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2 BAC PRO

Programme 2009
e

histoire
géographie
éducation civique
LIVRE DU PROFESSEUR

Sous la direction de Brigitte Allain-Chevallier


Brigitte Allain-Chevallier
Formatrice IUFM, Paris
Professeur de lycée professionnel
Lycée Maria-Deraismes, Paris
Éric Favard
Formateur IUFM, Montpellier
Professeur de lycée professionnel
Lycée Georges-Pompidou, Castelnau-le-Lez
David Lamoureux
Professeur de lycée professionnel
Lycée Auguste-Escoffier, Cagnes-sur-Mer
Roselyne Schneider
Professeur de lycée professionnel
Lycée polyvalent Nicolas Brémontier, Bordeaux
Corinne Walter-Glaymann
IEN histoire-géographie
Académie de Créteil

8, rue Férou 75278 Paris cedex 06


www.editions-belin.com

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Les passages en italiques proposent des informations qui ne figurent pas dans les documents mais qui
peuvent être utiles au professeur.

Tous les renvois aux numéros suivis d’un astérisque ont été corrigés dans les exemplaires réimprimés.

Le point sur l’étude de cas


1. L’étude de cas est première, ce qui la différencie de l’exemple.
2. Elle pose un problème ou expose une situation-problème de géographie mettant en relation un terri-
toire à une échelle donnée et des acteurs spatiaux.
3. Elle suppose une démarche de géographie globale à des échelles variées.
4. Elle sert à construire les notions appréhendées et le raisonnement géographique qui répondent à la
problématique posée.
5. La mise en perspective (phase de contextualisation / conceptualisation) doit être guidée à partir des
constats faits dans l’étude de cas (à partir de cartes par exemple). Elle répond à plusieurs objectifs :
– reprendre sommairement les acquis pour favoriser leur appropriation collective ;
– articuler le particulier et le général, le conjoncturel et le structurel, en validant et en nuançant les
conclusions dégagées. C’est alors que l’on peut répondre à des questions comme « Pourquoi là et pas
ailleurs ? », « Pourquoi là plus qu’ailleurs ? » ;
– aborder des aspects laissés de côté dans la composition du corpus documentaire de l’étude de
cas.

Mise en page : Compo-Méca sarl - 64990 Mouguerre

Le code de la propriété intellectuelle n’autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste
et non destinées à une utilisation collective » [article L. 122-5] ; il autorise également les courtes citations effectuées dans un
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Toute photocopie d’œuvres protégées, exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du
Code pénal.
© Éditions Belin, 2009 ISBN-978-2-7011-5190-8

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Sommaire

HISTOIRE
CHAPITRE 1 Humanisme et Renaissance 4
CHAPITRE 2 Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 18
e e
CHAPITRE 3 Le premier empire colonial français, du 16 au 18 siècle 32
CHAPITRE 4 Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 46

GÉOGRAPHIE
CHAPITRE 5 Nourrir les hommes 60
CHAPITRE 6 L’enjeu énergétique 74
CHAPITRE 7 Le développement inégal 88
CHAPITRE 8 Les sociétés face aux risques 102

ÉDUCATION CIVIQUE
Dossier 1 Les instances de la vie lycéenne 116
Dossier 2 Le lycée, un atelier de démocratie 118
Dossier 3 Le règlement intérieur 120
Dossier 4 Contre l’esclavage, le combat continue ! 122
Dossier 5 Agir pour la planète 124
Dossier 6 L’égalité favorisée par… l’inégalité ? 126
Dossier 7 La liberté d’expression en images 128
Dossier 8 Les biocarburants en débat 130
Dossier 9 Internet… clé du développement ? 132

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Chapitre
Chapitre

1
3 Humanisme et Renaissance
Ouverture de chapitre pages 10-11

1. Commentaire du sommaire découverte de L’Amérique par Christophe Colomb. Ces


deux sous-ensembles sont encadrés, par une représen-
Le premier chapitre consacré à l’histoire s’ouvre sur le tation symbolique de la chimie et de la médecine à
thème Humanisme et Renaissance. Sans nier les conti- gauche, et de l’astronomie à droite.
nuités sociales et économiques avec le Moyen Âge, ■ Sur la scène centrale, Louis XI, roi de France, reçoit
il s’agit de mettre en évidence les nouveautés de la
la première bible imprimée dans l’hexagone. À gauche,
période. Il serait excessif de parler d’une rupture, pour-
l’allégorie de l’Art prend une allure féminine (ressem-
tant les contemporains ont quand même l’impression
blance avec une reine), celle de la Science, les traits
de vivre un temps de changement. Dès lors comment
d’homme âgé avec un livre entre les mains.
se manifeste ce foisonnement intellectuel, artistique
et scientifique ? ■ Au centre du bas-relief « la peinture à l’huile », Jan
Van Eyck peint un modèle qui pose attablé.
Pour répondre à cette problématique, on aborde l’hu-
manisme avec la situation 1 Érasme et l’Europe. Au-
delà des innovations intellectuelles et de la redécou- Document 2 : La naissance de Vénus
verte de l’Antiquité, cette situation permet d’ancrer
des problématiques plus actuelles : la construction de ■ Cette œuvre de Sandro Botticelli reflète totalement
l’Europe ou les rivalités entre les nations européennes. l’esprit de la Renaissance. Émanant d’une inspiration
La situation 2 Léonard de Vinci et la représentation du antique assumée, Vénus y occupe la place centrale.
corps fait le lien entre l’Humanisme et la Renaissance. Elle représente la pureté absolue du corps, au-delà de
Elle traite des apports et des découvertes scientifiques l’habituelle beauté féminine. Elle est entourée par des
qui se répercutent sur la représentation du corps et sur éléments naturels essentiels : l’eau, l’air et la terre.
les arts. Léonard de Vinci incarne cette fusion entre Elle sort de l’eau sur une coquille, poussée vers le
les sciences et les arts. La situation 3 La controverse rivage par Zéphyr, le dieu du vent, qui se tient à sa
de Valladolid symbolise les grandes interrogations droite. À droite, une nymphe l’accueille avec un vête-
intellectuelles, morales et religieuses qui traversent ment pourpre. Il pourrait s’agir d’une des trois Heures,
ce siècle avec la découverte de nouveaux continents personnification des saisons.
et de nouveaux habitants. Elle rejoint les préoccupa-
tions humanistes qui sont la place de l’homme dans le
Document 3 : Le château de Chambord, construit sur ordre de
monde, son rapport aux autres, son rapport à Dieu.
François 1er à partir de 1519

Léonard de Vinci, considéré comme l’architecte officiel


2. Analyse des documents de Chambord, meurt quelques mois avant le début des
Document 1 : Le vitrail Découvertes et inventions qui ont travaux. Le château conjugue un plan médiéval et une
marqué l’époque de la Renaissance entre 1450 et 1550, décoration d’inspiration italienne, représentatifs de cette
réalisé entre 1834 et 1838 transition entre deux périodes intellectuelles, culturel-
■ Il reflète ce que l’on a déjà retenu et voulu trans- les et artistiques. Le plan, les tourelles ou le toit à deux
mettre de la Renaissance au 19e siècle : les progrès pentes sont les héritiers du Moyen Âge, tandis que les
scientifiques et artistiques. D’ailleurs, le ruban bleu terrasses, les décorations des fenêtres des toits ou les
du haut porte l’inscription « tableau des sciences et cheminées confirment les apports de la Renaissance ita-
des arts ». lienne. Loin d’être terminés à la mort de François 1er, en
1547, les travaux se poursuivent jusque sous Louis XIV
■ Tout en haut, la Renaissance est représentée par une et annoncent le gigantisme de Versailles. Chambord, qui
femme assise qui porte une couronne. Elle domine les mesure 156 m sur 117 m et compte 440 pièces, est le
différentes scènes. La « demi-lune » dessous évoque la plus vaste des châteaux de la Loire.
4

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3. Démarche et parcours possibles

Érasme et l’Europe

Quand le livre fait


Contenu du chapitre

La controverse de

représentation
représentation
Situation 2 L.

sa révolution
de Vinci et la

Grand Angle
Savoir-faire
Sciences en
Situation 1

Situation 3
Valladolid
Ouverture

du corps

Atlas
Plan de L’essentiel
Lancement + +

Partie 1 : Les humanistes et la République des Lettres


a. intellectuels, savants et lettrés + + + + + +
b. la révolution de l’imprimerie + + + + +

Partie 2 : Des progrès scientifiques et des réformes religieuses


a. des progrès dans tous les domaines + + + + + +
b. l’homme au centre des préoccupations + + + + + +

Partie 3 : La Renaissance : de l’Italie à l’Europe entière


a. le berceau italien + + + +
b. la diffusion en Europe + + + + +
c. l’influence en France + + + + +

Partie 4 : Un modèle antique repensé avec des techniques nouvelles


a. une redécouverte de l’Antiquité et des techniques
+ + +
nouvelles
b. l’art concerné dans tous ses domaines + + + + +
c. des artistes novateurs + + + + +

Exemple d’organisation sur la base d’une séquence


de quatre heures (on est libre d’élaborer une
séquence plus courte).
Séance 1 = Partie 1 ⇒ Situation 1 ou Situation 3 En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être
Séance 2 = Partie 2 ⇒ Savoir-faire ou Grand Angle traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-pages
(voir tableau).
Séance 3 = Partie 3 ⇒ Situation 2
Séance 4 = Partie 4 ⇒ Situation 2 ou Corpus pris dans
tout le chapitre. Les passages en italiques proposent des informa-
tions qui ne figurent pas dans les documents mais
qui peuvent être utiles au professeur.

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 5

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1 Érasme et l’Europe
Situation

pages 12-13

1. Réponses aux questions Question 3 : Des tensions qui persistent en Europe


[4 et Atlas 2 et 3]
Question 1 : Érasme, un humaniste européen [2,3,6, Atlas 1
et bios 9 et 15] ■ Érasme se bat pour la paix en Europe car cette der-
nière est traversée par de multiples tensions.
■ Tout au long de sa vie, Érasme tisse un réseau de
relations à travers les grandes capitales européennes et – politiques : les guerres d’Italie (1494-1559) où
dans de nombreuses villes : Paris (1495-1498), Londres la France veut imposer ses droits sur le royaume de
(1499-1500) ou Rome (1508-1509) [3]. C’est un des Naples et le duché de Milan [Atlas 2],
piliers de la République des Lettres. Il voyage ainsi dans – religieuses : avec l’apparition de la Réforme, la
l’Europe entière et entretient une relation épistolaire naissance du protestantisme autour de Luther et
importante [2 et 3]. Considéré comme le « Prince des de Calvin, et de l’anglicanisme avec Henri VIII
humanistes » [bio 15], il participe ainsi à la diffusion [Atlas 3]
de l’humanisme en Europe [Atlas 1]. Le tableau de Hans Si Érasme approuve très tôt les prises de positions luthé-
Holbein représente Érasme, avec un porte-plume dans riennes, il souhaite préserver l’unité du monde chrétien.
la main droite, qui écrit une lettre, symbole du savoir Il prône le libre-arbitre et la tolérance et se pose en
humaniste et de la République des Lettres [2]. Il parti- conciliateur entre les réformés et les catholiques. Ce rôle
cipe également à l’éducation des princes et des mécè- renforce encore son rayonnement européen.
nes dans toute l’Europe, comme le montre le tableau
de E. Hammam avec la lecture à Charles Quint [bio 9],
futur roi d’Espagne [6]. Érasme a donc une vision euro- Question 4 : Erasmus, une référence marquée à Érasme
péenne des questions politiques, mais aussi religieuses. [3 à 6, bio 15 et Atlas 2]

■ On a choisi le nom d’Erasmus en référence à l’huma-


Question 2 : Un engagement pour la paix en Europe
niste Érasme de Rotterdam [3,5 et bio 15]. C’est un
[1 et Atlas 2] grand voyageur européen [3] et un défenseur d’une
Europe humaniste de la paix face aux volontés guer-
■ Érasme reproche aux souverains européens de se que-
rières des souverains [4 et Atlas 2]. L’affiche pour les
reller et de mettre en danger la paix en Europe sous 20 ans du programme est une reprise du tableau de
des prétextes peu louables. Hans Holbein. Elle intègre la dimension du voyage
– « tel retrouve ou forge de toutes pièces un titre avec les avions et le TGV, de l’Europe avec des monu-
obsolète et poussiéreux » ments symboliques (tour Eiffel, tour de Pise, moulin
– « tel autre prend prétexte de je ne sais quel article hollandais, Porte de Brandebourg, cabine téléphonique
publié sur les cent que comporte un traité » londonienne) et du savoir (les chiffres, le livre, l’œil
– « celui-là prend prétexte d’une offense purement et l’oreille) [5]. Elle fait donc le lien entre l’héritage
personnelle – on lui a pris une épouse, ou on lui a d’Érasme et la vision européenne de l’éducation, de la
décoché une raillerie un peu trop libre » [1] culture et du savoir.

■ Érasme propose aux souverains de faire « preuve de dis- ■ Érasme est un symbole fort pour l’Europe d’aujourd’hui.
cernement », c’est-à-dire d’œuvrer en faveur de la paix D’une part, il représente l’humanisme et la constitution
en Europe et non pour leur profit personnel. Ils ne doi- d’un savoir érudit qui peuvent correspondre à l’Europe
vent plus participer à la division politique de l’Europe des universités [5]. D’autre part, il a voyagé dans l’Eu-
[Atlas 2]. Pour cela, ils doivent se mettre « au service du rope entière et a appris à connaître et comprendre dif-
peuple », arrêter de s’enrichir à son détriment, et surtout férents pays [3 et 6]. Il a enfin essayé de convaincre
avoir des sentiments altruistes pour leurs sujets. D’après les souverains européens de cesser se battre et a voulu
Érasme, cette paix apportera prospérité et bonheur à imposer une vision pacifiste de l’Europe [4]. Toutes ces
tous les habitants, à toutes les nations, donc à l’Europe valeurs sont mises en avant par l’Union européenne, et
entière [1]. Une telle vision est donc novatrice. plus particulièrement par le programme Erasmus.

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2. Réponse à la problématique 4. Informations
■ Érasme renouvelle la vision de l’Europe au 16e siècle complémentaires
car il change d’échelle dans l’appréhension des phé- Établir une biographie d’un autre humaniste : Thomas
nomènes. Grâce à son réseau de correspondants, ses More ou Machiavel. La comparer sous forme de tableau
voyages et la République des Lettres, il développe une avec celle d’Érasme (points communs et différences).
vision européenne des situations politiques et reli-
gieuses. « Le Prince des humanistes » met son savoir Bibliographie :
érudit au service de la résolution de certains problè- – Les Collections de l’Histoire, « Les Européens d’Hé-
mes contemporains, mais il n’est pas toujours entendu rodote à Erasmus », n°41, octobre 2008.
par les Grands du monde. Il incarne aujourd’hui un
– J. Le Goff, L’Europe expliquée aux jeunes, Le Seuil,
exemple pour les nations d’Europe qui pour beaucoup
2007.
en revendiquent l’héritage.
– J.-C. Margolin, Érasme, précepteur de l’Europe,
Julliard, 1995.
3. Démarche proposée – S. Zweig, Érasme. Grandeur et décadence d’une
idée, Livre de Poche, 2008.
1. Érasme, un humaniste européen [1, 2, 3 et 6,
Atlas 1 et Bio 15]
2. Une Europe sous tensions politiques et religieu-
ses [4, Bio 9, Atlas 2 et 3]
3. Un héritage incontournable [Tous documents]

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 7

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2 Léonard de Vinci et la représentation
Situation

du corps pages 14-15

1. Réponses aux questions dans la conception du monde à la Renaissance [4].


Plusieurs fois détournée, cette œuvre a été le logo de
Question 1 : Vinci, un génie universel [1 à 5, Bio 24]
l’entreprise Manpower de 1970 à 2006. Elle est aussi
■ Léonard de Vinci s’illustre dans le domaine du des- sur la face de la pièce italienne de 1 euro.
sin et de la peinture [1, 5 et Bio 24]. La Joconde
■ On parle de « génie universel » car il a excellé tant
est sans doute le portrait le plus célèbre du monde.
dans les domaines scientifiques (architecture, construc-
L’hypothèse la plus probable serait qu’il s’agit du por-
tion de machines) que les domaines artistiques (des-
trait de Lisa Gherardini [doc. 5]. Elle aurait épousé en
sin, peinture) [1 à 5]. La science anatomique améliore
1495 Francesco del Giocondo, un marchand d’étoffes
sa connaissance de l’homme et influe sur sa peinture :
florentin, dont le patronyme, féminisé, lui aurait valu
elle devient plus réaliste. C’est donc un artiste et un
le surnom de Gioconda francisé en « Joconde ». Sa réa-
savant aux multiples talents.
lisation prouve l’obsession de la perfection chez Vinci.
Le modelé du visage est étonnamment réaliste, indi-
quant un lien avec ses études anatomiques [2 et 3]. Question 2 : Vinci, un génie détourné ? [6]
Les effets de lumière sur la peau et les détails du pay-
sage à l’arrière-plan renforcent encore cette volonté ■ Ces deux couvertures de bande dessinée ont pour
de « réalité ». Signe de sa popularité, La Joconde a été héros Léonard de Vinci. Elles mettent en avant son
détournée de nombreuses fois. « génie universel » car celle de gauche montre l’inven-
teur et le constructeur de machines, tandis que celle
■Il s’intéresse aussi à l’anatomie [2 et 4], aux sciences de droite représente plutôt l’artiste qui réalise son
et aux mathématiques [3 et 4]. autoportrait [1 et 3].
– L’anatomie représente une part importante des
travaux de Vinci. Plusieurs carnets regroupent des
■ Cette bande dessinée choisit résolument le ton
croquis d’une partie du corps humain comme ces humoristique. Il se traduit par les jeux de mots du
coupes sagittales et transversales du crâne humain titre basés sur le mot « génie » : « C’est un quoi déjà ? »
[2]. La science anatomique lui permet en effet une (sous-entendu un génie) ou « Trait de génie », (le trait
meilleure connaissance de l’homme et de son corps pouvant faire référence à la peinture). Les personnages
et a des répercussions sur sa peinture qui devient et leurs actions reflètent aussi cet humour. Dans cette
plus réaliste. Il approfondit ses observations et pra- série, Léonard apparaît comme un savant fou [6]. Elle
tique lui-même des dissections. montre néanmoins avec humour que Vinci traverse les
époques et que son héritage est suffisamment impor-
– Vinci analyse le décollage, l’atterrissage et le vol des
tant pour être encore parodié au 21e siècle.
volatiles dans un dessein scientifique. Après de lon-
gues observations de l’anatomie des ailes de l’oiseau,
il invente une machine qui ressemble à des ailes Question 3 : Une vie de recherches et d’interrogations [7]
d’oiseau activées par la force musculaire humaine :
l’ornithoptère. Un homme volerait en bougeant les ■ Léonard de Vinci est le reflet des « hommes de [son]
bras avec des ailes mécaniques. Mais cette machine temps » comme il le dit. Il veut « dompter le monde »
demande trop de force physique et malgré l’amélio- et « connaître et comprendre la nature humaine ». Pour
ration du système de propulsion mécanique avec des cela il s’appuie sur les connaissances scientifiques,
ressorts, elle ne fonctionnera jamais. Sa maquette notamment la dissection des cadavres, et sur les arts,
est visible au château du Clos Lucé où Vinci s’installe plus particulièrement la peinture [7]. Son approche
à la demande de François 1er [3 et Bio 24]. pluridisciplinaire lui permet, comme à tous les huma-
nistes de l’époque, de mieux cerner l’homme, et le
– L’Homme de Vitruve est une étude des proportions
monde qui l’entoure.
du corps humain. Le modèle d’un homme normal et
non parfait s’inscrit à la fois dans un cercle et dans
un carré. Il prouve l’importance des mathématiques

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2. Réponse à la problématique En français :
■ Léonard de Vinci est plus qu’un artiste ou un scienti- Étudier une bande dessinée :
fique, c’est un « génie universel ». Sa connaissance du – Turk et De Groot, Léonard, série en 39 tomes, édi-
corps et sa transgression de l’interdiction de dissection tions Le Lombard.
des cadavres lui permettent d’avoir des connaissances – D. Convard et G. Chaillet, Vinci, tome 1 l’ange
approfondies du corps humain. Elles lui servent en tant brisé, éditions Glénat, 2008.
qu’artiste quand il peint la Joconde ou en tant qu’in-
génieur quand il construit le prototype de sa machine http://leonard.bd.free.fr/
volante. Pour lui, comme pour tous les humanistes, il http://vinci.glenatbd.com/
n’y a pas de cloisonnement des savoirs. La science et
l’art ne font qu’un : l’une est mise au service de l’autre Étudier des détournements de la Joconde.
et vise à mieux appréhender l’homme, son corps et son
univers afin de répondre à de nombreuses interroga-
tions. Mais cette connaissance du corps par Léonard Bibliographie
de Vinci n’est bien qu’une des composantes de son – « Léonard de Vinci, secret d’un génie », L’Histoire,
savoir humaniste. n° 299, juin 2005.
– Léonard de Vinci, ingénieur et savant, TDC n° 948,
15 janvier 2008.
3. Démarche proposée – Léonard de Vinci, Traité de la peinture (trad.
A. Chastel), Calmann-Levy, 2003.
1. Un renouvellement des connaissances du corps
[2 et 7]
2. Une application dans les domaines artistiques et Ressources Internet
scientifiques [3 et 5] http://www.curiosphere.tv/joconde/home.html
3. Un génie universel qui traverse les époques [Tous http://www.vinci-closluce.com/
documents]
http://www.leonardodavincimilano.com/index-fr.htm

4. Informations
complémentaires

En histoire :
Effectuer des recherches sur Internet pour identifier
tous les domaines dans lesquels Léonard de Vinci s’est
illustré.

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 9

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3 La controverse de Valladolid
Situation

pages 16-17

1. Réponses aux questions ■ Sepúlveda défend le principe d’infériorité des Indiens.


Il affirme qu’ils « demandent dans leur propre intérêt à
Question 1 : Une rencontre violente entre deux mondes
être placés sous l’autorité des princes ou d’États civi-
[1, 2 + 6 page 29, Rabat A]
lisés », sous-entendant qu’ils ne le sont pas. Ce pla-
■La population du Mexique central diminue très forte- cement ne peut que leur être bénéfique puisqu’il leur
ment entre 1519 et 1605, puisqu’elle passe de 25,2 à apportera « une morale plus haute et un mode de vie
1 million d’habitants [2]. plus digne » [4].
1519 marque les débuts de la conquête du Mexique par Après la controverse, Sepúlveda n’a pas le droit de
Hernan Cortès. Ce dernier a pour mission de prendre publier son livre en Espagne, mais la conquête se pour-
possession de tous les territoires aztèques qu’il traverse. suit.
Mexico capitule en 1521. Le gouvernement du vice-roi
d’Espagne est effectif à partir de 1535. En 1550, on
peut considérer que tout le Mexique est espagnol. La Question 3 : La défense des Indiens [5, 6, 8 et bio 17]
conquête est donc brutale et rapide. ■ Las Casas tient une position opposée à celle de
■ Cette diminution de la population s’explique par la Sepúlveda. Il pense que les Indiens sont égaux aux
conquête espagnole après la découverte de l’Améri- Espagnols puisqu’ils « sont faits à l’image de Dieu »
que par Christophe Colomb en 1492 et la conquête du comme tous les Hommes. Il se place en protecteur des
Mexique par Hernan Cortès dès 1519. La mortalité est Indiens [5 et 6] et demande aux deux communautés de
due aux violences exercées par les conquistadors, au vivre « pacifiquement » [8].
travail forcé imposé aux Indiens [1], mais aussi – et À l’issue de la controverse, aucune décision n’est prise à
surtout – aux maladies que les Espagnols leur trans- l’égard des Indiens, mais Las Casas est vaincu. Il conti-
mettent, la variole notamment. Aujourd’hui, les épidé- nue son combat par lequel il avait obtenu la loi sur
mies répétées ont la faveur des historiens pour expliquer la liberté des Indiens en 1542 et dénonce systémati-
cette chute rapide de la démographie. La conquête mili- quement le sort des Indiens. Mais c’est seulement au
taire se double également d’une conquête spirituelle qui 19e siècle qu’une loi entérine l’égalité entre les Indiens
vise à imposer le catholicisme aux indigènes parfois de et les Espagnols.
manière très virulente.
■ Il dénonce les nombreuses exactions dont ont été
victimes les Indiens et en dresse la liste : « état d’épui-
Question 2 : Quel sort pour les Indiens ? [3, 4 Bio 22] sement », manque de nourriture, « travail excessif »
■ L’enjeu de la controverse de Valladolid est de défi-
jusqu’à la mort. Les raisons de telles atrocités sont
principalement la vénalité, « leur dernière fin et but,
nir le statut des Indiens d’Amérique, ce que le texte
l’or et s’enrichir en peu de temps », ainsi que « l’avarice
appelle leur « nature » [4] car jusque-là aucun docu-
et l’ambition » [8].
ment ne fixe leur sort de ce point de vue. Les principa-
les questions en jeu sont : « Sont-ils égaux aux Espa- Ces problèmes concernent tant les Aztèques du Mexique
gnols ? » et « doivent-ils être traités en esclaves ou en que les Incas du Pérou qui subissent la conquête espa-
hommes libres ? » gnole de 1526 à 1572, dont celle de Francisco Pizarro
entre 1526 et 1541.
Charles Quint, après avoir autorisé l’esclavage des
Indiens en 1517, l’interdit en 1526 pour limiter les
protestations qui apparaissent en Europe. Mais cette Question 4 : Valladolid, une nouvelle manière de penser
abolition, de même que la loi de 1542 qui la confirme, le monde [7]
restent inefficaces. La controverse qui se tient dans un
couvent de Valladolid, à partir d’avril 1550, doit appor- ■ La controverse de Valladolid dépasse la seule ques-
ter des réponses à toutes ces interrogations. tion des Indiens car elle met en jeu la manière de

10

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« penser le monde et le statut des autres cultures », et 3. Une défaite pour Las Casas ? (les Indiens sont
pas seulement celles des populations d’Amérique du reconnus comme des hommes, mais les problèmes ne
Sud. Elle « surgit de la pensée médiévale universaliste sont pas résolus sur le terrain) [5, 6 et 7 et bio 17]
et de la réalité concrète du globe » : avec la décou-
verte de L’Amérique, le monde connu s’est élargi et
suscite de nouvelles interrogations philosophiques et 4. Informations
religieuses [7]. complémentaires
La controverse se déroule en deux séances d’un mois
En histoire :
chacune, d’août à septembre 1550 et de mi-avril à mi-
mai 1551. Les débats ne tranchent pas les questions en Établir une chronologie de la conquête de l’Amérique
jeu. La controverse réaffirme la loi de 1542 en faveur par les Espagnols et des grandes dates concernant l’es-
de la liberté des Indiens, mais sur le terrain la réalité clavage des Indiens.
est tout autre.

En français :
2. Réponse à la problématique Travail de français sur :
■ La découverte du Nouveau Monde pousse les Euro- – J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid, récit,
péens à s’interroger sur l’humanité. La confronta- Le Pré aux Clercs, 1992.
tion avec les nouveaux peuples est un choc pour les – J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid, théâ-
conquistadors. Certaines interrogations sont portées tre, GF Flammarion, 2003.
par les humanistes et les religieux. La controverse
– J.-D Verhaeghe, La Controverse de Valladolid, télé-
de Valladolid, réunie en Espagne, doit déterminer le
film, France 3, 1992.
statut des Indiens d’Amérique. Las Casas n’emporte
qu’une victoire théorique puisque sa voix reste très
minoritaire en Espagne, comme en Amérique. Bien
Bibliographie :
que supprimé dès 1526, l’esclavage existe clandesti-
nement. Pire, à partir des années 1560, Philippe II – L’Histoire, « spécial Amérique Latine », n° 322,
d’Espagne interdit de publication les œuvres de Las juillet-août 2007.
Casas et légitime l’exploitation et la colonisation de – L’Histoire, « Pour Dieu et les Indiens ! », n° 271,
l’Amérique. Les intérêts politiques et économiques de décembre 2002.
l’Espagne priment sur le débat philosophique. – L’Histoire, « Dieu, le diable et le bon sauvage »,
n° 243, mai 2000.
– B. de Las Casas, Très brève relation de la destruc-
3. Démarche proposée tion des Indes (1542), La Découverte, 2004.
– B. Lavallé, L’Amérique espagnole de Colomb à Boli-
1. Les conséquences de la conquête espagnole (la
var, Belin, 2004.
mort de millions d’Indiens) [1 et 2]
– C. Baudez et D. Lavallée, Civilisations amérindien-
2. Les enjeux de la controverse de Valladolid (les nes, Documentation photographique, n° 7022, avril
Indiens sont-ils des hommes comme les autres ou 1994.
non ?) [3, 4, 8 et bio 17 et 22]

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 11

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Savoir-faire
Objectif

Sciences en représentation
Lire et confronter des images pages 18-19

1. Introduction livre (peut-être sa Somme mathématique). Tous ces élé-


ments évoquent l’aspect humaniste de Fra Luca Pacioli.
■ Le 16e siècle est une période de foisonnement intel- Il enseigne à son élève, Guidobaldo de Montefeltro, duc
lectuel qui touche tous les domaines. On pense bien d’Urbino, qui est richement vêtu, la manière de construire
sûr à l’art et à la culture, mais les sciences n’échappent un icosaèdre, c’est-à-dire un solide à 20 faces. Il y a un
pas à cette soif du savoir humaniste. Les mathémati- polyèdre sur la droite du mathématicien. Il ressemble
ques, l’astronomie, mais aussi la médecine et la chirur- à celui dessiné par Léonard de Vinci pour illustrer De
gie font de grands progrès, notamment grâce à l’ob- Divina Proportione (1509).
servation et à l’expérimentation. Ces découvertes sont ■ Document 2 : L’astrolabe planisphérique comme son
souvent le fruit d’une exploration aventureuse plutôt
nom l’indique, est une représentation de la voûte
que d’un programme raisonné, mais les avancées sont
céleste sur un plan. L’astrolabe est composé d’un disque
là : invention du microscope, du télescope. Vers 1550,
fixe, la mère, sur lequel on fait pivoter un autre disque
on assiste à une réconciliation entre le savoir uni-
ajouré, l’araignée. La mère est une sorte de grille sur
versitaire et la science des ingénieurs. La conception
laquelle tourneront les étoiles et le soleil représentés
savante et hermétique du monde est remplacée par
sur l’araignée.
des collaborations entre savants et artistes, Léonard
de Vinci étant un parfait exemple. ■ Document 3 : Les planches anatomiques mettent
en avant le détail des articulations et des nerfs de
la main droite. On y aperçoit aussi le croquis d’une
2. Réponses aux questions main décharnée où seul le squelette est apparent. La
Question 1 : La diversité des sciences humanistes [1 à 5] science anatomique permet une meilleure connaissance
du corps humain. Elle a donc des conséquences sur la
■Le document 1 est un tableau de Jacopo de Barbari, de
peinture, la sculpture comme pour Léonard de Vinci ou
1495, représentant le mathématicien Fra Luca Pacioli.
Michel-Ange.
– Le document 2 est une photographie d’un astro-
labe planisphérique servant à la navigation. ■ Document 4 : La gravure de la page représente une
scène d’opération chirurgicale en 1559. Le médecin au
– Le document 3 est un détail d’un dessin d’une
chapeau rond (ou peut-être un pasteur portant une
planche anatomique réalisée par Léonard de Vinci
bible) apaise le patient qui a une partie du visage
vers 1500.
recouvert d’un voile. Il a sans doute été légèrement
– Le document 4 est un frontispice d’un livre de anesthésié grâce à l’éponge imbibée de narcotique qui
chirurgie du 16e siècle. C’est la première page qui repose sur le sol. Sa jambe est bandée en deux par-
comprend le titre et une illustration qui est une ties et seule reste découverte la zone de l’incision.
gravure, très probablement une xylographie (réali- Le chirurgien pratique l’opération à l’aide d’une scie.
sée sur une planche de bois). L’assistant l’aide en immobilisant la jambe du patient
– Le document 5 est une illustration représentant et lui passant les différents outils : scie, aiguille, cou-
l’Univers selon Copernic. Elle a paru dans l’Atlas teau, fil, bandage que l’on voit au premier plan. Ils
céleste de C. Cellarius, vers 1600. sont tous les deux bien vêtus. Au 16e siècle, la méde-
cine et la chirurgie font de grands progrès. Les huma-
Question 2 : Des sciences représentées par des objets [1 à 5] nistes bravent l’interdiction religieuse de la dissection
■ Document 1 : On découvre le mathématicien et ses
qui date de l’Antiquité. La première dissection publi-
outils, avec au premier plan l’ardoise, le compas, un que est autorisée à Paris vers 1478. « L’amphithéâtre

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anatomique » de la faculté de médecine de Padoue, Question 5 : Des avancées multiples, dont l’homme est au centre
fondée en 1228, ouvre en 1490. La dissection y est [1 à 5, Rabat]
pratiquée afin de parfaire les connaissances scienti- ■ Les images montrent les avancées scientifiques de
fiques comme le soulignent les dessins de Léonard de la Renaissance dans divers domaines (notamment la
Vinci ou André Vésale. navigation [Rabat A]). Chacune éclaire un point par-
■ Document 5 : Cette illustration du mathématicien et ticulier, mais on remarque que l’homme et son univers
cosmographe allemand Andreas Cellarius (1596-1665) restent au centre des préoccupations : preuve des pré-
met en évidence la théorie de l’astronome polonais occupations des humanistes.
Nicolas Copernic : l’héliocentrisme. Copernic démontre
que la Terre tourne autour du Soleil vers 1515, mais il
reste très prudent. Ses travaux contredisent la doctrine 3. Informations
de l’Église et il ne les publie qu’en 1543, quelques jours complémentaires
avant sa mort. Le soleil est au centre de la gravure et
la Terre est représentée à quatre moments différents En histoire :
en fonction de sa propre rotation (noter le bandeau Dresser un tableau chronologique des grandes décou-
avec les signes du zodiaque). vertes scientifiques et techniques en indiquant le
domaine auquel elles se rapportent.
Question 3 : Mathématiques et médecine : deux piliers
des sciences [1 à 5]
Bibliographie :
■On peut regrouper les documents 1, 2 et 5 qui abor- – E. Barbin, Arts et sciences à la Renaissance, Ellip-
dent tous le thème des mathématiques, et de l’astro- ses, 2007.
nomie qui en découle directement. Les images 3 et 4
– Voir situation 2 sur Léonard de Vinci (pages
abordent le thème de l’anatomie et de la médecine.
14-15).

Question 4 : L’humanisme, facteur de progrès [1 à 5]


■ Le sujet commun à toutes les images est celui des
sciences. Grâce aux humanistes, elles connaissent des
avancées dans toutes leurs composantes (mathémati-
ques, astronomie, physique, médecine…).

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 13

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L’essentiel pages 20-23 comme base géométrique révèle ses qualités de mathé-
maticien, tandis que la place réservée aux sculptures
fait honneur à l’artiste.
1. En marge pages 20 à 22

Document 1 : Étude de l’anatomie


2. Essentiel en image pages 21 et 23
Elle est extraite d’un ouvrage d’André Vésale (1514-
1564) qui est considéré comme le père de l’anatomie 1. Les Ambassadeurs de Hans Holbein le Jeune
moderne. Né à Bruxelles, il commence ses humanités à
Louvain, puis étudie la médecine à Paris (1533-1536). Les connaissances du chapitre qui apparaissent pour
Il devient célèbre grâce à ses dissections et ses obser- les élèves sont les suivantes :
vations très réalistes qui permettent de corriger beau- • Les ambassadeurs, diplomates qui représentent les
coup d’erreurs. Il enseigne l’anatomie et la chirurgie tensions politiques et religieuses pesant sur l’Europe
dans diverses universités européennes. Il soigne les durant tout le 16e siècle. C’est un portrait de deux
plus grands : Charles-Quint, Philippe II d’Espagne ou ambassadeurs de François Ier auprès du roi d’Angle-
Henri II de France. terre Henri VIII en 1533. Ils sont venus défendre le
maintien du lien entre l’Angleterre et l’Église romaine
alors qu’Henri VIII épouse Anne Boleyn.
Document 2 : Compendium astronomique
L’ambassadeur de droite, par sa tenue, peut être rap-
Cet objet se présente comme un livre. Il renferme un proché du portrait d’Érasme [doc. 2 p. 12]. Il serait
cadran solaire, une boussole, aussi bien qu’un assorti- donc un archétype de l’humaniste de la Renaissance. Le
ment de calendriers, des tables astrologiques et arith- commanditaire du tableau est Jean de Dinteville, situé
métiques. Les humanistes érudits s’en servent pour à gauche du tableau. Il a 29 ans. À droite, se trouve
calculer des distances. Il permet de nombreux calculs son ami, Georges de Selve, évêque de Lavaur (région de
et a contribué au développement des sciences astro- Toulouse) qui a 25 ans.
nomiques.
• La présence de plusieurs objets symboles du savoir
humaniste tels que le globe terrestre, les cadrans ou
Document 3 : Le Moïse de Michel-Ange (1475-1564) les livres. En effet, les ambassadeurs s’appuient sur
une étagère où reposent des objets faisant référence
Représentatif des œuvres de la Renaissance, il a été
au quadrivium (arithmétique, géométrie, musique,
exécuté en 1513-1516 puis placé dans le mausolée du
astronomie) de l’éducation humaniste.
pape Jules II construit entre 1542 et 1545. Il se trouve
aujourd’hui dans le transept droit de l’église Saint- Sur l’étagère du haut, à gauche, le globe terres-
Pierre-aux-Liens de Rome. Sculpté dans les années où tre représente les découvertes astronomiques de la
Michel-Ange peint la Chapelle Sixtine, Moïse est repré- période. Au milieu, les différents cadrans sont utilisés
senté au moment où, étant descendu du Sinaï avec la pour calculer l’heure. À l’extrême droite, le torquetum
Table de la Loi, il regarde courroucé les juifs idolâtres. est un instrument de mesure qui sert à déterminer la
L’extraordinaire force de cette figure, la tension des position des corps célestes.
muscles et des veines, la posture et le regard furieux
Sur l’étagère du bas à gauche, le globe représente les
en ont fait, avec raison, un des chefs-d’œuvre les plus
grandes découvertes. À droite, le luth posé à côté des
admirés de la sculpture.
flûtes et des étuis, représente la musique. Le livre de
musique, placé à côté du luth, est ouvert sur un hymne
Document 4 : Projet de lanterne du dôme de Milan en allemand traduit par Luther. Au-delà de la musique,
il représente la tolérance religieuse de Georges de Selve,
Ludovic Sforza lance une consultation auprès de plu- qui est favorable à une réforme de l’Église. Il évoque
sieurs architectes pour l’édification d’une dôme-lan- aussi le rôle majeur de l’imprimerie dans la diffusion des
terne à Milan. Léonard de Vinci y rencontre Francesco idées humanistes.
di Giorgio Martini qui le prend pour élève pour ce
chantier. Ce projet de Léonard de Vinci montre ses dif- • L’anamorphose du crâne, au premier plan, pourrait
férents talents. Et s’il se veut architecte, il ne sacrifie être évoquée par les élèves comme une référence à
en rien le côté esthétique de son projet. L’octogone la médecine et à ses progrès. En réalité, elle nous

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rappelle combien notre mortalité obscurcit la vraie une femme amoureuse et mariée qui incarne la
vision de Dieu. En le plaçant au centre du pavage, déesse de l’Amour et du mariage. Le serre-tête posé
Holbein insiste sur la fragilité de l’être humain et sur sur son grand voile transparent indique qu’il s’agit
les interrogations religieuses du moment. Le fait que d’une femme mariée de qualité. Les élèves peuvent
Dinteville pose son pied droit au centre de l’un des faire le parallèle avec La naissance de Vénus [doc. 2
cercles du pavage suggère que cet homme est aussi le p. 11], une autre œuvre de Botticelli.
centre, mais un centre relatif et non le centre absolu : – Au-dessus d’elle, Cupidon est un personnage fré-
un vrai résumé des idées humanistes ! quemment évoqué dans la poésie des 15e et 16e siè-
On retrouve dans ce tableau tous les aspects de l’éru- cles. C’est le messager de l’Amour.
dition humaniste du 16e siècle. Il sous-tend également – Sur la droite, en bleu, Zéphyr poursuit la nymphe
les grandes interrogations scientifiques, philosophi- Chloris. Elle se transforme en Flore et renaît sous la
ques, politiques ou religieuses qui traversent le siècle. forme du printemps en jetant des fleurs. Les élèves
peuvent établir une relation avec La naissance de
Sites à consulter : http://pagesperso-orange.fr/syl-
Vénus [doc. 2 p. 11].
vain.weisse/holbein/holbeinf.htm
– À gauche, se tiennent les Trois Grâces, des muses,
http://www.accordphilo.com/article-2467196.html et le dieu Mercure qui écarte les nuages.
Les élèves remarqueront l’absence de la perspective et
Bibliographie de lignes de fuite, ce qui peut les faire douter.
– La révolution humaniste, un nouvel âge d’or, TDC Il s’agit d’une œuvre du début de la Renaissance italienne
n° 730, 15 février 1997. qui marque la transition entre la période médiévale et la
– L. Bourquin, La France au 16e siècle (1483-1610), Renaissance. On peut la comparer à une tapisserie mille-
éd. Belin, Collection sup. Histoire, 2007. fleurs médiévale comme la Dame à la Licorne, preuve de
son archaïsme et de sa nouveauté.
– A. Jouanna, La France du 16e siècle, PUF, Premier
cycle, Paris, 2006 [1996].
– M. Peronnet, Le 16e siècle, 1492-1620, Hachette Bibliographie
Sup, Paris, 2005. – L’Europe de la Renaissance, La Documentation
photographique n° 8049, 2006.
– La Renaissance ou l’avènement de l’homme moderne,
2. Le Triomphe du Printemps de Sandro Botticelli
La Documentation photographique, n° 6087, 1987.
Alessandro di Mariano Filipepi, dit Sandro Botticelli – J. Delumeau, R. Lightbown, Histoire artistique de
(1446-1510), se perfectionne dans la technique des l’Europe. La Renaissance, Seuil, 1999.
motifs décoratifs et floraux et le sens de la grâce et – L. Bourquin, La Renaissance (vers 1470-vers
de la beauté. Il ouvre son propre atelier en 1470, 1560), Belin sup, 2003.
à Florence et reçoit de nombreuses commandes des – La Renaissance, un big bang culturel, Les collec-
Médicis. Le Triomphe du Printemps est une peinture tions de l’Histoire, n° 43, avril-juin 2009.
sur panneau de bois, réalisée vers 1478. Elle illus-
tre un poème de Politien, précepteur des Médicis,
consacré au règne de Vénus. Ressources Internet
– Musée national de la Renaissance d’Ecouen :
Les connaissances du chapitre qui apparaissent pour
http://www.musee-renaissance.fr
les élèves sont les références à la mythologie, qui sont
courantes à la Renaissance. Elles sont en effet nom- – Histoire de la Renaissance : http://www.memo.fr/
breuses. Botticelli recourt à des allégories. Dossier.asp?ID=65
– Littérature : http://www.renaissance-france.org/
– Une « Vénus » se trouve au centre de la toile sous
une voûte de branches d’orangers. On y reconnaît

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 15

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Angle
Grand

Quand le livre fait sa révolution pages 24-25

1. Introduction Question 2 : La révolution de Gutenberg [2, 4, 6 et bio 16]

Les changements apportés par Gutenberg sont multi-


Dès l’invention de l’écriture, les Hommes ressentent ples.
le besoin de la garder et de la transmettre. Les copies
réalisées par les moines au Moyen Âge montrent des Il invente les caractères mobiles, c’est-à-dire la pos-
limites tant dans leur fiabilité que leur vitesse de repro- sibilité de composer des plaques de lignes de caractè-
duction. Vers 1400, les premières impressions réalisées res en plomb et de les modifier par la suite [6]. Dans
avec des plaques de bois gravées (xylographie), puis le portrait, Gutenberg tient dans sa main droite un
encrées, ne sont pas satisfaisantes. Leur rendement poinçon avec lequel il grave un moule à caractères
reste faible et la gravure ne tolère pas les erreurs. qu’il tient dans sa main gauche [2]. Les caractères
sont ensuite moulés à l’aide d’un alliage de plomb et
Vers 1450, Gutenberg réalise sa bible dite à 42 lignes d’étain.
grâce à l’invention du caractère mobile en métal et
à l’amélioration de la presse. Il s’agit d’une véritable C’est le passage à une imprimerie artisanale et manu-
révolution. Cette technique d’imprimerie ne changera facturière. L’utilisation des caractères mobiles entraîne
pas, dans ses principaux fondements, jusqu’à l’ère du une décomposition des tâches dans l’atelier. Des ouvriers
numérique au 21e siècle ! Elle permet d’imprimer des composent les pages, tandis que d’autres enduisent
livres en grande quantité et pour un coût moindre. Au les plaques de caractères avec des tampons d’encre.
16e siècle, l’imprimerie accompagne le développement Certains pressent le papier pour l’imprimer, alors que
des écoles et des collèges dans toute l’Europe. Elle est d’autres s’occupent du séchage. Avant l’impression
une des causes majeures de la forte accélération de la définitive, une épreuve est relue et des corrections
diffusion des savoirs à la Renaissance. peuvent être effectuées. Puis c’est l’impression à grand
tirage [4]. Cette technique entraîne une baisse du prix
des livres et une augmentation des tirages dans un
2. Réponses aux questions temps donné.

Signaler le document, animé ou pas, qui permet aux


élèves de travailler seuls.
Question 1 : Avant la naissance de l’imprimerie [1]

Avant l’apparition de l’imprimerie (vers 1450), les livres


Question 3 : Une diffusion massive du livre et de l’imprimé
sont reproduits à la main par des moines copistes. Sur
[5 et Atlas 1]
cette enluminure, le moine copie son texte sur une feuille
de parchemin posée sur un lutrin. Il suit les lignes de sa Les conséquences de ces changements sont :
main gauche et écrit avec celle de droite [1].
• « une inflation de choses à lire, à voir, à connaî-
Cette technique est source d’erreurs ou de corrections tre ». Le nombre de livres et d’imprimés disponibles
des manuscrits pour qu’ils correspondent aux canons de devient très important puisqu’il est estimé à « plu-
l’époque. Au Moyen Âge, plusieurs moines sont regrou- sieurs millions » au 16e siècle ;
pés dans un scriptorum, une salle dédiée à la copie
• une diversité de publications « livres, canards, libel-
des manuscrits. Une fois toutes les pages d’un même
les, placards » dans toute l’Europe. Elle participe à la
livre écrites, les feuilles sont cousues et assemblées en
diffusion d’idées nouvelles ;
cahiers ; puis le tout est relié. C’est un travail long et
fastidieux, ce qui rend le livre rare et onéreux. • une diffusion rapide de l’imprimerie et du livre en
Europe. « Entre 1450 et 1500, on évalue à plus de

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30 000 titres les publications sorties des presses d’Europe : Paris, Anvers, Vienne. Elle touche aussi
européennes et à plus de 15 millions le nombre des centres universitaires ou intellectuels comme
d’exemplaires. » [5]. On estime ce chiffre à 200 mil- Oxford, Lyon ou Genève [3]. En 1480, plus de 110
lions entre 1500 et 1600. C’est une véritable révolu- villes en Europe possèdent des imprimeries.
tion culturelle.

3. Informations
Question 4 : L’imprimerie permet la diffusion d’idées nouvelles complémentaires
en Europe [3, 5]

L’imprimerie participe à l’expansion des idées huma- Bibliographie


nistes car : – « Gutenberg ou la civilisation du livre », L’Histoire
– Le livre est un outil de transmission du savoir n° 247, octobre 2000.
pour les humanistes. – « Livre, boussole et astrolabe », L’Histoire n° 239,
– Les imprimeurs sont « souvent des humanistes » janvier 2001.
[5] comme Alde de Manuce à Venise ou Robert
Estienne en France.
Ressources Internet
– Le nombre d’exemplaires produits permet une dif-
fusion dans l’Europe entière [3 et 5]. Gutenberg : http://www.herodote.net/histoire/evene-
– Des imprimeries s’installent près de tous les ment.php?jour=14680203
grands centres humanistes de l’Europe. Cette dif- Histoire de l’imprimerie : http://www.typographie.org/
fusion s’effectue à partir de Mayence où Gutenberg histoire-imprimerie/index.html
a son atelier et de la Vallée du Rhin. Elle gagne
l’Italie du Nord car ces villes riches offrent un bon Musée de l’imprimerie à Lyon : http://www.imprimerie.
débouché. Puis elle intéresse les plus grandes villes lyon.fr/imprimerie/

Chapitre 1 ■ Humanisme et Renaissance 17

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Chapitre

2 Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle


p

Ouverture du chapitre pages 26-27

Rappeler le planisphère animé du Rabat A sur le site Dès le 11e siècle, les navigateurs savent déterminer la
compagnon. latitude (mais pas la longitude) en mesurant la hauteur
de l’étoile polaire ou du soleil au-dessus de l’horizon.
L’astrolabe, inventé en 1501 par le Portugais Zaçuto,
1. Commentaire du sommaire est principalement utilisé pour la prise de mesures sur
Le chapitre montre comment les voyages maritimes la terre ferme et l’arbalète (appelée aussi bâton astro-
effectués par les Européens entre le 16e et le 18e siècle nomique) pour les observations en mer.
ont bouleversé leurs connaissances et leur rapport au ■ Colomb sous-estime la circonférence terrestre (on situe
monde. Il souligne le caractère exceptionnel de cha- le Japon à environ 90° à l’ouest de Lisbonne alors qu’il
cune de ces aventures et ce qui les relie dans un même est deux fois plus éloigné). Il pense qu’une « toute petite
mouvement d’expansion qui engage l’histoire cultu- mer » sépare la fin de l’Occident de la fin de l’Orient et
relle, sociale et économique mondiale. Les documents qu’on peut atteindre l’Asie en une trentaine de jours en
proposés (cartes anciennes, gravures et récits d’épo- naviguant vers l’Ouest.
que) insistent sur le rôle des acteurs, la diversité des
motivations, les avancées scientifiques et techniques Document 2 : Carte-portulan du Monde connu par les Européens
qui alimentent voyages et découvertes ; ils permet- en 1470, British Library, Londres
tent de saisir des moments déterminants de l’histoire ■ La carte-portulan est contemporaine de la Géographie
du Monde. Cette première mondialisation renforce la
de Ptolémée, imprimée en 1475. Elle reflète l’état des
richesse et la puissance de l’Europe.
connaissances géographiques à la veille de la décou-
verte de l’Amérique. Le monde est représenté dans un
2. Analyse des documents cercle qui en indique les limites. L’océan entoure la
Terre (les indications renvoient aux points cardinaux).
Document 1 : Colomb lors de ses voyages, fresque
de G. da Sangiovanni, Palais Pitti, Florence, vers 1636
La figure ronde est signe de perfection, elle montre
l’ordre du monde, organisé en trois continents.
■ La fresque appartient à un ensemble qui célèbre les

progrès de l’astronomie et les découvertes de la fin du La précision des tracés est déterminée par la connais-
15e siècle. Située au palais Pitti, résidence des Médicis à sance qu’en ont les Européens :
partir de 1550, elle représente le navigateur Christophe – relevé fidèle pour l’Europe (moins précis pour la
Colomb faisant le point lors d’un de ses voyages. Des Scandinavie) et la Méditerranée ;
membres de l’équipage ont accosté avec lui sur une terre – Afrique mieux connue au Nord qu’au Sud, à l’Ouest
découverte (présence de la caravelle à l’arrière-plan et qu’à l’Est ; importance particulière accordée à la côte
du canot). Ils ont débarqué armés (épée). La scène se occidentale (îles et ports indiqués) ; carte élaborée
passe de nuit (étoiles, lanterne sur la table…), ce qui au moment où les Portugais découvrent l’Afrique et
rend les observations astronomiques plus aisées. apprennent la maîtrise de l’Atlantique par la naviga-
tion côtière (rôle d’Henri le navigateur, installation
■ À l’époque de Colomb, la navigation est davantage
aux Canaries, à Madère, aux Açores, au Cap Vert…) ;
un art qu’une science. On ne peut encore faire le point
avec précision, on navigue « à l’estime » en observant le – Asie représentée de manière dilatée ; tracé
vent, les flots, le sillage, les algues, le vol des oiseaux. approximatif des côtes (les Européens ont utilisé
Dans les mers intérieures, on peut s’orienter en posant les routes terrestres pour se rendre en Asie) ;
une boussole sur une carte marine. En plein océan, l’as- – Amérique, Australie, Pacifique ignorés ;
tronomie se révèle indispensable. Le compas permet de – représentation assez exacte des contours des
connaître la direction. On calcule l’heure avec le cadran continents mais intérieur moins connu ; on trouve
solaire le jour et le nocturlabe la nuit (en notant la pro- les indications nécessaires à la circulation : les fleu-
gression de certaines étoiles). ves et les montagnes.
18

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Document 3 : Mappemonde de Desceliers, peinte sur parchemin des contrées lointaines et des textes complémen-
pour Henri II de France en 1550, British Library, Londres taires dans des cartouches disséminés sur la carte.
■ Carte de grande dimension réalisée par un cartogra- 3. Démarche et parcours
phe de l’école de Dieppe qui montre les progrès de la
possibles
connaissance géographique au 16e siècle. La lecture
s’effectue de part et d’autre de l’équateur. Exemple d’organisation sur la base d’une séquence
– Nomenclature très riche : continents (5 dont l’Améri- de quatre heures (on est libre d’élaborer une
que et un hypothétique continent austral audacieuse- séquence plus courte).
ment relié à l’île de Java), principaux parallèles, mers et Séance 1 = Partie 1 ⇒ Les Européens et les Grandes
océans, quelques lieux, indications climatiques, référen- Découvertes (Ouverture et Savoir-Faire)
ces à des navigateurs ou à des puissances politiques.
Séance 2 = Partie 2 ⇒ Exemple 1 (Situation 1)
– Tracé des continents assez proche de la réalité
Séance 3 = Partie 3 ⇒ Exemple 2 (Situation 2 ou 3)
pour l’Amérique, l’Afrique, l’Asie du Sud, l’Europe,
plus incertain pour les zones proches des pôles, le Séance 4 = Partie 4 ⇒ L’inventaire du monde (Savoir-
Pacifique Nord ou le Japon. faire et Grand Angle)
– Portulan comportant de nombreuses indications Exemple d’organisation sur la base d’une séquence
destinées à la navigation : noms des ports perpendi- de trois heures :
culaires au tracé des côtes, roses des vents et rumbs
Séance 1 = Partie 2 ⇒ Étude de cas 1 (Situation 1)
(route et direction), vents dominants (cadre de la
carte), principaux écueils… Séance 2 = Parties 1 et 4 ⇒ Les Européens et les
découvertes du 16e au 18e siècle (corpus pris dans tout
– Œuvre d’art (destinée au roi de France dont
le chapitre)
on trouve les armes en bas à gauche) richement
décorée mais aussi récit (à la croisée des époques Séance 3 = Partie 3 ⇒ Étude de cas 2 (Situation 2 ou 3)
médiévale et moderne) qui intègre des représenta- En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être

tions fantasmagoriques de créatures mythiques, de traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-pages
(voir tableau).
monstres marins, de navires, d’animaux, d’habitants
Christophe Colomb

Contenu du chapitre
Le tour du monde
et la découverte

et l’exploration

à la découverte
de Bougainville

Les Européens
de l’Amérique

et découverte
Itinéraires de
du Pacifique

Grand Angle
James Cook

Savoir-faire
Situation 1

Situation 3
Situation 2
Ouverture

du Monde

de l’Autre
voyage

Plan de L’essentiel Atlas

Lancement + +
Partie 1 : Les Européens et les Grandes Découvertes
a. le monde connu au 15e siècle + + +
b. les innovations de la navigation + +
Partie 2 : La découverte de l’Amérique, 12 octobre 1492
a. les Portugais dans l’Atlantique + + +
b. les voyages de Christophe Colomb + + + +
c. la conquête de l’Amérique + + + + +
Partie 3 : L’exploration de l’océan Pacifique
a. les premiers voyages + + +
b. les expéditions scientifiques + +
c. Européens et indigènes + + + +
Partie 4 : Les Européens et l’inventaire du monde
a. un monde fini + + +
b. la civilisation occidentale + +
c. la domination européenne + + + +

Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 19

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1 Christophe Colomb et la découverte de
Situation

l’Amérique pages 28-29

1. Réponses aux questions prouesse technique qui suppose un navigateur averti


comme Colomb. L’expédition suit un itinéraire inédit,
Question 1 : Les raisons du voyage vers l’Ouest
la distance à parcourir et la durée de la traversée (que
[1 à 3, Biographie 11]
Colomb a sous-estimées) sont inconnues. Il faut embar-
■ Ces raisons sont nombreuses : quer de quoi alimenter l’équipage durant la traversée
• La première raison avancée par Colomb est celle de car au-delà des îles à l’Ouest de la côte africaine, il n’y
la diffusion de la foi chrétienne dans le monde et a plus ni escale ni ravitaillement possibles. La rapidité
de la conversion au catholicisme des princes et des du navire (caravelle) et la fiabilité des instruments de
peuples de l’Inde (pays que Colomb pense attein- repères (astrolabe, carte, pilote..) sont les conditions
dre). Cette aventure se place dans le prolongement de la réussite. Par ses quatre voyages, Colomb ouvre la
de la lutte menée par les souverains espagnols voie à une traversée régulière de l’Atlantique.
contre les musulmans (contexte de la Reconquista, ■ La conquête des terres pose d’autres problèmes à
chute de Grenade en janvier 1492).
résoudre. Il faut entrer en contact avec les indigènes
• Il s’agit aussi de s’approprier de nouvelles ter- (troc des objets de pacotilles), obtenir l’or recherché,
res qui viendront augmenter les possessions de utiliser leur force de travail (mines, cultures…). Il faut
la couronne de Castille. Leur mise en valeur doit identifier et cartographier les terres découvertes afin
approvisionner l’Espagne en ressources végétales d’y revenir et de les mettre en valeur. Il faut construire
(coton, poivre) introuvables en Europe. des équipements et habitations, laisser sur place des
• Colomb fait route vers l’Ouest afin de trouver, pour Espagnols pour prendre le contrôle des terres et des
les épices, une nouvelle route commerciale pro- hommes. Il faut, depuis l’Europe, ravitailler régulière-
metteuse de bénéfices importants : depuis l’ins- ment en nourriture, en matériel et en armes les hom-
tallation de l’empire ottoman, l’ancienne route mes laissés sur place.
terrestre médiévale (utilisée par Marco Polo) est
compromise et les Portugais, qui ont installé de
nombreux comptoirs sur la côte africaine, contrô- Questions 3 : Les conséquences de l’arrivée des Européens
lent la route maritime vers l’Est [1 p. 34]. [2, 3, 5, 6, essentiel en image p. 37]

• Enfin, la soif d’or et de minerais précieux est une ■ Le contact entre Européens et Amérindiens entraîne

motivation importante et l’objet des préoccupa- des conséquences néfastes pour ces derniers :
tions continuelles de Colomb au cours de ses qua- – appropriation des terres et pillage des ressources
tre voyages. par les Espagnols ;
■ L’évangélisation, la conquête de nouveaux territoires et – l’évangélisation des indigènes et le paiement d’un
l’accumulation d’une énorme masse d’or et d’argent consti- tribut sont obtenus par la coercition et l’usage de
tuent autant de vecteurs de l’affirmation de la grandeur des la force ;
souverains espagnols, dans le contexte de la rivalité avec – travail forcé dans les mines et dans les planta-
les Portugais et les autres puissances européennes. Rapi- tions agricoles ;
dement, les souverains espagnols font reconnaître par le – populations décimées par l’introduction de nou-
pape Alexandre VI leur souveraineté sur les terres conquises velles maladies et les épidémies qu’elles entraînent
(traité de Tordesillas, 7 juin 1494 – 2 p. 34). (près de 80 % des Amérindiens selon les estima-
tions), les guerres de conquêtes et les mauvais trai-
tements liés au travail forcé.
Question 2 : Les difficultés du voyage et de la conquête [3 à 5,
Atlas 4] La découverte de l’Amérique marque le début de l’ex-
pansion espagnole (destruction des empires aztèques et
■ Le voyage vers l’Asie par l’Ouest est une aventure
incas) et de la colonisation du continent par les Euro-
risquée. La traversée de l’Atlantique constitue une
péens (notamment premier empire colonial français).

20

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Question 4 : Les connaissances géographiques de Christophe est entérinée par la plus haute autorité de l’époque,
Colomb [1 à 6, Atlas 4] le pape. Dans un deuxième temps, il faut administrer
(organisation en provinces, construction de « mai-
Voyages Terres découvertes son forte », collecte du tribut, évangélisation…) et
er
1 voyage Archipel des Bahamas, Cuba, exploiter (mines d’or et d’argent, plantations de sucre,
(août 1492 - mars Haïti/Saint-Domingue poivre, coton…). Cela nécessite l’envoi en nombre
1493) d’Européens (missionnaires, soldats, nobles, juris-
2e voyage Îles Caraïbes (Guadeloupe, tes…) vers les empires constitués. Il faut aussi assu-
(septembre 1493 - Dominique, Marie- rer des liaisons régulières entre l’Ancien et le Nouveau
juin 1496) Galante…), Porto Rico, Monde. L’Atlantique devient un lac européen.
Jamaïque
■ La multiplication des contacts entre les Européens

3e voyage Trinidad, delta de l’Orénoque et le nouveau monde constitue une étape décisive
(mai 1498 - (côte du Venezuela) dans l’émergence d’une économie monde. La capture
novembre 1500) de l’Amérique par l’Europe procure à cette dernière un
4e voyage Honduras, Nicaragua, Costa avantage décisif.
(mai 1502 - Rica, Panama, Îles Caïman
novembre 1504)
3. Démarche proposée
■ Les connaissances géographiques de Colomb repo-
sent sur les cartes du monde dressées au 15e siè- 1. L’état des connaissances sur le monde et le projet
cle [2 p. 27] qui ignorent le continent américain de C. Colomb : Trois continents connus et la possibilité
et font de l’Atlantique et du Pacifique un même d’atteindre l’Asie par l’Ouest. Des ambitions économi-
océan. Par l’ouest, Colomb veut atteindre la Chine ques, religieuses et politiques [1, 4, 2 p. 27, Atlas 4].
(Cathay) décrite par Marco Polo en faisant escale au
2. Voyages et découvertes : une aventure individuelle
Japon (Cipango).
et collective : L’esprit d’aventure et les progrès des tech-
Colomb, navigateur, aborde le continent par les côtes niques de navigation. La conquête des terres [2 à 5, 1
qu’il longe. Il peut rarement s’avancer dans les terres, p. 26, Atlas 4].
sauf dans quelques îles comme Hispaniola (Haïti/Saint-
3. Les conséquences de la découverte de l’Améri-
Domingue). Jusqu’à sa mort, il pense avoir longé les
que : Pour les Amérindiens. Pour les Européens. Pour la
côtes de la Chine et de l’Inde alors qu’il longeait celles
connaissance du monde [2 à 6, Atlas 4, 3 p. 27].
de l’Amérique centrale. C’est pourquoi la carte tracée
par son frère Bartolomé [4] place les Antilles face
à l’Asie qu’il relie au Nouveau Monde par un isthme.
4. Informations
Christophe Colomb a « découvert » l’Amérique mais il
n’a pas réellement conscience de sa découverte.
complémentaires
– M. Lequenne, Christophe Colomb, Amiral de la mer
Océane, Découvertes Gallimard n° 120, 1991.
2. Réponse à la problématique – 1492, Christophe Colomb, film de Ridley Scott.
■Si la découverte est l’affaire des navigateurs, le profit – C. Colomb, La découverte de l’Amérique, Maspero,
et le contrôle de l’empire sont celle des souverains. Les 1981.
découvreurs prennent possession des terres au nom des
souverains. La souveraineté sur les terres découvertes

Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 21

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2 Le tour du monde de Bougainville
Situation

pages 30-31

1. Réponses aux questions Question 2 : Les difficultés de la navigation [6, 7, Atlas 5]

e
■ Au 18 siècle, par la durée et la distance, le tour du
Question 1 : Les enjeux du tour du monde de Bougainville
[1 à 3, Biographie 6] monde demeure, malgré les progrès de la construction
navale, un exploit technique. De nombreuses escales
■ Louis-Antoine, comte de Bougainville, est un « hon-
sont nécessaires. Les équipages doivent affronter des
nête homme » de son siècle qui dispose de qualités en
difficultés de plusieurs ordres :
rapport avec les missions confiées, un gentilhomme
français (mondain, aimable en société, apprécié des – la navigation dans des zones inconnues (peu de
femmes, ouvert d’esprit…) bien introduit à la cour et cartes, d’informations concernant les vents ou les
dans les salons parisiens (élève de d’Alembert). C’est courants, les distances à parcourir, les escales pos-
aussi un érudit, curieux d’esprit, qui dispose du sens sibles et la position des terres), à une époque où le
de l’observation et de connaissances scientifiques uti- calcul de la longitude est encore incertain ;
les à l’expédition : mathématiques, mécaniques, géo- – la contrainte de la distance dans le vaste Pacifi-
métrie et astronomie, sciences naturelles. C’est enfin que (20 000 km d’Est en Ouest) où les îles sont peu
un militaire (nommé capitaine de vaisseau par faveur nombreuses ;
royale), un homme d’action (fermeté, courage) qui a – le problème du ravitaillement en eau et en nour-
l’expérience des voyages. Il a résidé à Londres et parle riture. La malnutrition (carence en produits frais)
couramment anglais, a été en contact avec l’amiral affaiblit l’équipage et entraîne de graves maladies
Anson, explorateur des côtes américaines du Pacifique (scorbut). L’Étoile, navire de commerce aux larges
en 1740-1744, a été l’aide de Montcalm au Canada). cales, peut contenir une grande quantité de maté-
C’est l’homme de la situation pour diriger le premier riel et de vivres, mais durant un voyage aussi long,
grand voyage scientifique français (présence de Com- les denrées périssables se détériorent rapidement et
merçon et Verron) et commander un équipage d’envi- les famines peuvent survenir.
ron 300 hommes. – les contacts parfois difficiles avec les popula-
■ Les objectifs fixés par les commanditaires (le roi tions locales (indigènes ou puissances européennes
Louis XV et Choiseul, ministre des Affaires étrangères) colonisatrices) dont on ne connaît pas toujours les
sont politiques, économiques, scientifiques : usages et les intentions (Tahitiens accueillants et
Papous agressifs). La Compagnie hollandaise des
– reconnaître les régions inconnues de l’océan Paci-
Indes dispose d’un exclusif qui interdit aux navires
fique entre Amérique et Asie ;
étrangers d’accoster dans ses comptoirs.
– prendre possession de nouvelles terres au nom de
la couronne de France [1] ;
– trouver des points stratégiques pour les escales Question 3 : Le paradis tahitien [4, 5, doc. 3 p. 40]
des navires (ravitaillement, base militaire) et éta-
■ Bougainville rapporte une impression très favorable de
blir de nouvelles routes commerciales ;
Tahiti, tant du lieu que de ses habitants. Le récit du
– identifier les ressources, rechercher des épices et Voyage autour du monde contribue à diffuser l’image d’un
des métaux précieux ; « paradis terrestre » et d’un « bon sauvage » qui fait écho
– rapporter des échantillons et des dessins de la aux idées des Lumières (Rousseau) sur les bienfaits de
faune et de la flore. l’état de nature (« toutes les apparences du bonheur »).
Il s’agit de progresser dans la connaissance du monde, – Un cadre idyllique : la diversité des ressources
d’affirmer (dans un contexte de concurrence avec l’Angle- utiles pour l’alimentation (canne à sucre, fruit..)
terre, la Hollande ou l’Espagne) la puissance de la France ou l’industrie textile (teintures), une abondance
et d’enrichir la couronne. naturelle qui exempte l’homme d’un travail pénible
(état de nature), un climat agréable (frais, pas trop
humide), un paysage qui correspond aux canons

22

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européens (gazon, rivières, vergers) renvoient au et techniques des puissances européennes qui veulent
jardin d’Eden de la Bible. asseoir leur suprématie sur les territoires. Il participe
– Une population hospitalière : un caractère doux, aussi d’un plus vaste mouvement d’idées (Encyclo-
bienfaisant et pacifique, un accueil amical, une pédie, Lumières…). Dans l’approfondissement de la
population docile et respectueuse (les indigènes connaissance scientifique (géographie, astronomie,
s’effacent pour laisser passer les explorateurs), des botanique, médecine, mécanique, ethnologie...), on
femmes belles et sensuelles (Nouvelle-Cythère). cherche des réponses à des interrogations philosophi-
ques sur le monde et sur la place de l’homme.
■ Les contacts entre les populations passent aussi
par les échanges : les Européens s’approvisionnent
en produits frais indispensables (lutte contre le scor-
but) et les Polynésiens sont demandeurs d’objets en 3. Démarche proposée
métaux inexistants sur l’île (clous en fer, outils…). Les
conversations de Bougainville avec Aoturu, le jeune 1. Une expédition qui répond à la demande royale :
Tahitien qu’il ramène en France, contribueront à enri- la concurrence entre les puissances européennes, les
chir sa connaissance de l’île (les Tahitiens limitent la instructions du pouvoir, l’organisation d’une expédi-
durée de séjour à une dizaine de jours) et à nuancer tion scientifique [1, 2, 3, 5, Bio 6, Rabat A].
cette vision idyllique de la société tahitienne. 2. Un tour du monde au 18e siècle : les étapes du
voyage, les contraintes de la navigation, la découverte
des terres et des peuples [4 à 7, 3 p. 40, Atlas 5].
Question 4 : Un bilan qui dépasse les objectifs du voyage
[1 à 7, Atlas 5] 3. Les Lumières et la connaissance du monde : les
nouvelles connaissances scientifiques, les récits de
■ Un exploit technique : un tour du monde réalisé en
voyage et leur diffusion [1 à 7, 3 et 4 p. 40, Atlas 5,
29 mois (dont 17 dans l’Atlantique et 12 pour la tra-
Rabat A].
versée du Pacifique et l’océan Indien) avec de faibles
pertes humaines (7 hommes perdus pour un équipage
de 300 hommes environ).
4. Informations
Des terres découvertes : quelques îles découvertes
complémentaires

mais Bougainville ignore le continent austral, l’Aus-


tralie, la Nouvelle-Zélande ; peu de terres gagnées à – Bougainville, Voyage autour du monde par la fré-
la couronne de France (Bougainville doit rendre les gate du roi La Boudeuse et la flûte l’Etoile, 1771 (récit
Malouines aux Espagnols ; quand il découvre Tahiti, intégral téléchargeable sur le site http://yz2dkenn.
il ignore que le navigateur anglais Wallis y a abordé club.fr/texte_integral_du_recit_de_bouga.htm).
10 mois plus tôt). – Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville, Le
■ Des connaissances scientifiques valides : les travaux livre de poche, 1995.
des astronomes permettent de relever la position de – J. Ferloni, Bougainville, Cook, Lapérouse, Marins
nombreuses îles et d’établir des cartes (calcul de la des lumières dans le Pacifique, Éditions de Conti,
longitude) ; les découvertes des naturalistes enrichis- 2007.
sent les connaissances botaniques ; l’observation des – J.-F. Lapérouse, Le voyage de Lapérouse, de Brest
autres peuples et de leur mode de vie suscite la curio- à Botany Bay, Pôles d’images, collection Récits
sité des Européens. introuvables, 2005 (journal également accessible
Le rayonnement du récit de Bougainville (rapide suc- sur le site de la BNF, Gallica).
cès en Europe) attire l’attention sur le Pacifique et il – P.-H. Sträter, A bord des grands voiliers au 18e siè-
contribue à la naissance du mythe tahitien. cle, Collection La vie privée des hommes (Pierre
Miquel dir.), Hachette, 1984.
– E. Taillemite, Sur des mers inconnues. Bougainville,
2. Réponse à la problématique Cook, Lapérouse, Découvertes Gallimard n° 21, 1987.
– Site du musée de la marine : http://www.musee-
Le voyage autour du monde de Bougainville se situe
marine.fr/site/fr/accueil-musee-national-de-la-
dans un contexte de rivalités politiques, économiques
marine.

Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 23

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3 James Cook et l’exploration du Pacifique
Situation

pages 32-33

1. Réponses aux questions gnent chaque voyage : astronomes, naturalistes, pein-


tres, médecins…
Question 1 : Les régions explorées par Cook
[1 à 4, Biographie 12, Atlas 6]
Question 3 : Les contacts entre les peuples
■ Cook a procédé à une exploration systématique de [4 à 6, 6 et 7 p. 41]
l’océan Pacifique (on peut comparer son parcours avec
■ Les voyages de Cook ont des objectifs scientifiques
celui de Bougainville), d’Est en Ouest et du Nord au Sud,
en remontant le plus loin possible vers les hautes latitudes affirmés (il est missionné par la Société royale de Lon-
de l’hémisphère Sud (2e voyage) à la recherche du conti- dres qui a publié son rapport sur une éclipse du Soleil
nent antarctique et de l’hémisphère Nord (3e voyage) à la à laquelle il a assisté à Terre-Neuve en 1766). Il ne
recherche du passage du Nord-Est vers l’Atlantique. C’est s’agit pas de conquérir des territoires. Les contacts sont
un marin suffisamment expérimenté et averti pour navi- en général amicaux et pacifiques comme à Tahiti (mais
guer au milieu de la banquise des régions polaires [3]. les Maoris, peuple de guerriers, attaquent les Européens
pour les empêcher de débarquer en Nouvelle-Zélande).
1er voyage – Route vers le Pacifique par le détroit de Plusieurs gravures [3 et 5, Essentiel en image p. 39]
Magellan
– Pacifique Sud : Tahiti, Nouvelle Zélande (détroit montrent que les Anglais sont souvent armés quand
de Cook), Australie ils quittent leur navire. Ces armes sont destinées à les
2e voyage – Route vers le Pacifique par le cap de Bonne défendre mais aussi à tuer les animaux qu’ils veulent rap-
Espérance et l’océan Indien
porter en Angleterre. Cook se montre un esprit curieux
– Pacifique Sud : cercle polaire antarctique, île de
Pâques, îles Marquises, Tahiti, Nouvelles Hébrides, et un observateur attentif au mode de vie des indigènes
Nouvelle Calédonie, Nouvelle Zélande, cap Horn [6] dont il rend compte dans son journal. Il observe
3e voyage – Route vers le Pacifique par le cap de Bonne les habitudes locales, cherche à comprendre, prend de
Espérance et l’océan Indien
– Pacifique Nord : Tasmanie, Nouvelle Zélande, îles
la distance par rapport à l’attitude des indigènes sur
Tonga, Tahiti, îles Hawaï, côtes de l’Alaska, côtes laquelle il porte un jugement prudent. Il condamne les
du Kamtchatka, détroit de Béring
sacrifices humains pratiqués par les Tahitiens mais il
souhaite y assister (c’est son 3e séjour à Tahiti et il a
Question 2 : De nombreuses observations scientifiques établi des relations de confiance avec l’élite de l’île).
[1 à 4, Essentiel en image p. 39]
■ Cependant, il ne dispose pas toujours des connais-
Astronomie Observation du passage de Venus devant
le Soleil (date du 3 juin 1769 fixée par les
sances nécessaires pour comprendre les usages et les
calculs de Haley, Tahiti apparaît comme règles sociales des indigènes et il commet des erreurs.
un lieu d’observation favorable) pour
déterminer la distance entre le Soleil et
Les documents 4 et 5 représentent le même lieu (Hawaï)
la Terre abordé par les navigateurs dans des conditions diffé-
Zoologie Observation d’animaux inconnus en Europe : rentes : les pirogues accostent pacifiquement le navire
kangourou, oiseaux, poissons, tortues anglais au mouillage en janvier 1779 et le 14 février,
géantes, insectes
le capitaine Cook est tué lors d’un incident opposant
Botanique Observation de plantes inconnues (Botany
Bay) les indigènes aux Anglais.
Anthropologie Étude des peuples du Pacifique, leur En janvier 1778, Cook aborde pour la 1re fois à Hawaï,
et Ethnographie physique, leurs mœurs, leurs usages, leurs
objets usuels, leur religion île inconnue des Européens, alors qu’il fait route vers
le détroit de Béring. Il y fait à nouveau escale lors de
Géographie Position des terres découvertes et zones
océaniques explorées, observation de la son retour en janvier 1779 pour se ravitailler. Il ignore
banquise, recherche du continent austral qu’il enfreint un tabou (mot polynésien) en revenant
et du passage du nord-ouest, relevé des
paysages, calcul de la longitude mouiller dans une baie où il a déjà séjourné. Au cours
d’une expédition punitive organisée pour récupérer
Pour conduire ces observations scientifiques, l’équi- un canot volé par les indigènes, il est tué durant le
page de Cook comprend plusieurs civils qui accompa- combat qui oppose les marins aux Hawaïens.

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Question 4 : Des découvertes scientifiques et géographiques fin du mythe du continent austral et du passage du
considérables [1 à 6, doc. 6 et 7 p. 41] nord-ouest [3, 4, Biographie 12, Atlas 6]
■ L’hommage de Lapérouse montre l’importance des 2. Les observations scientifiques : des domaines
découvertes réalisées lors des voyages de Cook. Son scientifiques divers, des connaissances nouvelles [1 à
exploration systématique du Pacifique fait progresser 4, 6, 6 et 7 p. 41]
la connaissance géographique. Elle permet l’établisse- 3. Les contacts entre les Européens et les peuples
ment d’une carte précise de l’océan (relevé des côtes, océaniens : les débuts de l’ethnographie, les récits de
position des nombreuses îles). Elle invalide deux voyage, le choc des cultures [4 à 6, 6 et 7 p. 41]
mythes auxquels les savants et navigateurs s’étaient
attachés depuis le début des voyages de découvertes :
existence d’un riche continent austral peuplé situé 4. Informations
dans les mers navigables (le continent antarctique complémentaires
situé dans les hautes latitudes polaires sera appro- – Les révoltés du Bounty, film de Milestone, 1961.
ché par Dumont d’Urville en 1840) ; possibilité d’un
– J. Cook, Relations de voyages autour du monde,
passage navigable au Nord-Ouest entre le Pacifique et
1768-1779, La Découverte, 1998.
l’Atlantique.
Récit correspondant au doc. 4
■ Dans le domaine scientifique, les observations astrono-
miques renseignent sur les distances entre les planètes « Le 16 [janvier 1779] au point du jour, il nous sembla
et sur le calcul de la longitude (l’exactitude des chrono- voir une baie et j’envoyai Monsieur Bligh, avec une
mètres de Harrisson est testée lors du 2e voyage). Cook chaloupe de chaque navire, pour la reconnaître ; nous
améliore les conditions de vie des équipages en véri- étions alors à trois lieues du large. Les pirogues com-
fiant les propriétés antiscorbutiques des aliments riches mencèrent à arriver de toutes parts, de sorte qu’avant
en vitamines (citrons, chou fermenté, oignons…). Les dix heures il n’y en avait pas moins d’un millier autour
membres des expéditions observent les espèces dans de nos deux bâtiments, la plupart d’entre elles remplies
leur environnement. Ils rendent compte de ces observa- de naturels et chargés de porcs et d’autres produits de
tions (ethnographiques, botaniques, zoologiques) dans l’île. Nous eûmes les preuves les plus convaincantes de
les journaux de voyage tenus par plusieurs d’entre eux. leurs intentions amicales, car pas un seul d’entre eux
Ils rapportent des dessins, des collections d’objets, des n’avait apporté d’armes. Ils étaient venus poussés seu-
échantillons de plantes ou d’animaux que les savants lement par la curiosité et l’attrait du commerce. »
européens vont étudier (1 000 espèces de plantes, plus
James Cook, Troisième voyage de Cook ou le Voyage de
de 500 oiseaux et 500 poissons, des milliers d’insectes
l’Océan Pacifique, 1785
rapportés à l’issue du 1er voyage).
Récit correspondant au doc. 5
2. En réponse à la problématique « Ce qui suivit fut une scène effroyable de carnage et
d’horreur. […] Notre infortuné commandant, la der-
Le Pacifique est la dernière région du monde connue nière fois qu’on le vit distinctement, était debout au
des Européens et la première observée scientifique- bord de l’eau et criait aux chaloupes de cesser le feu
ment. Impulsées par les sociétés savantes qui se sont et d’approcher du rivage. […] Il se peut que ce soit
développées au 18e siècle, les expéditions de Cook ces sentiments d’humanité qui lui aient coûté la vie.
participent d’un vaste mouvement qui se poursuit au Car on remarqua que tant qu’il faisait face aux naturels
19e siècle (voyage de Darwin sur le Beagle). Ces voya- aucune violence ne fut exercé sur lui, mais dès qu’il
ges se situent à un moment où les Européens cher- eut tourné le dos pour donner ses ordres aux bateaux
chent à dresser l’inventaire du monde (Linné lance la il fut poignardé par derrière et tomba le visage dans la
première tentative de classification du vivant) et où mer. En le voyant tomber, les insulaires poussèrent un
s’élaborent les différentes branches de la science. cri général, et tirèrent aussitôt son corps sur la grève,
où ses ennemis le cernèrent en nombre, et s’arrachant
3. Démarche proposée les uns aux autres leurs dagues, chacun s’acharna avec
une ardeur sauvage à participer au meurtre. »
1. L’exploration systématique du Pacifique : un
James King, in James Cook, Troisième voyage de Cook
marin exceptionnel, inventaire des régions explorées,
ou le Voyage de l’Océan Pacifique, 1785
Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 25

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Savoir-faire
Objectif

Itinéraires de voyage et découverte


du monde pages 34-35

1. Introduction 2. Réponses aux questions


■ L’objectif est d’étudier les voyages et les découver- Question 1 : L’origine des cartes
tes effectués par les Européens du 16e au 18e siècle à [1, 2, 4 et 5, Atlas 4 et 7]
travers des cartes historiques. Il s’agit aussi de faire Construite
Carte Date Auteur Originale
comprendre que la carte est une construction intellec- par un historien
tuelle et géométrique. Elle porte un message dont on 1 2004 G. Fumey
O. Etcheverria X
peut comprendre les intentions. La carte raconte, décrit,
2 1573 Domingos Texeira X
explique, argumente... Elle s’inscrit dans un contexte
4 1596 inconnu X
de production et traduit l’état des connaissances à un
5 1622 Hessel Gerritsz X
moment de l’histoire du monde. Les exercices amènent A7 20e siècle E. de Martonne X
les élèves à distinguer cartes anciennes et productions A4 1991 M. Lequenne X
plus récentes, à retracer, par la mise en relation, l’élar-
Quelques précisions sur les sources.
gissement progressif du monde connu.
L’auteur d’une carte (le cartographe) n’est pas toujours connu. Il peut se
distinguer du graveur qui reproduit une carte dans un ouvrage postérieur à
sa réalisation (Théodore de Bry, 1624). Placée devant le nom de l’auteur,
l’indication « d’après » signifie que des modifications ont pu être apportées
à la carte. Pour les cartes anciennes, le lieu de conservation actuel (BNF,
Paris) ne doit pas être confondu avec le lieu de production et la nationalité
du cartographe (qui renseigne sur ses desseins).

Question 2 : Les éléments cartographiés [1 à 5, Atlas 4]

Cartes Espace Repères et limites Personnages, figurines, vignettes Textes

1 Planisphère Parallèles, océans, courants marins, Titre, légende, auteur


(partiel) toponymes (lieux d’escale)

2 Mappemonde Parallèles, points cardinaux, lignes des Roses des vents, bateaux, Auteur et date en médaillon
(sans Océanie rhumbs, zones climatiques, océans, arbres, villages, citadelles, croix
et l’Amérique du ports, toponymes (continents, pays…), (Jérusalem), écussons
N-O) fleuves et lacs, ligne de partage du
monde

4 Amérique, Parallèles et méridiens, pôles, Montagnes, navires, poissons Titre, noms des navigateurs,
continents océans, ports, fleuves, toponymes (monstres), ancre, paysages, commentaires en latin
polaires (continents, pays…) navigateurs avec des cartes à la
main

5 Océan Pacifique Parallèles, points cardinaux, lignes des Roses des vents, bateaux, vagues, Auteur et date en médaillon,
rhumbs, océan (sous ensembles), ports, Navigateurs, mappemonde en noms des navigateurs,
toponymes médaillon commentaires en allemand

Atlas 4 Océan Atlantique Parallèles et méridiens, toponymes Titre, légende, auteur


(nord) (continents, lieux d’escale…), échelle

26

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• Les cartes récentes comportent une légende et ■ Dessinées à différentes échelles, ces cartes multi-
souvent une échelle des distances. Elles ont été plient les repères de plus en plus précis qui témoi-
réalisées pour montrer, pour expliquer une situa- gnent de la volonté de se situer dans le monde. Les
tion, un événement. La carte du commerce dans Européens utilisent les repères qui sont les leurs : Nord
l’Ancien Monde [1] juxtapose les différentes rou- situé en haut de la carte, Europe en position centrale
tes d’approvisionnement des épices, elle montre sur les mappemondes, indication de Jérusalem centre
une évolution. La carte des voyages de Colomb du monde chrétien médiéval.
[A4] permet de visualiser et comparer les quatre ■ Ces cartes offrent également une vision globale de
voyages (itinéraires, durées, terres visitées).
la répartition des masses continentales et des espaces
• Les cartes anciennes ne comportent ni échelle ni océaniques : l’Amérique apparaît progressivement et se
légende, mais les nombreux repères inscrits témoi- détache de l’Asie ; le continent austral fabuleux (Terra
gnent du souci de donner une image exacte du incognita) longtemps recherché s’estompe au terme de
monde connu mais aussi des indications pour voya- l’exploration du Pacifique quand on se rend compte que
ger et pour se diriger. Les lignes de rhumbs (voir la moitié Sud du globe est essentiellement maritime ;
p. 37) structurent les cartes marines (portulans), les îles se distinguent des masses continentales et le
le tracé des côtes, la position des ports et des îles relevé des côtes gagne en exactitude et en précision.
chargent la carte. Utilisés à l’origine par les marins,
les portulans [2, 5] deviennent des objets luxueux ■ Les Européens abordent les nouvelles terres par les
à destination des riches armateurs, marchands côtes et ne pénètrent que progressivement vers l’in-
ou des princes. Les cartographes remplissent les térieur des terres peu représenté sur les cartes sinon
espaces vides avec des indications attrayantes, par les fleuves (vecteur de pénétration) et les lacs (les
des motifs ornementaux repris dans les marges cartographes sont des hydrographes). Les cartographes
ou autour de la carte (souci de cerner les limites remplissent les « vides » avec des indications aussi
du monde). La carte transmet un message politi- attrayantes que fantaisistes (montagnes, végétations,
que : partage du monde entre Espagne et Portugal habitations, personnages et animaux imaginaires…).
avec ligne du traité de Tordesillas, blasons royaux ■ Les étapes de cette appropriation progressive du
indiquant les possessions territoriales [2] ; repré- monde connu sont retracées dans la carte de Martonne
sentation symbolique de Jérusalem (croix, colline, « L’élargissement progressif du monde connu » [Atlas 7].
citadelle) au centre du monde [2]. Elle porte aussi Les Européens relient peu à peu dans un même ensem-
le récit des aventures maritimes : les principaux ble des aires de civilisation qui s’ignoraient et ils don-
découvreurs encadrent la carte de l’Amérique [4], nent un nom à leurs découvertes. On passe progressi-
Colomb-1492, Vespucci-1497, Magellan-1519, vement d’un Monde à trois continents à un Monde à
Pizarro-1526 (de gauche à droite, de haut en bas); quatre puis cinq continents.
les portraits des découvreurs du Pacifique figurent
en médaillons [5], Balboa-1513, Magellan-1520,
Lemaire-1615 (franchissement du cap Horn) ; les 3. Informations
navires utilisés pour les voyages de découvertes complémentaires
sont représentés, ceux des peuples océaniens figu-
rent à proximité des îles Salomon découvertes par Inventaire des cartes anciennes du manuel
Mendana en 1568 [5] ; les animaux monstrueux Carte Date Échelle Objet
indiquent les dangers de la navigation. 2 p. 27 1470 mondiale Carte-portulan du monde connu
Cette grille de lecture peut également s’appliquer aux cartes 2 et 3 de la 2 p. 34 1494 mondiale Partage du monde entre Espagne et
page 27. Portugal
4 p. 29 1506 régionale Tracé des Indes occidentales
3 p. 27 1550 mondiale Mappemonde
Question 3 : L’élargissement du monde connu 4 p. 35 1596 régionale Amérique et terres australes
[2 à 5, 2 et 3 p. 27, 4 p. 29, 7 p. 31, Atlas 7]
5 p. 35 1622 régionale Océan Pacifique
■ L’ensemble de ces cartes anciennes permet de retra- 2 p. 43 1688 régionale Nouvelle France
cer l’évolution de la connaissance du Monde acquise 7 p. 31 1771 locale Relevé de côtes de Nouvelle-Guinée

par les Européens au travers des voyages de découver- La mappemonde de Desceliers (3 p. 27) est reproduite
tes effectués entre le 16e et le 18e siècle. en grand format pp. 8-9.

Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 27

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L’essentiel pages 36 à 39 Ils privilégient celle inaugurée par Colomb [(Atlas 4)],
la volta qui utilise la circulation des vents et des cou-
rants marins et les relais des archipels atlantiques.
1. Documents de marge
L’Atlantique porte le nom d’un personnage mytholo-
pages 36 et 38
gique alors que le Pacifique doit le sien à Magellan
Document 1 : Rose des vents (1520) étonné par le calme de ses eaux. Balboa, pre-
Les roses des vents figurent sur les boussoles (diffu- mier Européen à avoir traversé l’isthme centro-améri-
sées à partir de la Chine) et sur les cartes médiéva- cain et aperçu le grand océan (1513), l’avait d’abord
les. Elles indiquent les points cardinaux. Sur les cartes nommé « mer du Sud ». Ce n’est qu’au 18e siècle que les
anciennes, l’Est est indiqué par une croix qui reprend Européens prennent conscience que l’hémisphère Sud
la symbolique du Christ et de Jérusalem. Le Nord est est essentiellement maritime. Le cinquième continent
indiqué par la fleur de lys (hypothèse : les premières découvert est paradoxalement appelé Océanie.
boussoles utilisées en Europe sont réalisées par un
ouvrier français). Sur les portulans, les 32 aires des
Document 4 : Les Européens à Tahiti
vents sont répertoriées à partir des points cardinaux
selon un angle de 11°15’. Elles se prolongent par des La découverte de Tahiti et les multiples récits suscités
lignes, les rhumbs, qui guident la navigation. Pour se ont profondément marqué les esprits européens et fait
diriger, les marins se fient aux repères terrestres et à naître le mythe tahitien. « Jusqu’à cette lecture [Voyage
l’orientation des vents. L’utilisation des codes de cou- autour du monde de Bougainville], dit Diderot, j’avais
leur facilite la lecture des marins illettrés. pensé qu’on n’était nulle part aussi bien que chez soi ».
La première période de contacts entre Européens et
Mise en relation avec la carte de Desceliers pp. 8-9.
Tahitiens (1767 à 1797) est celle de la découverte et
de la rivalité franco-anglaise. Ensuite vient le temps de
Document 2 : La caravelle
l’évangélisation et du séjour des artistes.

Mise au point par les Portugais dans les années 1430


et perfectionnée lors de l’exploration des côtes afri- 2. Essentiel en image pages 37 et 39
caines, la caravelle est le navire des découvertes. Les
innovations techniques la rendent rapide, stable et 1. Esclaves dans une mine d’or de Saint-Domingue
facile à manœuvrer. Le gouvernail d’étambot et la voile
carrée (trois mâts dont deux pour la voile carrée et un Cette gravure du 16e siècle évoque les conséquences
pour la voile latine) sont adaptés à la navigation en des premiers temps de la découverte de l’Amérique par
haute mer, son faible tirant d’eau la rend apte à explo- les Espagnols. Après les voyages de Colomb, l’instal-
rer les côtes. Navire de petite taille (tonnage d’envi- lation coloniale s’effectue essentiellement dans les
ron 200 tonnes), donc moins cher à construire, elle Antilles, plus particulièrement à Hispaniola (Haïti/
embarque un équipage d’une trentaine d’hommes pour Saint-Domingue).
lesquels il faut prévoir l’approvisionnement en eau et – Le travail forcé : les Espagnols utilisent la popu-
en nourriture. Le mot caravelle provient de carvalho, lation locale pour l’agriculture ou l’extraction auri-
qui désigne le chêne en portugais. fère. Colomb avait, dès l’installation des Espagnols
Mise en relation avec la carte pp. 8-9. à Saint-Domingue, soumis les Indiens au paiement
d’un tribut en or [3 p. 28] avant d’instaurer un sys-
tème de corvée qui deviendra l’encomienda. Il s’agit
Document 3 : Les océans en chiffres souvent d’un esclavage de fait (la Couronne auto-
rise en 1508 les Espagnols d’Hispaniola à réduire les
La traversée de l’Atlantique est un exploit qui ne pose Indiens en esclavage). Après l’effondrement démo-
pas les mêmes difficulté que l’exploration du Pacifique, graphique indigène à Saint-Domingue, les Espagnols
beaucoup plus vaste et éloigné de l’Europe. Au 15e siè- instaurent une traite entre les îles, faisant venir les
cle (Géographie de Ptolémée), la circonférence terres- esclaves des Bahamas. (Voir « La controverse de Val-
tre (donc la largeur de l’océan Atlantique) est sous- ladolid » pp. 16-17).
estimée. Jusqu’au 18e siècle, les Européens utilisent
– La société coloniale : l’image oppose deux groupes
peu la voie septentrionale pour traverser l’Atlantique.
constitués. Les conquistadores, parmi lesquels on
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distingue les soldats en armes surveillant le travail vure : Banks, un riche noble Anglais, membre de la
minier et le chef assis (sans doute un noble) qui Society of Arts qui finance en partie l’expédition et
représente la Couronne et reçoit l’or. Les Indiens, Solander, un Suédois, brillant disciple de Linné,
jeunes adultes à peine vêtus, qui effectuent sous la exerçant au British Museum. Deux peintres doi-
coercition un travail pénible. (Voir « Une plantation vent réaliser des copies fidèles des animaux et des
à Saint-Domingue » pp. 48-49). plantes observées et restituer les scènes humaines
– La soif d’or : la recherche de métaux précieux et les paysages [2 à 4 pp. 32-33, 6 et 7 p. 41].
dont l’Europe manquait à la fin du Moyen Âge est Les savants inventorient, décrivent, collectent de
un mobile des voyages de découvertes et l’une des nombreux échantillons qu’ils rapportent dans les
principales préoccupations de Colomb dès son arri- musées européens.
vée en Amérique [1 à 3 p. 28]. Les Espagnols pré- – Les témoignages : par leurs récits de voyages, les
lèvent l’or accumulé par les générations antérieures peintures et dessins, les explorateurs diffusent lar-
d’Indiens puis exploitent les gisements découverts gement leurs découvertes en Europe.
à Saint-Domingue (qui se révèlent décevants). Au – Les terres découvertes : sur la route du retour
16e siècle, l’argent remplace l’or et le transfert de du 1er voyage, en mars 1770, l’Endeavour explore
métaux précieux vers l’Europe se poursuit jusqu’au la côte Sud-Est de l’Australie (Nouvelle-Hollande).
19e siècle contribuant à la constitution d’une masse Cette île, longtemps isolée, présente des espèces
monétaire mondiale. végétales et animales inconnues des Européens
– Un récit de la découverte : l’image doit être (kangourou…) qui les fascinent. Fin avril 1770,
contextualisée. Le titre de l’ouvrage (Les cruautés l’expédition accoste dans une baie (située à proxi-
des Espagnols) explicite l’enjeu de la représenta- mité de la future colonie anglaise de Sydney) qui
tion. Diffusée grâce au développement de l’impri- présente une faune et une flore si riches qu’il la
merie, la gravure dénonce l’action des Espagnols et nomme Botany Bay.
des catholiques en Amérique. Composée à la fin du
Mise en relation avec L’essentiel en image p. 37 pour
16e siècle, donc postérieure à l’époque représen-
comparer deux périodes des voyages de découvertes
tée, elle est l’œuvre de Théodore de Bry, un artiste
des 16e et 18e siècles.
protestant originaire des Pays-Bas espagnols sous
domination catholique qui n’a pas été le témoin Extraits du journal de J. Cook, Relations de voyages
direct de la scène représentée. (Voir aussi doc. 1 autour du monde :
p. 16).
« Monsieur Banks et le docteur Solandre trouvèrent
dans cette baie une si grande quantité de plantes que
2. Cook et les naturalistes du 1er voyage
je lui donnai le nom de la “la baie de la Botanique”. »
« 1er mai 1770. Nous fîmes une excursion dans le pays,
Contemporaine de l’événement rapporté, l’image illus- dont l’aspect est diversifié par des bois, des prés, des
tre les enjeux de connaissance scientifique qui moti- marécages. […] Dans les bois, entre les arbres, le doc-
vent les voyages d’exploration du Pacifique au 18e siè- teur Solander aperçut de loin un petit animal qui res-
cle, à une époque où les hommes se lancent dans une semblait à un lapin, et nous trouvâmes la fiente d’un
tentative de « rassemblement des connaissances épar- animal qui doit se nourrir d’herbe et qui ne doit pas
ses sur la surface de la terre » (Encyclopédie), d’inven- être plus gros qu’un daim [un kangourou en fait] ; nous
taire du monde, de classification du vivant. vîmes aussi les traces d’un chien, ou d’un autre animal
– Les connaissances scientifiques : Cook est accom- de cette sorte. »
pagné de deux naturalistes représentés sur la gra-

Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 29

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Angle
Grand

Les Européens à la découverte de l’Autre


pages 40-41

1. Introduction Question 2 : Le contact entre indigènes et Européens [2, 3, 6, 7]

Du 16e au 18e siècle, les voyages de découvertes entre- Réactions Réactions


des indigènes des Européens
pris par les Européens sont l’occasion d’une confron-
tation radicale à l’altérité qui bouleverse les idées 16e siècle La peur : les indigènes se La violence : les
cachent ou s’enfuient à Espagnols disposent des
reçues et oblige les hommes à repenser les rapports l’arrivée des Espagnols. indigènes qu’ils capturent
entre culture, nature et barbarie. et envoient en Espagne ;
ils brûlent les maisons.
L’appropriation : les
Espagnols se considèrent
2. Réponses aux questions comme propriétaires
des hommes dont ils
Question 1 : Les vecteurs de la découverte de l’Autre [1 à 7] disposent de même que
de leurs biens (maisons,
Dès leur retour, les voyageurs rendent compte de ressources…).
leurs découvertes à leurs commanditaires politiques, 18e siècle La confiance et La bienveillance : les
religieux (surtout au 16e siècle) ou économiques. Ils l’hospitalité : les Européens donnent des
pirogues vont au devant cadeaux, acceptent
s’emploient aussi à faire connaître plus largement les des navires ; témoignages le troc ; ils sont
usages et le mode de vie des peuples rencontrés en d’amitié ; les indigènes impressionnés par la
acceptent la présence beauté des femmes et des
utilisant des moyens très divers : des Européens lors d’une paysages.
cérémonie religieuse et La curiosité : Les
– les récits de voyage écrits et diffusés assez rapide- s’enquièrent de leur avis. Européens observent
ment après le retour des expéditions. Colomb a été La déférence : les le mode de vie, les
un lecteur attentif de Marco Polo ; Las Casas recopie indigènes cèdent le pratiques religieuses ; ils
passage aux Européens. recherchent les contacts
et annote le journal de bord de Colomb, contribuant pacifiques, visitent
à sa diffusion ; le Voyage autour du monde de Bou- l’intérieur des îles.

gainville est publié en 1771, soit deux ans après


son retour et le premier tirage de mille exemplaires Le récit de Colomb sur l’accueil des habitants de l’île
est rapidement épuisé ; Diderot publie son Supplé- Sainte-Marie-de-Guadeloupe peut être nuancé par la gra-
ment au Voyage de Bougainville en 1772 ; vure de Théodore de Bry [2 p. 28] sur le débarquement
des Espagnols aux Bahamas. Cette mise en relation doit
– les gravures qui illustrent les récits des voyageurs
prendre en compte les conditions de production de cha-
ou d’autres ouvrages consacrés aux découvertes
cun des deux documents. La gravure de Théodore de Bry,
[voir aussi 2 p. 28, 5 p. 31, 4 et 5 p. 33] ;
réalisée à la fin du 16e siècle, est l’œuvre d’un artiste
– les arts décoratifs qui contribuent à diffuser protestant originaire des Pays-Bas sous domination des
largement l’image des indigènes. Au 18e siècle, le catholiques espagnols. Il n’est pas le témoin direct de la
papier peint de la manufacture Dufour regroupe sur scène représentée. Il présente un point de vue critique
un même panneau plusieurs des peuples rencontrés sur l’action des Espagnols. Si l’image montre des indigè-
par Cook [voir aussi 5 p. 54] ; nes confiants et offrant de l’or, on peut voir à l’arrière-
– les découvreurs ramènent aussi en Europe des plan d’autres indigènes qui s’enfuient. Enfin, les Indiens
indigènes qu’ils capturent (16e siècle) ou qu’ils ont pu modifier leur point de vue sur les Espagnols entre
invitent (18e siècle). octobre 1492 et novembre 1493.
L’imprimerie joue un rôle décisif dans la diffusion des
livres et des gravures qui touchent toute l’Europe.
Question 3 : Le « choc des civilisations » ? [1, 2, 3, 6]
Les cartes et les mappemondes mettent aussi en scène,
par les figurines et les personnages représentés, les Les Européens sont frappés par plusieurs usages des peuples
habitants des autres continents [voir pp. 8-9]. indigènes rencontrés en Amérique comme en Océanie.

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– Le cannibalisme, rapporté par Colomb et par 16e siècle, les indigènes sont perçus comme des êtres
d’autres voyageurs qui explorent le Brésil entre 1500 sans culture. Ils peuvent cependant accéder à la dignité
et 1550, enflamme l’imagination des Européens. Le humaine par l’éducation, le savoir et la conversion à la
terme (peut-être une déformation de « caraïbe ») « vraie » religion. La controverse de Valladolid ouvre le
désigne à l’origine un peuple des Antilles et devient débat de savoir si les Indiens sont des êtres inférieurs
synonyme d’anthropophage au milieu du 16e siècle. dénués de raison ou pourvus d’une âme et aptes à
La gravure, tirée des Grands voyages édités et illus- recevoir la révélation chrétienne (voir chapitre 1). On
trés par le liégeois Théodore de Bry, met en image distingue ainsi les bons indigènes qui se convertissent
le récit d’un Allemand, Hans Staden, qui a effectué des barbares, souvent associés au cannibalisme, qui
plusieurs séjours en Amérique entre 1547 et 1555 et se complaisent dans le paganisme. Au 18e siècle, la
a séjourné chez les Indiens anthropophages de l’île posture n’est pas la même. L’état de nature est appré-
de Saint Vincent. Le dessin, très expressif et réaliste, hendé de manière bienveillante comme un terreau
met en scène des femmes et des enfants et concentre favorable à l’éducation et à la raison (les références
l’horreur de la scène. On peut noter qu’il s’agit sou- au Paradis sont nombreuses). Les sociétés indigènes
vent de dessins ou de récits de seconde main. sont étudiées avec intérêt par des Européens qui cher-
– La nudité des indigènes et notamment des fem- chent à comprendre, même s’ils se réservent le droit de
mes que les Européens interprètent comme une porter des jugements moraux. La foi dans un progrès
liberté de mœurs (référence à la Nouvelle Cythère continu de l’humanité les conduit à voir ces sociétés
pour Tahiti). comme n’ayant pas encore atteint leur maturité.
– Les sacrifices humains (et les sacrifices animaux,
voir les cochons sur l’aquarelle de J. Webber) que les 3. En réponse à la problématique
indigènes pratiquent pour s’attirer les faveurs d’un
dieu, notamment dans le cas d’une guerre contre un Voir réponse à la question 4.
autre peuple. La victime est tuée, avant d’être offerte
lors d’une cérémonie religieuse très codifiée qui a 4. Informations
lieu au marae (espace représenté sur le doc. 6), lieu complémentaires
sacré où se réunissent aussi les prêtres et les chefs
Document 5 : Les sauvages de la mer Pacifique
et dont les femmes sont exclues. On repère les pla-
tes-formes surélevées, l’autel en pierres, les grands Les dessins prétendent représenter les peuples ren-
tambours qui rythment la cérémonie. contrés par Cook lors de ses voyages. En fait, l’ar-
tiste prend des libertés et certains personnages sont
tirés des voyages de Lapérouse. Les représentations,
Question 4 : Du « barbare » au « bon sauvage » ? [1 à 7] contraintes par des critères esthétiques, sont souvent
Les Européens voient les indigènes à travers le filtre de remaniées et s’éloignent de la réalité. C’est pourtant à
leur propre regard et de leur culture. Leurs témoignages travers elles que les Européens construisent des ima-
donnent aux lecteurs d’hier et d’aujourd’hui une image ges des « sauvages du Pacifique ».
du monde tel que perçu au moment de l’écriture. La De gauche à droite : habitants de Nastka, de la Zélande, de
nudité des indigènes est souvent couverte d’un pagne l’île de Pâques, de la baie de Norton en Alaska, d’Hawaï,
sur les représentations iconographiques. Les costumes des Nouvelles Hébrides, de Maouna, de l’île Sainte-Chris-
sont parfois fantaisistes [5 p. 41], [5 p. 33 : Hawaïens tine, de la baie de Castries en Tartarie (côte sibérienne)
vêtus comme des combattants antiques]. et de la baie du Port aux Français en Alaska.
Humanistes et hommes des Lumières manifestent un
intérêt soutenu pour l’homme et pour l’humanité. 5. Pistes
Cependant, l’indigène (on dit aussi le « naturel ») est
d’abord vu comme différent et non comme identique ou • Mise en relation avec Situation 3 pp. 16-17 : [6]
égal. On peut souligner que du 16e au 18e, de Colomb p. 54, Essentiel en image p. 55.
à Cook en passant par Bougainville, le regard porté sur
l’Autre se fait de plus en plus ethnographique. • M. de Montaigne, Des cannibales, coll. folioplus classi-
ques n° 143, Gallimard 2008 : une anthologie de textes
Les récits insistent sur la proximité des populations sur « la peur de l’autre », un dossier sur « l’humanisme et
indigènes avec la nature et sur leur sauvagerie. Au les barbares », une présentation du globe de Coronelli.
Chapitre 2 ■ Voyages et découvertes, du 16e au 18e siècle 31

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Chapitre
Chapitre
pitre

3 Le premier empire colonial français,


Chap

du 16e au 18e siècle


Ouverture de chapitre pages 42-43

1. Commentaire du sommaire La vente


Le chapitre s’intéresse à l’organisation du premier empire – sur le pont, présence de Blancs et de Noirs ;
colonial français, qui s’étend, du 17e au 18e siècle, de – noria de chaloupes de colons, clients qui abordent
l’Amérique du Nord à l’océan Indien. Il met l’accent, sur le navire ;
les dimensions politiques, économiques, techniques et Un tableau de chiffres : un « livre » de comptes (mise
humaines de son exploitation, étroitement imbriquées, dehors : voir « mise hors » page 53) qui récapitule deux
à travers des lieux emblématiques (du port de Nantes étapes commerciales sur les trois.
aux plantations de Saint-Domingue ou au comptoir de
Pondichéry) et des relations commerciales complexes Document avec commentaire détaillé sur le site
(contraintes de l’Exclusif, traite négrière…). compagnon.
Il insiste aussi sur l’influence du contexte politique
national (les Lumières et la Révolution française) ou
Document 2 : La carte de la Nouvelle–France
international (les rapports conflictuels entre puissan-
ces européennes) qui s’y répercutent. Au fil des pages, ■ Progrès de la cartographie, grâce aux relevés des
il fait une large place aux différents acteurs, des négo- navigateurs explorateurs découvreurs : ici, une carte
ciants ou armateurs aux antiesclavagistes, dont les établie en 1688 par Jean-Baptiste-Louis Franquelin,
esclaves eux-mêmes, à la résistance desquels les der- hydrographe et cartographe du roi Louis XIV, la cour
nières pages sont consacrées. étant désireuse de connaître « les frontières entre la
Nouvelle–France (première colonie française) et la
Nouvelle-Angleterre ».
2. Analyse des documents ■ En médaillons : Québec fondé par Champlain en 1608
Document 1 : Un navire négrier, la Marie Séraphique (voir sur le Saint–Laurent (activité portuaire, château de Fron-
documents complémentaires sur le site–compagnon) tenac) ; emblèmes-symboles de la royauté (couronne et
fleurs de lys) ; instruments de calcul et de repérage.
■ Le transport maritime, unique moyen de liaison
entre continents (sauf anciennes routes terrestres des ■ Sur la carte :
épices et de la soie), ici entre l’Europe et l’Amérique, – réseaux hydrographiques du Saint–Laurent, des
via l’Afrique. Grands lacs et du Mississippi (voies de pénétration) ;
Les dates et les lieux (2 étapes du commerce trian- – « nations sous le nom d’Outaouacs » = Ottawas ;
gulaire) : « Labrador ou terre des Esquimaux » ; Terre-Neuve
(pêche à la morue) ; « contrée de la Louisiane »…
– 1772-1773 : durée de ce troisième voyage de Nan-
tes à Angole (Angola) puis au Cap Français (Saint– – les bateaux des navigateurs explorateurs (Cartier,
Domingue) ; Champlain…).
– 12 juin 1772 - 14 novembre 1772 : étape d’appro-
visionnement en captifs qui a duré 5 mois ; Document 3 : Une plantation de café dans l’Île Bourbon
– 1er au 13 février 1773 : vente qui a lieu sur le pont ■ Autre océan, l’océan Indien ; autre continent, l’Asie.
du bateau. Un exemple d’exploitation coloniale, sous les Tropi-
ques : une plantation de café (boisson amère de plus
Le navire (un deux-mâts, en bois, à voiles) :
en plus prisée par les Européens, consommée sucrée
– une structure à comparer avec la coupe page 52 ;
selon le goût de l’époque).
– une structure évolutive d’Afrique en Amérique
pour parquer les captifs et assurer la sécurité ; ■Paysage montagneux de la Réunion (carte 2 page 56)
avec caféières à l’assaut des pentes où ne subsistent

32

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que quelques arbres (défrichements en cours à l’ar- grains de café) ; « déceriseuse » ou machine à dépulper
rière ?). Vision paisible : le couple de propriétaires ou les cerises de café visible à droite.
régisseurs se promène tandis que les esclaves s’acti-
Site à consulter : http://www.vertevallee–guade-
vent, chacun à sa tâche (du ramassage au séchage des
loupe.com/habitation–griveliere–cafe.php

3. Démarche et parcours possibles

Exemple d’organisation sur la base d’une séquence


de quatre heures (on est libre d’élaborer une
séquence plus courte).
Séance 1 = Partie 1 ⇒ Corpus pris dans tout le chapitre En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être
Séance 2 = Partie 2 ⇒ Situation 1 ou Situation 2 traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-
pages (voir tableau).
Séance 3 = Partie 3 ⇒ Situation 3
Séance 4 = Partie 4 ⇒ Savoir-faire (et Grand Angle)

Situation 2 Nantes
Contenu du chapitre

Sur les traces des


Une plantation à
Indes orientales

Saint-Domingue
et le commerce

La 1re abolition
de l’esclavage
La Compagnie

noirs marrons
française des

Grand Angle
triangulaire

Savoir-faire
Situation 1

Situation 3
Ouverture

en France

Atlas
Plan de L’essentiel

Lancement + +

Partie 1 : De la découverte de nouvelles terres à leur conquête


a. colonies et comptoirs + + + + + + +
b. territoires colonisés + + + + + +
c. rivalités européennes + +

Partie 2 : L’expansion du commerce maritime : armateurs, négociants, négriers


a. absolutisme, mercantilisme, exclusif et compagnies + + +
b. commerce en droiture + +
c. commerce triangulaire + + + +

Partie 3 : L’exploitation des colonies : la naissance des plantations


a. traite négrière et main-d’œuvre servile + + + + +
b. organisation spatiale des plantations + +
c. organisation humaine des plantations + + + +

Partie 4 : Révoltes et Révolution : vers la fin du système esclavagiste


a. révoltes anti-esclavagistes dans les colonies + + + + +
b. esclavagistes et anti-esclavagistes en métropole +
c. vers l’abolition de l’esclavage et de la traite +

Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 33

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1 La Compagnie française
Situation

des Indes orientales (1664–1794) pages 44-45

1. Réponses aux questions Lieu Rôle


Question 1 : Le Pacte colonial [1 à 3] – Royaume de – Siège du pouvoir
France (le Roi, la Cour, les
■ Il profite d’abord à la Métropole, c’est–à–dire au Roi
et de Navarre institutions de l’État) :
et à l’État, en interdisant aux colonies de commercer – Paris émettre et faire
(vendre et acheter) avec tout autre partenaire. Ce sys- – Port-Louis, appliquer les « édits »
tème, mis en place dans le cadre du mercantilisme, dure Feaudick ou du Roi
deux siècles ! Faouëdic, Lorient, – Deux ports majeurs
Caudan (sur les pour le commerce

Métropole
■ Mais il profite aussi à d’autres acteurs :
rives du Scorff, maritime et l’activité
– en particulier, la Compagnie des Indes orienta- fleuve visible sur de la Compagnie des
les [3 page 52], à qui le Roi accorde le monopole le tableau), Nantes Indes : construction
du négoce dans les mers Orientales et de nombreux navale ; armement,
« privilèges » : des possessions à gérer et gouver- avitaillement, et
ner (« concédé et octroyé en toute propriété, jus- désarmement des
tice et seigneurie »), le « pouvoir de naviguer et de navires ; entreposage
négocier à l’exclusion de tous nos autres sujets », et ventes des
l’exemption de droits ; marchandises
rapportées par ses
– mais aussi le port de Lorient* dont l’activité (visi- bateaux
ble sur le tableau) bénéficie de l’implantation de la
Indes orientales : – Contribution
Colonies ou comptoirs de la France
(ou provenance des marchandises)

Compagnie des Indes (sur 7 hectares de landes au


– Île Dauphine en au prestige, à la
Faouëdic) dans la rade de Port–Louis (site pourvu
1665 (Madagascar puissance et à
d’une citadelle et plus éloigné de la flotte anglaise la richesse de la
ou Saint-Laurent
que Le Havre) : chantier de construction et d’arme- pour les Portugais) France (colonies ou
ment de navires, magasins de marchandises, salle – Île de Bourbon comptoirs) :
des ventes, appartements et bureaux du directeur… – Négoce et stockage
– Pondichéry,
* En 1669, la Compagnie met en chantier le « Soleil un des 5 comptoirs des marchandises,
français des Indes exploitation des
d’Orient », souvent nommé L’Orient qui donnera le nom
plantations pour
de L’Orient puis Lorient à la ville naissant au–delà du mur Autres lieux : alimenter les marchés
de l’Enclos du Port (20 000 habitants en 1750). Bengale, Nankin, de la métropole et de
Daka, Madras, l’Europe
Question 2 : Des lieux majeurs du commerce colonial [1 à 5,
Chine
Atlas 8 et Rabat A]
– Cap de Bonne- – Lieux de passages
Passages maritimes du commerce

■ Voir tableau ci-contre. Espérance obligés du commerce


– Détroits de maritime
en droiture vers l’Asie

Question 3 : Des produits exotiques,


Magellan – Repères pour
alors ou… encore ! [5, document 1 page 34]
et Le Maire fixer les limites
– Indes et mers géographiques du
■ Les marchandises destinées à la vente peuvent être Orientales monopole de la
classées en plusieurs groupes : – Mers du Sud Compagnie des Indes
– plantes à boisson : café, thé (du Cap de Bonne-
Espérance au Sud de
– épices : poivre l’Afrique au détroit de
– tissus : soie, percale, taffetas, guinées, organdi, Magellan au Sud de
basin… (de loin le groupe le plus important) l’Amérique)

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– accessoires, vêtements : cravates, mouchoirs, teurs exportent les produits fabriqués en métropole
toques vers les comptoirs et colonies d’Asie d’où ses navires
– vaisselle : porcelaines reviennent chargés de produits exotiques. Ce commerce
en droiture qui approvisionne les marchés de France et
– meubles : commodes, paravents, bureaux
d’Europe à partir des ventes organisées dans les ports
– produits naturels divers : rotin, laque, gomme, français de Nantes, Lorient… est destiné à enrichir
bois, cauris (coquillages servant de monnaie), ver- l’État qui prélève des taxes sur les transactions.
nis, encre…
■ Certaines origines sont identifiables : Bourbon
[3 page 43], Indes (Madras, Bengale, Pondichéry), 3. Démarche proposée :
Chine (Nankin), Moka (port d’Éthiopie), Damas (tis- 1. Une compagnie dépendante de la volonté du Roi :
sage de Syrie). organisation du commerce colonial (mercantilisme,
En revanche la majorité des noms demeurent mysté- exclusif, absolutisme) [2, 3, 6]
rieux… et ce qu’ils désignent difficile à identifier. 2. Une compagnie entre deux océans : lieux mis en
■ La plupart de ces marchandises proviennent de plan- relation [1, 3, 4 et 5]
tes tropicales : café, thé, poivre, rotin, gomme… sans 3. Une compagnie vouée au commerce colonial :
compter les étoffes à base de coton. marchandises transportées [5]
Question 4 : D’une compagnie à l’autre [6]

■ La première Compagnie des Indes, créée par Colbert en 4. Informations


1664 [3], a vu son privilège suspendu en 1719 [6]. complémentaires
■ En 1719, apparaît une autre Compagnie, appelée Documents 1 et 4 :
Compagnie Perpétuelle des Indes, issue de la fusion de De Lorient à Pondichéry
la Compagnie créée par Colbert avec celles qui s’étaient
créées depuis (Compagnie de la Chine, Compagnie ■ Un port européen et un port indien : les mêmes
d’Occident, Compagnie du Sénégal, Compagnie d’Afri- bateaux, des bâtiments imposants, à l’architecture
que, Compagnie de Saint–Domingue et de la traite de européenne (frontons et colonnades présents dans les
la Côte de Guinée) qui sera suspendue en 1769. édifices de prestige qui abritent le pouvoir colonial).
■ La troisième, qui entre en fonction en 1785, perdra Occasion de rappeler les conditions de navigation et
son monopole en 1790 (sur vote de l’Assemblée natio- de transport des marchandises de l’époque.
nale), puis sera dissoute par la Convention en 1794.
■ À chaque fois (jusqu’en 1789), c’est le roi qui décide Document 5 : Affiche de vente
(« Déclaration du Roi », « Arrêt du Conseil d’État du
Roi ») en fondant sa décision sur les résultats de la Il apporte aussi des informations :
Compagnie : il lui conserve ses privilèges tant que le – sur l’encadrement des ventes : publication
monopole dont elle dispose rapporte à l’État plus de officielle, comme pour les ventes aux enchères
bénéfices que la libre concurrence. aujourd’hui ; conditions de mise en vente : argent
comptant, au plus offrant, dernier enchérisseur,
■ Ces fluctuations illustrent le mercantilisme et l’abso-
adjudication, lettres de change, lettres à usance
lutisme qui caractérisent l’organisation économique de
(crédit)…
l’Ancien régime.
– sur les noms des navires (mythologie, religion)
– sur la durée des voyages : la vente est fixée au
2. Réponse à la problématique 22 septembre 1727 ; un bateau parti du Bengale et
de Pondichéry en janvier est attendu : cela fait au
■ La Compagnie des Indes orientales est un des prin- moins 8 mois de navigation…
cipaux acteurs du commerce colonial. Bénéficiant du
monopole du commerce accordé à la Compagnie par le Site à consulter :
Roi dans le cadre de l’Exclusif, ses négociants et arma- http://musee.lorient.fr/

Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 35

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2 Nantes et le commerce triangulaire
Situation

pages 46–47

1. Réponses aux questions – le nombre d’hommes d’équipage [5] : proportion-


nel au nombre potentiel d’esclaves à embarquer
Question 1 : (50 hommes pour 500 esclaves)
Un commerce « triangulaire » [1à 3, Atlas 8] – les moyens financiers mobilisés (liés à la durée) :
■ Cette figure géométrique traduit bien la réalité de coût de la mise hors (équipement ou armement du
ce commerce complexe qui s’effectue en trois trajets, navire, avitaillement), soldes de l’équipage, coût de
trois étapes et trois négociations commerciales suc- la cargaison de traite
cessives, formant une boucle : – la valeur de la cargaison de traite, dont la pacotille
1er trajet : 1re étape : la 1re négociation : ne représente qu’une infime partie (10 %) et les étoffes
d’Europe en « cueillette » échange des (investissement le plus lourd) la majeure partie (50 %)
Afrique, en des captifs le marchandises – la quantité de barriques d’eau (335 barriques sur
longeant long des côtes de traite contre la Marie–Séraphique de Nantes) ou de vin, de sacs
le littoral africaines des captifs de céréales et de féculents, etc., de quoi nourrir
atlantique (de (comptoirs entre négriers plusieurs centaines de passagers (évoquer la diffi-
Nantes à la de Bissau européens culté de conserver la nourriture et le manque d’ali-
Côte de Guinée (portugais), et négriers
ments frais).
ou d’Angola) Saint-Louis du africains
Sénégal, Gorée, Les sommes investies dans une campagne de traite
Ouidah,...) représentent la valeur d’un très bel hôtel particulier
2e trajet : 2e étape : le 2e négociation : au cœur de Paris.
d’Afrique en « passage du vente des
Amérique à milieu » ou captifs comme Question 3 : Nantes, premier port
travers l’océan « noir passage » esclaves, aux négrier de France [1 et 6]
Atlantique jusqu’aux planteurs
(de Guinée en Antilles antillais, ■ Si l’on classe les ports européens selon leur nombre de
Martinique, (Fort–Royal surtout campagnes de traite, Nantes arrive à la 4e place derrière
d’Angola en Martinique, [1 page 42] les ports anglais de Liverpool, Londres et Bristol.
à Saint– Saint-
Domingue) Domingue…) En France, le port de Nantes domine largement les autres :
4 fois plus de campagnes que les ports de La Rochelle et
Bordeaux, deux fois plus que les deux réunis.
3e trajet : 3e étape : 3e négociation :
d’Amérique retour des vente des ■La traite a contribué à l’essor de la ville de Nantes au
en Europe à navires à leur denrées cours du 18e siècle :
travers l’océan port d’attache coloniales sur – 1er port colonial français (tous commerces confondus)
Atlantique (Nantes, les marchés
– les profits tirés de la vente des captifs [3], ache-
La Rochelle, d’Europe
tés pour l’équivalent de 500 livres et revendus 2 500
Bordeaux…)
(recettes à intégrer dans la comptabilité globale de
la campagne)
Question 2 : La campagne de traite, une entreprise de grande
envergure [2 à 5]
– effet « boule de neige » du commerce triangulaire
sur le commerce en droiture (une campagne de
■ Elle l’est à plusieurs titres : traite permet de charger (de sucre, de café…) deux
– sa durée [2] : 2 ans et 3 mois (3 à 4 mois d’Europe à trois navires des Antilles à Nantes)
en Afrique, près de 16 mois en Afrique, presque – intensité d’une activité commerciale à dimension
2 mois d’Afrique en Amérique, 2 mois d’Amérique européenne : création d’une Bourse, plaque tour-
en Europe) nante du commerce en Europe (transactions avec des

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commissionnaires étrangers venus de toute l’Europe, commerce triangulaire, qui profite au commerce en droi-
redistribution vers la Hollande, Hambourg, la Balti- ture et stimule le commerce des denrées coloniales, fait
que) de la ville un marché d’envergure européenne. Les Nantais
– développement de fabriques pour fournir les car- investissent dans ce négoce, dans les fabriques de mar-
gaisons de traite (fabriques d’indiennes par exemple chandises de traite et dans les colonies où certains s’ins-
[5]) et donc croissance de la population active. tallent. Beaucoup de familles d’armateurs et de négociants
ont fait fortune avant que les affaires déclinent à cause
Mais plusieurs facteurs ont ralenti cette activité à la de la perte de Saint–Domingue à la fin du 18e siècle, de la
fin du 18e siècle : remise en question de la traite et de l’esclavage ensuite.
– la concurrence des autres ports français, de Bor-
deaux à Marseille
3. Démarche proposée
– le moindre profit de la traite : il faut affronter une
concurrence de plus en plus forte et aller jusque 1. Le circuit d’un navire négrier nantais : trois trajets,
dans l’océan Indien chercher des captifs (augmen- trois étapes [2 et 3]
tation des risques et du coût des captifs) 2. Le commerce triangulaire, un « infâme trafic » :
– la perte des investissements à Saint–Domingue trois négociations commerciales successives, une car-
(révoltes constantes à partir de 1791 jusqu’à l’abolition gaison d’un nouveau genre [2 à 5]
de l’esclavage en 1794 et l’indépendance en 1804). 3. Nantes, premier port négrier de France : insertion
de Nantes dans la traite négrière [1, 3, 5 et 6]
Question 4 : « Infâme trafic » et « noir passage »
[2 à 4, Atlas 8] 4. Informations
■ En 1790, Mirabeau désignait les bateaux négriers par complémentaires
la métaphore « des bières flottantes », autrement dit Document 1 : Le trafic des ports négriers européens
des cercueils flottants…
■ On peut s’étonner de la faible représentation des
– Le calvaire des captifs débute en Afrique même [3] : ports portugais et espagnols au regard de leur rang au
ils sont physiquement contraints par une « fourche de sein des nations négrières [4 page 54] :
bois » qui leur enserre le cou et les entrave dans leurs
– le Portugal est la 1re nation négrière d’Europe
mouvements, puis par un « collier de fer ». Il faut évi-
mais la traite s’effectue « en droiture », des côtes
demment ajouter la détresse morale due à la séparation
d’Afrique vers le Brésil ;
des familles, la privation de liberté et l’exil forcé.
– quant aux Espagnols, ils sous–traitent le trafic
– Il continue à bord du bateau : le long des côtes d’Afri-
d’esclaves en faisant appel aux services des autres
que si la « cueillette » se prolonge ; et surtout pendant
Européens (système de l’asiento concédé d’abord au
le « noir passage » ou « passage du milieu », que des
Portugal, puis à la Hollande, à la France et enfin à
écrivains antillais nomment « le gouffre » : les captifs
l’Angleterre).
sont rangés comme des cuillères dans une ménagère
[4], confinés dans un espace réduit en hauteur et en
largeur, dans la chaleur, l’humidité et les miasmes putri- Document 4 : Les navires négriers en coupe
des… conditions propices aux maladies et aux révoltes ■Associer ces dessins à ceux des documents 1 page 42
(voir les mesures de précaution prises avant de quitter et 2 page 52.
l’Afrique [3]). Le taux de mortalité est de près de 14 %
■ Évoquer le travail du charpentier et des aménage-
pour les captifs (de plus de 17 % pour les marins, la
ments qu’il ajoute au navire pour loger les captifs à la
durée du voyage étant plus longue pour eux).
place des marchandises troquées contre eux [3].
– Une fois vendus aux colons, leur sort dépendra
alors de leur affectation (esclaves domestiques ou Site à consulter :
esclaves des champs), de la mansuétude ou de la Nantes et la traite négrière aux 18e et 19e siècles
férocité de leurs maîtres [5 page 49 et 4 page 51]. http://www.chateau-nantes.fr/en/teachers/ressour-
ces_pedagogiques/bdd/theme/3

2. Réponse à la problématique
■ Le port de Nantes est le premier port négrier français. Le
Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 37

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3 Une plantation à Saint-Domingue
Situation

au 18e siècle pages 48-49

1. Réponses aux questions 1720 : 6 esclaves pour 1 Blanc


1764 : 12 esclaves pour 1 Blanc
Question 1 : Saint-Domingue, une « île à sucre » [2]
1789 : 15 esclaves pour 1 Blanc
■ Les Européens consommant de plus en plus de sucre,
Alors que la population blanche est multipliée par 7,
le sucre de canne seul permet de satisfaire la demande
celle des esclaves l’est par 220 ! En 1789, ils représen-
(on ne connaît pas encore le sucre de betterave). Mais
tent près de 90 % de la population de l’île…
la canne à sucre est une plante tropicale, que la France
ne peut cultiver que dans ses colonies antillaises. ■ Les deux tableaux sont à mettre en parallèle car la
production de sucre croît en même temps que le nom-
■ L’augmentation de la production de sucre (multipliée
bre des esclaves importés d’Afrique pour travailler
par 12) montre que des surfaces de plus en plus éten-
dans les plantations (sans compter celles de café,
dues sont consacrées aux plantations de canne à sucre
de coton et d’indigo). C’est au 18e siècle que l’im-
(à cette époque, la production n’augmente que si les
portation d’esclaves africains aux Antilles est la plus
surfaces augmentent) :
massive : 1,35 million.
– la production décolle au début du 18e siècle : elle
triple ou progresse de 200 % en 6 ans (1714–1720) ;
– ensuite elle double (progression de 100 %) dans Question 3 : Le système de la plantation, entre usine et bagne
les 23 années suivantes (1720-1743) [1 à 5]

– puis elle progresse régulièrement de 50 % dans ■ C’est une vaste exploitation agricole (200 à 300 hec-
chacune des deux tranches de 24 et 22 ans qui sui- tares en moyenne), propriété privée d’un planteur ou
vent (1743-1767-1789). « habitant », visant une rentabilité maximale grâce à
l’emploi d’une main–d’œuvre servile. Elle se caractérise
■ On peut facilement (faire) construire un graphique.
par :
■ On constate qu’en 1789, la production sucrière de
1. une organisation spatiale rationnelle (voir docu-
Saint–Domingue représente près de 80 % de la produc-
ment complémentaire sur le site compagnon)
tion sucrière totale des Antilles. En fait elle représente
aussi 50 % de la production mondiale de sucre et occupe – trois groupes de bâtiments séparés : la maison du
le 1er rang mondial à cette date. maître (propriétaire ou gérant appelé aussi régis-
seur) ou « grande case » implantée sur une hau-
teur et « au vent » pour ne pas subir les fumées
Question 2 : Une population de plus en plus fragmentée et et les effluves des usines ; les bâtiments industriels
déséquilibrée [2, 3, Atlas 9]
à proximité d’un cours d’eau et des cultures ; les
■ La fracture est multiple : « cases nègres » près des usines et des champs mais
– entre Blancs et Noirs ou métis pas trop éloignées de la surveillance du maître ;
– entre personnes libres et esclaves – les terres mises en culture (ici des pièces de
canne à sucre comme l’indique le plant de taille
– le pourcentage d’affranchis reste faible par rap-
non réaliste sur la gauche), les jardins vivriers, les
port au nombre d’esclaves (il ne cesse de diminuer
pâturages pour le bétail.
de 1618 à 1764, de 10 % à 2,6 % pour remonter à
6 % à la veille de la Révolution). 2. une structure très hiérarchisée : à sa tête, le
planteur ou régisseur ; sous ses ordres, le comman-
■ En un siècle, le rapport numérique s’inverse entre les
deur (un esclave, habillé différemment et toujours
deux groupes : de minoritaires, les Noirs deviennent
représenté avec un fouet) chargé de faire travailler,
largement majoritaires.
de surveiller et de punir les autres esclaves [5] ; les
1618 : 1 esclave pour 2 Blancs esclaves répartis en esclaves domestiques (les moins
1700 : 2 esclaves pour 1 Blanc mal traités), esclaves à talents (chargés de l’entre-

38

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tien des bâtiments, du matériel et des machines), 2. Réponse à la problématique
esclaves à jardins, voués aux travaux des champs (les
■ Les « îles à sucre » des Antilles sont précieuses pour
plus mal lotis).
l’économie de la métropole, notamment l’île de Saint–
3. des conditions de vie et de travail d’une extrême Domingue, la plus vaste, la plus peuplée et la plus ren-
dureté [4] : la pénibilité des tâches dans les sucreries table des colonies françaises pour la métropole. Les
et dans les champs de canne entraîne une très forte colons y ont développé la culture du café et surtout
mortalité ; l’épuisement nuit à la fertilité et les rares de la canne à sucre dont les productions alimentent les
accouchements se passent mal (démographie défici- marchés européens. Fonctionnant grâce à une main-
taire des esclaves qui « explique » le recours croissant d’œuvre servile, propriété des planteurs et soumise au
à la traite). Code noir, les plantations profitent à leurs propriétaires
et à la métropole tant que durent la traite et l’escla-
Document commenté + support d’exercice sur le vage.
site compagnon.

3. Démarche proposée
Question 4 :
L’insurrection de Saint–Domingue [1 à 6, Atlas 10] 1. L’essor des colonies : esclaves et plantations :
contexte, évolution de la population et de la produc-
■ De 1791 à 1793, Saint–Domingue est en proie à une tion [2 et 3, Atlas 9]
révolte générale des esclaves [chronologie + Atlas 10]
qui éclate le 22 août 1791 (les colons ayant rejeté le 2. Une organisation au service de la production :
décret du 15 mai 1791 accordant les droits de citoyens organisation de l’espace et du travail [1, 4 et 5]
aux hommes de couleur nés de père et mère libres 3. Un système impitoyable mais menacé : pénibilité
[Essentiel en image page 55]). du travail, châtiments, révoltes [4 à 6, Atlas 10]
■ Le texte-titre (« Histoire de ses révolutions »), l’in-
troduction et l’image se complètent dans une vision
très négative des événements (point de vue du colon) : 4. Informations
on visualise les scènes d’émeute (meurtres de Blancs complémentaires
par des esclaves noirs munis de machettes, nombreux Document 1 : Plantation idéale aux Antilles
foyers d’incendie, fuite des Blancs toutes générations
confondues…). (voir document complémentaire sur le site compa-
gnon)
■ Les conséquences de cette révolte sont multiples :
À mettre en relation avec le document 5 page 54.
– l’économie de plantation est durement touchée ;
– les structures de la société sont bouleversées : dès
1793, les commissaires de la République sur place Document 5 : « Le châtiment des quatre piquets » de Marcel
ont pris sur eux de décréter l’abolition de l’escla- Verdier, 1843
vage, avant que celle–ci ne soit votée à Paris par la
Site à consulter :
Convention le 4 février 1794 [1, 3, 6 pages 50–51] ;
http://www.arte.tv/fr/Image–historique–du–
– la « perte de la colonie », pressentie par les obser- mois/2067252.html
vateurs dès le 1er septembre 1791 [7 page 51] est
effective en 1804.

Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 39

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Savoir-faire
Objectif

La première abolition
de l’esclavage en France
Étudier un événement pages 50–51

1. Introduction Question 2 : Des acteurs d’horizons différents


[5 et 6, Bio 2 et 3]
■ L’objectif est d’étudier un épisode important (et sou-
vent méconnu) de l’histoire non seulement du premier ■ L’identification des acteurs de cet événement révèle
empire colonial français mais aussi de la métropole les profonds changements politiques et sociaux qui
alors que la monarchie et l’Ancien Régime s’effon- sont en cours dans cette fin de 18e siècle :
drent. Il convient de replacer la première abolition de – les représentants du peuple français à la Conven-
l’esclavage dans le contexte politique et social de la tion nationale dont Lacroix (d’Eure–et–Loir) et le
Révolution française et de la proclamation de la Répu- « président » (Vadier, Buchot étant président par
blique, de leur impact dans les colonies. Il s’agit d’en intérim [3]).
rechercher – en métropole comme dans les colonies – les trois députés de Saint–Domingue : Belley est
– les facteurs déclenchants, les principaux acteurs, les un ancien esclave noir affranchi, Mills un mulâtre
répercussions pérennes ou provisoires, le qualificatif libre (et Dufay un colon blanc). Leur présence à Paris
« première » suggérant qu’il y en a eu une autre, donc à la Convention de février 1794 s’explique par le fait
que l’esclavage a été réinstauré… que les commissaires de la République dépêchés à
Saint–Domingue ont proclamé la République puis
prononcé de leur propre initiative l’émancipation
2. Réponses aux questions des esclaves à Saint–Domingue le 29 août 1793 et
organisé dans la foulée l’élection de députés à l’As-
semblée coloniale.
Question 1 : Un événement remarquable [1 et 3]
– les anti-esclavagistes comme l’Abbé Guillaume
■ Il s’agit de l’abolition de l’esclavage qui est pronon- Thomas Raynal (auquel il est fait allusion [7]),
cée par décret le 4 février 1794 (ou 16 pluviôse de sur le buste duquel Jean-Baptiste Belley, dans son
l’an II) par la Convention et met un terme à plus de somptueux costume de député, arborant les cou-
150 ans de servitude. leurs tricolores à la ceinture, s’appuie physiquement
et mentalement (le paysage au fond est celui de
■ La gravure montre l’enthousiasme et l’effervescence
Saint–Domingue).
suscités par l’événement : les bras, les chapeaux, les
épées, les enfants élevés vers la tribune ; les embrassa- ■ Les uns sont parisiens ou métropolitains, les autres
des, les gestes de fraternité ; l’assistance tout entière sont antillais. Les uns sont blancs, les autres noirs ou
tournée vers la tribune… métis.
La mixité parfaite de la foule (couleur de peau et cos-
tumes) impose de prendre du recul par rapport à cette Question 3 : Esclavagistes et antiesclavagistes
représentation de l’événement : le compte rendu des [1 à 7, 6 p. 49, Atlas 10]
débats mentionne l’assiduité d’une seule femme noire.
Il s’agit là d’une vision subjective qui traduit l’empathie
■Les acteurs engagés dans cette abolition se divisent
optimiste de l’auteur. entre partisans et opposants à cette abolition :
• parmi les esclavagistes : tous ceux qui craignent
■ Le texte officiel, daté et numéroté, signé par les pour leur prospérité (« la ruine totale » ; voir le
représentants du peuple à la Convention nationale, point de vue très négatif exprimé dans SAINT–
marqué du sceau de la République, donne tout son DOMINGUE ou HISTOIRE DE SES RÉVOLUTIONS
sens à la gravure. [6 page 49])
40

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– à Saint–Domingue et dans les colonies : les colons ■ Mais cette abolition sera très peu appliquée :
(planteurs, régisseurs) et tous les notables ; – les directives circulent mal ou sont tues
– en métropole : les propriétaires absents de leurs – la Martinique est sous domination anglaise en
domaines (les Dolle habitent Grenoble) et ceux qui 1794
tirent profit de la traite (armateurs, négociants, – les colonies de l’océan indien sont « verrouillées »
fabricants de marchandises de traite, spéculateurs). par les colons…
• parmi les antiesclavagistes : tous ceux qui prô-
nent les droits de l’homme (« la postérité aura un
■ Bonaparte fera tout pour sauvegarder les intérêts
grand reproche à nous faire ») économiques des planteurs et rétablira l’esclavage
en 1802 : cela explique l’emploi de « première ». La
– à Saint–Domingue : les esclaves eux–mêmes
deuxième et dernière sera prononcée en 1848 (voir
(l’insurrection de Saint–Domingue démarre le
référence dans le [6] à Victor Schoelcher).
21 août 1791 avec plusieurs dizaines de milliers
d’entre eux) ; les représentants élus à l’Assemblée
coloniale (Belley, Mills, Dufay…) ; des chefs militai-
3. Informations
res comme Toussaint–Louverture (source du [6])
complémentaires
– en métropole : les députés de la Convention ; les
philosophes dont les auteurs de l’Encyclopédie et Document 5 : Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Domingue
à la Convention. Commentaire complet du tableau sur le site
des ecclésiastiques comme l’Abbé Raynal ou l’Abbé
de L’Histoire par l’image.
Grégoire ; les membres de la Société des Amis des
Noirs [6 page 54]
Consulter le site : http://www.histoire–image.org/
■ Ils agissent dans le contexte « français » du renverse- site/etude_comp/etude_comp_detail.php?analyse_
ment de l’Ancien régime, des Lumières et de la Déclara- id=737
tion des Droits de l’Homme et du citoyen (toujours pas
appliquée dans les colonies 5 ans après). Repérer les
termes : « Révolution, Constitution du peuple français, Document 7 : La colère du régisseur des Vazes
République française, députés, Convention nationale, ■ Voici la prédiction, exprimée par l’Abbé Raynal en
Constitution et Droits de l’Homme » (panneaux derrière 1780 dans son ouvrage L’Histoire philosophique et poli-
la tribune [1]). tique des établissements et du commerce des Européens
■ Mais il faut considérer aussi le contexte social local dans les deux Indes et que le régisseur des Vazes lui
(à Saint–Domingue et ailleurs) : reproche : « Où est-il ce grand homme que la nature
– les exactions (coups, amputations, exécutions…) doit à ses enfants vexés, opprimés, tourmentés ? Où
commises sous couvert du code noir poussent les est-il ? Il paraîtra, n’en doutons pas ; il se montrera,
esclaves au marronnage ; il lèvera l’étendard sacré de la liberté. [...] Tous les
tyrans deviendront la proie du fer et de la flamme. [...]
– les esclaves représentent entre 80 et 90 % de la
Alors disparaîtra le code noir. »
population des colonies ; reclus dans des « habita-
tions » très dispersées, ils ont peu l’occasion de se ■ Voici une autre prémonition, celle de l’Abbé Gré-
rencontrer pour s’organiser, ce qui n’est pas le cas goire qui prédit dans sa Lettre aux philanthropes sur
des bandes de marrons (de l’espagnol cimarron : les malheurs, les droits et les réclamations des gens de
fugitif, sauvage), prêts à tout pour conserver leur couleurs de Saint-Domingue et autres îles françaises de
liberté, qui sèment la panique chez les colons. l’Amérique, publiée en 1790 : « Un jour, des députés de
couleur franchiront l’Océan pour venir siéger dans la
Diète nationale. »
Question 4 : Une abolition provisoire [3, 6 et 7]

■ Cet événement a des répercussions politiques et


sociales considérables :
– près de 700 000 esclaves vont retrouver la liberté
– ils vont aussi devenir des citoyens français
jouissant de tous les droits assurés par la consti-
tution.

Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 41

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L’essentiel pages 52 à 55
Document 4 : Principales nations négrières

Ces chiffres révèlent la prépondérance du Portugal,


1. En marge pages 52 et 54 c’est-à-dire du Brésil dans la traite négrière. Le trafic
s’exerçait en droiture d’Afrique en Amérique du Sud
Document 1 : L’empire colonial français en 1763
(ce qui explique la place minime de Lisbonne [1 page
La date de 1763 est celle du Traité de Paris (fin de la 46]). En revanche, le nombre de captifs déportés par
guerre de Sept ans entre les Français et les Anglais) les Anglais concorde avec le nombre de campagnes de
qui voit l’empire colonial français se rétracter consi- traite parties des ports anglais, qui occupent les trois
dérablement. premières places en Europe [1 page 46]. Les Espagnols
sous-traitaient leurs « commandes » de captifs aux
La France conserve ses possessions tropicales (mer des autres Européens (système de l’asiento), ce qui fait
Caraïbes et océan Indien) dont les « isles à sucre », et que les ports espagnols n’ont pas organisé beaucoup
en particulier Saint–Domingue qui se détache par sa de campagnes de traite.
superficie : plus de 10 fois celle de l’Île Bourbon, la 2e
par le rang !
Document 5 : Le « saladier aux esclaves »
L’absence de la Guyane s’explique par la faiblesse du
territoire alors maîtrisé, que la France n’arrive pas à Ce plat, originaire de Montreuil–Bellay (au Sud de Sau-
peupler, et qui se limite à « l’île » de Cayenne. mur) et daté de 1785, célèbre (vocabulaire élogieux)
les bienfaits des « îles de l’Amérique », c’est–à–dire
des Antilles. Il représente trois scènes de la vie quoti-
Document 2 : Coupe schématique d’un navire négrier dienne dans les plantations de canne à sucre (présente
Cette coupe permet de visualiser les compartiments orga- en pied ou en fagots) :
nisés sous le pont du navire et de repérer leur affectation : – en haut, sur la droite, les bâtiments de la sucrerie
chambres, places ou parcs (pour des hommes !), matériel (avec au fond la silhouette d’un moulin à vent très
(la Sainte–Barbe, toujours proche de l’espace réservé aux « hollandais ») ; sur la gauche un groupe de deux
officiers, renferme les armes et la poudre), vivres. femmes (l’une allaitant un enfant, l’autre s’occu-
pant d’une tige de canne) et un homme en train de
À mettre en relation avec [1 page 42, 3 page 46, 4 couper les cannes ;
et 5 page 47].
– au milieu, six esclaves maniant une sorte de houe,
préparent la terre pour la culture, plus ou moins en
Document 3 : Blason de la Compagnie française des Indes cadence sous la surveillance du commandeur (qui
indique le rythme ?) ;
C’est le premier blason de la Compagnie des Indes
– en bas, près des cases nègres, un autre comman-
orientales (ou Compagnie de Colbert), créée en 1664
deur est en train de donner des coups de fouet à un
et première compagnie de même nature que les Com-
esclave (application des châtiments du code noir).
pagnies des Indes hollandaise et anglaise.
« ARTICLE XLII : Nous avons accordé à la dite Compagnie
de prendre pour ses armes un écusson de forme ronde, Document 6 : Le cachet de la Société des Amis des Noirs
le fond d’azur chargé d’une fleur de lys d’or, enfermé de Ce cachet (ou tampon) représente un Noir enchaîné,
deux branches, l’une de palme et l’autre d’olivier, join- les fers aux pieds et aux mains, et agenouillé, qui
tes en haut, et portant une autre fleur de lys d’or, pour interpelle directement chacun de ceux qui nient en
devise, Florebo, quocumque ferar* [...] desquelles armes lui toute humanité. Il existe avec un autre texte : NE
la dite Compagnie se pourra servir dans ses sceaux et SUIS–JE PAS TON FRÈRE ? (la formule anglaise mêle les
cachets, et les faire apposer sur ses canons, vaisseaux, deux questions).
édifices et partout ailleurs qu’elle avisera. »
Inspirée de la Société des Amis des Noirs qui existe
Plus tard, le blason de la Compagnie perpétuelle des depuis longtemps en Angleterre, la Société des Amis
Indes (1719–1769) aura pour support deux figures, des Noirs, créée à Paris en 1788 par Brissot et Cla-
l’une de paix et l’autre de l’abondance. vière, a surtout pour objet l’abolition de la traite (elle
* « Je fleurirai partout où je serai portée » considère plus réaliste de différer l’abolition de l’escla-

42

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vage à une génération suivante). En 1789, elle compte
Éléments Interprétation
141 membres, parmi lesquels des personnalités telles
que Mirabeau, Condorcet, Lafayette, l’abbé Grégoire, A gauche : les démons de La société de l’Ancien
le duc de La Rochefoucauld, Olympe de Gouges, Son- l’aristocratie, de l’avarice, Régime et ses méfaits
de l’injustice et de
thonax (qui abolira de son propre chef l’esclavage à
l’insurrection
Saint–Domingue en 1793), Lavoisier… Elle diffuse des
brochures contre la traite et l’esclavage où elle avance Au centre : la Nature aux L’esprit des Lumières qui
des arguments visant à démontrer l’absence de ren- 14 mamelles, couronnée bouscule les anciennes
de fruits, qui expulse les valeurs et instaure un
tabilité de l’économie de l’esclavage. La Société des
démons de l’outre sur nouvel ordre des choses,
Amis des Noirs.
laquelle elle est assise ; au nom du progrès social
Elle se heurte au groupe de pression des colons (le la Raison, dotée du feu
« club Massiac »), hostile au principe de l’unité de la sacré de l’amour de la
loi en métropole et dans les colonies et refusant l’ap- patrie, met à niveau le
plication de l’égalité des droits de citoyens entre les soldat et l’homme de
mulâtres libres et les Blancs. Ce club qui comprenait couleur ; deux textes : la
Déclaration des droits de
à l’origine 70 membres, propriétaires à Saint-Domin-
l’homme et du citoyen et
gue ou aux Petites Antilles, compta jusqu’à plus de le décret du 15 mai 1791
400 membres en 1791 lors du débat à l’Assemblée sur qui accorde les droits de
les colonies. citoyen aux hommes de
http://www.assemblee–nationale.fr/histoire/Escla- couleur nés de père et de
mère libres ; au-dessus
vage/abolition.asp
d’eux : le triangle
http://www.histoire–image.org/site/etude_comp/ égalitaire incarnant
etude_comp_detail.php?analyse_id=729 l’« Être suprême » dans
son rayonnement
(marqué de l’emblème
2. Essentiel en image pages 53 et 55 de la royauté).
1. La traite des Noirs À droite : une corne Les bienfaits d’un régime
Cette iconographie (peinture sur verre qui représente d’abondance qui déverse et d’une société fondés
des fruits, au pied d’un sur la liberté, l’égalité et
une reconstitution) permet de retrouver les principaux
bananier la fraternité
éléments d’une des trois étapes du commerce triangu-
laire, celle de la « cueillette » :
– le cadre : côtes d’Afrique (Dakar permet d’identifier La citation « Les mortels sont égaux… » est tirée de
le comptoir français de Gorée, abritant aujourd’hui la tragédie de Voltaire, Le Fanatisme ou Mahomet le
la « maison de l’esclave », lieu de mémoire emblé- Prophète, écrite en 1736 et jouée en 1741 (Acte I,
matique) ; les deux navires négriers battant pavillon scène IV), où le philosophe dénonce l’intolérance du
français ; catholicisme sous couvert d’islam.
– les acteurs : négriers africains et français ; captifs
africains enchaînés attendant d’être embarqués ;
– les marchandises de traite : étoffes, armes, sucre,
alcool.

2. Les mortels sont égaux…

Le texte qui accompagne la gravure aide à repérer les


éléments qui la composent. Il s’agit de les analyser
pour les interpréter.

Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 43

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Angle
Grand

Sur les traces des Noirs marrons… pages 56–57

1. Introduction cloisonné de cette île volcanique procurait des refuges


aux fugitifs, vivant de cueillette et de chasse, parfois
Le titre suggère autant des pistes à suivre que les mar-
pendant de nombreuses années.
ques d’une histoire complexe et douloureuse à repérer
et à interpréter. Au bout de l’enquête, des popula- On peut confronter cette carte avec les autres cartes
tions, un patrimoine visible dans le paysage ou sen- du manuel [3 page 43, 5 et 6 page 127].
sible à travers des traditions culturelles vivaces, un
patrimoine présent dans les territoires d’outre-mer
mais aussi en métropole. Et une fenêtre ouverte sur la Question 3 : Nèg’marron d’hier et d’aujourd’hui [3, 4]
France créole…
Les paroles de la chanson du groupe « Nèg’marrons »
font des allusions directes à l’histoire de l’esclavage :
2. Réponses aux questions « Nègre, mulâtre ou noir ébène » (captifs africains) ;
« tous du même bateau », « séparés soudain » (dépor-
Question 1 : Le peuple des Boni [1]
tation d’Afrique) ; « Nèg’marron » (résistance par la
Les Bonis sont des « descendants d’esclaves africains », fuite) ; « coups de fouet, coups de bâton », « cicatri-
et surtout de « groupes de marrons ». Leur nom est ces », « j’boîte à cause du jarret qui m’ont coupé jadis »
celui d’un « chef marron ». Les Bonis qui n’ont jamais (brutalité et châtiments du code noir ; cf. « Le nègre
signé de traité de paix avec les autorités coloniales du Surinam de Voltaire) ; « un jour viendra… justice »
hollandaises, se sont implantés en Guyane hollandaise (abolition).
(actuel Surinam) et française, de part et d’autre du
fleuve Maroni et disposent d’un territoire le long du L’affiche du film « Nèg’maron » rappelle aussi l’histoire
Lawa depuis 1860. Issus « d’ethnies différentes », ils de l’esclavage : l’image floue de cet homme au torse
se sont construit une « identité » propre à travers le dénudé qui court évoque la course des esclaves en
marronnage et l’isolement de leur communauté. fuite ; les expressions « ni chaines aux pieds, ni chai-
nes dans la tête » résument les aspirations des escla-
La gravure illustre leur cadre de vie : les rivières guya- ves, marrons ou pas.
naises et leurs rapides ou « sauts », ainsi que la chasse
et la pêche (à l’arc) qui assuraient la survie de ces Ici, c’est la musique et le cinéma qui servent de lien
isolats humains, réfugiés dans la forêt équatoriale. avec le passé.

Question 2 : Une toponymie chargée d’histoire [2]


Question 4 : Lewoz et gowka [5, 6]
Les noms de lieu à la Réunion sont révélateurs de la
dichotomie entre deux mondes à la fois géographiques La tradition évoquée ici est celle des veillées au son
et culturels. du tambour, autrefois dans les plantations de canne
à sucre des Antilles, de nos jours dans la région pari-
Les villes du littoral portent toutes des noms de
sienne. L’association Ka Maniok a repris l’appellation
« saint » ou de « sainte » ; ils révèlent le poids de la
« lewoz » pour désigner la fête nocturne qu’elle orga-
religion catholique dans les colonies. (On le retrouve
nise chaque année à la même période, un vendredi.
mais dans une moindre mesure dans les colonies fran-
Ces « lewoz », un temps oublié, ont repris depuis que
çaises des Antilles).
l’évocation de l’esclavage n’est plus un tabou. Ils font
Les appellations des terres de l’intérieur portent des obligatoirement appel à des percussions, les tambours
noms malgaches, hérités de l’histoire de l’esclavage et appelés gwoka », issus de tonneaux appelés « gros
du marronnage : le relief particulièrement escarpé et quarts » (il était interdit de creuser des troncs d’arbre).
44

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Mais le gwoka offrait aussi un moyen de communiquer
avec les « nèg’chappés », des marrons.
Au cours de ces soirées, chants, musiques et danses,
transmis de génération en génération, resurgissent du
passé et inspirent les artistes d’aujourd’hui.

Question 5 : Des passerelles entre le passé et le présent

Doc. Lieux Domaines Liens

1 Guyane Anthro- Identité d’un


pologie, peuple, ancré
ethnologie, dans le même
sociologie territoire

2 Réunion Géographie Toponymie


actuelle
héritée
du marronnage
3 Métropole Musique Musiques
et paroles
inspirées de
l’histoire de
l’esclavage et
du marronnage
4 Guadeloupe Cinéma Assimilation
des rébellions
d’hier
et
d’aujourd’hui
5 et Antilles Musiques, Veillées dans
6 (Guadeloupe, chants, les plantations
Martinique) danses esclavagistes
des Antilles et
soirées pour
les Antillais,
de métropole
aussi

3. Réponse à la problématique
Voir réponse à la question 5.

Chapitre 3 ■ Le premier empire colonial français, du 16e au 18e siècle 45

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Chapitre
Chapitre

3
4 Les Lumières, la Révolution française
p

et l’Europe
Ouverture de chapitre pages 58-59

1. Commentaire du sommaire « le bonheur de la France est signé le 14 septembre 1791


par Louis XVI, premier roi constitutionnel des Français ».
Clôture des temps modernes et ouverture sur l’époque
contemporaine, ce chapitre guide l’élève sur les pas ■ Ce document peut être abordé comme document

des philosophes des Lumières et des révolutionnaires, d’ouverture mais aussi en deuxième position si l’on
nouveaux acteurs d’un monde nouveau qui repose sur tient compte de l’ordre chronologique des documents
l’homme et ses droits naturels en ce dernier quart du de cette double page ou aussi en bilan de la séquence
18e, l’un des plus brillants de l’histoire européenne. pour ce qui concerne la France.
Il convient de donner à l’événement historique toute
sa place (nuit du 4 août) mais surtout de faire pren- Document 2 : La diffusion de l’électricité révolutionnaire
dre conscience à l’élève des permanences (les régimes
■ Cette gravure présente un sans-culotte maniant une
monarchiques en Europe) et des ruptures (la révolu-
tion française) qui influenceront les siècles suivants machine électrostatique et ses conséquences sur les
et le jeune citoyen qu’est le lycéen. souverains européens. L’étude de cette gravure peut
suivre deux axes, scientifique d’une part, politique
Les principes de liberté, d’égalité et de fraternité sont d’autre part.
les pivots des trois situations :
– Les travaux sur l’électricité de Volta, de Lavoisier
– liberté et égalité politique dans le combat mené et de Newton sont étudiés dans les académies des
par les philosophes contre l’absolutisme, sciences y compris à l’académie royale des scien-
– liberté de conscience, égalité et fraternité dans ces (Louis XVI y reçoit Franklin). La circulation des
leur lutte contre le fanatisme et pour la tolérance, estampes, des gravures et surtout des planches de
– liberté d’expression et égalité des droits dans les l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert rappelle
acquis de l’été 1789. que le Siècle des Lumières est aussi un siècle de
progrès techniques. Ces derniers ont permis aux
Européens de partir à la conquête du monde et d’en
2. Analyse des documents répertorier toutes les richesses.
Document 1 : Le jeu de l’oie révolutionnaire
– Le sans-culotte (avec son bonnet phrygien bien en
vue) contribue à sa manière aux progrès de l’huma-
■ Dans le but d’instruire le peuple, le jeu de l’oie reproduit
nité en apportant aux peuples européens les acquis
l’enchaînement des épisodes révolutionnaires et la rup- de la Révolution française (la Déclaration des droits
ture avec l’Ancien Régime. Sans entrer dans le détail des de l’homme, la Constitution républicaine, la liberté,
63 cases, l’élève peut tout d’abord analyser les éléments l’égalité et la fraternité). Coalisées contre la républi-
hors du jeu proprement dit : les piques des sans-culottes, que française, les monarchies européennes et le pape
les banderoles tricolores et le bonnet phrygien, symbo- sont renversés par l’électricité révolutionnaire.
les de la nouvelle France contribuent à forger l’imaginaire
politique du peuple. Le parcours débute par la prise de
la Bastille et se termine par l’Assemblée Nationale. Les Document 3 : Salon de Madame Geoffrin
conquêtes de la nuit du 4 août sont largement représen-
■ Les salons, au même titre que les académies litté-
tées par le permis de chasser important pour améliorer
raires, jouent un rôle important dans la diffusion des
l’alimentation (3), l’abolition des droits féodaux (8), de la
idées philosophiques. Assistaient à ces réunions, orga-
dîme (10), de la corvée (17). Cependant celle-ci ne figure
nisées essentiellement par des femmes de la noblesse,
pas explicitement contrairement à d’autres événements
les élites culturelles des Lumières, des nobles libéraux
politiques comme le retour du roi à Paris (21) et son
ou des avocats mais peu de représentants de la bour-
arrestation à Varennes (60). La personne du roi est éga-
geoisie économique.
lement évoquée dans la vignette sous le bonnet phrygien
46

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■ Ce salon avec les tableaux de Boucher ou de Greuze teur Pigalle. Ils assistent à la première lecture d’une
fait figure de petit musée. Outre les philosophes repé- tragédie de Voltaire, L’Orphelin de la Chine, en 1755.
rés par des vignettes sont présents des savants comme (La Révolution française et l’Europe, 1789-1799, Édi-
Buffon, Fontenelle et La Condamine, des hommes d’État tions de la Régie Nationale des Musées, Paris, 1989.)
comme Turgot et Malesherbes, mais aussi Vaucanson le
créateur d’automates, le musicien Rameau et le sculp- Document commenté sur le site compagnon.

3. Démarche et parcours possibles

Exemple d’organisation sur la base d’une séquence


de quatre heures (on est libre d’élaborer une
séquence plus courte).
Séance 1 = Partie 1 Tout le corpus En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être
Séance 2 = Partie 2 Tout le corpus traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-
pages (voir tableau).
Séance 3 = Partie 3 Situation 3
Séance 4 = Partie 4 Situation 2 ou Situation 3 ou
Savoir-Faire

franc-maçonnerie,
France avant 1789
Contenu du chapitre

fille des Lumières


La nuit du 4 août
la Cour de Russie

et protestants en
Situation 2 Juifs

Grand Angle La
philosophes et

La Déclaration
des droits de
l’homme, …
Savoir-faire
Diderot, les
Situation 1

Situation 3
Ouverture

1789

Atlas
Plan de l’essentiel

Lancement +

Partie 1 : La diffusion des Lumières


a. qu’appelle-t-on les Lumières ? + + + + + +
b. les théories politiques des Lumières + + +
c. leurs moyens de diffusion + + +

Partie 2 : Une société en ébullition


a. une société inégalitaire et intolérante + + + + +
b. une société revendicative + + + + + +

Partie 3 : La Révolution en marche


a. 17-20 juin : une révolution politique + + +
b. 14 juillet-4 août : une révolution populaire + +
c. après le 4 août : une révolution sociale + +

Partie 4 : L’héritage des philosophes et des révolutionnaires


a. la fin de l’Ancien Régime + +
b. une France nouvelle + + + +
c. une portée universelle + +

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 47

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1 Diderot, les philosophes
Situation

et la Cour de Russie pages 60-61

1. Réponses aux questions bitraire royal [1] et reproche à l’absolutisme français


de reposer sur la loi du plus fort, « autant que la force
Question 1 : L’Europe politique au 18e siècle
[1, 3 et 4, bio 8, Atlas 11 et 14] de celui qui commande… ».
■ Montesquieu, l’auteur de L’Esprit des lois, préconise
Système de
Caractéristiques de limiter la toute puissance du roi avec « le principe
gouvernement
Angleterre Monarchie Séparation des de la séparation des pouvoirs » [4 + bio 20].
tempérée pouvoirs [4] Les deux philosophes ne remettent pas en cause le prin-
[Atlas 11] cipe monarchique, mais ils dénoncent les excès de l’ar-
France Monarchie Roi décide seul « mon bitraire royal et s’engagent pour la défense des droits
absolue château », « de ma naturels. Séduits par le modèle anglais et sensibles au
[Atlas 11] part » [1] (+ bio.18) ; précédent américain en matière des droits de l’homme,
portrait de Louis
ils sont favorables à une monarchie tempérée.
XVI page 62 avec
les attributs de la
monarchie
Question 3 : Les « rois philosophes »
Russie Monarchie Despotisme éclairé, [1, 4 et 5, bio 25, atlas 11 et 14]
absolue influence des
[Atlas 11] ou philosophes [4], ■ Les philosophes des Lumières influencent les monar-

autocratie [4] souverains lettrés, ques européens sur le plan politique [3], administratif
modernisation de [4] et culturel [Atlas 11 et 14]. La seconde phrase du
l’administration texte établit un lien direct entre L’Esprit des lois et le
[4] mais privilèges Nakaz. Les souverains aiment se faire représenter en
accordés à la noblesse train d’écrire et entourés de livres [5]. Ils s’appuient
et maintien voire
sur la raison et le progrès scientifique – Catherine II a
augmentation du
lu Quesnay [4]. Les écrits des philosophes sont diffu-
servage [bio. 8]
sés dans toute l’Europe par l’intermédiaire des salons
■ La mise en relation des cartes [3 et atlas 11] mon-
[3 page 59], des bibliothèques, des académies royales
tre pour l’une la situation minoritaire de la monarchie [Atlas 14] ou des loges maçonniques [3 p. 72]. La
parlementaire anglaise qui s’est réformée un siècle circulation des idées des Lumières est aisée au sein
plus tôt (Glorieuse révolution de 1688) et pour l’autre d’une Europe où depuis les universités médiévales, les
la situation paradoxale de la monarchie absolue fran- intellectuels communiquent dans la langue française,
çaise héritière de Louis XIV (non influencée par le langue des élites. Les cours royales de Prusse et de
despotisme éclairé et pourtant patrie de Montesquieu Russie où sont reçus, entre autres, Voltaire et Diderot
et de Diderot). Les deux plus anciennes monarchies sont le théâtre d’expériences menées par les despotes
européennes présentent deux modèles politiques dif- éclairés surtout sur la modernisation des États et sur
férents. l’éducation.
Il est possible de montrer les liens entre Humanisme et
Question 2 : L’absolutisme contesté par les philosophes
Lumières à l’aide des cartes [3 page 12, Atlas, 1, 11
des Lumières [2 et 4, bio 14 et 20]
et 14].
■ Diderot penche pour une monarchie tempérée par

« le consentement de la nation » [2 + bio 14], source


de l’autorité politique. Cet article s’appuie sur des Question 4 : Despotisme éclairé, entre idéaux et réalités
[4 et 6]
références essentielles de la philosophie des Lumières
comme « nature », « liberté » et « raison ». L’auteur de ■ Les limites sont celles posées par les souverains eux-

la Lettre sur les aveugles fut lui-même victime de l’ar- mêmes [6], par les contraintes locales [4 et 6]. Les

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despotes éclairés ne concèdent aucune nouvelle liberté 4. Informations
à leurs sujets notamment aux paysans et craignent complémentaires
pour leur couronne [6]. Ainsi Catherine II, admiratrice
de Voltaire, n’a pu transformer les mœurs politiques et ■ Document 2 : L’Encyclopédie, rédigée entre 1751 et
sociales de la Russie notamment en ce qui concerne le 1772, compte une trentaine de volumes regroupant
servage et le pouvoir de la noblesse [6] : « elle adap- 70 000 articles et 3000 gravures ; elle fut vendue à
tait leur effort à ses propres conceptions » [4]. On voit 30 000 exemplaires en Europe. Elle est le symbole de
que des rapports complexes unissaient les philosophes la collaboration de plus de 125 intellectuels européens
des Lumières aux despotes éclairés et que des guerres pour remettre en cause les certitudes des siècles pas-
seront menées par ces mêmes « rois philosophes » à la sés et défendre un savoir fondé sur la raison et les
France révolutionnaire [6]. sciences [2 page 30].
En 4e, les élèves ont souvent abordé l’Encyclopédie par
l’intermédiaire d’une planche scientifique ou techni-
2. Réponse à la problématique que. Cet article de Diderot montre qu’elle traitait aussi
de sujets philosophiques, artistiques ou politiques.
■ Les théories politiques des Lumières ont influencé
Les travaux de l’Encyclopédie ne sont pas sans rappeler
différemment les monarchies européennes. S’inspirant ceux des humanistes (pages 19 et 25 ).
de la monarchie parlementaire anglaise, plus respec-
■ Document 3 et Atlas 11 : Frédéric II et Catherine
tueuse des libertés individuelles, les philosophes des
Lumières vont tenter de fléchir les monarques euro- II attiraient les philosophes en leur versant des pen-
péens vers plus de liberté et d’égalité, sans grand sions et en leur assurant leur protection. Ce fut le cas
succès cependant. Les despotes éclairés, même s’ils pour Voltaire qui entretint une correspondance avec
acceptent de moderniser leur État, se révèlent intran- le souverain prussien à partir de 1736, puis se rendit
sigeants sur leurs prérogatives lorsque leur pouvoir à Berlin en 1740 et 1743 et y demeura de 1750 à
est remis en question. En France, l’un des épicentres 1753, malgré lui les derniers mois. De même, Catherine
des Lumières avec Berlin, les philosophes critiquent la II échangea une nombreuse correspondance avec les
monarchie absolue. auteurs des Lumières. Si Bernadin de Saint-Pierre et
Casanova acceptèrent de se rendre à la cour de Russie,
d’Alembert et Rousseau déclinèrent l’invitation. Dide-
rot, auquel elle acheta sa bibliothèque, séjourna sans
3. Démarches proposées grand enthousiasme à Saint-Petersbourg.
1. L’Europe politique au 18e siècle [1 à 6, Atlas 11, ■ Document 4 et Atlas 14 : L’Angleterre ne séduit pas
bio 8 et 18] seulement sur le plan politique. On peut même parler
2. Les idées politiques des philosophes [2 et 4, d’une véritable anglomanie qui saisit les intellectuels
bio 4, 14, 20, 21 et 25, Atlas 11] européens dans le domaine philosophique avec Locke,
scientifique avec Newton, littéraire avec Shakespeare
3. Les limites du despotisme éclairé [3, 4 et 6, et même dans la vie quotidienne avec le succès des
bio 8] parcs à l’anglaise et des clubs où l’élite boit du thé.
ou bien : – R. Darnton, L’Encyclopédie, un best-seller des
Lumières, Édition Perrin, 1982.
1. Les théories politiques des philosophes [2 et 4,
– Les républicains des lettres, gens de culture et
bio 4, 14, 20, 21 et 25, Atlas 11]
lumières au XVIIIe siècle, Fayard, 1988.
2. Leur diffusion dans l’Europe du 18e siècle [3 à – M. Delon, Dictionnaire européen des Lumières,
6, Atlas 14] PUF, 1997.
3. Leur influence sur les monarchies européennes – « Liberté ! La révolution des Lumières », L’Histoire
[4 et 5, Atlas 11, bio 8 et 18] n° 307, mars 2006.

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 49

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2 Juifs et protestants en France avant 1789
Situation

pages 62-63

1. Réponses aux questions combat des Lumières bâti sur la raison « juge raison-
nable » contre les préjugés des juges reposant sur
Question 1 : Des minorités religieuses exclues et persécutées
« l’illusion » et le « fanatisme » des religieux. Voltaire
[1 à 6, bio 18]
présente comme un fait établi l’hostilité du peuple de
■ Le portrait de Louis XVI peut être exploité en tran- la rue à l’égard des non catholiques (« le fanatisme
sition avec la situation précédente. Le souverain de du peuple »). Cette affaire est révélatrice, d’une part
droit divin porte le collier et la croix de l’ordre du du sort réservé aux protestants, et d’autre part de
Saint-Esprit et la main de justice repose près de sa l’engagement des philosophes des Lumières, particu-
couronne. Dans une France où la religion catholique lièrement de Voltaire contre l’intolérance religieuse.
est la religion officielle, il est difficile, du fait des pra-
tiques clandestines, de chiffrer exactement les non
catholiques. Par ailleurs, les réalités et les statuts Question 3 : Vers l’égalité des droits et la citoyenneté
des juifs sont différents d’une région à une autre [6]. [2, 3 et 7]
Le point commun entre les juifs (environ 40 000) et ■ Au milieu du 18e siècle, 800 000 Français ne sont
les protestants (700 à 800 000) est d’être maintenus pas catholiques et n’ont donc pas d’existence légale.
dans un état d’infériorité, soumis à des lois particu- En 1784 Louis XVI supprime la taxe corporelle pour les
lières (lieu de résidence bien défini pour les juifs), juifs et demande en 1787 à Malesherbes de s’occuper
des réglementations discriminatoires (couleur jaune du sort des communautés juives. L’Édit de 1787 bien
des vêtements) et des taxes spéciales comme la taxe que comportant des connotations négatives comme le
corporelle [3 et 4]. Ils ne sont reconnus ni en tant terme « sectes » constitue à la fois un point de rupture
que membres d’une communauté religieuse ni en tant avec la politique précédente [1] et un point de départ
que sujets de droit. Leurs religions étaient réprouvées pour une lente reconnaissance de l’existence civile
[5]. Ainsi, depuis la révocation de l’Édit de Nantes en des protestants. Cet édit va permettre la régularisa-
1685, les protestants résistent passivement en n’allant tion officielle de milliers de mariages et de baptêmes
pas la messe ou activement en assistant à des offices réalisés lors des assemblées du Désert. Ces deux édits
clandestins en plein air [5]. Assister à ces assemblées royaux voient la situation des juifs et des protestants
du Désert était passible de galères pour les hommes et évoluer favorablement, sur le plan humain et social,
de prison pour les femmes. mais l’exercice du culte leur est toujours interdit
(d’où les guillemets de cet édit dit de tolérance). Le
roi demeure, selon la formule consacrée, le lieutenant
Question 2 : Le combat des Lumières contre le fanatisme
de Dieu et dans une France encore profondément reli-
et pour la tolérance [1, bio 25]
gieuse la religion catholique « jouira, seule, dans notre
■ Voltaire met en avant l’idée de tolérance (terme Royaume, des droits et des honneurs publics ». Ces
utilisé par le vitrier [4] et repris dans l’édit de 1787 édits traduisent l’évolution des mentalités à l’égard
[7]). de ces minorités religieuses moins de dix ans avant
■ Il commence par un argument mathématique (une la Révolution française et l’engagement des philoso-
seule voix) puis il remet indirectement en cause la phes comme Voltaire et Diderot qui ont œuvré pour
partialité des juges dont certains « pénitents blancs » le progrès de la tolérance religieuse dans la société
sont catholiques et profondément hostiles aux protes- française.
tants surtout depuis la révocation de l’Édit de Nantes
en 1685. Selon le philosophe, Calas était condamné
d’avance parce que protestant. Les juges n’ont pas 2. Réponse à la problématique
retenu les éléments favorables à Calas (propos de ses
■ Dans la France de l’Ancien Régime dirigée par un
enfants, pas de témoin oculaire). L’attitude coura-
monarque absolu de droit divin, la confusion est
geuse de Calas à l’instant de sa mort renforce selon
grande entre État et Église, entre monarchie et catho-
le philosophe son innocence. Voltaire symbolise le
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licisme. Cependant, la situation des non catholiques baptêmes des protestants sur les registres de l’état
évolue vers plus d’égalité et de fraternité au nom de civil. En décembre 1789, les protestants obtiennent
la liberté de conscience et de l’esprit de tolérance l’accès à toutes les charges publiques.
défendue par les philosophes des Lumières. Préconisée ■ Document 6 : Les juifs sont généralement interdits
par les philosophes des Lumières, l’émancipation des
de professions libérales et de propriétés terriennes. Ils
juifs et des protestants se fait progressivement tout
sont souvent colporteurs, maquignons. Il faut noter
d’abord sur le plan social puis sur le plan religieux. La
des différences sociales et de statuts entre les diffé-
Révolution française, et notamment l’article X de la
rentes communautés. Par exemple, les juifs ashkena-
déclaration des droits de l’homme et du citoyen, don-
ses d’Alsace et de Lorraine [3] sont jugés inassimila-
neront un coup d’accélérateur à leur intégration dans
bles. Cependant à Metz où réside la plus importante
la société française.
communauté juive du royaume, les juifs peuvent exer-
cer librement leur culte. Dans le Sud-Ouest de la France
les juifs sépharades disposent de lettres patentes et
3. Démarche proposée participent aux élections des États Généraux. Lors
1. La France, une monarchie de droit divin [2 à 4] de la Grande peur en septembre 1789, des scènes de
pogrom se déroulent en Alsace et en Lorraine ce qui
2. La situation des non catholiques [1, 3 à 6, 1 page
tend à prouver que l’esprit de tolérance progressait
72]
fort lentement dans les mentalités paysannes.
3. La lutte contre l’intolérance religieuse [1, 3 et 7]
■ Documents 1, 4 et 7 : Des personnages influents,

comme La Fayette, Malesherbes et l’abbé Grégoire,


ont usé de leur influence pour que soient reconnus les
4. Informations
droits et libertés des minorités religieuses (article X de
complémentaires la Déclaration des droits de l’homme et carte à jouer
page 69).
■ Document 5 : L’appellation « assemblée du Désert »

(en référence à l’épisode biblique de l’Exode) carac- – « Les juifs en France, reconnus ou persécutés
térise la vie religieuse des protestants après l’Édit de depuis 2000 ans », Historia thématique n° 87, jan-
Fontainebleau (1685) jusqu’à l’Édit dit de tolérance, fév. 2004.
promulgué en 1787 et appliqué en 1788. Cette période – « Juifs de France », Les collections de l’Histoire
de plus d’un siècle est divisée en deux temps : Hors-série n° 10, janvier 2001.
– de 1685 à 1760, conversions forcées, persécu- – D. Roche, « Les protestants : leur histoire, leurs
tions et résistance (révolte des Camisards) mais valeurs, leur influence », Historia thématique
aussi exil de plus d’un quart des Huguenots (surtout n° 109, sep.-oct. 2007.
des industriels, des négociants et des artisans) vers – Musée du Désert dans les Cévennes : http://
les Pays-Bas et les États allemands ou l’Amérique museedudesert.com
du Nord. – Article « Réfugiés » dans L’Encyclopédie de Diderot
– après 1760, une répression moindre ; refus cepen- et d’Alembert.
dant de certains prêtres d’inscrire les mariages et les

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 51

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3 La nuit du 4 août 1789
Situation

pages 64-65

1. Réponses aux questions ■ Les articles 4, 6 et 15 énoncent les injustices suggé-

rées sur la gravure. L’article 9, qui peut sembler minime


Question 1 : Des inégalités liés à la naissance [1]
aujourd’hui, revêt une très grande importance dans un
■ Cette gravure dénonce l’inégalité de la société à monde rural où les produits de la chasse et de la pêche
ordres de l’Ancien Régime [1 page 68]. Les tenues ves- constituent un apport alimentaire non négligeable.
timentaires permettent de reconnaître le représentant L’article 17 donne une image quantitative de la société
de la noblesse qui, épée à la main, se tient sur la plus de l’Ancien Régime, le tiers état étant numériquement
haute marche comme sur un piédestal, puis celui du le plus important.
clergé sur une marche inférieure et enfin, au niveau
■ Ces doléances sont un témoignage des imperfections
de la terre le paysan dans une tenue sans apparat. Les
de la société française et reflètent les espoirs du tiers
deux premiers ordres sont proches l’un de l’autre et
état en matière d’égalité et de justice, ce qui peut être
leurs mains paraissent même se toucher au niveau de
mis en lien avec les idéaux des Lumières dont on peut
l’épée. On peut y voir l’alliance des deux ordres privi-
deviner l’influence dans les articles 2 et 17.
légiés, opposés au paysan qu’ils semblent chasser avec
l’aide des chiens. Certaines doléances sont illustrées sur les cases du jeu
de l’oie page 58.
■ Le paysan symbolise la masse paysanne qui est la

composante majeure du tiers état [1 page 68]. Il ploie


sous son fardeau constitué des outils et des produits Question 3 : Conjonction des crises et pression populaire
de son travail, symbole de son poids dans l’économie [3, 4 et 5, atlas 12 et 13]
du royaume mais aussi des charges qui pèsent sur lui
■ Le peuple manifeste son mécontentement par des
[2 page 68]. Le singe le fouettant en dit long sur le
mépris dont il est victime. Cependant, alors que les émeutes contre le pouvoir royal [3], par le vote de lois
deux autres personnages sont statiques, lui semble [4] contre la noblesse et le clergé ou par des émeutes
avancer, être en marche, « éclairé » par la flamme de sa paysannes contre les seigneurs [5]. Associés aux deux
bougie. Cette flamme, les nuages noirs dans le ciel, le premiers, ces documents révèlent que le mouvement
bonnet phrygien et la citation sous la gravure annon- populaire, parti d’une situation locale, va en s’ampli-
cent la révolution à venir. Cette gravure montre la hié- fiant tant sur le plan des participants que sur celui
rarchisation de la société et l’injustice de cette France de l’étendue des régions concernées. La lettre du mar-
d’Ancien Régime. quis de Ferrières relatant les actes commis pendant la
Grande Peur, le tableau présentant la journée des tui-
les à Grenoble ainsi que la prise de la Bastille [1 page
Question 2 : Revendications et espoirs du tiers-état [1 et 2] 66], décrivent l’irruption de la violence dans les villes
et les campagnes. Ces événements qui n’étaient ni pré-
■ Le titre de la gravure peut servir de lien. Les cahiers de
vus ni vraiment organisés s’enchaînent et s’accélèrent :
doléances, plus de 60 000 au total, notent noir sur blanc
l’expression « différentes motions se succèdent avec
ce qui est suggéré par la gravure à savoir l’inégalité,
rapidité » et la métaphore « torrent de la Révolution »
l’injustice ; ils traduisent l’espoir d’une amélioration du
rendent compte de l’effervescence qui règne dans l’As-
sort du tiers état, surtout pour la paysannerie soumise
semblée.
à des droits féodaux méprisants et lourds [3 page 68],
dont certains sont énumérés [voir aussi 5]. Les doléan- Comparer la prise de parole [4 page 65 et 3 page 59].
ces de ce cahier se regroupent en 3 rubriques :

Nature des doléances Articles Question 4 : Le renversement de l’Ancien Régime [2, 4 et 5]

Politique 2 et 17 ■ Les revendications énoncées dans les cahiers de

Socio-économique 4, 5, 6 et 9 doléances trouvent leur aboutissement lors de la nuit


Juridique 9 et 15 du 4 août. Sous la pression du peuple et aussi par

52

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générosité, des membres de la noblesse, y compris 4. Informations
de la haute noblesse comme le vicomte de Noailles, complémentaires
et du clergé acceptent l’abolition des droits féodaux
avec cependant des limites car une partie des droits
■ Document 5 : L’expression « Grande Peur » est donnée
doit être rachetée. Le clergé apporte aussi son obole à la fin du 19e siècle pour qualifier la panique col-
en abandonnant une partie de ses revenus. Les par- lective qui s’empare d’une grande partie de la France
ticuliers et les collectivités renoncent à leurs privilè- rurale entre les 20 juillet et 6 août 1789. Les émeutes
ges, mettant de fait un terme aux droits et coutumes paysannes ne sont pas nouvelles, mais se limitaient à
de l’Ancien régime. Mais le deuxième paragraphe [5] une aire locale. Les récoltes céréalières de 1788 sont
indique que le peuple a dû faire appel à la violence mauvaises et le prix du blé, donc du pain, augmente.
pour se faire entendre et l’agitation visible sur la gra- Aussi, dès août 1788, les campagnes et les villes sont
vure [4] suggère la complexité des situations et des touchées par des émeutes. Au printemps 1789, en Pro-
enjeux. vence et en Picardie, le peuple proteste contre le prix
du pain mais aussi contre les droits seigneuriaux et
les dîmes.
2. Réponse à la problématique ■ Des rumeurs d’attaques de brigands ou d’un complot

■ Si l’annonce de la réunion des États Généraux en


ourdi par l’aristocratie, les nouvelles venues de Paris
1787 amorce la révolution politique, la nuit du 4 août où la Bastille a été prise, vont enclencher chez les
en constitue l’étape finale : elle dénonce les abus des paysans qui craignent pour leurs moissons un mouve-
deux ordres privilégiés et y met un terme. Le mouve- ment de panique, surtout dans l’Ouest et le Nord-Est
ment de revendication, parti des cahiers de doléances, de la France. Ce mouvement spontané, mais qui s’orga-
connaît son apogée avec l’entrée en scène du peu- nise peu à peu, va parvenir jusqu’à l’Assemblée Consti-
ple des villes et des campagnes durant l’été 1789. La tuante où les députés votent l’abolition des privilèges
remise en cause, non du roi mais de la domination de et l’égalité devant l’impôt.
la noblesse et du clergé, constitue surtout une révo- – J. C. Clément, « La Révolution », Documentation
lution sociale. L’abolition des privilèges lors de la nuit Photographique 8054, 2006.
du 4 août constitue un événement fondateur de la – J. Cornette, « La monarchie absolue, de la Renais-
nouvelle société française qui donne tout son sens à sance aux Lumières », Documentation Photographi-
l’expression « Ancien Régime ». que 8057, mai-juin 2007.
– M. Biard, « Parlez-vous sans-culotte ? » Diction-
naire du Père Duchesne 1790-1794, Taillandier.
3. Démarches proposées – R. Enrico, R.T. Heffron, La Révolution française,
film en deux parties, 1989.
1. Les origines de la nuit du 4 août [1 à 3]
http://www.musee-revolution-francaise.fr
2. Le déroulement des événements [4 et 5] http://www.revolution.1789.free.fr
3. Les nouveaux principes [4 et 5, Atlas 12 et 13]
ou bien :
1. Les causes de l’effondrement de l’Ancien Régime
[1 à 3, 1 et 2 p. 68]
2. L’été 1789 [4 et 5, 1 p. 66]
3. Une nouvelle société française [4 et 5, 2 p. 67,
Essentiel p. 69, 5 p. 70, Atlas 12 et 13]
ou bien :
1. Les revendications du tiers-état [1, 2 et 5, Atlas 12]
2. Les moyens de les faire aboutir [2 à 4, 1 p. 66]
3. Les conquêtes du tiers-état [4 et 5, 2 p. 67, Atlas 13]

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 53

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Savoir-faire
Objectif

La Déclaration des droits de l’homme


et du citoyen, héritage des Lumières
Expliquer un texte historique pages 66-67

1. Introduction – article 1 : les notions de liberté et d’égalité (les


Encyclopédistes)
■ Ce document, suite logique des pages précédentes,

ancre la naissance politique de la Nation dans le temps. – article 2 : « résistance à l’oppression » (Diderot et
Cette Nation aura en 1790 un nouveau cadre territo- Voltaire)
rial avec les départements aux compétences unifiées – article 3 : souveraineté nationale (Diderot)
(Atlas 12 et 13). Fin de l’Ancien Régime et début d’une – article 6 : volonté générale (Rousseau)
France nouvelle, sa portée a largement débordé le cadre – article 7 : (Diderot et Voltaire)
national et l’année 1789. La prise de la Bastille et La – article 16 : séparation des pouvoirs (Montesquieu)
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sont
– l’œil dans le triangle qui symbolise la raison, la
des monuments de l’Histoire nationale mais également
conscience et l’égalité
une référence universelle. Près de deux siècles plus tard,
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est ■ Les systèmes politiques anglo-saxons :
retenue par 75 % des Français comme le meilleur sym- – L’Habeas Corpus anglais dans les articles 7, 8 et 9
bole de la République française (sondage SOFRES pour
– La Déclaration des droits des insurgés américains
le Figaro magazine de mars 1985). Elle est classée par
et les Constitutions des États américains dans le
l’UNESCO au patrimoine de la mémoire mondiale.
préambule, avec le mot bonheur mais aussi par la
présentation et le contenu des articles
2. Réponses aux questions – La monarchie parlementaire anglaise dans les
Question 1 : L’été 1789 [1 et 2] articles 6 et 16 avec le rôle de la nation et la sépa-
ration des pouvoirs.
Auteurs Les députés de l’Assemblée Nationale,
soit les représentants de la Nation : ■ Les révolutionnaires de l’été 1789 :
des nobles libéraux, des bourgeois et – la femme de gauche habillée en bleu et en rouge
des membres du clergé gagnés aux (couleurs de la ville de Paris dont le peuple a pris
idées des Lumières la Bastille et de fait a brisé ses chaînes) a conquis
Nature Premier texte constitutionnel, composé sa liberté et est devenue la source du pouvoir (cou-
d’un préambule et de 17 articles, texte ronne sur la tête)
de référence
– la pique au centre, symbole du peuple en armes
Contexte Été 1789 avec des moments cruciaux
et du sans-culotte (4 p. 70), entourée d’un faisceau
comme la prise de la Bastille le
14 juillet [1], l’abolition des privilèges traduisant l’unité de la Nation
le 4 août favorisée par la Grande Peur – le bonnet phrygien qui dans l’Antiquité était porté
[pages 64 et 65] par les esclaves affranchis
– la femme de droite représente l’Assemblée Natio-
Question 2 : Des idéaux et des symboles [2]
nale, avec le sceptre du pouvoir levé vers la raison
Les influences sont multiples : et la justice, et indique par son doigt que celles-ci
■ La philosophie des Lumières en quelques exemples : ont guidé les rédacteurs du texte.
– préambule avec les « droits naturels », « bonheur
de tous » (Rousseau)
54

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Question 3 : Des principes nouveaux [2] démocratiques d’Europe [6 p. 70 et Essentiel en image
p. 71] mais aussi les anciennes colonies africaines lors
Changements Souveraineté nationale, de leur indépendance s’en inspireront, de même que
politiques séparation des pouvoirs, les rédacteurs de la Déclaration Universelle de 1948 à
démocratie, pouvoir représentatif,
l’ONU et les signataires de la Convention européenne
liberté d’expression, armée entre
des droits de l’homme en 1950. Par ailleurs, ses deux
les mains de la Nation
articles sur la propriété annoncent le libéralisme du
Changements Propriété, impôts payés à l’État 19e siècle.
économiques et non à un individu
www.assembleenationale.fr
Changements Égalité, liberté de conscience
sociaux
Changements Unification du droit, état civil 3. Informations
juridiques dissocié de l’Église, liberté
d’expression, présomption
complémentaires
d’innocence, égalité devant la loi ■ L’étude de ce texte peut être reprise en Éducation
Civique « Vivre en citoyen » avec les dossiers 1, 2, 3, 4,
6 et 7 avec par exemple le lien entre l’article XI et le
Question 4 : Vers la démocratie et la République [2] document 3 page 144.
■ Cette déclaration laïque et démocratique, acceptée ■ Dans la foulée de la prise de la Bastille, de la nuit
difficilement par le roi et promulguée le 3 novembre du 4 août et en attente de la future Constitution, un
après les émeutes d’octobre, est en quelque sorte la comité composé de plusieurs députés rédige un texte
dernière ordonnance royale. Elle donne une légitimité sur la base d’une motion proposée par La Fayette qui,
aux députés de l’Assemblée Constituante [article 2 : aidé par Thomas Jefferson, s’inspire de la Constitu-
« résistance à l’oppression »)] et met un terme à la tion de l’État de Virginie. D’autres rédacteurs comme le
monarchie absolue de droit divin à laquelle il n’est fait vicomte de Noailles, le duc de La Rochefoucauld d’En-
aucune référence dans le texte. L’Être suprême a rem- ville qui a traduit la Constitution américaine en fran-
placé le Dieu chrétien. La liberté et surtout l’égalité çais, ou encore Condorcet auteur de De l’influence de la
ont pris le pas sur la société inégalitaire de l’Ancien révolution de l’Amérique sur l’opinion et la législation de
Régime. Les coutumes féodales ont été remplacées par l’Europe, admirateurs du modèle américain, participent
un droit unifié sur tout le territoire [Atlas 12 et 13]. La à son élaboration. Son résultat est le fruit des débats
loi est issue de la volonté générale et non plus du roi, philosophiques des Lumières, des nouveautés juridi-
avec le transfert d’attributs royaux comme le sceptre ques, mais surtout du contexte de crise de l’été 1789.
au peuple [2 et 3 page 62]. Amorce du droit pénal et Devant la charge de travail qui s’impose aux députés
civil moderne, ce texte répond aux lettres de cachet et de l’Assemblée Constituante et pressés par l’enchaîne-
à l’arbitraire royal. La liberté d’expression renvoie à la ment des événements, ils arrêtent le texte au préam-
censure dont nombre de philosophes des Lumières ont bule et aux 17 articles votés l’un après l’autre entre le
eu à pâtir (beaucoup d’entre eux ne sont plus là pour 20 et le 26 août si bien que certains articles ne seront
voir l’aboutissement de leur combat). ni débattus ni inscrits dans le texte final. La précipita-
■ Le sujet devenu un homme nouveau (notion phi- tion mais aussi les mentalités de l’époque expliquent
losophique) et un citoyen (notion politique et juri- les limites comme le rachat des biens seigneuriaux ou
dique) lit dans ce texte une nouvelle conception de l’absence de droits politiques aux femmes ou le main-
l’État qui repose sur la souveraineté de la Nation et tien de l’esclavage jusqu’en 1794 dans les colonies
sur la Constitution garantissant les droits de l’indi- françaises (page 55). Les articles sont simples, courts
vidu et de la Nation. La Déclaration est inscrite en et entourés d’une iconographie symbolique afin d’être
préambule de la Constitution de 1791 et l’est toujours compris par une population souvent illettrée.
dans celle de 1958 qui régit la Ve République. Les pays

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 55

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L’essentiel pages 68 à 71 Document 4 : Un sans-culotte

Le sans-culotte est le personnage emblématique de


la Révolution française, coiffé ici non pas du bonnet
1. En marge pages 68 et 70
phrygien mais du chapeau orné de la cocarde tricolore.
Document 1 : Les 3 ordres de la société La pique rappelle qu’il est le fer de lance des journées
Ce document permet à l’élève de visualiser la struc- révolutionnaires. Ce nom plutôt péjoratif est donné en
ture hiérarchisée de la société d’Ancien Régime avec 1791 par les contre-révolutionnaires. Il oppose le tra-
le roi au sommet de la pyramide et le cloisonnement vailleur portant un pantalon (long) souvent aux rayu-
de cette société. Il est à étoffer avec les définitions res bleues, blanches et rouges (couleurs de la cocarde
données dans les mots-clés page 69. Le lien avec les tricolore) à l’aristocrate habillé d’une culotte (panta-
documents de la situation 3 rend compte des rapports lon court). L’épée préfigure les combats que devront
de force au sein de cette société en montrant le poids mener les révolutionnaires pour sauvegarder la révo-
démographique du tiers-état. Chaque ordre est loin de lution face aux attaques des monarques européens. Ce
présenter un bloc monolithique et il convient de nuan- costume porté par les sections parisiennes devient une
cer la présentation de chaque ordre. manifestation de l’engagement politique du peuple.

Document 5 : Propriété de la terre dans le Pas-de-Calais


Document 2 : Charges pesant sur les paysans

Certaines charges sont illustrées dans le jeu de l’oie Ce document montre que les décisions prises lors de la
[1 page 58]. Ce graphique montre à l’élève que ces nuit du 4 août ont été suivies de conséquences dans
charges encore plus lourdes les années de disette sont le monde rural entre autres. Après la nationalisation
une réalité mathématique supportée par le paysan au des biens du clergé en novembre 1789, ses terres ont
profit des 2 ordres privilégiés. Il lui reste un peu plus été redistribuées en petits lots, acquis par les pay-
du tiers du produit de son travail pour vivre. L’élève sans, mais le diagramme montre que c’est surtout la
peut mieux cerner les raisons de la révolte paysanne bourgeoisie qui a profité de cette nationalisation. Les
et de sa violence [5 page 65]. nobles émigrés ont perdu une partie de leurs terres.

Document 6 : Emblèmes de révolutionnaires allemands


Document 3 : Préoccupations des Français en 1789

Le document 2 page 74 ne proposait que quelques Le mélange de termes français et allemands s’explique
extraits d’un cahier de doléances. Celui-ci montre à par la diffusion de la langue française dans l’Europe des
l’élève que les mêmes revendications ou espoirs étaient Lumières. Comme l’explique l’expression inscrite au bas
énoncés dans des cahiers d’origines géographiques dif- de l’affiche, les révolutionnaires allemands adoptent
férentes. Le partage entre « valeurs traditionnelles » et les emblèmes (Wappen) des sans-culottes parisiens :
« valeurs nouvelles » traduit l’état d’esprit d’une France le bonnet (Mütze) phrygien, l’arbre de la liberté, la
encore féodale par certains aspects comme la per- cocarde, l’écharpe (Shärpen), le transfert de la cou-
sonne du roi et le poids de l’Église catholique mais ronne (Krone) au peuple de la ville (Bürg mauern).
qui commence à se laisser influencer par les idées des En 1793, la France devenue une république exporte
Lumières, une France à mi-chemin entre tradition et sa révolution de l’autre côté du Rhin, ce qui mènera
changement. Ce document peut soit servir de jonc- à la rupture entre la France et les autres monarchies
tion entre les deux parties de cette page soit dresser européennes.
une photographie des préoccupations des Français en À relier au (4) et à l’image (page 71) qu’il annonce.
1789. À noter le poids important de la personne royale
par rapport aux autres valeurs, confirmé par le fait que
dans les cahiers de doléances de nombreux rédacteurs 2. Essentiel en image pages 69 et 71
s’en remettent à Louis XVI pour trouver des solutions
1. Des « droits naturels » réclamés, jeu de cartes de Jaume et
à leurs problèmes. Ce document est à rapprocher de Dugoure, vers 1792.
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
[page 67]. Cet ensemble de cartes à jouer constitue un bilan des
acquis de la Révolution française et traduit en image

56

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les écrits des Lumières. L’élève peut particulièrement Ici ce n’est pas un arbre mais plutôt une pique coiffée
établir un lien avec la Déclaration des droits de l’homme du bonnet phrygien (à rapprocher des cartes page 69),
et du citoyen. Ainsi la dame de cœur est à rapprocher deux symboles révolutionnaires français que cette ville
de l’article 11, le roi de pique concerne la plupart des allemande reprend à son compte. Depuis octobre 1792,
articles. Cependant, trois ans après la Déclaration et les troupes révolutionnaires françaises occupent cette
un an après la Constitution, d’autres droits ont été ville rhénane où se sont réfugiés de nombreux aristo-
étoffés comme l’article X devenu avec la dame de Pique crates. Elle devient pour quelques mois la République
La liberté des cultes. Ces cartes représentent les droits de Mayence, soit la première démocratie du territoire
naturels défendus par les philosophes des Lumières allemand.
soit l’égalité de tous devant la loi, devant l’impôt, la
Les mots Liberté (Freiheit) et Égalité (Gleicheit) sont
fin des privilèges liés à la naissance, la lutte contre
brandis sur une pique ornée d’une cocarde par un jeune
la censure et la liberté de la presse. Les minorités
enfant (symbole d’un monde nouveau ?).
obtiennent la reconnaissance soit de leur culte soit de
leur couleur. Les symboles révolutionnaires comme la Les idées révolutionnaires se transportent en Europe,
pique, le bonnet phrygien figurent en bonne place. notamment en Allemagne rhénane qui fut l’un des
épicentres des Lumières. Tout comme en France, cette
Liens avec :
gravure exalte l’égalité entre les différentes composan-
– Le doc. 1 p. 58 tes de la société à savoir des femmes, des nobles, des
– La situation 1 : les idées des Lumières, liberté de membres du clergé et de l’armée. Cette vision reflète
la presse, égalité des droits la joie des habitants accueillant les soldats français
– La situation 2 : liberté des cultes, égalité de comme des libérateurs. Cependant, les monarques
droits, liberté des professions européens s’opposent à la propagation des valeurs de
– La situation 3 : doléances du tiers-état, égalité la Révolution française sur leur territoire [(2 page 59,
6 page 61)].
– La Déclaration des droits de l’homme : les articles
et les symboles. Liens avec :
– Le doc. 2 page 59
– La situation 1 : Les Lumières un phénomène euro-
2. Plantation d’un arbre de la liberté à Mayence (Allemagne)
en 1793
péen + Atlas 11 et 14
– La situation 2 : église, et pasteur à la fenêtre ?
La plantation d’un arbre de la liberté reprend la tradi- _ La situation 3 : la liberté
tion populaire de l’arbre de mai planté au printemps. – La déclaration des droits de l’homme : les symbo-
Le premier arbre aurait été planté dans la Vienne en les et les articles
mai 1790. 60 000 sont plantés en France pour la seule
année 1792. Déjà, les insurgents de Boston avaient un
arbre pour symbole de la liberté.

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 57

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Angle
Grand

La franc-maçonnerie, fille des Lumières


pages 72-73

1. Introduction fraternité seront largement diffusées par les loges


maçonniques avant de devenir la devise de la Républi-
Les idées des Lumières se sont répandues en Europe
que française qui doit son hymne national à un franc-
par l’intermédiaire des salons, des académies et aussi
maçon, Rouget de l’Isle. La Déclaration des droits de
des loges maçonniques. Dès le début du 18e siècle,
l’homme et du citoyen s’orne de symboles que l’on
venue d’Angleterre, la franc-maçonnerie moderne se
retrouve dans la symbolique de la franc-maçonnerie
développe en France où des loges voient le jour dès
[2 page 67 et 2 page 72].
1720. En 1789, le Grand Orient de France va compter
plus de 30 000 membres (soit 10 fois plus que les aca-
démies) regroupés dans 1000 loges.
2. Réponses aux questions
Théoriciens des Lumières et francs-maçons sont sou- Question 1 : L’Angleterre, terre d’accueil des protestants
vent les mêmes personnes et ont en en partage l’appel français [1 et pp. 62-63]
à la raison et à la tolérance. Leurs idéaux communs
vont servir de socle à la République française et lui Le premier paragraphe de la biographie de Jean-
lègueront de nombreux symboles. Pour l’Encyclopédie, Théophile Désaguliers rappelle la politique menée par
Diderot s’est inspiré d’un ouvrage conçu par Cham- les rois de France, ici sous le règne de Louis XV, contre
bers, un franc-maçon anglais. Montesquieu est initié les adeptes de la Réforme désignés par les termes
en 1730 lors de son séjour à Londres. Voltaire, tout « protestants » et « huguenots ». « L’intolérance » fait
comme son protecteur Frédéric II de Prusse, le sera peu écho à la tolérance prônée par Voltaire [1 page 62] et
de temps avant sa mort. D’autres écrivains européens qualifiant l’Édit de 1787 [7 page 63]. La note 1 précise
tels Choderlos de Laclos, Casanova, Fichte et Goethe que son père a émigré, comme ce fut le cas pour de
seront membres d’une loge. Les loges maçonniques nombreux protestants après la révocation de l’Édit de
européennes accueillent aussi les musiciens Haydn et Nantes en 1685.
Mozart, les savants Condorcet, Monge et Laplace, des
marins comme Bougainville (pages 30 et 31) initié en Question 2 : Des élites éclairées [1, 3, 5 et 6]
Angleterre, le héros de la guerre d’indépendance des
États-Unis, le général de La Fayette... Outre-atlanti- Les idées maçonniques sont favorablement reçues dans
que, nous pouvons retenir Benjamin Franklin, l’un des les milieux intellectuels et politiques de l’Europe des
rédacteurs de la déclaration d’indépendance des États- Lumières, particulièrement en Angleterre mais aussi
Unis, et son premier président George Washington (la aux États-Unis. Elles rencontrent une écoute atten-
statue de la liberté sera édifiée par un sculpteur fran- tive auprès des nobles libéraux (« duc de Lorraine »,
çais franc-maçon, Bartholdi). « duc de Richemond », « prince de Galles »), des phi-
losophes comme Montesquieu ou des artistes comme
L’empreinte maçonnique a pesé sur la constitution et Mozart, soit des hommes appartenant à des milieux
la démocratie américaine. Qu’en est-il des rapports aisés comme le montre la composition sociale [3] et
de la franc-maçonnerie avec la Révolution française, cultivés [4].
outre que certains de ses acteurs comme Desmoulins,
David ou Mirabeau appartiennent à une loge ?
Question 3 : Des rites et des symboles [1 à 3, 6]
Les historiens réfutent la thèse de l’abbé Barruel,
anti-lumière et contre-révolutionnaire, qui dénonçait Les symboles maçonniques peuvent être regroupés en
dans la Révolution française un complot maçonnique. quatre sources :
En revanche, à l’instar des ouvrages des Lumières, les – les bâtisseurs des cathédrales médiévales : ils sont
convictions idéologiques de liberté, d’égalité et de à l’origine de la maçonnerie opérative et ont transmis
58

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le concept de la « loge » [1, 5] qui était un petit local 3. Pistes
près des monuments en construction où les ouvriers
se retrouvaient pour se reposer, s’abriter, tracer leurs – « 20 clés pour comprendre la Franc-Maçonnerie »,
épures et transmettre aux apprentis les techniques Le monde des religions, Hors-Série n° 6, 2008.
du métier. Parmi leurs outils : le maillet pour tailler – J. Ferré, Dictionnaire des symboles maçonniques,
la pierre, le ciseau pour la sculpter, la truelle, les Éditions du Rocher, 1997.
équerres, règles ou compas, enfin le tablier [2] qui – D. Ligou, Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie,
servait à protéger le maçon du choc des outils et des PUF, 2006.
éclats de pierre ; – D. Roche, « Mille loges au royaume de France »,
– les références bibliques comme le temple qui rap- L’Histoire n° 256, juillet 2001.
pelle le temple de Salomon [2, 5], l’acacia, bois de – Hugo Pratt, Corto Maltese Fable de Venise, Caster-
la construction de l’arche et légende d’Hiram [2] et man, 1998.
le serment prononcé la main sur l’Évangile [5] ;
– Musée de la Franc-maçonnerie, 16 rue Cadet, Paris
– les pratiques des ordres de chevalerie à travers 75009.
l’épée, les codes et les rites initiatiques ;
– Site du Grand Orient de France : www.godf.org.
– les références égyptiennes comme la pyramide [6]
– La flûte enchantée, opéra de Mozart.
qui se développeront surtout au 19e siècle.

Question 4 : Des convictions sœurs [3 et 5]

Le combat commun mené par les philosophes et les


francs-maçons est celui de la place de l’homme au cen-
tre de l’univers, un homme responsable, raisonnable,
et éclairé par la Raison. Le rite du bandeau [5] rap-
pelle la sortie de l’obscurantisme et la naissance à un
monde nouveau. L’œil dans le triangle symbolisant la
raison et l’égalité figure sur la Déclaration des Droits
de l’homme [page 67], sur le tablier maçonnique, et
éclaire la réunion maçonnique [4]. Les Lumières et les
francs-maçons du 18e siècle souhaitent un monde de
paix [3] où les hommes feront preuve de solidarité et
de fraternité : « frère » [5].

Chapitre 4 ■ Les Lumières, la Révolution française et l’Europe 59

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Chapitre
Chapitre

3
5 Nourrir les hommes
Ouverture de chapitre pages 76-77

1. Commentaire du sommaire production, la transformation et la distribution du riz,


principalement dans les pays en développement de la
Le chapitre analyse la manière dont les hommes uti- zone tropicale. La production de riz est l’effet de quel-
lisent les ressources et organisent les espaces pour que 200 millions de petites exploitations paysannes
satisfaire les besoins essentiels de l’alimentation ne possédant souvent qu’un hectare cultivé. Très forte
humaine. Il prend en compte les facteurs qui modifient en Asie, la consommation de riz est en croissance en
la demande alimentaire, la diversité des conditions de Afrique où elle joue un rôle en matière de sécurité
production et des politiques agricoles, les échanges alimentaire (2, 3, 5 pp. 84-85).
mondiaux. En s’appuyant sur des exemples choisis à
différentes échelles, localisés sur l’ensemble de la pla-
nète et dans des sociétés diverses, il montre que la Document 2 : Récolte de soja dans le Mato Grosso (Brésil)
nourriture est un produit nutritionnel, économique, ■ Une culture industrielle dans le Centre-Ouest du Bré-
politique et géographique et pose le problème de la sil où dominent la grande exploitation (de 200 à 1 000
construction d’une agriculture durable pour l’ensemble ha) et l’agriculture salariée. Front pionnier et principale
de la planète. zone brésilienne de culture du soja. Une exploitation
moderne intégrée dans un complexe agro-industriel :
importance des infrastructures, taille des parcelles,
2. Analyse des documents forte mécanisation. À l’arrière-plan, les lotissements
Document 1 : Riziculture dans le Betsileo du Sud (Madagascar) de logement des ouvriers agricoles et les bâtiments
de grande taille de l’exploitation. La culture du soja
■ Le Betsileo est situé dans les hautes terres centrales est associée à l’élevage bovin dans le Mato Grosso
qui connaissent les systèmes agricoles les plus intensifs mais aussi à l’exportation, ce qui pose le problème du
de l’île. Sur les pentes, les habitations et des cultures transport de la production vers les ports exportateurs
en terrasses (légumineuses, manioc), dans la vallée, (présence des camions au premier plan).
riziculture traditionnelle irriguée. On voit les diffé-
rents niveaux des terrasses d’inondation, les cuvettes ■ La région est enclavée et la culture s’est déplacée vers
de débordement, les rigoles entre les digues d’argile le Nord. La production s’écoule par route ou voie ferrée
pour l’arrivée et l’évacuation de l’eau. Les labours sont vers le port atlantique de Paranaguà (Sud du pays) ou
effectués avec une charrue attelée et le piétinement le port céréalier d’Itacoatiara (sur l’Amazone en aval de
par les zébus contribue au travail de préparation des Manaus). Le Brésil (« grenier du monde ») constitue la
sols. Les différences de couleur et de taille des plants principale réserve de terres mondiales (31 % des terres
montrent que plusieurs récoltes sont possibles (2 en utilisées et 7 % cultivées). C’est le 2e producteur mon-
général). Pour les agriculteurs malgaches, la rizicul- dial et le 1er exportateur de soja (graines et tourteaux)
ture représente plus qu’un apport alimentaire : la paille et de viande de bœuf. La part de la culture de soja
de riz est utilisée pour la toiture en chaume des mai- consacrée aux agrocarburants (biodiesel) est en forte
sons et la nourriture des zébus, les sédiments argileux augmentation (Dossier 8 pp. 156-157).
servent à la fabrication de briques. Les rendements
moyens se situent autour de 2 tonnes à l’hectare. Le
Document 3 : Consommation alimentaire d’une famille japonaise
riz est un produit facile à stocker et à transporter pour
nourrir les villes. Agriculture vivrière marchande. ■ À l’autre bout de la chaîne alimentaire, la consom-
■ Les surfaces rizicoles représentent près de 11 % de la mation d’une famille dans un pays développé et très
SAU mondiale et la riziculture demeure, selon la FAO, urbanisé (Kodaira City, banlieue de Tokyo). Au Japon,
la première activité économique humaine de la planète les habitudes alimentaires sont moins marquées par
avec environ 1 milliard de personnes employées à la la mondialisation que dans d’autres pays de la Triade.
L’apport calorique moyen est de 2 760 calories par
60

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personne et par jour. La pêche fournit l’essentiel de La famille prend une partie de ses repas à l’extérieur :
l’apport en protéines. Très peu de laitages. La viande, restaurant, déjeuner de la fille aînée au Mac Do à côté
le poisson, les fruits et légumes représentent plus de de son école, la plus jeune emporte une « bento box »
la moitié du coût de l’alimentation. On note la part préparée par sa mère. [Voir Grand Angle]
importante des produits transformés et conditionnés.

3. Démarche et parcours possibles


Exemple d’organisation sur la base d’une séquence Exemple d’organisation sur la base d’une séquence
de quatre heures, on est libre d’élaborer une de quatre heures, on est libre d’élaborer une
séquence plus courte. séquence plus courte.
Séance 1 = Partie 1 ⇒ Le défi alimentaire (corpus pris Séance 1 = Parties 1 et 3 ⇒ La situation alimentaire
dans tout le chapitre) dans le monde (corpus pris dans tout le chapitre)
Séance 2 = Partie 3 ⇒ La sécurité alimentaire (Situa- Séance 2 = Partie 2 ⇒ Le dilemme alimentaire (Situation 1)
tion 2 et Savoir Faire) Séance 3 = Partie 2 ⇒ Le dilemme alimentaire (Situation 2)
Séance 3 = Partie 2 ⇒ Étude de cas (Situation 3) Séance 4 = Partie 4 ⇒ Agriculture et développement
Séance 4 = Partie 4 ⇒ Les limites du productivisme durable (Ouverture, Situation 3 et Grand Angle)
(corpus pris dans tout le chapitre) En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être traité dans
son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-pages (voir tableau).
milliard d’hommes
Contenu du chapitre
L’Inde : plus d’un

alimentaire dans
L’agro-business
aux États-Unis
subsaharienne

Grand Angle
Savoir-faire

Du champ à

alimentaire
Situation 1

Situation 3
alimentaire

La sécurité
Situation 2
La sécurité

l’assiette :
en Afrique

la planète
Ouverture

le monde
à nourrir

Atlas
Plan de L’essentiel

Lancement + + +

Partie 1 : Le défi alimentaire


a. une demande alimentaire en hausse + + + + +

b. une production en augmentation + + + +

c. un système agroalimentaire + + + + + +

Partie 2 : Des politiques agricoles diverses


a. une révolution agricole + + + + +

b. des disparités importantes + + +

c. l’insertion dans la mondialisation + + + + +

Partie 3 : Un accès inégal à la nourriture


a. la sécurité alimentaire + + + + + +

b. la transition alimentaire + + +

c. le commerce international + + + + +

Partie 4 : Vers une agriculture durable ?


a. les limites de l’agriculture productiviste + + + + +

b. les agricultures alternatives + +

c. nourrir durablement la planète + + + + + + +

Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 61

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1 L’Inde : plus d’un milliard d’hommes
Situation

à nourrir pages 78-79

1. Réponses aux questions l’Inde (subvention à la production et à la consomma-


tion, coût du transport et du stockage) coûte l’équiva-
Question 1 : La situation alimentaire de l’Inde au lendemain
lent de 1 % du PIB.
de l’indépendance [1, 2 et 3]

■ Avant 1965, la production alimentaire stagne (même

si on note une légère augmentation pour le blé) alors Question 3 : Le dilemme alimentaire [3, 4, 6 et 7]
que la population augmente rapidement. La population
a plus que doublé entre 1901 et 1965 et la croissance
■ Dans le dilemme alimentaire, l’Inde indépendante a
s’accélère après l’indépendance [1]. La population résolument opté pour la 2e solution et fondé sa politi-
urbaine quadruple entre 1901 et 1965 et l’urbanisation que de sécurité alimentaire sur la souveraineté alimen-
s’accélère après 1941. taire. C’est la dimension géopolitique de la révolution
verte. L’Inde fait le choix de l’autonomie en réduisant
■ Pour nourrir sa population et surmonter le risque de
ses importations alimentaires et en intensifiant sa mise
famine, l’Inde doit importer des céréales ce qui favo- en valeur pour augmenter sa production agricole et
rise la population urbaine et entrave le développement nourrir sa population. Cette politique protectionniste
agricole. va de pair avec le maintien d’une population agricole
L’Inde doit trouver un moyen d’augmenter considé- importante [Atlas 15 et 16] et le choix du subvention-
rablement sa production agricole pour faire face à la nement pour approvisionner la population urbaine.
croissance démographique (défi alimentaire).

Question 4 : Révolution verte et développement durable


Question 2 : Les quatre piliers de la révolution verte [2 à 6] [2, 5 à 8, et 1 p. 80]

■ Pour augmenter la production agricole, l’Inde choisit ■ Le bilan doit prendre en compte les volets sociaux,
la voie de l’intensification. Il s’agit d’augmenter les économiques et environnementaux du développe-
rendements plutôt que les surfaces cultivées dans un ment durable [Rabat B). La révolution verte a rempli
pays de forte densité où la population agricole domine en grande partie ses objectifs en termes de sécurité
(pression foncière forte, [2] p. 86). Les investisse- alimentaire. L’augmentation des rendements a permis
ments publics, qui jouent un rôle déterminant dans une augmentation de la production, surtout pour les
la révolution verte, concernent les intrants : usage de céréales (le blé plus que le riz), moins pour les pro-
semences et variétés de céréales (blé et riz) améliorées téagineux qui constituent pourtant la base de l’ali-
(instituts de recherche), utilisation d’engrais chimi- mentation indienne. La politique alimentaire de l’Inde
ques (consommation multipliée par 15 en 30 ans), est une réussite en matière agricole, mais moins en
développement de l’irrigation (barrage, puits et forage matière alimentaire : l’augmentation de la production
individuels [5]) qui permet 2 ou 3 récoltes annuelles de céréales est moindre que celle de la population (la
(eau en saison sèche). production céréalière par habitant stagne, [1] p. 80) ;
la part de la population sous-nutrie reste au-dessus de
■ À ces 3 piliers s’ajoute une politique institutionnelle
la moyenne mondiale (surtout les enfants et les fem-
de subvention et de soutien des prix (Food Corporation mes). La priorité accordée à la production céréalière
of India) : achat par l’État du grain à un prix garanti s’est effectuée aux dépens d’autres productions (pro-
dans les régions excédentaires (incitation à investir téagineux, oléagineux). L’Inde demeure une exception
pour produire plus), constitution de stocks de sécurité sur le plan de la transition alimentaire (Mots-clés p.
puis redistribution à des prix subventionnés [6] dans 87), l’importance du végétarisme s’explique par les
les régions déficitaires, dans les villes et dans les cam- facteurs culturels et par le prix de la viande (1 kg de
pagnes pauvres (Public Distribution System). poulet correspond à 2 jours de salaire d’un ouvrier
■ La révolution verte conjugue donc un volet produc- agricole), la consommation moyenne de lait est infé-
tiviste et un volet social. Le système alimentaire de rieure à la moyenne mondiale.

62

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■ Les méthodes productivistes introduites par la révolu- sa production, son rendement à l’hectare et sa capacité
tion verte ont un impact négatif sur le plan écologique : de stockage. L’irrigation a joué, en Inde, un rôle déter-
le développement de l’irrigation (cumulé à l’urbanisa- minant dans la révolution verte ; elle est essentiellement
tion et à l’industrialisation) a généré une baisse impor- le fait de puits de forage profonds équipés de pompes
tante des nappes d’eau souterraines ; en saison sèche, diesel ou électriques. 60 % des surfaces irriguées le sont
la Krishna (Maharashtra, Karnataka, Andhra Pradesh) ne par eau souterraine et non de surface. Le blé, culture
peut plus atteindre la mer ; la sélection des semences de contre saison, est irrigué à 86 % et le riz, pourtant
a entraîné une perte en biodiversité des variétés de riz culture de mousson à l’origine, est irrigué à 52 %. Le
et de blé ; l’usage intensif des pesticides et des engrais Penjab, situé en amont de la plaine du Gange et à proxi-
chimiques occasionne des pollutions (Penjab). mité des premiers ouvrages bâtis par les Anglais dans
l’Himalaya, dispose du gros des puits qui se sont ensuite
diffusés vers l’Andhra Pradesh.
2. Réponse à la problématique
■ La question du défi alimentaire posé à l’Inde concerne 1951- 1964- 1974- 1999-
aussi l’ensemble du monde compte tenu de la masse 1952 1965 1975 2000
représentée par sa population (17 % de la population Part de la surface 18 % 19 % 24 % 41%
mondiale et 1,6 % de croissance démographique soit cultivée indienne
irriguée
un gain de population annuel équivalent à la popula-
tion de l’Australie). Pour faire face aux besoins d’une Source : F. Landy, Un milliard à nourrir – Grain, territoire et politiques
en Inde, Belin, 2006.
population en très forte croissance, l’Inde a choisi une
politique volontariste encadrée par l’État, caractérisée
Document 6 : Une boutique du PSD à Hyderabad
par le productivisme (intensification de la révolution
verte) et le protectionnisme (autonomie alimentaire)
■ Le système public alimentaire de l’Inde a contribué
et comportant un volet social (PDS). au succès de la révolution verte. Antérieur à l’indépen-
dance, il était approvisionné par les importations et
■ Cependant, la révolution verte a un impact écologique
couvrait surtout les villes. Il repose sur une organisation
non négligeable ; les efforts se sont concentrés sur quel- complexe qui, pour garantir les débouchés et soutenir
ques régions nourricières (Penjab, Uttar Pradesh, Andhra les prix, achète aux agriculteurs jusqu’à 20 % de la pro-
Pradesh) qui fournissent l’essentiel des céréales (dis- duction nationale de blé, riz ou sucre, puis redistribue,
parités régionales) ; la productivité agricole est limitée à prix subventionnés, ces stocks aux consommateurs
par la faible mécanisation (main-d’œuvre bon marché), les plus pauvres. Couvrant presque tout le territoire,
la population active est agricole à 58 % [Atlas 16] et le système a des objectifs alimentaires, productivistes,
l’agriculture représente 20 % du PIB [Atlas 15]. sociaux et géographiques. En créant des réseaux de flux
sur tout le territoire (zones excédentaires → déficitai-
3. Démarche proposée res), il contribue à l’unification politique, économique
et sociale. Son efficacité est cependant entachée par la
1 – Le défi alimentaire : Croissance de la population, corruption et de multiples fraudes et trafics qui détour-
ressources disponibles, situation alimentaire, contexte nent les flux de grains (au niveau des intermédiaires,
politique [1 à 3] des marchands, des transporteurs, des gardiens des
2 – La révolution verte : Dilemme alimentaire, politi- entrepôts, du gérant de la boutique…).
que agricole, révolution verte (volets agricole, social,
■ La boutique d’alimentation subventionnée (Fair Price
géopolitique), le rôle de l’État, les spécificités du
monde indien [1 à 7, et [1] p. 84, Atlas 15 et 16] Shop, FSP) doit afficher ses horaires d’ouverture et le
nom du gérant (Mohamed Azam). La balance permet la
3 – Bilan humain et environnemental : sécurité et
mesure publique, les prix et les quantités disponibles
souveraineté alimentaires, impact écologique, pers-
varient selon que le consommateur est au-dessus ou
pectives [1 à 7, [1] p. 80, [3] p. 84, Atlas 15, 16, 18]
au-dessous du seuil de pauvreté. Ceux qui vivent dans
les bidonvilles n’ont pas de cartes d’accès.
4. Informations complémentaires
Site à consulter
Document 5 : Irrigation au Penjab (Punjab) www.fao.org
■ Le Penjab est considéré comme l’un des principaux Film Tonnerres lointains, Satyajit Ray, 1973 (la grande
greniers à céréales (blé principalement et riz aussi) pour famine qui frappe le Bengale en 1943)
Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 63

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2 La sécurité alimentaire en Afrique
Situation

subsaharienne pages 80-81

1. Réponses aux questions riture). Ces différentes raisons interagissent les unes
sur les autres et constituent un système.
Question 1 : La situation alimentaire de l’Afrique
[1, 3, 5 et 7, Atlas 18] – une faible productivité : des rendements inférieurs
à ceux d’autres agricultures liés à la faiblesse des
■ L’Afrique est le continent qui connaît la plus mau-
moyens techniques, mécanisation et engrais peu
vaise situation alimentaire ([1] p. 84) et il a été dure-
utilisés [6]
ment touché par les émeutes urbaines de 2008 (hausse
des prix). Chronique, la sous-alimentation touche 1/3 – des investissements insuffisants dans l’agriculture
de la population ([4] p. 88). Par ailleurs, alors que [3]
la situation alimentaire tend à s’améliorer à l’échelle – la concurrence commerciale internationale : agri-
mondiale, elle se dégrade en Afrique [1]. La transition cultures des pays ayant une meilleure productivité
alimentaire (Grand Angle pp. 90-91) n’est pas amorcée et offrant des produits alimentaires meilleur marché
et les céréales demeurent la base du régime alimen- (rôle des subventions), politiques alimentaires natio-
taire (Atlas 18 et [5] p. 91), alors même que la pro- nales qui favorisent les importations bon marché au
duction céréalière régresse en Afrique (20 % depuis les détriment des productions locales ([5] p. 85)
années 1960). Les rythmes de production imposés par – la part des cultures consacrées aux exportations
les conditions climatiques entraînent des problèmes [7]
de soudure des récoltes et les excédents ne sont pas – une structure de petites exploitations ([2] p. 86)
suffisants pour tenir toute l’année. La situation est qui ne favorise pas les économies d’échelle et une
pourtant variable d’un pays à l’autre [5] : elle s’améliore formation souvent insuffisante des agriculteurs
au Burkina Faso, reste fluctuante en Afrique du Sud et
– l’insuffisance des infrastructures pour distribuer,
Côte d’Ivoire, se détériore gravement dans les pays en
conserver et transformer les denrées alimentaires,
situation de crise ou de conflits comme la République
faciliter les échanges entre régions
démocratique du Congo ou le Zimbabwe.
– des aléas climatiques et des sols fragiles qui nui-
sent à la régularité des récoltes
Question 2 : Une Afrique subsaharienne agricole – l’instabilité politique, les crises et les conflits
[4, 7 + L’essentiel en image p. 89, Atlas 15 et 16]
qui entravent l’approvisionnement des populations
■ L’agriculture joue un rôle déterminant dans l’écono- (destruction des récoltes et des infrastructures,
mie africaine : elle occupe la majorité de la population manque de main-d’œuvre, réfugiés…)
active [Atlas 16] et représente une part importante du – la pauvreté de la population qui ne stimule pas
PIB [Atlas 15]. Environ 70 % de la population africaine la demande.
vit de l’activité agricole. L’Afrique présente une struc-
ture agraire duale : avec une agriculture vivrière (auto-
consommation ou vivrier marchand) et une agriculture Question 4 : Vers une agriculture durable ? [2 à 4, 6]
destinée à l’exportation et source de devises ; avec
une masse de petites exploitations familiales (souvent ■ L’agriculture africaine est aujourd’hui une agriculture
moins de 2 ha) et quelques grandes exploitations très en mutation, confrontée à une crise multiforme, qui
performantes (forte capacité d’investissements qui doit prendre en compte plusieurs facteurs : l’effondre-
autorise la mise en valeur de vastes superficies). ment du prix des matières premières agricoles, l’exten-
sion des terres cultivées liée à l’explosion démographi-
que, l’urbanisation croissante, la faiblesse des États.
Question 3 : Une situation complexe
[3, 5 à 7 et [5] p. 85, [2] p. 86] ■ L’exemple du Burkina Faso montre l’intérêt du déve-
■ À l’échelle de l’Afrique, plusieurs raisons peuvent
loppement d’une agriculture locale, plus intensive, sti-
mulée par des projets à petite échelle, qui contribue à
expliquer l’état d’insécurité alimentaire (quantité de
mieux satisfaire les besoins alimentaires.
nourriture disponible et difficulté d’accès à cette nour-

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■ La croissance urbaine stimule l’essor des cultures demande intérieure, contexte d’instabilité politique…
vivrières marchandes. Une ceinture maraîchère de proxi- Les problèmes rencontrés par l’agriculture africaine se
mité se développe [4]. Les petits exploitants consacrent situent dans le cadre plus vaste des politiques de déve-
une partie de leur production à l’autoconsommation et loppement.
l’autre à l’approvisionnement en produits locaux des
marchés urbains. Cette démarche peut être entravée par 3. Démarche proposée
la faiblesse du pouvoir d’achat des populations locales
1 – Le constat de l’insécurité alimentaire : aspects
ou par la concurrence des importations bon marché.
quantitatifs, sous-alimentation chronique, crises,
■ Les investissements et l’amélioration des méthodes dégradation de la situation alimentaire [1, 3, 5, 7, [1]
culturales permettent de lutter contre la désertifica- p. 84, [4] p. 88, [5] p. 91, Atlas 18]
tion, d’augmenter les rendements [2 et 3], d’accroître
2 – L’agriculture africaine : système dual, diversité,
la production et de dégager des excédents. Une aide
moyens et performances, insertion dans les échanges,
extérieure (ONG, apport financier des émigrés…) est
contraintes [1 à 7, [1] p. 76, [3] p. 84, [5] p. 85, [2]
nécessaire pour financer les investissements initiaux,
p. 86, [4] p. 88, [5] p. 91, Atlas 15, 16 et 18]
stimuler les initiatives locales et encadrer la formation
des agriculteurs. Le développement des voies de circu- 3 – Quelles solutions pour une agriculture dura-
lation et des infrastructures (stockage, première trans- ble ? : exemple du Burkina Faso, dynamique du déve-
formation) conditionne la réussite de cette agriculture loppement, critères économiques, sociaux et environ-
en lui offrant des débouchés (villes, autres régions…) nementaux [1 à 7, [3] p. 84]
qui peuvent être compromis par une politique d’impor-
tation de produits alimentaires bon marché ([3] p. 84 4. Informations
et [5] p. 85). complémentaires
■ Cultures vivrières et commerciales ne sont pas toujours Documents 2 et 3 : Agriculture durable à Gourcy, Burkina Faso
en concurrence dans l’espace (surfaces cultivées) et dans
■ Le passage d’une agriculture extensive à une agri-
le temps (calendrier du travail agricole), elles peuvent
culture intensive passe par des aménagements qui
être complémentaires (association sur la même parcelle,
freinent le ruissellement de l’eau et l’érosion du sol
rotation des cultures, utilisation d’infrastructures com-
(alignement pierreux, terrasses qui suivent les courbes
munes). Les cultures d’exportation rapportent des devi-
de niveau, tranchées, cuvettes et digues pour retenir
ses qui peuvent aussi servir les investissements.
l’eau, plantation d’arbres, fertilisation par la techni-
que des zaï – enfouissement des graines dans des trous
2. Réponse à la problématique profonds remplis de fumier). Peu coûteux, ils deman-
■ En termes de sécurité alimentaire, l’Afrique subsaha-
dent de la main-d’œuvre et un investissement initial
rienne présente un problème particulier, celui du para- d’environ 130 € par ha que seules les ONG peuvent
doxe d’un continent riche en ressources, où l’agriculture fournir (camion et essence pour transporter les pier-
occupe une place dominante mais qui structurellement res, achat de matériel, paiement de la main-d’œuvre).
ne parvient pas à nourrir sa population. Si les politiques
agricoles conduites par les pays africains sont diverses Document 4 : Agriculture périurbaine à Dar es-Salaam, Tanzanie
dans le temps et l’espace, on note certains caractères ■ La forte croissance urbaine explique le développe-
communs à l’ensemble subsaharien. La révolution verte
ment des cultures vivrières autour des villes. Plus de
(fondée sur de fortes densités de population, l’irriga-
20 % du sol de Dar es Salaam est cultivé et 20 % des
tion des céréales et l’encadrement étatique) n’est guère
travailleurs ont une activité agricole. Les agriculteurs
adaptée à l’Afrique (faibles densités, tubercules et
urbains produisent 90 % des légumes consommés et
agriculture pluviale, instabilité politique). L’agriculture
pratiquent l’élevage (6,5 millions de poulets). On
africaine se voit confrontée à de lourds enjeux : nourrir
observe la taille des parcelles et la diversité des cultu-
une population en croissance rapide et de plus en plus
res intensives, la croissance urbaine et la présence
urbaine, fournir des devises par l’exportation de denrées
d’immeubles en construction, les infrastructures de
agricoles. Elle ne manque pas de dynamisme, mais il
stockages et de transformation des produits agricoles.
lui faut faire face dans des conditions difficiles : man-
que d’infrastructure, encadrement étatique déficient, Site à consulter
concurrence des agricultures subventionnées, faible www.fao.org
Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 65

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3
Situation

L’agro-business aux États-Unis pages 82-83

1. Réponses aux questions ■ Agriculteurs et éleveurs sont dépendants des grandes


firmes (FTN) qui leur fournissent, en amont, matériel
Question 1 : Une agriculture productiviste [1 à 5 et [2] p. 86]
agricole, intrants, semences, aliments pour bétail,
■ L’agriculture américaine mobilise des moyens tech- conseils techniques et capitaux (offre) et, en aval, les
niques, financiers et humains importants au service débouchés nécessaires pour écouler leur production
de la performance. Grâce aux acquis de la deuxième (demande). La grande distribution (Wal-Mart) joue un
révolution agricole (productivisme, mécanisation, uti- rôle de plus en plus important dans ce domaine.
lisation massive d’intrants…) et de la troisième (bio-
■ Les relations entre agriculteurs, éleveurs et firmes
technologie, OGM…), les méthodes de production sont
sont diverses :
intensives et elles permettent d’atteindre des rende-
ments élevés : peu de main-d’œuvre (2 % de la popula- – certaines firmes (Cargill, 2e groupe mondial de
tion active, 1 agriculteur cultive près de 65 ha) ; forte l’agroalimentaire en 2007 ou Tyson Foods, 7e rang)
utilisation des OGM (le maïs est OGM à plus de 50 % pratiquent l’intégration verticale ; elles intervien-
et le soja à plus de 90 %) ; engraissement rapide des nent (par filiales parfois) à différents stades de la
bovins avec des aliments industriels dans des parcs de filière (dont la production agricole) et possèdent
stabulation. Il s’agit d’une agriculture de plus en plus leurs propres exploitations agricoles ;
technique, qui emploie de moins en moins de monde – d’autres firmes (souvent dans l’élevage industriel)
et entraîne une forte artificialisation des milieux natu- interviennent seulement en amont de la production
rels [Atlas 15 et 16]. (animaux, aliments, produits sanitaires) et en aval
(abattage, conditionnement, commercialisation).
■ La production agricole est conséquente. Elle permet
La production demeure alors le fait d’éleveurs ou
de nourrir plus de 300 millions de personnes (énorme
agriculteurs indépendants qui se trouvent en posi-
marché intérieur) et de dégager d’importants surplus
tion de sous-traitance par rapport aux grandes fir-
pour exporter massivement [1]. Les États-Unis occu-
mes qui leur passent contrat ;
pent la 1re place pour la production des céréales (den-
rée de base de l’alimentation mondiale) et pour leur – plusieurs firmes s’associent pour une activité don-
exportation (un des greniers du monde). née (cluster Cargill-Monsanto pour la production de
semences).
La filière agroalimentaire américaine fonctionne donc
Question 2 : L’intégration du système agroalimentaire [3 et 4] comme un système dans lequel les activités liées au
■ La place et le rôle des acteurs soulignent le fonction- secteur primaire sont imbriquées avec celles des sec-
nement du système agro alimentaire, 1er secteur d’ac- teurs industriel et tertiaire. La part des services s’ac-
tivité du pays. Si les agriculteurs, les éleveurs et leurs croît sans cesse comme le pouvoir décisionnaire des
exploitations agricoles constituent le maillon central grandes firmes ([2] p. 90).
de la filière, ils représentent l’élément le plus réduit
en termes d’emplois (12 % des emplois de la filière) et
Question 3 : L’agro-business, facteur de la puissance américaine
de contribution à la richesse créée (5 % de la part de
[1, 3, 6]
PIB représentée par la filière). La production agricole
génère des activités induites et la création de richesses ■ L’agriculture américaine est largement tournée vers
en amont et en aval. Les activités en amont représen- l’exportation (plus d’un hectare sur trois produit pour
tent respectivement 18 % des emplois et 30 % de la l’exportation). Une grande partie des productions
part de PIB imputable à la filière agroalimentaire. La de cette agriculture intensive est destinée au mar-
filière est pilotée par l’aval où les activités de transfor- ché mondial que les États-Unis contrôlent largement
mation, transport, distribution et commercialisation (25 %). Ils occupent une position dominante pour les
pèsent 70 % des emplois et 65 % de la part de PIB produits stratégiques (2/3 du marché mondial du maïs,
imputable à l’agroalimentaire. environ 1/3 de ceux du blé et du soja).

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■ Les grandes firmes américaines (Dole Foods Compa- 3. Démarche proposée
gny) délocalisent aussi leurs activités pour profiter
1 – Une agriculture performante : productions, pro-
de différents avantages : particularité climatique per-
ductivité, rang mondial, rôle économique [1 à 5 et [2]
mettant une culture, faible coût de la main-d’œuvre,
p. 86, Atlas 15, 16 et 18]
déductions fiscales, conquête de marchés locaux. Ce
déploiement mondial suppose de la part de la FTN une 2 – Des moyens considérables : acteurs, pratiques
bonne maîtrise technique de la production et de la agricoles, système agroalimentaire [2 à 5, Atlas 18]
distribution pour des denrées fragiles et hautement
3 – La puissance de l’arme alimentaire : exporta-
périssables (les États-Unis importent des produits tro-
tions, grandes firmes agroalimentaires, rôle mondial,
picaux et des fruits de contre-saison).
pratiques alimentaires et problèmes environnementaux
■ L’agro-business américain bénéfice de deux appuis [1 à 3, 6 et [1] p. 90, Atlas 17]
pour imposer sa politique agricole et sa stratégie mon-
diale : la puissance financière des FTN et le soutien fort
du gouvernement fédéral (subventions à la production, 4. Informations
à l’exportation, protectionnisme…). S’il doit parfois complémentaires
composer avec ses partenaires commerciaux (« guerre
Document 5 : Un feed lot au Texas
de la banane » avec l’UE), il est souvent en mesure de
peser sur les décisions internationales (diffusion des ■ L’organisation de l’espace de l’exploitation met en
OGM mis au point par des firmes américaines, négocia- évidence plusieurs caractéristiques du système agroa-
tions de l’OMC…). limentaire américain : intensivité, productivisme,
intégration entre élevage et agriculture céréalière,
proximité des marchés urbains et transports. Noter la
2. Réponse à la problématique rationalisation de l’organisation spatiale, l’importance
■ Les États-Unis ont tiré profit des moyens techniques
des infrastructures (hangars, silos, distribution des
offerts par les différentes révolutions agricoles (pro- aliments), la présence des axes de circulation, l’asso-
ductivisme, biotechnologie), de conditions naturelles ciation élevage et culture céréalière, la faible présence
favorables, d’une politique de soutien gouvernemental humaine.
et de la puissance capitalistique pour bâtir une agri- Sites à consulter
culture intensive et productive tournée vers les mar-
chés intérieurs et extérieurs. Les activités agricoles www.dole.com
sont intégrées dans une vaste filière de production, www.monsanto.fr
pilotée par de grandes firmes transnationales, qui va Film Ananas connection, Amos Gitaï, 1984 (sur la colo-
de la fourniture du matériel et de la technologie, à la nisation d’Hawaï par les États-Unis et le rôle de la Dole
transformation, la distribution et la commercialisation Fruit Foods Company dans la culture d’ananas)
de produits alimentaires industrialisés. Cette filière
agroalimentaire, qui dégage de forts profits, constitue
un secteur-clé de l’économie et contribue à la puis-
sance des États-Unis dans le monde (food power).

Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 67

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Savoir-faire
Objectif

La sécurité alimentaire dans le monde


pages 84-85

1. Introduction plein fouet par la hausse brutale des prix des denrées
alimentaires de bases (céréales).
■ L’objectif est de s’appuyer sur la démarche inductive

pour approcher, in situ, les différents attributs d’une ■ La mise en relation de la carte de la sous-alimenta-
notion complexe dont la compréhension est centrale tion dans le monde ([1] p. 84) avec celle de la popula-
pour une bonne maîtrise du sujet d’étude Nourrir les tion agricole [Atlas 16] montre que la sous-alimenta-
hommes. La sécurité alimentaire peut s’appréhender tion chronique sévit essentiellement dans les pays où
selon différents champs conceptuels et elle se décline la part de la population active agricole est importante.
selon des aspects quantitatifs, qualitatifs, sanitaires, On peut bien parler de désordres alimentaires.
commerciaux. Aborder cette question permet de poser
la question des politiques alimentaires, des choix Question 2 : Le Sénégal et la crise alimentaire en 2008
effectués par différents acteurs (dont les États), du [2, 3, 5]
développement durable. ■ L’exemple du Sénégal montre que la question de
la sécurité alimentaire se pose autant en termes de
production et de ressource qu’en termes de commerce
2. Réponses aux questions
international et d’approvisionnement.
Question 1 : La sous-alimentation dans le monde [1 à 3, 5] ■ Jusqu’en 2008, le Sénégal a choisi de privilégier les
importations alimentaires à bon marché pour nourrir sa
■ Les pays dont la part de la population sous-alimen-
population (intégration dans le commerce internatio-
tée est supérieure à 25 % se trouvent en majorité en
nal et situation de dépendance). La hausse brutale des
Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique latine.
prix et le gel des exportations par son principal four-
Il s’agit souvent d’une sous-alimentation chronique.
nisseur limitent ses possibilités d’approvisionnement
Quelques pays sont plus sévèrement touchés : Haïti,
alimentaire. Pour nourrir sa population, il se tourne vers
Nicaragua, Panama, République Démocratique du
une politique de production locale qui vise à réduire la
Congo, Sierra Leone, Liberia, Érythrée, Yémen, Mada-
dépendance et à rechercher l’autosuffisance alimentaire.
gascar, Tadjikistan, Cambodge, Corée du Nord… On
Cela passe par une politique de soutien à l’agriculture
retrouve assez nettement une opposition Nord-Sud en
locale, par des investissements dans les infrastructures
observant la carte.
et le matériel agricole (charrues, motopompes d’irriga-
■ Les émeutes de la faim correspondent à des situations tion…), par une augmentation importante des surfaces
de crise aiguë et de famine. Leur localisation est en cultivées, par le retour à des cultures locales tradition-
grande partie similaire à celle de la sous-alimentation nelles (fonio), par une politique de subventions agrico-
importante : majoritairement en Afrique, en Asie et les. Cette politique permet, dans un premier temps, de
en Amérique centrale. On note cependant en 2008 la doubler la production de céréale. Elle nécessite cepen-
présence d’émeutes dans des pays ordinairement moins dant de faire appel à l’aide internationale.
frappés par le fléau de la sous-alimentation : Argen- ■ Noter qu’en échange de l’aide accordée (prêt sur
tine, Mexique, Maroc, Cameroun, Égypte, Indonésie. La 20 ans), l’Inde a obtenu du Sénégal la mise à disposition
hausse des prix des céréales a pénalisé les pays impor- de 240 000 ha de terres cultivables (land crabbing).
tateurs de céréales (dilemme alimentaire [4] p. 78).
■ La réponse apportée par le Sénégal réside dans une
Les émeutes ont touché les grandes villes, et non plus
modification de la politique alimentaire qui privilégie
seulement les espaces ruraux. La population urbaine
désormais la souveraineté alimentaire sur les importa-
(notamment les classes moyennes) a été frappée de
tions bon marché (dilemme alimentaire [4] p. 78).

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Question 3 : Santé et sécurité alimentaire [4,6, Atlas 17] taire pour proposer une définition complète qui ren-
voie aux situations évoquées dans cette double page.
■La sécurité alimentaire est dépendante de la quantité
de l’alimentation proposée mais aussi de sa qualité. ■ La sécurité alimentaire suppose :
– L’agriculture productiviste a engendré des prati- – une nourriture suffisante en quantité (nombre de
ques qui ont compromis la qualité des produits ali- calories) et équilibrée (apports en protéines, glu-
mentaires d’origine végétale ou animale (pesticides, cides, vitamines, nutriments…) pour satisfaire les
hormones, antibiotiques, additifs alimentaires…). besoins nutritionnels des individus → food secu-
Plusieurs crises alimentaires et sanitaires ont alerté rity. Elle peut être obtenue à partir de la production
les consommateurs : veau aux hormones, crise de nationale ou importée. Si ces conditions ne sont pas
l’ESB (vache folle) en Europe dans les années 1990, remplies, il y a sous-alimentation ou malnutrition ;
lait à la mélanine en Chine, grippe aviaire… Des – une nourriture de bonne qualité qui ne présente
mesures de contrôle et d’encadrement de la politi- pas de risques pour la santé → food safety ;
que de sécurité alimentaire ont été prises au niveau
– une nourriture qui soit accessible à tous indé-
national, européen et international [4].
pendamment du statut social et de la localisation
– L’utilisation des OGM dans l’agriculture fait l’objet géographique (prix abordable, stocks disponibles,
de débats relatifs à son utilité ou à son caractère accessibilité…) ;
dangereux. Plusieurs États et institutions interna-
– la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire la capa-
tionales réglementent cette utilisation.
cité d’un État à assurer l’alimentation de ses popu-
– Lié aux conditions d’hygiène dans les processus lations à partir de la production nationale ou à par-
de production et de commercialisation, le risque ali- tir des importations. L’approvisionnement dépend
mentaire reste constant (environ 76 millions d’in- des possibilités financières, techniques, des infras-
toxications alimentaires aux États-Unis et 7 000 en tructures…
France par an). Dans de nombreux pays, les aliments
préparés et vendus dans les rues représentent une ■ Placer l’élève en situation de produire une explica-
part importante de la consommation alimentaire tion permet d’évaluer, de manière critériée, le degré de
urbaine (moyen le plus accessible et le moins coû- conceptualisation auquel il est parvenu. La réponse peut
teux d’obtenir un repas équilibré hors de la mai- s’évaluer selon que les aspects qualitatifs et quantitatifs
son). Ces repas jouent un rôle important dans l’acti- sont pris en compte, que production de ressources et
vité économique locale (source de revenus pour les commerce sont évoqués, que le particulier (une situa-
vendeurs, soutien aux productions agricoles loca- tion, un exemple…) est articulé avec le général (le prin-
les…). Les conditions de préparation, l’accès diffi- cipe, l’attribut de la notion, la conceptualisation)…
cile à l’eau et l’assainissement, la pollution liée à la
circulation, la proximité de milieux insalubres aug-
mentent les risques de contamination microbienne 3. Informations
et d’intoxication alimentaire. Des campagnes d’in- complémentaires
formation sont organisées par la FAO [6]. Sur le débat autour de la responsabilité des biocarbu-
– Les maladies non transmissibles liées à l’alimen- rants dans la crise alimentaire : Dossier 8, pp. 156-157
tation (MNTA) frappent les pays développés et Sites à consulter
sont en augmentation dans de nombreux pays en
– http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/
développement [Atlas 17]. Obésité, diabète, mala-
securite-alimentaire/index/crise-esb-ogm-securite-
dies cardio-vasculaires, certains cancers sont liés à
aliments.html
une consommation de produits issus de l’industrie
– www.fao.org : entre autres ressources, rapport
agroalimentaire dont l’apport trop important en
2008 sur L’insécurité alimentaire dans le monde ;
graisses et en sucres est nuisible pour la santé. Les
« manuel » 2007 sur Les bonnes pratiques d’hygiène
pratiques de certaines entreprises de fast food ont
dans la préparation et la vente des aliments de rue
été dénoncées dans ce domaine.
en Afrique ; rapport 2008 sur La situation mondiale
de l’alimentation et de l’agriculture
Question 4 : Définir la sécurité alimentaire – www.eufic.org/index.fr
■ La réponse doit prendre en compte les différents – www.inra.fr
aspects qui permettent de cerner la sécurité alimen- Film Super size me de Morgan Spurlock, 2004
Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 69

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L’essentiel pages 86 à 89 mettant ainsi de multiples comparaisons. Le docu-
ment complète la carte ([1] p. 84) qui donne les indi-
cations par pays. Mise en relation possible avec la
1. En marge pages 86 à 88 carte de la population agricole dans le monde [Atlas
Document 1 : Évolution de la population mondiale 16]. La comparaison des données exprimées en valeur
absolue et en valeur relative permet de nuancer les
Le graphique montre la très forte croissance et son situations : la sous-alimentation frappe essentielle-
accélération dans le temps : la population mondiale ment le monde en développement. On note le poids
double en un siècle (1810-1920) puis double à nouveau représenté par la population asiatique et la situation
en moins d’un demi-siècle (1960-2000). La croissance particulière de l’Afrique en état d’insécurité alimen-
perdure au 21e siècle avec un rythme ralenti. Noter que taire chronique.
les données postérieures à 2007 sont des projections.
Le document traduit la croissance mondiale, mais des
différences existent entre pays développés et pays en
développement, entre zones rurales et zones urbaines. Document 5 : Le coût énergétique du hors saison
Faire réfléchir les élèves sur ce que cette croissance Rappel qu’au-delà de la problématique du rapport entre
induit en termes de demande alimentaire, de consom- la croissance de la population et celle des ressources
mation d’eau et d’énergie. alimentaires, il convient de s’interroger, dans une pers-
pective de développement durable, sur le coût de pro-
duction des denrées alimentaires et sur les habitudes
Document 2 : Superficie cultivée par agriculteur
de consommation, notamment dans les pays dévelop-
Illustration des très fortes disparités. La superficie pés qui réclament un approvisionnement permanent de
cultivée par agriculteur peut être reliée à la taille des légumes saisonniers. Le bilan énergétique est particu-
exploitations, à la mécanisation, à la mise en valeur lièrement lourd pour la production hors-saison d’as-
intensive ou extensive, à la densité de population et à perges et de haricots verts (voir légumes exportés du
la pression foncière. La mise en relation avec les cartes Kenya [7] p. 81). Mise en relation possible avec le
15 et 16 de l’Atlas montre la complexité des situations. chapitre 6 sur l’enjeu énergétique.
On repère l’agriculture productiviste de l’Amérique du
Nord et de l’Europe occidentale. Les données compa-
rables de l’Afrique subsaharienne, du monde indien et
Document 6 : Production agricole et consommation d’eau
du Japon (inférieures à la moyenne mondiale) révèlent
des situations très différentes. Le document rappelle l’importance essentielle de l’eau
dans l’alimentation humaine. L’agriculture absorbe
70 % de l’eau douce à l’échelle mondiale. En dehors
Document 3 : La consommation d’engrais dans le monde des pays tempérés, l’irrégularité, le manque ou l’ex-
Très forte augmentation de la consommation d’engrais cès d’eau rendent l’agriculture aléatoire. Les écarts
depuis 1971 en lien avec la révolution agricole de la en consommation d’eau sont importants entre la pro-
seconde moitié du 20e siècle (agriculture productiviste duction de céréales (aliments de base) et l’élevage.
et révolution verte). À la fin des années 1980, les évo- Plusieurs facteurs contribuent à l’accroissement de
lutions diffèrent. Les pays développés réduisent leur la consommation d’eau dans l’agriculture : le déve-
consommation alors que les pays en développement la loppement de l’irrigation (3,5 fois plus d’eau pour
maintiennent. Les problématiques en termes de ren- le riz inondé que pour le riz pluvial), la transition
dements, de production et de demande alimentaire ne alimentaire (accroissement de la consommation de
sont pas les mêmes. La consommation d’engrais pose viande). La consommation en eau est une donnée à
aussi la question des pollutions induites et de l’agri- prendre en compte dans une perspective d’agriculture
culture durable. durable. L’apparition de l’eau rare et chère engendre
le concept d’« eau virtuelle » qui permet de comparer
les quantités d’eau nécessaires à la fabrication de
Document 4 : La sous-alimentation dans le monde produits agricoles faisant l’objet d’échanges interna-
tionaux.
La sous-alimentation est appréhendée à différentes
échelles (mondiale, Nord/Sud, sous-ensemble) per-

70

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2. Essentiel en image pages 87 et 89 du thé, introduite à Kericho en 1924 par les Britan-
niques : climat tropical, humide et chaud, 2 000 m
1. Riziculture à Fuji City, Japon, 1998
d’altitude, proximité du lac Victoria, précipitations
« Céréale de civilisation » pour l’Asie, le riz occupe une régulières et abondantes (plus de 1 300 mm par an).
place prépondérante dans l’alimentation mondiale : Les vastes espaces de cultures aux parcelles géomé-
11 % de la SAU mondiale ; 50 % de la population mon- triques et régulières (opposées à celles plus petites
diale qui dépend du riz pour le travail ou la consom- de l’arrière-plan) caractérisent l’exploitation moderne.
mation. Le Japon est le 9e producteur mondial mais On distingue bâtiments d’exploitation et lotissements
les cultures déclinent ; il est importateur depuis les abritant les ouvriers logés sur le domaine (permanents
années 1990. Dans un contexte de forte densité de et saisonniers). La plantation s’étend sur un millier
population et de pression foncière élevée, le Japon a d’hectares et les routes d’accès structurent l’ensemble ;
depuis longtemps pratiqué une culture intensive et le des reliquats de forêt garantissent l’humidité et la pro-
riz a une valeur symbolique de défense du patrimoine tection des sols. Réduite par la mise en culture et par
culturel. Il s’agit d’une riziculture irriguée hautement la coupe du bois de chauffe nécessaire au processus
mécanisée (superficie cultivée moyenne de 0,8 ha par de fermentation du thé (séchoirs), la forêt fait l’objet
agriculteur), aux variétés sélectionnées et à la produc- d’un reboisement.
tivité élevée (plusieurs récoltes annuelles).
Il s’agit d’une culture de rente et d’exportation, héritée
La photographie permet de distinguer, par plans suc- de la colonisation, qui intègre le Kenya dans les cir-
cessifs : le mont Fuji, la ville industrielle de Fuji City cuits commerciaux mondiaux. Le Kenya est le 4e pays
(230 000 hab.), les rizières en contact direct avec la producteur (derrière l’Inde, le Sri Lanka et la Chine)
ville (concurrence dans un espace japonais limité), les mais le 1er exportateur de thé avec 22 % des expor-
agriculteurs et une moissonneuse-lieuse montée sur tations (UE 1er importateur). À Kericho, les grandes
des chenilles pour ne pas abîmer les sols. On observe plantations appartiennent à des sociétés nationales ou
les digues d’irrigation, les différentes couleurs tra- à de grandes FTN comme Unilever, leader mondial du
duisant les degrés de maturation des plants de riz, la thé (Lipton) et géant de l’agroalimentaire qui prati-
modernité du matériel agricole. que depuis quelques années une agriculture durable
et éthique dont les bonnes pratiques agricoles sont
Le document peut être mis en relation avec la photogra-
certifiées par l’ONG américaine Rainforest Alliance qui
phie d’une rizière à Madagascar ([1] p. 76) et avec celle
garantit le respect de trois grands principes : la protec-
des cultures urbaines de Dar es-Salaam ([4] p. 81).
tion des ressources naturelles autour des plantations,
l’amélioration de la qualité de vie des travailleurs et
2. Plantation de thé à Kericho, Kenya, 1984 la viabilité économique des exploitations agricoles.
Ces différents producteurs sont membres de l’agence
Le paysage montre une plantation de théiers dans kenyane de développement du thé (KTDA).
la région de Kericho, à l’ouest de Kenya (voie ferrée
reliant la région à Nairobi et Mombasa sur la côte). Les Cf. C. Vincent, « Au Kenya, des plantations de thé
conditions climatiques sont très favorables à la culture se convertissent aux pratiques durables », Le Monde,
2 avril 2009.

Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 71

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Angle
Grand

Du champ à l’assiette : la planète


alimentaire pages 90-91

1. Introduction tèmes alimentaires mondiaux (entre uniformisation et


distinction identitaire) et on attire l’attention sur leurs
Comme le titre l’évoque, il s’agit ici de prendre en
implications en termes de développement durable.
compte le système alimentaire dans son ensemble, de
la ressource agricole aux choix de consommation. En
appréhendant la question de l’alimentation humaine à
2. Réponses aux questions
travers la dynamique du modèle de la transition alimen-
taire (avec ses apports et ses limites) et la diversité Question 1 : La diversité des systèmes alimentaires
des populations, on souligne la complexité des sys- de la planète [1, 2, 5, 6 et 3 p. 77]

Famille Ukita Famille Revis Famille Notamo Famille Cui


Japon États-Unis Mali Chine
Mode de vie – milieu urbain –milieu urbain – milieu rural – milieu rural
– pays développé – pays développé – pays en développement – pays émergent
– famille de 2 adultes + – famille de 2 adultes + – famille de 4 adultes et 11 – famille de 5 adultes et 1
2 enfants soit un coût de 2 enfants soit un coût de enfants soit un coût de 1,8 $ enfant soit un coût de 9,5 $
79,3 $ par personne 85,5 $ par personne par personne par personne
Régime alimentaire – régime alimentaire – part importante de la – régime peu varié avec forte – part très importante des
diversifié viande dans l’apport en prédominance des céréales fruits et légumes frais et
– part importante du poisson protéines (riz fumé, millet, maïs sec) du riz
dans l’apport en protéines – beaucoup de sauces et – un peu de poisson séché, – apport en protéines
– diversité des fruits et condiments, de boissons piment, tomate, lait caillé animales par les œufs et la
légumes sucrées viande
– peu de fruits et légumes – peu de laitage
frais
Produits transformés – sauces, condiments, – part dominante des produits – production locale pour – peu de transformation et
et importés pâtes issus de l’industrie transformés par l’industrie l’essentiel des aliments emballage (sauf condiments
agroalimentaire agroalimentaire – des produits bruts et boissons)
– alimentation à faible – world food (pizza, tacos, (conservation par séchage) – aliments issus de la
influence occidentale sushi et maki) production locale (voire
(mayonnaise, sauce BBQ, pain familiale)
de mie, fraise…)
Coût énergétique et – part importante des – beaucoup d’emballages – faible bilan énergétique – coût énergétique faible
déchets emballages en plastique – la production de viande et peu de déchets (tout est (viande) et très peu de
même pour produits frais nécessite plus d’énergie consommé) déchets (recyclés dans
élevage et agriculture)
Conclusion – entre les stades agro- – stade agro-tertiaire – stade agricole – stade artisanal
industriel et agro-tertiaire – alimentation – situation alimentaire à – cuisine très peu
– cuisine qui conserve son « mondialisée » la limite de la malnutrition occidentalisée
identité propre – régime alimentaire riche en (21 % de sous-alimentés) – différence entre populations
– peu de sucre et de graisse graisse et en sucre (32,2 % – apport réduit en sucre et rurale et urbaine
(3,1 % d’obèses) d’obèses) en protéines animales

Question 2 : La transition alimentaire en Chine à l’alimentation humaine diminue surtout à la campa-


La consommation de viande augmente de manière gne (transition plus avancée en ville et exode rural),
importante (surtout bœuf) et la part des céréales celle consacrée à la consommation animale augmente.
diminue sensiblement [3]. Cette évolution du régime La part consacrée à la production d’énergie (agrocar-
alimentaire correspond au modèle de la transition ali- burants) augmente (industrialisation). À terme, cette
mentaire. Elle est liée à l’augmentation du niveau de évolution du régime alimentaire risque d’augmenter la
vie des Chinois. Elle induit une modification de l’utili- quantité d’eau et d’énergie nécessaire pour satisfaire
sation des céréales [4] : la part directement consacrée la demande alimentaire.

72

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3. Réponse à la problématique En partie ethnocentrique, le modèle donne des clés
de lecture des évolutions alimentaires. En retraçant de
Les choix alimentaires relèvent de décisions complexes
manière schématique les principaux stades de l’évo-
qui prennent en compte les politiques agricoles (sécu-
lution, il donne des repères permettant de situer les
rité alimentaire, ressources, échanges…), les pratiques
situations observées. Mais la réalité est toujours plus
culturelles (habitudes alimentaires, interdits religieux,
complexe (l’Inde échappe largement au modèle).
identité…), les niveaux de développement (revenus,
transition alimentaire…), l’insertion dans la mondia- Document 1 : Famille Revis
lisation. Quels que soient ces choix, ils ont un impact
Famille recomposée photographiée dans la cuisine de sa
en termes de développement durable, tant sur le plan
maison dans la banlieue de Raleigh. La mère et le fils
environnemental que social et économique.
aîné surveillent régulièrement leur poids (régime, salle
de sport). Les bananes consommées sont produites par
4. Informations complémentaires Dole Foods Company ([6] p. 83). Les produits achetés en
fast food représentent 21 % du budget hebdomadaire.
Le modèle de la transition alimentaire
Il repose sur le constat de la diffusion à l’ensemble Document 5 : Famille Natomo
des pays riches, puis à différents pays en développe- Famille photographiée sur le toit de sa maison en terre
ment, du « modèle » occidental de consommation et de séchée, au nord de Bamako, à proximité du fleuve Niger
production alimentaire, un modèle à haut niveau éner- et aux portes du désert. La famille se compose d’un
gétique et protéique, à pourcentage croissant de pro- homme et de ses deux épouses ayant respectivement
téines animales, basé sur la consommation de denrées 5 et 4 enfants (dont 2 adolescents) ; une belle-sœur et
alimentaires industrialisées et diversifiées, produites et ses 2 enfants habitent avec la famille en l’absence du
diffusées par un appareil de production-distribution de mari qui travaille à l’étranger. La maison n’a ni eau ni
plus en plus industrialisé et capitalisé, rendant possible électricité. La cuisson se fait au feu de bois dans des
la consommation de masse (Malassis, 1973). L’élévation marmites, l’eau vient du puits communautaire et de la
du niveau de vie d’une population s’accompagne d’une rivière. Les céréales sont consommées sous forme de
évolution du régime alimentaire : d’abord la population bouillie. La conservation des denrées périssables est
augmente sa consommation de céréales pour manger à difficile en l’absence de réfrigération.
sa faim (sécurité alimentaire) puis elle la diminue pour
s’orienter vers une alimentation plus diversifiée et riche Document 6 : Famille Cui
en viande, produits laitiers, fruits et légumes. Voir site compagnon.

Documents 1, 5, 6 + doc. 3 p. 77 : Répartition des dépenses alimentaires (en % du budget hebdomadaire)

Famille Ukita Famille Revis Famille Notamo Famille Cui


Japon États-Unis Mali Chine
Céréales et féculents 10 % 5,2 % 45 % 7%
Laitages 0,7 % 4,2 % 1% 2,2 %
Viande, poisson et œufs 31,5 % 17 % 5,6 % 40,6 %
Fruits et légumes 25,7 % 12 % 25 % 20,7 %
Sauces et condiments 9% 4% 23 %** 10 %
Dessert 4,8 % 6,2 % 0% 0%
Plats préparés 7% 30 % 1 %*** 0,2 %***
Boisson 9% 23 % 0% 12 %
Apport calorique moyen par 2 761 cal 3 774 cal 2 174 cal 2 951 cal
personne et par jour*

Source : P. Menzel, Hungry Planet, Ed. Ten Speed Press, 2005.

* moyenne mondiale 2 800 cal - ** sel essentiellement - *** bouillon en cube

Le livre de P. Menzel (Hungry Planet, What the world www.fao.org/fcit/index.aspwww.fao.org/fcit/index.


eats, éd. Ten Speed Press, 2005 – en anglais) pro- asp
pose l’analyse de la consommation alimentaire de 30
familles réparties sur l’ensemble de la planète.
Chapitre 5 ■ Nourrir les hommes 73

5190_Ldp_Hpro2e_CH5.indd Sec1:73 30/09/09 10:48:46


Chapitre
Chapitre

3
6 L’enjeu énergétique
Ouverture de chapitre pages 92-93

1. Commentaire du sommaire ■ Le sommet dit « C40 » sur le climat qui s’est clôturé le
21 mai 2009 à Séoul a rassemblé les maires de 80 grandes
L’enjeu énergétique est un des enjeux majeurs du monde
villes du monde, qui se sont engagés à réduire les émis-
actuel : il conditionne à la fois la bonne marche de
sions de gaz à effet de serre et à augmenter leur capacité
l’économie mondiale et le confort de vie des popula-
de lutte contre le réchauffement climatique. Ces villes
tions. La production et la consommation énergétiques
consomment 75 % de l’énergie mondiale, et sont responsa-
mettent aussi en jeu des questions de géopolitique et
bles de l’émission de 80 % des gaz à effet de serre (GES),
de développement durable : accessibilité, émissions de
bien qu’elles occupent seulement 2 % du territoire.
gaz à effet de serre (GES)… La Chine présente un cas
instructif où se croisent toutes ces problématiques. Le ■ La Corée du Sud présente la plus forte densité de popula-

Moyen-Orient comme la Russie ne sont pas à étudier tion d’Asie (486 hab/km2 en 2007). Elle est le 10e consom-
seulement sous l’angle géopolitique pour leur place de mateur mondial d’énergie (énergies fossiles à 83 % ;
fournisseurs incontournables, mais aussi sous l’angle du importations à 97 %) et le 5e importateur de pétrole.
développement durable pour leur manière d’exploiter
l’énergie, de la consommer et d’en utiliser la rente. À ces
questions s’ajoute celle du recours à d’autres énergies Document 2 : Plate-forme pétrolière offshore en mer du Nord,
dans la zone norvégienne, 2008
que les énergies fossiles, dites énergies renouvelables
(EnR) dont il faut envisager les atouts et les limites. ■ Une plate-forme pétrolière offshore est une gigantes-
Quant au Grand Nord, il révèle l’âpre lutte qui s’engage que installation (à comparer à la taille du supertanker)
pour la domination de territoires aux potentialités éner- à la fois industrielle et résidentielle. Chaque implanta-
gétiques alléchantes, à la faveur de la rétractation de la tion représente une prouesse technologique (construc-
banquise... due aux GES. tion, transport, arrimage, fonctionnement). L’exploita-
tion des gisements offshore dans tous les fonds marins
de la planète (de la mer du Nord et de la mer de Chine
2. Analyse des documents aux golfes du Mexique et de Guinée) révèle le poids
■ Trois éléments essentiels de l’enjeu énergétique sont des hydrocarbures, énergie fossile encore incontourna-
pointés ici : la consommation d’énergie accrue par ble (autre plate-forme visible en arrière-plan).
la croissance urbaine et les besoins des pays émer-
gents, le recours persistant aux hydrocarbures par des
Document 3 : Centrale nucléaire de Cruas-Meysse, en Ardèche
moyens de plus en plus sophistiqués et la tentation du (France), 2008
nucléaire pour éviter une dépendance trop forte aux
importations d’énergie. ■ Située le long du Rhône (dont l’eau sert au refroi-
dissement du réacteur), la centrale nucléaire occupe
148 hectares sur les communes de Cruas (dont on
Document 1 : Séoul, la nuit, Corée du Sud, 2008 aperçoit le vieux village et les carrières de ciment)
et de Meysse. Mise en service entre 1984 et 1985, elle
■ Cette photo permet d’observer la concentration
fournit en moyenne 4 à 5 % de la production nationale.
urbaine des besoins en énergie : circulation automo-
En 2008, les 4 réacteurs de la centrale, d’une puissance
bile, enseignes lumineuses, éclairage (rues, bureaux,
unitaire de 900 mégawatts (MW), ont produit 23 mil-
logements), équipements électroménagers, etc. Avec
liards de kWh, soit environ 40 % des besoins annuels de
une population de 11 millions d’habitants intra muros,
la région Rhône-Alpes.
la capitale de la République de Corée est une ville ten-
taculaire, la 3e ville la plus peuplée au monde. Plus de ■ On remarque, près des tours de refroidissement de
3 millions de véhicules y circulent, ce qui entraîne des 155 mètres de haut (panaches de vapeur d’eau), deux
embouteillages quotidiens au-delà de minuit. des trois éoliennes de 3 MW, qui permettent d’alimen-

74

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ter une commune comme Cruas. Vu comme un recours 40 km de Valence (en amont), 15 km de Montélimar
pour sa non émission de GES, le nucléaire représente et 35 km du site nucléaire du Tricastin (en aval). De
un risque sécuritaire (enceinte...) et un risque techno- plus se pose la question du traitement des déchets
logique majeur dont la diffusion (air, eau) ne connaît radioactifs…
pas de frontières : la centrale de Cruas est située à

3. Démarche et parcours
possibles
Exemple d’organisation sur la base d’une séquence
de quatre heures (on est libre d’élaborer une
séquence plus courte).
Séance 1 = Partie 1 ⇒ Situation 1 Séance 4 = Partie 4 ⇒ Situation 2 ou Situation 3 ou
Séance 2 = Partie 2 ⇒ Situation 1 ou Situation 2 ou Grand Angle
Situation 3 En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être
traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-pages
Séance 3 = Partie 3 ⇒ Savoir-faire
(voir tableau).

Quand la banquise
Contenu du chapitre
durable en Chine

(EnR), énergies
développment

renouvelables
en Russie, un
enjeu majeur
Moyen-Orient

Grand Angle
Savoir-faire
Situation 1

Situation 3

convoitises
L’or noir du
Situation 2
Énergie et
Ouverture

d’avenir ?

attise les
L’énergie

Énergies

Atlas
Plan de L’essentiel

Lancement + +

Partie 1 : Une augmentation constante des besoins énergétiques


a. une énergie indispensable + + + + + + +

b. une consommation et une accessibilité inégales + + + + +

c. un monde énergivore + + + + + +

Partie 2 : Des énergies fossiles qui ont atteint leurs limites ?


a. le poids des énergies fossiles + + + + + + +

b. flux et dépendance + + + + + +
c. sécurité de l’approvisionnement et risques
+ + + + + +
technologiques
Partie 3 : Des sources d’énergie alternatives ?
a. la variété des EnR +

b. l’apport des EnR + +

c. les limites des EnR + +

Partie 4 : Le poids de la géopolitique


a. énergie, arme politique + + + + + +

b. énergie, source de tensions internationales + + + + +

Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 75

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1 Énergie et développement durable
Situation

en Chine pages 94-95

1. Réponses aux questions Question 2 : L’évolution des différentes énergies consommées

■ Au 1er rang : le charbon (plus de 75 % en 1980, 70 %


Question 1 : L’évolution de la consommation globale d’énergie en 2005) ; 1er producteur, 1er consommateur et 1er impor-
en Chine tateur mondial (2007).
■ Sa consommation globale d’énergie place la Chine Raisons : domination écrasante due à des gisements
parmi les plus gros consommateurs, juste derrière les nombreux et des réserves énormes (plus de 50 ans
États-Unis, même si la consommation par habitant y d’exploitation des réserves au rythme actuel de 2 mil-
est encore faible. liards de t./an ; 13 % des réserves mondiales) ; 83 % de
l’électricité produite par des centrales thermiques au
■ Consommation globale en forte progression : dou- charbon.
blement en 15 ans (1980-1995) ; stabilisation entre
■ au 2e rang (loin derrière) : le pétrole (stable autour
1995 et 2000 (effets de la crise financière en Asie ?) ;
de 20 %) ; 5e producteur et 2e consommateur et impor-
puis nouvelle hausse spectaculaire de près de 70 % en
tateur mondial ; importations depuis 1993.
5 ans à partir de 2000 ; au total, la consommation
énergétique chinoise a plus que triplé en 25 ans. Raisons : gisements importants (Tarim et Tsaidam) et
grosses potentialités (réserves encore mal connues ou
=> Bilan : une consommation exponentielle (10 % de exploitées faute de moyens techniques et financiers ; en
la demande mondiale en 2000, 20 % prévus en 2020). particulier, gisements offshore en mer de Chine) ; impos-
sibilité de se passer d’une source d’énergie incontour-
■ Principaux facteurs : croissance de l’urbanisation nable, notamment dans le domaine des transports…
(constructions immobilières et équipement des ména- Source d’énergie qui circule facilement donc facile à
ges, développement des infrastructures de transports importer, en principe.
et du marché automobile) ; industrialisation (pour
■ ensuite le gaz (en hausse, autour de 2 % en 2005) ;
l’instant surtout littorale) de pays émergent (appa-
raissant comme « l’usine du monde » ; échanges de multiplication de projets de gazoducs et d’intégration
marchandises qui exigent à la fois des infrastructures aux réseaux asiatique et international.
et des moyens de transports, coûteux en énergie) ; Raisons : exploitation des réserves nationales et recours
aux ressources des pays limitrophes.
=> Bilan : Métropolisation et littoralisation accrois-
sent les besoins énergétiques : « boom des zones côtiè-
■ l’hydroélecricité en hausse, autour de 4 % en 2005
res » (côte Est) cité dans l’article et visible sur la photo (avant la mise en eau du barrage des Trois Gorges, le
du Pont de Nanpu, sur le Huangpu à Shanghai. 06/06/06).
Raisons : territoire chinois déjà très équipé en barra-
Shanghai = la ville la plus peuplée de Chine avec près ges ; fleuves puissants aux affluents nombreux mais
de 10 millions d’hab dans la zone urbaine et de 19 mil- très sollicités (énergie renouvelable, en principe).
lions dans la municipalité ; une des plus denses avec
2 804 habitants au kilomètre carré ; le 1er PIB/hab du
■ le nucléaire, part trop faible pour être visualisée
pays ; le 1er port du monde en tonnage depuis 2005 (uranium : rare pour l’instant) ; construction de 31 cen-
(équipements visibles mais zone industrialo-portuaire trales nucléaires – en plus des 11 existantes – pour pas-
implantée surtout le long du Yangzi) ; site de l’Exposi- ser de moins de 1 % aujourd’hui à 4 % en 2020.
tion universelle en 2010. => Bilan : un territoire aux ressources énergétiques
variées et aux potentialités indéniables.

76

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Question 3 : Des contraintes nombreuses et variées

Contraintes – décalage territorial entre les zones de production et les zones de


économiques consommation d’énergie => obligation de transporter l’énergie (oléoducs,
gazoducs) ; oléoduc Tarim-Shanghai : 3 900 km ;
– sous-exploitation due au manque de moyens financiers et techniques ;
– dépendance due au déséquilibre entre production et besoins d’hydrocarbures =>
obligation d’importer (voir flux d’importation et données citées) de Russie et
d’Asie centrale, mais aussi d’Indonésie, du Moyen-Orient, d’Afrique…
Contraintes – accessibilité aux ressources intérieures (situées dans des provinces peuplées de
géopolitiques minorités revendicatives : Tibétains et surtout Ouigours du Nord-Ouest) ;
– sécurité des approvisionnements provenant de zones instables (Moyen-Orient),
passant par des détroits non sécurisés (Ormuz, Malacca) ;
– gisements off-shore dans zones litigieuses de la mer de Chine, soumises de plus
aux typhons ;
– tensions dues aux prélèvements dans les fleuves avec les autres pays riverains
en aval.
Contraintes sociales – « déplacements forcés de population » dus à la construction de barrages (au
moins 1,5 million de déplacés à cause du barrage des Trois Gorges) ;
– destruction du patrimoine historique et culturel ;
– mines vétustes souvent illégales (6 000 morts/an officiellement, 20 000 plus
probablement)
Contraintes – impact de la pollution due au charbon (énergie la plus polluante):
environnementales centrales thermiques très polluantes et peu efficaces ; essor des activités
sidérurgiques (paysage urbain et industriel enfumé de Benxi) ;
– pollution locale : air vicié par les fumées et les émanations toxiques;
– impact planétaire (Chine = 1er émetteur de CO2 en 2007).

Question 4 : Deux défis majeurs : indépendance charbon et en ayant recours à de coûteuses impor-
et développement durable tations d’hydrocarbures. Elle doit ainsi affronter deux
■ Assurer son indépendance et sa sécurité énergé- contraintes majeures : une forte dépendance vis-à-vis
tiques en exploitant davantage ses ressources natio- de ses fournisseurs et une dégradation de l’environ-
nales et en diversifiant à la fois ses ressources et ses nement incompatible avec le développement durable,
fournisseurs (ouverture vers l’Amérique latine, l’Iran, notamment à cause de ses émissions de CO2.
le Soudan...) ;
■ Opter pour un développement durable en réduisant 3. Démarche proposée
sa consommation (réduction de l’intensité énergétique :
pour produire 1 dollar de valeur ajoutée, on consomme 1. Constat : besoins et consommation en hausse.
3 fois plus d’énergie en Chine que la moyenne mon-
diale) ; en développant les EnR (hydroélectricité, pro- 2. Quelles ressources ? Quelles contraintes ? Des
duction de charbon propre). richesses mais des déséquilibres (territoriaux, envi-
ronnementaux...)
3. Comment faire face ? Diversification des fournis-
2. Réponse à la problématique seurs, essor des EnR et progrès technologiques

La Chine fait face aux besoins de sa croissance en


utilisant massivement ses immenses ressources de

Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 77

5190_Ldp_Hpro2e_CH6.indd 77 30/09/09 10:56:34


2 L’or noir du Moyen-Orient
Situation

pages 96-97

1. Réponses aux questions lieu à des guerres longues ou larvées, dont la consé-
quence est souvent de compromettre... l’accessibilité
Question 1 : Une région au cœur des exportations de pétrole
de cette ressource ! [4].
[1 et 2, Atlas 20]
■ Pour ce qui est des principaux pays exportateurs,
■ Principales régions d’importation : les trois pôles de
mis à part la Russie, le Mexique et le Kazakhstan, ils
la Triade (Amérique du Nord dont États-Unis et Canada,
appartiennent tous à l’OPEP : parmi les 11 États mem-
Europe occidentale et Japon) et les pays émergents
bres cités, on compte 6 États du Moyen-Orient, qui
d’Asie (Chine, Corée du Sud, Taiwan et Singapour sur-
en constituent donc la majorité et dont le poids dans
tout, Inde aussi), c’est-à-dire des pays déjà, ou de plus
les décisions (à propos de la fixation des quotas de
en plus, industrialisés et urbanisés.
production ou des prix) est donc considérable. Les
■ Tout en étant des régions productrices de pétrole pays exportateurs sont donc largement tributaires de
(pays classés par ordre décroissant du solde énergéti- l’intervention ou de la situation des pays du Moyen-
que [2]), l’Amérique du Nord et l’Europe sont les plus Orient : il en va des recettes (ou rente pétrolière) et du
déficitaires et, par conséquent, contraintes à importer budget de ces États [6], donc de leur croissance et de
du pétrole ; il en va de même de la Chine. leur développement.
■ Principales régions d’exportation : le Moyen-Orient, ■ La Une de Courrier International [5] suggère quel-

très loin devant l’Afrique (Algérie, Tchad, Nigeria, ques-unes des conséquences à venir de cette volatilité
Angola, Gabon) et l’Amérique centrale et du Sud (Mexi- des prix du pétrole, surtout quand ils sont à la hausse
que et Venezuela). (« quand le baril de brut vaudra 200 dollars ») comme
■ Le Moyen-Orient compte 6 producteurs majeurs : Ara-
pendant l’été 2008 en France, avec environ 1,5 euro
bie saoudite, Iran, Émirats Arabes Unis, Irak, Koweït, le litre de SP 95 : « moins de voyages » (trop chers),
Qatar. « plus d’inflation » (hausse des prix à la consomma-
tion comme en 1973), « plus d’inégalités » (entre pays
D’autre part, c’est au Moyen-Orient que se trouvent, et riches et pays pauvres), « plus de conflits » (rivalités
de loin, les plus grosses réserves mondiales connues de dans l’approvisionnement).
pétrole [Atlas 20]. C’est donc, actuellement et poten-
tiellement, une région d’exportation majeure. Mais la corde du pendu, fabriquée avec le tuyau de la
pompe à essence transformée en nœud coulant, sym-
bolise aussi plus largement la dépendance « fatale » de
Question 2 : Un producteur incontournable [2 3, 4 et 6] nos sociétés modernes à cette source d’énergie.
■ Les pays importateurs sont donc dépendants du

Moyen-Orient (coût du baril, quantités disponibles) à Question 3 : Des enjeux considérables [1 à 6]


la mesure de leur dépendance au pétrole. L’instabilité
politique qui marque le Moyen-Orient influe sur le prix
■ L’étude du cas du Moyen-Orient permet de construire
du baril de pétrole et sur la disponibilité de la res- trois notions essentielles dans ce chapitre et dans le
source : les fluctuations du prix du baril sont très sou- programme (voir chapitre 5). Les notions de dépen-
vent dues à un événement lié au Moyen-Orient (évoqué dance et d’accessibilité sont à relier à celle de géopo-
6 fois dans le [3]). De plus, la volonté de sécuriser litique (voir schéma d’articulation entre Sujet d’étude
l’accès au pétrole est une cause de conflits, donnant et Situations sur le site compagnon).

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Dépendance Accessibilité Développement durable
– Au pétrole : consommation des Réduite par – « Vivable » compromis par
pays industrialisés et émergents – Multiplicité et multiplication des les guerres : graphique [3], photo
(graphique [2] ; Une [5]) importateurs de pétrole : flux [1], [4]
– Au Moyen-Orient : flux [1], graphique [2] – « Viable » compromis par le
production (graphique [2]), – Consommation de pétrole (en gaspillage : puits en flamme [4] ;
réserves [Atlas 20] augmentation) : graphique [2] par le « tout pétrole » : Une [5]
– Guerres : graphique [3], photo – « Équitable » compromis par la
[4] hausse des prix du pétrole qui
– Hausse des prix : graphique [3] renforce les inégalités : graphique
– Transit des flux par des passages [3] ; par la non contribution de la
« sensibles » : exiguïté, piraterie [3 rente pétrolière au développement
page 102] humain : corruption, dictatures… [6]

2. Réponse à la problématique 3. Démarche proposée


■ Le Moyen-Orient apparaît comme une région vitale
1. Une région pétrolière majeure : flux, réserves [1,
pour les pays industrialisés car c’est le plus gros four-
2 et Atlas 20]
nisseur mondial de pétrole, mais aussi le détenteur
des plus grandes réserves d’hydrocarbures. Une telle 2. Une région pétrolière incontournable : des écono-
domination en fait un partenaire incontournable pour mies dépendantes [1 à 5]
les grands pays consommateurs. Mais l’instabilité
3. Une région pétrolière instable : accessibilité,
politique qui pèse sur le Moyen-Orient a des répercus-
développement durable [1 à 6]
sions sur l’approvisionnement en pétrole du reste du
monde car les conflits contrarient les disponibilités
en pétrole (arrêt de la production et hausse des prix),
4. Pistes
l’accessibilité à la ressource (destructions et opéra-
tions militaires)… La dépendance au pétrole et au Documentaires-vidéo : LE DESSOUS DES CARTES, L’es-
Moyen-Orient apparaît comme un des enjeux majeurs pace mondial (classe de Terminale), Belin 2007 : Émis-
du monde actuel. sion 12 – Le Moyen-Orient sous influence

Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 79

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3 L’énergie en Russie, un enjeu majeur
Situation

pages 98-99

1. Réponses aux questions ■ Une consommation élevée qui fait de la Russie le


« troisième consommateur d’énergie (derrière les États-
Question 1 : Des hydrocarbures aux multiples atouts [2] Unis et le Japon) » et le « deuxième consommateur de
■Les hydrocarbures sont pour la Russie un facteur de gaz derrière les États-Unis » [2 et 3] :
puissance, à la fois économique et politique : – impact des « conditions climatiques » (« chauffage
– contribution des hydrocarbures à la puissance au gaz ») ;
économique de la Russie : « 25 % du PIB, 40 % – gaspillage à cause du « faible coût de l’énergie »
des recettes du budget de l’État, 2/3 des recettes – « une des plus fortes intensités énergétiques du
en devises », grâce à une production élevée (« 1er monde » (installations industrielles peu performan-
rang mondial pour le gaz naturel et le pétrole en tes, voire obsolètes).
2004 ») et des exportations élevées de pétrole (« 2e
rang mondial ») et de gaz naturel (1er rang mondial
Question 3 : Une géopolitique complexe [5 et 6, Atlas 22]
devant le Canada et la Norvège).
– contribution des hydrocarbures à la puissance poli- ■ Les quatre gazoducs russes qui alimentent l’UE
tique de la Russie : « renouvellement de son influence (Yamal 1, Brotherhood, Soyouz et Blue Stream) datent
perdue à la suite de l’effondrement de l’URSS » grâce de l’URSS. Aujourd’hui, ils traversent des États devenus
aussi au recours que les hydrocarbures russes repré- indépendants et leur parcours est soumis à une géopo-
sentent face à l’« instabilité chronique des zones litique complexe :
traditionnelles de production (Moyen-Orient) ». – Yamal 1 doit être raccordé au gazoduc Nord Stream
– Ainsi, grâce à ses hydrocarbures, la Russie est qui traverse la mer Baltique afin de contourner les
devenue « un acteur incontournable du jeu énergé- États baltes et la Pologne ;
tique mondial » (géopolitique). – quant à Blue Stream, il doit être prolongé à tra-
http://www.russie.net/article4593.html vers la mer Noire par le gazoduc South Stream afin
d’éviter la Biélorussie, l’Ukraine et la Géorgie.
■ Les Européens – de même que les dirigeants améri-
Question 2 : De la production à la consommation : cains – soutiennent le projet Nabuccco pour deux rai-
des insuffisances [1 à 4] sons essentielles :
■ Des gisements difficilement accessibles [2 et 4] : – ce gazoduc permet d’approvisionner l’UE en gaz
– handicaps dus à l’éloignement des sites de produc- provenant d’Iran et d’Asie centrale, c’est-à-dire
tion (« 90 % du gaz et 67 % du pétrole ») par rapport d’autres fournisseurs que la Russie ;
aux zones de consommation, qu’elles soient russes ou – son tracé évite le territoire russe en acheminant
étrangères (coûts d’exploitation dans des régions iso- le gaz du Kazakhstan et de la mer Caspienne vers
lées et d’acheminement par oléoducs ou gazoducs) ; l’UE à travers la Turquie via Ankara et Istanbul.
– rareté, voire absence, des sites d’exploitation ■ On peut comprendre cette volonté des Européens de

(milieu répulsif – glace, forêt –, investissements diversifier leurs sources d’approvisionnement quand on
élevés, technologie sophistiquée…) au-delà du cer- constate le taux de dépendance de certains États :
cle polaire (Timan Pechora), en Sibérie orientale ou – totale ou presque pour les États baltes, la Fin-
à Sakhaline (voir aussi pages 106-107) ; lande et la Slovaquie ;
– exportations par transport maritime limitées par la – aux trois-quarts ou presque pour la Grèce, la
présence de mers entièrement ou à moitié fermées République tchèque et la Hongrie ;
(mer Caspienne, mer Noire et mer Baltique) ou prises – de plus de la moitié pour l’Autriche et la Pologne ;
par les glaces (de la mer de Kara à la mer d’Okhotsk) ; – d’un tiers pour l’Allemagne ;
– tensions géopolitiques (délimitation des ZEE en – d’un bon quart pour la France (qui importe son
mer Caspienne). gaz d’Algérie).

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Question 4 : Un bilan énergétique contrasté [1 à 7, Atlas 19, 20 et 22, rabat B]

Forces ou atouts Faiblesses ou handicaps


Des réserves prouvées considérables en gaz, charbon Une forte consommation énergétique (ménages et
et uranium industrie) mal maîtrisée (gaspillage, installations mal
Des réserves potentielles dans les zones inexplorées entretenues ou obsolètes, intensité énergétique)
(Sibérie et Arctique) Des gisements peu ou pas accessibles (distances,
Une des plus importantes productions mondiales climat)
Une forte demande mondiale La pollution du sol et de l’eau (radioactivité,
Un énorme réseau de tubes conduites percées, 8e émetteur de CO2…)
Un recours (pour contourner le Moyen-Orient) Une population qui profite peu de la rente énergétique
Le réchauffement climatique (logements délabrés, insolvabilité…)

2. Réponse à la problématique 4. Informations


■ La question énergétique est cruciale en Russie, parce complémentaires
que l’énergie procure à l’État puissance économique ■ Documents 1, 3 et Atlas 22 : Ces trois cartes per-

et puissance politique. En effet, sa production éner- mettent d’observer la densité et la complexité des
gétique place la Russie en tête des producteurs et des réseaux d’oléoducs et de gazoducs. La carte 22 com-
exportateurs mondiaux d’hydrocarbures, alors que ses plète la carte 3 et ouvre vers l’Asie orientale ; elle per-
ressources sont loin d’être toutes exploitées. Mais le met de préciser les aspects géopolitiques, notamment
bilan énergétique est mitigé à cause de points noirs à travers les routes de l’énergie.
comme une consommation et des coûts d’exploitation
■ Document 4 : La carte 1 permet de localiser ce pay-
élevés, un environnement dégradé, une population qui
sage en Sibérie occidentale. Le gisement de Tioumen
ne profite pas de la rente énergétique. Au regard du
est situé en pleine taïga ; les vastes taches sombres
développement durable, la gestion de l’énergie en Rus-
des forêts de conifères contrastent avec les champs
sie ne semble ni viable (économie/environnement),
de neige et donnent une idée des « conditions clima-
ni vivable (environnement/société), ni équitable
tiques ». Ici les installations industrielles sont dissé-
(société/économie).
minées dans la nature (plusieurs autres sites, réser-
voirs de pétrole à droite). Moins facile à transporter
3. Démarche proposée et à stocker que le pétrole, car il est moins dense, le
gaz doit pour ce faire être refroidi dans des usines de
1. Des hydrocarbures facteurs de puissance : produc- liquéfaction afin de perdre du volume, puis regazéifié,
tion, exportations, contexte géopolitique [2, 5 et 6, ce qui est coûteux. Cela explique aussi que les pays
Atlas 20 et 22 et rabat A] consommateurs ne se constituent pas de réserves de
gaz suffisantes.
2. Des ressources difficiles à mettre en valeur : dis-
tances, climat, coûts... [1, 3, 4 et 6]
3. Une gestion énergétique peu (compatible avec 5. Pistes
le développement) durable : est-elle viable ? vivable ? P. Marchand, Atlas géopolitique de la Russie, Éditions
équitable ? [3 et 7, Atlas 19 et 21] Autrement 2007

Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 81

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Savoir-faire
Objectif

Énergies renouvelables (EnR),


énergies d’avenir ?
Repérer et classer des informations pages 100-101

1. Introduction Cette page d’accueil (novembre 2008) est consacrée


■ On ne peut traiter de l’enjeu énergétique sous l’an- à un magazine – « Le Mag » – sur le développement
gle « sociétés et développement durable » sans aborder durable (voir lexique page 103 et schéma sur le rabat
la question de l’épuisement des énergies fossiles (qui de la 3e de couverture). L’adjectif « durable » est asso-
sont des ressources « finies ») voire de leur remplace- cié à « développement » mais aussi à « mobilité » et à
ment par des énergies dites « renouvelables » (EnR). Il « ressources ».
convient dès lors de faire l’inventaire de ces EnR, d’en ■ Le dossier de cette double-page analyse le lien entre
apprécier les atouts et d’en mesurer les limites. énergies renouvelables et développement durable :
sont-elles viables (rapport économie / environne-
2. Réponses aux questions ment) ? vivables (rapport environnement / société) ?
Question 1 : Énergie et développement durable [1]
équitables (rapport société / économie) ?
■ Le mot qui revient 7 fois dans cette page d’accueil du
site Internet de la société Total est le mot « durable ».
Question 2 : Des EnR de toutes sortes [1 à 5]

EnR Type d’énergie Équipements


Éolienne Force motrice du vent (entre 15 et 90 km/h) -> électricité « Parc » éolien ou « ferme » éolienne
Solaire Chaleur du soleil -> chauffage, électricité Panneau de capteurs photovoltaïques
Centrale électrique thermique
Géothermique Source d’eau chaude Captage
Vapeur d’eau souterraine Centrale électrique thermique
Hydraulique Force de l’eau -> hydroélectricité Barrage - Conduite forcée - Centrale électrique
Mer Force de la marée Usine marémotrice (barrage + centrale électrique)
Biomasse traditionnelle : le bois Combustion
Biomasse nouvelle : déchets Agrocarburants ou biocarburants (biodiesel, bioéthanol, Raffinerie
végétaux en fermentation méthanol) -> carburant, électricité Moteur

Questions 3 et 4 : D’une EnR à l’autre : atouts et limites * Le cas de l’énergie nucléaire [2] :
des EnR [1 à 5] ■ Cette énergie est souvent présentée comme un recours

■ Atouts communs : Les EnR sont dites « propres » [2], pour assurer l’indépendance énergétique des États et
car elles ne génèrent pas de rejets polluants (pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
CO2 par exemple). Elles sont en principe inépuisables Pourtant, elle n’est :
puisque dues à des flux ou des cycles (mouvement du
– renouvelable, qu’en partie : le minerai (dont les stocks
vent, cycle de l’eau…) contrairement aux énergies fos-
sont eux aussi « finis ») utilisé est l’uranium (souvent
siles dont il existe un stock « fini », donc épuisable.
enrichi) qui doit être retraité (uranium, plutonium) afin
■ Autres limites : Les EnR « restent aujourd’hui les d’être réutilisé et donc devenir « durable » ;
plus chères » [2]. La production de certaines d’entre
– pas tout à fait « propre » : elle n’émet pas de GES
elles coûte cher et contribue même aux émissions de
mais produit des déchets radioactifs qu’on est obligé
CO2 : c’est le cas de l’hydrogène, par exemple.
de conditionner avant de pouvoir les entreposer dans
■ De plus, la part des EnR dans la production d’énergie des conditions très strictes (confinement ou stockage
est encore faible [2 page 102] : moins de 14 % de la géologique) afin de préserver la sûreté nucléaire ;
production d’énergie primaire dont 11 % due au bois.

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– pas vraiment sans risque : l’énergie nucléaire civile catastrophes naturelles comme les séismes, à des
étant une explosion nucléaire contrôlée, elle appar- attaques lors de conflits armés ou d’attentats, à des
tient aux risques technologiques majeurs ; ainsi, vols de combustible…
les installations nucléaires doivent résister à des
EnR Atouts Limites
Éolienne [1, 5] Possibilité d’implantation en mer Sites privilégiés (vents > 15 km/h mais < 90 km/h) : crêtes des collines, couloirs (cf. sillon
rhodanien [3] page 93)
Intermittence
Nuisances sonores
Impact dans le paysage
Solaire [1, 5] Installation et stockage faciles Sites privilégiés (pour les centrales solaires)
Intermittence (ne fonctionne pas la nuit !)
Géothermique Chaleur directement utilisable et Situation géographique « privilégiée » (volcanisme...) : Islande, Guadeloupe (Bouillante)...
[1, 5] gratuite
Hydraulique Alternative au charbon et au pétrole Sites privilégiés : fleuves puissants ou lacs de montagne
[3, 4] pour produire de l’électricité Déplacement forcé des populations
Disparition de terres fertiles
Destruction du patrimoine culturel
Émission de GES (fermentation de la biomasse inondée)
Mer [1] Régularité Rareté des sites exploités (usine marémotrice la Rance, unique en France)
Impact sur les sites (environnement et circulation)
Biomasse Utilisable directement Gestion mal maîtrisée => déforestation
traditionnelle [2] Contribution au réchauffement climatique
Biomasse nouvelle Alternative au « tout pétrole » Concurrence avec l’alimentation (utilisation de plantes alimentaires ou de terres agricoles)
[1, 4] Non préservation des écosystèmes

3. Informations complémentaires – l’énergie des mers : photo de l’hydrolienne SeaGen


■ Document 1 : Chaque vignette de cette page d’ac-
à fleur d’eau, en mer d’Irlande
cueil peut être rapidement commentée : http://www.planete-energies.com/contenu/6_33_
– éoliennes dans le paysage newyorkais : « Big Apple mers.html
veut atteindre l’autonomie énergétique en installant des – une ville verte dans le désert : il s’agit de Masdar
éoliennes et des panneaux photovoltaïques sur les toits (Émirats arabes unis), la nouvelle cité aux énergies
de ses buildings et de ses nombreux ponts. » http://www. renouvelables, la première ville « durable », pro-
planete-energies.com/contenu/6_38_new_york.html jet pharaonique dont les travaux ont commencé
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89olienne en février 2008 et qui devrait être habitable en
– la popularisation de la circulation à vélo dans les 2015. Elle pourra accueillir 50 000 habitants et
grandes villes : photo d’une Borne de vélos en libre ser- 1 500 entreprises et s’étendra sur une superficie de
vice à Amsterdam ; http://www.planete-energies.com/ 6,5 km2 dans le désert, à proximité de l’aéroport
contenu/6_36_velo.html ; (Vélib à Paris et ailleurs) international et à environ 30 km à l’est de la capi-
tale d’Abu Dhabi. Masdar City est conçue pour être
– énergie et climat : le défi européen des « ressour-
autosuffisante en énergie et fonctionnera exclusi-
ces durables » : http://www.planete-energies.com/
vement grâce aux énergies renouvelables.
contenu/6_34_union_europeenne.html
– la production d’agrocarburants en Chine : photo de http://www.planete-energies.com/contenu/6_29_
Champs de canne à sucre dont les déchets sont uti- masdar.html
lisés dans l’élaboration de la biomasse. http://www. – l’épargne et les placements financiers (pour réali-
planete-energies.com/contenu/6_30_chine.html ser des travaux d’économies d’énergie), « une forme
– les moteurs à hydrogène (voir plus haut) d’épargne utile pour notre planète ! » : http://www.
planete-energies.com/contenu/6_26_codevi.html
– le changement climatique (voir Atlas rabat B) : confé-
rence de l’ONU à Bali du 3 au 14 décembre 2007; http:// – le captage et le stockage de CO2 : un moyen de
www.planete-energies.com/contenu/6_25_bali.html réduire les GES et de fabriquer du « charbon propre ».
– l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maî- Autres sites :
trise de l’énergie) : http://www.planete-energies. http://www.actu-environnement.com/idx_ae.php4
com/contenu/6_37_ademe.html http://www2.ademe.fr/
– la géothermie : eau chaude naturelle ; http://www.
planete-energies.com/contenu/6_35_geothermie.html
Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 83

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L’essentiel pages 102 à 105 de « rails »…) et aggrave les risques technologiques (col-
lision, explosion, marée noire…) sans oublier les actes
de piraterie ou de terrorisme (les bateaux devenant des
1. En marge pages 102 et 104 proies près des côtes non surveillées).
Document 1 : Évolution de la consommation d’énergie Le canal de Panama voit passer 14 700 navires/an, le canal
(hors biomasse) dans le monde de Suez 18 000 (pétroliers compris) ; mais leur passage est
conditionné par leur gabarit et leur tirant d’eau (distance
Ce graphique d’évolution (courbe), qui montre la progres-
entre la ligne de flottaison et le fond du bateau).
sion constante de la consommation d’énergie entre 1880
Le détroit de Malacca, le plus fréquenté de tous avec
et 2004, permet de périodiser cette augmentation :
65 000 navires/an, est aussi le moins sûr (piraterie).
– forte et régulière de 1880 à 1910 (débuts de l’in-
Le détroit d’Ormuz (porte du golfe Persique) voit tran-
dustrialisation) ;
siter le pétrole et le gaz du Moyen-Orient ; malgré les
– moins forte et plus irrégulière de 1910 à 1945
tensions politiques, la présence constante de forces
(répercussions des 1re et 2e guerres mondiales)
militaires y assure une certaine sécurité.
– vertigineuse de 1945 à 1980 (période des Trente
Le détroit du Bosphore est un des plus fréquentés au
Glorieuses avec léger infléchissement dû au 1er choc
monde (voir plus bas).
pétrolier en 1973)
Parmi les passages délicats, on compte aussi le rail
– stabilisation entre 1980 et 2004 (effet des politi-
d’Ouessant (Nord-Ouest de la Bretagne) qui voit pas-
ques d’économies d’énergie ?)
ser 60 000 navires par an ; plusieurs naufrages de
pétroliers ont eu lieu dans cette zone : Torrey Canyon
Document 2 : Production d’énergie primaire dans le monde
en 2002 (1967), Olympic Bravery (1976), Amoco Cadiz (1978),
Gino (1979), Tanio (1980).
Ce graphique de répartition (secteurs) permet de hié-
rarchiser les sources d’énergie. Document 4 : Évolution mondiale des émissions de CO2
Voici leur classement par ordre décroissant :
Ce graphique indique à la fois une évolution (courbes)
1) Pétrole (> 1/3)
et une répartition (strates).
2) Charbon (presque 1/4)
Évolution : augmentation constante des émissions de
3) Gaz (1/5)
CO2 entre 1880 et 2000 (x 9), avec deux périodes net-
4) Bois
tes autour de 1945 : progression régulière de près de
5) Nucléaire
1 à 2 (x 2) en 65 ans puis vertigineuse de 2 à près de
6) Hydraulique
9 (x 4,5) en 55 ans.
7) Autres EnR
Répartition : apparitions chronologiques (bois -> char-
=> 80 % d’énergies fossiles, moins de 14 % d’EnR et… le
bon -> pétrole -> gaz) ; impact des énergies fossiles
bois n’étant pas considéré comme EnR si la déforestation est
(charbon, pétrole, gaz) sur l’augmentation des émis-
irrémédiable, moins de 3 % pour le « vrai » renouvelable.
sions de CO2 (60 %) ; part de la déforestation (bois =
Le rang occupé par le bois vient du fait qu’en Afrique,
premier combustible dans les pays pauvres).
50 % de l’énergie (produite et consommée) provient du
bois de chauffe (cuisine…). Document 5 : Part des biocarburants dans les transports routiers
Les 6,7 % d’origine nucléaire représentent le minerai La part élevée des agrocarburants à Cuba et au Bré-
d’uranium utilisé pour produire de l’électricité : moins sil (6 à 14 fois la moyenne mondiale) s’explique par
de 25 % d’électricité d’origine nucléaire dans le monde, l’opportunité d’exploiter les résidus de la canne à sucre
plus de 80 % en France (voir factures EDF !). (plus soja au Brésil) afin de ne pas dépendre des impor-
tations de pétrole. L’utilisation des agrocarburants est
Document 3 : Les grands passages maritimes
encore peu développée : les 20 Mtep (millions de ton-
Les routes de l’énergie sont en grande partie maritimes : nes équivalent pétrole) produits dans le monde en 2005
66 % du pétrole et 26 % du gaz consommés dans le monde (dont 8,2 pour le Brésil) ne représentent que 1 % des
sont importés ; 62 % du pétrole est transporté par bateau, carburants consommés par les transports routiers.
28 % du gaz seulement. Et ces flux massifs, qui relient
les zones de production aux zones de consommation, Document 6 : Réserves comparées des « majors »
empruntent des passages obligés (détroits ou canaux et des compagnies nationales
interocéaniques) aux contraintes fortes. Leur étroitesse L’industrie pétrolière est dominée par 6 compagnies,
oblige à réglementer la circulation (attente, délimitation les « super majors » (ExxonMobil, Shell, BP, Chevron,
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ConocoPhillip et Total), qui n’ont plus accès qu’à 16 % – Poids géopolitique de la Turquie, une puissance mari-
des réserves mondiales à cause des nationalisations time régionale (entre Russie et Moyen-Orient) à cheval
opérées par les États : les réserves des 7 « majors » sont sur l’Europe et l’Asie ; détroit du Bosphore = passage
écrasées par celles des compagnies nationales (5 du obligé pour les navires russes.
Moyen-Orient, 6 de l’OPEP, plus la Russie). De ce fait,
nombre de ces « majors » investissent dans les EnR : BP 2. Campagne d’information sur l’alimentation,
dans la production photovoltaïque, Total et Shell dans « De bonnes recettes pour l’Europe », mars 2007
la biomasse, le solaire et l ‘éolien.
Connaissances à retrouver :
– mode de vie lié au pétrole : poids des transports
2. Essentiel en image routiers et de la voiture individuelle (tuyau noir de
pages 103 et 105 pompe à essence avec pistolet verseur) ;
– alternative au « tout pétrole » : agrocarburants dont
1. Aux portes du Bosphore, un supertanker longeant Istanbul
(Turquie), 2007
la production confisque des terres agricoles au détri-
ment de la production alimentaire (tuyau en forme de
La mégapole d’Istanbul (autrefois Byzance puis spaghetti enroulé autour d’une fourchette ; ques-
Constantinople) est la plus grande ville de Turquie, tion : « manger ou conduire, faudra-t-il choisir ? » ;
avec environ 13 millions d’habitants. On voit la partie slogan : « avec les Verts priorité à l’alimentation ») ;
européenne de la ville. – mise en relation de cette affiche avec les problé-
On peut observer : matiques du développement durable : aspect équi-
– la densité du tissu urbain et de la population table (économie / société : sécurité alimentaire ;
(2 372 habitants par km2) ; rapport entre pays riches et pays pauvres) ; aspect
– le patrimoine historique et culturel (mosquée Sul- viable (économie / environnement : épuisement des
tanahmet dite « Mosquée bleue » et ses 6 minarets, énergies fossiles ; productions agricoles) ; aspect
dont 4 visibles). vivable (environnement / société : utilisation des
Situé entre la mer de Marmara (ouvrant sur la mer terres ; modes de transport) ;
Méditerranée par le détroit des Dardanelles) et la mer
– implication des acteurs : émetteur = militants
Noire, le détroit du Bosphore sépare l’Europe de l’Asie.
politiques (Les Verts / Alliance Libre Européenne) ;
Long de 30 kilomètres, d’une largeur variant de 550
destinataire = citoyens-consommateurs.
à 3 000 mètres, il est rendu dangereux par son étroi-
tesse, sa fréquentation et des courants violents. C’est ht t p : / / w w w. g re e ns - e fa . o rg / c ms / de fa u l t /
un détroit au statut international dont la Convention rubrik/10/10598.food_culture@fr.htm
de Montreux (1936) garantit la liberté de transit mais http://www.moratoire-agro-carburants.com/
dont la Turquie réglemente l’accès.
Ce navire est un pétrolier ou tanker (inscriptions :
« AVOID POLLUTION » « NO SMOKING »). On en dénom- Pistes
bre 5 500 / an dans ce détroit dont le trafic est un des
plus importants au monde : 47 000 navires en 2003, B. Mérenne-Schoumaker, Géographie de l’énergie –
53 000 en 2004, dont plus de 8 000 transportant une Acteurs, lieux et enjeux, Belin 2007.
cargaison dangereuse (GNL ou pétrole). Le Bosphore Le commerce maritime, TDC 954, avril 2008.
représente le seul débouché européen (avec la mer « Le pétrole : ordre ou désordre mondial ? », Questions
Baltique et le port de Mourmansk) pour la Russie ; par internationales – La Documentation française, juillet-
lui transitent les hydrocarbures provenant de la mer août 2003.
Noire mais aussi de la mer Caspienne. « La bataille de l’énergie », Questions internationales –
La Documentation française, mars-avril 2007.
Connaissances à retrouver :
– Transport maritime des hydrocarbures (flux pétro- Documentaires-vidéo : LE DESSOUS DES CARTES, L’es-
liers). pace mondial (classe de Terminale), Belin 2007 :
– Risques technologiques (collisions, marées noires, – Le pétrole : quelle dépendance ? (consommation,
incendies, explosions) liés au transport des matières enjeux et stratégies)
dangereuses dans un passage maritime étroit, très fré- – Tchad, la couleur de l’or noir (manne pétrolière et
quenté, aux rives très urbanisées. développement humain, économique, durable).

Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 85

5190_Ldp_Hpro2e_CH6.indd 85 30/09/09 10:56:35


Angle
Grand

Quand la banquise attise les convoitises


pages 106-107

1. Introduction – réchauffement climatique : « réchauffement de


la planète rend le pôle Nord plus… bienveillant »,
Dans un double contexte mondial de pression sur
« l’Arctique fond »
les matières premières et les sources d’énergie d’une
part et de réchauffement climatique d’autre part, les – demande mondiale : « marchés mondiaux »,
régions arctiques et antarctiques suscitent les convoi- « demande croissante des puissances émergentes »
tises des États et de leurs grandes firmes. Les fonds ou – contexte géopolitique : « zone géopolitiquement
les sous-sols de ces contrées polaires renfermeraient de plus stable que le Proche-Orient », « moyen de
telles richesses que tous les regards se tournent vers contourner les pays exportateur de pétrole (OPEP) »,
ces nouveaux « eldorados ». Encore faut-il déterminer à « sécurité énergétique stable ».
qui appartiennent ces territoires et dans quelle mesure
ils peuvent être exploités…
Question 2 : États, sociétés… tous prêts à l’exploiter [1 à 7]

2. Réponses aux questions De très nombreux acteurs, d’horizons très variés, s’in-
Question 1 : Le Grand Nord, hostile mais prometteur
téressent au Grand Nord :
[1 à 4, Rabat B] – les États riverains (États-Unis, Canada, Danemark/
Groenland, Norvège, Russie) ou situés à proximité
Le Grand Nord, comprend tous les territoires (terres-
(Islande, Suède) ;
tres et marins) situés entre le cercle polaire arctique et
le pôle Nord (voir début de la réponse 2). – les compagnies pétrolières (et leur nation) :
ExxonMobil (É-U), SODECO (Japon), ONGC Videsh
Handicaps : Ltd. (Inde), Rosneft-Astra et Gazprom (Russie),
– milieu hostile et répulsif : « sous la banquise », Total (France) ; « porte-parole du gazier russe »
« immensités gelées », « environnement subarctique – des gouvernements, des organisations internatio-
difficile » nales : gouvernement russe (« Moscou »), ONU ou
– implantation et circulation difficiles, nécessitant « communauté internationale », OPEP, Union euro-
des engins à la technologie sophistiquée : « plates- péenne
formes adaptées à la banquise », « pétroliers assis- – des agences ou bureaux d’études (économiques,
tés de brise-glaces » [voir 1, 2 et 6] scientifiques) : agence gouvernementale américaine
– statut juridique de l’Arctique : « eaux internatio- Geological Survey ; Arctique Climate Assessment
nales, « patrimoine commun de l’humanité » (ACIA)
Atouts : Les acteurs sont donc liés au monde politique ou éco-
– ressources importantes d’hydrocarbures : « champs nomique ou scientifique.
de gaz et/ou de pétrole offshore », « réserves extrac-
tibles estimées à 1 milliard de barils de pétrole et
Question 3 : Une zone très disputée [3 à 7]
490 milliards de m3 de gaz naturel », « trois plates-
formes », « complexe énergétique » On parle de « guerre froide » en référence à la fois à
– richesses potentielles : « 25 % des réserves mon- l’histoire et au climat.
diales d’hydrocarbures au nord du cercle polaire », L’expression « guerre froide » évoque un conflit sans
« nouvel eldorado », « gisements de pétrole et de affrontement direct à dominante idéologique qui a
minerais (diamant, or, argent, plomb, cuivre, zinc) », opposé l’URSS au monde occidental de 1947 à 1991.
« plus de 10 milliards de tonnes d’hydrocarbures, Aujourd’hui il s’agit d’une concurrence acharnée à
l’équivalent des réserves du golfe Persique »
86

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dominante économique (mise en valeur des ressour- consortium qui exploite Sakhalin I [2] ; « Total associé
ces du Grand Nord) qui oppose la Russie aux autres au géant russe Gazprom ».
pays riverains de l’Arctique, dont il convient de rap- – http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/etpays/Rus-
peler qu’il s’agit d’un océan, ce qui explique l’emploi sie/RussieDoc5.htm
du terme « banquise » et non « calotte », utilisé pour – http://www.russie.net/article4762.html
l’Antarctique qui est un continent.
– http://www.usinenouvelle.com/article/gazprom-se-
Cet affrontement se déroule dans le Grand Nord, une tourne-vers-la-chine-avec-le-gnl-de-sakhaline.158851
des deux zones froides de la Terre. – http://www.sakhalin1.com/en/gallery/photosor-
Les rivalités qui entourent l’exploitation des ressources lan.asp
minières du Grand Nord visent soit l’appropriation de – http://www.courrierinternational.com/dossier/2008/
territoires et des richesses qui vont avec (récurrence 10/01/la-course-a-l-arctique
du verbe « revendiquer »), soit l’attribution de contrats
d’exploitation de ces richesses (« rafler la mise »,
« grillant la politesse », « seul maître à bord »). 3. Réponse à la problématique
L’acquisition des territoires revendiqués par les Russes Le Grand Nord entre dans la géopolitique de l’énergie
ne peut être effective que si l’extension de leur ZEE pour plusieurs raisons :
en fonction d’une appartenance géologique des fonds – le réchauffement climatique libère des glaces des
concernés au plateau continental russe est reconnue terres ou des fonds marins riches en minerais ou en
par les institutions internationales. hydrocarbures, ce qui rend ces régions attractives ;
L’obtention de contrats d’exploitation dresse les com- – la forte dépendance énergétique des pays indus-
pagnies pétrolières les unes contre les autres. Mais on trialisés les pousse à diversifier leurs fournisseurs
constate aussi que le coût très élevé des investisse- et à sécuriser leur approvisionnement, ce que sem-
ments des explorations offshore ou en sol gelé oblige ble permettre cette région plus stable politique-
à mobiliser l’intervention de plusieurs compagnies ment que le Moyen-Orient, incontournable à l’heure
qui se trouvent ainsi engagées dans une coopération : actuelle.

Chapitre 6 ■ L’enjeu énergétique 87

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Chapitre

3
7 Le développement inégal
Ouverture de chapitre pages 108-109

1. Commentaire du sommaire
somm
m L’observation du cliché ne permet pas réellement de dis-
tinguer la nature de l’occupation humaine à Gaza et en
■ L’inégalité du processus de développement est un
Egypte ; on devine néanmoins des espaces urbanisés vers
thème majeur de ce programme de géographie. Dans ce
le Nord de Gaza (taches bleues) et des espaces agricoles
chapitre, l’accent est mis sur l’articulation des échelles
constitués d’une multitude de petites parcelles irrégu-
afin de mieux comprendre comment les dynamiques de
lières dont la couleur sableuse révèle l’aridité du milieu
développement produisent des disparités socio-spatiales.
naturel, surtout en Égypte. Le contraste avec l’organisa-
L’étude des territoires, centrée sur l’observation carto-
tion de l’espace en Israël est saisissant : territoire totale-
graphique, révèle les inégalités socio-spatiales dans
ment mis en valeur, occupation agricole intensive avec de
l’Union européenne, les nouvelles ségrégations socia-
grandes parcelles de cultures irriguées (reconnaissables à
les en Afrique du Sud ; quant au choix d’Istanbul, il
leur forme circulaire et à leur quadrillage serré).
nous permet de découvrir la complexité du développe-
ment urbain d’une mégapole, entre Orient et Occident.
Le savoir-faire met l’accent sur la distinction entre Document 2 : Paraisopolis, Sao Paulo
deux notions incontournables : croissance et déve-
loppement. Le chapitre se clôt par une réflexion sur ■ Un mur de clôture sépare une résidence à l’architec-
les gated communities, une forme urbaine en pleine ture audacieuse, offrant une piscine privative sur la
expansion qui fragmente les territoires, des Nord terrasse de chaque appartement, et la favela de Parai-
comme des Sud. sopolis qui regroupe près de 70 000 habitants. Si les
maisons de ce bidonville sont montées en briques, les
toitures sont essentiellement constituées de tôle ondu-
2. Analyse des documents lée. On distingue également la chaussée non asphal-
tée. Cette image met donc face à face deux mondes :
■ Ces trois photographies permettent d’insister d’em-
celui de la misère, de la promiscuité et de l’insalubrité
blée sur l’intérêt de l’approche mutiscalaire, essen- et celui de la richesse et de la sécurité.
tielle dans ce sujet d’étude, à travers trois échelles
différentes : locale (un quartier d’une ville du Brésil),
nationale - ou internationale - (Égypte, Israël et Gaza), Document 3 : Le monde, la nuit
mondiale (le Monde, la nuit). ■Cette image recomposée (il ne fait pas nuit partout au
même moment et la terre est ronde) permet de mettre
Document 1 : Des frontières visibles (Égypte, Israël, Gaza)
en évidence l’inégal développement dans le monde au
■ La photographie aérienne permet de distinguer les moyen de l’éclairage diffusé par les espaces urbanisés.
trois territoires : à l’Ouest l’Egypte, au Nord la bande On peut amener les élèves à localiser puis à nommer :
de Gaza et au Sud-Est Israël. – les principales aires géographiques : Amérique du
Nord, Europe, Moyen-Orient, Inde, Chine, Japon…
Mer
Méditérrannée
– les grandes agglomérations : Rio de Janeiro, Buenos
Bande
Aires, Johannesburg, Le Cap…
de GAZA
L’observation permet de mettre aussi en évidence :
– la littoralisation importante des hommes et des acti-
vités,
ISRAEL
– une opposition Nord / Sud très marquée
EGYPTE – des zones d’ombre marquant la ruralité, les espaces à
fortes contraintes (zones désertiques chaudes ou froi-
des, forêts tropicales…)

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La démarche ci-dessous correspond à l’approche inductive. http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-
article-le-dessous-des-cartes-3e-offre-etablisse-
ment-6351.php?lst_ref=1
3. Pistes
Documentaire-vidéo : Le Monde, la nuit, L’Europe, la 4. Démarche et parcours
France LE DESSOUS DES CARTES 3e, Belin 2007. possibles

Séances Approche déductive Approche inductive


Étude de cas 1 (situation 1, 2 ou 3)
1 Notion de développement (savoir-faire) ⇒ Partie 1
⇒ Parties 2 et 3
Étude de cas 2 (situation 1, 2 ou 3)
2 Exemple 1 (situation 1, 2 ou 3) ⇒ Parties 2 et 3
⇒ Parties 2 et 3
Conceptualisation (savoir-faire)
3 Exemple 2 (situation 1, 2 ou 3) ⇒ Parties 2 et 3
⇒ Partie 1
Comment réduire ces fractures ? (Corpus pris dans tout le chapitre)
4
⇒ Partie 4

En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être


traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-pages
(voir tableau).

toutes les échelles


Contenu du chapitre

barrios cerrados...
Des inégalités à
développement

territoriales en

agglomération
Afrique du Sud

Istanbul, une

communities,
Territoires et

Grand Angle
Savoir-faire
fragmentée
Situation 1

Situation 3
Situation2
Ouverture

en Europe

Fractures

Gated

Atlas
Plan de L’essentiel

Lancement + +
Partie 1 – La mesure du développement inégaL
a) croissance et développement + + +
b) indicateurs pertinents + + +
c) conditions de vie + + + + + +
Partie 2 – Des Nord et des Sud
a) fracture Nord/Sud + + + + + +
b) Nord hétérogène + + + +
c) diversité des Sud + + + + +
Partie 3 – Au Nord comme au Sud : des inégalités à toutes les échelles
a) nationale + + + + +
b) régionale + + + + +
c) locale + + + + +
Partie 4 – Comment réduire ces fractures ?
a) aides au développement + +
b) stratégies de développement + + +
c) accès aux droits fondamentaux + +

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 89

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1 Territoires et développement
Situation

en Europe pages 110-111

1. Réponses aux questions – Croissance très forte (au moins 4 fois la moyenne
européenne) : Lettonie, Estonie, Lituanie
Question 1 : Les disparités socio-spatiales en Europe [1, 3]
– Croissance forte (au moins 3 fois la moyenne
■ Ces deux cartes permettent de relever des disparités
européenne) : Slovaquie, Bulgarie
socio-spatiales fortes entre et dans les territoires euro-
– Croissance soutenue (environ le double de la
péens. Elles sont observables à plusieurs échelles :
moyenne européenne) : Hongrie, Roumanie, Slové-
– à petite échelle (entre États) : le centre historique nie, Pologne
de l’Europe (France, Allemagne, Benelux…) plus
actif [1] et plus riche [2] s’oppose à des périphéries Ces documents montrent les efforts consentis par ces
multiples, en particulier celles composées des pays pays pour rattraper leur retard économique.
d’Europe centrale et orientale (Pologne, Slovaquie,
Hongrie, Roumanie…) Question 3 : Les atouts de l’Est [2]
– à moyenne échelle (régions) : des inégalités [1]
comme par exemple : Atouts Faiblesses
• l’exposition au chômage plus forte au Sud, Sud- – main-d’œuvre – économie tournée
Ouest, Nord et Est de la France bon marché et peu vers les exportations :
• l’opposition entre Nord et Sud de l’Italie revendicative accroissement de la
– croissance économique dépendance économique
• l’inégal développement entre Ouest et Est de l’Al-
forte – marché intérieur faible
lemagne
– spécialisation dans la
construction automobile
(savoir-faire) ; présence
Question 2 : La croissance de l’Est de l’Europe [4, 5]
des plus grandes marques
■ La photographie de Varsovie met en évidence le dyna- automobiles : PSA,
misme urbain qui touche la capitale. Des gratte-ciel Volkswagen, Skoda
(Hôtel Intercontinental, Warsaw Financial Center) font
face au Palais de la culture et de la science (PKiN),
le long de l’avenue Emilii Plater. Ce dernier, « don du => En Roumanie, plusieurs milliers de salariés de DACIA,
peuple soviétique à la nation polonaise », a été achevé filiale de Renault qui fabrique la Logan, ont fait grève
en 1955. C’est aujourd’hui le sixième plus haut gratte– en 2008 pour réclamer 65 % d’augmentation de salaire
ciel européen. Un site internet lui est totalement dédié : (salaire moyen = 288 euros). Par ailleurs, la crise
http://www.pkin.pl actuelle conduit de nombreuses entreprises à rapatrier
sur leur territoire national leurs unités délocalisées.
Au premier plan, 5 grues marquent l’immense chantier
du Zlote Tarasy (les « terrasses d’or »), ensemble archi-
tectural de 225 000 m2 composé aujourd’hui d’une tour Question 4 : L’UE et le développement de ses territoires [6 et
de bureaux de plus de 100 mètres de haut, de deux com- atlas 25]
plexes de bureaux de 12 étages chacun, de huit salles de
cinéma, d’un parking de quatre niveaux et d’une galerie
■ Photographie : Un panneau indique clairement le pro-
commerciale de 250 boutiques. Le dôme de verre de ce jet de réhabilitation de la route européenne E85 pour
temple de la consommation couvre 10 500 m2. L’inaugu- un montant global de près de 13 millions d’euros. Cette
ration a eu lieu le 7 février 2007. image illustre l’action de l’Union européenne en matière
d’aide au développement des infrastructures routières
■ Le graphique montre le dynamisme économique dont
dans les anciens pays de l’Est, ici en Bulgarie.
font preuve un grand nombre de pays dans l’Est de
l’Europe :
■Carte des ensembles géopolitiques : Les anciens pays
de l’Est sont regroupés en deux sous-ensembles, les

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pays d’Europe orientale et les pays balkaniques. Le 4. Pistes
premier groupe est totalement intégré à l’Europe et de
■ Documentaires-vidéo : LE DESSOUS DES CARTES,
ce fait bénéficie des différents fonds d’aide au déve-
L’Europe, la France (classe de Première), Belin 2007 :
loppement économique. Hormis Bulgarie et Slovénie,
la majorité des États balkaniques issus de l’ex-Yougos- – Allemagne, 15 ans de réunification
lavie sont en devenir de développement. – La Pologne, nouveau membre de l’UE après le
11 septembre
L’Union européenne peut aider au développement de
ces deux ensembles de territoires. – La Catalogne, une région d’Europe
– Des nouvelles d’Italie (des espaces très différen-
ciés)
2. Réponse à la problématique – FEDER : l’Union européenne et ses régions (dispa-
rités spatiales)
Les territoires européens présentent des écarts de déve-
loppement importants, en particulier entre un centre http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-
développé et riche et des périphéries multiformes plus article-le-dessous-des-cartes-1re-offre-etablisse-
ou moins en retard, notamment dans les anciens pays ment-6353.php?lst_ref=1
de l’Est convertis récemment à l’économie de marché.
Par ses programmes d’aide, l’Union Européenne contri-
bue au développement de ses marges. Le faible niveau
de vie des populations attire les grands groupes indus-
triels (automobile en particulier) mais la crise mon-
diale risque d’en réduire considérablement les effets
positifs (nombreuses « relocalisations » en cours).

3. Démarche proposée
1. Une Europe à plusieurs vitesses ? Un centre
et ses périphéries / critères du développement inégal
[1, 3, Atlas 25]
2. Quels sont les atouts de l’Est européen ? [2, 4
et 5]
3. Comment réduire les inégalités socio-spatia-
les ? Rôle de l’Union Européenne ; place des PECO en
Europe : marge ou avenir ? [Tous documents]

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 91

5190_Ldp_Gpro2e_CH7.indd 91 30/09/09 11:05:02


2 Fractures territoriales
Situation

en Afrique du Sud pages 112-113

1. Réponse aux questions : La ville reflète une forte forte ségrégation socio-
spatiale : « les mélanges raciaux sont extrêmement
Question 1 : Les provinces
mineurs », « la ville se barricade » [7].
« blanches » [1, 4, 5]

Ces deux provinces (Gauteng, Western Cape) présentent


Question 4 : La politique urbaine après l’apartheid [6, 7]
trois spécificités à mettre en évidence : elles sont
– les plus urbanisées du pays [1], ■ Avancées :
– les moins touchées par le chômage [4], – Accès à l’université pour tous (image – symboli-
– caractérisées par la plus forte proportion de que – de la mixité raciale) [6].
Blancs dans la population (moyenne approchant
« La période de l’apartheid est caractérisée par une forte
20 %) [5].
domination des Blancs dans les universités sud-africai-
nes. Mais dès les années 80, la part relative des étu-
Question 2 : La situation diants noirs explose en passant de 6,6 % à 33,5 %. Cette
socio-économique évolution montre que « les instigateurs de la politique
des Sud-Africains noirs [2, 4, 5, 7]
de ségrégation ont vu leur échapper le contrôle d’une
■ La population noire est la plus touchée par le chô- situation dont ils ne pouvaient qu’espérer retarder l’évo-
mage (taux proche de 30 %). Moins d’un tiers de la lution. […] Aujourd’hui, les anciennes écoles noires
population est active [2]. continuent, pour l’essentiel, à accueillir le même public,
distingué non plus par la couleur de peau mais par une
■ Les États à forte proportion de population noire sont
pauvreté persistante. La ségrégation raciale officielle,
ceux où la population active est la plus faible ; exem- intolérable dans une démocratie moderne, a laissé place
ples [4 et 5] : Limpopo (environ 22 %), Eastern Cape à une sorte d’« apartheid social » dont s’accommodent
(20 %), Kwazulu-natal (28 %). assez bien le néolibéralisme dominant et l’idéologie qui
■ Socialement, ces populations subissent des condi- le nourrit ». D’après C. Carpentier, L’École en Afrique du
tions de vie précaires : « crise du logement », « manque Sud, éditions Karthala, 2005. »
d’équipements », « crise de l’emploi », « plus de 50 % de – Construction de logements et d’équipements » [7]
sans-emplois dans les quartiers noirs » [7]. – Réforme du gouvernement local [7]
– Ascension sociale pour l’élite noire qui quitte les
Question 3 : Les différences entre Noirs et Blancs [3,7] quartiers pauvres [7]

Quartiers noirs Quartiers blancs ■ Limites [7]


- Périphérie - Centre – Crise persistante du logement
- Sud de Johannesburg - Nord – Violence urbaine
- Anciens townships de Johannesburg
– Quartiers noirs toujours les plus défavorisés
et bidonvilles - Quartiers d’affaires
séparés du centre (centres tertiaires) – Les plus pauvres encore plus rejetés à la péri-
par le centre industriel - Fermeture phérie
- Manque d’équipements de résidences et de – Les riches se barricadent (gated communities)
- Population des townships quartiers complets
utilisant les services (gated communities)
d’autres quartiers - Clientèle aisée 2. Réponse à la problématique
- Les plus pauvres -
relégués dans la grande Débarrassée de l’apartheid, l’Afrique du Sud peine
périphérie de la ville pourtant à réduire les inégalités socio-spatiales sur

92

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son territoire. La ségrégation raciale a laissé la place à 3. Démarche proposée
une ségrégation sociale multiforme observable dans de
1. Étude de cas sur Johannesburg : quelles ségréga-
nombreux domaines (emploi, taux de chômage, type
tions ? [3, 7]
d’habitat, lieu de vie). À l’échelle de la ville, les quar-
tiers noirs défavorisés côtoient les quartiers blancs fer- 2. Développement inégal à l’échelle nationale :
més et sécurisés. À l’échelle nationale, les inégalités quels critères (emploi, ethnies, population régionale) ?
socio-spatiales entre les provinces traduisent un déve- [1, 2,4,5]
loppement très inégal (taux d’urbanisation, emploi,
3. Quelles perspectives ? politique urbaine, éduca-
structure ethnique de la population régionale).
tion [tous les documents]
Selon le PNUD, l’Afrique du Sud a reculé de 35 places
entre 1999 et 2005 dans le classement de l’IDH. En
2006, il place le pays au 121e rang mondial (0,670). Le 4. Pistes
nombre d’habitants vivant au-dessous du seuil de pau-
■ Recensement 2001 : http://wwwstatssa.gov.za/
vreté a doublé en 10 ans passant de 1,9 à 4,2 millions
census01/html/default.asp
soit 8,8 % de la population. La pandémie du sida et la
recrudescence de la criminalité sont à l’origine de cette ■ P. Gervais-Lambony, Territoires africains, quatre villes
dégradation des conditions de vie. Près d’un million africaines, Belin, 2003.
de Sud-africains blancs auraient quitté le pays depuis
1994.

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 93

5190_Ldp_Gpro2e_CH7.indd 93 30/09/09 11:05:02


3 Istanbul, une agglomération
Situation

fragmentée pages 114-115

1. Réponses aux questions met), mosquée Sainte Sophie…


Question 1 : Site et situation – la culture : tenues vestimentaires, pratiques reli-
d’Istanbul [1, 3] gieuses (ne pas oublier qu’il s’agit d’un État laïque),
patrimoine architectural.
■ La ville est située dans le détroit du Bosphore, qui
■ Cette ville est attractive (forte croissance urbaine) et
sépare la mer de Marmara de la Mer Noire. La ville est dynamique. Elle constitue le pôle économique majeur
donc largement ouverte sur le littoral. Son implanta- du pays et subit une profonde mutation (nouveaux
tion est très ancienne (7e siècle avant JC : Byzance espaces au cœur de la ville, construction du Marmaray,
pour les Grecs ; 330 : Constantinople avec l’empereur quartiers et villes fermées). Sa longue histoire et son
Constantin ; 1453 : Istanbul avec les Turcs). patrimoine en font un espace touristique de renommée
Le Bosphore mesure 32 km de long, sa largeur varie de internationale.
660 mètres à plus de 3 km, sa profondeur de 30 à 120 Istanbul a été désignée capitale européenne de la
mètres. culture en 2010, conjointement avec la ville d’Essen en
■ La situation d’Istanbul est singulière : c’est la seule Allemagne et de Pecs en Hongrie.
ville au monde qui soit à cheval sur deux continents,
au carrefour entre l’Europe et l’Asie. Elle est à l’inter-
Question 3 : Une métropole
section de deux routes : Nord-Sud (mer Noire / mer
en mutation [2, 5]
Méditerranée) et Est-Ouest (Europe / Asie).
La croissance de sa population montre sa grande ■Comme le souligne le titre de l’article, Istanbul retrouve
attractivité. son faste d’antan, mais cette fois-ci en s’habillant d’un
paysage propre aux grandes villes mondiales avec :
Rappels de vocabulaire – un CBD à l’américaine : « Manhattan stambou-
Site : lieu géographique existant préalablement à l’émer- liote » ostentatoire (les « Dubaï Towers ») ;
gence de la ville. – un moyen de transport rapide : le Marmaray,
Situation : « caractéristique géographique fondamen- « prouesse technologique » qui doit relier les deux
tale d’un lieu, d’un espace, résultant de sa relation continents et qui risque de porter un rude coup aux
aux autres lieux ou espaces. La situation s’analyse par « vapur » traditionnels (ferries qui traversent le Bos-
rapport à un environnement local, régional et général, phore) et aux « deniz otobüsü » (autobus de mer) ;
qui peut être le Monde entier » (R. Brunet, R. Ferras, – des quartiers nouveaux ou en rénovation : résiden-
H. Théry, Les Mots de la Géographie, Reclus la Docu- ces fermées pour les riches, parfois confessionnelles
mentation Française). (« les demeures du Croissant, islamiquement correc-
tes »), disparition progressive des « gecekondu* » à
la périphérie de la ville.
Question 2 : Istanbul entre Orient
et Occident [1 à 6] *gecekondu : du turc gece (nuit) et konmak (se poser),
mot à mot « posé la nuit », désigne en Turquie une
■ Istanbul est à la fois orientale et occidentale par : habitation construite sans permis de construire ou, par
– le territoire, partagé entre Europe et Asie ; extension, un quartier composé de ce type d’habitations
– le paysage urbain qui voit cohabiter deux archi- (bidonville).
tectures : occidentale « Manhattan stambouliote »,
« gratte-ciel », centres d’affaires », « marinas »,
« Dubaï Towers »… ; orientale : Palais de Topkapi,
gare de Haydar Pacha, Mosquée bleue (Sultanah-

94

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Question 4 : Les inégalités 2. Réponse à la problématique
socio-spatiales à Istanbul
[1 à 6 + doc.1 page 122] Istanbul constitue une immense agglomération d’en-
viron 12 millions d’habitants répartis sur un territoire
Mise en évidence d’une opposition centre-périphérie de plus de 200 km entre mer Noire et mer de Marmara.
forte entre : Elle est coupée en deux par le détroit du Bosphore et
– le centre historique : patrimonial et touristique, fait le lien entre deux continents. Profitant de son rôle
aux mutations urbaines récentes (quartier des affai- de carrefour attractif, Istanbul est en grande muta-
res, centres commerciaux, explosion de l’habitat tion. Cela se traduit par des disparités de dévelop-
sécurisé sur le Bosphore…) ; pement entre un centre riche et touristique, abritant
les classes sociales aisées, et une périphérie tentacu-
– une périphérie composite et très étendue (près de
laire encore largement composée d’habitats d’une très
200 km) : gecekondu, mais aussi résidences fermées
grande précarité. Sur les collines d’Istanbul, une partie
de plus en plus nombreuses…
de la bourgeoise s’approprie le territoire dans des pro-
jets immobiliers d’habitats fermés.
Pour aller plus loin :
Le document 2 fait référence à la gare de Haydar
Pacha « qui a vu arriver à Istanbul des dizaines de 3. Démarche proposée
milliers de Turcs de l’intérieur, quittant les campagnes
d’Anatolie ». En ce sens, la croissance de la métropole 1. Une agglomération entre Orient et Occident : site
provoque une nouvelle forme de fragmentation territo- / situation / diversité socio-culturelle
riale, observable à l’échelle du pays. En effet, l’ampleur 2. Un espace fragmenté : ville en mutation (centre /
de l’exode rural et des migrations de l’Est vers l’Ouest périphérie), paysage urbain
engendre des disparités régionales fortes (Istanbul
3. Une ville du Nord ou une ville du Sud ? croissance
abrite près de 20 % de la population nationale, son
urbaine, CBD, gecekondu…
PIB par habitat excède la moyenne nationale de plus
de 70 % !).
Au cours des quatre dernières années, c’est Istanbul
4. Pistes
qui a bénéficié de l’essentiel des 280 000 logements
créés par le Toki (administration chargée de l’habitat Documentaire vidéo : J.-L.Portron, R. Jaganathen,
collectif en Turquie). Istanbul – Treis Karden – St Gilles, île de la Réunion,
À cela se rajoutent des flux migratoires vers la Turquie, Paysages / vol. 6, 2000 (sortie DVD 2006) – Les films
en grand partie non officiels, où Istanbul joue un rôle du paradoxe
de plate-forme migratoire incontournable, en particu-
lier vers l’Europe.

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 95

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Savoir-faire
Objectif

Des inégalités à toutes les échelles

Confronter des documents pages 116-117

1. Introduction Question 2 : Distinguer développement et croissance [1à 6]

L’objectif essentiel de ce savoir-faire est double :


– permettre aux élèves de se familiariser concrète-

Docs.
ment avec les différents paramètres de mesure du Croissance Développement
développement et porter un regard distancié par
rapport aux chiffres en général ;
1 Pauvreté par
– distinguer les indicateurs qui relèvent du quan- département
titatif (production de la richesse nationale) et du Inégalités de revenus
qualitatif (niveau et qualité de vie). par région
2
PIB ppa
2. Réponses aux questions
Question 1 : Identifier les documents 3 Indice de Gini
[2 à 6] IDH

4 Répartition des
Territoires Échelles Données
Docs.

richesses (% du PIB
étudiés géogra- représentées ppa mondial)
phiques
5 PIB/habitant
France Départe- Pauvreté en % IDH
Part du PIB mondial
2 mentale Inégalités de
Régionale revenus
Union Régionale PIB en euro et en Question 3 : Mettre en relation les documents : l’exemple de la
3 européenne européenne ppa France [2, 3, 4]
États Mondiale Indice de Gini ■ L’ensemble est composé de quatre cartes à trois
4 du monde IDH échelles différentes :
Grandes Mondiale % du PIB ppa – nationale (grande échelle) : données représentées
5 régions mondial par département et par région
du monde – européenne (échelle moyenne)
Chine, Inde Nationale Population – mondiale (petite échelle)
Brésil, PIB/habitant ■ La comparaison des deux cartes de la France permet
Mexique Part du PIB mondial de confirmer des inégalités fortes entre départements
Afrique IDH d’une part, entre régions d’autre part :
du Sud Nombre de FTN
6 – la forte pauvreté touche en particulier le pour-
Dépenses militaires
tour méditerranéen, quelques départements au
Part (en %) dans la
Sud-Ouest (Dordogne, Lot-et-Garonne, Tarn-et-
recherche mondiale
et les exportations Garonne), au centre (Corrèze) et les départements
de marchandises situés au Nord.

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– à cette pauvreté s’ajoutent de fortes inégalités de Question 4 : Dégager l’intérêt des indicateurs [1 à 6]
revenus. Sur la carte, la France est coupée en deux. ■ Les indicateurs de croissance mettent en évidence
On repère les régions du littoral méditerranéen, le la capacité économique d’un pays à produire de la
Nord, ainsi que l’Île-de-France. richesse et donc à se développer. Toutefois ils demeu-
■ La comparaison des cartes montre que certaines rent des indicateurs quantitatifs. Certains sont corrigés
régions cumulent pauvreté et grands écarts de reve- par la prise en compte de la parité de pouvoir d’achat
nus. (voir définition page 119 du livre de l’élève).
■ Les indices de développement mettent en évidence
■ La carte du PIB ppa par habitant dans les régions l’association du processus de croissance avec la recher-
européennes montre que le Nord, la Picardie et le che d’un progrès social (conditions de vie, éducation,
Languedoc-Roussillon se situent juste au-dessous de accès à la santé…).
la moyenne européenne. Crise économique ou dyna-
misme insuffisant peuvent expliquer cette situation. Les élèves pourront justifier utilement leur réponse à
Cette carte relativise le niveau de pauvreté national, l’aide du travail réalisé pour la question 2.
voire le masque, mais facilite une comparaison avec
les autres régions européennes.
4. Pistes
■ En effet la cartographie du niveau de richesse des
régions françaises offre une image relativement homo- ■ Documentaire-vidéo : La mondialisation (début de
gène au regard d’un certain nombre de voisins euro- l’émission : explication des indices PIB ppa, IDH et
péens comme par exemple l’Allemagne, l’Italie, le indice de Gini), LE DESSOUS DES CARTES, Arte France,
Royaume-Uni. 2007

■ La carte mondiale gomme complètement les détails


et place la France parmi les très bons élèves en terme
d’IDH (actuellement de 0,96) et d’égalité de revenus
(indice de Gini de 0,28 en 2005).
■ L’approche multiscalaire s’avère indispensable car les

informations apportées se complètent efficacement et


permettent de nuancer le propos en permettant des
comparaisons entre Etats, régions du monde…

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 97

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L’essentiel pages 118-121 ■ Les Nord sont homogènes : seules Amérique du Nord
et Europe sont exposées à la suralimentation (risque
sanitaire : obésité).
1. En marge pages 118 et 120
■ Les Sud offrent des situations très contrastées :
– similaire aux pays du Nord (Amérique du Sud,
sous-continent indien, Chine, Asie du Sud–Est),
Document 1 : Les inégalités de développement dans le monde
– inférieure (Amérique centrale...),
■ Cette carte renvoie à deux idées essentielles : – ponctuellement dramatique :
– l’IDH, principal indicateur de développement, met • à petite échelle : Afrique subsaharienne,
en évidence les inégalités dans le monde • à échelle moyenne : Asie du Sud-Est conti-
– l’opposition Nord / Sud ne suffit plus pour rendre nentale.
compte de ces inégalités. On retrouve les trois pôles
de la Triade mais la Russie a un IDH qui s’est affaibli.
Les Sud sont encore plus contrastés : s’opposent des Document 4 : Les retards de développement en Europe
territoires dont le développement est proche du Nord
(Afrique du Sud, Amérique Latine, Asie de l’Est) avec ■ Cette carte renvoie à l’organisation des territoires
d’immenses espaces peu développés (sous-continent européens, en particulier à la typologie des périphé-
indien, Afrique subsaharienne). ries.
■ On peut distinguer :
– une périphérie en développement constituée des
Document 2 : L’éducation dans le monde
derniers États arrivés dans l’Union Européenne : les
pays de l’Europe centrale et orientale. Bien que sou-
■ La carte permet de distinguer :
tenue, leur croissance ne leur permet pas encore
– une opposition nette entre les Nord et les Sud d’atteindre un développement satisfaisant.
en matière d’alphabétisation et de dépenses édu-
– une périphérie « intégrée » constituée de quelques
catives ;
Sud européens (Portugal, Italie du Sud, Nord de la
– un Nord caractérisé par une forte homogénéité de Grèce…) dans des États globalement beaucoup plus
développement et dont le dynamisme est soutenu développés que les anciennes démocraties populai-
par les trois pôles de la Triade tant dans l’accueil res.
d’étudiants étrangers que dans l’aide apportée aux
pays du Sud.
– des Sud très hétérogènes où on distingue deux Document 5 : Les régions européennes à fort développement
sous- ensembles :
• les Amériques centrale et du Sud, les pays asiati- ■ Cette carte complète la précédente en montrant deux
ques (Chine, Asie du Sud-Est) globalement assez types de centres :
proches des pays du Nord (sauf le Brésil), – un centre européen, étendu de l’Angleterre à l’Ita-
• le continent africain, le Moyen-Orient et l’Inde, lie du Nord, constituant la mégalopole, véritable
qui sont les moins développés. dorsale européenne. Ce territoire continu concentre
les plus fortes densités de population, d’activités
Le rapprochement avec la carte précédente montre et d’échanges.
une forte corrélation avec le faible IDH de ces terri-
– des centres constitués de régions à fort dévelop-
toires sauf pour le Moyen-Orient (ce qui signifie que
pement, situés à des échelles différentes :
la richesse n’est pas redistribuée dans l’éducation des
populations). • autour d’une capitale (exemple : Paris et
l’Île-de-France)
• autour d’un pôle économique régional
Document 3 : La situation alimentaire dans le monde (exemple : la Catalogne)
■ L’opposition entre Nord et Sud est moins marquée • autour de plusieurs régions (exemple : l’Ita-
dans cette carte. lie du Nord)

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Document 6 : La santé dans le monde ■ On retrouve dans cette photographie la notion de
développement inégal entre un pays du Sud et un pays
■ La carte permet de distinguer : du Nord :
– une opposition nette entre les Nord et les Sud – dans la mise en valeur des territoires : agricul-
en matière d’espérance de vie et d’accès à la santé ture irriguée de l’Imperial Valley opposée à l’espace
(médecins, médicaments) ; urbain de Mexicali, capitale de l’état mexicain de la
– un Nord caractérisé par une forte homogénéité Basse Californie, située non loin de San Diego.
de l’état sanitaire (sauf pour la Russie) et dont le – Mexicali tire sa richesse d’activités économi-
dynamisme est soutenu par les trois pôles de la ques dominées par les maquiladoras, usines de
Triade dans l’aide apportée aux pays du Sud (aides sous-traitance étrangère installées dans le pays et
au développement, aides sanitaires) ; exemptées partiellement de droits de douanes. Elles
– des Sud très hétérogènes où on distingue deux sont visibles au premier plan.
sous- ensembles : ■ Outre l’inégal développement (mais développement
• L’Amérique centrale, quelques États de l’Amérique quand même), cette photographie illustre les liens de
du Sud et la Chine globalement assez proches des dépendance entre un pays du Nord et un pays du Sud.
pays du Nord (sauf le Brésil)
• Le continent africain (en particulier l’Afrique sub-
saharienne), l’Inde et l’Asie du Sud Est, les moins 2. Jakarta
développés.
■ Photographie qui met en évidence le développement
Le rapprochement avec la carte de l’éducation dans le inégal au cœur même de la capitale indonésienne peu-
monde (carte 2 page 118) montre une forte similitude plée de 12 millions d’habitants.
dans le retard de ces territoires (sauf pour la Chine).La
limite Nord-Sud est identique dans les deux cartes. ■ Le cliché oppose les buildings à l’arrière-plan à un
bidonville situé le long d’une voie ferrée. On observe
l’extrême précarité des conditions de vie (abris de for-
2. Essentiel en image tune, monceaux de déchets, population nu-pieds) et le
pages 119 et 121
risque que constitue la proximité de la voie ferrée.

1. Mexicali et Calexico
■ L’occupation est dense et la population visible est
très jeune (sans doute non scolarisée et dans un état
■ Photographie prise à la hauteur de la frontière États-
sanitaire précaire).
Unis-Mexique. L’objectif est orienté vers l’Ouest. De ce ■ L’image illustre l’immense écart existant, au sein
fait le Mexique est situé à gauche (au Sud) et les États- même d’une ville du Sud, entre les classes sociales très
Unis à droite (au Nord). Les deux États sont séparés au défavorisées et celles qui ont réussi économiquement.
premier plan par un canal d’irrigation.
Le cliché de cette frontière montre donc Mexicali (à
gauche) et la Californie américaine (à droite), avec la
ville de Calexico dans le lointain.

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 99

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Angle
Grand

Gated communities,
barrios cerrados… pages 122-123

1. Introduction Question 3 : Les habitants des gated communities [2 à 4]

La question des résidences fermées illustre une forme • Les classes sociales
contemporaine de cloisonnement des villes. Observé – très aisées : « ville tranquille et cossue », à l’abri des
d’abord aux Etats-Unis, ce phénomène de fragmen- « indésirables », « très huppées », « ghettos dorés »
tation du territoire urbain est ancien mais connaît, – depuis peu, les classes moyennes et moyennes supé-
aujourd’hui, et dans le monde entier, une croissance et rieures.
une diffusion exponentielles. Réservée d’abord à une
élite, cette forme d’habitat urbain (de la taille d’une • Les motivations
résidence à celle d’une ville) est de plus en plus acces-
– environnement soigné et protégé
sible aux classes moyennes. Ce communautarisme, par-
fois confessionnel, soutenu par des valeurs sécuritai- – désir de se retrouver « entre soi » (même niveau de
res, présente-t-il une nouvelle forme de ghettoïsation vie, même loisirs)
de la ville ?
– qualité des équipements (club house, tennis, par-
cours de golf)
2. Réponses aux questions – tranquillité et sécurité, enfermement volontaire
(barrières, surveillance)
Question 1 : Les catégories de gated communities [1, 6]

On peut distinguer les catégories par :


Le document 2 montre la porte d’entrée d’une « Neigh-
– le type : habitat individuel ou habitat collectif borhood Watch Community » aux États-Unis. Autosur-
– la taille : de la résidence à la ville veillance et dissuasion écrites sur le panneau sont souli-
Le croquis [6] illustre un espace résidentiel américain. gnées par la présence d’un père et de ses deux enfants,
On peut en calculer l’étendue grâce à l’échelle : 12 km armes à la main, à l’entrée de la résidence (exercice ou
de long sur 4 km de large environ. intimidation ?).
« Le neighborhood watch » est apparu dans les années
1960 mais s’est vraiment développé dans les années
Question 2 : L’implantation des résidences fermées [1, 3, 6,
doc 5 p 115]
1970-1980 parallèlement à la croissance importante
des espaces résidentiels périurbains. Bien souvent, dans
Parmi les nombreux facteurs de localisation des gates ces marges urbaines discontinues, la présence policière
communities, on pourra retenir : n’était pas régulière. Se sont alors constitués des grou-
pes d’habitants volontaires pour surveiller leur voisinage
– un site remarquable : centre ancien, vue excep-
immédiat, pour s’alerter en cas de présence ou d’événe-
tionnelle (détroit du Bosphore), quartier calme, col-
ment suspects et enfin pour avertir la police. Un vérita-
lines boisées (doc 5 page 115 du livre de l’élève) ;
ble projet communautaire (communautariste ?) a donc
– un site au climat agréable : héliotropisme (exem- vu le jour en rendant chaque résident coresponsable des
ple de la Floride) ; intérêts de son voisin. »
– mais aussi des sites proches de quartiers supposés
à risques, ce qui peut expliquer le discours sécuri-
taire des campagnes publicitaires des promoteurs.

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Question 4 : Succès et limites des gated commuties [3 à 6] – Dans le document 4, la résidence est protégée par
une barrière télécommandée. Un agent de sécurité en
• Succès : actionne le mécanisme et surveille l’entrée. Sa pré-
– croissance forte (exemple des États-Unis) sence, le type de véhicule (sachant que 28 Chinois
sur 1 000 possèdent une voiture) et l’habitation haut
Années Nombre Population de gamme témoignent du caractère luxueux de cette
de gated résidence fermée.
communities
1990 20 000 8 millions – Dans le document 5, c’est l’enclos du parc à mou-
tons qui symbolise la fermeture de la « résidence ».
2000 - 17 millions
– Dans le document 6, l’enfermement est marqué par
– phénomène planétaire deux éléments :

La croissance des résidences fermées touche les États- • la présence de portes (plus de trente pour une dizaine
Unis, l’Amérique latine (barrios cerrados), l’Asie, l’Afri- de lotissements !)
que et l’Europe, c’est-à-dire des pays du Sud et des • la voirie à accès contrôlé et réservé.
pays du Nord, quel que soit le régime politique (Etats-
Unis, Chine).
– croissance qui s’accompagne d’une diversification des Pour aller plus loin…
formes urbaines des gated communities [1 page 122 du
livre de l’élève]. La diffusion spatiale des résidences fermées en France
en 2002
• Limites
– On peut prendre appui sur la caricature de Chris Lane Aires ou Nombre de Pourcentage
unités résidences des résidences
[5] qui met en évidence deux idées essentielles : la
urbaines fermées fermées sur
ghettoïsation (enclos) et l’esprit sécuritaire (crainte d’implantation l’ensemble des
du danger représenté par le loup). constructions
– Cette nouvelle forme urbaine interroge quant à la Paris 41 7
dérive communautariste (confessionnelle…) car elle Toulouse 36 46
véhicule des valeurs contraires aux principes mêmes de
Côte d’azur 14 16
notre société (républicaine). Elle est en contradiction
totale avec la mixité sociale puisqu’elle « ghettoïse » Dijon 12 36
les classes sociales. Montpellier 10 23
Marseille/Aix- 8 19
en-Provence
Un autre regard Lyon 7 6
sur les documents
Bordeaux 6 19
Les documents iconographiques de la double page évo-
quent l’enfermement communautaire comme étant un
aspect essentiel de cet aménagement urbain. On peut En 2002, 18 régions métropolitaines sur 22, et le tiers
suggérer aux élèves de relever les différentes représen- des aires ou unités urbaines, sont concernées par la
tations de la fermeture : construction de résidences fermées.
– Dans le document 2, c’est le panneau sur la grille Le tableau ci-dessus montre que cette nouvelle forme
d’entrée de la résidence (indiquant la « Neighborhood d’habitat est implantée majoritairement dans le Sud de
Watch Community » et reprenant les couleurs rouge et la France. Toulouse a la plus forte proportion de rési-
blanc des panneaux d’interdiction), qui a pour fonc- dences fermées par rapport à la construction locale.
tion de dissuader tout étranger (pictogramme de l’ac- L’explication tient en partie au fait que le promoteur
cès interdit aux voleurs). La présence de personnes immobilier qui a lancé ce type de programme en France
armées derrière la grille complète l’idée sécuritaire. est situé dans cette agglomération (entreprise Monné-
Decroix).

Chapitre 7 ■ Le développement inégal 101

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Chapitre
Chapitre

3
8 Les sociétés face aux risques
p

Ouverture de chapitre pages 124-125

1. Commentaire du sommaire – l’entreprise incriminée : AZF et son propriétaire


TOTAL (cité deux fois)
Le chapitre est centré sur la mesure de la vulnérabilité
des sociétés face aux risques. Chaque situation aborde – sa condamnation : « TOTAL ment ASSASSINS »,
un type de risque particulier et la réponse apportée par « nos vies valent plus que vos profits »
les hommes pour s’en prémunir. L’île de La Réunion per- – la crainte durable de la catastrophe : « la vie à
met d’étudier le risque volcanique mais aussi d’autres quel prix », « Toulouse en sursis », « assassins »,
risques naturels. Le couloir de la chimie montre que « usines assassines »
les hommes sont à l’origine de risques technologiques – des images « chocs » : la tête de mort, la planète
auxquels les populations urbaines sont exposées de polluée par Total (Globe noir), la ville de Toulouse
manière inégale. L’étude des inondations au Bangla- réduite à AZF (carte de France).
desh envisage le faible niveau de développement et
la concentration humaine comme facteurs aggravants
de contraintes naturelles exceptionnelles. La double- Document 2 : La mer d’Aral, 2004
page Savoir-faire pose le problème du transfert des ris- ■ La présence insolite de carcasses rouillées de bateaux
ques technologiques des pays du Nord vers les pays du dans un espace désertique, ancien fond de la mer
Sud, à travers l’exemple du « commerce » des déchets d’Aral – mer fermée d’Asie centrale, aujourd’hui très
dangereux. Enfin, le risque sanitaire, évoqué à travers réduite – témoigne d’une catastrophe écologique sans
l’exemple du paludisme, autorise une synthèse intéres- précédent. En 1960, la mer d’Aral couvrait 68 000 km2.
sante entre risque et prévention dans les pays du Sud, En 2000, cette superficie avait diminué de moitié ; en
dans l’optique du développement durable. 2003, la mer avait perdu 75 % de sa superficie et 90 %
de son volume.

2. Analyse des documents ■ Cette catastrophe est directement imputable à la pré-


sence humaine. C’est le choix des économistes sovié-
■ Ces trois documents présentent les types de risques tiques d’intensifier la culture du coton qui a conduit
auxquels sont exposées les sociétés humaines : le au détournement des fleuves Amou- Daria et Syr-Daria
risque naturel (Naples au pied du Vésuve), le risque qui alimentaient la mer. Le fond de cette mer a accu-
technologique localisé (manifestation contre AZF) et mulé des pesticides et des insecticides qui ont porté
la catastrophe écologique majeure (disparition de la atteinte à la biodiversité, ainsi qu’à la santé des popu-
mer d’Aral). lations locales. C’est dans cet espace que le taux de
mortalité est le plus fort. L’OMS a reconnu le lien direct
entre la pollution et des taux de cancer et d’anémie
Document 1 : Manifestation contre AZF, Toulouse, 2006
très élevés.
■ La photographie permet d’identifier les différents
■ Une tentative pour sauver la « petite mer » (Maloïé) a
protagonistes de cette manifestation, en particulier
consisté à construire une digue. L’eau est remontée de
des citoyens de tous âges et toutes conditions, pré-
30 à 38 mètres en quelques années et la « petite mer »
sents à titre individuel ou par le biais de leurs repré-
a regagné 30 % de sa superficie.
sentants syndicaux ou politiques (LCR), concernés par
la proximité du site industriel (université Toulouse le
Mirail, « quartier »). Document 3 : Vue satellite de Naples, 2008
■Comme lors de toute manifestation, des banderoles, ■ Cette photographie satellite illustre l’exposition des
des panneaux, des drapeaux et des objets symboliques sociétés face à un risque naturel majeur : le volcanisme.
animent la présence des citoyens. Leur analyse permet L’étude de l’image permet de distinguer le volcan, la
de dégager :

102

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baie et la ville de Naples. L’éruption connue de 79 a Des mesures de prévention ont été prises pour réduire la
duré une vingtaine d’heures. La violence du phénomène présence de la population dans la zone rouge (destruc-
s’est manifestée par une colonne éruptive de plus de tion de l’habitat illégal, création d’un parc national).
30 kilomètres de hauteur. Pompéi et Herculanum ont
été totalement ensevelies. 3. Pistes
■ Le volcan est inactif depuis 1944. Cette phase d’ac- Documentaires-vidéo :
calmie est la plus longue de ces 500 dernières années.
– LE DESSOUS DES CARTES, La désertification (classe
Toutefois, l’éruption du Vésuve constitue un danger
de seconde), Belin, 2007.
considéré comme très grave compte tenu, d’une part,
de sa tendance à réagir avec une grande violence et, – LE DESSOUS DES CARTES, Les mers en danger
d’autre part, de la forte densité de population vivant (classe de seconde), Belin, 2007.
dans ses environs. – Aral, la mer assassinée, THALASSA éducation,
CRDP Rennes 1992.

4. Démarche et parcours possibles

Exemple d’organisation sur la base d’une séquence Séance 3 = Partie 1 et 3 ⇒ conceptualisation


de quatre heures (on est libre d’élaborer une Séance 4 = Partie 4 ⇒ risques et développement dura-
séquence plus courte).
ble (corpus pris dans tout le chapitre)
Séance 1 = Partie 2 (risques naturels) ⇒ étude de cas
1 (Situation 1 à 3) En dehors de la Situation obligatoire choisie, le Sujet d’étude doit être
Séance 2 = Partie 2 (risques technologiques ou sani- traité dans son intégralité en prenant appui sur les autres doubles-pages
taires) ⇒ étude de cas 2 (Situation 2, Savoir-faire ou (voir tableau).
Grand Angle)
Le Bangladesh,

de la pauvreté
Le paludisme,
hauts risques
naturels dans

poubelles du
Contenu du chapitre
Le couloir de

Pays du Sud,
la chimie, au

une maladie
Grand Angle
Savoir-faire
sud de Lyon
Situation 1

Situation 3
Les risques

Situation 2

un delta à
Ouverture

l’île de La
Réunion

Nord ?

Atlas
Plan de L’essentiel

Lancement + +
Partie 1 : Du risque à la catastrophe
a. des populations vulnérables + + + + + +
b. la perception par les hommes + +
c. des risques à toutes les échelles + + + + + +
Partie 2 : La diversité des risques
a. les risques naturels + + + + +
b. les risques technologiques + + + +
c. les risques sanitaires + + +
Partie 3 : Des sociétés inégales face aux risques
a. la gestion des risques + + + + + + +
b. les risques au Nord + + + +
c. les risques au Sud + + + +
Partie 4 : Nouveaux risques : un danger mondial ?
a. la responsabilité humaine + + + + + +
b. le principe de précaution + + + + + + +
c. réchauffement global et développement durable + + + + + + +

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 103

5190_Ldp_Hpro2e_CH8.indd 103 30/09/09 11:09:02


1 Les risques naturels dans l’île
Situation

de La Réunion pages 126-127

1. Réponses aux questions de l’identité réunionnaise (on peut également évo-


quer le logo de la région Auvergne, en métropole).
Question 1 : Les types de risques naturels
On pourra amener les élèves à remarquer que l’idée
[2, 3, 4, 5 et atlas 27]
du risque est ici totalement détournée pour deve-
■ La population réunionnaise est exposée à une multi- nir un atout touristique comme l’indiquent le slogan
tude de risques naturels : « valorisons nos atouts » [1] et les nombreux espaces
– le risque volcanique lié aux éruptions du Piton de la touristiques [6].
Fournaise : coulées et projections [2, 5 et atlas 27] ■ Le centre de l’île est occupé par deux volcans, le
– les risques atmosphériques et maritimes : les cyclo- Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise, qui ont
nes et les houles cycloniques [3, 4, 5 et atlas 27] une nette vocation touristique (« site remarquable »,
– le risque d’inondation : zones inondables et débor- « sentier de grande randonnée »). La carte montre une
dement de ravines [5] occupation humaine très largement littoralisée. Entre
– le risque de mouvements de terrain [5] les deux se sont développés quelques zones touristi-
ques et des espaces de polyculture. Les pôles majeurs
■ À La Réunion, les mouvements de terrains se produi-
de développement économique se situent au Nord et
sent la plupart du temps au niveau des escarpements à l’Ouest de l’île. Les infrastructures touristiques bal-
(remparts, falaises, abrupts, berges), à l’intérieur des néaires sont implantées à l’abri des houles et vents
cirques et des ravines. Ils se manifestent par le biais de cycloniques fréquents.
chutes de pierres, blocs et éboulements, de glissements,
d’érosions de berges, de coulées de boue et laves torren- ■ Le Piton des Neiges au Nord-Ouest est le plus
tielles… Le dernier mouvement de terrain date de mars ancien. Il est éteint depuis 20 000 ans. Il dépasse
2006 : un éboulement de 30 000 m3 a coupé la Route du les 3 000 mètres d’altitude En réalité il atteint
Littoral provoquant la mort de deux personnes. aujourd’hui environ 7 000 mètres de hauteur (en
comptant la partie immergée). Le Piton de la Four-
naise s’est formé sur le flanc Sud-Est du premier et
Question 2 : Les conséquences matérielles et humaines culmine à 2 631 mètres.
des risques [2 et 4]

Elles sont nombreuses : Question 4 : Le droit à l’information préventive [3]


– risque volcanique : route coupée et forêt détruite
par une coulée de lave [2]. Outre le danger que
■Le nouveau droit inscrit dans le code de l’environne-
constitue ce phénomène, on imagine assez aisément ment est celui de l’information préventive sur les ris-
le coût élevé et la durée des travaux nécessaires à ques naturels et technologiques. (lignes 12 et 13)
la réouverture de cette voie de communication (les ■ Son but est de « permettre aux citoyens de connaî-
routes sont peu nombreuses et donc vitales pour tre les dangers » […], « les dommages » […] , « les
les habitants). mesures préventives qu’ils doivent prendre pour
– risque cyclonique : au premier plan, les pal- réduire leur vulnérabilité ainsi que les moyens de pro-
miers détruits par les vents violents ; aux deuxième tection et de secours mis en place par les autorités
et troisième plans, les habitations et les cultures publiques pour y faire face» […]
endommagées, les routes inondées par les fortes ■ La mise en œuvre de ce nouveau droit est permise
précipitations [4]. par la production d’un document départemental sur les
risques majeurs. Concrètement, chaque citoyen peut
Question 3 : La prise en compte des risques naturels [1 et 6] le consulter dans les administrations publiques : « pré-
fectures », « sous-préfectures » et « mairies ». Un site
■En choisissant ce graphisme comme logo, la région Internet est également mis en ligne.
Réunion fait du volcanisme un élément constitutif
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2. Réponse à la problématique 4. Pistes
■ Les Réunionnais sont exposés à une multitude de
■ http://www.fournaise.info/index.php
risques naturels inhérents au caractère même de leur
territoire : c’est une petite île tropicale, située dans Ce site présente l’actualité du volcan : dernières érup-
l’Océan Indien et balayée par des cyclones qui provo- tions, photographies, quelques ressources pour la
quent des houles et des précipitations violentes. Mais classe (historique du volcanisme à la Réunion, autres
le risque majeur est sans nul doute le volcanisme : volcans dans le monde) et une webcam qui propose
le Piton de la Fournaise, situé au Sud-Est de l’île, est une photographie actualisée du cratère toutes les cinq
encore très actif. minutes.
■ Cette île à risques présente une organisation de l’es- ■ http://www.reunion.pref.gouv.fr/ddrm/index.asp
pace qui traduit la prise en compte des aléas naturels.
Ce site permet la consultation du dossier départe-
En effet, hommes et activités sont essentiellement
mental des risques majeurs (DDRM). Il présente avec
situés sur le littoral. Le volcanisme, constitutif de
clarté une typologie des risques, une présentation du
l’identité réunionnaise, est depuis longtemps un des
contexte spécifique de la Réunion et les mesures prises
atouts touristiques de l’île.
pour l’information et la prévention.
Les collectivités territoriales ont mis en œuvre des
moyens de prévention efficaces tant dans la sur-
veillance du risque éruptif, que dans la prévention et
l’information de la population.

3. Démarche proposée

1. Les risques et leurs conséquences : typologie des


risques et des conséquences matérielles et humaines
[2, 4, 5 et atlas 27]
2. Les mesures de prévention [3]
3. Du risque… à l’atout régional [1, 6]

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 105

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2 Le couloir de la chimie, au sud de Lyon
Situation

pages 128-129

1. Réponses aux questions – les effets de surpression : explosion de gaz ou de


solide, éclatement de réservoir.
Question 1 : Le couloir en question [3 à 5]
Deux phénomènes sont également très dangereux :
■ L’appellation « couloir de la chimie » se justifie par :
– le BLEVE, qui est la détente explosive d’un gaz
– une concentration d’activités industrielles, en
liquéfié chauffé. BLEVE est l’abréviation de Boiling
particulier chimiques, visible à travers :
liquid expanding vapor explosion. Cette expression
- un paysage industriel : cheminées, torchères, peut se traduire par « ébullition-explosion ».
dépôts de carburants… [3 et 4]
– le boil-over, qui est une boule de feu et projection
- la nomenclature : raffinerie Total, Atofina, de liquide enflammé.
Arkéma, Rhodia, dépôts pétroliers… [5]
■ sa localisation dans la vallée du Rhône :
– à partir de la confluence du Rhône et de la Saône, Question 3 : L’inégalité des hommes face aux risques
[1, 2, 3 et 6]
sur une bande de plus ou moins 2 km de large et
de 10 km de long, vers le Sud (calcul possible avec ■ Il y a une forte corrélation entre habitat, population
l’échelle de la carte) [5] et emploi dans le couloir de la chimie.
– avec une orientation méridienne des voies de – les activités industrielles sont peuplantes car
communication : routes, autoroutes et réseau ferré elles emploient beaucoup de monde : 6 500 emplois
[3 et 5] dont les 2/3 dans l’industrie ; plus de 400 emplois
Voir site compagnon. en moyenne par entreprise [6]
– l’habitat, collectif en particulier, se situe dans
Question 2 : Les types de risques [1 à 5]
l’environnement immédiat des entreprises à risques.
Ce phénomène est bien visible à Saint Fons. [3]
■ Les risques industriels majeurs sont nombreux dans
le couloir de la chimie : ■ Le risque est révélateur des inégalités sociales :
– pollution de l’air et de l’eau : usines chimiques – « Ce sont les populations les plus défavorisées qui
(vallée du Rhône) sont les plus exposées aux risques et à leurs consé-
– explosion, incendie (Feyzin 1966) : gaz, pétrole… quences ». [1]
(nombreux réservoirs, gaz liquide…) – « La réglementation […] ne s’intéresse ni à
– fumées, nuages toxiques : matières liquides ou l’existant, ni au développement de l’urbanisation
solides en combustion (raffineries…) à proximité des établissements déjà autorisés.
[…] Elle ne modifie pas la situation de ceux qui
■ Les deux facteurs aggravants sont :
continuent d’habiter et de vivre à l’ombre des usi-
– la concentration d’usines dangereuses avec le ris- nes ». [2]
que d’un « effet domino »
(espace industriel continu le long de la vallée, en
rouge [5]) Question 4 : Espace industriel et développement durable
[1 et 2]
– la proximité d’une forte concentration urbaine [4]
■ Le développement durable de cet espace industriel
■ Les effets des risques peuvent être classés en trois
doit être envisagé au-delà du dispositif actuel (loi
familles :
Seveso) car, d’après les auteurs, ce dispositif ne prend
– les effets thermiques : combustion de liquides ou pas en compte les bâtiments existants ni même l’évo-
de solides lution de l’urbanisation. Une législation adaptée pour-
– les effets toxiques : fuite de liquide, fuite de gaz, rait donc constituer une première solution [1].
incendie avec dégagement de produits toxiques
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■La gestion des risques soulève plus d’interrogations 3. Démarche proposée
qu’elle n’apporte de solutions et de réponses, car le
1. Le couloir de tous les risques : types, localisations
débat est ouvert [2] :
[3 à 5]
– faut-il déplacer les hommes ou les usines ?
– faut-il développer la mixité entre habitat et 2. L’inégalité des hommes face aux risques : fonc-
industrie ? tions urbaines, inégalités socio-spatiales, politique de
prévention et d’information [3 à 6]
■ Plus globalement, les élèves peuvent être également
amenés à réfléchir à d’autres solutions, comme par 3. Industries et développement durable [1 et 2]
exemple le choix des EnR en remplacement des indus-
tries liées à l’exploitation des ressources fossiles.
4. Pistes
– http://geoconfluences.ens.lsh.fr/doc/transv/Ris-
2. Réponse à la problématique que/RisqueScient3.htm
■ Le couloir de la chimie est un territoire industriel Titre de l’article : « Les bassins du risque industriel :
situé dans la vallée du Rhône au sud de Lyon. Il l’exemple de la vallée du Rhône »
concentre un grand nombre d’entreprises industrielles – http://www.lesbonsreflexes.com
dont certaines, classées SEVESO, présentent un risque Consulter en particulier le guide d’information et de
majeur pour la population. Les quartiers populaires prévention des risques majeurs, édité par la Préfec-
(habitats pavillonnaires modestes, immeuble collec- ture du Rhône.
tifs), vivier de main-d’œuvre pour l’industrie, sont par-
ticulièrement exposés. Si aujourd’hui la règlementa-
tion ne permet plus l’implantation et la concentration
d’industries à risques près de zones fragiles (habitat,
environnement), elle ne permet pas de modifier l’orga-
nisation spatiale des installations anciennes. Les iné-
galités socio-spatiales face aux risques ne sont donc
pas réglées.
■ Pour tenter de pallier ce problème, les indispensables
mesures de prévention, d’information et d’éducation
aux risques sont nombreuses et efficaces. Elles ont
pour objectif de réduire la vulnérabilité des popula-
tions concernées.

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 107

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3 Le Bangladesh, un delta à hauts risques
Situation

pages 130-131

1. Réponses aux questions Question 4 : Les mesures contre les catastrophes [3 et 7]

Question 1 : Les contraintes naturelles [1, 4, 6, 7 et atlas 27] ■ LES MOYENS mis en œuvre sont des aménagements

hydrauliques :
■ Les habitants du Bangladesh vivent dans un « plat
pays drainé par 230 rivières » et situé au ras de l’eau – construction de 9 143 km de digues le long des
[1, 3 et 7] ; ils sont soumis à des contraintes naturelles rivières, depuis 1988 [3]
fortes qui aggravent leur vulnérabilité : – digues en amont et en aval, digues en projet, au
– la mousson [4] centre et au nord du pays [7]
– les cyclones [7] – deux ouvrages de dérivation, en amont du Gange
et du Brahmapoutre [7]
– les tsunamis [atlas 27]
– de nombreuses stations de pompage, au centre et
Les territoires soumis à de fréquentes inondations sont au nord-est du pays [7].
très peuplés (densité souvent supérieure à 1 000 habi-
tants /km2) [6].
■ LES LIMITES de ces aménagements entraînent leur
remise en cause :
– l’eau retenue par les digues remonte plus en
Question 2 : Les conséquences des risques [1, 2 et 5] amont
– les inondations sont plus fortes
Conséquences Conséquences
humaines économiques – l’eau s’écoule avec plus de difficulté (« cloaques
insalubres ») [3].
– Nombreux sans – Pertes
abri : destruction des d’infrastructures :
habitations routes, ponts, écoles,
hôpitaux… (13,7 % du
2. Réponse à la problématique
– Nombreuses
victimes : 30 millions PIB) ■ Situé dans le delta formé par la confluence du Gange
de personnes touchées – Mise en place d’une et du Brahmapoutre, le Bangladesh est drainé par
(plus de 20 % de la aide alimentaire 230 rivières. La plus grande partie du territoire est
population), 800 morts située à une dizaine de mètres au-dessus du niveau
– Maladies hydriques : de la mer.
diarrhée, dysenterie…
■ Peuplé de 140 millions d’habitants, avec des den-
– Déficit alimentaire
sités dépassant souvent 1 000 habitants/km2, ce
=> coût humain et financier important pour le pays
pays en développement est soumis à des contraintes
climatiques (mousson, cyclones) qui engendrent de
Question 3 : Les responsabilités humaines
véritables catastrophes humaines et dont le coût éco-
[3, 6 et Atlas rabat B]
nomique est colossal. Des aménagements hydrauli-
ques très importants ont permis de limiter les risques
■les fortes concentrations de population sont situées mais le réchauffement climatique qui conduit, entre
dans les zones soumises aux aléas climatiques. autre, à une élévation du niveau de la mer, place ce
■ le réchauffement climatique (imputé aux activités pays dans une situation particulièrement périlleuse.
anthropiques) accroît la vulnérabilité des habitants Les rapports les plus alarmants présentent les habi-
(prévision d’une montée des eaux de 50 cm). tants du Bangladesh comme les futurs premiers réfu-
giés climatiques.
■ en revanche, contrairement aux idées admises jus-
que-là, la déforestation de l’Himalaya n’explique pas ■ La mousson caractérise un système de vents saison-
complètement les inondations en aval, selon le PNUD. niers dans les régions tropicales. La terre s’échauffe et
se rafraîchit plus rapidement que la mer. Au printemps,

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l’air chaud s’élève et crée une zone de basse pression 3. Démarche proposée
locale au niveau du sol. Le vent de mousson qui par-
1. Un delta à hauts risques : un cumul de contraintes
court le golfe du Bengale s’humidifie, se dirige vers l’em-
naturelles
bouchure du Gange pour remonter ensuite vers l’Hima-
laya. En hiver, utilisant le même corridor de circulation, 2. Un frein au développement ? coûts humains et
la mousson du Nord-Est ou « mousson sèche » entraîne économiques
des précipitations moindres. 3. La lutte contre les risques : moyens mis en œuvre
En 1998, une mousson particulièrement intense, cumu- et limites, réchauffement climatique (montée des eaux
lée au dégel des glaces de l’Himalaya, a causé une inon- de 50 cm ?)
dation dévastatrice envahissant les deux tiers du pays :
1 000 morts, plus de 30 millions de sans abri (comme
4. Pistes
en 2004), des dégâts matériels importants (11 000 km
de routes endommagées…). ■ « Vivre avec les forces de la nature : le Bengale » ; en
particulier la partie « en savoir plus » qui présente une
En 2007, le cyclone Sidr a fait plus de 3 000 morts et
sitographie intéressante.
800 disparus. En 1970, un cyclone a fait 500 000 morts
et en 1991, un raz de marée a tué près de 140 000 http://eduscol.education.fr/D0110/forcesdelanature.
personnes. pdf

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 109

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Savoir-faire
Objectif

Pays du Sud, poubelles du Nord ?


Comprendre une situation géographique pages 132-133

1. Introduction Question 1 : Faits et territoires en question [1 à 6]

■ Ce dossier permet d’établir des relations entre les ■ Les faits relatés portent sur le transfert des déchets
sujets d’étude (la question du transfert des déchets dangereux des pays du Nord vers les pays du Sud, et sur
permet d’enrichir la question du développement iné- leurs conséquences. Le titre de la double-page problé-
gal car elle s’inscrit dans les relations Nord/Sud) ; matise ce constat qui met en exergue la subordination
avec le thème général du programme (le traitement des pays en développement, explicitement considérés
des déchets s’inscrit pleinement dans la problémati- comme les dépotoirs des pays riches (« poubelles »).
que du développement durable des sociétés). Éviter ■ Les ensembles géographiques concernés :
le transfert des déchets du Nord vers le Sud implique
forcément leur diminution et leur recyclage par ceux Au Nord : pays industrialisés [3] dont la France [1 et 6],
qui les produisent. Il permet aussi d’aborder une situa- pays du Golfe, Europe, Australie, Amérique du Nord, Corée
tion géographique complexe : l’étude des acteurs, de du Sud et Japon.
leurs motivations et des moyens mis en œuvre s’avère Au Sud : Inde, Pakistan, Bangladesh, Vietnam, Chine
incontournable. La condamnation du transfert Nord/ et Hong Kong, Taïwan, Singapour Indonésie, Philip-
Sud des déchets conduit à des solutions radicales mais pines.
qui ne vont pas de soi parce que le recyclage rapporte
de l’argent, que des États corrompus peuvent encoura-
ger ce commerce…

Question 2 : Les acteurs du commerce des déchets


[1, 3, 4 et 5]

■ Les acteurs sont nombreux et interviennent à toutes les échelles.

Acteurs
Échelles
Encourageant ce commerce Souhaitant le limiter
Locale – (indirectement) la population pauvre qui survit
grâce au maigre salaire versé (2 euros par jour) ou ///
à la location de matériel (ouvriers, agriculteurs)
[1, 4]
– les 12 000 personnes qui en vivent à Alang [1]
Nationale / – les pays recycleurs Greenpeace France
Régionale – les ports et les sites de démantèlement [1 à 5] (campagne Toxiques mettant
en cause les gouvernements du
Nord) [3]
Mondiale les pays du Nord qui masquent la réalité en – le Programme des Nations Unies
évoquant un « recyclage » ou qui fuient des coûts pour l’environnement (PNUE)
de gestion trop élevés [3] – les 103 pays des Nations Unies
qui ont ratifié la Convention
internationale de Bâle
[3 et Atlas 29]

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Question 3 : Les enjeux du transfert [1 et 3] ■ Impact sur l’environnement
■ Pour les responsables, l’atout principal réside dans le – rivages et atmosphère pollués
faible coût du traitement des déchets toxiques (salaire – concentration des déchets toxiques (en Afrique
moyen de 2 euros par jour) [1] et en Asie)
■ Leur principal moyen est le déplacement de leurs ■ Mesures prises
déchets dans des sites plus ou moins spécialisés dans – ratification de la convention de Bâle signée par
le démantèlement ou le recyclage. 103 pays : « réduction des transferts de déchets par
Selon Greenpeace France, ce transfert se réalise au l’incitation au traitement et à leur élimination aussi
mépris du respect des principales conventions inter- près que possible de leur source de production »
nationales. [3 et atlas 29]
- convention de Londres : déchets en mer [atlas 29]
- convention de Rotterdam : exportation de pro-
Question 4 : L’état des lieux [1, 2, 4 et Atlas 29] duits chimiques [atlas 29]
■ Répercussions sur les hommes - convention de Stockholm : polluants organiques
• des conditions de vie déplorables : persistants [atlas 29]
- dans le dénuement : « dortoirs plongés dans – condamnation par des associations comme
l’obscurité », « sans eau ni électricité », Greenpeace, sensibilisation par le biais des médias :
presse [5] et Internet [3].
- dans un habitat précaire : « enfermés derrière
des plaques de tôle clouées », « cabanes »
- dans la promiscuité : « Nous vivons ici à 50 » 2. Pistes
• des conditions de travail misérables :
- « maigres salaires » : 2 euros par jour + 30 cen- – Atlas de l’environnement, Le Monde Diplomatique,
times / heure supplémentaire, « corps creusé par Hors série 2006, pages 50-51
la misère » [1] – Documentaire-vidéo : LE DESSOUS DES CARTES,
- travail dangereux : « tuent les hommes à petit L’Europe, la France (classe de Seconde), Belin 2007 :
feu », « se nourrir avant de penser à sa santé », 10 – Les mers en danger
« maux respiratoires », « les chantiers nous intoxi-
quent »
- exposition physique maximum aux produits toxi-
ques : torse nu ou pieds nus, tenue ordinaire (=
pas de combinaison de protection)
- contact direct avec les produits toxiques (= pas
de matériel – masque, gants – de protection) :
amiante, métaux lourds… [2, 4]

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 111

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L’essentiel pages 134 à 137 togrammes simples, organisés en deux rubriques
(« à faire » et « à éviter ») et soutenues par deux
couleurs explicites (fond vert = autorisation ; fond
1. En marge pages 134 et 136 rouge = interdiction).
Document 1 : Le risque humain

Ce document constitue la synthèse des connaissances Document 5 : Les sites classés Seveso en France
à posséder pour distinguer un « événement » d’ori-
Cette carte montre la forte corrélation entre la pré-
gine naturelle ou anthropique et sa perception par les
sence des sites Seveso et la concentration de popu-
sociétés qui lui donnent alors son statut de risque,
lation.
voire de catastrophe.
Cette corrélation est remarquable en particulier dans
Il regroupe par ailleurs quatre notions majeures : aléa,
les territoires suivants : Région parisienne, vallée de
enjeu, vulnérabilité, risque. La « valeur » de chacun
la Seine, Picardie, Nord, Alsace, vallée du Rhône (de
dépend du cas étudié (type de risque, niveau de déve-
l’amont à l’aval)…
loppement du pays…).

Document 6 : Température et CO2


Document 2 : Les grands types de maladies dans le monde
Ce document établit le lien fort entre l’évolution de
Cette carte traduit la grande inégalité des pays face la température moyenne à la surface de la terre et la
aux maladies : production de dioxyde de carbone. À partir de l’indus-
• opposition Nord / Sud : maladies de riches, maladies trialisation du 20e siècle, l’augmentation exponentielle
de pauvres des deux paramètres est conjointe.
• mais des inégalités au Nord comme au Sud :
– Eurasie : opposition Europe / Russie
– Amérique du Sud scindée en deux 2. Essentiel en image
pages 135 et 137
– Afrique subsaharienne et Asie du Sud minées par
le Sida et les maladies parasitaires 1. La Nouvelle-Orléans, États-Unis, le 30 août 2005

Cette image renvoie à la question des risques natu-


Document 3 : Bilan des catastrophes naturelles
rels (les inondations représentent 56 % des catastro-
phes naturelles dans le monde) pouvant entraîner une
Ce graphique traduit l’augmentation vertigineuse, en catastrophe humaine, à l’échelle locale. Son intérêt
30 années, des catastrophes naturelles : réside dans la combinaison d’un risque naturel majeur
– météorologiques (x 4) avec la responsabilité des hommes (aménagement
– biologiques (x 2) dans une zone particulièrement fragile).
– géologiques (x 8) La photographie montre la ville sous les eaux après le
passage du cyclone Katrina.
Caractérisé par des vents violents, celui-ci a détruit
Document 4 : Affiche sur la prévention des risques
beaucoup d’habitations, mais sur cette photographie
Ce document illustre l’action des pouvoirs publics ce qui est surtout observable, c’est la présence de
auprès de la population. Sa présence est de plus l’eau. Au premier plan, l’eau est arrivée au niveau des
en plus fréquente dans les lieux publics municipaux toits, le reste de la ville, en particulier le CBD, sem-
(école, mairie…). blant épargné. En réalité, ce ne sont pas les pluies
qui sont responsables des inondations, mais la rupture
Il expose deux indicateurs de prévention : des digues sensées protéger la population contre les
– sonore : rappel du signal d’alerte (type de son, inondations.
durée, essai le premier mercredi de chaque mois)
Les conséquences économiques et humaines sont
– visuel : destinées à être lues très rapidement, les
importantes.
consignes de sécurité sont illustrées par des pic-
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L’étendue des dégâts est impressionnante (plusieurs disparaît sous les eaux. En octobre 2005, le bilan non
km2) : les voies de communications (rues et routes) et définitif s’élevait à 1 209 morts. Fin 2006, la ville comp-
les réseaux (gaz, électricité, téléphone) sont coupés. tait 144 000 habitants et 247 000 deux ans plus tard. La
Les commerces sont fermés et les activités industriel- composition ethnique de la ville a changé : à majorité
les sont interrompues (grands toits blancs au premier noire à l’origine, la Nouvelle-Orléans est aujourd’hui une
plan). ville blanche.
L’inondation a entraîné une forte pollution rendant
l’eau impropre à la consommation. La population 2. Explosion d’un oléoduc à Lagos (Nigeria), décembre 2006
modeste de ces quartiers densément peuplés est donc
totalement isolée et sans ressources. La grande vio- La photographie est prise peu de temps après l’explo-
lence des cyclones est considérée comme une véritable sion d’un oléoduc à Lagos : celui-ci a été vandalisé à
anomalie climatique et, selon les spécialistes, elle est Abula Egba, dans la partie Nord de la ville, les nom-
à rapprocher du réchauffement global de la planète. breuses victimes ayant éventré l’oléoduc afin d’écoper
L’élévation annoncée du niveau de la mer constitue un du carburant pour le vendre.
facteur aggravant pour la Nouvelle-Orléans et explique La violence du phénomène est signifiée par la gigan-
sans doute la fuite définitive d’un grand nombre d’ha- tesque flamme (et sa colonne de fumée) ; le palmier et
bitants hors de la ville. le toit d’un hangar (en arrière-plan du camion de pom-
Dans la plaine côtière de Louisiane, qui correspond en piers) ont été littéralement soufflés. On voit la foule
grande partie au delta du Mississipi, se trouve la plus qui observe l’incendie. Aucune mesure de sécurité ne
grande zone humide littorale de tous les États-Unis. semble prise (pas de périmètre de sécurité visible).
Des habitants sont même agglutinés sur les toits des
Auparavant, ces marécages absorbaient l’énergie des maisons, à l’arrière-plan. Un camion de pompiers est à
cyclones et leur processus de tassement était compensé l’approche. Des véhicules militaires semblent visibles à
par les apports alluviaux du Mississipi. Mais l’interven- droite de la colonne de fumée.
tion humaine, à la fois par la construction de barrages
en amont et par des politiques locales d’aménagement Cette photographie montre les effets d’un accident
qui ont quadrillé le delta avec de très nombreux canaux technologique dans un pays du Sud :
de navigation (plus de 10 000 !) et de nombreuses – peu ou pas de prévention et de protection des
digues de protection, ont bouleversé cet équilibre. De populations,
véritables « hurricane highways » (autoroutes pour les – prise de risque inimaginable pour gagner un peu
ouragans) permettent aujourd’hui l’accès des cyclones à d’argent, ce qui révèle l’état de dénuement d’une
l’intérieur des terres. partie de la population.
La ville est protégée de l’eau des lacs au Nord par un Cette explosion a fait 269 victimes et près de 300 bles-
système de levées de terre. Celles–ci sont moins hautes sés. Le Nigeria, premier producteur de pétrole afri-
que celles du Sud, construites pour se protéger des eaux cain (2,6 millions de barils/jour en 2006), a connu
du golfe. D’immenses pompes rejettent en permanence 2 258 actes de vandalisme sur ses oléoducs entre 2001
ces eaux vers le lac de Pontchartrain via des canaux et 2006. Pour 2005, on estime le détournement à plus
de décharge. Il suffit qu’une digue se rompe et la ville de 650 000 tonnes de pétrole.

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 113

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Angle
Grand

Le paludisme, une maladie de la pauvreté


pages 138-139

1. Introduction D’après l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), la


transmission du paludisme varie en fonction de facteurs
Le risque sanitaire est révélateur de l’extrême vulnéra-
locaux comme par exemple :
bilité des populations, dans les pays du Sud en particu-
lier. L’exemple du paludisme, qui anéantit actuellement – le régime des précipitations (la reproduction des
les processus de développement d’un grand nombre de moustiques est conditionnée par l’humidité)
pays, montre que l’éducation et la prévention consti- – la proximité des gîtes larvaires avec les habitations.
tuent les principaux vecteurs de lutte contre les ris- Certaines régions du monde enregistrent un nombre
ques sanitaires, à l’instar de la lutte contre les risques relativement constant de cas toute l’année. On parle
naturels et/ou technologiques. alors de pays « d’endémie palustre ». Dans d’autres, on
observe des « saisons du paludisme », qui coïncident en
Ce dossier, au cœur de la problématique de ce pro-
général avec la saison des pluies. Ces épidémies peu-
gramme de 2e, éclaire donc les élèves sur les mesures
vent être déclenchées par les conditions climatiques et
à prendre pour assurer le développement durable des
aggravées par des inondations ou des mouvements de
sociétés concernées.
populations dus à des conflits.
Le paludisme en 7 points essentiels (source OMS, der-
nière mise à jour janvier 2009) Question 2 : Les territoires du paludisme [Atlas 28]

– Le paludisme est une maladie pouvant être mor- Les principales régions du monde touchées sont :
telle. Il est dû à des parasites transmis par les piqû-
– l’Amérique centrale et la moitié nord de l’Améri-
res de moustiques infectés.
que du Sud
– Un enfant en meurt toutes les trente secondes.
– l’Afrique subsaharienne (sauf Afrique du Sud,
– Il y a eu 247 millions de cas en 2006, à l’origine Namibie et Botswana)
de près d’un million de décès, pour la plupart des
– le Sud de la péninsule arabique (Yémen, Oman)
enfants africains.
– Turquie et Iran
– Le paludisme est une maladie évitable dont on
guérit. – la péninsule indienne
– Environ la moitié de la population mondiale est – les littoraux de l’Asie orientale.
exposée au risque de paludisme, en particulier dans
les pays à faibles revenus. Question 3 : Le paludisme, une épidémie ? [3 et 5]

– Les voyageurs venant de régions exemptes de palu- Une épidémie désigne l’augmentation rapide de l’inci-
disme et se rendant dans des zones «sensibles» sont dence d’une pathologie en un lieu donné sur un moment
particulièrement vulnérables. donné, sans forcément comporter une notion de conta-
– Le paludisme a des répercussions économiques et giosité.Une endémie, qui est la présence habituelle
peut entraîner une baisse du taux de croissance allant d’une maladie dans une zone géographique (prévalence
jusqu’à 1,3 % dans les pays fortement affectés. positive, incidence stable) peut se développer en épidé-
mie si les conditions environnementales le permettent.
On parle d’épidémie au regard du nombre d’humains
Question 1 : les facteurs de développement du paludisme [1,5]
touchés : 40 % de la population mondiale, 500 millions
Le paludisme est favorisé par des conditions sanitaires de personnes gravement atteintes. En 2003, les agen-
déplorables : eau stagnante, habitat délabré (bidon- ces des Nations-Unies estimaient que 3 000 enfants
ville), manque d’hygiène. succombaient par jour.

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Conséquences humaines : L’OMS recommande quatre mesures importantes :
– fort taux de mortalité, en particulier infantile – Le traitement rapide de tous les épisodes cliniques
(première cause de mortalité au Mali) (si possible dans les 24 heures suivant l’apparition
– nombreuses séquelles invalidantes : anémies, des symptômes) ;
troubles neurologiques – L’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insec-
– vie scolaire perturbée ticide pour la prévention des piqûres de moustiques
durant la nuit ;
Conséquences économiques :
– Pour les femmes enceintes dans les zones de forte
– perte de 1,3 % par an de croissance pour les pays endémicité, des doses préventives de sulfadoxine-
à forte transmission pyriméthamine (IPT/SP) pour éliminer régulièrement
– perte de 12 milliards de dollars en coûts directs et les parasites du placenta ;
perte de productivité – Les pulvérisations d’insecticide à effet rémanent à
– absentéisme au travail l’intérieur des habitations pour tuer les moustiques
– selon l’OMS, le paludisme peut représenter 40 % au repos sur les murs et les toits.
des dépenses de santé publique et de 30 à 50 % des
DIFFICULTÉS
hospitalisations.
Coût élevé de l’ordonnance (11 euros) pour des popu-
lations vivant sous le seuil de pauvreté.
Question 4 : Moyens et limites de la lutte contre ce risque
sanitaire [2 à 5]
Sous-estimation du nombre d’habitants dans les zones
impaludées.
UNE MOBILISATION À PLUSIEURS ÉCHELLES
Dans de nombreuses régions du monde, les efforts de
– échelle mondiale
lutte contre les moustiques se multiplient, mais certains
- ONG humanitaires pour récolter des fonds (jour- problèmes sont à résoudre. Il y a des défis importants
née mondiale contre le paludisme) à relever :
- évaluation de l’épidémie par l’OMS, les Agences – Les insectes sont de plus en plus résistants aux
sanitaires des Nations Unies. principaux insecticides, DDT et pyréthrinoïdes,
– échelle nationale notamment en Afrique ;
- volonté politique (exemple du Mali) – Il n’y a pas d’insecticide efficace de remplace-
- réseau associatif dynamique (photo du théâtre ment ;
dans le village), réseau de santé communautaire – Suite au traitement les insectes infestés ont ten-
en développement dance à migrer vers des zones plus hospitalières.

DES MESURES CONCRÈTES


– recherche scientifique de haut niveau
– mesures sociales : gratuité du traitement pour les
enfants jusqu’à 5 ans et les femmes enceintes
– médication (gestion des épidémies)
– prévention :
- pour les femmes enceintes (tests préventifs)
- distribution de moustiquaires imprégnées d’in-
secticide à effet durable
- lutte contre les moustiques

Chapitre 8 ■ Les sociétés face aux risques 115

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1 Les instances de la vie lycéenne
Dossier

pages 142-143

1. Réponses aux questions – La rencontre des élus lycéens avec le Ministre de


l’Education Nationale a été organisée au niveau
Question 1 : L’engagement des élèves [1 à 5]
national (« 600 représentants lycéens », « désignés
■ Aujourd’hui, un élève peut s’engager à tous les au sein des CVL »). [2]
niveaux des instances de la vie lycéenne, du local au
national en passant par l’académique.
Question 2 : Qualités et responsabilités des délégués de classe
■ Les documents peuvent être classés comme suit : [3]

Engagement local [1 et 3] Qualités requises :


– Le délégué de classe intervient au quotidien dans – respecter une observation stricte de ses droits et
le lycée. de ses devoirs
– Il participe à l’assemblée générale des délégués – manifester volonté et motivation
de classe. – représenter une interface, du point de vue de
– Le délégué peut être élu : l’information, entre les élèves et les membres du
- au Conseil d’administration (CA) personnel du lycée
- à la commission permanente – être un animateur et un acteur efficaces dans les
- au conseil de discipline. différentes instances démocratiques.
– Tout élève peut participer Quelques exemples d’actions concrètes :
- à la Maison des lycéens ou Foyer socio-éducatif – diffusion de l’information : informer, rendre
(FSE) compte des projets et des propositions
- à la commission d’attribution des fonds sociaux – défense des intérêts de la classe dont il est le
- au Comité d’hygiène et de sécurité (CHS) représentant.
- au Comité d’éducation à la santé et à la citoyen-
neté (CESC). Question 3 : À compétences différentes, conseils différents
Engagement académique [1, 4 et 5] [1 à 5]

– Les documents font référence au Conseil académi- Compétences Conseils


que de la vie lycéenne (CAVL).
Pour la réforme du lycée CNVL
– Sur les affiches, les noms de deux académies sont
présents : Martinique, Nice. Pour la maison des CVL
lycéens
Engagement national [1 et 2]
Pour le budget d’une CAVL
– Il est fait référence au Conseil national de la vie action inter-lycées
lycéenne (CNVL). [1]

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Question 4 : Des affiches : pour qui ? pour quoi ?… [4 et 5]

Affiche de la journée inter-lycées Affiche de la campagne 2007-2008 pour


Affiches
Martinique, 2008 [4] l’orientation (académie de Nice) [5]

Initiateurs Les élus du CAVL (sous le patronage de) Les élus du CAVL (sigle présent 5 fois sur
l’UNSS972 (Union nationale du sport l’affiche)
scolaire – Section Martinique) Avec le soutien de :
La MDL (maison des lycéens) – l’institution scolaire : présence de l’adresse
Avec le soutien de : du site Internet de l’académie
– l’académie (logo en haut à gauche)
– sponsors connus : Orange, Crédit agricole,
Conseil régional de Martinique, Kiwanis Club
Schœlcher (*)

Public ciblé Les élèves des lycées de Martinique Tous les élèves concernés par leur orientation

Actions Des compétitions sportives en équipes Des conseils pour aider les élèves à « choisir
proposées (football, handball et basket) leur voie »

Domaine Le sport, les loisirs Les études


concernés

2. Réponse à la problématique Le premier club Kiwanis a été organisé à Detroit, dans


le Michigan, aux États-Unis d’Amérique, le 21 janvier
■ Les élèves disposent d’un grand nombre d’instances
1915. Un an plus tard, le club Kiwanis de Hamilton,
leur permettant de faire vivre la démocratie lycéenne :
dans l’Ontario, au Canada, a obtenu sa charte et Kiwa-
CVL, CAVL, et CNVL pour les plus récentes. Situées à
nis International devient rapidement la première orga-
toutes les échelles de l’Éducation nationale (lycée,
nisation de service dans ces deux pays fondateurs. En
académie, ministère), elles permettent aux élèves l’ap-
1962, l’expansion sur le plan mondial a été approu-
prentissage de la vie en collectivité, le respect de leurs
vée par le conseil d’administration international, et
droits et de leurs devoirs, ainsi que la prise d’initiati-
aujourd’hui, les clubs Kiwanis sont actifs partout dans
ves originales pour améliorer leur quotidien.
le monde.
– http://www.kiwanis.org (instance internationale)
3. Pistes – http://www.vie-lyceenne.education.fr (site incon-
tournable)
■ (*) À propos des clubs kiwanis
Kiwanis est dérivé de « nun kee-wannis » mot indien
issu de la tribu Orchipew et qui peut se traduire par
« nous communiquons », « nous avons plaisir à partager
nos talents », ou encore « expression de soi-même ».

Dossier 1 ■ Les instances de la vie lycéenne 117

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2 Le lycée, un atelier de démocratie
Dossier

pages 144-145

1. Réponses aux questions et éligibles, où sont abordés le travail et l’ensemble


de la vie scolaire, ce qui en fait un espace démocra-
Question 1 : Des droits inscrits dans la loi [3]
tique de proximité touchant au plus près les réalités
■ Le règlement intérieur de l’établissement s’inscrit quotidiennes des lycéens. De plus, il est un rouage
dans une série de plusieurs textes juridiques. Ainsi, les pour faire connaître hors de l’établissement les reven-
droits énoncés dans le règlement du lycée sont définis dications des élèves par leurs représentants au CAVL
dans ce décret : puis au CNVL. En s’impliquant dans les élections et
– liberté d’expression individuelle et collective, l’organisation du CVL, les élèves découvrent le fonc-
art. 4.2 tionnement de la démocratie représentative.
– liberté d’association, art. 4.4
– droit de publier des journaux, art. 4.4 Question 3 : Une responsabilité individuelle et collective
[1, 4 et 5]
– respect des droits d’autrui, art. 4.4
– respect de l’ordre public 4.4 ■ Cette question nécessite d’expliquer la différence entre
la liberté d’opinion, soit un droit individuel, et la liberté
La réponse peut prendre la forme d’un tableau
d’expression, soit une liberté individuelle ou collective.
Règlement ■ Le journal est un moyen d’expression qui offre aux
Décret [3]
intérieur du lycée lycéens la possibilité de présenter leur opinion sur tous
Liberté d’expression les sujets et sous des formes différentes allant de l’ar-
individuelle ticle aux caricatures en passant par les photographies
Liberté d’expression collective [5]. Sa réalisation permet de traiter les sujets avec
davantage de calme et de recul. Il offre la possibilité
Droit de diffuser des
d’engager un dialogue entre les lycéens eux-mêmes,
publications
mais aussi avec les autres membres de la communauté
Droits d’autrui à respecter scolaire. C’est un espace de débats démocratiques non
Ordre public à respecter censurés par le chef d’établissement à condition d’en
respecter le cadre imposé par la loi.
■ Cette comparaison peut être complétée par le règle-
Ainsi ne sont tolérés, selon l’article 4.4, ni les injures,
ment intérieur d’une entreprise qui accueille les élèves ni les propos diffamatoires, ni les atteintes au res-
pendant leurs périodes de formation en entreprise. pect d’autrui et à l’ordre public. La responsabilité des
apprentis journalistes peut être engagée.
Question 2 : Le lycée, un espace démocratique
[1 + 1 page 142]
Question 4 : La liberté d’expression des lycéens :
■ Cette affiche évoque deux moyens d’expression : du local au national [2, 3]
d’une part la manifestation (foule dans la rue avec
■ L’Union nationale lycéenne (depuis 1994) et la Fédé-
des pancartes), d’autre part les élections au Conseil
ration indépendante et démocratique lycéenne (depuis
de vie lycéenne avec des termes comme « élections »,
1987) ne sont pas des syndicats définis par un texte de
« voter » et « représentants ».
loi spécifique mais sont des organisations régies par
■ À la différence des conseils de classe ou d’adminis- la loi de juillet 1901. Elles proposent aux lycéens de
tration, les représentants des élèves au CVL ne sont relayer leurs revendications à l’intérieur et à l’extérieur
pas minoritaires. Ils ont donc une représentation plus des établissements par des assemblées générales, des
en rapport avec leur poids démographique au sein de actions d’informations et des rassemblements comme
l’établissement et peuvent ainsi exprimer plus large- le leur permet l’article 4.2. [3].
ment leurs opinions. Le CVL est un lieu d’expression où
tous les lycéens et toutes les lycéennes sont électeurs Question 5 : voir « Réponse à la problématique »

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2. Réponse à la problématique ■ Document 3 : Textes juridiques (article 11 de la

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ; arti-


■ Introduction :
cle 13 de la Convention internationale des droits de
– Définition de la liberté d’expression l’enfant) à consulter dans le Code de l’éducation sur
– Rappel de l’article 11 de la déclaration des droits www.education.gouv.fr
de l’homme et du citoyen
■ Document 4 : Voir la photo sur le site de Repor-
a) La parole des jeunes au sein de l’établissement sco- ters sans frontières (article daté du 27 mars 2002) sur
laire : www.rsf.org ; Charte du jeune journaliste sur le site de
– texte de loi, décret [3] l’association Jet d’encre : www.jetdencre.asso.fr
– des institutions comme le CVL [1 et 1 page 146] Le journal lycéen est soumis à la déontologie des
– des moyens légaux comme un journal, les mani- journalistes à savoir vérification des sources, respect
festations ou les organisations lycéennes [1, 2, 3 d’autrui (donc ni injure ni calomnie) et responsabilité
et 5] personnelle du rédacteur de l’article. Si le journal est
diffusé à l’extérieur de l’établissement, il doit obéir à
b) L’apprentissage de la responsabilité et des libertés
la loi sur la presse du 29 juillet 1881.
publiques :
– respect des textes [4 et 5]
– les rapports avec les autres acteurs de la commu- 5. Pistes
nauté scolaire [3 et 4]
– P. Steele, La liberté d’expression, Edition Gamma
– responsabilité et place de la parole lycéenne dans
Paris, 2000.
l’établissement [3, 4 et 5]
– R. Ballion, La démocratie au lycée, ESF Editeur,
■ Conclusion : collection pédagogique, 1998.
– le lycée, un atelier de démocratie pour de jeunes – F. Dubet, Les lycéens, Le Seuil, collection Points,
citoyens 1996.
– un droit acquis qui reste plus à saisir qu’à conquérir – G. Roche (coordonné par), L’éducation civique
aujourd’hui : dictionnaire encyclopédique, ESF Edi-
teur, 2002.
3. Démarche proposée
– G. Suslamare, J’apprends la démocratie au lycée,
1. La liberté d’expression : un droit [1, 3 et 4] Journal d’un lycéen, CRDP Grenoble, 1999.
2. Les moyens à la disposition des lycéens [1 à 5] – J.P. Obin (coordonné par), Questions pour l’éduca-
tion civique, Hachette Education, 2000.
3. Les limites définies par la loi [3 et 4]
– www.clemi.org
– www.droitsdesjeunes.gouv
4. Informations – www.obs-presse-lyceenne.org
complémentaires

■ Document 1 : Se référer aux pages 142 et 143 du

manuel ; lien avec l’article 17 des cahiers de doléances


(page 64) pour la représentativité.

Dossier 2 ■ Le lycée, un atelier de démocratie 119

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3 Le règlement intérieur
Dossier

pages 146-147

1. Réponses aux questions devoirs de chacun » [3]. Il est intéressant de noter que
la notion de droits y a fait son apparition. Ce règle-
Question 1 : Les principaux devoirs des élèves
ment intérieur « s’impose à tous élèves, personnels
■ Jusque dans les années 1960, les élèves ont princi- et parents d’élève » [4]. D’après le Bulletin officiel de
palement des devoirs à l’école et au lycée. La carica- l’Éducation nationale spécial n° 8 du 13 juillet 2000,
ture de Daumier souligne la discipline et l’obéissance « le règlement intérieur permet la régulation de la vie
des écoliers qui se traduisent par « un profond senti- de l’établissement et des rapports entre ses différents
ment de respect pour [le] maître » et « un ordre par- acteurs. Chacun des membres doit être convaincu à la
fait dans [l’] établissement » [1]. En 1845 et 1846, la fois de l’intangibilité de ses dispositions et de la néces-
célèbre revue Le Charivari publie une série de dessins sité d’adhérer à des règles préalablement définies de
de Daumier, intitulée « Professeurs et moutards », alors manière collective. Ainsi que cela ressort de l’article 3
que la question des rapports entre enseignement public du décret du 30 août 1985, le règlement doit contenir
et privé fait l’objet d’âpres discussions dans la presse les règles qui s’appliquent à tous les membres de la
comme au Parlement. Daumier ne prend pas parti pour communauté éducative ainsi que les modalités selon
l’une ou l’autre des institutions, mais se contente d’une lesquelles sont mis en application les libertés et les
étude des mœurs scolaires de l’époque. Son côté irrévé- droits dont bénéficient les élèves. »
rencieux apparaît puisque l’élève fait un pied de nez au
maître et à son supérieur alors qu’ils ont le dos tourné
et qu’ils discutent de discipline… Question 3 : Les devoirs des lycéens

■ Le règlement de l’école de Pouilly est plus centré ■ Les élèves doivent :


sur des obligations d’hygiène avec une interdiction de – respecter le règlement intérieur ;
« cracher par terre » ou de « tenir dans sa bouche les – respecter les biens et les personnes ;
porte-plumes, les crayons, les pièces de monnaie… »
– respecter le pluralisme et le principe de la laïcité ;
[6]. Cette affiche reflète les préoccupations hygiénistes
de l’entre-deux-guerres où la tuberculose, notamment, – ne pas être violent, être assidu, faire les devoirs
fait des ravages parmi la population française. À cette et passer les contrôles de connaissances [5].
époque, l’école devient le terrain privilégié de la préven-
tion des maladies prophylactiques. Les instituteurs sont
Question 4 : De nouveaux droits
mis à contribution pour faire reculer « l’ignorance médi-
cale » et inculquer les règles d’hygiène essentielles. ■ Au fil du 20e siècle, les élèves ont acquis de nom-
breux droits. Les élèves ont le droit à l’éducation.
■ Enfin, le règlement intérieur du lycée d’Avignon sou-
L’école primaire est obligatoire depuis 1881. La scolarité
ligne le respect du matériel et des locaux. Il met aussi
jusqu’à 16 ans a été votée en 1959. La laïcité est affir-
en avant la ponctualité et l’assiduité [2]. Ce règlement
mée dès 1882. Ils ont droit à une poursuite d’étude
est antérieur à la réforme de la loi Haby (collège unique
au-delà de 16 ans et à l’information. Chaque élève doit
– 1975), ce qui signifie que le lycée accueille des élèves
être respecté aussi bien physiquement que morale-
qui sortent de l’école communale jusqu’au baccalau-
ment, comme tous ses biens d’ailleurs. Il a le droit à
réat. Il s’adresse donc à des jeunes âgés en moyenne de
la liberté d’expression dans le respect et la tolérance
11 à 18 ans. Ainsi, il n’est pas surprenant que certains
des autres [5].
aspects du règlement paraissent s’adresser à des élèves
jeunes « les jeux doivent être modérés ». ■ Le dessin humoristique de Philippe Tastet illustre
bien cette progression des droits des lycéens depuis
le début du siècle. D’une manière ubuesque, les élèves
Question 2 : Le rôle du règlement intérieur protestent parce qu’il n’y a qu’un seul radiateur pour
■ Le règlement intérieur « a pour but de préciser les eux tous. C’est un moyen de montrer que les élèves ont
règles de vie dans l’établissement, les droits et les le droit d’avancer un certain nombre de revendications,

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mais aussi de souligner qu’elles restent légitimes tant 3. Démarche proposée
qu’elles n’empiètent pas sur les droits des autres mem-
1. Un élève qui a surtout des devoirs [1, 2, 5 et 6]
bres de la communauté éducative et de la société.
2. L’émergence et l’affirmation de droits [3, 4, 5
Pour en savoir plus : http://www.philippetastet.com/
et 7]
3. Le règlement intérieur défend les droits et les
2. Réponse à la problématique devoirs de chacun [3, 4, 5]
■ Les droits et les devoirs des élèves ont fortement évo-

lué au cours 20e siècle. Les élèves ont principalement


des devoirs jusque dans les années 1960. Après cette
date, ils ont acquis de plus en plus de droits (expres-
sion, orientation, poursuite d’étude…). Aujourd’hui le
règlement intérieur rappelle les devoirs, mais aussi les
droits de chaque membre de la communauté éducative.
En prenant connaissance du règlement intérieur, les
élèves peuvent appréhender quels sont leurs droits et
leurs devoirs et vivre sereinement leur scolarité.

Dossier 3 ■ Le règlement intérieur 121

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4 Contre l’esclavage, le combat continue !
Dossier

pages 148-149

1. Réponses aux questions – Les lieux concernés impliquent de nombreux


pays en développement (Sri Lanka, Niger, Maurita-
Question 1 : Des droits bafoués [1]
nie, Burundi) mais aussi des pays riches comme la
■ À l’heure actuelle, en France, trois grands textes France (Paris, Clichy-sous-Bois).
garantissent les libertés fondamentales (individuelles – Les acteurs impliqués incluent des personnes
ou collectives) : a priori éduquées, respectables, et garantes du
– la Déclaration des droits de l’homme et du droit : des diplomates [4], un État [5], un sportif de
citoyen de 1789 ([2 page 67] : les « droits naturels haut niveau [5], des « pasteurs » [5] , un Premier
inaliénables et sacrés » (préambule) ; « les hommes ministre, ex-fonctionnaire de l’UNESCO et Conseiller
naissent et demeurent libres et égaux en droits » principal d’un Président de la République [5] …
(art.1) ; « conservation des droits naturels et impres- c’est-à-dire des gens qui ont du pouvoir et qui en
criptibles de l’homme : … liberté, propriété, sûreté, abusent, et qui pour beaucoup confondent immu-
et la résistance à l’oppression » (art. 2) ; nité et impunité !
– la Déclaration universelle des droits de l’homme – Le nombre d’individus mis en esclavage est consi-
de 1948 : « tous les êtres humains naissent libres dérable : une centaine en France (baromètre 2007
et égaux en dignité et en droits »... esprit de fra- du CCEM) ; « 43 000 personnes maintenues en escla-
ternité » (art. 1) ; ni « esclavage ni servitude1 » ; vage » au Niger ; des centaines de millions dans le
« esclavage et traite des esclaves interdits sous monde, dès lors qu’on considère le « travail à abo-
toutes leurs formes » (art. 4) ; lir » imposé à 217 millions d’enfants comme de l’es-
– la Constitution de 1958 (en vigueur en 2009) : clavage, et surtout le « travail dangereux » imposé
« Le peuple français proclame solennellement son à 126 millions d’enfants dont 74 millions ont moins
attachement aux Droits de l’homme... tels qu’ils ont de 14 ans et dont 8 millions sont confrontés à ses
été définis par la Déclaration de 1789 » (Préam- « pires formes ».
bule) ; « La France est une République indivisible, Il s’agit d’enfants vendus, abandonnés ou orphelins,
laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité forcément fragiles et manipulables, qui se retrouvent
devant la loi de tous les citoyens sans distinction sous la coupe de chefs militaires, de proxénètes, de
d’origine, de race ou de religion » (art. 1). mafieux, de toutes sortes de « négriers » des temps
Il paraît donc incroyable que ces « droits naturels ina- modernes.
liénables et sacrés » puissent encore être bafoués.

Question 3 : Des campagnes de sensibilisation


Question 2 : Des esclaves modernes par millions [2 et 5] qui « interpellent » [3 et 6]

■ L’étendue et l’importance du problème ressortent ■ La force de ces deux affiches vient de la sobriété à la
d’informations sur les lieux et les acteurs impliqués, et fois des images et des textes.
sur les données chiffrées.

1. Esclavage (voir page 53 et Chapitre 3) ; servitude : état de


dépendance totale d’une personne soumise à une autre (pour det-
tes, notamment).

122

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Affiche 3 Affiche 6
Image Photographie en noir et blanc. Photographie en noir et blanc.
Un visage d’enfant coupé au ras du front ; des Un pied et un bout de jambe, dénudés ; un fil de
grands yeux qui regardent vers le haut (pour fer encerclant la jambe et muni d’une étiquette
insister sur sa petite taille ou sur le fait qu’il d’identification ; scène qui évoque la morgue ;
écoute-subit un adulte) ; l’expression douce Halo lumineux sur le pied et l’étiquette, le reste
et résignée d’un visage d’ange (qui suggère la restant dans l’ombre
trahison, la lâcheté de l’adulte)
Texte Un texte qui consiste dans une liste de consignes Une étiquette d’identification (d’une
adressées par le couple esclavagiste à l’enfant marchandise ou d’un être humain ?) qui
esclave : la première, en lettres blanches, n’a rien n’identifie rien (« inconnu », « indéfini ») si ce
de choquant ; les suivantes, en lettres bleues, le n’est « la profession : esclave », et le « lieu du
sont dans la mesure où les déterminants changent décès : Paris ». L’anonymat renvoie l’individu à
(« ta » devient « mes » et « notre ») et où les son inexistence en tant qu’être humain.
nombreux « services » attendus ne sont pas que Une phrase dont les mots s’entrechoquent
ménagers mais aussi sexuels. pour choquer : « esclavage » et « France » ;
Un encart qui interpelle le lecteur : « aidez-nous ». « esclavage » et « libre ».
Un logo accompagné d’un slogan qui permet => L’émetteur est le CCEM mais la phrase est
d’identifier l’émetteur de l’affiche (l’UNICEF) et inscrite dans le pied : c’est donc aussi le
ses objectifs (« stop à la traite des enfants »). mort qui interpelle le destinataire-lecteur et
=> Il y a donc un double émetteur et un double le renvoie à sa (mauvaise) conscience, à sa
destinataire : le lecteur peut-il rester de marbre responsabilité (individuelle et collective).
face à cette infamie ?

Question 4 : Responsabilité individuelle et collective [3 à 6] 2. Réponse à la problématique


■ Il est difficile de lutter contre ce fléau : ■ Malgré l’existence de textes officiels, nationaux et
– d’abord, parce que l’esclavage ne se pratique pas au internationaux, interdisant l’asservissement des hommes
grand jour dans les pays riches et que les victimes y sont par d’autres hommes, l’esclavage est encore une pratique
privées de leur liberté de circulation et empêchées de courante, et pas toujours clandestine, partout dans le
communiquer (enfermement, encadrement, privation monde. Le maintien de cette pratique illégale trouve un
de passeport, méconnaissance de la langue...) ; terrain favorable dans la persistance de la pauvreté et de
l’analphabétisme d’une part, dans l’impunité de « puis-
– ensuite, parce qu’il y a une sorte d’acceptation
sants » qui abusent de leur pouvoir d’autre part.
tacite dans les pays en développement, qui fait per-
durer des servitudes (dettes, traditions pesant sur
des groupes humains...).
3. Démarche proposée
1. L’esclavage : une pratique illégale mais courante
■ Pour autant, les faits prouvent que les victimes [1, 2, 5]
peuvent obtenir la condamnation de leurs bourreaux
2. L’esclavage moderne : de nouvelles formes [3 à 5]
quand des personnes s’engagent :
– individuellement : exemple d’une personne isolée 3. Les moyens de le combattre : engagements indi-
comme Diane [4] qui alerte les associations ou les viduels et collectifs [3 à 6]
services compétents ;
4. Informations complémentaires
– collectivement : exemple d’une organisation interna-
Document 2 : Les enfants au travail
tionale comme l’UNICEF [3], d’une association comme le
CCEM [4, 5 et 6] qui enquête et se porte partie civile ; ■ Il faut lire le tableau en considérant que les lignes de
données s’emboîtent : ainsi, dans la dernière colonne
Mais il faut pouvoir recourir à la police et à la justice : du tableau, sur 1,5 milliard d’enfants, 317 millions tra-
Cour de Justice de la Communauté économique des vaillent ; sur ces 317 millions, 217 effectuent un travail
États d’Afrique occidentale (ECOWAS) ; Tribunal Correc- à abolir (asservissant) ; sur ces 217 millions, 126 effec-
tionnel d’Evry (91) ; Tribunal de Grande Instance (TGI) tuent un travail dangereux ; sur ces 126 millions, 8 sont
de Bobigny (93) [5]. confrontées aux pires formes du travail dangereux.

Dossier 4 ■ Contre l’esclavage, le combat continue ! 123

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5 Agir pour la planète
Dossier

pages 150-151

1. Réponses aux questions ■ Ce document représente un engagement collectif et


national, celui des Français : il mentionne « le peuple
Question 1 : Les moyens d’actions des associations [2, 3, 5]
français » qui « proclame » les articles.
■ Les associations ont une existence légale. Elles dis-
■ Les valeurs défendues sont situées dans la partie
posent de différents moyens d’action :
gauche du document, sous le logo de la République
– mise en commun permanente de connaissances Française, au premier plan d’un arbre vert en filigrane.
ou d’activités dans un but non lucratif (« un but
– Sont rappelées des valeurs républicaines :
autre que partager des bénéfices ») [2]
- les droits de l’homme,
– soutien financier et appui technique pour réaliser
ou présenter des projets novateurs, dans un envi- - le principe de la souveraineté nationale (décla-
ronnement local [3] ration de 1789 complétée par le préambule de la
constitution de 1946).
– engagement possible à l’échelle nationale [4] ou
mondiale [5] – Sont évoqués de nouveaux droits et devoirs du
citoyen :
– statut d’association reconnue d’utilité publique. [2]
- la responsabilité individuelle et collective de
l’Homme dans son environnement
Question 2 : Gaïa, une association « citoyenne » ? [2 à 4] - le droit à l’information et à l’éducation
■ L’association Gaïa est composée de quelques amis. - la recherche du développement durable.
Son objectif est de promouvoir les valeurs de solida- ■ Article 10 : « la présente Charte inspire l’action
rité et de protection de l’environnement dans le cadre européenne et internationale de la France ». Cet arti-
de l’organisation d’un festival de musique à Saint- cle a pour vocation de montrer que la France souhaite
Gobain. impulser cette charte et ses valeurs au-delà des fron-
■ La citoyenneté porte sur la sensibilisation de l’as- tières nationales, en Europe et dans le monde, dans
sociation au développement durable, c’est-à-dire au un souci d’universalité, à la manière de la Déclaration
respect des hommes et de leur environnement. des droits de l’homme et du citoyen, devenue « univer-
selle » en 1948.
D’autre part, le festival de l’association entend contri-
buer à valoriser la commune de Saint-Gobain : ses
membres participent, de manière citoyenne, à la vie Question 4 : Fiche de présentation d’une association de défense
de la cité. de l’environnement : l’exemple de WWF

■ Nom : WWF (World Wide Fund for Nature – Fonds

Question 3 : La Charte de l’environnement [1] mondial pour la nature)

■ Ce document émane du ministère de l’Écologie et du ■ Date de création : 1961 à Morges, en Suisse


Développement durable (plus particulièrement du site ■Objectifs : stopper la dégradation de l’environnement
Internet du Ministère). Il porte le nom de « Charte de dans le monde et construire un avenir où les humains
l’environnement », elle-même loi constitutionnelle de pourront vivre en harmonie avec la nature :
la République, publiée sous le n° 2005-205 en date du – en préservant la biodiversité du globe,
1er mars 2005.
– en garantissant une utilisation durable des res-
Charte : dans le droit contemporain, une charte com- sources naturelles renouvelables,
porte l’ensemble des règles et principes fondamentaux – en encourageant les mesures destinées à réduire
d’une institution officielle (exemple : la charte des la pollution et la surconsommation.
Nations Unies).

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■ Valeurs citoyennes : 3. Pistes
– recherche de la concertation pour la mise en
– http://www.wwf.fr
œuvre de solutions concrètes et durables,
– http://www.fondation-nicolas-hulot.org
– volonté d’impliquer l’ensemble des acteurs
concernés : communautés locales, entreprises, gou- – http://www.greenpeace.org
vernements, organisations internationales et non – Filmographie :
gouvernementales (ONG). - Yann Arthus Bertrand, Home, EuropaCorp distri-
butions, 2009.
- Al Gore, Une vérité qui dérange, United interna-
2. Réponse à la problématique tional Pictures, 2006.
■ La France compte un million d’associations s’appuyant
sur plus de 13 millions de bénévoles. Les associations
contribuent directement à l’exercice de la citoyenneté.
Leur création est légale. Elles constituent une force
importante, voire un contre-pouvoir, dans de nom-
breux domaines : défense des consommateurs, protec-
tion de l’environnement… Elles permettent également
de développer des solidarités publiques ou privées, à
toutes les échelles.

Dossier 5 ■ Agir pour la planète 125

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6 L’égalité favorisée par... l’inégalité ?
Dossier

pages 152-153

1. Réponses aux questions ■ En revanche, les Français originaires de l’outre-mer


résidant en métropole sont très favorables (64 %) à la
Question 1 : La discrimination positive, une notion paradoxale
pratique de la discrimination positive. Ils voient dans
[1 et 2]
les quotas un moyen de contourner le racisme que 89 %
■ On appelle discrimination toute différenciation entre trouvent répandu – ils y sont eux-mêmes confrontés
groupes ou entre individus ; la discrimination conduit à dans la recherche d’un emploi comme d’un logement –
trier, à creuser les écarts, à créer des inégalités… Elle et qui empêche les personnes noires d’accéder à cer-
est plutôt connotée négativement car elle est syno- taines professions ou à des mandats politiques : si
nyme de mise à l’écart, de rejet, de stigmatisation... 75 % d’entre eux pensent qu’une personne noire peut
C’est pourquoi l’association des mots « discrimination » devenir député ou maire en métropole (mais combien
et « positive » apparaît contradictoire. La discrimina- d’exemples concrets pouvons-nous donner ?), 68 %
tion positive consiste à opérer un choix entre des indi- pensent que le mandat présidentiel reste inaccessible
vidus ou des groupes pour en privilégier quelques-uns, pour elle [3].
en « favorisant certaines minorités » par exemple [2].
■ La situation dessinée est elle-même paradoxale car
Question 3 : La discrimination positive : pour qui ? [3 à 6]
elle met en évidence la contradiction entre le texte
de la Constitution française qui prône « l’égalité » ■Les minorités susceptibles de bénéficier des mesures
entre les individus et la pratique de la discrimination de discrimination positives sont :
positive qui est inégalitaire : contrairement à ce que – les minorités dites « visibles » (personnes noires,
répond l’adulte, il ne peut pas y avoir, par définition, métisses, bref toutes les personnes qui ne sont pas
de discrimination, positive ou négative, « pour tout le « blanches » originaires d’Afrique noire, du Maghreb
monde » ! surtout) ; les Antillais comme les Guyanais et les
Réunionnais peinent à être spontanément reconnus
comme des Français à part entière. Le dessin de
Question 2 : La discrimination positive : mesures et réactions Delize résume bien la situation : un Noir ne peut
[2, 3 et 5]
être que l’objet d’un reportage pas son présenta-
■ La mise en pratique de la discrimination réside dans teur !
l’institution de « quotas » pour des « professions ou – les homosexuels, victimes d’une homophobie très
mandats politiques » [3], des « quotas de place dans répandue [6]. Le dessin de Pessin surprend car son
les grandes écoles, les entreprises, les administrations, discours prend le contre-pied des réactions ordi-
à la télévision » [5]. naires du Français moyen : le lecteur attend le mot
■ Face au principe de discrimination positive, les Fran-
« homosexualité » et pas « homophobie » !
çais (dans leur ensemble) sont très partagés : entre 40 – Il n’est pas question des personnes handicapées qui
et 50 % de partisans ou d’opposants, avec une majo- « bénéficient » déjà de quotas dans les entreprises. La
rité d’opposants. Mais l’écart entre les deux groupes se loi n° 87-517 du 10 juillet 1987, dite « loi handicap »,
réduit entre 2004 et 2006 : le pourcentage d’opposants renforcée en juillet 2005, impose aux entreprises de
augmente, celui des favorables et des indécis dimi- plus de 20 salariés d’avoir au sein de leur effectif un
nue [2]. Face aux quotas, se dessine pour tous les quota de 6 % de salariés handicapés.
secteurs envisagés une opposition forte (des grandes
écoles aux entreprises et aux administrations), voire
Question 4 : La discrimination positive : pourquoi être contre ?
très forte (télévision). Cette opposition constitue
une majorité écrasante dès qu’il s’agit de désigner un ■ Il y a deux grandes séries de raisons qui expliquent
groupe humain particulier, que ce soit par des prati- cette opposition à l’institution de quotas à destination
ques culturelles ou des comportements sexuels [5]. de minorités caractérisées par leur origine ou leurs
pratiques :
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– leur caractère inégalitaire et donc anticonstitu- 4. Informations
tionnel : l’État ne peut instaurer de discrimination complémentaires
positive sans contrevenir à la loi (art. 1 de la Consti-
Document 1 : Une situation de communication à clarifier
tution) ; il faudrait donc modifier la Constitution, ce
que le comité Veil a été chargé d’examiner et qu’il a ■ L’enfant qui tient dans ses mains le texte de la
jugé inutile de faire (pour les raisons qui suivent) Constitution française vient de poser à l’adulte (son
– l’existence de mesures de « différenciation posi- père ?) une question qui figure dans la bulle au-des-
tive » sur des « bases sociales et territoriales » (et sus de sa tête et que l’adulte répète. La question fait
non pas ethniques ou culturelles) : ZEP, zones fran- référence à l’article 1 de la Constitution : « La France
ches urbaines, filières privilégiées… est une République indivisible, laïque, démocratique
et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous
■ Il s’agit de « faire progresser la France sur le chemin
les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de
du droit et de l’égalité » en emboîtant la lutte contre religion ». La réponse de l’adulte est à la fois logique
les injustices subies par les minorités dans la lutte est incohérente : s’il y a respect de l’égalité, il y a
contre les inégalités socio-spatiales (voir chapitre 7) : « discrimination positive pour tout le monde » ; s’il y a
l’objectif est « l’égalisation sociale ou territoriale ». discrimination, il n’y a plus d’égalité ; mais, par défini-
■ Leur capacité à envenimer les rapports sociaux à cause tion, il ne peut pas y avoir de discrimination pour tout
du sentiment d’injustice ressenti par ceux qui, pour le monde ! Cette caricature a paru le jour où le Comité
n’être ni noirs ni métis ni homosexuels ni…, resteraient Veil a rendu son rapport, c’est-à-dire le 18 décembre
hors des quotas et confinés dans leur exclusion sociale. 2009.

2. Réponse à la problématique Document 4 : Premier journal télévisé présenté par un Noir

■ Les sondages d’opinion montrent que les Français ne ■ Fin juillet 2006, Harry Roselmack présente son pre-
sont pas favorables à des mesures de discrimination mier journal télévisé, le « 20 heures » de TF1. Depuis
positive instituant des quotas de places réservées aux septembre 2004, Audrey Pulvar présente Soir3. Tous
minorités quelles qu’elles soient. Pourtant, les iné- deux sont originaires de Martinique.
galités de traitement excluent de nombreux Français – http://www.afrikara.com/index.php?page=conte
originaires d’outre-mer ou issus de l’immigration, que nu&art=1324&PHPSESSID=47d75f99f0d0371d80cf8
ce soit pour l’accès aux études, pour l’obtention d’un 07f07b8b2ea
emploi ou d’un logement. Les responsables politiques – http://www.indigenes-republique.org/spip.php?
ont convenu de faire appliquer à la fois les lois existan- article359
tes et des mesures d’égalisation sociale ou territoriale,
plutôt que de créer de nouvelles formes d’inégalités.

3. Démarche proposée

1. Un principe et des mesures complexes [1, 3 et 5]


2. Des bénéficiaires potentiels variés [3 à 6]
3. Une opinion publique partagée [1, 2, 3, 5 et 7]

Dossier 6 ■ L’égalité favorisée par… l’inégalité ? 127

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7 La liberté d’expression en images
Dossier

pages 154-155

1. Réponses aux questions – Le personnage du centre est un peu isolé, il a les


mains ouvertes vers l’extérieure ;
Question 1 : La Cène détournée [1, 3 et 4]
– Le format horizontal de l’image.
■ Document 1 : La Cène de Léonard de Vinci est un
■ Les différences par rapport au tableau sont :
tableau qui représente le dernier repas de Jésus-Christ
(au centre) entouré des douze apôtres. Ces derniers y – Les vêtements des personnages et le décor sont
sont représentés en quatre groupes de trois hommes contemporains, reflet de chacun des époques ;
dont la majeure partie regarde ou désigne Jésus. Cette
– Des femmes sont au centre de l’image, à la place de
scène annonce la trahison de Judas et la mort de Jésus-
Jésus ;
Christ [1 et bio 24].
– Quelques personnages n’ont pas exactement la même
■ Document 3 : La publicité de Marithé et François
posture que sur le tableau.
Girbaub, créée en 2005, prend à contre-pied la repré-
sentation de La Cène. Tous les apôtres, de même que ■ Les créateurs des publicités de Marithé et Françoise
le personnage de Jésus, sont en effet des femmes Girbaud ou de Battestar Galactica, se sont à l’évidence
habillées des vêtements de la marque, sur fond gris inspirés de La Cène de Léonard de Vinci car les ressem-
perle. Un seul homme apparaît, torse nu et de dos, blances sont nombreuses. Il y a un bien un détourne-
habillé d’un jean et entouré des bras de l’une des ment d’image dans ces deux cas [1, 3 et 4].
« apôtres ».
■ Document 4 : Battlestar Galactica est une série Question 2 : Des limites au détournement ? [2, 5]
télévisée anglo-américaine. Cette série dramatique
■ L’association Croyances et Libertés intente une action
de science-fiction en 73 épisodes, créée par Ronald
en justice contre la publicité de Marithé et Françoise
D. Moore et diffusée aux États-Unis entre 2004 et
Girbaud en 2005 car elle souhaite « protéger et défen-
2009, est programmée en France depuis 2005. Elle
dre les catholiques des atteintes à leurs sentiments
s’inspire d’une autre série, créée en 1978 et intitulée
religieux ou à leurs convictions religieuses, qu’ils
Galactica. On y narre les aventures du vaisseau spatial
pourraient subir par la voie de la radio, de la presse,
Galactica qui parvient à résister à l’attaque de robots
du film, de la télévision, de l’image ou de tout autre
humanoïdes, les cylons, et devient l’unique escorte
support ». [2]
militaire d’une flotte spatiale hétéroclite regroupant
les derniers survivants de l’humanité. Ces réfugiés par- ■ L’association Croyances et Libertés perd son procès.

tent en quête d’une mythique treizième colonie qui La cour de cassation précise que « La Cène de Léonard
porterait le nom de « Terre » tandis que les cylons se de Vinci reprise par la marque Marithé et Françoise Gir-
lancent à leur poursuite pour les exterminer. baud dans la campagne de l’été 2005 n’avait pas pour
vocation d’outrager les fidèles de confession catholi-
Pour en savoir plus : http://www.battlestargalactica-
que ». [5]
online.com/
■ Les ressemblances entre le tableau original de Vinci

et les deux publicités sont : Question 3 : L’Homme de Vitruve détourné [6, 7, 4 p. 15]

– Le nombre de personnages : 13 dans deux cas (La ■ Dans les deux cas, l’œuvre de Léonard de Vinci qui
Cène et la pub de Marithé et François Girbaud) ; est détournée est L’Homme de Vitruve. Les principales
– La disposition et l’attitude de la plupart des per- ressemblances sont :
sonnages. Ils sont assis et regardent vers le centre – La position du personnage avec ses quatre bras et
de la composition (Jésus ou sa représentation) ; ses quatre jambes ;
– Tous les personnages sont derrière une longue – L’écartement des bras et des jambes, copie l’œu-
table ; vre de Vinci ;

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– L’inscription du personnage dans un cercle, voire ■ Ces détournements peuvent conduire à plusieurs
la reprise du cercle et du rectangle pour la couver- débats de société, en posant le problème de la place
ture du magazine Philosophie. de femme dans la société :
■ La différence majeure avec l’original est que le per- – ils accompagnent la place de plus en plus impor-
sonnage central est une femme et non pas un homme. tante prise par les femmes dans le monde profes-
sionnel et reconnaissent leur côté actif, voire la
Les autres différences sont : question de la double journée. En 2003, 57,2 % des
– Les deux femmes sont habillées alors que l’homme femmes françaises âgées de 15 à 64 ans ont un
est représenté nu ; emploi, contre 51,3 % dix ans auparavant.
– La femme dans la publicité Lavazza tient une – ils utilisent encore les femmes comme des faire-
tasse dans chacune de ses mains. valoir pour la promotion d’un produit publicitaire.
– Ce sont des photographies et non pas un dessin Ils ne mettent en avant que l’esthétique des fem-
réalisé à l’encre comme pour l’œuvre de Vinci. mes et oublient leurs capacités intellectuelles et
professionnelles.

Question 4 : Une femme active et séduisante [3, 4, 6 et 7]


2. Réponse à la problématique
■ Ces détournements mettent en scène deux images
distinctes de la femme. ■ La liberté d’expression est un des droits majeurs
– Dans les détournements de La Cène, c’est le côté reconnus par la Constitution française et par la Décla-
séducteur de la femme qui prime. Le mannequin de ration universelle des droits de l’homme (article 19).
la publicité de Marithé et Françoise Girbaud est une Néanmoins, certaines images posent la question des
référence à une pietà italienne avec un air grave et limites du détournement. Ce dernier doit dans tous les
fervent. Dans le même temps, elle assume la réfé- cas respecter la loi ; mais en fonction des époques,
rence à la mode avec des vêtements sophistiqués des sensibilités et des opinions de chacun, ces limites
et ses bras dénudés. L’égérie de Battlestar Galactica peuvent être contestées. Les détournements donnent
reprend le mythe de la femme fatale du cinéma noir alors lieu à des débats qui nous interrogent sur la rela-
américain des Années Cinquante : elle est en robe tion dans notre société entre la place de l’image, le
de soirée rouge, les épaules dénudées. En revanche, message qu’elle véhicule et la liberté d’expression.
toutes deux assument un rôle de guide car elles
sont à la place de Jésus-Christ.
– Pour les détournements de L’Homme de Vitruve, 3. Démarche proposée
il se dégage l’image d’une femme active. Sur la 1. Un détournement parmi d’autres : Marithé et
couverture de Philosophie, la femme est en tailleur François Girbaud [1, 3 et 4]
rouge et le dossier qu’elle illustre s’intitule « Je
2. Une contestation de ce détournement [2 et 5]
travaille donc je suis ? ». La femme de la publicité
Lavazza est en maillot de bain noir, c’est donc son 3. Les détournements en question [Tous documents]
côté dynamique, sportif, mais aussi sensuel qui
prime. La célèbre photographe Annie Leibovitz a
choisi en arrière-plan le Canope de la villa Adriana,
c’est-à-dire de l’Empereur Hadrien, à Tivoli.

Dossier 7 ■ La liberté d’expression en images 129

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8 Les biocarburants en débat
Dossier

pages 156-157

1. Réponses aux questions ■ Les pays du « Sud » participent activement au débat


ainsi que des associations qui s’intéressent à l’environ-
Question 1 : L’engagement des acteurs [1 à 6]
nement, l’éducation, le développement…
■ Les acteurs du débat appartiennent à différentes
Les moyens de communication mobilisés sont
catégories :
divers :
– des associations de différents pays et des ONG
– les médias [5]
[2, 5]
– des campagnes d’affichages [2, 5]
– des syndicats d’agriculteurs [4, 5]
– des pétitions [5]
– des organisations internationales institutionnel-
les [1] – des tribunes internationales [1, 4].
– des États [1, 3, 5]
– des partis politiques [L’essentiel en image p. 105]

Questions 2 et 3 : Pour ou contre la production de biocarburants


[1 à 6]

Pour Contre
Arguments le développement rural l’insécurité alimentaire
– elle offre de nouveaux débouchés pour – elle détourne les terres agricoles de la
l’agriculture production alimentaire
– elle diminue les risques et accroît la – elle est responsable de la flambée des prix
rentabilité des activités agricoles des denrées alimentaires (émeutes de la
– elle réduit la pauvreté du monde rural faim en 2008)
– elle revitalise l’économie et les – elle menace la production vivrière
communautés rurales
l’environnement
– elle réduit les émissions à effet de serre
– elle atténue les effets négatifs du
changement climatique
l’énergie
– elle renforce la sécurité énergétique
– elle propose un carburant bon marché
Protagonistes – syndicat d’agriculteurs – associations pour le développement et
– États contre la faim
– ONG
– syndicat d’agriculteurs

■ On note que certains arguments sont en fait des habitudes alimentaires (transition alimentaire) qui
contre-arguments opposés aux arguments de la partie accroît la demande pour certaines denrées » ;
adverse : – « les biocarburants sont responsables de la hausse
– « les biocarburants sont responsables de la hausse des prix des denrées alimentaires » → « la culture
des prix des denrées alimentaires » → « la hausse des des biocarburants ne détourne qu’une partie infime
prix s’explique par des pénuries dues aux conditions des terres de la production de denrées alimentaires,
climatiques défavorables et à la transformation des ce ne peut donc être qu’un facteur marginal ».
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Question 4 : Les enjeux du débat alimentaire des populations, plus particulièrement
[1 à 6 + doc. 5 p. 88 et L’essentiel en image p. 105] celles en situation de sous-alimentation, et celle de
■ La FAO (1) pose les termes du débat qui oppose
l’enjeu énergétique et de l’épuisement des ressources
sécurité énergétique et sécurité alimentaire. non renouvelables. Le débat n’est pas encore tranché
et l’on trouve, dans l’un ou l’autre camp, des syndicats
■ Les biocarburants apparaissent comme une éner- d’agriculteurs ou des pays du Sud.
gie renouvelable (toute culture est une ressource
renouvelable) qui se substitue à l’essence et au diesel
(pétrole) et qui permet de réduire les émissions de gaz 3. Démarche proposée
à effet de serre (combustion) et donc de ralentir les
changements climatiques. Le coût de production est 1. La nature du débat : le sujet, l’engagement des
inférieur à celui de l’essence pour certains biocarbu- acteurs, les moyens et l’enjeu de la communication,
rants et leur production à partir de l’agriculture réduit [1 à 6, L’essentiel en image p. 105]
la dépendance des pays industrialisés envers les pays 2. Les termes du débat : les arguments en présence,
pétroliers. les protagonistes et les enjeux [1 à 6, L’essentiel en
image p. 105]
■ La production de biocarburants à partir de la canne

à sucre, de l’huile de palme, de céréales ou de la bet- 3. Sécurité alimentaire et sécurité énergétique :


terave demande la mise en culture de surfaces agrico- perspectives en termes de développement durable,
les qui sont imputées sur celles destinées aux denrées volets économique, social, environnemental, intérêts
alimentaires (réduisant ainsi les ressources alimen- particuliers et intérêt collectifs [1 à 6, doc. 5 p. 88 +
taires disponibles) ou prises sur la forêt. La produc- L’essentiel en image p. 105]
tion de biocarburants (agriculture plus transformation)
entraîne la consommation de carburants (machines
agricoles, transports, usine), d’engrais, de pesticides, 4. Informations
d’eau pour l’irrigation. Pour compenser les surfaces complémentaires
consacrées aux biocarburants, il faudra en prélever Document 2 : La notion de food miles (kilomètres alimentaires)
d’autres sur la forêt ce qui a des conséquences sur la
biodiversité, l’érosion des sols… ■ Notion mise au point par des chercheurs britanni-
ques ; elle mesure les kilomètres parcourus par les
Les biocarburants produits à base de canne (Brésil) produits alimentaires entre le champ (production) et
ou d’huile de palme (Malaisie, Indonésie) ont un bilan l’assiette (distribution-consommation). Si certains
énergétique moindre que ceux produits à partir de produits consommés dans les pays du Nord ne peuvent
céréales (Europe, États-Unis). être produits que dans les zones tropicales (ananas,
■ Si les besoins alimentaires sont incompressibles, bananes), d’autres pourraient être produits localement
notamment pour les populations sous-alimentées, on (importation de haricots verts du Kenya, d’asperges du
peut agir sur la consommation d’énergie, y compris Chili…). Les fruits et légumes, denrées périssables,
dans le domaine de l’alimentation. Par exemple en sont acheminés par camion et/ou avion, moyens de
évitant de consommer des produits alimentaires de transport qui rejettent le plus de CO2. La consomma-
contre- saison (5 p. 88) ou des produits qui utilisent tion de produits locaux réduirait donc l’émission de
beaucoup les transports (2) pour aller « du champ à gaz à effet de serre.
l’assiette ».

5. Pistes
2. Réponse à la problématique – L’Atlas de l’environnement, Le Monde diplomatique
■ La production et l’utilisation des biocarburants HS, 2007.
comme substituts à d’autres carburants à base de – Y. Veyret, P. Arnoult, Atlas des développements
pétrole font l’objet d’un débat de société de dimension durables, Autrement, 2008.
mondiale qui oppose plusieurs protagonistes et mobi- – Site à consulter www.fao.org : Rapport sur La
lise des engagements individuels ou collectifs. Les situation mondiale de l’alimentation et de l’agricul-
termes du débat touchent deux questions essentielles ture – Biocarburants : perspectives, risques et oppor-
liées au développement durable : celle de la sécurité tunités, 2008.
Dossier 8 ■ Les biocarburants en débat 131

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9 Internet… clé du développement ?
Dossier

pages 158-159

1. Réponses aux questions Question 3 : Des innovations critiquées [2 et 6]

Question 1 : Les contraintes des NTIC dans les pays du Sud ■ Sur le plan économique, l’OLPC est critiqué car ses
[2, 4 et 5] performances techniques sont faibles.
■ La première contrainte est celle du prix de vente de ■ Sur le plan politique, le transfert de technologie
l’ordinateur : un ordinateur à 100 dollars (ou euros) Nord / Sud est contesté par des États comme l’Inde
est mis en production. Dans un contexte économique ou la Chine qui considèrent cet ordinateur comme un
et social où ce prix demeure inaccessible à la plupart « défi à leur autorité ». L’OLPC serait au service des
des Africains (« équipement de base prohibitif »), idéaux occidentaux...
650 000 commandes ont été réalisées dans le monde :
sa diffusion s’est donc limitée à un nombre modeste
Question 4 : D’autres technologies pour accéder à l’information
de pays (dont : Pérou, Uruguay, Mexique, Mongolie,
dans le Sud ?
Afghanistan, Haïti, Rwanda).
Les élèves peuvent citer au moins deux appareils sym-
■ La seconde contrainte réside dans la diffusion très
boliques :
limitée de l’Internet en Afrique. Outre le coût de l’ap-
pareil, sa manipulation n’est pas à la portée de cha- ■ Le téléphone portable
cun.
Il sert bien sûr à relier les hommes entre eux dans
des contrées plus ou moins difficiles d’accès. Mais il
Question 2 : Les domaines d’application des NTIC [1 à 5] permet également :
■ Des solutions sont proposées dans les domaines sui-
– le transfert de données informatiques via SMS
vants : (exemple du Cam, petit logiciel à installer dans
le téléphone et qui permet d’enregistrer des don-
– la santé : achat d’unités de télémédecine en Afri-
nées avant de les envoyer sur un serveur qui les
que. La coopération franco-africaine est mise en
traitera – système utilisé en Inde pour gérer le
œuvre au nom d’une « solidarité numérique » par
micro-crédit)
le biais du Fonds mondial de solidarité numérique
(FSN). [1] – la limitation des accidents en mer, l’information
sur les prix du poisson (choix du port de débarque-
– l’éducation : l’OLPC (One Laptop Per Child) a une
ment), la prévention des inondations, des maladies,
fonction éducative ; il est destiné aux enfants. [2,
etc.
4 et 5]
– la communication et le développement [3] : la Malgré l’opposition de certains opérateurs, l’idée de
page d’accueil du portail des TIC au Burkina Faso téléphones connectés via wifi est envisagée. La mise
illustre bien les multiples enjeux des TIC pour le en réseau d’acteurs serait un indéniable progrès.
développement des pays africains. Il s’agit de : ■ Le poste radiophonique :
- développer la communication et l’information – il diffuse les informations du service public d’in-
(« un villageois crée sa propre radio ») formation, mais aussi de nombreuses radios libres ;
- permettre « le désenclavement numérique » et – dans de nombreux pays africains, la radio prend le
réduire la fracture Nord-Sud relai de la tradition orale
- organiser et réguler le secteur informel en – il a pour avantage d’être utilisable par / pour un
matière de nouvelles technologies groupe de personnes (c’est le média roi en Afri-
Le bandeau situé à gauche montre l’association des TIC que).
avec les grands secteurs économiques et politiques du
pays : la gouvernance, l’agriculture, l’éducation (déjà
citée), les télécentres…

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2. Réponse à la problématique 3. Pistes
■ Les nouvelles technologies constituent un outil très – J.Tudesq, L’Afrique parle, l’Afrique écoute, Éditions
utile pour accélérer le développement d’un grand nom- Karthala, 2002.
bre de pays du Sud. Les réseaux permettent en effet la
diffusion rapide de l’information, notamment pour la
formation, la santé et l’éducation dans des pays où les
contraintes d’éloignement et d’isolement sont parfois
insurmontables. Autorisant la diffusion des idées, les
TIC peuvent contribuer à l’émergence d’une vie démo-
cratique. Toutefois cette technologie a un coût qui la
rend inaccessible à une grande partie des populations
du Sud. L’OLPC est une tentative généreuse mais encore
peu généralisée.

Dossier 9 ■ Internet… clé du développement ? 133

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Le développement inégal : liens entre notions, situations et sujet d’étude

Indicateurs
Croissance Progrès social
- PNB / RNB - IDH
- PIB ppa - indice de Gini

DÉVELOPPEMENT
INÉGAL

Centres Sujet d’étude


toutes les échelles Périphéries
géographiques
Espaces polarisés du Nord au Sud Espaces dominés
dominants Anciens pays d’Europe
CBD Situations de l’Est
Dorsale européenne UNION Favelas, bidonvilles,
Littoralisation EUROPÉENNE Anciens townships
Gated communities AFRIQUE DU SUD Pauvreté : ZUS, PMA
NPI Métropole
Pays émergents (ISTANBUL)

Disparités socio-
spatiales entre les
territoires
(ségrégation / fragmentation)

Réduisent

Aides au développement :
ONG, FMI, Fonds structurels européens /
ajustements structurels
Stratégie de développement :
quel(s) modèle(s) ?
Accès aux droits fondamentaux :
droit au développement (ONU, 1986)

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L’enjeu énergétique : liens entre notions, situations et sujet d’étude

Lien avec les notions essentielles

Entraîne

Est corrigé par

Solution Problème

Consommateurs : Fournisseurs :
notion
Pays industrialisés et MOYEN-ORIENT,
émergents : É-U, UE, Accessibilité RUSSIE...
CHINE...

Géopolitique

Production d’énergie Production et


fossile insuffisante réserves
(poids des Dépendance d’hydrocarbures
hydrocarbures) excédentaires

Maîtrise de la
consommation
Arme politique
Diversification des
(tensions et conflits) :
énergies et des
MOYEN-ORIENT,
fournisseurs
RUSSIE...
Essor des EnR

Émissions de gaz à Développement Épuisement des réserves


effet de serre dus au durable Risques technologiques
charbon et aux (marées noires, explosion
hydrocarbures de gazoducs...)
CHINE...

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Imprimé en France par Europe Media Duplication à Lassay-les-Châteaux
N° d’édition : 005190-01 - N° d’imprimeur : ????
Dépôt légal : octobre 2009

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