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Risques multiples
« Nous regarderons en arrière vers 2022 et nous nous dirons ‘oups' », lance John
LaForge, responsable de la stratégie des actifs réels chez Wells Fargo, cité
par Bloomberg. « Le marché ne fait que refléter les préoccupations immédiates. Mais
si vous réfléchissez vraiment à l’avenir, vous pouvez voir que le monde est
clairement en train de changer. Il va être électrifié, et il va avoir besoin de beaucoup
de cuivre. »
Voilà tout le danger. Si aujourd’hui les investissements se tarissent et que les
nouveaux projets de mines sont reportés, au moment où la demande va repartir en
flèche, l’offre sera incapable de suivre. Construire une mine prend au moins dix ans.
Cela mènera à des pénuries, à une hausse violente des prix, des retards sur les
chaines d’approvisionnement et à un nouvel épisode d’inflation (rappel : le cuivre est
dans tout). Les objectifs de transition énergétique et de réduction des gaz à effet de
serre risquent aussi d’être mis à mal par ce goulet d’étranglement qui se profile.
Déficits à venir
Voilà pour la théorie. Il existe également quelques estimations chiffrées, qui dressent
un tableau assez sombre. D’abord, dès 2024, on s’attend à ce que la croissance de
la production des mines ait atteint un sommet. Cela est calculé en fonction des mines
existantes qui se vident, et des projets de nouvelles mines qui verront le jour. C’est là
que le report de la construction de la mine au Pérou sonne encore comme plus
alarmant.
Selon une étude de S&P Global, en 2035, le monde sera confronté à un déficit de 10
millions de tonnes (la demande étant alors de 50 millions de tonnes). En 2015, à titre
de comparaison, 19 millions de tonnes ont été produites, moins de 17 en 2020, et un
peu plus de 20 en 2021.
Selon une étude de Goldman Sachs, le déficit sera de 8 millions de tonnes dans dix
ans. Pour y remédier, des investissements à hauteur de 150 milliards de dollars
seraient nécessaires. Selon BloombergNEF, en 2040, le déficit de cuivre issu de
mines sera de 14 millions de tonnes. Il faudra alors recycler en masse pour couvrir
cette différence. Mais là aussi, le secteur doit être développé (16% du cuivre
disponible sur le marché, en 2021, était du cuivre recyclé) et des investissements
sont nécessaires, peut-on ajouter.
Des chiffres gigantesques comparés au déficit de 2021, atteignant 441.000 tonnes.
C’est à peine 2% de la demande (soit très peu par rapport aux 20% que suggère
l’étude de S&P Global, pour 2035)… mais les prix sont partis en flèche sur l’année,
gagnant 25%. Bref, on pourrait s’attendre à de sérieux maux de tête dans les années
à venir.