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LA DIVINATION MALGACHE

PAR LE SIKIDY
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Publications du Centre Universitaire


des Langues Orientales vivantes
6 série - Volume IX

RAYMOND DECARY

LA DIVINATION MALGACHE
PAR LE S I K I D Y
Avec la collaboration, pour la mise au net
et les notes, de Marcelle Urbain-Faublée

IMPRIMERIE NATIONALE

LIBRAIRIE O R I E N T A L I S T E PAUL G E U T H N E R

P A R I S - 1970
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PRÉFACE

En octobre 1933, le docteur Paul Rivet, me chargeant de créer la section


de Madagascar au Musée d'Ethnographie du Trocadéro, le futur Musée
de l'Homme, me suggéra de consulter celui qui, à la suite d'Alfred et Guil-
laume Grandidier, connaissait le mieux Madagascar : M. Raymond
Decary. J'avais déjà utilisé les travaux de ce chercheur qui, en dépit d'une
carrière administrative, a réalisé une œuvre scientifique importante. Ces pre-
miers rapports ont été le début d'une amitié durable.
Trente ans plus tard, appelé à faire des conférences sur la divination à
Madagascar, à la V Section de l'École pratique des Hautes Études,
je cherche des documents inédits, en dehors de mes notes personnelles. Une
fois de plus, j ' a i recours à M. Decary. Il me confie deux versions d'une
étude achevée en 1941, reprise en 1948.
Dans ce travail, après avoir précisé l'importance des graines divinatoires
à Madagascar, M. Decary décrit, en une analyse approfondie, la technique
et les interprétations d'un devin. Malgré la qualité exceptionnelle de cet
informateur, l'auteur a contrôlé les dires de cet homme auprès d'autres ma-
giciens.
Les articles, portant sur la divination à Madagascar, publiés depuis 1948,
n'enlèvent rien à la valeur de l'enquête systématique réalisée par M. Decary.
C'est pourquoi mes collègues de l'École nationale des Langues orientales
vivantes ont décidé à l'unanimité l'édition de cet ouvrage dans la collec-
tion de l'E.N.L.O.V. Absorbé par d'autres travaux, l'auteur a demandé que
ma femme, Marcelle Urbain-Faublée, assure la refonte des versions de
1941 et 1948, rédige les index, et prépare le texte pour l'impression.
Au moment d'écrire cette préface, je suis frappé de l'attention qu'attire
actuellement la divination par les graines, qu'elle soit classée avec la géo-
mancie ou comme cléromancie. Des ethnographes la recherchent du Centre
à l'Ouest de l'Afrique. Cet art prend la place importante qu'il mérite dans
les encyclopédies ou les ouvrages généraux sur la divination. Par ailleurs
une vue nouvelle des mathématiques amène à approfondir la partie maté-
rielle de cette technique divinatoire.
M. Raymond Decary n'a adopté ni la mode, ni le mode d'exposition
mathématique. Naturaliste, il n'ignore pas la frontiere qui sépare le voca-
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bulaire des vraies sciences de celui des « sciences » de l'homme. Il a tenu à


présenter une matière d'accès difficile le plus clairement possible, espérant
toucher, en dehors des spécialistes de la divination ou des études malga-
ches, le public cultivé qui s'efforce de parvenir à la connaissance totale de
l'être humain.
Souhaitons que l'intérêt de la question et la qualité de l'auteur donnent
à ce volume l'audience qu'il mérite.
Jacques FAUBLÉE,
professeur à l'E.N.L.O.V.
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I N T R O D U C T I O N

La divination est de tous les temps et de tous les peuples. Partout et


toujours, l'homme, inquiet sur son sort, veut soulever le voile de l'avenir,
comme aussi il veut percer l'obscurité du passé ou connaître le pourquoi
des choses. Parmi les grands mobiles qui guident ses actions, l'amour de la
richesse est un des principaux ; la crainte de la maladie et de la mort sont aussi
pour ses actes des mobiles puissants; enfin la peur des sorts comme celle
des morts, le désir d'entrer en relations avec le monde mystérieux de l'au-
delà, l'entraînent dans des opérations magiques ou rituelles de divination,
plus ou moins variables avec les pays, mais qui aboutissent toutes en dernière
analyse au même résultat : la connaissance des choses cachées, que celles-
ci appartiennent aux époques futures ou révolues, au domaine terrestre ou
extra-terrestre.
Les travaux d'Alfred et de Guillaume Grandidier (1) sur Madagascar ont
établi que la divination pratiquée par les indigènes de la Grande Ile com-
prend plusieurs méthodes différentes :
L'astrologie, qui admet que l'action des astres, dépendant de leur posi-
tion tant entre eux qu'avec la terre, s'exerce sur les hommes au moment de
leur naissance et fixe alors leur destinée; aussi la croyance aux jours fastes,
andro tsara, et néfastes, andro ratsy, est-elle répandue dans tout le pays,
et les astrologues, mpanandro, viennent encore leur ajouter souvent, suivant
le destin, vintana, des consultants, des jours spéciaux, personnels à chaque
individu.
L'ornithomancie : la divination par le vol des oiseaux était autrefois pra-
tiquée par les Sakalava; il en était de même chez les Tanala qui étaient
persuadés, par exemple, qu'une fiente de milan, papango, en vol, tombant
sur un indigène, était signe de sa mort prochaine.
L'extispicine, ou divination par l'examen des entrailles des animaux
sacrifiés; elle a notamment été pratiquée en 1883 lors de la maladie dont
est morte la reine Ranavalona II.
La nécromancie et l'interprétation des rêves. Les Malgaches croient que
les morts reviennent visiter les vivants et leur apparaissent dans leurs rêves.

(1) A. et G. GRANDIDIER, Ethnographie de Madagascar, t. III, Paris, 1917 : p. 444-459,


488-506.
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A u s s i , p o u r se les r e n d r e f a v o r a b l e s , l e u r m e t t a i t - o n a u t r e f o i s u n e p i èce d ' a r -


g e n t d a n s la b o u c h e . C e p e n d a n t , l o r s q u ' e n s o n g e , l ' o m b r e se r é v è l e c o u r r o u -
cée, elle d o i t ê t r e a p a i s é e p a r des sacrifices o u m ê m e des e x o r c i s m e s d o n t la
n a t u r e s e r a alors i n d i q u é e p a r le d e v i n , m p i s i k i d y .
L a c l é r o m a n c i e : le s i k i d y , a p p e l é s i k i l y e n dialecte côtier, est l ' a r t divi-
n a t o i r e p a r excellence. S o n n o m est d é r i v é d e l ' a r a b e « s h i k l » q u i signifie
figure d e g é o m a n c i e (1)

(1) R. DOZY, Supplément aux dictionnaires arabes, 2 éd., 1927, t. I, p. 779.


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CHAPITRE PREMIER

LE SIKIDY OU SIKILY

Procédé de divination encore partout pratiqué à Madagascar, le sikidy


répond à toutes les questions, donne la solution de tous les problèmes,
découvre la cause des événements les plus variés, indique les exorcismes et les
offrandes propitiatoires. Remplissant le rôle joué par les cartes ou les tarots
dans la divination européenne, il parle avec autorité et la population, dans
sa très grande majorité, lui accorde aujourd'hui encore une confiance que
vient augmenter en outre l'attrait du merveilleux qui agit si puissamment
sur tout cerveau humain.
Nombreux sont les auteurs qui ont étudié le sikidy malgache; on en trou-
vera la liste en fin de ce travail. Les principaux sont Ellis et Dahle pour le
sikidy mérina, Dandouau pour le sikidy sakalava, Dubois pour le sikidy
betsileo, Rusillon enfin, dont le travail, d'ordre plus général, ne s'applique
pas à une tribu particulière : « Les notes que nous donnons ici, écrit-il,...
ont été prises soit dans le Nord-Ouest, Boina et pays tsimihety, soit sur les
Hauts-Plateaux dans l'Imerina, au Vonizongo ou dans le pays dit Amoron-
kay » Tous signalent la difficulté d'obtenir des renseignements précis
sur un sujet dont les initiés ne parlent pas volontiers à l'Européen, et ce n'est
que par une « longue patience » que nous-mêmes avons pu obtenir d'un
magicien ombiasa sakalava, le nommé Rabenja de Marovoay les inter-
prétations qui seront détaillées au cours de notre travail.
Il est à remarquer d'autre part que, si l'on procède à une étude compara-
tive des travaux ci-dessus, on constate de très nombreuses différences dans
les modes d'interprétation suivant les régions. Si les règles fondamentales
sont respectées partout, les noms mêmes des diverses figures peuvent par-
fois différer; en outre, les combinaisons de ces figures — combinaisons plus
ou moins nombreuses suivant les auteurs — varient dans une certaine
mesure suivant les pays. Il en résulte naturellement que la lecture du
sikidy peut alors changer complètement de sens.

(1) RUSILLON (H.), « Le sikidy malgache », Bull. Acad. malgache, 1908 (1909), vol. VI,
p. 115-162.
Marovoay : sous-préfecture située au Sud-Est de Majunga.
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Quoi qu'il en soit, le sikidy occupe, comme on l'a dit, une large place dans
la vie du Malgache; il le consulte en toute circonstance, mais surtout :
1° En cas de maladie;
2° Avant d'entreprendre un voyage;
3° Pour acquérir la richesse ou prévoir le croît des troupeaux;
4° Pour toutes les questions relatives aux femmes;
5° Afin de pouvoir jeter un mauvais sort à quelqu'un;
6° Pour rechercher ou dépister les voleurs.
On attribue aux maladies deux sources différentes : elles proviennent soit
de puissances surhumaines, soit des hommes. Dans le premier cas, elles
constituent une punition, un avertissement, et si le malade ne s'amende pas,
son état pourra s'aggraver; quant à la cause, elle doit être cherchée dans la
transgression d'un tabou, fady, ou dans le non-accomplissement d'un vœu.
Si au contraire la maladie provient des hommes, elle porte le nom de tolaka,
elle peut alors être produite soit à l'aide d'aliments, soit à distance avec des
sortilèges, aoly ou ody mahery. Celui qui nuit ainsi à son semblable sera
généralement le fahatelo sur le tableau du sikidy.
Dans un autre ordre d'idées, il est prudent de consulter le sikidy avant
d'entreprendre un voyage pour connaître le jour faste où l'on devra partir
et savoir si le point où l'on désire se rendre n'est pas opposé au destin, vin-
tana, de celui qui veut se déplacer
Pour s'enrichir avec certitude, il faut éviter tout risque fâcheux; c'est
ainsi qu'une recherche d'or au moyen de l'orpaillage ne sera entreprise que
le jour déterminé par le sikidy.
En amour enfin, il est utile de connaître le sort de la femme que l'on vou-
drait épouser, de peur que son étoile ne soit opposée à celle de l'homme,
et ici en particulier, le sikidy peut, à l'occasion, puiser dans l'astrologie cer-
tains de ses principes.
Une des plus anciennes mentions du sikidy faite par les auteurs européens
se trouve dans une lettre du Père Luis Mariano qui écrit dès 1616 au sujet
des Sakalava : « Les habitants de l'Ouest ne font aucun acte important sans
consulter les sortilèges qui se font de plusieurs manières sur le sable, avec
des noyaux de tamarin, etc. »
L'abbé Nacquart en 1650 déclare à son tour : « Voici comment les Ombiasy
donnent leurs consultations : premièrement, ils font les pensifs et les empê-
chés et, prenant une planche, ils y répandent du sable sur lequel ils font
quantité de points comptés, ce qu'ils appellent « squille », et ils les réitèrent
souvent pour tirer les pronostics de la maladie. Ils vendent une partie de ce

(1) Au reste, les rapports du vintana et du sikidy sont devenus aujourd'hui assez lâches.
Déjà Dahle signale en 1886 que ces rapports sont de plus en plus perdus de vue et peuvent être
à peine retrouvés avec certitude dans les détails. Ce qui en reste, c'est une terminologie parti-
culière dans laquelle certains noms se rencontrent à la fois dans le vintana et dans le sikidy.
Bref, la science astrologique qui servit de base à cette divination a disparu à peu près complè-
tement.
(2) Rév. Père Luis MARIANO, « Lettre du 22 octobre 1716 », trad. dans Coll. ouvr. anc. concer-
nant Madagascar, t. II, p. 230.
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sable dans un morceau de cire qu'ils font porter au cou pour obtenir la
santé »
L'année suivante, en 1651, Cauche signale à son tour : « Les Ombiassy et
la plupart des maîtres des villages se servent d'une tablette sur laquelle ils
étendent du sable blanc, et avec le doigt ils marquent de certaines lignes
à ondes, dont ils forment certaines figures sur lesquelles ils font leur juge-
ment » .
Flacourt enfin donne en 1661 les renseignements suivants : « Les Ompitsi-
quili, ce sont ordinairement nègres ou Anacandries qui s'en meslent, c'est
ce que l'on nomme Géomance, les figures sont semblables à celles de Géo-
mance, sinon qu'ils squillent sur une planchette couverte de sable sur la-
quelle ils forment leurs figures avec le doigt, en observant le jour, l'heure,
le mois, la planette et signe qui domine sur l'heure en laquelle ils squillent,
en quoi ils sont très bien versez : mais rarement trouvent ils la vérité de ce
qu'ils cherchent et quelques uns adjoutans leur conjecture avec leur squille
rencontrent parfois et se font admirer ou estimer d'un chacun. Les malades
les consultent pour leur guérison, les autres pour leurs affaires ; il y en a beau-
coup qui ne sortent point de chez eux sans squiller » (3)
Il est inutile de multiplier ces citations qui toutes se rapportent à la prati-
que du sikidy alanana ou sikidy tracé sur le sable.
Dans les pages qui suivront, nous observerons scrupuleusement les indi-
cations de notre informateur Rabenja; mais lorsque, parmi celles-ci nous en
rencontrerons qui s'éloignent notablement de celles des autres auteurs, nous
ne manquerons pas de les signaler. Le lecteur se rendra compte ainsi de
l'étonnante complexité du sikidy et du très grand intérêt que présenterait
une étude comparative des différentes méthodes en usage à Madagascar.
Il existe à la vérité un certain nombre de variétés de sikidy. Le sikidy ala-
nana ou sikidy tracé sur le sable était autrefois extrêmement répandu; il
représente le type primordial de ce genre de divination. Le devin étendait
sur une planchette une couche de sable, puis y traçait au hasard quatre
lignes festonnées dont il comptait ensuite les ondulations. Leur nombre, im-
pair ou pair, était alors marqué par un ou deux points, et ce calcul, accompli
pour chacune des quatre lignes séparément, donnait la première figure du
sikidy. On effaçait alors les traces sur le sable et l'on recommençait l'opéra-
tion pour chacune des trois figures suivantes.
O impair
O O pair
O impair
O O pair

Le sikidy joria, très pratiqué, est un mode de divination élémentaire dans


lequel chacune des figures ne comprend qu'une seule rangée formée d'une ou
deux graines seulement. Toutes les graines sont donc taraiky (uniques) ou

(1) Abbé NACQUART, «Lettre du 5 février 1650», Mém. Congrég. Mission, t. IX, p. 66.
(2) CAUCHE, « Relation de voyage à Madagascar , Coll. ouvr. anc., t. VII, p. 101.
(3) Et. DE FLACOURT, Histoire de la grande isle de Madagascar, 1661, p. 173.
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asombola (doubles). Parfois, à ces seize figures, qui forment deux rangées
parallèles de huit chacune, on ajoute une rangée supplémentaire de quatre,
placée perpendiculairement, et correspondant au bœuf, au mouton, à la
volaille et au riz.
Le sikidy alakarabo est une variété du joria pratiquée par les Sakalava,
Mahafaly, Antandroy, avec trois graines au lieu de deux. Les divinités spé-
cialement évoquées dans ce genre de cléromancie sont le roi Andriamosara
et les ancêtres des Maroseranana. Les graines employées sont des voankarabo,
d'où le nom du sikidy.
Quant aux sikidy kofafa et sikidy vero, mentionnés accessoirement par
Dahle comme existant chez les Betsimisaraka, ils doivent être considérés
plutôt comme des amusements que comme de véritables modes de divination.
Le sikidy qui fait l'objet de la présente étude est le sikidy alanana, mais
dans lequel la détermination du nombre pair ou impair des graines formant
les figures, n'est plus subordonnée au nombre de festons des lignes tracées
sur le sable. On ne peut d'ailleurs préciser à quelle époque l'ancien procédé
a fait place à celui qui est en usage actuellement presque partout.
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CHAPITRE II

LE MPISIKIDY OU MPISIKILY

Très nombreux étaient autrefois les Mpisikidy (1) ou devins tirant le


sikidy, et Alfred Grandidier estimait qu'un Malgache sur trois connaissait
cette pratique à fond. Leur nombre est aujourd'hui plus restreint. Si beaucoup
d'indigènes en savent encore les principes généraux et s'ils y procèdent direc-
tement pour eux-mêmes, ils n'ont en réalité la notion que des règles fondamen-
tales seules, mais sont incapables d'approfondir et de traduire la variété des
combinaisons des figures obtenues. Les Mpisikidy qui possèdent à fond leur
science sont devenus rares et leur réputation augmente par le fait même de
leur diminution.
Aussi bien l'initiation à la science du sikidy s'accompagne-t-elle de rites
spéciaux, du moins chez les Sakalava. L'élève praticien doit toujours être
âgé d'au moins une quarantaine d'années, car s'il entreprenait avant cet âge
l'étude de l'art divinatoire, il risquerait, assurent les Sakalava, la mort à
brève échéance. D'autre part, avant toute étude, il doit commencer par se faire
pratiquer des incisions au bout de l'index, du médius et de la langue ; dans ces
incisions il introduira certains ingrédients parmi lesquels du piment rouge et
une bouillie de guêpes écrasées. Cette mixture, qui se trouve ainsi en contact
avec les doigts qui pousseront les graines sur le tableau du sikidy et avec la
langue qui dévoilera l'avenir, donne désormais à l'apprenti-devin le pouvoir
de déchiffrer les choses occultes.
Ceci fait, il part au lever de l'aurore à la recherche de l'arbre nommé fano
dont les grandes gousses contiennent des graines plates Lorsqu'il a décou-
vert un de ces arbres, il lance vigoureusement sa sagaie sur les branches où

(1) Le mpisikidy ne doit pas être confondu avec le mpamintana. Le second, qui prétend
tirer ses oracles de la divinité, doit en principe indiquer au premier le jour où celui-ci pourra
travailler utilement suivant le destin, vintana, du consultant. En réalité, le mpisikidy néglige
souvent aujourd'hui de recueillir cet avis et opère sans tenir compte de ce que pourrait déclarer
le mpamintana.
(2) Fano : Piptadenia chrysostachys Benth., Légumineuses. Dans le Centre, on emploie
aussi les graines arrondies de tsiafakomby : Caesalpinia sepiaria Roxb., Légumineuses, arbuste
épineux commun dans les fossés des villages. Dans le Sud, on se sert fréquemment de celles
du kily : Tamarindus indica Lin., Légumineuses.
la secousse détache des graines qui sont ramassées au fur et à mesure. Et c'est
par une allusion lointaine et imprécise à cet acte que certains Mpisikidy
disent lors de l'invocation : « Quand tu étais au Pic escarpé et dans la forêt
dense, sur toi les crabes ont rampé, de toi les crocodiles ont fait leur lit, de
leurs pattes les oiseaux t'ont foulé. Qu'on te suspende aux arbres ou qu'on
t'enfouisse, tu n'es jamais desséché ni pourri ».
Puis l'initiation commence et l'élève entreprend l'étude des graines voyantes.
Le salaire qu'il verse à son maître est peu élevé; il peut descendre parfois jus-
qu'à une somme de cinq francs qu'accompagne un coq au plumage rouge. Et
dès ce moment, pour faciliter la compréhension du langage des graines, il
augmente sa clairvoyance en déposant devant lui, pendant son travail, un frag-
ment de quartz hyalin qu'il conservera ensuite et placera toujours en avant
des figures du sikidy lors de chaque consultation. L'initiation, parfois longue,
est toujours difficile, et sans doute est-ce la raison pour laquelle on ne doit pas
l'entreprendre, en pays sakalava, avant quarante ans.

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