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Chapitre 4 :

Comment les agents


économiques se
financent-ils ?
IV. Comment l’Etat se finance-t-il ?
A. En fonction de son solde budgétaire, l’Etat peut
être en capacité ou en besoin de financement.
🖐 Budget de l’Etat
Le budget de l’Etat se compose des recettes et des dépenses de l’Etat sur un an.

Les recettes de l’Etat sont les ressources issues principalement des prélèvements
obligatoires.

Les dépenses sont emplois c’est-à-dire la manière dont l’Etat utilise ses ressources. On
peut les distinguer selon les missions (éducation, défense …) ou selon leur nature
(fonctionnement, personnel …)

Le solde budgétaire = recettes - dépenses

Déficit budgétaire : Recettes < Dépenses

Excédent budgétaire : Recettes >Dépenses

Équilibre budgétaire : Recettes = Dépenses

Le budget de l’Etat fait l’objet d’une loi de finance qui doit être approuvée par le vote du
Parlement
🖐 Doc. 1 p. 100 questions 1 et 3

5
🖐 Doc. 5 Répartition des recettes de l’Etat en
2020

La Direction du Budget, « Budget de l’Etat voté en quelques chiffres », 24 février 2020

6
🖐 Doc. 6 Dépenses de l’Etat par nature en
2020

La Direction du Budget, « Budget de l’Etat voté en quelques chiffres », 24 février 2020

7
IV. Comment l’Etat se finance-t-il ?
B. Lorsqu’il est en besoin de financement, l’Etat doit
recourir à l’emprunt.
🖐 Doc. 7

http://www.youtube.com/watch?v=_K7pOATTPqA
1. Quelle solution pourrait être envisagée pour résorber le déficit budgétaire ? Pourquoi n’est-ce pas la solution privilégiée ?

Augmenter les prélèvements obligatoires mais à condition que le niveau des prélèvements obligatoires ne soit pas déjà trop élevé (sinon pèse
sur le pouvoir d’achat des ménages et le profit des entreprises conduisant à une ralentissement économique peu favorable aux recettes
futures…) et que le déficit ne soit pas trop important car sinon la hausse des prélèvements obligatoires ne suffira pas à résorber le déficit.

2. Comment l’Etat finance-t-il le plus souvent son déficit ?

Depuis une quarantaine d’années, les administrations publiques françaises sont en déficit, car elles dépensent plus qu’elles ne
perçoivent de recettes. Ces déficits sont financés grâce à des emprunts (contractés par émissions d’obligations) et le cumul de ces
emprunts forme la dette publique.

En plus du remboursement de leurs emprunts, les administrations publiques doivent payer des intérêts (c’est la charge de la dette), ce
qui accroît à nouveau leurs dépenses, et les amènent à s’endetter encore plus. On parle alors d’effet boule de neige.

Les agences de notation , qui ont pour mission d’évaluer la solidité financière des Etats empruntent sur les marchés financiers, peuvent
abaisser la note de confiance d’un Etat si elle estiment que sa capacité de remboursement s’est affaiblie. (Ce fut le cas ces dernières années,
par exemple, de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne et de l’Irlande)

Dans cette hypothèse, les prêteurs exigent des taux d’intérêt plus élevés. L’Etat emprunteur creuse alors encore plus son déficit.
La dette publique des pays de l’UE
en % du PIB au 1er trimestre 2019

60 % du PIB
IV. Comment l’Etat se finance-t-il ?
C. L’Etat peut aussi avoir recours à l’emprunt
lorsqu’il mène une politique de hausses des
dépenses.
C. L’Etat peut aussi avoir recours à l’emprunt
lorsqu’il mène une politique de hausses des
dépenses.
1. En cas de ralentissement de l’activité
économique, une hausse des dépenses
publiques peut être bénéfique.
Une hausse des dépenses publiques peut être bénéfique en
cas de récession.

Une récession est un ralentissement de l’activité économique qui se


traduit par un ralentissement du taux de croissance économique.

Taux de croissance économique = Taux de variation du PIB

Ex. Taux de croissance économique 2021=[(PIB 2021 - PIB 2020)/PIB 2020] x 100

Une récession s’accompagne en général d’une augmentation du taux de


chômage.
🖐 Doc. 1 p. 102 Les stabilisateurs automatiques
🖐 Doc. 1 p. 102 Les stabilisateurs automatiques

1. En cas de récession, on observe davantage de chômage, donc moins de revenus primaires pour beaucoup
d’individus, les impôts prélevés sur les revenus seront plus faibles. Cela entraîne une baisse de recettes.
En revanche, cette hausse du chômage nécessite de verser davantage d’allocations à des chômeurs plus
nombreux, ce qui augmente les dépenses.

2. En laissant les dépenses augmenter, on permet de maintenir certains revenus comme les allocations
chômage, donc de préserver en partie la consommation. De même, en acceptant la diminution des recettes,
on ne prélève pas davantage sur les agents économiques, ce qui permet d’éviter un effondrement de la
consommation et de l’investissement.

Les recettes et les dépenses sont des “stabilisateurs automatiques” car elles varient en fonction des
variations de la conjoncture afin de stabiliser l’économie.
Dans une situation de récession, l’Etat peut :

- laisser jouer les stabilisateurs automatiques.


• Les recettes vont automatiquement diminuer (moins
d’impôts et de cotisations sociales perçues)
• Les dépenses vont automatiquement augmenter (la
dégradation de la situation économique, comme
l’augmentation du chômage par exemple, entraîne
l’augmentation des prestations sociales distribuées
(comme les indemnités chômage par ex.)

- mener une politique de relance volontariste, si les


stabilisateurs ne suffisent pas.
🖐 Politique budgétaire conjoncturelle

La politique budgétaire de relance est une politique conjoncturelle :

Politique conjoncturelle : actions de l’Etat visant à agir sur la situation


économique à court terme

≠ politique structurelle(long terme)

Politique budgétaire : politique économique qui utilise le budget des pouvoirs


publics pour agir sur la conjoncture économique (croissance, chômage, inflation…)
Politique budgétaire de relance volontariste

J. M. Keynes montre, au moment de la


crise de 1929, que l’Etat peut, par des
mesures de relance de la demande (c’est
à dire de relance de la consommation et
de l’investissement), mettre en place un
John Maynard processus vertueux qui va permettre au
KEYNES
(1883 – 1946) pays de sortir de la récession
économique.
🖐 Doc. 8 Relancer l’activité grâce à la dépense
publique
1. Quels sont les effets économiques de la pandémie du Coronavirus ?

Chocs d’offre et de demande combinés avec des périodes de confinement successives. La consommation et la production diminuent en
même temps. L’activité économique est en forte baisse avec une augmentation du taux de chômage et une baisse des revenus. Il s’agit
d’une récession économique importante. Le taux de croissance est de - 8 % en 2020 pour la zone euro.

2. Que décide alors le gouvernement français et à plus large échelle les gouvernements européens en 2020 ?

Ils mènent des plans de relance budgétaires : l’Etat augmente massivement ses dépenses. Le plan de relance est de 100 milliards
d’euros pour la France et de 750 milliards d’euros pour l’Union européenne.
Il est de 1 900 milliards de dollars pour les Etats-Unis.

3. Quel est l’effet attendu de tels plans de relance par la dépense publique ?

L’objectif est de stimuler la demande. En économie, la demande est composée de la consommation et de l’investissement.
Relance par la demande correspond à une augmentation des aides pour relancer la consommation et l’investissement et donc
relancer la production et permettre de mettre en place un cercle vertueux avec plus de revenus versés.
On peut aussi relancer l’offre en aidant les entreprises à investir et à produire.

Le risque (pas attendu en France) est la surchauffe de l’économie quand la demande globale devient supérieure aux capacités d’offre
de l’économie (saturation des capacités productives), cela se traduit alors par une inflation (augmentation des prix)

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https://www.youtube.com/watch?v=IVwbgjYTZP4
Jusqu’à politique budgétaire. Nous reparlerons plus tard de la politique monétaire

https://www.youtube.com/watch?v=Qp98bPUyIL4
Plan de relance français 2020-2022

https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20210311-%C3%A9tats-unis-le-congr%C3%A8s-adopte-le-plan-de-relance-%C3%A9conomique-victoire-majeure-pour-joe-biden
J. M. Keynes parle « d’effet multiplicateur » des politiques de
relance sur l’activité économique.
D’autres exemples de politiques de relance célèbres :
Politique de relance
New Deal des Etats-Unis
après la crise des
Subprimes en 2008
1933 1er New deal
• Travaux de reboisement
• Construction de barrages

• Rééchelonnement des dettes


des fermiers pour éviter leur
faillite
🖐 Doc. 9 Relance ou austérité ?

https://www.youtube.com/watch?v=rgiUVuzGxe0 26
🖐 Politique de relance et effet multiplicateur

Politique conjoncturelle budgétaire de relance (volontariste ou expansionniste)


consiste à soutenir la croissance économique à court terme via une augmentation des
dépenses publiques en actionnant le mécanisme multiplicateur.

Cette politique permet de compenser les faibles investissements privés par une
augmentation des dépenses publiques.

L’augmentation des dépenses publiques, par le biais du multiplicateur, génère


un accroissement plus que proportionnel de la production et donc des revenus.

L’effet multiplicateur : il s’agit d’un processus en chaîne, où à chaque étape du revenu


qui est consommé augmente la production et entraîne la distribution de nouveaux
revenus.
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Politique budgétaire de relance volontariste
🢆 Des investissements
🢆 de l’investissement
des entreprises pour
public (école,
Embauches et 🢆 des répondre à la demande
hôpitaux …)
revenus distribués par
les entreprises aux
ménages
Politique budgétaire
de relance 🢆 De la demande
globale
🢆 De la consommation

🢆 des revenus de
transfert, des salaires
de fonctionnaires, 🢆 🢆 De la production,
des impôts reprise économique
et 🢆 du chômage
🖐Politiques budgétaires

Politique de relance Politique restrictive (de


(expansionniste, rigueur)
volontariste)
Objectifs Augmenter la demande globale
Lutter contre l’inflation
afin de stimuler la production et
l’emploi
Moyens Hausse des dépenses publiques et / Baisse des dépenses publiques
ou baisse des impôts et/ou hausse des impôts
Effets attendus sur Relance , hausse du PIB et baisse du Ralentissement du rythme de
l’activité économique chômage croissance du PIB

Risques Chute de la demande globale


Aggravation de l’endettement
public, Accélération de l’inflation et hausse du chômage
C. L’Etat peut aussi avoir recours à l’emprunt
lorsqu’il mène une politique de hausses des
dépenses.

2. Mais le recours à une politique de hausse des


dépenses publiques peut aussi avoir des effets
négatifs.
a. La hausse des dépenses publiques entraîne un creusement du déficit
public et de la dette publique.
Problème
déjà vu dans
le IV. B.

Débat : Faut-il annuler la


dette “Covid” de la France ?
b.. La hausse des dépenses publiques peut profiter à l’extérieur.

1. Pourquoi la hausse des dépenses


publiques peut-elle profiter à l’
étranger ?

Quand une économie est ouverte


(échanges avec d’autres pays), les
dépenses de l’Etat visant à accroître
les revenus peuvent stimuler les
achats à l’étranger et non la
consommation à l’intérieur du pays.
Dans ce cas là, cela se traduit par une
augmentation des importations.

Autrement dit, la demande


supplémentaire permise par un plan
de relance doit s’adresser en priorité
aux producteurs nationaux. Or
l’ouverture croissante des économies
rend cela difficile, c’est pourquoi les
politiques de relance doivent être
menées de façon concertée par les
pays (ex. au niveau européen)
c. La hausse des dépenses publiques peut profiter à l’extérieur.

Effet d’éviction n°1 : l’effet d’éviction sur le marché des fonds prêtables
Effet d’éviction n°1 : l’effet d’éviction sur le marché des fonds prêtables

🖐 Doc. 12
Le marché des fonds prêtables est une représentation simplifiée du marché financier où se confrontent
une offre de fonds (ou de capitaux) émanant des agents qui disposent d’une capacité de financement et une
demande de fonds (ou de capitaux) émanant des agents en besoin de financement qui souhaitent
emprunter.

En effet, les Etats en émettant des obligations sont des demandeurs de fonds prêtables. Les créanciers
sont des offreurs de fonds prêtables.

Si les Etats émettent massivement des titres pour financer leur plan de relance, ils augmentent la demande.
Si la demande de fonds prêtables augmente par rapport à l’offre alors le prix (ici le taux d’intérêt)
augmente.

Les investissements publics risquent de remplacer les investissements privés.

La hausse des taux d’intérêt liés à l’augmentation des dépenses publiques va entraîner une baisse de
l’investissement privé. Les entreprises vont moins émettre d’obligation, les taux d’intérêt étant trop élevés.

Le plan de relance n’aura pas l’effet attendu.


Effet d’éviction n°1 : l’effet d’éviction sur le marché des fonds prêtables

Taux d’intérêt (en O


%)
p2 Une augmentation de la demande de
fonds prêtables …
… entraîne une
augmentation du
taux d’intérêt d’
p1
équilibre

D2
D1

q1 q2 Quantité de fonds
prêtables
Peut-on vérifier cet effet d’éviction ?
- On observe très majoritairement que
les ménages et les investisseurs
détiennent des liquidités : 80% de leur
épargne. La préférence pour la
liquidité est nette, surtout dans un
contexte de taux d’intérêt
historiquement bas.

- Depuis 2008, ils détiennent davantage


de titres de dette publique : la part
d’obligations du secteur public
détenue a presque doublé (de 10 à
presque 20% de leur épargne en
Source : Flash Natixis, Nécessité d’une intermédiation croissante de l’ 2020).
épargne en zone euro, n°517, 29 avril 2020
- au détriment des obligations émises
par les entreprises dont la part recule
de près de 10 points.
Effet d’éviction n°2 : les ménages épargnent au lieu de consommer

🖐 Doc. 12
1. Pourquoi les ménages augmenteraient-t-ils leur épargne quand l’Etat augmente sa dépense
publique ?

Les ménages anticipent des impôts plus élevés par la suite et augmentent leur épargne pour y
faire face et aujourd’hui, en cette période incertaine, il y a également une épargne de précaution.

2. Quelles sont les conséquences de la hausse de l’épargne sur la consommation et donc


l’activité économique ?

L’effet multiplicateur de la politique de relance sera inférieur à 1 donc rendra la politique de


relance inefficace. La consommation restera faible et donc la production également. Cela
augmentera le chômage, incitant les ménages à augmenter leur épargne de précaution...

Attention, à relativiser : cela repose sur l’hypothèse que les agents économiques sont capables
d’anticipations rationnelles et donc d’anticiper les hausses d’impôts à long terme.
Effet d’éviction n°2 : les ménages épargnent au lieu de consommer
Les flux d’épargne sur ces livrets ont
beaucoup augmenté encore
récemment.

Pour 1,5 milliard d’euros collectés en


février, 3,8 milliards d’euros en mars
2020.

C’est l’effet du confinement qui


amplifie le besoin de sécurité des
ménages et les conduit à amplifier l’
épargne de précaution. Cela ne fera
pas l’affaire du gouvernement qui
table sur un rebond de la
consommation .

Source : Les Echos du 21 janvier 2020


⋇ Livret de développement durable et solidaire (LLDS)
Intérêts et limites d’une politique budgétaire de relance.

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