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Δ΄ Ευρωπαϊκό Συνέδριο Νεοελληνικών Σπουδών

Γρανάδα, 9-12 Σεπτεμβρίου 2010

Πρ ακτικά

Ταυτότητες στον ελληνικό κόσμο


(από το 1204 έως σήμερα)

Τόμος Γ΄

Επιμέλεια:
Κωνσταντίνος Α. Δημάδης

Ευρωπαϊκή Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών


Αθήνα 2011
Ταυτότητες στον ελληνικό κόσμο (από το 1204 έως σήμερα)
Identities in the Greek world (from 1204 to the present day)

Τόμος Γ΄


Την ευθύνη της έκδοσης έχει το Διοικητικό Συμβούλιο της ΕΕΝΣ
E-mail: dimadis@zedat.fu-berlin.de

ISBN (vol.) 978-960-99699-5-6


ISBN (set) 978-960-99699-0-1

Σελιδοποίηση – τυπογραφική φροντίδα:


Κωστής Ψυχογυιός (pezanos@otenet.gr)

Copyright © 2011:
Ευρωπαϊκή Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών (ΕΕΝΣ)
European Society of Modern Greek Studies
www.eens.org
Δ΄ Ευρωπαϊκό Συνέδριο Νεοελληνικών Σπουδών
Γρανάδα, 9-12 Σεπτεμβρίου 2010
Πρ ακτικά

Ταυτότητες στον ελληνικό κόσμο


(από το 1204 έως σήμερα)

Τόμος Γ΄

Επιμέλεια:
Κωνσταντίνος Α. Δημάδης

Ευρωπαϊκή Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών


Αθήνα 2011
4th European Congress of Modern Greek Studies
Granada, 9-12 September 2010
Proceedings

Identities in the Greek world


(from 1204 to the present day)

Vol. 3

Edited by
Konstantinos A. Dimadis

European Society of Modern Greek Studies


Athens 2011
L’histoire de la langue grecque au carrefour des différentes
disciplines: enjeux identitaires et cristallisation
des mythologies linguistiques (1850-1900)

Petros Diatsentos

Dans le cadre de cet article, nous avons l’intention de présenter un aperçu


de la conception de l’histoire du grec chez les milieux des savants grecs,
dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’article, qui n’est dans aucun cas un
exposé approfondi, vise à expliquer comment l’historiographie grecque, les
courants de la linguistique comparée et la laographie émergente fixent le
cadre dans lequel se cristallisent les représentations et les postulats sur le
grec moderne, ainsi que le récit de son histoire. D’autre part, nous préci-
serons comment la mise en place des concepts sur l’histoire du grec coule
dans le moule de la conjoncture historique, en forgeant un récit conforme
à une suite d’objectifs politiques et culturels. Plus précisément, l’objectif de
l’article est de répondre à certaines questions qui se résument de la manière
suivante:
 Tout d’abord, pouvons-nous parler d’une véritable histoire du grec
au XIXe siècle?
 Ensuite, comment se dégagent l’image et les postulats d’une histoire
du grec à travers des textes de référence ou des travaux fondateurs?
 Enfin, comment la langue devient un témoin identitaire primordial
et acquiert une place capitale dans la concrétisation du projet
national grec?

1. Quelle histoire du grec, au XIXe siècle?


Depuis les « Lumières néo-helléniques » jusqu’au milieu du XIXe, nous
observons l’absence des travaux portant sur l’histoire du grec. Néanmoins,
une image de l’évolution du grec se dégage à partir des travaux des érudits,
à chaque fois que leur discours porte sur le sort du grec ancien ou sur le
rôle de la langue en tant que véhicule d’une éducation ayant comme objectif
l’éveil national. Comme nous le savons, au XVIIIe siècle grec, les représen-
tants du classicisme perçoivent les vernaculaires, ou si l’on veut « la langue
orale », comme γραικοβάρβαρος ou μιξοβάρβαρος. Il s’agit, pour eux, d’une
Πρακτικά Δ΄ Ευρωπαϊκού Συνεδρίου Νεοελληνικών Σπουδών (Γρανάδα, 9-12 Σεπτ. 2010):
“ Τα υτότ η τ ε ς στο ν ε λ λ η ν ι κ ό κ ό σ μ ο ( α π ό το 1 2 0 4 έ ω ς σ ή μ ε ρ α ) ” , Τόμος Γ΄ (ISBN
978-960-99699-5-6) © 2011 Ευρωπαϊκή Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών (www.eens.org)
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langue nouvelle, qui a rompu avec le grec ancien, d’une langue autre, diffé-
rente. Ils lui opposent la langue commune des érudits, inaltérable depuis
l’Antiquité et ne faisant qu’un avec le grec ancien, sauvegardé dans la langue
de l’Église et des lettres. De même, un courant des « Lumières néo-hellé-
niques », représenté notamment par Katartzis, Konstantas et Vilaras, admet
la distinction et la séparation entre la langue ancienne et le romaïque, en
mettant toutefois l’accent sur leur rapport de parenté. Pour les représen-
tants de ce mouvement, l’altération est un fait, et l’objectif global est d’étu-
dier le grec ancien afin d’élaborer, d’enrichir et de cultiver le romaïque, tout
en abandonnant la langue archaïsante des érudits.
Le milieu du XIXe siècle marque le début d’une transition de cette
conception.1 Quoique la première tentative sérieuse qui vise à donner un
aperçu de l’histoire du grec date de 1861,2 ce sera au crépuscule du XIXe
siècle qu’il y aura les premiers efforts systématiques pour la description de
l’histoire de la langue. Jusqu’en 1880, les interprétations globales, fondées
sur des recherches linguistiques originales, portant sur des périodes de
plusieurs siècles, sont donc rares. Toutefois, la seconde moitié du XIXe est la
période où l’on observe la multiplication des références et des spéculations
portant sur l’histoire du grec. Il ne s’agit pas de recherches linguistiques en
soi, mais d’une suite d’interprétations fragmentaires, parfois stéréotypées,
ainsi que des reprises d’analyses de savants occidentaux, au sujet de l’his-
toire de la langue. Un ensemble de travaux de la philologie européenne
(ou plus rarement grecque) qui examinent de façon systématique soit l’his-
toire du grec,3 soit l’évolution des langues indo-européennes,4 offriront aux

1 Pour un apperçu global des conceptions de l’évolution du grec du XVIIIe siècle jusqu’à
l’enre-deux-guerres, voir A. F. Christidis, « Iστορίες της Eλληνικής Γλώσσας », in A. F.
Christidis (éd.), Iστορία της ελληνικής γλώσσας, από τις αρχές έως την ύστερη αρχαιό-
τητα, Thessalonique, 2001, p. 3-17.
2 D. Mavrofrydis, Δoκίμιον ιστορίας της ελληνικής γλώσσης [Essai d’histoire de la langue
grecque], Smyrne, 1871. L’Essai de Mavrofrydis voit le jour à Smyrne en 1871, mais sa
préface a déjà été publiée dans la revue Filistor, dix ans auparavant (voir D. Mavrofry-
dis, « Σύνοψις της εξωτερικής ιστορίας της Ελληνικής γλώσσης », in Filistor, 3, 1861, p.
116-131, 166-182 et 289-295). L’ouvrage en question constitue le travail que Mavrofry-
dis a remis au concours de l’Université, en 1860 (Tsokaneios Diagonismos). Le sujet du
concours a été publié en 1856 et nous pouvons supposer que l’essentiel de son travail a
été réalisé entre ces deux dates.
3 Notamment les travaux de F. W. Mullach (voir entre autres Grammatik der griechischen
Vulgärsprache in historischer Entwicklung, Berlin, 1856), de Deffner et ses recherches sur
le tzakonien, ou encore l’étude de Mavrofrydis sur l’histoire du grec moderne.
4 Voir les travaux de Bopp sur la grammaire comparative des langues indo-européennes,
d’Émile et d’Eugène Burnouf sur la langue et la littérature sanskrites ou celui de A. Pictet
sur le rapport entre l’indo-européen et la filiation des peuples de l’Europe.
L’histoire de la langue grecque au carrefour des différentes disciplines 343

lettrés grecs des modèles interprétatifs et serviront de base théorique à une


série d’appréciations globales quant à l’évolution du grec. L’ensemble de ces
appréciations, commentaires ou opinions compose une image de l’histoire
du grec, même si elle ne se cristallise pas à un moment précis ou dans une
œuvre particulière. Vu que le sujet n’est pas traité de manière systématique,
les tentatives de décrire, d’expliquer et d’interpréter proviennent des disci-
plines ou des domaines différents: de l’histoire, de l’histoire de la littérature,
des études de la lexicographie dialectale, de la laographie ou de la linguis-
tique comparée.

2. Histoire du grec: postulats et schémas interprétatifs


Dimitrios Mavrofrydis est un des premiers qui fournit en 1861 une
esquisse de l’histoire du grec, dans son Essai d’histoire de la langue grecque.5
Dans son introduction développe le schéma éolodorien emprunté à
Christopoulos,6 assez répandu dans les milieux des lettrés. Selon lui, après
l’Âge d’or, la langue grecque a suivi deux chemins parallèles. L’atticisme et la
langue littéraire qu’il a produit, incarnés par la koinè hellénistique, ont été
prolongés à travers la variété écrite byzantine des siècles suivants. Quant
aux dialectes éoliens et doriens, après avoir subi une certaine influence de
l’attique, ils ont continué à exister de façon séparée mais constante jusqu’à au
XIXe siècle. En effet, au fil du temps, ces « deux langues » ont évolué paral-
lèlement. Ainsi, il admet que les dialectes éoliens et doriens ne disparaissent
pas à l’époque hellénistique et romaine, mais continuent à être « la langue
orale du peuple ». En réalité, au fil des siècles, ils évoluent ou fusionnent
entre eux tout en s’altérant. Mais, dans tous les cas, ils existent parallèle-
ment à une variété écrite, sans qu’il y ait d’osmoses entre les deux. De son
côté, l’attique transformé en koinè constituait l’instrument de communica-
tion et de production intellectuelle pour les élites savantes plurilingues de
l’univers gréco-romain. Cette variété littéraire et commune à la fois, chez
les élites lettrées, est passée dans la littérature byzantine et, sauvegardée par
l’Église durant toute l’époque ottomane, elle est arrivée au XIXe siècle pour
constituer « la langue de la nation libérée ». Elle n’est autre que la langue
puriste des érudits et de l’État. De l’autre côté, « les dialectes populaires »
de l’Antiquité, éolodoriens dans l’essentiel, sont à l’origine des vernaculaires
modernes et ne remontent pas à la koinè. L’origine de la variété puriste et

5 Op.cit.
6 A. Christopoulos, Γραμματική της Αιολοδωρικής, ήτοι της ομιλουμένης τωρινής των
Ελλήνων γλώσσας, Vienne, 1805. Au sujet de la théorie éolodorienne, voir aussi I.
Kalitzopoulou-Papageorgiou, Η αιολοδωρική θεωρία : συμβολή στην ιστορία της ελλη-
νικής γλώσσας, Thèse de doctorat, Université d’Athènes, 1991.
344 Petros Diatsentos

sa « nature » déterminent en effet sa place et sa fonction dans l’univers grec


du XIXe siècle. Ainsi, la conviction d’après laquelle la koinè n’est pas une
langue commune populaire de l’univers gréco-romain contribue à renfor-
cer la place de la katharevousa, héritière légitime de la koinè, en tant que
langue commune de la nation.
L’écologie linguistique contemporaine apparaît ainsi comme la repro-
duction fidèle d’une situation qui se perpétue au fil des siècles. C’est ainsi
que plusieurs lettrés soutiennent que les divergences dialectales antiques
n’ont nullement disparues à quelque endroit que ça soit. D’autre part, il n’y
a jamais eu une langue commune en soi, mais uniquement une variété
écrite commune dans les milieux des lettrés. Par ailleurs, certains courants
de la linguistique comparée viennent renforcer cette thèse. D’après Max
Müller, dont son livre Lectures on the Science of Language7 est connu par les
lettrés grecs depuis tôt, une variété cultivée qui, à un moment ou un autre,
se manifeste dans les textes religieux, littéraires, administratifs ou scienti-
fiques, émerge à travers l’élaboration d’une ou de plusieurs variétés à tradi-
tion orale. Toutefois, il est impossible d’admettre le contraire : une langue
savante ne donnerait jamais au cours de son évolution une variété popu-
laire à tradition orale.8 Par conséquent, pour tracer l’origine d’un dialecte,
ou d’un ensemble de dialectes vulgaires, on remonte à d’autres dialectes de
la même nature. Le processus qui mène un vernaculaire à l’état de « dialecte
poli » à travers son élaboration, et ensuite, à devenir la langue commune de
tout un peuple culturellement homogène, apparaît comme une contrainte
historique.
Selon ce raisonnement, on peut très facilement envisager la koinè
comme une langue commune écrite des élites. De la même manière, il est
impossible qu’elle génère les dialectes populaires du grec moderne. Ainsi,
le lien entre le schéma de la linguistique historique et le cas du grec s’établit
aisément. L’helléniste James Clyde, dont les écrits sont cités assez souvent
par les savants grecs, le formule de manière explicite en 1854, dans son livre
Romaic and Modern Greek. 9 Dans son schéma d’interprétation de la géné-
alogie du romaïque, Clyde recourt à une dichotomie entre « la langue des
instruits » et « la langue des illettrés » : un dialecte cultivé est utilisé par les
élites, tandis que les dialectes populaires10 sont employés par les gens illet-
trés. Il considère que ces deux variétés peuvent manifester des écarts consi-

7 M. Müller, Lectures on the Science of Language, Londres, 1994, (1e éd. 1861).
8 Ibid., p. 49-50 et 58.
9 J. Clyde, Romaic and Modern Greek. Compared with one another and with Ancient Greek,
Édimbourg, 1854., p. 26.
10 D’après ses propos, « the ruder forms of speech », ibid., p. 27.
L’histoire de la langue grecque au carrefour des différentes disciplines 345

dérables. Or, il accepte que la masse des gens illettrés11 arrive à compren-
dre la langue des instruits, même s’ils ne sont pas capables de la reproduire.
Il considère cela comme une règle qui régit tout ensemble social utilisant
la même langue. Il en conclut que le romaïque est en réalité issu d’une telle
catégorie de dialectes, c’est-à-dire de certaines variétés parlées d’un grec
populaire fortement antique. Les variétés populaires, d’où le romaïque est
issu, ont coexisté avec l’attique, elles ont peut-être même précédé ce dernier.
L’attique que l’on connaît aujourd’hui n’était que la langue des classes
cultivées d’Athènes et non pas celle de toute la population en Attique ; en
d’autres termes, elle n’était que la variété d’une élite.12 Par conséquent, dans
l’interprétation de l’évolution linguistique qu’il avance, Clyde met l’accent
sur la répartition des variétés du grec dans l’espace social (peuple - élites)
et considère cette évolution en partant de deux principes : chacune de ces
variétés a ses propres qualités internes, elles évoluent parallèlement, tout
en ayant un rapport particulier.
Cette conception qui constitue le point de vue de nombreux hellénistes
attribue en effet une « certification scientifique » à la thèse du caractère à la
fois antique et hellénique du grec dialectal. Pour ce qui est donc de l’étude du
grec, outre le fait que l’approche éolodorienne ouvre la voie à une démarche
comparatiste, elle fournit également une sorte de revêtement scientifique
au récit des origines de celui-ci. En même temps, d’après les postulats de
cette théorie, il devient évident que le grec dialectal accéderait difficilement
au niveau de la langue cultivée et il aurait peu de chance d’être instauré
comme langue nationale. Au contraire, ce qui lui est réservé, c’est un certain
rôle dans le processus de fixation de la langue cultivée et future langue de
tous les Grecs.

3. Le récit de l’évolution du grec dans la conjoncture de la seconde moitié


du siècle
En effet, la vague de la lexicographie dialectale qui se déclenche dans
les années 1850 et qui deviendra une composante essentielle de la laogra-
phie mettra l’accent sur l’origine éolodorienne des vernaculaires. Le modèle
éolodorien constituera pendant toutes ces décennies un terrain fécond qui
fera fermenter les prémisses des travaux dialectologiques et qui légitimera
une vision précise de la réforme de la langue en l’enveloppant de l’habit
scientifique. De son côté, la lexicographie dialectale arrive à dégager une
autre image des vernaculaires et de leur histoire, qui supplante progressi-
vement celle d’une langue corrompue et gréco-barbare, un stéréotype qui a
11 « The masses », ibid., p. 27.
12 Ibid., p. 29.
346 Petros Diatsentos

persisté pendant plusieurs siècles. En faisant le tri entre les parlers qui sont
jugés « dignes d’étude », la lexicographie dialectale va opérer des « fouilles »,
afin de mettre en lumière les « trésors antiques » et d’attribuer des certificats
d’une « origine hautement antique » à travers l’établissement de généalogies
remontant parfois à des langues disparues ou hypothétiques.13 Ainsi, dans
la seconde moitié du siècle, les puristes parviennent à « abolir » la sépa-
ration entre le grec ancien et les vernaculaires modernes. Les «  dialectes
populaires » se font une place aux côtés de la katharevousa et deviennent
témoins de « l’unité » de la langue et de la « continuité ininterrompue » du
grec ancien. La réhabilitation des vernaculaires répond en effet au besoin
de la refonte de l’identité et de l’histoire des couches populaires rurales,
dans une conjoncture historique particulière. La première vague dialecto-
logique se déclenche vers la fin des années 1850, c’est à dire au moment où
le Royaume grec voit ses revendications irrédentistes anéantis, à la sortie de
la guerre de Crimée.
La guerre de Crimée joue en effet un rôle déterminant dans le déclen-
chement de la lexicographie dialectale, pendant ces années.14 Rappelons
qu’à ce moment-là, le nationalisme grec est en quête d’appuis idéologiques
face aux revendications bulgares qui émergent, étant appuyées, en outre,
par l’Empire russe. Ainsi, les doutes qui planent, dans le milieu des érudits
européens avant 1853, sur l’origine ethnique des populations du sud de la
péninsule,15 se transforment pour les Grecs en réel danger, dans le nouveau
contexte politique. L’argument historique « de populations slaves, grécisées
pendant le Moyen Age », sortant du domaine du débat académique et dépas-
sant le cercle des érudits, devient un argument potentiel qui légitime les
thèses politiques des nationalismes concurrents dans la nouvelle conjonc-
ture. Au moment même où les revendications grecques d’annexion de terri-
toires sont rejetées par la France et la Grande-Bretagne, et où les nationa-
lismes slaves trouvent l’appui politique russe, la refondation d’une identité
13 Sur le déclenchement de la lexicographie dialectale et son poids sur la nouvelle image
des vernaculaires, voir P. Diatsentos, La question de la langue dans les milieux des savants
grecs au XIXe siecle : projets linguistiques et reformes, thèse de 3e cycle, E.H.E.S.S., Paris
2009, p. 127-184.
14 En ce qui concerne l’importance de cet événement et notamment son impact dans
le déclenchement de la lexicographie dialectale, voir P. Diatsentos, ibid., p. 65-72 et
146-151.
15 Il s’agit certes des publications de J. F. Fallmerayer qui font bruit dans les milieux
grecs dans les années 1840, mais aussi des témoignages qui datent même des décen-
nies précedentes. A propos de l’image des vernaculaires chez les lettrés occidentaux
jusqu’à l’aube du XIXe siècle, voir Giakovaki N., «  H Eυρωπαϊκή Συνάντηση με την
Kαθομιλουμένη : οι Περιηγητές », in A. F. Christidis (éd.), Iστορία της ελληνικής γλώσ-
σας από τις αρχές ως την ύστερη αρχαιότητα, Thessalonique 2001, p. 942-946.
L’histoire de la langue grecque au carrefour des différentes disciplines 347

hellénique pour les couches populaires devient à la fois une urgence et une
responsabilité collective de l’ensemble des personnes instruites. C’est dans ce
cadre que se dégage nettement l’enjeu politique de l’étude des dialectes et de
leur origine, et qu’au même moment, la langue devient un argument straté-
gique dans le processus d’unification de l’espace national et dans la légitima-
tion des objectifs politiques du nationalisme grec. Pendant ces années, se
manifeste donc le besoin d’apporter les preuves de la continuité historique
des vernaculaires, méprisés jusqu’alors. Cette continuité est certes un fait
incontestable pour la linguistique d’aujourd’hui, mais au fil de ces années là,
elle sera bâtie sur un terrain qui est destiné à accueillir avant tout les aspi-
rations du projet national grec.
Suite à cet événement majeur se consolide la cible de la réforme de la
langue et se cristallise un projet qui désigne la réforme comme une condi-
tion indispensable pour l’accomplissement des objectifs nationaux. Dans
la mesure où le projet national ne semble pas avancer avec des moyens
militaires, la diffusion de la langue et des lettres helléniques en vue d’une
« conquête culturelle » des Balkans devient un objectif stratégique pour les
élites grecques. C’est dans ce cadre que l’on forge pendant ces années l’idée
de la «  mission civilisatrice de l’hellénisme  ». Les conditions nécessaires
sont d’une part la multiplication des écoles et des associations culturelles
grecques dans les Balkans et d’autre part le rapprochement de la kathare-
vousa d’un modèle archaïque. En même temps, la mission du grec en Orient
est fondée sur un ensemble d’arguments historicistes portant sur la nature du
grec et sur son rôle dans l’histoire.
Ainsi, à travers les textes des initiateurs de ce projet (notamment de
M. Renieris en 185516 et I. Vasiadis en 1862 et 186917) le grec ancien se
voit comme une langue vivante qui a conservé un génie inaltéré au fil des
siècles. Cette thèse implique qu’il n’a pas suivi le sort du latin, et qu’il n’a
pas donné naissance à d’autres langues. Par conséquent, le grec moderne

16 Renieris M., «  De l’impopularité de la cause grecque en Occident  » in Spectateur de


l’Orient, 35-36, 1855, p. 342-360.
17 I. Vasiadis, Προκήρυξις, Constantinople, 1862 et Discours du Président de la Société
Littéraire Hellénique de Constantinople M. Hiroclis Basiadis. Il s’agit d’un discours que
Vasiadis prononce au Syllogue Littéraire Hellénique de Constantinople le 16 mai 1869.
Ce discours paraît dans l’Annuaire de l’Association pour l’Encouragement des Études
Grecques, (I. Vasiadis, «  Discours du Président de la Société Littéraire Hellénique de
Constantinople M. Hiroclis Basiadis, prononcé le 4/16 mai 1869 » in Annuaire de l’Asso-
ciation pour l’Encouragement des Études Grecques en France, 4, 1870, p. 150-183), puis il
est réédité (publication bilingue, grec et français) dans le livre de d’Eichtal, De la réforme
progressive et de l’état actuel de la langue grecque, Paris, 1870. Les extraits que nous avons
employé ici sont tirés de la publication de d’Eichtal.
348 Petros Diatsentos

(savant ou vernaculaire) n’est pas une langue distincte de l’ancien, mais une
nouvelle phase de celui ci. Ainsi, on voit naître le postulat de l’inséparabilité
du grec et de son unicité par rapport aux autres langues, unicité qui est due
avant tout à sa nature. Dans le cadre d’une vision organiciste de la langue,
on attribue au grec un ensemble de qualités essentielles et inaliénables dans
le temps. Ici encore, nous pouvons déceler l’influence de certains linguistes
ou hellénistes tels que Humboldt ou d’Eichtal, sur la pensée de nos auteurs.
Appuyé sur les écrits de Humboldt, Vasiadis soutient que le grec occupe
une place supérieure dans la hiérarchie des langues, car il contient cette
sorte d’énergie qui stimule l’esprit de manière à ce qu’il puisse considérer les
choses dans leurs relations plutôt que les choses elles-mêmes.18 En outre,
Renieris, suivant G. d’Eichtal et le courant des hellénistes, considérera
le grec comme une langue comportant une série de qualités inaliénables
dont une vitalité primitive, une plasticité parfaite, un caractère logique et
une euphonie notable.19 Le fait que les deux hommes de lettres publient
conjointement, nous indique qu’ils partagent le même point de vue quant
à l’histoire du grec et quant à son rôle dans le monde. En réalité, d’Eich-
tal reprend et complète l’argumentation que Renieris développe neuf ans
auparavant, afin de fonder sa thèse sur l’universalité du grec. Son aspiration
à faire du grec une langue internationale est fondée sur fait qu’il le consi-
dère comme une langue qui, par sa nature et son parcours à travers l’histoire
est prédestinée à accomplir cette mission. Dans son article, il tâche de déter-
miner les spécificités du grec, qui, en dernière instance, le rendent unique
face à d’autres langues qui pourraient prétendre à la même place. Ces spéci-
18 I. Vasiadis, « Discours », in G. d’Eichtal, De la réforme progressive ..., op.cit., p. 53. Cette
image du grec constitue une sorte d’héritage qui s’est bâti peu à peu dans les générations
précédentes d’hellénistes. L’apport de Humboldt est néamoins important dans la mesure
où ses ouvrages semblent être connus, au moins par les savants grecs de Constantinople.
D’après J. Quillien, « Humboldt présente la langue comme un vestige important dans
l’ensemble des vestiges littéraires que nous a laissés la Grèce. [...] Ce qui ressort de l’ex-
posé de 1793 [Uber das studium], c’est la quasi-perfection du grec, qui tient à sa pureté
(peu d’emprunts sur le plan lexical, à des langues étrangères, aucun sur le plan morpho-
logique et syntaxique), à son harmonie avec le caractère des locuteurs, à quoi s’ajoute
une unité remarquable entre une abondance en métaphores (témoignage d’une riche
imagination) et, pourtant, l’aptitude à dire des concepts abstraits et universels (preuve
d’un entendement sain) » (J. Quillien, G. de Humboldt et la Grèce. Modèle et histoire,
Lille, 1983, p. 75).
19 G. d’Eichtal, De l’usage pratique de la langue Grecque, Paris, 1864, p. 6-7. Notons que
les deux hommes collaborent étroitement dans les années 1860. Le fruit de leur colla-
boration sera entre autres la publication de la brochure susmentionnée qui compren-
dra également un extrait de l’article de Renieris dont nous avons parlé plus haut (M.
Renieris, « De l’impopularité… » art.cit.), ainsi qu’un commentaire de d’Eichtal, intitulé
« Note » (p. 21-24).
L’histoire de la langue grecque au carrefour des différentes disciplines 349

ficités sont d’une part un ensemble des qualités internes et d’autre part sa
place unique dans l’histoire de la civilisation universelle, ce qui constitue en
effet la preuve de ses qualités.
Dans le cadre de cette vision organiciste de la langue et sous l’emprise
de certains concepts des philosophes allemands,20 l’érudition grecque reste
fortement ancrée sur le concept du génie de la langue, ce qui l’empêche de
percevoir l’évolution du grec comme un produit de l’histoire : une fois l’idée
du génie du grec antique forgée dans la littérature linguistique et philolo-
gique occidentale, les lettrés grecs la reprennent aisément à leur compte.
Or, en présentant ce génie comme une qualité organique, on parvient à
« neutraliser », ou même à supprimer de l’analyse les facteurs historiques
et sociaux. En d’autres termes, « le génie du grec ancien » n’est pas consi-
déré comme le produit historique d’une société donnée de l’Antiquité, mais
comme un trait diachronique.
Ainsi, le rythme d’évolution du grec est imputé à une série des facteurs
qui se rapportent à sa nature, ce qui forge au fil des années le stéréotype du
caractère conservateur du grec. D’autre part, le génie du grec sera considéré
être à l’origine du mouvement de la Renaissance. D’après Renieris ou Vasia-
dis, le redressement de l’Occident a eu lieu grâce à son contact avec l’esprit
antique et par le moyen de la langue grecque.21 Le développement des lettres
et des sciences en Occident, depuis la Renaissance, est le résultat du contact
avec l’esprit antique, qui, par le biais des lettres et de la langue antique, a
favorisé l’éclosion de la production intellectuelle aux XVIe et XVIIe siècles.
D’après cette conception du grec et de son évolution, la nation grecque a
donc une mission a accomplir au delà de ses frontières et la langue est l’ins-
trument nécessaire à l’accomplissement de cette mission.
L’historiographie grecque de la seconde moitié du siècle donnera, de
son côté, d’appuis supplémentaires, consolidant un récit de l’évolution du
grec conforme aux attentes nationales. S. Zampelios et C. Paparrigopoulos
œuvrent pendant ces années, pour l’appropriation et l’hellénisation du passé
de l’Empire byzantin. Ils mettent en avant la suprématie grecque à tous les
niveaux, pendant l’ère byzantine et le rôle hégémonique des Grecs, malgré
les apparences d’un vernis romain, en réussissant, en dernière instance à
faire entrer l’histoire byzantine dans l’histoire de la nation grecque. D’autre
part, dans son oeuvre historiographique, Paparrigopoulos réserve une place
particulière à la langue. Le grec, qui est d’après ses propos « le témoin de la
survie de notre la civilisation » à travers les millénaires, est défini comme

20 Notamment de Herder et de ses épigones.


21 M. Renieris, « De l’impopularité ... » op.cit. et I. Vasiadis, « Discours... » op. cit.
350 Petros Diatsentos

la loi immuable de l’histoire nationale.22 Il considère que la langue constitue


une qualité particulière de la nation étant donné qu’elle a assuré sa survie à
travers un passé agité et c’est uniquement à travers elle qu’on sera capable
«  d’accomplir notre futur mandat civilisateur  ».23 Le grec vernaculaire de
l’époque byzantine, ne pourrait donc pas avoir subi le même sort que les
autres langues qui ont disparu avec les peuples qui les parlaient. Le postulat
d’un grec ancien vivant et inaltéré dans son essentiel devient un des piliers
dans la construction de l’histoire du grec.
D’autre part, le fait de considérer le grec ancien comme une langue
morte, tout comme le latin, aurait de sérieuses répercussions sur l’interpré-
tation de la continuité historique de la nation. Ce qui embarrasse en réalité
les érudits, c’est le rapport entre l’Empire Romain et les nations de l’Europe
moderne, ou plutôt avec les peuples modernes parlant les langues romanes,
issus des migrations qui ont eu lieu depuis la fin de l’Antiquité. Ces migra-
tions ont en effet conduit à la destruction tant de l’Empire que de sa langue.
Les Français, les Italiens ou les Espagnols sont considérés comme le fruit du
contact entre les anciens peuples de l’Empire Romain et « les barbares », et
il est sous-entendu que ces derniers ont, en fin du compte, envahi, dominé
sa partie occidentale et éliminé la langue et la civilisation des anciens habi-
tants. Cela présuppose aussi que les peuples d’Europe ont été coupés de
leur passé antique. L’histoire des langues romanes implique une vision de
l’histoire politique qui a un sens bien précis chez les savants grecs : le latin a
disparu car la civilisation romaine a été écrasée et anéantie sous le poids des
invasions barbares.
Or, toute ressemblance du Moyen Age occidental avec Byzance24 pour-
rait entraîner des répercussions sur la conception de l’histoire nationale
grecque. Admettre que le grec ancien est une langue morte impliquerait
une interprétation incompatible avec le sens que les savants grecs essaient
d’attribuer à l’évolution historique grecque. Le fait de nier l’inséparabilité
du grec et le caractère singulier de la langue dissocierait ses locuteurs, en
l’occurrence l’ensemble national grec, de leurs aïeuls, ce qui aurait comme
résultat qu’en définitive l’identité nationale serait dépourvue du contenu
que les savants forgent pendant ces années. La thèse que le grec ancien,
22 C’est l’une de deux lois immuables de l’histoire nationale, l’autre étant la patrie (la terre
des ancêtres). D’après lui, il en existe d’autres, qui sont néanmoins des lois subissant des
mutations dans l’histoire (Voir C. Paparrigopoulos, “ Ποίον το εκ της Iστορίας όφελος
και πώς δέον να σπουδάζομεν αυτήν », in K. Th. Dimaras, K. Παπαρρηγόπουλος [C.
Paparrigopoulos], Athènes, 1986 (1ère 1872), p. 270-271).
23 Ibid., p. 271.
24 Les éventuelles ressemblances concernent notamrnent les questions des colonisations
slaves et albanaises au sud de la péninsule balkanique pendant cette époque.
L’histoire de la langue grecque au carrefour des différentes disciplines 351

tout comme le latin, est une langue morte impliquerait alors la prépondé-
rance des facteurs socio-historiques, elle réfuterait la force assimilatrice de
la nation et sous-entendrait que le brassage ethnique et culturel pendant le
Moyen âge était semblable, aussi bien à l’ouest qu’à l’est de l’Europe, ce qui,
en dernière instance, remettrait en question la survie du génie antique. C’est
dans cet état d’esprit que les érudits grecs essayent de démontrer, par tous
les moyens, la divergence entre les deux cas, en tentant de dégager les éven-
tuelles différences entre l’évolution historique du grec moderne et celle des
langues romanes. Cet arsenal théorique qui est mis en oeuvre pour expli-
quer l’histoire de la nation et de sa langue sert également à fonder un projet
politique qui se dessine dans les années 1855-1870.

Au fil des décennies alors, le grec moderne se débarrasse du mythe de


la décadence et de la dégénérescence, pour bâtir la fable de l’unité inaltérable
et inaliénable.25 À travers ce récit de l’histoire du grec, devenu la langue de
la nation grecque, nous constatons alors l’unification de la langue du XIXe
siècle avec les origines de la langue hellénique. Dans ce même récit, on
rattache aussi bien la katharevousa que les « dialectes populaires » du XIXe
à la langue hellénique pour attribuer un sens précis à l’identité du grec
moderne et de ses locuteurs. Il s’agit, en effet, d’une nouvelle conception
de l’histoire et de l’évolution du grec, allant de pair avec les prémisses et le
récit de l’histoire nationale qui se forge pendant ces mêmes décennies. La
construction donc de nouvelles identités collectives, d’une histoire qui se
veut nationale et la mise en place des objectifs du nationalisme grec affectent
les premières tentatives d’interpréter l’évolution de la langue grecque.

25 Pendant cette période se posent en effet les fondements pour l’étude du grec moderne
et du grec d’une façon plus générale. Le cadre idéologique qui se forme et les postulats
qui se cristalisent créent un contexte intellectuel au sein duquel se dévéloppent, à partir
du nouveau siècle, les efforts d’étudier l’histoire du grec (moderne) de manière systé-
matique. Nottons que la façon particulière d’aborder l’histoire de la langue en Grèce
au XXe siècle est parfois tributaire de contexte. Les particularités dans l’approche de
l’histoire du grec ont été brillament analysées dans l’article de Ch. Karvounis, «Ιστορία
της ελληνικής γλώσσας: συγκρίσεις, απολογισμός και προοπτικές με γνώμονα τη νέα
ελληνική», in Studies in Greek Linguistics 30, Thessaloniki 2010, 303-313
352 Petros Diatsentos

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