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Département de Langue et Littérature Françaises

Filière : Etudes Françaises Année universitaire


2019/2020
Sociolinguistique - Module 35 :
Semestre VI

Professeur : M. Abdelhafid ARAHAL


Email. : arahal.abdelhafid@gmail.com
I- Introduction générale

1-Linguistique et sociolinguistique
2-Problématique de la sociolinguistique
3-Linguistique/ Sociolinguistique /sociologie du
langage
4-Macro-sociolinguistique et micro-sociolinguistique

II- Contact des langues

1-Bilinguisme
2-Bilinguisme et contact de langues
3-Type de bilinguisme
4-Diglossie
5-Diglossie / Bilinguisme

N.B.: Pour les titres supra, se référer à des séances de


cours présentielles effectuées.
III- Les emprunts du français en arabe dialectal
marocain (ADM)

1- Le Protectorat français.

a- Ouverture du Maroc à l’Europe


b- L’intégration linguistique
c- L’espagnol et le français.
d- Les emprunts à la langue française

IV- les emprunts sous forme de domaine


( voir la partie ci-jointe Format PDF)

1- L es critères de classification des emprunts.

Définition de l'emprunt

En termes plus simples, l'emprunt linguistique est le


fait d'utiliser un mot d'une langue dans une autre
langue.
Selon Deroy,

« L’emprunt est une forme d’expression qu’une


communauté linguistique reçoit d’une autre
communauté ».1

Toujours selon le même auteur, l'emprunt est


employé avec deux sens bien distincts :

« action d’emprunter » et « chose empruntée ».

L’emprunt fait partie des procédés par lesquels on


enrichit le répertoire lexical d’une langue. Il consiste à
faire apparaître dans un système linguistique donné
un vocable provenant d’une autre langue.

1- Deroy, L., L'emprunt linguistique, Paris, Les Belles


Lettres, 1956, p.18.
De la manière la plus générale, les emprunts, et
spécialement les anglicismes peuvent être
présentés par :

a) L'emprunt du sens:

Etant donné qu'il est impossible d'introduire un


mot nouveau, le locuteur qui n'est pas compétent
dans le domaine, croira facilement qu'il s'agit
d'une évolution du sens, chose habituelle au sein
de la langue maternelle. Ce type d'emprunt
n'affecte pas le système linguistique de la langue
emprunteuse. Par exemple, le mot attitude ayant
la signification de manière de tenir son corps,
posture a emprunté le sens de l’anglaise
orientation.
b- Le calque lexical:

c'est l'adaptation d'un mot ou d'une construction


étrangère qui suppose le fait de copier la
structure interne de certains mots étrangers et
leur transposition dans le matériel linguistique
autochtone. Donc, le calque est un emprunt par
traduction: haut-parleur du loudspeaker, guerre
froide du coldwar. La cause des calques est le
désir d'éviter une forme étrangère par purisme
ou par des tendances nationalistes.

c- l'emprunt lexical :

Il suppose le fait de prendre un lexème ou une


construction syntaxique spécifique d'une langue
étrangère. En comparaison avec le calque et
l'emprunt du sens qui sont partiels, l'emprunt
lexical est total.
d) L'emprunt morphologique:

est aussi un calque qui se base sur un système de


correspondances pas seulement entre les
thèmes, mais entre les préfixes et les suffixes.

e) L'emprunt phonétique: consiste dans la


prononciation erronée des mots empruntés.

f) L'emprunt graphique: consiste dans la


conservation de l'orthographe spécifique des
vocables empruntés.

Les linguistes font souvent la distinction entre les


emprunts nécessaires et les emprunts superflus.
Nous pouvons dire que les emprunts nécessaires sont
des termes qui s’imposent. Il s’agit fréquemment des
termes techniques relatifs à des réalités (concepts,
procédés, objets nouveaux, etc.) qui n’étaient pas
encore en usage par la communauté linguistique de
la langue d'accueil.

En effet, c’est souvent la réalité importée qui apporte


avec elle sa dénomination: (wifi, data show, USB key ;
a flash drive, etc.).

Notons que Le xénisme est considéré comme le


premier stade d’intégration d’emprunt:

Un xénisme est « «une unité lexicale constituée


par un mot d’une langue étrangère et désignant
une réalité propre à la culture des locuteurs de
cette langue »1

1 Dubois, J. et all., Dictionnaire de linguistique, Larousse,


Paris, 1994, p. 512.
7- L'interférence

Le contact entre le français et les langues utilisées


au Maroc a donné naissance au phénomène de
l'interférence.
En conséquence, Les phénomènes d’interférence
découlant du contact de langues relèvent des
études sur le bilinguisme.

D'après la conception de Weinreich, La langue qui


provoque l'interférence est la source d'interférence
(ou modèle), la langue qui la subit est la cible.

Weinreich, dans son ouvrage Languages in contact


(1953), a été le premier à catégoriser les
phénomènes d’interférences qui ont eu lieu quand
deux langues entrent en contact. (Voir la partie
consacrée aux interférences dans la référence
précitée)
Pour Mackey,

« l’interférence est l’utilisation d’éléments appartenant


à une langue tandis que l’on en parle ou que l’on en
écrit une autre » (1976, p.397).

En d'autres termes, un locuteur bilingue produit un


discours monolingue, en employant généralement une
langue, mais de temps à autre, des éléments d’une
autre langue apparaissent dans son discours.

Mackey, Grosjean ainsi que d'autres linguistes


s’accordent à dire que ce qui particularise les
interférences est qu’il s’agit d’un processus inconscient,
qui concerne l’alternance codique ou les emprunts, qui
semblent habituellement conscients et volontaires, et
qui apparait clairement dans les discours des bilingues.
Comme les emprunts, Les interférences
peuvent se manifester à différents niveaux
linguistiques : phonétique, grammatical,
lexical et sémantique.

L’interférence lexicale et sémantique


comprend notamment les phénomènes de
calques (lune de miel) ou de substitution de
mots simples.
1.9. EXERCICES :

- Quels sont les types d'interférence?

- Faites une comparaison entre l'emprunt et


l'interférence?

- Quelle est la distinction entre l'emprunt et


l'interférence lexicale?
2- Processus d’adaptation des emprunts

Les emprunts employés par la communauté


linguistique constituent selon Paradis des
adaptations off line. C’est-à-dire, la majorité de la
population ignorent la forme d’origine d’un
emprunt.

Paradis propose dans ses principes de la Théorie


des contraintes et stratégies de réparation ( TCSR)
des changements qui affectent les vocables de la
langue source lors de leur adaptation dans la
langue réceptrice :

« Lorsqu’un emprunt lexical contient des éléments


non tolérés dans la langue cible, ces éléments sont
modifiés en fonction des contraintes phonologiques
de la langue emprunteuse. Ces modifications, nous
les appelons adaptation ».1
PARADIS, C., « L’élision extraordinaire des gutturales pharyngales et laryngales dans les
emprunts et le principe de la non-disponibilité » Revue canadienne de linguistique, 1999,p.183.
Les processus d’adaptation subis par
les emprunts de l’ADM et l’amazigh au
Français sont en nombre de cinq :

1- Le changement syllabique;
2- L’emphase;
3- La gémination;
4- La dénasalisation;
5- Le dé-voisement.
Remplissez le tableau1 consacré aux
modifications que subissent les vocables
du français utilisés en arabe dialectal
marocain et en amazigh.

1-choisissez une seule langue et un seul


domaine
V. La variation (socio)linguistique

Les langues vivantes sont soumises à variation,


autrement dit, elles ne possèdent pas un
ensemble unique et stable de règles.
Il est absolument normal que les locuteurs d'une
langue puissent dire la même chose de diverses
façons.
Sur le plan phonétique, prenons l'exemple du
mot « Il m'a dit » ‫ قال لي‬en arabe dialectal
marocain. Il sera prononcé de manière différente
par les trois locuteurs :
- à Rabt « ‫ »قال لي‬est prononcé [qalli]
- à Marrakech, la même phrase est prononcée
[galli]
- à Fes, on entendra sans doute [alli].
Sur le plan lexical, plusieurs notions ont le même
référent (ex. « ville », « cité », « métropole »).

Au niveau syntaxique, plusieurs formulations sont


équivalentes (ex. «le thème», « le topique»).
1- Types de variation (socio) linguistique

Avec William Labov, le fondateur de


l'approche variationniste en
sociolinguistique, on distingue quatre types
de variation :

1.1. Variation diachronique

Elle porte sur l'évolution de la langue dans le


temps.
Pour Moreau, «La variation diachronique
est liée au temps ; elle permet de cotraster
les traits selon qu'ils sont perçus comme plus
ou moins anciens ou récents.»1

Moreau, M.L., Sociolinguistique: les concepts de base, Paris, P.


Mardaga, 1997, p. 284.
1.2. Variation diatopique

Elle permet d'identifier les variétés d'une


même langue sous un angle géographique.

D'après Moreau, « La variation diatopique


joue sur l'axe géographique ; la
différenciation d'une langue suivant les
régions relève de cette variation. Pour
désigner les usages qui en résultent, on parle
de régiolectes, de topolectes ou de
géolectes»1

Moreau, M.L., ibid., p. 284.


1.3. Variation diastratique

Selon Moreau, «La variation diastratique


explique les différences entre les usages
pratiquées par les diverses classes sociales. Il est
question en ce cas de sociolectes».1

1.4. Variation diaphasique

Elle concerne les usages différentes d'une


situation de discours à une autre.

«On parle de variation diaphasique lorsqu'on


observe une différenciation des usages selon les
situations de discours ; ainsi la production
langagière est-elle influencée par le caractère plus
ou moins formel du contexte d'énonciation et se
coule-t-elle en des registres ou des styles
différents».2

Moreau, M.L., ibid., p. 284.


Moreau, M.L., ibid., p. 284.
Labov l'appelle « variation stylistique ».
D'après lui, chaque locuteur apporte à son
langage une forme « d'auto-surveillance »
(d'autocontrôle) .

Il ajoute que : « La variation stylistique »


suit la même direction quelle que soit la
classe ; plus le contexte est « formel », plus
apparaissent, chez tous les locuteurs, les
variantes « de prestige » (celles que les
classes supérieures emploient le plus).

Labov W., Sociolinguistique, Paris, Minuit, 1976, p. 21.


1.5. La variation diagénique

La variation diagénique est la variation d’une


langue à l’intérieur d’une communauté
linguistique en fonction du genre. En d'autres
termes, elle concerne les différences de parler
relevées entre les deux sexes .

Ce qui permet de rendre compte que les hommes


et les femmes n'ont pas les mêmes
représentations linguistiques. A ce propos, la
sociolinguistique a forgé le terme « sexolecte ».
nous soulignons également qu'il existe une
dernière dimension appelée diamésique.
Elle porte sur les différences par rapport au
canal utilisé par les sujets parlants. Elle
permet notamment de mettre en lumière
les décalages entre le code oral et le code
écrit et de « prendre en charge les formes
liées aux nouvelles technologies [...]. »1

1- Blanchet, Ph,. et Bulot,T., Une introduction à la


sociolinguistique (pour l'étude des dynamiques de la langue
française dans le monde), Paris : Éditions des archives
contemporaines, 2013, p.48.
En se basant sur l’ouvrage de Blanchet et Bulot1,
Donnez un exemple de la variation phonique
dans un contexte socio-linguistique marocain.

Rappel : L’étude de Blanchet et Bulot a fait l’objet


d’un cours en présentiel.

1- Blanchet, Ph,. et Bulot, T., Une introduction à la


sociolinguistique (pour l'étude des dynamiques de la
langue française dans le monde), Paris : Éditions des
archives contemporaines, 2013.
VII. L'enquête socio- linguistique

La sociolinguistique est un grand domaine de


recherche. Elle se base sur l'enquête pour avancer
dans une science humaine qui comporte un grand
nombre de données expérimentales. En
sociolinguistique, pour faire des enquêtes on
procède par questionnaires et par entretiens
(interviews). On procède également par
enregistrement dans des enquêtes phoniques
(phonétique ou phonologique). Nous citons, par
exemple, les enquêtes portant sur la variation
(socio) linguistique.

A ces techniques utilisées dans l'enquête socio-


linguistique, on a également recours à la
recherche bibliographique, l'observation directe,
l'observation participante...
Une enquête est une opération qui a pour
but la découverte de faits, l'amélioration des
connaissances ou la résolution de doutes et
de problèmes.

Toute enquête a pour but, évidement, de


recueillir des données afin de les analyser.
Après la collecte des données (la fin de
l'enquête), débute le travail minutieux de
découpages, de classements, d'analyse,
d'interprétation, etc.
1. L' enquête par questionnaire

1.1. Définition

L’enquête par questionnaire est un outil


méthodologique d’observation qui comprend un
ensemble de questions s’enchaînant de façon
structurée et logique. Ce type d’enquête à pour
objectif d'obtenir des données statistiques
quantifiables et comparables sur une population
bien déterminée.

Tout questionnaire d'enquête a une introduction


présentant le but de la recherche. Les questions
pourront être divisées en grandes parties (par des
titres).
Les questions peuvent être ouvertes : Elles
demandent une réponse libre ou fermées: elles
demandent une réponse fixe unique ou multiple.

a- Exemple de question ouverte : Que pensez-


vous de l'enseignement au Maroc ? (Réponse :
libre)

b- Exemple de question fermée : Pour vos


démarches administratives, utilisez-vous le
français ? (Réponse : OUI - NON)

c- Exemple de question fermée multiple : Pour vos


démarches administratives vous utilisez :
(Réponse : l'arabe dialectal marocain, l'amazigh, le
français, autres).
1.2. Réaliser un questionnaire d'une enquête
sociolinguistique

Réaliser une enquête de terrain consiste à


interroger les enquêté.e.s visé.e.s au moyen d'un
questionnaire.

Ce travail consiste à :

a- Choisir un échantillon de personnes à


questionner,
b-Définir le type de questions à poser : questions
fermées, ouvertes...
c-Structurer le questionnaire,
d- Déterminer l'endroit où doit se dérouler
l'enquête (le terrain d'enquête),
e- Réaliser l'enquête : choix de la période (date),
des enquêtés, etc.
f- Organiser les données, les analyser et traiter les
résultats ...
2. Objectif de l’enquête par questionnaire

L’objectif des enquêtes par questionnaire


est d’observer, d’analyser et comprendre
une tendance, un comportement global, un
phénomène sociolinguistique (ou un autre
domaine de recherche) en se basant sur les
données collectées.
3. L'enquêteur

L'enquêteur est un collecteur de données. Il


travaille au moyen d'enquêtes spécialisées
dans les divers domaines sociolinguistique,
social, économique, anthropologique ...

L'enquêteur prend connaissance de la


méthodologie de l'enquête, des consignes et
du matériel disponible pour recueillir les
données.
4. enquêté, enquêtée

Une enquête directe a pour but de s’adresser et


d’interroger directement les personnes sollicitées
dans le cadre d’une étude précise. Autrement dit,
c’est une étude au cours de laquelle l’enquêteur
va s’adresser directement aux interrogés, afin que
les réponses soient spontanées. Ces derniers sont
appelés des enquêtés ou des informateurs .

Selon le TLFi : INFORMATEUR, -TRICE,

"ETHNOL., LING., SOCIOL.:Personne choisie en


raison de son appartenance à une communauté
ethnique, linguistique ou un groupe social pour
fournir des renseignements à une enquête".

Pour plus de détails à ce propos, veuillez consultez:

Blanchet, A., et Gotman, A., L’entretien: L’enquête et ses


méthodes. Paris: Armand Colin, 2010.

Vilatte, J. C., Méthodologie de l’enquête par questionnaire.


Laboratoire Culture & Communication Université d’Avignon, 2007.
(Voir la partie : Les emprunts
du français en arabe
dialectal marocain (pp17-23).
IX. NORMES D'UNE LANGUE

1- Les types de normes

Marie-Louise Moreau Propose un modèle à cinq


types basé sur une double conceptualisation de la
langue, courante en sociolinguistique.

Selon Moreau, il existe cinq types de normes :

1- les normes objectives;


2- les normes descriptives;
3- les normes prescriptives;
4- les normes subjectives;
5- les normes fantasmées.

Pour les détails voir : Moreau, M.L., Sociolinguistique: les


concepts de base, Paris, P. Mardaga, 1997.
X. La notion de communauté linguistique

La « communauté linguistique », est


généralement considérée comme un
groupe d'individus utilisant le même outil
linguistique (langue ou dialecte) dans un but
communicatif.

D'après les sociolinguistes, la notion de


communauté linguistique constitue un point
d’ancrage principal pour l’observation et
l’analyse des phénomènes linguistiques et
sociaux puisque c’est à l'intérieur de cet
espace de pratiques/usages et de
représentations partagées, socialement
structuré, qu’il peut analyser la relation
entre langues et sociétés.
Pour Martinet,

« la notion de communauté linguistique est non


seulement utile, mais inévitable dans notre
discipline dès qu’une langue est conçue comme un
instrument de communication s’adaptant aux
besoins du groupe qui l’utilise : "communication"
implique "communauté" ».1

1-MARTINET A., Langue et fonction, Paris, Gauthier/Denoël, 1967.p. 130.

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