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Biométrie fœtale :
standards de croissance
et croissance individuelle
AM Guihard-Costa R é s u m é. – La biométrie fœtale repose sur la construction de standards de
O Thiebaugeorges croissance les plus fiables possible, puis sur leur utilisation pour l’appréciation de la
P Droullé croissance d’un sujet donné. La méthodologie revêt une importance toute
particulière : l’aspect final des courbes de croissance dépend des choix opérés lors de
la construction des standards de croissance. Dans cet exposé, les choix concernant
les techniques de mesure, la datation, la composition et la taille de l’échantillon, les
méthodes d’analyse statistique sont définis et discutés. On distingue également
l’évaluation « statique » de la croissance fœtale (gabarit) de l’évaluation « dynami-
que » (vitesses de croissance). Des exemples de standards de croissance statiques
et/ou dynamiques sont donnés pour le diamètre bipariétal (DBP), le diamètre
abdominal transverse (DAT), la longueur du fémur (LF), le périmètre crânien (PC) et le
périmètre abdominal (PA). La variabilité individuelle de croissance fait l’objet d’une
évaluation qualitative et quantitative. Son amplitude n’est pas constante au cours de
la gestation : la variabilité est faible au cours des deux premiers trimestres, mais très
importante au troisième. L’augmentation considérable de la variabilité en fin de
gestation remet en cause l’intérêt de la biométrie échographique du troisième
trimestre à 31 ou 34 semaines d’aménorrhée (SA) dans les populations à bas risque.
© 1999, Elsevier, Paris.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Guihard-Costa AM, Diversité des populations de référence
Thiebaugeorges O et Droullé P. Biométrie fœtale : standards de croissance et Les différences constatées entre les standards de croissance disponibles
croissance individuelle. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Gynécologie/Obstétrique,
5-013-C-10, Radiodiagnostic – Urologie-Gynécologie, 34-750-B-10, 1999, 19 p.
dans la littérature peuvent également avoir pour origine les différences
de structure des échantillons populationnels étudiés. Les différences
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Radiodiagnostic BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE 34-750-B-10
Recueil des données dans plusieurs maternités Recueil des données dans une seule maternité
croissance. distribuées selon la loi normale, établit la probabilité que la différence observée entre les deux
moyennes soit due au hasard. Cette probabilité est exprimée par la valeur de p. Une valeur de p faible
(par exemple 0,01) signifie qu’il est improbable (seulement 1 chance sur 100 dans cet exemple) que la
Grossesses multiples différence de moyenne observée soit due au hasard. Dans ce cas, on rejettera « l’hypothèse nulle » de
départ (pas de différence entre les échantillons) et on dira qu’il existe une différence significative entre
Les grossesses multiples font habituellement l’objet d’études séparées les deux moyennes. La limite supérieure de p au-delà de laquelle il est généralement admis que la
et ne sont pas incluses dans les échantillons servant à la construction des différence observée ne peut plus être considérée comme significative est de 0,05. Par exemple si p =
standards de croissance fœtale. 0,1, on considérera la différence observée comme non significative.
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350
Étude prospective ou étude rétrospective ? moyenne
340 médiane
L’étude prospective, qui permet de maîtriser du début à la fin les critères
de sélection des sujets inclus, semble a priori préférable. Toutefois en 25e percentile
330
pratique, une étude prospective pure, impliquant la constitution
définitive d’un échantillon de référence en début de gestation est 320
10e percentile
impossible à réaliser. Certains sujets doivent être exclus de l’étude en
cours de gestation en raison même des critères de sélection de 310
l’échantillon de départ. Par exemple, si l’on veut construire des fœtus fœtus
féminins masculins
standards n’impliquant que des sujets nés à terme (ce qui est souhaitable,
la prématurité pouvant altérer la croissance), il est évidemment 9 Médiane et moyenne : deux indicateurs distincts de la valeur centrale d’une
impossible de prévoir la composition de l’échantillon de départ. Ce distribution. Sur cette représentation sous forme de « boîtes » de la distribution du
rendement faible et incertain fait que l’on préfère, pour l’établissement périmètre abdominal (PA) d’un échantillon de nouveau-nés à terme, on remarque,
chez les filles comme chez les garçons, que la médiane ne coïncide pas avec la
des standards de croissance, les études rétrospectives aux études moyenne (distribution asymétrique) (d’après Guihard-Costa [19]).
prospectives.
En fait, la fiabilité de l’échantillon dépend beaucoup plus de la qualité et contraintes techniques du recueil de données : il est souvent difficile
de la précision des informations recueillies, que de l’origine prospective d’obtenir un échantillon suffisant pour que tous les paramètres
ou rétrospective des données. Il est sans aucun doute préférable de biométriques présentent une distribution normale. Dans ce cas, il existe
sélectionner des sujets au sein d’une base de données très large et un autre mode de description des données : les percentiles.
hétérogène, a posteriori, mais rigoureusement (selon des critères précis),
que de cumuler petit à petit des données dont les conditions de recueil Percentiles
sont mal maîtrisées. Les données que nous avons utilisées proviennent
d’une étude rétrospective. Le xe percentile est une valeur telle que, une fois les observations
ordonnées par ordre croissant, x % des observations soient situées au-
Études longitudinales ou études transversales ? dessous de cette valeur. Le 50e percentile ou médiane correspond à la
valeur qui divise la distribution en deux : 50 % des observations se
Dans les études longitudinales, le même fœtus est mesuré plusieurs fois. situent au-dessous de cette valeur et 50 % au-dessus.
Dans les études transversales, le même fœtus ne contribue qu’une seule Les percentiles décrivent mieux les distributions asymétriques (cas des
fois à l’échantillon de référence. L’inconvénient majeur des études petits échantillons). La médiane, notamment, n’est pas affectée par des
longitudinales est que les mesures successives d’un même sujet valeurs très élevées ou au contraire très faibles, comme c’est le cas pour
présentent entre elles une très forte corrélation. Ceci revient en fait à la moyenne. C’est une mesure plus sensible du centre de la distribution
diminuer l’information contenue dans les données recueillies, la lorsque celle-ci est très asymétrique.
variabilité naturelle de la population étant alors sous-estimée par la sur-
représentation de chaque individu. En fait dans toute étude Comparaison de la moyenne et de la médiane.
longitudinale, la taille véritable (utile) de l’échantillon est plus proche Écarts types et percentiles
du nombre de fœtus mesurés que du nombre d’observations collectées.
Il semble donc que des données transversales, correspondant à des sujets Lorsque les distributions ne sont pas normales (notamment dans le cas
si possible tirés au sort dans chaque classe d’âge soient préférables pour des échantillons d’effectifs réduits), médiane et moyenne ne coïncident
l’élaboration de standards de croissance. C’est le cas des courbes pas.
présentées (cf infra). Un exemple illustrant la différence entre la médiane et la moyenne est
représenté sur la figure 9. Il s’agit d’un échantillon de 27 fœtus
Moyenne et écart type (15 féminins et 12 masculins), mesurés en fin de gestation (38-39 SA),
extrait d’une base de données échographiques ayant servi à l’élaboration
Pour décrire les distributions successives des valeurs d’un paramètre de standards de croissance [19]. Les distributions du PA sont représentées
biométrique au cours de la gestation, on peut employer soit la moyenne sous forme de « boîte à moustaches ». Le milieu de la boîte représente le
(µ) et l’écart type (σ), soit les percentiles. 50e percentile, soit la médiane, les bords de la boîte représentent les
Lorsque la distribution des données est gaussienne (normale), la 25e et 75e percentiles, les deux extrémités des « moustaches ». La valeur
moyenne µ est l’indicateur de la valeur centrale de la distribution, et correspondant à la moyenne est indiquée par un trait à l’intérieur de la
l’écart type σ l’indicateur de dispersion de cette distribution. boîte.
L’intervalle compris entreµ ± 1 σ englobe environ 68,3 % des valeurs Dans cet échantillon d’effectif réduit, on remarque que moyenne et
de la distribution, µ ± 2 σ environ 95,4 %, et µ ± 3 σ environ 99,7 %. médiane ne coïncident pas chez les filles, comme chez les garçons. Ceci
L’utilisation de µ et de σ pour décrire la distribution suppose cependant est dû au fait que la distribution du PA n’est pas symétrique. La médiane
que les données mesurées soient distribuées selon la loi normale. Ce est décalée vers le bas, ce qui montre qu’il y a un plus grand nombre de
n’est pas toujours le cas des échantillons de données biométriques qui sujets ayant un PA faible qu’un PA élevé. De plus, chez les filles, la
peuvent se départir de la loi normale de deux façons : distribution est plus étendue dans les 50 % médians, ce qui montre une
– la distribution des données peut être bimodale (distribution présentant variabilité plus grande des filles dans les valeurs moyennes.
deux « clochers ») ; cette disposition évoque l’existence de deux groupes De même, il n’existe pas d’équivalent simple entre écarts types et
distincts au sein du même échantillon (échantillon hétérogène) ; percentiles.
– la distribution des données peut être asymétrique, avec un plus grand La plupart du temps, lorsque l’on représente les courbes de croissance
nombre de valeurs faibles ou de valeurs élevées ; c’est souvent le cas en moyenne et écart type, on définit la normalité de croissance comme
lorsque l’effectif de l’échantillon est petit ou moyen ; avec des effectifs située entre ± 2 σ. Lorsqu’on utilise les percentiles, on a coutume
élevés, l’asymétrie de la distribution disparaît et la distribution devient d’utiliser comme limites de normalité, soit les 10e et 90e percentiles, soit
normale (théorème central limite). les 5e et 95e percentiles, plus rarement les 3e et 97e percentiles.
Plus la distribution de la population dévie de la loi normale, plus Ces deux modes de représentation ne coïncident pas. Un exemple en est
l’effectif exigé pour une bonne approximation à la loi normale est donné sur la figure 10. Il concerne un échantillon de 490 fœtus décédés
important. En pratique, l’effectif des échantillons est limité par les provenant de la maternité de Port-Royal [24]. Les courbes de croissance
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pondérales correspondant à la µ ± 2 σ et celles qui correspondent aux 5e, d’exemple, la courbe standard de croissance du fémur représentée sous
50 e et 95 e percentiles du même échantillon ont été superposées forme de pourcentages de la médiane est reproduite sur la figure 19C.
(fig 10A) : les courbes des percentiles extrêmes ne coïncident pas avec
les courbes correspondant à 2 σ, car les premières englobent 90 % des Doit-on calculer séparément les standards de croissance
données et les secondes 95 %. Les 3e et 97e percentiles sont plus proches des filles et des garçons ?
des courbes correspondant à 2 σ, puisqu’ils englobent 94 % de la
distribution (fig 10B). Néanmoins, la correspondance reste imparfaite Dans notre échantillon, des différences sexuelles de croissance
puisqu’ils englobent encore 1 % de la distribution en moins que µ ± 2 σ. statistiquement significatives apparaissent dès 20-21 SA et augmentent
En fait, si l’on veut pouvoir comparer des courbes calculées à partir de µ graduellement avec l’âge. Elles concernent quatre des cinq variables
et σ avec des courbes de percentiles, il faut englober la même proportion étudiées : le DBP, le DAT, le PC et le PA, pour lesquelles on observe un
de la distribution. Si l’on trace µ ± 1,645 σ, on englobe bien 90 % de la taux de croissance plus élevé chez les fœtus masculins. En revanche, il
distribution, ce qui correspond aux 5 e et 95e percentiles (fig 10C). n’existe pas de différence sexuelle significative de LF. La connaissance
Néanmoins, comme c’est le cas ici, un décalage entre les deux modes de de cette différence sexuelle peut avoir une certaine importance pour le
représentation persiste souvent. Ceci est dû au fait que la distribution est diagnostic des RCIU dans les cas limites. C’est pourquoi nous avons
asymétrique : dans le cas présent, l’importance numérique des sujets complété les tableaux du PC et du PA en ajoutant les valeurs propres aux
présentant un retard de croissance décale les courbes de percentiles vers fœtus masculins et aux fœtus féminins à partir de 20 SA.
le bas entre 26 et 38 SA.
Lorsque l’on ne dispose pas d’échantillons d’effectifs très élevés Modélisation des données - Lissage des courbes
(plusieurs milliers de sujets), il est donc plus exact d’utiliser les
percentiles plutôt que les écarts types pour tracer les courbes standards, Modélisation mathématique de la croissance fœtale
parce qu’ils tiennent compte de l’asymétrie fondamentale des Il faut distinguer la modélisation des données longitudinales et la
distributions. modélisation des données transversales. La modélisation des données
Cependant les nécessités du diagnostic anténatal imposent une certaine longitudinales ne sera abordée que brièvement, puisque les standards
souplesse dans l’application de cette règle. En effet, le seuil de détection présentés ici concernent des données transversales.
de certaines anomalies rares de la croissance se situe bien en dessous du Concernant les données longitudinales, plusieurs modèles
3e percentile, qui est généralement le dernier percentile calculable. Par mathématiques ont été proposés pour ajuster les valeurs successives
exemple, le seuil de la microcéphalie est évalué en pratique à -3 σ pour d’une variable chez un même sujet. Les plus célèbres sont ceux de Deter
le PC, ce qui est inexprimable concrètement en terme de percentiles. En et Rossavik [10, 11, 38, 39, 40].
effet, µ ± 3 σ correspond à 99,7 % de la distribution, ce qui correspond à
moins de 0,15 % de la population atteinte de microcéphalie (et Pour les données transversales, les modèles le plus couramment utilisés
corrélativement 0,15 % atteinte de macrocéphalie) : il est sont des modèles de régression [12, 43] . Des modèles autres que la
matériellement impossible de calculer le 0,15 e percentile d’une régression ont également été développés : un aperçu de leur diversité en
distribution ! Le problème se pose également pour l’appréciation du est donné par Zeger et al [47] et Kokoska et al [28].
degré de micromélie observée dans des maladies osseuses Une équation de régression est calculée pour prédire une variable
constitutionnelles qui concernent une infime partie de la population : dépendante y à partir d’une variable indépendante x. Qu’il s’agisse
l’anomalie de croissance du fémur peut être trop importante pour que sa d’une régression simple, correspondant à un ajustement linéaire, ou
mesure soit exprimée en percentiles. d’une régression polynômiale, correspondant à un ajustement
Il paraît donc raisonnable de présenter les courbes standards de curviligne, l’équation de la courbe de régression est calculée par la
croissance sous forme de percentiles pour l’ensemble des paramètres méthode des moindres carrés. Le principe en est le suivant :
biométriques, ces courbes permettant de détecter toutes les formes de – soit la droite de régression y’ = a + bx (b est appelé coefficient de la
RCIU. Ces courbes de percentiles doivent être complétées pour régression) ;
certaines variables, comme le PC et la LF, par des courbes de moyennes – a et b sont choisis de telle sorte que la différence D = Σ (y-y’)2 soit
et écarts types (cf fig 19B, 20B). minimale, y étant la valeur observée pour un point xy, y’ la valeur prédite
L’utilisation d’une autre échelle de mesure, exprimée en multiple de la par l’équation ;
médiane, peut également être plus descriptive dans certaines affections – y-y’ correspond au résidu de y, représenté par la distance verticale qui
graves qui ne se réfèrent plus à la distribution de la population. À titre sépare le point considéré de la droite y’ = a + bx.
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0
• Comment choisir un modèle de régression et comment tester
– 250
sa validité ?
– 500
Le choix du modèle peut se faire dans un premier temps à partir du nuage
de points : un aspect linéaire orientera vers la régression linéaire, – 750
curviligne vers la régression polynômiale. Si le modèle polynômial
– 1 000
semble le plus adapté, le choix du polynôme peut se faire en – 500 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000
commençant par une équation de degré élevé (4 au maximum, les Ajustés
courbes de croissance n’ayant pas plus de trois points d’inflexion) et en
réduisant systématiquement le degré du polynôme. À chaque étape, il 12 Analyse des résidus correspondant au modèle d’ajustement de la figure 11. La
dispersion des résidus croît avec l’âge : la variance n’est pas constante.
faut tester le modèle de régression.
L’analyse des résidus permet de détecter les incompatibilités entre les
hypothèses de départ concernant la régression (variance constante, 1 750
résidus non corrélés) et les données. Elle permet également de tester 1 500
visuellement la linéarité et l’adéquation entre le type de régression choisi
(simple ou polynômiale) et les données. Les résidus sont reportés sur un 1 250
diagramme en fonction des valeurs ajustées ou en fonction du temps. Si 1 000
le modèle choisi est correct et les conditions d’analyse remplies, le
750
nuage de points ne doit présenter aucune forme particulière, les résidus
se répartissant en une bande horizontale de largeur constante. 500
Résidus
page 8
Radiodiagnostic BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE 34-750-B-10
2 500 2 500
1 500 1 500
par LOWESS (locally weighted regression scatter plot smoothing). Par Les mensurations fœtales Le taux de croissance d'un sujet
rapport aux méthodes de régression classiques, cette méthode, robuste d'un âge donné sont comparées entre deux mesures est apprécié
et peu sensible aux points aberrants, permet de mettre en évidence des à des valeurs standards par rapport à une courbe de référence
variations plus fines de la croissance, comme des changements de (ce taux dépend du délai entre les mesures)
rythme.
Lissage des courbes de percentiles standards Comparer aux vitesses Comparer à l'intervalle
moyennes des courbes de confiance des
Dans la littérature, la façon dont sont construites les courbes de longitudinales courbes de vitesse
croissance est rarement explicitée avec clarté. Notamment, le modèle transversales
mathématique ayant éventuellement servi à lisser les courbes est
rarement précisé. Évaluation « statique » Évaluation « dynamique »
du gabarit fœtal de la croissance fœtale
Dans le cas des courbes de percentiles, selon l’ajustement utilisé, on peut
obtenir des aspects très différents qui peuvent influencer l’appréciation 15 De l’évaluation statique à l’évaluation dynamique de la croissance fœtale (âge
de la pathologie éventuelle de chaque sujet reporté sur la courbe. Une gestationnel connu).
illustration en est donnée dans la figure 14. Elle concerne les poids de
naissance de 12 286 enfants [21]. Dans la figure 14A, le lissage des
percentiles a été effectué par une équation polynômiale d’ordre 2. Ce calcul des vitesses de croissance [16], appelée « méthode par intervalles
type de lissage ne convient visiblement pas. Il entraîne une sous- ». Elle est fondée sur l’estimation des pentes successives des droites de
estimation des RCIU, ou au moins des fœtus de petit gabarit, après 36 régression locale. La gestation a été divisée en intervalles égaux de 3 ou
SA, et une surestimation des RCIU de 26 à 29 SA. Les mêmes 4 semaines selon les paramètres, de façon à obtenir un effectif suffisant
percentiles sont beaucoup mieux lissés par des courbes polynômiales par intervalle (fig 16). Sur ce court laps de temps, la croissance est telle
d’ordre 3 (fig 14B). qu’un modèle de régression linéaire s’ajuste bien aux données. On peut
Ceci montre la nécessité de ne pas effectuer l’ajustement des données au ainsi calculer les pentes des droites de régression, c’est-à-dire les
hasard, mais de toujours vérifier visuellement que le modèle choisi « vitesses » de croissance dans chaque intervalle. Ces pentes sont
s’adapte parfaitement aux données initiales. calculées avec un intervalle de confiance fixé conventionnellement à
En résumé, l’appréciation de la qualité de l’ajustement est visuelle, mais 95 %. À titre d’exemple, sur la figure 16, les droites de régression du
doit être validée par l’analyse de régression. poids du corps par rapport à l’âge gestationnel [23] sont représentées, dans
trois intervalles : 18-22, 23-27, 28-32 SA. La pente de chaque droite
fournit la « vitesse » moyenne dans chacun des intervalles
De l’évaluation statique à l’évaluation dynamique (successivement : 73, 106, 146 g par semaine). Par convention, ces
de la croissance : les vitesses de croissance fœtale valeurs de vitesse de croissance sont reportées au centre des intervalles
(20, 25, 30 SA). L’ensemble des valeurs des pentes, reportées sur un
Les courbes de percentiles définissent des standards quantitatifs, c’est- même graphique en fonction de l’âge, constitue la « courbe de vitesse de
à-dire qu’elles permettent une évaluation statique des dimensions croissance » de la variable étudiée. S’agissant de données transversales,
fœtales à un âge donné, autrement dit l’appréciation du gabarit fœtal. cette courbe correspond en fait à la dérivée de la courbe de croissance
L’évaluation de la croissance d’un sujet donné se fait par comparaison moyenne de la population étudiée, et non à la moyenne des courbes de
des valeurs obtenues lors d’un seul examen aux valeurs de référence vitesse de croissance individuelles, comme dans le cas des données
définies par les standards. longitudinales.
Plus intéressante peut être l’évaluation dynamique de la croissance
(fig 15) : dans ce cas, non plus une seule, mais deux mensurations
successives sont prises en considération afin de déterminer un taux de Valeurs standards de croissance fœtale
croissance individuel, qu’il est facile de comparer à des taux de
croissance de référence. Dans ce deuxième cas, l’évaluation qualitative
de la croissance est évidemment bien meilleure. Standards pour l’évaluation statique
du gabarit fœtal
Évaluer la dynamique de croissance d’un sujet revient donc à déterminer
le taux de croissance d’un paramètre biométrique au cours d’un laps de
temps donné et à comparer ce taux aux valeurs moyennes de vitesse de Caractéristiques de l’échantillon de référence
croissance fournies par une courbe de vitesse de croissance de référence. Les standards présentés ici concernent 1 359 fœtus, âgés de 10 à 42 SA,
Les vitesses de croissance moyennes peuvent être obtenues par mesurés entre 1995 et 1997 à la maternité régionale de Nancy (France).
dérivation d’une courbe moyenne ajustée sur les données brutes L’étude rétrospective a été effectuée par tirage au sort des dossiers
(mensurations en fonction de l’âge). Mais dans ce cas, les vitesses médicaux, en ne prenant en compte qu’un seul examen par sujet
obtenues vont être différentes selon le type de modèle choisi pour (données transversales). Les courbes standards ont été établies sur la
l’ajustement. C’est pourquoi nous avons préféré une autre méthode de base des critères méthodologiques exposés ci-dessus.
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1 000
65
(2)
60
55
500 (1) 50
45
40
0 35
18 22 23 27 28 32
(1) (2) (3) SA 30
16 Une méthode de calcul des « vitesses » de croissance à partir de données 25
transversales concernant le poids du corps. La gestation est divisée en intervalles
égaux de 3 ou 4 semaines. Dans chaque intervalle (1,2,3), les vitesses (V1, V2, V3) 20
sont données par les pentes des droites de régression.
SA : semaines d’aménorrhée. 15
10 14 18 22 26 30 34 38 42
SA
Courbes de percentiles
17 Courbe standard de croissance du diamètre bipariétal (DBP), sexes
Les courbes de percentiles du DBP, du DAT, de la LF, du PC et du PA confondus. SA : semaines d’aménorrhée (courbes originales de AM Guihard-Costa
sont représentées respectivement dans les figures 17 à 21. Ces courbes et P Droullé [19]).
correspondent à des percentiles lissés ; le modèle d’ajustement est, selon
les cas, un modèle de régression polynômiale d’ordre 2 ou 3 (voir ci-
dessous). Pour faciliter le diagnostic des microcéphalies prénatales et 130
DAT (mm)
des micromélies, les courbes de croissance du PC et de la LF sont aussi percentiles 95
représentées sous forme de moyenne et écarts types (fig 19B, 20B) et 120 90
sous forme de multiple de la médiane pour LF (fig 19C). 75
110 50
25
Équations des courbes d’ajustement des percentiles
10
Pour permettre leur utilisation avec un autre jeu de données (population 100
5
différente), les équations des courbes d’ajustement des différents
percentiles pour les différentes variables sont reproduites dans le 90
tableau II (3) . Comme les distributions des variables ne sont pas
gaussiennes, les équations de lissage sont différentes d’un percentile à 80
l’autre.
70
Valeurs des moyennes, « écarts types » et percentiles
60
Ces valeurs sont reproduites pour chaque semaine de gestation et pour
chaque variable (tableaux III à XI).
50
Le terme « écart type » est volontairement indiqué entre guillemets,
parce qu’il correspond à l’écart type d’une population « théorique » 40
ayant la même moyenne que l’échantillon de référence, mais une
distribution normale, symétrique, ce qui n’est pas le cas de nos variables. 30
Analyse des courbes standards de croissance des différents
20
paramètres ; comparaison avec les autres standards
de la littérature ; intérêt médical
10
10 14 18 22 26 30 34 38 42
Diamètre bipariétal SA
La courbe est d’allure curviligne (fig 17). La dispersion des valeurs 18 Courbe standard de croissance du diamètre abdominal transverse (DAT), sexes
augmente peu jusqu’à 23-24 SA et beaucoup plus au-delà. Elle confondus. SA : semaines d’aménorrhée (courbes originales de AM Guihard-Costa
s’infléchit en fin de gestation. La distribution de la population est et P Droullé [19]).
pratiquement symétrique par rapport à la médiane. L’écart type croît
régulièrement avec l’âge.
D’une étude à l’autre, les différences sont très faibles, de l’ordre du
millimètre. Ces valeurs de référence sont fiables si l’on tient compte de
l’erreur absolue sur les mesures (environ 1 mm). Elles sont constantes Il n’existe avec certitude de différence sexuelle sur le DBP qu’au cours
d’une population à l’autre, à la différence des paramètres abdominaux et du troisième trimestre. Pour Moore et al [36], il n’existerait de différence
de la LF. sexuelle statistiquement significative du DBP que chez les fœtus les plus
gros (étude portant sur les moyennes des courbes longitudinales des
deux sexes). Mais pour Lévi et al [30, 31] comme pour Guihard-Costa et
Droullé [17], cette différence est significative dès 25 SA chez tous les
(3) Ces équations de lissages ont été calculées à l’aide du logiciel kaleidograph. fœtus.
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5 5
0 0
10 14 18 22 26 30 34 38 42 10 15 20 25 30 35 40
SA A SA B
80
LF (mm)
médiane
75
70
90%
65
60 80%
55
70%
50
45 60%
40
50%
35
30
25
20
15
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400
PC (mm) 340 moyenne et écart type
380 percentiles PC (mm) µ
320
360 95 µ – 2σ
90 300
340 75 µ – 3σ
50
320 25 280
10
300 5
260
280 240
260
220
240
200
220
200 180
180 160
160 140
140 120
120
100
100
80
80
60
60
40 40
10 14 18 22 26 30 34 38 SA 42 10 15 20 25 30 35 40
A SA B
20 Courbe standard de croissance du périmètre crânien (PC). SA : semaines d’aménorrhée (courbes originales de AM Guihard-Costa et P Droullé [19]).
A. Percentiles lissés.
B. Moyenne et écarts types.
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Radiodiagnostic BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE 34-750-B-10
Tableau II. – Équations de lissages des différents percentiles pour chaque variable.
Percentiles
5e 10e 25e 50e 75e 90e 95e
Variables
Tableau III. – Diamètre bipariétal (DBP), sexes confondus : moyenne, « écart Tableau IV. – Diamètre abdominal transverse (DAT), sexes confondus :
type » et percentiles par semaine d’aménorrhée (SA). moyenne, « écart type » et percentiles par semaine d’aménorrhée (SA).
DBP (mm) DAT (mm)
SA µ σ 5e 10e 25e 50e 75e 90e 95e SA µ σ 5e 10e 25e 50e 75e 90e 95e
10 12,5 13,1 15,7 16,6 17,3 17,7 17,8 11 12,0 12,7 13,5 15,8 16,3 17,4 17,8
11 15,7 16,3 18,7 19,6 20,4 21,0 21,3 12 18,7 1,9 16,0 16,4 17,5 19,5 20,3 21,6 22,1
12 21,5 1,6 18,9 19,6 21,6 22,7 23,6 24,3 24,7 13 22,7 2,4 20,0 20,1 21,4 23,2 24,3 25,7 26,3
13 25,1 1,9 22,1 22,8 24,7 25,9 26,8 27,7 28,2 14 25,6 2,1 23,0 23,7 25,3 26,9 28,1 29,7 30,4
14 28,3 1,9 25,4 26,1 27,8 29,1 30,1 31,1 31,7 15 29,8 2,1 27,0 27,3 29,1 30,6 32,0 33,6 34,4
15 32,5 1,7 28,6 29,4 30,9 32,3 33,4 34,6 35,2 16 34,2 2,8 30,0 30,8 32,8 34,2 35,7 37,5 38,3
16 36,5 2,4 31,9 32,7 34,1 35,5 36,7 38,0 38,7 17 38,3 2,8 34,0 34,4 36,4 37,8 39,5 41,3 42,2
17 39,3 2,4 35,1 36,0 37,3 38,8 40,1 41,5 42,2 18 41,6 2,8 37,0 37,8 40,0 41,4 43,2 45,0 46,0
18 42,5 2,3 38,4 39,2 40,5 42,1 43,4 44,9 45,7 19 45,7 2,5 41,0 41,3 43,5 44,9 46,8 48,7 49,7
19 45,8 2,0 41,6 42,5 43,7 45,4 46,8 48,3 49,2 20 48,9 2,7 44,0 44,7 47,0 48,4 50,4 52,3 53,4
20 49,0 2,2 44,7 45,7 46,9 48,6 50,1 51,7 52,6 21 52,9 3,3 47,0 48,0 50,4 51,9 53,9 55,9 57,0
21 51,8 2,7 47,8 48,8 50,0 51,8 53,4 55,1 56,0 22 55,8 2,9 50,0 51,3 53,7 55,3 57,4 59,4 60,6
22 54,7 2,4 50,9 51,9 53,1 55,0 56,6 58,4 59,3 23 59,1 3,1 54,0 54,5 57,0 58,7 60,9 62,8 64,1
23 57,3 2,6 53,9 54,9 56,2 58,2 59,8 61,7 62,6 24 62,8 3,2 57,0 57,7 60,2 62,0 64,3 66,3 67,6
24 60,3 2,5 56,8 57,8 59,2 61,2 63,0 64,8 65,8 25 65,4 3,5 60,0 60,9 63,4 65,3 67,7 69,7 71,0
25 63,6 3,1 59,6 60,7 62,1 64,2 66,0 67,9 68,9 26 67,9 3,4 63,0 63,9 66,5 68,5 71,0 73,0 74,5
26 66,9 3,1 62,3 63,4 65,0 67,1 69,0 70,9 71,9 27 70,5 3,3 66,0 66,9 69,6 71,7 74,3 76,4 77,8
27 69,1 2,7 64,9 66,1 67,8 69,9 71,8 73,8 74,7 28 73,9 4,3 69,0 69,9 72,6 74,8 77,5 79,7 81,2
28 72,7 2,9 67,4 68,6 70,4 72,6 74,6 76,5 77,5 29 78,3 4,0 72,0 72,8 75,6 77,9 80,8 83,0 84,6
29 76,0 3,1 69,7 71,0 73,0 75,1 77,2 79,2 80,2 30 80,2 4,2 74,0 75,6 78,5 81,0 83,9 86,3 87,9
30 76,5 3,7 71,9 73,3 75,4 77,6 79,7 81,7 82,7 31 84,3 4,2 77,0 78,3 81,4 83,9 87,1 89,6 91,3
31 80,2 3,0 74,0 75,4 77,7 79,8 82,1 84,0 85,1 32 87,0 3,9 79,0 81,0 84,2 86,8 90,2 92,9 94,6
32 82,2 4,4 75,9 77,4 79,8 82,0 84,3 86,2 87,3 33 90,4 5,0 82,0 83,6 87,0 89,7 93,2 96,2 97,9
33 84,4 3,3 77,7 79,3 81,7 83,9 86,3 88,2 89,3 34 94,5 5,1 84,0 86,1 89,7 92,5 96,3 99,5 101,3
34 86,3 3,4 79,2 80,9 83,5 85,7 88,1 90,0 91,2 35 96,0 5,2 86,0 88,5 92,5 95,2 99,3 102,9 104,6
35 87,4 3,7 80,6 82,4 85,2 87,3 89,8 91,6 92,9 36 98,3 7,0 88,0 90,8 95,1 97,9 102,2 106,2 108,0
36 88,0 3,8 81,8 83,7 86,6 88,6 91,2 93,0 94,4 37 101,2 6,4 90,0 93,1 97,8 100,5 105,2 109,6 111,4
37 89,3 3,8 82,8 84,8 87,8 89,8 92,5 94,2 95,7 38 102,3 7,0 92,0 95,3 100,4 103,0 108,1 113,0 114,8
38 90,8 4,3 83,5 85,7 88,8 90,7 93,5 95,1 96,7 39 104,2 7,8 94,0 97,3 102,9 105,5 110,9 116,4 118,3
39 92,0 3,6 84,0 86,4 89,5 91,4 94,3 95,8 97,6 40 111,2 6,8 95,0 99,3 105,4 107,9 113,8 119,9 121,8
40 91,9 4,2 84,3 86,9 90,1 91,9 94,8 96,3 98,2 41 110,0 7,1 105,0 106,2 110,0 113,8 115,0
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34-750-B-10 BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE Radiodiagnostic
Tableau V. – Longueur du fémur (LF), sexes confondus : moyenne, « écart Tableau VI. – Périmètre crânien (PC), sexes confondus : moyenne, « écart
type » et percentiles par semaine d’aménorrhée (SA). type » et percentiles par semaine d’aménorrhée (SA).
LF (mm) PC (mm)
SA µ σ 5e 10e 25e 50e 75e 90e 95e SA µ σ 5e 10e 25e 50e 75e 90e 95e
11 1,5 2,9 5,8 6,5 7,2 6,7 7,7 11 54,0 56,0 60,2 65,6 68,9 74,8 76,9
12 8,9 2,0 5,0 6,2 8,7 9,6 10,4 10,3 11,2 12 77,8 5,7 66,7 68,7 73,0 78,4 81,7 87,1 89,2
13 11,6 1,8 8,5 9,5 11,7 12,7 13,6 13,8 14,6 13 90,9 7,1 79,3 81,3 85,7 91,2 94,4 99,5 101,7
14 14,6 1,9 12,0 12,8 14,6 15,8 16,8 17,3 17,9 14 101,3 7,5 91,8 94,0 98,4 103,9 107,2 112,0 114,3
15 18,3 1,8 15,3 16,0 17,6 18,8 19,9 20,7 21,2 15 116,2 7,2 104,3 106,5 111,0 116,5 120,0 124,6 126,9
16 21,7 1,9 18,5 19,1 20,5 21,8 23,0 23,9 24,4 16 128,9 8,5 116,6 119,0 123,5 129,0 132,7 137,2 139,7
17 24,8 2,0 21,7 22,2 23,4 24,8 26,0 27,1 27,6 17 140,9 7,4 128,8 131,3 135,9 141,3 145,3 149,8 152,4
18 28,1 2,1 24,7 25,2 26,3 27,7 29,0 30,2 30,6 18 153,8 7,7 140,8 143,5 148,1 153,5 157,8 162,3 165,1
19 31,1 1,8 27,7 28,1 29,1 30,6 31,9 33,2 33,7 19 164,7 6,6 152,6 155,5 160,1 165,5 170,1 174,7 177,7
20 33,9 1,7 30,6 31,0 31,9 33,4 34,7 36,1 36,6 20 177,7 7,5 164,1 167,2 171,9 177,3 182,8 187,1 190,2
21 36,5 2,4 33,4 33,8 34,7 36,2 37,5 39,0 39,5 21 190,3 8,6 175,4 178,8 183,4 188,9 194,2 199,2 202,5
22 39,1 1,5 36,1 36,5 37,4 39,0 40,3 41,7 42,3 22 201,0 9,6 186,5 190,0 194,7 200,2 205,9 211,2 214,6
23 42,3 1,7 38,7 39,1 40,0 41,6 42,9 44,4 45,0 23 209,0 8,5 197,2 200,9 205,7 211,2 217,3 222,9 226,5
24 44,6 2,3 41,2 41,7 42,6 44,3 45,5 47,0 47,7 24 220,8 8,5 207,6 211,5 216,4 221,9 228,4 234,3 238,1
25 46,8 2,4 43,6 44,2 45,2 46,8 48,1 49,5 50,3 25 233,5 9,3 217,6 221,7 226,7 232,3 239,2 245,4 249,4
26 48,6 2,3 46,0 46,6 47,6 49,3 50,6 52,0 52,8 26 244,2 10,4 227,2 231,5 236,6 242,4 249,6 256,2 260,2
27 51,1 2,4 48,3 48,9 50,0 51,7 53,0 54,4 55,3 27 250,5 8,6 236,4 240,9 246,1 252,0 259,6 266,5 270,7
28 53,7 2,0 50,5 51,2 52,4 54,1 55,3 56,7 57,7 28 264,7 9,7 245,1 249,8 255,2 261,3 269,2 276,5 280,7
29 56,3 2,2 52,6 53,4 54,6 56,3 57,6 58,9 60,0 29 273,8 10,6 253,4 258,2 263,8 270,1 278,4 285,9 290,2
30 57,7 2,1 54,6 55,4 56,8 58,5 59,8 61,1 62,2 30 277,6 11,9 261,1 266,2 272,0 278,5 287,0 294,9 299,2
31 60,3 2,5 56,6 57,5 58,8 60,6 62,0 63,3 64,4 31 287,5 13,4 268,4 273,5 279,6 286,4 295,2 303,3 307,6
32 62,6 2,3 58,4 59,4 60,8 62,6 64,1 65,3 66,5 32 295,4 12,5 275,0 280,3 286,7 293,8 302,8 311,1 315,4
33 64,6 2,6 60,2 61,2 62,7 64,5 66,1 67,3 68,5 33 303,0 13,1 281,1 286,4 293,2 300,7 309,8 318,3 322,5
34 66,7 2,5 61,9 63,0 64,4 66,3 68,0 69,3 70,4 34 308,7 18,1 286,6 291,9 299,1 307,0 316,1 324,8 328,9
35 67,8 2,5 63,6 64,6 66,1 68,0 69,8 71,2 72,2 35 313,3 14,2 291,4 296,8 304,4 312,8 321,9 330,6 334,5
36 70,2 4,5 65,1 66,2 67,6 69,6 71,6 73,1 74,0 36 315,5 11,5 295,6 300,9 309,1 318,0 327,0 335,7 339,4
37 70,6 2,7 66,6 67,7 69,1 71,1 73,3 74,9 75,7 37 321,0 13,1 299,1 304,3 313,0 322,5 331,4 340,0 343,4
38 72,5 3,6 68,0 69,0 70,4 72,5 74,9 76,6 77,3 38 323,1 12,9 301,8 306,9 316,3 326,5 335,0 343,5 346,6
39 73,9 3,8 69,4 70,3 71,5 73,7 76,5 78,3 78,8 39 328,6 11,4 303,8 308,7 318,9 329,7 337,9 346,1 348,8
40 75,5 2,1 70,7 71,5 72,5 74,8 77,9 80,0 80,3 40 332,7 19,0 305,1 309,7 320,6 332,3 340,0 347,9 350,1
fœtus dont la croissance est la plus rapide. L’intervalle de confiance Pics de vitesse de croissance vers 15 SA
délimite en fait une zone à l’intérieur de laquelle les vitesses de
croissance des fœtus normaux peuvent varier. Les vitesses de croissance des dimensions linéaires diminuent
D’autres standards de vitesse de croissance ont été obtenus par globalement tout au long de la gestation. Leurs maxima de vitesse se
dérivation de courbes d’ajustement de données longitudinales. Les situent à la fin du premier trimestre, où un pic de vitesse de croissance
modèles d’ajustement des données longitudinales sont souvent des est visible sur les courbes, en moyenne vers 15 SA. Le fait que la vitesse
modèles calculés globalement sur l’ensemble des données, comme la de croissance moyenne soit maximale vers 15 SA signifie que le rythme
régression polynômiale [33]. Leur dérivation ne met en évidence qu’un de croissance très rapide qui caractérise la période embryonnaire se
ou deux points d’inflexion, à la différence de notre méthode qui rend prolonge durant tout le premier trimestre gestationnel.
mieux compte des variations successives des vitesses de croissance au
cours de la gestation. En revanche, ils fournissent une appréciation Vitesses de croissance au second trimestre
commode du « taux de croissance moyen » de chaque paramètre
biométrique en fonction du délai entre deux mesures. Durant le second trimestre (16 à 28 SA), la direction globale des
différentes courbes de vitesse de croissance reste la même : il n’existe ni
Courbes de vitesse de croissance accélération, ni rupture de pente importante. Le second trimestre
Les courbes de vitesse de croissance de trois dimensions linéaires (DBP, gestationnel apparaît donc comme une période de croissance
DAT et LF) sont représentées sur les figures 22 à 24. biométrique stable et continue, probablement liée à une stabilité des
modalités physiologiques de la croissance.
Analyse des courbes de vitesse de croissance des dimensions
linéaires Vitesses de croissance au troisième trimestre
La comparaison des courbes de vitesse de croissance des trois variables
(fig 22, 23, 24) permet de mettre en évidence plusieurs phases de Le troisième trimestre est marqué par de brusques changements de
croissance [20, 22, 23, 24]. vitesse de croissance (accélérations et décélérations) [20, 22, 23, 24].
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Radiodiagnostic BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE 34-750-B-10
Tableau VII. – Périmètre crânien (PC) : moyenne, « écart type » et percentiles Tableau IX. – Périmètre abdominal (PA), sexes confondus : moyenne, « écart
par semaine d’aménorrhée (SA) chez les fœtus masculins à partir de 20 SA. type » et percentiles par semaine d’aménorrhée (SA).
PC (mm) PA (mm)
SA µ σ 10e 25e 50e 75e 90e SA µ σ 5e 10e 25e 50e 75e 90e 95e
20 178,1 7,6 169,7 172,9 177,8 181,5 185,2 10 26,9 27,3 36,6 40,5 42,9 43,6 40,8
21 193,9 6,8 181,9 185,3 190,4 194,8 199,1 11 38,4 39,4 47,8 52,0 54,8 56,2 55,1
22 201,4 5,9 193,6 197,1 202,6 207,6 212,3 12 59,4 5,3 50,0 51,5 59,0 63,4 66,7 68,8 69,2
23 212,4 8,3 204,8 208,5 214,3 219,8 225,0 13 71,2 7,6 61,5 63,5 70,2 74,9 78,5 81,3 82,9
24 223,0 9,0 215,5 219,4 225,5 231,5 237,1 14 82,8 16,7 72,9 75,2 81,4 86,2 90,2 93,6 96,3
25 235,7 8,9 225,7 229,8 236,2 242,6 248,6 15 94,1 9,4 84,2 86,8 92,5 97,5 101,9 105,9 109,3
26 247,0 10,4 235,5 239,7 246,4 253,2 259,5 16 108,1 7,6 95,4 98,2 103,6 108,8 113,5 118,0 122,0
27 252,8 6,9 244,7 249,2 256,1 263,3 269,9 17 124,5 12,6 106,5 109,4 114,6 120,0 125,1 130,0 134,4
28 268,7 8,6 253,4 258,2 265,3 272,8 279,7 18 131,7 8,9 117,5 120,5 125,6 131,0 136,6 141,9 146,6
29 275,5 10,8 261,7 266,7 274,0 281,8 288,9 19 143,8 8,3 128,3 131,4 136,5 142,1 147,9 153,6 158,4
30 281,7 10,5 269,4 274,8 282,3 290,3 297,5 20 155,3 7,8 139,0 142,1 147,3 153,0 159,2 165,2 170,0
31 290,7 10,6 276,7 282,4 290,0 298,2 305,6 21 166,8 9,6 149,5 152,6 158,1 163,8 170,4 176,7 181,4
32 298,1 14,1 283,4 289,5 297,3 305,6 313,1 22 176,6 8,8 159,8 163,0 168,7 174,6 181,5 188,1 192,6
33 307,0 13,3 289,7 296,1 304,0 312,5 320,0 23 186,8 10,5 170,0 173,2 179,2 185,2 192,5 199,3 203,7
34 314,4 12,4 295,4 302,2 310,3 318,8 326,3 24 200,0 15,2 180,0 183,2 189,6 195,7 203,4 210,4 214,5
35 317,2 14,4 300,7 307,9 316,0 324,6 332,1 25 206,2 10,3 189,8 193,1 199,9 206,1 214,1 221,4 225,2
36 320,2 9,5 305,5 313,1 312,3 329,8 337,3 26 215,2 12,0 199,3 202,8 210,0 216,4 224,7 232,2 235,8
37 325,5 13,4 309,8 317,9 326,1 334,5 341,9 27 223,2 8,8 208,6 212,3 220,0 226,5 235,1 242,9 246,4
38 324,0 14,1 313,6 322,1 330,4 338,7 345,9 28 235,6 12,0 217,7 221,7 229,8 236,6 245,5 253,5 256,8
39 332,7 10,8 316,9 325,9 334,2 342,4 349,3 29 247,7 12,4 226,5 230,8 239,4 246,4 255,6 263,9 267,2
40 342,6 8,7 - 329,2 337,5 345,5 - 30 254,0 12,9 235,1 239,8 248,9 256,2 265,6 274,2 277,5
Tableau VIII. – Périmètre crânien (PC) : moyenne, « écart type » et 32 275,4 13,1 251,3 257,3 267,3 275,1 285,1 294,3 298,2
percentiles par semaine d’aménorrhée (SA) chez les fœtus féminins à partir 33 284,7 17,1 259,0 265,8 276,1 284,4 294,6 304,1 308,6
de 20 SA.
34 297,9 15,2 266,4 274,2 284,8 293,5 303,9 313,8 319,0
PC (mm)
35 305,2 17,8 273,5 282,3 293,2 302,4 313,1 323,3 329,5
SA µ σ 10e 25e 50e 75e 90e
36 311,3 20,2 280,2 290,3 301,4 311,1 322,0 332,7 340,1
20 177,0 7,3 164,9 169,0 174,8 179,6 183,9
37 321,6 17,7 286,6 298,1 309,3 319,6 330,7 342,0 350,8
21 186,3 8,7 176,6 181,4 187,0 192,2 197,0
38 321,1 22,0 292,6 305,8 317,0 328,0 339,2 351,0 361,6
22 200,5 12,1 187,7 193,3 198,7 204,4 209,5
39 356,0 20,6 298,2 313,3 324,4 336,1 347,5 359,9 372,6
23 206,2 7,6 198,5 204,6 209,9 216,0 221,5
40 345,5 21,9 303,5 320,6 331,5 344,0 355,5 368,7 383,7
24 219,1 7,7 208,8 215,4 220,7 227,2 233,0
41 347,0 - 308,6 327,8 338,4 351,8 363,4 377,3 395,0
25 230,6 9,2 218,6 225,7 231,0 237,8 243,9
34 302,9 21,0 287,4 295,0 301,9 311,1 318,3 À partir de 38-39 SA, une relance de la vitesse moyenne de croissance
est observée pour le PC, le DBP, la LF.
35 310,0 13,2 292,8 300,1 307,4 316,7 323,9
La période de gestation qui va de 35 SA à 41 SA apparaît donc comme
36 312,3 11,7 297,8 304,6 312,4 312,8 329,0 une période charnière où les modifications du rythme de croissance sont
37 316,8 11,2 302,3 308,7 317,0 326,5 333,6
liées à la naissance prochaine du fœtus. La chute brutale des vitesses de
croissance, suivie d’une nouvelle accélération, pourrait traduire les
38 321,1 10,9 306,4 312,2 321,0 330,6 337,6 rapports complexes et ambivalents du fœtus et du milieu intra-utérin
39 325,5 11,2 310,1 315,2 324,6 334,2 341,1 durant cette période : après 35 SA, les conditions de milieu semblent
plutôt défavorables à la croissance fœtale qui peut présenter cependant
40 322,6 23,0 - 317,7 327,7 337,4 - une reprise de croissance rapide.
page 15
34-750-B-10 BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE Radiodiagnostic
Tableau X. – Périmètre abdominal (PA) : moyenne, « écart type » et Tableau XI. – Périmètre abdominal (PA) : moyenne, « écart type » et
percentiles par semaine d’aménorrhée (SA) chez les fœtus masculins à partir percentiles par semaine d’aménorrhée (SA) chez les fœtus féminins à partir
de 20 SA. de 20SA
PA (mm) PA (mm)
SA µ σ 10e 25e 50e 75e 90e SA µ σ 10e 25e 50e 75e 90e
20 154,5 8,5 142,3 150,8 157,6 161,8 165,3 20 156,6 6,4 143,1 150,0 154,5 159,6 167,0
21 169,5 7,9 153,5 161,1 167,9 172,7 177,1 21 163,6 10,7 153,5 160,0 164,4 169,8 177,1
22 176,7 7,9 164,4 171,3 178,1 183,4 188,7 22 176,3 9,9 163,6 170,0 174,3 180,0 187,3
23 190,3 9,1 175,0 181,4 188,3 194,0 200,2 23 183,7 10,7 173,6 179,8 184,2 190,2 197,6
24 199,1 12,0 185,5 191,4 198,4 204,6 211,5 24 200,7 17,3 183,3 189,5 194,0 200,4 207,8
25 207,5 10,0 195,7 201,4 208,4 215,1 222,6 25 205,3 10,4 192,9 199,2 203,8 210,6 218,1
26 219,8 9,7 205,6 211,2 218,4 225,4 233,7 26 210,3 12,3 202,2 208,7 213,6 220,7 228,5
27 223,7 9,8 215,4 221,0 228,2 235,7 244,5 27 222,4 7,1 211,3 218,1 223,3 230,9 238,8
28 237,8 13,7 224,9 230,7 238,1 245,9 255,3 28 233,4 10,1 220,2 227,4 233,0 241,0 249,2
29 246,7 12,9 234,2 240,3 247,8 256,0 265,8 29 248,6 12,2 228,9 236,6 242,6 251,2 259,7
30 256,7 11,9 243,3 249,8 257,5 266,1 276,3 30 248,6 14,0 237,4 245,6 252,2 261,3 270,2
31 266,1 9,8 252,1 259,2 267,1 276,0 286,5 31 265,1 12,3 245,7 254,6 261,8 271,4 280,7
32 277,7 15,3 260,7 268,5 276,6 285,8 296,7 32 273,1 10,0 253,7 263,5 271,3 281,5 291,2
33 289,2 15,0 269,1 277,8 286,1 295,6 306,6 33 280,8 18,0 261,6 272,3 280,8 291,6 301,8
34 303,6 15,5 277,2 286,9 295,5 305,2 316,5 34 292,7 12,9 269,2 280,9 290,2 301,7 312,4
35 309,2 18,8 285,1 296,0 304,8 314,8 326,1 35 301,4 16,0 276,6 289,5 299,6 311,8 323,1
36 317,6 19,6 292,8 305,0 314,1 324,3 335,7 36 307,3 19,8 283,8 297,9 309,0 321,9 333,8
37 325,4 17,7 300,3 313,9 323,3 333,7 345,0 37 318,9 16,2 290,8 306,2 318,3 332,0 344,5
38 317,4 20,9 307,5 322,7 332,4 343,0 354,3 38 327,7 24,0 297,6 314,5 327,6 342,0 355,3
39 338,7 15,0 314,5 331,4 341,4 352,2 363,4 39 324,1 27,5 304,2 322,6 336,9 352,1 366,1
40 360,0 9,5 - 340,0 350,4 361,3 - 40 353,6 26,0 310,6 330,6 346,1 362,2 376,9
de la population à l’individu
4
Courbes standards de croissance et courbes de croissance
individuelles : un même modèle ? 3,5
L’utilisation des courbes standards pour la surveillance fœtale sous-
tend souvent un préjugé implicite : tous les fœtus eutrophiques 3
possèdent les mêmes types de courbe de croissance, la variabilité
interindividuelle restant faible. Dans cette hypothèse, les trajectoires
individuelles de croissance sont parallèles à la courbe standard 2,5
moyenne, toute déviation par rapport à cette dernière étant par définition
anormale, et peut-être à risque pathologique. Cette conception se trouve 2
remise en question par les résultats d’une étude de la variabilité de
croissance menée sur un échantillon de fœtus normaux. 1,5
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Radiodiagnostic BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE 34-750-B-10
5 100 90e
mm/semaine
4 90
10e
perc
85
3,5
80
3
75
2,5
70 sujet 4 (M)
2 sujet 19 (M)
65 sujet 17 (F)
sujet 22 (F)
1,5 60
1 55
25 27 29 31 33 35 37 39
SA
0,5
25 Variabilité de croissance du diamètre bipariétal (DBP). Les courbes de crois-
SA sance de quatre sujets normaux (en traits pleins) sont superposés aux percentiles de
0
8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 la courbe standard (en pointillé) (en cours de publication). SA : semaines d’aménor-
rhée ; perc : percentile.
23 Courbe de vitesse de croissance du diamètre abdominal transverse.
SA : semaines d’aménorrhée. En trait plein : courbe de vitesse moyenne ; en poin-
tillés : intervalle de confiance de 95 %. 115
50e
3,5 perc
93
82
2,5
sujet 4 (M)
sujet 19 (M)
2 71 sujet 17 (F)
sujet 22 (F)
1,5 60
25 27 29 31 33 35 37 39
SA
1
26 Variabilité de croissance du diamètre abdominal transverse (DAT). Les courbes
de croissance de quatre sujets normaux (en traits pleins) sont superposés aux
0,5 percentiles de la courbe standard (en pointillé) (en cours de publication).
SA : semaines d’aménorrhée ; perc : percentile.
SA
0
8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42
80 90e
24 Courbe de vitesse de croissance du fémur. SA : semaines d’aménorrhée. En LF (mm)
perc
trait plein : courbe de vitesse moyenne ; en pointillés : intervalle de confiance de 75
95 %.
10e
70 perc
Pour chacune des trois variables, les vitesses de croissance entre deux La vitesse de croissance moyenne du DBP décroît tout au long de la
mensurations successives ont été calculées pour chaque sujet au cours gestation (fig 28). La variabilité augmente avec l’âge, mais dans une
des intervalles suivants : 12-26, 26-34, 34-37,37-39 SA. Les moindre proportion que dans le cas du DAT : l’augmentation de la
distributions des vitesses de croissance dans chaque intervalle sont variance n’est statistiquement significative qu’entre les intervalles
représentées sous forme de « boîtes » (fig 28). 12-26 et 26-34 SA.
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34-750-B-10 BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE Radiodiagnostic
26-34
34-37
37-39
12-26
26-34
34-37
37-39
12-26
26-34
34-37
37-39
modifications rapides de l’environnement métabolique et endocrine
maternel en fin de gestation. Mais ces résultats suggèrent également que
28 Variations des distributions des vitesses de croissance du diamètre bipariétal les différences « héréditaires » de potentiel de croissance peuvent jouer
(DBP), du diamètre abdominal transverse (DAT) et du fémur au cours de la gestation. un rôle fondamental en fin de gestation. Les études biométriques qui
Les distributions sont représentées sous forme de « boîtes » dans chacun des
intervalles suivants : 12-26, 26-34, 34-37, 37-39 semaines d’aménorrhée (SA) (en concernent, non pas des paramètres biométriques isolés mais un
cours de publication). « gabarit global », permettent de redéfinir des seuils de normalité sur des
critères généraux qui peuvent tenir compte des potentialités héréditaires
de chaque individu. Le poids estimé et les « scores » biométriques
La vitesse de croissance moyenne du DAT (fig 28) diminue jusqu’à combinant plusieurs mensurations linéaires sont représentatifs du
l’intervalle 37-39 SA. Dans le même temps, la variabilité interindividuelle gabarit.
croît considérablement (la hauteur des boîtes augmente). Cette Implications pratiques de la variabilité individuelle pour le suivi
augmentation de la variabilité a été testée par un test F : les différences entre de la croissance fœtale
les variances des distributions dans les intervalles successifs sont toutes
Une conséquence pratique de l’augmentation de la variabilité en fin de
significatives (p < 0,05).
gestation est qu’il est hasardeux de prédire les caractéristiques
La vitesse de croissance moyenne du fémur décroît régulièrement tout biométriques d’un nouveau-né à terme, à partir d’échographies
au long de la gestation (fig 28). La variance augmente significativement pratiquées dans les deux derniers mois de gestation. Par exemple, en cas
d’un intervalle à l’autre, sauf pour le dernier intervalle (37-39 SA). de croissance « normale », il serait faux d’extrapoler les mesures
effectuées à la dernière échographie (habituellement 34 SA) pour en
Trajectoires individuelles de croissance et modélisation déduire le degré de corpulence du nouveau-né. Même lorsque la dernière
échographie est effectuée vers 37 SA, des changements de rythme de
Dans l’étude décrite ci-dessus, les profils de croissance apparaissent croissance peuvent encore se produire et modifier les caractéristiques
étonnamment diversifiés d’un individu à l’autre. Cependant, l’amplitude biométriques finales du fœtus. Ceci fait douter de l’intérêt de la
de cette variabilité n’est pas constante au cours de la gestation. biométrie échographique du troisième trimestre à 31 ou 34 SA dans les
Globalement, au cours des deux premiers trimestres gestationnels, la populations à bas risque.
dispersion des courbes est faible, même si les potentiels individuels de À l’inverse, une déviation modérée de la croissance, détectée après
croissance restent inconnus. Au cours de ces deux trimestres, il est 34 SA, peut parfois se corriger dans les dernières semaines. En d’autres
légitime d’ajuster chaque ensemble de données individuelles avec le termes, jusqu’à 34 SA, l’observation des courbes individuelles de
même modèle mathématique, par exemple celui de Deter et al [10]. croissance permet avec certitude une interprétation rétrospective de la
dynamique de croissance fœtale. En prospectif, au deuxième trimestre,
Au cours du troisième trimestre gestationnel, et singulièrement dans les le taux de croissance de ce trimestre est à peu près prévisible. Après 34
5 ou 6 dernières semaines de grossesse, une grande diversité de SA, les mêmes courbes ne peuvent plus être extrapolées.
dynamiques de croissance de chaque paramètre apparaît. On observe En résumé, dans la population à bas risque, la surveillance biométrique
également une dissociation des vitesses relatives de croissance des échographique ne présente pas d’intérêt après 34 SA, sauf s’il apparaît
différents paramètres biométriques chez un même individu une altération de la dynamique de croissance d’un ou de plusieurs
(changements de proportions). En effet, si pour l’ensemble de la paramètres au deuxième trimestre. Dans la population à haut risque, le
population on peut observer un ralentissement de la croissance des trois problème se pose de trouver un intervalle suffisant entre deux mesures
paramètres DAT, DBP et LF en fin de gestation, ce n’est pas le cas chez pour que toute altération de la dynamique de croissance soit
un certain nombre de fœtus, dont les vitesses de croissance sont soit significative. Le problème se pose également de déterminer le paramètre
stables, soit en augmentation, pour un seul ou pour l’ensemble des biométrique le plus pertinent pour assurer cette surveillance : si le poids
paramètres biométriques. La diversité des dynamiques de croissance estimé est le plus utilisé, le gain pondéral pourrait fournir une évaluation
individuelles rend en tous cas impossible l’utilisation d’un modèle plus sûre. En tout état de cause, en fin de gestation, la conduite
mathématique unique d’ajustement des données biométriques en fin de obstétricale est argumentée par d’autres moyens que la biométrie
gestation pour chaque paramètre. échographique.
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Radiodiagnostic BIOMÉTRIE FŒTALE : STANDARDS DE CROISSANCE ET CROISSANCE INDIVIDUELLE 34-750-B-10
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