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Une version effective du théorème de Kronecker

À partir d’un article de Lenny FUSHANSKY et Nikolay MOSHCHEVITIN


Master 2 Mathématiques.
Juillet 2019

1
Sommaire
1 Lemme de transfert 4
1.1 Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Le lemme de transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Théorème 1 12

3 Théorème 2 16

4 Exemple 22

2
Introduction
On désignera par k.k la distance d’un nombre réel à l’ensemble des nombres entiers,
c’est-à-dire :
∀x ∈ R, kxk = inf{|x − n|/ n ∈ Z}
À plus forte raison, cette distance désignera la distance de Rn à son réseau Zn associé.

Soient 1, θ1 , ..., θt des nombres réels Q-linéairement indépendants.


Le théorème classique d’approximation de Kronecker nous permet d’établir que l’ensemble
des points {(nθ1 , ..., nθt )/ n ∈ Z} est dense dans le tore Rt /Zt (où nθi désigne la classe
de nθi dans R/Z, pour 1 6 i 6 t).
Autrement dit, pour a1 , ..., at des nombres réels, pour tout ε > 0 il existe q ∈ Z tel que
:
kqθi − ai k < ε pour 1 6 i 6 t
En outre, lorsque les θi sont des nombres algébriques, on peut donner une borne ex-
plicite de |q| qui dépend de t, ε, de la hauteur des θi et du degré du corps de nombres
engendré par les θi .
Dans l’optique de démontrer ce théorème, il nous faudra introduire plusieurs outils sur
les nombres algébriques, tels que la mesure de Mahler ou la hauteur de Weil. Ces outils
permettront d’établir certaines inégalités sur les nombres algébriques, (notamment à
partir de l’inégalité de Liouville). Ces inégalités pourront rentrer directement dans le
cadre d’un lemme, qu’on appellera lemme de transfert et qu’on démontrera au préal-
able, et qui permettra de donner directement la majoration de |q| que l’on souhaite
obtenir.

Soit K un corps de nombre, et Λ ⊂ Rn un réseau algébrique, image d’un module


sur les entiers de K. Soit Z le lieu des zéros d’une collection finie de polynômes tel que
Λ 6⊂ Z.
Soit K1 le corps de nombres engendré par K et par une base de Λ, et soient L1 , .., Lt des
formes linéaires en n variables dont les coefficients satisfont une condition appropriée
d’indépendance linéaire sur K1 .
Pour tous ε > 0 et a ∈ Rn , on peut trouver un vecteur x ∈ Λ\Z tel que :
kLi (x) − ai k < ε pour tout 1 6 i 6 t
et on peut également trouver une borne explicite de la norme sup de x, dépendant de
ε, Λ, Z et des hauteurs des formes linéaires Li .
Pour démontrer ce théorème, on aura besoin du théorème des minima successifs de
Minkowski, ainsi que de plusieurs inégalités sur les hauteurs des coefficients des formes
linéaires Li .
Au final, c’est le théorème précédent(théorème 1) qui permettra de donner la majoration
souhaitée sur |x|.

3
1 Lemme de transfert
1.1 Rappels
Définition. Soit Γ un réseau de Rn , soit K un convexe compact de Rn , symétrique par
rapport à l’origine, d’intérieur non vide.
On peut définir les n minima successifs 0 < λ1 6 λ2 6 ... 6 λn de Γ relativement à K
comme suit :
λj est le plus petit réel λ pour lequel λK contient j vecteurs de Γ linéairement
indépendants
où λK désigne la boule fermée de centre 0, de rayon λ pour la norme égale à la jauge
de K.

Théorème (Théorème des minima successifs de Minkowski). Soit Γ un réseau de Rn ,


soit K un convexe compact de Rn , symétrique par rapport à l’origine, d’intérieur non
vide.
Alors :
n
2n Y
vol(Rn /Γ) 6 vol(K) × λi 6 2n vol(Rn /Γ)
n! i=1

Preuve. Voir (3) p. 154 (théorème V, annexe B)


Lemme 1. Soit R une région de Rn définie par n équations de la forme
|ai,1 x1 + ... + ai,n xn | 6 ci
où ai,j ∈ R ∀i, j et ci ∈ R ∀i, et où det(ai,j ) 6= 0.
Alors R est bornée et son volume V est égal à :
V = 2n |det(ai,j )|−1 c1 ...cn
Preuve. Voir (3) p. 150 (lemme 4, annexe B)
Lemme 2. Soit R une région de Rn définie comme dans le lemme 1.
On pose V = vol(R). Soit J : R ⊂ Rn → R définie comme suit :
J : x 7→ J(x) = inf{λ ∈ R+∗ / λ−1 x ∈ R}

Alors il existe un ensemble de n points de Rn à coefficients entiers algébriques y (i) 16i6n
tels que :
 
(i)
det yj = ±1
16i6n, 16j6n
n
Y
et V × J(y (i) ) 6 2n!
i=1

Preuve. Voir (3) p. 157 (théorème VI, annexe B)

4
1.2 Le lemme de transfert
On désignera par |.| la norme sup sur Rn , désormais.

Lemme 3. Soit ` un nombre entier naturel non nul. Soient (fk )16k6` ` formes linéaires
en ` variables, à valeurs dans R` et soient (gk )16k6` ` formes linéaires en ` variables à
valeurs dans R` .
X ` `
X
Supposons que fk (x)gk (y) = xk yk pour tout x ∈ R` , pour tout y ∈ R` .
k=1 k=1
Soit β = (β1 , ..., β` ) où β1 , ..., β` sont des nombres réels.
A. Une condition nécessaire pour que

|βk − fk (b)| 6 1 pour 1 6 k 6 ` (1)

où b est un vecteur à coefficients entiers est que



X`
gk (y)βk 6 ` max |gk (y)| (2)


k
k=1

pour tout vecteur y à coefficients entiers.


B. Une condition suffisante pour que

|βk − fk (b)| 6 1 pour 1 6 k 6 `

où b est à coefficients entiers est que :



X `
gk (y)βk 6 2`−1 (`!)2 max |gk (y)| (3)


k
k=1

pour tout vecteur y à coefficients entiers.

Preuve. De A.
X` `
X
fk (b)gk (y) = bk yk est un entier si b et y sont à coefficients entiers, donc l’inégalité
k=1 k=1

5
(1) implique que :
` ` `
`
!
X X X X
gk (y)βk = gk (y)βk − gk (y)fk (b) car gk (y)fk (b) est un nombre entier



k=1
k=1 k=1
k=1
X `
= gk (y)(βk − fk (b))


k=1
`
X
6 kgk (y)(βk − f (b))k
k=1
X`
6 |gk (y)(βk − fk (b))|
k=1
X`
6 |gk (y)||βk − fk (b)|
k=1
X`
6 |gk (y)| (par (1))
k=1
6 ` max |gk (y)|
k

De B.
On regarde y comme une matrice ligne et x et β comme des matrices colonnes.
Soit F la matrice carrée dont la k-ième ligne est composée des coefficients de fk , et soit
G la matrice carrée dont la k-ième colonne est composée des coefficients de gk .
X ` X`
Alors, comme fk (x)gk (y) = xk yk (pour tous x, y ∈ R` ), on a G = F −1 .
k=1 k=1
D’après le lemme 1, appliqué à la région R = {y ∈ R` / maxj |gj (y)| 6 1} on a :
vol(R) = 2` |det(g1 , ..., g` )|−1 = 2` |det(G)|−1
D’après le lemme 2, appliqué à la région R et à la fonction J : y 7→ J(y) = maxj |gj (y)|,
il existe une matrice de taille ` × ` à coefficients entiers algébriques, notée Y avec
det(Y ) = 1, satisfaisant :
`
Y
vol(R) × J(y (k) ) 6 2`!
k=1

où y (k) est la k-ième ligne de Y .


Ceci nous permet d’obtenir l’inégalité suivante :
`
Y
max gj y (k) 6 21−` `! |det(G)|

(4)
j
k=1

6
`
X
βj gj y (k)

Maintenant, Y Gβ est une matrice colonne, dont le k-ième élément est
j=1
Posons Y Gβ = a + δ où a est un vecteur à coefficients entiers. Alors, on a :

kδk k = kak + δk k

X`
= βj gj (y (k) )


j=1

62 `−1
(`!)−2 max |gj (y (k) )| (par (3))
j

Donc, on a :
max |δk | 6 2`−1 (`!)2 max |gj (y (k) )| (5)
k j

Comme G = F −1 , on a :
β = G−1 Y −1 a + G−1 Y −1 δ
= F Y −1 a + G−1 Y −1 δ
Notons désormais γ = G−1 Y −1 δ et b = Y −1 a.
b est à coefficients entiers algébriques car Y −1 et a le sont, et det(Y ) = 1.
Donc on peut écrire :
β = Fb + γ
Par la règle de Cramer, γj est égal à ±(det(G))−1 fois le déterminant de la matrice
obtenue à partir de Y G en substituant δ à la j-ième colonne. 
Mais les éléments de la k-ième ligne de Y G sont au plus égaux à max gj y (k) . Donc,
en estimant grossièrement le déterminant, et en utilisant l’inégalité (5), on obtient :

γj 6 |det(G)|−1 `! 2`−1 (`!)−2 maxj gj y (k) 6 1 (par (5))



(6)

Mais, comme γ = β − F b, on a donc |γj | = |βj − (F b)j | = |βj − fj (b)|.


Et donc on a bien, pour tout 1 6 j 6 `, |βj − fj (b)| 6 1

Lemme 4 (Lemme de Transfert). A. Soient (bi,j )16i 6n,16j6m des réels. On pose :

pour tout 1 6 i 6 n, δi = (bi,1 , ..., bi,m ) ∈ Rm


pour tout 1 6 j 6 m, γj = (b1,j , ..., bn,j ) ∈ Rn

Soient S et T dans R+∗ . On pose η = 2−n−m ((n + m)!)2 et on suppose que pour tout
(s1 , ..., sn ) ∈ Zn \{0} vérifiant :

maxi |si | 6 S

on a :

ks1 δ1 + ... + sn δn k > ηT −1

7
alors pour tout ξ ∈ Rn , il existe (t1 , ..., tm ) ∈ Zm vérifiant

maxj |tj | 6 T

et tel que

kξ − t1 γ1 − ... − tm γm k 6 ηS −1

B. On suppose que pour tout ξ ∈ Rn , il existe (t1 , ..., tm ) ∈ Zm vérifiant

maxj |tj | 6 T

et
1
kξ − t1 γ1 − ... − tm γm k 6
2(n + m)S
alors pour tout (s1 , ..., sn ) ∈ Zn \{0} vérifiant

maxi |si | 6 S

On a
1
ks1 δ1 + ... + sn δn k >
2(n + m)S
Preuve. Pour montrer le lemme de transfert, on va simplement appliquer le lemme 3
en des fonctions et des points adéquatement choisis.
Pour montrer A , on pose :
Xm
Pour 1 6 i 6 n, Li (t) = bi,j tj
j=1

n formes linéaires en m variables et


n
X
Pour 1 6 j 6 m, Mj (w) = bi,j wi
i=1

m formes linéaires en n variables, où la matrice des Mj est la transposée de celle des


Li .
Posons également ` = m + n.
Soit ξ = (ξ1 , ..., ξn ) ∈ Rn .
On utilise ensuite la partie B du lemme 3 avec
x = (t, u) = (t1 , ..., tm , u1 , ..., un )
y = (v, w) = (v1 , ..., vm , w1 , ..., wn )

8
η −1 S × (Lk (t) + uk ) pour k 6 n

fk (x) =
T −1 xk−n pour ` > k > n + 1
η S −1 wk pour k 6 n

gk (y) =
T (vk−n − Mk−n (w)) pour k > n + 1
et β = ((η −1 S). ξ, 0).
Il suffit de vérifier que pour tout s = (s1 , ..., sm ) ∈ Zm ,

X`
gk (s)βk 6 2`−1 (`!)−2 max |gk (s)|


k
k=1

c’est-à-dire

X `
ηS −1 sk η −1 Sξk 6 2`−1 (`!)−2 max{ max |ηS −1 sk |, max |T (sj − Mj (s)|}


16k6n 16j6n
k=1

Pour cela il suffit donc de vérifier que


1 1 1
ksξk 6 × 2` (`!)−2 max{ηS −1 max si , T max kMj (s)−sj k} = × max{ηS −1 max si , T max kMj (s)k}
2 i j 2 η i j

Cette inégalité est vraie pour s = 0.


1
Comme ksξk 6 , on peut voir que pour s ∈ Zn tels que max |si | > S, on a l’inégalité
2
suivante :
ηS −1 max si > ηS −1 × S = η
i

Et donc a :
1 1
ηS −1 max si > ksξk
2η i 2

Il ne reste plus qu’à considérer les s ∈ Zn pour lesquels 0 6= maxi |si | 6 S et pour
ceux-là on part de l’hypothèse de A.
On a donc :
η
ks1 δ1 + ... + sn δn k >
T
c’est-à-dire :
η
ks1 (b1,1 , ..., b1,m ) + s2 (b2,1 , ..., b2,m ) + ... + sn (bn,1 , ..., bn,m )k >
T
Autrement dit :
η
k(s1 b1,1 + ... + sn bn,1 , s1 b1,2 + ... + sn bn,2 , ..., s1 b1,m + ... + sn bn,m )k >
T
Et donc on obtient :
η
k(M1 (s), ..., Mm (s))k >
T

9
Or, on a :

k(M1 (s), ..., Mm (s))k = inf{|(M1 (s), ..., Mm (s))| − n/n ∈ Z}


= inf{max |Mj (s)| − n/n ∈ Z}
j

= max(inf{Mj (s) − n/n ∈ Z})


j

= max kMj (s)k


j

et donc on obtient bien l’inégalité :

T max kMj (s)k > η


j

et au final on obtient :
1 1
T max kMj (s)k > > ksξk
2η j 2

Cette inégalité, par la partie B du lemme 3, implique qu’il existe (t1 , ..., tm ) ∈ Zm tels
que :
|η −1 Sξk − fk (t)| 6 1 pour 1 6 k 6 n
et
−1
|T tk−n | 6 1 pour n + 1 6 k 6 `
C’est-à-dire :
|η −1 Sξk − η −1 SLk (t)| 6 1 pour 1 6 k 6 n
et
|tj | 6 T pour 1 6 j 6 m
Par conséquent, on peut écrire :
kξ − (Lk (t))16k6n k 6 ηS −1 pour 1 6 k 6 n
et
maxj |tj | 6 T
Et ceci nous permet d’obtenir l’inégalité suivante :
k(ξ1 , ..., ξk ) − (L1 (t), ..., Ln (t)k 6 S −1
Or, pour tout 1 6 i 6 n
ξi − Li (t) = ξi − bi,1 t1 − ... − bi,m tm
Donc,

(ξ1 , ..., ξn ) − (L1 (t), ..., Ln (t)) = (ξ1 , ..., ξn ) − t1 (b1,1 , b2,1 , ..., bn,1 − ... − tm (b1,m , b2,m , ..., bn,m )
= ξ − t1 γ1 − ... − tm γm

10
Et donc on obtient bien l’inégalité suivante :

kξ − t1 γ1 − ...tm γm k 6 ηS −1

Pour montrer B, on procède par l’absurde ; supposons qu’il existe (s1 , ..., sn ) ∈ Zn
vérifiant :
0 < maxi |si | < S (donc en particulier maxi |si | 6 S)
et
1
ks1 δ1 + ... + sn δn k <
2(n + m)T
1
On choisit ξ ∈ Rn tel que ksξk = .
2

x = (t, u) = (t1 , ..., tm , u1 , ..., un )


y = (v, w) = (v1 , ..., vm , w1 , ..., wn )

2(n + m)S(Lk (t) + uk ) pour k 6 n
fk (x) =
T −1 xk−n pour ` > k > n + 1

1
 wk pour k 6 n
gk (y) = 2(n + m)S
 T (v − M ) pour ` > k > n + 1
k−n k−n

Alors, on a :
ks1 δ1 + ... + sn δn k = k(M1 (s), ..., Mm (s))k
= max kMj (s)k
j
1
<
2(n + m)T
Ceci nous donne l’inégalité suivante :
1
maxj kMj (s)k <
2(n + m)T
Autrement dit :
1
`T maxj kMj (s)k <
2
De plus, on a :
maxi |si | < S
Or ceci nous donne :
1 1
` max |si | < = ksξk
2(n + m)S i 2
On en arrive donc à la conclusion suivante :

11
sξ > max{maxj kMj (s)k, maxi |si |}
Par conséquent, par la partie A du lemme 3, il n’existe aucun t ∈ Rm tel que :
1
kξk − Lk (t)k 6
2(n + m)S
et
|tj | 6 T pour 1 6 j 6 m
Et ceci contredit l’hypothèse du B.

2 Théorème 1
Soit α un entier algébrique de degré d.
Notons hW la hauteur de Weil des entiers algébriques définie comme suit :
X dv
hW (α) = log(max(1, |ha|v ))
d
v place de Q(α)

où dv est le degré local de α en v, c’est-à-dire [(Q(α))v : Qv ].


Notons H la hauteur des entiers algébriques, définie dans l’article d’origine comme suit :
Y dv
H(α) = max{1, |α|v } d
v place de Q(α)

Remarquons que H(α) = ehw (x) .

Soit f ∈ C[X] un polynôme non nul de degré d, tel que :


d−1
Y
f (X) = ad Xd + ... + a0 = ad (X − αi ).
i=0

Notons M la mesure de Mahler des polynômes de C[X], définie comme suit :


d
Y
M(f ) = |ad | max{1, |αi |}
i=1

Supposons désormais que f soit le polynôme minimal de α sur Z[X]. Cela nous permet
de définir la mesure de Mahler des entiers algébriques comme suit :

M(f ) = M(α)

12
Théorème 1. Soient 1, θ1 , ..., θt des nombres algébriques Q-linéairement indépendants,
de polynômes respectifs f0 , f1 , ..., ft ∈ Z[X]
Pour 1 6 j 6 t on pose dj = deg(fj ).
Soit e = [Q(θ1 , ..., θt ) : Q].
t
dj e−1
 Y
Soit C = (t + 1) maxj (H(θj )) (2H(θj ))edj et soit ε > 0.
j=1
t
Alors, pour tout (a1 , ..., at ) ∈ R , il existe q ∈ Z\{0} tel que

kqθj − aj k < ε ∀1 6 j 6 t

et

|q| 6 2−et ((t + 1)!)2e Cε−(e−1) = ηt e . Cε−(e−1)

où ηt = 2−t ((t + 1)!)2 .

En particulier, si H(θj ) 6 R pour 1 6 j 6 t, et max{e, d1 , ..., dt } 6 `, alors


2 (t+1)−`
|q| 6 (2`t(`−1) (t + 1)3`−1 (t!)2` R` )ε−`+1

Preuve. Soit |fj | le maximum de la valeur absolue des coefficients de fj , et soit Aj le


premier coefficient de fj (en particulier Aj 6 |fj |).

On a :
1 dj
p
|f j | 6 H (θj ) dj + 1 |fj |
2dj
1
Remarquons que hW (α) = log(M(α)). Donc M(α) = H(x)d
d
Alors on obtient l’inégalité suivante :

1 √
d
max{|a0 , ..., ad |} 6 M(α) 6 d + 1 max{|a0 |, ..., |ad |}
2
L’inégalité de gauche découle de la relation liant les racines d’un polynôme et ses coef-
ficients, c’est-à-dire :
X
aj = (−1)j ad × αs1 ...αsj (1 6 j 6 d)
16s1 6...6sj

Le nombre de termes dans la somme étant 6 2d et chacun de ses termes étant borné
M(α)
par .
ad
L’inégalité de droite découle quant à elle de l’inégalité arithmético-géométrique suiv-
ante :
Z 1  Z 1
2iπt

f e2iπt dt
 
exp log f e
dt 6
0 0

13
En utilisant cette borne pour f p (où p ∈ R+∗ ), on obtient :
Z 1  p1
p
f e2iπt dt

M(f ) 6
0
Pour p = 2, cela nous donne

M(α) 6 d + 1 max{|a0 |, ..., |ad |}
.
En reprenant nos notations précédentes, on obtient donc bien l’inégalité voulue :
1 dj
p
|f j | 6 H(θj ) 6 dj + 1 |fj |
2dj
Posons maintenant A = ppcm(A1 , ..., At )
Y t Yt
On sait que Aj 6 |fj |, par conséquent A 6 |fj | 6 (2H(θj ))dj
j=1 j=1

Soit F = Q(θ1 , ..., θt ) un corps de nombre de degré e > t + 1.


t
Y
Alors e 6 dj (preuve faite en théorie des corps).
j=1
Soient θt+1 , ..., θe−1 ∈ F tels que θ0 = 1, θ1 , ..., θt−1 , θt , θt+1 , ..., θe−1 forment une base du
Q-espace vectoriel F sur Q.

Soient σ1 , ..., σe les plongements complexes de F .


Soient (m0 , ..., mt , 0, ..., 0) ∈ Ze .
On rappelle l’inégalité de Liouville : si a est un nombre algébrique de degré n, alors il
existe un entier λ > 0 tel que pour tous entiers p et q avec q > 0 :

a − p > λ

q qn
e X
Y t
Ici, on va prendre a = σi (θj )mj .
i=1 j=1
Comme les θj sont des entiers algébriques appartenant à F qui est un corps de degré e
donc un Q-espace vectoriel (de dimension e) que les mi sont des entiers et que les σi sont
les plongements de F , on sait donc que a ∈ F et donc que a est un entier algébrique de
degré e0 6 e.
Ainsi, en prenant p = 0 et q = A, il existe un entier λ > 0 tel que :
e t
Y X λ
σi (θj )mj > e0

A


i=1 j=1

Mais d’un côté on a :



Ye X
t Y e Xt
σi (θj )mj 6 σi (θj )mj



i=1 j=1 i=1 j=1

14
Et de l’autre côté, on a :
λ 1 1
e0 > e 0 >
A A Ae
Par conséquent, on peut écrire :

e X
Y t
e e
∀m = (m0 , ..., mt , 0, ..., 0) ∈ Z \{0}, A σi (θj )mj > 1 (7)



i=1 j=0

Or, on a :

e X
Y e−1 e
Y
e e
A σi (θj )mj = A |σi (θ0 )m0 + ... + σi (θe−1 )|



i=1 j=0 i=1
Ye
= Ae |σi (θ0 )m0 + ... + σi (θt )mt |
i=1
= Ae |σ1 (θ0 )m0 + ... + σ1 (θt )mt | × ... × |σe (θ0 )m0 + ... + σe (θt )mt |
= Ae |θ0 m0 + ... + θt mt | × |σ2 (θ0 ) + ...σ2 (θt )mt | × ... × |σe (θ0 )m0 + ... + σe (θt )mt |
Rappelons que :
kθ1 m1 + ... + θt mt k = inf{|θ1 m1 + ... + θt mt − n|/n ∈ Z}
= min{|θ1 m1 + ... + θt mt − n|/n ∈ Z}

Choisissons donc m0 tel que |θ1 m1 + ... + θt mt − m0 | soit ce minimum.


Alors, comme l’inégalité (7) est vraie pour tout m = (m0 , ..., mt , 0, ..., 0) ∈ Ze \{0}, on
a donc !
Ae |θ0 m0 + ... + θt mt | × ... × |σe (θ0 )m0 + ... + σe (θt )mt | > 1
Et donc,

Ye Xe−1
Ae σi (θj )mj = Ae kθ1 m1 + ... + θt mt k|σ2 (θ0 )m0 + ... + σ2 (θt )mt |...|σe (θ0 )m0 + ... + σe (θt )mt )|


i=1 j=0
 e−1
6 Ae kθ1 m1 + ... + θt mt k max |σi (θ0 )m0 + ... + σi (θt )mt |
i
 e−1
e
6 A kθ1 m1 + ... + θt mt k max |σi (θj )mj | × (t + 1)
i,j
 e−1
e 0
6 A kθ1 m1 + ... + θt mt k max |σi (θj )| max{|m |, |m0 |} × (t + 1)
i,j

et où m0 = (m1 , ..., mt ) ∈ Zt .
Donc d’après l’inégalité (7), on a :
 e−1
e 0 e−1
1 6 A kθ1 m1 + ... + θt mt k(max{|m0 |, |m |}) max σi (θj ) × (t + 1) (8)
i,j

D’après la définition de H, on a :

15
maxi,j |σi (θj )| 6 maxj H(θj )dj
Par l’inégalité (7) et l’inégalité (8), ainsi que par l’inégalité sur A, on obtient :

C max{|m0 |, |m0 |}e−1 km1 θ1 + ... + mt θt k > 1 (9)

et donc
km1 θ1 + ... + mt θt k > C −1 max{|m0 |, |m0 |}−e+1 ∀m0 ∈ Zt \{0}
où m0 minimise la distance de θ1 m1 + ... + θt mt à Z

On pose, pour x ∈ Z, Lj (x) = θj x pour 1 6 j 6 t.


On sait donc que pour tout y ∈ Zt \{0} vérifiant max{|y|, |y0 |} 6 Y (où y0 minimise la
distance de θ1 y1 + ... + θt yt à Z), on a :
kθ1 y1 + ... + θt yt k > C −1 Y −e+1
d’après (9).
Comme max(|y|, |y0 |) 6 Y , en particulier, |y| 6 Y .
Alors, en prenant Y = S, ηt = η, CY e−1 = T et en appliquant le lemme de transfert,
on obtient :
∀a ∈ Rt , ∃q ∈ Z tel que |q| 6 ηt CY e−1
et
maxj kLj (q) − aj k 6 ηt S −1 (= ηt Y −1 )
Si l’on prend Q = (Y ηt−1 )−(e−1) , on obtient :
−1
max kLj (q) − aj k 6 Q e−1
pour q ∈ Z où |q| 6 (ηt )e CQ.
−1
En posant ε = Q e−1 , c’est-à-dire Q = ε−(e−1) , on obtient bien l’inégalité :
|q| 6 (ηt )e × C × ε−(e−1)

3 Théorème 2
Soit K un corps de nombres de degré d = r1 + 2r2 où r1 est le nombre de places réelles
de K et r2 le nombre de places complexes de K. Soit OK l’anneau des entiers de K.
Soient 1 6 s 6 w des entiers et soit M ⊆ K w un OK -module tel que M ⊗K K ' K s .
Notons DK (M ) le discriminant de M .
Posons UK (M ) le OK -idéal fractionnaire de K défini comme suit :
w
UK (M ) = {α ∈ K/ αM ⊆ OK }

16
Comme K est visible comme un espace vectoriel de dimension d sur Q, on peut voir
K w comme un espace vectoriel de dimension wd sur Q. Donc on peut voir M ⊗K K
comme un espace vectoriel de dimension sd sur Q.
Par conséquent lorsqu’on plonge K w dans Rwd on peut voir l’image de M par ce plonge-
ment comme un réseau de Rwd , de dimension sd, que l’on notera ΛK (M ).

Soit m > 1 un entier. Pour chaque 1 6 i 6 m, soit Pi un polynôme homogène de


R[X1 , ..., Xwd ] et soit Z(Pi ) l’ensemble des zéros de Pi , autrement dit :
Z(Pi ) = {x ∈ Rwd / Pi (x) = 0}
m
Y
Soit P = Pi dans R[X1 , ..., Xwd ], et soit MP son degré. (donc égal à la somme des
i=1
degrés des Pi ).
m
[
Alors Z(P ) = Z(Pi ).
i=1
Supposons ΛK (M ) 6⊆ Z(P ).
Soit K1 = K(ΛK (M )), c’est-à-dire le corps engendré par K et les élements d’une base
de ΛK (M ).
Soit B = (bi,j )16i6t,16j6wd une matrice t × wd à coefficients algébriques K1 -linéairement
indépendants.
Soit E = K1 (b1,1 , ..., bt,wd ) et soit ` = [E : Q].
Pour v une place de E, on pose `v = [Ev : Qv ] le degré local de E en v.
Soient L1 , ..., Lt les t formes linéaires en wd variables, définies comme suit :
wd
X
∀1 6 i 6 t, Li (x1 , ..., xwd ) = bi,j xj
j=1
2
Soit k = ` (t + 1) − ` On pose :
sr1 k sd−1
ak (t, `, s) = 2`t(`−1)+ 2 + 2 −sr2 × (t + 1)3`−1 × (t!)2` et
ck (M, `, t) = min{H(α)(k+1)sd−1 H(α−1 )k / α ∈ UK (M )}
Théorème 2. Soit a = (a1 , ..., at ) ∈ Rt et soit ε > 0. Il existe x ∈ ΛK (M )\Z(PI ) et
p ∈ Zt tels que :
|Li (x) − ai − pi | < ε
et
s k+1  3
k
|x| 6 ak (t, `, s) sd MP |DK (M )| 2 × (wd) H(B)
2 × cK (M, `, t)ε−`+1

Preuve. Comme ΛK (M ) 6⊆ Z(P ), ΛK (M ) 6⊆ Z(Pi ) pour 1 6 i 6 m.


Donc pour chaque 1 6 i 6 m, Pi n’est pas identiquement nul sur ΛK (M ).

Soit V = VectR {ΛK (M )} le sous-espace vectoriel de Rwd de dimension sd engendré


par ΛK (M ). Pour µ ∈ R+∗ on note :

17
CV (µ) = {x ∈ V / |x| 6 µ}
l’hypercube de dimension sd et de côté de longueur 2µ centré en l’origine de V .
Donc CV (µ) = µCV (1).
CV (1) est un convexe compact d’intérieur non vide symétrique en l’origine de V , donc on
peut définir 0 < λ1 6 λ2 6 ... 6 λsd les minima successifs de ΛK (M ) dans l’hypercube
CV (1).
Autrement dit :
λi = min{µ ∈ R+∗ / dimR (VectR {ΛK (M ) ∩ CV (µ)}) > i}
Soient v1 , ..., vsd une collection de vecteurs de ΛK (M ) linéairement indépendants, cor-
respondants aux minima successifs. Alors |vi | = λi .
Par le théorème des minima successifs de Minkowski, on aura :
sd
det(ΛK (M )) sd Y
2 vol(Rsd /Zsd ) 6 |vi | vol(CV (1)) 6 2sd vol(Rsd /Zsd )det(ΛK (M ))
(sd)! i=1

où le déterminant de ΛK (M ) intervient grâce au changement de variable pour lequel


on se restreint au tore Rsd /Zsd .
Comme CV (1) est de volume 2sd et comme Rsd /Zsd est de volume 1, on a l’inégalité
suivante :
sd
det(ΛK (M )) Y
6 |vi | 6 det(ΛK (M ))
(sd)! i=1
1
où √ H(α)−1 6 |v1 | 6 ... 6 |vsd |.
2
1
En effet, si x ∈ ΛK (M ), |x| > √ H(α−1 ) ∀α ∈ UK (M ).
2
Prenons α ∈ OK \{0}, alors
maxσ:K→C (|σ(α)|)[K:Q] > NK|Q (α) > 1
1
Mais si a et b sont des réels tels que |a + ib| > 1, alors max(|a|, |b|) > √ .
2
Comme |α| = max (maxσ reel |σ(α)|), maxσ complexe (|Re(α)|, |Im(α)|)), et comme le fait
que
Y n
0 < ε 6 a1 6 ... 6 an et ai 6 N entraîne εn−1 6 N
i=1

on a alors :

|v1 | 6 ... 6 |vsd | 6 ( 2)sd−1 det(ΛK (M ))
Pour ξ ∈ J0, MP Ksd , on pose :

18
sd
X
v(ξ) = ξi vi
i=1

Alors,

Xsd √ sd−1
v(ξ) = max ξi vi,j 6 sd |ξ||vsd | 6 sd MP 2H(α) det(ΛK (M)) (10)

j
i=1

Supposons que P (v(ξ)) = 0 pour chaque ξ ∈ J0, MP Ksd , alors P sera identiquement nul
sur V .
En effet, supposons que P ne soit pas identiquement nul sur V . Il existe alors x ∈ V
tel que P (x) 6= 0. Soit U = (u1 , ..., usd , 0, ..., 0) où u1 , ..., usd est une Z-base de ΛK (M ).
U peut être considéré comme une matrice wd × wd.
Notons X = (X1 , ..., Xwd ) le vecteur des variables, c’est-à-dire le vecteur X tel que
P (X) = P (X1 , ..., Xwd ). On peut définir une restriction de P à V comme suit :
PV (X1 , ..., Xsd ) = P (U tX)
sd
X
Comme v(ξ) = vi ξi , pour tout ξ ∈ Rsd , alors P (v(ξ)) = PV (ξ).
i=1
Comme P est non identiquement nul sur V , il existe ξ ∈ Rsd tel que P (v(ξ)) 6= 0. En
outre, pour chaque 1 6 i 6 sd, degXi (PV ) 6 deg(P ) = MP .
Donc, il existe ξ ∈ J0, MP Ksd tel que PV (ξ) = P (v(ξ)) 6= 0. Contradiction.

Donc, si P s’annule en v(ξ), P est identiquement nul sur V , donc en particulier sur
ΛK (M ).
Or, par hypothèse, P ne s’annule pas identiquement sur ΛK (M ), par conséquent il ex-
iste bel et bien ξ ∈ J0, MP Ksd tel que P (v(ξ)) 6= 0. Notons pour un tel ξ, v(ξ) = y.
Comme P est homogène, P (ny) 6= 0, pour tout n ∈ N\{0}.
Xsd
Dans le même temps, ny = n ξi vi ∈ VectZ {v1 , ..., vsd } ⊆ ΛK (M ).
i=1
Et donc {ny/ n ∈ N\{0}} donne un nombre infini de points de ΛK (M )\Z(P ).
Pour chaque tel point y, nous avons Li (ny) = nLi (y).
Xwd
On pose, pour 1 6 i 6 t, θi = Li (y) = bi,j yj 6= 0.
j=1
comme les yj ∈ K1 sont non tous nuls et les bi,j sont K1 -linéairement indépendants.
Notons que θ1 , ..., θt ∈ E, par conséquent ce sont des nombres algébriques de degré 6 `.

Soit α ∈ UK (M ).
Soit x ∈ ΛK (M ), x = (x1 , ..., xwd ), soit a ∈ M tel que a est l’antécédent de x par le
plongement de M dans ΛK (M ), et soit v une place archimédienne sur K.
Si v correspond à un plongement réel de K dans C, alors

19
|a|v = |x|
Si v correspond à un plongement complexe de K dans C, alors
wd
! 21
X √
|a|v 6 xi 2 6 wd x.
i=1

Par conséquent, pour chaque place v archimédienne,


3
max{1, |θi |v } 6 max{1, (wd) 2 |Li |v |y|}
3
6 (wd) 2 max{1, |y|} max{1, |Li |v }
√ 3
6 2(wd) 2 H(α) |y| max{1, |Li |v }
√ sd−1
On sait que |y| 6 sd MP 2 H(α) det(ΛK (M )).
3 √ sd
Et donc max{1, |θi |v } 6 sd(wd) 2 2 H(α) det(ΛK (M )) max{1, |Li |v )}.

On se place maintenant dans le cas où v n’est pas archimédienne. Alors αyj est un
entier algébrique pour 1 6 j 6 wd et par conséquent :
|αyj |v = |α|v |yj |v 6 1
ce entraîne :
max{1, |y1 |v , ..., |ywd |v } 6 max{1, |α|−1
v

Et donc, on a, pour chaque 1 6 i 6 t, et pour chaque place v non archimédienne :

max{1, |θi |v } 6 max{1, |Li |v } max{1, |y1 |v , ..., |ywd |v }


6 max{1, |α|−1
v } max{1, |Li |v }

Prenons le produit des places de E, on obtient :


Y `v
H(θi ) = (max{1, |θi |v ) `
v∈M (E)

où `v est le degré local de E, c’est-à-dire [Ev : Qv ].


Donc
  1`
Y Y
H(θi ) =  max{1, |θi |v }`v × max{1, |θi |v }`v 
v|∞ v-∞

3
√ sd Y `v
6 sd(wd) 2 MP 2 H(α) det(ΛK (M )) H(Li ) × max{1, |α−1 |v } `
v-∞
3
√ sd
6 sd(wd) 2 MP 2 H(α) det(ΛK (M )) H(Li ) H(α−1 )

20
Y `v
où H(Li ) = H(bi,1 , ..., bi,wd ) = (max{1, |Li |v }) ` .
v∈M (E)
H(B) = H(b1,1 , ..., bt,wd ) donc H(Li ) 6 H(B) pour tout 1 6 i 6 t. Donc on obtient :
sd 3
H(θi ) 6 2 2 sd (wd) 2 MP H(α−1 )det(ΛK (M ))H(B)

pour 1 6 i 6 t, et où on choisit α ∈ UK (M ) arbitrairement.

On va maintenant montrer que 1, θ1 , ..., θt sont Q-linéairement indépendants. Pour


cela, on va raisonner par l’absurde.
Supposons que 1, θ1 , ..., θt ne soient pas Q-linéairement indépendants. Alors, il existe
c0 , ..., ct ∈ Q, non tous nuls, tels que :
t
X t X
X wd
c0 = ci θi = ci yj bi,j
i=1 i=1 j=1

où les ci yj sont non tous nuls.


Rappelons que y ∈ ΛK (M ) signifie que les coordonnées de y appartiennent à K1 donc
les ci yj sont dans K1 .
Donc les bi,j ne sont pas linéairement indépendants sur K1 . Contradiction.
Par conséquent, 1, θ1 , ..., θt sont Q-linéairement indépendants.
Soit a = (a1 , ..., at ) ∈ Rt et soit ε > 0.
Alors, par (10) et le théorème 1, il existe q ∈ Zt et p ∈ Zt tels que :
sd 3 2 (t+1)−`
|q| 6 2`t(`−1) (t+1)3`−1 (t!)2` ×2 2 sd(wd) 2 MP h(α)sd h(α−1 )det(ΛK (M ))×h(B)` ε−`+1
(11)
et |qθi − ai − pi | < ε ∀1 6 i 6 t.
En posant x = qy, on voit que qθi = Li (x) pour 1 6 i 6 t et |x| = |q||y|. En combinant
ces observations avec les inégalités (10) et (11), on obtient l’inégalité suivante :
|x| 6
`t(`−1)+ sd k+ sd−1 3
2 2 2 (t + 1) 3`−1
(t!) .(det(ΛK (M )sdMP )k+1 .((wd) 2 H(B))k H(α)(k+1)sd−1 H(α−1 )k ε−`+1
2`

En admettant la formule suivante :


s
det(ΛK (M )) = 2−sr2 |DK (M )| 2

et en prenant un minimum sur α ∈ UK (M ), on obtient l’inégalité sur x voulue :


s 3
|x| 6 aK (t, `, s)(sd MP |DK | 2 k+1 ((wd) 2 H(B))k cK (M, `, t)ε−`+1

21
4 Exemple
On va maintenant développer un exemple du théorème 1.
√ √
On prend ici t = 2, θ1 = 3 2 et θ2 = ( 3 2)2 . Par conséquent f1 (X) = X 3 − 2 et
f2 (X) = X 3 − 4, donc d1 = d2 = 3.
hW (1) = 0 donc H(1) = 1.
hW (2) = log(2) donc H(2) = 2.
1 1 log(2) 1 1
hW (2 3 ) = × hW (2) = donc H(2 3 ) = 2 3 .
3 3 2 2
On en déduit de même que H(2 3 ) = 2 3 .
 1
 3  1 3
  2
3
d1
Donc H(2) = H(2 ) = 23 3 = 2. Et donc H(2 ) = 4.
3

2 2 2
Donc C = (3 × 2 3 )2 × (2.2 3 )9 × (2.2 3 )9 = 233 × 32 .
1
Soit ε = .
100
Alors pour tout (a1 , a2 ) ∈ R2 , il existe q ∈ Z\{0} tel que :
1
kqθj − aj k 6 pour j = 1 ou 2
100
 −2
−6 6 1
Et |q| 6 2 (3)! × C × = 237 .38 .54 = 563 585 608 581 120 000 (de l’ordre
100
de 1017 ).

On peut appliquer la deuxième partie du théorème 1 à l’exemple qu’on vient de prendre.


2
Ici on prend R = 2 3 , et on prend ` = 3.  −2
3×2(3−1) 3×3−1 2×3 2
32 ×(2+1)−3 1
Donc |q| 6 2 × (2 + 1) × (2!) × (2 )
3 × .
100
Donc, pour tout (a1 , a2 ) ∈ R, il existe q ∈ Z\{0} tel que :
1
kqθj − aj k 6 pour j = 1 ou 2
100
Et |q| 6 230 × 38 × 54 = 4 403 012 567 040 000 (de l’ordre de 1015 ).

On peut donc constater que l’on a une borne sur q trop importante pour un calcul
à la main, mais accessible pour un calcul par ordinateur.
Il est donc possible (en tout cas avec un exemple relativement simple tel que celui
abordé), de trouver une borne sur q qui permette une estimation suffisante pour ensuite
la trouver par tâtonnements sur ordinateur.

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Bibliographie
(1) Lenny Fushansky et Nikolay Moshchevitin, On an effective variation of Kroneckers
approximation theorem avoiding algebraic sets, Proceedings of the American Mathe-
matical Society, vol. 146 no. 10 (2018), pg. 4151–4163
(2) Michel Walschmidt, Topologie des Points Rationnels, Cours de Troisième Cycle
donné à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) en 1994-1995.
(3) J.W.S. Cassels, An Introduction to Diophantine Approximation, Cambridge Uni-
versity Press, 1957
(4) Michel Walschmidt, Diophantine approximation on linear algebraic groups, Springer-
Verlag, Berlin, 2000

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