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P O U R LE PRATICIEN

Gynécologie
>e édition

J . LANSAC
P. LECOMTE
H . MARRET

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Gynécolog
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POUR LE PRATICIE

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CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Du même auteur
PRATIQUE DE L'ACCOUCHEMENT, par J. LANSAC, G. BODY, F. PERROTIN, H. MARRET. Coltedion Gynécologie Obstétrique. 2006, 4 e édition,
576 pages.
OBSTÉTRIQUE, par J. LANSAC, 2003, 4e édition, 488 pages.
LA PRATIQUE CHIRURGICALE EN GYNÉCOLOGIE ET OBSTÉTRIQUE, p a r J. LANSAC. 2 0 0 4 , 2 E é d i t i o n , 5 2 0 p a g e s .
A M P , L'ASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION EN PRATIQUE, p a r J. LANSAC et F. GUÉRIF. 2 0 0 5 , 6 2 4 p a g e s .

Dans la même collection


MÉDECINE DU SPORT, p a r H. MONOD, J . - F . KAHN, 2 0 0 5 , 5 E é d i t i o n , 7 0 4 p a g e s .
HÉPATO-GASTRO-ENTÉROLOGIE PROCTOLOGIE, p a r J. FREXINOS et L. BUSCAIL, 2 0 0 4 , 714 p a g e s .
MÉDECINE DE L'ADOLESCENT, p a r P. ALVIN e t D. MARCELLI, 2 0 0 5 , 4 1 6 p a g e s .
PÉDIATRIE, par A. BOURRILLON, 2 0 0 4 , 4 E édition corrigée, 682 pages.
GÉRONTOLOGIE, p a r J. BELMIN, PH. CHASSAGNE, R. GONTHIER, C. JEANDEL, P. PFITZENMEYER, 2 0 0 3 , 6 7 2 p a g e s .
URGENCES, p a r B. BLETTERY, 2 0 0 2 , 3 2 4 p a g e s .
GYNÉCOLOGIE, par J. LANSAC, 2002,6 e édition, 608 pages.
ORL, par C. DUBREUIL, 2002, 2e édition, 352 pages.
PNEUMOLOGIE, p a r G. HUCHON, 2 0 0 1 , 4 0 8 p a g e s .
CANCÉROLOGIE ET HÉMATOLOGIE, p a r B. HOERNI, 2 0 0 1 , 3 2 8 p a g e s .
THÉRAPEUTIQUE, p a r F.-C. HUGUES, C. P. LEJEUNE, 2 0 0 0 , 5 1 2 p a g e s .
CARDIOLOGIE, par J.-P. DELAHAYE, 2000,2 E édition, 400 pages.
Gynécolo
POUR LE PRATIC

J . LANSAC
Professeur de Gynécologie Obstétrique au CHU d

P. LECOMTE
Professeur d'Endocrinologie Métabolisme au CHU

H . MARRET
Praticien hospitalier en Gynécologie Obstétrique au C

Préface du Professeur Y. Roche

7 e édition
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente
f DANGER pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement dans le domaine
universitaire, le développement massif du «photocopillage».
Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les
établissements d'enseignement, provoque une baisse brutale des
achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs
de créer des oeuvres nouvelles et de les faire éditer correctement
est aujourd'hui menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans
autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites.

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L TUE LE LIVRE , 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. : 01 44 07 47 70.

La première édition de cet ouvrage a paru sous la marque SIMEP.

Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays.
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de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété
intellectuelle).

© Masson, Paris, 1998,2002,2007


ISBN : 978-2-294-01934-0

ELSEVIER MASSON S.A.S. - 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux Cedex


Préface
Je suis particulièrement heureux de préfacer l'excellent que d e m a n d e n t a c t u e l l e m e n t beaucoup de médecins
ouvrage de J. Lansac et P. Lecomte. Cette joie trouve sa généralistes, et de ce que voudraient leur donner la
source dans plusieurs raisons. plupart de nos instances de la santé publique. En effet, la
D'abord l'autosatisfaction un peu vaniteuse d'un patron médecine de la f e m m e , c o m m e celle des autres spécia-
qui retrouve, développés par un de ses plus b r i l l a n t s lités, doit être à son départ une médecine de famille,
élèves, certaines idées et principes qui lui sont chers, et donc une médecine bien connue dir généraliste. Le
qui ont été traités bien mieux qu'il n'aurait pu le faire lui- spécialiste ne devrait intervenir qu'au deuxième degré,
même. En effet, si les sujets évoqués restent conven- soit pour donner un avis diagnostique quand ce dernier
tionnels (on n'invente pas la gynécologie...), la façon de lui est demandé, soit pour prendre une décision théra-
les présenter et enseigner, souvent orientée sur la péda- peutique t r è s orientée. Trop souvent, le médecin prati-
gogie m o d e r n e par objectifs et questions posées, est cien est « c o u r t - c i r c u i t é » par les malades e l l e s - m ê m e s ,
d'une grande originalité et d'un intérêt pratique et il est souhaitable que la p r e m i è r e information soit
indéniable. celle donnée par le médecin traitant. Pour cela, il faut
Ensuite, ce travail est r e m a r q u a b l e m e n t illustré. Chaque que ce d e r n i e r reçoive une f o r m a t i o n de base simple,
symptôme, chaque t r a i t e m e n t trouve son explication mais de bon niveau.
imagée. L'enseignement magistral, si souvent décrié, et J. Lansac et P. Lecomte ont réussi un petit tour de force,
à tort, à notre époque, trouve là un nouveau mode d'ex- en ce sens qu'ils s'adressent aussi bien aux étudiants
pression, dont tout enseignant devrait avoir à c œ u r de des deuxième et troisième cycles des études médicales
s'inspirer. De m ê m e , bien peu d'étudiants, après avoir lu qu'aux spécialistes, en passant bien entendu par le
ce manuel, devraient rester ignorants de ce qu'est la personnage clé que constitue et doit d e m e u r e r le méde-
gynécologie moderne, tant elle y est f o r t bien et agréa- cin de famille.
blement exposée. Y. ROCHET
Enfin, le titre m ê m e : «Gynécologie pour le praticien», et
le contenu du traité, vont tout à fait dans le sens de ce
VI

Remerciements
Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés dans la réalisa- - les docteurs J. Wagner-Ballon et H. Guyot, Maîtres de confé-
tion de ce livre, en particulier : rence de médecine générale, qui ont bien voulu revoir avec
nous les objectifs pédagogiques.
- les professeurs Y. Rochet et D. Dargent qui nous ont appris
la gynécologie et qui nous avaient encouragés et aidés pour Enfin, nous remercions notre ami le docteur Bernard Dupor-
la réalisation de la première édition ; tet, directeur de la SIMEP, son épouse et toute l'équipe des
- les professeurs A. Bouchet et J. Cuilleret qui nous ont permis Cahiers médicaux lyonnais qui ont pris le risque de réaliser la
d'utiliser les schémas d'anatomie de l'appareil génital; première édition du livre en 1981.
- Madame le docteur M.-C. Grangeponte et le professeur F.
La qualité et le succès de cet ouvrage doivent beaucoup à
Fetissof qui nous ont fourni l'iconographie d'anatomie
leurs conseils, à leur esprit d'innovation et à la qualité de leur
pathologique;
technique. Sans eux, toute la collection dés livres « pour le
- le professeur G. Lorette, professeur de dermatologie qui
Praticien » n'auraient pas vu le jour.
nous a aidés pour le chapitre de la pathologie vulvaire ;
- les docteurs J. Bertrand, F. Despert, R. Quentin, P. O'Byrne
qui nous ont aidés dans la rédaction de certains chapitres ;
Table des matières
Préface v C o m m e n t faire le diagnostic du cancer du col
clinique? 94
Remerciements VI Le bilan d'extension 96
Traitement 96
Surveillance post-thérapeutique 100
I LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE La prévention du cancer du col par le vaccin 102

8. Pathologie bénigne de l'endomètre 105


1. Examen gynécologique normal 3
Les polypes de l ' e n d o m è t r e 105
L'interrogatoire 3
L'hyperplasie de l ' e n d o m è t r e 106
L'examen p r o p r e m e n t dit 6
Les synéchies t r a u m a t i q u e s 111
2. Investigations en gynécologie 17 Latrophie de l'endomètre après la ménopause... 113

Les petits gestes associés à l ' e x a m e n 9. Le cancer de l'endomètre 117


gynécologique n o r m a l 17 Épidémiologie 117
Les explorations gynécologiques spécialisées.... 27
Anatomie pathologique 118
Le dépistage du cancer de l ' e n d o m è t r e 118
3. Dosages biologiques en gynécologie 39
Le bilan p r é t h é r a p e u t i q u e 121
Rappel physiologique 39 L'évolution t o u j o u r s lente 122
Les dosages h o r m o n a u x 44 Les f o r m e s c l i n i q u e s sont des pièges
Les'marqueurs tumoraux 51 diagnostiques : 122
Traitement 122
L Exploration de l'ovaire 53 Définition 127
Rappel physiologique 53 Anatomophysiopathologie 127
C o m m e n t e x p l o r e r l'ovaire ? 53
Combien ça c o û t e ? 59 10. Prolapsus génitaux 127
Origine du p r o l a p s u s 129
II LA PATHOLOGIE Clinique 129
Laboratoire 133
5. Fibromyomes utérins 63 Imagerie 134
Les épreuves d ' u r o d y n a m i q u e 134
Fréquence 63
Traitement 139
Étiologie 63
Conclusion 143
A n a t o m i e pathologique 63
La clinique 64 11. Pathologie de la vulve et du vagin 145
Les e x a m e n s c o m p l é m e n t a i r e s 67
Évolutions et c o m p l i c a t i o n s 70 Pathologie de la vulve 145
Le t r a i t e m e n t 72 La pathologie du vagin 158

6. Col normal et pathologie bénigne du col 77 12. Grossesse extra-utérine 161


Les d i f f é r e n t s aspects physiologiques du col 77 Pourquoi la GEU? 161
La pathologie bénigne du col 79 Le diagnostic clinique 163
Les lésions virales 81 Les e x a m e n s c o m p l é m e n t a i r e s 165
F o r m e s c l i n i q u e s et diagnostic d i f f é r e n t i e l 168
7. Le cancer du col 85 Le t r a i t e m e n t 170
Pronostic 172
Le cancer du c o l 85
Le diagnostic du cancer du col i n f r a c l i n i q u e 13. Les salpingites aiguës non tuberculeuses 173
ou le dépistage du cancer du col 87
Conduite à tenir devant un frottis pathologique.... 92 Pourquoi f a i t - o n une s a l p i n g i t e ? 173
T r a i t e m e n t des lésions i n t r a - é p i t h é l i a l e s La clinique 174
du col : 94 Évolution 177
LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Le diagnostic d i f f é r e n t i e l 178 Diagnostic précoce du cancer du sein 252


Traitement 178 T r a i t e m e n t du cancer du sein 258
Étude é p i d é m i o l o g i q u e 183 Indications t h é r a p e u t i q u e s 261
Les p r o b l è m e s psychologiques et sociaux
14. Tumeurs de l'ovaire 183 devant un cancer du sein et après
mastectomie 265
Étude a n a t o m o p a t h o l o g i q u e 183
Pronostic du cancer du sein 266
Étude clinique 185
La s u r v e i l l a n c e après cancer du sein t r a i t é 266
Examens complémentaires 187
Le t r a i t e m e n t préventif du cancer du sein ? 267
Diagnostic d i f f é r e n t i e l 191
Traitement 192
T u m e u r s de l'ovaire et grossesse 194 III DU SYMPTÔMEAU DIAGNOSTIC
Surveillance après t r a i t e m e n t pour t u m e u r
de l'ovaire 195 20. Leucorrhées 271
Conclusion 195 Rappel p h y s i o p a t h o l o g i q u e 271
E x a m e n d ' u n e f e m m e qui c o n s u l t e pour
15. Endométriose 197 une l e u c o r r h é e 273
Fréquence 197 Diagnostic étiologique des l e u c o r r h é e s
Étiologie 197 chez la f e m m e en période d'activité génitale....274
Clinique et investigations p a r a c l i n i q u e s 199 Diagnostic étiologique des l e u c o r r h é e s
Évolution s p o n t a n é e 203 chez la f e m m e m é n o p a u s é e 282
Thérapeutique 203 Diagnostic étiologique des l e u c o r r h é e s
chez la petite fille 282
16. Malformations de l'appareil génital 207 La f e m m e enceinte et portage des bactéries
à haut risque infectieux m a t e r n o - f œ t a l 282
Rappel e m b r y o n n a i r e 207 T r a i t e m e n t des l e u c o r r h é e s 282
Les différents typesde m a l f o r m a t i o n s
de l'appareil g é n i t a l 209 21. Diagnostic des hémorragies génitales
Circonstance diagnostique des m a l f o r m a t i o n s en dehors de la grossesse 289
génitales 217
Diagnostic des h é m o r r a g i e s génitales
17. Pathologie du sein. Examen des seins 221 à la p u b e r t é 289
Diagnostic des h é m o r r a g i e s génitales
Quand e x a m i n e r les s e i n s ? 221
à la période d'activité génitale 291
C o m m e n t e x a m i n e r les s e i n s ? 221 Diagnostic des h é m o r r a g i e s génitales
Palpation 221 à la m é n o p a u s e 296
Les m a n œ u v r e s associant palpation
et inspection '. 222 22. Aménorrhées primaires 299
Examen des aires g a n g l i o n n a i r e s 223
Examen c o m p l e t 224 E x a m e n clinique 299
Synthèse 224 Examens complémentaires 300
Examens c o m p l é m e n t a i r e s en pathologie Diagnostic étiologique 300
mammaire 224 Traitement 306

18. Pathologie bénigne des seins 233 23. Aménorrhées secondaires 309
Rappel physiologique 233 E x a m e n clinique 309
Pathologie bénigne du m a m e l o n 236 Examens complémentaires 309
Les é c o u l e m e n t s 239 Diagnostic étiologique 310
Les a d é n o f i b r o m e s du sein 240
24. Algies pelviennes 321
Les dystrophies kystiques du sein 243
Déformations mammaires 246 E x a m e n clinique d ' u n e f e m m e algique 321
Les t r a u m a t i s m e s du sein 246 Recherche d ' u n e étiologie 323
La m a l a d i e de M o n d o r du sein 246 Le s y n d r o m e p r é m e n s t r u e l 334
Œ d è m e s cycliques idiopathiques 336
19. Cancer du sein 247
25. Procréatique 339
Épidémiologie 247
A n a t o m i e pathologique 249 Fertilité et infertilité 339
Histoire n a t u r e l l e du cancer du sein 250 Étiologie de la s t é r i l i t é 340
La stérilité de l ' h o m m e 341 La s t é r i l i s a t i o n 428
Examen clinique du couple stérile 346 Que c h o i s i r ? 430
Les s t é r i l i t é s inexpliquées 353 Les c o n t r a c e p t i o n s difficiles 431
Les grossesses après procréation
m é d i c a l e m e n t assistées 355 30. Interruption volontaire de grossesse 437
Les p r o b l è m e s é t h i q u e s 356 Modalités de l'IVG prévues par la loi 437
Peut-on choisir le sexe de l'enfant à naître? 356
La réalisation de l'IVG 439
26. La puberté et les problèmes Techniques d ' i n t e r r u p t i o n de grossesse
gynécologiques de l'adolescente 357 et c o m p l i c a t i o n s 439
Les c o m p l i c a t i o n s des IVG i n s t r u m e n t a l e s 443
Rappel physiologique de la p u b e r t é normale....357 Les c o m p l i c a t i o n s des IVG m é d i c a m e n t e u s e s . . 4 4 4
Clinique de la p u b e r t é n o r m a l e 358
Conduite à t e n i r devant une c o m p l i c a t i o n
27. Ménopause 367 d'IVG 447
L'avortement au 2 e t r i m e s t r e 447
Les p u b e r t é s p a t h o l o g i q u e s 360 La réduction e m b r y o n n a i r e 450
Définition 368
Physiologie de la m é n o p a u s e 369 31. Thérapeutiques en gynécologie 453
Les circonstances du diagnostic
Les e s t r o g è n e s 453
de la m é n o p a u s e 370
La p r o g e s t é r o n e et les progestatifs
La clinique 370
de synthèse 457
Les dosages h o r m o n a u x 370
Les i n d u c t e u r s de l'ovulation 462
Diagnostic d i f f é r e n t i e l 371
Les a n a l o g u e s de la GnRH (tableau 31.X) 467
T r a i t e m e n t de la m é n o p a u s e 372
La c h i m i o t h é r a p i e a h t i c a n c é r e u s e
Les nouveaux m é d i c a m e n t s d e l'ostéoporose
postménopausique 377 en gynécologie 467
C o m p l i c a t i o n s de la m é n o p a u s e (pl. 37] 381
32. Sexologie 473
IV ORTHOGÉNIE La d e m a n d e 473
C o m m e n t s'y p r e n d r e ? 473
28. Contraception 389 La prise en charge - 475
Écouter 475
Contraception h o r m o n a l e 389
Les t r o u b l e s les plus c o u r a n t s 476
Différents types de c o n t r a c e p t i o n h o r m o n a l e . . . 3 9 0
Conclusion 481
Le m o d e d'actiondes œ s t r o p r o g e s t a t i f s 392
Avantages et inconvénients
33. Rédaction des certificats
de la c o n t r a c e p t i o n h o r m o n a l e 394
médicaux en gynécologie 483
Les c r i t è r e s de choix 397
Surveillance de la c o n t r a c e p t i o n h o r m o n a l e Grands p r i n c i p e s de la rédaction
et ses p r o b l è m e s 402 des certificats 483
La c o n t r a c e p t i o n h o r m o n a l e m a s c u l i n e 408 A g r e s s i o n sexuelle 483
A u t r e s types de certificat 488
29. Contraception locale
et méthodes naturelles 411
CAHIER D'ÉVALUATION
Les s t é r i l e t s 411
Diaphragme 421
Les capes cervicales 422 Questions 494
Les s p e r m i c i d e s 422
Les préservatifs 424 Réponses 542
A u t r e s m é t h o d e s de c o n t r a c e p t i o n :
méthodes naturelles 425 Index 567
>

Objectifs pédagogiques
La rédaction des objectifs pédagogiques spécifiques ne doit Les «objectifs de rang B» répondent à des compétences
en aucune manière être vécue comme une limitation de fait importantes pour l'exercice de la médecine générale sans
mais, au contraire, comme une libération de l'enseignement, avoir pour autant une incidence directement vitale ou fonc-
libération dans la sécurité. En effet, les exigences minimales tionnelle grave pour le malade. L'étudiant doit montrer qu'il a
étant définies, l'enseignement peut être développé et illustré atteint ces objectifs au contrôle de fin d'enseignement de la
au gré des développements de l'actualité, progrès scientifi- discipline et les ayant atteintstrès complètement une première
ques constants, des thèmes d'intérêt du moment de la politi- fois, il pourra ensuite les rechercher dansca mémoire et dans
que de santé... ses documents.
La liste des objectifs d'un enseignement n'est en aucune Les «objectifs de rang C» répondent à des compétences utiles
manière une liste de questions d'examen. Elle doit être pour pour l'exercice de la médecine générale. Leur intérêt est plus
l'enseignant un moyen de contrôle permanent du contenu de explicatif, physiopathologique, culturel. Leur acquisition
son enseignement et de son efficacité, un moyen de te faire permet une pratique professionnelle et une formation conti-
évoluer, de l'orienter sans cesse vers l'objectif institutionnel nue élaborées.
du CHU, la formation des médecins de haut niveau. Elle doit
être pour l'étudiant un but à atteindre et un moyen d'auto- Le professeur J. Lansac et ses collaborateurs, dans le cadre
enseignement et d'autocontrôlé. de cet ouvrage de gynécologie pour l'étudiant et le praticien,
ont essayé de définir ainsi leurs objectifs pédagogiques et d'en
Les objectifs de l'enseignement de gynécologie proposés dans permettre le contrôle en proposant des exercices, tout en
cet ouvrage, définis par la Commission pédagogique du CHU sachant bien que des objectifs énoncés ne peuvent être atteints
de Tours, ont été classés. au fond qu'en cours de stage hospitalier.
Les «objectifs de rang A» répondent à des compétences indis- Ils ont, à notre sens, fait œuvre utile au plan de la discipline
pensables à l'exercice de la médecine générale. Le médecin d'abord, bien sûr, mais aussi, et c'est également important, au
qui ne les posséderait pas ferait courir un risque vital ou fonc- plan du CHU car la rédaction des objectifs des enseignements,
tionnel grave à ses malades. L'étudiant doit montrer qu'il a vécue comme moyen de contrôle permanent des enseigne-
atteint tous ces objectifs non seulement au contrôle de fin ments et de leur coordination crée, nous le savons maintenant,
d'enseignement de la discipline mais aussi au contrôle termi- un esprit collectif très favorable à la vie communautaire.
nal des études médicales.
Professeur A. GOUAZÉ
Doyen de la faculté de médecine de Tours

Les informations sur Internet

Un certain nombre de recommandations pour la pratique clinique, de guides de bonnes pratiques, ou de conférences de
consensus sont en ligne darfs certains sites. Nous recommandons aux lecteurs de les consulter pour mettre régulièrement
à jour leurs connaissances.
Nous recommandons particulièrement les sites suivants :
Collège national des Gynécologues Obstétriciens Français : http://www.cngof.asso.fr/
Agence Nationale pour L'Accréditation et l'Évaluation en Santé (ANAES) : http://www.anaes.fr
Royal College of Obstetricians and Gynaecologists : http://www.rcog.org.uk
American College of Obstetricians and Gynaecologists : http://www.acog.org/
Base de données Cochrane : http://www.cochrane.co.uk/
La Collaboration Cochrane offre de nombreux résultats d'essais randomisés et de méta-analyses dans la spécialité.
Textes législatifs : http://www.legifrance.fr
Le Ministère de l'emploi et de la solidarité publie les enquêtes sur la situation périnatale en France : http://www.sante.gouv.
fr/dress
LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Abréviations
A4A A 4 Androstènedione IA Insuffisance aortique
ABP Androgen binding protein IAC Insémination artificielle avec le sperme du conjoint
ACTH Corticotrophine IAD Insémination artificielle avec donneur
ADM Adriamycine ICSI Infection intracytoplasmique de spermatozoïdes
AF Année-femme IM Insuffisance mitrale
AMP Assistance médicale à la procréation ITT Incapacité temporaire totale
AT Arrêt de travail LDL Low density lipoprotéines
BBS Besnier-Boeck-Schaumann LH Luteinizing hormone
BSP Bromesulfonephtaléine LH-RH Gonadolibérine (GnRH)
BE Biopsie d'endomètre LS Lichen scléro-atrophique
BW Bordet-Wassermann ME Mestranol
C Carbone M PA Médroxy-progestérone acétate
CBG Cortisol binding globulin MTX Méthotrexate
CBU Examen cytobactériologique des urines N Node = ganglion (classification TNM)
CIV Communication interventriculaire NABP National Adjuvant Breast Project
CJ Corps jaune NFS Numération formule sanguine
CMF Cyclophosphamide méthotrexate 170HP 17 a hydroxy-progestérone
5FU 5fluoro-uracile OP.EP Œstroprogestatifs
CPA Cyprotérone acétate OPK Ovaire polykystique
17 CS 17-cétostéroïdes P Progestérone
CV Champ visuel PCA Persistance du canal artériel
DES Diéthylstilbœstrol PeV Poussée évolutive (classification TNM]
DHA Déhydroépiandrostérone PF Phase folliculaire
DHAS Sulfate de déhydroépiandrostérone PG Prostaglandine
DHT Dihydrotestostérone PGE Prostaglandine E
DIG Diagnostic immunologique de grossesse PGF Prostaglandine F
DIU Dispositif intra-utérin PIF Prolactin inhibiting factor
DOC 11-désoxycorticostérone PL Phase lutéale
DPI Diagnostic pré-implantatoire pN + Ganglion envahi histologiquement
DXM Dexaméthasone PR Récepteurs à la progestérone
E1 Estrone Prl Prolactin
E2 •Estradiol 17b PTH Parathormone
EE Ethinylestradiol RMO Références médicales opposables
EORTC European Organisation for Research and Treatment S Désoxycortisol
of Cancer SBG Sex binding globulin
ER Récepteurs aux estrogènes SBR Score de Scarff and Bloom
F Cortisol SCO Stroma cortical ovarien
FAC 5 fluoro-uracile adriamycine cyclophosphamide SGIU Sac gestationnel intra-utérin
FIGO Fédération internationale de T Testostérone
gynécologie-obstétrique TBG Thyroxin binding globulin
FIV Fécondation in vitro TEBG Testosterone estradiol binding protein
FO Fond d'œil THS Traitement hormonal substitutif
FSH Folliculo-stimulating hormone TPC Test post-coïtal
GIFT Gamète intra fallopian transfert TPHA Réaction d'agglutination passive pour le tréponème
GEU Grossesse extra-utérine TR Toucher rectal
GH Hormone de croissance TRH Thyréolibérine
GnRH Gonadotrophine releasing hormone TV Toucher vaginal
GUT Gonadotrophines urinaires totales UIV Urographie intraveineuse
HCG Gonadotrophine chorionique humaine VDS Vindésine
HDL High density lipoprotéines VLDL Very low density lipoprotéines
HMG Gonadotrophine ménopausique humaine : mélange VS Vitesse de sédimentation
FSH + LH ZIFT Zygote intra fallopian transfert
HSG Hystérosalpingographie
XI

Avant-propos
Qu'il me soit permis de remercier ici les étudiants de Tours, les • Qualité des résultats
praticiens, les collègues qui nous firent des critiques constructi-
ves pour les éditions précédentes de ce fascicule. 1. Résultats obtenus dans le cadre d'au moins un essai compa-
ratif convenablement randomisé.
Pour cette sixième édition nous avons revu tous les chapitres 2. Résultats obtenus dans le cadre d'essais comparatifs non
ainsi que les exercices en tenant compte de leurs remarques randomisés bien conçus.
mais aussi de l'évolution des connaissances en particulier des 3. Résultats obtenus dans le cas d'études de cohortes ou
explorations (échographie vaginale, hystéroscopie.J et des d'études analytiques cas témoins bien conçues, réalisées de
thérapeutiques (endoscopie opératoire, nouvelles molécu- préférence dans plus d'un centre ou par plus d'un groupe de
les...). Nous avons cependant laissé une certaine place à des recherche.
techniques un peu anciennes (hystérographie, ponction du h. Résultats découlant de comparaisons entre différents
Douglas, radios simples de l'abdomen...) car elles peuvent moments ou différents lieux, ou selon qu'on a ou non recours
rendre de grands services à des collègues qui nous font l'hon- à une intervention. Des résultats de première importance
neur d'apprendre la médecine en France mais exercent dans obtenus dans le cadre d'études non comparatives pourraient
des pays dont l'équipement est encore réduit ou ancien. Nous en outre figurer dans cette catégorie.
avons aussi intégré les recommandations du Collège des 5. Opinion exprimée par des sommités dans le domaine,
Gynécologues-Obstétriciens français, les propositions de fondées sur ¿'expérience clinique, études descriptives ou
l'Agence nationale d'accréditation et évaluation scientifique rapports d'experts. Le niveau de preuve sera indiqué dans le
(ANAES) qui ont le plus souvent servi de bases aux références texte, quand cela est possible sous la forme (Niveau de Preuve
médicales opposables. NP1...3).
Nous nous sommes également servi des standards options • Classification des recommandations
recommandations (SOR) publiés par la Fédération nationale
des centres de lutte contre le cancer et la Société française A. On dispose de données suffisantes pour appuyer la
d'oncologie gynécologique, des données de la Cochrane data recommandation.
base, des recommandations du Royal College of Obstetricians B. On dispose de données acceptables pour appuyer la
and Gynaecologists en Angleterre, de l'American College of recommandation.
Obstetricians and Gynaecologists, du Guide canadien de C. On dispose de données insuffisantes pour appuyer ou récu-
médecine clinique préventive édité par l'Association médicale ser une recommandation.
canadienne pour tout ce qui concerne la prévention. Enfin D. On dispose de données acceptables pour ne pas
nous avons essayé, sur tous les sujets objets de controverse, recommander.
d'apporter les résultats des conférences de consensus qui se E. On dispose de données suffisantes pour ne pas
sont tenues en France ou à l'étranger, ou de donner les réfé- recommander.
rences bibliographiques nécessaires. Le niveau de preuve a Nous espérons pour cette nouvelle édition la même confiance
été donné en fonction de la qualité des résultats disponibles des étudiants et des confrères. Qu'ils n'hésitent pas à nous
dans la littérature dont on trouvera ci-dessous la classifica- faire part de leurs suggestions, c'est pour nous un excellent
tion. Les recommandations sont faites aussi en fonction de la stimulant.
classification qui découle des résultats disponibles dans la
littérature. J. LANSAC, P. LECOMTE, H. MARRET
14 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

« Mode d'emploi »
Ce fascicule a un objectif global : apporter à l'étudiant de Il nous paraît en effet indispensable de faire un diagnostic
DCEM IV les connaissances nécessaires pour l'exercice de ta précis et de prescrire le traitement adapté à la cause de l'af-
médecine générale et lui donner les moyens de contrôler leur fection. La paresse intellectuelle qui consiste, dans l'igno-
acquisition, du moins sur le plan théorique. rance de la cause, à prescrire une association nous paraît
condamnable.
Il y a donc deux manières de lire ce livre.
Dans les exercices, nous demandons souvent la rédaction
• Pour celui qui découvre la gynécologie
d'une ordonnance car cela nous paraît un problème pratique
Il doit lire attentivement les objectifs à atteindre, précisés en très quotidien.
tête de chaque chapitre, lire le texte et essayer d'assimiler les
La réponse que nous fournissons n'a qu'une valeur d'exemple.
éléments importants en utilisant l'iconographie qui se veut
Elle est exempte de toute publicité et ne correspond qu'aux
didactique, puis contrôler l'acquisition de ses connaissances habitudes de prescription des auteurs. Toute autre rédaction
en essayant de faire les exercices proposés. de l'ordonnance, conforme à l'esprit thérapeutique indiqué au
• Pour celui qui veut réactualiser ses connaissances cours des chapitres, sera bien sûr considérée comme bonne.
Chaque fois que cela est possible, nous conseillons l'utilisa-
Il doit d'abord essayer de faire les exercices; s'il ne peut tion de produits génériques et, à qualité égale, ceux qui sont
répondre aux questions, il devra se reportera l'exposé didac- les moins chers. Le contrôle médicalisé des dépenses de
tique, après avoir relu les objectifs, li contrôlera ensuite, en santé étant pour nous un impératif éthique qui permettra,
faisant tes exercices, qu'il a atteint ces objectifs. nous l'espérons, l'accès de tous à des soins conformes aux
• La partie de thérapeutique médicale a été volontairement données acquises de la science. Un certain nombre des objec-
développée tifs proposés ne pouvant être atteint uniquement par l'étude
de cet ouvrage, il est évident qu'un stage dans un service de
Les médicaments sont cités sous la dénomination commune gynécologie-obstétrique est indispensable pour apprendre à
internationale (DCI] mais aussi selon l'usage français sous interroger, examiner les malades. Nous conseillons au débu-
leurs noms commerciaux, sans idée publicitaire. Nous recom- tant d'aller au bloc opératoire : il pourra ainsi examiner facile-
mandons cependant de prendre l'habitude de prescrire en ment des patients endormis et ensuite regarder la coelioscopie
DCI car la dénomination internationale permet au pharmacien ou la laparotomie pour voir les lésions. La méthode anatomo-
le choix tors de la dispensation en particulier des médica- clinique en somme.
ments génériques et à l'heure de l'Europe facilite la prescrip-
tion pour des patients qui se rendent dans les autres pays de Les auteurs seraient heureux de recevoir les critiques de
l'Union ou à l'étranger. leurs collègues, des médecins installés, des étudiants afin
d'améliorer objectifs, textes et exercices.
Nous n'avons exclu que les associations thérapeutiques (par
exemple un antifungique associé à un anti-trichomycide], ceci Leur seul but étant en fin de compte de servir les malades.
dans un but pédagogique.
LES EXPLORATIONS
EN GYNÉCOLOGIE
Chapitre 1 Examen gynécologique normal, 3

Chapitre 2 Investigations en gynécologie, 17

Chapitre 3 Dosages biologiques en gynécologie, 39

Chapitre U Exploration de l'ovaire, 53


3

Chapitre 1 Examen gynécologique normal


Objectifs Aborder l'entretien et conduire l'interrogatoire chez une patiente qui consulte pour un problème gynécologique. A
Conduire l'interrogatoire pour reconnaître les f e m m e s à haut risque de cancer du col, du corps, du sein. A
Conduire l'interrogatoire pour reconnaître les f e m m e s dont l'état contre-indique les estroprogestatifs
ou le stérilet. A
Reconnaître, par l'interrogatoire, des m é t r o r r a g i e s , des m é n o r r a g i e s , des polyménorrhées,
des hypoménorrhées, des spanioménorrhées. C
É n u m é r e r le m a t é r i e l nécessaire au généraliste pour la pratique d'un examen gynécologique habituel. C
Décrire l'anatomie de surface de la vulve et du périnée et pouvoir l'expliquer à la f e m m e . A
Introduire et retirer un spéculum (stage). A
Savoir comment faire un toucher vaginal et connaître les organes que l'on peut ainsi explorer. A
Faire un toucher r e c t a l et connaître les organes que l'on peut ainsi explorer. A
Expliquer à la patiente au moyen d'un support graphique l'anatomie de l'appareil génital féminin. A
Expliquer à la patiente son anatomie, l'intérêt, les indications et les modalités d'un examen gynécologique. B
Faire l'examen clinique des seins et des aires ganglionnaires. A

Plan du chapitre est intriqué : il s'agit de douleurs associées à un saignement,


à un problème sexuel.
L'interrogatoire 3 Là encore, il faudra, après l'examen, reprendre cette notion
L'examen proprement dit 6 de but de la visite et refaire préciser à la malade ce dont elle
se plaint réellement, ce qui n'est pas toujours ce qu'on avait
L'examen gynécologique est difficile à décrire parce que cette cru comprendre au départ.
relation avec la patiente se vit plus qu'elle ne se décrit.
Nous voudrions donc insister surtout ici sur les temps impor-
tants de l'examen et sur ce qu'il ne faut pas faire. • La recherche des antécédents
Les antécédents seront étudiés systématiquement, mais leur
• L'interrogatoire recherche sera également orientée en fonction du motif de la
consultation. En effet, on interroge différemment une femme
L'interrogatoire est le premier temps de l'examen. Il n'est qui vient pour une tumeur du sein, et celle qui vient pour une
jamais assez prolongé, assez fouillé; et s'il faut commencer dyspareunie. Il n'empêche qu'il faut un minimum de questions
par lui, il ne faudra pas hésiter à le reprendre au fil de l'exa- systématiques que nous allons passer en revue. Elles ont
men. Il faudra savoir répéter les mêmes questions à plusieurs
pour but de dépister les populations à risques en cancérolo-
reprises, faire préciser tel ou tel signe, rajouter une question
que vous aura suggéré une réponse de la patiente. gie, de rechercher les contre-indications de la contraception,
Son but est double : de débrouiller un problème de stérilité.
- rechercher le motif de la consultation ; Même si la femme consulte pour une visite systématique dans le
- préciser les antécédents. cadre de la médecine préventive, il faut étudier ses antécédents.

Les antécédents familiaux


s • Le motif de la consultation
eu On recherchera la notion de cancer du sein dans la famille (mère,
•s La première question est une prise de contact. « Quel est le
sœur, tante], mais aussi de cancer de l'ovaire et du côlon.
! but de votre visite? »
La recherche portera également sur la pathologie générale,
"S On essaiera, à partir de cette idée, d'expliciter dans le discours
° de la patiente le motif de sa consultation. notion de diabète, d'obésité, d'hypertension.
3 Parfois, celui-ci est évident: métrorragie, aménorrhée...;
= parfois, il est plus confus : douleurs abdominales dont il faudra L'histoire des règles
s préciser le type, pertes mal précisées. Parfois, enfin, le but On fera préciser l'âge des premières règles, la durée des
5
ai
> cycles, l'existence d'une dysménorrhée, d'une période prolon-
-ÎLU5 gée de dysovulation, l'âge éventuel de la ménopause, les
S 1. N o u s r e m e r c i o n s le Dr B e r t r a n d p o u r s o n aide d a n s la r é d a c t i o n problèmes qu'ils ont posés, la prise éventuelle de médica-
© de ce c h a p i t r e . ments (estrogènes seuls ou associés à la progestérone).
17 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Les antécédents obstétricaux problèmes anesthésiques si la malade a besoin d'une inter-


vention chirurgicale.
Ils seront repris chronologiquement de façon à préciser la
En résumé, à la fin de l'interrogatoire, on aura dépisté :
date de naissance des enfants, le sexe, le poids, le terme, les
difficultés éventuelles à l'accouchement, et surtout dans les - les populations à haut risque de cancer y compris le cancer
suites de couches, température, leucorrhées, curetage, acci- du côlon (histoire familiale de cancer du côlon - antécédent
dents thromboemboliques. Les fausses couches, qu'elles personnel de cancer du sein, de l'endomètre, de l'ovaire)
soient spontanées, provoquées ou médicalisées, seront (tableaux 1.1 et 1.11);
soigneusement notées, en faisant préciser la date, le terme, la - les femmes dont l'état contre-indique un mode de contra-
qualité de l'œuf (si on la connaît), le mode de terminaison ception (tableaux 1.111 et 1.1V).
(prostaglandines, aspiration, curetage), les traitements asso-
ciés (en particulier les antibiotiques). On fera préciser si ces Tableau 1.1. Populations à haut risque de cancer de l'utérus.
grossesses sont du même partenaire. Femmes à haut risque de cancer du col

Les antécédents médicaux Femmes ayant eu :


- des rapports sexuels avant 17 ans
On recherchera l'existence de maladies des grands appareils : - des partenaires sexuels multiples
cœur, poumons, système nerveux, tube digestif, glandes - un mariage avant 20 ans
endocrines. En général, la malade s'en explique sans difficulté - plus de cinq enfants et le premier avant 20 ans
et on fera une mention très spéciale pour : - des infections génitales répétées
- un bas niveau socio-économique
- les antécédents phlébitiques ou thromboemboliques,
souvent oubliés; Femmes à haut risque de cancer de l'endomètre
- la notion d'ictère;
- l'existence d'une hypertension artérielle ; Femmes :
- enfin, les maladies infectieuses acquises, telles que la - postménopausiques
- obèses-diabétiques
rubéole ou la toxoplasmose mais aussi HIV, HVC;
- hypertendues
- les antécédents infectieux : leucorrhées, salpingite (germes - privées de progestérone
et traitements). -dysovulantes
- estrogénothérapies isolées
Les antécédents chirurgicaux
Ils seront recherchés et on précisera surtout les interventions Tableau 1.11. F e m m e s à haut risque de cancer du sein.
qui ont eu lieu sur l'abdomen ou le périnée. L'appendicectomie
Âge Supérieur à 40 ans
est bien banale, mais on fera préciser le caractère de sa
gravité, en particulier l'existence d'une péritonite ou d'un drai- Antécédents familiaux Cancer du sein chez la mère, tante, sœur
nage ; ceci peut être très important dans le cas d'une stérilité. Vie génitale 1res règles précoces
Les interventions sur l'appareil gynécologique seront Ménopause tardive
détaillées. On essaiera d'avoir un compte rendu opératoire ou, Insuffisance lutéale connue
au moins, le nom et l'adresse de l'opérateur de façon à connaî-
tre très exactement ce qui a été fait. De même, on précisera Antécédents Mastopathie bénigne
Stérilité
les interventions possibles sur le périnée et leur type.
Moins de 3 enfants ou grossesse après 30 ans

Les modalités contraceptives Antécédents Célibat


socio-économiques Haut niveau de vie
Elles sont importantes à faire préciser : Profession intellectuelle
- la pilule (le type, la date, la durée de la prise, les ennuis Alimentation riche en graisse
provoqués), les autres modalités de contraception hormo-
nales (anneau, patch, implants, injections) ; Tableau 1.111. États contre-indiquant les estroprogestatifs.
- le stérilet (la date de la pose, le type du stérilet avec ou sans
progestatif); - accidents thromboemboliques
- les moyens mécaniques utilisés (préservatifs ou diaphragme). - accidents vasculaires cérébraux et oculaires
Enfin, il est utile de faire préciser l'absence de contraception, - hypertension artérielle
- d i a b è t e mal équilibré
qui permet d'ouvrir le débat sur ce thème et d'éviter peut-être
- ictère cholostatique de la grossesse, prurit gravidique,
une grossesse surprise et une interruption ou bien de préci- ou syndrome de Dubin-Johnson
ser cette notion sémiologique importante, si le couple consulte - cancer hormonodépendant [sein]
pour stérilité.

La prise de médicaments actuelle Tableau 1 .IV. États contre-indiquant la pose d'un stérilet.

Elle doit être recherchée étant donné la fréquence d'absorp- - infections récentes de l'appareil génital
tion de tranquillisants, des neuroleptiques et les problèmes - fibrome sous-muqueux
qu'ils peuvent poser tant dans l'apparition d'une pathologie - ménorragie
- u t é r u s mal formé
iatrogène (galactorrhée, aménorrhée secondaire) que par les
Examen gynécologique normal

• L'analyse du symptôme de règles abondantes du fait de leur volume, de leur durée ou


des deux. Il n'est pas facile de définir ce que sont les règles
Les antécédents ayant été étudiés, il va falloir analyser, en y trop importantes, en particulier chez des femmes habituées à
revenant, le symptôme dominant qui a amené la patiente à une hémorragie de privation minime sous contraception orale.
consulter. A l'arrêt de la contraception, elles trouvent des règles norma-
Schématiquement, on peut les grouper dans les rubriques les trop abondantes. Les ménorragies sont définies comme
suivantes : des règles dont le volume est supérieur à 80 mL ou 120 mL
- saignement anormal; par cycle [Cote, 1971; Hallberg, 1966; Jansen, 1995). Les
- absence de règles; méthodes qui ont conduit à définir ces valeurs ne sont pas
- leucorrhée; applicables en cliniques. Il faut donc se contenter des dires de
- douleurs;
la femme : il faut pour cela s'aider du nombre et du type de
- troubles urinaires ou rectaux;
garnitures utilisées par 24 heures. On tiendra compte aussi
- troubles mammaires;
du retentissement des hémorragies : signes cliniques ou
- troubles sexuels;
- un trouble de la fonction de reproduction : infertilité, faus- biologiques d'anémie.
ses couches à répétition. Un petit schéma récapitulatif des derniers cycles permet de
Chacun de ces symptômes mérite d'être précisé par un inter- résumer ces données simplement (fig. 1.1). Les polyménor-
rogatoire minutieux. rhées correspondent à des cycles courts de moins de
25 jours.
Le saignement anormal
L'absence des règles ou aménorrhée
Les métrorragies sont des saignements qui surviennent
entre les règles. Spontanées ou provoquées, elles doivent Elle est dite primaire si la femme n'a jamais eu ses règles et
faire évoquer un cancer du col, de l'endomètre, du vagin. secondaire si elle les a eues mais ne les a plus.
Les ménorragies ont une valeur sémiologique très différente. S'il s'agit d'aménorrhée secondaire, on recherchera le mode
C'est une cause fréquente de consultation car une femme sur d'apparition : arrêt brutal chez une femme jusque-là bien réglée
20 consulte son médecin de famille pour des règles trop abon- ou secondaire, au contraire, à une période de spanioménorrhée.
dantes (Vessey, 1992]. Il peut s'agir d'un saignement minime Les spanioménorrhées sont des règles de volume normal
qui précède ou suit le flot menstruel. Il s'agit le plus souvent mais très espacées, tous les 45 jours ou plus.

k
Figure 1.1. S c h é m a r é c a p i t u l a t i f de
l'histoire des r è g l e s .
règles normales
J.1 J.H J.28

métrorragies
J.1 J.U J.28

menorragies
J.1 J.28

J.20
l polyménorhée

J.1 J.H

J.1 J.U J.28

J.29 J.43 J.1 J.10


spanioménorhée

J.11 J.25 J.39

J.40 J.46 J.1


19 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Les hypoménorrhées ou oligoménorrhées Les troubles rectaux


Ce sont des règles très pauvres, pouvant être réduites à quel- Ils seront analysés, qu'il s'agisse de constipation, d epreintes,
ques taches sanglantes. de ténesmes, de difficultés à aller à la selle. Ces dernières
peuvent être liées à un rectocèle et obligent la patiente à
Les leucorrhées réduire le prolapsus par un doigt vaginal pour émettre les
selles. Il faudra donc l'interroger dans ce sens et lui faire
L'interrogatoire s'attachera à essayer de distinguer entre la préciser ce geste qu'elle n'ose pas expliquer. On lui fera éven-
leucorrhée physiologique et la leucorrhée pathologique. tuellement préciser la notion d'incontinence anale, les matiè-
En effet, on sait que la desquamation vaginale physiologique res s'échappant soit spontanément, soit avec émission de
associée à la glaire cervicale abondante n'entraîne jamais de gaz.
troubles fonctionnels, elle n'irrite pas et ne sent pas mauvais.
Ces leucorrhées physiologiques peuvent cependant gêner la
femme et être un motif de consultation. Les troubles mammaires
On les distinguera des leucorrhées pathologiques entraînant Ils seront analysés. Il peut s'agir d'une tension mammaire
des troubles fonctionnels (brûlures et prurit), elles ont une prémenstruelle, d'un écoulement séreux, sanglant, purulent,
odeur et tachent le linge. lacté, uni- ou bilatéral, sortant par un ou plusieurs galacto-
On précisera les caractères de ces leucorrhées, la date de phores. On demandera à la femme la notion de prise de médi-
leur survenue par rapport à la vie sexuelle, les traitements caments, en particulier les neuroleptiques.
déjà prescrits.
Les troubles sexuels
Les douleurs Ils font, maintenant plus qu'autrefois, l'objet d'une demande
Elles sont un motif fréquent de consultation et il faudra bien de consultation. Il faudra distinguer :
l'analyser. On demandera à la patiente : - la baisse de la libido;
- la date d'apparition : après un événement génital ou un choc - la douleur d'intromission ou profonde, de l'impossibilité de
affectif; pénétration ou encore d'une anorgasmie.
- leurs modalités : intermittentes ou continues, avec ou sans Enfin, on n'oubliera pas de se faire présenter avant l'examen
paroxysme; tous les documents que la patiente peut avoir en sa posses-
- leur rythme par rapport au cycle : protoméniales dès le sion : compte rendu opératoire, résultats de frottis, de biopsie,
début du flux menstruel, prémenstruelles, téléméniales à échographies, radiographies de l'appareil génital ou urinaire.
la fin des cycles; L'interrogatoire est le temps fondamental de l'examen
- leur type : pesanteurs, tiraillements, torsion ; gynécologique, il n'est jamais trop long, trop précis. Il
- leur siège : hypogastrique médian, uni- ou bilatéral; doit se répéter, les questions doivent se recouper pour
- leur irradiation : périnéale, crurale, lombaire ; être sûr qu'elles ont été bien comprises et que la réponse
- leur intensité : obligeant ou non à un arrêt de travail, à la en est bien toujours la même. On essaiera de bien cerner
prise d'un traitement; le motif de la consultation et aussi l'environnement
- les signes d'accompagnement : troubles urinaires, prurit, professionnel, les conditions de travail, et surtout les
conditions de vie conjugale, parentale et sexuelle (éduca-
tension mammaire.
tion, tabou, culpabilité) et le retentissement éventuel du
Le but ici est d'essayer de distinguer des douleurs organiques
trouble sur la vie sociale.
des douleurs fonctionnelles voire psychosomatiques. Il est
clair qu'une femme qui n'a jamais souffert et qui se plaint de
douleurs récentes très intenses, invalidantes, rebelles au
traitement a plus de chances d'avoir des lésions organiques • L'examen proprement dit
qu'une femme qui se plaint depuis 10 ans de douleurs mal
Il suit donc l'interrogatoire.
définies, non invalidantes, en savant d'un papier où elle a
noté tous les signes de peur d'en oublier et qui arrive en
consultation avec un volumineux dossier. • Conditions matérielles de l'examen
Un examen correct suppose un local correct avec un matériel
Les troubles urinaires
adapté. Il est souhaitable que le déshabilloir soit contigu à des
On distinguera une incontinence urinaire d'effort, survenant à toilettes où la patiente pourra aller uriner si elle ne l'a pas déjà
la toux, au port d'un paquet, d'une miction impérieuse. Le fait.
besoin est ici impératif, l'urine s'écoule avant que la femme ait Le généraliste doit avoir une table gynécologique que
pu satisfaire son besoin. On la distinguera aussi d'une miction l'on doit pouvoir aborder par la droite ou la gauche pour
par regorgement, la malade ayant d'ailleurs l'impression pouvoir facilement faire le tour de la malade. Il doit avoir
d'avoir toujours la vessie pleine, et d'une fuite permanente des aussi une lampe mobile sur pied que l'on orientera vers
urines évoquant une fistule. La pollakiurie peut être nocturne la malade puis vers le périnée, et un tabouret assez bas
ou diurne, on en précisera le rythme ainsi que l'existence de pour avoir l'œil à hauteur du vagin et du col. Le matériel
brûlures à la miction. Rappelons qu'une cystite est définie par nécessaire est rapporté dans le tableau 1.V. Il sera
l'association de pollakiurie, de brûlures à la miction et d'uri- disposé à proximité de la main. Nous préférons le spécu-
nes troubles. lum de Colin (fig. 1.2) à celui de Cusco (fig. 1.3). On peut
Examen gynécologique normal

ajouterà cette liste, un hystéromètre, une pince à biopsie L'étude du morphotype


de col, une canule de NOvak pour les biopsies d'endomè-
La taille, le poids, l'aspect général du sujet seront bien
tre mais ces instruments ne sont pas indispensables
précisés.
pour la pratique courante.
On aura aussi le matériel habituel à un cabinet médical : un
stéthoscope, un tensiomètre, un négatoscope, un pèse- L'étude de la pilosité
personne, une toise, etc. Elle comportera l'examen des creux axillaires et de la pilosité
pubienne, cette dernière est normalement, chez la femme, de
type triangulaire, à base supérieure ne remontant pas sur
l'abdomen.
On examinera la ligne médiane sous-ombilicale, l'aréole des
seins, le sillon intermammaire, la lèvre supérieure, le menton
mais aussi la base du coup, la iace interne des cuisses.

L'examen des seins


Il fait partie de l'examen gynécologique. Il se fera debout puis
couché, en n'oubliant pas les aires axillaires et sus-claviculai-
res et en n'omettant pas non plus la recherche d'une galactor-
rhée. On retrouvera l'étude sémiologique poussée de cet
examen mammaire au chapitre 17. On profitera de cet examen
du thorax pour palper te cou, la glande thyroïde, les deux creux
sus-claviculaires à la recherche d'une adénopathie suspecte.
On pourra également ausculter le cœur et examiner l'appareil
respiratoire.

L'examen de l'abdomen
C'est un examen à ne pas escamoter. Il faut commencer par
observer l'abdomen en étudiant l'aspect de la pilosité de type
féminin ou androïde, en recherchant les cicatrices de cœlios-
copie, d'appendicectomie, de laparotomie que la malade aura
Tableau 1.V. M a t é r i e l nécessaire au généraliste pour l'exa-
peut-être oublié de vous signaler et on reprendra à ce moment-
men gynécologique.
là l'interrogatoire sur ces faits.
- table d'examen gynécologique + tabouret On fera préciser la topographie de la douleur, en demandant à
- l a m p e sur pied la malade d'indiquer avec le doigt le lieu de cette dernière et
- spéculum de Colin : 3 ou 4 de taille moyenne ses irradiations. L'inspection et l'interrogatoire faits, on
Hong. 80 mm, larg. 32 mm) selon activité palpera alors et alors seulement l'abdomen, en étudiant
- spéculum de Colin pour femmes vierges (larg. 18 mm) systématiquement les fosses lombaires, les flancs, l'hypo-
- pinces longuettes (3 ou 4 selon activité) gastre, l'hypochondre.
- pince tire-col de Pozzi |3 ou 4 selon activité) Combien de fois aura-t-on la surprise de retrouver un gros
- spatules d'Ayre en bois [1 boîte) foie, une grosse rate, un gros rein qui n'était pas du tout prévu.
- cotons montés pour la cytologie endocervicale On n'oubliera pas de palper les aires inguinales à la recherche
- doigtiers : 2 doigts usage unique
d'une adénopathie, d'une hernie.
- lames + lamelles
L'examen de la paroi abdominale (surtout si l'on pense à une
- microscope x 1 0 x 4 0 si possible pour examen extemporané des
hernie ou une éventration) pourra être repris en fin d'examen
sécrétions sur une malade debout en la faisant tousser ou pousser.
- flacon sérum physiologique
- flacon KOH 5 % L'examen vulvo-périnéal
- f l a c o n de Boum Rappelons que cet examen ne doit être fait qu'après avoir
- flacon d'un amonium quaternaire examiné le thorax et l'abdomen de la patiente.
- flacon de glycérolé d'amidon L'inspection permet d'apprécier :
- flacon de fixateur pour les frottis. - la pilosité;
- l'état des grandes lèvres et du clitoris qui sont des récep-
teurs des androgènes;
- les petites lèvres qui sont sensibles aux estrogènes;
• L'examen gynécologique proprement dit - l'état de l'hymen qui peut être complet ou au contraire
déchiré, voire même imperforé.
Là encore, bien qu'orienté sur l'appareil génital, l'examen On s'attachera à retrouver une anomalie du tégument, qui
gynécologique doit déborder ce cadre et être finalement un peut être modifié dans sa consistance, ou au contraire rouge,
examen complet. On commencera par : inflammatoire, porteur d'une tuméfaction ou atrophique.
21 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

On n'oubliera pas d'examiner les glandes annexes de la vulve, Il faut savoir qu'il faut éviter la zone sous-urétrale et le
en particulier les glandes de Skene dans l'orifice situé de clitoris qui sont très sensibles, la main gauche écartant les
chaque côté de l'urètre et dont la palpation peut faire sourdre petites lèvres ; on peut donc introduire le spéculum de deux
une petite goutte de pus; les glandes de Bartholin qui sont manières :
situées dans le tiers postéro-inférieur des grandes lèvres - soit en travers, en demandant à la malade de pousser ; chez
(fig. 1.4), en pinçant celles-ci entre un doigt vestibulaire et un
la multipare il se produit un déroulement de la face anté-
doigt génito-crural, on peut voir apparaître une petite goutte
de liquide séreux ou purulent, à l'orifice du canal excréteur qui rieure et postérieure du vagin, qui permet facilement l'in-
est situé dans le sillon nympho-hyménéal. Ce geste permet de troduction (fig. 1.5);
repérer l'orifice du canal excréteur de la glande. - soit en l'introduisant presque verticalement dans l'axe 7 h-
L'examen du périnée permettra de mesurer la distance ano- 1 h, en appuyant bien sur la fourchette et en tournant le
vulvaire (qui peut être très courte), rechercher une cicatrice, spéculum presque de 90°, en même temps qu'on l'enfonce
rechercher une lésion dystrophique du tégument, des cicatrices dans le vagin (fig. 1.5).
de mutilation sexuelle. On n'oubliera pas de regarder l'anus, à la
recherche d'une hémorroïde, d'une fistule, d'un écoulement.

clitoris

orifice
glandes
de Skene
urètre

petites
lèvres
orifice
glandes
Bartholin

*
é v i t e r la zone u r é t r a l e , a p p u y e r sur la f o u r c h e t t e .

Chez la femme âgée, aux muqueuses atrophiques, il n'est pas


F i g u r e 1.4. Orifice v a g i n a l d i r e c t e m e n t a c c e s s i b l e à interdit de l'humecter avec un peu de sérum physiologique, ce
t r a v e r s un orifice v u l v a i r e b é a n t . qui permet de l'introduire plus facilement, sans gêner la prati-
que du frottis vaginal, ce que ferait un lubrifiant vaseliné.
Toute lésion vulvaire impose la palpation des aires inguinales, Une fois le spéculum posé sur la fourchette, il faut l'enfoncer
si on ne l'a déjà fait, étant donné que le drainage lymphatique vers le fond du vagin, dans la direction du col, tandis que deux
de la vulve se fait à ce niveau. doigts écartent les lèvres. L'opérateur vise le sacrum avec une
La sensibilité périnéale sera appréciée grossièrement. On inclinaison de 45° par rapport au plan de la table (fig. 1.6). La
notera le tonus du sphincter et sa contractilité. Après cette rotation peut se faire pendant la pénétration ou une fois le
inspection, on n'oubliera pas de faire pousser la malade à la spéculum arrivé au niveau du col. On écarte alors avec la vis
recherche d'un prolapsus méconnu, d'une incontinence les deux lames du spéculum, de façon à visualiser le col utérin.
urinaire d'effort.
Lorsque le col n'est pas visible, il faut le rechercher ailleurs :
L'examen gynécologique se faisant vessie et rectum vides, il
- plus profondément en prenant un spéculum plus long
est bon de refaire l'examen vessie pleine si on veut rechercher
une incontinence. (fig. 1.7);
- sous la symphyse, si l'utérus est rétroversé (fig. 1.8). Il faut,
à ce moment-là, refermer le spéculum, l'enfoncer dans une
• L'examen au spéculum nouvelle direction, et l'ouvrir à nouveau.
Selon la morphologie de la patiente, on choisira la taille du Parfois enfin, on n'arrive pas à voir le col du fait d'un vagin
spéculum adaptée. exubérant, poussant des joues proéminentes entre les valves
La mise en place du spéculum doit être indolore. // ne faut du spéculum. C'est que le spéculum choisi est trop étroit, il
cependant pas mettre de lubrifiant surtout si on veut faire un faut en choisir un plus large (fig. 1.9).
prélèvement cytologique. S'il est froid, il n'est pas interdit de Lorsque le spéculum est en place, on éclaire comme il faut le
le réchauffer quelques secondes dans sa main. col, de façon à l'examiner et à faire un frottis cervical.
Examen gynécologique normal

L'examen du col
Il ne peut se faire qu'après avoir bien exploré et éclairé le col
et l'avoir débarrassé des sécrétions à l'aide d'une compresse
sèche. On examinera la glaire, limpide ou non, abondante ou
non. On repérera alors la zone de jonction squamocylindrique
(ci chapitre 6). On pratiquera les éventuels prélèvements
bactériologiques [cf. chapitre 20], surtout on réalisera le frot-
tis cervical.

L'examen du vagin au spéculum


C'est un temps trop souvent escamoté. Il faut donc bien regar-
der le vagin entre les 2 valves, surtout le regarder lorsque l'on
retire le spéculum. On laissera alors celui-ci légèrement
entrouvert de façon à examiner les faces antérieures et posté-
rieures du vagin qui, sans cela, sont masquées par les deux
lames.
Cet examen du vagin est tout à fait essentiel, pour ne pas lais-
ser passer une ulcération, un kyste, un cancer. Il sera complété
par l'examen au spéculum démonté. On utilisera alors la lame
postérieure du spéculum pour refouler la face postérieure du
vagin et bien mettre en évidence la face antérieure en deman-
dant à la femme de pousser : on verra celle-ci se dérouler
éventuellement s'il existe un prolapsus et de toute façon cette
manœuvre permettra de voir dans son ensemble toute la
Figure 1.7. À l ' i n v e r s e , un u t é r u s a n t é v e r s é cache son col moitié antérieure du vagin. On refera la même manœuvre
loin en a r r i è r e et e n bas, et exige un s p é c u l u m long avec la lame antérieure qui servira pour refouler la face anté-
ou à l a m e s a s y m é t r i q u e s ( l a m e a n t é r i e u r e plus c o u r t e ) . rieure du vagin et ainsi mettre en évidence une rectocèle ou/et
Sinon, on ne voit que du tissu v a g i n a l c o m m e sur le pour examiner toute la moitié postérieure du vagin [cf.
schéma.
chap. 10).
Éventuellement, en cas d'anomalie, il pourra être utile de
remettre un spéculum, cette fois-ci monté ou dans une posi-
tion inhabituelle, par exemple transversale pour bien voir la
lésion et pouvoir y faire le prélèvement utile.
Les manœuvres du spéculum démonté pourront éventuelle-
ment être faites sur une patiente vessie pleine et si l'on veut
visualiser une incontinence urinaire d'effort et apprécier le
résultat de la manœuvre de Bonney [cf. chapitre 10).
Au cours du retrait du spéculum, il ne faut pas hésiter à pincer
légèrement le col entre les deux lames de ce dernier de façon
à voir un écoulement de glaire ou un écoulement de pus ou de
sang par l'orifice cervical qui aurait pu échapper à l'examen
Figure 1.8. Le col de l ' u t é r u s r é t r o v e r s é , t r è s a n t é r i e u r , initial.
n'est pas vu avec le s p é c u l u m enfoncé dans la d i r e c t i o n
habituelle. •*
• Le toucher vaginal
Le toucher vaginal doit être classiquement fait après l'examen
au spéculum.
Cependant, en cas d'exploration endo-utérine, il faut faire le
touchervaginal avant de faire ces explorations, de façon à bien
préciser le volume utérin et la position de l'utérus.

Le but du touchervaginal
Le toucher vaginal se propose d'explorer, grâce à la pénétra-
tion digitale du vagin, la cavité pelvienne au moyen d'un ou
deux doigts, cavité dont on voudra bien revoir l'anatomie sché-
Figure 1.9. Le s p é c u l u m choisi est t r o p é t r o i t ; il faut en matique sur deux coupes Ifig. 1.10 et 1.11,1.12 et 1.13).
p r e n d r e un plus l a r g e .
Il ne prend de valeur qu'associé au palper abdominal.
10 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

F i g u r e 1.10. C o u p e s a g i t t a l e p a r a m é d i a n e du b a s s i n
chez la f e m m e , m o n t r a n t l'insertion u t é r i n e du liga-
ment large.
1. U r e t è r e d r o i t
2. L i g a m e n t l o m b o - o v a r i e n
3. O v a i r e
4. L i g a m e n t rond droit
5. T r o m p e g a u c h e
6. C a n a l d e l ' o u r a q u e
7. P a r o i a b d o m i n a l e a n t é r i e u r e
8. L i g a m e n t r o n d g a u c h e
9. U r e t è r e g a u c h e
10. V e s s i e
11. P u b i s
12. E s p a c e p r é v é s i c a l
13. P l e x u s v e i n e u x d e S a n t o r i n i
14. C a n a l d e l ' u r è t r e
15. C l i t o r i s
16. G r a n d e l è v r e
17. P e t i t e l è v r e
18. C a v i t é v a g i n a l e
19. S p h i n c t e r a n a l
20. Anus
21. A m p o u l e r e c t a l e
22. C u l - d e - s a c de D o u g l a s
23. U t é r u s
24. Gouttière péritonéale l a t é r o r e c t a l e
25. F o s s e t t e o v a r i e n n e de C l a u d i u s
26. Fossette o v a r i e n n e de K r a u s e
27. L i g a m e n t u t é r o - o v a r i e n g a u c h e

F i g u r e 1.11. V u e o p é r a t o i r e d u p e l v i s f é m i n i n .
1. V e s s i e
2. L i g a m e n t r o n d
3. Fond utérin
4. A i l e r o n a n t é r i e u r du l i g a m e n t l a r g e
5. C u l - d e - s a c d e D o u g l a s
6. O v a i r e
7. P a v i l l o n d e la t r o m p e
8. L i g a m e n t l o m b o - o v a r i e n
9. R e c t o s i g m o ï d e
Examen gynécologique normal

Figure 1.12. Vue s u p é r i e u r e des s t r u c t u r e s


f i b r o v a s c u l a i r e s du petit bassin chez la f e m m e
(d'après Scali).
1. V e i n e c a v e i n t é r i e u r e
2. U r e t è r e d r o i t
3. A r t è r e i l i a q u e p r i m i t i v e d r o i t e
4. A r t è r e i l i a q u e i n t e r n e d r o i t e
5. L o g e r é t r o r e c t a l e
6. R e c t u m
7. L a m e r e c t o v a g i n a l e
8. A i l e r o n v i s c é r a l c o m m u n
9. A r t è r e u t é r i n e
10. N e r f o b t u r a t e u r
11. A r t è r e o b t u r a t r i c e
12. M u s c l e p e c t i n é
13. M u s c l e r e l e v e u r d e l ' a n u s ( p o r t i o n
antérieure]
14. L a m e v é s i c o v a g i n a l e
15. L i g a m e n t p u b o v é s i c a l
16. V e i n e s p r é v é s i c a l e s
17. M é a t u r é t é r a l g a u c h e
18. V e i n e o b t u r a t r i c e s u p é r i e u r e
19. M u s c l e r e l e v e u r d e l ' a n u s ( p o r t i o n l a t é r a l e )
20. Col utérin
21. M u s c l e i s c h i o c o c c y g i e n
22. P r o m o n t o i r e
23. Aorte a b d o m i n a l e

F i g u r e 1.13. S c h é m a des l a m e s s a c r o - r e c t o - g é n i t o - p u b i e n n e s chez la


femme.
1. Symphyse pubienne
2. Ligaments pubovésicaux
3. Plancher pelvien
4. Artère vésicale inférieure
5. Artère utérine
6. L a m e utérovésicale
7. Artère vaginale longue

Les conditions du toucher vaginal et veiller à ce que le siège de celle-ci dépasse légèrement
La malade doit être suffisamment dévêtue. Le toucher vaginal l'aplomb de la table.
étant associé au palper abdominal, on ne peut accepter que la L'écartement et la hauteur des étriers seront éventuellement
femme conserve une gaine. La vessie doit être vide sauf en modifiés. Ceci agira sur la flexion jambe-cuisse et cuisse-
cas de prolapsus (l'examen comprend alors une poussée à bassin, et sur l'abduction des cuisses afin de trouver la posi-
vessie pleine). tion optimale en fonction des possibilités de la malade.
La malade étant installée sur une table gynécologique stable, L'éclairage sera dirigé sur la vulve grâce à un spot au support
il faut toujours insister pour qu'elle ne remonte pas trop haut très souple et maniable.
25 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Technique du toucher vaginal


Il se fait avec un doigt (l'index) ou deux doigts (l'index et le
médius) protégé(s) par un doigtier jetable en plastique mince
à large collerette; lubrifié(s) ou simplement humidifié(s), le(s)
doigt(s) vient (viennent) prendre appui doucement mais ferme-
ment sur la fourchette vulvaire, repoussée vers l'arrière et
que dégagent le pouce et l'index de l'autre main en écartant
les lèvres; le bord interne (de l'index ou du médius selon le
cas) appuyant fermement sur la fourchette vulvaire (fig. 1.14).

col.

des doigts.

C'est à ce moment-là seulement que le médius rejoint l'index


si l'on n'a pu mettre deux doigts d'emblée (fig. 1.15).

bI

F i g u r e 1.17. « P e r t e de p r o f o n d e u r » d'un doigt r e s t a n t


o r i e n t é en bas et en a r r i è r e .

a) que le maximum de longueur digitale soit utilisable, c'est-


à-dire que l'avant-bras et le coude soient dans le prolon-
gement de la table d'examen. La profondeur explorée n'est
F i g u r e 1.15. L'index a p p u y a n t f o r t e m e n t sur la f o u r c h e t t e alors limitée que par la butée des doigts repliés sur le péri-
(a), le m é d i u s se d é g a g e et vient t r è s a i s é m e n t se m e t t r e née plus ou moins dépressible, beaucoup plus rarement
à côté de l'index |b).
par la symphyse, exceptionnellement par un cul-de-sac
postérieur du vagin peu étoffé Ifig. 1.17);
Les doigts se dirigent suivant la paroi postérieure du vagin en b) que la main abdominale « ramène » vers les doigts vagi-
bas et en arrière, vers le cul-de-sac vaginal postérieur, ample naux le contenu viscéral pelvien (fig. 1.18).
et profond, en visant avec un angle de 45° environ la concavité Au total, dans les cas « moyens » « moyens », cela permet
sacrée et le plan de la table d'examen. d'explorer l'appareil génital : le vagin, le col utérin, le corps
Dans un deuxième temps, les doigts se redressent en se utérin, les annexes (fig. 1.19), mais aussi : les releveurs, le
rapprochant de l'horizontale (fig. 1.16). paramètre, le paravagin, les uretères, l'artère utérine, la
En effet, pour explorer le plus profondément possible, il faut : vessie, le rectum.
Examen gynécologique normal

F i g u r e 1.18. La m a i n a b d o m i n a l e « r a m è n e » v e r s l e s
doigts v a g i n a u x le c o n t e n u v i s c é r a l p e l v i e n .

F i g u r e 1.21. S y s t é m a t i s a t i o n des zones e x p l o r é e s par le


t o u c h e r v a g i n a l en U q u a d r a n t s .
1. Vessie
2. Trigone
3. U r e t è r e
U. P a r a m è t r e
5. T r o m p e
6. Ovaire
7. Douglas
8. R e c t u m
9. U t é r o - s a c r é
10. Col

F i g u r e 1.19. Les o r g a n e s p e l v i e n s e x p l o r é s par le t o u c h e r En avant


vaginal. - la face postérieure de la vessie, avec l'uretère terminal;
- la face antérieure de l'utérus, s'il est bien antéversé et
On pourra donc explorer (fig. 1.20 et 1.21) : antéfléchi.

Latéralement
- en bas :
• le releveur (qui s'accroche au doigt recourbé),
• la paroi osseuse (région du cotyle),
• le tissu cellulaire du paravagin ;
- en haut :
• la partie basse du paramètre.

En arrière
- le cul-de-sac postérieur, profond, correspond au précieux
cul-de-sac péritonéal rétro-utérin (Douglas) riche d'ensei-
gnement en cas :
• d'épanchement intrapéritonéal (sang, pus, ascite),
• d'endométriose, etc.,
- le col sus-vaginal où s'insèrent les utéro-sacrés ;
- le rectum en arrière, hélas pas toujours vide !
F i g u r e 1.20. Le t o u c h e r v a g i n a l p e r m e t l ' e x p l o r a t i o n du
pelvis. Limites de l'examen
1. R e l e v e u r
2. P a r a m è t r e - p a r a v a g i n Dans de bonnes conditions, le doigt vaginal explore le contenu
3. U r e t è r e s d'une portion de sphère. En fait, cette portion de sphère est
U. A r t è r e u t é r i n e amputée :
5. Vessie
- par la moitié relative de l'ensemble de l'avant-bras-main de
6. R e c t u m
l'examinateur qui n'est pas nécessairement un acrobate ;
27 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

- par la non-dépressibilité d'un vagin parfois atrophique, Attention alors :


scléreux ou simplement douloureux.
De plus, l'examen avec la main droite ne permet de bien - à ne pas confondre un sigmoïde plein de matières avec une
examiner que la moitié droite du pelvis, en allant de la prona- tumeur annexielle gauche;
tion à la supination. En fait, la zone explorée est un peu plus - à ne pas exagérer le volume d'un corps utérin très
grande, mais le quart antérieur gauche est mal exploré par le antéfléchi.
droitier. D'où la nécessité d'examiner souvent avec les deux Mais tes renseignements apportés ne sont pas toujours à la
mains successivement (le praticien changeant de côté bien mesure des efforts fournis.
entendu] pour ne pas méconnaître une lésion annexielle Que la femme soit un peu contractée et un peu obèse, et l'on
gauche masquée pour un droitier (et inversement] (fig. 1.22). ne sent rien, il faut en avoir conscience et surtout, ne pas en
déduire que tout est normal!

• Le toucher rectal
Le toucher rectal est, au cours de l'examen gynécologique, un
temps complémentaire le plus souvent indispensable. Il
faudra donc ne pas hésiter à le pratiquer en prévenant la
patiente de ce geste et en usant largement de lubrifiant
(fig. 1.23).

Ce toucher rectal permettra :


F i g u r e 1.22. Les l i m i t e s du t o u c h e r v a g i n a l .
D a n s de b o n n e s conditions, le doigt v a g i n a l e x p l o r e le
- de déplisser la fourchette vulvaire et de bien examiner le
contenu d'une portion de sphère. vestibule et en particulier l'hymen. Il sera donc indispen-
sable pour préciser l'intégrité de cette membrane lors d'un
Les conditions peuvent ê t r e moins bonnes, on peut être gêné
examen médico-légal;
par : - il permet de palper remarquablement la face postérieure
- une femme pusillanime; du col, les doigts n'étant pas arrêtés par la longueur du
- une petite vulve étriquée, sénile, ou atrésique ; vagin, remontent plus haut et permettent de sentir le plus
- un périnée musclé ou trop bien reconstruit; souvent la face postérieure de l'utérus;
- des grosses fesses; - on explore également très bien par le toucher rectal, le
- un abdomen gras ou musclé. Douglas et son contenu, qu'il s'agisse d'un épanchement
liquidien, d'une masse dans le Douglas;
La main vaginale est alors orpheline et reste à distance de la
main abdominale. - enfin, on explore les paramètres de chaque côté du col, cet
examen étant indispensable dans les cancers mais aussi
dans l'endométriose et certaines affections ;
À l'opposé, l'examen peut être facilité par :
- on explore l'ampoule rectale sur toutes ses faces en
- la maigreur; n'oubliant pas qu'une lésion rectale, en particulier un
- le post-abortum; cancer, peut coexister chez une patiente qui consulte pour
- un diastasis des droits, qui peuvent permettre un tel rappro- des troubles gynécologiques.
chement des deux mains que l'on arrive presque à coincer Le toucher bidigital (fig. 1.24) associant toucher rectal et
entre la main abdominale et les doigts vaginaux tout ce qui toucher vaginal, permet d'apprécier le Douglas en cas d'ély-
est accessible dans le petit bassin. trocèle, la cloison recto-vaginale en cas d'endométriose.
Examen gynécologique normal

publiés par le Collège national des gynécologues obstétriciens


français peut être remis (http ://wwww.cngof.asso.fr). Sa
remise ne dispense pas de donner des explications orales
détaillées. Il peut être également utile de proposera la patiente
de demander l'avis d'un autre confrère, si elle hésite à vous
suivre sur le chemin que vous indiquez. La décision n'est
souvent pas urgente, elle se sentira libérée par la proposition
que vous lui faites car elle y pensait d'elle-même.
Le dialogue avec le confrère, consultant, s'en trouvera facilité
par la remise des documents du dossier. Ainsi la patiente, le
couple se sentiront écoutés mais aussi épaulés dans la déci-
sion qu'ils ont à assumer.
Autant dire que la consultation gynécologique, surtout pour
une patiente que l'on voit pour la première fois, est une affaire
obtient l e s m e i l l e u r s r e n s e i g n e m e n t s s u r : longue. Nous avons vu l'importance de l'interrogatoire, de
- le Douglas en cas d ' é l y t r o c è l e , l'examen, des gestes associés, de l'étude synthétique. Il est
- la cloison r e c t o - v a g i n a l e en cas d ' e n d o m é t r i o s e .
évident que cela ne peut s'accommoder d'une consultation de
quelques minutes et qu'il faut avoir une demi-heure, trois
quarts d'heure, en sachant prolonger l'entretien plus long-
• La synthèse temps si cela est nécessaire.
C'est à partir de ce dialogue avec la femme ou le couple et des
Les examens finis, pendant que la patiente se rhabille, une constatations médicales de l'examen que l'on pourra, avec la
synthèse est indispensable. participation active de la patiente :
Le gynécologue devra donc schématiser les données de l'exa- - diriger logiquement les investigations complémentaires ;
men des seins et de l'appareil génital sur sa fiche d'observa- - prescrire un traitement rationnel qui sera bien suivi car
tion, un schéma est souvent plus explicite. compris;
Pour l'examen pelvien : on se servira d'une coupe sagittale et - reconnaître son ignorance et savoir demander un avis
d'une coupe transversale du bassin ; pour la vulve : d'une vue spécialisé.
frontale ; pour les seins : d'un schéma sommaire du thorax. Savoir écouter, mais aussi parler, dialoguer, communiquer
Le médecin devra soulever un ou plusieurs diagnostics, déci- avec les patientes est un essentiel de la consultation gynéco-
der des examens à demander et de la conduite à tenir. Ce logique. On tirera grand profit, pour réfléchir à cette question,
temps est tout à fait essentiel. Il sera l'occasion d'un dialogue de la lecture de l'excellent livre d'André et Lelord : Chers
avec la patiente ou le couple, on fournira alors toutes les expli- Patients...
cations nécessaires pour la compréhension des troubles,
pour les examens proposés, pour la conduite thérapeutique.
Des schémas simplifiés de l'appareil génital ou une petite m BIBLIOGRAPHIE
maquette en plastique permettront à la malade de mieux vivre ANDRÉ C., LELORD F., LEGERON P. Chers Patients... Petit traité de communi-
cet exposé. Ce temps d'explication permettra de supprimer cation à l'usage des médecins. Le quotidien du médecin, Paris, 1997.
bien des angoisses et permettra une meilleure participation BALINT J. Le malade, la maladie et son médecin. Payot, Paris, 1960.
de la malade au traitement, de lier le dialogue et de réaliser le COLE S., BILLEWICZ W. AND THOMSON A . S o u r c e s of v a r i a t i o n i n m e n s t r u a l
premier temps d'une psychothérapie de soutien, surtout si blood loss. J. Obstet. Gynecol. Scand., 1971, 78,939-9.
l'on pense que la participation psychologique dans les trou- HALLBERG L , HOGDAHL A . M . , NILSSON L , RYBO G. M e n s t r u a l b l o o d l o s s - a
bles invoqués est importante. population study. Acta Obstet. Gynecol. Scand., 1966,45,320-351.
JANSEN, C. SCHLOTEN P. HEINTZ A . A s i m p l e v i s u a l a s s e s s m e n t t e c h n i q u e
S'il s'agit de proposer une intervention, le praticien devra
to discriminate betwen menorrhagia and n o r m a l m e n s t r u a l blood loss
discuter avec la patiente des avantages et des inconvénients
Obstet Gynécol. 1995,6,977-982
des différentes solutions possibles et des risques opératoires SOUTOUL J . H . , BERTRAND J „ BODY G. La consultation en gynécologie obstétri-
éventuels. En essayant d'être objectif, sans cependant que. Ellipse, Paris, 1994.
augmenter l'angoisse de la patiente, ce qui pourrait à la limite V E S S E Y M . , V I L L A R D - M A C K I N T O S H L . , M C P H E R S O N K . , C O U L T E R A . , YEATES D .
la bloquer dans le choix d'une solution thérapeutique cepen- The epidemiology of hysterectomy : findings in a large cohort study. Br.
dant nécessaire. Un document d'information comme ceux J. Obstet. Gynecol., 1992, 99, 402-407.
Chapitre 2 Investigations en gynécologie

Objectifs E x p l i q u e r a une f e m m e comment prendre sa t e m p é r a t u r e et faire une courbe thermique. B


Décrire les renseignements que l'on peut déduire de l'étude d'une courbe de t e m p é r a t u r e concernant
le fonctionnement de l'ovaire n o r m a l et pathologique et savoir les expliquer à la patiente. B
É n u m é r e r les indications et les contre-indications de l'hystérométrie. C
É n u m é r e r les indications et les contre-indications de la biopsie de l'endomètre. C
Prescrire une échographie pelvienne abdominale ou vaginale. A
Décrire l'aspect échographique n o r m a l de l'appareil génital féminin. B
É n u m é r e r les indications et les contre-indications de l'hystérographie. C
Décrire les principaux é l é m e n t s de la lecture d'une hystérographie normale. C
Décrire le principe de la colposcopie et les principaux renseignements que l'on peut en tirer. C
Décrire le principe de l'hystéroscopie et les principaux renseignements que l'on peut tirer de cet examen. C
É n u m é r e r les indications et les contre-indications ainsi que les complications de la cœlioscopie. A
Donner le prix approximatif des examens c o m p l é m e n t a i r e s en gynécologie. B

Plan du chapitre • L'hystérométrie


Les petits gestes associés à l'examen
gynécologique normal 17 L'hystérométrie a pour but de mesurer la longueur utérine.
Les explorations gynécologiques spécialisées . 27
Mesure des longueurs utérines
Le but de ce chapitre est de présenter un panorama des Comme toute exploration intra-utérine, cet examen présente
examens gynécologiques courants en deux grandes parties. des risques : il doit donc être fait en première moitié de cycle
Les petits gestes qui font partie de la consultation gynécolo- seulement, pour éviter de traumatiser un œuf éventuel, et en
gique et que le généraliste doit savoir pratiquer. dehors de toute infection cervico-vaginale.
Les explorations gynécologiques qui sont du ressort du
spécialiste et dont il doit connaître les principes, les avantages
et les inconvénients mais aussi le prix, s'il est amené à les
prescrire.

• Les petits gestes associés à


l'examen gynécologique normal
• Examen de l'hymen
-n
Le généraliste peut être amené à examiner l'hymen dans un
but médical ou médico-légal.
Il y a 2 possibilités pour cela :
- le toucher rectal (fig.2.1) qui permet, le doigt en avant,
les grandes lèvres écartées par la main gauche, de faire
bomber la cloison recto-vaginale et de voir ainsi toute la
circonférence de l'hymen;
- un autre moyen est celui décrit par Dickinson qui consiste à
introduire une sonde à ballonnet dans le vagin puis à gonfler
le ballonnet et à tirer sur la sonde de façon que le ballonnet
distende l'hymen, la main gauche écartant grandes lèvres et
petites lèvres. On voit ainsi très bien la circonférence de cette
membrane et son aspect (fig. 2.2). Si la femme a été déflorée, Figure 2.1. E x a m e n de l ' h y m e n au toucher r e c t a l , le
elle n'est plus intacte, il existe au minimum une incisure à 5 h doigt r a m e n é en avant p e r m e t l ' e x a m e n de toute la
et à 7 h, de valeur médico-légale [fig. 2.3) [cf. chapitre 32). circonférence.
30 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

mesurer la longueur de la cavité cervicale qui est habituelle-


ment de 25 à 35 mm. Par soustraction, on déduira la longueur
de la cavité utérine qui est de 40 à 50 mm. Cette longueur
diminue dans l'hypoplasie avec inversion du rapport corpo-
réo-cervical qui passe à 1 sur 1, ou 2 sur 3, au lieu de 3 sur 2.
Dans les prolapsus, il existe également un allongement atro-
phique du col. Les fibromes peuvent également agrandir et
augmenter les dimensions de la cavité utérine. La mesure des
dimensions de la cavité utérine est maintenant faite le plus
souvent paréchographie.

Figure 2.2. E x a m e n m é d i c o - l é g a l de l ' h y m e n à l'aide


d'une sonde à ballonnet introduite dans le vagin (d'après
Dickinson et Dargent).

F i g u r e 2.U. P r i s e du col avec la pince de Pozzi.

incomplète.
F i g u r e 2.5. H y s t é r o m é t r i e .

Matériel
Appréciation de la direction de l'utérus
Le matériel à utiliser peut être un hystéromètre métallique
gradué en cm, avec un curseur (hystéromètre de Meigs) ou un Normalement, l'utérus est en antéversion, l'hystéromètre a
hystéromètre flexible en gomme souple comme celui de une courbure concave du côté des chiffres gravés. Quand
Dalsace ou à usage unique (Laboratoire CCD). l'utérus présente une antéversion normale, l'hystéromètre
entre sans difficulté, et le manche s'abaisse au fur et à mesure
Technique vers le bas. En cas d'hyperantéflexion, il faut bien tirer sur la
pince, le col, et abaisser le manche plus que d'habitude vers le
Après avoir vérifié la propreté du c o l i t de sa glaire (l'infection bas pour le faire pénétrer dans la cavité utérine. En cas de
faisant renoncer à cet examen), on nettoiera le col avec une rétroflexion, il faut retourner l'hystéromètre, chiffre vers le
compresse sèche, puis on le badigeonnera avec un antisepti- bas, pour qu'il pénètre sans effort.
que type ammonium quaternaire. On saisit le col avec une
Lorsque l'hystéromètre ne pénètre pas dans la cavité utérine,
pince de Pozzi et on tire doucement sur celle-ci pour diminuer
il faut penser à une mauvaise technique, mais aussi à une
l'antéflexion de l'utérus. On présente alors l'hystéromètre
anomalie du col qui peut être oblitéré ou déformé en baïon-
sans toucher les parois du vagin à l'entrée du col, et on l'intro-
duit dans la cavité cervicale par des petits mouvements doux nette par une endométriose, ou enfin à un spasme. Il faudra
sans forcer. On le fait ainsi progresser pas à pas « persua- donc vérifier cette anomalie par une hystérographie pratiquée
sion » vers l'isthme puis le fond utérin (fig. 2A et 2.5). avec une canule à bout court.
Cette introduction ne doit rencontrer ni résistance, ni provo-
quer la moindre douleur. • La recherche d'une béance de l'isthme
Normalement, la longueur de la cavité utérine chez la nulli-
pare est de 70 à 75 mm et de 75 à 85 mm chez la multipare. La mesure du calibre de l'isthme peut être utile en cas de
On percevra dans cette manœuvre plus ou moins nettement fausse couche tardive au 2e trimestre avec fœtus vivant et
un arrêt au niveau de l'orifice interne du col permettant de poche des eaux rompue.
Investigations en gynécologie 33

L'examen pour la recherche de la béance cervico-isthmique filaments mycéliens ou des spores à l'aspect bourgeonnant,
sera fait 3 mois au moins après la fausse couche ou l'accou- toutes les autres cellules ayant été dissoutes (fig. 2.7).
chement. On commence par une hystérométrie qui, en prin- Si la lame n° 1 est propre et s'il n'y a pas de mycose après
cipe, ne perçoit pas le ressaut de l'isthme, puis on essaie la dissolution, on peut estimer que la leucorrhée dont se plaint
bougie de Hégard n° 8. Si elle passe sans difficulté, il s'agit
d'une béance sûre. On essaiera alors la bougie n° 10, qui, si
elle passe à son tour, signe une béance importante. S'il existe
un passage de la bougie n° 8 avec une certaine résistance, il
s'agit d'un cas limite et il faudra refaire la manœuvre en repé-
rant bien la direction de l'utérus pour voir si, à ce moment-là,
la sonde ne passe pas plus facilement. Il ne faut jamais essayer
d'emblée de bougie plus petite que la bougie n° 8.

• Examen extemporané des sécrétions F i g u r e 2.7. E x a m e n e x t e m p o r a n é du p r é l è v e m e n t vaginal


génitales a p r è s potasse à 5%. Il ne r e s t e plus de c e l l u l e s vaginales.
On reconnaît bien l e s f i l a m e n t s mycéliens du candida (ici
Cet examen fait à notre avis tout à fait partie de l'examen clini- la photo est prise au microscope à c o n t r a s t e de phase).
que gynécologique normal.
Il comprend l'étude des sécrétions vaginales avec recherche la malade est physiologique, surtout s'il n'y a aucun signe
de trichomonas ou de levures, l'étude de la glaire cervicale, la inflammatoire du col du vagin et que la glaire est limpide.
pratique du test de Huhner. Il faut bien sûr posséder un La lame n° 1 est sale, le frottis contient de très nombreux
microscope avec 2 grossissements (x 100 et x 400). polynucléaires.
Les cellules vaginales sont difficilement décelables, car
L'étude des sécrétions vaginales souvent altérées ou masquées par le nombre important des
leucocytes. Si des cellules, sont visibles, elles sont de type
C'est un temps important de l'examen lorsque la patiente parabasal plus petites, plus rondes, à noyau plus gros. Il faut
consulte pour leucorrhées. alors rechercher le trichomonas qui apparaît comme une
On fera un premier prélèvement dans le cul-de-sac postérieur cellule ovalaire ou ronde, au noyau petit, peu visible, au cyto-
auquel on ajoutera une goutte de sérum physiologique à 9 %o, plasme plus clair et de taille plus grosse (environ 1,5 fois plus
éventuellement du bleu de Crésyl. On mélangera et on appli- qu'un polynucléaire) (fig. 2.8).
quera une lamelle que l'on écrasera un petit peu pour l'exa-
men au microscope.
Un deuxième prélèvement sera fait au même endroit et •A t » ; , * '
mélangé à une goutte de solution de potasse à 5 % puis recou-
vert d'une lamelle.
Trois conditions peuvent se voir :
Le frottis paraît propre, il ne contient pas ou très peu de
fi.%
•* v> . -- •

polynucléaires. t- .'.-î - ' * îfto


En première partie du cycle, les cellules vaginales sont de Si.
'W' «c
type superficiel, elles sont étalées, à noyaux pycnotiques,
sans leucocyte, traduisant une bonne imprégnation estrogé- Figure 2.8. P r é l è v e m e n t vaginal. E x a m e n e x t e m p o r a n é
nique (fig. 2.6). a p r è s s é r u m physiologique. Le frottis est sale. On r e m a r -
que les t r è s n o m b r e u x polynucléaires. Les cellules,
g r a n d e s une fois et d e m i e c o m m e les leucocytes, sont des
t r i c h o m o n a s que l'on voit bouger à l'examen e x t e m p o r a n é .

Il se déplace dans des directions variables. Ses flagelles


mobiles et sa membrane ondulante produisent dans le liquide
qui l'environne un aspect de « ronds dans l'eau » visibles si on
bouge la vis micrométrique du microscope.
La présence ou l'absence de trichomonas ne doit pas faire aban-
F i g u r e 2.6. P r é l è v e m e n t v a g i n a l au 8 e j o u r du cycle, le donner l'examen de la 2e lame au KOH car l'association levures-
p r é l è v e m e n t est p r o p r e , il n'y a pas de l e u c o c y t e s m a i s trichomonas est possible, ou la présence de pus peut être due à
s e u l e m e n t de g r a n d e s c e l l u l e s v a g i n a l e s . une surinfection par des germes banals d'une candidose.
Après dissolution des leucocytes et des amas cellulaires, le
En deuxième partie de cycle, les cellules vaginales sont de même diagnostic de filaments mycéliens ou de spores est facile.
type, plicaturées ou en amas avec quelques leucocytes, il faut Si le frottis vaginal est sale et que l'on n'a retrouvé ni tricho-
alors examiner la lame n° 2 pour rechercher une mycose. En monas, ni candida, surtout s'il existe une notion de contage
effet, ta potasse à 5 % dissout en 2 à 5 mn tous les constituants vénérien, ou s'il existe une infection du haut appareil type
cellulaires sauf les levures. On verra alors très facilement les endométrite ou salpingite, il faudra alors savoir faire le prélè-
32 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

vement endocervical strict ou le prélèvement au niveau de Le prélèvement sera fait avec une pince longuette 2 et entre
l'urètre avec ensemencement immédiat dans le milieu de ces 2 mors que l'on écarte, on appréciera la filance de la glaire
culture. puis on l'étalera sur une lame de microscope, on la laissera
Ces derniers prélèvements avec recherche de gonocoque et sécher et on l'examinera.
de chlamydiae seront faits plutôt au laboratoire. Dans une glaire normale, ily a très peu d'éléments cellulaires
Le « sniff test » ou test à la potasse est réalisé par un mélange et on aura du mal souvent à mettre au point dans le bon plan.
de sécrétions vaginales avec de la potasse à 10 %. Celui-ci est La cristallisation se fait en feuille de fougère, et au moment de
positif si une odeur de poisson avarié se dégage du mélange, l'ovulation, cette cristallisation est abondante avec des rami-
témoignant de la présence de bases aminées volatiles spécifi- fications de 2e ou 3e ordre. On pourra alors utiliser le score
que des vaginoses bactériennes (Gardnerella vaginalis et d'Insler [cf. tableau 6.I, p. 78) pour chiffrer de manière globale
anaérobies). la qualité de la sécrétion cervicale.
Cet examen extemporané dispensera de bien des prélève- Un score d'Insler entre 8 et 10 est correct. Entre .11 et 12, il est
ments bactériologiques aux laboratoires, onéreux et inutiles, excellent. Entre k et 7, il est insuffisant. Entre 0 et 3, il est nul
nous le reverrons au chapitre des leucorrhées [cf. (fig. 2.11 et 2.12).
chapitre 20). Cet examen sera confronté à l'étude de la courbe thermique
car il est évident qu'un test fait trop tôt chez une femme qui
ovule tard peut parfaitement expliquer un mauvais résultat.
L'étude de la glaire (fig. 2.9 et 2.10]
C'est un temps important dans les investigations d'une stéri-
lité. Il faut la faire en l'absence d'infection cervicale, en dehors
de toute exploration gynécologique (en particulier hystérogra-
phique) du 11e au 13e jour du cycle.

 i
F i g u r e 2.11. C r i s t a l l i s a t i o n m o y e n n e de la g l a i r e .

- m.WtÉm

Figure 2.9. Examen de la glaire cervicale au 14 e jour du cycle.


Le col est ouvert, la glaire abondante, limpide, s'écoule.
is WM
- r
i R> ' "' X -. > V A
•»••viv
F i g u r e 2.12. C r i s t a l l i s a t i o n c o m p l è t e de la g l a i r e .

I • • <». - , -.«.
• 1 i
J ; r'
j " . • * . *•
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•^SSSwWswi
F i g u r e 2.10. E x a m e n de la g l a i r e au^tnicroscope. • Y . ' *
Cristallisation débutante.
-b > - '
Après avoir mis en place un spéculum, on fera un premier F i g u r e 2.13. Test de H ü h n e r positif. La g l a i r e est p r o p r e
prélèvement dans le cul-de-sac postérieur de façon à s'assu- et l i m p i d e . Il y a de n o m b r e u x s p e r m a t o z o ï d e s qui é t a i e n t
rer que le frottis vaginal est propre, et qu'il ne contient pas de m o b i l e s à l ' e x a m e n direct ( g r o s s i s s e m e n t = x ¿00).
trichomonas ou de candida. Si ce prélèvement montrait une
parasitose ou une mycose, il faudrait bien sûr la traiter avant
de revoir le problème de la glaire.
Le test de Huhner (fig. 2.13)
Le prélèvement pour l'étude de la glaire sera fait après le
prélèvement dans le cul-de-sac postérieur. On commencera L'étude de l'ascension des spermatozoïdes dans la glaire
par moucher le col avec une compresse sèche puis on expri- cervicale à l'examen extemporané est un temps essentiel de
mera la glaire en pinçant le col entre les 2 valves du spécu- l'exploration du couple stérile. À notre avis, il doit être fait par
lum. Le spéculum sera ensuite rouvert et on appréciera la
béance cervicale et l'abondance de la sécrétion. 2. On peut a u s s i u t i l i s e r ['Aspigalire ( L a b o r a t o i r e I M V ; L'AigLe-61 J.
Investigations en gynécologie 33

le clinicien car il doit s'accompagner de l'étude des caracté- Le prélèvement exocervical


ristiques de la glaire cervicale.
L'examen sera fait à la fin de la période folliculaire qu'on aura Il est fait avec le bord découpé de la spatule d'Ayre de façon à
déterminée par l'étude de la courbe thermique après 2jours bien prélever sur la zone qui se trouve à la jonction entre L'épi-
d'abstinence, 8 à 12 heures après le rapport. thélium cylindrique et l'épithélium malpighien [cf. chapitre 16
On commencera par un prélèvement vaginal dans le cul-de- et fig. 2.16 et 2.17).
sac postérieur qui permet de s'assurer qu'on est bien dans la
première moitié du cycle et qu'il n'existe pas d'infection
surajoutée.
Un deuxième prélèvement sera fait à l'orifice externe du col
après avoir mouché celui-ci et pratiqué l'expression de la
glaire. Le prélèvement sera déposé sur une lame recouverte
d'une lamelle, examinée à l'objectif 40.
Pour que le test soit positif, il faut qu'il y ait plus de 5 sperma-
tozoïdes à mobilité progressive à ce grossissement. Les poly-
nucléaires doivent être rares. Le score d'Insler doit être
supérieur à 8. En effet, si la glaire n'est pas de bonne qualité,
F i g u r e 2.14. Col u t é r i n avec ses s é c r é t i o n s
le test de Hùhner négatif n'a pas de valeur et doit être refait physiologiques.
avec une glaire optimalisée.
Le prélèvement endocervical doit être fait avec une canule
d'insémination de Braun (ou avec un Aspiglaire) montée sur
une seringue à embout américain introduite à 2 cm au-dessus
de l'orifice externe. La glaire est aspirée. On recherchera
entre lame et lamelle la présence de spermatozoïdes.
Un 3e prélèvement endo-utérin peut être fait en introduisant la
canule dans le fond utérin. Les spermatozoïdes y sont norma-
lement peu nombreux, et il faudra souvent explorer de
nombreux champs du microscope pour les trouver. Le liquide
endo-utérin est fluide, leur mobilité est beaucoup plus grande
que dans le mucus cervical et ils progressent plus vite, par à-
coups, butant sur de nombreuses hématies. Cette mobilité F i g u r e 2.15. A p r è s m o u c h a g e du col avec une c o m p r e s s e
s è c h e : le col est p r o p r e . On peut f a i r e le f r o t t i s v a g i n a l .
permet de les distinguer des spermatozoïdes endocervicaux
qui auraient pu être mêlés à la préparation avec leur mucus
beaucoup plus visqueux.

• Les prélèvements cytologiques


Le frottis de dépistage
C'est un geste de médecin praticien que tout médecin doit
savoir faire.

1. Quand faire le frottis?


- en dehors de la période des règles;
- alors que la patiente n'a pas fait de toilette vaginale ou subi
d'examen gynécologique depuis 24 heures;
F i g u r e 2.16. P r é l è v e m e n t pour f r o t t i s v a g i n a l de d é p i s -
- à distance des rapports sexuels (48 heures) ; t a g e avec la s p a t u l e d'Ayre.
- s'il n'existe pas d'infection du col ou du vagin ;
- en l'absence de traitement local type ovules;
- après un traitement œstrogénique si la femme est méno-
pausée (ANAES, 2002).

2. Comment faire le frottis? tprtMbuffl


cyMriqo*
Le spéculum est introduit en premier sans lubrifiant (le M l'tndocol
toucher vaginal s'il doit être fait, le sera après la pratique du
zone di (onction
frottis en raison de l'utilisation de lubrifiant qui gêne l'examen ApttMliurn
cytologique).
Le col étant exposé par l'ouverture du spéculum, il faut le de I cxocsl
moucher avec une compresse sèche, de façon à le débarras-
ser des sécrétions qui le recouvrent (fig. 2.14 et 2.15). F i g u r e 2.17. S c h é m a du p r é l è v e m e n t .
34 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Figure 2.18. P r é l è v e m e n t endocervical avec le porte-coton. F i g u r e 2.19a. S c h é m a e x p l i c a t i f de la figure 2.18.

Par un mouvement tournant de la spatule, toute la zone de


jonction sera balayée. Le produit du prélèvement sera étalé
sur une lame et fixé par immersion dans un flacon contenant
un mélange pour moitié d'éther et d'alcool ou avec un fixateur
en aérosol.
Lorsque la zone de jonction n'est pas visible, ce qui est fréquent
chez la femme ménopausée, il faut faire un prélèvement
endocervical avec le coton monté ou une cytobrosse (fig. 2.19b]
pour aller prélever les cellules là où le cancer naît, c'est-à-
dire à la jonction des épithéliums cylindriques et malpighiens
F i g u r e 2.19b. P r é l è v e m e n t avec une c y t o b r o s s e .
(fig. 2.17 et 2.19a]. Par un mouvement tournant, on prélèvera
les cellules endocervicales et on les étalera sur une lame.
Dans tous les cas, l'étalement sera fait d'un seul trait, sans
mouvement rotatoire qui peut donner aux cellules des formes
bizarres.
Si on utilise les frottis en phase liquide, il faut balayer la zone
de jonction avec le petit instrument prévu à cet effet ou une
cytobrosse. L'instrument qui a servi à recueillir les cellules
sera agité dans le liquide en le pressant sur les parois du
flacon pour faciliter le transfert des cellules dans le liquide
fourni par le laboratoire. Ce prélèvement permettra l'étude
des cellules cervicales mais aussi la recherche du virus HPV
si nécessaire (fig 2.19c).
Le frottis en phase liquide est aussi efficace que le frottis clas-
sique, il est moins préleveur dépendant et plus sensible. Il est
par contre plus cher, n'améliore pas le diagnostic des lésions
de haut grade et ne diminue pas le nombre de prélèvements
peu satisfaisants (Davey, 2006). Son avantage principal est de
pouvoir sur le même prélèvement rechercher les virus HPV
oncogène en cas de frottis anormal. En. routine pour le dépis-
tage de masse le frottis en phase liquide n'est pas recom-
mandé par l'HAS ni par son homologue anglais NICE.
Un bon accompagnera les lames ou le prélèvement liquide F i g u r e 2.19c. M a t é r i e l
pour le p r é l è v e m e n t
donnant aux cytologistes, outre l'état civil de la malade, le c y t o l o g i q u e en phase
nombre de grossesses, la date des dernières règles, l'aspect liquide.
macroscopique du col, le pourquoi du frottis (ici le dépistage),
les traitements suivis y compris la contraception.
actuellement, et le plus simple, est l'endocyte de J. Cohen
(fig. 2.20), que nous utilisons. Il est formé d'une tige de propy-
Les prélèvements endométriaux lène de 20 cm de long et de 2 mm de diamètre terminée par
On sait que le cancer de l'endomètre est endocavitaire et non deux palettes de prélèvement que l'on coulisse dans un tube
accessible directement à la vue et à la spatule. C'est un adéno- de propylène également. Après désinfection vaginale
carcinome qui desquame peu à la différence du cancer du col. soigneuse, on introduit l'appareil dans la cavité utérine en
Si on veut obtenir des cellules endométriales, il faut faire un exerçant une traction douce sur le col pour réduire son anté-
prélèvement électif dans la cavité utérine. Des instruments version. L'introduction se fait tout à fait comme une hystéro-
variés ont été proposés pour faire ce prélèvement : écouvillon, métrie. On repousse ensuite la tige centrale, ce qui autorise
éponge, spatule plastique, brosse. Un des plus utilisés l'écartement des palettes dans la cavité (fig. 2.21).
Investigations en gynécologie 33

Les frottis vulvaires


Ils peuvent être utiles pour l'étude de lésions vulvaires dont
l'épithélium malpighien est ulcéré. Après nettoyage de la
lésion avec une compresse sèche, on préférera la technique
de l'empreinte qui consiste à appliquer la lame de verre direc-
tement au contact de la lésion puis à la fixer. On pourra ainsi
distinguer une lésion néoplasique d'une lésion bénigne :
herpès, granulome inguinal, mycose ou surtout syphilis par
l'examen de la sécrétion à l'ultramicroscope.
Enfin, il faudra savoir rechercher des oxyures par prélève-
ment des œufs à l'aide d'un scotch ou examiner un poil à la
recherche d'un phtyrius inguinatis visible très facilement au
microscope.
Figure 2.20. L'endocyte de J e a n Cohen.

La ponction du Douglas
C'est un geste facile à faire en consultation. Il a pour but de
recueillir du liquide péritonéal. Ce type de prélèvement peut
être utile dans le diagnostic d'un hémopéritoine.
La malade est mise en position gynécologique, le spéculum
bloquant la lèvre postérieure sous sa valve antérieure de façon
à bien exposer le cul-de-sac postérieur. S'il n'y a plus d'utérus,
il faut piquer un peu en arrière de la cicatrice vaginale.
On ponctionnera à 15 mm de l'insertion cervicale du vagin et
on fera pénétrer l'aiguille (recouverte d'un cathelon en plasti-
que] dans un plan horizontal sur 1 ou 2 cm (fig. 2.22].

p r é l è v e m e n t cytologique e n d o - u t é r i n .

On effectue quelques mouvements de rotation, qui permet-


tent le grattage de la muqueuse, puis la tige est de nouveau
Figure 2.22. P r é l è v e m e n t de liquide p é r i t o n é a l par ponc-
entrée dans le tube avant d'être retirée de l'utérus de façon à
tion du Douglas.
ne pas le souiller par des celtiiles de l'endocol. Ensuite, les
palettes sont sorties de leur tube et le prélèvement étalé sur
une lame et fixé. Ce type de prélèvement ne peut être fait en On retirera alors l'aiguille de son mandrin en plastique et on
cas d'hémorragie, de pyométrie ou d'atrésie du col. verra le liquide monter par capillarité dans ce mandrin. Si
cette ascension ne se produit pas, il faut retirer doucement le
Les frottis vaginaux cathéter plastique jusqu'à obtenirdu liquide. Si le cathéter est
plein, on l'enverra tel quel au laboratoire de cytologie. Si on n'a
Dirigés sur une lésion vaginale suspecte, ils peuvent être bien que quelques gouttes, il faudra savoir les étaler sur une lame
sûr pratiqués, en particulier lorsqu'il existe une adénose vagi- et les fixer.
nale chez une jeune femme dont la mère a pris du diéthyl-
stilbestrol (Distilbène) pendant ta grossesse, ou par
prélèvement direct sur une lésion sous-urétrale ou vaginale Les prélèvements cytologiques du sein
basse par exemple, qui peut être la métastase d'un cancer de Ils sont également très importants.
l'endomètre. Le prélèvement des écoulements du mamelon sera fait
On grattera alors avec la spatule d'Ayre la lésion et on étalera directement. Il faut essuyer les premières gouttes et prélever
le produit de grattage sur une lame que l'on fixera. sur les suivantes en évitant de toucher le mamelon. On appro-
36 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

che la lame et on l'étalé en donnant à cette dernière un mouve- • Les prélèvements anatomo-pathologiques
ment de translation sur le mamelon. Elle est fixée et adressée
en anatomopathologie. Le bistournage d'un polype du col
Devant un Paget du mamelon, on peut également faire une
Geste de consultation très simple qui consiste, après avoir
empreinte avec une lame qui sera frottée sur la lésion
désinfecté le col, à prendre le polype qui apparaît à l'orifice
eczématiforme.
cervical entre les deux mors d'une pince longuette et à tour-
La ponction cytologique du sein est un geste simple de
ner cette dernière sur elle-même, de façon à tordre le pédi-
consultation, pratiquement indolore. Le matériel nécessaire
cule du polype, ce qui permet de le séparer de son insertion et
est constitué par une seringue en verre de 10 à 20 cc, une
aiguille de diamètre de 7 à 9 dixièmes, de 40 mm de long. en même temps d'en faire l'hémostase. Le polype sera mis
Après avoir désinfecté la peau, on maintient entre l'index et le dans une solution de Bouin alcoolique et envoyé à l'anatomo-
médius la tuméfaction, et on introduit l'aiguille d'un coup sec pathologiste. Il ne faudra pas oublier que ce polype ne peut
dans le sein. Celle-ci en place, on aspire en imprimant au être qu'un polype sentinelle et ne peut pas être la cause du
piston des mouvements de va-et-vient (fig. 2.23 et 2.24). Cette saignement qu'il faudra savoir rechercher plus haut, en parti-
aspiration est facile s'il existe du liquide, elle doit être prolon- culier dans l'endomètre.
gée pendant une minute s'il s'agit d'une tumeur pleine. Avant
de retirer l'aiguille, on laissera revenir le piston sur lui-même La biopsie du col
de façon à ne pas faire passer le produit de ponction dans le Lorsqu'il existe une lésion néoplasique évidente du col, dure,
corps de la seringue, d'où on ne pourrait le retirer. Le piston friable, saignant au moindre contact, il est aisé d'en faire la
étant revenu sur lui-même, on retire l'aiguille puis on sépare biopsie, le prélèvement devant être fait en pleine tumeur.
l'aiguille de la seringue. On remplit la seringue d'air et on
Lorsqu'il n'y a pas de lésion évidente visible, c'est tout le
projette sur la lame le produit aspiré.
problème de la biopsie dirigée par colposcopie qui sera revu
au chapitre 7.

La biopsie de l'endomètre
Elle ne mérite qu'imparfaitement le nom de biopsie dans le
sens où elle n'est pas un prélèvement électif au niveau d'une
région reconnue suspecte et parfaitement localisée. C'est un
prélèvement partiel qui n'a donc d'intérêt que dans la mesure
où il s'adresse à une pathologie ou à un état de l'endomètre
supposé être assez étendu pour que la biopsie ait un minimum
de chance de recueillir un échantillon significatif.
Figure 2.23. Ponction d'un nodule m a m m a i r e avec une En France, elle est faite par la canule de Novak. Après avoir
seringue. R e m a r q u e z les m o u v e m e n t s de v a - e t - v i e n t de la nettoyé le col et pris celui-ci par une pince de Pozzi, la canule
s e r i n g u e (d'après Zadjela). de Novak est introduite dans l'orifice cervical et dans la
cavité.
On la ramène en retirant un fragment d'endomètre à l'inté-
rieur de la fenêtre dentelée. On peut aussi, comme dans la
technique originale, créer une dépression dans ta sonde avec
une seringue pour aspirer l'échantillon d'endomètre plus
important. Si l'introduction de la canule est facile, on peut
renouveler l'intervention deux ou trois fois afin de prélever
des lambeaux d'endomètre à plusieurs niveaux. Une bonne
manœuvre consiste avec la main abdominale à appuyer sur
l'utérus pour plaquer la paroi utérine antérieure contre la
Figure 2 . 2 4 . Ponction d'un nodule m a m m a i r e (photo canule, tandis que celle-ci est retirée, ce qui assure un
Zadjela). meilleur « rabotage » de la muqueuse corporéale. Actuelle-
ment, on utilise souvent un matériel à usage unique en polyé-
Si la tumeur est solide tout le produit de la ponction est situé thylène semi-rigide : ta pipelle de Cornier (fig. 2.25a à c). Cette
dans l'aiguille, rien ne doit se trouver dans le corps de la biopsie peut être utile pour apprécier un trouble fonctionnel
seringue. L'étalement se fera comme un étalement hémato- de l'endomètre, il sera alors fait habituellement en deuxième
logique. Si la ponction a ramené du liquide, celui-ci sera moitié de cycle et interprété en fonction de la date des règles,
envoyé directement au laboratoire. La ponction n'est pas et surtout en fonction de celle des règles suivantes qui seules
fiable s'il n'y a pas de tumeur palpable ou si l'image mammo- permettront de savoir si la biopsie a été faite moins de dix
graphique se résume à un foyer de microcalcification. jours avant les règles.
Le lieu de ponction sera comprimé immédiatement par le Elle est utilisée pour l'appréciation d'un état inflammatoire
médecin ou la malade de façon à éviter un hématome, la chronique, en particulier la tuberculose, deux fragments
patiente souvent un peu émue ne comprimant pas assez peuvent être adressés l'un en anatomopathologie, l'autre en
d'elle-même. bactériologie pour culture.
Investigations en gynécologie 33

F i g u r e 2 . 2 6 a . Biopsie d'un nodule vulvaire. L'anesthésie


locale a été faite par injection au niveau des 3 points indi-
qués en pointillés.

Figure 2 . 2 5
b. Introduction de la pipelle de Cornier.
c. Extraction de la pipelle de C o r n i e r : on doit t r a v a i l l e r
avec les deux m a i n s (la main droite t i r e sur la c a n u l e et
la main gauche t i r e sur le piston en se d é p l a ç a n t deux fois
plus vite) (d'après J. B e r t r a n d ) .

Figure 2 . 2 6 b . Biopsie Punch pour la biopsie de la vulve.


Enfin, elle peut être intéressante pour faire le diagnostic d'un
cancer de l'endomètre. Seule une biopsie positive permet Un instrument à usage unique, la biopsie Punch de 2 à A mm,
d'affirmer le diagnostic, une biopsie négative impose bien sûr peut être utilisé (Laboratoire Stiefel, 34-38, rue Camille Pelle-
la poursuite des investigations. tier, 92 300 Levallois-Perret) (fig. 2.26b).
Tous les fragments destinés à l'anatomopathologie doivent
La biopsie des lésions vaginales être fixés dès leur prélèvement, en général dans le Bouin
alcoolique. Ils sont adressés au laboratoire accompagnés
Elle sera faite avec une pince de biopsie de col. Il faudra d'un mot d'explication quant au lieu de prélèvement et à l'af-
surveiller à ne pas trop ouvrir le spéculum pour que le vagin fection recherchée.
ne soit pas trop tendu et ne puisse pas faire un pli dans la
pince. La biopsie d'un nodule du sein

La biopsie de vulve Les microbiopsies de sein sont faites par le radiologue après
anesthésie locale. Elles permettent de prélever une carotte
C'est un examen rarement pratiqué par le médecin alors qu'il de tissu d'un nodule palpable ou visible en échographie. Nous
^ est facile à faire en consultation et aussi simple qu'une biopsie le reverrons chapitre 17.
| de col et d'endomètre. Elle est très utile pour différencier une
'Ï lésion bénigne d'une lésion maligne. Sa technique est celle
| d'une biopsie cutanée comme le font les dermatologues.
• La courbe thermique
« Une anesthésie locale est nécessaire, on utilise la xylocaïne à C'est une méthode d'exploration gynécologique très précieuse
"7 1 % avec une aiguille très fine sous-cutanée ou de la crème pour le praticien et peu coûteuse pour la Sécurité sociale, à
< Emla. Par un point de piqûre unique, peu perceptible avec les condition de bien expliquer à la femme comment prendre sa
§ aiguilles fines à usage unique, on infiltre la zone où on veut température et réaliser la courbe.
1 faire la biopsie, puis on fait un prélèvement en pleine zone
! suspecte avec un bistouri en découpant un petit lambeau Le matériel
s losangique de peau. La fermeture est assurée par un fil de - il faut bien sûr un thermomètre médical rectal ;
§ vicryl, serti double 0 qui est en général suffisant pour assurer - mais surtout une feuille de température adaptée compor-
© l'hémostase (fig. 2.26a). tant un trait horizontal par dixième de degré, et un trait
38 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

vertical par jour, dont l'échelle va de 36,3 à 37,5 ou 38°, type Un plateau absent ou une courbe plate montre l'absence
agenda gynothermique (Jino) et non une feuille de tempéra- d'ovulation.
ture ordinaire dont l'échelle est trop petite. - L'importance du décalage ou son niveau au-dessous ou au-
dessus de 37° n'a pas d'importance.
La réalisation de la courbe - La prolongation du plateau au-delà de 16 jours signe le plus
souvent la grossesse.
La température rectale doit être prise au réveil avant le lever - Les rapports situés après 2 jours de plateau ne sont en
et si possible à la même heure. principe pas fécondants, nous le reverrons.
La température devra être portée sur la feuille en mettant le Le point bas
premier jour du cycle (1er jour des règles) à gauche et en chan- C'est le dernier point de la phase d'hypothermie avant le déca-
geant de feuille à chaque cycle, afin que, s'il y a un décalage, lage, il indique le moment de l'ovulation. Il varie dans le cycle,
celui-ci se trouve au milieu de la feuille. Les règles seront c'est à ce moment-là qu'il faut :
figurées par un rectangle proportionnel à leur abondance. Les - examiner la glaire;
dates du mois seront portées en haut du graphique. - faire un test de Huhner;
Les saignements (S), les douleurs (D), les pertes glaireuses (G), - avoir un rapport si on souhaite une grossesse.
les indispositions ou maladies (I), les réveils différents (0), les Le médecin doit donc essayer de repérer sur deux ou trois
médicaments (M) seront indiqués par un signe conventionnel. courbes :
Ces détails doivent être bien expliqués à la patiente avec un - le point bas;
modèle ¡fig. 2.27). - la durée de la phase folliculinique et hypothermique ;
- la durée de la phase progestative, hyperthermique.
Quels renseignements tirer de la lecture de la courbe
thermique? Qu'est-ce qui peut perturber la courbe thermique?
Le décalage thermique et le plateau seront facilement repé- La courbe thermique peut être perturbée par :
rés en cachant avec une feuille de papier la partie la plus - une maladie intercurrente provoquant une ascension ther-
basse de la courbe. mique (grippe, angine, incident dentaire ou autre) ;
- Ils signent l'existence d'un corps jaune et théoriquement - la prise de médicaments et en particulier de progestérone
l'ovulation. (ou de ses dérivés), de norstéroïde, d'hormones thyroïdien-
- Ils sont dus à l'effet de la progestérone sur le centre de nes, à doses excessives;
régulation de la température basale. Le plateau a normale- - le non-respect des règles de prise par une patiente peu
ment une durée fixe de U jours. Un plateau court inférieur docile;
à H jours signe un corps jaune insuffisant. - le travail de nuit, les horaires irréguliers.

Figure 2 . 2 7 ' Jour du mois


a. C o u r b e t h e r m i q u e lOi^/M
normale. au: <? 3«
b. C o u r b e t h e r m i q u e
avec p l a t e a u c o u r t .
c. C o u r b e t h e r m i q u e a

plate.

* Jour du mois
du:
au:
Investigations en gynécologie 33

Intérêt de la courbe thermique pour le praticien


Elle permet :
- la détection de la date probable de l'ovulation (point bas) ;
- la détection des cycles anovulatoires (pas de décalage) ;
- l'étude des cycles courts :
• à phase folliculinique courte et plateau thermique de
longueur normale,
• à phase progestative courte (plateau thermique court) ;
- l'étude des cycles longs;
•soit à décalage thermique retardé mais à plateau
normal : il s'agit de bradyménorrhées sans signification
pathologique, F i g u r e 2 . 2 8 . Colposcopie : z o n e de r e m a n i e m e n t a t y p i q u e
• soit sans décalage thermique et pathologique ; bien visible sur la l è v r e s u p é r i e u r e . Les c o n t o u r s sont
a s s e z nets (photo : G. Body).
- le diagnostic précoce de la grossesse par la persistance du
plateau thermique au-delà du 16e jour;
- le diagnostic précoce de ta menace d'avortement s'il appa-
raît une chute de la température dans les 12 premières
semaines de la grossesse ;
- l'étude des aménorrhées non gravidiques :
• avec décalage thermique : d'origine utérine évoquant une
synéchie [cf. chapitre 23),
• sans décalage thermique : d'origine ovarienne ou
sus-ovarienne;
- l'étude des métrorragies de la jeune fille par absence
d'ovulation;
- la prescription à la bonne date des dosages hormonaux
de progestérone en cas de stérilité : ils seront faits 6 jours
après la montée thermique ;
- l'espacement des naissances qui peut être fait en utilisant
cette technique [cf. chapitre 29). Figure 2.29. Colposcopie : m ê m e i m a g e que sur la
f i g u r e 2 . 2 8 , a p r è s test de S c h i l l e r au Lugol qui fait a p p a -
r a î t r e d ' a u t r e s zones iodonégatives sur la l è v r e s u p é -
r i e u r e (photo : G. Body).
• Les explorations gynécologiques
spécialisées
• La colposcopie
C'est l'examen du col après mise en place du spéculum, grâce • L'échographie (fig ure 2.30)
à un appareil optique grossissant 10 à 20 fois, et après badi- C'est la technique d'imagerie la plus utilisée en gynécologie,
geonnage du col à l'acide acétique à 3 % puis au Lugol. Il y a non agressive, utilisable pendant la grossesse, elle permet
deux Lugol, le faible, qui comprend : iode 1 g, iodure de potas- d'étudier l'utérus, les ovaires, le cul-de-sac de Douglas, le
sium 2 g, eau QSP/100 g, et leLùgol fort à 5 % : iode 5 g, iodure vagin. Le généraliste se doit d'en connaître les indications
de potassium 10 g, QSP/100 g; la solution est à conserver mais aussi les pièges.
dans un flacon en verre fumé. Elle peut être réalisée par voie abdominale vessie pleine ou
Elle permet de mieux voir l'épithélium pavimenteux et cylin- par voie vaginale vessie vide. L'image est alors de meilleure
drique, la zone de jonction entre ces deux revêtements, la qualité pour l'examen de l'utérus (étude de l'endomètre, de
vascularisation et la structure du conjonctif sous-jacent. myomes sous-muqueux, extension d'un néo de l'endomètre)
La colposcopie permet de repérer sur le col : mais aussi pour la surveillance de l'ovulation.
- des lésions bénignes: polype, papillome endométriose, Elle peut être complétée par l'étude des flux au Doppler
condylomes; couleur qui renseigne sur la vascularisation des structures
- des lésions atypiques : leucoplasies, mosaïques, zones observées ou par l'injection de sérum physiologique dans
ponctuées, zones blanches ou rouges (fig. 2.28 et 2.29), les l'utérus ou sonohystérographie. La prescription d'une écho-
dysplasies de haut ou de bas grade (CIN III et CIN I ou II) ; graphie en gynécologie doit obligatoirement s'accompagner
- des cancers invasifs. de renseignements cliniques : antécédents pelviens, date des
Elle permet de diriger la biopsie sur la zone la plus suspecte dernières règles, diagnostics recherchés. L'échographiste
en cas de frottis pathologique, si la zone de jonction est visible. rendra un résultat d'autant plus fiable qu'on lui aura expliqué
Elle ne permet pas de voir les lésions situées dans l'endocol. ce que l'on cherche.
40 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

• • • Exploration échographique du pelvis

UTERUS 77? Sj

• 008 +18.2

Figure 2 . 3 0 (suite page suivante)


a. Echographie voie a b d o m i n a l e : coupe t r a n s v e r s a l e de l ' u t é r u s .
b. Echographie voie a b d o m i n a l e : u t é r u s coupe l o n g i t u d i n a l e avec g r o s s e s s e d é b u t a n t e .
c. Echographie voie v a g i n a l : u t é r u s coupe t r a n s v e r s a l e .
d. Échographie voie v a g i n a l : coupe u t é r u s en long.
e. E x a m e n du col à J U avec de la g l a i r e c e r v i c a l e .
f. E x a m e n du vagin.
g. Échographie plus D o p p l e r v a s c u l a r i s a t i o n u t é r i n e .
h. Échographie, é t u d e de l ' e n d o m è t r e J 2.
i. E n d o m è t r e J 13.
Investigations en gynécologie 33

Exploration échographique du pelvis

F i g u r e 2 . 3 0 (suite)
j. E n d o m è t r e J 22.
k. G r o s s e s s e à 5 SA
l. G r o s s e s s e à 7 SA.
m . Ovaire G n o r m a l .
n. Ovaire p o l y k y s t i q u e .
o. Ovaire à J 8 avec un folicule dominant
p. Ovaire avec un f o l l i c u l e m a t u r e et un
cumulus oophorus.
q. C o r p s j a u n e ,
r. H y d r o s a l p i n x
s. S o n o h y s t é r o g r a p h g i e .
42 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

L'appareil génital normal Les estroprogestatifs à 50 y mettent les ovaires au repos. Il n'y
a pas de follicules visibles.
Il est étudié sur des coupes longitudinales et transversales
Les estroprogestatifs à 15, 20 ou 30 yet les microprogestatifs
exécutées tous les centimètres pour explorer le pelvis. On
ne bloquent pas complètement le cycle ovarien mais le pertur-
observe :
bent ; sous ces thérapeutiques, les ovaires sont fréquemment
L'utérus dont les dimensions sont rapportées dans le polykystiques. Il est même possible sous microprogestatifs
tableau 2.1. Il est ovoïde sur les coupes transversales; en de voir se développer des kystes fonctionnels de grande taille
massue sur les coupes longitudinales. L'épaisseur du myomè- (5 cm ou plus) ; dans l'immense majorité des cas, ces « kystes »
tre (2 à 3 cm) est homogène, faiblement échogène. La cavité « kystes » disparaîtront sous traitement médical.
virtuelle à l'état physiologique se traduit par un trait fin central Ce terme de kyste est mal compris des patientes qui pensent
échogène correspondant à l'accolement des deux faces de «cancer» ou intervention. Il faut donc bien expliquer le côté
l'utérus appelé ligne de vacuité. fonctionnel de ces images et préférer le terme de follicule à
celui de kystes.
Tableau 2.1. Taille moyenne de l'utérus au cours de la vie. Les trompes ne sont en général pas visibles à l'état normal en
raison de leur petit calibre. Si elles sont pathologiques (salpin-
Diamètre Diamètre
Âge Longueur antéro-postérieur transverse
gite, GEU) ou oblitérées et remplies de liquide (hydrosalpinx)
ou epaisseur ou largeur elles peuvent être visibles.
1 à 12 ans 2,8 cm 0,8 cm 0,8 cm
Année de la puberté 5 cm 2 cm 2,5 cm
La pathologie utérine

Activité génitale : Les fibromes, moins échogènes que le myomètre, à contours


Nullipare 6,5 cm 3 cm í cm nets, sont faciles à voir et à mesurer, surtout s'ils sont sous-
Multipare 8 cm 4 cm 6 cm séreux et antérieurs. Les fibromes sous-muqueux sont mieux
Ménopause 6,5 à 3,5 cm 2,5 à 1,8 cm 3,5 à 2 cm vus en échographie vaginale ou en sonohystérographie. La
vascularisation du fibrome ou sa nécrobiose peut être préci-
sée par le Doppler couleur.
L'endomètre est situé entre la ligne de vacuité et le myomètre.
L'hyperplasie de l'endomètre se traduit par un très net épais-
Il est à peine visible dans la première semaine du cycle, puis il
sissement de la zone endométriale.
apparaît sous la forme d'une bande moins échogène que le
L'hématométrie, la pyométrie peuvent être évoquées devant un
myomètre dont l'épaisseur croît jusqu'à l'ovulation. L'épais-
gros utérus dont la ligne de vacuité a disparu, remplacée par
seur de l'endomètre (mesure des deux feuillet endométriaux)
une zone hypo-échogène.
est d e 4 à 8 mm en phase proliférative, de 10 mm lors de l'ovu-
L'atrophie de l'endomètre est affirmée par la mesure de l'épais-
lation, de M à 18 mm en phase secrétoire. Elle est inférieure à
seur de l'endomètre inférieure à 4 mm.
k mm après la ménopause (fig. 2.30 h à 2.30 j).
L'adénomyose, les malformations (utérus bicorne, cloisonné),
Les ovaires sont le plus souvent latéro-utérins ovoïdes à
les synéchies sont parfois visibles en échographie.
grand axe oblique en bas et en dedans. Ils font 25 à 30 mm de
long, en largeur et en épaisseur de 12 à 18 mm. Ils ne sont pas
visibles avant l'âge de 2 ans. Ils apparaissent entre l'âge de 2 Les grossesses intra-utérines
à 12 ans. Ils diminuent de taille tardivement après la méno- Elles seront affirmées devant la présence d'un sac intra-
pause (au-delà de 5 ans après les dernières règles) et ne utérin entouré d'un anneau trophoblastique typique avec un
doivent pas dépasser à cet âge 20 x 10 x 10 mm. embryon intra-ovulaire dès 6 semaines d'aménorrhée et un
Au cours du cycle normal, il apparaît des follicules. Le folli- taux d'HCG > 2 000 UI/mL, il faudra cependant se méfier des
cule dominant est identifié 4- à 5 jours avant l'ovulation, il pseudo-sacs réalisés par la caduque en cas de GEU.
mesure 10 à 12 mm. Sa croissance est de 2 mm par jour En échographie vaginale, le sac gestationnel intra-utérin peut
jusqu'à l'ovulation où il atteint 20 à 25 mm. On peut parfois être visible à partir de 4 semaines et 2 ou 3 jours (2 à 3 mm) et
observer des échos intrafolliculaires qui correspondent peut- pour un taux d'HCG > 1 000 UI/mL. À 5 semaines, le sac gesta-
être au cumulus oophorus (fig. 2.30p). tionnel mesure 5 à 6 mm (fig. 2.30k et l).
En période postovulatoire, une lame liquidienne apparaît dans
le cul-de-sac de Douglas et le corps jaune peut apparaître Les stérilets
sous trois aspects :
Ils sont faciles à voir dans l'utérus s'ils contiennent du cuivre.
- disparition complète du follicule, seule preuve de l'ovula-
On peut en préciser la position par rapport au col : il est bien
tion, remplacé 2 à 3 jours plus tard soit par une petite image
en place si la distance entre la branche horizontale du T et la
ronde de 10 mm, soit par un kyste du corps jaune;
muqueuse endo-utérine est au contact. Le Miréna qui ne
- affaissement progressif du follicule qui se remplit au fur et
contient pas de cuivre est plus difficile à voir.
à mesure d'échos;
- le follicule peut garder un aspect tonique mais se remplir
d'échos immédiatement après l'ascension thermique. La pathologie ovarienne
Ces deux derniers aspects ne seraient pas forcément physio- Nous avons vu qu'un follicule peut faire 20 à 25 mm de diamè-
logiques, car ils se voient en l'absence de rupture folliculaire tre, il peut exister des follicules géants de plus de 60 mm qui
(LUF syndrome). persistent après les règles.
Investigations en gynécologie 33

Un kyste fonctionnel est caractérisé par une image de diamè- - l'échographiste doit être compétent et avoir un matériel
tre inférieur à 6 cm, des parois minces, uniloculaire, l'absence adapté à l'étude demandée ;
de visualisation de végétations intrakystiques ou solide. - la prescription du médecin doit être précise et assortie de
Un kyste organique est caractérisé par une image d'un diamètre considérations diagnostiques : suspicion de GEU, masse
supérieur à 6 cm des parois épaisses, multiloculaire, la visuali- annexielle droite, fibrome en nécrobiose, recherche de
sation de parties solides ou de végétations intrakystiques. lésion intra-utérine, etc. ;
La malignité est évoquée s'il y a plusieurs végétations intra-
- il ne faut pas poserà l'échographiste une question à laquelle
ou extrakystiques, une composante solide importante, une
il ne peut répondre, par exemple sur la nature bénigne ou
ascite.
maligne d'une tumeur ovarienne, alors que la nature de la
Le Doppler couleur peut contribuer à distinguer le bénin du
lésion ne peut être précisée que par l'histologiste ;
malin. Une vascularisation périphérique, un index de résis-
tance élevée sont en faveur d'une lésion bénigne. Une vascu- - enfin, le généraliste se doit d'interpréter les informations
larisation centrale avec un index de résistance bas est en échographiques dans le contexte clinique et en intégrant les
faveur de la malignité. résultats des autres examens complémentaires : la même
La pathologie organique peut être appréciée en échographie, image échographique peut être en faveur d'une GEU ou
qu'il s'agisse de kystes séreux, mucoïdes, endométrioïdes, d'une fausse couche selon le résultat des HCG.
dermoïdes ou de cancer. Cependant aucun signe échographi- L'échographie, comme tout examen complémentaire, doit
que n'est formel, un kyste paraissant banal pouvant être un servir d'appoint à la clinique, et être interprétée dans son
cancer sur le plan anatomopathologique, inversement une contexte. Bien des erreurs attribuées à cet examen qui a
lésion suspecte en échographie pouvant être bénigne. C'est profondément bouleversé notre pratique gynécologique et
dire la nécessité de l'examen histologique de toutes les lésions obstétricale viennent en fait de son interprétation erronée.
ovariennes organiques opérées.
Enfin la mesure du volume ovarien est corrélée au nombre de La sonohystérographie (fig 2.30s)
follicules et permet chez la femme infertile d'appréhender la
réserve ovarienne, c'est-à-dire le nombre de follicules recru- Combinant échographie et instillation d'un liquide dans la
tés et d'ovocytes matures après stimulation. cavité utérine et les trompes, elle associe les avantages de
l'échographie et de l'hystérographie en permettant un bon
La pathologie tubaire examen de l'utérus (étude de la cavité et des parois), mais
aussi des trompes et des ovaires (Kim et al., 1998). Le taux
On peut voir en échographie un hydrosalpinx (fig. 2.30r], une
d'échec par sténose du col est de 3 %. Elle permet de bien
grossesse extra-utérine parfois avec un embryon au tube
faire les diagnostics des lésions intra-utérines : polypes,
cardiaque actif. Cependant, si la GEU est petite, on ne la voit
pas. Un examen échographique normal n'élimine pas le fibromes, hyperplasie, synéchie, cancer. Elle permet d'éviter
diagnostic. 25 % des hystéroscopies si elle montre une atrophie avec une
cavité vide chez une femme qui a des ménométrorragies.
Les épanchements péritonéaux
Physiologiquement, il peut exister un épanchement séreux • L'hystéro-salpingographie
dans le Douglas de quelques cm 3 à quelques dizaines de cm 3 .
C'est un examen radiotogique qui permet la visualisation du
Cet épanchement est fréquent en période ovulatoire mais ce
canal endocervical, de la cavité utérine, des trompes, par l'in-
même épanchement peut prendre de la valeur dans le contexte
d'une suspicion de GEU, d'infection pelvienne ou de cancer. jection par voie intracervicale d'un produit radio-opaque sous
faible pression.
Les indications de l'échographie en gynécologie
Les précautions à prendre avant de demander une
Elle sont multiples : hystérographie
- recherche d'une grossesse intfb- ou extra-utérine;
- recherche de l'étiologie de douleurs pelviennes (endomé- Avoir éliminé une grossesse
triose, torsion d'annexe, nécrobiose d'un fibrome) ; C'est-à-dire :
- recherche de l'étiologie de méno- et/ou métrorragies par - être dans les 10 premiers jours du cycle;
l'étude de l'endomètre et du myomètre des annexes ; - avoir une courbe de température plate ou un dosage d'HCG
- recherche de l'étiologie et de la nature bénigne ou maligne négatif.
d'une masse pelvienne; Avoir éliminé une infection
- examen pelvien difficile chez une femme vierge, obèse ou - ancienne (antécédents de salpingite) ;
pusillanime; - actuelle (leucorrhée, glaire purulente) voir NFS, CRP et VS
- étude de la réserve ovarienne et surveillance d'un traite- normale;
ment inducteur de l'ovulation. - en mettant éventuellement votre malade aux antibiotiques
par voies locale et générale.
Erreurs, pièges et limites de l'échographie Être sûr que cet examen est utile, c'est-à-dire avoir éliminé
Le généraliste doit les avoir bien présents à l'esprit pour inter- par l'examen clinique une lésion évidente du vagin, de l'exocol,
préter correctement les données de l'examen : de l'urètre, du rectum.
44 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Pourquoi demander une hystérographie?


L'hystérographie est un examen moins utilisé actuellement du
fait de la bonne qualité des images échographiques et de la
facilité des hystéroscopies diagnostiques. Elle reste utile
dans :
- l'étude des stérilités pour la recherche d'une lésion utérine
(malformation, synéchie], d'une oblitération tubaire, d'une
affection tuberculeuse, d'une endométriose ;
- la recherche d'une adénomyose utérine mal vue en écho-
graphie ou par hystéroscopie.

Comment lire une hystérographie?


Le premier cliché à examiner est le cliché sans préparation,
c'est indispensable.
Il faut rechercher:
- des ganglions calcifiés le long des vaisseaux iliaques, le
plus souvent tuberculeux (fig. 2.31) ; F i g u r e 2 . 3 2 . H y s t é r o g r a p h i e : cliché sans p r é p a r a t i o n .
Calcifications c e n t r o p e l v i e n n e s évoquant des d e n t s
- des calcifications intrapelviennes en forme de dents (kyste s i t u é e s dans un k y s t e d e r m o ï d e de l'ovaire.
dermoide) (fig. 2.32), arrondies ou circulaires évoquant
un fibrome calcifié (fig. 2.33), une lithiase sur le trajet des
uretères, un corps étranger, en particulier un stérilet.
Regardez aussi le squelette : une métastase osseuse peut être
visible mais aussi une anomalie de la sacro-iliaque, de la char-
nière lombo-sacrée, des coxo-fémorales expliquant les douleurs
de votre patiente ou signant une origine tuberculeuse.

Sur le premier cliché de remplissage


On verra le fond utérin à bord supérieur à peu près rectiligne,
parfois une image triangulaire totale.

Sur le deuxième cliché


Le remplissage de la cavité est total.
La cavité corporéale est triangulaire avec : F i g u r e 2 . 3 3 . H y s t é r o g r a p h i e : cliché s a n s p r é p a r a t i o n .
- une base qui correspond au fond utérin (30 à 35 mm) ; Calcifications c e n t r o p e l v i e n n e s é v o q u a n t un f i b r o m e
calcifié.

- un sommet situé à l'orifice supérieur de l'isthme. Ses bords


sont concaves en dehors ;
- deux cornes dont les bords sont branchés, à angles très
ouverts sur le fond (fig. 2.34).
L'isthme se dessine comme un long défilé de 10 mm de long
sur 3 à 4 de large. Il est limité à sa partie supérieure par un
léger rétrécissement à l'ouverture de l'entonnoir sus-isthmi-
que et à sa partie inférieure par un second rétrécissement qui
correspond à l'orifice interne du col. Le col utérin s'opacifie en
dernier et a une forme en fuseau dont l'orifice externe est
facile à repérer grâce à la situation des pinces ou de la
canule.

Le troisième cliché à regarder est le cliché de profil


(fig. 2.35)
Il montre bien la cavité utérine fusiforme, le défilé de l'isthme
et le col.
Figure 2.31. H y s t é r o g r a p h i e : cliché sans p r é p a r a t i o n . On remarque que :
R e m a r q u e z l e s ganglions calcifiés situés le long des - l'isthme et le corps font avec le col un angle de 120° ouvert
v a i s s e a u x iliaques p r i m i t i f s et évoquant une t u b e r c u l o s e .
en avant;
Investigations en gynécologie 33

Figure 2 . 3 4 . H y s t é r o g r a p h i e n o r m a l e : cliché de r e m p l i s - F i g u r e 2 . 3 6 . H y s t é r o g r a p h i e n o r m a l e : la t r o m p e . On voit


sage. On voit bien la cavité e n d o c e r v i c a l e , l ' i s t h m e situé bien l ' i m a g e t r i a n g u l a i r e s i t u é e à l'origine de la t r o m p e ,
e n t r e les 2 flèches, la cavité u t é r i n e t r i a n g u l a i r e . La le s e g m e n t i s t h m i q u e é t r o i t et l ' a m p o u l e .
longueur de la cavité u t é r i n e est d'environ 2 fois celle de
la cavité cervicale.
dirigeant en bas et en dehors. L'ampoule est beaucoup plus
large (5 à 8 mm), allant en s'agrandissant vers l'isthme. Des
plis longitudinaux de la muqueuse y dessinent des sillons
(fig. 2.36).

Le cinquième cliché tardif


Pris 15-20 min après l'injection en ayant fait marcher la
malade, il est fondamental pour l'étude de la perméabilité
tubaire. Le liquide de contraste doit diffuser de façon bilaté-
rale et symétrique dans le péritoine pelvien (fig. 2.37).
Une bonne interprétation de l'hystérographie suppose
donc :
- l'étude attentive de ces 5 clichés numérotés montrant l'as-
pect dynamique de l'examen;
- la comparaison de l'image avec le toucher vaginal de façon
à essayer de se représenter dans l'espace, l'intérieur des
cavités génitales par la radio et l'extérieur par le toucher
vaginal.

Les défauts d'une hystérographie


Ils doivent être reconnus avant l'interprétation, qu'il
Figure 2.35. H y s t é r o g r a p h i e n o r m a l e : cliché de profil. s'agisse :
L'orifice i n t e r n e a n a t o m i q u e (OIA) est situé plus haut que - de l'existence d'une fuite vaginale avec mauvais remplis-
l'orifice i n t e r n e histologique I 0 I H ) .
sage de la cavité et non-visualisation des trompes ;
- de l'existence de bulles que l'on pourrait prendre à tort pour
un polype si elles n'étaient mobiles d'un cliché à l'autre ;
- d'une absence de traction sur le col, ce qui déroule
- le fond utérin est situé au-dessous de la ligne, joignant le
promontoire au bord supérieur-du pubis; mal la cavité sur les clichés de face et donne des
- l'orifice externe affleure une ligne unissant l'extrémité du superpositions;
sacrum au bord supérieur de la symphyse. - d'un remplissage trop important qui noie les images ou
fQJ favorise les passages vasculaires.
•s Le quatrième cliché en évacuation
Les dangers de l'hystérographie
1 C'est celui qui expose le mieux la totalité des ombres tubaires,
| cependant l'analyse des cinq clichés est nécessaire pour l'ap- Ils ne sont pas nuls, qu'il s'agisse :
J, prédation exacte des trompes. - de douleurs abdominales à calmer par des
^ Le départ de la trompe est marqué par une petite dilatation antispasmodiques;
a triangulaire comparable à l'image du sphincter pylorique, - d'hémorragies liées à la prise par la pince tire-col, à
2 due à la différence d'épaisseur entre l'endomètre et l'épithé- tamponner;
| lium tubaire. La portion interstitielle de la trompe est celle - d'infections à type d'endométrite ou de salpingite (1/1 000) ;
¡2 qui chemine dans le myomètre. Elle est fine (0,3 mm] et - d'accidents d'intolérance à l'iode ;
I longue de 1 cm environ. L'isthme tubaire mesure 2 à 4 cm, - d'irradiation intempestive d'un œuf si on n'a pas respecté
® faisant souvent un angle avec la précédente portion en se la règle de la réalisation dans la première moitié du cycle.
46 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

• L'I RM (fig. 2.38) rechercher des ganglions lombo-aortiques et rechercher


l'extension d'une tumeur pelvienne.
Jadis réservée à l'exploration de selle turcique pour recher-
cher un adénome hypophysaire, l'IRM voit ses indications se
développer en gynécologie en deuxième intension après • Le pet scan (tig. 2.39]
l'échographie.
L'IRM abdominale est l'examen de référence dans le bilan La tomographie d'émission de positon (TEP) au 18F fluoro
préthérapeutique d'un cancer du col ou de l'endomètre [cf. desoxyglucose s'apparente à une scintigraphie qui explore le
chapitres 7 et 9). Elle est utile dans le bilan d'une malforma- corps entier et serait réalisée à l'aide de glucose radio marqué.
tion génitale, d'une endométriose rectovaginale sévère [cf. Cet examen permet, par son approche métabolique, la mise
chapitres 15 et 16). en évidence de l'augmentation du transport membranaire du
L'IRM des seins est utile dans l'évaluation des grosses tumeurs glucose et de l'activité enzymatique glycolytique des tumeurs
du sein avant chimiothérapie néo-adjuvante pour aider au malignes, événement se produisant dès le stade le plus
diagnostic d'une récidive mammaire après traitement conser-
précoce du développement tumoral avant même les modifica-
vateur d'un cancer du sein [cf. chapitre 19).
tions morphologiques tissulaires. La TEP-FDG peut ainsi
permettre de détecter un envahissement néoplasique de
structure apparaissant de taille normale en Tomo Densitomé-
trie (TDM) comme l'envahissement d'un ganglion de taille
centimétrique ou de caractériser des anomalies morphologi-
ques douteuses pour lesquelles l'imagerie classique ne peut
faire la différence entre cicatrice fibreuse post-thérapeutique
et récidive néoplasique. En gynécologie, cet examen peut être
utile pour rechercher une métastase de cancer du sein non
visible par d'autres imageries mais probable du fait de
marqueurs tumoraux en augmentation. Il en est de même
pour les récidives de cancer de l'ovaire ou de l'utérus soup-
çonnées par l'ascension des marqueurs mais non visibles par
les autres imageries. Cet examen peut aussi être proposé
pour le bilan préthérapeutique ou évaluer la maladie

Figure 2.38. IRM d'un c a n c e r du col chez une f e m m e qui a


de gros f i b r o m e s .

• Le scanner
N'est pas très utilisés en gynécologie étant donné les excel- Figure 2.39. Pet scan chez une f e m m e a y a n t un eu c a n c e r
lentes images fournies par l'échographie et maintenant l'IRM. de l ' e n d o m è t r e et suivie pour un gros ganglion l o m o -
On peut cependant le prescrire en cancérologie gynécologi- a o r t i q u e m é t a s t a t i q u e (flèche). Elle a par a i l l e u r s un
c a n c e r du sein non visible e n m a m m o g r a p h i e .
que pour le bilan d'une tumeur maligne de l'ovaire afin de
Investigations en gynécologie 33

résiduelle en fin de traitement d'un cancer du col ou de l'endo- Le toucher vaginal et l'échographie moins dangereux, gardent
mètre (SOR, 2003], toute leur valeur!
Le matériel comporte :
- un insufflateur à C0 2 qui permet la réalisation et le maintien
L'hystéroscopie du pneumopéritoine;
C'est l'exploration endoscopique de la cavité utérine grâce à - une optique et une source de lumière froide ;
une optique introduite dans l'orifice cervical. Elle peut se faire - une canule introduite dans le col utérin et permettant de
sans anesthésie s'il s'agit d'une hystéroscopie exploratrice. Il mobiliser l'utérus;
est nécessaire de faire une anesthésie en cas d'hystéroscopie - une caméra et un moniteur de télévision permettant à l'opé-
opératoire. La cavité est dilatée par l'injection de sérum rateur, à l'aide et aux panseuses de bien voir l'opération, d'y
physiologique, s'il s'agit d'une hystéroscopie panoramique, participer avec efficacité, voire de l'enregistrer pour l'ensei-
par du glycocolle pour des hystéroscopies opératoires, sinon gnement. L'apport des moniteurs de télévision a été décisif
l'optique est au contact des parois utérines (hystéroscopie de dans le développement de la cœliochirurgie ;
contact] (fig. 2.40). - des instruments adaptés permettant différentes interven-
tions gynécologiques sans laparotomie.
Cette exploration permet de voir :
- l'utérus;
- les deux annexes;
- le péritoine pelvien et le ligament large dans son
ensemble;
I viide optique - la région iléo-caeco-appendiculaire;
lumière froide - en retournant l'appareil, le reste de la cavité abdominale
(foie, vésicule...).
Figure 2 . 4 0 . P r i n c i p e de l ' h y s t é r o s c o p i e . Les principales indications peuvent être :
- diagnostiques:
Les principales indications de l'hystéroscopie sont : • suspicion de grossesse extra-utérine non rompue,
- la recherche de la cause d'un saignement : polype, fibrome, • suspicion de salpingite aiguë,
atrophie, hyperplasie, cancer; • bilan d'une stérilité pour rechercher une lésion tubaire,
- la recherche de la nature d'une image intra-utérine vue en juger de son opérabilité,
échographie ou à l'hystérographie; • recherche de l etiologie d'une algie pelvienne (recherche
- apprécier l'envahissement de l'endocol par un cancer de d'endométriose pelvienne, d'une déchirure du ligament
l'endomètre; large),
- préciser la présence d'un stérilet dont le fil n'apparaît
• préciser l'état des ovaires dans une aménorrhée à FSH,
plus;
LH, élevées,
- préciser la topographie d'une synéchie, d'une cloison pour
• contrôler le résultat d'une intervention tubaire
choisir la meilleure tactique opératoire.
restauratrice;
L'hystéroscopie opératoire permet :
- thérapeutiques:
- la biopsie d'une lésion suspecte;
- l'ablation d'un stérilet; • stérilisation,
- la résection d'une synéchie {cf. fig. 2.41, p. 36) d'une cloison • chirurgie de l'ovaire : kystectomie ou ovariectomie,
utérine; • chirurgie des trompes : fimbrioplastie, adhésiolyse,
- la résection d'un fibrome sous-muqueux, d'un polype, voire salpingectomie,
de l'endomètre. • chirurgie de l'utérus : myomectomie, hystérectomie,
Les contre-indications de l'hystéroscopie sont : • chirurgie du prolapsus ou de l'incontinence d'urine,
- la grossesse; •* • lymphadenectomie pelvienne ou lomboaortique dans le
- les infections génitales; cadre du traitement d'un cancer de l'utérus (col, endo-
- les métrorragiesabondantes; mètre) et d'un cancer de l'ovaire.
- les anomalies rendant le col inaccessible ou incathétérisable. Contre-indications
- les cardiopathies, les insuffisances respiratoires sévères,
les anomalies de la coagulation, l'obésité ;
• La cœtioscopie (fig. 2.42 et 2.43, p. 36) - tous les cas où une indication opératoire est formelle,
C'est l'exploration du pelvis et des organes génitaux grâce à hémopéritoine évident, masse abdominopelvienne volumi-
une optique introduite par une incision péri-ombilicale. Elle neuse, péritonite aiguë.
nécessite une anesthésie générale avec intubation, un pneu- Des contre-indications relatives peuvent venir :
mopéritoine et la mise en position de Trendelenburg. C'est - des antécédents de laparotomie qui font courir le risque de
dire qu'il s'agit d'une exploration chirurgicale dont on doit lésions digestives lors de l'introduction du trocart d'insuf-
peser les indications. Elle ne doit être à aucun prix une solu- flation ou de l'optique;
tion de facilité du fait des renseignements précieux qu'elle - de l'âge : femme très âgée posant des problèmes
apporte. anesthésiques.
48 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

• • • Histéroscopie, cœlioscopie et Laser

Fond utérin

synéchie

paroi postérieure

Figure 2.41. Hystéroscopie : synéchie c o r p o r é a l e p o s t - t r a u m a t i q u e .

Figure 2.42. Cœlioscopie a p p a r e i l génital n o r m a l . On Figure 2 . 4 3 . Cœlioscopie n o r m a l e . Aspect de l'ovaire


voit bien l'utérus, les ovaires, le c u l - d e - s a c de Douglas n o r m a l portant un kyste lutéal.
qui contient un peu de liquide et la face p o s t é r i e u r e du
ligament large.

* I • dBI» '

W f . m'' WÊËk 1 M

^ i l

Figure 2 . 4 4 . CIN III : aspect du col en colposcopie. Figure 2.45. Aspect du col a p r è s t r a i t e m e n t au laser.
Investigations en gynécologie 33

Incidents et accidents - en pathologie vulvaire : la destruction des condylomes,


La mortalité n'est pas nulle. Elle est de l'ordre de 1 à 5 pour des dysplasies vulvaires ou leur résection ;
10 000; l'arrêt cardiaque pouvant provenir de l'anesthésie, du - au niveau de l'utérus : on peut utiliser le Laser Yag
pneumopéritoine, du Trendelenburg. pour détruire un fibrome sous-muqueux, ou faire une
Des complications sont possibles : hémorragie intrapérito- réduction endométriale. Le faisceau est couplé ici à une
néale, plaies intestinales, vasculaires, troubles du rythme hystéroscopie.
cardiaque imposant l'arrêt de l'exploration. Chiffrées à 1 à
2 %o pour les cœlioscopies exploratoires et 4 à 5 %o pour la
cœliochirurgie, elles montrent assez que ces explorations
• BIBLIOGRAPHIE
doivent être faites par des chirurgiens entraînés et que l'on
doit toujours prévenir la patiente d'une laparotomie possible. ACOG, Saline infusion sonohysterography. Gynecol, obstet., 2003, î02,
Ces précautions sont bien sûr indispensables pour ne pas 659-662.
faire courir un risque inutile à la malade, mais aussi utiles ARDAENS Y., GUÉRIN B., COQUEL P., Échographie en pratique gynécologie, Masson,
pour le médecin. En cas de complications, la femme ou sa 3 e édition, 2001.
BLANC B., POTTIER A., Imagerie médicale en gynécologie, Springer, Paris, 2000.
famille comprendra d'autant moins l'accident que l'indication
aura été portée à la légère et les risques non expliqués. BRUHAT M . A . , MANHÈS H., MAGE G., La cœlioscopie opératoire, MEDSI, P a r i s ,
1990.
DAVEY E„ BARRAT A „ IRWING L. Effect of study design and quality on unsatis-
• Le laser factory rates, cytology classifications, and accuracy in liquid-based versus
conventional cervical cytology : a systematic review. Lancet, 2006,367,
L'émission laser llight amplification by stimulated émission of 122-132.
radiationl est une émission lumineuse qui possède trois DEVILLERS A., GARIN F., PRIGENT - LEJEUNE F., Intérêt du pet scan en cancérologie
caractéristiques : gynécologique. Misesàjourengynéco-obstétrique, CNGOF, Paris, 2005,
- le monochromatisme : tous les photons ont la même 183-197.
longueur d'onde; KIM A.H., MACKAY H., KELTZ M., Sonohysterographic screening before in vitro
- la cohérence spatiale et temporelle : tous les photons sont fertilization. Fertil. Steril., 1998,69,841-844.
en phase; MARSHETTA J., DESCAMPS P., La colposcopie, Masson, Paris, 2005.
- l'unidirectionalité : la source laser émet un pinceau lumi- M A R R E T H . , TRANQUART F., SAUGET S . , VINATIER L . , L A N S A C J . , Apport du Doppler
neux presque parfait. pour le diagnostic des tumeurs pelviennes. Mises à jour en gynéco-obstétri-
Ces caractéristiques expliquent leur intérêt médical : mani- que, CNGOF, Paris, 2005,197-225.
pulation facile permettant de délivrer une énergie considéra- NEZHAT C., SIEGLER A., NEZHAT F., Operative gynecologic laparoscopy. ME G r a w -
ble sur une surface tissulaire minime; le monochromatisme lll edit, New York, 2001.
entraîne une absorption tissulaire régulière et reproductible PARENT B., BARBOT J., Hystéroscopie chirugicale, Masson, Paris, 1998.
pour un laser donné. ROBERT Y., LAUNAYSP, MESDAGH P., IRM en Gynécologie J . Gynecol, obstet. Biol.
En gynécologie, on utilise le laser C0 2 qui permet une vapori- Reprod., 2002,31,417-439.
sation cellulaire et un effet de coupe mais a un faible effet de R O U A N E T J P . , F I L H A S T R E M . , M A R E S P., M A U B O N A . , Anatomie IRM du pelvis
coagulation, ou le Laser Yag qui a un pouvoir de destruction féminin, Sauramps, 2005.
faible mais un effet de coagulation important. La cicatrisation RUDIGOZ RC., Échographie Doppler en gynécologie, Masson, 2004.
après application du laser est remarquable par sa rapidité et Standards, Options et Recommandations 2003 pour l'utilisation de ta tomographie
sa qualité. par émission de positons au [I8F1-FDGITEP-FDGI dans les cancers du sein, de
Les indications du laser C0 2 sont : l'ovaire de l'utérus, 2006.
- destructions de lésions d'endométriose. Le faisceau laser SOUTOUL J.H., KAMINA P., Explorations fonctionnelles en gynécologie, Paris,
est introduit lors de la cœlioscopie opératoire ; Maloine, 1991.
- en pathologie du col: la destruction de condylomes, de TRISTANT H., BEN MUSSA M., Atlas d'hystérosalpingographie, Masson, Paris,
CIN I ou II, les conisations (fig. 2.44 et 2.45) ; 1981.
Chapitre 3 Dosages biologiques
en gynécologie
Objectifs Expliquer le rôle de l'hypothalamus dans la sécrétion des hormones gonadotropes hypophysaires. C
Expliquer le rôle de l'hypothalamus dans la sécrétion de la prolactine C
Expliquer le rôle de FSH et de LH sur l'ovaire. B
Expliquer les effets de la prolactine sur l'axe hypothalamo-hypophyso-ovarien. B
Prescrire et interpréter un dosage qualitatif ou quantitatif des HCG conformément aux références
médicales opposables. A
Prescrire les dosages suivants: B
- progestérone plasmatique chez la f e m m e n o r m a l e ;
- prolactine plasmatique chez la f e m m e n o r m a l e ;
- testostérone plasmatique chez la f e m m e n o r m a l e ;
- F S H - L H chez la f e m m e ménopausée.
Prescrire et interpréter les dosages des principaux m a r q u e u r s tumoraux en gynécologie. A

Plan du chapitre plus importante par rapport à la phase folliculaire. La proges-


térone est responsable de ce ralentissement.
Rappel physiologique 39 Il existe une sensibilité particulière de l'éminence médiane à
Les dosages hormonaux 44 l'estradiol circulant capable, à partir d'un certain seuil, d'aug-
Les marqueurs tumoraux 51 menter brutalement la sécrétion de GnRH entraînant le pic
ovulatoire. C'est le feedback positif non spécifique du système
Nous voudrions dans ce chapitre faire l'inventaire des dosa- nerveux féminin.
ges biologiques actuellement disponibles dans la pratique Parallèlement, lors du pic ovulatoire, la sensibilité des cellu-
gynécologique et essayer de répondre aux trois questions les gonadotropes est accrue par des taux croissant d'estradiol
suivantes : et pour une même stimulation par GnRH, une réponse plus
importante des gonadotrophines FSH et surtout LH est obser-
- Quels examens demander?
vée (fig. 3.2).
- Pourquoi les demander?
Plus récemment des éléments sont venus compléter ces
- Comment les interpréter?
données physiologiques, le système KÎSS-1-GPR54 qui active
Nous étudierons les dosages hormonaux puis les marqueurs
les neurones sécrétant GnRH. GPR54 est un récepteur à
tumoraux. 7 domaines transmembranaires exprimé dans l'hypothala-
mus et l'antéhypophyse. Un ligand naturel de ce récepteur est
un peptide de 54 acides aminés (la metastine produit de
• Rappel physiologique clivage de la protéine codée par le gène suppresseur de
métastases KiSS-1. Les kisspeptins comprennent donc la
• L'hypothalamus metastine (kisspeptin 54), la kisspeptin 14 et la kisspeptin 13
et la fonction gonadotrope («9:3.11 qui se lient toutes à GPR54. Les protéines KiSS sont capables
de stimuler FSH et LH, mais cette action est bloquée par un
Plusieurs groupes de neurones sécrètent la gonadolibérine, antagoniste de la GnRH, suggérant que KiSS est un activateur
ou FSH-LH-RH ou GnRH au'sein du noyau arqué ventro- de la sécrétion de GnRH. Ce système pourrait jouer un rôle
médian de l'hypothalamus antérieur (éminence médiane) et dans l'initiation de la puberté. Une co-localisation des neuro-
du noyau supraoptique. nes à GnRH et du récepteur GPR54 a été observée chez les
La sécrétion pulsatile du GnRH drainée par le système porte rongeurs. L'expression hypothalamique de KiSS-1 est régulée
hypothalamo-hypophysaire entraîne la sécrétion pulsatile par par tes stéroïdes sexuels chez les primates suggérant un rôle
l'hypophyse antérieure de FSH et LH destinées à faire mûrir de ce système dans le feedback négatif. Par exemple, chez la
les follicules. souris, les neurones sécrétant KiSS sont situés dans les
La fréquence et l'amplitude de la pulsatilité du GnRH varient noyaux arqué et périventriculaire antéroventral (AVPV) de
au cours du cycle. L'accélération de l'activité électrique du l'hypothalamus. La testostérone (par un récepteur des andro-
centre d'automatisme du noyau arqué ventro-médian est gènes) ou l'estradiol (par ERa) diminuent l'expression de
suivie d'un pic de GnRH toutes les 120 minutes en début de KiSS-1 au niveau du noyau arqué mais ont des effets opposés
phase folliculaire et toutes les 70 minutes environ en période dans l'AVPV. Toutefois, on sait que l'hypothalamus des
rongeurs est différent de celui des primates et de l'humain et
ovulatoire.
beaucoup reste à découvrir pour comprendre les mécanismes
Pendant la phase lutéale la fréquence se ralentit avec un pic
de feedback dans notre espèce (fig. 3.1b).
toutes les 3 ou 4 heures, avec une libération de LH d'amplitude
51 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

F i g u r e 3.1a. R é g u l a t i o n
hypothalamo-hypophysaire.

Norépinéphrine

Hypothalamus

Noyau arqué
ventro médian

F i g u r e 3.1b. Le s y s t è m e
K Î S S 1 - G P R 5 4 qui active l e s n e u r o -
nes s é c r é t a n t GnRH. GPR 54
Récepteur
à 7 DTM

1
Testostérone
Œstradiol

Neurone KiSS1 du noyau arqué de l'hypothalamus


GPR 54 : récepteur couplé à une protéine G à 7
domaines t r a n s m e m b r a n a i r e s (7DTM)
L A
AR récepteur aux androgènes GnRH
ER récepteur de E2
Neurone sécrétant GnRH
Dosages biologiques en gynécologie

Figure 3.2.
Évolution des t a u x de
FSH et LH d u r a n t le cycle
menstruel.
La zone h a c h u r é e r e p r é -
sente la distribution
des v a l e u r s au cours de
15 cycles n o r m a u x et la
ligne en trait plein indi-
que la v a l e u r m o y e n n e .
La FSH est e x p r i m é e
en m U I / m L du s t a n d a r d
MRC 6 8 / 3 9 et la LH en
m U I / m L du s t a n d a r d
MRC 6 8 / 4 0 (d'après
P. F r a n c h i m o n t ) .

Les stéroïdes ovariens sont synthétisés par les cellules des continue de ce peptide, l'emploi d'agonistes à demi-vie plus
follicules en croissance (cellules de la granulosa qui aromati- longue ou d'antagonistes qui saturent le récepteur et empê-
sent les androgènes produits par la thèque interne stimulée chent immédiatement l'action de la GnRH.
par LH, l'enzyme aromatase étant stimulée par FSH] (fig. 3.9). L'accélération du rythme de la pulsatilité augmente les taux
En phase folliculaire, l'estradiol sécrété à des taux croissants de la LH circulante (cas du syndrome des ovaires micropoly-
parle follicule dominant va rétrocontrôlerFSH qui va progres- kystiques), la diminution du rythme augmente les taux de FSH
sivement s'abaisser, favorisant l'atrésie des autres follicules. (cas de l'anorexie mentale).
Lorsqu'un seuil est atteint, l'estradiol va déclencher le pic
ovulatoire de LH. La testostérone et la progestérone'freinent
l'hypothalamus puis l'hypophyse (feedback négatif). • L'hypotalamus
et la sécrétion de prolactine (fig. 3.3)
• L'hypothalamus L'hypothalamus intervient dans le contrôle de la sécrétion
et la sécrétion de prolactine de prolactine par un double mécanisme :
Par ailleurs, des peptides sont sécrétés par les cellules de la - un mécanisme d'inhibition par des prolactin inhibiting factor
granulosa et de la thèque interne pour moduler ou complé- ou PIF, le principal étant la dopamine sécrété par l'hypotha-
ter au niveau de l'ovaire l'action des gonadotrophines. Les lamus. Elle atteint l'hypophyse antérieure par le système
plus connus sont les inhibines qui freinent préférentielle- porte et inhibe la sécrétion de prolactine;
ment FSH : l'inhibine B est sécrétée par les cellules de la - la sécrétion de prolactine stimule la sécrétion de dopamine.
granulosa du follicule dominant et son taux circulant évolue L'hyperprolactinémie interagit avec les hormones gonadotropes :
parallèlement à celui de l'estradiol en phase folliculaire et - en diminuant la fréquence et l'amplitude de la pulsatilité du
en période ovulatoire ; l'inhibine A est sécrétée par les cellu- GnRH;
les de la granulosa lutéinisées du corps jaune et le taux - en abaissant les taux circulants de FSH et LH libérés par les
circulant évolue parallèlement à celui de la progestérone en cellules gonadotropes ;
phase lutéale. Les inhibines spécifiques (A et B), comme les - en empêchant la maturation folliculaire et en abaissant le
stéroïdes, peuvent maintenant être dosées dans le sang taux d'estradiol circulant. Correctement stimulés de façon
veineux périphérique. pulsatile, la cellule gonadotrope et l'ovaire peuvent fonc-
L'encéphale, relais d'une infinité de stimuli et intégrateur de tionner normalement malgré l'hyperprolactinémie.
multiples neuropeptides tient les noyaux hypothalamiques Ainsi une prolactine élevée va entraîner le plus souvent une
sous sa dépendance par l'intermédiaire de substance excita- galactorrhée et une aménorrhée. La bromocriptine ou Parlodel
trices (noradrénaline sérotonine) ou inhibitrices (dopamine, activera les récepteurs à dopamine, ce qui freine la sécrétion
opiacés) ce qui rend compte de la fréquence des perturbations de prolactine de la même manière que le fait la dopamine
du cycle d'origine psychologique. endogène ou d'autres PIF et bloque la libération hypophysaire
Il faut insister sur l'importance du fonctionnement discontinu de la prolactine en réserve.
de la stimulation hypothalamique sur les sécrétions des La TRH a une activité de stimulation de la sécrétion de prolac-
cellules gonadotropes hypophysaires. Des modifications du tine, en plus de celle de TSH.
rythme ou de l'amplitude de la pulsatilité sont capables de
modifier les taux circulants de FSH et LH avec deux
conséquences : • Le cycle ovarien
- la nécessité d'une stimulation discontinue pour induire
l'ovulation avec la GnRH; A la naissance la population de follicules primordiaux dans
- la possibilité d'empêcher la sécrétion'des gonadotrophi- l'ovaire humain est très variable (2 000 à 500 000) et il n'en
nes et donc la maturation folliculaire par administration reste que quelques dizaines à la ménopause.
53 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

F i g u r e 3.3. Relation e n t r e la Parlodel


p r o l a c t i n e et l'axe h y p o t h a l a m o -
h y p o p h y s o - o v a r i e n . L'excès de
prolactine :
hypothalamus
1. ralentit la pulsatilité du GnRH ;
2. e m p ê c h e la m a t u r a t i o n
folliculaire ;
3. e n t r a î n e une g a l a c t o r r h é e .

c.lactotrope

lobe antérieur
de l'hypophyse

excès
de prolactine S

I — FSH + LH
••••••••••••••a

2

gatactoffhée dysovulation aménorrhée

À 22 ans, il y a environ 6 000 follicules au repos et 3 000 folli- Les cellules de la granulosa sécrètent l'AMH apparenté à
cules en début de croissance. Cette différence s'atténuerait TGFp (anti-Mullerian hormone, celle qui sécrétée par les cellu-
vers 35 ans. On ne connaît pas les raisons de l'entrée en crois- les de Sertoli, inhibe in utero le développement des canaux de
sance des follicules qui ne dépend pas de l'action des gonado- Muller chez l'homme). Des souris femelles qui sont dépour-
trophines. La disparition desfolliculesprimordiauxcorrespond vues d'AMH ont des ovaires contenant moins de follicules
donc soit à l'entrée en phase de croissance, soit à l'atrésie. primordiaux mais plus de follicules en croissance. L'AMH joue
500 follicules primordiaux débutent une activité de croissance donc un rôle de blocage (protection) du stock de follicules
à chaque cycle; il s'écoule 2 à 3 mois entre le moment où un primordiaux. Les taux circulants (difficiles à mesurer actuel-
follicule quitte le stade quiescent [follicule primordial] et celui lement) diminuent avec l'âge et un taux bas est le témoin d'un
de l'ovulation (fig. 3.4). capital folliculaire (follicules antraux de 5 mm) faible, à l'op-
Le follicule préantral (150 |i) possède à la fois des récepteurs posé le taux d'AMH circulant est élevé dans le syndrome des
pour FSH et pour LH. Toutefois, dans l'ovaire humain, la
ovaires micropolykystiques où le nombre de petits follicules
croissance des follicules s'effectue jusqu'à un diamètre d'au
est augmenté, ce qui pourrait contribuer à expliquer l'anovu-
moins 2 mm, même en présence de taux d'hormones gona-
lation de ces patientes.
dotropes circulantes très faibles. C'est la croissance follicu-
laire basale indépendante des gonadotrophines. Le follicule FSH augmente la population de cellules de la granulosa et la
préantral atteindra le stade d'apparition de l'antrum en production d'estrogènes et d'inhibine, ce qui va freiner la
25 jours puis atteindra la taille d'environ 2 mm en 20 jours. sécrétion de FSH, arrêter le développement des follicules
En fin de phase lutéale, les plus grands follicules ont une taille les moins développés n'en épargnant qu'un ou deux : le folli-
de 2 à 5 mm, ce sont les follicules recrutables. La présence de cule dominant. Ce phénomène se produit au 5 e -7 e jour du
FSH va alors devenir indispensable. L'élévation pendant la cycle. On peut distinguer le follicule dominant sur des critè-
période menstruelle de la FSH va augmenter considérable- res morphologiques. La granulosa de ce follicule est le siège
ment l'activité mitotique des cellules de la granulosa. C'est la d'une multiplication cellulaire intense avec synthèse de
période de recrutement qui s'effectue en fin de phase lutéale l'estradiol.
et les tout premiers jours du cycle. Il s'agit alors d'une cohorte On a insisté récemment sur le rôle de modulation des facteurs
de follicules en croissance hormono-dépendante. de croissance, mais beaucoup d'inconnues demeurent. Parmi
Dosages biologiques en gynécologie

F i g u r e 3 . 4 . D u r é e de la c r o i s s a n c e
f o l l i c u l a i r e d a n s l'ovaire h u m a i n Taille ( m m )
depuis la d i f f é r e n c i a t i o n de la
t h è q u e i n t e r n e jusqu'à l'ovulation
(d'après Gougeon).
DPL : début de la phase lutéale. 2,0-5,0 -
F P F : fin de la phase folliculaire.
FPL : fin de la phase l u t é a l e .

1,0-2,0-

0,5-0,9- Préantral
classe 1
0,2-0,4-
0,15-

DPL FPF FPL FPF FPL


1 e r cycle 2 e cycle 3 e cycle 4 e cycle

les facteurs de prolifération stimulant les mitoses, citons


E2pg/ml
l'EGF (epidermal growth factor] qui favorise aussi la vasculari-
sation ; l'IGF 1 [insulin like growth factor de type I) synthétisé 400''
par les cellules de la thèque interne, qui agit en synergie avec
FSH pour augmenter les mitoses. Une protéine du groupe des
inhibines, l'activine, synthétisée par les cellules de la granu-
losa augmente l'expression du récepteur de FSH sur ces
mêmes cellules.
La maturation du follicule s'accompagne d'un arrêt de la proli-
fération (le nombre des mitoses s'annule). L'IGF 2 (insulin like
growth factor de type II) synthétisé par les cellules de la granu-
losa et prédominant dans notre espèce inhibe les fonctions
FSH induites et principalement l'aromatase. L'IGF 2 induit
l'apparition de récepteur de LH sur les cellules de la granu-
losa. Le TGFp [transforming growth factor) synthétisé par les
cellules de la granulosa s'oppose à l'action proliférante de
OL
l'EGF. -12
Ce schéma sans cesse plus complexe sera sans doute précisé
dans un avenir proche. Png/ml
La thèque s'épaissit et se différencie en deux couches externe Jl
et interne qui seule fabrique les stéroïdes androgènes
(androstènedione) sous l'influence de LH.
La rupture folliculaire est brutale sous l'action de la décharge
ovulante de LH. Le follicule de 20 m m de diamètre se rompt
pour libérer l'ovocyte (capté par la trompe) et le liquide
folliculaire qui peut être retrouvé dans le cul-de-sac de
Douglas et est bien visible en échographie. La rupture s'ef-
fectue sous l'action de la décharge ovulante de LH mais
aussi des prostaglandines intraovariennes.
La lutéinisation des cellules de la granulosa se poursuit sous
l'influence de la LH dont les récepteurs ont été mis en place
par FSH. Ces cellules lutéinisées sécrètent la 17 OH progesté-
rone, la progestérone, l'estradiol. En l'absence de nidation, le
corps jaune involue après 14 jours d'existence parapopotose.
Il se produit une lutéolyse avec atrésie et envahissement par
du tissu conjonctif. Les courbes de l'estradiol et de la proges- F i g u r e 3.5. V a r i a t i o n s du t a u x d ' e s t r a d i o l et de p r o g e s -
térone plasmatique au cours du cycle sont rapportées à la t é r o n e au c o u r s du cycle. Le j o u r 0 r e p r é s e n t e le j o u r de
l'ovulation d ' a p r è s R. S c h o l l e r .
figure 3.5.
55 LES EXPLORATIONS EN GYNÉCOLOGIE

Après la ménopause, la disparition des follicules explique rappeler le principe et les indications. Le diagnostic biologique
l'absence de sécrétion de l'œstradiol et de la progestérone de la grossesse repose sur le dosage de l'hormone choriogo-
mais aussi la chute de l'inhibine B et de l'AMH. Il a été montré nadotrope ou HCG. Cette hormone est sécrétée dès l'implan-
récemment que le secteur androgénique de l'ovaire devenait tation de l'embryon dans l'utérus. L'HCG est une glycoprotéine
fibreux et que la sécrétion des androgènes s'effondrait malgré (comme LH) avec une sous-unité a commune et une sous-
l'élévation de la FSH (secondaire à un taux d'inhibine B nul) et unité a spécifique plus longue de quelques acides aminés que
de la LH. LH. Cette parenté de structure s'accompagne d'une parenté
Un certain nombre de gènes intervenant dans la folticulogé- d'action. Si LH permet le développement et stimule du corps
nèse ont été découverts récemment : jaune de cycle, HCG permet la non régression du corps jaune
- le gène F0XL2 qui joue un rôle très précoce dans la follicu- parapoptoseauboutdel à 16jourspourle prolonger et assu-
logénèse. Des mutations de ce gène expliquent les insuf- rer la production hormonale de début de grossesse. HCG est
fisances ovariennes prématurées avec blépharophimosis, donc un agent apoptotique pour les cellules du corps jaune.
aspect particulier des paupières; Lors du premier jour de retard des règles, soit 10 jours après
- le gène BMP15 Ibone morphogenic proteinj qui, lorsqu'il la fécondation, on la retrouve à un taux d'environ 50 Ul. Le taux
est muté, donne aussi un tableau d'insuffisance ovarienne double toutes les 36 heures et est à 200 Ul/l après 3 jours de
prématurée; retard.
- enfin, le gène WnT4 qui joue un rôle dans la différencia- Il existe actuellement deux sortes de dosages : les dosages
tion de la gonade féminine. Une mutation de ce gène a qualitatifs ou test de grossesse et les dosages quantitatifs,
été trouvée chez une femme de 18 ans avec aménor- beaucoup plus sensibles et plus précis.
rhée primaire, hyperandrogénie et absence d'utérus. Il
s'agit d'un gène qui peut expliquer certains syndromes de Les tests de grossesse ou dosage qualitatif
Rokitansky-Kuster-Hauser.
Ils utilisent comme détecteur des particules inertes recou-
vertes d'HCG ou d'anticorps et dont l'agglutination ou l'inhibi-
• Les dosages hormonaux tion de l'agglutination est observée à partir d'un certain seuil
de concentration d'HCG.
Ces tests sont très largement employés du fait de leur simpli-
• Généralités cité et de leur rapidité.
Deux types de dosage sont actuellement disponibles : les Ces tests de grossesse peuvent être pratiqués dans le sérum
dosages urina