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Oh belle jeunesse. Période de complaisance dans l’ignorance. Que j’y étais bien!

L’esprit
libre enfantin me promettait l’infini. Que j’y retournerais…

Bois de silence, bois de mystère, bois d’abandon. Que j’aime me promener dans l’univers de
possibilités que tu m’offres. Tournant à droite, je te découvre. Tournant à gauche, tu
m’émerveilles encore. Mais de toutes les possibilités que tu m’offres, celle que je préfère je
viens de la découvrir. Jamais à ce jour n’aurais-je pu oser croire que te découvrir me
sauverait sur bien des plans. Devant moi, grande, large et bruyante, tu te montres sous ton
plus beau jour chère forêt. La splendeur de l’essence de la vie qui t’habite se reflète dans la
puissance torrentielle du sang qui coule dans tes veines. Tu happes, frappes et engloutis
tout sur ton passage. Pourtant, je suis éberlué par ce sentiment de vide et de sérénité que ta
rivière me procure. Je n’ai pas peur. Le courant y était pourtant très fort. Y être tombé je me
serais probablement noyé. Au contraire, je ressens le besoin de me rapprocher. Plus près.
Encore plus près. Je ne m’arrête que lorsque la fraîcheur de l’eau palpe mon corps. Je vis
en toi comme tu vis en moi. Mon chagrin, ma peur et ma colère, tu me les enlèves. Ta tendre
percussion sur les roches me berce et me protège des cruautés humaines de ce monde. Oh
que le temps passe vite en ta présence! Le soleil se couche déjà. Je dois me mettre sur le
chemin du retour. À cet âge mes parents, étant des parents, se souciaient toujours de mon
heure de rentrer. Pour ma part, je ne rentrais que parce que je ne voulais pas me perdre en
chemin. Téméraire comme je suis, je prends un nouveau chemin pour retourner à la maison.
Étant à la fois boisé et escarpé, celui-ci semble mener à quelque chose. À mon grand
bonheur, je débouche sur une paroi rocailleuse. Qu’elle est immense! Je ne vois même pas
la végétation qui pousse en son sommet! Il me faut la gravir! La vue en sa pointe doit être
magnifique! J’étais inconscient du danger à ce moment-là. C’était tout de même une paroi
de plus de 25 pieds. En être tombé, j’y aurais laissé ma peau. L’aventure m’appelle.
L’adrénaline excite chacune des particules de mon corps. Je me sens vivre! Te monter,
chère paroi, n’est toutefois pas chose facile. Ton corps s'effrite sous mes doigts et mes pieds
peinent à trouver prise agréables. Décidément, ta forte carrure montre des signes de
faiblesses. Je ressens la douleur que t’ont causée ces mille et une pluies. Ceux-là mêmes
qui se disent si douces, mais qui t’ont pourtant l’acérer le corps. Pourtant, j’arrive à apprécier
la douceur de ton roc. Granuleux et dur à la fois, il témoigne de ta robustesse. Dans ta cotte
de pierre, j’admire les crevasses où tu as laissé la vie s'installer. Un peu plus haut, ornant
ton cap, une multitude de fleurs de toutes les couleurs se dressent devant moi. J’y monte en
faisant bien attention de n’en accrocher aucune. Le vent est fort en ton sommet. Il me
pousse, mais je résiste. Y avoir cédé, j’aurais tôt fait de comprendre que c’était un vent
portant la mort dans son sillage. D’ici, ta beauté verdâtre vient me chatouiller les pupilles oh
belle forêt. Tu te dresses sous toute ta splendeur. Tu te montres reine de ses terres alors
que je ne suis qu’un simple admirateur de ta beauté. Merci de me partager cette sensation
de liberté!
Vivant. L’enfant que j’étais se sentait vivant. Humant l’air à pleine goulée, j’ignorais tout,
mais vivait pleinement. La déception du monde ne se montrerait que dans les années
futures. Oh belle jeunesse. Que j’y étais bien! Que j’y retournerais…

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