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Chapitre IV

LES PRIX D ' E Q U I V A L E N C E DES C O M B U S T I B L E S


D A N S L E S C I M E N T E R I E S EN 1 9 6 0 - 1 9 6 1

La notion de prix d'équivalence ayant été expliquée dès l'introduction et


la situation respective des différents combustibles ayant été elle aussi
examinée sous différents aspects, et en particulier sous l'éclairage du coût
à la thermie utile, il nous r e s t e maintenant à présenter les prix d'équiva-
lence tels qu'ils s'établissent à la lumière des développements précédents.
Après avoir rappelé brièvement dans une première section les résultats et
renseignements obtenus à propos des coûts rendus (prix départ plus coût de
transport), nous nous consacrerons, dans la section suivante, à la présen-
tation des différents prix d'équivalence. Certes, nous aurions pu élaborer
ceux-ci à l'occasion de l'étude de chacun des combustibles, mais nous
avons préféré opérer un regroupement de façon à faciliter les comparai-
sons d'une part, à préciser d'autre part les hypothèses auxquelles nous
avons dû recourir pour les calculer (dispersion du montant des charges
annexes, influence de l'âge des installations sur les amortissements).

I. LES COUTS DES COMBUSTIBLES RENDUS CIMENTERIE

Un tableau récapitulatif des différents coûts rendus, aussi bien r é e l s que


théoriques, apporte les p r e m i e r s éléments de base nécessaires au calcul
des coûts d'équivalence.

1. Les coûts des combustibles rendus cimenterie

1.1. L e c o û t d e l a t h e r m i e c h a r b o n r e n d u c i m e n t e r i e
La majorité des coûts calculés sont réels, étant donné l'importance du
charbon dans la consommation totale des combustibles par les cimenteries.
La valeur moyenne (1,08 ct/th) est une t r è s mauvaise indication car
l'éventail des coûts est large. Il passe d'une valeur minimale de 0,86 ct/th
(Haubourdin-Nord) à 1,32 ct/th (St. Pierre-Ouest), soit un écart de 50%.
Mais en fait, si l'on observe la distribution des prix par usine on s'aperçoit
alors que la majorité des cimenteries ont des coûts compris entre 0,95 et
1,18 ct/thermie soit un écart moindre (25%).
Les usines qui ont de t r è s bas prix utilisent essentiellement des sous-
produits (schlamms, pulvérulents) qui ne sont pas affectés de charges de
transport t r è s élevées. Certaines autres usines utilisent aussi des sous-
94 Les prix d'équivalence des combustibles

Tableau 35
Coût de la thermie rendu cimenterie (1960)
(en centimes pour 1 thermie)

Cimenterie Charbon Fuel Gaz

Origny 1,04 (1,36) -

Contes 1,28 (1,36) -

Peille 1,28 (1,36) -

Cruas 1,18 1,28 -

Cruas 1,18 (1,28) -

Lafarge 1,15 1,23 -

Cassis 1,12 1,17 -

L'Estaque 0,99 (1,14) -

Fos/Mer 1,02 1,12 -

La Malle 0,99 1,15 -

Colombelles 1,18 (1,31) -

La Couronne 1,23 (1,34) 1,20


Beffes 0,97 (1,45) -

Crugey 1,08 (1,45) -

Beaucaire 1,01 (1,18) -

Boussens 1,11 (1,39) 1,09


Espiet (1,24) (1,28) 1,05
La Souys (1,26) (1,24) 1,16
Lormont (1,26) (1,25) 1,11
Séte 1,12 (1,14) -

Bouvesse 1,16 (1,46) -

Genevrey 1,06 (1,43) -

Montali eu 1,10 (1,43) -

St E grève 1,08 (1,41) -

Voreppe 1,10 (1,41) -

Champagnole 1,25 (1,50) -

Nicole (1,22) (1,43) 1,20


Montebourg (1,38) 1,40 -

Couvrot 1,01 (1,51) -

Soulanges 1,18 (1,52) -

St Pierre 1,31 1,38 -

Yeuilley 1,16 (1,58) -

Pagny 0,92 (1,55) -

Ebange 1,10 (1,49) -

Hagondange 1,10 (1,49) -

Héming 1,11 (1,54) -

Rombas 1,11 (1,49) -

Cantin 0,99 (1,30) -

Haubourdin 0,86 (1,28) -

Neuville 0,99 (1,32) -

Bar lin 0,96 (1,28) -


Les prix d'équivalence des combustibles 95

Tableau 35 (suite)

Cimenterie Charbon Fuel Gaz

Biâche 1,00 (1,30) _


Dannes 1,08 (1,29) -

Desvres 1,06 (1,29) -

Lottinghen 1,05 (1,29) -

Lumbres 1,03 (1,26) -

Pernes 0,99 (1,28) -

Pont à Vendin 0,96 (1,28) -

Altkirch 1,18 (1,52) -

Chambéry 1,10 (1,46) -

Beaumont 1,02 (1,33) -

Cormeilles 1,08 (1,27) -

Gargenville 1,06 (1,24) -

Guerville 1,12 1,24 -

Limay (1,12) 1,24 -

Airvault 1,24 1,36 -

Ranteil 0,98 (1,34) -

Lexos 1,03 (1,38) -

Frangey 1,12 (1,52) -

En noir: thermie effectivement utilisée.


Entre parenthèses: thermie théorique.
Souligné en trait continu: fours droits seulement.
Souligné en trait discontinu: fours droits et fours rotatifs.

produits de très bas prix, mais en les combinant avec du charbon de meil-
leure qualité. Le coût moyen de la thermie est alors plus élevé (Lafarge
par exemple).
Six usines présentent des coûts supérieurs à 1,20 ct/th. Ce sont les c i -
menteries situées dans l'Ouest, les Alpes Maritimes et le Jura * qui sont
pénalisées par leur situation géographique excentrée et situées assez loin
des bassins producteurs.
Etant donné le faible nombre de cimenteries n'utilisant pas le charbon,
les exemples de coûts théoriques sont restreints. En général, ce sont des
coûts élevés (supérieurs à 1,20 ct/th) pour des cimenteries situées dans
l'Ouest (zone de substitution active au profit du fuel ou du gaz). Seules deux
cimenteries fonctionnant au fuel, dans des conditions actuellement très
avantageuses (Limay, Cassis) bénéficieraient aussi d'un coût du charbon
moyen (1,12 ct/th).
Finalement, la différenciation des coûts s'explique autant par l'effet de
distance (éloignement entre la cimenterie et le bassin houiller) combiné à
l'effet de masse (qui joue surtout dans le cadre de transport plus ou moins

* Mais dans le cas du Jura, il s'agit de fours droits qui nécessitent un charbon de
meilleure qualité.
96 Les prix d'équivalence des combustibles

massif) que par la qualité du charbon employé par la cimenterie *. Ces


r a i s o n s permettent d'expliquer pourquoi c e r t a i n e s c i m e n t e r i e s , situées
plus loin que d ' a u t r e s des sources d'approvisionnement en charbon, ont des
coûts à la t h e r m i e moins élevés.

1.2. L e c o û t d e l a t h e r m i e f u e l r e n d u c i m e n t e r i e
Les exemples de coûts r é e l s sont peu nombreux. Le coût moyen d'envi-
ron 1,25 c t / t h cache une dispersion s'étalant de 1,12 c t / t h ( F o s / m e r ) à
1,40 c t / t h (Montebourg). Les causes d'une telle dispersion peuvent ici a u s s i
s'expliquer essentiellement par la localisation des c i m e n t e r i e s . En effet,
le fuel est un combustible aux c a r a c t é r i s t i q u e s constantes et les problèmes
de qualité n'interviennent pas; le volume de consommation n'intervient
qu'indirectement ** à t r a v e r s les conditions de t r a n s p o r t (par moyens plus
ou moins massifs). Finalement, l'élément déterminant r e s t e la localisation
de la cimenterie par rapport à la r a f f i n e r i e , les coûts rendus les plus bas
se rencontrant évidemment p r è s des r a f f i n e r i e s et surtout p r è s des r a f f i -
n e r i e s méditerranéennes qui bénéficient d'une décote de 9 F r a n c s par tonne.
Le nombre d'exemples de coûts théoriques est important c a r ils sont
calculés pour toutes les c i m e n t e r i e s fonctionnant au charbon ou au gaz.
Comme pour le charbon, on peut isoler un groupe représentant la m a j o r i t é
des c i m e n t e r i e s , dont le coût varie de 1,20 à 1,50 c t / t h . Douze c i m e n t e r i e s ,
de l ' E s t de la F r a n c e surtout, présentent des coûts plus élevés du fait du
handicap des t r a n s p o r t s . Au c o n t r a i r e , t r o i s c i m e n t e r i e s - l'Estaque, Sète,
Beaucaire î - situées p r è s des r a f f i n e r i e s et dans la zone m é d i t e r r a n é e n e
auraient des coûts t r è s bas (1,10 à 1,20 ct/th).

1.3. L e c o û t d e l a t h e r m i e g a z
Il est inutile ici de f a i r e la distinction coût r é e l - coût théorique de la
t h e r m i e gaz en 1960-1961 c a r toutes les c i m e n t e r i e s susceptibles d ' ê t r e
alimentées en gaz le sont effectivement étant donné la s t r u c t u r e actuelle du
r é s e a u . Les a u t r e s c i m e n t e r i e s , qui ne sont pas susceptibles d ' ê t r e r a c -
cordées au r é s e a u actuel, ne feront pas l'objet d'un calcul de coût t h é o r i -
que t t .
Le coût moyen du gaz livré aux c i m e n t e r i e s s'établit à 1,20 c t / t h envi-
ron; les é c a r t s de prix restent faibles (8% e n t r e les prix maxima et mini-
ma), m a i s ils signifient peu de chose étant donné le nombre t r è s faible de
cimenteries. La différenciation des coûts trouve son origine dans la s t r u c -
t u r e des t a r i f s qui déterminent le prix du m^ en fonction de t r o i s éléments:
* Avec un coût à la thermie plus élevé, c ' e s t - à - d i r e avec un charbon de meilleure
qualité, il e s t possible dans certains cas d'avoir une consommation spécifique à
la tonne de clinker plus basse et une dépense totale de charbon par tonne de clin-
ker moins élevée qu'avec un charbon dont le coût à la thermie est plus faible.
** Le marché de gros ne prévoit pas de réduction suivant l e s quantités et il n'est
pas évident qu'il y ait une liaison entre l'importance du rabais légal et le volume
de consommation.
t II faut noter d'ailleurs, qu'entre 1960 et 1965, c e s trois cimenteries ont opté pour
le fuel.
t t Le calcul sera effectué dans la deuxième partie, mais de façon prospective et en
prenant des hypothèses d'arrivée et de distribution du gaz naturel importé.
Les prix cTéquivalence des combustibles 97

distance au lieu de gisement, modulation, volume de consommation. Il


s'ensuit que le coût le plus élevé se rencontrerait à Nicole (affectée d'une
modulation médiocre) et le coût le plus bas à Espiet (plus loin du gisement,
mais consommant plus et régulièrement).

2. Les conséquences des disparités du coût des combustibles rendus ci-


menterie

La présentation des coûts rendus des combustibles utilisés en 1960-61


par les cimenteries montre qu'il existe entre ceux-ci une dispersion i m -
portante, de l'ordre de 50%. Cette dispersion des coûts est t r è s sensible
suivant la localisation. Lorsque plusieurs cimenteries sont groupées dans
une région, leur prix sont souvent semblables. C'est ainsi qu'on peut dé-
terminer certaines régions où un prix moyen peut être significatif (Isère
sud, Alpes Maritimes, région de Metz, Ouest du Pas-de-Calais, région du
Nord Pas-de-Calais à proximité des bassins houillers, région parisienne).
Il r e s s o r t de l'examen des coûts rendus que certaines cimenteries sont
handicapées par des prix élevés du combustible: l'Ouest en général, la r é -
gion des Alpes Maritimes et du Jura. Comme le combustible représente
une part t r è s importante du prix de revient du ciment (que l'on pouvait en-
core chiffrer, en 1960, entre 30 et 40%), les disparités constatées dans le
coût du combustible se répercutent dans le prix de revient du ciment.
La conséquence a été la détermination, lors de l'élaboration des prix du
ciment de 5 zones * de prix recouvrant l'ensemble du t e r r i t o i r e français.
Les prix appliqués sont différents, la zone I représentant le prix le plus
bas (51,92 Francs la tonne de C.P.A. en 1960), la zone IV le prix le plus
élevé (61,61 Francs) soit une différence d'environ 18%.
La définition des zones (cf. Carte no. 3 p. 109) paraît conforme aux d i s -
parités de coût que nous avons constatées. Les zones n i et IV qui sont les
plus chères, correspondent effectivement à des coûts de la thermie rendue
usine élevés. On voit donc que les pouvoirs publics ont essayé de c o r r i g e r
quelque peu les disparités existant dans le coût du facteur de production le
plus important en créant des zones de prix du ciment. Malgré tout, l ' é c a r t
entre ces zones (20% environ) est nettement inférieur à celui constaté dans
la réalité (59%). Pour expliquer ce phénomène on peut avancer plusieurs
raisons qui se complètent:
a) l'écart constaté dans la réalité tient compte des données extrêmes peu
nombreuses;
b) certaines usines qui présentent un coût rendu élevé ne sont pas handi-
capées car elles bénéficient d'une protection géographique et écoulent
parfaitement leur production de ciment dans la zone protégée par les
accidents de relief;
c) enfin, le coût rendu de combustible ne saurait refléter le coût véritable
pour l'utilisateur. Il n'est que le premier élément du coût de la thermie
à la tuyère, il faut f a i r e intervenir les charges accompagnant l'emploi
de chaque combustible, objet de la section suivante.
* Depuis 1966, douze centres de production se sont substitués aux cinq zones t e r r i -
toriales.
98 Les prix d'équivalence des combustibles

n. LES PRIX D'EQUIVALENCE

Nous avons fait le point, dans la section précédente, des coûts rendus
cimenterie des combustibles. Il nous suffit maintenant de rappeler les r é -
sultats obtenus à propos des charges annexes dans les trois premiers cha-
pitres. pour pouvoir calculer les prix d'équivalence, but de la première
partie de cette étude.
Le tableau suivant récapitule les charges annexes par combustible et
par grand poste.

Tableau 36
Charges annexes moyennes (en centimes pour 100 thermies)

Charbon Fuel Gaz

Stockage 0,80 0,50 -

Amortissement 9,00 2,70 0,20


Main-d'oeuvre 2,50 0,88 0,60
Préparation 6,30 2,20 -

Entretien 2,15 0,80 0,10


Charges annexes 20,75 7,08 0,90
Charges annexes
13,90 5,28 0,75
(installation amortie)

Nous avons confirmation que le charbon est le plus fortement pénalisé


car un équipement et une préparation importante sont nécessaires. Le gaz
naturel ne supporte presque aucun frais et les écarts d'équivalence sont
bien entendu à son avantage.
Les écarts constatés
Fuel - Charbon: 9 à 13 et
Gaz - Charbon: 13 à 20 et
Gaz - Fuel : 4 à 6 et
sont corroborés par les résultats obtenus dans d'autres études *.
Une atténuation doit cependant être apportée aux conclusions relatives à
la lourdeur des charges annexes affectant l'utilisation du charbon. Celui-ci
(et ce n'est le cas ni du fuel ni du gaz) contient .un pourcentage assez élevé
de cendres (25% au maximum) qui passent directement dans le ciment et
qui permettent ainsi une valorisation du produit fabriqué, par l'incorpora-
tion au clinker des cendres de charbon pulvérisé (valorisation en poids
pouvant atteindre 20% du tonnage de charbon utilisé pour produire une tonne
de clinker). Cet avantage, qu'il est difficile de chiffrer **, doit atténuer
quelque peu la rigueur des conclusions précédentes, mais ne doit pas les
changer (sauf pour des cas marginaux).

* Voir les études déjà citées de Messieurs Gardent, Laigroz, Lesourne, Richeux.
** Il peut être chiffré comme égal à un gain de 3 à 4% sur le prix du combustible.
Les prix cTéquivalence des combustibles 99

1. Problèmes de l'imputation des charges annexes moyennes à chaque ci-


menterie

L'évaluation des charges annexes telle que nous l'avons tentée r e s t e en-
core t r è s imprécise et t r è s peu rigoureuse. Si on la considère comme une
moyenne, elle peut être vraisemblable. Mais elle ne tient aucun compte des
diversités de situation des cimenteries qui supportent finalement des char-
ges annexes t r è s différentes et dont la dispersion risque d'être t r è s impor-
tante.
Nous avons relevé aussi dans l'établissement du montant des charges
annexes que le chiffre total était t r è s différent dans le cas d'une installa-
tion amortie et dans le cas d'une installation à amortir. Il nous faudra e s -
sayer de corriger cette source d'incertitude par la connaissance de l'âge
des installations de façon à imputer (ou à supprimer) les charges d ' a m o r -
tissement.

1.1. E t u d e d e l a d i s p e r s i o n du m o n t a n t d e s c h a r g e s
annexes
Les charges annexes ont été calculées en prenant comme hypothèse de
travail des valeurs moyennes, capables de bien représenter la réalité en
1960 *. Mais, en fait, chacune des hypothèses de base adoptée est suscepti-
ble de varier et d'entraîner, par la suite, des charges plus ou moins fortes
qui ne correspondront plus à celles de l'usine type.
Aussi est-il nécessaire de reprendre les principales hypothèses, d'étu-
dier les valeurs extrêmes (maximum et minimum) au sein desquelles elles
peuvent varier et de voir quelle s e r a la dispersion des coûts qui en r é s u l -
t e r a pour les charges annexes.
Nous avons sélectionné parmi les facteurs ayant une influence sur le
montant des charges annexes ceux qui étaient susceptibles de variation:
taille de l'usine, pourcentage d'utilisation de la capacité de production,
consommation spécifique de combustible, localisation de l'usine, durée
d'amortissement, degré de mécanisation. Reprenons tour à tour chacun de
ces facteurs.
Dans une cimenterie de grosse taille, les charges annexes doivent être
moins importantes à cause des économies d'échelle r é a l i s é e s sur les in-
vestissements du matériel de préparation des combustibles et à propos des
f r a i s d'exploitation (main-d'oeuvre, électricité, . . . ).
Au cas où la cimenterie travaille avec une capacité sous utilisée, les
charges annexes vont augmenter (charges d'amortissement et de main-
d'oeuvre plus élevées pour une thermie utilisée). De même, en cas de s u r -
capacité, les f r a i s de préparation du combustible et surtout d'entretien r i s -
quent de compenser plus que largement les économies r é a l i s é e s sur les
charges d'amortissement.
La consommation spécifique de combustible peut varier de 900 à 1.600
t h e r m i e s à la tonne. On peut penser, de façon paradoxale, qu'une consom-

* A ce sujet, voir les hypothèses de base dans l'introduction de la première partie.


100 Les prix d'équivalence des combustibles

mation spécifique basse - voie sèche - aura tendance à augmenter les


charges annexes par thermie*.
La localisation de la cimenterie est un élément susceptible de faire va-
rier t r è s largement les charges annexes. Ainsi, les coûts d'immobilisation
pour stocks seront fortement réduits pour les cimenteries situées près des
lieux d'approvisionnement en énergie; les f r a i s de main-d'oeuvre diminue-
ront pour une localisation en milieu rural; pour la préparation du combus-
tible, les coûts du kW/h, du charbon utilisé vont varier suivant les régions.
De plus, des éléments strictement locaux ont pu influer sur les investis-
sements initiaux (travaux de génie-civil, longueur des tuyauteries ou des
moyens de manutention, . . . ) et peuvent grever les charges d'amortisse-
ment.
Le degré de mécanisation peut lui aussi influer sur le montant des char-
ges annexes. Mais, comme la mécanisation diminue les f r a i s de main-
d'oeuvre tout en augmentant les investissements initiaux (et les charges
d'amortissement), il semble difficile de conclure de façon générale.
Le choix de la durée de la période d'amortissement (5 ans, 10 ans, 15
ans) peut réduire considérablement les charges correspondantes. Il semble
que, dès 1960, on veuille amortir t r è s vite les installations au charbon
(5 ans) d'où des charges d'amortissement plus fortes.
On peut maintenant synthétiser les remarques précédentes dans un
tableau chiffré montrant la dispersion théorique des charges annexes, par
grands postes.

Tableau 37
Dispersion théorique des charges annexes (en centimes/100 th)

Charbon Fuel Gaz

Mini- Maxi- Mini- Maxi- Mini- Maxi-


mum mum mum mum mum mum

Immobilisations pour stock 0,30 1,50 0,20 1,00


Frais de main d'oeuvre directe 1,40 4,50 0,70 1,20
Préparation du combustible 3,00 11,00 1,50 3,30
Amortissement 5,00 20,00 2,10 3,50 0,10 1,00
Entretien 1,50 3,00 0,50 1,20 0,20 0,60
Total - Installation neuve 11 40 5 10 0,30 1,60
Installation amortie 8 23 3 7 0,20 0,60

La lecture du tableau montre que les écarts, pour chacun des combusti-
bles, sont considérables lorsque l'on prend les hypothèses minima et ma-

* Les charges supplémentaires à la thermie, en cas de consommation spécifique peu


élevée, sont largement compensées par l e s économies r é a l i s é e s par la diminution
de la consommation spécifique d'énergie si on se place sur le plan de la dépense
totale.
Les prix d'équivalence des combustibles 101

xima. Mais, il faut souligner qu'il s'agit de charges donnant la situation


théoriquement la meilleure et la pire. En fait, on peut être certain que
l'ensemble des conditions ne seront réunies ni dans un cas, ni dans l'autre.
En effet, certaines conditions maxima sont souvent incompatibles entre
elles (s'il y a beaucoup de f r a i s de main-d'oeuvre, il y aura une mécanisa-
tion plus faible, moins d'équipement et moins de charges d'amortissement
et vice versa). On peut penser que la majorité des cimenteries utilisant le
charbon auraient des charges comprises entre 15 et 25 et.
Si nous avons pu p r é c i s e r , de façon t r è s théorique, les principaux f a c -
t e u r s agissant sur la dispersion et les chiffrer, il est évident que dans la
pratique, l'évaluation exacte des charges annexes pour chaque usine est
impossible. Aussi, nous avons dû appliquer forfaitairement à chaque cimen-
t e r i e le montant des charges annexes moyennes. Nous sommes conscients
des t r è s gros risques d ' e r r e u r que va entraîner ce procédé.
Nous avons néanmoins essayé de corriger, pour l'évaluation du prix
d'équivalence, une des plus grosses sources d'incertitude tenant à l'impor-
tance des charges d'amortissement en fonction de l'âge des installations.

1.2. D é t e r m i n a t i o n d e l ' i m p o r t a n c e d e s c h a r g e s d ' a m o r -


t i s s e m e n t s e l o n l ' â g e de l ' i n s t a l l a t i o n
En effet, le calcul des charges annexes a conduit, pour chaque combus-
tible, à deux résultats différents suivant l'âge des installations. S'il est
supérieur à 10 ans, on a supposé qu'il n'y avait plus de charges d ' a m o r t i s -
sement (9 et pour le charbon; 2,7 pour le fuel) mais qu'en compensation,
les charges d'entretien étaient plus importantes.
Si l'équipement a moins de 10 ans, ces charges annexes comprennent
normalement les charges d'amortissement (mais aussi moins de f r a i s
d'entretien). La différence entre les deux résultats est importante (6,85 et
pour le charbon; 1,90 pour le fuel) et il nous a paru t r è s difficile de ne pas
en tenir compte. C'est pourquoi il faut entreprendre une estimation de l'âge
des installations de préparation du combustible et un classement de chaque
cimenterie dans les groupes suivants: installation de plus de dix ans; ins-
tallation de moins de 10 ans d'âge.
Pour établir des coûts d'équivalence corrects, nous devons connaître
non seulement les charges d'amortissement grevant le combustible effecti-
vement utilisé, mais aussi les charges d'amortissement théoriques qui
grèveraient le nouveau combustible.
En effet, le nouveau combustible, le fuel par exemple, va être grevé
d'une part de ses charges d'amortissement correspondantes, d'autre part
d'un amortissement résiduel des installations du combustible de référence,
si elles ne sont pas complètement amorties (charbon). Par exemple, les
charges annexes du fuel seraient égales à 16 ct/100 th (7 et pour le fuel +
9 et d'amortissement résiduel des installations charbonnières non encore
amorties).
"Ainsi, plus une installation est récente, plus le poids des décisions
p r i s e s antérieurement pèse sur les calculs de substitution; dans le cas
d'installations récentes, les écarts d'équivalence entre combustibles se
102 Les prix cTéquivalence des combustibles

trouvent du fait des installations à amortir, déséquilibrés en faveur du pro-


duit initialement choisi" *.

1.2.1. Méthode de calcul de l'âge des installations


L'estimation de l'âge des installations de préparation du combustible
s ' a v è r e t r è s difficile à effectuer. Nous ne possédons que t r è s peu de r e n -
seignements à ce sujet, issus pour la plupart de sources diverses: rapport
sur la réalisation du plan de modernisation et d'équipement, rapports
d'activité des différentes sociétés, . . . Ceux-ci portent essentiellement sur
l'addition et le remplacement des unités de cuisson ainsi que sur les opé-
rations de modernisation. Nous avons supposé, chaque fois que l'on cons-
truisait un nouveau four dont la capacité nouvelle dépassait largement la
capacité antérieure de l'usine, que des équipements correspondants de
préparation du combustible étaient construits d'une façon parallèle.
De plus, la durée de vie des différents éléments de l'installation est
diverse; il s'ensuit que souvent on ne remplace pas l'installation en bloc,
mais seulement quelques appareils, au fur et à mesure de leur usure
(technique et économique).
D'autre part, les charges d'amortissement risquent aussi de varier
selon qu'il s'agit d'usines renouvelant leur équipement de préparation de
combustible ou d'usines absolument neuves. Pour le charbon, on a consi-
déré un renouvellement d'installation dans une usine déjà existante. Pour
une usine neuve, il faudrait tenir compte aussi des installations suivantes
(hall de stockage, installations et bâtiments de réception) qui s'amortissent
en tant que bâtiment au moins sur 25-30 ans. Il s'ensuit que les charges
d'amortissement à la thermie seront supérieures pour les usines neuves.
Dans ce cas, on retiendra 11 et d'amortissement pour 100 th.
Pour le fuel, on a considéré toutes les installations comme absolument
neuves et on a inclut toutes les installations de stockage que les usines
soient neuves ou anciennes. En effet, en 1960, il n'y a que t r è s peu d'ins-
tallations au fuel déjà amorties car son emploi est récent.

1.2.2. L'âge des installations


Dans le Sud-Ouest, zone d'emploi du gaz naturel, l'ancienneté des ins-
tallations permet de supposer que celles utilisant du charbon et même du
fuel étaient amorties en totalité. La conversion en fut facilitée pour autant.
Les équipements au fuel ont été installés surtout à partir de 1950. En
règle générale, ils ne sont pas encore amortis. Le fuel continue donc
d'être grevé de charges d'amortissement (en effet, ce n'est que dans le cas
du charbon où on ne peut renouveler qu'une partie de l'équipement et n ' a -
mortir par conséquence que sur cette partie correspondante). Les cimen-
t e r i e s fonctionnant au charbon présentent des situations diverses. Leur
effort r é e l de modernisation et d'extension a eu lieu entre 1950 et 1960, et
on peut penser qu'un assez bon nombre de cimenteries ont leur installa-
tion à amortir. En effet, les efforts ont porté sur la diminution des prix de
revient et de l'un de ces éléments essentiels, le coût des combustibles. On

* Laigroz op. cit.


Les prix d'équivalence des combustibles 103

peut alors penser que de nombreuses cimenteries ont modernisé les instal-
lations de préparation et les fours. Ce n'est que plus récemment que les
efforts ont porté sur l'implantation de la voie sèche.
Cependant, on peut considérer qu'une partie des cimenteries ont des
installations déjà amorties. C'est le cas de la majorité des usines du Sud-
Ouest (ce qui a facilité le passage au gaz), des usines de la région médi-
terranéenne, de certaines usines de l'Est et du Nord.
On retrouvera, usine par usine, les estimations relatives à la durée de
l'amortissement, dans le tableau récapitulatif no. 38.

2. Présentation des prix d'équivalence par cimenterie en 1960-1961

Nous établirons d'abord les coûts d'équivalence dans un domaine où les


combustibles sont substituables, à savoir les cimenteries disposant de
fours rotatifs. Nous supposerons ensuite que les usines utilisant actuelle-
ment des fours droits optent pour des fours rotatifs et nous établirons les
coûts théoriques de chaque combustible. Nous serons finalement à même
de présenter des coûts d'équivalence moyens par région, base de travail
de la deuxième partie.

2.1. L e s f o u r s r o t a t i f s
Le tableau récapitulatif suivant présente les résultats obtenus. Pour
chaque cimenterie on a les différents coûts de la thermie utile par combus-
tible, soit:
1) le coût de la thermie utile du combustible de référence, actuellement
utilisé: coût réel,
2) le coût de la thermie utile des combustibles substituables (fuel-gaz):
coût théorique,
Le prix d'équivalence du combustible utilisé est égal à la somme du coût
rendu cimenterie (1,04 ct/th pour Origny par exemple), augmenté des char-
ges annexes (0,21 et puisque l'installation n'est pas amortie), soit un total
de 1,25 ct/th.
Le prix d'équivalence du (ou des) combustible substituable, de même,
est égal à la somme du coût théorique du fuel (1,36 pour la même cimente-
rie), plus les charges annexes correspondantes en totalité (0,07) puisqu'il
s'agit d'installations nouvelles, augmenté dans certain cas des charges
d'amortissement résiduel du combustible de référence (0,04 et).
Pour les usines récemment construites et utilisant le charbon (St-Pierre
en 1953, Boussens en 1957, La Malle en 1958), en tenant compte des
charges supplémentaires imputables aux bâtiments du hall de stockage et
de réception, le montant des charges annexes a été majoré de 0,02 et par
thermie.
Pour les usines à marche mixte, il faut distinguer pour chaque combus-
tible le prix d'équivalence actuel (qui ne prend en compte que les charges
d'amortissement correspondantes à ce combustible) du prix d'équivalence
théorique (cas de la cimenterie qui ne marche plus qu'à un seul combus-
tible). Le combustible utilisé va supporter, tout d'abord les charges
104 Les prix d'équivalence des combustibles

Tableau 38
Coût de la thermie utile dans les cimenteries
(en centimes par thermie)

Coût de la thermie
Charbon Fuel
utile

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Origny 1/2 amt -


21 -
(4) (H) 1,25 (1,47)
Contes amt - 14 - (0) ( 7) 1,42 (1,43)
Peilles amt - 14 - (0) ( 7) 1,42 (1,43)
Cruas + 2/3 amt (21) 1/3 amt 7 1,39 1,35
(2) (23) (3) (10) (1,4D (1,38)
Lafarge + 2/3 amt 21 1/3 amt 7 1,36 1,30
(2) (23) (3) (10) (1,38) (1,33)
Cassis (21) amt 5 (1,33) 1,22
L'Estaque 1/3 amt 21 (6) 1,20 (1,27)
Fos (D (22) 2/3 amt 7 (1,24) 1,19
La Malle + 1/3 amt 21 1/3 amt 7 1,20 1,22
(2) (23) (6) (13) (1,22) (1,28)
Colombelles amt 14 (0) ( 7) 1,32 (1,38)
La Couronne amt 14 (0) ( 7) 1,37 (1,41) 1,21
Beffes 1/2 amt 21 (4) (H) 1,18 (1,56)
Beaucaire amt 14 (0) ( 7) 1,15 (1,25)
Boussens 1/3 amt 23 (8) (15) 1,34 (1,54) 1,10
(1,33)
Espiet (21) ( 7) (1,45) (1,35) 1,06
La Souys (21) ( 7) (1,47) (1,31) 1,17
Lormont (21) ( 7) (1,47) (1,32) 1,12
Sète amt 14 (0) ( 7) 1,26 (1,21)
Genevrey 2/3 amt 21 (3) (10) 1,27 (1,53)
Montalieu 1/3 amt 21 (6) (13) 1,36 1,56
St Egrève 2/3 amt 21 (3) (10) 1,29 (1,51)
Nicole (21) ( 7) (1,43) (1,50) 1,21
Montebourg (D (21) 2/3 amt 7 (1,60) 1,47
Couvrot 0/3 amt 21 (9) (16) 1,22 (1,67)
St Pierre + 2/3 amt 21 2/3 amt 7 1,52 1,45
(2) (23) (6) (13) (1,54) (1,48)
Pagny amt 14 (0) ( 7) 1,06 (1,62)
Ebange amt 14 (0) ( 7) 1,24 (1,56)
Hagondange 1/2 amt 21 (4) (H) 1,31 (1,60)
Héming 1/3 amt 21 (6) (13) 1,32 (1,67)
Rombas amt 14 (0) ( 7) 1,25 (1,56)
Cantin amt 14 (0) ( 7) 1,13 (1,37)
Haubourdin amt 14 (0) ( 7) 1,00 (1,35)
Neuville 1/2 amt 21 (4) (H) 1,20 (1,39)
Bar lin 2/3 amt 21 (3) (10) 1,17 (1,37)
Les prix cT équivalence des combustibles 105

Tableau 38 (suite)

, „ . Coût de la thermie
Charbon Fuel ...
utile

Biache amt 14 (0) ( 7) 1,14 (1,37)


Dannes 2/3 amt 21 (3) (10) 1,29 (1,38)
Desvres amt 14 (0) ( 7) 1,20 (1,36)
Lottinghen amt 14 (0) ( 7) 1,19 (1,36)
Lumbres 1/2 amt 21 (4) (H) 1,24 (1,38)
Pernes amt 14 (0) ( 7) 1,13 (1,35)
Pt à Vendin 1/2 amt 21 (4) (H) 1,17 (1,39)
Altkirch 1/3 amt 21 (6) (13) 1,39 (1,65)
Beaumont 1/3 amt 21 (6) (13) 1,23 (1,46)
Cormeilles amt 14 (0) ( 7) 1,22 (1,34)
Gargenville 1/3 amt 21 (6) (13) 1,27 (1,37)
Guerville + amt 14 amt (0) 5 1,26 1,29
(21) ( 7) (1,33) (1,31)
Li may (0) (21) amt 5 (1,33) 1,29
Airvault + 1/3 amt 21 1/3 amt 7 1,55 1,43
(2) (23) (6) (13) (1,57) (1,49)
Ranteil 0/3 amt 21 (9) (16) 1,29 (1,50)
Lexos 1/3 amt 21 (6) (13) 1,24 (1,51)
Frangey amt 14 (0) ( 7) 1,26 (1,59)

Pour l e s usines munies du signe + on a calculé;


a) le coût réel de chaque combustible, en cas de marche mixte,
b) le coût théorique pour chaque combustible, s'il était utilisé seul.
Signification des numéros de colonnes:
Charbon 0 - Etat d'amortissement de l'installation
1 - Amortissement résiduel du fuel
2 - Total des charges annexes
Fuel 3 - Etat d'amortissement de l'installation
4 - Amortissement résiduel du charbon
5 - Total des charges annexes
Coût de la thermie utile 6 - Charbon
7 - Fuel
8 - Gaz
Les coûts théoriques sont entre parenthèses ( ).

d'amortissement de l'autre combustible, si l'installation n'est pas amortie,


ensuite les charges d'amortissement représentant l'équipement supplémen-
t a i r e pour la marche au combustible utilisé.

2.2. L e s f o u r s d r o i t s
La consommation de charbon par les fours droits est considérée comme
un usage spécifique et on se trouve donc en dehors du domaine de la subs-
titution.
106 Les prix d'équivalence des combustibles

C a r t e 3. Zones de p r i x . Coûts de la t h e r m i e utile du charbon 1960-1961


(coût r é e l et théorique en c e n t i m e s p a r t h e r m i e )
Les prix d'équivalence des combustibles 107

C a r t e 4. Coût de la t h e r m i e utile du fuel 1960-1961


(coût r é e l et théorique en c e n t i m e s p a r t h e r m i e )
108 Les prix cTéquivalence des combustibles

Cependant, n'oublions pas que l'utilisation des fours droits est allée en
déclinant sans cesse. Un certain nombre de cimenteries, pendant les 15
dernières années, qui possédaient des fours droits ont opté en tout ou en
partie pour les fours rotatifs. C'est ainsi que Lafarge (1952), Ranteil
(1958), Montalieu (1956) ont des fours rotatifs et que certaines usines utili-
sent concurremment les deux (Genevrey, Porte de France, Xeuilley.. .).
Certes, certaines usines ont construit de nouveaux fours droits (Xeuil-
ley, Soulanges) mais la plupart des cimenteries à fours droits ont un t r è s
vieux matériel. Aussi, il est possible lors des modernisations futures d'en-
visager des unités de cuisson plus importantes, avec des fours rotatifs. Tel
est le cas de Crugey, de Bouvesse. On peut penser que cette évolution se
poursuivra et qu'au cours des années ultérieures, ces cimenteries t r a n s -
formeront leurs fours droits en four rotatif. La conséquence est qu'elles
entreront dans le domaine des combustibles substituables.
Il s'ensuit que de nouvelles installations de préparation seront cons-
truites. On peut penser que, dans le cas du charbon, on n'utilise pas les
anciennes installations (dont une partie est commune aux deux types de
fours), parce qu'elles sont trop vieilles. On installera en totalité un équi-
pement neuf et il s'ensuivra des charges d'amortissement normales.
Donc, on peut calculer dès à présent les prix d'équivalence théorique
pour les cimenteries à fours droits. D'ailleurs, l'espérance d'un autre
combustible bien meilleur marché pourra faire hâter la transformation de
l'usine. Mais, en fait, à t r è s court terme, ce stimulant peut paraître t r è s
faible car:
a) la consommation spécifique s e r a supérieure,
b) le coût du fuel serait inférieur dans une seule usine: Cruas.

Tableau 39
Coût de la thermie théorique du combustible rendu four rotatif
(en centimes par thermie)

Coût de la thermie Charbon Fuel

Cruas 1,39 1,35


Crugey 1,30 1,52
Bouvesse 1,36 1,56
Voreppe 1,31 1,48
Champagnole 1,46 1,57
Soulanges 1,25 1,59
Chambéry 1,37 1,53

2.3. E s s a i d e r é c a p i t u l a t i o n , p a r r é g i o n d e p r o g r a m m e ,
d e s d i f f é r e n t s c o û t s de la t h e r m i e u t i l e
On arrive aux mêmes conclusions que pour les prix rendus. Les régions
du littoral méditerranéen et atlantique sont les plus favorisées pour le fuel.
Pour le charbon, au niveau régional, les disparités des coûts sont
moins accentuées. Les régions qui présentent le coût le plus bas restent
l'Est, le Nord, le Centre.
Les prix d'équivalence des comoustibles 109

Tableau 40

Région de programme Charbon Fuel Gaz

Nord 1,18 1,37


Centre 1,18 1.56
Champagne 1,22 1,67
Picardie 1.25 1,47
Provence 1,30 1,30
Languedoc 1.26 1,24
Lorraine 1,22 1,60
Midi 1,28 1,51 1,22
Paris 1,27 1,35
Alpes 1,34 1,53
Rhône 1.37 1,35
Alsace 1,39 1,65
Aquitaine 1,45 1,35 1,24
Poitou 1.38 1,42 1,29
B. Normandie 1.45 1,42
F. Comté 1.46 1.57
Loire 1,54 1,45

moins accentuées. Les régions qui présentent le coût le plus bas restent
l'Est, le Nord, le Centre.

CONCLUSION. CONFRONTATION, AU NIVEAU DE CHAQUE CIMENTERIE,


ENTRE LE COUT DE LA THERMIE UTILE LE PLUS BAS
ET LE COMBUSTIBLE EFFECTIVEMENT CONSOMME

Du strict point de vue de la rationnalité économique de l'entreprise *,


chaque cimenterie devrait employer dans ses fours le combustible qui pos-
sède le coût le plus bas à la thermie utile **. Puisque nous avons établi au
cours de ce chapitre l'ensemble des coûts (réels et théoriques), examinons
dans les faits si la rationnalité économique paraît être respectée et voyons
si c'est le combustible présentant effectivement le coût le plus bas à la
thermie utile qui est réellement utilisé.
Pour les cimenteries utilisant uniquement le gaz naturel, la situation
est t r è s claire car l'emploi du gaz apporte, par rapport aux autres com-
bustibles, une économie t r è s substantielle. Dans les usines utilisant p a -
rallèlement au gaz un autre combustible, le premier est avantageux grâce
aux conditions t a r i f a i r e s (effacement possible en hiver) permises par le
combustible d'appoint (Lormont, Espiet). La situation de l'usine de Bous-
sens apparaît ici comme assez particulière. L'utilisation du charbon y est
plus onéreuse et pourtant c'est ce dernier combustible qui est utilisé e s -
sentiellement. Les raisons d'une telle situation peuvent se trouver peut-
* Hormis certaines contraintes techniques.
** A la condition supplémentaire que la dépense totale à la tonne de ciment soit la
plus basse possible.
110 Les prix d'équivalence des combustibles

être dans deux directions: tout d'abord, comme il s'agit d'une usine neuve,
le gaz employé comme combustible unique devrait supporter les charges
d'amortissement du charbon (0,11 ct/th environ) et le gaz ne bénéficierait
pas d'aussi bonnes conditions tarifaires (modulation moins bonne). Il s'en-
suivrait une hausse t r è s nette de la thermie utile gaz. Ensuite, il se peut
que l'usine de Boussens soit liée dès l'origine par des contrats d'approvi-
sionnement à long terme avec les Houillères d'Aquitaine, lui assurant du
charbon dans des conditions plus avantageuses que le marché normal.
Dans un certain nombre de cas, le fuel apparaît aussi comme un com-
bustible plus avantageux que le charbon. C'est ce que l'on constate pour les
cimenteries de Cassis, Montebourg, Limay fonctionnant totalement au fuel
et aussi pour les cimenteries de Cruas, Lafarge, St. Pierre, La Malle en
marche mixte. Pour ces dernières, les écarts de prix en faveur du fuel
sont peu importants (sauf pour l'usine de St. P i e r r e en Mayenne pour la-
quelle il semble possible d'avancer les mêmes raisons que pour Boussens).
Dans d'autres usines à marche mixte, le coût du charbon serait légèrement
inférieur (Guerville, Airvault), mais on est en droit de penser que la situa-
tion risque d'évoluer t r è s vite et que la situation de la houille, dans beau-
coup de cas, ne se maintient que t r è s difficilement.
Parmi les cimenteries ne fonctionnant qu'au charbon (et qui restent, à
l'époque étudiée, la majorité), plusieurs cas ne paraissent pas se confor-
mer à un comportement strictement rationnel ou sont sur le point de chan-
ger de combustible. Pour les deux cimenteries situées dans les Alpes Ma-
ritimes, le coût des combustibles serait équivalent et on peut penser que
ces usines passeront au fuel lorsqu'elles renouvelleront leur équipement,
ou si les conditions du marché énergétique évoluent quelque peu. Par con-
t r e , le cas de Sète peut apparaître comme plus surprenant. Située près
d'une raffinerie, cette cimenterie continue à s'approvisionner au charbon.
Il ne peut s'agir là que d'une situation transitoire, en attendant la moderni-
sation de cette unité *.
Toutes les autres cimenteries ont une situation qui apparaît comme
rationnelle d'un point de vue économique puisque à l'époque où nous nous
plaçons (1960-1961), c'était effectivement la thermie utile au plus bas coût
qui était utilisée. Cependant, on pouvait noter pour certaines cimenteries
des écarts assez faibles entre combustibles. C'est ainsi qu'il y a des
régions qui apparaissent instables du point de vue de l'approvisionnement
des cimenteries en combustibles et où une concurrence de plus en plus vive
a lieu, au détriment du charbon. Si le gaz s'est imposé presque partout où
un gazoduc pouvait desservir les cimenteries (Sud-Ouest surtout), dans
l'ensemble des régions touchant les cOtes, le fuel reste bien placé (Sud-
Est, Sud-Ouest, région parisienne). Le charbon garde une position qui pa-
raît encore forte dans le Nord, l'Est, le Centre, la Champagne et la région
Rhône-Alpes. Pour une dizaine de cimenteries, plus particulièrement
situées près des bassins houillers et loin des raffineries existant en 1960,

* Cette usine a, en fait, été modernisée entre 1961 et 1965 et elle est passée e f f e c -
tivement au fuel.
Les prix cT équivalence des combustibles 111

bénéficiant par surcroît d'une charge d'amortissement souvent nulle,


l'avantage du charbon peut encore se chiffrer à 0,30 et par thermie. Mais
dans bien des cas, l'avantage du charbon est faible et les possibilités de
substitution sont évidentes. Il suffit parfois du simple jeu du renouvelle-
ment des installations de préparation du charbon pour faire basculer la s i -
tuation, sans aucune modification du marché énergétique.

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