Parler du contexte de rédaction d’un document c’est dire en quelques sorte quelles
peuvent être les motivations ou encore les raisons qui ont poussées l’auteur à mettre par écrit
sa pensée. Dans le cadre de notre analyse portant sur le lettre encyclique Lumen fidei ou
encore la lettre encyclique à « quatre mains » comme d’aucuns l’appellent parce que rédigée
par deux papes (Benoit XVI et François), deux grands moments ont d’après nous suscité la
rédaction de cette lettre encyclique.
Vue sur cet angle, nous constatons que l’encyclique a été promulguée le 29 juin 2013.
Rendu en cette année nous constatons que l’Eglise tout entière vit depuis le 11 octobre 2012
sous la mouvance de l’année de la foi (du 11 octobre 2012 au 24 novembre 2013); il est donc
par conséquent logique qu’au cours de cette année les fidèles chrétiens puisse savourer un
enseignement nouveau sur la foi ou alors être davantage affermi et éclairé sur la foi d’où
Lumen Fidei. Dans le même ordre d’idée nous pouvons relever qu’elle fut élaborée en vue de
1
FRANCOIS, Lettre encyclique, Lumen Fidei, CittàdelVaticano,Libreria Editrice Vaticana, 2013, n°3
commémorer le cinquantième anniversaire du Concile Vatican II, qui pour certains auteurs est
qualifié de « Concile sur la foi », il convenait de raviver une large perception de la foi
confessée dans son unité et son intégrité. Dans le même ordre d’idée en se basant sur le fait
que cette lettre Encyclique a pour co-auteur le pape émérite Benoit XVI, certains théologiens
nous font comprendre que ce pape suivant a voulu porter instruire le peuple chrétien sur les
vertus théologales (Foi, Espérance et Charité). Ce point de vue se perçoit très bien dans les
encycliques de ce pape. Déjà le 25 décembre 2005 il va publier Deus Caritas Est sur l’amour.
Deux ans plus tard c’est-à-dire le 30 Novembre 2007 il va publier Spe Salvi sur l’espérance.
Pour couronner ce chapelet sur les vertus théologales il va commencer à rédiger une
encyclique sur la foi que viendra parachever le pape François qui aura pour titre Lumen Fidei.
De cette brève présentation du contexte rédactionnel sur le plan religieux, que dire du
contexte sociétal ?
2. Le contexte sociétal
1- Structure externe
Lumen Fidei (La Lumière de la foi) est le titre de la première encyclique du pape
François publié le 29 juin 2013. Elle est destinée aux fidèles chrétiens et nous enseigne de
long en large sur ce qu’est la foi chrétienne, et souhaite aider le chrétien à retrouver le
caractère lumineux de la foi capable d’éclairer l’ensemble de l’existence humaine. En plus
d’une introduction et d’une conclusion, Lumen Fideicomporte quatre chapitres, intitulés selon
des citations de la Biblechapitres et s’achève par une prière dédiée à la Bienheureuse Vierge
Marie.:
2
Lumen Fidei, n°3
Lumen Fidei, n°4
3
peuple : Israël. Cette foi ne doit pas se limiter là en ce sens où elle va atteindre sa plénitude
avec la personne de Jésus Christ qui par sa mort et sa résurrection offre le salut à l’humanité
toute entière. De ceci, tout homme qui désire obtenir le salut se doit d’avoir confiance en
Dieu. Cette foi n’est pas un fait privé ou du moins un concept individuel mais une écoute
commune (en Eglise) qui devient annonce. Cependant comment annoncer sans croire et sans
comprendre ?
Cette partie qui est comprise entre (§ 37 au § 49), met en relief l’évangélisation qui
doit être le propre de tout chrétien. Le chrétien une fois qu’il a reçu cet amour de Dieu se doit
de le partager ou encore de le transmettre aux autres car en Eglise il est impossible de croire
seul. La foi s’ouvre toujours au « nous » et advient essentiellement dans la communion de
l’Eglise. Cette transmission de l’Evangile doit se faire suivant les normes ecclésiales, en ce
sens où recevant la foi par le biais des sacrements en Eglise, il va de soi qu’annoncer la Bonne
Nouvelle obéisse à ses exigences. Cette foi est unique car provenant d’un seul corps et d’un
seul Esprit et partagé par toute l’Eglise.
Rendu à ce dernier chapitre qui va du (§ 50 au §59). Cette dernière partie nous édifie
sur le fait que la foi édifie l’homme en marche vers le royaume des cieux. Pour y parvenir, la
famille reste et demeure le lieu par excellence de cette croissance spirituelle. Dans sa
croissance, le jeune à travers les Journées Mondiales des Jeunes manifeste la joie de la foi et
l’engagement à la vivre généreusement. Le saint père n’oublie pas cependant le monde des
malades en nous faisant comprendre à quel point le service rendu par la foi au bien commun
est toujours service d’espérance. C’est à travers cette espérance que nous entrerons dans la
vision béatifique ou salvifique de Dieu.
De cette brève présentation externe de cette lettre encyclique Lumen Fidei, que
pouvons-nous dire au sujet de son analyse plus approfondie ?
1. Structure interne
a. Introduction
Le premier chapitre rappelle les fondements de la foi chrétienne : Dieu s’est manifesté.
réellement, au cours de l’histoire comme AMOUR total, inconditionnel et absolu,amour
trinitaire et sauveur, voilà le cœur de notre FOI : « L’amour divin possède lestraits du père qui
soutient son fils au long du chemin (Deutéronome 1,31) (n° 12) et à lalumière de sa
Résurrection, la mort du Christ dévoile la fiabilité totale de l’amour de Dieu (...) Dans la foi,
le Christ n'est pas seulement celui en qui nous croyons lamanifestation la plus grande de
l’amour de Dieu mais aussi celui auquel nous nousunissons pour pouvoir croire (...) Nous
croyons à Jésus quand nous acceptons saparole, son témoignage, parce qu’il est véridique (Jn
6,30). Nous croyons en Jésusquand nous l’accueillons personnellement dans notre vie et nous
nous en remettons enlui, adhérant à lui dans l’amour et le suivant au long du chemin »4 (Jn
2,11 ; 6,47 ;12,44) ».
4
Lumen Fidei,n°17 et 18
La foi naît donc de la rencontre amoureuse avec Dieu vivant, fidèle et miséricordieux.« Croire
signifie s’en remettre à un amour miséricordieux qui accueille toujours etpardonne, soutient et
oriente l’existence (...) La foi consiste dans la disponibilité à selaisser transformer toujours de
nouveau par l’appel de Dieu »5.La foi est donc d’abord foi en l’amour ! L’amour manifesté en
Jésus-Christ et donnépar Jésus-Christ dans l’Esprit. C’est en cela que le christianisme se
distingue de touteautre religion : nous croyons que Dieu est Amour et que c’est seulement par
l’amourqu’on accède à lui et qu’on lui est fidèle.
Le pape choisit dans l’Histoire sainte la Foi d’Abraham et celle du Peuple de Dieu lors
de son Exode, puis il contemple le Christ.
Les relations entre foi et vérité ainsi qu’entre foi et raison sont longuement exposées
dans ce deuxième chapitre. En ce temps du relativisme, beaucoup pensent qu’il n’y a
plus de vérité qui s’impose à tous. «Justement à cause de la crise de la vérité dans
laquelle nous vivons, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de rappeler la
connexion de la foi avec la vérité »6. Car la foi suppose une vérité que l’on peutdécouvrir et à
laquelle on peut adhérer de tout son être.Vérité et amour s’unissent pour nous faire accéder à
la connaissance «qui éclaire lechemin dans l’histoire » (n° 28). En effet, « si l’amour a besoin
de la vérité, la vérité,elle aussi, a besoin de l'amour. Amour et vérité ne peuvent pas se
séparer. Sans amourla vérité se refroidit, devient impersonnelle et opprime la vie concrète de
la personne.La vérité que nous cherchons, celle qui donne sens à nos pas, nous illumine
quandnous somme touchés par l’amour. Celui qui aime comprend que l’amour est
uneexpérience de vérité, qu’il ouvre lui-même nos yeux pour voir toute la réalité de
manière nouvelle, en union avec la personne aimée » (n° 27).La vérité ne s’impose jamais
avec violence. La vérité n’écrase pas la personne. Lavérité rend humble et invite au dialogue.
Le dialogue entre foi et raison a commencépar « la rencontre du message évangélique avec la
pensée philosophique du mondeantique ; elle fut un passage déterminant pour que l’Evangile
arrive à tous les peuples.Elle favorisa une interaction féconde entre foi et raison, interaction
qui s’est toujoursdéveloppée au cours des siècles jusqu’à nos jours (voir l’encyclique de Jean-
Paul II,« Fides et ratio », qui montre comment foi et raison se renforcent réciproquement)
»(n° 32).Le dialogue avec le monde est donc vivement encouragé, dans la ligne du
5
Ibid., n°13
6
Ibid. n°25
concileVatican II, dialogue œcuménique, dialogue avec les croyants d’autres religions et
avecles incroyants.
La quatrième partie a un caractère social ; elle montre que les chrétiens sont appelés par
la foi à s’ouvrir largement au monde. «En raison de son lien avec l’amour (cf. Gai 5,6),la
lumière de la foi se met au service concret de la justice, du droit et de la paix (...) Lalumière
de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leurcapacité à perdurer, à
être fiables et à enrichir la vie commune.» (n° 51).
Les trois derniers paragraphes (n° 58, 59, 60) évoquent la foi de la Vierge Marie qui «
aaccompli le pèlerinage de la foi en suivant son Fils ».
Cette lettre encyclique du pape François ; Lumen fidei qui est composée de quatre chapitres,
une introduction et une conclusion a un intérêt particulièrement théologique puisque le nom
même de l’encyclique est porté sur l’une de vertus théologale. Les vertus théologales sont la
foi, charité et l’espérance. Le saint père dans lumen fidei met l’accent sur le but et la nécessité
de redécouvrir l’importance de la foi qui aide les chrétiens à distinguer entre le bien et le mal
surtout en ce moment où on considère la foi comme une illusion. Le pape nous invite à vivre
notre foi comme un don Dieu.
Dans lumen fidei du pape François le premier intérêt théologique à relever est cette invitation
à l’écoute de la parole de Dieu pour pourvoir accueillir la vie nouvelle que le Christ nous
donne. L’écoute de la parole de Dieu ne renforce pas seulement notre foi mais il la nourrit
aussi nous dit le pape François.
L’autre intérêt théologique qu’on peut souligner dans cette lettre encyclique est que Dieu
l’auteur de notre foi et c’est Dieu qui nous appelle. Ceci veut dire que Dieu est la source de
toute bonté, de toute chose et il est la personne qui soutient chacun de nous. La foi qui est
l’amour miséricordieux de Dieu nous fait découvrir le salut.
Nous pouvons ensuite souligner comme un intérêt théologique dans lumen fidei lorsque le
pape parle de Jésus Christ comme médiateur qui nous fait découvrir la manifestation de
l’amour de Dieu comme fondement de notre foi. C’est Jésus qui nous dit qui est Dieu.
Un autre intérêt théologique à souligner est le lien qui existe entre la foi et la vérité. Le pape
nous fait comprendre que la foi sans la vérité ne sauve pas. Ici on comprend que la foi n’est
pas un obscurantisme mais la lumière pour éclairer la vie de l’homme. Parlant de lien entre la
foi, l’amour et la vérité, le pape dit que c’est l’amour fidèle de Dieu qui révèle la foi, et la foi
constitue une vérité dont le cœur est la rencontre du Christ incarné, venu pour nous offrir sa
grâce et nous convertir.
Lumen fidei du pape François a aussi cet intérêt théologique portant sur l’évangélisation. Le
saint père nous fait comprendre que l’amour de Dieu qui s’est ouvert à tout homme ne doit
pas être gardé pour soi-même. Selon le pape, nous devons transmettre cet amour de Dieu aux
autres et aux générations avenir. Le pape met l’accent sur cet aspect de la foi commune c’est-
à-dire c’est la foi qui nous introduit dans la communauté ecclésiale qui est l’Eglise. Il
réaffirme que le moyen idéal pour la transmission de la foi ce sont les sacrements. Il s’agit ici
du baptême, eucharistie etc. Ceci implique justement que la foi n’est pas un acte individuel
isolé mais une démarche dans la communion. C’est la foi qui fonde l’unicité de l’Eglise,
l’unicité de la foi est celle d’un organisme vivant qu’on peut appeler aussi l’Eglise catholique.
Le dernier intérêt théologique que nous pouvions relever dans cette lettre encyclique est le
lien que le saint père établit entre la foi et le bien en terme général. Le pape nous dit que la foi
renforce la solidarité humaine, et les met aux services de la justice, du droit et de la paix. La
foi selon le sait père est un bien de tous pour tous, elle nous prépare pour la vie après celle
d’ici-bas et elle édifie également notre société terrestre en marche vers l’espérance.