Introduction générale
Durant la colonisation (et longtemps après les indépendances) l’Afrique a été confinée au
rôle de pourvoyeuse des matières premières pour l’industrialisation des métropoles. Une
rétrospective selon les dotations naturelles. Vu que la plupart des pays africains avaient des
économies des rentes agricole et minière, cela a fait que leurs économies soient traduites en une
dépendance à l’égard des produits de bases. Et c’est pourquoi, au lendemain des indépendances,
le continent n’a pas réussi son décollage économique. Pour combler rapidement le retard de
l’Afrique, la solution de croissance économique élevée a donc été adopté comme stratégie de
développement. Cette croissance exige la mise en œuvre de vastes programmes d’investissement
et la mise en place d’infrastructures de base nécessaires au développement des activités
économiques (Adoum, 2006).
Faceau manque de ressources financières, les jeunes Etats se sont retrouvés dans
l’impossibilité de mettre en œuvre la stratégie de se rattraper. La situation de besoin de
financement a conduit les pays africains à recourir à l’endettement pour construire leurs
économies. C’est ainsi qu’après que les pays ont bénéficiés de prêts, souvent assortis
2
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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deconditions très concessionnels.Mais hélas, une grande proportion de cette dette a contribué à
financer de nombreux projets non rentables, peu réaliste et d’une faible efficacité. Pire, conjugué
à la dégradation de l’environnement économique internationaldes années quatre-vingt 1. La dette
de l’Afrique est devenue un frein à son développement et son remboursement total quasi
hypothétique (Adoum, 2006).
La dette publique a une influence importante sur l'économie dans le court terme et dans le
long terme. De manière générale, la dette (déficit réflecteur qui finance) peut stimuler la
demande globale et la production à court terme, mais s’entasse en capital et réduit la production
à long terme (Elmendorf et Mankiw, 1999 cité par Kumar et Woo, 2010).Par conséquent, la crise
de la dette courante a réanimé l'académique et le débat de la politique sur l'impact économique
de dette publique. En dépit de la poussée d'études apparentées sur le rapport entre dette public et
activité économique, la littérature empirique sur ce sujet est assez rare et expose un manque
d'évidences systématiques sur l'impact de dette publique sur l’augmentation du PIB potentiel
(Kumar et Woo, 2010; Checherita et Rother, 2010). Dans le passé, le problème de haute et
persistante dette publique était principalement associé avec les pays en voie de développement,
alors que les hauts niveaux de la dette d'aujourd'hui causent des interruptions aux cycles
financiers pour les économies avancées (Cecchetti et al. 2010) cité par (Mencinger et Aristovnik,
2013).
Les effets de la dette sur la croissance, laissent les différents auteurs qui ont essayé de déceler la
relation entre les deux variables divergents. Pour les uns, l'effet de la dette sur la croissance est
néfaste, pour d'autres, cet effet est positif mais devient négatif au-delà d'un certain seuil.
L'exception faite de l'analyse de Granger (1990), une étude faite sur les pays asiatiques,
débouche sur le résultat intéressant selon lequel, la dette extérieure contribue à augmenter la
croissance économique. Elmendorf et Mankiw (1999) arguent sur le fait que la dette extérieure
influence l'économie de manière générale et la croissance économique particulièrement à court
terme. Les keynésiens appuient l'idée selon laquelle la dette stimule la demande globale et le
rendement à court terme mais évince le capital en réduisant à long terme son rendement.
1
1 Caractérisé par la fluctuation des taux de change, la baisse du prix des matières premières et la hausses des taux
d’intérêt.
3
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L’une des analyses les plus influentes sur ce sujet est celle de Reinhart et Rogoff (2010). Il
existe un effet négatif particulier sur les pays qui ont une dette au-dessus de 90% de PIB. Les
conclusions de R&R (2010) ont été défiées par Herdon, Ash et Paulin (2013) qui montrent que
l’effet du seuil d’endettement semble disparaitre suite à une correction de l’erreur du codage et
l’utilisation des différents coefficients des données. Kumar et Woo (2010), Ceccheti et al. (2011)
par exemple, prétendent avoir trouvés quelques évidences du non linéarité avec les niveaux
élevés de la dette initiale qui a un effet plus large et négatif sur la croissance future. Au-delà de
90% du PIB la dette extérieure devient une résistance sur la croissance économique. En se
focalisant sur la zone Euro, Baum, Checherita et Rother (2013) trouvent aussi que la dette a un
effet non linéaire sur la croissance quand elle dépasse 95% de PIB (Pescatori et al. 2014).
En avril 2005, la Banque mondiale (BM) et le FMI ont adopté un cadre méthodologique de suivi
de la viabilité de la dette (CVD) des pays à faible revenu 2. Ce cadre est destiné à faciliter la mise
en place de stratégies de développement tout en évitant les risques de surendettement. Le CVD
est ainsi conçu pour aider les PFR à mobiliser les ressources nécessaires à leur développement
tout en minimisant les risques futurs d’un endettement excessif.3Il permet d’élaborer des
recommandations sur une stratégie d’endettement à moyen terme cohérente avec les efforts en
matière de politiques budgétaires et de réformes structurelles. Il vise donc à intégrer à la fois les
politiques engagées par les pays concernés pour atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD)4et la logique des programmations financières du FMI et de la BM
(Chauvin et Golitin, 2010).
La CEA5 (2015) montre qu’en 2014 la situation économique du Burundi est favorable avec une
croissance de 4,7% comme prévu dès le début de l’année 2014 par les autorités et cela s’explique
par la bonne tenue des cours mondiaux du café arabica conjugué à une hausse de la production
de cette matière première. Le taux d’inflation était de 7% en 2014 contre 9% en 2013. La
2
La banque mondiale classe les pays de la CPEGL (RDC, le Burundi et le Rwanda) parmi les pays à faibles revenu
(PFR).
3
Le FMI (2002) définit une dette soutenable comme étant « une situation dans laquelle un emprunteur sera
capable de continuer à honorer le service de sa dette sans être amené à corriger de manière irréaliste l’équilibre
de ses revenus et dépenses ».
4
En septembre 2015, les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à l’horizon de 2030, ont été mis en place à
la suite de l’échec des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui ont expirés en 2015
5
CEA : Commission Economique pour l’Afrique, est un organe des Nations Unies
4
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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situation de la dette burundaise indique que l’encours de la dette extérieure publique rapportée au
PIB était estimé à 30% en 2014 cintre 31,8% en 2013. Malgré la situation politique et sécuritaire
de la RDC délicate dans l’Est du pays, la croissance du PIB a été robuste en 2014 et s’établit à
8,6% contre 6,2% en 2013 qui s’explique par la vitalité du secteur minier et le dynamisme du
commerce, de l’agriculture et des bâtimentset travaux publics ; à cette année, l’inflation a resté
relativement maitrisée avec un taux de 2,4% demeuré en deçà de la cible annuelle de 3,7% contre
0,8% en 2013.La banque mondiale 6montre que le taux de croissance de PIB du Rwanda est de
4,6% en 2014 contre 8,7% en 2013. Les pays de la CEPGL sont tous classés par la banque
mondiale, parmi les pays à faible revenu et la littérature montre que la dette extérieure contracté
par un Etat peut booster sa croissance économique ; c’est de toutes ces justifications qui nous à
poser les questions suivantes qui feront l’objet de notre étude.
Au regard de ce qui est dit ci-haut, nous amène à réfléchir que la dette extérieure et la croissance
économique des pays de la CEPGL est à notre niveau un sujet d’interrogation. C'est la raison
pour laquelle nous essayerons de répondre à la problématique suivante : Dans quelle mesure la
dette extérieure de la région CEPGL exerce-t-elle des effets sur leur croissance économique? En
d'autres termes, la dette extérieure des pays de la CEPGL agit-elle favorablement ou
défavorablement sur la croissance économique? Quel serait le seuil optimal d’endettement de
ces pays ?
La question ci-haut posée nous conduit à prendre une réponse provisoire selon laquelle la
dette extérieure a un impact positif sur la croissance économique des pays membres de CEPGL.
Il existerait un seuil au-delà duquel, la dette ce dernier aura un impact négatif sur la croissance
des pays de la zone.
En supposant que cette dette est contractée afin de soutenir la croissance compte tenu de
l’insuffisance des ressources intérieures, on peut ajouter en outre que les pays en développement
par exemple, ont un faible niveau de stock de capital, ce qui offre des opportunités pour des
nouveaux investissements dont le taux de rentabilité est généralement plus élevé que celui des
pays développés. On peut alors admettre que ces pays utilisent les emprunts extérieurs pour
6
Base de données de la banque mondiale : world development indicators (WDI).
5
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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investir dans les secteurs productifs, dans un environnement économique stable, sans distorsions
ni chocs extérieurs, cette dette leur permettra d’accélérer la croissance économique et d’assurer
les remboursements. Cependant, il est logique de penser également qu’au-delà d’un certain taux
la tendance s’inverse. Ce dernier sera expliqué par la courbe de Lafer de la dette sur la croissance
économique. Ce qui laisse dire qu’un taux d’endettement élevé induit un faible taux de
croissance économique mais reste à trouver ses canaux de transmission.
L'importance que joue la dette extérieure publique dans un pays, n'est pas des moindres.
Certes, celle-ci est considéré comme moteur de toute croissance économique, bien qu'il soit un
fait réel, ce moteur affiche certains résultats mitigés par rapport à la théorie économique,
montrant les liens qu'il ya entre l'endettement extérieur et le déséquilibre de la balance des
transactions, le taux de change, etc.
Le choix de ce sujet est justifié par le fait que les pays membres de la CEPGL partagent presque
les mêmes caractéristiques économiques. L’indice de développement humain (IDH) de 2014 des
pays membres notamment le Burundi, la RDC et le Rwanda est inférieure à 0,500 (0,400 ;
0,443 ; 0,483 respectivement) ce qui traduit un très faible niveau de développement.Leur taux de
croissance de la population évolue presque dans les mêmes tendances dans ces cinq dernières
années. Ainsi, il s’avère plus important d’étudier leurs économies respectives en vérifiant si leurs
dettes extérieures publiques peuvent avoir de l’impact sur la croissance de ladite zone
économique.
En effet, sur le plan théorique, ce travail nous permettra de pouvoir fournir un cadre théorique
sur la capacité des pouvoirs publics à découvrir les variables déterminantes qui poussent l'Etat à
l'endettement extérieur. Cela nous permettra de tirer les conséquences sur les politiques
économiques de dits pays.Et montrer la proportion (dans le PIB) de la dette au-delà duquel un
Etat de la zone est tenue de respecter pour ne pas handicaper la croissance économique.
Les données qui seront utilisées dans ce travail seront des données en panel de trois pays
membres de la CEPGL et qui couvrira une période allant de 1985 à 2014 soit trente observations
pour toutes les variables sous études. Les données secondaires seront utilisées et qui
proviendront de la base de données de la Banque Mondiale (World Development Indicators), de
6
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Fonds Monétaire International (FMI) et d’autres rapports internationaux en rapport avec notre
travail.
Pour parvenir aux objectifs de ce travail, l’estimation économétrique du modèle sera faite sur des
données de panel. Nous procéderons par trois modèles différents notamment, le modèle sans
effet, le modèle à effet fixe et le modèle aléatoire. Pour savoir quel modèle utilisé entre les trois,
quelques tests seront utilisés entre autres le test de Fisher (pour savoir lequel des deux premiers
présente les meilleures estimations), le test de Breusche et Pagan (pour choisir les meilleurs des
estimations obtenues dans les modèles sans effets et avec effets aléatoires), et le test de Hausman
(pour savoir le meilleur modèle à utiliser) et à chaque test il y aura des hypothèses sur lesquelles
nous prendrions des décisions.
Hormis cette introduction et la conclusion, ce travail est subdivisé en trois chapitres. Lepremier
présentera la définition des concepts et la revue de la littérature théorique et empirique, le second
abordera la présentation du milieu d’étude et l’approche méthodologie, et le troisième concernera
la présentationet la discussion des résultats.
7
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Ce chapitre a pour objectif de définir les concepts et de présenter une revue théorique relative à
la dette extérieure et croissance économique et égalementfaire une synthèse des travaux
empiriques déjà réalisés.
Les concepts définis ici sont ceux rencontrés tout au long de notre exposé. Cette section ne porte
essentiellement que sur la dette extérieure et la dette odieuse, la notion de surendettement, la
notion des étapes de la balance de paiement, solvabilité/soutenabilité, seuil optimal de
l’endettement et la croissance économique.
A. Dette extérieur
En économie, la dette extérieure désigne l’ensemble des dettes qui sont dues par un Etat,
entreprises et particuliers compris, à des prêteurs étrangers. Il importe de faire une distinction
entre dette extérieure brute (ce qu’un pays emprunte à l’extérieur) et la dette extérieure nette
(différence entre ce qu’un pays emprunte à l’extérieur et ce qu’il prête à l’extérieur (Bayonne,
2011).
La dette publique est constituée de l'encours total des titres d'emprunt public (titres d'emprunt
d'Etat, bon du trésor, dette des entreprises publiques..). Celle-ci résulte du financement des
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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dépenses publiques par l'emprunt plutôt que de l'impôt. Il faut distinguer la dette publique et la
dette d'Etat ou dette souveraine.
Dette souveraine : est celle qui est émise ou garantie par un Etat. Pour certains
économistes, la dette souveraine est nécessaire, l'Etat peut être perpétuellement endetté
sans subir les contraintes d'insolvabilité des autres agents économiques qui doivent
rembourser leurs dettes.
Dette privée : emprunts contractés par des emprunteurs privés (banques commerciales,
grandes entreprises) quel que soit le prêteur.
Dette bilatérale est contractée par un Etat auprès d’un autre Etat et négociée au sein du
Club de Paris (le cartel des Etats créanciers).
Dette multilatérale est celle contractée auprès des institutions financières internationales
(BAD, BM, FMI). Plus le pays est pauvre, plus la part de la dette multilatérale est
importante.
accordée aux pays confrontés à des difficultés de services de leur dette mettant en œuvre
des programmes d’ajustement soutenu par un accord du Fonds monétaire international.
Ici, il est question de parler du Fond Mondial International (FMI) et de la Banque Mondiale
(BM).
Les deux organismes (Brasseul, 1993) avaient été créés après la conférence de Bretons Woods en
1944 pour remettre sur pied et gérer le système Monétaire international et faciliter la
reconstruction des pays industriels, ont désormais l’essentiel de leurs activités orientées vers les
pays en voie de développement : le FMI leur prête des capitaux à court terme et souvent
supervise leur politique économique. La BM leur prête des capitaux à long terme pour financer
des investissements dans l’infrastructure et dans les secteurs productifs, ou pour faciliter leur
« ajustement structurel ». Ses principaux objectifs sont entre autres de : promouvoir la
coopération monétaire entre ses membres, favoriser la croissance du commerce international,
étendre la convertibilité des monnaies en éliminant les contrôles des changes, atténuer les
déséquilibres des balances de paiements et assurer la stabilité des changes.
Les ressources du FMI proviennent des contributions des pays membres dans leurs monnaies
nationales (75% du quota) et en devises (dollars, FF, Livres, Yen, DM, etc.) ou en DTS 7 pour
25%.
7
DTS (Droits de Tirages Spéciaux) ont été créés par le premier amendement aux statuts de Fonds en 1969, il s’agit
d’une nouvelle monnaie, liquidité internationale, créée par le FMI et distribuée aux pays membres en fonction de
leurs quotas.
10
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Le produit intérieur brut (PIB) est l’ensemble des biens et services produits par
l’économie nationale, sur le territoire national, quelle que soit la nationalité des
producteurs. En comptabilité nationale, le produit intérieur est la somme de valeurs
ajoutées (production diminuée des consommations intermédiaires) au cours d’une période
donnée, un an par exemple, par l’ensemble des secteurs institutionnels, augmentée de la
TVA et des droits de douane grevant les produits, et diminuée des services bancaires
imputés non répartis entre les services utilisateurs (Bernard et Colli, 1996).
Le produit national brut (PNB) : il est ensemble des biens et services produits par
l’économie nationale pendant une durée déterminée (un an par exemple), à l’exclusion
des services des administrations publiques nationales. Il est un compte global de la
comptabilité nationale. Il fournit une mesure exprimée en valeur monétaire de l’activité
économique de l’ensemble des agents économiques rattachés à l’économie nationale
(Bernard et Colli, 1996).
L’encours de la dette correspond au montant total dû sur emprunts contractés par une date
donnée. En d’autres termes, il présente la dette effective à une date fixe, elle représente
encore la dette vivante. C’est un montant engagé et liberé en soustrayant les
amortissements
B. Dette odieuse
Pour AlexaderSack, cité par Marc Raffonot théoricien de ce doctrine : « si un pouvoir despotique
contracte une dette non pas selon les besoins et les intérêts de l’Etat, mais pour fortifier son
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dernière est odieuse pour la
population de l’Etat entier. Celle-ci n’est obligatoire pour la nation : c’est une dette de régime,
dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée ; par conséquent, elle tombe avec la chute de ce
pouvoir ». (Raffinot, 2003) cité par Mania (2000).
Les emprunts contractés à l’encontre des intérêts de la population du pays endetté sont
« odieux » et, en cas de changement de régime, les nouvelles autorités ne sont tenues de les
rembourser. La doctrine de la dette odieuse trouve son origine au 19ème siècle. L’une de ses
applications remonte à l’année 1898, lorsque les Etats-Unis prirent le contrôle de Cuba après la
guerre contre l’Espagne et que celle-ci leur demanda d’assumer la dette cubaine à l’égard de la
couronne espagnole, conformément au droit international. La commission de négociation des
Etats-Unis refusa cette dernière, la qualifiant de « poids imposé au peuple cubain sans accord ».
Selon ses arguments, « la dette fut créée par le gouvernement de l’Espagne pour ses propres
intérêts et par ses propres agents. Le Cuba n’a pas eu voix au chapitre ». La commission ajouta
que « les créanciersont accepté le risque de leurs investissements ». Le litige fut éteint par la
conclusion d’un traité international entre les Etats-Unis et l’Espagne signé à Paris en 1898. Elle
fut entièrement annulée. (Mwania, 2000).
- Approche traditionnelle:
Quoique la terminologie ne soit pas fixe dans la littérature théorique, il importe de distinguer
deux notions, à savoir la solvabilité d'une part et la soutenabilité d'autre part. Au plan théorique,
le critère de solvabilité est tel que la dette finisse par s'annuler. C'est un critère assez peu
opérationnel.En pratique, ce qui importe essentiellement, c'est que le pays puisse continuer à
recevoir des financements extérieurs. La condition pour cela est qu'il paye régulièrement les
12
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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intérêts sur l'encours de ses dettes. Cette condition diffère fondamentalement de la première,
puisqu'elle est compatible avec le fait que l'encours de la dette progresse régulièrement.
Pour traduire cette condition sur le plan quantitatif, on utilise la notion de soutenabilité. Le
critère de soutenabilité n'est qu'un ratio déterminé (généralement le rapport encours de la dette
divisé par le PIB) tende vers une limite finie. Dans les modèles théoriques on considère en
général que ce critère est suffisant : le fait que les ratios d'endettement ne connaissent pas de
tendance explosive suffirait à assurer la possibilité de continuer à s'endetter (Munia, 2000).
En pratique, il est cependant difficile d'en rester là : le plafond atteint en cas de "soutenabilité"
peut être très élevé, insupportable dans la mesure où il existe malgré tout un niveau minimal de
consommation (ou de dépenses publiques) qu'il faut pouvoir continuer à assurer.
Et l'analyse de ce niveau minimal est difficile à mener sur le seul plan économique, car il dépend
de la capacité des gouvernements à faire accepter à leurs citoyens une réduction de leur niveau
de vie. Il est possible d'obtenir une évaluation empirique des seuils en observant les valeurs des
indicateurs atteintes par les pays qui n'ont pas pu ou pas voulu honorer la totalité du service de
leur dette (Dornbusch, 1985) cité par Munia (2000).
Au début des années quatre-vingt, un nouveau courant théorique a proposé une approche
différente. Le remboursement de la dette est analysé comme le résultat d'une volonté de payer
correspondant à la maximisation de son intérêt par le débiteur, en l'absence de toute possibilité de
saisie de garanties par le créancier. Il ne s'agit donc plus, comme dans les anciens modèles,
d'établir si le débiteur disposera ou non à terme des ressources suffisantes pour payer, mais s'il a
intérêt à le faire. Cette approche débouche notamment sur la thèse du surendettement
(debtoverhang ou fardeau virtuel de la dette): dans certains cas, les agents des économies très
endettées n'auraient plus intérêt à investir, car une partie très importante de la productivité
marginale de leur investissement serait prélevée par les créanciers (Dornbusch, 1985) cité par
Munia (2000).
La littérature montre que le seuil optimal de l’endettement ne peut pas être la même dans les
pays car ne possèdent pas les mêmes caractéristiques. Certains auteurs (Dalgaard et Hansen,
2001 ; Lensink 1993a,b : Guillaumont et Chauvet, 2001) ont conclu qu’il existe une relation
positive et significative entre dette publique et croissance, et plus la part de la dette dans le
revenu national est grande, moins on voit des retombées moins consistants de celle-ci. Alors
l’impact de la dette devient négatif parce que le pays est incapable d’absorber la dette en plus.
Pour Lensink et White (2001), ce point de retournement de la dette est au-delà de 50 % du
revenu national.
D’après Le petit La Rousse (2008), la croissance est une augmentation, sur une longue période
des principales dimensions caractéristiques de l’activité d’un ensemble économique et social
(notamment de production nationale des biens et services), accompagnée ou non d’une
transformation des structures de cet ensemble.
Depuis Adam Smith et sa richesse des nations, la croissance occupe l’esprit de nombreux
économistes. La croissance est ainsi associée à plusieurs qualificatifs : illimitée, limitée,
instable… La croissance économique peut se définir comme « un accroissement durable de sa
dimension, accompagné de changements de structure et conduisant à l’amélioration du niveau
de vie ». Pour rendre compte du changement de dimension d’une économie, on fait très souvent
recours à des agrégats permettant de mesurer l’évolution de l’ensemble des productions tels que
le PIB(Produit Intérieur Brut) ou le PNB(Produit National Brut). Le PIB en valeur, résultat d’un
effet quantitatif (PIB en volume) et d’un effet prix (accroissement du niveau général des prix)
pouvant aussi bien masquer une stagnation qu’un recul de la production en période d’inflation,
les économistes préfèrent utiliser le terme de PIB en volume comme indicateur de la croissance.
En ce qui est de l'analyse théorique de la dette extérieure dans une économie en développement,
elle s'est développée en quelque sorte à partir d'un postulat de base, celui d'une relation positive
entre les flux d'emprunts et le processus de croissance du débiteur. L'analyse a intégré ainsi
l'expérience positive tirée de l'observation du rôle des flux financiers dont ont bénéficié les pays
neufs et qui leur ont permis de soutenir une croissance vigoureuse les hissant au même niveau
14
Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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que les vieux pays industrialisés de l'Europe (trente glorieuse). L'analyse reprend ici les
principales conclusions des développements théoriques sur la question, à la suite de la
controverse Keynes-Ohlin, une fois admis le rôle positif de l'emprunt et implicitement rejeté le
caractère nocif que les auteurs lui reconnaissaient au XIXe siècle.
Le postulat étant ainsi admis que la dette peut être un des moyens privilégiés de financement du
développement, le but de la théorie sera surtout d'étudier les conditions dans lesquelles elle
produit de façon optimale tous les effets dans l'économie débitrice. C'est pourquoi on retrouve ici
les grands thèmes qui ont préoccupé les auteurs en analysant le problème de la dette et des
transferts dans le cas des pays développés.Il faut dire que ces analyses ont été élaborées sous la
contrainte de la réalité des faits qui ont quelque peu tempéré l'optimisme des premières
expériences de transferts de ressources dans le cadre des politiques d'aide.Les premières
politiques d'aide mises en œuvre au lendemain de la guerre avaient en effet montré que la réalité
des effets des prêts aux pays en développements ne correspondait pas à l'optimisme de l'analyse
théorique fondée sur l'expérience des pays neufs.
Ici, il est question de parler de différentes théories relatives avec la dette extérieure et la
croissance économique d’un pays donné.
II.1. Généralité
Il est très vital pour un pays d'emprunter à l'étranger afin d'ajuster la croissance
économique.Cette possibilité d'emprunt à l'étranger procure de vastes perspectives,mais cela peut
aussi exposer le pays à des graves dangers.
Un autre thème relatif à l'économie de l'endettement étudie l'inter indépendance entre le financier
et l'économique ; c'est à dire la logique d'endettement relève d'uneapproche différente de celle du
crédit. Dans l'économie traditionnelle du crédit, une institution recourant à ce mode de
financement est tenue au remboursement du prêt selon les conditions des coûts, decalendrier et
de durée initialement prévue dans les clauses d'endettement. Par contre il y a rupture réelle
provoquant l'arrêt brutal de crédit et l'effondrement des échanges internationaux si les clauses ne
sont pas respectées. Or l'économied'endettement assure la continuité réelle des liens
économiques à l'aide de la flexibilité et la globalité du système financier international
apparaissant à travers lesmécanismes d'endettement (Konso, 2005).Celaétant, si l'endettement
assure la continuité réelle des échanges internationaux, il ne présente pas forcément leur chance
de réussite.Ily a une relative indépendance entre les conditions financières de l'emprunt et la
rentabilité économique de l'investissement financé par l'endettement (Ganiasse, 1994).D'autres
contraintes notamment celles des liquidités et de solvabilité sont également dissociables
difficilement au cours des mécanismes de l'endettement.
s’accroisse. Cette théorie donne lieu à une relationen forme de "courbe de Laffer" entre la dette
extérieure d’une part et la croissance durevenu par habitant d’autre part.
Pour Oks et Wijnbergen (1995), un endettement rapide peut conduire à accélérer la fuitedes
capitaux si le secteur privé craint une dévaluation imminente et/ou des hausses d’impôtsvisant à
assurer le service de la dette. Les études passées en revues suggèrent dansl’ensemble que
l’emprunt extérieur a un impact positif sur la croissance jusqu’à un certainseuil ; au-delà de ce
seuil, son effet devient négatif. Cette théorie peut, comme l’indiqueCohen(1993), être illustrée
par une sorte de " courbe de Laffer ". Cette courbe indiquequ’au fur et à mesure que l’encours de
la dette évolue, la probabilité de son remboursementdevient de plus en plus faible. La hausse de
la valeur nominale de la dette va de pairavec l’augmentation des anticipations de remboursement
(partie ascendante de la courbe).Par ailleurs, un accroissement de la dette réduit ces anticipations
(partie descendent de la courbe).
Pour les keynésiens, l'endettement en général n'entraîne pas de coût ni pour les générations
présentes et futures du fait des investissements nouveaux qu'il génère. Dans le modèle keynésien
de l'endettement de l'Etat, la démarche globale et les effets multiplicateur et accélérateur sont des
caractéristiques fondamentales de leur théorie (Cohen, 1996).Dans cette approche, l'endettement
favorise la relance de la demande globale entraîne par l'effet accélérateur une augmentation plus
que proportionnelle de l'investissement, qui provoque à son tour une hausse de la production.
Pour ce qui est des classiques, ils assimilent l’endettement à un impôt futur. Les étudesthéoriques
sur le rapport entre la dette extérieure et la croissance économique sont largementcentrées sur les
effets négatifs du surendettement. Krugman (1988) et Sachs (1989) prédisent qu’une dette élevée
est nuisible à la croissanceéconomique dès lors qu’elle décourage les investissements. Pour ces
auteurs, lorsque ladette excède les ressources internes d’un pays, ce pays risque de ne plus être
capable derembourser les emprunts passés, ce qui aura un effet dissuasif sur les créanciers et
investisseurs potentiels.
citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et se comportent comme s'ils sont
contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt quel que soit le
décalage intergénérationnel ». Le comportement des agents économiques est guidé par une
anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou
la qualité des dépenses (dépenses de transfert ou d'investissement) financées par l'emprunt.
Dans cette partie du travail, il est question de montrer les différentes raisons qui font à ce qu’un
pays donné contracte un emprunt. Un pays emprunte à l’étranger pour substituer ce qui manque
chez lui afin d’atteindre le stade du développement (Konso, 2005). D’où, principalement, il peut
y avoir trois motifs qui font qu’un pays puisse emprunter à l’étranger :
La théorie montre qu’un niveau très élevé de la dette extérieure est voué à avoir des effets sur la
croissance, par contre, pratiquement il est visible qu’un niveau très élevé du stock de la dette
conduit nécessairement à baisser la croissance. Donc, l’accumulation par un pays d’une dette très
élevées risque de mettre dans une situation où il ne pourra plus être capable de rembourser les
emprunts passés, ce qui aura un effet dissuasif sur les créanciers et les investisseurs potentiels.
Une fois les coûts élevés des taxes du service de la dette ne sont pas internisés, cela peut
provoquer une baisse de croissance avec la fuite des capitaux. Cette thèse (Krugman, 1989) est
connue sous le nom de la théorie du surendettement ou la thèse du fardeau virtuel de la dette ou
encore « Debtoverhang » en version anglaise. Si le niveau de la dette d’un pays peut
rassemblement dépasser la capacité de son remboursement, le service prochain de la dette va être
une fonction croissance du niveau de production de ce pays.Le taux de rendement
d’investissement intérieur va faire face à une taxe élevée marginale par les créanciers étrangers,
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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et les nouveaux investissements nationaux et étrangers vont être découragés ainsi que la
croissance économique.
Dans le but de réduire la dette des pays à faible revenu, le FMI et la Banque Mondiale ont mis en
place des politiques visant à réduire et alléger la dette extérieure des pays à faible revenu en leur
permettant de supporter leur dette et tirer lacroissance tout en les soutenant par certaines
initiatives (Mahamat, 2012). Ainsi, divers mécanismes internationaux ont été mis en œuvre
parmi lesquels le Plan Brady (1985), les termes de Toronto (1988), les termes de Londres(1991),
les termes de Naples (1995), les termes de Lyon (1996) et enfin l'initiative en faveur des pays
pauvres très endettés (PPTE) en 1996 et 1999.Les conditions de Toronto consistent en la
réduction du tiers de la dette officielle bilatérale éligible qui est venue à échéance. Celles de
Londres portent sur une réduction de moitié et celles de Naples, quant à elles, prévoient un
accord de réduction de 2/3 du service de la dette bilatérale échue en valeur actuelle nette (Yapo
et Léonce, 2001) cité par Konso (2005).
Initiative PPTE
L'initiative PPTE, conçue au départ par la banque mondiale et le Fonds monétaire international
en 1996 et améliorée ensuite en 1999, consiste en une remise de la dette des 41 pays à faible
revenu et réduit cependant le niveau de leur remboursement de la dette à un niveau gérable ou
soutenable.Elle requiert également sous la supervision des institutions de Bretton Woods, que les
pays éligibles présentent une trajectoire des performances de bonnes politiques économiques,
c'est à dire que ces pays doivent démontrer des antécédents satisfaisants sur le plan de leur
gestion économique tels des programmes de stabilisation économique, des reformes des secteurs
publics et une réorientation des dépenses publiques en faveur de la réduction de la pauvreté, de
l'éducation, des soins de santé y compris une croissance durable profitant aux populations
pauvres (Boote et Thugge, 1999) cité par Konso, 2005).
Dans ce sens, l'initiative PPTE se déroule en deux étapes principales de trois ans chacune, à
savoir :
1ère étape : constituée par les bons antécédents énumérés ci-haut pendant 3 ans ; et à la fin de
cette performance économique, le pays va bénéficier de la part du club de Paris, des autres
créanciers bilatéraux et commerciaux d'un accord de rééchelonnement des flux aux conditions de
Naples (67% de la VAN). Et le pays atteint le point de décision
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Cependant, bien avant le point de décision, une analyse sur la soutenabilité de la dette est
effectuée pour déterminer l'éligibilité du pays à un allégement supplémentaire de la dette.
- Si après analyse, il s'avère que l'opération aux termes de Naples due au club de Paris est
suffisante pour réaliser la soutenabilité de la dette en 3 ans. Dans ce cas, le pays va s'avérer
dynamique et apte à sortir du processus de rééchelonnement de la dette et ne bénéficiera pas
d'une aide aux termes de l'initiative.
- Si cette opération aux termes de Naples paraît insuffisante pour réaliser la soutenabilité de la
dette, le pays peut bénéficier de l'initiative, et dans ce cas, il pourra solliciter une aide à ce titre,
voire même solliciter un autre rééchelonnement aux conditions de Naples si cela s'avère
nécessaire pour ramener sa dette à un niveau tenable.
2ème étape : Pour les pays réputés admissibles à l'initiative PPTE, le club de Paris et tous les
autres créanciers vont accorder cas par cas de rééchelonnement des flux aux conditions plus
concessionnelles jusqu'à 80% de la dette admissible. Mais le pays doit encore établir des
politiques judicieuses pendant trois ans toujours sous la supervision des IBW. Et les bailleurs des
fonds, les créanciers bilatéraux et les institutions multilatérales sont aussi obligés de fournir une
assistance sur la forme des dons et des prêts sous conditions privilégiées.
Il sied de rappeler que les fonds libérés par cette remise doivent être utilisés au bénéfice des
programmes de réduction de la pauvreté plutôt que sous forme des remboursements.
Et ces programmes doivent être élaborés au travers des documents des stratégies de réductions de
la pauvreté (DSRP), un processus impliquant des consultations très larges avec les groupements
communautaires et les organisations gouvernementales (ONG) ainsi que les bailleurs des fonds
sur les priorités à mettre dans les politiques publiques ciblées pour la réduction de la pauvreté.
Dans cette partie, il est question de parler d’une manière brève quelqes facteurs qui peuvent
expliquer la croissance économique d’un pays donné.
Ici, il est question de présenter les facteurs qui expliquent mieux cette croissance économique.
- Le capital humain
R. E. Lucas (1988) argumente dans son article que le secteur de production de capital humain
crée des externalités. Le stock de connaissance incorporé dans un individu améliore évidemment
sa qualification et donc sa productivité. En effet, le niveau de qualification d’un individu croit
lorsque la concurrence dans l’économie est acharnée et le niveau de compétence de l’économie
est élevé aussi. De ce fait, les dépenses de formation pour une entreprise ne font qu’accroitre le
potentiel de croissance future. Cette notion de capital humain ne doit pas se limiter seulement à
la qualification des PED, mais elle doit impliquer l’alimentation et la santé publique. Aussi,
certains auteurs cités par Andrea et Stefano (2001) montrent dans leurs études que la croissance
parte également de l’hypothèse que la formation et l’expérience de la main d’œuvre représentent
une forme de capital (humain). Les keynésiens comme par exemple Théodore W. Schultz,
préciser par Gary Becker dans « human capital » (1964), il dit que le capital comprend donc
seulement le savoir, l’expérience et les talents (capital-savoir), mais aussi sa santé physique ou sa
résistance aux maladies.
L’analyse des déterminants de la croissance peut être en outre élargie aux activités de R&D. les
dépenses de R&D peuvent être considérées comme un investissement dans le savoir, qui se
traduit par l’élaboration de nouvelles technologies aussi bien que par une utilisation plus
efficiente des ressources humaines et physiques existantes. En effet, on s’accorde plutôt à penser
que la R&D peut avoir un effet persistant sur la croissance, autrement dit, qu’une augmentation
des dépenses de R&D devrait entraîner, toutes choses restantes égales par ailleurs, une
augmentation permanente des taux de croissance (Andrea et Stefano, 2001).
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Les analyses de Nadiri, 1993 et de Cameron, 1998 cité par Andrea et Stefano (2001), montrent
que des ressources allouées à la R&D peuvent être influencés par une intervention des pouvoirs
publics. Plus particulièrement, les avantages potentiels découlant des nouvelles idées ne peuvent
pas bénéficier au seul inventeur en raison des effets de diffusion, ce qui implique que sans
intervention politique, le secteur privé se livrerait à moins d’activités de R&D qui serait
socialement optimal. Ce constat justifie une certaine implication des pouvoirs publics dans la
R&D, aussi bien par des travaux ou des financements directs, mais aussi indirectement, par des
incitations fiscales et par la protection de la propriété intellectuelle, afin d’encourager les
activités de R&D du secteur privé.
- Commerce international
La nouvelle théorie du commerce international montre que la majeure partie des échanges (70%)
est constituée des produits similaires entre des nations qui ont des structures de production
identiques (Moussone, 2010). Ces transactions ne sont pas expliquées dans les théories des
avantages comparatifs absolus ou relatifs de Smith (1776) et de Ricardo 1876), des dotations
factorielles de Heckscher (1917), Ohlin (1933) et Samuelson (1947), mais plutôt dans la nouvelle
théorie du commerce international développé par Krugman à partir de 1979. En effet, pour la
nouvelle théorie de commerce international, l’essentiel des échanges actuels (échanges intra-
branches) s’explique par les rôles joués par la différentiation verticale (Chamberlin, 1933) et
horizontale (Hoteling, 1929) du produit, qui est une caractéristique essentielle des produits
manufacturés (Moussono, 2010).
La qualité du capital public est l’une des sources de croissance de la productivité globale des
facteurs. Des infrastructures routières et portuaires entretenues, des moyens de
télécommunication opérationnels et plus généralement des services publics efficaces constituent
un environnement favorable à la productivité du capital privé. Il faut donc regarder les dépenses
publiques différemment et cesser de considérer que la réduction de l’Etat est une orientation
irréversible des politiques économiques, en particuliers dans les PED. Lorsque les politiques
d’ajustement s’attaquent aux investissements publics, il faut craindre une réduction de la
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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croissance potentielle. D’une manière plus large, on pourrait considérer que les institutions
politiques fiables et que l’affirmation d’une société de droit fait partie des conditions améliorant
les perspectives de développement (Mahamat, 2012).
De plus de ces facteurs endogènes de la croissance, la littérature parle aussi des facteurs
exogènes de la croissance qu’il sied de les présenter.
Brasseul (1093) montre que les termes de l’échange d’un pays se détériorent lorsque les prix des
produits qu’il importe évoluent moins favorablement que les prix des produits qu’il exporte : par
exemple, si les prix des importations augmentent plus vite que les prix des exportations (cas des
pays consommateurs des produits pétroliers dans les années soixante-dix). A fortiori, bien sûr, si
les prix des exportations diminuent quand les prix des importations augmentent (cas des
producteurs de produits primaires dans les années quatre-vingt) ou s’ils baissent plus vite, on
aura également une dégradation des termes de l’échange. Au contraire, on parlera d’une
amélioration des termes de l’échange lorsque que les prix des importations augmentent plus vite
que les prix des exportations.
La détérioration des termes de l’échange a été présentée en 1950 par Raul Prebisch et Hans
Singer dans deux articles célèbres, et résumée par ce dernier.Les économistes classiques, à partir
de Ricardo et Start Mill, considéraient que l’évolution ne pourrait au contraire qu’être favorable
à long terme pour les produits primaires. Avec la théorie de Prebisch-Singer la perspective est
inversée, et d’autres facteurs, jouant à la détérioration des termes de l’échange sont :
Les gains de productivité dans les activités primaires des PVD se traduisent par des
baisses de prix qui profitent aux pays riches.
La demande augmente plus vite à long terme pour les produits industriels que par les
produits primaires.
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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La conclusion de Prebisch-Singer était, là encore, que les pays du tiers monde ne devraient pas
compter sur le secteur extérieur pour se développer et devraient s’engager dans un processus
d’ISI. Leur thèse a reçu des nombreuses critiques, outre le débat statique sur l’évolution effective
des termes de l’échange, la prise en compte des coûts de transport et de la qualité des produits.
Nombreux d'études théoriques qui ont étudié les canaux de transmission à travers lesquelles la
dette extérieure entrave la croissance à court et à long terme, ce qui amène le pays à recourir aux
emprunts extérieurs.La dette extérieure à une influence importante sur l'économie de manière
générale et la croissance économique particulièrement, à court terme. Selon les néo-keynésiens,
le financement par la dette publique stimule la demande globale et le rendement à court terme,
mais évince le capital en réduisant à long terme son rendement, (Elmendorf et Mankiw, 1999).
Il existe plusieurs canaux à travers lesquels une dette extérieure très élevée peut affecter la
croissance à moyen et long terme, ce qui a suscité l'attention de plusieurs auteurs :
Une dette publique très élevée peut nuire à l'accumulation de capital qui passe par le biais d'un
taux d'intérêt très élevé à long terme (Gale et Orzag, 2003; Baldacci et Kumar, 2010), toute
taxation future peut entraîner des distorsions très importantes (Barro, 1979; Dotsey, 1994), cela
engendrera un niveau d'inflation plus élevé (Sargent et Wallace 1981; Barro, 1995; Cochranne
2010), et une incertitude énorme sur le marché, des perspectives et de politiques économiques
dans le cas d'une incertitude. Cette dernière entraîne à travers le marché monétaire ou des
opérations bancaires, une crise monétaire, et ces effets se transmettent à l'économie (Burnside et
al, 2001; Ourlant et al, 2003). La dette extérieure très élevée est susceptible de contraindre la
politique fiscale en vue de soutenir l'appareil de l'Etat par des conséquences comme volatilité
excessive et une baisse de la croissance économique (Aghion et Kharroubi, 2007), sur les effets
de politique fiscale anticycliques sur la croissance et sur les effets de politique fiscale pro-
cycliques et l'impact de la volatilité sur la croissance (Mahamat, 2012).
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Malgré les différents enseignements, on trouve peu d'études qui nous parlent d'impacts de la
dette sur le PIB dans le cas des pays développés. L'exception faite d'étude menée par Reinhart et
Rogoff (2010), qui expliquent que la dette extérieure élevée entraine l'inflation qui vient affecter
négativement la croissance économique, dans les pays émergents et développés à long terme.
Ainsi, la théorie de la croissance prévoit qu'une augmentation de dette publique entraîne le déclin
provisoire plus lent, et tout au long du chemin de transition, il apparaîtra un nouvel équilibre
dans le modèle néoclassique, comme le modèle de Solow et un déclin permanent dans le modèle
de croissance endogène (Saint-Paul, 1992).
Epargne
Taux Investisseme
nette ↘
d’intérêt ↗ nts privés ↘
Dépenses PIB ↘
publiques
productives ↘
Prime de
risque
Impôt sur le Offre du
souverain ↗
travail ↗ travail ↘
(...)
9
Ce schéma présente les principaux mécanismes de transmission par lesquels une dette publique plus
élevéeconduit, à long terme, à une croissance du PIB plus faible. Dans lecas d’une réduction de la dette publique,
les effets inverses sont observés.
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Cette section montre les études qui ont été faite et qui montrent le lien qui existe entre la dette
extérieure et la croissance économique.
Andrea et Stefano (2001) ont mené une étude sur les « moteurs de la croissance dans la les pays
de l’OCDE : Analyse empirique sur les données de Panel ». Pour y parvenir, ils ont utilisé le
modèle de croissance néoclassique standard qui tient compte d’un facteur de convergence et des
déterminants fondamentaux de l’état stationnaire (accumulation du capital physique et la
croissance démographique). Les équations de convergence ont fait l’objet d’estimation de 21
pays de l’OCDE sur une période allant de 1971 à 1998. De cela, ils ont abouti aux résultats selon
lesquels : l’élasticité partielle estimée de la production par rapport au capital physique est
conforme aux valeurs implicites des statistiques des comptes nationaux, même si elle s’inscrit
dans le bas de la fourchette ; l’inflation élevée influe de façon négative sur l’accumulation du
capital physique dans le secteur privé et a un effet négatif sur la production. Pour un niveau
donné d’importation, une augmentation des impôts directs entraîne une diminution de la
production par habitant. La recherche et le développement qui ne concerne pas les entreprises
(par exemple, pour l’énergie, la santé et la recherche universitaire) peuvent produire des
connaissances fondamentales susceptibles d’avoir des retombées technologiques à long terme.
Les résultats montrent en plus que les différences de PIB par habitant dans les divers pays de
l’OCDE s’expliquent dans une large mesure, par des disparités des cadres politiques et
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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institutionnels et que les pays peuvent partager leurs expériences pour définir une stratégie de
croissance optimale.
L’étude menée par Adoum (2006) sur l’ « impact de l’endettement extérieur sur la croissance
économique : Analyse de cas de l’UEMOA » sur une période de 1972 à 2003. A partir d’un
modèle linéaire général portant sur les déterminants types de la croissance économique et en
utilisant la méthode des moindres carrés généralisés (MMG). Les résultats obtenus à partir de
l’économétrie de panel (modèles sans effets, à effets fixes et à effets aléatoires), ont montré que
le revenu initial par tête, le taux d’investissement, les recettes d’exploitation et la dette extérieure
agissent positivement sur le produit intérieur brut et donc la croissance réelle du PIB. Par contre,
le service de la dette et le taux d’inflation influent négativement sur la croissance du PIB.
Le papier de Kumar et Woo (2010) qui discute sur « Public Debt and Growth » ; les auteurs ont
essayé de chercher l’impact de la dette publique élevée sur la croissance économique de long
terme. L’étude est basée sur un panel de 38 pays des économies avancées et émergentes avec une
population de plus de 5 million pour une période de 1970 à 2007, groupées en huit périodes
d’intervalles de 5 ans sauf le dernier de trois ans. En utilisant le modèle à effet fixe, ils ont abouti
aux résultats selon lesquels il existe une relation inverse entre la dette extérieure et la croissance
future. Quelques évidences non linéaires sont observables avec seulement (90% du PIB) des
niveaux de la dette élevée qui a un effet négatif sur la croissance. Cet effet adverse renvoie sur
la croissance de la productivité du travail pour une grande part, principalement dû à un
ralentissement de l’investissement et une croissance plus lente du stock du capital par travailleur.
En moyenne 10 % de la dette initiale est associée avec un niveau bas d’investissement de 0,4%
du PIB avec un impact élevé dans les économies émergentes. Les auteurs soulignent le besoin de
prendre des mesures de ne pas seulement stabiliser la dette publique mais aussi de la placer sur
une trajectoire descendante dans le moyen et long termes.
Le travail de Mahamat (2012) qui porte sur la dette extérieure et la croissance économique : cas
de la CEMAC qui a porté sur une période allant de 1980 à 2009 soit trente observations. En
utilisant la modèle en données de panel, le résultat trouvé dans son analyse après avoir fait le
choix de modèle à effets fixes, choix qui a été appuyé par le test de Hausman démontre bien que
la dette extérieure de la région CEMAC agit en défaveur de la croissance économique c'est-à-dire
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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que les variables explicatives à savoir celle qui mesurent la dette extérieure intégré dans le
modèle sont toutes statistiquement significatives et affectent négativement la croissance
économique. Il est à noter que la variable mesurant le service de la dette (% exportations et
importations des biens et services) est non statistiquement significative, ce qui désapprouve le
résultat de Clement, Bhattacharya et Nyeng, (2003), qui stipulent que quand le paiement de
service de la dette diminue, le pays connaitra un taux de croissance.
Un article produit en 2013 portant sur « la dette extérieure et la qualité des institutions, impact
sur la croissance économique : cas de l’UEMOA » examine les relations qu’il y a entre la
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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L’étude de Konso (2005) qui porte sur les effets de la dette extérieure sur la croissance et les
investissements dans les PPTE africains : analyse par la méthode des Moments Généralisés
(GMM)et ayant comme objectif de vérifier les effets de la dette sur la croissance à travers l’effet
d’éviction du service de la dette sur les investissements, puis l’existence d’une relation entre la
courbe de Laffer de la dette et la croissance, et de savoir comment cet effet de la dette sur la
croissance va se manifester. Pour y parvenir, l’auteur a utilisé les données de panel de dix PPTE
(Gabon, Cameroun, Congo Brazza, Ouganda, RDC, Zambie, Rwanda, RCA, Tchad et Burundi)
éligibles à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés pendant la période de 1980 à
2000, deux méthodes ont été utilisées (effets fixes et système GMM) pour tenir compte de
certaines variables et des effets spécifiques de chaque pays. L’étude a parvenu aux résultats selon
lesquels il n’y a pas forcément une relation non linéaire entre la dette extérieure et la croissance
des pays pauvres, ce qui fait qu’il soit difficile de déterminer le seuil standard et critique de la
dette qui rendrait la croissance négative pour les PPTE. Il est admis qu’un stock considérable et
excessif de la dette peut entraver l’effort d’une croissance durable à un certain niveau. Il montre
que l’hypothèse de l’effet d’éviction du service de la dette sur les investissements dans les PPTE
existe mais demeure très faible car pour chaque point d’augmentation du service de la dette, les
investissements en général des PPTE décroissent de 0,01 point du pourcentage du PIB.
BIBLIOGRAPHIE
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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Sujet: DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA ZONE DE CEPGL
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