiques
au départ après chiffrage de différentes solutions et au moment des choix.
De la même manière, le délai avant mise en exploitation peut faire
partie des données de base s'il est raisonnablement calculé. Impo-
La création ou l'amélioration d'un outil de production répondent
ser un délai trop court à des concepteurs sur un gros projet, c'est
généralement à l'intention de fabriquer un nouveau produit ou au
prendre le risque d'obtenir un outil inadapté à ses besoins.
moins à en modifier la qualité. Bien poser le problème, ce sera avant
tout de savoir ce que l'entreprise veut fabriquer et les contraintes
qu'elle s'impose ou qui lui sont imposées pour le fabriquer.
4.5 Contraintes et exigences
4.1 Données de base sur le produit Les contraintes peuvent être multiples, mais on peut citer les
principales :
Dans les industries agroalimentaires, la création ou l'amélioration — les contraintes géographiques, climatiques et environnemen-
d'une unité de production part souvent d'un produit, c'est-à-dire de tales qui peuvent avoir un impact direct sur la conception d'une
matières premières, et d'une recette de transformation. unité de production, et en particulier du bâtiment ;

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Opérations Environnements
Matières

Lait collecté Réception lait


Extérieur et canalisations
Filtration

Stockage

Crème Standardisation Cuves et canalisations

Pasteurisation

Ferments Ensemencement
Cuves
Maturation

Soutirage / emprésurage

Coagulation Air ambiant

Décaillage
Surfaces récipients et machines
Brassage

Soutirage sérum Personnel

Récupération
Moulage Manipulations
sérum

Égouttage

Démoulage / mise sur claies

Salage Bac saumure

Ressuyage Air ambiant sec / claies

Affinage Air ambiant frais / claies

Refroidissement Air ambiant froid / claies

Matériaux de
Conditionnement Air ambiant / personnel
conditionnement

Emballages Emballage Intérieur / emballage

Stockage / expédition

Figure 1 – Diagramme opérationnel fromage et environnements matières

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— les contraintes réglementaires et administratives qui vont — les flux matières, énergie et personnel dans chaque zone ;
s'exercer sur la qualité du produit, la qualité de l'outil, la qualité des — les contraintes et exigences immuables.
rejets, la sécurité du personnel, les nuisances, la protection de
Pour un projet de création, les données de base contiennent les
l'environnement, etc. ;
mêmes rubriques à l'exception des données sur l'environnement du
— les contraintes techniques qui obligent à utiliser telle matière,
produit et des données sur les flux qui découleront de l'analyse des
tel procédé ou tel environnement pour réaliser une opération du
risques et des besoins exprimés.
procédé ;
— les contraintes économiques qui interdisent certaines solu-
tions a priori.
Les exigences se différencient des contraintes dans le sens où
elles sont imposées par l'entreprise au niveau décisionnel et pour
des raisons parfois subjectives :
5. Cahier des charges
— interdiction de travailler avec un fournisseur (ou obligation) ; fonctionnel
— choix d'une technologie a priori ;
— utilisation obligatoire de bâtiments ou d'équipements exis-
tants sans justification technique ou économique. Le cahier des charges fonctionnel est un document de synthèse
dont l'objectif est d'exprimer et de hiérarchiser les besoins de
Pour des raisons évidentes, le nombre d'exigences immuables l'entreprise vis-à-vis de son outil de production en termes de résul-
doit être le plus petit possible. tats à atteindre.
Quelle que soit l'étendue des moyens affectés à la conception, la
réalisation et l'exploitation d'un outil, celui-ci présentera toujours
4.6 Mise en forme des données de base des risques. Les besoins de l'entreprise vis-à-vis de l'outil devront
donc s'exprimer non seulement en termes de performances quanti-
Pour un projet d'amélioration, les données de base feront tatives de production, mais également en termes de qualité et de
apparaître : maîtrise des risques pour l'entreprise.
— les données de base sur le produit fabriqué (ingrédients,
recette, objectifs qualitatifs et quantitatifs) ;
— le procédé existant sous forme de diagramme opérationnel ;
— l'environnement du produit au cours du procédé en délimitant 5.1 Analyse des risques
sur le diagramme les différentes zones de production et leurs carac-
téristiques physicochimiques d'ambiance (la zone de production est Les produits agroalimentaires sont très diversifiés tant dans leur
l'espace délimité par des barrières physiques ou dynamiques dans nature que dans les procédés de transformation. Chaque unité de
lequel règnent des conditions d'ambiance uniformes, et qui entoure production présentera donc des risques différents pour les consom-
les matières premières ou le produit au cours de ses transformations). mateurs, les produits (tableau 2) ou l'environnement qu'il convient
Un exemple de diagramme opérationnel pour la fabrication d'un fro- d'analyser avant d'exprimer des besoins liés à la maîtrise de ces ris-
mage, avec les environnements matières, est présenté en figure 1 ; ques.

Tableau 2 – Classification des produits de l’industrie agroalimentaire et principaux risques à maîtriser


dans la conception et l’exploitation des outils de production
Type de produit
Caractéristiques de production Conservation Principaux risques à maîtriser
Exemples
Surgelés. Congelés Lavage ou décontamination partielle – 20 à – 30 °C Non-conformité des traitements.
Viande crue des matières premières avant surgélation. Rupture chaîne du froid.
Plats cuisinés
Ultra-frais Lavage, préparation 0 à 3 °C Variabilité des matières premières.
Viande hachée des matières premières. Contamination en cours de fabrication.
4e gamme (salade en Pas de décontamination thermique. Rupture chaîne du froid.
sachet, par exemple) Pas d’additifs de conservation.
Jus de fruit frais
Frais Décontamination partielle 0 à 8 °C Non-conformité des traitements
Yaourts, fromages des matières premières. décontaminants.
Plats cuisinés frais Additifs de conservation Recontamination avant emballage étan-
Boissons sucrées ou che.
Lait pasteurisé Flores ensemencées. Corps étrangers.
Contamination des flores industrielles.
Semi-conserves Lavage préparation matières premières. 0 à 8 °C Non-conformité des traitements
Produits de la mer Décontamination partielle après embal- décontaminants.
lage. Recontamination avant emballage étan-
Additifs de conservation. che.
Non-intégrité emballage.
Conserves Lavage préparation matières premières. Température Non-conformité des traitements
Légumes en boîte Décontamination totale après emballage. ambiante. décontaminants.
Corps étrangers.
Mauvais goût.
Produits secs Décontamination thermique Température Non-intégrité emballage.
Gâteaux secs partielle ou totale. ambiante.
Confiserie Additifs de conservation. Milieu sec.

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Un des premiers risques à analyser est celui de produire un pro- — la recherche et l’énoncé des fonctions secondaires ou complé-
duit dangereux pour les consommateurs. Les risques pour le con- mentaires de service qui précisent les besoins pour chaque fonction
sommateur sont bien connus, les méthodes à mettre en œuvre et les principale ou participent à la maîtrise des risques dans la zone
contrôles sont définis dans la réglementation. S'agissant d'un outil considérée. Les fonctions secondaires permettent souvent de distin-
existant, des méthodes comme l'HACCP (§ 2.1) permettent d'identi- guer les besoins de conception des contraintes d’exploitation liés à
fier les étapes à risque et de les améliorer. En création, le problème une fonction principale. Ces fonctions secondaires peuvent s'expri-
de maîtrise des risques microbiologiques doit intégrer non seule- mer soit par une phrase débutant par un verbe transitif à l'infinitif
ment les risques pour le consommateur, mais également les risques comme « protéger les matières contre les salissures du tapis », soit
pour le produit (altération des qualités organoleptiques) et les ris- comme un adverbe précisant la fonction principale comme
ques pour l'environnement. L'analyse des risques de contamination « convoyer proprement ». Dans un souci de simplification, on peut
fera appel ici à une méthode d'analyse dérivée de l'écologie micro- classer les fonctions complémentaires en fonctions quantitatives,
bienne qui sera appliquée à des zones de production (analyse éco- qui ont trait aux performances de production, et en fonctions quali-
systémique et méthode de qualification ultrapropre Eurisys tatives, qui renvoient à l'environnement des produits et à l'exploita-
Consultants). tion des zones de production ;
Le risque de produire un produit non conforme, non acceptable — la caractérisation des fonctions secondaires ou complémentai-
ou insipide n'est pas pris en compte par la réglementation à partir res qui consiste à énoncer pour chacune d’elles des critères d’éva-
du moment où il n'est pas dangereux pour le consommateur. luation objectifs (mesurables) ou subjectifs (faisant référence à un
L'industriel doit donc mettre en œuvre une analyse des risques de modèle ou un style). La fonction complémentaire « convoyer
malfaçon qui permettra de définir des besoins au niveau des matiè- proprement » peut se caractériser par un critère mesurable de
res premières, des espaces, des ambiances, des flux en regard des contamination microbiologique ;
objectifs de qualité qu'il s'est fixé. — la définition des performances à atteindre qui consiste, pour
chacun des critères objectifs énoncés précédemment, à fixer une
Les risques d'accident ou d'incendie sont en général bien cernés valeur ou une fourchette de valeurs qui devront être atteintes pour
dans les réglementations, qui interdisent certains matériaux, pres- considérer que la fonction est réalisée et le besoin satisfait. Pour le
crivent des règles de construction ou orientent vers des équipe- critère de contamination microbiologique, la performance peut
ments de sécurité. s'exprimer comme un nombre maximal de germes transférés sur le
Les risques pour l'environnement seront analysés en regard des produit par unité de temps et de surface. La performance exprime
productions de déchets, de la consommation d'eau et des nuisances bien le besoin en termes de résultats à atteindre et non en termes de
pour le voisinage. moyens ;
— la hiérarchisation des fonctions qui consiste à pondérer cha-
Tous ces risques peuvent être traduits ensuite en termes de cune d’entre elles et à attribuer des priorités dans l’atteinte des per-
contraintes et/ou de besoins qui seront exprimés dans le cahier des formances. La hiérarchisation permettra avant tout de faciliter les
charges. choix entre des solutions qui répondent différemment aux critères
L'analyse des risques, dont les résultats dépendent étroitement énoncés. La hiérarchisation des fonctions est le plus souvent le
de l'environnement des produits, des procédés et de l'usine, va con- résultat d'une hiérarchisation des risques faite lors de l'analyse des
duire à définir et à concevoir les différentes zones (production, risques. Elle apparaît sous la forme d'une note attribuée à chaque
exploitation, maintenance, fluides, énergies, stockage, réception) fonction. Certaines fonctions peuvent être hiérarchisées de façon
ainsi que leurs interfaces de communication et, par conséquent, subjective si la note attribuée est approuvée par la majorité du
l'architecture interne et externe de l'usine à créer ou à modifier. À ce comité de qualification.
niveau, une esquisse des bâtiments et espaces intérieurs se dessine, L’analyse fonctionnelle s’applique aussi bien à la création qu’à
qui pourra être ensuite modifiée en fonction des performances l’amélioration ou la modification d’un outil. Dans le cas d’une amé-
attendues dans le cahier des charges. lioration ou modification (reconception), il faudra identifier les fonc-
tions existantes de l’outil ainsi que les nouvelles fonctions ou les
nouvelles performances à atteindre qui constituent l’amélioration.
5.2 Expression des besoins L’analyse fonctionnelle fait l’objet d’un document de synthèse : le
Cahier des Charges Fonctionnel (CdCF) dont un exemple de présen-
tation apparaît tableau 3. Dans cet exemple d'amélioration d'une
Il s’agit ici de rechercher, d’identifier, de caractériser, et de hiérar- zone de refroidissement pour pâte après cuisson, la définition du
chiser les besoins de l’entreprise vis-à-vis de l’outil de production à projet est rappelée en préambule. On peut remarquer que les perfor-
créer ou améliorer. mances sont toujours exprimées en termes de résultats à atteindre.

L’analyse fonctionnelle est une méthode couramment employée


en analyse de la valeur (normes NF X 50-100, NF X 50-150, NF X 50- 5.3 Utilisation du cahier
151, NF X 50-152, NF X 50-153) pour la création de nouveaux pro-
duits et services mais également dans la conception d’outils de pro-
des charges fonctionnel
duction. Pour faciliter l'expression des besoins inhérents à l'outil de Le cahier des charges fonctionnel sert à évaluer les solutions pro-
production, ceux-ci seront exprimés sous forme de fonctions. Pour posées par l'équipe de conception ou par les fournisseurs.
les industries agroalimentaires, les fonctions seront exprimées par
Le cahier des charges fonctionnel doit être validé par les membres
zone de production (ce qui implique leur identification ou leur défi-
du comité de qualification avant de passer à la recherche de solu-
nition préalable).
tions. C'est un document-clé de la conception qui est censé repré-
L’analyse fonctionnelle est réalisée en groupe. Dans les industries senter les besoins de l'entreprise vis-à-vis de son outil de production
agroalimentaires, cette analyse peut être réalisée directement par le au moment de la conception.
comité de qualification. L’analyse fonctionnelle comprend cinq éta- Ce document permet de garder une mémoire des besoins et de
pes successives mais non cloisonnées : faciliter les modifications futures de l'outil dont le temps de vie
— l’identification des fonctions principales de l’outil à créer ou à dépasse généralement le temps de renouvellement des équipes de
améliorer par zone de production. Ces fonctions principales se concepteurs. Partant d'un cahier des charges déjà réalisé, les futurs
confondent généralement avec les opérations à réaliser et les diffé- concepteurs chargés de l'amélioration ou de la modification d'un
rents flux à traiter dans chaque zone de production. Les fonctions outil auront une tâche aisée à accomplir en rajoutant ou en éliminant
principales s'expriment le mieux par un verbe à l'infinitif comme, certaines fonctions, ou tout simplement en modifiant la hiérarchisa-
par exemple, « convoyer » ; tion des fonctions.

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Tableau 3 – Exemple de cahier des charges fonctionnel pour l’amélioration d’une zone de refroidissement
après cuisson de pâtisseries

Projet : modifier une zone de refroidissement à température ambiante située dans un espace de 500 m2 afin d’améliorer la qualité microbiologique du
produit et les temps de conservation.
Produit : pâte cuite en couche continue.
Procédé : continu, refroidissement nécessaire avant tranchage longitudinal par lames circulaires.
Objectifs qualitatifs : augmentation de la contamination du produit dans la zone inférieure à 20 germes totaux et 10 levures moisissures par unité
produit (50 g).
Objectifs quantitatifs : débit correspondant à 500 unités/heure.

Fonctions principales
Refroidir Convoyer
de la zone
Fonctions complémentaires 1 : rapidement 1 : rapidement
2 : éviter condensation 2 : proprement
3 : sans contaminer 3 : sur une longueur limitée
4 : jusqu’à 20 °C
Critères d’évaluation 1 : temps de séjour 1 : temps de convoyage
2 : humidité relative de l’air 2.1 : augmentation de la charge microbienne
2.2 : nature du tapis
3 : contamination de l’air 3 : distance de convoyage
4 : température des matières en sortie de tunnel
Performances 1 : < 10 min 1 : < 10 min
2 : < 50 % HR 2.1 : < 10 germes totaux par unité produit
2.2 : tapis uniforme synthétique
3 : < 10 germes totaux/m3 3 : < 40 m
4 : 19 à 21 °C
Hiérarchisation 1 : accessoire 1 : accessoire
2 : important 2.1 : prioritaire
2.2 : important
3 : prioritaire 3 : contrainte espace existant
4 : contrainte procédé

6. Conception de l'outil peut porter, par exemple, sur une nouvelle forme, un nouvel embal-
lage du produit ou une autre technologie de cuisson qui permettra
d'atteindre plus facilement les autres performances jugées comme
prioritaires ou importantes ;
La qualité de conception de l’outil de production aura un impact
direct sur la sécurité des biens et des personnes, la qualité gustative — les solutions environnement qui touchent au zonage et aux
et microbiologique des produits ainsi que sur l'environnement. interfaces entre zones, et définissent les environnements des machi-
nes, des hommes et des produits dans l'unité de production. Ces
La conception proprement dite est toujours le résultat d'un choix solutions répondent aux fonctions complémentaires du cahier des
entre des solutions répondant plus ou moins bien au cahier des charges par zone. La solution peut être soit une modification du
charges fonctionnel. La conception s'applique à toutes les solutions zonage défini pour l'analyse des risques, soit une définition des
qu'elles soient matérielles (équipement, usine) ou immatérielles matériaux et du traitement d'ambiance dans chaque espace envi-
(procédures, règles, interventions). ronnant les procédés, soit l'architecture du bâtiment et la distribu-
tion des fluides ;
— les solutions équipements dont la qualité de fabrication, les
6.1 Différents types de solutions performances de production et l'ergonomie devront répondre aux
fonctions principales et complémentaires décrites dans le cahier des
charges fonctionnel. Ces solutions concernent aussi bien les équipe-
On distinguera quatre types de solutions qui devront être étudiés ments de transformation des matières que les équipements de
dans l'ordre énoncé pour éviter les retours en arrière : maintien des conditions d'ambiance, d'approvisionnement des
matières, d'élimination et de traitement des déchets ;
— les solutions entraînant une modification du produit ou du
procédé. Le produit et le procédé sont généralement des données — les solutions procédures qui s'intéressent aux modes d'exploi-
de base immuables dans un projet. Dans certains cas, ils peuvent tation et aux interventions humaines sur les équipements et dans
être modifiés pour répondre au cahier des charges sur l'outil. Ce les zones de production. Parmi ces solutions, on trouve : les tenues
type de solution nécessite une redéfinition du produit ou une valida- vestimentaires, les cadences de nettoyage, les contrôles qualité ou
tion préalable de la technologie sur le produit. Ce type de solution les procédures de maintenance.

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Tableau 4 – Différents types de solutions répondant au cahier des charges fonctionnel de la zone de refroidissement
Type de solution Exemples de solutions Justification
Modification du produit Suppression du refroidissement avant tranchage Essais en laboratoire
ou du procédé grâce à une nouvelle technologie de tranchage à Essais pilotes
chaud
Modification environnement Création d’une zone rapprochée alimentée en air Dimensionnement de la zone et caractéristiques
produit froid sec et propre physiques, chimiques et biologiques de l’ambiance
Solutions équipements Convoyeur équipé d’un tunnel froid, d’un système Consultation fournisseurs
de traitement d’air et d’un système de nettoyage Analyse des performances
du tapis en continu Calcul des coûts
Solutions procédures Interventions de contrôle en production Selon les solutions retenues précédemment
dans le tunnel

Le tableau 4 montre un exemple de solutions classées par type Les solutions environnement ont pour but, généralement, de met-
répondant au cahier des charges fonctionnel pour l'amélioration de tre en conformité la qualité du produit avec celle de l'ambiance et
la zone de refroidissement vu précédemment. des surfaces présentes dans la zone de production. Le concepteur
impose alors une qualité à l'environnement qui doit répondre parfai-
tement au cahier des charges fonctionnel. Ce type de solution large-
ment développé dans les méthodes de production ultrapropre
6.2 Recherche des solutions permet une meilleure maîtrise de la qualité des produits.
Les solutions équipements et procédures découlent en général
Il s'agit ici de la partie créative de la conception qui doit faire appel des solutions précédentes. Elles seront justifiées techniquement par
aux compétences internes de l'entreprise, mais également à des leur réponse aux fonctions complémentaires jugées prioritaires ou
compétences externes (centres de recherche, consultants, fournis- importantes du cahier des charges fonctionnel.
seurs).
En interne, la recherche de solutions pourra faire l'objet de séan- 6.3.2 Justification économique
ces de créativité où toutes sortes de solutions seront étudiées sans
discrimination par le groupe. Ce type de recherche implique la mise Trois façons de justifier une solution quel que soit son type :
en œuvre de techniques spécifiques et une animation très stricte
pour être productive. — soit la solution est conforme à un budget prévu et présente la
meilleure justification technique ;
En externe, le chef de projet procédera par consultation à partir — soit la solution est moins chère que d'autres solutions compa-
d'une ou plusieurs fonctions particulières issues du cahier des char- rables en justification technique ;
ges fonctionnel. — soit la solution a un coût de développement qui sera inférieur
aux gains réalisés sur les coûts de production après sa mise en
place.
En pratique, on réalisera un document regroupant toutes les solu-
6.3 Faisabilité technique tions présentées dans leurs grandes lignes avec les justifications
et économique des solutions techniques. La justification économique sera présentée sous forme
de coûts ventilés en coûts de développement, coûts d'acquisition ou
d'investissement et coûts d'exploitation si possible. En regard pour-
Il est rare qu'une seule solution réponde de façon parfaite à toutes ront être précisées les éventuelles baisses de coûts de production (à
les fonctions et performances, même pour un petit projet de modifi- qualité objective égale) induites par une solution.
cation. Les différentes solutions devront être justifiées technique-
ment par rapport aux réponses qu'elles apportent au cahier des Ce document sera validé par le comité de qualification qui établira
charges fonctionnel, puis évaluées économiquement. et validera le classement des solutions reflétant leur faisabilité tech-
nico-économique. Ce document est un document d'aide à la déci-
L'exemple présenté au tableau 4 illustre la nécessité d'examiner sion qui détermine la poursuite du projet.
les différentes solutions dans l'ordre énoncé au paragraphe 6.1. Il ne
sert à rien d'étudier une modification de l'environnement de la zone
de refroidissement si cette opération est supprimée dans le procédé.
De même, les solutions procédures ne peuvent être examinées
qu'après un choix effectué sur l'environnement et les équipements. 7. Dossier final de conception
7.1 Contenu
6.3.1 Justification technique des solutions
Après obtention de la « décision de faire », la ou les solutions rete-
Celle-ci varie avec le type de solution. nues font l'objet d'un document appelé « dossier final de
Les solutions produit ou procédés doivent être validées en labora- conception » qui va regrouper :
toire et en unité de production pilote. À cet effet, un cahier des char- — les données de base du projet ;
ges des essais sera réalisé afin de définir les résultats à atteindre — les analyses de risques ;
pour choisir ce type de solution. Ce type de solution est réputé pour — les cahiers des charges fonctionnels par zone ;
nécessiter du temps mais, en général, il permet un saut qualitatif — l'énoncé, la justification et le classement des solutions ;
important et une simplification des procédés. — une description détaillée de la ou des solutions choisies.

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Tableau 5 – Phase de réalisation d’un projet. Principales tâches et objectifs


Étapes Tâches Objectifs
Études détaillées Affiner la faisabilité des choix de conception.
Étude des systèmes
physique et Chiffrer précisément le coût global de l’opération.
informationnel
Procéder aux demandes d’autorisation.
Spécifications Plans guides
techniques de construction

Approvisionnements Rédiger les cahiers de consultation.


Rédaction des dossiers
de consultation Passer les marchés de travaux.

Consultations Valider les plans proposés.

Comparaison des réponses


aux appels d'offres

Commandes

Exécution Valider la conformité des installations.


Construction Montages
bâtiment équipements Mettre en exploitation.
Obtenir les performances attendues.
Réception Préréception
des bâtiments puis réception

Démarrage

La description détaillée a pour objectif d’approfondir la solution Pour les projets importants (ligne complète, ateliers, usine), cha-
retenue, tant pour les équipements que pour l’estimation des que lot de consultation fait l'objet d'une description détaillée qui
dépenses, les modalités générales et délais d’exécution. constitue les études détaillées.
Cet approfondissement dont le but est de confier aux fournisseurs
un dossier complet concernant la réglementation, la conception, la
réalisation et la documentation des éléments à fabriquer compren-
dra les précisions suivantes : 8. Comment réaliser et
— les dispositions générales et les principes d’équipements en
fonction des besoins de l’exploitation. On pourra, à ce niveau, asso-
mettre en service les
cier au dossier un recueil de principes sur l’hygiène et la sécurité des
équipements ;
nouvelles installations ?
— la nature et la qualité des matériaux et matériels à employer,
compte tenu des caractéristiques de l’utilisation prévue ; Les tâches de réalisation ont pour but d’approfondir et de concré-
— les modalités générales de fourniture et les délais d’exécution. tiser par étapes successives les choix formalisés dans le dossier
Afin de faciliter l'utilisation du dossier final de conception et la final de conception. Les critères de performance à atteindre sont au
consultation des fournisseurs, la solution retenue sera répartie en nombre de trois : maîtrise des coûts, respect des délais, maintien de
lots. la qualité et contrôle des performances. Le succès dépend autant de
la compétence des intervenants que de l’organisation (interfaces,
La description détaillée de la solution comprendra également une gestions des documents, communications...) mise en place pour
description des essais qui seront réalisés lors de la mise en exploita- mener à bien le projet.
tion pour valider les performances des fonctions qualitatives de
l'outil créé ou modifié. Cette description des essais, appelée Cahier
des Charges des Essais Fonctionnels (CdCEF), est validée par le
comité de qualification. 8.1 Phase de réalisation
et de mise en service
7.2 Utilisation du dossier Les différentes étapes qui la composent sont présentées dans le
tableau 5. De nombreux acteurs interviennent durant les phases de
Le dossier final de conception permet de lancer les consultations réalisation et il est fondamental pour la cohérence globale des opé-
auprès de maîtres d'œuvre ou de fournisseurs selon la taille du projet. rations que les tâches de suivi (coûts, délais, qualités) soient

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menées avec la plus grande rigueur. En règle générale, les acteurs — de définir les lots de marchés. Le lot est défini comme étant
(personnes physiques ou morales) principaux sont les suivants : l’ensemble des prestations et biens qui seront confiés à un même
— l'entreprise ou le maître d’ouvrage. Il contrôle en propre ou par fournisseur. Il s’agit d’une décomposition de l’ensemble du travail
délégation l’ensemble des opérations ; d’exécution à effectuer par corps d’état ;
— le maître d’œuvre. Il a participé aux phases préalables, au — de préparer les demandes d’autorisations : permis de cons-
choix des constructeurs et fournisseurs et suit la réalisation. Les truire, demande en autorisation d’exploiter et dossier hygiène des
maîtres d’ouvrage qui ne font pas appel à un maître d’œuvre ont produits et qualité (établissements classés, agrément des services
souvent des services techniques intégrés qui remplissent la vétérinaires ou de la protection des végétaux) (tableau 6).
fonction ; dans les autres cas, les maîtres d’ouvrage ont intérêt à
À l’issue des études détaillées, toutes les solutions architectura-
s’attacher les services d’un maître d’œuvre qui peut être : une per-
les, techniques, financières et de gestion des ouvrages doivent être
sonne physique ou morale telle qu’une société de conseil, un
définies et validées. Il est très important qu’elles ne soient pas remi-
bureau d’études, une société d’ingénierie ou un architecte spécialisé
ses en cause par la suite ; l’expérience montre en effet que tout
pour la partie bâtiment. Enfin, pour certains grands ouvrages (silos
changement ultérieur a des conséquences très lourdes sur les coûts,
à céréales, abattoirs…), le maître d’ouvrage peut aussi s’attacher les
les délais et parfois même sur la cohérence d’ensemble de la future
services d’un maître d’œuvre public ;
installation. À souligner que les dossiers de demande d’autorisation
— les exploitants. Une extension ou une nouvelle unité ne peut se
sont émis en fin d'étape.
réaliser sans la participation active du personnel (production, main-
tenance, qualité...) qui doit se mobiliser et être motivé pour accepter
et prendre en charge les futures installations.
À ces acteurs décisionnaires clés s’ajoutent les fournisseurs, les 8.3 Approvisionnements
organismes de contrôle ou d’agrément et les assureurs. Dans cer-
tains cas, le maître d'œuvre a recours aux compétences d’organis-
mes de conseil professionnels. La figure 2 présente l’organisation L’objectif est de sélectionner les meilleurs fournisseurs et de lan-
typique d’un projet en phase de réalisation. cer les commandes d’exécution. À cet effet, les tâches à accomplir
sont :
— élaborer les dossiers de consultation ;
8.2 Études détaillées — choisir les fournisseurs à consulter ;
— comparer les réponses aux appels d’offres ;
Leur but est d’élaborer et de formaliser de façon exhaustive et — passer les commandes.
compréhensible par l’ensemble des intervenants les spécifications Le dossier de consultation est la réalisation par corps d’état de
techniques et les plans guides de construction qui permettent : cahiers des charges précis concernant les principes de mise en
— d’affiner les principes de conception ; œuvre et les matériaux, avec élaboration de tous les plans nécessai-
— de chiffrer précisément les coûts d’investissement ; res au chiffrage de chaque entreprise. Ces dossiers sont composés
— d’évaluer les coûts prévisionnels d’exploitation ; de quatre documents, tels que présenté dans le tableau 7.

Sources de
Organismes
Administrations financement
de conseil
et aides

Maîtrise d'ouvrage Organismes


Assureurs
L'industriel de contrôle

Maîtrise d'œuvre

Bureau d'ingénierie
Architecte ou équipes internes
de l'industriel

Constructeurs Constructeurs
Sociétés de service
Entrepreneurs d'équipements d'équipements
en informatique
de procédé fluides et énergies
Figure 2 – Organisation typique d’un projet
en phase de réalisation

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Tableau 6 – Demandes d’autorisation

Dénomination Objet et domaine d’application Contenu

Permis de construire Nécessaire pour toute construction, modifi- Justification du dépôt de la demande d’autorisation
(éventuellement de démolir) cation ou changement de destination ou de déclaration.
de bâtiments Projet architectural établi par un architecte.
Notice explicative donnant la nature de l’installation,
les dangers et les dispositions prises, les mesures
d’hygiène et de sécurité, l’étude d’impact
sur l’environnement.

Demande d’autorisation Classement d’une unité industrielle Présentation du projet.


d’exploitation en procédure d’autorisation Étude d’impact de l’installation
ou en procédure de déclaration (eau, air, bruits, déchets, accès et trafic).
(plus rapide) selon la nomenclature Étude sur les dangers présentés par l’installation
en vigueur (incendie, explosions...).
Note relative à la conformité et mesures d’hygiène
et de sécurité du personnel.

Dossier hygiène des produits Description de la conformité du schéma Renseignements généraux et natures des opérations
et qualité de fabrication avec les normes et la régle- réalisées dans l’installation.
mentation en vigueur Plan de masse et vues en plan des différents niveaux.
Notice descriptive des produits, des installations
et de leur fonctionnement.

Tableau 7 – Composition du dossier de consultation

Désignation des pièces Objet Contenu

Cahier des clauses administratives Fixer les obligations générales des parties Présentation générale.
générales en présence. Règles de la consultation.
Cette pièce est identique pour tous les lots Présentation du marché.
d’un projet. Direction des travaux.
Règlement des travaux.

Cahier des prescriptions de chantier Fixer les prescriptions et obligations en Données générales.
matière de coordination et de règlement de Coordination et règlement de chantier.
chantier. Règles de transport, de manutention et de stockage du
Cette pièce est identique pour tous les lots matériel.
d’un projet. Divers (panneaux...).

Cahier des prescriptions par lot Donner les principes de mise en œuvre et Nature de l’intervention.
les matériaux à utiliser. Obligations et travaux à charge de l’entrepreneur.
Cette pièce est spécifique de chaque lot. Détermination des produits.
Planning d’exécution.
Réceptions provisoire et définitive.
Conditions de paiement.

Dossier de plans Donner les plans nécessaires pour l’estima- Plans de masse VRD (voirie et réseaux divers).
tion de chaque lot. Vues en plan intérieures des différents niveaux avec le pro-
Cette pièce est spécifique de chaque lot. cess.
Plans et coupes pour les fluides.
Coupes diverses selon les spécificités des locaux.

La réception des offres ouvre la période de comparaison. Les — les prix et les conditions de paiement ;
tâches d’analyse des offres sont d’autant plus simples à opérer que — les modifications par rapport aux pièces écrites du dossier de
les dossiers de consultation auront bien mis en évidence les critères consultation ;
de jugement et auront bien imposé une structure de réponses type.
Typiquement, les critères qui entrent en ligne de compte sont : les — les pièces contractuelles ;
quantités, qualités et mise en œuvre des matériaux, les prix, le plan- — les délais de réalisation et le planning ;
ning d’exécution, le sérieux de l’entreprise et ses références. — les garanties ;
Une fois les choix effectués, le maître d’ouvrage, ou par déléga- — l’hygiène et la sécurité du chantier.
tion le maître d’œuvre, passe commande (le marché) à l’entreprise
sélectionnée. Le marché est une pièce contractuelle à laquelle on À la suite d’une commande, un plan d’exécution des travaux est
fera référence en cas de litige. Elle doit donc être rédigée avec soin réalisé par l’entreprise. Après validation de ces plans de détails, la
et, en particulier, stipuler : phase d’exécution peut débuter.

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8.4 Exécution Le dossier de qualification est conservé avec les données techni-
ques de l'outil de production : plans guides, caractéristiques techni-
ques et dimensionnelles des espaces et des équipements.
Durant cette phase, les entreprises sous-traitantes réalisent par
corps d’état les prestations décrites dans les cahiers des charges et
devis. Le rôle du maître d’œuvre est de procéder aux vérifications du 9.2 Utilisation du dossier de qualification
bon déroulement de l’exécution des travaux, en particulier :
— suivi de l’exécution ;
— suivi du planning ; Ce dossier restera attaché à l’outil de production durant toute sa
vie et permettra à chaque instant aux hommes exploitant l’outil de
— suivi des facturations ;
comprendre les choix effectués au moment de sa conception et de
— suivi des spécifications. sa réalisation.
Lorsque les tâches de construction des bâtiments et de montage Lors d'une nouvelle modification, les concepteurs pourront
des équipements sont terminées, le maître d’ouvrage, sur proposi- reprendre le dossier de qualification et modifier les données de
tion de son maître d’œuvre s’il en a un, procède aux réceptions. La base, le cahier des charges fonctionnel d'une ou plusieurs zones et
réception des bâtiments est prononcée à l’achèvement des travaux rechercher de nouvelles solutions plus rapidement. Les concepteurs
sur présentation d’une ou plusieurs attestations de conformité éta- changeant généralement plus vite que les outils, il sera aisé pour
blies par l’entrepreneur du lot concerné. La réception des équipe- une nouvelle équipe et un nouveau comité de qualification de com-
ments (procédés, fluides et énergies) est réalisée en deux étapes prendre les besoins et les contraintes qui ont conduit au choix de
successives mettant en œuvre les essais contractuels prévus dans certaines solutions.
les commandes :
Le dossier de qualification permet aussi de connaître les perfor-
— contrôle de conformité et essais élémentaires chez le fournis- mances attendues et les performances obtenues lors de la mise en
seur et/ou à l’issue du montage en usine ; service vis-à-vis de la qualité des produits. Pour assurer la qualité
— contrôle de performance et essais de fonctionnement en usine des produits, il faudra contrôler régulièrement le maintien de la qua-
à l’issue du montage et du contrôle de conformité d’un ensemble lité de l'outil. Dans les industries agroalimentaires, le nettoyage fré-
d’équipements assurant une fonction à part entière (ventilation par quent des surfaces et les atmosphères humides sont souvent une
exemple). des causes de vieillissement rapide de l'outil. Malgré le nettoyage,
Dans tous les cas de figure, une période de garantie doit être pré- les matières organiques et les micro-organismes ont tendance à for-
vue après réception pour couvrir les problèmes éventuels qui pour- mer des biofilms souvent plus résistants que les revêtements exter-
raient apparaître au cours de la mise en exploitation. La garantie nes des machines et des surfaces en contact avec les matières
peut, dans certains cas, porter sur les performances d’ensemble de alimentaires. Les opérations de maintenance modifient en perma-
la nouvelle unité de production (capacité annuelle par exemple). nence les conditions dans les zones de production. Toutes ces rai-
sons font que le dossier de qualification est un document qui doit
À l’issue de l’ensemble des réceptions, la nouvelle installation être utilisé fréquemment.
passe en exploitation. Étape charnière, la mise en service est névral-
En ce qui concerne l'hygiène des produits, les réglementations
gique car elle correspond à un transfert de responsabilité. Pour être
européennes demandent la mise en place de méthodes comme
menée avec succès, l’expérience montre qu’il est indispensable que
l'HACCP (§ 2). L'analyse des risques, et en particulier l'analyse des
les équipes d’exploitation aient été associées depuis l’origine au
risques de contamination microbiologique réalisée dans le cadre de
projet, qu’elles aient participé activement aux essais et aux récep-
la qualification, doit permettre de mettre en place rapidement ce
tions et que, en cas d’évolutions techniques importantes (équipe-
genre de méthodes. Les étapes critiques de la méthode HACCP
ments, systèmes d’informations), elles aient suivi une formation
correspondent en effet aux zones de production sensibles dans les-
préalable.
quelles le produit est à nu et a déjà subi le traitement de décontami-
nation des matières premières. Les procédures à mettre en place au
niveau de chaque étape critique seront comparables sinon identi-
9. Dossier de qualification ques aux essais fonctionnels concernant les besoins en maîtrise des
contaminations. Dans ce sens, la qualification de l'outil de produc-
tion est souvent une préparation à la certification ISO 9002.
9.1 Contenu du dossier de qualification
Le dossier de qualification est la mémoire qualitative de l'outil 9.3 Veille technologique
créé ou amélioré. Le dossier de qualification d’un outil de produc- et veille réglementaire
tion regroupe l’ensemble des documents validés par le comité de
qualification à chaque étape du projet allant des données de base au
rapport d'essais fonctionnels lors de la mise en exploitation. Les technologies, les méthodes et les réglementations évoluent
La qualification est une action continue réalisée par les membres rapidement dans le domaine de la transformation des produits agro-
du comité de qualification qui débute avec le projet et qui se pour- alimentaires. L’évolution des techniques de production, en amont, et
suit ensuite tout au long de la vie de l’outil créé. Certains secteurs le marché européen, en aval, rendent toute démarche de qualité glo-
industriels comme l’industrie pharmaceutique, où l’outil est étroite- bale dépendante d’informations précises pour les groupes de quali-
ment lié à la fabrication d’une seule spécialité soumise à autorisa- fication et de qualité.
tion, différencient la qualification de conception de la qualification Le comité de qualification doit non seulement réunir des compé-
opérationnelle. Pour les industries agroalimentaires, il suffit de par- tences et valider des documents, mais il doit se maintenir informé
ler de conception validée par le comité de qualification et de perfor- sur les contraintes réglementaires et les solutions techniques qui lui
mances validées au niveau des essais fonctionnels, ces deux types permettront de concevoir des outils parfaitement adaptés aux
de validation entrant dans la démarche globale de qualification. besoins de l’entreprise.

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P
O
U
Conception des unités R
de production ou de transformation
E
par Jacques PIGNAULT
N
Consultant. Docteur ingénieur
Industries du Vivant. Eurisys Consultants
et Laurent SOHIER
Consultant. Docteur ès sciences
S
Industries du Vivant. Eurisys Consultants
A
Bibliographie V
CRITT Industrie agroalimentaire Ile-de-France. –
L’usine agroalimentaire. 351 p., Éditions RIA (Revue
de l’industrie agroalimentaire), 1992.
O
I
Normalisation R
Association Française de Normalisation (AFNOR) NF X 50-151 12-1991Analyse de la valeur, analyse fonctionnelle. Expression
NF X 50-100 12-1996 Analyse fonctionnelle. Caractéristiques fondamenta- fonctionnelle du besoin et cahier des charges fonc-
les. tionnel.
NF EN 1325-1 11-1996Vocabulaire du management de la valeur, de l’analyse de
la valeur et de l’analyse fonctionnelle. Partie 1 (ég.
NF X 50-152 8-1990Analyse de la valeur. Caractéristiques fondamentales.
NF X 50-153 5-1985Analyse de la valeur. Recommandations pour sa mise en
P
´ 50-150-1). œuvre.
L
Organismes U
Association Française pour l’Assurance Qualité (AFAQ)
Industries du Vivant, Eurisys Consultants
S

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