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EPIGRAPHIE

« Le progrès technique et l’innovation sont les principaux ressorts des progrès


économiques. »

Joseph SCHUMPETER
2

DEDICACE

Tout d’abord à Dieu Tout Puissant, car il est le créateur de tout l’univers
et la raison de mon existence.

A mes très chers parents, mon père Edray WALUMONA BWATO WA-
MANO et ma mère Thérèse PENGE MBILIZI BWATO, pour tous les efforts qu’ils
fournissent pour un avenir meilleur à ses enfants.

Je dédie ce travail.
3

REMERCIEMENT

Au terme de notre deuxième cycle d’étude Universitaire, il est de


tradition que l’étudiant élabore et présente un travail de mémoire, preuve de sa bonne
assimilation des connaissances lui transmise, ainsi que son aptitude à savoir et à
décrire scientifiquement un fait.
L’accomplissement du présent travail est l’aboutissement d’un long
processus d’élaboration, processus marqué par divers sacrifices et privation, le thème
traité est touchable.
De prime à bord, nous présentons notre gratitude à notre créateur le Dieu Tout-
Puissant pour nous avoir accordé l’intelligence, la force et surtout le souffle de vie.
La rédaction de cette étude a été dirigée par le professeur Daniel
MULENDA LOMENA EMAMBA, il nous a inspiré et orienté dans ce domaine. Son
dévouement, son souci de former les jeunes, sa rigueur, sa disponibilité, sa patience
ont été l’objet de notre admiration pendant toute la durée de nos études de licence.
Nous sourions combien remercier à l’assistante Divine et Schadrack
MBOMA NGIAMA qui, en dépit de leurs préoccupations multiples, ont bien accepté
d’être les encadreurs de ce travail. Leurs remarques et conseils nous amenèrent parfois
à revoir notre position. Ils nous ont inspiré, orienté et donné à cette investigation le
présent visage ; ils ont suivi et dirigé nos premiers pas parfois tâtonnants dans ce
domaine.
Que tous les corps enseignants de la Faculté de Sciences Economiques et
de Gestion de l’Université de Kinshasa trouvent l’expression de notre profonde
reconnaissance pour la formation qu’ils nous ont donnée pendant toutes les années
académiques.
Qu’il nous soit également permis de façon particulière de remercier le
responsable du Ministère d’Agriculture, Pêche et Elevage qui a bien voulu mettre à
notre disposition toutes les données nécessaires pour élaborer ce travail.
Au terme de ce cycle de licence, nos remerciements s’adressent aussi à
nos familles : Famille WALUMONA, Famille PENGE, Famille DUNIA, Famille
MUTEKEZA, Famille WENGA, Famille ZUZI, Famille BULAWAY, Famille
NZIATA, Famille NGULU, Famille KABUNDI, Famille KAWELE, Famille
MAYELE, Famille SENKER, pour leur assistance d’une manière ou d’une autre et
l’amour fraternel qu’ils ne cessent de témoigner à notre égard.
4

A notre frère et nos sœurs, Liévin DUNIA WALUMONA, Timothée


WALUMONA BWATO, Tite WALUMONA Mano, Tinah WALUMONA
BITENDANWA, Tudia WALUMONA FEZA, Tychique WALUMONA ISONGO et
Tegra-Ernest WALUMONA DUNIA pour leur assistance d’une manière ou d’une
autre et leurs énormes prières dressées à mon égard.
Nous ne pouvons pas finir nos remerciements sans pour autant penser de
dire un mot à l’endroit de mes compagnons de lutte, ami(e)s et connaissances, plus
particulièrement : Marmela NZIATA, Héritier MABWENI, Jérémie BWAKETSHI,
Jérémie LOKOKO, Jonathan KAMAYI, Jérémie IDAGO, Jean-Michel KANKU,
Jackson KAPOTO, Jonas BASIDI, Gaultha MAFUTA, Jonathan MAMBO, Trésor
KABANGE, Sam-Junior LOMAMI, Caleb MUBEND, Salem LUVUMBU, Elvis
MUBELO, Junior MBEDIKA, Anny OKONGO, Dieudonné MAKIESE, Ronaldo
MAYUMBU, Israël MOTUZA, Michael MASIALA, Mohamed LOTEMBA, Tonie
MAWEYI, Pascal BANAL, Arsène MUSHANGALUSHA, Patrick TSHIBAMBA,
Joël NLANDU, Archange MBOYO, Nathan NABURACHA, Candide NTAKO,
Yvonne MULUMBA, Gemima MONANGA, Florence BINTU, Dan SALUMU, Guy
MAGONDA, Abdoul MAGAMA, David CITO, Idris YEMBA, Nathan NGIELE,
Michée TSHILUMBA, Jonathan Mayele, Jevera NSUMBU.
Sans oublier ma famille des Economistes Industrialistes, mon église Phila-Cité
d’Exaucement et les membres de l’Ecole d’Apollos.

Enfin à tous ceux qui, de près ou de loin ont témoigné leur soutien, mais dont les noms
ne sont pas repris sur cette page, qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.

Thierry WALUMONA PENGE


5

SIGLES ET ABREVIATION

- RDC : République Démocratique du Congo.


- PIB : Produit Interne Brut.
- PNIA : Plan National d’Investissement Agricole.
- PAI-BL : Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo.
- BAD : Banque Africain du Développement.
- ONU : Organisation des Nations Unies.
- PDDAA : Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en
Afrique.
- COMESA : Marché Commun des Etats d’Afrique de l’Est et Australe.
- CUAERA : Commissaire de l’Union Africaine en charge de l’Economie Rurale
et de l’Agriculture.
- MINAGRIDER : Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural.
- PTF : Partenaires Techniques et Financiers.
- FMI : Fonds Monétaire International.
- DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et de Reduction de la
Pauvreté.
- SSADR : Stratégie Sectorielle de l’Agriculture et du Développement Rural.
- DEP : Direction d’Etudes et Planification.
- DSG : Direction des Services Généraux.
- DPPV : Direction de la Production et Protection des Végétaux.
- DPSA : Direction de la Production et Santé Animales.
- DMPCC : Direction des Marchés, Prix et Crédits de Campagnes.
- DP : Direction des Pêches.
- DAGP : Direction de l’Administration Générale des Projets.
- DI : Direction de l’Inspection.
- DDC : Direction de Développement Communautaire.
- DER : Direction de l’Economie Rurale.
- DGR : Direction de Génie Rural.
- DAVR : Direction de l’Animation et Vulgarisation Rurales.
- SNSA : Service National des Statistiques Agricoles.
- SENASEM : Service National des Semences.
- SENAFIC : Service National des Fertilisants et Intrants Connexes.
- SNV : Service National de Vulgarisation.
- SENADEP : Service National de la Promotion de la Pêche.
- SENIVEL : Service National d’Intrants Vétérinaires et d’Elevage.
- SENAQUA : Service National d’Aquaculture.
- SENAMA : Service National de Mécanisation.
6

- PNR : Programme National Riz.


- LABOVET : Laboratoire Vétérinaire de Kinshasa.
- PRONADEF : Programme National de Développement de l’Elevage Familia.
- CAPSA : Centres d’Adaptation et de Multiplication des semences Améliorées.
- CABI : Centres d’Adaptation du Bétail Indigène.
- DVDA : Direction des Voies de Desserte Agricole.
- SNHR : Service National de l’Hydraulique Rurale.
- SNCOOP : Service National des Coopératives.
- SNIR : Service National d’Informations Rurales.
- SENAHUP : Service National de l’Horticulture Urbaine et Péri-urbaine.
- SENATRA : Service National de Traction Animale.
- SENATEC : Service National de Technologie Adaptée.
- SENEN : Service National d’Energies Renouvelables.
- SENHARU : Service National de l’Habitat Rural.
- SENEJER : Service National de la Jeunesse Rurale.
- SENDRI : Service National de Développement Rural Intégré.
- PEMIRU : Service National de Pêche en Milieu Rural (PEMIRU).
- MECNET : Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et
Tourisme.
- INERA : Institut National d’Études et de Recherche Agronomique.
- BCECO : Bureau Central de Coordination.
- ONG : Organisation Non Gouvernementale.
- IFPRI : International Food Policy Research Institute.
- EIES : Etude d’Impact Environnemental et Sociale.
- PGES : Plan de Gestion Environnementale et Sociale.
- PAR : Plan d’Action de Réinstallation.
- POI : Plan d’Opération Interne.
- AC : Africom Commodities.
- SEPAGRI : Société d’Exploitation du Parc Agro-Industriel.
- SA : Société Anonyme.
- RN1 : Route Nationale 1.
- DG : Directeur Général.
- PNAE : Plan National d’Action Environnemental.
- PANA : Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques.
- SSI : Système de Sauvegarde Intégré.
- PEES : Procédures d’Evaluation Environnementale et Sociale.
- EIIES : Evaluation Intégrée des Impacts Environnementaux et Sociaux.
- EPI : Équipement de Protection Individuelle.
- IRA : Infection Respiratoire Aiguë.
- IST : Infection Sexuellement Transmissible.
- IGF : Inspection Générale des Finances.
7

- CEDEN : Cercle pour la Défense de l’Environnement.


- PPI : Provinciaux d’Investissement.
- PEA : Pôles d’Entreprises Agricoles.
8

LISTE DES FIGURES

- Figure 1 : Plantation de Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans la


province de Kwango (Page 20).
- Figure 2 : Cartographie du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans la
province de Kwango (Page 35).
9

LISTE DES TABLEAUX

- Tableau 1 : Coût total pour la mise en œuvre du Plan National


d’Investissement Agricole de la République Démocratique du Congo sur la
période allant de 2013 à 2020 (Page 24).
- Tableau 2 : Parcs agro-industriels prévus en République Démocratique du
Congo par des partenariats publics-privés (Page 31-32).
- Tableau 3 : Prévision de la production agricole sur le Parc Agro-Industriel de
Bukanga-Lonzo (Page 36-37).
- Tableau 4 : Prévision de la production agricole sur le Parc Agro-Industriel de
Bukanga-Lonzo (Page 53-54).
- Tableau 5 : Réalisation de la production agricole sur le Parc Agro-Industriel de
Bukanga-Lonzo (Page 55-56)
10

INTRODUCTION

0.1. MISE EN CONTEXTE

Le problème de l’alimentation est aujourd’hui intimement lié aux


capacités de la planète à nourrir une population en constante augmentation ; c’est
pourquoi certains spécialistes évoquent une « course » entre la démographie et les
ressources alimentaires. C’est au cours de 18è et 20è siècle qu’on a constaté une
augmentation inquiétante de la population ; et c’est là que T.R. MALTHUS intervient
par la loi dite de la population qui stipulait que « la population croît géométriquement
alors que les ressources croissent arithmétiquement ». Peu après, au cours des trois
dernières décennies, la croissance de la production alimentaire a excédé celle de la
population, car sur le long terme le taux de croissance du capital est égal au taux de
croissance de la population, auquel s’ajoute un effet lié au progrès technique.1
Néanmoins, les évolutions restent encore une fois très contrastées d’un
hémisphère à l’autre ou d’un continent à l’autre. De même, au sein des pays en voie
de développement, comme c’est le cas pour la République Démocratique du Congo
(RDC), l’état des lieux en matière d’alimentation et de démographie montre des écarts
sensibles. Ainsi, en RD Congo, l’agriculture occupe près de 75% de la population
active et sa contribution au PIB était de 32% en 1978 et aujourd’hui elle est de 18%,
bien qu’elle soit devenue une activité de survie (qui reste rurale 60%) après la
destruction des autres secteurs2.

Tout porte à croire que la République Démocratique du Congo est un


grand ensemble (communément appelé la malédiction des ressources) capable de se
bâtir une économie forte et prospère au regard de ses potentialités humaines et
naturelles, de par son positionnement stratégique dans le monde ou encore de sa
superficie géographique. Bien que les terres du bassin congolais soient fertiles, 3%
seulement de la superficie totale du pays sont consacrés à la culture.

Aujourd’hui dans les pays sous-développés, l’amélioration des


conditions de vie de la population demeure la question majeure ; à cet effet, les
gouvernements sont appelés à jouer un rôle primordial dans la production des biens et
services. Dans le même ordre d’idée, le gouvernement congolais s’est fixé un bon
nombre d’objectifs entre autres, la lutte contre l’insécurité alimentaire, la lutte contre la
malnutrition et aussi la réduction des importations alimentaires dans le but de
promouvoir le bien-être de la population congolaise.
1
F. TEULON, « Croissance, crises et développement », PUF, Paris, 2006, p.114.
2
Idem, p. 114.
11

Pour atteindre ses engagements, en 2014 un plan national


d’investissement agricole (PNIA) a été mis en place visant la création d’un grand
nombre de parcs agro-industriels capables de transformer les matières premières issues
de l’agriculture en plusieurs produits finis sur toute l’étendue du territoire congolais.
C’est dans ce contexte que le premier parc agro-industriel (PAI) a été créé à Bukanga-
Lonzo (BL). Son financement était effectué par l’Etat congolais et les études de cet
investissement ont été financées par la Banque Mondiale et la Banque Africaine de
Développement (BAD).

0.2. PROBLEMATIQUE

D’une manière générale, nous constatons que la République


Démocratique du Congo demeure encore au niveau de la production de subsistance des
produits agricoles, pourtant le grand potentiel qu’elle regorge constitue un levier
majeur afin de booster l’agro-industrie. À cette étape, comme l’a dit MADUE
WANET Joël3 : « notre pays n’est pas autosuffisant alimentairement ». Les problèmes
en RDC, c’est l’augmentation de la production, la transformation des matières
premières en produits finis, la construction et l’amélioration des infrastructures de base
et aussi l’établissement d’une bonne gouvernance afin de permettre le décollage de
l’économie toute entière.

L’agriculture fournit les intrants permettant d’alimenter tous les secteurs


secondaire et tertiaire. Elle produit également les matières premières qui seront
transformées par l’industrie. Un secteur agro-industriel productif fournit des produits
agricoles à bon marché, diversifie l’économie et réduit les coûts salariaux, ce qui
permettra de faciliter l’accumulation du capital dans les autres secteurs. Si au contraire
la productivité de ce secteur stagne, les prix alimentaires vont s’élever, ainsi que les
salaires nominaux et enfin la baisse des profits et de l’investissement industriel.

Au regard de la politique industrielle adoptée par le gouvernement


congolais pour lutter contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire, réduire les
importations alimentaires et assurer une croissance économique durable, la situation
actuelle du secteur agro-industriel demeure inquiétante voire critique, car le pays est
dans une situation d’insécurité alimentaire avec 27 millions de personnes (adultes) qui
en souffrent et 860.000 enfants malnutris 4 malgré l’abondance de ses ressources
naturelles et son climat relativement favorable à la production agricole, la RDC est
parmi les pays d’Afrique où la prévalence de malnutrition chronique est la plus
élevée, touchant plus de 42% des enfants de moins de 5 ans en 2017.

3
J. MADUE WANET, « Agriculture et croissance inclusive », mémoire-Kinshasa 2014 UNIKIN.
4
www.wikipédia.com 18 Mai 2022 à 12h30.
12

L’espérance de vie y est de 59 ans et l’indice de développement humain reste parmi


les plus bas au monde (176ème). A cet effet, deux questions méritent d’être posées :
 La création du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était-elle indispensable
dans les conditions actuelles de la R.D. Congo ?
 Quel est l’apport de cet investissement dans l’atteinte des objectifs poursuivis
par l’Etat ?

0.3. HYPOTHESES DU TRAVAIL

P. RONGERE définit l'hypothèse de recherche comme la proposition des


réponses aux questions que l'on se pose à propos d’un sujet de recherche formulée en
des termes telles que l'observation et l'analyse puissent fournir une réponse.
En effet, les questions posées au niveau de notre problématique trouvent
des réponses provisoires suivantes :
 La création du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était indispensable dans
les conditions actuelles de la RDC ; car le pays est dans une situation
d’insécurité alimentaire et de malnutrition ;
 L’apport de cet investissement a été négatif car les résultats n’ont pas suivi les
attentes de l’Etat ainsi que celles de la population.

0.4. OBJECTIFS DU TRAVAIL

0.4.1. OBJECTIF GENERAL

Notre objectif général consiste à déceler les facteurs qui ont conduit à un
échec total du projet malgré les différentes mesures mises en place par l’Etat
congolais, afin de proposer une relance de cette œuvre susceptible, d’une part, de sortir
la population de la sous-alimentation, et, de l’autre part, de donner la lueur pour la
poussée du secteur agro-industriel en évitant les erreurs du passé.

0.4.2. OBJECTIFSSPECIFIQUES

D'une manière spécifique, nous allons :

 Etudier minutieusement l’initiative de la création du parc agro-industriel de


Bukanga-Lonzo au vu de la situation actuelle du pays ;
13

 Expliquer et identifier les politiques d’accompagnement adoptées par l’Etat


ainsi que les causes justificatives de l’échec de ce projet agro-industriel ;
 Proposer des différentes stratégies susceptibles de redynamiser ce secteur et
pouvant aussi permettre la relance du PAI Bukanga-Lonzo.

0.5. CHOIX ET INTERET DU SUJET

L'étude d'un travail scientifique dans un domaine donné nécessite un


choix judicieux des phénomènes d'actualité qui restent sans aucune solution depuis une
certaine époque.
La situation actuelle de la RD Congo se dégrade, avec 27 millions des
personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire contre 131 millions en 2018, 860.000
enfants de moins de 5 ans tombent dans la malnutrition au cours de 2022.
Au regard de ce contraste pitoyable, le souci nous est né de jeter un coup
d’œil scientifique dans ce secteur prometteur afin d’apporter une pierre dans la quête
d’une croissance économique durable en luttant contre les importations alimentaires
(prépondérante sur notre économie), la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire.

0.6. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES

La recherche scientifique commande toujours le choix d'une approche


méthodologique devant guider l'analyse des données, leur interprétation ainsi que la
systématisation qui en découle.

0.6.1. METHODES UTILISEES

Pour VERHAVEGEN B., la méthode est l'ensemble des règles et des


principes qui organisent le mouvement de l'ensemble de la connaissance, c'est-à-dire
les relations entre l'objet de la recherche et le chercheur entre les informations
concrètes rassemblées à l'aide des techniques et le niveau de la théorie et des concepts.
Dans le cadre de notre étude, nous avons fait recours aux méthodes ci-après :
 Méthode structurelle : Elle nous a permis d’analyser l’organisation du secteur
agro-industriel en RD Congo en identifiant ses différentes parties prenantes
ainsi que leurs rôles ;
14

 Méthode Inductive : C’est une méthode scientifique qui explique l'issue d'un
fait partant de données brutes, matérielles, observables, que le chercheur doit
comprendre et examiner 5 . Cette méthode nous a permis de comprendre le
contour de la réalité des projets pilotés par l’Etat afin de pouvoir démanteler les
failles dans le but d’en tirer les solutions ;
 Méthode Analytique : Elle consiste à décomposer le tout pour mieux
comprendre le vrai sens des mouvements des éléments6. Cette méthode nous a
permis de déterminer le choix des stratégies adoptées par l’Etat et les résultats
apportés ;
 Méthode descriptive : Elle nous a permis de décrire le phénomène étudié dans
son ensemble et dans ses aspects particuliers, en abordant les différents
concepts liés à notre sujet d’étude ; et
 Méthode statistique : Elle nous a permis de traiter et de comparer les données
afin de dresser les tableaux et graphiques qui sont des informations synthétiques
et pertinentes relatives à l’évolution de l’agro-industrie en RD Congo.

0.6.2. TECHNIQUES

M. GRAWITZ définit la technique comme étant un ensemble des


procédés opératoires rigoureusement définis, transmissible et susceptibles d'être
appliqué à niveau dans les mêmes conditions adaptées au genre des problématiques et
des phénomènes. Nous avons recouru aux techniques ci-après :
 Technique documentaire : Nous nous sommes donc largement servis des
documents écrits (ouvrages, revues, articles, publications officielle, internet,
etc.,) qui cadrent avec notre sujet dans la récolte des données.
 Technique d’interview : Selon ABRIMO, cité par MULUMBATI NGASHI
l'interview est une technique qui a pour but d'organiser un rapport de
communication verbale entre deux personnes, l'enquêteur et l'enquêté
concernant un objet bien précis. C’est en vue de recueillir des renseignements
auprès des différentes personnes compétentes en matière.

5
GASPARD Claude, « L’étude de cas dans un travail de recherche », article, 11 février 2020
6
MVIBUDULU, « Notes de cours de système d’informatique », destiné aux étudiants de L2 Informatique, ISC-Goma, 2008-2009, inédit.
15

0.7. DELIMITATION DU SUJET

Toute démarche scientifique procède facilement par un découpage de la


réalité, il n'est pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments influents jusqu'aux
extrêmes limites de la terre et jusqu'au bout de temps. Un sujet bien délimité permet à
l'auteur de mener sa recherche suffisamment, avec beaucoup d'efficacité et de lucidité.
Sur le plan temporel, notre travail analyse l’échec de projet parc agro-
industriel de Bukanga-Lonzo allant de 2014 à 2020.
Sur le plan spatial notre étude porte sur le projet du parc agro-industriel
de Bukanga-Lonzo en RDC.

0.8. CANEVAS DU TRAVAIL

Hormis l'introduction et la conclusion, le corps de notre travail est


subdivisé en chapitres, en section, et sous-section. Le travail comporte de ce fait trois
grands chapitres dont :
 Le premier aborde sur le cadre conceptuel ;
 La deuxième porte sur la présentation du cadre des recherches de parc agro-
industriel de Bukanga-Lonzo, et
 Le dernier chapitre traite sur l’analyse de l’échec du projet parc agro-industriel
de Bukanga-Lonzo : causes, impacts et perspectives.
16

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL

Dans ce présent chapitre, il sera question d’aborder tous les concepts


ayant trait à notre domaine d’étude. Cela nous permettra à nous apparenter au champ
dans lequel nous exploitons le sujet. De ce fait, le chapitre abordera tous les autres
concepts dans l’ensemble.

SECTION 1. DEFINITION DES CONCEPTS

1.1. NOTION SUR L’ECONOMIE

1.1.1. DEFINITION

Plusieurs auteurs ont révélé leur pensée concernant la définition de ce


concept si complexe ; et dans le cadre de notre travail nous avons retenu la suivante :
« L’économie est l’analyse de la production, des échanges de la monnaie, de
l’inflation, du chômage, de la répartition du budget de l’Etat ». Elle étudie la manière
dont les individus, les groupes, les sociétés, utilisent des ressources rares en vue de
satisfaire au mieux leurs besoins. Sous cette optique, l’économie se veut une science
des choix, elle étudie la façon dont s’effectuent les choix des agents économiques7.

1.1.2. TYPOLOGIE8

Comme mentionné ci-haut, plusieurs définitions sont données au concept


économie, de même, plusieurs typologies lui sont confiées selon le domaine
d’application.

 Economie de la connaissance : C‘est une branche de l’économie étudiant le


rôle de la connaissance dans la croissance.
 Economie de l’environnement : C’est une branche de la science économique
qui cherche à évaluer les coûts de la dégradation de l’environnement naturel, les
coûts de la pollution et de la préservation de la nature et plus globalement, qui
préconise des politiques environnementales efficaces.
 Economie de l’information : Elle s’intéresse soit aux conséquences de défaut
d’information, soit au processus d’accumulation de l’information.

7
J. Y. CAPUL, Olivier GARCIER, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Edition Hatier, p. 133.
8
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », Ed. 2014, Paris, Nathan, p. 167–175.
17

 Economie de l’Offre : Courant de pensée qui met l’accent sur l’augmentation


de la production par le biais de l’action sur l’offre en opposition à l’approche
Keynésienne qui privilégie l’action sur la demande globale.
 Economie d’endettement : Etat d’un système financier qui se caractérise par la
prédominance de l’intermédiation bancaire et par la nature administrée des taux
d’intérêt, par opposition à l’économie des marchés financiers.
 Economie de subsistance : Forme d’organisation économique orientée vers la
satisfaction directe des besoins matériels.
 Economie de bien-être : Ensemble des théories micro-économiques cherchant
principalement à répondre à la question : Entre plusieurs situations
économiques possibles-chaque situation étant caractérisée par la façon dont sont
repartis les ressources et les revenus laquelle est la meilleure.
 Economie de développement : Ensemble des différentes analyses
économiques et socio-politiques menées depuis la seconde guerre mondiale qui
ont, à la fois, cherché à expliquer la nature et les ressort du sous-
développement, les possibilités de son dépassement (approche positive) et à
proposer des politiques de développement.
 Economie industrielle : Branche de la science économique ayant pour objet
d’étude du fonctionnement des firmes et des relations entre firmes se trouvant
en concurrence sur un marché.
 Economie mixte : C’est un mode d’organisation d’une économie nationale
marqué par la coexistence et la complémentarité s’une régulation de marché et
d’une intervention active de l’Etat dans la sphère productive, par le biais
d’entreprise publique en particulier.
 Economie sociale : Ensemble des activités économiques qui, dans une
économie développée, n’ont pas pour motif principal le projet. Ces activités
peuvent prendre des formes juridiques variées : Associations, Mutuelles,
Coopératives.
 Economie souterraine (économie informelle) : Ensemble des activités
productrices de biens ou des services qui échappent à la régulation par l’Etat.
 Economie spatiale : Etude de la localisation des activités productrices se
démarquant de l’analyse traditionnelle, qui considère que l’espace international,
chaque pays constituant un point relié aux autres par des flux.
18

1.1.3. IMPORTANCE9

La science économique indique les meilleurs choix possibles compte


tenu des ressources dont disposent les agents économiques. Elle sert aussi à accroitre
les possibilités de choix en permettant l’augmentation des biens produits, il est plus
facile de partager une production lorsqu’elle augmente régulièrement la science
économique cherche donc à favoriser la croissance économique tout en examinant les
causes d’un affaiblissement.

1.2. NOTION SUR LE DEVELOPPEMENT

1.2.1. DEFINITION

Le développement peut se définir comme un processus de transformation


des structures, sociales, politiques et mentales. Il suppose que dans une économie en
développement soit amenée par une élite sociale et politique courageuse.

1.2.2. TYPOLOGIE

Le développement se présente sous deux formes à savoir :

 Le développement social : est l’ensemble des changements économiques,


techniques et institutionnels liés à l’augmentation du niveau de vie résultant des
mutations techniques et des organisations pour la recherche du bien-être social.
 Le développement économique : fait référence à l’ensemble des mutations
positives que peut connaitre une zone géographique (continent, pays et région).
Le développement économique nécessite notamment de la direction de
richesse, on associe développement économique au progrès puisqu’il entraine
généralement une progression du niveau de vie des habitants10.
Au fil du temps, une nouvelle orientation a été donnée au concept
développement ; un sens plus large et responsable « développement durable ». La
définition officielle du développement durable a été élaborée pour la première fois
dans le Rapport Brundtland en 1987. Ce rapport était la synthèse issue de la première
commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU.

9
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », 4e Ed. 2014, Paris, Nathan, p. 133-134.
10
E.M. DIKONDO, Mémoire en ligne, « Contribution d’une banque commerciale au développement socio-économique de la RDC »,
Kinshasa 2007.
19

Le développement durable est un concept qui vient corriger les limites


reconnues au concept de développement en général. Sa différence réside en ceci qu’il
appréhende le développement comme « un développement qui répond aux besoins des
générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs ». Ce concept a trouvé un large écho depuis 1990 ; il s’articule
autour de quatre principaux axes, sur le plan :

 Environnementale ;
 Economique ;
 Social ; et
 Culturel.
Concrètement, le développement durable est une façon d’organiser la
société de manière à lui permettre d’exister sur le long terme. Cela implique de
prendre en compte à la fois les impératifs présents mais aussi ceux du futur, comme la
préservation de l’environnement et des ressources naturelles ou l’équité sociale et
économique.

1.2.3. IMPORTANCE

Le développement est d’une importance capitale au sein d’une économie


car elle permet :

 L’industrialisation qui est le développement des activités industrielles


d’extraction et de transformation des matières premières11, qui s’accompagne
d’un mouvement de progression de la part des salariés dans la population
active.
 Institutionnalisation : processus par lequel des situations, des pratiques, des
relations entre acteurs sont progressivement organisées de façon stable selon les
normes largement reconnues12.

11
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », Ed. 2014, Nathan, Paris, p.260
12
Idem, p.262
20

1.3. NOTION SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

1.3.1. DEFINITION

La croissance se définit comme une augmentation soutenue, pendant une


période longue de la production d’un pays généralement on retient le PIB, produit
bruit à prix constant comme indicateur de croissance.

1.3.2. TYPOLOGIE

Elle se présente sous 3 formes à savoir :

 Croissance équilibrée : Correspond à une croissance régulière grâce au respect


des grands équilibres (prix, emploi, du commerce extérieur, finances
publiques).
 Croissance déséquilibrée : Croissance qui privilégie l’investissement dans des
secteurs très limités afin d’exercer des effets d’entrainements sur l’ensemble de
l’économie.
 Croissance potentielle : Il est également passible d’interpréter les irrégularités
de la croissance économique.

1.3.3. IMPORTANCE

Elle transforme la vie des populations dans la mesure où elle crée


davantage de biens et de service13. Une des conséquences positives attendues d’une
croissance soutenue est la création d’emplois, qui est nécessaire pour promouvoir
l’éducation et ainsi parvenir à la croissance inclusive. Curieusement, les taux de
croissance élevés enregistrés récemment en RDC ne se sont pas suivis d’une hausse de
la création d’emplois. Le manque de création d’emplois a retardé l’accumulation et la
promotion du capital humain, l’inégalité s’est également amplifiée.
De ce fait, de par son intervention dans l’économie, l’Etat peut booster la
croissance économique en investissant massivement dans le secteur éducatif, et aussi
en veillant sur les mouvements dans le marché du travail. Cette fin aura pour
conséquence d’améliorer la productivité des individus afin qu’ils contribuent de
manière efficace à la production et de déboucher sur une croissance économique
durable et enrichissante ; le capital humain étant source de croissance.

13
https://fr.m.wikipedia.org, Consulté le 16 Juin 2021 à 15h55’
21

1.4. NOTION SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

1.4.1. DEFINITION

Un projet est un effort complexe, non répétitif et unique, limité par des
contraintes de temps, de budget et de ressources ainsi que par des spécifications
d’exécution conçues pour satisfaire les besoins d’un client14.
La gestion de projet ou management de projet est l’ensemble des
activités visant à organiser le bon déroulement d’un projet et à atteindre les objectifs
en temps et en heures selon les objectifs visés. Elle consiste à appliquer les méthodes,
techniques, et outils de gestion spécifiques aux différentes étapes du projet, de
l’évaluation de l’opportunité jusqu’à l’achèvement du projet.

1.4.2. ENJEUX DE LA GESTION DE PROJET

Le modèle de création de valeur consiste avant le projet à identifier et à


sélectionner une opportunité. Le projet crée alors un produit qui répond à des objectifs.
Une fois le projet fini, ce produit engendre par ses effets un résultat. Ce résultat permet
alors sur le long terme de récolter des bénéfices. Les produits du projet peuvent être :
 Des ouvrages (par exemple : un pont) ;
 Des produits tangibles ayant un caractère unique (par exemple : un avion
fabriqué à la commande) ;
 Des produits intangibles (par exemple : un logiciel, une campagne marketing, la
conception d’un nouveau modèle de voiture) ;
 Des services (par exemple : un déménagement, un événement promotionnel) ;
 Un changement (par exemple : une opération de rationalisation interne
complexe).
La gestion du projet est un art difficile dans lequel le chef de projet doit
improviser au mieux. Aussi, pour diminuer les risques ou maintenir l’entropie du
projet à un niveau raisonnable, l’expérience met en évidence des grands principes.
Le management de projet par enjeux est aussi une méthode employée
lorsqu’on veut conduire un projet, non pas en ce centrant sur la planification et la
réalisation de tâches, mais en se focalisant sur le sens et la finalité du projet : les
enjeux. Cette méthode est particulièrement adaptée pour les projets d’innovation et
notamment lorsque les technologies utilisées et les besoins marchés sont en perpétuelle
évolution.

14
GRAY CLIFFORT F. et Erik W. (2007), « Management de projet », Montréal, les éditions de la Chenelière Inc., P575.
22

1.4.3. DIFFICULTES DE LA GESTION DE PROJET

Parmi les problèmes souvent rencontrés en gestion de projet, figurent les


dépassements de délais et de budget. Donc comme nous pouvons le constater, la
planification joue un rôle majeur dans la réalisation d’un projet ; et quand la
planification connait des difficultés cela répercute sur le budget alloué.
Des nombreux penseurs cherchent à identifier les causes d’échec des
projets. Elles seraient multiples : cadrage ou spécifications incomplètes ou imprécises,
sous-estimation des charges et des délais, des difficultés techniques imprévues, des
manques de ressources, de coordination, etc.
Mais malgré tous les efforts déployés, des fois un projet prend toujours
plus de temps qu’on ne le croit.

1.5. NOTION SUR L’INDUSTRIE

1.5.1. INDUSTRIE

La comptabilité nationale distingue 3 secteurs en économie :

 Le secteur primaire qui est celui basique, il concerne l’extraction des produits
du sol et sous-sol, l’agriculture, l’élevage et la pêche ;
 Le secteur secondaire, lié à la transformation de matières premières en
produits finis ; et,
 Le secteur tertiaire, lié aux services.

L’industrie fait essentiellement partie, par convention, du secteur


secondaire, tel que défini dans le système de comptabilité nationale. Ci-dessous, nous
avons retenu donc quelques définitions du mot « industrie ».

1.5.2. DOMAINE DE DEFINITION

Du point de vu étymologique (Dictionnaire de l'Académie française


1694, tome 1), le concept « Industrie » provient du latin « industria » qui signifie «
bâtir », ou encore « habileté » à faire quelque chose, invention, savoir-faire et, par
extension, métier que l'on exerce pour vivre tels que les professions mécaniques,
artistiques ou mercantiles.
23

Le dictionnaire Larousse (2021) illustré lui donne une panoplie de


définition liée à ce terme, il s’agit de :
 Ensemble des activités économiques qui produisent des biens matériels par la
transformation et la mise en œuvre de matières premières ;
 Chacune de ces activités économiques ;
 Toute activité économique assimilable à l'industrie.
D’après le dictionnaire juridique, le concept "industrie" fait allusion à
toute activité économique orientée vers l'extraction, la production, et la transformation
des biens, dont sont exclues les activités proprement agricoles15.
Le lexique de géographie humaine et économique de Dalloz lui confère
l’acception d’être un ensemble des activités qui, par la mise en œuvre collective des
facteurs de production permettent la transformation, grâce à une série d’opérations
successives effectuées à l’aide de machines de plus en plus automatisées, de la matière
provenant de la sphère géo-biologique, en produits fabriqués destinés à la satisfaction
des besoins humains qui les fera disparaître après utilisation16.

1.5.3. TYPES D’INDUSTRIES

Il existe plusieurs types d’industries partant de la définition faite par le


lexique de Dalloz, nous en citerons quelques-uns, tels que :
a. Industries de biens de consommation
Il s’agit d’industrie fabricant de biens durables, semi-durables, ou non-
durable, destinés à la consommation individuelle.
b. Industries de biens de production
Ce concept fait allusion aux activités industrielles produisant de biens
permettant la fabrication d’autres biens tels que des machines, ou de biens destinés à
un usage collectif tels que les constructions ferroviaires.
c. Industries légères
Ce type d’industrie utilise des matières premières et produisent de biens
de forte valeur à l’unité de masse.
Exemple : Construction électronique.

15
A. BEITONE et ALI, « Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales », Ed. 2014, Nathan, Paris, p. 122-123.
16
Idem.
24

d. Industries lourdes

Ce type d’industrie utilise des matières premières pondéreuses et


produisent des biens pondéreux, en d’autres termes, de biens de faible valeur relative à
l’unité de masse.
Exemple : Les industries sidérurgique.

e. Industries motrices ou industrie industrialisante.


Ce type d’industrie crée un effet d’entraînement, c’est-à-dire de par son
existence résulte la création et le développement dans l’immédiat d’autres industries
qui lui sont liées. Une industrie motrice suscite la croissance d’industries nécessaires à
son approvisionnement (effet multiplicateur), situées en amont de son processus de
fabrication.
Elle suscite la croissance d’industries utilisant les produits de sa
fabrication comme matière première (effet de polarisation), situées à l’aval de son
activité.
f. Industrie de pointe
Une industrie de pointe est celle dont l’activité industrielle consiste à
découvrir et fabriquer des produits nouveaux, à découvrir de nouvelles technologies de
laquelle résulte d’autres innovation, surtout dans les secteurs les plus dynamiques.
Partant de la préhistoire entre artisanat et mécanisation, jusqu’à l'activité
industrielle proprement dite aux alentours du XVIIIème siècle et XIXème siècle grâce
à l'utilisation des énergies fossiles et l’application de nouvelles technologies : Ce
processus mena à ce phénomène appelé « révolution industrielle » et est concomitant à
l'avènement du capitalisme. De mutations sociales ont accompagné l’apparition de la
société industrielle.

1.5.4. REVOLUTION INDUSTRIELLE

L'industrialisation représente la phase du développement économique où


l'industrie devient le principal moteur de la croissance générale (Béatrice Veyrassat,
2015).
L'industrialisation est « le processus de fabrication de produits
manufacturés s'effectuant soit dans une chaîne de fabrication, soit dans une chaîne de
production, grâce à de techniques permettant un fort emploi du facteur travail et qui
rassemble les travailleurs dans des infrastructures constantes avec des horaires et des
réglementations fixes ».
25

D’aucun ne semble ignorer que la révolution industrielle a débuté en


Angleterre, au beau milieu du 18ème siècle. Un phénomène intervenu suite à une
succession d’étape et d’événement menant à un processus de croissance endogène.

1.5.5. INVESTISSEMENT INDUSTRIEL

En économie, le concept d’investissement est entendu comme étant une


dépense destinée à augmenter la richesse de la personne qui l’engage. Il s’agit d’une
dépense immédiate ayant pour but d’obtenir un effet positif quantifiable à long terme.
Elle permet d’augmenter la demande des biens et de services, puis
permet d’améliorer les conditions de l’offre. Elle est la variable clé de l’évolution
économique (Patrick VILLIEU, 2019). Elle est la composante la plus instable du
produit national, donc la plus difficile à expliquer et à prévoir17.
Du point de vu empirique, le comportement de l’investissement est mal
connu, cela est bien illustré par les erreurs de prévision et les incertitudes concernant le
rôle des différents déterminants.
Un exemple de ces erreurs de prévision : « L’évolution de
l’investissement lors du trou-noir » des années 1990-1997 en France, qui a mis en
relief l’échec des modèles de conjoncture à comprendre et à prévoir le comportement
des entreprises : tous les organismes, au même titre que les chefs d’entreprise, ont
systématiquement surestimé l’investissement sur la période ».
L’investissement industriel est, à notre entendement tout simplement, cet
investissement, qu’il soit privé ou public, national ou étranger, orienté vers le secteur
industriel. Il peut s’agir d’achat de nouvelles machines de production, de licence de
fabrication, d’obtention de nouvelles technologies, de formation du personnel, etc.

1.6. NOTION SUR L’AGRICULTURE

1.6.1. DEFINITION

L’agriculture vient du latin « Agricultura, composé à partir de ager,


¨champ¨, et de cultura, ¨culture¨ » c’est un processus par lequel les êtres humains
aménagent leurs écosystèmes et contrôlent le cycle biologique d’espèces
domestiquées, dans le but de produire des aliments et d’autres ressources utiles à leurs
sociétés18.

17
NZANDA BUANA., « Histoire comparée et théorie d’industrialisation », Notes de cours de première licence, Université de Kinshasa,
Faculté des sciences Economiques et de Gestion, 2018-2019.
18
Marc DUFUMIER, « Institut national agronomique Paris-Grignon », radiofrance.fr
26

Elle désigne l’ensemble de savoir-faire et activités ayant pour objet la


culture des sols, et, plus généralement, l’ensemble des travaux sur le milieu naturel
(pas seulement terrestre) permettant de cultiver et préserver les êtres humains.

1.6.2. HISTORIQUE DE L’AGRICULTURE

Les premiers agriculteurs sont des termites, qui cultivaient déjà des
champignons il y a 25 millions d’années. L’agriculture humaine est apparue vers 9000
avant Jésus-Christ, indépendamment dans plusieurs foyers d’origine dont les mieux
connus à ce jour se trouvent au Moyen-Orient, en Chine, en Mésoamérique ainsi qu’en
Nouvelle-Guinée.
C’est ce qu’on a appelé la révolution néolithique. A partir de ces foyers,
l’agriculture s’est diffusée en moins de 9000 ans sur la plus grande partie de la terre19.
Néanmoins, au 19ème siècle, 20% de l’humanité avait encore un mode de vie de
chasseur-cueilleur20.
L’apparition de l’agriculture a probablement entraîné de nombreuses
modifications sociales : apparition de sociétés de classe, aggravation des inégalités
hommes-femmes, augmentation importante de la population mondiale mais
dégradation de l’état sanitaire général des populations, entraînant le passage à un
nouveau régime démographique caractérisé par une forte mortalité et une forte natalité.
Dans les pays en développement, un processus de modernisation
analogue se produit, la révolution verte, basée sur de nouvelles variétés de plantes, des
intrants et la maîtrise de l’irrigation. Néanmoins, au début du 21ème siècle, la majorité
de la paysannerie des pays du Sud n’a pas accès aux techniques de la révolution verte.
Malgré l’’exode rural massif contemporain, la population agricole active
serait d’environ 1,34 milliard de personnes soit près de 43% de la population active
mondiale. L’agriculture recouvrait alors 37,7% des terres émergées en 2013.

1.6.3. IMPORTANCE DE L’AGRICULTURE DANS UNE ECONOMIE

L’agriculture est la principale source de revenu de 80 % de la population


pauvre dans le monde. Ce secteur joue donc un rôle déterminant dans la réduction de
la pauvreté, la hausse des revenus et l’amélioration de la sécurité alimentaire.

19
Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART, « Histoire des agricultures du monde. Du Néolithique à la crise contemporaine », Points
histoire, 2002.
20
Robert BETTINGER, Peter RICHERSON et Robert BOYD, « Contraintes au développement de l’agriculture », Anthropologie actuelle,
vol. 50, n°5, 1er Octobre 2009, p.627-631.
27

Les nouvelles techniques de production, l’usage des machines, des


insecticides et d’autres produits chimiques, favorisent une importante quantité de
production. Tout en fournissant moins d’efforts, l’agriculture emblave beaucoup de
superficie. Cela permet de booster le rendement pour se faire d’importants revenus.

1.6.4. PRODUCTION AGRICOLE

L’agriculture assure principalement l’alimentation des humains. Elle


produit également l’alimentation du bétail (cultures fourragères, prairies). En outre,
l’agriculture produit un nombre important de produits tels que des peaux d’animaux
(cuir, fourrure), de la laine, des engrais (fumier, lisier, farines animales, engrais verts),
des produits destinés à l’industrie (éthanol, biodiesel, fécule, caoutchouc, fibres
textiles d’origine végétale), des plantes vertes et fleurs, du bois et des matériaux de
construction (paille, isolants d’origine végétale). Elle représente un maillon
indispensable dans la chaîne agroalimentaire, en lui assurant l’approvisionnement en
matières premières (fécule, oignon, céréale, fruit, etc.). La culture, ou production
végétale, est divisée en grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux et
quelques légumes), arboriculture fruitière, viticulture (production du raisin),
sylviculture et horticulture.

L’élevage, ou production animale, vise à faire naître et élever des


animaux pour la consommation directe (viande, poisson) ou pour leurs produits
secondaires (lait, œuf, laine, miel, soie, etc.). Les exploitations agricoles peuvent par
exemple orienter leur production vers les bovins, les porcins, les ovins/caprins, les
granivores, l’aquaculture, l’héliciculture…

1.6.5. TECHNIQUE AGRICOLE

Des nombreuses conditions et facteurs de production interviennent dans


les choix techniques des agriculteurs :

 La disponibilité en eau, en quantité et en qualité (eau agricole) ;


 Le climat et ses variations météorologiques (température, pluviométrie,
sécheresse, grêle, gel et autres calamités climatiques) ;
 Le sol et ses différentes caractéristiques, notamment sa fertilité ;
 Les espèces végétales et animales domestiques ;
 Les bio-agresseurs (parasites, pathogènes, adventices, ravageurs) ;
 Les espèces auxiliaires de culture ;
 La disponibilité en matériel agricole, en intrants et en connaissances
agronomiques ;
28

 La disponibilité en terres, en travail humain et en capitaux ;


 Et globalement tout l’environnement socio-économique qui modifie les
conditions citées ci-dessus (prix du pétrole, législation, structure de la famille,
comportement du consommateur, politiques agricoles, etc.).
29

CHAPITRE II : PRESENTATION DU
CADRE D’ETUDE A L’INSTAR DU PARC
AGRO-INDUSTRIEL DE BUKANGA-
LONZO

Figure 1 : Plantation de PAI-BL dans la province de Kwango


30

Ce chapitre fera une synthèse du cadre d’étude, de l’état de lieu ; de la


réglementation et institutionnalisation du secteur agricole ; des parcs agro-industriels
en République Démocratique du Congo en général et enfin, une présentation du projet
pilote Bukanga-Lonzo en particulier. Et ces différents points épinglés seront
respectivement les sections dans lesquelles nous auront à exploiter ce sujet.

SECTION 1. ETAT DE LIEU

La République démocratique du Congo est le deuxième plus grand pays


d’Afrique avec une superficie de 2,3 millions de km2. Après son indépendance de la
Belgique en 1960, le pays a connu une longue dictature et une période d’instabilité,
mêlant troubles politiques et conflits armés, mouvements de sécession et interventions
étrangères. Le pays connait encore des conflits aujourd’hui dans différentes régions.
La RD Congo est connue pour l’abondance de ses ressources naturelles,
des décennies d’extraction de ressources n’ont pas amené de développement tangible
pour le pays. Malgré l’abondance de ses ressources naturelles et son climat
relativement favorable à la production agricole, la RDC est le pays d’Afrique où la
prévalence de malnutrition chronique est la plus élevée, touchant plus de 42% des
enfants de moins de cinq ans en 2017. L’espérance de vie y est de 59 ans et l’indice de
développement humain reste parmi les plus bas au monde (176ème).
Bien que l’agriculture ne représente que 18% du produit intérieur brut de
la RDC, elle constitue le principal moyen de subsistance de la majorité de la
population, qui reste essentiellement rurale (60%). Malgré ses vastes ressources en
terres et en eaux, la RDC est structurellement un pays à déficit vivrier, devant importer
pour un milliard de dollars de produits alimentaires par an.
En 2013, le gouvernement lançait son Plan national d’investissement
agricole doté d’un budget de 5,7 milliards de dollars. L’objectif déclaré du plan était
de lutter contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire, de réduire les importations
alimentaires et d’assurer une croissance économique durable. Pour atteindre ces
objectifs, le gouvernement adoptait une double stratégie, censée soutenir les
exploitations familiales et les grandes entreprises agroalimentaires. Affirmant que la
RD Congo dispose de 75 millions d’hectares de terres agricoles disponibles, dont
seulement 10 millions sont actuellement utilisés, le gouvernement tenait à attirer les
agro-industries et les investisseurs pour développer la production agricole à grande
échelle.
31

C’est dans ce contexte que la RDC s’est engagée en 2014 dans un plan
visant à créer 22 parcs agroindustriels d’une superficie comprise entre 1.000 ha et
150.000 ha sur l’ensemble du pays, soit plus de 1,5 million d’hectares au total. La
même année, le premier de ces parcs était lancé à titre de projet pilote à Bukanga-
Lonzo.
La création du parc a impliqué la construction d’infrastructures,
notamment des routes, des bâtiments, des centrales électriques et d’un système
d’approvisionnement en eau. Les silos à grain ont été construits avec une capacité de
40.000 tonnes (t).
La production devait être hautement mécanisée, la société ayant acheté
quelques 300 machines, plus de 50 tracteurs et deux avions pour la pulvérisation ;
environ 300 locaux ont été embauchés pour le projet, sous la direction d’une équipe de
cadres et techniciens sud-africains.
Créé à quelque 260 km au sud-est de Kinshasa, le parc a été conçu dans
l’objectif de créer une chaîne d’approvisionnement directe du site de production aux
magasins de vente en détail à Kinshasa. Six mini-marchés ont été installés à Kinshasa
pour vendre la production du parc directement aux consommateurs.
Les objectifs de production des différentes cultures étaient très
ambitieux, mais cela n’a jamais été mis en œuvre, car trois ans après son lancement, le
parc pilote de Bukanga-Lonzo s’est effondré en 2017.

SECTION 2. REGLEMENTATION DU SECTEUR21

La République Démocratique du Congo a procédé au lancement officiel


du Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA)
les 07 et 08 juin 2010 à Kinshasa avec l’appui du COMESA (Marché Commun des
Etats d’Afrique de l’Est et Australe). Par la suite, la Table Ronde pour la signature de
la Charte a été organisée le 17 mars 2011 à Kinshasa en présence des Autorités
gouvernementales, de la Commissaire de l’Union Africaine en charge de l’Economie
Rurale et de l’Agriculture (CUAERA), du Secrétaire Général Adjoint du COMESA,
des Représentants du NEPAD, du FARA, de l’IFPRI, du Re-SAKSS, ainsi que des
Délégués des Partenaires Techniques et Financiers, du Secteur Privé, des
Organisations de la Société Civile et des Organisations des Producteurs Agricoles.
L’organisation de la Table Ronde a permis au Ministère de l’Agriculture et du
Développement Rural (MINAGRIDER), en concertation avec toutes les parties
prenantes, d’entamer le processus de formulation du Plan National d’Investissement
Agricole (PNIA).

21
PNA 2014-2020 de la RDC
32

Cette formulation s’est déroulée dans le cadre d’une approche


participative qui a impliqué l’ensemble des parties prenantes. Sa préparation a
bénéficié des contributions des PTF (partenaires techniques et financiers) intervenant
dans le secteur agricole, des principaux responsables centraux et provinciaux du
Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, des Conseillers à la Présidence
de la République et à la Primature, ainsi que des Représentants des Organisations
Paysannes, des Représentants des Opérateurs Economiques et des Organisations de la
Société Civile intervenant dans le secteur agricole. Les Autorités politiques se sont
clairement engagées, à travers la Charte, à augmenter progressivement la contribution
du budget de l’Etat au secteur agricole pour atteindre 10% du budget national. Cette
volonté d’accélérer la croissance agricole se traduit concrètement par l’augmentation
des budgets alloués aux Ministères en charge du secteur (Agriculture, Recherche,
Enseignement, etc.) et aux Provinces et par le lancement d’initiatives nouvelles telles
que la campagne agricole.
Contrairement aux tendances passées, les dernières estimations publiées
par le Comité Permanent du Cadrage Macroéconomique et les projections du FMI
pour les années 2013 à 2015 prévoient une nette amélioration des performances
économiques de la RDC. La croissance annuelle moyenne du PIB sur la période 2012-
2015 serait de plus de 7% alors qu’elle n’a été que de 2,5% sur la période 2006-2009.
Comme l’ont démontré les différentes études, ces performances devraient être très
significativement renforcées par une croissance agricole stimulée par la mise en œuvre
efficiente du PNIA. Il s’agira donc de satisfaire la double exigence ; celle de lutter
contre la malnutrition, l’insécurité alimentaire et celle d’une croissance économique
durable.
Le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) de la RDC est le
cadre national de planification des fonds nationaux et extérieurs pour le secteur de
l’Agriculture et du Développement Rural. Il prend en compte les besoins, les acquis,
les gaps à rechercher pour l’investissement et le fonctionnement du secteur sur un
horizon de huit ans (2013-2020). Il fédère l’ensemble des programmes et projets en
cours et en perspective dans le secteur. Il a pour objectif global de stimuler une
croissance annuelle soutenue du secteur agricole de plus de 6%, indispensable pour
réduite la pauvreté, pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des
populations congolaises et pour générer durablement des emplois et des revenus. Plus
spécifiquement, cinq grands axes prioritaires ont été identifiés à savoir :

 Promouvoir durablement les filières agricoles, au premier rang desquelles les


filières vivrières, et développer l’agri-business afin d’améliorer les revenus des
paysans et des autres opérateurs du secteur ;
 Améliorer la gestion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations
et constituer des réserves stratégiques ;
33

 Développer et diffuser les produits de la recherche auprès des utilisateurs ;


 Améliorer la gouvernance agricole, promouvoir l’intégration de l’approche
genre et renforcer les capacités humaines et institutionnelles ; et
 Réduire la vulnérabilité du secteur agricole aux changements climatiques.
Le coût total pour la mise en œuvre du PNIA de la R.D. Congo sur la
période allant de 2013 à 2020 est estimé à 5.730,8 millions USD (cfr tableau 1). La
ventilation du coût total par programme se présente comme suit :

 Programme 1 : Promotion des filières agricoles et de l’agri-business : 3.652,5


millions USD soit 64 %.
 Programme 2 : Gestion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des
réserves stratégiques : 536,9 millions USD soit 9 %.
 Programme 3 : Recherche, vulgarisation et enseignement agricoles : 738,3
millions USD soit 13 %.
 Programme 4 : Gouvernance agricole, genre et renforcement des capacités
humaines et institutionnelles : 607,3 millions USD soit 11 %.
 Programme 5 : Adaptation aux changements climatiques 195,8 millions USD
soit 3%.
Tableau 1 : coût total pour la mise en œuvre du PNIA de la RD Congo sur la
période allant de 2013 à 2020

Coûts Acquis Gaps

PLAN NATIONAL 5730.8 857.3 4873.5


D’INVESTISSEMENT AGRICOLE
Programme 1 : Promotion des filières 3652.5 585.0 3067.5
agricoles et de l’agri business
Programme 2 : Gestion de la sécurité 536.9 52.8 484.1
alimentaire et nutritionnelle et des réserves
stratégiques
Programme 3 : Recherche, vulgarisation et 738.3 88.5 649.8
enseignement agricoles
Programme 4 : Gouvernance agricole, 607.3 55.8 551.5
genre et renforcement des capacités
humaines et institutionnelles
Programme 5 : Adaptation aux 195.8 75.2 120.6
changements climatiques
Source : Ministère de l’agriculture et du développement rural, Septembre 2013.
34

Les sommes requises pour la mise en œuvre du PNIA au cours de huit


prochaines années peuvent paraître importantes ; il convient cependant de souligner
que le PNIA de la RDC reste parmi les proportions inférieures à la plupart des pays
d’Afrique subsaharienne, si l’on tient compte de la population du pays (plus de 80
millions d’habitants à l’horizon 2020). La dépense annuelle moyenne est de seulement
8,2 USD par habitant, ce qui reste modeste par rapport aux enjeux en termes de lutte
contre la pauvreté et la malnutrition dans le pays le plus peuplé d’Afrique centrale. Il
convient également de noter que le volume total de financement additionnel (près de
610 millions d’USD par an) reste dans des proportions réalistes en matière de capacités
de consommation budgétaire.

2.1. CADRE POLITIQUE DU PNIA

La deuxième génération du Document de la Stratégie de Croissance et de


Réduction de la Pauvreté (DSCRP 2), s’est fixé comme objectif global à l’horizon
2015, une amélioration sensible des conditions de vie de la population.

Cette amélioration devrait conduire à la réalisation d’une croissance


économique moyenne annuelle de 7,2% et une réduction de l’incidence de pauvreté
d’environ 11 points pour la situer à 60% en 2015. Il s’agit également de créer au moins
un million d’emplois décents par an sur la période ; le tout dans un contexte de respect
de l’environnement et de maîtrise de l’inflation à un niveau moyen annuel de 9%.

Pour atteindre ces objectifs, le Gouvernement s’est engagé à mettre en


place une stratégie qui reposait sur quatre grands piliers comportant chacun des
orientations stratégiques sectorielles et transversales claires et des priorités qui seront
ajustées, à la lumière de l’évolution de l’environnement, de la disponibilité des
ressources et du progrès dans leur mise en œuvre. Il s’agit du :

 Pilier 1 : Renforcer la gouvernance et la paix ;


 Pilier 2 : Diversifier l’économie, accélérer la croissance et promouvoir
l’emploi ;
 Pilier 3 : Améliorer l’accès aux services sociaux de base et renforcer le capital
humain ;
 Pilier 4 : Protéger l’environnement et lutter contre le changement climatique.

La relance du secteur agricole, à laquelle la mise en œuvre du PNIA


devrait contribuer, fait partie du deuxième pilier « Diversifier l’économie, accélérer la
croissance et promouvoir l’emploi ». Ce pilier fait référence aux politiques de
production des richesses et de développement des infrastructures de soutien aux
activités de production ainsi que celles liées à leur redynamisation. La stratégie
propose également des politiques commerciales et de promotion de l’emploi.
35

Le pilier 2 devrait ainsi appuyé par une politique de croissance visant la


définition du potentiel des filières de production, la détermination des voies et moyens
susceptibles de faciliter l’accès aux marchés et aux filières de production, ainsi que la
réalisation des études de faisabilité sur la création et la localisation de nouveaux pôles.
La réussite de la mise en œuvre de ces politiques repose sur le renforcement de la
gouvernance (pilier1) dans un contexte affirmé de protection de l’environnement et de
lutte contre le changement climatique (pilier 4).

L’objectif global visé par la mise en œuvre de la Note de Politique


Agricole élaborée en novembre 2009 était de contribuer à la réalisation de la sécurité
alimentaire. Cet objectif concordait aussi au premier Objectif du Millénaire pour le
Développement. Les autorités visaient ainsi un développement agricole durable,
susceptible de sauvegarder le patrimoine productif, lequel constitue le socle de la
relance de l’économie nationale. A cet égard, les objectifs spécifiques suivants ont été
visés :

 Améliorer l’accès aux marchés et la valeur ajoutée des productions agricoles ;


 Améliorer la productivité du secteur agricole (production vivrière, horticole et
légumière, halieutique et d’élevage) ;
 Promouvoir des systèmes financiers décentralisés qui s’adaptent à la nature des
activités du secteur agricole ; et
 Renforcer les capacités techniques et organisationnelles des institutions
publiques et privées d’appui à la production.

La vision du Gouvernement consistait à redynamiser la structure


productive du monde rural axée sur le développement d’une production agro-
industrielle moderne et sur le renforcement des petits exploitants, tout en assurant la
conservation des ressources naturelles du pays. Cette vision devrait se matérialiser à
travers la Stratégie Sectorielle de l’Agriculture et du Développement Rural (SSADR)
adoptée en avril 2010 qui se décline comme suit :

 Améliorer l’accès aux marchés et aux infrastructures rurales ainsi que les
capacités commerciales, ;
 Développer la production végétale, animale, halieutique et artisanale ;
 Renforcer la gouvernance ainsi que les capacités institutionnelles et des
ressources humaines ; et
 Organiser le monde rural en structures auto gérées et assurer le financement du
secteur.
36

2.2. L‘ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DU SECTEUR

Les attributions du volet agriculture de ce Ministère, sont fixées par le


décret n°03/27 du 16 septembre 2003, relatif au Ministère de l’Agriculture, et repris
par l’ordonnance n°08/074 du 24 décembre 2008 fixant les attributions des Ministères.
 Structure de tutelle : Le développement du secteur agricole est placé sous la
tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
(MINAGRIDER). Il comprend deux Secrétariats Généraux dont l’un est chargé
de l’Agriculture, Pêche et Élevage et l’autre du Développement Rural.
 Organisation interne du Ministère de l’Agriculture et du Développement
Rural : Le MINAGRIDER est divisé en 2 Secrétariats Généraux, à savoir :
l’Agriculture, Pêche et Elevage et le Développement Rural. Ces 2 Secrétariats
Généraux comprennent des Directions Normatives et des Services Spécialisés.
 Les Directions normatives de l’Agriculture, Pêche et Elevage sont :
- La Direction d’Etudes et Planification (DEP) ;
- La Direction des Services Généraux (DSG) ;
- La Direction de la Production et Protection des Végétaux (DPPV) ;
- La Direction de la Production et Santé Animales (DPSA) ;
- La Direction des Marchés, Prix et Crédits de Campagnes (DMPCC) ;
- La Direction des Pêches (DP) ;
- La Direction de l’Administration Générale des Projets (DAGP) ;
- La Direction de l’Inspection (DI)
 Les Directions normatives du Développement Rural sont :
- Direction des Services Généraux ;
- Direction d’Etudes et de Planification ;
- Direction de Développement Communautaire (DDC) ;
- Direction de l’Economie Rurale (DER) ;
- Direction de Génie Rural (DGR) ;
- Direction de l’Animation et Vulgarisation Rurales (DAVR) ;
- Direction de l’Inspection.
 Les Services Spécialisés de l’Agriculture, Pêche et Elevage sont :
- Service National des Statistiques Agricoles (SNSA) ;
- Service National des Semences (SENASEM) ;
- Service National des Fertilisants et Intrants Connexes (SENAFIC) ;
- Service National de Vulgarisation (SNV) ;
- Service National de la Promotion de la Pêche (SENADEP) ;
- Service National d’Intrants Vétérinaires et d’Elevage (SENIVEL) ;
- Service National d’Aquaculture (SENAQUA) ;
- Service National de Mécanisation (SENAMA) ;
- Programme National Riz (PNR) ;
37

- Laboratoire Vétérinaire de Kinshasa (LABOVET) ;


- Programme National de Développement de l’Elevage Familial
(PRONADEF) ;
- Centres d’Adaptation et de Multiplication des semences Améliorées
(CAPSA) ;
- Centres d’Adaptation du Bétail Indigène (CABI) et les Centre Agricoles ;
 Les Services Spécialisés du Développement Rural sont :
- Direction des Voies de Desserte Agricole (DVDA) ;
- Service National de l’Hydraulique Rurale (SNHR) ;
- Service National des Coopératives (SNCOOP) ;
- Service National d’Informations Rurales (SNIR) ;
- Service National de l’Horticulture Urbaine et Péri-urbaine (SENAHUP) ;
- Service National de Traction Animale (SENATRA) ;
- Service National de Technologie Adaptée (SENATEC) ;
- Service National d’Energies Renouvelables (SENEN) ;
- Service National de l’Habitat Rural (SENHARU) ;
- Service National de la Jeunesse Rurale (SENEJER) ;
- Service National de Développement Rural Intégré (SENDRI) ;
- Service National de Pêche en Milieu Rural (PEMIRU).
 Autres Ministères impliqués : Les autres Ministères impliqués directement ou
indirectement dans l’appui à la production agricole sont : le Ministère de
l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme (MECNET) et le
Ministère de l’Enseignement Supérieur, Universitaire et Recherche
Scientifique, à travers l’Institut National d’Études et de Recherche
Agronomique (INERA).
D’autres Ministères ont également des attributions spécifiques qui
touchent directement les opérateurs des sous-secteurs agricoles :

 Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité ;


 Économie et Commerce ;
 Finances ;
 Santé Publique ;
 Affaires Foncières ;
 Genre, Famille et Enfant ;
 Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux
publics et Reconstruction ; et
 Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel.
Le Ministère du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la
Modernité centralise et coordonne tous les programmes macroéconomiques au niveau
du Gouvernement.
38

Le schéma organique est semblable à celui du Ministère de l’Agriculture


et du Développement Rural avec des Directions Normatives, des Projets et
Programmes et des Inspections Provinciales. Cependant, il faut noter que depuis 2001,
un Bureau Central de Coordination (BCECO) assure la coordination des ressources
extérieures en provenance de certains grands Bailleurs de Fonds.

2.3. LES CONTRAINTES MAJEURES, OPPORTUNITES ET


DEFIS A RELEVER

A. Les contraintes majeures

Le secteur agricole en RDC est confronté à de nombreuses contraintes


d’ordre technique, économique et institutionnel, à savoir :

 Une faible productivité des filières végétales, animales et halieutiques ;


 Une allocation budgétaire encore insuffisante ;
 Un cadre institutionnel insuffisamment organisé avec un déficit en ressources
humaines, techniques et matérielles, tant au niveau central qu’au niveau
provincial ;
 Un régime foncier dualiste tiraillé entre le juridique et le traditionnel ;
 La détérioration des conditions de vie en milieu rural provoquant ainsi un exode
élevé et sélectif qui draine vers les villes les actifs agricoles les plus
dynamiques ;
 Un environnement macroéconomique peu propice aux investissements
productifs, malgré la présence de terres de qualité, un climat favorable et une
importante demande ;
 La faible capacité de financement des opérateurs agricoles et les difficultés
d’accès au crédit agricole ;
 La dégradation et le faible niveau d’accès aux infrastructures de base ;
 Le manque d’organisation des producteurs et autres acteurs des filières
agricoles ;
 L’inadéquation de l’offre de services de recherche et de vulgarisation agricole
en regard de la demande d’appui-conseil des organisations paysannes et autres
opérateurs ;
 Le faible niveau d’accès aux informations sur les marchés ;
 La faiblesse de la demande interne du fait du faible pouvoir d’achat des
consommateurs ; et
 Le faible niveau de valorisation des productions.
39

B. Les opportunités et potentialités


Malgré ces contraintes qui entravent son développement depuis plus
d’une décennie, le secteur agricole congolais possède un potentiel considérable et offre
des opportunités tout à fait remarquables. Il s’agit notamment :

 De conditions climatiques et écologiques très favorables aux activités agricoles


;
 La disponibilité en terres agricoles (environ 75 000 000 d’hectares) très peu
valorisées (environ 10% sont exploitées annuellement) ;
 Les potentialités réelles de développement de plusieurs cultures d’exportation
hautement compétitives sur le marché international et générateurs de revenus
importants notamment le palmier à huile, le café, le cacao, le thé, l’hévéa et le
quinquina etc. ;
 Un marché potentiellement important : les régions urbaines du pays et les pays
voisins représentent un marché de plus de 100 millions d’habitants, en voie
d’urbanisation rapide ;
 La présence de grandes ONG internationales de développement bien
structurées, bien équipées, munies d’un personnel compétent, avec antennes
disséminées dans le pays, et qui se consacrent à l’encadrement des agriculteurs ;
 Un mouvement associatif en émergence et en expansion dans l’ensemble de la
RDC ; et
 Un regain d’intérêt manifesté par les autorités congolaises et ses partenaires
pour le développement du secteur agricole et rural.

SECTION 3. PRESENTATION DU PARC AGRO-


INDUSTRIEL EN RDC

Considérer l’agriculture congolaise comme un secteur de subsistance est


un contraste paradoxal. La plupart des agriculteurs congolais produisent des cultures
pour leur propre consommation et pour le marché. Cela a été très clairement
documenté par une analyse détaillée de 2014 de l’alimentation et de l’agriculture en
RDC, réalisée par le Programme alimentaire mondial, l’International Food Policy
Research Institute (IFPRI) et le gouvernement 22 . L’étude fournit des informations
importantes sur l’alimentation et l’agriculture dans le pays.
Elle constate premièrement que l’agriculture fournit 97% des revenus des
ruraux congolais et que, en moyenne, les agriculteurs dépendent du marché pour plus
de 42% de leurs besoins alimentaires.

22
PAM. « Analyse approfondie de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité (CFSVA) », République démocratique du Congo. 2014. P 37.
https://reliefweb.int/ sites/reliefweb.int/files/resources/CFSVA%20for%20DRC_WFP_IFPRI_FR_ Final_Released_VF_12062014_light.pdf
(visité le 26 novembre 2018).
40

Les agriculteurs dépendent de leur propre production pour environ la


moitié de leur consommation alimentaire et la grande majorité d’entre eux tirent leurs
revenus de la vente de leurs cultures. Les agriculteurs dits de subsistance vendent donc
leurs cultures, ce qui leur fournit les revenus nécessaires pour acheter d’autre
nourriture et couvrir d’autres dépenses. Ici-bas est reprise la liste de tous les parcs
agro-industriels prévus en R.D. Congo à l’issu des négociations avec les partenaires
publics-privés :
Tableau 2 : Parcs agro-industriels prévus en RDC par des partenariats publics-
privés23

N° NOMS PROVINCES SURFACES (ha)


1 Bukanga-Lonzo Kwango, Kenge région 80.000

2 Gbadolite Equateur 77.000

3 Kindu Maniema 150.000

4 Kinzau Kongo central, région de 1.000


Mbanza-Ngungu

5 Luiza Lulua, région de Luiza 60.000

6 Muhala Tanganyika pronvince, région de 42.000


Kalemie

7 Mushie Pentane Bandundu 60.000

8 Nkudi Kongo-central, région Luozi 60.000

9 Ruzizi Sud-Kivu 80.000

10 Tokalama Sud-Kivu, région de Fizi 4.500

11 Dibaya Lubwe Kwilu, région d’Idiofa 48.000

12 Kimbinga Kwilu, région de Bulungu 20.000

13 Tshela Kongo-central, région de Tshela 22.000

23
Liste établie par la consolidation de deux sources gouvernementales https:// www.investindrc.cd/fr/secteurs/agriculture et
http://agroparksdrc.com/abp/ (visité le 26 janvier 2022).
41

14 Bumba Mongala Bumba 110.000

15 Businga Equateur 65.000

16 Mweka Kasaï Kasaï, région de Mweka 82.500

17 Ngandajika Kabinda, région de 78.000


Ngandajika

18 Kaniama Kasese Haut Lomami, région de Kaniama 106.500

19 Kasongo Maniema, région de Kasongo 75.000

20 Lotokila Tshopo 95.000

21 Yangambi Tshopo 85.000

22 Lowa Nord-Kivu 187.000

Total 1.588.500

Source : Agence Nationale pour la Promotion des Investissements, Rapport de 2019.

Au terme des négociations, la Banque mondiale et la Banque africaine de


développement (BAD) ont un rôle de premier plan dans la création des parcs agro-
industriels en RDC. En raison de leur poids financier (les deux mises ensembles), ils
fournissent au pays une aide annuelle moyenne de 500 millions de dollars, ce qui fait
des voix qui comptent 24 . La Banque mondiale est responsable de concevoir et de
financer la stratégie pour les parcs agroindustriels à travers son projet de
développement du pôle de croissance Ouest, d’un montant de 110 millions de
dollars.25 La Banque mondiale est également responsable de la sélection des sites ainsi
que des études de faisabilité et études techniques des parcs.

24
OECD stats. https://stats.oecd.org/ (visité le 26 novembre 2018).
25
Banque Mondiale. DRC: Western Growth Poles Project IDA Grant Number No. H860-ZR Amendment to the Financing Agreement,
septembre 2015. http://documents.worldbank.org/curated/en/374511468248431731/pdf/ RAD1252836184.pdf (visité le 26 janvier 2022).
42

SECTION 4. PRESENTATION DU PROJET BUKANGA-


LONZO26

Le site devant abriter le Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo couvre


une superficie de 80.000 ha à 250 km au Sud-Est de Kinshasa et s’étend sur les
provinces du Kwango et Kwilu et concerne aussi la ville province de Kinshasa où ont
été implantés les points de vente des produits du PAI-BL. L’appui de la Banque a
permis de réaliser certaines infrastructures structurantes nécessaires à la réalisation de
la première phase de développement du PAI-BL et facilité l’accès aux intrants et aux
technologies agricoles améliorées qui permettront d’accroitre la productivité des petits
producteurs dans le rayon d’activité du PAI-BL.

Le projet est classé à la catégorie environnementale 1 des procédures


d’évaluation environnementale de la Banque. En conséquence, une Etude d’Impact
Environnemental et Sociale (EIES) à la suite de laquelle un Plan de Gestion
Environnementale et Sociale (PGES) a été élaboré afin de permettre d'orienter les
activités du projet de manière à ce que les questions environnementales et sociales
soient systématiquement prises en compte et gérées dans toutes les activités mises en
œuvre. Un Plan d’Action de Réinstallation (PAR) a été également élaboré étant donné
le nombre de personnes qui pourraient être affectés.

Le PGES regroupe toutes les mesures de prévention, réduction et/ou


d’optimisation ainsi que des actions d’accompagnement en faveur de la protection de
l’environnement biophysique, social et humain. Il comprend aussi des indications des
mesures de gestion des dangers liés aux activités du projet, qui devront être élaborés de
manière détaillée dans le Plan d’Opération Interne (POI).

Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo a été créé dans le cadre d’un


partenariat public-privé entre le gouvernement et une société Sud-Africaine, Africom
Commodities (A.C.). La société créée par ce partenariat, la Société d’Exploitation du
Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo SA (SEPAGRI SA), devait utiliser 80 000 ha
de terres pour de la production agricole. La production a commencé avec le maïs en
2014 et devait s’étendre à d’autres produits (manioc, soja, légumes) ainsi qu’à
l’élevage (en utilisant comme aliment le maïs produit). La création du parc a impliqué
la construction d’infrastructures, notamment de routes, de bâtiments, de centrales
électriques et de systèmes d’approvisionnement en eau.

26
Ministère de l’Agriculture et du développement rural, Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), Septembre 2012.
43

Les silos à grain ont été construits avec une capacité de 40 000 tonnes (t).
La production devait être hautement mécanisée, la société ayant acheté quelques 300
machines, plus de 50 tracteurs et deux avions pour la pulvérisation. Environ 300
locaux ont été embauchés pour le projet, sous la direction d’une équipe de cadres et
techniciens Sud-Africains.

Selon les différents rapports, 5 000 ha de maïs ont été plantés en


septembre 2014, desquels 20 000 tonnes auraient été récoltées en mars 2015. La
superficie plantée en maïs devait passer à 50 000 ha en six ans. Le manioc a été mis en
culture en 2017 sur 60 ha. Il était prévu de l’étendre à 1 000 ha et de répartir la
production pour moitié dans le parc et pour moitié dans les villages environnants.

4.1. DESCRIPTION DU PROJET ET DE LA ZONE


D’INFLUENCE

Le projet PAI-BL avait pour principales activités :

 La mise en place des infrastructures structurantes (routes, électricité,


distribution d’eau, construction des hangars, entrepôts, maisons d’habitation
etc.) ;
 La production végétale (maïs, soya, sorgho, niébés, légumes divers etc.),
animale (porcs, volailles, petits ruminants etc.) et halieutique ;
 L’organisation paysanne, l’appui technique auprès des paysans à l’intérieur et à
l’extérieur du PAI ;
 La gestion des équipements et matériel de transformation et de fabrication
d’aliments pour bétail, la production des emballages etc. ;
 La commercialisation de différents produits du PAI y compris ceux des paysans
;
 La gestion des installations du PAI-BL et l’administration du PAI.

Il sied de signaler aussi que l’appui de la Banque a compris les


composantes ci-après :

 Appui à l’aménagement des infrastructures structurantes du PAI-BL. Il


s’agit des activités suivantes :
- Le bitumage d’une section de route de desserte du PAI-BL d’environ 50
km partant de l’embranchement avec la Route Nationale 1 (RN1) et la
réhabilitation d’une route en terre d’un linéaire approximatif de 50 km à
l’intérieur du PAI-BL ;
44

-La construction de postes transformateurs du courant haute tension en


courant moyenne et basse tension et les réseaux de transport et de
distribution d’électricité pour l’usage industriel et domestique du PAI-
BL, des villes et des villages dans le parc ; et
- L'adduction et le traitement de l'eau à usage domestique, agricole et
industriel dans le PAI-BL.
 Renforcement des capacités des petits exploitants a consisté en l'appui au
développement de filières et renforcement des capacités de participation des
petits producteurs et la mise en œuvre des mesures d’accompagnement
environnementales et sociales et amélioration de la gestion du projet.
 Gestion du projet y compris la gestion environnementale et sociale.

4.2. CARTOGRAPHIE DU PARC AGRO-INDUSTRIEL DE


BUKANGA-LONZO

Source : Ministère de l’agriculture et développement rural, 2014.


Figure 2 : Cartographie du PAI-BL dans la province de Kwango
45

L’agriculture est la principale activité exercée dans le site du parc Agro-


Industriel de Bukanga-Lonzo. Elle se fait durant toute l’année ; que ça soit en saison de
pluie ou en saison sèche. Elle occupe à peu près 80% de la population sous forme
d’agriculture de subsistance et les produits suivants sont cultivés dans la zone du projet
: le manioc, l’arachide, le maïs, le riz paddy, la banane plantain, la patate douce, le
millet, le Voandzou, le Niébé ainsi que différentes sortes de légumes.

L’élevage est pratiqué, surtout l’élevage de bovins, mais aussi de


chèvres, de moutons, de porcs et de volaille, etc. La pêche n’est pas très développée et
est essentiellement artisanale sur les rivières et lacs de la région. Les forêts du Kwango
et du Kwilu abritent des arbres de grandes valeurs (les bois rouges, les bois noirs, etc.)
qui peuvent être commercialisés mais le bois est surtout utilisé pour les besoins
domestiques.

Les pistes rurales se trouvant à l’intérieur du site sont aussi celles que les
villageois utilisaient pour évacuer leurs produits agricoles et d’élevage ; elles sont en
terre et sont fortement dégradées.

Le manque de routes viables constitue un autre obstacle à la production


agricole, ainsi tous les différents villages et les fermes se trouvant dans le site du PAI-
BL ne sont pas facilement joignables.

Tableau 3 : Prévision de la production agricole sur le Parc Agro-Industriel de


Bukanga-Lonzo (2015-2020)
1ère 2è Année 3è Année 4è Année 5è Année 6è Année
Année
Cultures Unité

Maïs Ha 10,000 17,500 25000 35000 50000 50000


Soya Ha 8,000 14,000 20000 25000 40000 40000
Manioc Ha 2500 5000 5000 5000
Haricots Ha 2,000 3,500 5000 10000 10000 10000
Pommes de Ha 1,000 1,750 2500 2500 2500 2500
terre
Patates douces Ha 1,000 1750 2500 2500 2500
Pois Ha 300 600 1000 1000 1000

Tomate Ha 250 500 500 500 500 500


46

Tomates Ha 500 1000 1000 1000


fraîches
Choux Ha 500 750 1000 1000 1000 1000
Epinards Ha 250 500 500 500 500 500
Oignons Ha 500 1000 1000 1000
Total 12,000 22,300 35,350 40,000 65,000 65,000
Ha/Ann
ée
Bétail

Laitière Diriger Période de 2,500 5,000 5,000 5,000 5,000


mise en
place
Poulets de Poulets Période de 4.755,456 9.510,912 14.266,368 19.021,82
chair de mise en 4
chair place

Couche Poulets Période de 126,720 253,440 380,160 380,160 380,160


pondeu mise en
ses place

Cochons Porcs Période de 2,120 4,770 7,500 7,500 7,500


mise en
place

Chèvres Période de 1,000 2,000 3,000 4,000 5,000


mise en
place

Aquaculture Ha/Etan Période de 40 90 140 140 140


gs mise en
place

Source : Parcagro.com
47

Les objectifs de production des différentes cultures étaient très


ambitieux, notamment la production de 500 tonnes de fruits et légumes par jour, 365
jours par an, la production journalière de 20 tonnes de farine de manioc, de 80 à 100
tonnes de manioc à récolter et à traiter chaque jour. La production de maïs sur 50 000
ha devait atteindre 350 000 tonnes par an.

4.2.1. APERÇU SUR LES RÉALISATIONS

Ce plan ambitieux n’a jamais été mis en œuvre. Après les 5 000 ha
plantés la première année, la surface cultivée a été réduite à 3 000 ha l’année suivante,
puis à 2 000 en 2016. Trois ans après son lancement, le parc pilote de Bukanga-Lonzo
s’est effondré en 2017. L’activité a cessé après qu’Africom, la société qui gérait le
parc, a quitté le pays, affirmant qu’elle n’avait pas été payée par le gouvernement
depuis près d’un an.
Son personnel Sud-Africain a quitté le parc en août 2017. Selon le
Directeur Général (DG) d’Africom, Christo GROBLER, le problème était lié aux coûts
élevés et au manque de fiabilité du gouvernement qui changeait d’avis au jour le jour
quant à l’orientation du projet. Il a ajouté qu’Africom avait subi plus de 50 millions de
dollars de pertes à Bukanga-Lonzo.
Au début de 2018, il ne restait qu’une vingtaine d’employés. Des
machines, y compris des tracteurs, deux avions et d’autres équipements, étaient laissés
sur le site sans entretien.
Alors que le gouvernement avait célébré à maintes reprises le succès de
Bukanga-Lonzo au cours des trois premières années, en mai 2018, l’aperçu général
prouvait à suffisance que Bukanga-Lonzo avait « complètement échoué ».
En juin 2018, Africom Commodities (AC) lançait une action en justice
contre le pays pour non-paiement de ses dépenses. La société a déposé un recours
devant la Cour internationale d’arbitrage de Paris et demandé la somme de 19,79
millions de dollars27. En dehors de cette annonce, étonnamment pour un grand groupe
international comme celui-ci, la société semble avoir fermé son site web et cessé toute
communication publique mi-2017.
Entre temps, le gouvernement a annoncé son intention de relancer le parc
en mettant l’accent sur l’élevage, tout en recherchant de nouveaux partenaires et
financeurs pour le projet. La Banque africaine de développement (BAD), sollicitée
pour contribuer au financement de cette relance, a effectué à cette fin plusieurs
évaluations et études en 2018. L’avenir du projet n’est pas clair au moment de la
rédaction de ce rapport, mais des leçons essentielles peuvent être tirées de cette
débâcle.
27
www.agri-manager_drc.cd
48

Au moins neuf villages, avec plus de 5 000 personnes, ont perdu leurs
terres pour le parc de Bukanga-Lonzo : Baringa Ngasi, Famwe 1, Famwe 2, Kitoka1,
Kitoka 2, Kinsiami, Mumbanu, Mvula Banku, et Tandudi28. L’acquisition des terres
pour le projet s’est faite de la manière la plus trompeuse. Les communautés locales ont
été initialement informées que le gouvernement allait créer un « village agricole » qui
apporterait le développement et soutiendrait les paysans locaux. Dans ce qui rappelle
tristement les pratiques coloniales, les communautés locales ont ensuite reçu un lot de
marchandises pour lesquelles les chefs des terres, représentant les villages concernés
ont dû signer des « Actes d’engagement ». Ces actes d’engagement étaient des reçus
pour les marchandises livrées, mais comme ils le comprendront plus tard, signifiaient
également leur engagement pour la cession des terres.

4.3. CADRE INSTITUTIONNEL, LEGAL ET JURIDIQUE

Comme nous l’avons expliqué précédemment, la mise en œuvre du


programme des Parcs Agro-Industriels implique l’intervention d’un ensemble
d’institutions et d’entités sectorielles nationales dont les attributions seront résumées
dans les lignes qui suivent. Et elle s’inscrit dans un cadre législatif et règlementaire
dont les références aux textes de base sont reprises aussi plus loin.

Le cadre national de la politique en matière environnementale est marqué


par les documents d’orientation et les exercices de planification suivants :

 Le Plan National d’Action Environnemental (PNAE) ;


 La Stratégie nationale et le Plan d’action de la Diversité biologique ;
 Le Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques (PANA).

Le cadre juridique national comprend les textes nationaux ci-après


applicables au projet :

 La Loi Cadre N°11/009 du 09 juillet 2011 portant principes fondamentaux


relatifs à la protection de l’environnement. Conformément à l’article 123 point
15 de la Constitution, cette Loi :
- Défini les grandes orientations en matière de protection de
l’environnement ;
- Oriente la gestion des ressources naturelles dans la perspective d’un
développement durable ;
- Sert de socle aux législations spécifiques régissant la conduite des
secteurs ayant des incidences directes ou indirectes sur l’environnement.

28
Wikipédia.net
49

 Le décret n°14/019 du 19 aout 2014 fixe les règles de fonctionnement des


mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement et constitue une
des mesures d’application de cette loi qui encadre toute la procédure de
réalisation d’une Étude d’Impact Environnemental et Social (ÉIES).
 La Loi n°14/003 du 11 février 2014 relative à la Conservation de la Nature dans
son article 45 précise que des mesures doivent être mises en place pour prévenir
les risques d’introduction des espèces exotiques susceptibles de menacer les
écosystèmes, les habitats, les zones humides et les cours d’eau. Des dispositions
de surveillance continue et d’alerte précoce doivent être instaurées pour lutter
rapidement contre toute invasion biologique et la restauration des habitats et
écosystèmes dégradés.
 La Loi n°15/026 du 31 décembre 2015 relative à l’eau ou Code de l’eau fixer
les règles de la gestion durable et équitable des ressources en eau. Il précise
dans son Article 23 que les aménagements hydrauliques entrainant le
prélèvement ou la perturbation des régimes des eaux sont soumis à une
autorisation préalable par les autorités désignées dans cette loi. L’article 28
spécifie que le droit d’utilisation des eaux et l’aménagement d’ouvrages
hydrauliques sont limités par l’obligation de ne pas porter atteinte aux droits des
riverains, de restituer l’eau de façon qu’elle soit réutilisable et de respecter
l’intégrité de l’environnement et des écosystèmes aquatiques.
 La Loi n°011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier déclare forêts
classées les réserves naturelles intégrales, les parcs nationaux, les réserves de
faune et les domaines de chasse. Il prévoit que le déclassement d’une forêt est
soumis à la réalisation préalable d’une étude d’impact sur l’environnement,
interdit les actes de déboisement des zones exposées au risque d’érosion, exige
que tout déboisement respecte une distance de 50 mètres de part et d’autre des
cours d’eau et dans un rayon de 100 mètres autour de leurs sources. Tout
déboisement doit être compensé par un reboisement équivalent en qualité et en
superficie et impose l’obligation d’obtenir un permis de déboisement pour une
superficie supérieure à 2 hectares.
 La Loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier régir les opérations
de recherches des produits de carrières, une autorisation d’exploitation
permanente ou temporaire de carrières devant être octroyée par la Division
Provinciale des Mines pour les matériaux à usage courant.

Afin de mieux articuler ses politiques de sauvegarde tout en améliorant


leur clarté et cohérence, la Banque a mis en place le Système de Sauvegarde Intégré
(SSI) qui comprend quatre (04) volets interdépendants :

 Déclaration de politique de sauvegardes intégrée ;


50

 Sauvegardes opérationnelles ;
 Procédures d’Evaluation Environnementale et Sociale (PEES) ;
 Lignes directrices d’Evaluation Intégrée des Impacts Environnementaux et
Sociaux (EIIES).

Cinq sauvegardes opérationnelles sont déclenchées dans le cadre des


activités du projet à savoir :

 Evaluation environnementale et sociale déclenchée du fait qu’il s’agit d’un


programme et assujetti de facto à l’évaluation environnementale et sociale ;
 Réinstallation involontaire déclenchée du fait que le projet affectera des
personnes propriétaires de biens ;
 Biodiversité, ressources renouvelables et services Eco-systémiques déclenchée
du fait de la biodiversité présente dans l’emprise du projet et à proximité de la
zone du projet ;
 Prévention et contrôle de la pollution, matières dangereuses et utilisation
efficiente des ressources, déclenchée du fait des risques de pollution des eaux et
des sols lors de travaux et de la phase opérationnelle du projet ;
 Conditions de travail, santé et sécurité déclenchée du fait que la nature des
travaux implique des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs.

4.4. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX ET


MESURES D’ATTENUATION

L’importance des impacts devrait se déterminer d’une part, par la


situation du site notamment, sa proximité avec les établissements humains, les cours
d’eaux, la qualité du sol (domaine agricole ou non), des zones protégées ou
écosystèmes sensibles et d’autre part, par l’importance des infrastructures à mettre en
place, la durée des travaux et l’importance de la main d’œuvre qui sera utilisée.

4.4.1. IMPACT SUR LE MILIEU PHYSIQUE (AIR, EAU, SOL)

 Risques de pollution de l’air : Durant la phase des travaux, les émissions de


poussière et de particules dans l’air en raison des opérations de terrassement et
de déblais et des mouvements de camions pour le transfert des matériaux. Les
mesures d’atténuation consisteront :
- Au contrôle du mouvement des engins et des camions ;
- Le bâchage de tous les camions transportant les matériaux ;
- Le port d'Équipement de Protection Individuelle (EPI) et
51

- La préparation des populations riveraines.


 Risques de pollution des eaux de surface lors des travaux d’aménagement et de
raccordement de la prise d’amenée au niveau du village Famwe, risque
d’érosion des berges, d’une augmentation de la turbidité, ensablement du cours
d’eau avec les engins.
 Risques de pollutions accidentelles liées à des fuites d’hydrocarbures, de
graisses ou de liquides hydrauliques provenant des engins.
 Risques d’infiltration des déchets liquides vers les nappes d’eau souterraines.
Les mesures d’atténuation de cet impact consisteront à :
- Contrôler le mouvement des engins lors des terrassements ;
- Installer la base de chantier au moins à 700m de la rivière Kwango ;
- Assurer la stabilisation des berges de la rivière Kwango après les travaux
;
- Mesures strictes d’assainissement et sanitaires sur le chantier et
évacuation des déchets solides hors du chantier et
- Mettre en place un plan de gestion des pollutions accidentelles.
 Compaction des sols, déstructuration et érosion des sols par les engins lors des
travaux et contamination des sols par la production de déchets solides et
liquides, constitués essentiellement de déblais et résidus de matériaux de
construction et risque de pollution si les résidus de débroussaillage et de
décapage sont rejetés anarchiquement. Les mesures d’atténuation de cet impact
consisteront à :
- Interdire le brulage des déchets ni le rejet dans le milieu naturel ;
- Organiser l’entreposage, la réutilisation et/ou l’évacuation des déchets
sur le site ;
- Nettoyer régulièrement les zones de stockages ainsi que le site de travail
et
- Mettre en place un plan de gestion des pollutions accidentelles.

4.4.2. IMPACT SUR LE MILIEU SOCIAL

 Impact sur le cadre de vie des populations riveraines : nuisances, gênes et


désagréments lors de travaux : poussières, bruits des engins, blocage des voies
d’accès etc. Les mesures d’atténuation de cet impact ont consisté à :
- Informer et sensibiliser le personnel et la population des nuisances
possibles ;
- Mettre en place un panneau d’information à l’entrée du chantier ;
- Assurer le balisage de la zone de travaux et
- Entretenir régulièrement les engins.
52

 Risques d’accidents et de nuisances pour les travailleurs liés à la manutention


manuelle ou mécanisée et des conditions sur le chantier : pollution sonore des
engins/instruments de chantier (soudeur, fraiseur etc.), risques d’accidents liés
aux engins/instruments de chantier, à la présence de matériaux de construction
mal protégés ou mal utilisés, à des collisions ou à des chutes dans les
excavations sur le chantier. Les mesures d’atténuation de cet impact ont
consisté à :
- Préparer un ROI comportant des consignes de sécurité clairs et les
afficher sur le chantier ;
- Préparer et mettre à exécution du plan de gestion des déchets solides et
liquides sur le chantier ;
- Exiger le port des EPI et sécuriser la zone du projet et en interdire
l’entrée aux personnes étrangères ;
- Entretenir régulièrement les engins et limiter la vitesse des véhicules ;
- Installer la base de chantier à au moins 700m de la rivière Kwango ;
- Mettre en place des mesures d’hygiène et d’alimentation en eau potable
sur le chantier et
- Sensibiliser le personnel de chantier sur les mesures de sécurité et contre
les comportements inappropriés envers la communauté locale.
 Risques d’accidents et d’impacts sur la santé des populations riveraines : les
travaux ont généré des poussières qui ont surement indisposés les riverains et
augmenter les Infections Respiratoires Aiguës (IRA), les risques de pollution
des eaux peuvent entrainer la propagation des maladies hydriques et le brassage
des populations venant de plusieurs horizons accentuera le risque de
propagation des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et le VIH/SIDA.
Les mesures d’atténuation de cet impact ont consisté à :
- Sensibiliser les populations riveraines sur les risques d’IRA,
d’IST/VIH/SIDA et les maladies hydriques ;
- Entretenir régulièrement les engins et limiter la vitesse des véhicules ;
- Installer la base de chantier au moins à 700m de la rivière Kwango. Les
mesures de bonification seront de faciliter l’accès à l’eau potable et aux
soins de santé aux communautés riveraines.
 Risques de conflits sociaux liés aux recrutements du personnel du projet et à la
venue de personnel étranger à la zone. Les mesures d’atténuation de cet impact
ont consisté à :
- Encourager le recrutement de la main d’œuvre locale qualifiée et non
qualifiée ;
- Mettre en place un système transparent de recrutement ;
- Sensibiliser le personnel de chantier sur le respect des us et coutumes des
populations et
- Mettre en place un mécanisme de prévention et de gestion des conflits.
53

 Risques d’impacts sur les ressources culturelles physiques : bien que sur le site
il n’existe pas de sites archéologiques, cimetières et des vestiges particuliers
pouvant être affectés par les travaux, il a été prévu que des vestiges soient
découverts de façon fortuite lors des fouilles et des travaux. Les mesures
d’atténuation de cet impact ont consisté à :
- Se renseigner sur l’existence de vestiges auprès des services compétents
et des populations locales ;
- Arrêter les travaux en cas découverte fortuite et
- Circonscrire et protéger la zone de fortuite et avertir immédiatement les
services compétents pour la conduite à tenir.

4.5. POLLUTION ET RISQUES SANITAIRES

La pollution de l’environnement et l’utilisation incontrôlée de produits


chimiques nocifs par le projet constituent un autre problème important soulevé par la
population locale.
C’est une préoccupation légitime puisque les comptes de la société
indiquent des achats massifs de différents produits chimiques pour le projet. Le produit
le plus acheté était le glyphosate, avec près de 60 000 litres acquis. La pollution est
une grave préoccupation compte tenu de la dangerosité du glyphosate, reconnu
responsable de cancer et autres risques pour la santé.
Comme cela a été démontré dans d’autres pays, les risques semblent
encore plus élevés avec la pulvérisation aérienne de l’herbicide, avec des effets
néfastes sur la santé des populations environnantes (notamment maladies de peau,
problèmes respiratoires, fausse couche, etc.). De plus, l’épandage aérien est souvent
responsable de la dérive des produits pulvérisés sur les terres voisines, avec des effets
très destructeurs pour les cultures et le bétail.
De plus, le parc est entouré de terres agricoles, et surplombent les
rivières Lonzo et Kwango, qui constituent les principales sources d’eau pour la
consommation humaine, la baignade et le jardinage des villages environnants. Au-delà
de la pollution de l’environnement, cette utilisation non contrôlée de produits
chimiques constitue donc une menace directe pour la santé et le bien-être des
habitants.
54

4.6. VIOLATION DES DROITS DU TRAVAIL ET


CONDITIONS DE TRAVAIL

D’anciens travailleurs du parc témoignent de pratiques de travail terribles


et de l’attitude des cadres Sud-Africains. Alors que les médias montraient des
infrastructures de vie modernes pour les travailleurs, ceux-ci n’expliquaient pas que les
logements étaient construits pour le personnel de direction, tandis que la plupart des
travailleurs devaient construire leurs propres huttes avec des branchages et des feuilles
dans un coin différent du parc.
En 2015, les travailleurs se sont mis en grève parce que la direction leur
a coupé l’alimentation en eau potable. En réponse, entre 100 et 150 travailleurs ont été
licenciés du jour au lendemain. En février 2016, 152 travailleurs ont été à nouveau
licenciés du jour au lendemain. Notons que plusieurs pratiques de violation du droit de
travail ont été observées au sein du PAI-BL.

4.7. TYPES DE FINANCEMENT AU SEIN DU PARC AGRO-


INDUSTRIEL DE BUKANGA-LONZO

Le gouvernement congolais a alloué 92 millions de dollars de fonds


public et la gestion est confiée à Africom au cours des années 2014 qui marquent le
début des travaux au sein du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo. D’où, 53
millions étaient destinés à la production agricole et le monopole de fournir les intrants
agricoles était réservé à la société Africam Commodities.
A cet effet, la Banque Mondiale a fourni au Parc Agro-Industriel de
Bukanga-Lonzo un montant de 110 millions de dollars pour les études de faisabilités
réalisées en 2014, la BAD a financé un montant de 1 million de dollars.
Par ailleurs, les parcs agro-industriels suivent un modèle de
développement que la Banque Mondiale met en avant depuis plusieurs années en
Afrique en encourageant les pôles de croissance, les corridors de développement et les
zones d’investissement spéciales afin d’y attirer avec les efforts déployés par la banque
pour privatiser les terres publiques et coutumières et les rendre disponibles pour
l’agriculture industrielle.
En R.D. Congo, le plan de financement des différents parcs sur toute
l’étendue du territoire remonte vers les années 2013 dont la prévision du montant
global était de 5,7 milliards avec comme objectif d’attirer les investisseurs étrangers
dans le but de muter du secteur de substance ou secteur du commerce tant national
qu’international.
55

Par ailleurs, pendant cette période, l’Inspection Générale de Finance


(IGF) n’était pas en fonction et l’Etat congolais continuait toujours à faire les
décaissements. C’est à partir de 2019 que l’Inspection Générale de Finance est entrée
en fonction et l’audit effectué au sein de Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo
révèle un montant total décaissé de 285 millions de dollars et un détournement est de
205 millions. Le rapport général de l’IGF démontre que tous les financements publics
en RDC ont un taux d’exécution de 30% et un taux de détournement de 70%29.

4.8. LES SOCIETES CREEES AU SEIN DU PARC AGRO-


INDUSTRIEL DE BUKANGA-LONZO

Sur le plan opérationnel, trois sociétés de droit public ont été créées en
mars 2015 et chargées d’assurer l’aménagement et l’exploitation de ce parc agro-
industriel de Bukanga-Lonzo. Au nombre de ces sociétés, il sied de citer entre autres :
1) La société du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo chargée de la gestion et
de l’aménagement du site ainsi que de la régulation des activités et de la
planification de toutes les activités qui devaient s’y réaliser. Son site internet est
« parcagro.com » ;
2) La société d’exploitation agro-industrielle de Bukanga-Lonzo, en sigle
SEPAGRI S.A., dont l’objet social était l’exploitation, la production et
l’aménagement des autres investissements qui parviendraient sur le site ; et
3) Le Marché international de Kinshasa dont la mission était la distribution, la
commercialisation des produits agricoles, des végétaux et des poissons issus de
la pisciculture. La dénomination sociale de cette troisième entreprise est
KINFRAIS.
Les trois actionnaires sélectionnés et retenus dans la phase de
constitution de ces sociétés sont l’Etat congolais, les opérateurs Sud-Africains de la
société Africom Commodities dans le cadre d’un contrat de gestion en partenariat avec
les coopératives constituées avec les communautés villageoises et le secteur privé
congolais. Lors de la phase de lancement, 85 millions de dollars avaient été mobilisés
et investis par l’Etat congolais à raison de 53 millions destinés à la production agricole
et 30 millions à la production ainsi qu’à la distribution du courant électrique sur le site
de Bukanga-Lonzo.
Situé à 3 heures de route de la mégalopole de plus de 10 millions
d’habitants qu’est Kinshasa, le Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo avait pour
mission de servir le grenier de Kinshasa à l’instar de toute la province du Kwango.

29
Etudier et comprendre.cd « Rapport annuel IGF », RDC-KINSHASA.
56

Pour les principales cultures agricoles comme le maïs et le manioc qui sont
suffisamment consommés à Kinshasa et qui n’y sont pas produits, il suffisait de les
produire à Bukanga-Lonzo et de les mettre à la disposition des consommateurs kinois
pour les voir achetés en vue d’être consommés.
Parmi les investissements d’accompagnement du Parc Agro-Industriel de
Bukanga-Lonzo, il a été convenu d’exécuter des dépenses à caractère social tendant à
financer la constitution du capital humain notamment par la création des centres de
formation agricole, d’un grand centre médical, des écoles, des logements, des
infrastructures communautaires à l’instar des églises, d’une bibliothèque, d’un terrain
de football, etc. Il était envisagé la création de 5.000 emplois directs et entre 12.000 et
15.000 emplois indirects.
Il convient de relever que plusieurs engagements avaient été pris au nom
du gouvernement en rapport avec les conséquences sociales de ce projet, le
gouvernement congolais s’était engagé à indemniser les petits fermiers expropriés, à
désintéresser financièrement les chefs coutumiers et à ne pas déplacer les villages
situés à l’intérieur du Parc de Bukanga-Lonzo. Concernant les villageois qui se
trouvent à l’intérieur du parc, ils devaient être soutenus dans le cadre du
développement de la filière manioc notamment grâce à la mise à leur disposition des
boutures améliorées, des intrants, du matériel, des conseils et à l’achat de leur
production par le Parc de Bukanga-Lonzo.
La production de Bukanga-Lonzo avait le but de poursuivre une
approche écologique et s’organisait selon le mode de production industriel, car le
processus appliqué était mécanisé ; et il y avait des engins, qui peuvent charger jusqu’à
6 tonnes d’engrais guidés par satellites via un serveur informatique.

4.9. LES MATERIELS DE PRODUCTION ACQUIS ET


INSTALLES AU SEIN DU PARC AGRO-INDUSTRIEL DE
BUKANGA-LONZO

La création du parc a impliqué la construction des silos à grain avec une


capacité de 40.000 tonnes, la société a acheté 300 machines, 50 tracteurs et deux
avions pour la pulvérisation. Par ailleurs, 17 millions de dollars ont été décaissés pour
la construction d’un marché à Kinshasa et 15 Km de route qui relie le parc à la grande
RN1.
57

La gestion de toutes les opérations d’achat ou de vente était coordonnées


à partir de l’Afrique Sud par l’Africom Commodities qui est une société Holding Sud-
Africaine créée en 2011 et qui compte une trente de filiales actives dans la production
et le commerce de produits agricoles, notamment des engrais sous la marque Triomph,
mais également d’autres intrants tels que les pesticides et les semences, ainsi que des
machines agricoles.
La filiale établie en RDC était actionnaire de plusieurs de sociétés
impliquées dans le parc, la SARL Triomph RDC qui produit et commercialise des
engrais de marque Triomph dans le pays. En ce qui concerne la production agricole, le
gouvernement avait financé directement 53 millions de dollars à Africom ; le montant
qui représente les inputs agricoles. Par ailleurs, après les 5.000 ha plantés la première
année, la surface cultivée était réduite de 3.000 ha l’année suivante et de 2.000 à 2016.
Au début de 2018, il restait une vingtaine d’employés, des machines, y
compris des tracteurs, deux avions et d’autres équipements étaient laissées sur le site
sans entretien. Les logements étaient construits pour le personnel de direction tandis
que la plupart des travailleurs devaient construire leurs propres huttes avec des
branches et des feuilles dans des coins différents du parc.
A partir de 2015, 150 agents ont été licenciés et en février 2016, un autre
nombre de 152 travailleurs était à nouveau licenciés.
58

CHAPITRE III : ANALYSE DE L’ECHEC


DU PARC AGRO-INDUSTRIEL DE
BUKANGA-LONZO
Dans ce présent chapitre, nous allons déceler les failles dès la conception
à la réalisation du projet. Les différentes sections vont chacune toucher un aspect
autour de cet éléphant blanc.

Selon un rapport de l’université d’Oakland des Etats-Unis publié le 4


avril 2019, le projet pilote du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo se retrouve en
situation d’échec total. Ce rapport a été propagé et communiqué auprès de la presse de
Kinshasa par l’ONG « Cercle pour la Défense de l’Environnement », en sigle CEDEN,
au cours d’une conférence qu’elle avait organisée à cet effet en date du 16 avril 201930.
Aux termes de ce rapport et de cette conférence, cette débâcle de Bukanga-Lonzo est
la résultante des plusieurs facteurs qui n’ont pas été relevés avant le lancement du
projet notamment le mode d’acquisition des terres, les modalités de gestion et les
conflits d’intérêts.

Lors de l’inauguration du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, les


observateurs ainsi que la population congolaise notamment kinoise et kwangolaise
avaient espéré avoir trouvé une solution à la rareté et à la hausse des prix de produits
vivriers tels que le manioc, le maïs, les feuilles de manioc, les haricots, etc. D’ailleurs,
les interventions des autorités publiques et des gestionnaires de ce parc dans les médias
avaient tendance et pour objet de rassurer la population sur la bonne issue de ce projet
et sur sa contribution à la livraison à la ville de Kinshasa de la nourriture en abondance
à des prix acceptables.

Cette lueur d’espoir s’éteindra vite avant même que les récoltes de
Bukanga-Lonzo soient distribuées sur les marchés kinois. D’après ce rapport, un parc
de cette envergure ne pouvait pas être géré de cette manière. Quant à la façon dont les
terres ont été acquises, celle-ci correspond bien à la définition d’un accaparement de
terres. Cela s’est fait de la manière la plus trompeuse et sans respecter les exigences
légales qui auraient dû conduire à des évaluations correctes. Et aujourd’hui, 9 villages
avec plus de 5.000 personnes ont perdu leurs terres, auxquelles la police leur interdit
désormais l’accès. Désillusionnés, ils ne savent pas qu’est-ce qu’elles doivent faire
pour rentrer dans leurs droits.

30
Disponible sur https://www.oaklandinstitute.org/agriculture-le-parc-agro-industriel-de-bukanga-lonzo-un-echec-cuisant. (Consulté le 03
février 2022).
59

Il convient de signaler que l’opinion publique n’a cessé de pointer du


doigt les institutions financières internationales qui ont soutenu ce projet notamment la
Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement auxquelles il est demandé
de cesser de favoriser l’accaparement des terres mais plutôt de promouvoir
l’agriculture familiale en RDC (mais cela n’est pas le seul problème majeur).

SECTION 1. CAUSES

1.1. CONTOUR DU PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE

En effet, le partenariat public-privé est un contrat administratif dans


lequel l’Etat s’engage à exploiter un domaine d’intérêt public en collaboration avec les
agents économiques privés. Ainsi, du côté de l’Etat, plusieurs ministères étaient
impliqués dans ce projet en l’occurrence les ministères de l’Agriculture et du
Développement Rural, des Affaires Foncières, du Portefeuille, d’industrie, des
Finances et aussi la primature.
C’est le 20 février 2014 que le Gouvernement de la RDC a signé un
contrat avec la Société sud-africaine Africom Commodities Ltd pour la gestion
quotidienne du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Notons que la passation de ce
partenariat est considérée comme une messe noire où les différentes clauses demeurent
secrètes. Les auditeurs mettent en lumière le caractère opaque de la signature du
contrat au mépris de la Loi régissant les marchés publics en RDC. Le contrat signé
avec la société Africom Commodities Ltd était de gré à gré pour un montant global de
150 millions de dollars, violant ainsi la loi sur la passation des marchés en RDC.
En outre, on note aussi l’absence d’appel d’offres lancé lors de la
sélection des fournisseurs des différents équipements, principalement ceux achetés
auprès des sociétés MICHIGAN EQUIPMENT, BPI MANUFACTURING, TRIOMF
FERTILISER ET DESTICLOX ; l’absence d’un comité d’achat ; les prix pratiqués par
les fournisseurs d’Africom Commodities Ltd ont été excessivement supérieurs à
d’autres concurrents sur le marché international ; les critères de sélection des
fournisseurs d’équipement n’étaient pas documentés ni détaillés ; l’absence de grand
livre de comptes des fournisseurs pour raison de confidentialité ; l’absence
d’application informatique pour la gestion des achats locaux ; les demandes d’achat en
provenance de Kinshasa sont suivis par les réseaux sociaux « Whatsapp » et non à
l’aide d’un logiciel approprié ; les critères d’acquisition des biens ne sont pas définis
dans le manuel de procédure ; les lieux d’acquisition des biens sont déterminés par le
Financial Manager sur base de son expérience.
60

Dans le rapport d’audit, en ce qui concerne la vérification des prix


pratiqués sur le marché international et ceux d’Africom, il a été relevé que ces prix
variaient du simple au double. Par exemple, à la page 14 de ce rapport 31 qui est en
ligne, le prix d’un tracteur américain acheté à près de 254 000 dollars était requalifié à
518 800 dollars dans la comptabilité d’Africom. Dans ce cas, la surfacturation est
évidente.
D’où il serait de bonne politique que la direction générale des impôts soit
diligentée pour effectuer un contrôle fiscal de cette entreprise afin de rétablir les droits
dus au trésor public congolais notamment dans des pareils cas qui s’apparentent à une
évasion fiscale internationale grâce au recours des prix de transfert.

1.2. MAUVAISE ALLOCATION DES FINANCES PUBLIQUES


DESTINEES AU PARC AGRO-INDUSTRIEL DE
BUKANGA-LONZO

A. Mauvaise tenue de la comptabilité

L’audit a révélé qu’aucun système comptable et financier, d’organisation


administrative, de gestion de stocks et informatique n’a été mis en place localement
afin d’assurer un contrôle interne permettant une gestion efficace et transparente des
opérations de la société. Les auditeurs ont noté que toutes les opérations de passation
de marché, de gestion financière et comptable relative aux activités du projet étaient
effectuées directement en Afrique du Sud au siège d’Africom Commodities Ltd.
Par ailleurs, à la page 9 du rapport d’audit32, il est écrit que le rapport
financier préparé par le partenaire Africom Commodities Ltd n’est pas présenté sous le
format des états financiers conformément au plan comptable OHADA qui est
d’application en RDC depuis le 1er janvier 2014.
B. Sur le plan managérial

Plusieurs causes lointaines sont susceptibles d’expliquer l’échec du parc


agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans la relance du secteur agricole congolais. Il
s’agit entre autres de l’inadéquate détermination des produits tendant à rentabiliser les
projets, du temps, des matériels et des informations de matériel au niveau des
différentes unités de production concourant à ce projet agricole.

31
Cabinet ERNEST et YOUNG, Rapport d’audit du projet de mise en place du PAI de Bukanga-Lonzo,2017, p.14. Disponible sur
https://www.oaklandinstitute.org/sites/oaklandinstitute.org/files/pdfpreview/ernst-young-audit-bukanga-lonzo_0.pdf (Consulté le 3 Mars
2022).
32
Op.cit., p. 11.
61

 Le temps : La planification d’un projet est considérée comme l’organisation de


ce dernier dans le temps. Dès ce moment, la caractéristique principale de la
réussite d’un projet est la dimension temps.

Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était destiné à fournir des


produits alimentaires de masse à la ville de Kinshasa, capitale de la RDC et mégapole
de plus de 10 millions d’habitants d’une part, et d’autre part, de procurer de l’emploi à
des milliers des villageois habitant l’espace rural avoisinant ce projet en vue de réduire
leur pauvreté.
Cependant, il y a lieu de s’interroger sur le choix qui a été fait de
négliger les produits qui sont abondamment consommés à Kinshasa tels que le manioc
et ses feuilles, les arachides et les oignons. En effet, au regard des superficies de
production et du décalage dans le temps les faisant débuter au moins deux ans après le
début de l’exploitation de ce parc agro-industriel, il est tentant d’affirmer que les
initiateurs de ce projet ou de ce parc n’avaient nullement l’intention de le mener
jusqu’à sa maturité.
La théorie des cycles de vie des produits enseigne que pour pérenniser
une entreprise, il faudra commencer par exploiter ou mettre sur le marché le produit
leader ou phare et lui consacrer le maximum des ressources de production 33. Pourtant
tel n’est pas le cas au sein du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dont le
portefeuille de production ne réserve au manioc, qui devrait être le produit phare au
regard des réalités du marché kinois et de ses possibilités de récolte permanentes, que
la quatrième place bien après le maïs, le soja et les arachides.
Aussi, convient-il de dire que le retard accumulé dans le cadre de lancement de ce
projet pose problème.
 Le mauvais choix des matériels : Par ailleurs, la société choisie n’avait aucune
expérience agricole en milieu tropical d’une part et en zone francophone d’autre
part. Dès lors, la question qu’on est en droit de se poser est celle de savoir
pourquoi avoir choisi une pareille entreprise ?
Il convient également d’indiquer que les cadres que cette entreprise a
envoyés de 2014-2017 pour s’occuper du projet Bukanga-Lonzo n’ont jamais vécu au
Congo et ne parlaient pas le français. Cela a engendré des difficultés de
communication avec les salariés, les clients, les fournisseurs, les populations
riveraines, les chefs coutumiers et les autorités administratives.
Ce qui explique le mauvais choix des matériels ainsi que les intrants
presque non-adaptables aux conditions de la R.D. Congo.

33
BYSTRICKY M. et al., « Analyse du cycle de vie des produits agricoles suisses en comparaison avec des produits importés », in
Recherche agronomique suisse, 2015, vol. 6, n° 6, pp. 264-265.
62

SECTION 2. APPERCU DE LA REALITE FACE AUX


PREVISIONS

Tableau 4 : Prévision de la production agricole sur le Parc Agro-Industriel de


Bukanga-Lonzo (2015-2020)

1èreAnnée 2è Année 3è Année 4è Année 5è Année 6è Année

Cultures Unité

Maïs Ha 10,000 17,500 25000 35000 50000 50000

Soya Ha 8,000 14,000 20000 25000 40000 40000

Manioc Ha 2500 5000 5000 5000

Haricots Ha 2,000 3,500 5000 10000 10000 10000

Pommes de Ha 1,000 1,750 2500 2500 2500 2500


terre

Patates Ha 1,000 1750 2500 2500 2500


douces

Pois Ha 300 600 1000 1000 1000

Tomate Ha 250 500 500 500 500 500

Tomates Ha 500 1000 1000 1000


fraîches

Choux Ha 500 750 1000 1000 1000 1000

Epinards Ha 250 500 500 500 500 500

Oignons Ha 500 1000 1000 1000

Total 12,000 22,300 35,350 40,000 65,000 65,000


Ha/Année

Bétail

Laitière Diriger Période 2,500 5,000 5,000 5,000 5,000


de mise
63

en place

Poulets de Poulets Période 4.755,456 9.510,912 14.266,368 19.021,824


chair de chair de mise
en place

Couche Poulets Période 126,720 253,440 380,160 380,160 380,160


pondeuses de mise
en place

Cochons Porcs Période 2,120 4,770 7,500 7,500 7,500


de mise
en place

Chèvres Période 1,000 2,000 3,000 4,000 5,000


de mise
en place

Aquaculture Ha/Etangs Période 40 90 140 140 140


de mise
en place

Source : Parcagro.com

Dans le tableau repris ci-haut, sont reprises les ambitions du Parc Agro-
Industriel de Bukanga-Lonzo en termes de production agricole. A la lecture de ce
tableau, il est constaté que le maïs avait été retenu comme le produit leader ou phare
qui devait occuper au moins 50 000 ha de superficie de production la cinquième année,
soit en 202034.

34
Il convient de signaler que le rendement d’un hectare de maïs varie entre 2 à 4 tonnes par hectare selon les experts avertis. En effet, selon
parcagro.com, la première phase du Parc d’Activité Agricole de 2014-2015 est centrée sur la production de cultures de base (maïs). La
production de maïs est unique en ce qu’elle constitue une base de nourriture pour non seulement les humains, mais aussi les animaux. La
production de maïs en phase une formera, par conséquent, la base d’une production future d’aliments pour animaux. Gardant à l’esprit que
l’axe principal est de créer non seulement un marché agricole et de cultures, mais également une chaîne de production durable, c’est-à-dire de
la plantation du matériel de base (matériel brut sous forme de maïs) directement au produit final étant un morceau de viande sous forme de
poulet sur la table des consommateurs.
64

Tableau 5 : Réalisation de la production agricole sur le Parc Agro-Industriel de


Bukanga-Lonzo (2015-2020)35

1ère Année 2è Année 3è Année 4è Année 5è Année 6è Année

Cultures Unité

Maïs Ha 3,333 5,833 8333,333 11666,667 16666,66 12500


7
Soya Ha 2,667 4,667 6666,667 8333,333 13333,33 10000
3
Manioc Ha 833,333 1666,667 1666,667 1250
Haricots Ha 1,333 2,333 3333,333 6666,667 6666,667 4000
Pommes de Ha 0,667 1,167 1666,667 1666,667 1666,667 1000
terre
Patates douces Ha 0,667 1166,667 1666,667 1666,667 1000
Pois Ha 200 400 666,667 666,667 400

Tomate Ha 166,667 333,333 333,333 333,333 333,333 200


Tomates Ha 333,333 666,667 666,667 400
fraîches
Choux Ha 333,333 500 666,667 666,667 666,667 400
Epinards Ha 250 333,333 333,333 333,333 333,333 200
Oignons Ha 333,333 666,667 666,667 400
Bétail

Laitière Dirig Période de 0,417 0,833 0,833 0,833 0


er mise en place
Poulets de Poule Période de 792,576 1585,152 2377,728 3170,304
chair ts de mise en place
chair

Couche Poule Période de 21,12 42,24 63,36 63,36 0


ts mise en place
ponde
uses

35
Idem.
65

Cochons Porcs Période de 0,353 0,795 1,25 1,25 0


mise en place

Chèvres Période de 0,167 0,333 0,5 0,667 0


mise en place

Aquaculture Ha/Et Période de 0,667 15 23,333 23,333 0


angs mise en place

Source : Parcagro.com

La première phase du parc d’activité agricole est centrée sur la


production de cultures de base (maïs). La production de maïs est unique en ce qu’elle
constitue une base de nourriture pour non seulement les humains, mais aussi les
animaux.
La production de maïs en phase une formera, par conséquent, la base
d’une production future d’aliments pour animaux. Gardant à l’esprit que l’axe
principal est de créer non seulement un marché agricole et de cultures, mais également
une chaîne de production durable, c’est-à-dire de la plantation du matériel de base
(matériel brut sous forme de maïs) directement au produit final étant un morceau de
viande sous forme de poulet sur la table des consommateurs.
En deuxième position, c’est le soja qui a été privilégié par les
concepteurs de ce projet avec 40 000 ha par an. Néanmoins, ce qui est anachronique et
inattendu est le fait que le manioc qui est un produit de consommation de masse dans
l’Ouest du Congo notamment à Kinshasa, soit programmé à n’occuper que le un
huitième (1/8ème) de la superficie agricole du parc, soit 5 000 ha des terres exploitables
en 2020. Par ailleurs, sa production ne devrait débuter qu’en 2017. Pourtant, tout le
monde sait que la population de Kinshasa consomme à plus de 70% le manioc ainsi
que les feuilles de manioc. Il convient de préciser que les feuilles de manioc et le
manioc sont susceptibles d’être produits en toutes saisons à Bukanga-Lonzo et sont les
produits prisés de kinois.
Ce positionnement retenu par les concepteurs de ce projet de ne réserver
que 5000 ha au manioc place ce produit agricole à la quatrième place après les haricots
qui occupent la troisième place avec 10 000 ha de superficie utilisable.
66

Comment peut-on expliquer un tel positionnement qui néglige le produit manioc, et ses
feuilles, qui sont censés rentabiliser le projet ou lui assurer une valeur nette positive au
bout de quelques années seulement.
Les pommes de terre devaient occuper 1 000 ha en 2015 et 2500 ha en
2020. La superficie occupée pour la production des patates douces devrait être de 2500
ha en 2020. Pour les arachides qui sont fortement consommées par les kinois, leur
production devait débuter en 2016, soit la deuxième année de la matérialisation du
projet, et culminer à 1000 ha en 2020.
En ce qui concerne les tomates, une superficie totale de 1500 ha était
prévue au terme de 6 ans, soit en 2020. En ce qui concerne la production des légumes,
il sied de relever ce qui suit :

 La production de chou devait s’étendre sur 500 ha en 2015 et occuper 1000 ha


en 2020.
 Quant à la production de l’épinard, elle devait doubler au bout de six ans pour
atteindre 500 ha en 2020.
 S’agissant la production des oignons, elle n’est programmée que dès la
troisième année, soit 250 ha en 2017 en vue d’occuper une superficie agricole
exploitable de 1000 ha en 2020.

Pourtant, les oignons sont abondamment consommés à Kinshasa et sont souvent


importés ou acheminés par avions de l’Est du Congo.

Le Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo avait aussi prévu d’exploiter


du bétail et d’organiser l’élevage à caractère industriel. A cet effet, les planificateurs
de ce projet avaient prévu ce qui suit :

 Les vaches laitières devaient être 2500 dès 2016 et passer à 5000 têtes à partir
de 2017.
 Les poulets de chair mis à la disposition des consommateurs kinois devaient
avoisiner 4 700 000 d’unités en 2016 pour atteindre près de 14 000 000 d’unités
en 2018.
 La production des poules pondeuses devait être de près de 123 000 unités en
2016 à près de 380 000 unités en 2018.
 La production des porcs devait passer de 2120 têtes en 2016 à 7500 têtes à
partir de 2018.
 L’élevage prévu de chèvres devait passer de 1000 bêtes en 2016 à 5000 en
2020, soit une augmentation de 400 % sur la période.
67

Toutes les stratégies mises en place, aucune de ces prévisions n’a abouti
à 30% de réalisation. Bien que les fonds soient disponibles, la rentabilité de ce projet
n’est restée que dans l’imaginaire.

2.1. AUTRES CAUSES :

 Le refus de la société de produire certaines informations financières, des


informations sur le chiffre d’affaires, les ventes, les achats, les comptes
bancaires, etc.
 L’absence d’avis d’appel d’offres pour l’achat d’équipements et de fournitures
par le partenaire sud-africain Africom ;
 Des sommes manquantes dans les flux financiers entre le gouvernement et
Africom ;
 L’absence d’inventaire physique des stocks ;
 Une forte suspicion de surévaluation de certains services payés.

Signalons aussi, que l’acquisition du site s’est effectuée par des actes
d’engagement qui n’étaient en fait que des reçus pour des marchandises qu’on leur
offrait contre leurs terres au moins neuf villages, avec plus de 5 000 personnes ont
perdu leurs terres notamment : Baringa, Ngasi, Famwe 1, Famwe 2, Kitoko 1, Kitoko
2, Kinsiami, Numbanu, Mvula Bunku et Tandudi.

L’acquisition était faite de manière trompeuse sur base des promesses


non réalisées (écoles, cliniques, églises et tout ce qui est nécessaire à la vie moderne)
avec un certain nombre de dons notamment : les noix de cola (1,25 dollar), farde steia,
1 carton d’allumettes, 8 couvertures, 10 pagnes, 25 sacs de sel, 20 cartons de savon, 1
tronçonneuse, de bière (62 dollars), une moto Haogin et une somme d’argent de 7.000
dollars en contrepartie de 80.000 Ha des terres.

Bien que le succès du parc ait été bruyamment claironné dans les médias
et lors d’événements officiels, la gestion de la production et des intrants agricoles a été
désastreuse. Des quantités de maïs produites dans le parc n’ont jamais été expédiées et
furent laissées à pourrir sur place. Plusieurs anciens ouvriers agricoles témoignent
qu’ils furent chargés d’enterrer de grandes quantités de maïs pourri et d’engrais
chimiques périmés dans le parc.

En outre, selon des agronomes locaux, le sol sablonneux de la zone


choisie pour le parc ne convient pas à la culture du maïs, ce qui interroge sur les
raisons qui ont amené au choix de cette culture.
68

Les études agricoles locales affirment également que la culture du maïs dans la région
n’est possible qu’avec une forte consommation d’engrais chimique, ce qui entraine la
chute de la fertilité du sol après quelques années.

SECTION 3. ANALYSE CRITIQUE

3.1. CONSTAT

Primo, en ce qui concerne les ambitions affichées par le Parc Agro-


Industriel de Bukanga-Lonzo en termes de production, il sied de dire que les données
reprises dans les lignes précédentes démontrent que les productions largement
consommées à Kinshasa, qui pourtant est le principal destinataire des produits qui sont
récoltés dans sa banlieue périphérique et sur le site de Bukanga-Lonzo, ne sont pas
ceux qui ont été classés en ordre prioritaire par les concepteurs de ce projet. C’est le
cas notamment du manioc, des arachides et des oignons. Il était prévu entre 45.000 et
50.000 poulets qui seraient transférés quotidiennement depuis les enclos du PAI-BL
vers l’abattoir sur place de Kinshasa pour le traitement et l’emballage.

Etaient également programmés une fourniture d’énergie électrique, un


système interne de purification d’eau, 200 km de routes, plus de 250 tracteurs de
production agricole, une usine opérationnelle de bois et une usine de caillasse36.

Parmi les investissements d’accompagnement du PAI-BL, il a été


convenu d’exécuter des dépenses à caractère social tendant à financer la constitution
du capital humain notamment par la création des centres de formation agricole, d’un
grand centre médical, des écoles, des logements, des infrastructures communautaires à
l’instar des églises, d’une bibliothèque, d’un terrain de football, etc. Il était envisagé la
création de 5.000 emplois directs et entre 12.000 et 15.000 emplois indirects37.

Plusieurs investisseurs notamment publics, privés et internationaux


(Banque mondiale et Banque africaine de développement) ont concouru au
financement des activités. En effet, les différents financements devaient participer à la
construction des infrastructures du projet d’une part et d’autre part, à la réalisation des
activités de production agricole et d’élevage.

36
Disponible sur https://www.google.com/search?q=www.primature.cd+150305+
+Le+sol+de+Bukanga+Lonzo+livre+ses+premiers+secrets&oq=www.primature.cd+150305+
+Le+sol+de+Bukanga+Lonzo+livre+ses+premiers+secrets&aqs=chrome..69i57.3372j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8. (Consulté le 30
janvier 2022).
37
Dans un communiqué de presse de la Primature congolaise, il est dit ce qui suit : Selon le ministre délégué aux Finances, Patrick KITEBI,
« l’exécution du chronogramme de diverses tâches préparatoires est observée, notamment en ce qui concerne la construction de la piste de
l’aérodrome, les travaux de construction de la ligne électrique devant alimenter le parc, l’indemnisation de petites fermes expropriées ».
Disponible sur Primature.cd, Communiqué de presse du 07 juillet 2014. (Consulté le 1er Février 2022).
69

Cependant, trois ans après le début de ce projet agro-industriel, il a été


constaté que ce projet ne produisait pratiquement rien et la majorité des infrastructures
contenues dans le business-plan n’ont jamais été réalisées comme cela a été relevé et
épinglé dans le rapport d’audit réalisé en 2017 par le cabinet d’audit ERNEST et
YOUNG. A titre d’exemple, la route de 15 km qui relie le parc à la grande RN1 n’a
jamais été gravillonnée et un marché qui devait être construit à Kinshasa pour servir de
point de vente n’a pas vu le jour ; pourtant les fonds pour le faire ont été débloqués par
le trésor public, soit plus de 17 millions de dollars américains.

Malgré toutes ces belles intentions ci-dessus reprises, les résultats


affichés par ce parc agro-industriel après quelques années de son exploitation se
révèlent lamentables. Le parc agro-industriel comme concept n’est pas mauvais en soi
car il permet de mobiliser des capitaux importants et nécessaires à une production
agricole intensive. Ceci est de nature à améliorer la productivité, à donner des emplois
aux populations, à contribuer à l’autosuffisance alimentaire et à participer aux
exportations du pays.

Néanmoins, dans le cas de Bukanga-Lonzo, ce sont les décisions au


niveau du management, la règlementation ou législation et du choix des cultures à
réaliser qui l’a entrainé à un fiasco. Dès lors, il faudra mettre en place toutes les
structures de gestion de projet (audit interne, système comptable informatisé et intégré)
pour des projets qui gèrent des millions de dollars qui viennent des fonds publics afin
d’éviter le détournement des deniers publics.

3.2. LE BESOIN D’UNE TRANSFORMATION


STRUCTURELLE

Il est généralement admis que les pays qui s’engagent sur la voie d’une
croissance soutenue et de la réduction de la pauvreté passent par une phase de
transformation structurelle, pendant laquelle le rôle de chaque secteur dans le
processus de la croissance est redéfini. Très souvent le secteur manufacturier est le
moteur de cette transformation structurelle. Pendant ce processus, la part du secteur
agricole dans la formation du PIB diminue. Mais en terme absolu, l’agriculture
continue de croître. Comme pour la plupart des pays africains, le secteur agricole de la
RDC est de loin le plus important alors que le secteur manufacturier et celui de
services restent encore marginaux. Compte tenu de cette particularité initiale, il doit
être envisagé d’accélérer la croissance en se basant d’abord sur le secteur agricole et
rural. Cette priorisation devra prendre en considération les diversités provinciales car
l’importance relative du secteur agricole et les effets escomptés peuvent varier
considérablement d’une province à l’autre.
70

A ceci, une approche stratégique est d’une importance capitale pour


accompagner cette transformation. Cette approche doit se baser sur un certain nombre
de principes à savoir :

 L’inclusion et la responsabilisation de tous les acteurs publics et privés


impliqués dans le développement agricole : producteurs et/ou fournisseurs
d’intrants, producteurs agricoles, responsables des structures de stockage,
transformateurs, transporteurs, distributeurs, institutions de recherche et
d’innovations technologiques, institutions de vulgarisation, institutions de
financement, opérateurs des nouvelles technologies de l’information et de la
communication etc.
 La valorisation des avantages comparatifs de chaque province à travers la mise
en œuvre des Plans Provinciaux d’Investissement (PPI), dont le développement
sera de la responsabilité des autorités provinciales.
 La création des Pôles d’Entreprises Agricoles (PEA) dans le but de dynamiser
les différentes filières.
Ces pôles sont des foyers de développement agricole recueillant des produits
agricoles dans un rayon bien circonscrit en vue de leur transformation et
commercialisation, tout en offrant des facilités pour l’encadrement et le
financement des acteurs impliqués ainsi que pour la recherche d’action.
 La prise en compte systématique des aspects du genre et de la bonne
gouvernance à travers toutes les interventions envisagées.
 Le renforcement des capacités de l’ensemble des intervenants publics et privés
afin de leur permettre de remplir leurs missions de service publics et
d’opérateurs économiques.
 Le développement de la productivité agricole dans une logique de
développement durable, respectueux des contraintes environnementales et
sociales.
 L’amélioration du cadre politique (la révision et l’adoption de la politique
agricole et l’élaboration ou l’adoption d’une politique de sécurisation agro-
foncière).
 L’amélioration du cadre réglementaire et juridique.

3.3. OPPORTUNITES

Malgré les différentes contraintes qui entravent le développement du


secteur agricole en R.D. Congo depuis plus d’une décennie, ce dernier possède un
potentiel considérable et offre des opportunités tout à fait remarquables.
71

Il s’agit notamment :
 De conditions climatiques et écologiques très favorables aux activités agricoles
;
 La disponibilité en terres agricoles (environ 75 000 000 d’hectares) très peu
valorisées (environ 10% sont exploitées annuellement) ;
 Les potentialités réelles de développement de plusieurs cultures d’exportation
hautement compétitives sur le marché international et générateurs de revenus
importants notamment le palmier à huile, le café, le cacao, le thé, l’hévéa et le
quinquina etc. ;
 Un marché potentiellement important : les régions urbaines du pays et les pays
voisins représentent un marché de plus de 100 millions d’habitants, en voie
d’urbanisation rapide ;
 La présence de grandes ONG internationales de développement bien
structurées, bien équipées, munies d’un personnel compétent, avec antennes
disséminées dans le pays, et qui se consacrent à l’encadrement des agriculteurs ;
 Un mouvement associatif en émergence et en expansion dans l’ensemble de la
RDC ; et
 Un regain d’intérêt manifesté par les autorités congolaises et ses partenaires
pour le développement du secteur agricole et rural.

3.4. DEFIS

Les grands défis à relever par la nation à un horizon très proche


consistent à :
 Sécuriser et moderniser les systèmes de production agricoles pour améliorer
durablement la productivité des filières, par un meilleur accès aux facteurs de
production, aux marchés et par l’amélioration de l’environnement juridique et
de la gouvernance ;
 Vaincre la malnutrition et l’insécurité alimentaire et réduire significativement le
niveau de pauvreté de la population rurale ;
 Mobiliser des investissements conséquents pour permettre à tous les acteurs du
secteur agricole de jouer pleinement leurs rôles dans la modernisation du pays ;
et
 Assainir le cadre légal et réglementaire de ce secteur afin d’éviter de retomber
dans les mêmes erreurs.
72

De tout ce qui précède, nous aboutissons à la confirmation de nos deux


hypothèses de départ disant d’une part que l’apport du PAI-BL était négatif par rapport
aux attentes au contraire nous le considérons comme un bouc émissaire qui a juste
facilité le déboursement des deniers publics et de l’autre, qu’au regard de la situation
socio-économique actuelle la création de ce parc est indispensable.
73

CONCLUSION

Il sied de relever que dans son ensemble, et malgré tout son potentiel en
richesses naturelles, la production agricole réalisée en RDC ne permet pas de couvrir
tous les besoins du pays. Bien que les terres du bassin congolais soient fertiles, 3%
seulement de la superficie totale du pays sont consacrés à la culture.
Dès lors, il est impérieux de la part du gouvernement congolais de
trouver les voies et moyens en vue d’augmenter la production agricole, d’une part, et,
d’améliorer la productivité de ce secteur économique, d’autre part. Puisque la situation
actuelle de la RD Congo se dégrade, avec 27 millions des personnes qui souffrent
d’insécurité alimentaire contre 13,1 millions en 2018, 860.000 enfants de moins de 5
ans tombent dans la malnutrition au cours de 2022.
Avec l’appui technique et financier de la Banque mondialeet la Banque
Africaine de Développement, le gouvernement congolais a retenu en 2013-2014
l’option de promouvoir l’agro-industrie ou l’agriculture industrielle au travers de la
mise en œuvre de vingt parcs agro-industriels. Dans ce cadre, le parc agro-industriel de
Bukanga-Lonzo, dans la province du Kwango non loin de Kinshasa, devait servir de
projet pilote. Ce projet visait à inciter les investisseurs tant nationaux ou
internationaux à se mobiliser dans la relance de la production agricole.
Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était conçu et mis en œuvre,
dès 2014, afin de permettre la relance de la production agricole nécessaire pour nourrir
la population kinoise et kwangolaise, la réduction de la pauvreté dans le Kwango en
fournissant les services de base aux populations riveraines ( notamment l’accès à l’eau
potable, la fourniture de l’électricité, l’amélioration des voies de communication) ; la
création des emplois pour occuper la maind’œuvre villageoise du Kwango et la
contribution aux exportations agricoles.
Plusieurs investisseurs publics, privés et internationaux (Banque
mondiale et Banque africaine de développement) ont concouru au financement de ses
activités. En effet, les différents financements devaient participer à la construction des
infrastructures du projet, d’une part, et, d’autre part, à la réalisation des activités de
production agricole et d’élevage.
Cependant, trois ans après le début de ce projet agro-industriel, il a été
constaté que ce projet ne produisait pratiquement rien et la majorité des infrastructures
contenues dans le business plan n’ont jamais été réalisées.38

38
DIASSO Alain, « Parc agro industriel : Matata Ponyo exhume le dossier Bukanga-Lonzo », dans ADIAC, 21 septembre 2019.
74

Au cours de notre travail, qui a pour sujet : « l’échec du projet parc agro-
industriel de Bukanga-Lonzo : causes, impacts et perspectives », nous avons analysé le
fonctionnement du secteur agricole, sa règlementation et législation, la conception du
PAI-BL, les causes lointaines et proches qui ont conduit à son échec. Notre étude a
reposé sur deux questions de recherche à savoir :
 La création du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était-elle indispensable
dans les conditions actuelles de la R.D. Congo ?
 Quel est l’apport de cet investissement dans l’atteinte des objectifs poursuivis
par l’Etat ?
Et sur base de cette question de recherche, nous sommes partis des
hypothèses suivantes :
 La création du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo était indispensable dans
les conditions actuelles de la RDC ;
 L’apport de cet investissement a été négatif car les résultats n’ont pas suivi les
attentes de l’Etat ainsi que celles de la population
Nous avons recouru à quelques méthodes afin de vérifier les
hypothèses évoquées ci-haut, à savoir : descriptive, analytique, dialectique combinées
aux techniques documentaires, d’observation et d’interview pour construire notre
cadre conceptuel.
Dans ce travail, il était premièrement question de faire un état de lieu de
la situation du secteur agricole en RD Congo. D’après les données recueillies,
l’agriculture ne représente que 18% du produit intérieur brut de la RDC, et elle
constitue le principal moyen de subsistance de la majorité de la population, qui reste
essentiellement rurale (60%). Malgré ses vastes ressources en terres et en eaux, la
RDC est structurellement un pays à déficit vivrier, devant importer pour un milliard de
dollars de produits alimentaires par an. Avec l’appui technique et financier de la
Banque mondiale, le gouvernement congolais a retenu en 2013-2014 l’option de
promouvoir l’agro-industrie ou l’agriculture industrielle au travers de la mise en œuvre
de vingt parcs agro-industriels.
Il y a lieu de considérer que ce projet visait à soutenir une mixité
d’opérateurs agricoles dont des coopératives, dans les faits, les modalités
d’implémentation donnent clairement la priorité à l’agrobusiness qui seul pourra
mettre en œuvre de très larges espaces de production. Sur le plan financier, le
gouvernement congolais a alloué 92 millions de dollars de fonds public et la gestion
est confiée à Africom au cours des années 2014 qui marquent le début des travaux au
sein du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
75

D’où, 53 millions étaient destinés à la production agricole et le monopole


de fournir les intrants agricoles était réservé à la société Africom Commodities. A cet
effet, la Banque Mondiale a fourni au Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo un
montant de 110 millions de dollars pour les études de faisabilités réalisées en 2014, la
BAD a financé un montant de 1 million de dollars.
Après étude des données recueillies, nous avons constatés ce qui suit :
 La passation du partenariat est considérée comme une messe noire où les
différentes clauses demeurent secrètes et ce caractère opaque de la signature du
contrat méprise la Loi régissant les marchés publics en RDC ;
 Le rapport financier préparé par le partenaire Africom Commodities Ltd n’était
pas présenté sous le format des états financiers conformément au plan
comptable OHADA qui est d’application en RDC depuis le 1er janvier 2014
d’où une mauvaise tenue de la comptabilité ;
 L’inadéquate détermination des produits tendant à rentabiliser les projets, du
temps, des matériels et des informations de matériel au niveau des différentes
unités de production concourant à ce projet agricole (échec managérial) ainsi
que le choix de la société d’exécution (le personnel n’avait aucune expérience
pour le sol tropical) ;
 Les objectifs de production étaient très ambitieux mais, ce plan ambitieux n’a
jamais été mis en œuvre. Après les 5 000 ha plantés la première année, la
surface cultivée a été réduite à 3 000 ha l’année suivante, puis à 2 000 en 2016 ;
 Ce projet n’a pas atteint un seul de ses objectifs.

Cela nous conduit à confirmer nos deux hypothèses de départ disant


d’une part que l’apport du PAI-BL était négatif par rapport aux attentes au contraire
nous le considérons comme un bouc émissaire qui a juste facilité le déboursement des
deniers publics et de l’autre, qu’au regard de la situation socio-économique actuelle la
création de ce parc est indispensable.
A la lumière de ce qui précède et pour promouvoir le secteur agricole en
RDC ainsi que la relance du PAI-BL, nous suggérons ce qui suit à l’état :
 Redynamiser le cadre légal et institutionnel actuel car il s’avère inadapté à
l’évolution du secteur ;
 Sécuriser et moderniser les systèmes de production agricole pour améliorer
durablement la productivité des filières, par un meilleur accès aux facteurs de
production, aux marchés et par l’amélioration de l’environnement juridique et
de la gouvernance ;
 Vaincre la malnutrition et l’insécurité alimentaire et réduire significativement le
niveau de pauvreté de la population rurale en favorisant la production de
masse ;
76

 Mobiliser des investissements conséquents pour permettre à tous les acteurs du


secteur agricole de jouer pleinement leurs rôles dans la modernisation du pays
(en opérant le meilleur choix sur ces derniers) ;
 Soutenir les petits producteurs qui réclament souvent une clarification sur le
rôle des PAI dans la formation des exploitants agricoles en périphérie et que
d’une façon globale les intérêts des petits paysans soient protégés par un cadre
règlementaire.

Ainsi, comme Il n'y a jamais eu le travail parfait, et partant de l'intensité


du domaine dans lequel nous avons mené nos recherches, nous ne pouvons pas estimer
avoir épuisé tous les méandres du sujet.
Eu égard aux multiples difficultés liées à l'accès aux données nécessaires
pour notre recherche ceci nous pousse à inviter tous les autres récipiendaires intéressés
de continuer les investigations en se servant de cette modeste contribution de notre
travail.
77

BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages et Notes de Cours

1. MVIBUDULU, Notes de cours de système d’informatique, destiné aux


étudiants de L2 Informatique, ISC-Goma, 2008-2009, inédit.
2. F. TEULON, Croissance, crises et développement, PUF, Paris, 2006, p.114.
3. J. MADUE WANET, Agriculture et croissance inclusive, mémoire-
Kinshasa 2014 UNIKIN.
4. J. Y. CAPUL et Olivier GARCIER, Dictionnaire d’économie et de sciences
sociales, Edition Hatier, p. 133.
5. A. BEITONE et ALI, Dictionnaire d’Economie et des sciences sociales, Ed.
2014, Paris, Nathan, p. 167–175.
6. E.M. DIKONDO, Mémoire en ligne, Contribution d’une banque
commerciale au développement socio-économique de la RDC, Kinshasa
2007.
7. GRAY CLIFFORT F. et Erik W. (2007), Management de projet, Montréal,
les éditions de la Chenelière Inc., P575.
8. NZANDA BUANA, Histoire comparée et théorie d’industrialisation, Notes
de cours de première licence, Université de Kinshasa, Faculté des sciences
Economiques et de Gestion, 2018-2019.
9. Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART, Histoire des agricultures du
monde. Du Néolithique à la crise contemporaine, Points histoire, 2002.
10. Frédéric MOUSSEAU, Parcs Agro-industriels en RDC : Tirer des leçons de
la débâcle de Bukanga-Lonzo, The Oakland Institute, 2018.

II. Articles scientifiques et Working papers

1. GASPARD Claude, L’étude de cas dans un travail de recherche, article, 11


février 2020.
2. Robert BETTINGER, Peter RICHERSON et Robert BOYD, Contraintes au
développement de l’agriculture, Anthropologie actuelle, vol. 50, n°5, 1er
Octobre 2009, p.627-631.
3. BYSTRICKY M. et AL., Analyse du cycle de vie des produits agricoles
suisses en comparaison avec des produits importés, dans Recherche
agronomique suisse, 2015, vol. 6, n°6, pp. 264-265.
4. Marc DUFUMIER, Institut national agronomique Paris-Grignon,
radiofrance.fr
5. PNA 2014-2020 de la RDC.
78

6. Ministère de l’Agriculture et du développement rural, Programme National


d’Investissement Agricole (PNIA), Septembre 2012.
7. Etudier et comprendre.cd, Rapport annuel IGF, RDC-KINSHASA.
8. DIASSO Alain, « Parc agro industriel : Matata Ponyo exhume le dossier
Bukanga-Lonzo », dans ADIAC, 21 septembre 2019.

III. Documents officiels et webographie

1. www.wikipédia.com 18 Mai 2022 à 12h30.


2. https://fr.m.wikipedia.org, Consulté le 16 Juin 2021 à 15h55’
3. PAM., Analyse approfondie de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité
(CFSVA), République démocratique du Congo. 2014. P 37.
https://reliefweb.int/
sites/reliefweb.int/files/resources/CFSVA%20for%20DRC_WFP_IFPRI_F
R_ Final_Released_VF_12062014_light.pdf (visité le 26 novembre 2018).
4. Liste établie par la consolidation de deux sources gouvernementales
https://www.investindrc.cd/fr/secteurs/agriculture et
http://agroparksdrc.com/abp/ (visité le 26 janvier 2022).
5. OECD stats. https://stats.oecd.org/ (visité le 26 novembre 2018).
6. Banque Mondiale. DRC : Western Growth Poles Project IDA Grant
Number No. H860-ZR Amendment to the Financing Agreement, septembre
2015.
http://documents.worldbank.org/curated/en/374511468248431731/pdf/
RAD1252836184.pdf (visité le 26 janvier 2022).
7. www.agri-manager_drc.cd
8. Wikipédia.net
9. Disponible sur https://www.oaklandinstitute.org/agriculture-le-parc-agro-
industriel-de-bukanga-lonzo-un-echec-cuisant. (Consulté le 03 février
2022).
10. Cabinet ERNEST et YOUNG, Rapport d’audit du projet de mise en place
du PAI de Bukanga-Lonzo,2017, p.14. Disponible sur
https://www.oaklandinstitute.org/sites/oaklandinstitute.org/files/pdfpreview
/ernst-young-audit-bukanga-lonzo_0.pdf (Consulté le 3 Mars 2022).
11. Parcagro.com
12. https://www.google.com/search?q=www.primature.cd+150305++Le+sol+d
e+Bukanga+Lonzo+livre+ses+premiers+secrets&oq=www.primature.cd+1
50305++Le+sol+de+Bukanga+Lonzo+livre+ses+premiers+secrets&aqs=ch
rome..69i57.3372j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8. (Consulté le 30
janvier 2022).
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