1.1. L e c o û t d e l a t h e r m i e c h a r b o n r e n d u c i m e n t e r i e
La majorité des coûts calculés sont réels, étant donné l'importance du
charbon dans la consommation totale des combustibles par les cimenteries.
La valeur moyenne (1,08 ct/th) est une t r è s mauvaise indication car
l'éventail des coûts est large. Il passe d'une valeur minimale de 0,86 ct/th
(Haubourdin-Nord) à 1,32 ct/th (St. Pierre-Ouest), soit un écart de 50%.
Mais en fait, si l'on observe la distribution des prix par usine on s'aperçoit
alors que la majorité des cimenteries ont des coûts compris entre 0,95 et
1,18 ct/thermie soit un écart moindre (25%).
Les usines qui ont de t r è s bas prix utilisent essentiellement des sous-
produits (schlamms, pulvérulents) qui ne sont pas affectés de charges de
transport t r è s élevées. Certaines autres usines utilisent aussi des sous-
94 Les prix d'équivalence des combustibles
Tableau 35
Coût de la thermie rendu cimenterie (1960)
(en centimes pour 1 thermie)
Tableau 35 (suite)
produits de très bas prix, mais en les combinant avec du charbon de meil-
leure qualité. Le coût moyen de la thermie est alors plus élevé (Lafarge
par exemple).
Six usines présentent des coûts supérieurs à 1,20 ct/th. Ce sont les c i -
menteries situées dans l'Ouest, les Alpes Maritimes et le Jura * qui sont
pénalisées par leur situation géographique excentrée et situées assez loin
des bassins producteurs.
Etant donné le faible nombre de cimenteries n'utilisant pas le charbon,
les exemples de coûts théoriques sont restreints. En général, ce sont des
coûts élevés (supérieurs à 1,20 ct/th) pour des cimenteries situées dans
l'Ouest (zone de substitution active au profit du fuel ou du gaz). Seules deux
cimenteries fonctionnant au fuel, dans des conditions actuellement très
avantageuses (Limay, Cassis) bénéficieraient aussi d'un coût du charbon
moyen (1,12 ct/th).
Finalement, la différenciation des coûts s'explique autant par l'effet de
distance (éloignement entre la cimenterie et le bassin houiller) combiné à
l'effet de masse (qui joue surtout dans le cadre de transport plus ou moins
* Mais dans le cas du Jura, il s'agit de fours droits qui nécessitent un charbon de
meilleure qualité.
96 Les prix d'équivalence des combustibles
1.2. L e c o û t d e l a t h e r m i e f u e l r e n d u c i m e n t e r i e
Les exemples de coûts r é e l s sont peu nombreux. Le coût moyen d'envi-
ron 1,25 c t / t h cache une dispersion s'étalant de 1,12 c t / t h ( F o s / m e r ) à
1,40 c t / t h (Montebourg). Les causes d'une telle dispersion peuvent ici a u s s i
s'expliquer essentiellement par la localisation des c i m e n t e r i e s . En effet,
le fuel est un combustible aux c a r a c t é r i s t i q u e s constantes et les problèmes
de qualité n'interviennent pas; le volume de consommation n'intervient
qu'indirectement ** à t r a v e r s les conditions de t r a n s p o r t (par moyens plus
ou moins massifs). Finalement, l'élément déterminant r e s t e la localisation
de la cimenterie par rapport à la r a f f i n e r i e , les coûts rendus les plus bas
se rencontrant évidemment p r è s des r a f f i n e r i e s et surtout p r è s des r a f f i -
n e r i e s méditerranéennes qui bénéficient d'une décote de 9 F r a n c s par tonne.
Le nombre d'exemples de coûts théoriques est important c a r ils sont
calculés pour toutes les c i m e n t e r i e s fonctionnant au charbon ou au gaz.
Comme pour le charbon, on peut isoler un groupe représentant la m a j o r i t é
des c i m e n t e r i e s , dont le coût varie de 1,20 à 1,50 c t / t h . Douze c i m e n t e r i e s ,
de l ' E s t de la F r a n c e surtout, présentent des coûts plus élevés du fait du
handicap des t r a n s p o r t s . Au c o n t r a i r e , t r o i s c i m e n t e r i e s - l'Estaque, Sète,
Beaucaire î - situées p r è s des r a f f i n e r i e s et dans la zone m é d i t e r r a n é e n e
auraient des coûts t r è s bas (1,10 à 1,20 ct/th).
1.3. L e c o û t d e l a t h e r m i e g a z
Il est inutile ici de f a i r e la distinction coût r é e l - coût théorique de la
t h e r m i e gaz en 1960-1961 c a r toutes les c i m e n t e r i e s susceptibles d ' ê t r e
alimentées en gaz le sont effectivement étant donné la s t r u c t u r e actuelle du
r é s e a u . Les a u t r e s c i m e n t e r i e s , qui ne sont pas susceptibles d ' ê t r e r a c -
cordées au r é s e a u actuel, ne feront pas l'objet d'un calcul de coût t h é o r i -
que t t .
Le coût moyen du gaz livré aux c i m e n t e r i e s s'établit à 1,20 c t / t h envi-
ron; les é c a r t s de prix restent faibles (8% e n t r e les prix maxima et mini-
ma), m a i s ils signifient peu de chose étant donné le nombre t r è s faible de
cimenteries. La différenciation des coûts trouve son origine dans la s t r u c -
t u r e des t a r i f s qui déterminent le prix du m^ en fonction de t r o i s éléments:
* Avec un coût à la thermie plus élevé, c ' e s t - à - d i r e avec un charbon de meilleure
qualité, il e s t possible dans certains cas d'avoir une consommation spécifique à
la tonne de clinker plus basse et une dépense totale de charbon par tonne de clin-
ker moins élevée qu'avec un charbon dont le coût à la thermie est plus faible.
** Le marché de gros ne prévoit pas de réduction suivant l e s quantités et il n'est
pas évident qu'il y ait une liaison entre l'importance du rabais légal et le volume
de consommation.
t II faut noter d'ailleurs, qu'entre 1960 et 1965, c e s trois cimenteries ont opté pour
le fuel.
t t Le calcul sera effectué dans la deuxième partie, mais de façon prospective et en
prenant des hypothèses d'arrivée et de distribution du gaz naturel importé.
Les prix cTéquivalence des combustibles 97
Nous avons fait le point, dans la section précédente, des coûts rendus
cimenterie des combustibles. Il nous suffit maintenant de rappeler les r é -
sultats obtenus à propos des charges annexes dans les trois premiers cha-
pitres. pour pouvoir calculer les prix d'équivalence, but de la première
partie de cette étude.
Le tableau suivant récapitule les charges annexes par combustible et
par grand poste.
Tableau 36
Charges annexes moyennes (en centimes pour 100 thermies)
* Voir les études déjà citées de Messieurs Gardent, Laigroz, Lesourne, Richeux.
** Il peut être chiffré comme égal à un gain de 3 à 4% sur le prix du combustible.
Les prix cTéquivalence des combustibles 99
L'évaluation des charges annexes telle que nous l'avons tentée r e s t e en-
core t r è s imprécise et t r è s peu rigoureuse. Si on la considère comme une
moyenne, elle peut être vraisemblable. Mais elle ne tient aucun compte des
diversités de situation des cimenteries qui supportent finalement des char-
ges annexes t r è s différentes et dont la dispersion risque d'être t r è s impor-
tante.
Nous avons relevé aussi dans l'établissement du montant des charges
annexes que le chiffre total était t r è s différent dans le cas d'une installa-
tion amortie et dans le cas d'une installation à amortir. Il nous faudra e s -
sayer de corriger cette source d'incertitude par la connaissance de l'âge
des installations de façon à imputer (ou à supprimer) les charges d ' a m o r -
tissement.
1.1. E t u d e d e l a d i s p e r s i o n du m o n t a n t d e s c h a r g e s
annexes
Les charges annexes ont été calculées en prenant comme hypothèse de
travail des valeurs moyennes, capables de bien représenter la réalité en
1960 *. Mais, en fait, chacune des hypothèses de base adoptée est suscepti-
ble de varier et d'entraîner, par la suite, des charges plus ou moins fortes
qui ne correspondront plus à celles de l'usine type.
Aussi est-il nécessaire de reprendre les principales hypothèses, d'étu-
dier les valeurs extrêmes (maximum et minimum) au sein desquelles elles
peuvent varier et de voir quelle s e r a la dispersion des coûts qui en r é s u l -
t e r a pour les charges annexes.
Nous avons sélectionné parmi les facteurs ayant une influence sur le
montant des charges annexes ceux qui étaient susceptibles de variation:
taille de l'usine, pourcentage d'utilisation de la capacité de production,
consommation spécifique de combustible, localisation de l'usine, durée
d'amortissement, degré de mécanisation. Reprenons tour à tour chacun de
ces facteurs.
Dans une cimenterie de grosse taille, les charges annexes doivent être
moins importantes à cause des économies d'échelle r é a l i s é e s sur les in-
vestissements du matériel de préparation des combustibles et à propos des
f r a i s d'exploitation (main-d'oeuvre, électricité, . . . ).
Au cas où la cimenterie travaille avec une capacité sous utilisée, les
charges annexes vont augmenter (charges d'amortissement et de main-
d'oeuvre plus élevées pour une thermie utilisée). De même, en cas de s u r -
capacité, les f r a i s de préparation du combustible et surtout d'entretien r i s -
quent de compenser plus que largement les économies r é a l i s é e s sur les
charges d'amortissement.
La consommation spécifique de combustible peut varier de 900 à 1.600
t h e r m i e s à la tonne. On peut penser, de façon paradoxale, qu'une consom-
Tableau 37
Dispersion théorique des charges annexes (en centimes/100 th)
La lecture du tableau montre que les écarts, pour chacun des combusti-
bles, sont considérables lorsque l'on prend les hypothèses minima et ma-
peut alors penser que de nombreuses cimenteries ont modernisé les instal-
lations de préparation et les fours. Ce n'est que plus récemment que les
efforts ont porté sur l'implantation de la voie sèche.
Cependant, on peut considérer qu'une partie des cimenteries ont des
installations déjà amorties. C'est le cas de la majorité des usines du Sud-
Ouest (ce qui a facilité le passage au gaz), des usines de la région médi-
terranéenne, de certaines usines de l'Est et du Nord.
On retrouvera, usine par usine, les estimations relatives à la durée de
l'amortissement, dans le tableau récapitulatif no. 38.
2.1. L e s f o u r s r o t a t i f s
Le tableau récapitulatif suivant présente les résultats obtenus. Pour
chaque cimenterie on a les différents coûts de la thermie utile par combus-
tible, soit:
1) le coût de la thermie utile du combustible de référence, actuellement
utilisé: coût réel,
2) le coût de la thermie utile des combustibles substituables (fuel-gaz):
coût théorique,
Le prix d'équivalence du combustible utilisé est égal à la somme du coût
rendu cimenterie (1,04 ct/th pour Origny par exemple), augmenté des char-
ges annexes (0,21 et puisque l'installation n'est pas amortie), soit un total
de 1,25 ct/th.
Le prix d'équivalence du (ou des) combustible substituable, de même,
est égal à la somme du coût théorique du fuel (1,36 pour la même cimente-
rie), plus les charges annexes correspondantes en totalité (0,07) puisqu'il
s'agit d'installations nouvelles, augmenté dans certain cas des charges
d'amortissement résiduel du combustible de référence (0,04 et).
Pour les usines récemment construites et utilisant le charbon (St-Pierre
en 1953, Boussens en 1957, La Malle en 1958), en tenant compte des
charges supplémentaires imputables aux bâtiments du hall de stockage et
de réception, le montant des charges annexes a été majoré de 0,02 et par
thermie.
Pour les usines à marche mixte, il faut distinguer pour chaque combus-
tible le prix d'équivalence actuel (qui ne prend en compte que les charges
d'amortissement correspondantes à ce combustible) du prix d'équivalence
théorique (cas de la cimenterie qui ne marche plus qu'à un seul combus-
tible). Le combustible utilisé va supporter, tout d'abord les charges
104 Les prix d'équivalence des combustibles
Tableau 38
Coût de la thermie utile dans les cimenteries
(en centimes par thermie)
Coût de la thermie
Charbon Fuel
utile
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Tableau 38 (suite)
, „ . Coût de la thermie
Charbon Fuel ...
utile
2.2. L e s f o u r s d r o i t s
La consommation de charbon par les fours droits est considérée comme
un usage spécifique et on se trouve donc en dehors du domaine de la subs-
titution.
106 Les prix d'équivalence des combustibles
Cependant, n'oublions pas que l'utilisation des fours droits est allée en
déclinant sans cesse. Un certain nombre de cimenteries, pendant les 15
dernières années, qui possédaient des fours droits ont opté en tout ou en
partie pour les fours rotatifs. C'est ainsi que Lafarge (1952), Ranteil
(1958), Montalieu (1956) ont des fours rotatifs et que certaines usines utili-
sent concurremment les deux (Genevrey, Porte de France, Xeuilley.. .).
Certes, certaines usines ont construit de nouveaux fours droits (Xeuil-
ley, Soulanges) mais la plupart des cimenteries à fours droits ont un t r è s
vieux matériel. Aussi, il est possible lors des modernisations futures d'en-
visager des unités de cuisson plus importantes, avec des fours rotatifs. Tel
est le cas de Crugey, de Bouvesse. On peut penser que cette évolution se
poursuivra et qu'au cours des années ultérieures, ces cimenteries t r a n s -
formeront leurs fours droits en four rotatif. La conséquence est qu'elles
entreront dans le domaine des combustibles substituables.
Il s'ensuit que de nouvelles installations de préparation seront cons-
truites. On peut penser que, dans le cas du charbon, on n'utilise pas les
anciennes installations (dont une partie est commune aux deux types de
fours), parce qu'elles sont trop vieilles. On installera en totalité un équi-
pement neuf et il s'ensuivra des charges d'amortissement normales.
Donc, on peut calculer dès à présent les prix d'équivalence théorique
pour les cimenteries à fours droits. D'ailleurs, l'espérance d'un autre
combustible bien meilleur marché pourra faire hâter la transformation de
l'usine. Mais, en fait, à t r è s court terme, ce stimulant peut paraître t r è s
faible car:
a) la consommation spécifique s e r a supérieure,
b) le coût du fuel serait inférieur dans une seule usine: Cruas.
Tableau 39
Coût de la thermie théorique du combustible rendu four rotatif
(en centimes par thermie)
2.3. E s s a i d e r é c a p i t u l a t i o n , p a r r é g i o n d e p r o g r a m m e ,
d e s d i f f é r e n t s c o û t s de la t h e r m i e u t i l e
On arrive aux mêmes conclusions que pour les prix rendus. Les régions
du littoral méditerranéen et atlantique sont les plus favorisées pour le fuel.
Pour le charbon, au niveau régional, les disparités des coûts sont
moins accentuées. Les régions qui présentent le coût le plus bas restent
l'Est, le Nord, le Centre.
Les prix d'équivalence des comoustibles 109
Tableau 40
moins accentuées. Les régions qui présentent le coût le plus bas restent
l'Est, le Nord, le Centre.
être dans deux directions: tout d'abord, comme il s'agit d'une usine neuve,
le gaz employé comme combustible unique devrait supporter les charges
d'amortissement du charbon (0,11 ct/th environ) et le gaz ne bénéficierait
pas d'aussi bonnes conditions tarifaires (modulation moins bonne). Il s'en-
suivrait une hausse t r è s nette de la thermie utile gaz. Ensuite, il se peut
que l'usine de Boussens soit liée dès l'origine par des contrats d'approvi-
sionnement à long terme avec les Houillères d'Aquitaine, lui assurant du
charbon dans des conditions plus avantageuses que le marché normal.
Dans un certain nombre de cas, le fuel apparaît aussi comme un com-
bustible plus avantageux que le charbon. C'est ce que l'on constate pour les
cimenteries de Cassis, Montebourg, Limay fonctionnant totalement au fuel
et aussi pour les cimenteries de Cruas, Lafarge, St. Pierre, La Malle en
marche mixte. Pour ces dernières, les écarts de prix en faveur du fuel
sont peu importants (sauf pour l'usine de St. P i e r r e en Mayenne pour la-
quelle il semble possible d'avancer les mêmes raisons que pour Boussens).
Dans d'autres usines à marche mixte, le coût du charbon serait légèrement
inférieur (Guerville, Airvault), mais on est en droit de penser que la situa-
tion risque d'évoluer t r è s vite et que la situation de la houille, dans beau-
coup de cas, ne se maintient que t r è s difficilement.
Parmi les cimenteries ne fonctionnant qu'au charbon (et qui restent, à
l'époque étudiée, la majorité), plusieurs cas ne paraissent pas se confor-
mer à un comportement strictement rationnel ou sont sur le point de chan-
ger de combustible. Pour les deux cimenteries situées dans les Alpes Ma-
ritimes, le coût des combustibles serait équivalent et on peut penser que
ces usines passeront au fuel lorsqu'elles renouvelleront leur équipement,
ou si les conditions du marché énergétique évoluent quelque peu. Par con-
t r e , le cas de Sète peut apparaître comme plus surprenant. Située près
d'une raffinerie, cette cimenterie continue à s'approvisionner au charbon.
Il ne peut s'agir là que d'une situation transitoire, en attendant la moderni-
sation de cette unité *.
Toutes les autres cimenteries ont une situation qui apparaît comme
rationnelle d'un point de vue économique puisque à l'époque où nous nous
plaçons (1960-1961), c'était effectivement la thermie utile au plus bas coût
qui était utilisée. Cependant, on pouvait noter pour certaines cimenteries
des écarts assez faibles entre combustibles. C'est ainsi qu'il y a des
régions qui apparaissent instables du point de vue de l'approvisionnement
des cimenteries en combustibles et où une concurrence de plus en plus vive
a lieu, au détriment du charbon. Si le gaz s'est imposé presque partout où
un gazoduc pouvait desservir les cimenteries (Sud-Ouest surtout), dans
l'ensemble des régions touchant les cOtes, le fuel reste bien placé (Sud-
Est, Sud-Ouest, région parisienne). Le charbon garde une position qui pa-
raît encore forte dans le Nord, l'Est, le Centre, la Champagne et la région
Rhône-Alpes. Pour une dizaine de cimenteries, plus particulièrement
situées près des bassins houillers et loin des raffineries existant en 1960,
* Cette usine a, en fait, été modernisée entre 1961 et 1965 et elle est passée e f f e c -
tivement au fuel.
Les prix cT équivalence des combustibles 111