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UNIVERSITÉ SULTAN MOULAY SLIMANE

FACULTÉ DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES


BENI MELLAL

Morphosyntaxe II

La phrase complexe
Professeur: Rachid JAMA
2019/2020
Bibliographie
u Dubois, J et al. Grammaire, Larousse, Paris, 1995.
u Dubois, J et Jouannon,G. Grammaire et exercices du français, Larousse, Paris, 1956.
u Dubois. J et al. Grand dictionnaire : Linguistique et sciences du langage. Larousse, Paris
2007.
u Grevisse,M. Corrigé des exercices de grammaire française, de boeck, Bruxelles, 2005.
u Grevisse,M. Le bon usage ; Duculot, Paris, 1993.
u Hamon, A. Guide de grammaire, toutes les règles indispensables pour éviter les pièges,
Marabout, France, 1989.
u Rigel,M., Pellat. J-C. et Rioul .R. Grammaire méthodique du français, PUF, Paris 2009.
u Souché, A et Lamaison.J. La grammaire nouvelle et le français, Nathan, Paris, 1955.
u Wagner, L et Pinchon. J. Grammaire du français classique et moderne, hachette, Paris,
1991
Bibliographie

u Dubois, J et al. Grammaire, Larousse, Paris, 1995.


u Dubois, J et Jouannon,G. Grammaire et exercices du français, Larousse, Paris, 1956.
u Dubois. J et al. Grand dictionnaire : Linguistique et sciences du langage. Larousse, Paris
2007.
u Grevisse, M., 1975, Le bon Usage, Gembloux (Belgique), Duculot.
u Grevisse, M., A., Goosse, 1989, Nouvelle Grammaire Française, Duculot, Paris.
u Grevisse,M. Corrigé des exercices de grammaire française, de boeck, Bruxelles, 2005.
u Grevisse,M. Le bon usage ; Duculot, Paris, 1993.
u Hamon, A. Guide de grammaire, toutes les règles indispensables pour
éviter les pièges, Marabout, France, 1989.
u Rigel,M., Pellat. J-C. et Rioul .R. Grammaire méthodique du français, PUF,
Paris 2009.
u Souché, A et Lamaison.J. La grammaire nouvelle et le français, Nathan,
Paris, 1955.
u Wagner, L et Pinchon. J. Grammaire du français classique et moderne,
hachette, Paris, 1991
2. Les complétives
2.1 Définition

La complétive est une proposition subordonnée ou une proposition dépendante


d’une proposition principale. Elle appartient à la classe des substantives car elle
assume les mêmes fonctions syntaxiques que le substantif.

Elle peut être sujet, COD, COI, attribut, complément de nom ou apposition.
2.2 La dénomination complétive
Certains grammairiens se servent de la notion complétive pour désigner toute sorte de
proposition : proposition sujet, objet, attribut, circonstanciel, relative.
La complétive a, dans ce cas, le sens de compléter ou de complétude ou en d’autres termes
expansion propositionnelle. D’autres réservent le terme « complétive » aux seules
propositions qui jouent le rôle de sujet, d’objet, d’attribut, ou de complément de nom, à
savoir les conjonctives par que, les infinitives et les interrogatives indirectes.
La littérature se sert du terme « complétive » pour désigner une proposition qui s’enchâsse à
la place d’un SN de la proposition de base.
2.3 La transformation complétive : complétivisation

25- Marie pense que Luc a acheté ces tableaux.

26a- Marie pense ceci.

b- Luc a acheté ces tableaux.

P2 sera enchâssée par le biais du marqueur que dans la proposition P1. L’enchâssée se substitue au
morphème ceci constituant du SV de la proposition principale P1 « Marie pense ceci ». Son point
d’enchâssement est le SV de P1. Etant donné que l’élément auquel elle s’est substituée, a la fonction de
COD du verbe principal « penser », la constituante ; c’est-à-dire l’enchâssée, porte la même fonction
syntaxique que l’élément auquel s’est substitué (COD). La transformation complétive consiste à
substituer P2 à un SN constituant de P1
2.4.1 Complétive sujet
2.4.1.1 Forme et position

La complétive sujet est introduite par que.

27a- Que Marie ait dit cela inquiète Paul

27a- [P1 [P2 Que Marie ait dit cela P2] inquiète Paul P1]

SN sujet de V1 = P2

Que tu t’absentes régulièrement ne me plait pas

b- [P1 [P2 Que tu t’absentes régulièrement P2] ne me plait pas P1]

SN sujet de V1 = P2
Dans le cas des phrases (27a-b), la complétive introduite par que apparaît dans la position du sujet,
autrement dit, elle est antéposée au verbe principale. Cependant, dans certains cas, la complétive sujet
est rejetée en fin de phrases. Ces cas peuvent être déterminées comme suit :

a. Si la principale est une interrogative de portée partielle introduite par que complément d’objet
direct.

28- [P1 Que signifie [P2 que l’existence précède l’essence P2] P1]

b. Dans les structures attributives elliptiques du verbe « être » introduite par quel.

29a- [P1 Quel malheur [P2 que vous soyez arrivé en retard P2] P1]

st attributive sujet
La forme de base de la phrase (29a) est la structure (29b).

29b- [P1 Que vous soyez arrivé en retard [P2 est un malheur P2] P1]

SN sujet = P2 V attribut
1.4.1.2 Le mode
Le verbe support dont la complétive sujet est toujours à un mode personnel.

On appelle modes personnels les modes du verbe qui comportent les flexions
indiquant le temps et la personne grammaticale. L’indicatif, le subjonctif, le
conditionnel, l’impératif sont des modes personnels.

Par contre, dans le cas des modes impersonnels, le verbe ne porte pas une
flexion qui indique la personne. L’infinitif, le participe et le gérondif sont des
modes impersonnels.
Remarque
La complétive peut accompagner un verbe impersonnel ou une locution de forme
impersonnelle

30a- [P1 Il est certain [P2 que Jean viendra P2] P1]

b- [P1 Il convient [P2 que vous alliez à la bibliothèque P2] P1]

il = sujet grammatical / apparent

P2 = sujet logique de il convient / complément du sujet non référentiel il


Par contre, si le support contient l’idée d’incertitude, d’obligation ou de
possibilité ou s’il exprime un sentiment (sentiment de joie, de peur, de regret)
le subjonctif est employé.
31a- Il est triste que Pierre ait perdu son père.
V support de sentiment subjonctif
b- Il est douteux que Marie réussisse.
V support de doute ( subjonctif)
c- Il se peut que je vienne demain.
V support de possibilité (subjonctif)
2.4.2 La complétive complément d’objet
2.4.2.1 Forme et position
La complétive complément d’objet direct ou indirect se subdivise en deux groupes :

Celles dont le verbe support exprime :

une affirmation, c’est-à-dire une déclaration (affirmer, dire, déclarer), une connaissance
(apprendre, savoir), une opinion (croire, penser)

32a- Marie affirme que Jean partirait.

b- Pierre a appris que Luc était complice.


La volonté, c’est-à-dire le désir ou la crainte (désirer souhaiter, craindre…), le
commandement (ordonner commander), l’interdiction ou la permission
(défendre interdire, permettre, etc.)

33a- La mère désire que son bébé dorme.

b- Il permet que vous restiez.


Le sentiment de joie (se réjouir), de tristesse (être triste), d’étonnement
(admirer), de regret (regretter).

34- Marie regrette que sa sœur ait commis une telle maladresse.
Les complétives appartenant à ce groupe sont introduites par le marqueur que ou par une
locution conjonctive de forme :

prép + ce + que

Les prépositions les plus employées sont à et de et les moins employées sont sur et en.
35a- Il tient à ce que le travail soit terminé aujourd’hui.

b- Le professeur se plaint de ce que ses étudiants ne soient pas assidus.

c- Ils s’accordent sur ce que certaines mesures doivent être prises.

d- Le progrès social a consisté en ce que les sociétés ont rétrogradé dans


l’échelle de l’animalité.
Dans le cas ou le verbe support transitif indirect est suivi d’une complétive
introduite par que, on suppose que la séquence prép + ce + que existe en
profondeur et une transformation d’effacement s’applique pour donner une
construction directe en surface.
36a- Marie a peur de ce que Pierre ne vienne pas.

b- Je m’attends à ce que tu fasses des remarques à Jean.

Après l’effacement de la séquence de ce dans les phrases (36a-b), on obtient :

37a- Marie a peur que Pierre ne vienne pas.

b- Je m’attends que tu fasses des remarques à Jean.


Remarque :

Les présentatifs voici et voilà formés sur l’impératif de voir + l’adverbe de


lieu ci et là garde une valeur verbale se rattachant à la série des verbes qui
expriment la connaissance, la complétive qui les suit est analysée comme étant
un COD, dans certaines analyses cependant, on dit qu’il s’agit de la séquence
du présentatif.
38- [P1 Voilà [P2que la situation s’améliore P2 ] P1]

présentatif P2= COD (séquence du présentatif)


2. Les complétives dont le verbe support
est un verbe d’interrogation.

La complétive dont le support est un verbe à sémantisme interrogatif est connue


sous le nom de l’interrogative indirecte. Quand la complétive interrogative
indirecte est totale, elle est toujours introduite par le marqueur si, morphème qui
supplée à l’inversion du sujet ou à la locution interrogative est-ce que qui
caractérise l’interrogation directe.
Remarque :
Il ne faut pas confondre le subordonnant si introduisant une interrogation avec
le si introduisant une hypothèse. L’hypothétique par si a les caractéristiques
suivantes :

elle n’admet pas les temps en rai(s)

39a- Jean se réjouira si Marie réussit.

b- *Jean se réjouira si Marie réussira.

c- *Jean se réjouira si Marie réussirait.

elle peut s’antéposer à la principale


Les mêmes morphèmes qui introduisent une interrogative directe de portée partielle
peuvent être employés pour enchâsser une interrogative indirecte toujours de portée
partielle dans une proposition principale. Seul le morphème que est précédé dans le cas
de l’interrogative indirecte de l’élément ce qui lui sert de support.

40- Si Marie réussit, Jean se réjouira.

La complétive par si n’a ni la première caractéristique ni la seconde.

41a- Jean veut savoir si Marie réussira.

b- Jean voulait savoir si Marie réussirait

c- *Si Marie réussira Jean veut savoir


42a- Je demande ceci.
b- Que fais tu ?
La transformation d’enchâssement donne :
42c- Je demande ce que tu fais.
De même pour les phrases (43a-b)
43a- Pierre veut savoir ceci.
b- Quand Marie partira-elle ?
La transformation d’enchâssement P1 dans P2 donne :

43c- Pierre voulait savoir quand Marie partira.

La transformation de substitution : futur simple → futur du passé

43c- Pierre voulait savoir quand Marie partirait.


Remarque :
Devant les subordonnées introduites par ce dont, ce que, ce qui, et dont le support est un
verbe d’affirmation de type « dire », « penser », « voir », exprimant une idée d’interrogation,
les grammairiens hésitent à faire le partage entre propositions relatives et propositions
interrogatives indirectes. Certains considèrent les séquences ce que, ce dont, ce qui, comme
des éléments inséparables et que l’élément ce a la valeur d’un démonstratif qui joue le rôle de
l’antécédent du morphème suivant. La subordonnée introduite par l’un de ces morphèmes
dont, que, qui, est analysé comme étant complément de l’antécédent ce.

44- [PJ’ignore ce [P2 que vous faites P2] P1]


Ce : pronom démonstratif antécédent du pronom relatif que.

Que : pronom relatif ayant comme antécédent le pronom démonstratif ce.

P2 : complément de l’antécédent.

L’interrogation indirecte a la même mélodie qu’une phrase affirmative. Si la


portée est totale, l’inversion du sujet est exclue. On peut rencontrer
l’inversion du sujet si l’interrogation est de portée partielle et que le sujet
est différent des pronoms ce et on

45- [P1 Je me demande [P2 ce que peut-être l’objet de votre visite P2] P1]
L’inversion est d’usage avec les morphèmes qui, quel attribut et avec où
si le sujet n’est ni un pronom personnel ni on ni ce.

46a- [P1 J’ignore [P2 quel est le menteur P2] P1]

adjectif interrogatif attribut du sujet « menteur »

b- [P1 Il veut [P2 savoir [P3 qui était Max P3] P2] P1]

P2 = COD du verbe vouloir / P3 : COD du verbe savoir


Quel que soit le morphème qui l’introduit, la complétive « objet » suit la
principale. Elle peut cependant, pour des raisons stylistiques (effet d’attente, de
surprise), lui être antéposé et elle est dans ce cas reprise dans la P1 par un
pronom personnel neutre.

47a- [P2 Que Pierre remporte la victoire P2], [P1 personne ne l’admettra P1].

P2 = complétive COD antéposé / disloqué.

L’ = pronom neutre ayant comme antécédent P2. Il hérite la fonction d’objet.


2.4.2.2 Le mode dans les complétives COD

Selon la typologie du support, le verbe de la complétive peut-être au subjonctif ou


à l’indicatif :

Le support est un verbe d’affirmation

l’indicatif est employé après les verbes support de modalité affirmative, positive
qui expriment une déclaration, une connaissance ou une opinion.

48a- Je savais que Pierre viendrait / viendra.

b- Il a dit que Jean était parti.

c- Pierre pense que sa fille est sérieuse.


Les verbes de complétives qui suivent les présentatifs voici, voilà sont également à
l’indicatif. Voici et voilà sont dérivés du verbe voir à l’impératif suivi de l’un des
adverbes de lieu ci et là. Dans ce cas, l’emploi de l’indicatif s’explique par le fait
que le verbe voir exprime la connaissance.

49- Voici que le printemps me soumettra et m’enchantera.

Si le fait exprimé par les verbes d’affirmation est nié ou considéré comme
douteux, le subjonctif s’emploie. La négation est exprimée soit par le sens du verbe
soit par l’adverbe de négation.

50a- Je ne pense pas que Marie ait insulté Max.

b- Jean doute que Marie ait insulté Max.


De même si la principale est de modalité interrogative positive, le verbe de la
subordonnée est au subjonctif comme c’est le cas dans les exemples suivants :

51a- [P1 Crois-tu [P2 que Marie ait insulté Marc ? P2] P1]

b- [P1 Pourquoi pensez-vous [P2 que Luc ne soit pas sérieux ? P2] P1]

Nous avons dégagé en (b) les caractéristiques qui déterminent l’emploi du


subjonctif dans la subordonnée. Cependant, en dépit de la présence de l’une des
caractéristiques, on peut employer l’indicatif dans la subordonnée si l’idée
affirmative du verbe domine.
52a- Jean ne croit pas que Max était invité.

b- Croyez- vous que Max était invité ?


Dans le cas de la phrase (52a), l’indicatif s’emploie dans la subordonnée malgré
le caractère négatif de la principale. Dans le cas de l’exemple (52b), la principale
est à la forme interrogative et la subordonnée contient un verbe employé à
l’indicatif.
Ces exemples montrent bien que le choix du mode à employer dans la
subordonnée est déterminé par l’intention du sujet parlant.
L’indicatif s’emploie dans la subordonné dans les contextes suivants :
Si le verbe de doute ou de sens négatif est nié.
53- Je ne doute pas que Marie viendra.
négation + doute → emploi de l’indicatif dans P2
Quand l’interrogation est négative ou qu’elle équivaut à une
affirmation.
54- Ne croyez-vous pas que Marie a eu raison ?
Si la complétive précède la principale où elle se trouve reprise par un pronom
neutre ou un pronom adverbiale, l’affirmation reste en suspens et demeure dans le
domaine de ce qui est possible, éventuel, d’où l'emploi du subjonctif
55a- [P2 Que la charité soit le synonyme de l’amour P2], [P1 tu ne le savais pas P1]
b- [P2 Que Pierre remporte la victoire P2], [P1 personne ne l’admettra P1]
La phrase (55a) est le résultat d’une transformation de dislocation. La
transformation en question déplace la complétive objet direct du verbe principale
par le pronom neutre le. Le quel pronom assume la fonction de COD. Dans les
constructions de ce type, la réalisation du procès exprimé par le verbe
subordonnée relève du domaine du possible, de l’éventuel. C’est ce qui explique
l’emploi du verbe en question au subjonctif.
2. Le support est un verbe de volonté ou de sentiment
Si le verbe support exprime une volonté, un désir, une interdiction, un commandement, un
sentiment (de joie, de peur, de tristesse). Le subjonctif s’emploie dans la subordonnée.

56a- Je regrette que Max soit parti.

b- Jean veut que Pierre vienne.

c- Je suis heureux que Jean revienne tôt.

d- C’est dommage que Pierre soit absent.

e- Il est dommage que Jean soit absent.


Le support est un verbe polysémique
Certains verbes peuvent appartenir selon leur emploi soit à la catégorie des verbes
d’affirmation soit à la catégorie des verbes de volonté. Ces verbes entraînent donc au
niveau de la subordonnée soit l’emploi de l’indicatif, soit l’emploi du subjonctif, dans ce
cas c’est le contexte qui permet (d’opérer un choix) de déterminer le mode à employer.

57a- Je dis qu’il vienne.


Volonté subj
b- Je dis qu’il viendra.
déclaration indicatif
58a- J’entends qu’on m’obéisse.
b- J’entends que Marie viendra.
59a- Il me semble que Luc est là.
b- Il me semble que Luc soit là.
60- Te semble-t-il que tout se soit passé ?
Remarque :
Dans certaines constructions, le support de la complétive est
elliptique.

61a- Comment Candide fut élevé dans un beau château.

b- Ce que devient Candide parmi les bulgares.

c- Comment Candide fut obligé de quitter la belle Cunégonde

62- Si la volonté générale peut errer.


Les propositions citées sont des interrogatives indirectes. Les principales qui les régissent sont
sous-entendues.

Dans le cas de (61a) et (61c), il faut suppléer une principale comme « je vais expliquer
comment », « je vais montrer comment ».

Dans le cas de (61b) et (62), il faut suppléer une principale comme : « vous demandez ce
que », « vous demandez si ».

La proposition principale est omise dans le discours indirect libre.

63a- L’air de Versailles serait excellent pour Marie.

b- Je me demande si l’air de Versailles serait mieux pour Marie.


Les complétives en à ce que qui impliquent toujours une idée de futur sont très
régulièrement au subjonctif quels que soient la catégorie et le sens de l’élément
introducteur.

64a- Il s’attend à ce que Pierre lui dise la vérité.

b- Il tient à ce que Max parte.

c- Il est prêt à ce que tout soit publié.


En revanche, les complétives en de ce que qui suivent un adjectif, un nom ou
un verbe exprimant le sentiment peuvent être à l’indicatif ou au subjonctif.

65a- Je suis fâché de ce que vous ne m’avez / ayez pas prévenu.

b- Il est furieux de ce qu’on l’a / ait berné avec des promesses.

c- Il se félicite de ce que Marie est / soit reçue.


L’interprétation de la phrase diffère alors assez nettement selon que la
complétive est à l’indicatif ou au subjonctif. L’indicatif implique une nuance de
cause très claire qu’on ne retrouve pas au subjonctif qui indique seulement sur
quoi porte le sentiment exprimé et non la cause de celui-ci.
Cette nuance semble être liée à la présence en surface de la préposition de et du
groupe nominal dans lequel est enchâssée la complétive, car lorsque la
complétive suit directement l’élément introducteur par suite de l’effacement de
la préposition de, cette nuance causal disparaît et l’emploi du subjonctif est seul
autorisé.

66a- Je suis fâché que vous ne m’ayez pas prévenu.


b- * Je suis fâché que vous ne m’avez pas prévenu.
La comparaison de (66a) et (66b) d’une part et de (67a) et de (67b) d’autre part
montre bien que c’est la présence de la préposition de à la tête de la
subordonnée qui donne à celle-ci une nuance de cause et entraîne par
conséquent l’emploi du mode indicatif, l’agrammaticalité des phrases ((66b) et
(67b)) mellite en faveur de cette interprétation, puisque les complétives qui y
figurent sont incorrecte.
67a- Il se félicite que Jean soit reçu.
b- *Il se félicite que Jean est reçu.
2.4.3 La complétive attribut
2.4.3.1 Forme et position
La complétive par que ne peut être qu’attribut du sujet du verbe support. Elle se
place après le support. Celui-ci peut-être une locution verbale formée d’un nom
sujet de portée générale (l’idée, l’intention, le désir, etc.) ou d’un adjectif
substantivé (l’amusant, le pire, etc.) et d’un verbe.

68a- [P1L’ennui est [P2 que Max n’a pas encore terminé P2] P1]

b- [P1L’essentiel est [P2 que Marie est en retard P2] P1]


2.4.3.2 Modes dans la complétive attribut

Le choix de l’indicatif ou du subjonctif est motivé par le sens du support. Si


le fait supposé comme certain, assuré l’indicatif s’emploie. Par contre, s’il est
posé comme voulu, souhaité ou simplement envisagé, le subjonctif est
d’usage.

69a- La vérité est que je crois Jean capable de réussir.

b- Ma crainte est que Pierre ne réussisse pas.


3. Complétive infinitive : la transformation infinitive
3.1 Présentation

1a- Pierre pense que Marie viendra.

b- Jean veut que Marie vienne.

c- * Tu veux que tu fasses ce travail.

d - Tu crois que tu partiras.


Dans les phrases (1a) et (1b) le SN1 de P1 est différent du SN1 de P2, c’est-à-
dire qu’ils ne réfèrent pas à la même personne. Si on applique dans ce cas la
transformation infinitive, celle-ci entraînera une phrase agrammaticale.

2a- *Pierre pense Marie venir.

b- *Jean veut Marie venir.


Par contre, dans les phrases (1c) et (1d), le SN1 de P2 coréfère avec le SN1 de
P1. Dans ce cas la transformation infinitive peut ou doit s’appliquer. Elle est
facultative dans le cas de (1d) avec les verbes du type : croire, penser, imaginer,
etc. (les verbes d’opinion).

3a- Tu crois que tu partiras.

b- Tu crois partir.
Elle est obligatoire avec les verbes du type : vouloir, souhaiter, exiger,
craindre, etc. (les verbes psychologiques).

4a- *Tu veux que tu fasses ce travail.

b- Tu veux faire ce travail.


a. Processus transformationnel
Le processus transformationnel consiste à effectuer un ensemble
d’opérations :

i- effacement du marqueur d’enchâssement

ii- effacement du SN1 sujet de P2 (identique au SN1 de P1)

iii- Conversion du verbe subordonné à l’infinitif.


b. Conditions sur la transformation infinitive

i- Condition 1 : SN1 P2 = SN1 P1 sujet de P2 = sujet de P1

ii- Condition 2 : SN1 P2 = SN2 P1 sujet P2 = COD P1

5- [P1 Marta condamne Marie [ P2 à ce qu’elle parte P2] P1]

SN1 SN2 SN1


Les phrases de base sont les suivantes :

6a- Marta condamne Marie à ceci.

b- Elle partir où elle = Marie

L’application de la transformation infinitive donne :

7- Marta condamne Marie à partir.


iii-Condition 3 : SN1 P2 = SP P1 sujet P2 = COI P1

8- [P1 Luc conseille à Marie [ P2 qu’elle reste P2] P1]

Les phrases de base sont les suivantes :

9a- Luc conseille à Marie ceci.

b- Elle restera. où elle = Marie

La transformation infinitive nous donne :

10- Luc conseille à Marie de rester.


Le processus transformationnel permettant de passer de (8) à (10) entraîne
l’apparition de la préposition « de ».

c. Apparition de la préposition « de »

Dans certains cas la transformation infinitive de la complétive déclenche


l’apparition de la préposition « de » devant l’infinitif. Cette préposition est
obligatoire avec les verbes supports du type : craindre, exiger, empêcher,
ordonner, conseiller, etc.
11a- *Je crains que je ne vienne.
b- Je crains de venir.
L’apparition de la préposition est facultative avec quelques verbes
comme souhaiter, détester, etc.
12a- *Je souhaite que je parte.
b- Je souhaite partir / de partir.
c- Je le souhaite.
Dans ce cas, l’infinitif n’est pas un complément prépositionnel du verbe
support mais un complément d’objet direct. En effet, la complétive réduite à
l’infinitive est source de la pronominalisation de la phrase verbale.

13a- J’exige de partir.

b- Je l’exige.

c- *J’en exige.
3.2 Analyse de certains cas particuliers
Les supporte peuvent être des verbes de perception ou les verbes faire et laisser.
le support = verbe de perception
Lorsque le verbe support est un verbe de perception du type apercevoir, écouter,
entendre, regarder, voir, sentir, la transformation infinitive peut s’appliquer
dans deux cas :
1er cas : SN1 P1 # SN1 P2
14- [P1 Marie voit [ P2 que Pierre travaille P2] P1]
La phrase 14 est issue de :
15a- Marie voit ceci.
b- Pierre travaille.
L’enchâssement de (15b) dans (15a) donne :

15c- Marie voit Pierre travaille.


Le résultat de la transformation infinitive est la phrase (15d).
15d- Marie voit Pierre travailler.
Dans ce cas la transformation infinitive n’a pas entraîné l’effacement du sujet
de P2 car il n’existe pas dans la principale aucun élément qui lui est
correférentiellement identique.
2ème cas : SN1 P1 = SN1 P2
Soit la phrase suivante :
16a- Je vois que je plonge dans la mer.
La transformation infinitive donne :
16b- Je vois je plonge dans la mer.
Une transformation morphologique s’applique, elle consiste à remplacer le
pronom je par me.
16c- Je vois me plonger dans la mer.
d- Je me vois plonger dans la mer.
Lorsque le SN1 de P1 est correférentiellement identique au SN1 de P2, la
transformation engendre une particule préverbale. Celle-ci s’antépose au verbe
principal. Cette particule préverbale (PPV) est de la même personne que le SN1
du verbe subordonné.
17a- Pierre voit que Pierre est emporté par le courant.
b- Pierre voit Pierre est emporté par le courant. Effacement de que
c- Pierre voit se est emporté par le courant. Substitution Pierre = se
d- Pierre se voit emporté par le courant. Effacement de est
e- Pierre se voit emporter par le courant. Réduction du verbe à
l’infinitif
La subordonnée relative
1-Les types et fonction des relatives :
La relative a une fonction, non par rapport au verbe de la principale, mais par
rapport au nom antécédent.

Les relatives adjectives à antécédent nominal pouvant apparaitre à la place d’un


adjectif .

Le pronom relatif a un antécédent dans la principale, et la relative joue le rôle d’un


adj lié à cet antécédent :
La relative complète son antécédent à la manière d’un adj épithète :

J’ai résolu les problèmes qui sont difficiles : difficiles

La relative complète son antécédent à manière d’un adj apposé :

les voyageurs, qui protestent, occupent le quai.

- la relative a une fonction attributive : ( la relative prédicative) : le verbe de la


principale est un verbe attributif, elles sont toujours introduites par qui,
représentant le sujet dont il est prédiqué quelque chose.
Elles dépendent des verbes de perception : voir regarder, entendre, écouter, sentir :

l’antécédent est COD du verbe principal est la relative est attribut de ce COD.

Je vois Pierre qui court dans le jardin.

des verbes attributifs : être, rester, se trouver suivi d’un CC de lieu :

Pierre est là qui attend. ( pierre est l’antécédent.

le verbe avoir et trouver introduit un attribut de l’objet :

la fille a le nez retroussé et les yeux qui pétillent de malice. Attr de l’objet de yeux.
- dans des tours présentatifs : voilà, voici et il y a : voilà Pierre qui rentre/
Voici le train qui arrive/ Il y a un bébé qui pleure. La relative est attribut du
régime du présentatif.

- Elles sont toujours à l’affirmative.

J’ai entendu un oiseau qui chantait- * je n’ai pas entendu un oiseau qui
chantait/ Il a un genou qui lui fait mal. * il n’a pas un genou qui lui fait
mal.; je vois pierre qui court comme un fou.
Les relatives substantives indéfinies : remplaçable par un nom ou pronom:
Les relatives sans antécédents : sont des équivalentes syntaxique d’un GN ; du
fait de l’’absence de l’antécédent, c’est la relative qui définie le référent :
« Qui » et sa variante « quiconque », pour un humain d’identité indéterminée=
tout homme qui.
Qui aime bien châtie bien/ il châtie bien. Donne-le à qui tu veux/ donne-le à
jean/Quiconque parlera, sera puni.
Quoi précédé obligatoirement d’une préposition pour les non animés : / Je n’ai
pas de quoi payer/ heureusement, il avait à quoi se raccrocher.
« Où » locatif sans antécédent : Je n’ai pas où passer la nuit.
Les relatives périphrastiques : constituent l’expansion d’un pronom
démonstratif ( ce, celui/celle/ceux/celles, là ) suivi d’un pronom relatif ou
d’un adverbe comme là ou partout ;

Le démonstratif sert de support à la relative et fonctionne comme un


déterminant qui substantive la subordonnée, le relatif n’a pas de référent, il
marque seulement une fonction : sujet, objet, attribue.

Je n’ai pas oublié ce dont vous m’avez parlé/ -Là où il passe, l’herbe ne
passe pas/- j’irai partout où tu , iras.
La relative périphrastique a un statut intermédiaire entre celui des relatives
adjectives (épithète) et les substantives proprement dites elles sont
équivalentes à un GN. Elles sont quasi nominales.

Le démonstratif n’est pas un véritable antécédent, il a un caractère général.


Mais il peut avoir un caractère spécifique : Voici celui dont je vous ai parlé.

La fonction de la relative substantive est celle du GN, puisqu’elle n’a pas


d’antécédent : elle peut occuper toutes les fonctions du nom par rapport aux
éléments de la phrase.
Sujet : qui m’aime me suive/ ce qui devait arriver est arrivé.

Objet : il aime qui lui résiste/emportez ce que vous voudrez/ il va où il veut.

Attribut : se sera qui vous voulez/Il est ce qu’il est.

CPrép : pensez à qui vous voulez/

CC : promenez-vous où vous voulez/ il dort où il peut.

CN : le récit de ce qu’elle a vécu ferait un roman.


2- Le statut du pronom relatif :
IL introduit une subordonnée relative.
b- Il représente son antécédent qui figure généralement devant la relative et qui peut être :
Un nom, un pronom : - On coupait les fougères qui forment la toison des coteaux/ - Je les vois qui se dorent- il en
existe qui font cela.
Un pronom possessif : je vois que les nôtres, qui sont belles, sont rares
Un démonstratif : nous préviendrons celui qui est absent :
Un pronom indéfini, une expression numérale : Vous êtes deux, trois qui disputez ce poste/ Tel qui rit vendredi
dimanche pleurera.
Un adverbe : Partout où vous allez, vous serez bien reçu.
IL a une fonction syntaxique dans la proposition relative qu’il introduit ; et sa forme varie selon cette fonction.
Qui : sujet : On coupait les fougères/ qui forment la toison des coteaux.
Qui : C.O.I : Connaissez vous la personne de qui je parlais?
Que : O. D : Les fougères que l’automne avait dorées.
NB : si l’antécédent est tjs un nom ou un pronom, il peut être un adj ou un adv :
Que attribut du sujet : il a un antécédent caractérisant c'est-à-dire un adjectif
qualificatif ou un nom exprimant une caractérisation. La rusée qu’elle est a
deviné : Rusée, elle a deviné/ Le vieillard que je suis devenu a peine à se
représenter la situation : moi, vieillard, j’ai peine à me représenter la situation.
u L’idiot que tu es n’a pas vu qu’elle t’aimait : que es attribut du sujet tu, il a pour
antécédent l’adj idiot : qui a la fonction d’un nom, puisqu’il est substantivé.

u Dont a la fonction de :

u C.O.I : C’est une aventure dont elle se souvient fort bien.

u Dont : C de nom : L’homme dont les biens ont été vendus est un grand industriel.

u Dont : C de l’adj. : Je vous donne un travail dont vous me semblez capable.


Dont : C. d’agent : elle s’adressa aux amis dont elle était entourée.
Dont : C. de cause : c’est une maladie dont on ne meurt plus aujourd’hui.
Dont : C.C de lieu : (origine) : la famille dont je descends est originaire de
Maine
Dont : C.C de moyen : il se saisit d’une pierre dont il le frappa
Où : C.C de lieu, de temps, ou de situation : L’école où j’allais a fermé ses
portes ( lieu)/ Dans l’état où je suis, il vaut mieux que je me repose (la situation)/
La saison tardive où l’on coupe les fougères s’annonce bien ( de temps) .
Quoi : C.O.D: voilà ce à quoi je réfléchissais.
Quoi : C. de l’adj: il n’est rien à quoi je ne sois pas prêt.
Lequel et les autres formes composées des déterminants relatifs : Lequel pronom composé,
auquel, duquel, laquelle, lesquelles, desquelles, auxquels, de laquelle, desquels sont des
compléments prépositionnels :
Précédés d’une préposition :
La guerre est une période pendant laquelle les gens montrent leur vraie nature/Voici les auteurs
parmi lesquels sera choisi le lauréat du Goncourt.
NB : Lequel remplace « que » ou « qui » pour lever la confusion.
Je connaissais le fils de la voisine, lequel avait les mêmes goûts. (qui pourrait remplacer fils
ou voisine)
Il remplace « dont », lorsqu’il est complément d’un nom lui-même complément indirecte :
Prenez soin de ces dossiers de la perte desquels vous auriez à répondre/ J’aime la rivière sur le
bord de laquelle nous avons pique-niqué.
3- Remarques générales :
a- La relative se trouve dans la plupart des cas immédiatement à la suite du GN qui est
l’antécédent du relatif. Il y a cependant des exceptions : elle peut être séparée de son
antécédent quand aucune équivoque n’est à craindre :

Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux/ une servante entra, qui apportait la
lampe (Gide)

La relative peut parfois précéder l’antécédent du relatif :

Elle me montra, qui jouait dans son jardin, l’un de ses enfants les plus sages
b- Les relatives imbriquées : le relatif peut avoir une fonction non par rapport au verbe principal
de la relative, mais au verbe de la proposition complétive conjonctive ou interrogative
dépendant de celle-ci :
J’ai rencontré la personne à qui je sais que vous vous intéressez/ Cet enfant sans parents
qu’elle dit qu’elle a vu.
Il est parfois difficile de distinguer la relative et l’interrogative avec les formes suivantes : qui,
ce qui, ce que, ce dont, où) . Seul le sens du verbe principal permet de les répartir en relatif ou
en interrogatif.
Il regarde ce que tu lis (relative)/Il demande ce que tu lis (interrog)
Il étudie ce dont vous lui avez parlé (relatif)/Il me demande ce dont vous lui avez parlé (
interrog)
Il reste des cas ambigües : je ne vois pas qui pourrait me rendre service= (Celui /la personne
qui pourrait ou bien quelle personne…..)/ Je ne sais ce dont vous avez parlé. ???
Exercices

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