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Question de Corpus

Le corpus proposé regroupe 3 textes dont le style inapproprié et les thèmes peu
conventionnels choisis bousculent les habitudes du lecteur :Victor Hugo prend le parti de
l'araignée et de l'ortie dans le poème « J'aime l'araignée » extrait des Contemplations
publiées en 1856 ; Lautréamont décrit un pou destructeur maléfique dans les Chants de
Maldoror, parus en 1869 ; et Francis Ponge, dans Pièces, paru en 1962, offre une « Ode
inachevée à la boue ». Chacun de ces poèmes s’inscrit dans un registre provocateur tout
d’abord par l’objet même de l’écrit puis par la prise de position anticonformiste des auteurs
face aux thèmes abordés et enfin par le style qui sort du cadre classique et le modernise.

Les 3 poèmes font une description élogieuse de sujets qui provoquent habituellement, le
rejet, le dégoût, voire même la peur. Hugo dépeint la laideur et la noirceur de l’araignée et
de l’ortie « noirs êtres rampants », « de leur guet-apens ». Lautréamont évoque un pou
aussi monstrueux que dangereux « avec leur pompe », « il serait dévoré en un clin d’œil,
malgré sa taille ». Enfin Ponge choisit la boue « méprisée », « qui rend la marche difficile »
et « qui salit ». Ainsi les poètes, en choisissant des sujets très éloignés des thèmes
classiques de la poésie, annoncent sans aucune ambiguïté leur intention de surprendre, de
dérouter le lecteur.
Mais la provocation vient surtout du positionnement des poètes qui se présentent soit en
ardent défenseur déclamant son attachement comme Hugo « J'aime l'araignée et j'aime
l'ortie» ou Ponge « Boue si méprisée, je t'aime » et qui les prennent en pitié en les
présentant comme de pauvres victimes, soit pour Lautréamont en louant le caractère
maléfique du pou « tout votre corps y passerait » allant même jusqu’à regretter qu’il ne
puisse pas faire plus de mal « N’importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu’il te
fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu’il t’en fît davantage. »
Enfin la forme des poèmes s’éloigne des repères classiques habituels tels que l’Alexandrin,
optant soit pour une construction plus libre pour Hugo et Ponge soit plus radicalement pour
une poésie en prose pour Lautréamont.
Ces trois poèmes sont donc provocateurs tant par le fond que par la forme. Ils renouvellent
le genre et ouvrent de nouvelles perceptives plus modernes et plus variées à ce genre
littéraire.

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