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EPIGRAPHIE
Joseph SCHUMPETER
2
DEDICACE
Tout d’abord à Dieu Tout Puissant, car il est le créateur de tout l’univers
et la raison de mon existence.
A mes très chers parents, mon père Edray WALUMONA BWATO WA-
MANO et ma mère Thérèse PENGE MBILIZI BWATO, pour tous les efforts qu’ils
fournissent pour un avenir meilleur à ses enfants.
Je dédie ce travail.
3
REMERCIEMENT
Enfin à tous ceux qui, de près ou de loin ont témoigné leur soutien, mais dont les noms
ne sont pas repris sur cette page, qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.
SIGLES ET ABREVIATION
INTRODUCTION
0.2. PROBLEMATIQUE
3
J. MADUE WANET, « Agriculture et croissance inclusive », mémoire-Kinshasa 2014 UNIKIN.
4
www.wikipédia.com 18 Mai 2022 à 12h30.
12
Notre objectif général consiste à déceler les facteurs qui ont conduit à un
échec total du projet malgré les différentes mesures mises en place par l’Etat
congolais, afin de proposer une relance de cette œuvre susceptible, d’une part, de sortir
la population de la sous-alimentation, et, de l’autre part, de donner la lueur pour la
poussée du secteur agro-industriel en évitant les erreurs du passé.
0.4.2. OBJECTIFSSPECIFIQUES
Méthode Inductive : C’est une méthode scientifique qui explique l'issue d'un
fait partant de données brutes, matérielles, observables, que le chercheur doit
comprendre et examiner 5 . Cette méthode nous a permis de comprendre le
contour de la réalité des projets pilotés par l’Etat afin de pouvoir démanteler les
failles dans le but d’en tirer les solutions ;
Méthode Analytique : Elle consiste à décomposer le tout pour mieux
comprendre le vrai sens des mouvements des éléments6. Cette méthode nous a
permis de déterminer le choix des stratégies adoptées par l’Etat et les résultats
apportés ;
Méthode descriptive : Elle nous a permis de décrire le phénomène étudié dans
son ensemble et dans ses aspects particuliers, en abordant les différents
concepts liés à notre sujet d’étude ; et
Méthode statistique : Elle nous a permis de traiter et de comparer les données
afin de dresser les tableaux et graphiques qui sont des informations synthétiques
et pertinentes relatives à l’évolution de l’agro-industrie en RD Congo.
0.6.2. TECHNIQUES
5
GASPARD Claude, « L’étude de cas dans un travail de recherche », article, 11 février 2020
6
MVIBUDULU, « Notes de cours de système d’informatique », destiné aux étudiants de L2 Informatique, ISC-Goma, 2008-2009, inédit.
15
1.1.1. DEFINITION
1.1.2. TYPOLOGIE8
7
J. Y. CAPUL, Olivier GARCIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Edition Hatier, p. 133.
8
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », Ed. 2014, Paris, Nathan, p. 167–175.
17
1.1.3. IMPORTANCE9
1.2.1. DEFINITION
1.2.2. TYPOLOGIE
9
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », 4e Ed. 2014, Paris, Nathan, p. 133-134.
10
E.M. DIKONDO, Mémoire en ligne, « Contribution d’une banque commerciale au développement socio-économique de la RDC »,
Kinshasa 2007.
19
Environnementale ;
Economique ;
Social ; et
Culturel.
Concrètement, le développement durable est une façon d’organiser la
société de manière à lui permettre d’exister sur le long terme. Cela implique de
prendre en compte à la fois les impératifs présents mais aussi ceux du futur, comme la
préservation de l’environnement et des ressources naturelles ou l’équité sociale et
économique.
1.2.3. IMPORTANCE
11
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », Ed. 2014, Nathan, Paris, p.260
12
Idem, p.262
20
1.3.1. DEFINITION
1.3.2. TYPOLOGIE
1.3.3. IMPORTANCE
13
https://fr.m.wikipedia.org, Consulté le 16 Juin 2021 à 15h55’
21
1.4.1. DEFINITION
Un projet est un effort complexe, non répétitif et unique, limité par des
contraintes de temps, de budget et de ressources ainsi que par des spécifications
d’exécution conçues pour satisfaire les besoins d’un client14.
La gestion de projet ou management de projet est l’ensemble des
activités visant à organiser le bon déroulement d’un projet et à atteindre les objectifs
en temps et en heures selon les objectifs visés. Elle consiste à appliquer les méthodes,
techniques, et outils de gestion spécifiques aux différentes étapes du projet, de
l’évaluation de l’opportunité jusqu’à l’achèvement du projet.
14
GRAY CLIFFORT F. et Erik W. (2007), « Management de projet », Montréal, les éditions de la Chenelière Inc., P575.
22
1.5.1. INDUSTRIE
Le secteur primaire qui est celui basique, il concerne l’extraction des produits
du sol et sous-sol, l’agriculture, l’élevage et la pêche ;
Le secteur secondaire, lié à la transformation de matières premières en
produits finis ; et,
Le secteur tertiaire, lié aux services.
15
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », Ed. 2014, Nathan, Paris, p. 122-123.
16
Idem.
24
d. Industries lourdes
1.6.1. DEFINITION
17
NZANDA BUANA., « Histoire comparée et théorie d’industrialisation », Notes de cours de première licence, Université de Kinshasa,
Faculté des sciences Economiques et de Gestion, 2018-2019.
18
Marc DUFUMIER, « Institut national agronomique Paris-Grignon », radiofrance.fr
26
Les premiers agriculteurs sont des termites, qui cultivaient déjà des
champignons il y a 25 millions d’années. L’agriculture humaine est apparue vers 9000
avant Jésus-Christ, indépendamment dans plusieurs foyers d’origine dont les mieux
connus à ce jour se trouvent au Moyen-Orient, en Chine, en Mésoamérique ainsi qu’en
Nouvelle-Guinée.
C’est ce qu’on a appelé la révolution néolithique. A partir de ces foyers,
l’agriculture s’est diffusée en moins de 9000 ans sur la plus grande partie de la terre19.
Néanmoins, au 19ème siècle, 20% de l’humanité avait encore un mode de vie de
chasseur-cueilleur20.
L’apparition de l’agriculture a probablement entraîné de nombreuses
modifications sociales : apparition de sociétés de classe, aggravation des inégalités
hommes-femmes, augmentation importante de la population mondiale mais
dégradation de l’état sanitaire général des populations, entraînant le passage à un
nouveau régime démographique caractérisé par une forte mortalité et une forte natalité.
Dans les pays en développement, un processus de modernisation
analogue se produit, la révolution verte, basée sur de nouvelles variétés de plantes, des
intrants et la maîtrise de l’irrigation. Néanmoins, au début du 21ème siècle, la majorité
de la paysannerie des pays du Sud n’a pas accès aux techniques de la révolution verte.
Malgré l’’exode rural massif contemporain, la population agricole active
serait d’environ 1,34 milliard de personnes soit près de 43% de la population active
mondiale. L’agriculture recouvrait alors 37,7% des terres émergées en 2013.
19
Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART, « Histoire des agricultures du monde. Du Néolithique à la crise contemporaine », Points
histoire, 2002.
20
Robert BETTINGER, Peter RICHERSON et Robert BOYD, « Contraintes au développement de l’agriculture », Anthropologie actuelle,
vol. 50, n°5, 1er Octobre 2009, p.627-631.
27
CHAPITRE II : PRESENTATION DU
CADRE D’ETUDE A L’INSTAR DU PARC
AGRO-INDUSTRIEL DE BUKANGA-
LONZO
C’est dans ce contexte que la RDC s’est engagée en 2014 dans un plan
visant à créer 22 parcs agroindustriels d’une superficie comprise entre 1.000 ha et
150.000 ha sur l’ensemble du pays, soit plus de 1,5 million d’hectares au total. La
même année, le premier de ces parcs était lancé à titre de projet pilote à Bukanga-
Lonzo.
La création du parc a impliqué la construction d’infrastructures,
notamment des routes, des bâtiments, des centrales électriques et d’un système
d’approvisionnement en eau. Les silos à grain ont été construits avec une capacité de
40.000 tonnes (t).
La production devait être hautement mécanisée, la société ayant acheté
quelques 300 machines, plus de 50 tracteurs et deux avions pour la pulvérisation ;
environ 300 locaux ont été embauchés pour le projet, sous la direction d’une équipe de
cadres et techniciens sud-africains.
Créé à quelque 260 km au sud-est de Kinshasa, le parc a été conçu dans
l’objectif de créer une chaîne d’approvisionnement directe du site de production aux
magasins de vente en détail à Kinshasa. Six mini-marchés ont été installés à Kinshasa
pour vendre la production du parc directement aux consommateurs.
Les objectifs de production des différentes cultures étaient très
ambitieux, mais cela n’a jamais été mis en œuvre, car trois ans après son lancement, le
parc pilote de Bukanga-Lonzo s’est effondré en 2017.
21
PNA 2014-2020 de la RDC
32
Améliorer l’accès aux marchés et aux infrastructures rurales ainsi que les
capacités commerciales, ;
Développer la production végétale, animale, halieutique et artisanale ;
Renforcer la gouvernance ainsi que les capacités institutionnelles et des
ressources humaines ; et
Organiser le monde rural en structures auto gérées et assurer le financement du
secteur.
36
22
PAM. « Analyse approfondie de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité (CFSVA) », République démocratique du Congo. 2014. P 37.
https://reliefweb.int/ sites/reliefweb.int/files/resources/CFSVA%20for%20DRC_WFP_IFPRI_FR_ Final_Released_VF_12062014_light.pdf
(visité le 26 novembre 2018).
40
23
Liste établie par la consolidation de deux sources gouvernementales https:// www.investindrc.cd/fr/secteurs/agriculture et
http://agroparksdrc.com/abp/ (visité le 26 janvier 2022).
41
Total 1.588.500
24
OECD stats. https://stats.oecd.org/ (visité le 26 novembre 2018).
25
Banque Mondiale. DRC: Western Growth Poles Project IDA Grant Number No. H860-ZR Amendment to the Financing Agreement,
septembre 2015. http://documents.worldbank.org/curated/en/374511468248431731/pdf/ RAD1252836184.pdf (visité le 26 janvier 2022).
42
26
Ministère de l’Agriculture et du développement rural, Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), Septembre 2012.
43
Les silos à grain ont été construits avec une capacité de 40 000 tonnes (t).
La production devait être hautement mécanisée, la société ayant acheté quelques 300
machines, plus de 50 tracteurs et deux avions pour la pulvérisation. Environ 300
locaux ont été embauchés pour le projet, sous la direction d’une équipe de cadres et
techniciens Sud-Africains.
Les pistes rurales se trouvant à l’intérieur du site sont aussi celles que les
villageois utilisaient pour évacuer leurs produits agricoles et d’élevage ; elles sont en
terre et sont fortement dégradées.
Source : Parcagro.com
47
Ce plan ambitieux n’a jamais été mis en œuvre. Après les 5 000 ha
plantés la première année, la surface cultivée a été réduite à 3 000 ha l’année suivante,
puis à 2 000 en 2016. Trois ans après son lancement, le parc pilote de Bukanga-Lonzo
s’est effondré en 2017. L’activité a cessé après qu’Africom, la société qui gérait le
parc, a quitté le pays, affirmant qu’elle n’avait pas été payée par le gouvernement
depuis près d’un an.
Son personnel Sud-Africain a quitté le parc en août 2017. Selon le
Directeur Général (DG) d’Africom, Christo GROBLER, le problème était lié aux coûts
élevés et au manque de fiabilité du gouvernement qui changeait d’avis au jour le jour
quant à l’orientation du projet. Il a ajouté qu’Africom avait subi plus de 50 millions de
dollars de pertes à Bukanga-Lonzo.
Au début de 2018, il ne restait qu’une vingtaine d’employés. Des
machines, y compris des tracteurs, deux avions et d’autres équipements, étaient laissés
sur le site sans entretien.
Alors que le gouvernement avait célébré à maintes reprises le succès de
Bukanga-Lonzo au cours des trois premières années, en mai 2018, l’aperçu général
prouvait à suffisance que Bukanga-Lonzo avait « complètement échoué ».
En juin 2018, Africom Commodities (AC) lançait une action en justice
contre le pays pour non-paiement de ses dépenses. La société a déposé un recours
devant la Cour internationale d’arbitrage de Paris et demandé la somme de 19,79
millions de dollars27. En dehors de cette annonce, étonnamment pour un grand groupe
international comme celui-ci, la société semble avoir fermé son site web et cessé toute
communication publique mi-2017.
Entre temps, le gouvernement a annoncé son intention de relancer le parc
en mettant l’accent sur l’élevage, tout en recherchant de nouveaux partenaires et
financeurs pour le projet. La Banque africaine de développement (BAD), sollicitée
pour contribuer au financement de cette relance, a effectué à cette fin plusieurs
évaluations et études en 2018. L’avenir du projet n’est pas clair au moment de la
rédaction de ce rapport, mais des leçons essentielles peuvent être tirées de cette
débâcle.
27
www.agri-manager_drc.cd
48
Au moins neuf villages, avec plus de 5 000 personnes, ont perdu leurs
terres pour le parc de Bukanga-Lonzo : Baringa Ngasi, Famwe 1, Famwe 2, Kitoka1,
Kitoka 2, Kinsiami, Mumbanu, Mvula Banku, et Tandudi28. L’acquisition des terres
pour le projet s’est faite de la manière la plus trompeuse. Les communautés locales ont
été initialement informées que le gouvernement allait créer un « village agricole » qui
apporterait le développement et soutiendrait les paysans locaux. Dans ce qui rappelle
tristement les pratiques coloniales, les communautés locales ont ensuite reçu un lot de
marchandises pour lesquelles les chefs des terres, représentant les villages concernés
ont dû signer des « Actes d’engagement ». Ces actes d’engagement étaient des reçus
pour les marchandises livrées, mais comme ils le comprendront plus tard, signifiaient
également leur engagement pour la cession des terres.
28
Wikipédia.net
49
Sauvegardes opérationnelles ;
Procédures d’Evaluation Environnementale et Sociale (PEES) ;
Lignes directrices d’Evaluation Intégrée des Impacts Environnementaux et
Sociaux (EIIES).
Risques d’impacts sur les ressources culturelles physiques : bien que sur le site
il n’existe pas de sites archéologiques, cimetières et des vestiges particuliers
pouvant être affectés par les travaux, il a été prévu que des vestiges soient
découverts de façon fortuite lors des fouilles et des travaux. Les mesures
d’atténuation de cet impact ont consisté à :
- Se renseigner sur l’existence de vestiges auprès des services compétents
et des populations locales ;
- Arrêter les travaux en cas découverte fortuite et
- Circonscrire et protéger la zone de fortuite et avertir immédiatement les
services compétents pour la conduite à tenir.
Sur le plan opérationnel, trois sociétés de droit public ont été créées en
mars 2015 et chargées d’assurer l’aménagement et l’exploitation de ce parc agro-
industriel de Bukanga-Lonzo. Au nombre de ces sociétés, il sied de citer entre autres :
1) La société du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo chargée de la gestion et
de l’aménagement du site ainsi que de la régulation des activités et de la
planification de toutes les activités qui devaient s’y réaliser. Son site internet est
« parcagro.com » ;
2) La société d’exploitation agro-industrielle de Bukanga-Lonzo, en sigle
SEPAGRI S.A., dont l’objet social était l’exploitation, la production et
l’aménagement des autres investissements qui parviendraient sur le site ; et
3) Le Marché international de Kinshasa dont la mission était la distribution, la
commercialisation des produits agricoles, des végétaux et des poissons issus de
la pisciculture. La dénomination sociale de cette troisième entreprise est
KINFRAIS.
Les trois actionnaires sélectionnés et retenus dans la phase de
constitution de ces sociétés sont l’Etat congolais, les opérateurs Sud-Africains de la
société Africom Commodities dans le cadre d’un contrat de gestion en partenariat avec
les coopératives constituées avec les communautés villageoises et le secteur privé
congolais. Lors de la phase de lancement, 85 millions de dollars avaient été mobilisés
et investis par l’Etat congolais à raison de 53 millions destinés à la production agricole
et 30 millions à la production ainsi qu’à la distribution du courant électrique sur le site
de Bukanga-Lonzo.
Situé à 3 heures de route de la mégalopole de plus de 10 millions
d’habitants qu’est Kinshasa, le Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo avait pour
mission de servir le grenier de Kinshasa à l’instar de toute la province du Kwango.
29
Etudier et comprendre.cd « Rapport annuel IGF », RDC-KINSHASA.
56
Pour les principales cultures agricoles comme le maïs et le manioc qui sont
suffisamment consommés à Kinshasa et qui n’y sont pas produits, il suffisait de les
produire à Bukanga-Lonzo et de les mettre à la disposition des consommateurs kinois
pour les voir achetés en vue d’être consommés.
Parmi les investissements d’accompagnement du Parc Agro-Industriel de
Bukanga-Lonzo, il a été convenu d’exécuter des dépenses à caractère social tendant à
financer la constitution du capital humain notamment par la création des centres de
formation agricole, d’un grand centre médical, des écoles, des logements, des
infrastructures communautaires à l’instar des églises, d’une bibliothèque, d’un terrain
de football, etc. Il était envisagé la création de 5.000 emplois directs et entre 12.000 et
15.000 emplois indirects.
Il convient de relever que plusieurs engagements avaient été pris au nom
du gouvernement en rapport avec les conséquences sociales de ce projet, le
gouvernement congolais s’était engagé à indemniser les petits fermiers expropriés, à
désintéresser financièrement les chefs coutumiers et à ne pas déplacer les villages
situés à l’intérieur du Parc de Bukanga-Lonzo. Concernant les villageois qui se
trouvent à l’intérieur du parc, ils devaient être soutenus dans le cadre du
développement de la filière manioc notamment grâce à la mise à leur disposition des
boutures améliorées, des intrants, du matériel, des conseils et à l’achat de leur
production par le Parc de Bukanga-Lonzo.
La production de Bukanga-Lonzo avait le but de poursuivre une
approche écologique et s’organisait selon le mode de production industriel, car le
processus appliqué était mécanisé ; et il y avait des engins, qui peuvent charger jusqu’à
6 tonnes d’engrais guidés par satellites via un serveur informatique.
Cette lueur d’espoir s’éteindra vite avant même que les récoltes de
Bukanga-Lonzo soient distribuées sur les marchés kinois. D’après ce rapport, un parc
de cette envergure ne pouvait pas être géré de cette manière. Quant à la façon dont les
terres ont été acquises, celle-ci correspond bien à la définition d’un accaparement de
terres. Cela s’est fait de la manière la plus trompeuse et sans respecter les exigences
légales qui auraient dû conduire à des évaluations correctes. Et aujourd’hui, 9 villages
avec plus de 5.000 personnes ont perdu leurs terres, auxquelles la police leur interdit
désormais l’accès. Désillusionnés, ils ne savent pas qu’est-ce qu’elles doivent faire
pour rentrer dans leurs droits.
30
Disponible sur https://www.oaklandinstitute.org/agriculture-le-parc-agro-industriel-de-bukanga-lonzo-un-echec-cuisant. (Consulté le 03
février 2022).
59
SECTION 1. CAUSES
31
Cabinet ERNEST et YOUNG, Rapport d’audit du projet de mise en place du PAI de Bukanga-Lonzo,2017, p.14. Disponible sur
https://www.oaklandinstitute.org/sites/oaklandinstitute.org/files/pdfpreview/ernst-young-audit-bukanga-lonzo_0.pdf (Consulté le 3 Mars
2022).
32
Op.cit., p. 11.
61
33
BYSTRICKY M. et al., « Analyse du cycle de vie des produits agricoles suisses en comparaison avec des produits importés », in
Recherche agronomique suisse, 2015, vol. 6, n° 6, pp. 264-265.
62
Cultures Unité
Bétail
en place
Source : Parcagro.com
Dans le tableau repris ci-haut, sont reprises les ambitions du Parc Agro-
Industriel de Bukanga-Lonzo en termes de production agricole. A la lecture de ce
tableau, il est constaté que le maïs avait été retenu comme le produit leader ou phare
qui devait occuper au moins 50 000 ha de superficie de production la cinquième année,
soit en 202034.
34
Il convient de signaler que le rendement d’un hectare de maïs varie entre 2 à 4 tonnes par hectare selon les experts avertis. En effet, selon
parcagro.com, la première phase du Parc d’Activité Agricole de 2014-2015 est centrée sur la production de cultures de base (maïs). La
production de maïs est unique en ce qu’elle constitue une base de nourriture pour non seulement les humains, mais aussi les animaux. La
production de maïs en phase une formera, par conséquent, la base d’une production future d’aliments pour animaux. Gardant à l’esprit que
l’axe principal est de créer non seulement un marché agricole et de cultures, mais également une chaîne de production durable, c’est-à-dire de
la plantation du matériel de base (matériel brut sous forme de maïs) directement au produit final étant un morceau de viande sous forme de
poulet sur la table des consommateurs.
64
Cultures Unité
35
Idem.
65
Source : Parcagro.com
Comment peut-on expliquer un tel positionnement qui néglige le produit manioc, et ses
feuilles, qui sont censés rentabiliser le projet ou lui assurer une valeur nette positive au
bout de quelques années seulement.
Les pommes de terre devaient occuper 1 000 ha en 2015 et 2500 ha en
2020. La superficie occupée pour la production des patates douces devrait être de 2500
ha en 2020. Pour les arachides qui sont fortement consommées par les kinois, leur
production devait débuter en 2016, soit la deuxième année de la matérialisation du
projet, et culminer à 1000 ha en 2020.
En ce qui concerne les tomates, une superficie totale de 1500 ha était
prévue au terme de 6 ans, soit en 2020. En ce qui concerne la production des légumes,
il sied de relever ce qui suit :
Les vaches laitières devaient être 2500 dès 2016 et passer à 5000 têtes à partir
de 2017.
Les poulets de chair mis à la disposition des consommateurs kinois devaient
avoisiner 4 700 000 d’unités en 2016 pour atteindre près de 14 000 000 d’unités
en 2018.
La production des poules pondeuses devait être de près de 123 000 unités en
2016 à près de 380 000 unités en 2018.
La production des porcs devait passer de 2120 têtes en 2016 à 7500 têtes à
partir de 2018.
L’élevage prévu de chèvres devait passer de 1000 bêtes en 2016 à 5000 en
2020, soit une augmentation de 400 % sur la période.
67
Toutes les stratégies mises en place, aucune de ces prévisions n’a abouti
à 30% de réalisation. Bien que les fonds soient disponibles, la rentabilité de ce projet
n’est restée que dans l’imaginaire.
Signalons aussi, que l’acquisition du site s’est effectuée par des actes
d’engagement qui n’étaient en fait que des reçus pour des marchandises qu’on leur
offrait contre leurs terres au moins neuf villages, avec plus de 5 000 personnes ont
perdu leurs terres notamment : Baringa, Ngasi, Famwe 1, Famwe 2, Kitoko 1, Kitoko
2, Kinsiami, Numbanu, Mvula Bunku et Tandudi.
Bien que le succès du parc ait été bruyamment claironné dans les médias
et lors d’événements officiels, la gestion de la production et des intrants agricoles a été
désastreuse. Des quantités de maïs produites dans le parc n’ont jamais été expédiées et
furent laissées à pourrir sur place. Plusieurs anciens ouvriers agricoles témoignent
qu’ils furent chargés d’enterrer de grandes quantités de maïs pourri et d’engrais
chimiques périmés dans le parc.
Les études agricoles locales affirment également que la culture du maïs dans la région
n’est possible qu’avec une forte consommation d’engrais chimique, ce qui entraine la
chute de la fertilité du sol après quelques années.
3.1. CONSTAT
36
Disponible sur https://www.google.com/search?q=www.primature.cd+150305+
+Le+sol+de+Bukanga+Lonzo+livre+ses+premiers+secrets&oq=www.primature.cd+150305+
+Le+sol+de+Bukanga+Lonzo+livre+ses+premiers+secrets&aqs=chrome..69i57.3372j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8. (Consulté le 30
janvier 2022).
37
Dans un communiqué de presse de la Primature congolaise, il est dit ce qui suit : Selon le ministre délégué aux Finances, Patrick KITEBI,
« l’exécution du chronogramme de diverses tâches préparatoires est observée, notamment en ce qui concerne la construction de la piste de
l’aérodrome, les travaux de construction de la ligne électrique devant alimenter le parc, l’indemnisation de petites fermes expropriées ».
Disponible sur Primature.cd, Communiqué de presse du 07 juillet 2014. (Consulté le 1er Février 2022).
69
Il est généralement admis que les pays qui s’engagent sur la voie d’une
croissance soutenue et de la réduction de la pauvreté passent par une phase de
transformation structurelle, pendant laquelle le rôle de chaque secteur dans le
processus de la croissance est redéfini. Très souvent le secteur manufacturier est le
moteur de cette transformation structurelle. Pendant ce processus, la part du secteur
agricole dans la formation du PIB diminue. Mais en terme absolu, l’agriculture
continue de croître. Comme pour la plupart des pays africains, le secteur agricole de la
RDC est de loin le plus important alors que le secteur manufacturier et celui de
services restent encore marginaux. Compte tenu de cette particularité initiale, il doit
être envisagé d’accélérer la croissance en se basant d’abord sur le secteur agricole et
rural. Cette priorisation devra prendre en considération les diversités provinciales car
l’importance relative du secteur agricole et les effets escomptés peuvent varier
considérablement d’une province à l’autre.
70
3.3. OPPORTUNITES
Il s’agit notamment :
De conditions climatiques et écologiques très favorables aux activités agricoles
;
La disponibilité en terres agricoles (environ 75 000 000 d’hectares) très peu
valorisées (environ 10% sont exploitées annuellement) ;
Les potentialités réelles de développement de plusieurs cultures d’exportation
hautement compétitives sur le marché international et générateurs de revenus
importants notamment le palmier à huile, le café, le cacao, le thé, l’hévéa et le
quinquina etc. ;
Un marché potentiellement important : les régions urbaines du pays et les pays
voisins représentent un marché de plus de 100 millions d’habitants, en voie
d’urbanisation rapide ;
La présence de grandes ONG internationales de développement bien
structurées, bien équipées, munies d’un personnel compétent, avec antennes
disséminées dans le pays, et qui se consacrent à l’encadrement des agriculteurs ;
Un mouvement associatif en émergence et en expansion dans l’ensemble de la
RDC ; et
Un regain d’intérêt manifesté par les autorités congolaises et ses partenaires
pour le développement du secteur agricole et rural.
3.4. DEFIS
CONCLUSION
Il sied de relever que dans son ensemble, et malgré tout son potentiel en
richesses naturelles, la production agricole réalisée en RDC ne permet pas de couvrir
tous les besoins du pays. Bien que les terres du bassin congolais soient fertiles, 3%
seulement de la superficie totale du pays sont consacrés à la culture.
Dès lors, il est impérieux de la part du gouvernement congolais de
trouver les voies et moyens en vue d’augmenter la production agricole, d’une part, et,
d’améliorer la productivité de ce secteur économique, d’autre part. Puisque la situation
actuelle de la RD Congo se dégrade, avec 27 millions des personnes qui souffrent
d’insécurité alimentaire contre 13,1 millions en 2018, 860.000 enfants de moins de 5
ans tombent dans la malnutrition au cours de 2022.
Avec l’appui technique et financier de la Banque mondialeet la Banque
Africaine de Développement, le gouvernement congolais a retenu en 2013-2014
l’option de promouvoir l’agro-industrie ou l’agriculture industrielle au travers de la
mise en œuvre de vingt parcs agro-industriels. Dans ce cadre, le parc agro-industriel de
Bukanga-Lonzo, dans la province du Kwango non loin de Kinshasa, devait servir de
projet pilote. Ce projet visait à inciter les investisseurs tant nationaux ou
internationaux à se mobiliser dans la relance de la production agricole.
Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était conçu et mis en œuvre,
dès 2014, afin de permettre la relance de la production agricole nécessaire pour nourrir
la population kinoise et kwangolaise, la réduction de la pauvreté dans le Kwango en
fournissant les services de base aux populations riveraines ( notamment l’accès à l’eau
potable, la fourniture de l’électricité, l’amélioration des voies de communication) ; la
création des emplois pour occuper la maind’œuvre villageoise du Kwango et la
contribution aux exportations agricoles.
Plusieurs investisseurs publics, privés et internationaux (Banque
mondiale et Banque africaine de développement) ont concouru au financement de ses
activités. En effet, les différents financements devaient participer à la construction des
infrastructures du projet, d’une part, et, d’autre part, à la réalisation des activités de
production agricole et d’élevage.
Cependant, trois ans après le début de ce projet agro-industriel, il a été
constaté que ce projet ne produisait pratiquement rien et la majorité des infrastructures
contenues dans le business plan n’ont jamais été réalisées.38
38
DIASSO Alain, « Parc agro industriel : Matata Ponyo exhume le dossier Bukanga-Lonzo », dans ADIAC, 21 septembre 2019.
74
Au cours de notre travail, qui a pour sujet : « l’échec du projet parc agro-
industriel de Bukanga-Lonzo : causes, impacts et perspectives », nous avons analysé le
fonctionnement du secteur agricole, sa règlementation et législation, la conception du
PAI-BL, les causes lointaines et proches qui ont conduit à son échec. Notre étude a
reposé sur deux questions de recherche à savoir :
La création du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était-elle indispensable
dans les conditions actuelles de la R.D. Congo ?
Quel est l’apport de cet investissement dans l’atteinte des objectifs poursuivis
par l’Etat ?
Et sur base de cette question de recherche, nous sommes partis des
hypothèses suivantes :
La création du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était indispensable dans
les conditions actuelles de la RDC ;
L’apport de cet investissement a été négatif car les résultats n’ont pas suivi les
attentes de l’Etat ainsi que celles de la population
Nous avons recouru à quelques méthodes afin de vérifier les
hypothèses évoquées ci-haut, à savoir : descriptive, analytique, dialectique combinées
aux techniques documentaires, d’observation et d’interview pour construire notre
cadre conceptuel.
Dans ce travail, il était premièrement question de faire un état de lieu de
la situation du secteur agricole en RD Congo. D’après les données recueillies,
l’agriculture ne représente que 18% du produit intérieur brut de la RDC, et elle
constitue le principal moyen de subsistance de la majorité de la population, qui reste
essentiellement rurale (60%). Malgré ses vastes ressources en terres et en eaux, la
RDC est structurellement un pays à déficit vivrier, devant importer pour un milliard de
dollars de produits alimentaires par an. Avec l’appui technique et financier de la
Banque mondiale, le gouvernement congolais a retenu en 2013-2014 l’option de
promouvoir l’agro-industrie ou l’agriculture industrielle au travers de la mise en œuvre
de vingt parcs agro-industriels.
Il y a lieu de considérer que ce projet visait à soutenir une mixité
d’opérateurs agricoles dont des coopératives, dans les faits, les modalités
d’implémentation donnent clairement la priorité à l’agrobusiness qui seul pourra
mettre en œuvre de très larges espaces de production. Sur le plan financier, le
gouvernement congolais a alloué 92 millions de dollars de fonds public et la gestion
est confiée à Africom au cours des années 2014 qui marquent le début des travaux au
sein du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
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BIBLIOGRAPHIE
TABLES DE MATIERES